Réanimons (encore) mieux ! Advanced Cardiovascular Life Support – ACLS, d’après ILCOR CoSTR et les directives 2015
Glossaire ACLS
Advanced Cardiovascular Life Support (AHA)
ACS
AED
Acute Coronary Syndrome Automated External Defibrillation
AESP
Activité électrique sans pouls
AHA
American Heart Association
BLS
CVC
Basic Life Support
Cathéter veineux central
DNAR
Do Not Attempt Resuscitation
ECC
Emergency Cardiac Care
ECG
Électrocardiogramme
ERC
European Resuscitation Council
etCO2
CO2 de fin d’expiration
FV
Fibrillation ventriculaire
ILCOR
International Liaison Committee on Resuscitation
i.v.
Intraveineux
PALS
Pediatric Advanced Life Support
RCP
Réanimation cardio-pulmonaire
ROSC
Return of spontaneous circulation
SCA
Syndrome coronarien aigu
SRC
Swiss Resuscitation Council (Conseil suisse pour la réanimation)
STC TVSP
Stimulateur transcutané
Tachycardie ventriculaire sans pouls
© SIRMED, novembre 2015 Toute reproduction ou utilisation de textes, photos et graphiques, en particulier dans d’autres publications électroniques ou imprimées n’est autorisée qu’avec l’accord écrit de SIRMED.
En ouverture
Introduction Aucun événement ne marque aussi nettement le passage de la vie à la mort qu’un arrêt cardio-respiratoire. Ce moment décide entre être ou ne pas être. Chaque année, l’Europe connaît environ 70 arrêts circulatoires subits pour 100 000 habitants. Or, les chances de survie en cas d’arrêt circulatoire avec fibrillation ventriculaire sont actuellement inférieures à 10 % dans le monde. Si certaines études publiées depuis 2005 constatent une légère tendance ascendante à la survie, des différences importantes s’observent aux plans régional et national. La tendance ascendante semble être la plus marquée là où les optimisations sont intégrées aux systèmes de soins dans leur ensemble, et pas où sont prises des mesures individuelles. À compter de l’arrêt, il ne reste pas beaucoup de temps avant la survenue de dommages neurologiques irréversibles. Mais ces quelques minutes suffisent tout à fait pour sauver une vie qui serait sinon perdue à coup sûr. Il faut, pour cela, reconnaître immédiatement l’arrêt circulatoire, connaître les procédures correctes, les appliquer sans retard et être au courant des compétences organisationnelles. Il s’agit donc de tirer le meilleur parti possible du peu de temps disponible pour améliorer les chances de survie sans dommages neurologiques. Il est relativement facile de constater un arrêt circulatoire et de bien organiser les mesures techniques nécessaires. Mais seul un entraînement intensif garantit la coopération parfaite des intervenants.
À propos de cette brochure L’ACLS suppose le BLS. En ce sens, notre brochure BLS se suffit à elle-même. Mais pour la présente brochure ACLS, nous définissons la brochure BLS comme une partie obligatoire. Cette brochure n’est pas un manuel autonome, mais un matériel destiné à accompag ner la formation pratique. En tant qu’aperçu thématique, les explications sont volontairement brèves, soit un résumé des d irectives actuelles, en vue de leur fonction de matériel didactique. Quand les instructions des directives AHA et ERC divergent, nous le signalons. SIRMED propose aussi des cours de prestataires officiels d’ACLS. Nous faisons remarquer que la présente brochure n’est pas le manuel des prestataires de cours ACLS. Le processus de consensus et de directives L’American Heart Association (AHA) et l’European Resuscitation Council (ERC) se sont associés aux sociétés de réanimation du Canada, d’Afrique du Sud, d’Australie et d’autres pays au sein de l’International Liaison Committee on Resuscitation (ILCOR) : depuis longtemps, les organisations constituent différents groupes de travail pour des bibliographies critiques basées sur les critères de l’Evidence Based Medicine autour de la réanimation et des urgences cardiovasculaires. Ces études se réfèrent à la base de données de PubMed, EMBase et Cochrane.
Le domaine de la réanimation est large et les thèmes en sont vastes. La présente brochure n’en couvre que des aspects partiels. C’est pourquoi nous recommandons expressément aux intéressés d’approfondir leurs connaissances grâce au consensus scientifique de l’ILCOR et des directives qui en découlent (voir les sources). Ce sont eux qui constituent la base scientifique de cette brochure. Les sources originales sont énumérées en annexe. Validité La présente brochure perd sa validité à la publication de la nouvelle édition des directives.Comme l’intervalle de cinq ans qui prévalait jusqu’à présent est supprimé, nous évaluerons les éventuelles nouveautés au cas par cas et déciderons si des rééditions s’imposent. Le grand soin que nous avons mis à sa rédaction n’empêche pas la possibilité d’erreurs. Nous n’assumons aucune garantie, en particulier une responsabilité juridique, pour les informations fournies ici. Dans chaque cas, l’utilisateur doit vérifier l’exactitude des données à l’aide des sources originales et fonder son expertise sur les informations des fabricants.
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Chaîne de survie
L’importance du Basic et Advanced Life Support La brochure ACLS doit commencer là où s’arrête la brochure BLS, à savoir avec les aspects centraux de la réanimation. Sans aide, un arrêt cardiaque a vite une fin mortelle. Les mesures de base vitales sont faciles à apprendre et à appliquer. Chaque victime doit bénéficier d’un massage cardiaque de grande qualité : cela signifie 30 compressions et 2 insufflations en alternance, avec une fréquence de compression de 100 à 120 par minute et une profondeur de compression de 5 à 6 cm. Ce faisant, il faut relâcher complètement la pression. Il ne peut y avoir d’interruption inutile du BLS, qui signifierait une interruption directe de l’irrigation du cerveau. Une ventilation excessive est nocive, il faut donc l’éviter. En cas de fibrillation ventriculaire, une défibrillation immédiate est élémentaire. Les mesures avancées doivent s’appliquer de manière différenciée. Dans la phase de post-réanimation, il est indiqué de prendre des mesures ciblées de stabilisation cardiocirculatoire et d’amélioration de la récupération neurologique. Selon les directives actuelles, les mesures de base de la réanimation comprennent le maintien d’un débit continu du sang dans le cerveau, de l’oxygénation, de la ventilation et de la défibrillation précoce, avec évaluation et traitement simultanés de causes potentiellement réversibles de l’arrêt cardiaque. L’efficacité de ces mesures est attestée par des données plus ou moins fiables, auxquelles nous renvoyons en annexe. C’est ainsi que des m esures de base suffisantes demeurent le fondement indispensable de tout traitement avancé.
