Saint Paul

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Aumônerie de l’Enseignement Public SERVICE JEUNES 7 rue Notre Dame BP 139 77107 MEAUX CEDEX Tel : 01 64 36 41 12 Fax : 01 60 44 00 12 27/06/2008

Voici en quelques pages la vie de Saint Paul, un lexique des mots utilisés par lui avec un éclairage de sens ainsi que des prières. Vous trouverez toute cette documentation sur le site consacré à Saint Paul du Diocèse de Versailles : www.anneesaintpaul.fr . Notamment, des explications des lectures des messes des dimanches de juin 2008 à juin 2009.


BIOGRAPHIE « Je suis Juif. Né à Tarse en Cilicie, j'ai cependant été élevé ici dans cette ville,

et c'est aux pieds de Gamaliel que j'ai été formé à l'exacte observance de la Loi de nos pères, et j'étais rempli du zèle de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui.

J'ai persécuté à mort cette Voie, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes, comme le grand prêtre m'en est témoin, ainsi que tout

le collège des anciens. J'avais même reçu d'eux des lettres pour les frères de Damas, et je m'y rendais en vue d'amener ceux de là‐bas enchaînés à

Jérusalem pour y être châtiés. Je faisais route et j'approchais de Damas, quand tout à coup, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppa de son éclat. Je tombai sur le sol et j'entendis une voix qui me disait: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes‐tu ?" Je répondis: "Qui es‐tu, Seigneur ?" Il me dit alors: "Je suis Jésus le Nazaréen, que tu persécutes" ». Ac 22, 3‐10

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ifférentes sources pour connaître Paul

Chapitre : BIOGRAPHIE

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Le lecteur de la Bible dispose de deux sources pour mieux connaître Paul, son œuvre et ses intuitions spirituelles : ses lettres, autrement appelées épîtres, et le récit des Actes des Apôtres dont Luc est l’auteur. Ces deux sources sont l’une et l’autre nécessaires pour tenter une reconstitution de la vie de Paul. Il faut cependant préciser qu’elles ne sont pas du même ordre et ne se révèlent pas toujours compatibles. En effet, chacune de ces sources a sa propre visée. Dans ses lettres, Paul n'a pas pour but de raconter sa vie : il s’adresse à des communautés ou à un frère chrétien. Les Actes, quant à eux, sont bien l'œuvre d'un historien. Luc y fait de Paul un portrait qui dit davantage ce que représente la figure du missionnaire pour sa propre communauté.


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Paul, juif zélé, devenu persécuteur de chrétiens (5/10 – vers 34)

Saul, juif de la Diaspora et citoyen romain.

Saul, qui ne sera appelé Paul que plus tard, est probablement né entre les années 5 et 10 de l’ère chrétienne, à Tarse, en Cilicie (Asie Mineure, actuellement au sud‐est de la Turquie). Il semble avoir grandi dans une famille juive de la tribu de Benjamin et se présente lui‐même comme « citoyen » romain.

Une formation religieuse de haute qualité. Il fréquente probablement l’école rabbinique de Tarse avant d’être envoyé par ses parents à Jérusalem auprès de maîtres religieux célèbres. Saul sera profondément marqué par l’enseignement de l’un d’entre eux, Gamaliel, pharisien de renom. Il ne paraît pas avoir connu Jésus de Nazareth, ni avoir été informé des trois années de son ministère public.

Témoin passif du martyre d’Etienne. Devenu lui‐même pharisien fervent, de stricte observance, il est présent à Jérusalem lors du martyre d’Etienne : « Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58). « Saul, lui, approuvait ce meurtre » (Ac 8, 1).

Paul, persécuteur zélé. A la suite de la mort d’Etienne, une violente persécution s’élève contre l’Eglise Jérusalem, entraînant la dispersion des disciples du Christ. Le zèle de Saul le conduit à poursuivre ces chrétiens, qu’il considère comme une menace pour le judaïsme officiel, tant sadducéen que pharisien. Avec zèle, il s’engage à détruire ce nouveau mouvement qu’il appelle « la Voie ». Dans ce but, il reçoit du grand prêtre des lettres le mandatant pour conduire les arrestations.

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Le temps obscur des commencements (vers 34 – 45)

Chapitre : BIOGRAPHIE

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Conversion sur le chemin de Damas.

C’est en se rendant à Damas dans l’intention de rechercher les premiers chrétiens qu’une force surnaturelle le terrasse. Le Christ lui apparaît et il reçoit la révélation de la foi.


« Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l'enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes‐tu ?" "Qui es‐tu, Seigneur ?" demanda‐t‐il. Et lui : "Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève‐toi, entre dans la ville, et l'on te dira ce que tu dois faire". Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient bien la voix, mais sans voir personne. Saul se releva de terre, mais, quoiqu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. On le conduisit par la main pour le faire entrer à Damas. Trois jours durant, il resta sans voir, ne mangeant et ne buvant rien » (Ac 9, 3‐9)

Pour Paul et le christianisme naissant : une expérience fondatrice. L’évènement est un véritable retournement pour Saul. Vingt ans plus tard, Paul le présente dans sa lettre aux Galates (Ga 1, 12‐17) comme le cheminement providentiel qui va illuminer sa foi juive en lui faisant découvrir la profondeur de la Révélation. A trois reprises (Ac 9, 1‐19 ; 22, 5‐16 ; 26, 9‐18), les Actes des Apôtres évoquent la « conversion de Saul de Tarse », soulignant ainsi combien il s’agit d’un épisode majeur pour le christianisme naissant. Après l’expérience de cette illumination intérieure, Paul est conduit, aveugle, jusqu’à Damas où l’attend un certain Ananie. Trois jours plus tard, il reçoit de ce disciple du Christ le baptême et recouvre la vue.

Chapitre : BIOGRAPHIE

Temps mystérieux de l’initiation.

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L’instruction du nouveau chrétien reste des plus mystérieuses. Dans sa lettre aux Galates, Paul insiste sur son initiation, présentée comme un long mûrissement : « aussitôt, sans consulter la chair et le sang, sans monter à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m'en allai en Arabie, puis je revins encore à Damas. Ensuite, après trois ans, je montai à Jérusalem rendre visite à Céphas (Pierre) et demeurai auprès de lui quinze jours : je n'ai pas vu d'autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur: et quand je vous écris cela, j'atteste devant Dieu que je ne mens point » (Ga 1, 16‐20). Le livre des Actes des Apôtres, quant à lui, suggère une autre version : il signale simplement « quelques jours passés avec les disciples à Damas » (Ac 9, 19), avant de présenter Paul prêchant avec audace la foi chrétienne dans les synagogues de Damas et de Jérusalem. Le témoignage de la lettre aux Galates doit probablement être retenu : Paul se met à l’école des apôtres du Christ, avant de partir évangéliser la Syrie et la Cilicie (Ga 1, 21).


