Découvrir le patrimoine naturel de LANSLEBOURG-MONT-CENIS
Préface
La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Lanslebourg-Mont-Cenis s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.
Le mot du Maire
La Haute Maurienne est habitée par l’homme depuis le Néolithique ; gravures rupestres et certains objets d’ordre domestique prouvent cette occupation. Sur ses 10 000 hectares, la commune de Lanslebourg-Mont-Cenis offre des paysages variés et contrastés, depuis le massif de la Vanoise au nord, jusqu’à la frontière italienne au sud. La morphologie, différente entre la vallée et le plateau du mont Cenis, tracée par les glaciers et l’érosion naturelle, puis façonnée par l’homme, donne à notre commune une diversité de paysages. Alpages, forêt, flore et faune assurent une richesse agro-environnementale et touristique de tout premier ordre. À lui seul, le mont Cenis a donné son nom à cinq espèces végétales. Une partie de sa luxuriante pelouse a été noyée sous les eaux du barrage hydroélectrique, tout comme son histoire qui dort au fond du lac. Certaines espèces ont disparu, telles que la fameuse truite “saumonée” qui se nourrissait d’un plancton composé de “crevettes roses”. Je remercie chaleureusement le Parc national de la Vanoise, le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, à l’initiative de cet ouvrage, en collaboration avec la mairie et des habitants du village. Ces pages décrivent des habitats et des espèces que vous pouvez découvrir au cours de vos promenades. Ce livre met l’accent sur la richesse mais aussi la fragilité de notre environnement, il incite à la réflexion sur les perspectives de notre cohabitation avec la nature. Ces pages vous permettent un regard plus intimiste sur la flore et la faune, une source de connaissances tout simplement pour vous aider à aimer encore plus notre montagne et apprendre à la pratiquer, en sachant que cette richesse, cette diversité doivent être protégées pour un développement harmonieux et durable.
Jean-Pierre JORCIN, Maire de Lanslebourg-Mont-Cenis
Sommaire Préface Le mot du Maire
Présentation - Quelles richesses naturelles sur la commune ? Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Lanslebourg-Mont-Cenis Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel
Les milieux naturels, des lieux de vie Préliminaire Fiche-milieu n°1 : Fiche-milieu n°2 : Fiche-milieu n°3 : Fiche-milieu n°4 : Fiche-milieu n°5 : Fiche-milieu n°6 : Fiche-milieu n°7 : Fiche-milieu n°8 : Fiche-milieu n°9 : Fiche-milieu n°10: Fiche-milieu n°11: Fiche-milieu n°12: Conclusion
Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d'eau et les lacs Les zones humides d’altitude L’adret, les pelouses sèches et les landes sèches Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Les forêts de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaies Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses d’altitude et les combes à neige Les éboulis et les moraines Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés
Regard sur quelques espèces Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 : Fiche-espèce n°13 :
La laîche maritime Le sabot de Vénus La laîche des glaciers L’hysope officinale La pulsatille de Haller La saponaire jaune La pensée du mont Cenis Les génépis Le lièvre variable Le renard roux L’azuré de la croisette Le crave à bec rouge Le tétras-lyre
Annexes
p. p.
1 3
p. p. p. p. p. p. p.
7 9 12 16 22 29 32
p. 39 p. 41 p. 42 p. 49 p. 56 p. 62 p. 70 p. 79 p. 89 p. 95 p. 102 p. 112 p. 118 p. 125 p. 128 p. 133 p. 135 p. 137 p. 139 p. 141 p. 143 p. 145 p. 147 p. 149 p. 151 p. 154 p. 156 p. 158 p. 160 p. 163 p. 165 p. 169 p. 173 p. 165
Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 5
PrĂŠsentation
Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PrĂŠsentation
Reliefs et cours d’eau de Lanslebourg-Mont-Cenis
8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
Sommaire
Un aperçu général de la commune La commune de Lanslebourg-Mont-Cenis, en Savoie, se situe en Haute Maurienne, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets (pointe du Grand Vallon, col du Lou, Signal du Grand mont Cenis, pointe de Ronce, pointe du Lamet, mont Giusalet, pointe Droset, Signal du Petit mont Cenis, pointe de Cugne, crêtes de la Turra) avec l’Italie et cinq communes limitrophes françaises : Lanslevillard, Bessans, Bramans, Sollières-Sardières et Termignon. Lanslebourg-Mont-Cenis est rattachée administrativement au canton du même nom. D’une surface de 10 266 hectares, Lanslebourg-Mont-Cenis fait partie des communes de l’espace-Parc national de la Vanoise ; 698 hectares de son territoire sont classés en zone centrale du Parc, le reste se trouve inclus dans la zone périphérique.
Lanslebourg-Mont-Cenis, commune du Parc national de la Vanoise
Morphologie de Lanslebourg-Mont-Cenis
Le
territoire communal est traversé d’est en ouest par la rivière Arc.
Le versant d’ubac, situé en rive gauche, est le plus étendu. Il est largement couvert d’une forêt de conifères jusqu’à 2 200 m d’altitude. Au-delà, deux zones bien distinctes apparaissent : un petit cirque
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9
La commune se caractérise également par une forte amplitude altitudinale : de 1 350 m dans la vallée de l’Arc à l’entrée de la commune à 3 612 m à la Pointe de Ronce, point culminant de Lanslebourg-MontCenis. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de trois étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un sous-étage nival.
Le secteur du mont Cenis constitue une transition entre les grands massifs alpins du nord et ceux du sud. Cette position charnière a permis à une multitude d’espèces animales ou végétales de s’installer jusqu’à plus de 3 000 m d’altitude.
L’habitat
Le chef-lieu est implanté dans le fond de la vallée de l’Arc, à l’endroit où elle s’élargit, à environ 1 400 m d’altitude. Il s’appuie sur le talus d’une terrasse. Le hameau des Champs est bien distinct. Situé également dans la vallée de l’Arc, il se rapproche de la limite communale avec Lanslevillard. En face de celui-ci, se crée le hameau d’Herbefin, constitué de 12 habitations (principales et touristiques). L’habitat languérin* se caractérise également par la présence : - de hameaux secondaires encore habités l’été : mont Cenis, Plan des Fontainettes, Grand-Croix, - de chalets d’alpage isolés : Cuchet,
PNV - Damien Hémeray
Présentation
rocheux (la combe de Cléry, bassin versant du ruisseau de la Madeleine) et le paysage ouvert* et varié du site du mont Cenis : l’immense lac de barrage, le col et la frontière italienne. Ce versant ubac est drainé par un réseau de petits ruisseaux, affluents de l’Arc : ruisseaux de la Madeleine, du Chardoux, du Torchet, du Pré Bovard, de Pré Novel, des Essarts. En adret, au-delà de la zone agricole, on rencontre des pelouses sèches en mosaïque avec des boisements clairsemés de conifères relayées en altitude par les pelouses alpines et les crêtes rocheuses du massif du Grand Roc Noir.
Vue générale de Lanslebourg-Mont-Cenis
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La population
Comme
dans de nombreuses régions en France, on assiste au XIXe siècle à une forte croissance démographique à LanslebourgMont-Cenis. Le nombre d’habitants atteint 1 569 habitants en 1860. Le déclin de la population commence à cette date et se poursuit jusqu’en 1946 (423 habitants). La courbe s’infléchit ensuite et la commune gagne, entre 1946 et 1954 plus de 200 habitants. Ce phénomène peut s’expliquer par la reconstruction du village après la guerre.
La démographie a ensuite fait un bond au cours des années 1960 où elle a atteint 1 304 habitants (en 1968). La construction du barrage du mont Cenis entre 1961 et 1968 a drainé des nombreux travailleurs sur la commune, répondant ainsi au besoin ponctuel de main d’œuvre. Ce projet terminé, la démographie est alors retombée de plus de moitié (526 habitants en 1975). Depuis cette date en revanche, elle est en constante augmentation, du fait du développement touristique de la commune. Au dernier recensement (1999), la population languerinche* était de 659 habitants (+133 habitants en 24 ans).
Petite explication historique… La route carrossable du mont Cenis, reliant la France à l'Italie, fut construite entre 1805 et 1810 sur ordre de Napoléon. Vingt-cinq refuges furent édifiés le long de cette voie et abritèrent (au début) 75 cantonniers chargés d'entretenir leur portion de chaussée. Ces refuges ont été numérotés de 1 à 25. Le n°1 se situe à Suse ; le refuge 5 (qui n'existe plus aujourd'hui) correspond à la borne frontière, le 25 aux Essarts à LanslebourgMont-Cenis. Ces numéros de refuges ont fini par donner, dans le langage courant, leur nom aux lieuxdits sur lesquels ils sont implantés. Aujourd'hui encore, on nomme les chalets d'alpage par les numéros des anciens refuges les plus proches. Ne cherchez pas ces appellations sur la carte IGN, elles ne sont connues que des languérins* et languérinches*. - Le Dix-Neuf et le Vingt = la Fémaz, - Le Dix-Sept = col du mont Cenis, - Le Quinze = la Buffaz, - Le Quatorze = la Vachère et les Féoz, - etc.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11
Présentation
Pierres Longues, le Revet, le Vingt, le Dix-Neuf, le Dix-Sept (lire l’encart “petite explication historique”) - et d’anciens forts datant de la fin du XIXe siècle : forts de Ronce, de Variselle, de Pattacreuse, de Malamot et de la Turra.
Dimension économique Les languérins ont vécu depuis toujours de l’élevage et de la culture, l’exploitation de la forêt étant le complément hivernal de ces activités agro-pastorales. Aujourd’hui, l’agriculture reste très dynamique, même si le développement du tourisme a progressivement placé ce secteur au centre de la vie économique de la commune. L’agriculture
L’agriculture a bien résisté à la déprise agricole. En 2005, Lanslebourg-Mont-Cenis compte une quinzaine d’exploitations agricoles sur lesquelles travaillent 36 agriculteurs. C’est 50 % d’exploitations en moins, mais presque autant d’agriculteurs qu’en 1988. Entre 1981 à 1989, un remembrementaménagement a été réalisé. En 2005, la surface agricole utilisée totale sur la commune représente 911 hectares de terre. Cette partie, hors alpage, est essentiellement constituée de prairies
naturelles, fauchées et/ou pâturées ; elle comprend aussi 90 hectares de terres labourables semées en luzerne essentiellement, mais aussi en céréales et pomme de terre. La surface cultivée ne cesse d’augmenter : en 1979, elle ne s’élevait qu’à 27 hectares ; en 1988, elle atteignait déjà 67 hectares. Il existe deux zones d’alpage à LanslebourgMont-Cenis : un petit secteur en rive droite de l’Arc avec les alpages de Cuchet, les Rochasses, Pierres Longues, Pré Vaillant et Plan des Cavales et un vaste secteur côté mont Cenis : alpages de la Fémaz, le Féoz, le Mollard, le Revêt, Ronce, la Buffaz, Grand Croix, Rivers et Savalin. Les
PNV - Damien Hémeray
Présentation
Sommaire
La coopérative laitière Haute-Maurienne-Vanoise
12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Damien Hémeray
L’activité agricole est basée sur l’élevage. En augmentation de près de 58 % par rapport à 1988, le cheptel bovin languérin* compte en 2000 environ 600 têtes. Il est principalement laitier avec 400 vaches laitières, auxquelles s’ajoutent leurs veaux et les génisses. Le troupeau bovin allaitant local ne dépasse pas 200 bêtes. LanslebourgMont-Cenis se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée Beaufort.
Vaches tarines devant le fort de Ronce
Des troupeaux transhumants provenant d’Italie, venaient chaque été en alpage au mont Cenis. Mais cette pratique a tendance à disparaître. Un groupement pastoral existe à Lanslebourg-Mont-Cenis depuis 1967 sur l’alpage de Ronce. Il accueille les génisses et les vaches laitières taries, et permet d’exploiter collectivement de grandes surfaces d’alpage. Alors qu’il représentait encore 317 têtes en 1988 (et 869 en 1979), l’élevage ovin de Lanslebourg-Mont-Cenis est, en 2000, inexistant. En revanche, un troupeau transhumant de 500 têtes environ, provenant de la Combe de Savoie, vient pâturer sur l’alpage du Plan des Cavales. Ce troupeau
d’ovins est surveillé, mais ne bénéficie pas de gardiennage permanent. En 2005, un troupeau de juments suitées a remplacé les ovins sur cet alpage. La majeure partie du lait de vache est collectée par la coopérative laitière Val Cenis Vanoise (qui emploie 20 salariés), située au chef-lieu de la commune, et transformée sur place en fromages (Beaufort, tommes), ainsi qu’en sérac, en yaourt et en beurre. Certains agriculteurs pratiquent la vente directe de leurs produits laitiers. C’est le cas notamment d’un éleveur de vaches de race montbéliarde qui fabrique et vend, en alpage, du gruyère gras du mont Cenis et de la tomme. Un élevage d’une quarantaine de chèvres laitières existe également sur la commune, à l’alpage de la Fémaz. L’éleveur pratique la vente directe des fromages qu’il produit (tommes de chèvre et chèvres frais). À Lanslebourg-Mont-Cenis aujourd’hui, la plupart des exploitants sont pluri-actifs et complètent leur revenu grâce aux activités du ski de la station de Val Cenis. Six exploitations font de l’agro-tourisme (goûter à la ferme).
Le tourisme
La
vie de Lanslebourg-Mont-Cenis a été rythmée par les passages du col du mont Cenis, qui était, au XIIe siècle, une voie prépondérante pour se rendre en Italie. Trois villages existaient alors au mont Cenis (l’Hospice, la Poste et Grand-Croix) pour accueillir les voyageurs. L’histoire du tourisme d’hiver est très ancienne à Lanslebourg-Mont-Cenis, mais elle s’est structurée en 1911, avec la création du club des sports d’hiver (ski, bobseigh). La création du premier téléski, la Ramasse, remonte à 1951. À partir des années 1960, les com-
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13
Présentation
alpages représentent une surface totale de 3 120 hectares. Toutes les exploitations pratiquent l’alpage.
Présentation
munes de Lanslebourg-Mont-Cenis et Lanslevillard se sont réunies pour former le syndicat intercommunal de Val Cenis, qui a donné naissance à la station de Val Cenis. Bien que l’agriculture soit encore très dynamique et l’artisanat bien présent, l’économie de la commune est aujourd’hui largement basée sur l’activité touristique. La commune connaît des saisons touristiques estivale et hivernale. La fréquentation touristique se répartit entre les mois de décembre, février, mars et avril en hiver, ainsi que juillet et août. Au moment des pointes de fréquentation, la population est multipliée par près de huit (plus de 5 000 habitants).
moines naturel et culturel, les activités sportives d’été et d’hiver (lire liste des activités dans l’encadré ci-contre). Outre la maison de Val Cenis qui informe les vacanciers sur les activités offertes, un ensemble de professionnels du tourisme permet d’organiser ces activités : guides de haute montagne, accompagnateurs en moyenne montagne, moniteurs de ski, etc. De nombreux sentiers de randonnée balisés sillonnent le territoire de la commune et facilitent la pratique de la marche, dont le GR®5 qui parcourt le versant d’adret de Lanslebourg-Mont-Cenis et l’itinéraire du Grand tour de Haute Maurienne.
Hydro-électricité
PNV - Damien Hémeray
Électricité de France est la seule industrie
Gare de départ du télésiège de la Ramasse (station de Val Cenis)
La fréquentation des vacanciers est motivée en été par la présence du lac du mont Cenis et par la proximité du Parc national de la Vanoise, et en hiver par son domaine de ski alpin. Le nombre de lits touristiques s’élève à 4 500 environ ; ils se répartissent entre les hôtels, les centres de vacances, les résidences de tourisme, les gîtes, le camping municipal, les appartements meublés, les chambres d’hôte et les refuges d’altitude. Les activités proposées sur la commune sont diverses et principalement de plein air. Elles combinent la découverte des patri-
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présente sur la commune avec le grand barrage du mont Cenis. Alimenté au moyen d’un vaste réseau de galeries, la retenue du mont Cenis, qui compte 661 hectares et renferme 315 millions de mètres cubes, reçoit les eaux de l’Arc supérieur pour partie et des bassins voisins : les eaux du Châtel (Lanslevillard), du Ribon et d’Avérole (Bessans), du Vallonnet et de la Lenta (Bonneval-sur-Arc), d’Ambin et d’Étache (Bramans), du Fond et de Sainte-Anne (Avrieux). Les eaux de plan d’Aval (à Aussois) complètent le remplissage du lac du mont Cenis. Les eaux collectées sur le bassin versant de l’Arc permettent le turbinage des deux centrales de pointe : Villarodin et Combe d’Avrieux, assurant une production de 790 millions de kW/h (soit l’équivalent de 26 500 villas équipées tout électrique). Le lac du mont Cenis reçoit également des eaux collectées par le groupe italien d’électricité ENEL sur le bassin versant de la Cenise et destinées à la production de la centrale italienne de Venaus.
La commune de Lanslebourg-Mont-Cenis, chef-lieu de canton, est un “bourg-centre”. Elle bénéficie de nombreuses autres activités
liées aux commerces, à l’artisanat, aux professions libérales, aux services, aux administrations, aux collectivités locales, etc.
ACTIVITÉS TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DE LANSLEBOURG-MONT-CENIS Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise et en forêt, - jardin alpin du mont Cenis.
Découverte du patrimoine culturel : -
"Pierres Fortes de Savoie" : visite du fort de Ronce, découverte de l'art baroque, Espace baroque Maurienne (chemin du Baroque), visite des églises et des chapelles, salle historique de la pyramide du mont Cenis, sentier à thème historique, maison franco-italienne, chemin de fer John Fell.
Activités sportives d’été : -
pêche dans la rivière Arc et dans les lacs, promenades, randonnées en montagne, promenade en calèche à âne, alpinisme, escalade, parapente, cyclotourisme, activités nautiques (pédalos, dériveurs, etc.), piscine.
Et sports d’hiver : - ski alpin et de randonnée, - randonnée en raquettes, patinoire.
Les milieux naturels préservés de Lanslebourg-Mont-Cenis sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale de Lanslebourg-MontCenis repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité de ces activités dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15
Présentation
Autres
PrĂŠsentation
Sommaire
Paysages de Lanslebourg-Mont-Cenis
PNV - Dominique Deviers
PrĂŠsentation photographique des grands types de milieux
Village de Lanslebourg-Mont-Cenis depuis la route du col du mont Cenis
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PrĂŠsentation CPNS - Philippe Freydier
Parcelles cultivĂŠes et adret de Lanslebourg-Mont-Cenis
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17
CPNS - Philippe Freydier
PrĂŠsentation
Lac du mont Cenis
18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PrĂŠsentation CPNS - Philippe Freydier
Aulnaie verte du col du mont Cenis
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CPNS - Philippe Freydier
Présentation
Paysage d’altitude vers la Fémaz
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PrĂŠsentation Source de la combe de ClĂŠry CPNS - Philippe Freydier
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Diversité de la flore Il
n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Lanslebourg-Mont-Cenis, mais à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Lanslebourg-Mont-Cenis. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.
Lichens et champignons
la flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir des statistiques. Ainsi, on dénombre actuellement à Lanslebourg-Mont-Cenis 33 espèces de plantes protégées. Onze d’entre elles, auxquelles s’ajoutent deux espèces non protégées, présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France. Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires”, en terme de protection, par les botanistes. à ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Une espèce nouvelle pour la France a été découverte en 2004 sur le territoire de la commune, la laîche des glaciers. Actuellement, elle ne bénéficie encore d’aucun statut de protection.
En
Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés, même en l’absence de sol. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens.
Plantes rares et menacées
Si l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître
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PNV - Christian Balais
Présentation
Sommaire
Primevère du Piémont
Présentation Saxifrage des Vaudois
rare et menacée, présente en France uniquement en Savoie et dans les HautesAlpes où elle est en forte régression. - le dracocéphale d’Autriche, espèce protégée présente en France dans cinq départements alpins, disparue des Pyrénées-Orientales et existant en Savoie dans quelques stations seulement, localisées à Bessans, Pralognan-la-Vanoise, LanslebourgMont-Cenis et Lanslevillard. - la laîche à petite arête, espèce protégée rare, connue en France uniquement en Savoie, dans les Hautes-Alpes, les Alpesde-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes.
PNV - Philippe Benoît
Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - la laîche des glaciers, espèce très rare, connue en France uniquement dans la combe de Cléry à Lanslebourg-Mont-Cenis. - la primevère du Piémont, espèce protégée dont l’ensemble de l’aire est très réduite et qui, en France, est présente uniquement en Savoie et dans les Hautes-Alpes. - la cobrésie simple, espèce protégée, présente en France uniquement en Savoie, dans les Pyrénées Atlantiques et les Hautes-Pyrénées.
PNV - Gérard Caratti
Lanslebourg-Mont-Cenis compte : - 30 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, soit près d’une sur trois. - 30 % des plantes “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans l’espaceParc.
- la saxifrage des Vaudois, espèce protégée, très rare au niveau mondial et en France, présente en Savoie seulement dans quelques localités de Vanoise (Bessans, Lanslebourg-Mont-Cenis et Champagnyen-Vanoise). - la tofieldie boréale, espèce protégée très
PNV - Damien Hémeray
Cobrésie simple
Saxifrage fausse mousse
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SMBRC - Thierry Delahaye
Présentation
- la saxifrage fausse mousse, une plante endémique* des Alpes, rare et protégée, très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes. - le sabot de vénus, espèce protégée en régression en France en plaine ou à basse altitude. - la gentiane utriculeuse, espèce protégée présente en France uniquement en Savoie (après avoir disparu des départements de la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin). - la valériane celtique, espèce protégée, présente en France uniquement en Haute-Maurienne et débordant en Tarentaise à Val d’Isère. - la saponaire jaune, espèce protégée très rare, présente en France uniquement à Lanslebourg-Mont-Cenis et Bramans.
Valériane celtique
Commentaire : La valeur patrimoniale de chaque espèce végétale faisant l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc
Sensibilités floristiques du territoire communal de lanslebourg-Mont-cenis - Observations de 1956 à 2004
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En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole. Les mailles blanches correspondent à des mailles qui n’ont pas encore été prospec-
tées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée. La répartition par type d’habitat* des 62 plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise (voir la liste de ces plantes en annexe) met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) : - dans les éboulis et moraines (22 espèces) - dans les pelouses d’altitude (16 espèces) - dans les zones humides d’altitude et le long des cours d’eau (14 espèces) - dans les pelouses sèches et steppiques des adrets (5 espèces) - dans les villages et abords - dont cultures (4 espèces) - dans les landes et les fourrés de saules d’altitude (3 espèces) - dans les aulnaies et les mégaphorbiaies* (3 espèces) - dans les forêts (2 espèces).
Particularité floristique du mont Cenis Plus qu'un lac ou qu'un col, le mont Cenis est un secteur de transition entre les massifs alpins du Nord et ceux du Sud. Cette position charnière a permis à une multitude d'espèces végétales (mais également animales) de s'installer au mont Cenis, depuis les endroits chauds et secs du rebord méridional du plateau, jusqu'à la limite des glaciers. La variété des roches, calcaires ou siliceuses, les influences des vents méditerranéens (la Lombarde) ou de la vallée de la Maurienne (Vanoise), l'altitude élevée (6 à 7 mois de neige), le lac qui maintient une certaine humidité, la diversité des expositions, etc., autant de facteurs qui entretiennent sur ce plateau une flore d'intérêt national. Le secteur du mont Cenis est réputé des botanistes depuis le XVIe siècle. Il compte à lui seul plus de 87 % des espèces protégées de la commune (dracocéphale d'Autriche, jonc arctique, saxifrage des vaudois, valériane celtique, etc.). Bon nombre de plantes alpines furent décrites et nommées à partir d'échantillons observés au mont Cenis. Certaines ont été dédiées aux précurseurs de la botanique moderne comme la campanule d'Allioni, en hommage au grand botaniste italien, d'autres portent le nom de ce haut lieu : pensée du mont Cenis, campanule du mont Cenis, bugrane du mont Cenis, pédiculaire du mont Cenis, pâturin du mont Cenis, etc. Certaines de ces plantes sont endémiques* du mont Cenis : la saponaire jaune pour ne citer qu'elle (lire la fiche-espèce n°6).
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25
Présentation
national a été caractérisée par une “note”. Celle-ci tient compte entre autres : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. L’intérêt floristique, calculé dans chaque maille, correspond à la somme de ces notes. En d’autres termes, plus le nombre d’espèces recensées dans une maille est important et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique est fort.
Plantes utilisées par l’homme
Le patrimoine floristique de LanslebourgMont-Cenis englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, etc.
Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.
Certaines d’entre elles sont aussi protégées (ex. l’ancolie des Alpes, le sabot de Vénus).
PNV - Maurice Mollard
Les plantes à usage pastoral
Edelweiss
L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Lanslebourg-Mont-Cenis. Celuici concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). D’autre part, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt.
Les plantes à usage alimentaire
PNV - Philippe Benoît
Présentation
Plantes symboliques
Ancolie des Alpes
26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Les feuilles de l’ortie sont utilisées pour la soupe, ainsi que celles de l’épinard sauvage ou chénopode bon Henri, consommées également cuites comme des légumes. Les jeunes feuilles de pissenlit, récoltées avant la floraison, sont également servies en salade, alors que des confitures sont faites avec leurs fleurs. Les fleurs de violettes donnent une touche de couleur aux salades ; elles entrent également dans la composition des desserts.
PNV - Christophe Gotti
Fraise des bois
Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. Les maux de gorge, la toux et la bronchite étaient calmés grâce aux fleurs de la pensée éperonnée, en infusion dans du lait ou en sirop. L’hysope officinale était utilisée de façon interne pour soulager les bronchites et les autres infections respiratoires. L’huile de massage à base de fleurs d’arnica permet de soulager les ecchymoses, les contusions et les traumatismes légers sans plaie. Grâce aux infusions de thym serpolet, les habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis apaisaient leurs troubles digestifs. Ils luttaient contre la grippe en buvant des tisanes de génépi. La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd’hui à Lanslebourg-Mont-Cenis, ces plantes sont encore régulièrement utilisées par certains habitants.