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Chaîne de survie L’AHA représente les procédures de la réanimation dans deux variantes de la chaîne de réanimation: une première pré-hospitalière et une seconde en hôpital. La différence réside dans le fait que les soins en hôpital doivent viser à reconnaître les patients menacés par un arrêt circulatoire et à écarter ce risque.
Les maillons de la chaîne de survie pré-hospitalière décrivent les phases de soin de la manière suivante : 1. reconnaissance de l’arrêt cardiaque et alarme 2. BLS précoce insistant sur le massage cardiaque externe 3. défibrillation précoce 4. mesures de réanimation avancées et efficaces 5. prise en charge interdisciplinaire après un arrêt cardiaque
Les professionnels (terme réunissant ciaprès les médecins, secouristes et soignants) devraient être conscients que la clé principale d’une réanimation réussie réside dans une bonne RCP et défibrillation. Autrement dit, tous les efforts doivent tendre à une irrigation cérébrale continue et à une réduction du no-flow-time. Particularités du BLS pour les professionnels Pour l’essentiel, les mesures de base appliquées par les professionnels sont très semblables à celles des profanes. Les principes fondamentaux cités ci-dessus ne varient pas. Sur quelques rares points, cependant, nous ajouterons des compléments. Vérification du pouls Même chez les professionnels, la vérification du pouls pour identifier un arrêt circulatoire a sans cesse perdu de son importance dans les années passées, la procédure n’étant pas fiable. Elle fournit très fréquemment des résultats tant faux positifs que faux négatifs. Si des professionnels prennent quand même le pouls, ils ne doivent pas y consacrer
plus de 10 secondes. Pour évaluer l’efficacité de la compression thoracique, le contrôle du pouls est trop peu révélateur. Technique de la compression thoracique Comme indiqué ci-dessus, la qualité de la compression thoracique revêt une importance primordiale pour l’efficacité d e la réanimation. Comme il est prouvé que ces mesures entraînent une fatigue rapide et donc une profondeur de compression en baisse, il est recommandé aux intervenants de se relayer toutes les deux minutes. Dans le but d’assurer en permanence la qualité de la compression thoracique, l’industrie a mis sur le marché divers appareils de compression thoracique mécanique. Au moment de la publication des directives 2015, les données recueillies pour évaluer cet instrument n’étaient pas suffisantes pour en recommander un usage routinier. Ces appareils pourraient constituer une option quand une RCP conventionnelle se révèle difficile (par ex. pendant des procédures diagnostiques).
Basic Life Support par des professionnels
Pour éviter tout retard dû à l’usage de cet appareil et atteindre une efficacité optimale, le personnel spécialisé devrait bénéficier d’instructions initiales, d’un suivi continu et de répétitions multiples de son utilisation. Le recours à des métronomes et des appareils pour signaler l’intensité de la compression peuvent aider à assurer une bonne qualité de compression. Jusqu’ici, cependant, les preuves scientifiques ne suffisent pas à attester l’aptitude de ces systèmes. Défibrillation La défibrillation doit intervenir le plus tôt possible et le BLS ne peut la retarder. Il est cependant conseillé de démarrer ou de poursuivre le BLS pendant la préparation de la défibrillation.
Celle-ci prend la forme de chocs isolés. Une exception avec jusqu’à trois chocs consécutifs est faite dans l’arrêt circulatoire monitoré, par ex. au laboratoire de cathétérisme cardiaque. Il faut encore une fois souligner que l’intervalle de temps entre la dernière compression et la défibrillation, de même qu’entre la décharge et la reprise de la compression directement après la défibrillation doit être le plus court possible. La défibrillation est suivie de deux minutes de RCP sans contrôle du pouls. Après deux minutes seulement, le rythme ECG est vérifié. Un contrôle du pouls n’intervient que s’il se forme à ce moment une image ECG qui pourrait être liée à une éjection cardiaque.
Malgré une évidence limitée, l’utilisation de DSA peut être recommandée même pour les hôpitaux, afin de permettre des défibrillations précoces. L’objectif des directives pour le chocage dans un service périphérique est aujourd’hui de 3 minutes max. après le collapsus. C’est vrai en particulier pour les domaines de l’hôpital où le personnel n’a pas de connaissances en matière de diagnostic du rythme cardiaque ou quand les défibrillateurs ne servent pas souvent.
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Mesures avancées
Prévention d’alarme. Une sensibilisation en ce sens devrait donc permettre d’éviter la survenue d’arrêts circulatoires par des mesures appropriées. Les directives actuelles recommandent d’appliquer des protocoles cliniques de surveillance et d’évaluation pour identifier les patients aux signaux d’alarme en question, afin de réagir de manière adéquate. C’est sous ce jour qu’il faut voir les recommandations de transférer la stratégie de prise en charge des urgences hospitalières des équipes dites « de réanimation » à des équipes « d’urgences médicales » (Medical Emergency MET ou Rapid Response Teams RRT) – c.-à-d. de passer de la réaction à l’action. Soins avancés – Images ECG de l’arrêt circulatoire Dans le cadre de l’arrêt cardio-circulatoire, la dérivation de l’ECG se fait généralement par des électrodes multifonctions ou des câbles à trois ou cinq pôles. L’électrocardiographie distingue les formes suivantes d’arrêt circulatoire : fibrillation ventriculaire (FV) tachycardie ventriculaire sans pouls (TVSP) a systolie a ctivité électrique sans pouls (AESP) Il importe de distinguer ces images pour la suite de la procédure dans la mesure où, contrairement à l’asystolie et à l’AESP, les deux premières peuvent faire l’objet d’une défibrillation.
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Fibrillation ventriculaire La fibrillation ventriculaire se caractérise par des contractions incoordonnées de certaines fibres musculaires cardiaques, qui n’arrivent pas à produire une éjection. L’ECG présente une suite d’impulsions d’excitation le plus souvent irrégulières d’une fréquence de 200 à 500 par minute. La fibrillation ventriculaire n’est donc pas un arrêt cardiaque à proprement parler, mais un arrêt circulatoire dû à la puissance de pompage insuffisante – ce qui a le même effet hémodynamique. La baisse progressive d’amplitude
Tachycardie ventriculaire La tachycardie ventriculaire est une fréquence cardiaque rapide, régulière ou, en cas d’origine polytopique, irrégulière avec formation de l’excitation dans les ventricules. Les complexes QRS sont étalés sur 120 ms. La tachycardie ventriculaire est un état menaçant la vie qui aboutit souvent à une fibrillation ventriculaire. Le pouls peut être mesurable ou absent.