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Le premier voyage missionnaire (45­47)

Appelé par Barnabé pour partir en mission.

Revenant à Tarse après son court séjour à Jérusalem, Paul s’est probablement arrêté à Antioche de Syrie, troisième ville de l’Empire après Rome et Alexandrie d’Egypte, où réside une petite communauté chrétienne. Il pourrait s’y être lié d’amitié avec Barnabé, originaire de Chypre. Ce dernier fait appel à ce juif devenu chrétien lorsque sa communauté, sous la motion de l’Esprit Saint, l’envoie évangéliser l’île de Chypre. Jean, aussi appelé Marc, cousin de Barnabé se joint à eux. Le « premier voyage missionnaire » de Paul débute lorsque les trois disciples embarquent au port de Séleucie pour joindre l’île voisine.

De ville en ville, Paul devient chef de mission.

Chapitre : BIOGRAPHIE

L’équipe missionnaire effectue un voyage aller‐retour, selon le récit d’Ac 13‐14. Ils visitent brièvement Chypre. A partir de cette étape, le converti du chemin de Damas n’est plus désormais appelé que par le nom latin de Paul et passe du rôle secondaire

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d’accompagnateur à celui de chef de mission. Marc choisit alors de quitter Paul et Barnabé, et rejoint Jérusalem. Les deux disciples gagnent ensuite la Pamphylie (Pergé) et prêchent autour d'Antioche de Pisidie. Cherchant à convertir les Juifs, ils annoncent le Salut et la résurrection en Jésus dans les synagogues (Ac 13, 14‐42). La


Bonne Nouvelle divise la communauté juive mais est bien accueillie par l’auditoire païen. Pourtant devant l’opposition croissante, les disciples sont obligés de partir précipitamment (Ac 13, 50‐52). Ils se rendent ensuite à Iconium, où une situation semblable se reproduit, malgré les « signes et prodiges » (Ac 14, 3) opérés par les missionnaires. A Lystres, Paul guérit un paralytique et la population, émerveillée, le confond alors, lui et son compagnon, avec les dieux « Zeus et Hermès » (Ac 14, 12). Leur démenti leur vaut une violente attaque : Paul est laissé pour mort dans un fossé. Revenant à lui, il part avec Barnabé pour Derbé où ils font « bon nombre de disciples » (Ac 14, 21). Sur le chemin du retour, ils ne repassent pas par Chypre et se rendent directement de Pergé à Antioche. Arrivés au terme du voyage, ils rendent compte de cette première mission et Paul rapporte « comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi » (Ac 14, 27).

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L’Assemblée de Jérusalem (48/49)

Faut­il circoncire les païens convertis ?

Lors de la venue de Paul à Antioche, de nombreux païens ont embrassé la foi chrétienne. Ils ont été baptisés sans qu’il leur soit imposé de suivre les prescriptions de la Thora. Mais des disciples judéens, plus traditionnistes, réclament fermement que les nouveaux convertis respectent les préceptes juifs et soient, eux aussi, circoncis. Pour trancher le litige, la communauté d’Antioche décide d’en référer à l’Eglise mère de Jérusalem. Paul, Barnabé et quelques frères sont alors envoyés en délégation auprès des apôtres (Ac 15, 1‐2).

Chapitre : BIOGRAPHIE

La décision des apôtres et de l’Eglise de Jérusalem.

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Arrivés à Jérusalem, ils font le récit des conversions de païens que Dieu avait accomplies par leur ministère (Ac 15, 4). Devant les apôtres et les anciens, Pierre lui‐ même témoigne de son appel à convertir même les païens et juge inutile que leur soient imposées les prescriptions de la Thora (Ac 15, 7‐12). Jacques, chef de la communauté de Jérusalem, adopte leur position. Finalement, l’assemblée réunie tranche la question et renvoie Paul, Barnabé, accompagnés de Jude et Silas, munis d’une lettre pour les chrétiens d’Antioche annonçant leur décision : « Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut! (…) L'Esprit Saint et nous‐mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles‐ci, qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu ! » (Ac 15, 23.28‐29).

Le premier concile ? L’assemblée de Jérusalem a donc pris une décision sur une question cruciale du christianisme naissant : l’ouverture de la foi chrétienne aux païens sans leur imposer les préceptes de la Thora. La tradition chrétienne reconnaîtra dans ce discernement ecclésial le modèle des conciles futurs.


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Deuxième voyage missionnaire (49­52)

Avec Paul, un difficile compagnonnage missionnaire…

Paul et Barnabé souhaitent visiter à nouveau les communautés qu’ils avaient rencontrées lors du premier voyage missionnaire. Refusant d’emmener Jean‐Marc qui les avait précédemment abandonnés à Pergé, Paul se dispute avec Barnabé et décide de partir finalement avec Silas (Ac 15, 36‐40). A deux, ils vont traverser la Turquie actuelle d’est en ouest, soit plus de mille kilomètres.

Chapitre : BIOGRAPHIE

L’Esprit conduit la mission et la Parole voyage.

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Paul retrouve à nouveau les communautés fondées en Cilicie et Pysidie. À Lystre, il rencontre Timothée qui continue le voyage avec eux (Ac 16, 1‐3) et deviendra un compagnon inséparable. Ensemble, ils parcourent la Galatie et la Mysie, guidés par l’Esprit Saint. Ce dernier leur indique en effet avec force la route à emprunter et celle à éviter (Ac 16, 7). À Troas d'Alexandrie, ils choisissent de gagner l’Europe et s'embarquent pour la Macédoine. Arrivés à Philippes, Paul libère une servante possédée par un esprit de divination. Ses maîtres, perdant une source importante de revenus, s’en prennent aux missionnaires qui sont jetés en prison. Un séisme, marque de l’intervention divine en faveur des témoins, délivrent les prisonniers. Après la conversion de leur geôlier et les excuses des autorités, Paul et Silas poursuivent leur route, évangélisant Thessalonique et Bérée. A Athènes, capitale culturelle de la Grèce, Paul engage en public une vive controverse avec les habitants versés dans la


philosophie. Puis, devant l’Aréopage, Paul déploie un discours exemplaire, modèle d’argumentation et de pédagogie en monde païen. Il recourt avec brio à sa double culture hellénistique et biblique. Mais l’évocation de la résurrection du Christ fait s’éloigner son auditoire qui le prend pour un doux rêveur : « A ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là‐dessus une autre fois" » (Ac 17, 32). Seuls quelques Athéniens, dont Denys l’Aréopagite, accueilleront la foi chrétienne.