PNV - Michel Filliol
L’hysope officinale comme le thym serpolet agrémentent les plats cuisinés. Les brins de génépi, ainsi que la racine de gentiane jaune sont ramassés annuellement pour la fabrication de liqueur. Le cumin des prés entre dans la confection d’un alcool appelé “kumel” ; ses graines servent aussi de condiment. De nombreux champignons : morilles, coprins, bolets et cèpes, récoltés en forêt et ailleurs sont consommés par les languérins.
Les plantes à usage médicinal
Arnica des montagnes
PNV - Christophe Gotti
Les plantes toxiques
Gentiane jaune
Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, le colchique, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27
Présentation
Les habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis cueillaient et cueillent encore de nombreux fruits sauvages (myrtilles, framboises, cynorrhodons, fraises des bois, baies de l’épine-vinette) pour les manger en confiture, crus, ou cuits sur une tarte.
Il existe depuis de nombreuses années à Lanslebourg-Mont-Cenis, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à plusieurs formules, telles que : - des sorties et des séjours organisés par des accompagnateurs en montagne spécialisés, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne. Cet usage est en plein développement. Il répond à la demande des touristes ou des habitants, curieux de mieux connaître la nature qui les entoure.
Les plantes à autres usages Les bois ont une grande utilité. Leur usage diffère selon les essences : le pin cembro, au bois très homogène et de faible densité est très facile à travailler et très décoratif. Il a été utilisé pour la fabrication de meubles (comme le mélèze), les retables et aussi les moules de fonderie. L’épicéa, le sapin et le mélèze entrent notamment dans la fabrication de charpentes. La plupart des essences forestières sont utilisées localement comme bois de chauffage.
PNV - Rémy Barraud
Présentation
Les plantes d’intérêt culturel et touristique
Pin cembro
28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
Sommaire
Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Lanslebourg-Mont-Cenis, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons. Ainsi, plus de 117 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 40 % des espèces présentes en Vanoise et 27 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Lanslebourg-Mont-Cenis se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).
Faune vertébrée la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés sauvages (bouquetin, chamois), des chauves-souris, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.
PNV - Christophe Gotti
Parmi
Chamois
Les mammifères Parmi les 18 espèces de mammifères (soit un peu plus d’un quart de celles présentes dans l’espace-Parc), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à
répartition nationale plus large telles que musaraigne carrelet, renard, écureuil, lièvre brun, chevreuil sont aussi présentes. Revenu spontanément d’Italie après un siècle d’absence en Savoie, le loup est présent dans le canton de Lanslebourg-Mont-Cenis.
PNV - Maurice Mollard
Les oiseaux
Lièvre variable
Lanslebourg-Mont-Cenis compte pas moins de 80 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 122 présentes en Vanoise. 10 autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, le
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29
Présentation
PNV - Sébastien Brégeon
lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm (ou chouette de Tengmalm), le pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, le crave à bec rouge, la niverolle, le sizerin flammé,
Mésange huppée
Les reptiles
PNV - Alain Chastin
Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, quatre sont répertoriées à Lanslebourg-Mont-Cenis ; deux espèces de lézards : lézard vert et lézard des murailles et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la coronelle lisse.
- parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Lanslebourg-Mont-Cenis, différents passereaux : les fauvettes babillarde, des jardins et à tête noire, plusieurs espèces de pouillots dont le pouillot de Bonelli, les mésanges : boréale, huppée, noire, charbonnière, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, etc.
PNV - Sabdrine Lemet
Aigle royal
Coronelle lisse
Les amphibiens
PNV - Nathalie Tissot
PNV - Ludovic Imberdis
Une seule espèce d’amphibien a été trouvée sur les six que compte la Vanoise : la grenouille rousse observée jusqu’au lac du mont Cenis.
Accenteur alpin
30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Grenouille rousse
sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 56 espèces connues dans l’espace-Parc, 18 ont été inventoriées à Lanslebourg-Mont-Cenis (de manière incomplète) telles que le criquet des pâtures, l’œdipode rouge, la grande sauterelle verte, le dectique verrucivore.
Quatre espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Lanslebourg-MontCenis : la truite de rivière ou truite fario, la truite arc-en-ciel, l’omble de fontaine et le cristivomer. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les trois autres ont été introduites.
Faune invertébrée la faune invertébrée de Lanslebourg-Mont-Cenis, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances.
Les lépidoptères (ou papillons) représentent 152 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, dont 104 papillons de jour, soit près de 72 % des espèces connues en Savoie. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le grand nacré. Sept d’entre elles sont protégées : le grand apollon, le petit apollon, le semi apollon, le solitaire, le damier de la succise, le protée et l’azuré du serpolet.
PNV - Joël Blanchemain
P armi
Machaon
25 espèces d’odonates (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans l’espaceParc. Sur la commune de LanslebourgMont-Cenis, plusieurs espèces d’odonates sont présentes, mais seule l’aeschne des joncs a été identifiée.
PNV - Joël Blanchemain
Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupe les criquets et
PNV - Joël Blanchemain
Oedipode rouge
Semi apollon
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31
Présentation
Les poissons
Présentation
Sommaire
Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise
Au cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 hectares. Près de 53 000 hectares sont classés en zone centrale, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend la zone périphérique du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en
continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale. Lanslebourg-Mont-Cenis est l’une de ces 28 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans l’espace-Parc. La zone protégée, ou zone centrale, concerne 6,8 % de la surface de la commune, elle est située en rive droite de l’Arc au-delà de 1 900 - 2 000 mètres d’altitude. Les 93,2 % restants se trouvent dans la zone périphérique.
Parc national de la Vanoise à Lanslebourg-Mont-Cenis
32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Les arrêtés de protection de biotope sont des actes réglementaires édictés par le préfet. Ils consistent à réglementer l’exercice des activités humaines sur des périmètres délimités, soit pour préserver les biotopes nécessaires à la survie d’espèces animales ou végétales protégées et identifiées, soit pour préserver l’équilibre biologique de certains milieux. Ils se traduisent donc par certaines interdictions destinées : - à supprimer les perturbations des habitats des espèces qu’ils visent, - à permettre leur maintien, par des mesures de gestion légères.
Au regard de la très grande richesse floristique (plus de 700 espèces) du plateau du mont Cenis, et la réputation internationale de ce site, prospecté de longue date par les botanistes, le préfet de la Savoie a adopté un arrêté de protection des biotopes du mont Cenis le 01/10/1991. Ce territoire protégé, de près de 6 000 hectares, se répartit en deux grands secteurs localisés de part et d’autre du lac de barrage sur la commune de Lanslebourg-Mont-Cenis (pour 4 888 hectares) et de Bramans (1 108 hectares). Une révision du zonage doit permettre de le simplifier en plaçant les limites de l’arrêté sur les chemins ou les pistes existantes et d’en améliorer le balisage sur le terrain. Le préfet de la Savoie a désigné le Parc national de la Vanoise comme gestionnaire de l’arrêté.
Délimitation de l’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope du mont Cenis
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33
Présentation
Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope du mont Cenis
Présentation
Zonages ZNIEFF & ZICO
Les
inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces protégées et déterminantes. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels
rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.
Les ZNIEFF Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par de grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques
Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)
34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Sur l’ensemble du territoire communal de Lanslebourg-Mont-Cenis, plusieurs ZNIEFF ont été inventoriées : ZNIEFF de type 1 : - Forêts de résineux de l’ubac de la Haute Maurienne (n°73000016), - Vallonbrun (n°73150009), - Pelouses steppiques et pinèdes du Belvédère (n°73170004), - Plateau du mont Cenis (n°73180007)
Les ZICO Une partie du territoire de LanslebourgMont-Cenis est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Elle couvre presque tout le versant d’adret et se prolonge en ubac jusqu’à la limite supérieure de la forêt. Cet espace a été répertorié en ZICO du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de l’aigle royal, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle, du lagopède alpin, de la nyctale de Tengmalm et du crave à bec rouge.
ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315), - Adrets de Maurienne (n°7317), - Massif du mont Cenis (n°7318).
Délimitation de la ZICO “Parc national de la Vanoise” à Lanslebourg-Mont-Cenis
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35
Présentation
importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.
Une mise à jour des connaissances sur les tourbières de Rhône-Alpes, au travers d’inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coordonné par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, ce travail a porté sur les tourbières d’une superficie de plus d’un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d’une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au plan international, d’autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d’un plan d’action national visant à préserver ces milieux. À Lanslebourg-Mont-Cenis, six sites ont été retenus dans le cadre de cet inventaire : - Plan des Trois Fontaines (n°73MA01), - Marais du col du mont Cenis (n°73MA10), - Marais de la Combe Borgne (n°73MA11),
- Marais de la Combe de Crêvecoeur (n°73MA12), - Marais du Plan des Cavales (n°73MA14), - Marais de la Buffaz (n°73MA15). Ces marais, situés sur le site du mont Cenis, totalisent plus de 11 hectares de zones humides sur 826 hectares de bassin versant. Pour la plupart, il s’agit de petites zones tourbeuses de bord de torrent. Aux habitats de valeur biologique forte, - pelouses riveraines actico-alpines* et bas-marais alcalin à laîche de Davall (lire la fichemilieu n°3), s’ajoute la présence d’espèces végétales remarquables comme la laîche bicolore, la laîche maritime, la laîche à petite arête, la cobrésie simple, le trichophore nain, etc. Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a entrepris un travail global sur les marais et tourbières de la zone centrale du Parc. Il comporte une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail qui a été conduit entre 2001 et 2003, va être étendu à partir de 2005 à
PNV - Philippe Benoît
Présentation
Inventaires des tourbières et des zones humides
Laîche à petite arête
36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
rares de la faune et de la flore sauvages. Les mesures prises à ce titre doivent assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures prennent en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale.
Zonage Natura 2000
Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire.
Les
directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elle demande à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces
Délimitation du zonage Natura 2000 à Lanslebourg-Mont-Cenis
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37
Présentation
toute la zone périphérique du Parc. À Lanslebourg-Mont-Cenis, un site a été retenu en zone centrale du Parc. Il s’agit d’un bas-marais alcalin à laîche de Davall située vers le Clot, au-dessus des barres rocheuses dominant les chalets d’altitude du Cuchet.
Présentation
À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”. La commune de Lanslebourg-Mont-Cenis est concernée par les sites Natura 2000 : - “Massif de la Vanoise”, qui sur Lanslebourg-Mont-Cenis, couvre l’ensemble de la zone centrale du Parc national. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire, spécifiques des Alpes du Nord Françaises. Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’état en 1998. - “Réseau des vallons d’altitude à Caricion”. Il s’agit d’un type de zone humide particulièrement rare et remarquable, classé “Habitat prioritaire” : les pelouses riveraines arctico-alpines*.
38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Inscrites dans l’inventaire des tourbières de Rhône-Alpes (cf. § précédent), celles-ci s’étendent à Lanslebourg-Mont-Cenis sur de faibles superficies. Le zonage comprend la zone humide elle-même et son bassin versant, dont le fonctionnement conditionne l’existence de ce marais d’altitude. Les modalités de gestion liées à ce site Natura 2000 seront définies au sein de son document d’objectifs. Elles porteront en particulier sur l’alimentation en eau, en quantité comme en qualité, de ces marais. - “Formations forestières et herbacées sèches des Alpes internes”. Ne concernant initialement que deux habitats rares (les forêts de pins à crochets et les pelouses sèches à caractère substeppique), le site comporte également certains secteurs de prairies de fauche de montagne, un habitat d’intérêt communautaire. Le périmètre de ce site Natura 2000 concerne également, sur le territoire de Lanslebourg-MontCenis, les secteurs de fauche du Cuchet, de Pierres Longues, du Coin et de Pramaria.
Fiches-milieux
Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°1
Préliminaire Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Lanslebourg-Mont-Cenis font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (telles que la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages et les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 41
Le village, les hameaux et leurs abords
PNV - Damien Hémeray
Fiche-milieu n°1
Sommaire
Chef-lieu de Lanslebourg-Mont-Cenis
Cette
fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. Le bourg est installé dans la vallée, en rive droite de l’Arc. Il s’appuie sur le talus de la terrasse. Détruit en grande partie pendant la dernière guerre mondiale, l’habitat languérin est caractéristique d’une urbanisation nouvelle et linéaire, qui répond au type architectural typique de la période de reconstruction des années 1950. Il est le témoin de l’histoire de la commune. Les constructions des années 1950 sont le plus souvent des maisons à murs en parpaings recouverts de crépi ou d’un bardage en bois, à toiture à un seul pan, ou deux pans symétriques, ou encore plusieurs pans, etc. L’architecture récente s’inspire souvent de l’architecture traditionnelle (murs en pierre et façade sous pignon en bardage bois, toit
42 - Les milieux naturels, des lieux de vie
à deux pans asymétriques avec une couverture principalement en lauzes, balcons en bois). Quelques éléments du bâti traditionnel demeurent cependant, tels que la vingtaine de maisons composant le quartier du Canton, épargnées par les bombardements et l’incendie de 1944, ainsi que les deux églises et le presbytère. Ces constructions sont en pierres hourdées au mortier de chaux et les toits sont couverts de lauzes. Les zones d’habitation incluent aussi des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères. Couvrant environ 90 hectares, il y a près d’un siècle et demi, les zones de cultures sont aujourd’hui reconverties essentiellement en champs de luzerne. Ces surfaces étaient
PNV - Damien Hémeray
Jardins de Lanslebourg-Mont-Cenis
Fiche-milieu n°1
CPNS - Virginie Bourgoin
plantées principalement en céréales (seigle, avoine), auxquelles s’ajoutaient une vingtaine d’hectares de pommes de terre et de choux. Exempt de désherbage chimique, les champs de céréales ont permis l’installation d’un cortège de plantes des cultures, dites plantes messicoles, profitant des labours et moissonnées avec les céréales. Aujourd’hui, il n’y a plus de cultures de céréales à Lanslebourg-Mont-Cenis, mais les abords de ces anciennes cultures et les luzernes permettent à quelques plantes messicoles, telles que l’adonis d’été, la fausse bardane réfléchie, de fleurir encore.
Xanthorie élégante
Flore
Les
plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présente classiquement sur les murets en pierres, la joubarbe des toits est une plante des montagnes capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante “grasse” est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau. Autres habituées des murs et murets de pierres sèches, la doradille noire et la doradille rue-des-murailles et les mousses en coussinet.
À proximité des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que la rhubarbe des moines.
Lichens et champignons reconnaissable à sa couleur rouge orangé vif, la xanthorie élégante forme des ronds, tant sur les pierres des constructions que sur les rochers en montagne. Cette espèce de lichen nitrophile se développe surtout en présence de guano d’oiseaux.
Christophe Freydier
Facilement
Doradille rue-des-murailles
Les milieux naturels, des lieux de vie - 43
PNV - Jean-Paul Ferbayre
Fiche-milieu n°1
La flore compagne des moissons est représentée par des plantes annuelles, dont le cycle de développement est adapté au rythme des cultures. Cette flore compagne des moissons peut persister en bordure des parcelles et des talus, même si les cultures de céréales ont disparu. Sur le territoire de la commune, trois espèces messicoles sont actuellement répertoriées : l’adonis d’été, la gagée velue et la fausse bardane réfléchie.
Lérot
PNV - Damien Hémeray
humaines (greniers, ruines, murs de jardins, etc.) bien que son habitat* naturel reste lié aux arbres et aux murets de pierres sèches. Ce petit mammifère se caractérise par de grandes oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur les yeux et par une queue velue se terminant par un plumet de longs poils noirs et blancs. Deux espèces de chauve-souris sont connues à ce jour à Lanslebourg-Mont-Cenis : l’oreillard roux et le grand murin. Ce dernier fréquente les greniers (en été) et les cavités rocheuses au sein de grottes en hiver. Caractérisé par un vol lent, le grand murin chasse de grosses proies (carabes, hannetons, etc.) qu’il capture le plus souvent au sol. C’est une espèce protégée, comme toutes les chauves-souris en France ; elle est également inscrite à l’annexe II de la directive “Habitats”.
Gagée velue
La végétation exubérante des reposoirs à bestiaux, composée de plantes des milieux riches en azote organique, telles que la rhubarbe des moines, l’épinard sauvage et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste se développant sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, cette végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir très longtemps, même après des décennies d’abandon du site. On rencontre une telle végétation vers la Buffaz, sur le plateau du mont Cenis.
Sans être toujours la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante. Le lérot investit aussi les constructions
44 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Ferrier
Faune
Colonie de murin
paon du jour
Équilibre entre l’homme et son milieu PNV - Christophe Gotti
Usages, intérêts économiques et représentations
Moineau domestique
Comme son nom l’indique, le moineau domestique est entièrement lié à la présence de l’homme et d’habitations. C’est l’espèce la plus répandue en Europe et en Asie et même dans d’autres continents. Omnivore, il se nourrit principalement d’insectes, de graines mais aussi de bourgeons et de
Le village constitue le cadre de vie collectif de l’ensemble des habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis. Ce lieu de vie pour les hommes fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître. Une particularité de Lanslebourg-Mont-Cenis sur le plan du bâti tient à son patrimoine
Les milieux naturels, des lieux de vie - 45
Fiche-milieu n°1
fruits. On rencontre aussi à LanslebourgMont-Cenis une sous-espèce du moineau domestique, le moineau cisalpin. Cet oiseau, peu répandu, n’est pas présent en aval de Saint-Jean-de-Maurienne, pour ce qui concerne la vallée. Des papillons tels que la petite tortue, le paon du jour et la belle dame, viennent profiter des ressources qu’offrent encore les jardins en automne, période où la nature ne peut assurer leur subsistance (fleurs et fruits de jardin, etc.). Tous ne périront pas aux premiers gels, certains seront partis vers le sud, d’autres hiberneront dans les combles et les granges.
PNV - Joël Blanchemain
Fréquentant les villes, villages et ruines, le martinet noir a la particularité d’avoir les pattes si réduites qu’il lui est très difficile de se poser, au risque de ne plus pouvoir décoller. Il vole donc presque constamment, s’accouplant et parfois même dormant en vol. Ce martinet est également facilement identifiable à son chant, de longs cris perçants. Chassant souvent les insectes en compagnie du martinet, l’hirondelle de fenêtre niche en colonie, principalement dans le village. Oiseau typique des jardins et abords de village, le rougequeue à front blanc nécessite la présence d’arbres espacés pour se percher et nicher. Cet oiseau au comportement farouche et discret porte en revanche un plumage voyant : plumes rouge orangé sur la poitrine, queue rousse et tache blanche éclatante sur la tête. Typique des zones rocheuses à végétation rase, son cousin, le rougequeue noir est devenu l’une des espèces les plus caractéristiques des zones d’habitations. Il niche à l’abri des toits, pouvant, le cas échéant, utiliser d’anciens nids d’hirondelles.
Fiche-milieu n°1
PNV - Damien Hémeray
fortifié, datant de l’époque sarde, à la fin du XIXe siècle. Ainsi, quatre anciens forts (forts de Ronce, de Pattacreuse, de Variselle et de Malamot) répartis sur le plateau du mont Cenis avaient pour objectif de protéger le territoire italien des attaques françaises. Un cinquième fort, celui de la Turra, construit par la France, servait à défendre le versant français.
Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort. Lanslebourg-Mont-Cenis compte d’ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre : malgré l’impact de la dernière guerre mondiale sur le bâti, le quartier du Canton et deux églises ont été conservés, l’une, baroque, date de 1652 et la seconde, l’église Notre-Dame de l’Assomption, actuelle église de la paroisse, date de 1830. Cette dernière est classée Monument Historique. La présence de deux églises pour une commune tient au fait que l’église baroque était devenue trop petite et trop vétuste pour accueillir, à partir de 1810, la population languérinche*, dépassant alors 1 800 habitants. Une nouvelle église, Notre-Dame de l’Assomption, fut alors construite. C’est aujourd’hui l’un des derniers édifices néoclassiques construits sous la royauté de Piémont-Sardaigne.
PNV - Michel Filliol
Habitation en pierre avec toiture de lauzes
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
Vue sur le fort de Ronce et le lac du mont Cenis
46 - Les milieux naturels, des lieux de vie
En Vanoise comme ailleurs, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. À Lanslebourg-Mont-Cenis, la désaffection des chalets d’alpages est en partie liée à la dernière guerre mondiale. Cependant, certains d’entre eux ont été restaurés depuis, pour les besoins de l’agriculture ou comme résidences de tourisme. La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit rhinolophe. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage.
Les clochers des deux églises du village
Les milieux naturels, des lieux de vie - 47
Fiche-milieu n°1
Évolution et transformation du milieu
PNV - Damien Hémeray
Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que les doradilles noire et rue-de-muraille. Au sein de la faune, les chauves-souris (grand murin) en particulier leur confèrent une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles. Accompagnatrices des cultures de céréales d’hiver, les plantes messicoles constituent un patrimoine à la fois culturel, puisqu’elles relatent l’histoire de l’agriculture française, et naturel au regard de la diversité floristique qu’elles représentent. Dans certaines régions françaises telles que les Causses, un champ de céréales d’hiver peut contenir plus d’une soixantaine d’espèces compagnes des moissons. Par la source alimentaire et nectarifère qu’elle représente, cette flore participe au maintien de certaines espèces de faune (insectes, oiseaux, etc.). En Vanoise, c’est en Maurienne que persistent les plus importantes populations connues d’espèces messicoles.
Fiche-milieu n°1
En France, les plantes liées aux moissons sont parmi celles qui ont le plus régressé, suite aux modifications des pratiques culturales (utilisations d’engrais chimiques et d’herbicides) et à l’évolution de la société. À l’échelle nationale, c’est l’agriculture extensive et les pratiques agropastorales qui ont assuré, jusqu’à nos jours, la pérennité de la flore messicole.
Propositions de gestion Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre Ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc).
PNV - Maurice Mollard
La préservation de la flore messicole ne peut plus s’envisager aujourd’hui que par des aides aux agriculteurs en vue de la mise en œuvre de pratiques agricoles adaptées, et doit se concevoir comme la préservation d’un patrimoine autant naturel que culturel. Dans son programme d’aménagement 2003-2009, le Parc national de la Vanoise envisage de mener une étude pour évaluer les différentes solutions permettant de préserver les plantes messicoles. Cette étude comporterait le recensement des populations de plantes messicoles en zone périphérique et la faisabilité d’un projet de préservation à travers la valorisation d’un patrimoine (cultures de variétés anciennes, écomusées, etc.). L’adonis d’été, une plante messicole
48 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°2
Sommaire
PNV - Sébastien Brégeon
Les cours d’eau et les lacs
PNV - Damien Hémeray
Lac du mont Cenis
Ruisseau Sainte-Marie
Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire de Lanslebourg-Mont-Cenis, la rivière Arc, ses affluents (ruisseau de Sainte-Marie en rive droite et ruisseaux de la Madeleine, du Chardoux, du Torchet et du Revet en rive gauche), ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées. La dynamique de l’Arc conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion. Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent autour du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’implanter.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 49
Fiche-milieu n°2
Le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saules, d’aulnes blancs et de bouleaux, adaptés aux conditions de sol fréquemment détrempé et capables de résister aux fortes perturbations mécaniques. Ils permettent la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères et le bouleau. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. La strate herbacée y est bien développée avec le populage des marais, le jonc articulé, les pétasites. Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Ces retenues d’eau naturelles s’échelonnent
50 - Les milieux naturels, des lieux de vie
entre 1 930 m (lac de Roterel) et 2 755 m d’altitude pour le lac Clair. Là où existent des rivages peu profonds, une végétation dense de bord des eaux s’installe, principalement des cypéracées, comme au Lac Blanc par exemple. Les autres lacs, en particulier les retenues artificielles telles que le lac du mont Cenis, ne sont généralement pas favorables à l’apparition d’une végétation lacustre.
Lichens et champignons
L’omphaline
des ruisseaux est un petit champignon à chapeau brun rougeâtre qui pousse communément sur les mousses et les terres humides des bords de ruisseaux et des sources.
Fiche-milieu n°2
Flore
PNV - Félix Grosset
Le fort courant des torrents n’autorise pas le développement d’une végétation proprement aquatique. Les bancs de graviers et les dépôts plus fins, remaniés par les crues, sont colonisés par des plantes pionnières telles que le tamaris d’Allemagne. Cet arbuste peu répandu, mais typique de ces berges graveleuses, présente de multiples vertus médicinales : astringente, diurétique, apéritive et sudorifique.
Tamaris d’Allemagne
Elle avoisine l’épilobe de Fleischer, à la fois caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais qui affectionne aussi les éboulis et moraines. La ripisylve* abrite différentes espèces d’arbres pionniers, telles que le bouleau blanc, le saule noircissant aux feuilles devenant noires à la dessiccation. Fréquent en bord de ruisseaux, le populage des marais est une plante toxique à feuilles en cœur et à grosses fleurs jaune d’or. Quelques rares espèces de plantes à fleurs parviennent à se développer dans certains lacs. C’est le cas du rubanier à feuilles étroites, une plante aquatique vivace à feuilles étalées à la surface de l’eau.
PNV - Louis Bantin
PNV - Sébastien Brégeon
Populage des marais
Rubanier à feuilles étroites
Faune
Typique
des eaux courantes, le cincle plongeur est le seul passereau à s’immerger totalement dans les torrents pour prélever les larves d’insectes (comme les plécoptères et les éphémères) dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l’eau. La bergeronnette des ruisseaux est étroitement inféodée aux eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et
Les milieux naturels, des lieux de vie - 51
Fiche-milieu n°2
PNV - Maurice Mollard
l’enneigement des ruisseaux d’altitude la chassent vers des cours d’eau plus bas en vallée. C’est une migratrice altitudinale.