Activité électrique sans pouls (AESP) Si, dans l’AESP, la formation et la transmission des excitations fonctionnent encore moyennement, la réponse mécanique du tissu musculaire manque. L’ECG montre des complexes ventriculaires normaux (rarement) ou déformés (plus fréquemment), le contrôle du pouls carotidien prouvant cependant un arrêt et aucun autre signe vital n’existant. Les origines d’une AESP sont généralement un long intervalle sans thérapie, une grave maladie ou des causes potentiellement
des impulsions est le signe d’une disparition des réserves d’énergie du myocarde. En l’absence de mesures, une fibrillation ventriculaire passe généralement en une dizaine de minutes à une asystolie.
La forme sans pouls se soigne comme la fibrillation ventriculaire.
réversibles comme déplétions électrolytiques, pneumothorax sous tension, hypothermie ou déséquilibres acido-basiques.
Gestion des voies aériennes La méthode la plus efficace pour sécuriser les voies aériennes est – pour les personnes entraînées – l’intubation endotrachéale. Mais il n’y a pas d’évidence clinique qu’une intubation précoce (ou un traitement médicamenteux, cf. p. 10) améliore la survie ou la survie sans déficits neurologiques jusqu’à la sortie de l’hôpital. D’après les directives actuelles, la gestion des voies aériennes ne doit si possible pas interrompre le massage cardiaque, pour ne pas nuire à l’irrigation du cerveau. Tube laryngé et masque laryngé constituent d’autres moyens de sécuriser les voies aériennes. Mais ces mesures aussi doivent être apprises et entraînées. On ne recommande plus l’usage routinier de la pression cricoïdienne en cas d’arrêt cardiaque. Une fois les voies aériennes sécurisées, la compression se fait en continu à une fréquence de 100 à 120 par minute, avec, par intermittence, 8 à 10 ventilations à la minute.
Asystolie Elle s’affiche à l’ECG comme une ligne plus ou moins droite (ligne zéro). Ni le nœud sinusal ni l’un des centres d’excitabilité en aval ne présentent d’activité électrique. Le myocarde est arrêté. Pour exclure tout accident de dérivation, la plupart des moniteurs actuels affichent une ligne pointillée quand manque le signal d’entrée. La recommandation passée de confirmer une asystolie par une deuxième dérivation n’est pas maintenue, car il est peu probable qu’une fibrillation
ventriculaire qu’un enregistrement impose comme une asystolie ait une amplitude accessible à la défibrillation.
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Ventilation et oxygénation
Ventilation L’hypoxie est mortelle. C’est pourquoi il faut opter pour une concentration d’oxygène la plus élevée possible durant la réanimation. On y arrive généralement en utilisant un ballon muni d’un réservoir à oxygène et un flux d’oxygène élevé. En revanche, il faut empêcher une hyperventilation, qui augmenterait la pression intrathoracique et pourrait avoir des effets négatifs sur la perfusion coronarienne et le volume du débit cardiaque. Outre l’auscultation classique, le placement du tube doit aussi absolument être assuré par une capnométrie. Il est important de saisir qu’une fois placé correctement, un tube peut se déplacer à tout moment et qu’il faut donc éventuellement répéter le contrôle de sa position. On recommande aujourd’hui la capnographie continue pour les patients intubés pendant la réanimation, pour confirmer le positionnement trachéal correct du tube, pour surveiller la compression thoracique de qualité et pour reconnaître le retour de la circulation spontanée (Return of Spontaneous Circulation ROSC) sur la base des valeurs du CO2 de fin d’expiration (etCO2). Pendant la réanimation, la capnométrie peut évaluer de manière non invasive l’efficacité hémodynamique du massage cardiaque plus sûrement que la palpation des pouls artériels centraux, la teneur en CO2 de fin d’expiration étant en corrélation avec le débit cardiaque. La capnographie continue représente la méthode la plus fiable pour confirmer et surveiller le positionnement endotrachéal correct du tube ; il y en a certes d’autres, mais pas plus sûres. Comme le sang doit circuler dans les poumons pour que le CO2 puisse être expiré et donc mesuré, la capnographie sert
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en quelque sorte aussi de « moniteur » physiologique pour évaluer l’efficacité du massage cardiaque et reconnaître le ROSC. L’etCO2 normal de 35 à 45 mmHg env. diminue en cas d’arrêt circulatoire à cause de la moindre irrigation des poumons. Des compressions thoraciques inefficaces (soit à cause de caractéristiques spéciales du patient, soit à cause de la prestation du secouriste) sont en général liées à un taux d’etCO2 diminué (moins de 10 mmHg). Un débit cardiaque en baisse ou un nouvel arrêt cardiaque du patient après le ROSC cause aussi une diminution de l’etCO2. Au contraire, le retour de la circulation spontanée cause une augmentation rapide de l’etCO2. Si la compression thoracique est efficace, la valeur remonte, en cas de ROSC, elle atteint même la normale, voire la dépasse. Voies d’accès vasculaires La voie préférée pour les médicaments et les perfusions pendant la réanimation est la canule intraveineuse périphérique à demeure (Viggo, Safelon, etc.). Les
avantages sont en général la facilité de piquer un vaisseau approprié, le faible taux de complications et la possibilité de poursuivre le massage cardiaque pendant l’opération. Outre les habituelles complications du cathéter veineux central (CVC), ce dernier a aussi l’inconvénient d’interrompre les importantes mesures de base, ce qu’il faut éviter à tout prix. C’est pourquoi le CVC n’est généralement utilisé dans le cadre de la réanimation que s’il a été posé préalablement. Une autre solution peut être envisagée dans toutes les classes d’âge, un accès intra-osseux, quand une voie intraveineuse ne peut être placée en temps utile.
Produits pharmaceutiques
Produits pharmaceutiques Les considérations sur les produits pharmaceutiques se limiteront ici à quelques aspects majeurs en rapport avec la réanimation. Cela n’empêche pas l’utilisateur d’étudier intensivement les substances en question. Oxygène L’oxygène est un gaz inodore et incolore. C’est le principal médicament dans le traitement de l’arrêt circulatoire. Sans oxygène, le métabolisme travaille en mode anaérobie, produisant de l’acide lactique qui, combiné à une teneur élevée de CO2 dans le sang (à cause d’échange gazeux insuffisant ou inexistant dans le poumon), entraîne une importante acidose. En présence d’une circulation minimale, la ventilation à l’aide de concentrations élevées d’oxygène peut diminuer l’hypoxie
et est la meilleure thérapie pour lutter contre l’acidose respiratoire intervenue et l’acidose métabolique intervenant. Dans la phase initiale de l’arrêt circulatoire, il faut donc administrer au plus tôt le plus d’oxygène possible. Avec le ballon, des concentrations d’oxygène supérieures à 80% ne sont assurées que grâce à l’utilisation d’un système de réservoir et à un flux suffisamment élevé, en général > 10 l/min. Mais de nouvelles études montrent que, dans la phase de post-réanimation, une hyperoxygénation est nocive. Après le retour d’une circulation spontanée, la concentration d’oxygène doit donc revenir rapidement aux valeurs suffisantes pour obtenir une saturation en oxygène de 94 % au moins. Car une hyperoxie considérable crée des radicaux oxygénés cytotoxiques.