Une longue halte à Corinthe. A l’issue de ce second voyage missionnaire, Paul fait une longue halte à Corinthe. Pendant dix‐huit mois, il partage sa vie entre son métier de fabriquant de tente et la prédication missionnaire chaque jour de Sabbat (Ac 18, 3‐4). C’est à Corinthe qu’il reçoit des nouvelles inquiétantes de la communauté de Thessalonique. Avec l’aide d’un scribe, Paul leur adresse vers 50‐51 une première épître : la première lettre aux Thessaloniciens. La seconde lettre aux Thessaloniciens suivra, entre 70 et 100, dont l’attribution à Paul est plus discutée. A Corinthe, où il enseigne « aux gens la parole de Dieu » (Ac 18, 11), son témoignage est loin d’être unanimement accueilli. Après un procès intenté par les Juifs hostiles devant le proconsul Gallion, Paul s’embarque finalement pour Ephèse. Puis, prenant le bateau jusqu’à Césarée‐Maritime, il regagne Jérusalem ou plus probablement Antioche, son port d’attache, pour quelques temps.

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Troisième voyage missionnaire (53­56)

A Ephèse, Paul confronté aux Juifs et aux fidèles

Chapitre : BIOGRAPHIE

d’Artémis.

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Paul ne s’installe pas pour autant à Antioche. Il est désireux de retourner voir les communautés fondées par lui en Grèce et en Asie Mineure. Il choisit de repartir pour le pays des Galates et la Pisidie, et veut faire escale à Ephèse, où il s’est trop brièvement arrêté au voyage précédent. Il atteint la ville après une année de route et fréquente alors assidûment la synagogue pour y annoncer la Bonne Nouvelle. L’hostilité croissante des Juifs le conduit à s’établir dans une école privée tenue par une certain Tyrannos. L’œuvre missionnaire y est intense : « Il en fut ainsi deux années durant, en sorte que tous les habitants de l'Asie, Juifs et Grecs, purent entendre la parole du Seigneur » (Ac 19, 10). Le témoin rencontre certains succès, non pourtant sans épreuves, comme il l’écrira aux Corinthiens : « je resterai à Ephèse jusqu'à la Pentecôte ; car une porte y est ouverte toute grande à mon activité, et les adversaires sont nombreux » (1 Co 16, 8‐9).

Intense activité épistolaire. D’Ephèse, Paul envoie probablement ses lettres aux Philippiens, à Philémon et aux Galates dans les années 55‐56. Trois autres lettres, jugées authentiques, suivront à la fin de son séjour de deux ans dans la ville : la première et la deuxième lettre aux Corinthiens et la lettre aux Romains.


Paul, forcé de fuir, regagne Jérusalem. Le succès de la prédication de Paul provoque la colère des orfèvres d’Ephèse, marchands de statues à l’effigie de la déesse locale, Artémis. La corporation organise une manifestation, et devant l’émeute, Paul doit fuir la ville en secret. Après un séjour en Grèce et une halte à Philippes où il célèbre les fêtes de la Pâque, Paul rejoint le port de Néapolis, embarque pour Troas et poursuit en cabotage jusqu’à Milet. Il convoque alors les anciens de l’Eglise d’Ephèse, ville d’où il a été chassé, pour leur faire ses adieux avec émotion et leur confier la communauté : « Vous savez vous‐mêmes de quelle façon, depuis le premier jour où j'ai mis le pied en Asie, je n'ai cessé de me comporter avec vous (…). Pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l'Evangile de la grâce de Dieu. Et maintenant voici que, je le sais, vous ne reverrez plus mon visage (…). Soyez attentifs à vous‐mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens (…). A présent je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce (…). Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Ac 20, 18‐35). Puis, quittant un auditoire en sanglot, il embarque et finit son trajet par bateau jusqu'à Césarée‐Maritime, d’où il rejoint à pied Jérusalem.

Chapitre : BIOGRAPHIE

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L’arrestation de Paul et son voyage captif à Rome

(57­62)

A Jérusalem, Paul est confronté à une ultime persécution.

Arrivé à Jérusalem, Paul salue les anciens et Jacques, et leur relate la progression de la mission chez les païens. Mais l’apôtre des Gentils va se retrouver à nouveau confronté à l’opposition des Juifs qui voit en lui un anti‐conformiste farouche, impie et dangereux qui trahit le judaïsme. Alors qu’il entreprend une démarche sur l’esplanade du Temple, il est reconnu et vilipendé par les Juifs d’Asie. On l’accuse d’avoir fait pénétrer des Grecs dans l’enceinte du Temple et ainsi profané le Lieu Saint (Ac 21, 27‐29). Attaqué, il ne doit son salut qu’à l’intervention de la garde romaine. Arrêté, il n’échappe aux fouets qu’en arguant de sa citoyenneté romaine. A plusieurs reprises, Paul est alors conduit à s’expliquer devant le peuple, les autorités juives et le pouvoir civil. Pour le faire échapper à un complot, il est finalement transféré à Césarée‐Maritime afin d’y comparaître devant le tribunal du Procurateur.

La requête de Paul : comparaître devant César. Deux années durant, il est retenu captif à Césarée‐Maritime. Chaque interrogatoire est pour lui l’occasion de témoigner avec audace du Christ et de sa propre expérience de foi. Il réclame finalement de comparaître devant César lui‐même à Rome. A l’issue de son interrogatoire, le procurateur Festus consent à sa demande : il sera envoyé dans la capitale de l’Empire pour y être jugé par l’Empereur lui‐même.

Chapitre : BIOGRAPHIE

De Césarée à Rome : un voyage aventureux.