Cincle plongeur
CPNS - Emmanuelle Saunier
Le canard colvert a choisi les eaux du lac du mont Cenis pour nicher.
Canard colvert (cane et caneton)
Plus qu’un lac ou un col, le mont Cenis est avant tout une zone de transition, et donc de passage, entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. De nombreuses espèces d’oiseaux, comme le goéland leucophée peuvent y être observées en période de migration. De passage uniquement, elles profitent de ces milieux pour faire une escale lors de leur migration. La rivière Arc constitue également un axe de passage pour les oiseaux en migration. L’aigrette garzette, par exemple, emprunte ce corridor pour rejoindre ses zones de nidification. Poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario est présente dans l’Arc et dans plusieurs lacs (lac du mont
52 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Cenis, lac de Roterel). Elle y est régulière du fait des alevinages, mais peu abondante. Les conditions physiques et chimiques de l’Arc sont telles (pollution importante de l’eau de l’Arc par le rejet direct de lisier et des eaux usées, etc.), que l’espèce survit dans le torrent sans toutefois être capable de se reproduire. Avant la surélévation du barrage du mont Cenis, les eaux claires, très froides et très oxygénées du lac étaient réputées pour leurs délicieuses truites fario, qu’ont goûtées de nombreux voyageurs comme Montaigne. La reproduction naturelle de cette espèce dans le lac a été fortement perturbée par le barrage. Aujourd’hui, la pêche dans le lac est très dépendante de la gestion humaine des populations de poissons. Autres poissons présents dans les torrents de Lanslebourg-Mont-Cenis, la truite arcen-ciel et l’omble de fontaine sont deux espèces d’origine nord-américaine introduites en France au cours du XXe siècle. Elles font l’objet d’alevinages pour la pratique de la pêche.
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt agricole non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes. Les sources sont localement utilisées pour l’alimentation en eau des refuges et des chalets d’alpage. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (voir la fichemilieu n°3 sur les zones humides) et une ressource indispensable pour l’homme. Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement
En été, le lac du mont Cenis constitue un site apprécié des vacanciers pour la pratique de certaines activités nautiques (catamaran, canoë, kayak, pédalos, planche à voile, etc.).
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les cours d’eau et les lacs constituent une ressource indispensable pour l’homme et un élément attractif du paysage. De nombreux sentiers de randonnée conduisent aux lacs de Lanslebourg-MontCenis, ou s’en approchent. Avec les cascades et les torrents, les lacs constituent un des principaux buts de randonnée pour les touristes. Ils sont l’objet d’une très forte fréquentation touristique. Les intérêts biologiques de la ripisylve* sont multiples : elle fournit refuges et lieux de nidification aux oiseaux et aux insectes. Elle offre à la faune sauvage un corridor abrité des prédateurs et des activités humaines lors de ses déplacements.
PNV - Damien Hémeray
Évolution et transformation du milieu
PNV - Damien Hémeray
Barrage Saint-Nicolas
Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique.
Lac clair
Les milieux naturels, des lieux de vie - 53
Fiche-milieu n°2
pour l’alimentation en eau potable, la pêche et la production d’énergie hydraulique. Pour permettre la pratique de la pêche, des empoissonnements sont réalisés.
PNV - Patrick Folliet
Aire de stockage des fumiers
L’évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation de zone humide. Ces lacs comblés n’en sont pas
54 - Les milieux naturels, des lieux de vie
moins très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie).
PNV - Sébastien Brégeon
Fiche-milieu n°2
De même, les écoulements à débit constant imposés par la gestion des barrages, et par là même, l’absence d’effet “chasse d’eau” naturel, ne permet pas à la rivière de renouveler les dépôts de limons et de graviers où se développe un cortège d’espèces pionnières remarquables. Il est par ailleurs important de réserver au torrent un débit suffisant en période de basses eaux. En cas de mauvaise gestion des effluents d’élevage, il peut y avoir un relargage important de matières organiques vers les ruisseaux. À Lanslebourg-Mont-Cenis, les fumiers produits par les élevages de la commune sont stockés temporairement sur la plate-forme collective de stockage des fumiers, située au pont d’Arban, pour être ensuite épandus sur les prairies artificielles et les prairies de fauche. Les pollutions d’origine agricole existantes dans l’Arc proviennent en partie de certaines communes de Haute Maurienne et transitent ensuite sur tout le linéaire du torrent. S’ajoutant aux pollutions domestiques (et en période de basses eaux), ces pollutions supplémentaires dégradent la qualité de l’eau des torrents et compromettent les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques.
Marnage du lac du mont Cenis
Le lac du mont Cenis n’a plus rien à voir avec le petit lac naturel de cinquante hectares qui existait encore au début du XXe siècle. Dès 1912, une première digue a été construite, multipliant par trois la surface initiale du lac. En 1924, une deuxième digue fut construite par les italiens. Par la suite, la construction d’un barrage entre 1961 et 1968 a étendu encore l’emprise du lac à 668 hectares, lui donnant ainsi, sa forme actuelle. Ces agrandissements successifs ont modifié les données écologiques du lac, faisant régresser la végétation humide des bordures. Les variations du niveau d’eau liées à l’exploitation hydroélectrique du barrage constitue une forte contrainte au développement de certaines espèces. Ainsi ont disparu des eaux le rare potamot filiforme et les truites présentes naturellement dans les eaux du lac du mont Cenis (tel qu’il était avant 1968). D’autres espèces ont pâti de l’ennoiement du plateau du mont Cenis, dont la très rare cortuse de Matthiole, qui a perdu une de ses précieuses stations localisées dans le vallon de Savalin.
Fiche-milieu n°2
Propositions de gestion
Dans le cadre du contrat de rivière “Arc et affluents”, une carte d’aptitude à l’épandage a été réalisée en 2000. Elle a pour objectif de visualiser les potentialités du milieu vis-à-vis des épandages de matière organique d’origine agricole ou domestique. Elle émet des recommandations en terme de doses et/ou de périodes d’épandage, pour limiter les risques de ruissellement et de lessivage vers les cours d’eau. Concernant la gestion des pollutions dites “domestiques”, une station d’épuration est en cours de construction aux Salets. Elle permettra de traiter les eaux usées de Lanslebourg-mont-Cenis et Lanslevillard. Elle devrait être opérationnelle en juillet 2007. Les problèmes de pics de pollution domestique, liés aux pics de fréquentation touristique, devraient être résolus. Cependant, la pollution des cours d’eau nécessite une approche par bassin versant, afin d’enrayer le problème le plus en amont possible. Le passage du débit réservé au 1/10 du module, à l’aval des prises d’eau EDF, améliorerait significativement les capacités biologiques des torrents.
PNV - Philippe Freydier
L’existence, même ponctuelle, de crues de l’Arc peut constituer une menace pour les habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis, ainsi que pour leurs biens. Les intérêts biologiques des milieux naturels riverains doivent inciter à chercher des solutions afin de rendre compatibles les aménagements répondant aux impératifs de sécurité avec la préservation des espèces et des milieux naturels remarquables, tels que les berges et les ripisylves*.
Ruisseau de la Madeleine
Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse, même si elle paraît localement intarissable.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 55
Fiche-milieu n°3
Sommaire
CPNS - Philippe Freydier
CPNS - Philippe Freydier
Les zones humides d’altitude
Zone humide à la Ramasse
Les zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et des marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses, qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après
56 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Végétation de suintement au sein d’une source (combe de Cléry)
avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (tels que les laîches) de petite taille. À Lanslebourg-Mont-Cenis, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple dans la combe de Crèvecœur. - les marais alcalins, les plus nombreux à Lanslebourg-Mont-Cenis, sont alimentés
Fiche-milieu n°3 par des eaux calcaires. Ils sont caractérisés par la laîche de Davall. Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique : les groupements pionniers des bords de torrents alpins. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Les groupements pionniers des bords de torrents alpins se nomment Caricion bicoloriatrofuscae. Ce nom s’inspire de celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais : la laîche
bicolore et la laîche rouge noirâtre. Malgré leur rareté à l’échelle nationale, ce type de marais est assez fréquent à LanslebourgMont-Cenis, et surtout sur le plateau du mont Cenis (vers le plan des Cavales par exemple).
Flore
Les
plantes des zones humides doivent s’adapter à des conditions difficiles : sol asphyxiant, pauvreté minérale, gel hivernal. La saxifrage faux aïzoon, plante nourricière du petit apollon, croît typiquement près des sources, sur les rochers où suinte l’eau d’infiltration. Espèces traduisant la présence d’une zone humide, les linaigrettes sont des plantes facilement reconnaissables par le ou les
Les milieux naturels, des lieux de vie - 57
Fiche-milieu n°3
calcaires, tels que celui présent au confluent du torrent de la Rocheure et du ruisseau du gros Mollard. Typique de ces marais alcalins, la laîche de Davall est une plante vivace qui pousse en touffes compactes. Dans les zones humides situées à proximité, elle est souvent associée au troscart des marais, une plante à feuilles linéaires, semblable à un jonc et à petites fleurs verdâtres disposées en épi. C’est également dans ces marais alcalins que pousse la swertie vivace, une plante à corolle violet livide veiné de violet foncé. Cette espèce protégée peu commune n’est connue, à Lanslebourg-Mont-Cenis, que dans la zone humide de la Ramasse. La gentiane utriculeuse se rencontre dans les pelouses humides, principalement sur calcaire. Présente en France uniquement en Savoie, cette plante annuelle ou bisannuelle rare est protégée. Elle se distingue des autres gentianes à corolle bleue par son calice renflé avec des ailes larges. Plus commune, la grassette vulgaire affectionne les sols constamment gorgés d’eau des marais des sources et des bords de torrent. Cette petite plante carnivore, présente notamment à Savalin, a la particularité de piéger dans ses feuilles gluantes les insectes venus s’y poser. Elle est parfois associée à la parnassie des marais et à la primevère farineuse.
PNV - Nathalie Tissot
pompons cotonneux qu’elles portent à leur extrémité. Trois espèces de linaigrettes sont présentes à Lanslebourg-Mont-Cenis.
Saxifrage faux aïzoon
Laîche brune
D’aspect similaire, la linaigrette à larges feuilles croît dans les marais des terrains
58 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Patrick Folliet
PNV - Michel Delmas
La linaigrette de Scheuchzer ne porte qu’un gros pompon dressé. Elle est caractéristique des stades pionniers des bords de lac, sur terrain siliceux. La linaigrette à feuilles étroites, souvent associée à la laîche brune, fait partie du cortège des espèces caractéristiques des marais acides. Elle porte plusieurs petits pompons pendants.
Grassette vulgaire
Du fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses.
PNV - Michel Filliol
La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. À LanslebourgMont-Cenis, elle est présente notamment dans la vallée de Crèvecoeur. Cet amphibien, essentiellement terrestre, gagne l’eau lors de la période de reproduction et éventuellement pour hiberner. C’est l’une des trois espèces d’amphibiens les plus répandues en Savoie, avec le crapaud commun et la salamandre tachetée.
Lanslebourg-Mont-Cenis est une des très rares communes françaises qui possède, sur son territoire, sept des huit espèces caractéristiques qui, isolées ou associées les unes aux autres, permettent d’identifier les groupements pionniers de bord de torrent : la laîche à petite arête, la laîche bicolore, la laîche maritime (lire la fiche-espèce n°1), la cobrésie simple, le trichophore nain, le jonc arctique et la tofieldie naine. Ces plantes sont dites arctico-alpines*, c’est-à-dire présentes à la fois dans les régions arctiques ou subarctiques et dans la chaîne alpine. Elles sont protégées et rares en France et dans tout l’Arc alpin.
PNV - Patrick Folliet
Laîche bicolore
Grenouille rousse
PNV - Michel Filliol
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Le petit apollon suit les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa chenille. C’est un papillon protégé.
Jonc arctique
Petit apollon
Les milieux naturels, des lieux de vie - 59
Fiche-milieu n°3
Faune
PNV - Michel Bouche
Aeschne des joncs
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale
L’ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques, la plupart sont vulnérables vis à vis des modifications du milieu engendrées par les activités humaines. Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la gentiane utriculeuse, le trichophore nain, etc. confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi ces zones humides, les groupements pionniers des bords de torrents présentent l’intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d’espèces protégées de grande valeur, constitue une richesse naturelle importante de la commune. La Communauté européenne l’a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”. Sa présence sur la commune a motivé l’intégration de cinq grands secteurs du plateau du mont Cenis (contenant l’ensemble de ces zones humides particulières) au réseau Natura 2000 : Plan des Trois Fontaines-Plan des Cavales, Combe Borgne, Combe de Crèvecœur, col du mont Cenis et secteur de la Buffaz.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les milieux humides et aquatiques sont à la fois un milieu intéressant sur le plan biologique et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les zones humides participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants.
60 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Joël Blanchemain
Fiche-milieu n°3
L’æschne des joncs est une grande libellule à l’abdomen bleu-vert rayé de noir qui fréquente les zones humides d’altitude. Ses larves, qui vivent dans les eaux stagnantes ensoleillées, ont une croissance lente et ne deviennent adultes qu’après trois ans environ alors que deux ans leur suffisent à basse altitude. Elles se nourrissent d’insectes et également de têtards.
Gentiane utriculeuse
Propositions de gestion Aucune gestion particulière n’est donc à envisager à court terme, si ce n’est de prendre en compte systématiquement ces zones précieuses, dans le cadre de tout nouveau projet d’aménagement, afin d’en assurer la préservation et d’éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. L’aménagement de points d’abreuvement et l’organisation de l’accès des troupeaux domestiques permettent d’éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire.
CPNS - Virginie Bourgoin
La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Plus d’un tiers de ces zones a disparu ces 30 dernières années. Cette situation n’est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l’eau, ces disparitions de zones humides aggravent les effets des inondations en période de crues et accentuent les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. De nombreuses petites zones humides ont déjà disparu et la construction de retenues d’eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l’alimentation des canons à neige a entraîné en Vanoise l’immersion de milieux encore plus vastes. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l’aménagement du barrage du mont Cenis a inondé plus de 600 hectares, comprenant des zones humides. Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la
flore des zones humides sont les mêmes que pour les milieux “cours d’eau et lacs” (voir fiche-milieu n°2). Le surpiétinement du bétail dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels risque d’endommager les milieux fragiles et d’en modifier la flore, du fait de la concentration des déjections. La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux national, régional et départemental.
Marais à linaigrette à feuilles étroites
Les milieux naturels, des lieux de vie - 61
Fiche-milieu n°3
Évolution et transformation du milieu
Fiche-milieu n°4
Sommaire
CPNS - Virginie Bourgoin
L’adret, les pelouses sèches et les landes sèches
PNV - Maurice Mollard
Pelouse sèche à stipe pennée
Adret et pelouses sèches de Lanslebourg-Mont-Cenis
Les
adrets de Lanslebourg-Mont-Cenis s’étendent entre 1 350 et 1 950 m d’altitude, en rive droite de l’Arc, depuis la limite communale avec Lanslevillard à l’amont jusqu’aux Cassines à l’aval. De cette fichemilieu, sont exclues les prairies artificielles (et les cultures). Quelques secteurs d’adret
62 - Les milieux naturels, des lieux de vie
se situent également en rive gauche de l’Arc, et notamment dans le versant au sud du mont Cenis. Sur ces versants, exposés au soleil, se côtoient des pelouses sèches sur des fortes pentes, des replats au sol plus profond et plus humide généralement cultivés, des
Fiche-milieu n°4 dalles rocheuses, des murgers*, et enfin des zones de friches buissonnantes à genévrier, rosier sauvage et épine-vinette. La mosaïque formée par ces éléments juxtaposés, ainsi que la proximité d’autres types de milieux tels que les falaises et rochers, les forêts permettent à un grand nombre d’espèces animales et végétales de s’y développer. L’ensemble constitue un complexe d’une remarquable diversité biologique. Ces pelouses sont constituées d’un tapis herbacé peu productif, caractérisé par la présence d’une végétation adaptée à la sécheresse. Les plantes dominant ces pelouses sont les graminées (ou poacées) telles que le brome érigé, la stipe pennée et les légumineuses (ou fabacées) comme l’hippocrépide à toupet, le lotier corniculé et l’astragale de Montpellier.
Flore
On
rencontre dans ces adrets une flore adaptée aux conditions de sécheresse qui y règnent. Typique des pelouses très sèches, la stipe pennée présente à elle seule un grand nombre de ces adaptations. Ainsi, elle est pourvue d’une pilosité importante qui permet la constitution d’une couche d’air isolante ; pour limiter l’évaporation. Sa surface foliaire est réduite et protégée par un épiderme épais recouvert d’une couche de cire. Quant à ses racines, profondes et ramifiées, elles assurent son ravitaillement en eau. Peu abondante à Lanslebourg-Mont-Cenis, on la rencontre vers les Contamines et Pierres Longues. La poacée la plus typique et abondante des pelouses calcaires sèches des adrets de
Les milieux naturels, des lieux de vie - 63
Fiche-milieu n°4
Alors qu’elle n’était connue en Savoie jusqu’à présent que dans deux communes : Bessans et Pralognan-la-Vanoise, le dracocéphale d’Autriche a été découvert pour la première fois à Lanslebourg-MontCenis, l’été 2004. Cette espèce fleurit essentiellement dans les pelouses sèches des vires rocailleuses d’adret. La présence de cette espèce protégée très rare renforce l’intérêt floristique de ces milieux. La pulsatille de Haller est une anémone précoce qui apparaît après la fonte des
PNV - Patrick Folliet
Lanslebourg-Mont-Cenis est sans nul doute le brome érigé. Sa présence révèle un sol plus profond et un niveau de sécheresse moindre que celui des pelouses steppiques présentes sur les adrets de Termignon jusqu’à Saint-André. Cette graminée assez commune croît en touffe. Ses tiges élevées et raides sont munies de feuilles basales souvent pliées dans leur longueur et régulièrement ciliées à la manière d’une arête de poisson.
PNV - Louis Bantin
Le népéta petit népéta fait aussi partie du cortège de plantes qui fleurissent les adrets de la commune. À fleurs velues et très odorantes, c’est une plante méridionale qui trouve sur ces coteaux les conditions de chaleur nécessaires à son développement.
Népéta petit népéta
64 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Stipe pennée
Dracocéphale d’Autriche
neiges sur les pelouses écorchées bien exposées. Espèce rare et protégée, elle n’est présente en Vanoise qu’à Bonneval-sur-Arc et Lanslebourg-Mont-Cenis (lire la ficheespèce n°5). Petite plante aromatique à fleurs violettes, l’hysope officinale affectionne également les pelouses sèches rocailleuses des adrets de Lanslebourg-Mont-Cenis (lire la ficheespèce n°4). Arbuste envahissant les pelouses sèches de l’étage montagnard localisé notamment sous Pierres Longues, l’épine-vinette colonise rapidement le territoire dès l’abandon du pâturage. Puissamment armée d’épines longues et aiguës qui la protègent
PNV - Christian Balais
Épine-vinette
Par leur microclimat particulièrement sec, ces coteaux accueillent une faune à tendance nettement méridionale. La pie-grièche écorcheur chasse de gros insectes et des lézards dans les prairies sèches buissonnantes depuis les buissons de genévrier commun et d’églantiers par exemple. Ceux-ci lui servent aussi de nichoir et de garde-manger : elle pique ses proies sur les épines des arbustes qui constituent alors des “lardoires” où elle se ravitaille si besoin est. Le bruant fou est un hôte régulier des adrets rocailleux à végétation ligneuse ouverte. Il se caractérise par sa tête grise marquée de trois lignes noires : au-dessus, en travers et au-dessous de l’œil. Un autre bruant, le bruant ortolan niche aussi sur ces pentes rocailleuses. Son nid est le plus souvent posé à même le sol. C’est un migrateur transsaharien.
PNV - Philippe Benoît
Résistant au froid et à la sécheresse, le genévrier commun est un arbuste pionnier capable de s’accommoder d’un sol relativement pauvre. C’est une espèce commune sur les stations arides et ensoleillées telles que les adrets de Lanslebourg-Mont-Cenis. Sa présence révèle souvent l’existence d’une dynamique progressive de végétation vers un stade forestier. En revanche, le genévrier sabine est un arbrisseau des versants secs, rare dans les Alpes. Ses feuilles en forme d’écailles imbriquées et son port prostré le distinguent aisément des autres genévriers. Il pousse, par exemple, au-dessus de la plaine Saint-Nicolas, sous la carrière du Paradis.
Faune
PNV - Christian Balais
Vipère aspic
Genévrier sabine
De tous les biotopes qu’elle fréquente, la vipère aspic préfère les habitats secs et ensoleillés. Elle est donc présente sur les adrets de Lanslebourg-Mont-Cenis où elle se nourrit principalement de reptiles et
Les milieux naturels, des lieux de vie - 65
Fiche-milieu n°4
du bétail, elle profite de ses avant-postes dans les haies basses et les pierriers pour lancer des drageons à croissance rapide. La petite faune y trouve de nombreux refuges et des ressources alimentaires : c’est une plante mellifère et ses baies sont comestibles.
Fiche-milieu n°4
micro-mammifères*. Les milieux chauds et ensoleillés bénéficiant d’un certain taux d’embroussaillement conviennent particulièrement au lézard vert.
Lézard vert
Misis
L’azuré de la croisette affectionne les prairies sèches et maigres des versants d’adret (lire la fiche-espèce n°11). Les pelouses rocailleuses et les vires rocheuses des versants ensoleillés constituent un habitat* de choix pour le grand apollon, un grand papillon blanc à taches noires avec plusieurs gros ocelles rouges ou orangés cerclés de noir sur l’aile postérieure. Cette espèce protégée des massifs montagneux est rare en France, bien que localement abondante dans les Alpes et les Pyrénées. Elle pond ses œufs sur les orpins ou les joubarbes.
PNV - Maurice Mollard
Consommateur presque exclusif de reptiles (couleuvres, vipères et lézards) et occasionnellement de lézards, voire de grenouilles, le circaète Jean-le-Blanc trouve dans les coteaux secs de grands territoires de chasse. L’espèce n’est pas nicheuse à LanslebourgMont-Cenis, mais fréquente les adrets de la commune et le plateau du mont Cenis, en quête de nourriture.
PNV - Joël Blanchemain
CPNS - Virginie Bourgoin
ici en limite septentrionale de son aire de répartition. Il est présent en Maurienne et en quelques rares endroits de Tarentaise. Le misis et l’hespérie du chiendent présente en Savoie surtout en Maurienne sont tous des papillons de jour méditerranéens ou méridionaux fréquentant ces adrets.
Le moiré printanier est, comme la majorité des moirés d’Europe, inféodé aux régions de collines et montagnes. De couleur brun sombre, ses ailes portent des bandes fauve rougeâtre ponctuées d’ocelles noirs pupillés de blanc. C’est un papillon méditerranéen,
66 - Les milieux naturels, des lieux de vie
CPNS - Jeannette Chavoutier
Circaète Jean-le-Blanc
Zygène de carniole
PNV - Joël Blanchemain
Usages, intérêts économiques et représentations Les défrichements anciens ont permis l’extension des pelouses d’adret, autrefois entretenues par une fauche manuelle ou un pâturage régulier. À Lanslebourg-MontCenis, certaines prairies sèches d’adret sont encore fauchées, à Pierres Longues, alors qu’en d’autres endroits (sous Châtelard, au-dessus des champs), elles sont pâturées par des ovins et des bovins. Les terres les plus profondes et les moins sèches situées sur les adrets de la commune en rive droite de l’Arc, ont depuis très longtemps été exploitées en cultures ou en prairies artificielles. D’un point de vue agricole, les pelouses les plus sèches ont un intérêt pastoral limité en
CPNS - Virginie Bourgoin
Criquet bariolé
Équilibre entre l’homme et son milieu
Vue générale du versant d’adret, avec ses pelouses et landes sèches
Les milieux naturels, des lieux de vie - 67
Fiche Fiche-milieu milieux n°4
Parmi les zygènes présentes à LanslebourgMont-Cenis, la zygène de Carniole est un petit papillon rouge et noir des pelouses de pentes sèches et ensoleillées parsemées de buissons. Le criquet bariolé aux tibias postérieurs d’un rouge éclatant et annelés à la base de jaune et de noir affectionne les pelouses sèches montagnardes à faible couvert végétal.
Fiche-milieu n°4
raison de la faible productivité de ces milieux. Par contre, la précocité de leur végétation est intéressante dans la mesure où elle permet un pâturage en début de saison.
traignantes, favorisent la présence de tout un cortège d’espèces originales qui leur sont adaptées. Une bonne partie d’entre elles disparait quand ces pelouses s’enfrichent et cède la place aux fourrés et aux landes. Leur situation, en bas de versant, à proximité des villages et des voies de circulation, fait de ces adrets un élément important du cadre de vie des habitants. Les pelouses sèches qui composent une grande partie de ces adrets, sont ellesmêmes d’une grande valeur biologique, caractérisée notamment par la présence de quelques plantes très rares dont le dracocéphale d’Autriche et la pulsatille de Haller. Par ailleurs, la présence, sur les versants, de prairies offrant une ressource herbacée précoce peut limiter la fréquentation des prairies de fauche de la vallée par les ongulés sauvages au printemps.