Produits pharmaceutiques
Adrénaline L’adrénaline est dans différentes ampoules sur le marché ; les plus courantes sont des ampoules à 1 ml et 1 mg (1:1000), ainsi que 10 ml et 10 mg (1:1000). L’adrénaline s’utilise comme premier pro duit pharmaceutique tant pour la fibrillation ventriculaire et la tachycardie ventriculaire sans pouls que pour l’AESP et l’asysolie. Pour les rythmes ne pouvant faire l’objet d’une défibrillation, elle est appliquée dès qu’un accès vasculaire est disponible. Pour les rythmes pouvant faire l’objet d’une défibrillation, elle s’applique seulement après la deuxième (AHA) ou la troisième (ERC) défibrillation. Une nouvelle dose (1 mg i.v.) d’adrénaline est administrée toutes les 3 à 5 minutes quand demeure la fibrillation ventriculaire ou la tachycardie ventriculaire sans pouls ou jusqu’au retour d’une circulation spontanée. L’adrénaline (synthétique épinéphrine) se forme dans la médullosurrénale en tant que catécholamine. Sous la commande du système nerveux autonome, elle est libérée directement dans les vaisseaux sanguins et exerce un effet hormonal sur les récepteurs α- et β-adrénergiques. Dans le cœur, l’adrénaline amène surtout une augmentation de la formation et la transmission des excitations, ainsi que de la force de contraction. Cela augmente toutefois les besoins en oxygène du myocarde. En outre, cela diminue l’irrigation des reins et l’élimination de l’électrolyte. Sont importantes pour l’usage en réanimation : la vasoconstriction des artérioles et des veines l’augmentation de la pression dans l’aorte thoracique, a. carotide, a. sous-clavière l’augmentation de l’activité de stimulation cardiaque l’élévation de l’amplitude en cas de fibrillation ventriculaire.
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Pour l’essentiel, les points cités amènent une pression d’irrigation coronarienne suffisante. L’augmentation du tonus dans les grandes artères intrathoraciques importe pour l’irrigation du cerveau. Parmi les effets secondaires comptent le besoin accru en oxygène du myocarde, ainsi qu’une tachyarrhythmie et une fibrillation ventriculaire, ce qui n’a cependant qu’une importance secondaire dans l’indication « arrêt circulatoire ». Pour l’application d’adrénaline, il faut prendre en compte les incompatibilités. C’est ainsi que l’efficacité est diminuée par des solutions alcalines. Comme toutes les autres catécholamines, elle ne peut en aucun cas être administrée avec du bicarbonate de sodium par un accès. Amiodarone (Cordarone®) Si la fibrillation ventriculaire ou la tachycardie ventriculaire résiste à la défibrillation, on administrera 300 mg d’amiodarone i.v. en bolus (diluée au glucose 5 % jusqu’à 20 ml) après la troisième défibrillation. Il pourra encore être administré 150 mg si la fibrillation ou la tachycardie reste réfractaire ou reparaît après la cinquième défibrillation. Après le ROSC, on injectera par perfusion 900 mg d’amiodarone sur 24 heures. L’amiodarone est commercialisée en ampoules de 150 mg et 3 ml. En tant qu’inhibiteur de conduits de potassium (classe III), le médicament développe ses effets par une prolongation des potentiels d’action du myocarde et des périodes réfractaires. Il est efficace en cas de troubles du rythme atriaux et ventriculaires. Comptent parmi les effets secondaires la baisse de tension, la chute de fréquence, la transpiration, la nausée et aussi des effets proarythmogènes, sans importance en cas d’arrêt circulatoire. Nous mettons en garde contre les combinaisons de médicaments, surtout avec d’autres antiarythmiques.
Et il convient aussi de tenir compte des contre-indications : chez les patients avec un pouls, la liste est longue. Les principales : choc cardiogénique, bradycardie sinusale, bloc AV de degré 2 ou 3. En cas d’arrêt circulatoire, la seule contre-indication est une hypersensibilité connue. Atropine L’usage routinier de l’atropine n’est plus recommandé pour le traitement d’une activité électrique sans pouls (AESP) et d’une asystolie, et ne fait donc plus partie de l’algorithme ACLS pour le traitement d’un arrêt cardiaque. Les recommandations et algorithmes ACLS et les mesures de réanimation avancées sur les enfants (Pediatric Advanced Life Support, PALS) sont donc désormais uniformes pour l’AESP et l’asystolie. L’atropine disparaissant, l’adrénaline reste donc le seul produit pharmaceutique standard en cas d’asystolie. Dans le traitement des bradyarrhythmie symptomatiques, l’atropine conserve son rôle important, mais la thématique des rythmes de péri-arrêt ne fait pas l’objet de cette brochure. Stimulateur En cas de grave bradyarrhythmie, il peut être indiqué de recourir à un stimulateur cardiaque. Dans les urgences, on utilise en majorité le stimulateur transcutané. Le stimulateur n’est plus recommandé pour l’application routinière aux patients en asystolie. En revanche, on peut l’envisager dans le cas d’images ECG spécifiques telles qu’un bloc AV de degré 3 sans centre de rechange.
Causes réversibles
Coup de poing précordial N’est plus recommandé que comme réaction immédiate en cas de tachycardie ventriculaire constatée sous monitorage, sans possibilité directe de cardioversion. Diagnostic différentiel Dans la prise en charge d’un patient en arrêt circulatoire, il s’agit essentiellement d’en identifier à temps les causes réversibles potentielles. Dans chaque réanimation, les directives proposent d’étudier ce qu’on appelle les 5 H et les 5 T (résumés dans l’ERC, à 4 H et HITS) : 5T thrombose coronarienne (SCA) thrombose pulmonaire (embolie pulmonaire) toxiques tamponnade péricardique tension (pneumothorax)
5H hypovolémie hypoxie hydrogène (ion) (troubles métaboliques) hyper-/hypokaliémie hypothermie Si l’on peut identifier des causes réversibles potentielles d’un arrêt circulatoire, il faut prendre le plus vite possible des mesures spécifiques pour augmenter les chances de survie. Algorithmes Les informations fournies aux paragraphes précédents vont maintenant trouver une forme transférable à la pratique. Pour un aperçu rapide et une application aisée, on recourra à des schémas opératoires (algorithmes), comme pour d’autres problèmes médicaux. Au total, ils peuvent non pas prendre les décisions à la place des responsables de la réanimation – surtout dans des situations spéciales –, mais les leur faciliter grandement. Dans des circonstances plus
nettes, il est parfaitement possible de tenir compte des algorithmes l’un après l’autre. Ils servent donc de garde-fous pour maîtriser une situation d’urgence complexe et présentent surtout l’avantage décisif que tous les membres de l’équipe de réanimation sont déjà d’accord sur la ligne générale avant que survienne l’événement. Comme cette base indique ses tâches à chacun, les instructions et confirmations peuvent se limiter à des écarts et compléments, dans le sens d’un déroulement continu. Outre la prise en considération de ces procédures, l’attribution claire des tâches au sein de l’équipe et la disposition ergonomique de l’appareillage d’urgence offrent les meilleures garanties d’une prise en charge réglée du patient. Les algorithmes universels de la réanimation ne se sont modifiés que modérément dans les recommandations 2015 pour le personnel professionnel. Ci-après, nous montrons la forme algorithmique des procédures dans la version de l’ERC, qui est représentée plus simplement mais dont le contenu ne diffère que marginalement de la version de l’AHA.
