Anne Crahay

L’album Mes p’tits doigts sort le 2 mai. L’occasion de poser quelques questions à Anne Crahay… lecteurs à les reproduire facilement, sans formation spécifique. J’ai ajusté, changé d’angle, déplacé des pouces et redessiné de nombreuses fois chaque main pour que l’illustration communique de manière la plus simple, juste et précise possible. À cet égard, je suis reconnaissante envers les enseignants, lecteurs bénévoles et bibliothécaires qui se sont prêtés au jeu de Mes p’tits doigts et m’ont transmis leurs précieux commentaires.

Qu’est-ce qui a déclenché l’envie de faire ce livre ?

Les tout-petits me fascinent, leur intelligence, leur curiosité, leur présence et leur intensité. Au gré de mes lectures, j’ai trouvé cette phrase expliquant que ce n’est pas parce qu’un bébé ne parle pas, qu’il n’a rien à dire. Et puis, j’ai découvert le travail du réseau Bébé Signe, et cet album est devenu une évidence.

As-tu travaillé différemment de tes autres livres ? Tu as pris part à des ateliers collectifs parent-bébé… et je crois que, sous des apparences fort simples, ce livre a demandé pas mal de réglages « techniques », non ?

Pour préparer ce projet, j’ai rencontré l’équipe du Babibar à Liège en Belgique. Cette association accueille des modules Bébé-Signe : l’opportunité d’y suivre une initiation et d’assister à la danse des petits doigts s’est présentée à moi. Observer la complicité, la joie, l’intensité des regards et la grande intelligence du tout petit enfant moments suspendus

Quand les images ont été en chantier, il a fallu tester la bonne compréhension des signes, et la capacité des

Une fois les illustrations terminées, nous avons décidé, non pas de scanner, mais de photographier les images, afin de profiter pleinement de la technique du collage. Les lecteurs attentifs percevront les différentes épaisseurs des papiers colorés et les légères ombres portées, qui donnent volume et chaleur à la composition. Un travail d’éclairage et de photogravure relativement exigeant…

Créé en 2013 par l’association Les Parents Jardiniers, le Babibar est un espace de rencontre enfant-parent, convivial, gratuit et accessible à tout le monde. L’association a pour mission la lutte contre l’isolement et la précarisation des jeunes parents. Le Babibar propose un espace de jeux pour les enfants, des ateliers périnataux à un tarif solidaire, un service de prêt de matériel de puériculture, une plateforme de soutien aux parents solos... Une équipe professionnelle offre aussi aux parents en situation de précarité un meilleur accès aux soins de santé périnatale.

Source : Viva for life sur le site de la RTBF

J’ai par ailleurs – dans un coin du cœur – une fascination pour le travail de Pili Mandelbaum et les aventures de Petite abeille 1. J’ai caressé des millions de fois les cheveux de laine, gratouillé les matières jusqu’à ce que l’encre des pages s’efface.

Comment le texte t’est-il venu ?

J’ai tout d’abord identifié les besoins d’un bébé : boire, manger, faire pipi, jouer, etc. Il m’a également semblé essentiel d’ajouter le verbe « rêver » à cette liste, essentiel que ce mot existe très très tôt dans la vie d’un humain. Ensuite, le texte est venu comme une chanson, à voix haute. Je procède souvent ainsi, car pour moi, l’album a une dimension orale fondamentale. Le bébé suit la musique des mots, s’installe dans la répétition de la comptine et savoure les intonations, les silences et la fantaisie de la narration.

Cette petite chenille, justement, est un vrai pitre ! Qu’apporte-t-elle à l’histoire ?

Je n’avais pas envie de proposer un énième livre-outil ou didactique pour apprendre à signer avec son bébé.

Je voulais une véritable histoire, avec un personnage, des choses à observer, des surprises.

La chenille, c’est une accumulation de formes rondes. On les empile, la chenille monte ! On les éclate aux quatre coins de la page, la chenille tombe ! On les enroule, la chenille dort !

Les possibilités sont infinies, et je m’émerveille de pouvoir dire tant de choses avec si peu.

Par ailleurs, au-delà du plaisir graphique, la chenille, alter ego de bébé, est évidemment le miroir de sa transformation : du signe au mot, du bébé à l’enfant, de la vie à l’envol.

La main est une partie du corps peut-être parmi les plus complexes à représenter, comment as-tu abordé son dessin ?