Aux yeux des touristes comme des Languérins, ces adrets revêtent un intérêt paysager important. Le maintien des milieux ouverts*, culturellement plus appréciés que la friche, correspond à une réelle demande sociale. Les adrets de Lanslebourg-Mont-Cenis forment une mosaïque de milieux diversifiés. À l’échelle du versant, cette variété d’habitats (pelouses sèches, roches, murgers*, landes à genévrier, prairies à luzerne, etc.) présente un fort intérêt qui s’amoindrit si le milieu se ferme trop. La sécheresse et l’ouverture du milieu favorisent l’implantation d’espèces thermophiles de pleine lumière comme le moiré printanier, qui ne sauraient prospérer dans les autres types de prairies, plus largement répandues. Les caractéristiques écologiques particulières des pelouses et prairies sèches (sécheresse, chaleur, lumière) souvent con-
PNV - Maurice Mollard
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
Pulstatille de Haller
PNV - Michel Delmas
Évolution et transformation du milieu
Dracocéphale d’Autriche
68 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les pelouses les plus sèches ont une dynamique de végétation assez lente, car la pauvreté du sol ne permet pas l’établissement d’une végétation arbustive significative. Elles n’évoluent donc que lentement. Par contre, ailleurs, l’abandon de l’utilisation agricole entraîne un embroussaillement (colonisation par le rosier, l’épine-vinette et le genévrier commun) puis une reforestation naturelle (par le pin sylvestre). À Lanslebourg-Mont-Cenis, une grande partie
Propositions de gestion
CPNS - Virginie Bourgoin
À l’échelle du versant, le maintien d’un pâturage extensif semble la solution la plus appropriée pour empêcher la colonisation des adrets par les ligneux et entretenir les zones encore ouvertes*. Plus localement, l’intérêt écologique particulier de tel ou tel secteur de pelouses, ou la présence d’espèces de fort intérêt patrimonial, peut nécessiter, dans un objectif de préservation, des interventions de restauration par moyens mécaniques (débroussaillement
des épines-vinettes, abattage de quelques pins sylvestres). Les opérations devraient être suivies d’un entretien par pâturage léger. Pour autant, l’intérêt biologique de ces adrets résidant également en l’existence d’une mosaïque de milieux, il convient de maintenir une part de chacun d’entre eux : bosquets, haies, murgers*, etc. Sur la commune, il y a une forte volonté communale pour reconquérir les adrets en restaurant les pelouses sèches par débroussaillement, puis en les entretenant par fauche ou pâturage. La mise en place du réseau Natura 2000 sur les prairies de fauche d’adret pourrait constituer un tremplin pour l’instauration d’une telle dynamique.
Colonisation par la lande sèche d’une pelouse à stipe
Les milieux naturels, des lieux de vie - 69
Fiche Fiche-milieu milieux n°4
des coteaux d’adret de la vallée de l’Arc a évolué en forêt de pin sylvestre en une cinquantaine d’années, alors que ces coteaux étaient très cultivés à l’époque (en seigle d’abord, puis en luzerne). Le pâturage par les troupeaux de brebis, de vaches, de quelques ânes et par les ongulés sauvages au printemps, tels que les chamois, contribue au moins partiellement au maintien du couvert végétal herbacé.
Fiche-milieu n°5
Sommaire
CPNS - Virginie Bourgoin
Les prairies de fauche de vallée et d’altitude
CPNS - Virginie Bourgoin
Prairie de fauche grasse aux Contamines
Prairie de fauche sèche à Pierres Longues
Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison. Choisies par les agriculteurs parmi les
70 - Les milieux naturels, des lieux de vie
parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, elles se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison.
Fiche Fiche-milieu milieux n°4 n°5 Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs. Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage. On distingue : - les prairies de fauche plutôt maigres et sèches, très diversifiées et riches en espèces végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés. Elles se situent par exemple vers le Cuchet et les Rochasses, en adret. - les prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riches en éléments
minéraux. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant, surtout en rive gauche de l’Arc et au mont Cenis. - des prairies artificielles, semées en luzerne, qu’on rencontre principalement sur les terrasses de la rive droite de l’Arc entre les Contamines et les Champs. Lanslebourg-Mont-Cenis compte à la fois des prairies de fauche de vallée, essentiellement cultivées (luzerne) et aujourd’hui encore des prairies de fauche d’altitude situées entre 1 950 et plus de 2 100 m d’altitude.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 71
Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. Typique de ces prairies, le géranium des bois se caractérise par sa tige dressée et très ramifiée, ses feuilles profondément découpées et ses grosses fleurs pourpre violette. Parfois très abondante dans les prairies de fauche fraîches, la renouée bistorte s’identifie à ses minuscules fleurs roses, groupées en un épi cylindrique très compact.
Les champignons sont d’excellents décomposeurs de la matière organique, dans les prés, ils participent à la décomposition du fumier tant que les apports restent modérés. Stropharia merdaria en est une bonne illustration. Ce petit champignon ocre pâle, à chapeau hémisphérique et long pied, se trouve sur bouses de vache jusqu’à 2 100 m d’altitude.
Flore
Une prairie de fauche se caractérise par la
PNV - Philippe Benoît
prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Parmi celles-ci, on trouve pour les prairies plutôt grasses : le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre, alors que la kœlérie pyramidale est plus typique des prairies maigres sur calcaire.
Géranium des bois
CPNS - Aura Penloup
Dactyle aggloméré
Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche.
72 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Michel Delmas
Fiche-milieu n°5
Lichens et champignons
Renouée bistorte
PNV - Philippe Benoît
agricoles alliant drainage, fertilisation et fauche précoce, voire l’ensilage des herbages, a provoqué la raréfaction de ces espèces au niveau mondial. La caille des blés fréquente les prairies de fauche du plateau du mont Cenis, au-dessus de la Buffaz et sous Cuchet. Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) lui servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. Prédateur de petits insectes abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.), le tarier des prés est un des rares oiseaux caractéristiques de ce milieu, avec la rousserolle verderolle, un petit oiseau au plumage vert olive, qui se nourrit aussi des insectes floricoles. L’alouette des champs reconnaissable à son chant émis très souvent au cours de son vol particulier (envol vertical, puis sur place et enfin descente au sol en piqué), est inféodée en altitude aux pelouses et aux alpages bien dégagés. Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Les insectes de ces prairies se remarquent par leur diversité et leur abondance. Les plus visibles sont les papillons de jour dont le damier de la succise, présent indifféremment dans les prairies de fauche sèches ou fraîches, le moiré lancéolé, la virgule et le grand nacré.
Grande berce
Avec une diversité floristique beaucoup plus élevée, les prairies maigres sont aussi les plus richement colorées avec le sainfoin des montagnes, le lotier corniculé, la sauge des prés, le rhinanthe velu, les centaurées et diverses ombellifères comme le grand boucage.
Faune fraîches sont fréquentées par le lièvre brun à une altitude inférieure à 2 000 mètres. La caille des blés affectionne également la végétation herbacée haute des prairies de fauche. Ce galliforme remarquable présente la particularité d’avoir un cycle reproducteur tardif, incompatible avec une agriculture intensive. La modification des pratiques
PNV - Mathilde Mollard
Parmi les mammifères, les prairies de fauche
Damier de la succise
Les milieux naturels, des lieux de vie - 73
Fiche-milieu n°5
Ce cortège floristique s’accompagne aussi de différentes ombellifères telles que la grande berce, dont l’inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes qui y trouvent un nectar abondant. Dans ces prairies de fauche fraîches, fleurit aussi le trolle d’Europe, une plante assez commune en montagne, facilement reconnaissable à sa fleur en forme de boule jaune, ainsi que le cumin des prés aux fruits aromatiques, qu’on rencontre de plus en plus difficilement, aux dires de certains languérins.
Fiche-milieu n°5
Essentiellement prédateur d’autres insectes, le dectique verrucivore fréquente également ce type de prairies de fauche.
PNV - Joël Blachemain
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations
PNV - Ludovic Imberdis
Virgule
Grand nacré
PNV - Ludovic Imberdis
Le fadet de la mélique fréquente les prairies de fauche sèches où poussent les plantes nourricières de sa chenille, dont la brize intermédiaire. Les plus bruyants sont les orthoptères comme le criquet jacasseur, un insecte plutôt inféodé aux prairies maigres et sèches.
Dectique verrucivore
74 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part, elles représentent, pour les naturalistes, un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales et d’autre part, un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. La fauche des prairies locales permet d’augmenter l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage et de limiter l’achat de foin à l’extérieur. L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produite. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. Les prairies de fauche de LanslebourgMont-Cenis sont coupées une fois par an, à l’exception des luzernes qui le sont deux à trois fois par an. Selon leur localisation,
La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux originaux d’un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager. La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. Une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, une fauche précoce, répétée dans le temps, diminue à la fois la diversité
Prairies fauchées aux Contamines
Les milieux naturels, des lieux de vie - 75
Fiche-milieu n°5
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
PNV - Damien Hémeray
les chantiers de fauche s’étalent de juin à août. Les parcelles fauchées en premier lieu sont les luzernes. Les prairies de fauche d’altitude (vers 2 000 m) ne sont pas fauchées avant la fin du mois de juillet, comme à Savalin, par exemple. Certaines prairies sont pâturées en fin de saison, pour le regain. Certaines prairies de fauche reçoivent du fumier à raison de 35 tonnes par hectare par an (sur le plateau principalement). Du lisier est épandu sur l’ensemble des prairies du mont Cenis, qui reçoivent également une fumure minérale. Les prairies situées en plaine sont irriguées. La fauche des prairies locales ne permet pas une autonomie complète en foin et nécessite un complément provenant de la Crau et de la Drôme. La fauche est pratiquée autant que possible avec un tracteur et une lame de coupe, les terrains non mécanisables continuent d’être fauchés au moyen d’une motofaucheuse (Les Ruelles).
base de toute une foule de petits prédateurs (micro-mammifères*, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Les floraisons opulentes des prairies de fauche d’altitude ont aussi un intérêt paysager certain. Elles offrent au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. Les prairies sont d’autant plus fleuries que leur fauche est tardive. D’autre part, les moins fertilisées offrent au regard un plus large panel de couleurs. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés.
Évolution et transformation du milieu Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement marquée en altitude. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et
PNV - Patrick Folliet
Fiche-milieu n°5
et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés, et la pollinisation par les insectes. À Lanslebourg-Mont-Cenis, on rencontre une diversité de pratiques et de nature de prairies de fauche. Certaines prairies de fauche sèches (telles que celles situées aux Rochasses) non pâturées, non fertilisées et fauchées tardivement, accueillent jusqu’à 43 espèces végétales différentes. Certaines prairies de fauche grasses situées dans le vallon de Savalin, en revanche, comptent moins de 25 espèces de plantes. Ces prairies, fauchées début août, sont pâturées par des vaches laitières (vers septembre) et reçoivent une fertilisation minérale (azotée et phosphorique) L’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère de surcroît à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de
Fenaison au hameau des Champs
76 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Différentes gestions des prairies de fauche (fauche tardive, fertilisation organique et minérale pas systématiques) sont pratiquées à Lanslebourg-Mont-Cenis ce qui engendre une diversité de nature de végétation.
Diversité floristique élevée dans les prairies extensives (au Cuchet)
Les milieux naturels, des lieux de vie - 77
Fiche-milieu n°5
sol est généralement peu épais et la période de végétation plus courte qu’en plaine. Audelà d’un certain seuil de fumure, les prairies restituent les excédents dans les rivières et les nappes phréatiques, entraînant une pollution néfaste pour la faune et la flore comme pour la ressource en eau. La superficie des prairies de fauche les plus intéressantes sur le plan biologique (prairies d’altitude, prairies sèches et prairies extensives) a fortement diminué à LanslebourgMont-Cenis au profit de types de prairies à la flore plus banale. Aujourd’hui, la fauche est plus précoce qu’autrefois (de deux à trois semaines) et, du fait de l’excès de fertilisation, de nombreuses espèces végétales “à fleurs” disparaissent des prairies de fauche.
PNV - Damien Hémeray
plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 – 2 000 m. En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la production de Beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC). En Haute Maurienne, les secteurs de fauche d’altitude se sont globalement mieux maintenus, notamment grâce aux accès routiers existants (Iseran, mont Cenis, Termignon). À Lanslebourg-Mont-Cenis, demeurent plusieurs secteurs de fauche d’altitude (le Cuchet, la Ramasse, mont Cenis). Un accès facilité, combiné à une aide financière de type mesures agri-environnementales, a favorisé le maintien de cette fauche d’altitude. Cependant, certains anciens secteurs de fauche ont tout de même été transformés en pâturages (les Sonailles, Grand Plan, pentes du vallon de Savalin, le Coin). Aujourd’hui à Lanslebourg-Mont-Cenis, la surface en prairies de fauche semble stabilisée. Les capacités d’assimilation des prairies sont limitées, surtout en montagne où le
Fiche-milieu n°5
CPNS - Virginie Bourgoin
Le retour à des pratiques plus extensives sur certaines parcelles est donc souhaitable : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive, maintien de prairies de fauche “extensives” peu productives, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile.
Diversité floristique moindre dans les prairies de fauche intensive (aux Contamines)
Afin de favoriser le maintien d’une faune prairiale, toute pratique de fauche lui permettant de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge – du centre vers la périphérie – si la forme de la parcelle le permet) est recommandée. Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes) de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. À LanslebourgMont-Cenis, la fauche est pratiquée en “aller-retour” et ne piège pas la faune sauvage au centre de la parcelle. Mais, à défaut de tablier devant la barre de coupe, certaines nichées de lièvre ne survivent pas au passage de la faucheuse.
78 - Les milieux naturels, des lieux de vie
L’AOC Beaufort est une des démarches susceptibles de freiner l’abandon des prairies de fauche car les éleveurs, par le biais du cahier des charges, s’engagent à tendre vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la ressource en eau et de préservation de la biodiversité. Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans le cadre d’un cahier des charges de mesures de type agri-environnemental. À titre d’exemple, la mesure “prairie de fauche” proposée lors de la dernière Opération Locale AgriEnvironnementale de Maurienne (lancée à la fin des années 1990) a reçu un très bon accueil de la part des agriculteurs se traduisant par un fort taux d’adhésion, surtout sur le plateau du mont Cenis. Ces mesures spécifiques traduiraient la reconnaissance des caractéristiques de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son patrimoine écologique et paysager local. Elles pourraient consister en l’octroi de primes contractualisées à la surface ou d’aides pour réduire les contraintes d’exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d’œuvre, etc.). Ces mesures peuvent prendre place dans le cadre de la mise en place des nouveaux programmes tels que les Contrats d’Agriculture Durable. L’extension aux prairies de fauche de montagne du site Natura 2000 “Formations forestières et herbacées sèches des Alpes internes” est favorable au maintien de la fauche sur certains secteurs de prairies de Lanslebourg-Mont-Cenis (Cuchet, Pierres Longues, le Coin et Pramaria) via une gestion patrimoniale (fauche régulière assez tardive, fertilisation faible ou nulle, etc.).
Fiche-milieu n°6
Sommaire
PNV - Damien Hémeray
Les forêts de conifères
CPNS - Philippe Freydier
Forêt sèche vers les Rochasses (au fond, la Dent Parrachée)
Pessière en aval de la combe de Cléry
À l’image de la Vanoise, le couvert forestier de Lanslebourg-Mont-Cenis est essentiellement composé de résineux : épicéa, mélèze, sapin, pin cembro, pin sylvestre et pin à crochets. Il se situe de part et d’autre de la vallée de l’Arc. Ce cours d’eau a donné son nom à la forêt d’ubac, appelée forêt d’Arc.
La forêt communale s’étend sur près de 685 hectares, depuis 1 350 m d’altitude jusqu’à 2 225 m. Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil (exposition nord en rive gauche de
Les milieux naturels, des lieux de vie - 79
Fiche-milieu n°6
l’Arc et sud en rive droite) et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). Ainsi, la pineraie de pin sylvestre est par excellence la forêt sèche de l’étage montagnard. Elle s’étend sur plus de 55 hectares en adret. On rencontre en ubac, au Salet, plus de 7 hectares d’une pineraie sylvestre moins sèche. Elles sont remplacées à l’étage subalpin par la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, à des sols maigres et des situations de crêtes. Elle prédomine sur calcaire (en adret) et gypse (en ubac). Elle couvre 16 hectares au total (en aval du Salet et sous le Coin Bas). Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on
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passe aux peuplements purs d’épicéa. À Lanslebourg-Mont-Cenis, chacun de ces deux types de peuplements couvre, en ubac, une bande continue depuis la limite communale avec Termignon-la-Vanoise (en aval) jusqu’au ruisseau du Chardoux : la sapinière-pessière représente 187 hectares, alors que la pessière* s’étend, à l’étage subalpin, sur plus de 153 hectares. À l’adret, la pessière* sèche (78 hectares) est interrompue par plusieurs couloirs d’avalanche. Également présent dans les pessières*, le mélèze forme en limite supérieure de la forêt d’ubac, des forêts mixtes avec le pin cembro (98 hectares). Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri
parfait (mais à forte odeur aromatique) d’une espèce comestible, le clitocybe givré, à odeur faible. Il possède également une ressemblance avec le clitocybe renversé, avec lequel il avait été confondu lors des intoxications de 1996, en Maurienne.
Lichens et champignons Les pessières* montagnardes gérées en futaies jardinées sont des milieux très riches en champignons. L’amanite tue-mouches en est un exemple représentatif.
Les forêts de conifères présentent une forte diversité de lichens, sur leurs branches par exemple, avec diverses espèces du genre usnée, des lichens filamenteux, vert jaunâtre. Le lichen des renards, bien représenté en Maurienne, se développe sur le mélèze et le pin cembro. D’une couleur jaune soufre très vif, c’est un des rares lichens toxiques en France.
PNV - Nathalie Tissot
Flore
Arbre principal de l’étage montagnard en Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Lanslebourg-Mont-Cenis ; elle représente 42 % de la surface boisée. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’ouvrage (charpente, bardages etc.). Après l’épicéa, le mélèze est l’essence la plus abondante. C’est le seul conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en ébénisterie.
Pierre-Arthur Moreau
Amanite tue-mouches
Abondant sous les mélèzes, le clitocybe à bonne odeur semble limité aux fonds de vallées sèches et aux versants sud de l’étage montagnard des Alpes calcaires (en Maurienne et en particulier autour de Lanslebourg-Mont-Cenis). Cette espèce, responsable d’intoxications non mortelles mais extrêmement douloureuses, pouvant durer plusieurs mois est un sosie presque
PNV - Philippe Benoît
Clitocybe à bonne odeur
Mélèze (branche et cônes)
Les milieux naturels, des lieux de vie - 81
Fiche-milieu n°6
du mélézein, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière* subalpine, etc.
Virginie Cottrel
Bugrane à feuilles rondes
Autre espèce typique des forêts sèches, la pyrole à une fleur est une plante peu fréquente en Savoie. Elle se caractérise par son unique fleur blanche à l’extrémité de la tige et une rosette basale de feuilles rondes. Commune dans les montagnes françaises,
82 - Les milieux naturels, des lieux de vie
sur sols plutôt frais, la prénanthe pourpre fréquente surtout les forêts mixtes de l’étage montagnard. Pouvant atteindre 1,5 m de hauteur, cette grande plante arbore des fleurs violettes à purpurines à pétales en forme de languette.
PNV - Nicolas Valy
Fiche-milieu n°6
Indifférent à la nature du sol, le sapin se développe dans les forêts fraîches, voire humides, situées en ubac. Il se régénère naturellement en forêt et tend à gagner de altitude. Le framboisier fait partie des arbrisseaux les plus répandus dans les pessières* d’ubac. Ses fruits comestibles sont cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries. Les feuilles et les jeunes pousses sont connues pour leurs vertus astringentes, toniques, diurétiques et dépuratives. Comme beaucoup de ronces, le framboisier est très appréciés des cervidés. Le raisin d’ours commun, adapté à la sécheresse et capable de résister au gel que le manteau neigeux quasi inexistant ne peut plus atténuer, constitue un sousarbrisseau caractéristique des forêts sèches. Il donne des baies rouges appréciées de la faune. Espèce de l’étage montagnard, la bugrane à feuilles rondes est bien représentée dans les clairières des pinèdes sèches. Elle arbore des fleurs roses réunies par deux ou trois ainsi que des feuilles découpées en trois folioles rondes.
Pyrole à une fleur
La clématite des Alpes, aux grandes fleurs solitaires bleu violacé, fleurit dans la forêt d’Arc, vers le Mélèzert. C’est une liane de près de 2 m de long portant feuilles et fleurs. Sous-arbrisseau à tiges couchées et rameaux dressés, la bruyère des neiges ou bruyère herbacée tient son nom de sa période de floraison, de décembre à mars alors que la neige est encore bien présente. Bien que localement abondante, cette espèce protégée est rare en France et se trouve en Vanoise en limite occidentale de son aire de répartition. À Lanslebourg-Mont-Cenis, elle se situe essentiellement dans la pineraie de pins à crochets d’ubac, en aval du Salet. Autre espèce protégée des forêts, le sabot de Vénus pousse en sous-bois ouverts de conifères, tels que ceux situés en aval du Salet. Cette orchidée spectaculaire aux très grandes fleurs jaunes en forme de sabot est volontiers reconnue comme le symbole de
Bruyère des neiges
Faune
Grive draine
PNV - Philippe Freydier
ment riche sur le plan ornithologique. La fauvette des jardins, la fauvette à tête noire, l’accenteur mouchet, le pouillot véloce font partie des oiseaux caractéristiques de ce milieu. Bien plus discrètes et rares, sont la chevêchette d’Europe et la chouette de Tengmalm. Toutes deux répandues dans la taïga de la zone boréale, elles sont considérées en France comme des reliques* glaciaires. Elles fréquentent les forêts fraîches de Lanslebourg-Mont-Cenis. La chouette hulotte niche également à LanslebourgMont-Cenis. Ce n’est pas une espèce typiquement forestière comme les deux précédentes, mais elle est fortement liée à l’arbre pour nicher ou pour se poster à l’affût des petits rongeurs et des oiseaux. Malgré sa préférence pour les forêts de feuillus, le geai des chênes peut se rencontrer jusqu’au cœur des pessières*. Cet oiseau est reconnaissable entre tous par son plumage bigarré aux couleurs vives. Caractéristique des paysages boisés aérés,
PNV - Maurice Mollard
La pessière* humide est une forêt relative-
Grive litorne
Les milieux naturels, des lieux de vie - 83
Fiche-milieu n°6
la grive draine se tient surtout en lisière des forêts et dans les clairières. Elle a besoin de grands arbres pour chanter et nicher, mais elle se nourrit d’invertébrés et de végétaux (baies, etc.) dans les prés et autres zones dégagées. Sa “cousine”, la grive musicienne s’installe aussi en forêt, mais elle affiche une certaine préférence pour les formations sur sol humide et ombragé. En effet, sa présence est conditionnée par celle des vers et escargots, ses mets de prédilection. Elle a la particularité d’être un des rares oiseaux à savoir se servir d’un outil, une enclume, qui est un caillou plat sur lequel elle brise les escargots pour en extraire la chair. La grive litorne, elle, est liée aux boisements humides de conifères, isolés ou en bordure de forêt.
PNV - Maurice Mollard
la protection végétale. Compte tenu de la relativement bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour sa conservation (lire la fiche-espèce n°2).
PNV - Alexandre Garnier
violettes sauvages, plantes hôtes dont se nourrit sa chenille. Il doit son nom à la présence, sur le revers de ses ailes postérieures, de toute une série de petites taches nacrées disposées en arc de cercle.
Mésange bleue
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations PNV - Maurice Mollard
Fiche-milieu n°6
Galliforme rare en Vanoise du fait de l’absence de hêtraie, la gélinotte des bois, affectionne les forêts mixtes de Lanslebourg-Mont-Cenis, en particulier à l’étage montagnard. Les pics jouent un rôle fondamental en forêt, en offrant des cavités de nidification à d’autres animaux cavernicoles, euxmêmes incapables de forer des trous. Avec leur bec puissant et aiguisé comme des ciseaux à bois, ils frappent vigoureusement sur le tronc des arbres malades à la fois pour se nourrir et pour se créer une loge. Les pic épeiche, pic vert et pic noir sont tous nicheurs à Lanslebourg-Mont-Cenis.
Pic noir
Les cavités qu’ils percent constituent un refuge pour de nombreuses autres espèces animales, telles que l’écureuil roux, mais également pour d’autres oiseaux comme les mésanges bleue, noire et charbonnière. Les forêts constituent également un refuge pour de nombreuses espèces de mammifères : blaireau, chevreuil, cerf, sanglier, qu’ils soient typiques de ce milieu ou non. De couleur fauve vif marqué de noir, le grand collier argenté est un papillon inféodé aux lisières et clairières ensoleillées des forêts. Dans celles-ci se trouvent des
84 - Les milieux naturels, des lieux de vie
La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l’Office national des Forêts. La forêt communale couvre 685 hectares, dont seulement 595 hectares sont effectivement boisés. Les surfaces de forêts privées sont faibles à Lanslebourg-Mont-Cenis. Elles représentent 42 hectares pour 106 propriétaires. Ces boisements, souvent peu entretenus, sont boisés en mélèze et épicéa. La forêt communale est exploitée en futaie irrégulière. La réalisation d’un plan d’aménagement de la forêt, sur 15 ans (20032017), permet de fixer les règles d’exploitation. Ainsi, 373 hectares de forêt communale (situés en ubac) sont affectés principalement à la production de bois d’œuvre résineux tout en assurant la protection générale
Fiche-milieu n°6 CPNS - Virginie Bourgoin
Forêt sèche de Lanslebourg-Mont-Cenis
Pour le bois de feu, des lots d’affouage sont périodiquement attribués aux habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis (environ 230 affouagistes en 2005). Ils représentent un volume annuel de bois de 1 150 m3, soit 5 m3 par affouagiste.
PNV - Damien Hémeray
(physique, paysagère, etc.) des milieux. La production moyenne annuelle de bois approche 3,9 m3 par hectare et par an, soit 1 452 m3 exploitable. Le plan d’aménagement envisage le prélèvement de 1 120 m3 par an, à partir des essences suivantes : mélèze, épicéa, pin cembro, pin sylvestre, sapin et pin à crochets. Les quatre premières espèces fournissent du bois de qualité bonne à excellente, destiné à la charpente, la menuiserie, l’ameublement, la sculpture, le sciage, la confection de palettes et le lambris. La gestion de la forêt communale d’adret, à laquelle s’ajoutent quelques parcelles forestières d’ubac (vers Bois d’Amont, le Revet, le Salet et au-dessus de la piste du Replat des Canons), est plus orientée vers la protection physique ou paysagère, mais demeure exploitée à hauteur de 280 m3 par an. Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à une protection générale contre l’érosion du sol, le ravinement et les départs d’avalanches.