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Paul, sous bonne garde, embarque donc vers Rome. Commence alors un périlleux voyage en mer marqué par une très violente tempête de quatorze jours. Finalement, le bateau de Paul fait naufrage et le missionnaire captif échoue avec tout l’équipage sur l’île de Malte. Au cours de ce long épisode à suspens dit « du naufrage de Paul » (Ac 27, 1‐28, 10), le témoin du Christ bénéficie d’une vision divine l’invitant à encourager les autres passagers. Par sa présence et ses conseils avisés, il permet le salut de tous. Sur l’île, Paul guérit les barbares malades, signe d’un salut rejoignant ce monde païen. Bénéficiant de la grande reconnaissance des insulaires, il reprend la route de Rome. La fin du voyage est alors plus paisible (Ac 28, 11‐16).

Grâce à Paul captif, la Bonne Nouvelle rejoint la capitale de l’Empire. Arrivé enfin à Rome, Paul s’adresse encore aux Juifs. Aux dernières lignes du livre des Actes, son propos à leur égard sonne comme une sentence : « Sachez‐le donc : c'est aux païens qu'a été envoyé ce salut de Dieu. Eux du moins, ils écouteront » (Ac 28, 28). Pourtant, il est dit en épilogue du livre qu’« il recevait tous ceux qui venaient le


trouver, proclamant le Royaume de Dieu » (Ac 28, 30). « Tous », probablement Juifs, païens et chrétiens : à la fin du récit des Actes, Paul atteint Rome et, grâce à lui, la Bonne Nouvelle rejoint la capitale du monde, lieu de l’universel. Désormais, la Parole de Grâce est clairement offerte à tous.

Depuis sa captivité, Paul se serait encore adressé aux communautés.

De cette captivité, décrite par le livre des Actes, dateraient les épîtres dites « de la captivité » (l’épître aux Colossiens et l’épître aux Ephésiens), ainsi que les « Pastorales » (l’épître à Timothée et l’épître à Tite). L’authenticité paulinienne de ces quatre écrits est largement discutée aujourd'hui.

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Chapitre : BIOGRAPHIE

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Après la captivité à Rome, qu’est devenu Paul ? Le silence sur la fin de sa course missionnaire.

Le livre des Actes s’achève sur la captivité de Paul à Rome. Rien n’est dit de l’issue du procès en comparution devant César, ni de la mort de Paul. Il est probable que le témoin du Christ a bénéficié d’un non‐lieu : son innocence est attestée à plusieurs reprises au fil des derniers chapitres du livre. Mais ensuite, où son zèle apostolique l’a‐t‐il encore conduit ?


Selon la tradition : Paul témoin du Christ jusque dans sa mort. Des traditions postérieures, dès le IInd siècle, tentent de combler ce silence. Certaines font allusion à un voyage vers « l’extrême‐ouest », peut‐être l’Espagne. D’autres affirment qu’il serait retourné visiter ces communautés de Grèce, de Macédoine et de Mysie qu’il affectionnait tant. Il aurait été alors de nouveau arrêté vers 66. Celui qui se prétendait apôtre au même titre que les Douze aurait été décapité en 67, sous Néron, sur la voie d’Ostie, non loin du Tibre, près du lieu où les archéologues ont aujourd'hui identifié sa tombe.

LEXIQUE PAULINIEN Accomplir parfaitement Rm 13,8 et 10

accomplir [parfaitement] la Loi / l’accomplissement

[parfait] de la Loi Le verbe plèroun et le nom de la même famille plèrôma disent la notion de plénitude. Ils s’appliquent également à l’accomplissement d’une prophétie : un événement vient donner une plénitude de sens à la parole du prophète en la dépassant et en l’ouvrant sur un avenir. Ainsi, dans l’évangile de Matthieu, dix « citations d’accomplissement », introduites par la formule « Ceci arriva pour que s’accomplisse la parole du prophète », inscrivent dans la fidélité de Dieu à ses promesses la nouveauté radicale de son plan de salut. Pour Paul, comme pour Matthieu, la loi donnée par Dieu à son peuple reçoit

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

sa plénitude de sens – s’accomplit parfaitement – quand celui qui s’y conforme

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enracine son obéissance aux commandements divins dans l’amour de Dieu et de son prochain.

Adam

1 Co 15,22 En effet, c’est par Adam que meurent tous [les hommes]

Paul utilise la référence à Adam pour une lecture typologique de l’Écriture : Adam est figure (type) du Christ. Il la développe plus amplement dans la lettre aux Romains (cf. Rm 5,1s).


Adoration véritable Rm 12,1 c’est là pour vous l’adoration véritable Comme le verbe latreuo, le nom latreia désigne, dans le grec profane, un service rendu contre salaire. Dans la LXX, il a pris un sens technique et fait référence au « service » de Dieu. Il ne s’agit pas de la pure exécution des rites mais d’un service rendu « avec tout son cœur » (Dt 10,12). Dans le NT, le sens religieux est le seul qui se rencontre, comme dans la Septante. De plus, quand il s’agit des chrétiens, il désigne uniquement un culte spirituel (non pas rituel). L’adjectif logikon qualifie ici un culte conforme à la nature de Dieu et de l’homme. Mais dans des contextes analogues, chez des auteurs juifs ou grecs il sert à marquer la différence entre le culte formel et extérieur et le culte véritable qui engage l’homme tout entier.

Aimer Rm 8,28

quand les hommes aiment Dieu

Pour Paul, l’amour de Dieu est premier ; il s’est manifesté par l’envoi du Fils. Le Christ nous aime lui qui a consenti à donner sa vie non pour des justes mais pour des pécheurs. Aucun obstacle ne pourra nous séparer de son amour. Pour Paul, les chrétiens sont les « bien-aimés de Dieu ». En retour, les hommes doivent s’aimer entre eux. Il est rare que Paul parle de l’amour de l’homme pour Dieu. Il le fait ici pour souligner la vocation au bonheur que Dieu

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

désire pour l’humanité.

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Alliances Rm 9,4

Les alliances

Les alliances parcourent l’histoire d’Israël, d’Abraham à David. Le Seigneur s’engage comme partenaire de son peuple pour l’arracher à une situation d’oppression et le faire pleinement participer à son amour.


Appeler Rm 8,28

puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour

L’histoire du salut se déroule au rythme des appels que Dieu adresse à ceux qu’il veut charger de transmettre sa parole : Abraham, Samuel, Jérémie…. et Paul. L’initiative de Dieu est toujours première et son appel est une invitation à répondre librement à son amour.