J’ai photographié les mains de ma fille et complété mes recherches dans des publications didactiques. Ensuite, j’ai dessiné, redessiné, peaufiné petit à petit mes dessins, en m’écartant parfois de la référence photographique pour une meilleure compréhension de la position. L’envie de travailler cette main en papier découpé et en aplat noir, comme dans le théâtre d’objet m’a poussée à épurer sans cesse mes traits. À l’issue du processus, nous avons un signe assez sobre et réaliste qui contraste avec le traitement de la chenille.

Anne Crahay sortie le 2 mai 2023

Une journée de bébé racontée du bout des doigts ! Une main, des petits doigts et une chenille… Jeux

0-24 mois isbn 978-2-930941-56-1 format 16,5 x 20 cm

40 pages

Couverture cartonnée [14,90 €]

Techniques d’illustration :

•collage

Thèmes

•communication gestuelle

•comptine

•langue/langage

•apprentissage

•vie quotidienne

•motricité

• raconter un jour de la vie de bébé au travers d’une comptine aux accents poétiques.

• accompagner doucement bébé dans l’acquisition du langage oral : vocaliser, balbutier, parler !

• faciliter un moment complice entre bébé et un·e adulte/un enfant plus âgé…

• communiquer plus facilement, et peut-être réduire les causes de frustration/colère.

Après avoir étudié les arts graphiques à l’ESA Saint-Luc Liège, Anne travaille dans le cinéma d’animation et le graphisme. Dans ce cadre, elle collabore régulièrement avec des compagnies de théâtre jeune public, telles que la Cie Alula et le Théâtre du Sursaut.

Depuis 2007, elle a publié une trentaine d’albums jeunesse aux éditions de Albin Michel, Didier Jeunesse, L’Élan vert et CotCotCot.

Elle enseigne désormais le dessin et l’illustration à l’ESA Saint-Luc

► Anne Crahay fait partie des finalistes 2010 et 2022 des Illustration Awards de la Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne. En 2010, elle reçoit ainsi une mention spéciale pour cinq illustrations à l’origine de l’album Le Sourire de Suzie (CotCotCot, 2019).

Raconter un jour de la vie de bébé

– dire bonjour

– avoir faim

– dire merci

– avoir soif

– faire pipi

– jouer – se faire mal

– être fatigué·e

– rêver – encore !

Sa journée rythmée par les activités, le bébé a très tôt à cœur de pouvoir faire comprendre ses besoins vitaux et les émotions qui le traversent.

En Reprenant Les Codes De La Comptine

– Jeu sur les répétitions ;

– Travail sur les sonorités, la poésie des mots, le rythme des syllabes.

En fin de livre, quelques conseils...

Le texte est évolutif.

On pourra dans un premier temps ne dire que les mots en gras, puis, petit à petit (ou en alternant les lectures) reprendre l’ensemble du texte.

Les gestes sont décrits plus précisément.

Vocaliser, balbutier, parler...

Être compris·e, servi·e, remercié·e, félicité·e, encouragé·e pour partager un moment de complicité avec un·e adulte/une sœur/un frère, développer sa motricité et sa confiance en soi… autant de capacités nécessaires pour donner l’envie à bébé de communiquer activement, et faciliter l’acquisition du langage oral.

Les résultats des recherches résumées au Baby Lab de Toulouse soutiennent l’hypothèse selon laquelle la communication gestuelle et la communication verbale sont liées dès les premiers mois de vie de l’enfant et montrent que les gestes de pointage contribuent de manière significative au développement du langage.

Reprendre les codes iconographiques des modes d’emploi

Les consignes sont faciles à comprendre et à reproduire.

Ici, la main est potelée pour que les bébés puissent se projeter plus facilement dans les actions proposées.

Jouer sur les contrastes

La vision est le dernier sens à se développer chez le fœtus. Dans les premiers mois de sa vie, un bébé voit son environnement en gris, noir et blanc. Il va peu à peu ajouter quelques couleurs à sa palette.

Si le noir de la main n’était pas, au préalable, une couleur de peau, mais plutôt une référence aux visuels utilisés dans les fiches d’instruction, les contours du visage du petit personnage sont désormais formés d’un trait noir.

La petite chenille, alter ego de l’enfant

La petite chenille, métaphore de l’enfant qui grandit, va l’accompagner dans son quotidien et se transformer en papillon…

Elle permet également une narration en parallèle douce et rigolote.

17 x 17 cm

32 pages

ISBN 979-10-94908-33-4

12,50€

À partir de 2 ans Sortie prévue le 5 mai