Sentier pédestre s’enfonçant dans la pessière
Les milieux naturels, des lieux de vie - 85
Fiche-milieu n°6
PNV - Damien Hémeray
Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de loisirs, sportifs ou non, avec son réseau de pistes de ski alpin et de ski de fond, ses pistes VTT, ses sentiers de randonnée pédestre (exemple : le chemin du petit bonheur) et raquettes, etc. Une activité pastorale existe encore aujourd’hui très localement dans certaines parcelles de la forêt communale (en limite avec les alpages). Cette forêt, par les ressources qu’elle offre, est aussi le lieu de nombreuses cueillettes (champignons, baies et autres fruits : framboises, fraises des bois, baies de l’épine-vinette et cynorrhodons).
Sous-bois enneigé du Bois du Coin
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt,
86 - Les milieux naturels, des lieux de vie
particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt patrimonial au niveau européen, que la Communauté européenne a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”. L’existence, à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée, très gros bois, vieux arbres), est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que le sabot de Vénus, la bruyère herbacée, etc. La forêt d’Arc constitue un ensemble d’un seul tenant à forte valeur patrimoniale. En effet, elle abrite l’une des plus belles populations relictuelles de tétras-lyre des Alpes du Nord (lire la fiche-espèce n°13). Elle accueille un couple d’aigle royal et constitue un refuge pour de nombreuses autres espèces animales (ongulés, nyctale ou chouette de Tengmalm, chevêchette d’Europe et lagopède alpin dans sa frange supérieure). Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune, en particulier en automne lorsque la ramure des mélèzes prend une teinte dorée et contraste alors avec celle, constamment verte, des autres conifères. La présence du mélézein offre une certaine perméabilité visuelle. D’autre part, ces forêts jouent un rôle positif de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du
PNV - Damien Hémeray
Trou de pic dans un pin sylvestre
sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles.
Évolution et transformation du milieu Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. À l’étage montagnard, dans les sapinières-pessières climaciques*, le sapin dominera progressivement l’épicéa, en pourcentage d’essences. Le mélèze, en revanche, est une espèce pionnière qui craint la concurrence des autres conifères. Ses peuplements ne sont pas stables et évoluent peu à peu vers d’autres types de forêts (notamment vers des cembraies, à l’étage subalpin). À l’époque napoléonienne, la forêt d’Arc était presque dépourvue d’arbres, du fait des besoins en constructions et pour le chauffage des 4 000 soldats de Napoléon.
Le mitage progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. Il peut aussi provoquer la destruction directe de plantes protégées. Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression voire la disparition de certaines populations animales de tout un secteur. En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.
Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Dès lors que l’exploitation forestière pratiquée permet l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, cela est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Le plan d’aménagement (2003-2017) de la
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Fiche-milieu n°6
À Lanslebourg-Mont-Cenis, les forêts sont parcourues actuellement par un kilomètre de remontées mécaniques. La randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.) peut également provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable.
Fiche-milieu n°6
forêt de Lanslebourg-Mont-Cenis prévoit le maintien de quelques vieux arbres et arbres creux en faveur d’une diversité d’espèces, à raison d’un par hectare environ.
Cela nécessite un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés.
Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter.
La diversité (des milieux, de la faune et de la flore), l’intégrité, l’étendue et la faible fréquentation de la forêt d’Arc sont à l’origine de son fort intérêt biologique et paysager. Pour transmettre cette richesse aux générations futures, il conviendrait de ne pas compromettre cet équilibre, de ne pas morceler ce massif forestier.
88 - Les milieux naturels, des lieux de vie
CPNS - Virginie Bourgoin
L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie
PNV - Damien Hémeray
Aulnaie verte à la Ramasse
Aulnaie verte vers la Roche Forée (à droite, Corne Rousse)
L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et
difficilement pénétrable. Elle peut former des grandes entités à strate arbustive quasiment mono-spécifique. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine :
Les milieux naturels, des lieux de vie - 89
Fiche-milieu n°7
Sommaire
Fiche-milieu n°7
- les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques, - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. À Lanslebourg-Mont-Cenis, les aulnaies vertes primaires* occupent notamment les couloirs d’avalanche de la forêt d’Arc. Quant aux aulnaies dites secondaires*, elles sont présentes par exemple sur le versant est de la Petite Turra. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent.
90 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. Elles atteignent leur maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mi-journée n’interrompt pas la photosynthèse.
PNV - Philippe Benoît
protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir luimême le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol qui est en partie responsable de l’exubérance des mégaphorbiaies* voisines. Traditionnellement, les fagots d’aulne vert servaient à confectionner des balais d’écurie. À partir du XIIe siècle, les languérins ont réalisé une luge (à l’origine de la première ramasse*), à partir des branches courbées de cet aulne. Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes luxuriantes à l’abri d’un éclairement solaire trop intense. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Elle porte des fleurs bleu violacé disposées en grappes plus ou moins allongées. L’adénostyle à feuilles d’alliaire fait également partie de cette flore exubérante. Atteignant jusqu’à 1,5 m de hauteur, elle développe de larges feuilles irrégulièrement dentées, vertes et glabres à la face supérieure et d’un blanc cotonneux dessous.
Mégaphorbiaie
Lichens et champignons
Les lichens ne sont pas abondants dans l’aulnaie verte, milieu assez fermé. En revanche, les champignons y présentent une grande originalité. Ainsi, le lactaire brun rouge et la russule des aulnes, toutes deux présentes à Lanslebourg-Mont-Cenis, appartiennent au cortège le plus caractéristique de la flore fongique de l’aulnaie verte. D’autres espèces telles que l’alnicole jaunâtre et l’alnicole sombre sont liées à l’aulne, mais pas strictement à l’aulne vert. Flore vert, encore appelé “drose” à Lanslebourg-Mont-Cenis, possède des tiges très souples inclinées vers l’aval. Solidement ancré au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid,
PNV - Philippe Benoît
L’aulne
Adénostyle à feuilles d’alliaire
Les milieux naturels, des lieux de vie - 91
Fiche-milieu n°7
Les mégaphorbiaies* se rencontrent depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin. On peut rencontrer une telle végétation en parcourant par exemple le chemin qui mène de la Ramasse au pont Lapouge, à l’entrée de la combe de Cléry.
Bien que difficilement pénétrable, l’aulnaie verte constitue une remise de choix pour les grands mammifères qui viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement humain.
Autre plante typique des lieux, l’achillée à grandes feuilles est la plus grande de toutes les espèces d’achillées de Vanoise avec une taille pouvant atteindre 1 m. C’est une espèce de montagne, uniquement ouest alpine. Elle fleurit dans la mégaphorbiaie* présente au bord de la piste forestière du bois Revet. On peut rencontrer aussi, le lis martagon, encore appelé racine d’or en raison de la couleur jaune de son bulbe, ainsi que l’hugueninie à feuilles de tanaisie, caractéristique des mégaphorbiaies* et des aulnaies vertes.
Lis martagon
92 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Philippe Benoît
PNV - Maurice Mollard
Saxifrage à feuilles rondes
PNV - Michel Bouche
Fiche-milieu n°7
Faune
Espèce typique des mégaphorbiaies* et autres lieux humides et ombragés, la saxifrage à feuilles rondes est facilement identifiable grâce à ses feuilles basales arrondies et dentées, ainsi qu’à ses fleurs étoilées à pétales blancs piquetés de points jaunes et rouges.
Sanglier
L’avifaune de l’aulnaie verte se compose d’oiseaux forestiers présents également dans d’autres types de formations ligneuses, certains sont cependant caractéristiques. Parmi celles-ci, l’accenteur mouchet en est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. Moins fréquents, mais présents quand même dans cette aulnaie, le rougegorge familier et le bouvreuil pivoine dont le chant aux tonalités douces et aiguës, ne porte pas très loin. La large poitrine rose pivoine chez le mâle adulte, ainsi que sa calotte noire le rendent facilement reconnaissable.
PNV - Christophe Gotti
Usages, intérêts économiques et représentations
Bouvreuil pivoine
On rencontre aussi typiquement le troglodyte mignon, la fauvette des jardins et la rousserolle verderolle, deux autres chanteurs émérites, cette dernière ayant la faculté d’imiter le chant d’autres espèces. En dehors de la rousserolle qui fréquente avant tout les mégaphorbiaies*, les deux autres affectionnent particulièrement la strate buissonnante basse et dense qu’elle peut offrir. En tant qu’oiseau arboricole appréciant la végétation arbustive fournie, le pouillot véloce fréquente également les aulnaies vertes. En dehors de ces petits passereaux, le couvert dense de l’aulnaie verte fournit un abri irremplaçable au tétras-lyre en dehors de la période de nidification, ainsi qu’à ses jeunes qui ne savent pas encore bien voler.
Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères tels que le lièvre variable, oiseaux). Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables, favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne. La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines, telles que la laitue des Alpes par exemple.
Évolution et transformation du milieu
PNV - Philippe Benoît
En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui, quelles que soient les modifications physiques qui peuvent apparaître (dégâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert.
Tétras-lyre
En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne
Les milieux naturels, des lieux de vie - 93
Fiche-milieu n°7
Équilibre entre l’homme et son milieu
Fiche-milieu n°7
l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales d’intérêt fourrager et biologique supérieur. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira donc par un appauvrissement de la biodiversité. Aujourd’hui, à Lanslebourg-Mont-Cenis, du fait notamment de la diminution du pâturage dans les pentes (en alpage), l’aulnaie verte tend à accroître sa surface actuelle (combe des vaches à Bois d’Amont, aux alentours de la douane, entre la plaine Saint Nicolas et le lac, etc.).
Propositions de gestion Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. Une meilleure exploitation des alpages, éventuellement avec un soutien financier de type agri-environnemental, est une des solutions possibles. Quoiqu’il en soit, en cas d’insuffisance des superficies pastorales, le débroussaillement d’aulnaie verte secondaire* est préférable au drainage des zones humides, qui provoque la destruction de milieux devenant rares et s’avère peu rentable sur le plan agronomique. Mais ce type d’action est très coûteux.
PNV - Michel Filliol
Vers Bois d’Amont, l’ONF a procédé à des coupes de certains secteurs d’aulnaie verte, afin de permettre la régénération de la forêt et pour diversifier l’habitat* du tétras-lyre.
Laitue des Alpes
94 - Les milieux naturels, des lieux de vie
CPNS - Virginie Bourgoin
Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude
Lande à azalée naine
Ce sont des formations végétales dominées
Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou
PNV - Damien Hémeray
par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses. Ces formations peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations buissonnantes à saule glauque. Seules les landes à éricacées se développent à l’étage alpin.
Lande à rhododendron ferrugineux (combe de Cléry)
Les milieux naturels, des lieux de vie - 95
Fiche-milieu n°8
Sommaire
Fiche-milieu n°8
sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intraforestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. Elles couvrent par exemple les abords du chalet Suiffet. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées (combe de Cléry, Ronce, Replat des Canons, entre les forts de Variselle et de Pattacreuse). La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et
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humides. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Elle s’étend localement dans le vallon du Giaset. La lande à genévrier nain préfère les versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 500 - 2 700 m d’altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Ce type de lande occupe notamment quelques secteurs en aval de la combe de Crèvecœur. Plus haut apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles.
Lichens et champignons
La
PNV - Jacques Perrier
faible hauteur des landines à azalée naine crée des conditions d’éclairement favorables aux lichens. On y trouve notamment le brun lichen d’Islande, ou lichen des rennes, un lichen consommé en Scandinavie, par les rennes des lapons. Plus originaux sont la cétraire cucullée, un lichen blanc jaunâtre des landes acides se présentant sous la forme de petits coussinets à même le sol et le thamnolia en forme de ver, un lichen blanchâtre se présentant sous la forme d’agglomérats vermiformes.
serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Une partie des versants de la combe de Cléry est couverte de rhododendron. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sous-arbrisseau buissonnant couché qui affectionne les stations où la neige persiste. Celle-ci produit des baies globuleuses, noires.
CPNS - Virginie Bourgoin
Airelle à petites feuilles
Brun lichen d’Islande
Flore espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles
PNV - Maurice Mollard
Les
Camarine hermaphrodite
Les milieux naturels, des lieux de vie - 97
Fiche-milieu n°8
En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés.
Saule glauque
Faune
Il
n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Ainsi, la musaraigne carrelet et l’hermine, aux activités tant nocturnes que diurnes, peuvent y être observées. Le renard roux, qui investit des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu’il consomme nombre de
PNV - Michel Delmas
PNV - Philippe Benoît
Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en HauteSavoie et dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’alpin. Sur la commune, il pousse vers le chalet Suiffet, mais également à l’extrémité du barrage du mont Cenis, à proximité du fort de Variselle.
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°8
Adaptée aux conditions climatiques extrêmes des crêtes ventées, dégagées de neige en hiver, l’azalée naine, aux fleurs roses et petites feuilles vertes persistantes, ne dépasse guère 10 cm de hauteur. Elle donne des petits fruits rouges globuleux de 3 mm de diamètre. Elle est souvent associée à une flore lichénique. Discrète mais pas rare à Lanslebourg-Mont-Cenis, on peut l’observer notamment sur les bosses ventées voisinant la Turra. Assez indifférent à la nature du substrat, le genévrier nain recherche en revanche les situations ensoleillées et arides. Cet arbrisseau pionnier souvent couché au sol est une espèce arctico-alpine* assez commune à l’étage subalpin des principales montagnes françaises. L’ancolie des Alpes se reconnaît à la forme particulière de ses fleurs, dont chacun des cinq pétales représente un cornet évasé, prolongé à la base par un éperon peu incurvé. Endémique* des Alpes occidentales, cette espèce protégée est rare et toujours peu abondante dans ses stations. Elle ne pousse pas exclusivement dans les landes ; on peut la rencontrer aussi dans les prairies fraîches et les forêts claires. À Lanslebourg-Mont-Cenis, elle fleurit vers la Ramasse, par exemple.
Ancolie des Alpes
98 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Musaraigne carrelet
PNV - Nathalie Tissot
à 2 100 m d’altitude (lire la fiche-espèce n°13). Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement. Dans les montagnes françaises, la végétation arbustive d’altitude accueille aussi le merle à plastron. Le mâle arbore un croissant blanc bien visible sur la poitrine, ce qui le distingue aisément du merle noir. C’est un oiseau migrateur bien répandu l’été. Du point de vue des reptiles, on n’y rencontre guère que la vipère aspic qui arbore parfois à ces altitudes une belle robe totalement noire. Le solitaire et l’azuré de la canneberge sont pour leur part deux papillons de jour inféodés à ces landes pour leur reproduction. En effet, les œufs de ces deux espèces sont pondus sur les feuilles de l’airelle et de la myrtille, qui sont les plantes hôtes des chenilles.
PNV - Ludovic Imberdis
Hermine (en pelage d’hiver)
Plus habitué des pelouses alpines et des éboulis, le lagopède alpin trouve néanmoins dans ces milieux, à la fois un refuge et un site propice à sa reproduction. Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat* naturel se limite à la zone de transition entre l’étage supérieur de la forêt et les pelouses (ou zone de combat) vers 1 900
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Renardeau dans la lande
Solitaire (accouplement)
Les milieux naturels, des lieux de vie - 99
Fiche-milieu n°8
rongeurs et autres petites proies, il s’alimente également des baies qu’il trouve dans ces landes (lire la fiche-espèce n°10). Le lièvre variable vient également s’y nourrir, principalement l’hiver.
Fiche-milieu n°8
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations
PNV - Philippe Benoît
D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. Autrefois, les landes et les forêts d’altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. La cueillette de baies reste une activité marginale.
Myrtille
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages montagnards. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilles rougissent l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’érosion, elles assurent la stabilité du manteau neigeux. On peut rencontrer dans les landes quelques espèces animales protégées, telles que le solitaire dont c’est l’unique habitat*. Les landes jouent un rôle de refuge pour certains animaux et constituent un gardemanger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies.
100 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les landes à rhododendrons représentent un des éléments privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. Le rôle de refuge de ces landes pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation.
Évolution et transformation du milieu Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Sur Lanslebourg-Mont-Cenis, les superficies occupées par les landes sont en extension, du fait de la nouvelle méthode de pâturage qui se pratique en alpage (système de parcage des bovins qui exclut les pentes autrefois pâturées). Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d’extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels).
Propositions de gestion Un retour du pâturage peut être envisagé, voire encouragé, dans le cas des landes secondaires* en extension. Si la commune souhaite maintenir, à l’échelle de son territoire, un certain équilibre entre les landes et les pelouses à bonne valeur pastorale, cela suppose une gestion pastorale adéquate. En effet, il est plus
Landes à éricacées vues depuis la Roche Forée
Les milieux naturels, des lieux de vie - 101
Fiche-milieu n°8
Dans un contexte d’extension de la lande et de diminution de la pression pastorale à l’échelle du territoire communal, mieux vaut voir se fermer les zones à moins bonne valeur pastorale et concentrer l’effort de contrôle de la lande sur les alpages les meilleurs.
PNV - Damien Hémeray
intéressant d’un point de vue pastoral d’avoir des pelouses d’alpage et des landes bien distinctes, plutôt que des petits îlots de landes au sein des alpages. La gestion par pâturage est alors plus efficace.
Fiche-milieu n°9
Sommaire
PNV - Damien Hémeray
Les pelouses d’altitude et les combes à neige
PNV - Damien Hémeray
Pelouse alpine au Cuchet
Pelouse alpine au-dessus du Plan des Trois Fontaines, avec vue vers le sommet de la Nunda
Les pelouses correspondent à des formations herbacées qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. Elles couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 800 m à Lanslebourg-Mont-Cenis) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages.
102 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Ce milieu se définit plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. Leur diversité est due à la combinaison de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du
Fiche-milieu n°9 substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages) et le type d’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions ou bien sur les replats ou pentes faibles de haute altitude longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur.
Sur des éléments fins pousse une pelouse particulière où sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Sur des éléments plus grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.
Lichens et champignons
De nombreux champignons se développent dans les pelouses d’altitude et les combes à neige. La calvatie en outre en est un exemple. Ce champignon subglobuleux blanc à gris brunâtre, qui s’ouvre à maturité afin de libérer ses spores, pousse dans les pelouses du mont Cenis.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 103
Pierre-Arthur Moreau
Russule de Norvège
Flore
Les
pelouses de Lanslebourg-Mont-Cenis sont principalement calcaires. On rencontre cependant quelques pâturages à nard raide sur les pentes du Lac Blanc. Cette espèce constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches. En-dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Dans les pelouses calcaires bien exposées,
104 - Les milieux naturels, des lieux de vie
qui couvrent par exemple le vallon situé au nord-ouest de Corne Rousse, la graminée dominante est la seslérie bleuâtre. Ses feuilles fermes et planes forment des touffes d’où se dressent des épis allongés bleu violacé à l’état jeune.
PNV - Philippe Benoît
Fiche-milieu n°9
Parmi les dryades à huit pétales, pousse le minuscule marasme des dryades. Son chapeau brun orangé est de la taille d’une tête d’épingle. Il existe dans les combes à neige tout un cortège de champignons associés aux différentes espèces de saules rampants (saule herbacé, saule à feuilles émoussées et saule à réseau). Plus de 300 espèces typiques de ce milieu ont été recensées dont des lactaires, des cortinaires et des russules. La russule de Norvège, de couleur purpurine, ainsi que le cortinaire appauvri sont des exemples typiques. Le lactaire nain est aussi une espèce des pelouses alpines qui pousse en compagnie de ces saules nains. C’est un des rares champignons capables de faire de l’ombre aux arbres !
Seslérie bleuâtre
Parmi le cortège d’ “herbes” des pelouses d’altitude, se rencontrent deux espèces protégées : la koelérie du mont Cenis et la luzule penchée. Cette dernière, présente en Vanoise seulement en vallée de Maurienne, n’est connue que d’une station à Lanslebourg-Mont-Cenis (en rive ouest du lac du mont Cenis). Elle est dans cette vallée en limite nord de son aire de répartition. C’est le cas également de la véronique d’Allioni dont les stations les plus septentrionales se situent en Haute Tarentaise. Cette petite plante aux feuilles rondes à ovales et aux fleurs bleu ciel groupées en grappes denses affectionnent les pelouses rocailleuses sèches de l’étage subalpin, comme celles situées sous le Plan des Arioux, en zone centrale du Parc national de la Vanoise. De nombreuses espèces de pédiculaires sont inféodées aux pelouses d’altitude. La pédiculaire du mont Cenis, avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, est une plante des pelouses rocailleuses. Cette espèce est peu commune en Vanoise, la pédiculaire rose pousse dans les pelouses fraîches d’altitude, etc.
Fiche-milieu n°9 PNV - Philippe benoît
PNV - Philippe Benoît
Pédiculaire rose
Silène de Suède
PNV - Ludovic Imberdis
L’aster des Alpes pousse dans les pelouses d’altitude sèches et bien exposées sur calcaire. Elle porte de gros capitules bleu violet pouvant atteindre plus de 4 cm de diamètre. C’est généralement sur calcaire que se développe la pensée éperonnée. Elle était cueillie et séchée autrefois pour réaliser des infusions contre la toux.
Aster des Alpes
L’arnica et le trèfle des Alpes, surnommé réglisse des montagnes, en raison de l’odeur de sa tige souterraine, sont deux plantes à la fois caractéristiques et fréquentes des pelouses acides fraîches. Facile à reconnaître à ses fleurs roses réunies en tête serrées au sommet de la tige, la silène de Suède est une espèce protégée des pelouses siliceuses exposées au vent.
Citons également la valériane celtique, une petite plante de montagne des pelouses rases rocailleuses sur sol acide. Présente en France uniquement en Haute Maurienne et très localement en Tarentaise, cette espèce très rare qui répand une odeur de poivre et de girofle était récoltée dans l’Antiquité pour la parfumerie. À Lanslebourg-MontCenis, elle n’est connue que dans le secteur du Lac Blanc. La polygale du piémont est une plante herbacée vivace, pouvant atteindre 40 cm de hauteur, qui se caractérise par une grappe de 5 à 30 fleurs roses. Cette plante subalpine pousse dans les pelouses d’altitude. Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu. Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, telles que celles qui bordent le Lac Blanc, est un arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut. Il y côtoie la laîche fétide, une “herbe” à inflorescence ovoïde, adaptée à la brièveté de la période de végétation. C’est aussi aux abords de ce lac que l’on peut trouver la laîche de Lachenal, une espèce d’“herbe” beaucoup plus rare et protégée.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 105
PNV - Marie-Généviève Bourgeois
PNV - Patrick Folliet
Fiche-milieu n°9
Jeune mâle de chamois (éterlou)
Pour cette dernière, les lieux doivent offrir un sol qui lui permet de creuser des galeries dans lesquelles elle s’abrite durant la belle saison et hiberne d’octobre à mars. Elle anime les pelouses de son cri destiné à alerter sa colonie en cas de danger tout autant qu’à entretenir les liens sociaux. Très aigu, celui-ci est très souvent confondu avec les sifflements d’un oiseau. À partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne dans une chambre de repos au sein d’un système complexe de galeries.
PNV - Maurice Mollard
Saule herbacé
Faune
Les oiseaux et les mammifères sont, parmi la faune vertébrée des pelouses d’altitude, les deux classes les mieux représentées. Les alpages constituent un des territoires de chasse du renard roux. Prédateur opportuniste, c’est le carnivore le plus répandu en France (lire la fiche-espèce n°9). Les pelouses font également partie des habitats de prédilection du chamois et de la marmotte, pour la ressource alimentaire qu’elles leur procurent.
106 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Laîche fétide
Marmotte (bagarre entre deux adultes)
La perdrix bartavelle fréquente les pelouses sèches entrecoupées de barres rocheuses et les pâtures extensives ensoleillées et pentues où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux comme le Cuchet dont le relief est accidenté, lui permettant ainsi de limiter les rencontres avec
PNV - Alexandre Garnier
l’alouette des champs sont attachées aux prairies et cultures, celles d’altitude sont inféodées aux seuls pâturages et alpages. C’est un oiseau des milieux très ouverts*, dépourvus d’arbres et de haies. Les couverts herbacés les plus ras d’où émergent des buttes constituent l’habitat* de prédilection du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs.
Perdrix bartavelle
PNV - Christophe Gotti
Typique des pelouses écorchées parsemées d’éboulis rocheux, en haute montagne, tels que ceux de la combe de Cléry, le lagopède alpin niche à même le sol, à l’abri d’un buisson et parfois sans aucune protection. Il fréquente aussi les landes alpines, principalement en versant nord, pour se nourrir de baies comme celles de la camarine hermaphrodite dont il est friand et en hiver
Lagopède alpin (femelle en plumage d’été)
de bourgeons dont ceux du rhododendron. Son plumage brun gris mimétique en été et blanc pur en hiver à l’exception des ailes qui restent blanches toute l’année et la queue noire, lui offre une forte capacité pour le camouflage. Alors que les populations de plaine de
Les pentes abruptes couvertes de graminées constituent l’habitat* de prédilection du moiré fauve, un papillon de jour aux ailes fauves traversées d’une large bande orange. Localisé mais assez abondant dans les Alpes et les Pyrénées, l’azuré de l’oxytropide fréquente typiquement les prairies maigres et les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu clair brillant bordée de noir audessus et la femelle une couleur brun noir, pond ses œufs sur des feuilles d’oxytropis et de sainfoin des montagnes. En voie de régression du fait de la diminution des milieux qui lui sont favorables, le grand apollon vole au dessus des pelouses sèches d’altitude, du mois de juin au mois d’août. Les pelouses et pentes rocailleuses, ainsi que les combes à neige de l’étage alpin ont la faveur du moiré cendré. Le nard raide constitue la plante hôte des chenilles de ce papillon boréoalpin*. Assez répandu et abondant dans les massifs internes des Alpes, l’azuré des soldanelles fréquente typiquement les pelouses et prairies de 1 600 à 2 700 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu gris largement bordée de gris sombre au-dessus et la femelle une couleur brune, pond ses œufs sur des androsaces.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 107
Fiche-milieu n°9
les prédateurs. Son chant évoque un claquement de castagnettes. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition.