Chair Rm 8,9

La chair et l’Esprit

La sphère terrestre est celle de « la chair », en opposition à la sphère céleste, de « l'Esprit ». C'est le monde de l'histoire humaine dans lequel, par exemple, l'homme peut être identifié par les liens charnels qui le rattachent à ses ancêtres. Cela vaut pour le Christ « issu, selon la chair, de la lignée de David, établi, selon l'Esprit Saint, Fils de Dieu » (Rm 1,3) ; en ce cas, la sphère terrestre n'est pas considérée négativement, comme pécheresse et hostile à Dieu, mais simplement limitée et provisoire, elle n'est pas décisive pour le salut. L'antithèse décisive, chez Paul comme dans l'AT, est entre l'homme et Dieu. Dans ses lettres (cf. par ex Ga 5,16-18 : « marchez sous l'impulsion de l'Esprit et vous n'accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s'oppose à l'Esprit et l'Esprit à la chair »), Paul évite soigneusement d'opposer « par l'Esprit / par la chair » : la chair n'est pas une puissance qui opère de la même façon que l'Esprit. La chair et l'Esprit ne sont pas deux forces entre Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

lesquelles l'homme peut toujours choisir librement. La chair est, pour Paul, tout

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ce qui est humain et terrestre, ce qui inclut le fait d'être juste à l'égard de la loi. Mais dans la mesure où cela entraîne l'homme à y mettre sa confiance et à y trouver sa sécurité, cela prend le caractère d'une puissance opposée à l'œuvre de l'Esprit. La chair englobe l'homme dans toutes ses dimensions physiques et mentales. Ce qui se tient à l'opposé n'est pas le spirituel mais Dieu. Ainsi, pour Paul,


– l'homme n'est pas d'abord déterminé par sa nature ni par sa constitution physique ni par le monde matériel qui l'entoure. Il est définitivement qualifié par sa relation à Dieu et, par conséquent, par sa relation à ses frères. – Le salut ne consiste pas à se retirer de ce qui est corporel (la sexualité) pour aller vers le spirituel (l'étude de la Loi ou l'ascétisme). Le corps et les capacités mentales forment un tout qui exprime la vie humaine. Les deux peuvent ou bien séparer de Dieu ou bien être mis au service de Dieu. – La chair n'est pas une sphère intrinsèquement mauvaise ou spécialement dangereuse. La chair devient mauvaise uniquement quand on construit sa vie sur elle. L'homme qui se comprend comme chair se décrit comme asservi à ce qui peut l'éloigner de Dieu. Il peut le ressentir si fort que la chair semble être une puissance qui contrôle l'homme. – La rédemption n'est pas un événement qui abolit ce qui est corporel. A cause de l'incarnation, la chair est appelée à manifester la vie de Dieu, à condition qu'elle se laisse assumer par l'Esprit. Le dualisme qu'on croit déceler chez Paul relève en fait d'une option fondamentale où il n'y a pas de demimesure puisqu'il s'agit de choisir la vie ou la mort. Dans ce contexte, la chair est du côté de la vie, pour la vie.

Cœur Ph 4,7

gardera votre cœur (kardia)et votre intelligence (nous, noèma)

dans le Christ Jésus Dans le NT, et chez Paul en particulier, l'emploi de ce mot est en accord avec l'AT., mais encore plus que dans la Septante, l'accent est mis sur le cœur Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

comme organe principal de la vie psychique et spirituelle, le lieu où Dieu

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témoigne de Lui-même. Il désigne le centre de la vie intérieure, siège de toutes les forces et fonctions de l'âme et de l'esprit : — dans le cœur habitent sentiments, émotions, désirs et passions : Ph 1,7 : « je vous porte dans mon cœur » — le cœur est le siège de la compréhension, source de la pensée et de la réflexion : Rm 1,21 : « ils se sont fourvoyés dans leurs vains raisonnements et leur cœur insensé est devenu la proie des ténèbres ».


— il est aussi le siège de la volonté : 1 Co 7,37 : « Mais celui qui a pris dans son cœur une ferme résolution, hors de toute contrainte ». — Le cœur représente aussi l'ensemble de l'intériorité face à l'extériorité de l'homme (son visage) : 1 Th 2,17 : « Pour nous, frères, séparés de vous pour un temps, loin des yeux mains non du cœur… » — le cœur est suprêmement le centre en l'homme vers lequel Dieu se tourne, dans lequel la vie religieuse est enracinée, qui détermine la conduite morale : 2 Co 3,3 : « Vous êtes une lettre du Christ confiée à notre ministère, écrite non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, dans nos cœurs ».

Communion Ph 2,1

si l’on est en communion (koinônia) dans l’Esprit

Formé, comme le verbe (koinônein) et l’adjectif (koinonos) de la même famille, à partir de l’adjectif koinos « commun », ce nom d’action est largement utilisé depuis l époque classique pour désigner toute action de faire ou d’avoir en commun : « prendre part à « , « s’associer avec ». Le terme apparaît dans la Septante et notamment en Sg 6,23 et 8,18 où se trouve l’idée qu’une participation ou une non participation à la sagesse peut modeler entièrement une existence d’homme. Six emplois de ce nom structurent cette lettre. Le premier (en 1,5) désigne clairement une « part active prise à » l’annonce de l’évangile, explicitée

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

ensuite par une participation des Philippiens aux épreuves de l’apôtre (1,7 et

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4,14). Paul a accepté des Philippiens cette koinônia (qui s’est concrétisée en une aide financière) parce qu’elle est le signe de la part qu’ils prennent à sa « grâce d’évangélisateur, dans la défense et l’affermissement de l’évangile » (1,7). Cette grâce de l’apôtre passe par la « conformation » de sa propre vie à celle du Christ et par la « participation à ses souffrances » (3,10) dans l’attente de la résurrection. La koinônia aux souffrances du Christ, c’est ce mouvement de don de soi jusqu’à la mort sur la croix qui fut celui du Christ. À la suite de l’apôtre, c’est toute la communauté qui est appelée à conformer son « corps


d’humiliation pour devenir « corps de gloire ». Se conformer au mouvement du Christ, c’est vivre en lui, en une unité où chacun reconnaît l’autre comme supérieur à soi ; c’est participer à l’Esprit (koinônia pneumatos ici, en 2,1) qui donne à chacun des charismes différents.