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Algorithme
Pas de réaction pas de respiration normale? Appeler l’équipe de réanimation Réanimation cardio-pulmonaire (RCP) 30:2 Brancher le défibrillateur/moniteur ECG Minimiser les interruptions
Evaluation du rythme cardiaque
Défibrillable (FV / TV sans pouls)
1 choc Minimiser les interruptions
Retour d’une circulation spontanée
Reprendre immédiatement la RCP pendant 2 minutes Minimiser les interruptions
Pendant la RCP Garantir une RCP de haute qualité: fréquence, profondeur, relâchement Minimiser les interruptions des com pressions thoraciques Apporter de l’oxygène Utiliser la capnographie Compressions thoraciques en continu dès la sécurisation des voies aériennes Accès vasculaire (intraveineux ou intraosseux) Adrénaline toutes les 3 – 5 minutes Amiodarone après le 3ème choc
Non défibrillable (AESP / asystolie)
Traitement immédiat
Appliquer la méthode ABCDE But: SpO2 94 – 98 % But : normocapnie ECG 12 dérivations Traiter la cause de l’ACR Contrôle de la température
Traiter les causes réversibles Hypoxie Hypovolémie Hypo- / Hyperkaliémie / métabolique Hypo- / Hyperthermie Tamponnade péricardique Intoxication Thrombose (coronarienne ou pulmonaire) Pneumothorax sous tension
RCP « Réanimation cardio-pulmonaire » ; FV / TVSP : « fibrillation ventriculaire » / « tachycardie ventriculaire sans pouls » ; ABCDE « airway, breathing, circulation, disability, exposure » ; SpO2 saturation en oxygène, par pulsoxymétrie ; PaCO2 Co2 pression partielle dans le sang artériel ; AESP activité électrique sans pouls
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Reprendre immédiatement la RCP pendant 2 minutes Minimiser les interruptions
Considérer Echographie Utilisation d’un appareil de massage cardiaque mécanique pour le transport ou pour la suite du traitement Coronarographie et intervention coro narienne percutanée (ICP) Oxygénation par membrane extracorporelle
Phase de post-réanimation
Phase de post-réanimation Quand un patient a survécu dans un premier temps à son arrêt circulatoire, il a besoin d’une post-réanimation efficace. Il faut, pour cela, mettre en œuvre des systèmes bien structurés, intégrés et interdisciplinaires. Le traitement comporte obligatoirement une prise en charge cardiopulmonaire et neurologique. Si c’est indiqué, il faut appliquer une hypothermie thérapeutique et une intervention coronarienne percutanée (ICP). Comme un arrêt cardiaque est souvent suivi de convulsions, il faut alors effectuer le plus vite possible un électroencéphalogramme (EEG) pour poser le diagnostic. Chez les patients comateux, après le retour de la circulation spontanée (ROSC), l’EEG doit être surveillé fréquemment ou en continu. Principaux éléments de la post-réanimation : 1. optimisation de la fonction cardio-pulmonaire et irrigation des organes vitaux après le ROSC 2. transport vers un hôpital équipé en conséquence ou transfert dans une unité de soins intensifs à la compétence complète pour prendre des patients en charge après un arrêt cardiaque 3. d iagnostic et traitement de causes réversibles potentielles, tout d’abord d’un syndrome coronarien aigu (SCA) 4. contrôle de la température et normo-glycémie pour optimiser la guérison neurologique 5. a nticipation, traitement et prévention de dysfonctionnements multi-organiques. Cela implique aussi d’éviter la ventilation excessive et l’hyperoxie.
À propos du point 4 Entre-temps, les directives recommandent de traiter une hypothermie thérapeutique comme suit : Après un arrêt circulatoire extra-hospitalier ayant commencé par une fibrillation ventriculaire, les patients inconscients avec circulation spontanée doivent être refroidis à 32 – 36 °C pendant 24 heures au minimum. Au stade pré-hospitalier, il ne faut plus refroidir au moyen de perfusions froides. Il n’est pas actuellement prouvé quelle est la meilleure méthode de refroidissement. À propos du point 5 Dès le rétablissement de la circulation, il faut surveiller la saturation artérielle en oxygène. Les valeurs visées par la ventilation sont de 10 à 12 insufflations par minute et une SpO2 de 94 % au moins. Si les appareils et équipements nécessaires sont disponibles et qu’une circulation spontanée est revenue, la fraction d’oxygène inspirée (FiO2) doit être adaptée à une concentration minimale nécessaire à une saturation artérielle en oxygène de 94 % au moins. Il importe à la fois d’éviter une hyperoxie et d’assurer un apport adéquat en oxygène. Comme une saturation en oxygène de 100 % peut correspondre à une valeur PaO2 entre 80 et 500 mmHg, un sevrage FiO2 est généralement indiqué pour une saturation de 100 %. Une hyperventilation est désormais considérée comme nocive, entre autres, parce qu’une pression intrathoracique élevée réduit le débit cardiaque et le flux cérébral. Éthique de la réanimation Ce chapitre reprend en grande partie les directives médico-éthiques « Décisions de réanimation » de l’Académie Suisse des Sciences Médicales de 2013. A la fin, dans
les critères d’interruption, nous nous référons à nouveau aux formulations des directives RZC / AHA 2015. « Environ 60 000 personnes meurent chaque année en Suisse. La plupart de ces décès peuvent être imputés à un arrêt cardio-circulatoire consécutif à une maladie préexistante, grave et fatale. En revanche, un plus petit nombre de ces personnes – environ un dixième, selon des statistiques assez imprécises – sont victimes d’un arrêt cardio-circulatoire aigu inattendu, souvent à l’extérieur de l’hôpital, alors qu’ils ne présentaient aucun signe avant-coureur alarmant. » (…) « En théorie, une réanimation peut être tentée dans tous les cas d’arrêt cardiocirculatoire. Toutefois, des questions de fond tout à fait incontournables se posent: quelles sont les chances de succès d’une réanimation dans le cas présent? Une tentative de réanimation est-elle pertinente dans ce cas précis? Correspond-elle réellement à la volonté du patient concerné? Le succès d’une réanimation dépend en grande partie de la situation initiale et des circonstances concomitantes. Toutefois, une évaluation fiable de ces facteurs n’est possible ni à l’avance, ni en situation d’urgence. Souvent, la réanimation et ses résultats sont présentés à l’opinion publique de manière déformée et trop optimiste. Du fait des possibilités accrues de la médecine, la pression croissante de l’opinion publique conduit de plus en plus les médecins, les autres professionnels de la santé et notamment les secouristes professionnels à recourir immédiatement à des mesures de réanimation chez tout patient victime d’un arrêt cardio-circulatoire. Les mesures de réanimation ne sont cependant pas toujours indiquées sur le plan médical, ni voulues par tous les patients.