Usages, intérêts économiques et représentations Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. Le territoire de Lanslebourg-Mont-Cenis compte plusieurs secteurs d’alpage en rive droite comme en rive gauche de l’Arc (liste des alpages, p.11). Les pelouses d’altitude sont l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette
valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée (ou non), notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. Ce sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Ces pelouses détiennent, en effet, une valeur récréative pour les touristes. Les pelouses d’altitude font partie des milieux exploités pour l’aménagement des pistes de ski.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la laîche de Lachenal, la valériane celtique, etc.) et présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.).
PNV - Damien Hémeray
Fiche-milieu n°9
Équilibre entre l’homme et son milieu
Alpage du Clot
108 - Les milieux naturels, des lieux de vie
grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt.
SMBRC - Thierry Delahaye
Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont pratiqués, compromettent le maintien de la valeur biologique et la qualité pastorale. L’utilisation d’engrais azotés organiques ou minéraux en vue d’améliorer certains alpages (comme au mont Cenis) appauvrit la diversité floristique, en favorisant quelques plantes compétitives et productives (par exemple, le dactyle aggloméré) au détriment de nombreuses autres espèces et de la diversité spécifique. Du fait du parcage des troupeaux de bovins en alpage, les pentes ne sont plus pâturées. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait se déprécier, voire disparaître définitivement.
Valériane celtique
À partir des années 1960, on a assisté, à l’échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. À Lanslebourg-Mont-Cenis, le cheptel, principalement bovin, a augmenté, alors que les surfaces pâturées diminuent (abandon des zones les plus pentues), entraînant l’extension de la lande et de l’aulnaie verte. Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que
CPNS - Philippe Freydier
Évolution et transformation du milieu
Vaches tarines en alpage au mont Cenis
Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils peuvent conduire à la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés
Les milieux naturels, des lieux de vie - 109
Fiche-milieu n°9
Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d’alpage. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter l’érosion.
Fiche-milieu n°9
peuvent provoquer leur empoisonnement. Le nivellement des pistes de ski détruit le micro-relief et la végétation elle-même. Or, en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d’altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faut plusieurs dizaines d’années pour retrouver le cortège floristique d’origine, lorsqu’il a disparu. Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d’altitude, même après une revégétalisation aujourd’hui maîtrisée.
Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de Lanslebourg-Mont-Cenis et conciliant les besoins de l’exploitation pastorale actuelle et le maintien de leur valeur pastorale et écologique. Ainsi par exemple, la fertilisation de certaines zones d’alpage, en favorisant un cortège d’espèces végétales nitrophiles, conduit à une dégradation de la valeur fourragère et de l’intérêt écologique des pelouses concernées. Un mode de gestion de la fertilisation adapté permettrait d’éviter de telles évolutions. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées
CPNS - Virginie Bourgoin
Aujourd’hui, le retour du loup en Haute Maurienne et les attaques potentielles sur les troupeaux ovins non gardés va modifier le pastoralisme à Lanslebourg-MontCenis. Le troupeau ovin, qui pâture
habituellement certains secteurs d’alpage en adret, n’est pas venu en 2005.
Pelouse fleurie au mont Cenis
110 - Les milieux naturels, des lieux de vie
La présence du loup sur le canton de Lanslebourg est désormais à intégrer dans la gestion des troupeaux et sera susceptible d’en modifier la conduite (parcage de nuit, conduite et gardiennage diurne). Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce
fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui serait ainsi banalisée, même si un réengazonnement en atténue l’impact paysager. Contrairement aux pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux des combes à neige, quand ils y sont présents et quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 111
Fiche-milieu n°9
comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé, afin d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la nonbiodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire*, des oiseaux insectivores en particulier.
Fiche-milieu n°10
Sommaire
PNV - Damien Hémeray
Les éboulis et les moraines
PNV - Damien Hémeray
Éboulis au plan des Cavales
Ancienne moraine du glacier du Lamet
Les
éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des
112 - Les milieux naturels, des lieux de vie
fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation. Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance gel-dégel, la pente et les précipitations
Fiche-milieu n°10 entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’évolution de la végétation et l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes.
Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la campanule alpestre et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. À Lanslebourg-Mont-Cenis, les éboulis calcaires sont les plus fréquents. On les trouve notamment sous la pointe du Chapeau. La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 113
Fiche-milieu n°10
Flore
Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, jusqu’à plus de 2 800 m d’altitude à Lanslebourg-Mont-Cenis (sous la pointe du Grand Vallon). Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses.
Les
PNV - Jacques Perrier
La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveaux espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis.
Benoîte rampante
114 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large.
Androsace alpine
De petite taille également, l’achillée naine fréquente les moraines siliceuses situées sous le col des Randouillards. À feuilles velues laineuses, elle a des propriétés aromatiques proches de celles des génépis. Elle entre dans la composition du thé suisse. Fait rarissime après plus de trois siècles d’études botaniques dans le massif du mont Cenis, des botanistes ont découvert, en 2004, une nouvelle espèce pour l’Arc alpin et la France : la laîche des glaciers. Fleurissant dans les éboulis calcaires de la combe de Cléry, cette petite plante très discrète n’était connue jusqu’alors que dans les régions proches du cercle arctique. Cette espèce dite arctico-alpine* souligne l’intérêt biologique de ce secteur de la commune (lire la fiche-espèce n°3). La pensée du mont Cenis est une plante peu commune, exclusivement liée aux éboulis (lire la fiche-espèce n°7). La campanule du mont Cenis, une plante
PNV - Christian Balais
et août. Ses feuilles alternes permettent de la différencier de l’arnica. Espèce protégée peu répandue en Vanoise, l’oxytropis fétide est une petite plante visqueuse couverte de glandes odorantes qui pousse sur les éboulis calcaires situés notamment entre la cime du Laro et le Signal du Petit mont Cenis jusqu’à 2 450 m. Les trois espèces de génépi : génépi des glaciers, génépi jaune et génépi vrai peuvent se rencontrer sur les éboulis et les moraines. Le génépi vrai est l’espèce qui croît le plus typiquement sur ces milieux ; les deux autres affectionnant davantage les rochers et falaises (lire la fiche-espèce n°8). En revanche, aucune de ces trois espèces n’est strictement liée à une nature de roche (acide/basique).
Campanule du mont Cenis
Faune Endémique* des Alpes occidentales, la campanule alpestre est une plante esthétique, rare en Savoie. Elle colonise les éboulis sur schistes et calcaires. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes qui pousse typiquement sur les éboulis de schistes calcaires, moins grossiers et moins mobiles que les éboulis de calcaire pur. Cette petite plante à rameaux couchés présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée au Cervin à 4 200 m. À Lanslebourg-Mont-Cenis, on peut la rencontrer sous la pointe du Grand Vallon jusqu’à 3 000 m d’altitude. Contrairement aux plantes petites ou naines citées précédemment, le doronic à grandes fleurs fait figure de plante exubérante. Typique et fréquente dans les éboulis calcaires à gros blocs, elle étale ses fleurs, de gros capitules jaunes, entre juillet
Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs (l’aigle royal et le renard). Comme c’est le cas pour le lagopède alpin qui fréquente aussi ce type de milieux, sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l’automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules (lire la fiche-espèce n°9). Les chamois traversent parfois les éboulis et les moraines, sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les
Les milieux naturels, des lieux de vie - 115
Fiche-milieu n°10
naine de 1 à 5 cm de haut à corolle bleu mauve en étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires dans l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente qui pousse par exemple vers le Lac Clair. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, cette campanule n’est pas endémique* du mont Cenis.
Fiche-milieu n°10
PNV
fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol.
PNV - Patrick Folliet
Merle de roche
Chamois
début juin à mi-août au-dessus des lieux herbeux secs parmi les éboulis et les rochers. Pour sa reproduction, il a besoin de la fétuque ovine sur laquelle il pond ses œufs. Le néméen et l’ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la même espèce de papillon de jour, évoluent dans les sites rocailleux d’altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes.
Équilibre entre l’homme et son milieu PNV - Philippe Benoît
Usages, intérêts économiques et représentations
Accenteur alpin
Plus craintif, le merle de roche fréquente les mêmes milieux lorsqu’ils sont bien exposés en adret. Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres “merles”. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification. Papillon présent en France uniquement sur l’Arc alpin, le chamoisé des glaciers vole de
116 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les éboulis et les moraines sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également fréquentés début août par les cueilleurs de génépi (lire la fiche espèce n°8). Cependant, les itinéraires d’altitude demeurent assez peu fréquentés à Lanslebourg-Mont-Cenis. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques, même s’il arrive à ceux-ci de les traverser. Cependant, l’abandon progressif du gardiennage des troupeaux ovins se traduit par une modification du comportement des moutons qui ont tendance à monter en altitude, en quête de fraîcheur, comme cela
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître.
Propositions de gestion Le maintien de la flore remarquable des éboulis et moraines est conditionné par la préservation de leur biotope et la nécessaire prise en compte des stations de ces espèces dans tout projet d’aménagement.
PNV - Damien Hémeray
L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est quasi nul, compte tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ces milieux sont par contre bien utilisés par le lièvre variable qui en apprécie les quelques plantes présentes, et pour lequel ils constituent des gîtes diurnes appréciés. Ils présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux, dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Sur le territoire communal, 18 espèces végétales d’intérêt patrimonial sont inféodées aux éboulis et moraines, soit 30 % de la totalité de ces espèces. Parmi celles-ci, cinq sont protégées (saxifrage des vaudois, oxytropis fétide, saule à dents courtes, etc.) et une nouvelle espèce pour les Alpes, la laîche
des glaciers, a été découverte récemment. Ces milieux contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de LanslebourgMont-Cenis. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.
Éboulis dans la combe de Cléry
Les milieux naturels, des lieux de vie - 117
Fiche-milieu n°10
a déjà été observé au pied du col du Grand Vallon. Par le passé, les éboulis ont fourni les matériaux pour la construction des chalets d’alpage.
Les rochers et les falaises
PNV - Damien Hémeray
Rochers du fort de Variselle
Les rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Au cours d’une même journée, ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit.
118 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Pierre-Marie Dubrulle
Fiche-milieu n°11
Sommaire
Rochers situés sous l’ancien fort de Malamot
Fiche-milieu n°11 Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat* de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale. En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature
siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. À Lanslebourg-Mont-Cenis, les groupements végétaux des substrats calcaires sont largement dominants (Corne Rousse, cime du Laro, signal du Grand mont Cenis). Les rochers siliceux sont plus rares (cime du Bard, pointe Droset). Ils sont essentiellement localisés au sud du territoire communal, à cheval sur la frontière italienne (en rive droite du ruisseau de la Cenise).
Flore
Les plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette
Les milieux naturels, des lieux de vie - 119
PNV - Philippe Benoît
Androsace helvétique
Avec ses fleurs blanches, la saxifrage fausse diapensie, rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise, est une espèce protégée qui fleurit sur les rochers calcaires, tels que ceux des Pierres Blanches, à proximité de la frontière avec l’Italie.
120 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Fiche-milieu n°11
de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. Particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent à haute altitude, l’androsace helvétique est une espèce très localisée des rochers calcaires ensoleillés, présente en France uniquement dans huit départements (Savoie, Haute-Savoie, Isère, HautesAlpes, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes maritimes, Drôme et Hautes-Pyrénées). Cette espèce naine, velue, formant des coussinets très denses et bombés est protégée et rare en France, mais peu menacée du fait de l’inaccessibilité de ses stations. À Lanslebourg-Mont-Cenis, elle est présente notamment dans les pentes situées sous la roche Michel.
Saxifrage fausse diapensie
Autre petite plante très rares des rochers et falaises calcaires d’altitude, la saponaire jaune est une espèce protégée, connue en France uniquement à Bramans et LanslebourgMont-Cenis (lire fiche-espèce n°6). Plante naine ne dépassant pas 7 cm de hauteur, la laîche faux pied-d’oiseau est une herbe à souche gazonnante d’où partent des feuilles fines nettement recourbées. Elle pousse dans les endroits rocailleux frais en altitude, sur substrat calcaire. Cette espèce protégée, rare, est très localisée et toujours peu abondante dans ses stations. Calcicole* également, le lis orangé pousse sur rochers exposés au sud (et parfois aussi dans les pelouses sèches rocailleuses), tels que ceux situés sous la carrière du Paradis. Victime de sa beauté, cette grande plante, atteignant 80 cm de hauteur, est devenue rare en France à la suite de cueillettes excessives et se replie aujourd’hui de plus en plus dans les zones difficiles d’accès. Espèce beaucoup plus commune des rochers calcaires, l’orpin noirâtre est une petite plante dite “grasse” (aux feuilles gorgées d’eau), dont les fleurs blanc crème sont souvent veinées de rouge. Alors que le polystic en forme de lance pousse aussi bien sur substrats siliceux que
PNV - Jacques Perrier
Présente sur les quelques rochers siliceux du Pas des Fenêtres, la silène du Valais est une espèce, ouest-alpine, rare en Vanoise : la localisation de ses stations se limitent à quelques communes de Haute Maurienne (Lanslebourg-Mont-Cenis, Bramans et Bessans). Une citation bibliographique datant de plus d’un siècle la donnait également présente à Bonneval-sur-Arc, mais la silène du Valais n’y a pas été revue depuis.
Faune Orpin noirâtre
PNV - Alfred Moulin
Faisant partie de ce cortège, l’éritriche nain, baptisé roi des Alpes, fleurit en juilletaoût jusqu’à près de 3 000 m d’altitude. Il est présent notamment vers la pointe Droset. De petite taille, entre 2 et 5 cm de haut, ce coussinet se recouvre de nombreuses fleurs bleu azur. La primevère du Piémont est une espèce des rochers siliceux, présente en France uniquement en Savoie, dans les HautesAlpes et les Alpes-de-Haute-Provence. C’est une plante protégée rare en France, mais encore bien représentée en Haute Maurienne et en Haute Tarentaise. On peut l’observer par exemple vers la combe de Crèvecœur.
Silène du Valais
Les adaptations de la faune aux milieux de falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur. L’hirondelle de rochers niche en petites colonies dans des cavités rocheuses, de préférence au soleil et à l’abri du vent et de la pluie. Elle se nourrit de petits insectes happés au vol, près de sa falaise, mais aussi au-dessus des cours d’eau et des prairies. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l’hirondelle de rochers s’installe en grande majorité dans le village (sous les toits, dans les granges ouvertes, etc.). Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge, n’est pas un oiseau strictement d’altitude, même s’il dépend lui aussi des reliefs très marqués qui lui fournissent des
Les milieux naturels, des lieux de vie - 121
Fiche-milieu n°11
calcaires, les rochers et falaises siliceuses accueillent également un cortège d’espèces plus strictement silicicoles*.
Fiche-milieu n°11
refuges inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s’alimenter (lire la fiche-espèce n°12).
PNV - Michel Bouche
sur place, face au vent et queue déployée. Oiseau de parois rocheuses, calcaires comme granitiques, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant, fréquente aussi volontiers, en hiver, les murs de grands édifices. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes.
L’aigle royal compte à Lanslebourg-MontCenis un couple reproducteur qui s’installe dans l’une des aires construites dans les falaises de la Madeleine. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux.
PNV - Jean-Pierre Martinot
Chocard à bec jaune
Tichodrome échelette
PNV - Joël Blanchemain
Non nicheur à Lanslebourg-Mont-Cenis, le gypaète barbu peut être observé survolant le territoire de la commune et notamment le versant sud, en quête de nourriture.
D’autres rapaces, tels que le faucon crécerelle, nichent dans les falaises plus ou moins inaccessibles. De la taille d’un chocard à bec jaune, c’est le plus petit des faucons nicheurs de Savoie. Il se caractérise par un vol typique dit du saint-esprit : vol
122 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Joël Blanchemain
Aigle royal
Gypaète barbu
Usages, intérêts économiques et représentations Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Savoie à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. Lanslebourg-Mont-Cenis ne compte aucun rocher ni falaise équipés pour l’escalade. L’aplomb de ces falaises est également fréquenté par les parapentistes et les “volivelistes” du fait des mouvements d’ascendance qu’elles engendrent. La pratique du parapente à Lanslebourg-Mont-Cenis existe surtout l’hiver, grâce à un départ possible depuis le domaine skiable. La carrière du Paradis a servi à construire le barrage du mont Cenis.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
Évolution et transformation du milieu À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact sur la flore de ces pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on essaie de tenir compte, pour leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable.
CPNS - Virginie Bourgoin
L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentielle-
ment dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables (saponaire jaune, androsace helvétique, saxifrage fausse diapensie, primevère du Piémont, etc.) L’utilisation des vires et des corniches de Lanslebourg-Mont-Cenis comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles que le faucon crécerelle, l’aigle royal, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois.
Ancienne carrière du Paradis
Les milieux naturels, des lieux de vie - 123
Fiche-milieu n°11
Équilibre entre l’homme et son milieu
Propositions de gestion À l’échelle communale et intercommunale, tout projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable de ces pratiques et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, pour assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites.
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°11
Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie.
Primevère du Piémont
124 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°12
Sommaire
PNV - Damien Hémeray
Les glaciers et les névés
Glacier du Lamet
Un glacier est un réservoir de glace issu du compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 500 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés aux frontières de la commune (glaciers du Lamet et du Bard). Malgré le climat assez sec qui caractérise la Haute Maurienne, la Lombarde, vent de sud-est venu d’Italie, apporte des précipitations qui fournissent en neige les glaciers de Lanslebourg-Mont-Cenis. Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédées au cours des temps géologiques. La succession
de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l’érosion glaciaire explique la suite de marches et de replats qui caractérise l’ensemble de la haute vallée. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon. Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°9).
Les milieux naturels, des lieux de vie - 125
Fiche-milieu n°12
Flore et faune
PNV - marie-Geneviève Bourgeois
Les basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid sur les glaciers. Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent
Chlamydomonas des neiges
126 - Les milieux naturels, des lieux de vie
à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs d’exploits sportifs. La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Ils constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.
Évolution et transformation du milieu
Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.
PNV - Christian Balais
Les glaciers de Lanslebourg-Mont-Cenis n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer. Il y a moins de 50 ans, le glacier du Lamet descendait presque jusqu’au Lac Clair, situé à 2 755 m d’altitude. Après l’avancée forte du “petit âge
glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers de Lanslebourg-Mont-Cenis et, plus largement, à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées. La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier.
Les glaciers, de précieux réservoirs d’eau douce
Les milieux naturels, des lieux de vie - 127
Fiche-milieu n°12
Aucun usage n’a cours, aujourd’hui, sur les glaciers de Lanslebourg-Mont-Cenis. En revanche, le glacier du Lamet était exploité par le passé : des blocs de glace étaient extraits et conduits jusqu’à Turin, afin d’alimenter les hôpitaux ainsi que les restaurateurs, à une époque où les congélateurs n’existaient pas encore.
Fiches-milieux - Conclusion
Sommaire
Conclusion L’ensemble
indépendamment les uns des autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sur tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux, participe à la protection contre les aléas climatiques. Elle génère des ressources propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente
CPNS - Philippe Freydier
des douze grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre, avec les écotones*, l’intégralité du territoire de la commune de Lanslebourg-MontCenis. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat* est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque, elle résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent souvent les milieux
Combe de Cléry
128 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiches-milieux - Conclusion PNV - Christophe Gotti
Le massif du mont Cenis, un secteur réputé pour sa flore
le panel d’espèces présentes) peut donc constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dans le contexte socioéconomique qui est le sien, tout en conservant une vision sur le long terme, chaque commune tendra vers un équilibre optimal des milieux. Le déplacement de cet équilibre étant fonction de facteurs naturels et humains, il y a des évolutions inéluctables et d’autres sur lesquelles il est possible d’intervenir. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. À Lanslebourg-Mont-Cenis, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en
compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières. Parmi les premiers milieux, on citera les quelques zones humides d’altitude, certaines falaises et les pelouses sèches qui hébergent des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats forestiers. En dehors de toute destruction directe, les zones humides craignent une modification de leur hydrologie, l’apport de matières organiques ou minérales et une trop forte fréquentation. En cours d’étude, le raccordement des réseaux d’assainissement de la commune à la station d’épuration du Salet devrait gommer les insuffisances du
Les milieux naturels, des lieux de vie - 129
Fiches-milieux - Conclusion
prairies, de continuer à entretenir un certain nombre d’entre elles de façon extensive, comme c’est le cas au Cuchet et aux Rochasses par exemple. Les alpages représentent le cas remarquable d’un écosystème dont le type d’exploitation séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère. Lorsque les troupeaux ne sont pas conduits, ni parqués, les conséquences peuvent être les suivantes : abandon des sites difficiles, surpâturage d’autres secteurs, dégradation de milieux humides. La prise en compte plus systématique des espèces et des milieux phares en amont de l’élaboration des plans de pâturage pourrait être un des éléments favorisant la préservation de la valeur patrimoniale de ces milieux. Pour la plupart de ces milieux naturels et semi-naturels, supports d’activités humaines, la commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation des milieux et les enjeux économiques qui s’y
PNV - Damien Hémeray
système actuel lors des pics de fréquentation. La présence, dans les pelouses sèches de Lanslebourg-Mont-Cenis, d’une des quatre stations connues en Savoie de dracocéphale d’Autriche, ainsi que celle de la pulsatille de Haller, confère à ce milieu une valeur biologique inestimable qu’il est indispensable de conserver pour que la commune garde sa particularité floristique. Quant aux falaises, refuge d’une faune et d’une flore sensibles et très spécialisées (un couple nicheur d’aigle royal mène un jeune à l’envol presque chaque année), elles méritent une attention particulière dans l’aménagement du territoire communal et dans la gestion de la fréquentation (escalade, parapente). Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne. Il est important, dans l’optique de conserver une part de la biodiversité spécifique de ces
Prairie de fauche d’altitude au hameau du Cuchet
130 - Les milieux naturels, des lieux de vie
À partir des années 1950, les activités touristiques d’hiver liées à la neige se sont beaucoup développées. L’aménagement des domaines skiables a eu pour conséquence une modification profonde des milieux et du micro-relief. Cette anthropisation des milieux favorise l’introduction d’espèces plus banales que celles du milieu d’origine, ce qui appauvrit leur intérêt floristique et faunistique. Les équipements associés à la pratique du ski alpin (téléskis, télécabines, etc.) ont également des conséquences importantes sur certaines espèces de faune telles que le tétras-lyre (destruction des places de chant pour l’installation de gares de départ ou d’arrivée, mortalité accrue liée
aux impacts des oiseaux en vol avec les câbles de téléski et les lignes électriques). Des dispositifs de visualisation des câbles dangereux et la création d’espaces de tranquillité sont des mesures nécessaires à l’accomplissement du cycle vital de ces espèces et souvent simples à mettre en œuvre. Le massif du mont Cenis entendu au sens large, c’est à dire avec la combe de Cléry, est un secteur réputé pour sa très grande richesse floristique (depuis le XVIe siècle) et compte, d’année en année, au gré des prospections, de nouvelles espèces (dracocéphale d’Autriche et laîche des glaciers, découverts en 2004). Il accueille également une faune riche et parfois endémique*. Territoire d’exception apprécié et fréquenté des locaux comme des vacanciers, ce site est également porteur d’une partie riche de l’histoire communale.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 131
Fiches-milieux - Conclusion
rapportent. Il est prévu que tout projet d’équipement s’accompagne de mesures compensatoires garantissant l’avenir des populations d’espèces menacées, aussi bien végétales qu’animales.
Fiches-espèces
Regard sur quelques espèces
La laîche maritime Il existe de très nombreuses espèces “d'herbes” d'apparence similaire pour le non-spécialiste. Parmi elles, la famille des cypéracées regroupe essentiellement des laîches qui, avec différentes espèces de la famille des joncacées, constituent la majeure partie de l’”herbe” des zones humides. Il existe environ 50 espèces de laîches en Vanoise. La laîche maritime (Carex maritima) est protégée et très rare en France.
épi solitaire, court, compact et globuleux, vert jaunâtre
tige lisse et presque cylindrique, d'abord dressée, puis arquée à maturité
PNV - Philippe Benoît
feuilles enroulées sur elles-mêmes ; ne dépassant pas la moitié de la tige
épi solitaire, noirâtre Laîche maritime (H = 3 à 10 cm) feuilles planes et plus larges PNV - Jean-Philippe Quittard
tige trigone et scabre* plante n'émettant pas de stolons, contrairement à la laîche maritime Laîche fétide
Écologie
Plante vivace des étages subalpin et alpin, la laîche maritime se développe sur sol humide à gorgé d'eau, dans les alluvions glaciaires, caillouteuses et les bords des torrents. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l'espèce est connue depuis 1 920 m d'altitude jusqu'à 2 560 m vers le Plan des Cavales (mont Cenis). L'inflorescence s'épanouit de juillet à août. La laîche maritime est souvent compagne de la laîche bicolore.
Intérêts biologiques et valeurs d'usage
Témoin d'époques glaciaires très anciennes, la laîche maritime est une plante relique* qui ne se trouve plus que dans les Alpes et les régions arctique et antarctique (elle est dite “bipolaire”). Cette espèce protégée est présente en France dans seulement deux départements alpins : la Savoie et les Hautes-Alpes. Elle est très rare et toujours très localisée. Elle
Regard sur quelques espèces - 135
Fiche-espèce n°1
Sommaire
Fiche-espèce n°1
PNV - Michel Delmas
doit sa rareté au fait qu'elle n'occupe qu'un type de zone humide d'altitude. Il s'agit des formations pionnières alpines du Caricion bicoloris-atrofuscae. À l'échelle des Alpes, la Savoie abrite une bonne part des stations les plus riches et représentatives de ce type de milieu naturel. Par ailleurs, les sept autres espèces caractéristiques de ce groupement végétal (laîche rouge-noirâtre, laîche à petites arêtes, laîche bicolore, trichophore nain, cobrésie
Zone à laîche humide
simple, jonc arctique et tofieldie naine) sont toutes des plantes arctico-alpines* rares à très rares, protégées et pour six d'entre elles, inscrites au livre rouge national de la flore menacée de France.