Condition Ph 2,6

la condition de Dieu / la condition de serviteur

– Le terme grec morphè (litt : « forme ») caractérise à la fois la réalité (son être Dieu) et la métaphore (il a pris le rôle d'un esclave) : il dénote la « forme », non pas en termes de traits extérieurs par lesquels on reconnaît quelque chose, mais en termes de caractéristiques et de qualités essentielles (ce qui caractérise véritablement une réalité donnée). Dans son existence terrestre, Jésus a pris la qualité essentielle de ce que signifie être esclave : alors que dans la forme de Dieu, il s'est vidé lui-même, dans l'apparence d'un homme, il s'est abaissé lui- même, dans un acte « d'obéissance » dont le « jusqu'à la mort » et « la mort sur une croix » dit le degré.

Couronne 2 Tm 4,8

la couronne du vainqueur

Dans les versets 6–8, l’auteur de la lettre fait écho à certains passages de la lettre aux Philippiens où Paul recourt à la métaphore de la course pour décrire sa détermination à mener à bien sa mission. Ainsi, en Ph 3,12.14 : « Certes, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course… Je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut ». Ici, la communauté Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

n’a aucun doute sur le sort éternel de l’Apôtre : il est sûr de la récompense

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finale.

Création Rm 8,19

la création aspire de toutes ses forces

Ce terme paulinien, en référence à Gn 1, désigne l’univers et tout ce qui le compose.


Culte Rm 9,4

Le culte

Au Temple, le culte permet la rencontre entre Dieu et les siens. Sous une autre forme, il se célèbre aussi à la synagogue par l’étude de la Loi. Paul parle ici du culte rendu par les fils d’Israël au Dieu qui leur a manifesté sa gloire.

Délivrance Rm 8, 23

nous attendons notre adoption et la délivrance de notre corps

Le terme grec « apolutrôsis », quelquefois traduit par « rédemption », signifie en son sens profane, le rachat, par l’état romain, de citoyens romains devenus esclaves à la suite de défaites militaires. Paul l’emploie ici pour désigner la fin de la mort, l’épanouissement de la filialité, la venue du monde neuf.

Dépouillé Ph 2,6

Il s’est dépouillé

L’égalité du Christ avec Dieu trouve son expression dans le « il s'est dépouillé ».Là est le fondement de la conception paulinienne de la croix : sur la croix, le véritable caractère de Dieu a été pleinement manifesté. Le verbe « se dépouiller » se comprend par opposition à « revendiquer » (harpagmon, litt : « se saisir de » – cf. le personnage d’Harpagon chez Molière) : Dieu n'est pas un être qui « met la main sur » et « saisit » mais

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

quelqu'un qui donne pour le salut des autres.

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Destiner Rm 8,29

il les a aussi destinés (par avance) à être l’image de son Fils

Ce verbe est quelquefois traduit par « prédestiner ». Avec beaucoup d’autres verbes précédés du même préfixe (« connaître par avance » au même verset, « préparer d’avance », « choisir d’avance ») il signifie que Dieu préside à toute chose pour le Salut des hommes. Ce préfixe projette dans le temps une priorité qui est de l’ordre de la relation entre Dieu et les hommes. Paul veut avant tout dire que Dieu nous a aimés le premier. Son amour ne porte pas atteinte à notre liberté.


Esprit Rm 8,26

l’Esprit [Saint] vient au secours de notre faiblesse

(D’après l’article « Esprit saint, Esprit de Dieu » dans le Vocabulaire des épîtres de Paul (Cahiers Évangile 88) Dans l’Ancien Testament, l’Esprit (grec pneuma ; hébreu rouah) qualifie Dieu en sa puissance, en son pouvoir créateur, en ce qu’il a de plus intime et qu’il communique à l’homme. Paul reprend cet aspect et le développe : l’Esprit Saint est don de Dieu, c’est l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. Parmi les multiples fonctions de l’Esprit de Dieu que Paul s’attache à montrer dans ses lettres (l’Esprit de Dieu justifie, sanctifie, parle, enseigne, révèle, donne la connaissance du Mystère, anime et construit le corps de l’Église, habite dans les cœurs), il y a celle de son intercession en notre faveur pour nous aider à prier.

Rm 8,9

La chair et l’Esprit

La sphère terrestre est celle de « la chair », en opposition à la sphère céleste, de « l'Esprit ». C'est le monde de l'histoire humaine dans lequel, par exemple, l'homme peut être identifié par les liens charnels qui le rattachent à ses ancêtres. Cela vaut pour le Christ « issu, selon la chair, de la lignée de David, établi, selon l'Esprit Saint, Fils de Dieu » (Rm 1,3) ; en ce cas, la sphère terrestre n'est pas considérée négativement, comme pécheresse et hostile à Dieu, mais simplement limitée et provisoire, elle n'est pas décisive pour le

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

salut. L'antithèse décisive, chez Paul comme dans l'AT, est entre l'homme et

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Dieu. Dans ses lettres (cf. par ex Ga 5,16-18 : « marchez sous l'impulsion de l'Esprit et vous n'accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s'oppose à l'Esprit et l'Esprit à la chair »), Paul évite soigneusement d'opposer « par l'Esprit / par la chair » : la chair n'est pas une puissance qui opère de la même façon que l'Esprit. La chair et l'Esprit ne sont pas deux forces entre lesquelles l'homme peut toujours choisir librement. La chair est, pour Paul, tout ce qui est humain et terrestre, ce qui inclut le fait d'être juste à l'égard de la loi.


Mais dans la mesure où cela entraîne l'homme à y mettre sa confiance et à y trouver sa sécurité, cela prend le caractère d'une puissance opposée à l'œuvre de l'Esprit. La chair englobe l'homme dans toutes ses dimensions physiques et mentales. Ce qui se tient à l'opposé n'est pas le spirituel mais Dieu. Ainsi, pour Paul, – l'homme n'est pas d'abord déterminé par sa nature ni par sa constitution physique ni par le monde matériel qui l'entoure. Il est définitivement qualifié par sa relation à Dieu et, par conséquent, par sa relation à ses frères. – Le salut ne consiste pas à se retirer de ce qui est corporel (la sexualité) pour aller vers le spirituel (l'étude de la Loi ou l'ascétisme). Le corps et les capacités mentales forment un tout qui exprime la vie humaine. Les deux peuvent ou bien séparer de Dieu ou bien être mis au service de Dieu. – La chair n'est pas une sphère intrinsèquement mauvaise ou spécialement dangereuse. La chair devient mauvaise uniquement quand on construit sa vie sur elle. L'homme qui se comprend comme chair se décrit comme asservi à ce qui peut l'éloigner de Dieu. Il peut le ressentir si fort que la chair semble être une puissance qui contrôle l'homme. – La rédemption n'est pas un événement qui abolit ce qui est corporel. A cause de l'incarnation, la chair est appelée à manifester la vie de Dieu, à condition qu'elle se laisse assumer par l'Esprit. Le dualisme qu'on croit déceler chez Paul relève en fait d'une option fondamentale où il n'y a pas de demimesure puisqu'il s'agit de choisir la vie ou la mort. Dans ce contexte, la chair

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

est du côté de la vie, pour la vie.