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Aspects éthiques
Les décisions concernant la réanimation sont fréquemment liées à une épreuve émotionnelle difficile pour toutes les personnes impliquées. Notamment pour les médecins et les autres professionnels de la santé, un dilemme peut se poser entre le devoir de sauver une vie, le devoir de ne pas nuire et le respect de la volonté du patient. » La décision de ne pas réanimer (do not attempt resuscitation DNAR) « L’éventualité d’un recours à des mesures de réanimation devrait être discutée le plus tôt possible avec le patient, car lorsque survient l’arrêt cardio-circulatoire, le temps fait défaut pour pondérer tous les tenants et aboutissants. En déterminant à l’avance la procédure à suivre, le patient peut être impliqué dans la décision. La décision de réanimation doit être transparente et compréhensible. La dignité du patient et son droit à la vie et à l’autodétermination doivent être respectés; par ailleurs, la décision ne doit pas être influencée par des valeurs définies par des tiers ou des considérations économiques. » (…) « La décision de renoncer à des mesures de réanimation dans une situation donnée («ordre DNAR» ou «Réa non») concerne seulement l’éventualité d’un arrêt cardiocirculatoire. Elle ne doit en aucun cas influencer les décisions concernant le traitement médical et la prise en charge générale. Cela vaut également pour les mesures qui ont pour but d’empêcher un arrêt cardiocirculatoire. De ce fait, les décisions concernant le diagnostic et les traitements, sans lien direct avec un arrêt cardiocirculatoire aigu (comme, par exemple, les traitements de type soins intensifs ou de soins palliatifs (…) n’entrent pas dans le domaine d’application de ces directives. » (…)
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Droit à l’autodétermination « Le droit à l’autodétermination prévoit que toute personne capable de discernement est en droit de s’exprimer pour ou contre des tentatives de réanimation. Cela implique qu’une personne puisse refuser les mesures de réanimation, même lorsque celles-ci seraient indiquées sur la base seule de l’évaluation médicale. Dans ce cas, la volonté du patient doit être respectée. (…) La capacité de discernement est une condition préalable essentielle à l’affirmation d’une volonté. » Patients en fin de vie « Chez les patients en fin de vie (…), les soins palliatifs (…) sont placés au centre de la prise en charge. (…) Si le patient capable de discernement refuse expressément les mesures de réanimation, chacun est tenu de respecter sa décision. (…) Si tel est le cas, les instructions contenues dans ces directives doivent être observées. En l’absence de directives anticipées, c’est la personne légalement habilitée à représenter le patient qui décide conformément à la volonté présumée et aux intérêts du patient. » Conduite à tenir dans la situation d’un arrêt cardio-circulatoire L’arrêt cardio-circulatoire aigu correspond toujours à une situation d’urgence qui nécessite une décision et une intervention rapides. Lorsqu’il s’agit de personnes victimes d’un arrêt cardio-circulatoire sur la place publique, il n’y a – en général – aucun indice relatif à d’éventuelles maladies préexistantes ou à la volonté du patient. En milieu hospitalier, par contre, le dossier du patient devrait permettre de voir immédiatement si des mesures de réanimation doivent être entreprises ou non. (…) Compte tenu de l’urgence, la décision doit être prise en quelques secondes; le temps perdu en
clarifications diminuerait les chances de succès de la réanimation. C’est pourquoi, en cas de doute, des mesures de réanimation cardio-pulmonaire adaptées doivent être entreprises immédiatement. La loi en vigueur prévoit un devoir général d’assistance en situation d’urgence. (…) Dans une situation d’urgence où la volonté du patient n’est pas connue et que sa volonté présumée ne peut être recueillie dans les délais, il faut partir du principe que le patient veut continuer à vivre et agir en conséquence. Même dans une situation d’urgence, le respect de la volonté du patient constitue une obligation pour l’équipe de soins. En présence d’indications stipulant clairement qu’une personne renonce aux tentatives de réanimation, aucune mesure ne doit être entreprise. Si, une fois les mesures de réanimation en cours, on constate – dans des directives anticipées ou sur la base de déclarations émanant d’une personne habilitée à représenter le patient, par exemple – que le patient s’est prononcé contre celles-ci, la réanimation doit être arrêtée. (…) No CPR « Les insignes DNAR de quelque sorte qu’ils soient (par exemple, tatouages, tampons, médaillons, etc.) n’ont pas force de loi des directives anticipées (absence de forme écrite, de date, de signature), mais doivent être interprétés comme des indices sérieux de l’existence de directives anticipées. Lorsque l’équipe de réanimation rencontre un insigne DNAR, elle doit donc vérifier immédiatement si le patient a rédigé des directives anticipées. Toutefois les mesures immédiates de maintien en vie ne doivent pas être reportées aussi longtemps qu’il n’est pas clairement établi que le patient les refuse. (…)
Cessation de la réanimation
Un appel pour un soutien médical dans l’accompagnement d’un mourant, ne doit pas être interprété comme une obligation de procéder à une réanimation. Dans le cas d’un arrêt cardio-circulatoire consécutif à une tentative de suicide, le renoncement aux mesures de réanimation ne doit en règle générale pas être décidé sur la base seule de l’acte suicidaire. » Arrêt des mesures de réanimation « En plus de la volonté du patient et des facteurs pronostiques défavorables, l’absence de succès de la réanimation constitue une raison supplémentaire d’y mettre un terme. » En général, les chances de succès d’une réanimation sont pratiquement nulles après 20 à 30 minutes. La décision de cesser les mesures peut se baser sur les facteurs défavorables: pas d’activité électrique accessible, activité électrique au sens d’une AESP, fibrillation ventriculaire constante avec perte croissante d’amplitude, pas d’amélioration de la couleur de la peau ni des pupilles, ainsi qu’affection principale au stade terminal. Aucun paramètre individuel ne permet d’établir un pronostic valable. C’est pourquoi il convient de combiner diverses procédures. Un etCO2 < 10 mmHg après 20 min. est corrélé à un mauvais outcome et peut être pris en compte comme un paramètre parmi d’autres dans la prise de décision. Il s’est avéré concluant de convenir de la décision au sein de l’équipe et d’en partager la responsabilité. Les membres d’équipes de secours doivent être instruits dans le difficile contact avec la famille des victimes pour pouvoir communiquer comme il faut l’issue de la réanimation. Ces règles devraient recevoir l’appui d’institutions
coopérant telles que les admissions d’urgence, les médecins légistes et la police. Pour les arrêts cardiaques pré-hospitaliers pédiatriques (c.-à-d. de nouveau-nés, nourrissons et enfants), il n’y a pas de critères, les facteurs prédisant de la réanimation chez ces patients n’étant pas validés. Mort clinique La mort clinique désigne les symptômes d’inconscience, arrêt cardiaque, arrêt de la respiration. C’est le champ d’action de la réanimation. La mort biologique, en revanche, ne peut être inversée. Elle équivaut à la mort cérébrale qui désigne l’arrêt complet et irréversible de fonctionnement de tout le cerveau. La mort cérébrale est la mort de l’homme. Le droit veut un moment précis marquant la fin de la vie humaine, parce que la mort déclenche de nombreuses conséquences juridiques. Jusqu’à la constatation assurée de la mort cérébrale, l’homme passe, au sens juridique, pour une « personne vivante ». Il jouit de droits civiques et a des droits subjectifs. Don d’organes En cas de réanimation infructueuse, l’ERC et l’AHA recommandent d’étudier sérieusement la possibilité que la personne concernée sauve d’autres vies par un don d’organes et, si tel est le cas, de prendre toutes les mesures utiles dans ce sens.