Menaces
La
laîche maritime est une petite plante discrète qui ne présente pas une grande valeur esthétique et de fait n'est pas menacée par la cueillette.
L'interaction directe entre l'homme et cette plante est relativement limitée, mais sa forte dépendance vis-à-vis du milieu très spécialisé dans lequel elle pousse, la rend très vulnérable à toute modification de son habitat. Les pratiques les plus dommageables sont les suivantes : - toute action susceptible de modifier la quantité (barrage, captage, drainage, etc.) ou la qualité (enrichissement de l'eau en matières organiques, etc.) de l'eau qui alimente le milieu ; - tout aménagement risquant de détruire le milieu (terrassement, création de pistes, etc.) ; - le surpiétinement engendré par le bétail près des points d'abreuvement. En l'absence de facteurs mécaniques de rajeunissement de son milieu (lire la fichemilieu n°3), les stations les plus basses de la laîche maritime tendent à disparaître, colonisées par une végétation plus banale.
Protection et propositions de gestion
Du fait de la rareté de son milieu, la laîche maritime a été classée espèce protégée. D'autre part, la préservation de ses milieux est une priorité au sein de l'Union européenne (via la Directive Habitats). Afin de pérenniser ses populations, il faut garantir la quantité et qualité de l'eau dont elle dépend. C'est un des objectifs de la mise en place du réseau Natura 2000.
Le saviez-vous ? • Les feuilles des laîches sont souvent riches en silice, ce qui les rend coupantes et peu consommables par le bétail. • La laîche maritime, également appelée laîche à feuilles de jonc, tient son nom au fait qu'elle est connue également sur les sables littoraux du Nord de l'Europe.
136 - Regard sur quelques espèces
Le sabot de Vénus Il existe environ 150 à 200 espèces d'orchidées en France, mais aucune d'entre elles ne ressemble au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= aphrodite) et du latin calceus (= chaussure), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge, se caractérise par la forme en sabot de son labelle*. C'est une orchidée spectaculaire, la plus grande de France et d'Europe. Cette plante intégralement protégée est encore bien présente dans les forêts de Lanslebourg-Mont-Cenis.
labelle* long de 4 à 5 cm, jaune vif luisant et renflé, revêtu intérieurement de poils visqueux tige anguleuse et rude au toucher
PNV - Frédéric Fima
3 à 5 grandes, longues et larges feuilles, ovales lancéolées et à nervures saillantes
Sabot de Vénus
Écologie
Intérêt écologique
Espèce
Le
vivace des étages montagnard et subalpin, le sabot de Vénus est une plante de mi-ombre qui affectionne les forêts claires et les clairières sur substrat calcaire à neutre et frais au moins en profondeur. Il pousse en petites colonies ou en fortes touffes. Le sabot de Vénus est présent dans la forêt d'Arc et le bois de Fontaniou, où il fleurit de fin mai à début juillet.
sabot de Vénus possède une aire de répartition géographique largement circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du Nord). En Europe, il a disparu de Belgique et du Luxembourg. En France, il est rare de la Lorraine aux Alpes et très rare dans les Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise, il est connu actuellement dans 17 des 28 communes du Parc national de la Vanoise. À
Regard sur quelques espèces - 137
Fiche-espèce n°2
Sommaire
un réservoir exceptionnel pour la conservation du sabot de Vénus.
Menaces
Protection et propositions de gestion
À l'échelle de ses stations françaises, cette orchidée spectaculaire est menacée par la cueillette et l'arrachage par des promeneurs, ainsi que par la destruction de ses stations lors d'aménagements et d'exploitations forestières. Malgré sa protection intégrale, certains pieds de sabot de Vénus sont encore cueillis. L'évolution de ses habitats par densification du couvert forestier lui est aussi défavorable. Compte tenu de l'assez bonne représentation de l'espèce en Vanoise, ce territoire constitue
Le sabot de Vénus fait partie des orchidées protégées en France ; à ce titre, sa cueillette est interdite. D'intérêt européen, il compte parmi les très rares espèces que l'Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive “Habitats” - annexe 2). Le maintien de l'espèce passe notamment par une sensibilisation du public et une information des touristes sur son statut d'espèce protégée.
PNV - Christian Balais
Fiche-espèce n°2
Lanslebourg-Mont-Cenis, il peut présenter localement de belles populations.
Fleur de sabot de Vénus
Le saviez-vous ? • Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale, hélas à juste raison. En effet, il a disparu de plusieurs des départements français où il était autrefois présent. C'est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on l'utilisait entre autres aux siècles passés à l'occasion de fêtes populaires), qui ont provoqué sa disparition de régions entières, Alsace, Auvergne, etc. • Il a été choisi comme emblème par la Société Française d'Orchidophilie. • Comme toutes les orchidées, le sabot de Vénus est un symbiote obligatoire. C'est à dire qu'il ne peut germer, croître et fructifier en l'absence d'un champignon vivant dans le sol.
138 - Regard sur quelques espèces
La laîche des glaciers Il existe de très nombreuses espèces “d'herbes” d'apparence similaire pour le non-spécialiste. Parmi elles, la famille des cypéracées regroupe essentiellement des laîches. Il existe environ 50 espèces de laîches en Vanoise. Parmi celles-ci, la laîche des glaciers (Carex glacialis) a été découverte pour la première fois en France dans la combe de Cléry, au cours de la session de la Société Botanique de France en juillet 2004. Cette nouvelle espèce de la flore des Alpes se distingue assez aisément des autres espèces de laîches.
unique épi mâle terminal, court et grêle
trois épis femelles, composés de peu de fleurs
tige dressée, lisse et nue
feuille de l'année, étroites (1 à 2 mm), pliées en “V”, rugueuses au toucher et dressées
nombreuses feuilles et tiges desséchées des années précédentes
PNV - Joël Blanchemain
plante naine formant des touffes denses
Laîche des glaciers (H = 3 à 10 cm)
Écologie
Petite plante vivace de l'étage alpin, la laîche des glaciers colonise, dans la combe de Cléry à Lanslebourg-Mont-Cenis, des éboulis calcaires stables situés entre 2 400 et 2 500 m d'altitude, exposés à l'ouest et au nord-ouest.
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Témoin d'époques glaciaires très anciennes, la laîche des glaciers est une plante relique qui se trouve dans la région circumboréale* et dans les Alpes.
Regard sur quelques espèces - 139
Fiche-espèce n°3
Sommaire
Fiche-espèce n°3
Actuellement, cette espèce n'est connue en France et dans toute la chaîne alpine que dans la combe de Cléry. En dehors de cette station savoyarde, la laîche des glaciers est localisée en Alaska, au nord du Canada, au Groenland, en Islande, en Norvège, en Suède, au nord de la Finlande et en Sibérie.
l'échelle nationale et tout projet risquant de porter atteinte à son habitat et ses populations pourrait remettre en cause la survie de l'espèce.
Menaces
Du fait de la rareté la laîche des glaciers, la
La laîche des glaciers est une petite plante
protection réglementaire de cette espèce est en cours d'étude. Afin de pérenniser ses populations, il faut préserver son milieu de vie. Cette laîche, nouvelle pour la France, mériterait des compléments d'études, y compris génétiques, afin de mieux appréhender son statut en Vanoise, par rapport aux populations des autres régions de la planète.
PNV - Joël Blanchemain
discrète et de localisation très circonscrite. Elle ne présente pas une grande valeur esthétique. Elle risque cependant d'être cueillie par les botanistes, pour leur herbier. L'interaction directe entre l'homme et cette plante est relativement limitée. Sa vulnérabilité vient de sa grande rareté à
Protection et propositions de gestion
La laîche des glaciers dans son biotope
Le saviez-vous ? • À l'échelle de l'Arc alpin et même en France, les découvertes de nouvelles espèces de flore restent exceptionnelles de nos jours.
140 - Regard sur quelques espèces
L’hysope officinale L'hysope officinale (Hyssopus officinalis) est une plante aromatique comme de nombreuses espèces de la famille des lamiacées (thym, romarin), à laquelle elle appartient. Facilement reconnaissable à ses nombreuses tiges ligneuses à la base, dressées en petits buissons et à sa senteur particulière, fine et capiteuse, l'hysope est réputée pour ses nombreuses vertus médicinale, alimentaire, ornementale et nectarifère.
fleurs bleues inflorescence unilatérale
feuilles linéaires-lancéolées, ciliées
PNV - Maurice Mollard
plante ligneuse à la base, à rameaux dressés
Hysope officinale
Écologie
Espèce vivace des étages collinéen et montagnard, l'hysope officinale est une plante des prés secs et steppiques, surtout sur sol calcaire. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l'hysope officinale se développe sur les adrets du territoire communal. Elle fleurit aux mois d'août et septembre.
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
L'hysope officinale est une plante d'origine méditerranéenne, qui croît dans le Midi, les Alpes, les Pyrénées et le Sud-Ouest, depuis les rivages jusqu'à 2 000 m d'altitude. Dans les Alpes, elle ne fleurit que dans les vallées sèches internes. Au sein de l'espace-Parc,
Regard sur quelques espèces - 141
Fiche-espèce n°4
Sommaire
Fiche-espèce n°4
l'hysope est présente uniquement en Maurienne, où elle est rare. Dans le reste du massif de la Vanoise, des stations de l'espèce sont connues sur les adrets de Tarentaise, à Brides, Aime, etc. Comme l'indique son nom, l'hysope officinale est une plante aux nombreuses propriétés médicinales. Très aromatique, elle est utilisée également pour la confection de liqueurs ou pour parfumer les plats.
Menaces
Cette plante xéro-thermophile, c'est-à-dire qui aime la sécheresse et la chaleur, ne pousse que sur les coteaux secs. Espèce de milieux ouverts, elle "souffre" essentiellement de la fermeture de ses biotopes par les ligneux (genévrier, épine-vinette, églantiers, etc.). Si elle n'est pas raisonnée ou régulée, la cueillette, dont l'hysope fait l'objet à des fins alimentaires et médicinales, peut avoir également un fort impact sur les populations de cette espèce. Protection et propositions de gestion
Afin de garantir un avenir à cette plante, il
PNV - Maurice Mollard
importe de maintenir les pelouses ouvertes par contrôle des ligneux (si besoin) puis pâturage extensif. La cueillette des brins d'hysope doit être pratiquée de manière raisonnée, afin de ne pas porter atteinte à la survie de l'espèce et donc, préserver cette pratique traditionnelle.
Hysope officinale
Le saviez-vous ? • L'hysope officinale a été apportée en Europe par les moines bénédictins pour parfumer les liqueurs (la Bénédictine et la Chartreuse). • Les feuilles d'hysope ont un goût un peu amer avec un goût de sauge mêlé à celui de la menthe et peuvent être ajoutées aux légumes et aux plats de viande. • Médicalement, l'hysope était utilisée de façon interne, en infusion ou en sirop, d'une part pour calmer la toux, soulager les bronchites et les autres affections respiratoires et d'autre part pour stimuler la digestion. En usage externe, elle s'emploie en bains toniques, en gargarisme contre les angines, en décoction (dans des compresses) pour soigner les contusions et les blessures (effets vulnéraire* et cicatrisant).
142 - Regard sur quelques espèces
La pulsatille de Haller Parmi les cinq pulsatilles présentes en Savoie, la pulsatille de Haller (Pulsatilla halleri) est la seule pulsatille à fleurs violettes d'altitude. Sa couleur la distingue aisément des autres pulsatilles, qui arborent des tons blancs (pulsatille des Alpes, pulsatille des Alpes cottiennes et pulsatille printanière) ou jaune (pulsatille soufrée).
feuilles basales à lobes linéaires, soyeux et brillants
CPNS - Virginie Bourgoin
CPNS - Virginie Bourgoin
fleurs violettes
Pulsatille de Haller
Écologie
Espèce vivace des étages subalpin et alpin, la pulsatille de Haller est une plante de milieux secs. Elle affectionne les pelouses d'altitude, rocailleuses et sèches, sur substrat de préférence calcaire. À Lanslebourg-MontCenis, elle n'est connue qu'au mont Cenis, dans les secteurs secs et rocailleux, en marge de la carrière du Paradis. Pendant sa floraison, de mai à juillet, la pulsatille de Haller mesure
La pulsatille de Haller en fleurs et en fruits
de 8 à 20 cm de hauteur ; elle continue de croître à la fructification et peut dépasser 30 cm).
Intérêts biologiques
La pulsatille de Haller est une endémique* ouest-alpine, très rare, présente dans les Alpes et les Préalpes d'Europe. En France, sa distribution s'étend sur six départements : Savoie, Drôme, Isère, Hautes-Alpes, Alpes-
Regard sur quelques espèces - 143
Fiche-espèce n°5
Sommaire
Fiche-espèce n°5
de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes. En Savoie, l'espèce est répertoriée uniquement dans deux communes de Vanoise : Lanslebourg-Mont-Cenis et Bonneval-sur-Arc.
Protection et propositions de gestion
La
Menaces
C'est
proche constitue une menace potentielle pour sa survie.
la faible étendue de son aire de répartition qui constitue la principale vulnérabilité de la pulsatille de Haller en France. Tout aménagement réalisé sur les stations de l'espèce ou dans son environnement
pulsatille de Haller est inscrite sur la liste des espèces protégées. Sa cueillette est donc interdite. Étant donné la rareté des stations de l'espèce en France, toute atteinte portée à son environnement, ou plus directement à ses populations, est à proscrire, au risque de compromettre la survie de la pulsatille de Haller.
Répartition de la pulsatille de Haller en Vanoise en 2004
Le saviez-vous ? • On confond souvent les anémones et les pulsatilles. Seules les pulsatilles possèdent un fruit surmonté d'une aigrette plumeuse, favorisant leur dispersion par le vent.
144 - Regard sur quelques espèces
La saponaire jaune Joyau
de la flore alpine, la saponaire jaune (Saponaria lutea) fait partie des plantes endémiques des Alpes de l'Ouest, extrêmement rare et intégralement protégée. Par sa distribution géographique très localisée en France (deux communes de Haute Maurienne), sa petite taille et la couleur de ses fleurs, on ne peut la confondre avec aucune autre espèce.
fleurs réunies en tête, serrées au sommet de la hampe florale pétales jaune crème, au cœur violet sombre tige dressée à feuilles linéaires
PNV - Michel Delmas
plante formant des touffes
Écologie
Plante vivace à souche ligneuse des étages subalpin et alpin, la saponaire jaune pousse dans les pelouses rocailleuses plus ou moins écorchées, ainsi que les rochers, sur substrat généralement calcaire. La floraison a lieu en juillet-août. À Lanslebourg-Mont-Cenis, elle pousse de 1 900 à 2 350 m d'altitude, dans plusieurs secteurs tels que les environs de la carrière du Paradis, dans la combe de Crèvecoeur, etc.
Europe, elle est présente de manière toujours très localisée, en Suisse (canton du Tessin), en Italie (provinces du Val d'Aoste, de Turin et de Novara) et en France. Sa répartition française se limite à quelques stations en Haute Maurienne, au mont Cenis (Lanslebourg-Mont-Cenis) ainsi que dans le vallon de Savine (Bramans).
Menaces
Du
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
La
saponaire jaune est une espèce endémique* ouest-alpine, très rare. En
fait de la rareté et de la localisation géographique restreinte de ses stations, l'espèce est très vulnérable à toute cueillette et tout aménagement susceptible de porter atteinte à ses populations, tel que la construction du barrage du mont Cenis qui a
Regard sur quelques espèces - 145
Fiche-espèce n°6
Sommaire
Fiche-espèce n°6
détruit d'importantes stations dans les années 1960. Actuellement, ses populations semblent bien se maintenir. Cependant, tout projet d'aménagement sur les stations de l'espèce ou dans son environnement proche à Lanslebourg-Mont-Cenis, risquerait de détruire un nombre conséquent de ses stations, vu sa rareté, et de compromettre la survie de la saponaire jaune.
Protection et propositions de gestion
La saponaire jaune est protégée en France. Sa cueillette est interdite. L'avenir de cette espèce passe par la préservation de ses stations.
Répartition de la saponaire jaune en Vanoise
Le saviez-vous ? • Le nom générique de saponaire signifie “savonneux”. Cela provient de la caractéristique des racines et des feuilles de la saponaire officinale (une "cousine" de la saponaire jaune), utilisables pour faire du savon, qui serait excellent pour les linges âgés et délicats. C'est la saponine que contient la plante qui fait la mousse. La saponaire officinale est utilisée en usage externe pour traiter les irritations cutanées, l'acné et l'eczéma.
146 - Regard sur quelques espèces
La pensée du mont Cenis Parmi la vingtaine de violettes et pensées de Savoie, la pensée du mont Cenis (Viola cenisia), est une petite pensée des hautes montagnes. Malgré son autre nom de "violette du mont Cenis", elle se distingue des violettes (appartenant également au genre Viola) par la position dressée de quatre de ses cinq pétales, alors que les violettes ne comptent que deux pétales dressées sur les cinq. Parmi les pensées de montagne, la pensée du mont Cenis est souvent confondue avec la pensée éperonnée (Viola calcarata), dont elle se distingue par ses fleurs plus grandes, toujours unicolore, violette avec le cœur plus foncé, par son port rampant et son biotope exclusivement lié aux éboulis.
fleurs violet vif, tachées de jaune et de violet plus sombre au centre
PNV - Louis Bantin
pétale inférieur (y compris éperon) long de 20-25 mm
feuilles entières, ovales Pensée du mont Cenis (H = 3 à 10 cm)
tige toujours dressée, pouvant atteindre 30 cm de hauteur pétales de couleur bleu-violet, jaune, blanc, parfois bigarrée
PNV - Jacques Perrier
feuilles dentées, les supérieures ovales à lancéolées plante principalement de prairies et pâturages Pensée éperonnée
Écologie
Espèce vivace de l'étage alpin, la pensée du mont Cenis est une plante typique des éboulis calcaires. Elle fleurit de juin à août. Parmi les sites dans lesquels elle pousse à LanslebourgMont-Cenis, se trouvent le cirque de la pointe
du Lamet et les éboulis des Trois Dents. Elle fleurit entre 1 900 et 2 600 m d'altitude, en compagnie d'autres plantes typiques des éboulis, telles que la benoîte rampante, le tabouret à feuilles rondes, la linaire alpine, la campanule alpestre, l'oxytropide fétide, etc.
Regard sur quelques espèces - 147
Fiche-espèce n°7
Sommaire
Fiche-espèce n°7
Intérêts biologiques
La pensée du mont Cenis possède une aire de répartition géographique ouest-alpine (Italie, Suisse et France). En France, elle s'étend du nord au sud des Alpes et des Préalpes. Plutôt rare, elle n'est connue en Savoie qu'en haute Maurienne, à Lanslebourg-Mont-Cenis. Menaces
La faiblesse des populations de pensée du
Protection et propositions de gestion
Seules la violette élevée et la violette pennée sont protégées en Savoie. La pensée du mont Cenis, malgré sa rareté, n'est pas inscrite sur les listes de protection. En revanche, elle figure dans la liste des plantes remarquables de Vanoise et fait donc l'objet d'un inventaire systématique de la part des gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise.
PNV - Maurice Mollard
mont Cenis induit une forte sensibilité de l'espèce à toute atteinte, et notamment les aménagements de la haute montagne (pistes
diverses, etc.). En raison de la localisation de ses stations, cette pensée ne semble pas menacée par la cueillette.
La pensée du mont Cenis dans son biotope
Le saviez-vous ? • La pensée du mont Cenis est une espèce typique des éboulis. À ce titre, elle est très bien adaptée à la nature “instable” des matériaux qui constituent son milieu : sa tige souterraine produit de nombreux rhizomes qui lui permettent de s'ancrer sur son support et de permettre la multiplication de la plante.
148 - Regard sur quelques espèces
Les génépis Parmi les trois espèces de génépis présentes
en Vanoise : génépi des glaciers (Artemisia glacialis), génépi vrai (Artemisia genipi) et génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube. inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige) fleurs jaunes, poilues à l’extrémité
PNV - Michel Delmas
feuilles toutes pétiolées
Génépi jaune inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact
PNV - Louis Bantin
fleurs jaunes non velues feuilles sans pétiole
Génépi vrai
fleurs jaune doré, non velues PNV - Philippe Benoît
inflorescence formée de capitules disposés à l'extrémité de la tige en tête plus ou moins arrondie
Génépi des glaciers
Écologie
Ces trois espèces de génépi sont des plantes vivaces à souche gazonnante. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu'à 3 000 m
d'altitude. Leurs racines ne sont pas très profondes. Lors d'une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent de la fin juillet à la mi-août. À LanslebourgMont-Cenis, on peut observer les génépis
Regard sur quelques espèces - 149
Fiche-espèce n°8 n°6
Sommaire
Fiche-espèce n°8
sous la pointe du Grand Vallon, dans la combe de Cléry, vers la pointe du Lamet, etc.
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Les
PNV - Christian Balais
populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l'arc alpin. En France, le génépi vrai est également présent dans les Pyrénées. Ces plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les touristes, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation.
Le génépi vrai dans son biotope
Menaces
Les
génépis sont victimes d'une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée.
L'arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de leurs populations. La surexploitation et l'arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme.
Protection et propositions de gestion
La cueillette des génépis est réglementée en Italie, en Suisse et dans la plupart des départements alpins français. Ce n'est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre, hormis dans les espaces protégés (Parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté du biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis, la cueillette du génépi avait été limitée dans certaines communes de Vanoise à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la "ressource". Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante (dans les secteurs où la cueillette est autorisée) et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l'ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d'une touffe mais en laisser systématiquement quelquesuns afin d'assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.
Le saviez-vous ? • Le génépi vrai ou génépi mâle est utilisé depuis le Moyen Âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Il faut en consommer avec modération, dans la mesure où le génépi présente la particularité d’être un tonique cardiaque.
150 - Regard sur quelques espèces
Le lièvre variable Le lièvre variable (Lepus timidus) est apparenté au lièvre commun (L. europaeus), mais il présente la particularité de changer la couleur de son pelage en fonction de la saison. Malgré son poids et sa taille assez proches de ceux du lièvre commun, le lièvre variable se distingue également par son corps plus ramassé et ses oreilles courtes, ce qui correspond à une adaptation aux milieux froids : la réduction de la surface corporelle limite les pertes de chaleur. Bien que l'on puisse rencontrer ces deux espèces entre 1 200 et 2 000 m d'altitude, le lièvre brun fréquente des altitudes plus basses, alors que le lièvre variable peut atteindre la limite des glaciers (jusqu'à 3 000 m d'altitude).
oreilles courtes (6 à 10 cm)
PNV - Maurice Mollard
pelage hivernal blanc, sauf l'extrémité noire des oreilles (pelage estival gris-brun) queue toujours blanche, hiver comme été Lièvre variable en livrée hivernale
extrémité des oreilles et dessus de la queue noirs
PNV - Maurice Mollard
longues oreilles (12 à 14 cm) pelage gris brun toute l'année
Lièvre commun
Écologie
Le lièvre variable habite la partie sommitale des forêts et les alpages. Bien que présent classiquement au-dessus de 1 800 m
d'altitude, on peut le rencontrer à partir de 1 300 m en hiver. C'est un animal nocturne et crépusculaire. Le lièvre variable se nourrit d'herbe, de mousses, de baies, d'écorces et de bourgeons.
Regard sur quelques espèces - 151
Fiche-espèce n°9
Sommaire
En Europe, la répartition du lièvre variable comprend la chaîne alpine, l'Islande, l'Irlande, l'Écosse et la Scandinavie, ainsi que l'Eurasie, jusqu'au nord du Japon. En France, les populations de l'espèce sont surtout alpine (Alpes et Préalpes). Dans les Pyrénées, une tentative d'introduction a été menée, mais est restée infructueuse. En Vanoise, le lièvre variable fréquente la quasi-totalité du territoire de l'espace-Parc. Cependant, ses nombreux déplacements, pour la reproduction et la quête de nourriture, rendent difficile la connaissance de sa répartition et de son abondance réelle, ou ses fluctuations de population.
En France, le lièvre variable est une espèce sensible : son aire de répartition occidentale est fragmentée et la France se trouve en limite d'aire de répartition. C'est une combinaison de facteurs liés, en particulier, à l'artificialisation du milieu alpestre, qui peut fragiliser les populations de lièvre variable : équipement de la haute montagne, ouverture de nouvelles pistes (pastorale et de ski) qui accroissent la fréquentation de certains sites, etc.
PNV - Nicolas Bayard
Intérêts biologiques
Menaces
Traces de lièvre variable dans la neige
PNV - Ludovic Imberdis
Fiche-espèce n°9
La période de reproduction se situe entre février et août. Chaque femelle peut avoir deux à trois portées de deux à cinq petits par an. Les levrauts naissent avec leur pelage complet et les yeux ouverts, ils sont capables de se déplacer.
Lièvre variable en été
152 - Regard sur quelques espèces
Le lièvre variable, classé comme une espèce
PNV - Philippe Benoît
gibier en France, peut être chassé pendant les période d'ouverture de la chasse. Il ne fait pas l'objet d'un plan de chasse, mais les chasseurs sont tenus de déclarer le
nombre de lièvres tués dans un carnet de prélèvement Dans la mesure où l'on méconnaît les effectifs du lièvre variable, on évalue difficilement l'impact des prélèvements actuels sur les populations. La préservation de son habitat, ainsi que la modération des prélèvements devraient permettre d'assurer l'avenir de cette espèce.