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Esprits (les) Rm 8,38

ni les esprits ni les puissances

Les contemporains de Paul attachaient beaucoup d’importance à des puissances cosmiques intermédiaires entre la divinité suprême et notre monde. Paul énumère dans ces versets une liste de forces angéliques ou démoniaques pouvant être hostiles à l’homme. Ce qui compte pour l’apôtre, c’est l’absolue supériorité du Christ. La résurrection a scellé la victoire sur les puissances par excellence que sont la mort et le péché. Même si notre


langage supporte difficilement la cosmologie impliquée par la personnification de ces puissances, il reste que Jésus a montré que l’amour était plus fort que la mort et le péché.

Etre maudit Rm 9,3

être maudit, séparé du Christ (littéralement « être anathème »)

Le terme grec anathema signifie : ce qui est posé au-dessus. Dans l’AT, il s’agit de l’offrande, posée au dessus de l’autel du Temple et donc exclusivement consacrée à Dieu. Dans le NT, l'anathème devient une sentence de malédiction. La personne qui en est frappée est alors retranchée de la communauté des fidèles.

Faiblesse Rm 8,26

l’Esprit [Saint] vient au secours de notre faiblesse

Ce mot caractérise la condition humaine livrée à ses propres ressources. C’est dans cet état que Dieu nous a rejoint pour nous arracher à la mort. La faiblesse marque notre corps actuel. Pour les combats de la vie de foi, la force de l’Esprit nous est indispensable.

Gloire Rm 8,18 / Rm 9,4

la gloire

Le terme grec doxa (dont le premier sens est « opinion ») désigne aussi le « renom, l’éclat, la splendeur ». Il traduit l’hébreu kabod (dont le radical évoque le poids et donc la richesse). Dans la LXX, il dit la présence de Dieu Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

au milieu des siens et la puissance de ses manifestations (cf. la vision du

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prophète en Is 6,3). C’est par la gloire du Père que Jésus a été ressuscité, affirme Paul (Rm 6,4). Le Christ est « le Seigneur de gloire » (1 Co 2,8) et, par lui, la gloire est aussi l’attribut des enfants de Dieu.

Gueule du lion 2 Tm 4,17

J’ai échappé à la gueule du lion !

L’expression reprend l’image du berger qui se bat contre les lions pour


arracher de leur gueule les agneaux sans défense. L’assistance divine a permis à Paul d’accomplir sa mission.

Intelligence Ph 4,7

gardera votre cœur et votre intelligence (nous, noèma) dans le

Christ Jésus De la même famille que le nom du même sens nous, typiquement paulinien, le terme noèma désigne la pensée, ce qui est élaboré par l’intelligence. Le nous est pour Paul un principe dynamique de discernement, appelé à se renouveler dans l’Esprit pour rendre le chrétien de plus en plus apte à discerner, avec responsabilité, le dessein de Dieu dans les situations concrètes de son existence.

Jour 2 Tm 4,8

en ce jour-là,

Dans l’AT, le jour du Seigneur est un jour de jugement, à la fois jour de colère et de miséricorde qui verra l’établissement de la justice de Dieu. Pour Paul comme pour l’auteur de la lettre à Timothée, ce jour est celui de la parousie du Christ, lorsque le Seigneur viendra nous chercher pour nous faire entrer dans la gloire du Royaume. Paul peut l’attendre avec confiance.

Justes, justifier

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

Rm 8, 30 sa gloire

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il en a fait des justes ; et ceux qu’il a justifiés, il leur a donné

Dieu appelle l’homme pour que celui-ci soit « justifié », c’est-à-dire qu’il devienne « juste » en écoutant sa parole et en obéissant à sa volonté. La réconciliation que Dieu propose en Jésus-Christ offre à chacun de trouver sa juste place devant Lui et d’avoir ainsi part à sa gloire. Dans la Bible, le juste est le contraire de l’impie qui se détourne de Dieu.


Moment 2 Tm 4,6

le moment (kairos) de mon départ est venu.

À la différence du terme grec chronos qui saisit le temps dans son déroulement chronologique, le kairos désigne le temps de manière qualitative. L’expérience du temps est celle d’un moment plein, décisif. La venue du Christ a été un kairos définitif. C’est par rapport à ce « temps » de l’accomplissement du Salut vécu par les chrétiens que Paul réfléchit à sa mort prochaine.

Paix Ph 4,7

la paix de Dieu, qui dépasse tout…/ le Dieu de la paix sera avec

vous Pour le NT, la paix, comme présence et proximité de Dieu, nous est donnée en Jésus Christ. L’expression « la paix de Dieu (v.7) / « le Dieu de la paix » (v. 9) exprime l’essentiel du don de Dieu aux hommes. Ce don se manifeste dans la communauté comme fruit de l’Esprit (Rm 8,6). L’expression la plus forte apparaît ici : dans la confiance et la remise de soi totale à Dieu, par la prière et l’action de grâce, le chrétien reçoit « une paix qui surpasse toute compréhension ». La lettre aux Éphésiens insistera sur la paix comme réconciliation : elle est l’œuvre du Christ réconciliant les ennemis – le Juif et le Grec – et faisant la paix dans sa chair sur la croix (Ep 2,14-17). On ne peut dire avec plus de force

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

que la paix est la vie même du Christ donnée aux hommes.

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Personne Rm 12,1

à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint

Il s’agit ici de l’homme tout entier dans son existence concrète, la personne. C’est par notre corps que nous sommes membres du Christ (1 Co 6,15).

Premier ressuscité Co 15,20 endormis)

le premier ressuscité (prémices de ceux qui se sont


Le crucifié est déjà ressuscité comme les « prémices (aparchè) de ceux qui se sont endormis (du sommeil de la mort) ». Les croyants ressusciteront seulement après la fin des temps. Les lettres deutéro-pauliniennes présentent les chrétiens comme déjà ressuscités spirituellement dans le Christ (Col 2,12 et Ep 2,6). Sans gommer l’espérance chrétienne, elles portent le regard surtout sur les biens d’un salut déjà en notre possession. Paul tient davantage compte de l’avenir du salut.

