2 minute read
L’INVITÉ DU MOIS
INTERVIEW
À fleur de tranchée
Advertisement
Rendant hommage aux Africains qui se sont battus pour la France au cours de la Première Guerre mondiale, Tirailleurs, de Mathieu Vadepied, a pour personnage principal un soldat incarné par Omar Sy. Rencontre avec l’acteur lauréat d’un César pour son rôle dans
Intouchables. # Propos recueillis par Hervé Lévy
Premier rôle de Tirailleurs, vous en êtes aussi coproducteur : pourquoi ce film vous tient-il tout particulièrement à cœur ?
Il me semblait essentiel de mieux faire connaître au grand public l’histoire des tirailleurs sénégalais, qui venaient en réalité de plusieurs pays d’Afrique. Près de 200 000 d’entre eux ont combattu pendant la Première Guerre mondiale, et 30 000 sont tombés.
Pensez-vous que la démarche du film s’apparente à celle de Rachid Bouchareb avec Indigènes ?
D’une certaine manière, évidemment. En toute humilité, nous avons une volonté pédagogique et désirons réparer un manque. Nous espérons toucher les spectateurs avec cette petite histoire, balayée par la grande, celle qui s’écrit avec un grand H. Si le film peut aider à la reconnaissance de ces combattants, nous aurons gagné.
Vous incarnez un père qui s’engage dans le même régiment que son fils (joué par Alassane Diong)…
En théorie, il n’était normalement pas possible d’avoir une telle situation, mais mon personnage utilise une fausse identité pour tenter de protéger son fils, recruté de force dans l’armée française.
Pourquoi avoir choisi de faire un film ou le français voisine avec la langue peule parlée par les tirailleurs ?
Cela n’avait pas de sens de jouer en français avec un accent : le peul apporte une véracité au film et montre l’absurdité qui consiste à se battre pour un pays dont on ne comprend pas même la langue.
Une des réussites de Tirailleurs est son refus du manichéisme…
Parce que le film reflète la vie. Il n’y a pas de méchant tout puissant, à part dans les Marvel [Rires]. Nous voulions raconter une histoire vraie, le plus possible en tout cas : quelque chose qui aurait pu se passer à cette époque.
Comment est-elle construite ?
Dans Tirailleurs, cette guerre – de même que le rapport entre colons et colonisés – est vue à hauteur d’hommes. On y découvre des êtres humains jetés dans le chaos et la barbarie. Les relations entre le père et son fils – qui devient sous-officier – en sont complètement bouleversées.