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Entraînement
Entraînement de l’équipe en scénarios de simulation « Mega-Code » est difficile à traduire littéralement, mais c’est désormais ainsi qu’on nomme dans le monde entier la formation de l’équipe de réanimation dans les mesures de sauvetage simples et avancées (BLS et ACLS) et, en particulier, la coordination de toutes les forces impliquées. Depuis la fin des années ’70, Mega-Code a fait de plus en plus de partisans, surtout dans le domaine de la médecine d’urgence pré-hospitalière, mais aussi hospitalière. Les exercices conventionnels de réanimation consistent essentiellement en ventilation et compression thoracique. MegaCode exerce les procédures tactiques et la collaboration personnelle. Il n’est pas rare que les soins d’urgence soient entravés, parce que les secouristes ne sont pas d’accord sur la manière de procéder. Le patient en situation d’urgence devient alors l’objet d’entraînement des secouristes. Tout sportif s’entraîne pour ses compétitions afin d’être bien préparé et de réussir une
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performance optimale. Nous le devrions aussi. L’idée de l’entraînement est de simuler une situation de travail la plus réaliste possible, où une réanimation complète est réalisable, de préférence sans limitations. L’élément principal de l’unité d’entraînement est donc un mannequin permettant des mesures comme la compression thoracique, la ventilation, la dérivation ECG, la défibrillation et la stimulation transcutanée, la libération des voies aériennes et la pose de voies vasculaires. Au cours de l’entraînement pratique, les équipes de réanimation appliquent ensemble à la poupée d’exercice les mesures de réanimation avancées correspondant aux situations habituelles. Les membres trouvent un patient inanimé. Les mesures immédiates de diagnostic sont suivies du BLS. Le premier ECG dérivé permet de décider la suite des opérations. Dans cette partie de l’exercice intervient déjà le contenu des bases théoriques.
Un point fort essentiel de l’entraînement est son effet sur l’amélioration de la sécurité du patient. Cela s’obtient quand l’entraînement permet d’éliminer des erreurs évitables comme : mesures de base insuffisantes – interruption de la compression thoracique – fréquence de la compression – profondeur de la compression défibrillation retardée négligence de prise en charge de causes réversibles potentielles renoncement à l’hypothermie thérapeutique Comme ces erreurs fleurissent souvent sur le sol d’un manque de communication, de réactions inadéquates à cause du stress, de malentendus pour perte de la vue d’ensemble ou d’autres facteurs dénommés « soft skills », nous avons là les points de contact avec l’entraînement du facteur humain. Les erreurs humaines sont responsables de la majeure partie de tous les accidents aux complications graves dans la médecine d’urgence. Les désaccords surgissent le plus souvent à propos de l’administration de médicaments, l’usage d’appareillages médicaux et la gestion des voies aériennes. Il y a en quelque sorte des listes records de « fautes dues à une erreur humaine ». En font partie le manque de coordination d’actions s’influençant réciproquement, une mauvaise communication ou l’absence de questions devant de mauvaises mesures de collaborateurs expérimentés. Comme sources d’erreurs ou circonstances favorisant les erreurs, nous connaissons la fatigue, la surcharge de travail, le manque de communication, ainsi qu’un mauvais traitement de l’information et une prise de décision fausse.
Pendant des années et jusqu’à ce jour, 1re possibilité : deux personnes le domaine de la santé a connu une culture de la faute visant à trouver des fautifs et Secouriste 1 à les punir. Quoique les individus com- Position Tâches mettent (souvent) des fautes, elles sont à la tête – direction de la réanimation insérées dans nos systèmes et attendent – ventilation et sécurisation des voies aériennes d’être commises – si pas par toi, par l’un – pose de voies vasculaires de tes collègues. – instructions pour les mesures d’assistance Le premier objectif d’une gestion moderne – administration des médicaments – défibrillation des erreurs est de réduire les fautes évi– organiser le relais pour la compression thoracique tables en travaillant sur les faiblesses des systèmes – et c’est précisément là qu’interviennent l’entraînement et la si- Secouriste 2 mulation. Position Tâches Dans le cadre de la formation Mega-Code, au côté gauche du patient – compression thoracique continue un rôle important revient au chef de l’équipe de réanimation. Cette fonction devrait incomber au collaborateur le plus 2ème possibilité : trois personnes qualifié. Ses premières tâches sont : Secouriste 1 évaluer la situation fixer la marche à suivre Position Tâches coordonner le personnel et les mesures à la tête – direction de la réanimation éviter les intervalles sans grande – ventilation et sécurisation des voies aériennes action – tout spécialement les phases – défibrillation cérébrales no-flow – instructions pour les mesures d’assistance contrôler et, au besoin, corriger les – délégation (administration de médicaments, pose de voies vasculaires, etc.) mesures prises Répartition des tâches dans les réanimations Ni l’AHA ni l’ERC ni le SRC n’indiquent strictement comment répartir les tâches au sein de l’équipe. Comme différentes possibilités se sont établies, sans preuve de la supériorité de l’une ou de l’autre, nous présentons ici les plus appropriées, à notre avis.