Promesses Rm 9,4

Les promesses de Dieu

Chez Paul, l’auteur de la promesse est toujours Dieu le Père. La promesse de base est la bénédiction initiale accordée à Abraham et à sa descendance. À David, Dieu promet un descendant dont il assurera « pour toujours » la royauté : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 S 7,14).

Puissances Rm 8,38

ni les esprits ni les puissances

Les contemporains de Paul attachaient beaucoup d’importance à des puissances cosmiques intermédiaires entre la divinité suprême et notre monde. Paul énumère dans ces versets une liste de forces angéliques ou démoniaques pouvant être hostiles à l’homme. Ce qui compte pour l’apôtre, c’est l’absolue supériorité du Christ. La résurrection a scellé la victoire sur les puissances par excellence que sont la mort et le péché. Même si notre Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

langage supporte difficilement la cosmologie impliquée par la personnification

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de ces puissances, il reste que Jésus a montré que l’amour était plus fort que la mort et le péché.

Réconciliation Rm 11,15

le monde a été réconcilié [avec Dieu]

Le terme grec employé pour dire la « réconciliation » (katallasso) se réfère à une reconstruction ou à un entier renouvellement. Le radical grec appelle, en


effet, l’idée d’un changement de situation. Tels ces anciens esclaves qui, après le décret de Jules César lors de la complète reconstruction de Corinthe, commencent une nouvelle vie de citoyen. Le mot, non valorisé religieusement jusque-là dans l’hellénisme, prend chez Paul une résonance nouvelle : il s’agit d’une vie à reprendre dans un contexte nouveau.

Réintégrer Rm 11,15

quand ils seront réintégrés

Le terme grec pour dire la « réintégration » (proslèmpsis) suggère la pensée d’une « addition » nouvelle. Après la mise à l’écart d’Israël peut venir sa réintégration, à la manière d’une résurrection des morts. Une telle séparation et mise à l’écart a provoqué le surgissement d’une nouvelle création chez les Nations par la mission chrétienne. De ce mal a surgi le bien des Nations. Mais s’il y a eu séparation et retournement de la situation en faveur des Nations, qui peut dire si Dieu n’opérera pas encore un autre retournement de situation ? L’Apôtre résout le cas théologique de l’Israël qui n’accepte pas encore le Christ à l’aide de cette dialectique. Il va d’ailleurs poursuivre l’argument en l’appliquant aux nations, ainsi menacées d’un autre retournement possible de la part de Dieu.

Rejet Rm 11,15

quand ils ont été mis à l’écart (leur rejet [est] réconciliation

du monde) Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

Ce nom (apobolè) a le sens de « mise à l’écart », « soustraction » mais non

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pas d’une chute irréversible.

Ressusciter 1 Co 15,20

Le Christ est ressuscité d’entre les morts

Le verbe grec égerein a pour premier sens « se dresser », d’où « se réveiller ». Il permet à Paul de souligner la nouveauté et le réalisme de la résurrection.


L’Apôtre insiste sur ce motif pour dire tout à la fois le réalisme de la résurrection et la distance ou la discontinuité entre la vie d’aujourd’hui et le « corps spirituel » (1Co 15,12s et 35s).

Sacrifice Rm 12,1

à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint

Le terme grec thusia a un sens exclusivement cultuel, chez les Grecs comme dans la Septante. La spiritualisation apparaît déjà dans le Ps 51 (50), 19 : « le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ».

Sagesse Rm 11,33

la sagesse (sophia) et la science (gnosis) de Dieu !

L’infidélité d’Israël elle-même, en dépit des apparences, est tout entière ordonnée au dessein salvifique de Dieu en faveur de son peuple (Rm 9,17). Tel est l’enseignement central de Paul dans ls chapitres 9–11. Cet enseignement se résume dans un cri d’admiration : Dieu est capable de faire servir jusqu’au péché des hommes à leur propre bien. C’est ce qu’il nomme la « sagesse » de Dieu : celui-ci ne veut pas le péché mais il est capable de le faire entrer dans son plan de salut.

Saints Rm 8, 27

il sait qu’en intervenant pour les fidèles (litt. « Les saints »)

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

l’Esprit veut ...

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Dans l’A. T., le saint est celui que Dieu consacre pour son service. En Christ, les croyants sont sanctifiés, mis à part par l’appel de Dieu. Ils sont donc saints. Sans être pour autant meilleurs que les autres, ils sont appelés à percevoir jour après jour dans leur vie quotidienne cette sanctification reçue du Christ et à en vivre plus intensément.


Science Rm 11,33

la sagesse (sophia) et la science (gnosis) de Dieu !

L’infidélité d’Israël elle-même, en dépit des apparences, est tout entière ordonnée au dessein salvifique de Dieu en faveur de son peuple (Rm 9,17). Tel est l’enseignement central de Paul dans ls chapitres 9–11. Cet enseignement se résume dans un cri d’admiration : Dieu est capable de faire servir jusqu’au péché des hommes à leur propre bien. C’est ce qu’il nomme la « sagesse » de Dieu : celui-ci ne veut pas le péché mais il est capable de le faire entrer dans son plan de salut.

PROPOSITINS PRIERES L’Hymne à la charité (1 Co 13, 1-8)

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

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J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; L’amour ne jalouse pas ; Il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; Il ne fait rien de malhonnête ; Il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; Il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; Il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.


Vivre en communauté chrétienne (2Co 13, 11­13) Frères, soyez dans la joie, Cherchez la perfection, Encouragez-vous, Soyez d’accord entre vous, vivez en paix, Et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Exprimez votre amitié En échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, L’amour de Dieu t la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous.

Prière à Saint Paul

Glorieux saint Paul, Apôtre plein de zèle, Martyr par amour du Christ, obtiens-nous une foi profonde, une espérance ferme, un amour brûlant pour le Seigneur afin que nous puissions dire avec toi : ’’Ce n’est plus moi mais le Christ qui vit en moi’’. Aide-nous à devenir des apôtres qui servent l’Eglise avec une conscience pure, des témoins de sa grandeur et de sa beauté au milieu des ténèbres de notre temps. Avec toi nous louons Dieu notre Père, ’A lui la gloire, dans l’Eglise et dans le Christ pour tous les âges et tous les siècles.’ Amen

Chapitre : LEXIQUE PAULINIEN

(Source : http : //catholique-nanterre.cef.fr)

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