Secouriste 2 Position
Tâches
au côté gauche du patient – compression thoracique continue Secouriste 3 Position
Tâches
au côté droit du patient
– préparation de médicaments, perfusions préparation et assistance dans la sécurisation – des voies aériennes – évent. pose de voies veineuses – évent. administration de médicaments – organisation des appareils et matériels – assurer le relais pour la compression thoracique
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Organisation
Au sein d’une équipe de quatre, la direction revient à la quatrième personne, alors libérée des tâches opérationnelles. Une équipe de réanimation comptant plus de cinq personnes (rare au service de sauvetage) est à éviter si possible, l’étroitesse spatiale et la confusion organisationnelle entravant un déroulement ordonné. Il est aussi de la compétence du chef de limiter le nombre de membres de son équipe. Une réanimation correcte est faisable à deux, mais elle exige une discipline stricte et une méthode bien coordonnée au sens d’un déroulement Mega-Code que seul un entraînement régulier permet d’atteindre. La répartition des tâches doit prendre en compte que la compression thoracique est une activité physique pénible, fatigante, dont la qualité baisse déjà sensiblement après peu de temps. C’est pourquoi le secouriste chargé de la compression doit être changé régulièrement et à intervalles courts (idéalement toutes les deux minutes). Positionnement possible du matériel pour la réanimation pré-hospitalière Valise/sac d’urgence : à hauteur de la poitrine du patient, vis-à-vis du défibrillateur. ECG/défibrillateur : à la tête, entre les deux secouristes, vis-à-vis de la valise d’urgence. Oxygène : à la tête, avec connexion directe au ballon. Pompe d’aspiration : prête à servir, à la tête.
AHA Kleinman ME, Brennan EE, Goldberger ZD, Swor RA, Terry M, Bobrow BJ, Gazmuri RJ, Travers AH, Rea T. Part 5: adult basic life support and cardiopulmonary resuscitation quality: 2015 American Heart Association Guidelines Update for Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care. Circulation. 2015;132 (suppl 2):S414–S435. Atkins DL, Berger S, Duff JP, Gonzales JC, Hunt EA, Joyner BL, Meaney PA, Niles DE, Samson RA, Schexnayder SM. Part 11: pediatric basic life support and cardiopulmonary resuscitation quality: 2015 American Heart Association Guidelines Update for Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care. Circulation. 2015;132 (suppl 2):S519–S525. ILCOR Travers AH, Perkins GD, Berg RA, Castren M, Considine J, Escalante R, Gazmuri RJ, Koster RW, Lim SH, Nation KJ, Olasveengen TM, Sakamoto T, Sayre MR, Sierra A, Smyth MA, Stanton D, Vaillancourt C; on behalf of the Basic Life Support Chapter Collaborators. Part 3: adult basic life support and automated external defibrillation: 2015 International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment Recommendations. Circulation. 2015;132 (suppl 1):S51–S83. doi: 10.1161/CIR.0000000000000272. Maconochie IK, de Caen AR, Aickin R, Atkins DL, Biarent D, Guerguerian AM, Kleinman ME, Kloeck DA, Meaney PA, Nadkarni VM, Ng KC, Nuthall G, Reis AG, Shimizu N, Tibballs J, Pintos RV,on behalf of the Pediatric Basic Life Support and Pediatric Advanced Life Support Chapter Collaborators, Part 6: Pediatric basic life support and pediatric advanced life support, 2015 International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science with TreatmentRecommendations, Resuscitation 95 (2015) e147–e168. ERC Perkinsa GD, Handley AJ, Koster RW, Castrén M, Smytha MA, Olasveengen T, Monsieurs KG, Raffay V, Gräsner JT, Wenzel V, Ristagno G, Soar J, on behalf of the Adult basic life support and automated external defibrillation section CollaboratorsEuropean Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015, Section 2. Adult basic life support and automated external defibrillation, Resuscitation 95 (2015) 81–99. Soara J, Nolan JP, Böttiger BW, Perkinse GD, Lott C, Carli P, Pellis T, Sandroni C, Skrifvars MB, Smith GB, Sundem K, Deakin CD, on behalf of the Adult advanced life support section Collaborators1 European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015 Section 3. Adult advanced life support Resuscitation 95 (2015) 100–147. Maconochiea IK, Binghamb R, Eichc C, López-Herced J, Rodríguez-Núneze A, Rajkaf T, Van de Voordeg P, Zideman DA, Dominique Biarenti, on behalf of the Paediatric life support section Collaborators European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2015 Section 6. Paediatric life support Resuscitation 95 (2015) 223–248. ASSM Académie Suisse des Sciences Médicales (2013) Directives et recommandations médico-éthiques « Décisions de réanimation » www.americanheart.com (et .org), American Heart Association AHA www.erc.edu, European Resuscitation Council ERC www.resuscitation.ch, Swiss Resuscitation Council www.samw.ch www.sirmed.ch, Institut suisse de Médecine d’Urgence
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Annexe 1 : équipement d’urgence minimal proposé aux cabinets médicaux La liste ci-dessous est notre proposition pour un équipement d’urgence minimal des cabinets médicaux. Le matériel peut et doit être complété selon la compétence et les conditions générales. Il faut cependant veiller à ne pas gonfler exagérément le volume de l’équipement d’urgence. 1
défibrillateur automatique externe (AED)
1 ballon 3
masques de tailles différentes (3-5)
1
réservoir d’oxygène adapté au ballon
1
bouteille d’oxygène de 1 à 2 l
1
détendeur avec régulateur de flux et tuyau de raccordement à la bouteille O2
1
masque à oxygène avec système de réservoir
1
pompe d’aspiration manuelle pour vomissure
1 jeu i.v. (500 ml solution de Ringer ou NaCl, système de perfusion, canules à demeure, matériel de désinfection et de fixation) 1 garrot 1
boîte d’élimination des aiguilles
1 jeu de médicaments (selon expérience propre, mais contenant certainement de l’adrénaline, de l’atropine, de l’amiodarone, des analgésiques, etc.), ainsi que des seringues et des canules, matériel de gestion des voies aériennes selon capacités propres (y compris matériel de fixation) 1 tensiomètre 1 stéthoscope 1
lampe à pupilles
1
appareil de glycémie
1 thermomètre
peu de matériel de pansement, y compris sparadrap
1
ciseaux à pansement
1
ciseaux à vêtements
gants d’examen
Le matériel devrait être bien rangé dans une valise et vérifié régulièrement.
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