Lièvre variable dans la neige
Le saviez-vous ? • En Irlande, le lièvre variable garde sa livrée gris brun toute l'année. • La femelle du lièvre variable comme celle du lièvre brun (appelée “hase”) à une particularité, elle peut être fécondée une seconde fois avant la mise à bas. Elle porte donc simultanément les jeunes prêts à naître et les embryons de la nichée suivante. On appelle ce phénomène la “superfétation”. • Dans un article scientifique datant de 1957, J. Blanchard décrit plusieurs individus atypiques de lièvre, provenant de Haute Maurienne (à Lanslebourg-Mont-Cenis). Il suppose alors l'existence d'une nouvelle espèce de lièvre dans les Alpes : le lièvre à oreilles bleues et à dos brun des Alpes (Lepus cyanotus). Aucune étude scientifique plus récente n'a permis de confirmer cette hypothèse. C'est, semble-t-il, la seule référence qui mentionne cette espèce de lièvre.
Regard sur quelques espèces - 153
Fiche-espèce n°9
Protection et propositions de gestion
Le renard roux Parmi les mammifères sauvages terrestres, le renard roux (Vulpes vulpes) est l'un de ceux qui possède l'aire de répartition la plus vaste. Le renard présente une remarquable faculté d'adaptation, qui se manifeste à travers le choix de son habitat, son régime alimentaire, son organisation sociale, son occupation de l'espace et son taux de reproduction.
oreilles pointues tenues dressées
PNV - Jean-Pierre Martinot
tête et museau allongés
Renard roux
pelage brun roux dessus ; gorge, ventre et extrémité de la queue de couleur blanche PNV - Alexandre Garnier
Fiche-espèce n°10
Sommaire
devant des pattes sombre
Renardeau
Écologie
Le renard roux s'adapte à des habitats très variés. Il se rencontre depuis le littoral jusqu'au niveau des glaciers. C'est un prédateur opportuniste et très plastique*. Il fréquente aussi bien les agglomérations que les milieux très sauvages, en passant par les zones agricoles. Le cœur des grands massifs forestiers (excluant les lisières qu'il exploite également), ainsi que les marais lui seraient moins favorables. Nocturne dans les secteurs où il est dérangé, il peut également chasser en
154 - Regard sur quelques espèces
pleine journée durant la période d'élevage des jeunes et par temps de neige. Le domaine qu'il exploite peut atteindre 600 ha. Omnivore, il consomme beaucoup de rongeurs (campagnols et mulots) et autres petites proies (insectes, vers de terre), ainsi que de nombreux fruits, et baies, des charognes, voire des détritus d'origine humaine. Les accouplements ont lieu de décembre à février. En mars, la femelle met bas trois à six petits, qui quitteront leur mère vers quatre mois.
Menaces
La répartition du renard roux est très vaste : toute l'Europe, à part quelques îles telles que l'Islande ou Malte, toute l'Asie, l'Afrique du Nord et la vallée du Nil, une grande partie de l'Amérique du Nord et de l'Australie où il a été introduit. En France, l'espèce est présente partout, même si elle semble moins abondante dans les vastes massifs forestiers (les Landes par exemple), les grandes plaines agricoles (telles que la Beauce) ou les grands secteurs de marais (la Dombe).
Le renard roux est le carnivore le plus répandu en France. Ses populations ne sont pas menacées. C'est une proie du loup et du lynx. Il peut être prédaté également par l'aigle royal et le grand-duc d'Europe. Protection et propositions de gestion
En Savoie, où il est accusé de visiter les
PNV - Ludovic Imberdis
poulaillers et détruire les couvées et les portées de certains gibiers, le renard a le statut d'espèce nuisible.
Jeune renard roux
Le saviez-vous ? • D'après certaines sources, l'organisation sociale du renard dépend des capacités du milieu d'accueil. Dans les milieux pauvres en nourriture (en dehors de la période du rut), les renards sont généralement solitaires. Dans les secteurs plus favorables, ils vivent en couple toute l'année. Enfin, quand la nourriture est abondante, ils adoptent un mode de vie communautaire et peuvent former un groupe social hiérarchisé.
Regard sur quelques espèces - 155
Fiche-espèce n°10
Intérêts biologiques
L’azuré de la croisette L'azuré de la croisette (Maculinea rebeli) figure parmi la centaine d'espèces de papillons de jour répertoriés à Lanslebourg-Mont-Cenis. Il existe plusieurs espèces d'azuré, dont l'azuré des mouillères, qui lui ressemble beaucoup, mais ne fréquente pas les mêmes biotopes. On peut également confondre l'azuré de la croisette avec l'azuré du serpolet (Maculinea arion), moins rare, qui fréquente également les prairies de montagne. Ces deux espèces présentent la particularité de vivre en “association” avec des fourmis qui hébergent la larve et la nymphe pendant tout l'hiver, dans les fourmiliers.
dessous gris, avec des taches noires cerclées de blanc
Philippe Freydier
très faible nuance bleue à la base du revers de l'aile postérieure
Azuré de la croisette
tache bleue bien marquée à la base du revers de l'aile postérieure
PNV - Joël Blanchemain
Fiche-espèce n°11
Sommaire
Azuré du serpolet
Écologie
L'azuré de la croisette est un papillon de jour qui fréquente les prairies et les pelouses
156 - Regard sur quelques espèces
sèches et maigres, parfois caillouteuses, jusqu'à 2 000 m d'altitude. Les adultes volent de juin à juillet et pondent leurs œufs isolément sur les boutons floraux et les
De nombreuses colonies sont vulnérables à cause de l'exiguïté de leur domaine et de la diminution du nombre de plantes nourricières (cueillette, piétinement, pâturage). À Lanslebourg-Mont-Cenis, la gentiane croisette pousse surtout en lisière forestière, dans des couloirs assez raides, où la pression de pâturage est moindre. Protection et propositions de gestion
Le
Michel Savourey
maintien des populations d'azuré de la croisette dépend de celui de la plante nourricière de sa chenille. De fait, il convient d'éviter de cueillir ou d'arracher la gentiane croisette. D'autre part, dans les prairies pâturées où elle pousse, la modération ou l'arrêt de la fumure est recommandée, ainsi que la lutte contre l'embroussaillement et la limitation de la charge de pâturage.
Gentiane croisette
La présence des fourmis permet la poursuite du développement larvaire, jusqu'en mai de l'année suivante. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l'azuré de la croisette est présent surtout en adret, où pousse la gentiane croisette
Intérêts biologiques de la croisette est présent dans la région ouest paléarctique, dans le sud de l'Europe, du nord de l'Espagne aux Balkans. En France, l'espèce est très localisée et peu abondante. Elle se rencontre dans les Pyrénées, le massif Central, le grand Est, le Perche. En Rhône-Alpes, cet azuré est répandu au-dessus de 1 000 m d'altitude, mais toujours très localisé.
Michel Savourey
L'azuré
Femelle d’azuré de la croisette
Le saviez-vous ? • La femelle d'azuré de la croisette, souvent très sombre, peut être confondue avec celle de l'azuré du serpolet
Regard sur quelques espèces - 157
Fiche-espèce n°11
Menaces
feuilles de gentianes, et surtout sur la gentiane croisette. Les chenilles évoluent dans les fleurs de leur plante nourricière, puis en fourmilière où elles hivernent.
Le crave à bec rouge Le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) est avec le chocard à bec jaune et le choucas des tours, un des trois corvidés que les adeptes de la montagne regroupent sous le terme générique de choucas. Ressemblant à une petite corneille, il s'en différencie par son vol nettement plus acrobatique, un bec et des pattes rouge corail et des cris ("tcha") fort éloignés du croassement. C'est un animal de rochers plus que d'altitude. Il est beaucoup plus farouche, mais aussi plus rare en montagne que le chocard à bec jaune. La vision d'une "escadrille" hivernale de craves virevoltant dans les forts courants aériens le long des falaises est toujours un spectacle captivant.
Bec rouge corail, fin et recourbé
Plumage entièrement noir
© Bios - R Packwood / OSF
Pattes rouges
Couple de craves à bec rouge
Bec plus court, de couleur jaune Plumage entièrement noir PNV - Patrick Folliet
Fiche-espèce n°12
Sommaire
Pattes rouges
Chocard à bec jaune
Écologie
Son bec fin et recourbé traduit son régime insectivore, mais il ne dédaigne pas les
158 - Regard sur quelques espèces
fruits et les baies sauvages, quand les insectes qu'il chasse sur les vires ensoleillées viennent à manquer. Il explore souvent les pâturages à bovins. En Vanoise, il niche en
Fiche-espèce n°12
couples isolés dans des fissures relativement inaccessibles et bien exposées. L'hiver, il devient grégaire et peut effectuer des migrations attitudinales. On peut alors le rencontrer aux abords des villages, notamment en Maurienne. Ses terrains de chasse de prédilection sont constitués de pelouses rases et des falaises, où on peut le voir en compagnie du chocard à bec jaune.
Animal méridional, il est en Savoie en limite nord de son aire de répartition. Plus fréquent en Maurienne qu'en Tarentaise, il est absent dans l'Avant-Pays. Ses populations sont faibles et fluctuantes. On estime les effectifs mauriennais à une centaine de couples (voir bibliographie).
Menaces
Malgré l'étendue des espaces a priori favorables, les populations restent à un faible niveau pour des motifs qui restent à élucider. Farouche, il peut déserter ses lieux de reproduction en cas de dérangements répétés (escalade, ouverture de via ferrata). Comme pour tout insectivore, l'utilisation de pesticides (traitement du bétail) menace son avenir.
PNV - Joël Blanchemain
Intérêts biologiques
La chenille, une des proies du crave à bec rouge (ici, la chenille de cucullie de la scrofulaire)
Protection et propositions de gestion
Le crave à bec rouge est une espèce protégée au niveau national. Il est inscrit à l'annexe II de la convention de Berne. Un suivi des populations et une protection des rares sites qu'il fréquente, en particulier les zones de nidification et d'alimentation est en cours en Vanoise. La présence de l'espèce sur un site doit être déterminée avant d'autoriser son ouverture aux sports de rochers.
Le saviez-vous ? • Il existe en France deux sous-espèces de crave. Une sous-espèce alpestre, que l'on rencontre en Maurienne et une sous-espèce atlantique qui niche dans les falaises de Bretagne. Cette dernière remonte jusqu'en Écosse. La population française de craves, toutes espèces confondues, est d'environ un millier de couples nicheurs. • Samivel a répandu le mythe du choucas en montagne, avec son célèbre Job, qui n'est autre qu'un chocard à bec jaune.
Regard sur quelques espèces - 159
Le tétras-lyre (Tetrao tetrix) encore appelé “petit coq de Bruyère” appartient à l'ordre des galliformes qui compte, à Lanslebourg-Mont-Cenis, cinq espèces nicheuses, dont le tétraslyre, le lagopède alpin et la gélinotte des bois pour la famille des tétraonidés et la perdrix bartavelle et la caille des blés de la famille des phasianidés. Le tétras-lyre est un oiseau emblématique sur le plan touristique, dont le mâle se distingue facilement des autres espèces, par son plumage noir et ses gros sourcils rouges ou caroncules, en période de reproduction.
plumes de la queue en forme de lyre dessous des ailes, cuisses et bas du ventre blancs sourcil rouge ou "caroncule"
plumage entièrement noir, irisé de bleu métallique sur le cou et le poitrail PNV - Philippe Benoît
Fiche-espèce n°13
Le tétras-lyre
Mâle adulte de tétras-lyre (taille = 62 cm)
Écologie
Typique de la taïga, le tétras-lyre peuple surtout les Alpes françaises internes, à cheval entre la partie supérieure de l'étage subalpin et la base de l'étage alpin (entre 1 900 et 2 100 m d'altitude). Il affectionne essentiellement les boisements clairs de résineux (au sous-bois d'éricacées à baies telles que l'airelle à petites feuilles), mais les fourrés d'aulne vert peuvent également lui fournir abri et nourriture. À Lanslebourg-Mont-Cenis, l'espèce est bien représentée dans la forêt d'Arc, avec des densités de 1,7 coqs aux 100 hectares (d'après les données de l'Observatoire des Galliformes de Montagne, datant de 1998).
160 - Regard sur quelques espèces
Les parades nuptiales ont lieu au mois de mai sur des places de chant dégagées où se regroupent les coqs. L'espèce niche en limite de forêt, au pied d'un arbre ou sous un épais buisson. Les jeunes ne restent pas au nid et sont élevés par la femelle jusqu'à leur troisième mois. Ils se nourrissent durant deux à trois semaines dans les pelouses d'altitude riches en invertébrés ; leur alimentation devient ensuite presque exclusivement végétale. Les nichées s'émancipent en septembreoctobre. L'hiver en sous-bois, les tétras s'isolent du froid ambiant en se laissant enfouir sous la neige, ou en creusant une loge dans les zones de neige poudreuse, afin de limiter leurs dépenses énergétiques.
Menaces
En Europe, la répartition du tétras-lyre com-
C'est une combinaison de facteurs défavorables, principalement liés à l'artificialisation du milieu montagnard, qui engendre un recul des populations de tétras-lyre : dérangement par le ski hors piste et la pratique illégale de la motoneige, collisions avec les câbles de remontées mécaniques et les lignes électriques, perte de surfaces favorables à l'élevage des poussins du fait du reprofilage des pistes de ski, ou encore disparition des places de chant (par extension de domaines skiables, aménagement de retenues collinaires, etc.). Le dérangement lié au passage trop précoce des troupeaux ovins ou bovins et des chiens est aussi néfaste au tétras-lyre. La multiplication des pistes carrossables accroît les pressions de dérangement estival et de chasse. De plus, l'abandon du pâturage et la fermeture* des pelouses par la lande lui sont également défavorables. Des causes naturelles telles que la prédation par le renard, le grand-duc d'Europe, le sanglier et même les avalanches, peuvent affecter les effectifs de l'espèce.
PNV - Stéphane Mélé
prend l'arc alpin, l'Europe du Nord et du Nord-Est. En France, il ne subsiste que dans huit départements (dont les Ardennes où il reste moins de 20 individus), ce qui en fait une espèce rare à l'échelle nationale. On estime sa population française entre 8 000 et 11 000 poules nicheuses après une diminution de 20 à 50 % de ses effectifs depuis 1970, principalement dans les massifs préalpins. D'après l'Observatoire des Galliformes de Montagne, on observe une régression significative des effectifs de tétras-lyre dans les Alpes du Sud et les Préalpes, alors que l'espèce semble se maintenir dans les Alpes du Nord. En Maurienne, en rive gauche de l'Arc, la population de tétras-lyre semblerait stable. Même s'il ne semble pas aujourd'hui en voie de disparition, il est très sensible à la qualité de son environnement. La forêt d'Arc abrite l'une des plus belles populations relictuelles de tétras-lyre des Alpes du Nord. Cette population sert de source pour alimenter la population du reste de la Haute Maurienne.
Femelle de tétras-lyre
Regard sur quelques espèces - 161
Fiche-espèce n°13
Intérêts biologiques
Bien qu'inscrit à l'annexe I et II de la directive Oiseaux, le tétras-lyre est une espèce classée gibier. Seul le mâle est chassable, la femelle est protégée. Depuis 2001, un plan de chasse annuel est instauré pour cette espèce et les prélèvements sont désormais ajustés annuellement au succès de la reproduction (établi annuellement par dénombrement des nichées, au chien d'arrêt).
L'avenir de cet oiseau réside dans la préservation de son habitat, mais aussi dans la modération des prélèvements. D'autres mesures permettent de limiter la perte d'individus : la visualisation des câbles dangereux, la régulation du ski hors piste, la surveillance des chiens de mai à juillet pour éviter qu'ils ne maraudent dans les zones de reproduction, la fermeture de pistes aux véhicules, l'arrêt de l'aménagement ou de l'ouverture au ski des derniers sites où il se maintient.
Le saviez-vous ? • Le tétras-lyre doit son nom aux plumes de la queue, les “rectrices”, recourbées du mâle adulte. • Les doigts des pattes sont “peignés” de structures cornées qui jouent un rôle de raquettes. • Pendant la période de reproduction, la parade des coqs se traduit par des roucoulements, des chuintements, sauts et combats ritualisés. Elle aboutit à une hiérarchisation au sein des groupes de mâles, désignant celui que les poules choisiront pour l'accouplement.
PNV - Patrick Folliet
Fiche-espèce n°13
Protection et propositions de gestion
Parade de coqs pendant la période de reproduction
162 - Regard sur quelques espèces
Annexes
Annexes
Annexes
Sommaire
Lexique [1] d’après le Dictionnaire des Plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al, 1999) [4] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993) [6] d’après le Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient (Delforge P., 1994)
oOo Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement [2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation de sédiments. Boréoalpin Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Calcicole [1] Se dit d’un végétal ou d’un champignon qui supporte les substrats calcaires ; c’est-à-dire renfermant en quantité notable du carbonate de calcium ou des sels de calcium et de magnésie. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à alcalin. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le troisième par les carnivores et les prédateurs, le dernier par les charognards et les détritivores.
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 165
Annexes
Circumboréal [2] Qui est propre aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord. Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat* naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat* peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Incrustés (Lichens) Les lichens incrustés sont des lichens en forme de croûtes aplaties, ancrés à la roche ou à l’écorce des arbres. Ces organismes peuvent résister à des conditions de lumière et de sécheresse intenses. Labelle [6] Chez les orchidées, pétale médian spécialisé, plus ou moins différent des deux autre pétales.
166 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Languérin, languérinche Nom donné aux habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Micro-mammifère Ensemble des petits mammifères comprenant les campagnols et les musaraignes. Murger [1] Amas de pierres, plus ou moins juxtaposées à la façon d’un mur, et provenant le plus souvent de l’épierrage d’un champ (ou d’une prairie) lorsqu’il était, jadis, cultivé. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas. Plastique [1] Se dit d’une espèce qui se montre assez accommodante en matière de conditions de milieux et spécialement aux plans pédologique, thermique, hydrique ou lumineux. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Ramasse Désigne la luge constituée à partir de fagots d’aulne vert attachés aux deux extrémités, sur laquelle on descendait du col du mont Cenis au village en quelques minutes. (expression liée “se faire ramasser”). Relique ou relicte glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau.
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 167
Annexes
Lancéolé [6] En forme de fer de lance étroit, atténué en pointe, 3-4 fois aussi long que large.
Annexes
Scabre [1] Se dit d’une surface qui est rude au toucher. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Silicicole [1] Se dit d’une espèce qui apprécie les milieux siliceux alors qu’elle redoute les substrats calcaires. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à acide. Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique.
168 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Annexes
Sommaire
Bibliographie AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse - Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection… Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. BELLMANN H. & LUCQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. CONSERVATOIRE RÉGIONAL D’ESPACES NATURELS DE RHÔNE-ALPES, 2000.Inventaire des tourbières de la région Rhône-Alpes, Département de la Savoie. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COURTECUISSE R. & DUHEM B., 1994.- Guide des champaignons de France et d’Europe. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 476 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p. DELFORGUE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p. DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. et coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. Édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DUHAMEL G., 1998.- Flore et cartographie des Carex de France. Éd. Boubée, Paris, France. 293 p.
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 169
Annexes
DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France. Vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Paris, France. 416 p. ERNOULT C., VERNET D., LABONNE S., FAVIER G. & DOBREMEZ L., 1998.- Évolution des usages et activités pastorales dans le Parc national de la Vanoise (1972-1996). Parc national de la Vanoise & Cemagref – Division Agriculture et Milieux montagnards. 91 p. + annexes. FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. et coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p. FRITSCH R., 1986.- Les aunaies vertes de la Vanoise et leurs cortèges floristiques. Bull. Trimes. des amis du Parc de la Vanoise, n°54. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. JAIL M., 1977.- Haute Maurienne, pays du diable ?. Allier éd. , Grenoble, France. 244 p. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAMOURE D., 1995.- Invitation à la connaissance de l’Alnetum viridis. Bull. Féd. Myc. Dauphiné-Savoie, n°137 (spécial aulnaie verte). pp 5-10. LAMOURE D., 1995.- Les différents modes de vie des champignons rencontrés dans l’Alnetum viridis. Bull. Féd. Myc. Dauphiné-Savoie, n°137 (spécial aulnaie verte). pp 18-20. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p. LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p. LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, XXI, 304 p. KÜHNER R. & LAMOURE D., 1986.- Catalogue des Agaricales (Basidiomycètes) de la
170 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
MATZ G. WEBER D., 1983.- Guide des amphibiens et reptiles d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 292 p. MOREAU P.-A., 1997 – Mise à jour du “Catalogue des Agaricales de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes”. Non publié. 83 p. MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, RÉSERVES NATURELLE DE FRANCE & MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menaces, statuts biologiques. MNHM. Paris, France. 225 p. OBSERVATOIRE DES GALLIFORMES DE MONTAGNE, 2004.- Rapport annuel 2003. Rapport de synthèse. 310 p. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. et coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France. Tome I : Espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 20 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection. Éd. du Muséum d’Histoire Naturelle de Bourges. Dépliant. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Édiscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J.-C., MANSION D. & DUME G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche : Direction de l’Espace Rural et de la Forêt, école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p. ROCAMORA G., & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces.
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 171
Annexes
zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, XV, 103-187.
Annexes
Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. 560 p. ROUÉ S., MARTINOT J.-P., EVANNO A., 1997.- Connaître et protéger les chauvessouris en Savoie. Éd. Parc National de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. SAVIUC P., 2004.- L’intoxication par Clitocybe amoenolens Malençon jusqu’au bout des doigts. Bull. Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°9. pp. 72-81. SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. TROTEREAU A., 1995.- Les espèces végétales orophiles en limite d’aire dans le Parc national de la Vanoise et sa zone périphérique. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, XIX, pp 107-130. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.
172 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Liste des plantes d’intérêt patrimonial
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Rochers et falaises
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Éboulis et moraines
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Pelouses et combes à neige
Forêts de conifères
Prairies de fauche
Les adrets et les pelouses sèches et steppiques
Zones humides d’altitude
Lacs et cours d’eau
Village, hameaux et abords
Landes, landines d’altitude et fourrés de saules d’altitude
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2 2 2 1 1 1 1 3 3 3 1 1 2 1 1 1 1 1 2 2 2 3 2 3 1 2 4 2 2 3 2 1
Aulnaies vertes et mégaphorbiaies
adonis d’été alysson alpestre ancolie des Alpes androsace alpine androsace helvétique bruyère herbacée campanule alpestre cobrésie simple crépide rhétique dracocéphale d’Autriche éritriche nain fausse bardane réflechie gagée velue génépi des glaciers génépi jaune génépi vrai genévrier sabine gentiane croisette gentiane de Schleicher gentiane utriculeuse hysope officinale jonc arctique koellérie du mont Cenis laîche à petite arête laîche bicolore laîche de Lachenal laîche des glaciers laîche de dioïque laîche faux pied d’oiseau laîche maritime leucanthème à feuilles de coronope linaire couchée
Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)
Protection Livre rouge tome 1
Les grands types de milieux de Lanslebourg-Mont-Cenis
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Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 173
Annexes
Sommaire
Annexes
lis martagon lis orangé luzule penchée minuartie de Villars orchis nain des alpes oxytropide fétide paronychia à feuilles de serpolet pédiculaire arquée pédiculaire du mont Cenis pensée du mont Cenis potentille multifide primevère du piémont pulsatille de Haller sabot de Vénus saponaire jaune saule à dents courtes saule bleuâtre saule glauque saxifrage des vaudois saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse silène de Suède silène du Valais stipe à tige laineuse stipe pennée swertie vivace tofieldie naine trichophore nain valériane celtique véronique d’Allioni
x x
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1 2 1 1 1 3 1 1 2 2 3 2 2 3 3 1 1 1 3 3 1 1 2 2 1 2 3 3 3 1
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Rochers et falaises
Éboulis et moraines
Pelouses et combes à neige
Landes, landines d’altitude et fourrés de saules d’altitude
Aulnaies vertes et mégaphorbiaies
Forêts de conifères
Prairies de fauche
Les adrets et les pelouses sèches et steppiques
Zones humides d’altitude
Lacs et cours d’eau
Village, hameaux et abords
Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)
Protection Livre rouge tome 1
Les grands types de milieux de Lanslebourg-Mont-Cenis
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Légendes w : habitat principal à Lanslebourg-Mont-Cenis q : autre habitat à Lanslebourg-Mont-Cenis
Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.
174 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Annexes
Sommaire
Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique)
Flore ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français
Nom scientifique
alnicole jaunâtre
Alnicola melinoides
alnicole sombre
Alnicola scolecina
amanite tue-mouches
Amanita muscaria
brun lichen d’Islande
Cetraria islandica
calvatie en outre
Calvatia utriformis
cétraire cucullée
Cetraria cucullata
chlamydomonas des neiges
Chlamidomonas nivea
clitocybe à bonne odeur
Clitocybe amoenolens
clitocybe givré
Lepista gilva
clitocybe renversé
Lepista inversa
cortinaire appauvri
Cortinarius pauperculus
lactaire brun rouge
Lactarius brunneohepaticus
lactaire nain
Lactarius nanus
lichen des loups
Letharia vulpina
marasme des dryades
Marasmius epidryas
omphaline des ruisseaux
Omphalina rivulicola
russule de Norvège
Russula norvegica
russule des aulnes
Russula alnetorum
stropharia merdaria
Stropharia merdaria
thamnolia en forme de ver
Thamnolia vermicularis
usnée
Usnea sp.
xanthorie élégante
Xanthoria elegans
Nom patois
PLANTES SUPÉRIEURES Nom français
Nom scientifique
absinthe
Artemisia absinthium
achillée à grandes feuilles
Achillea macrophylla
achillée naine
Achillea nana
adénostyle à feuilles d’alliaire
Adenostyles alliariae
Nom patois
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 175
Annexes
Nom français
Nom scientifique
adonis d’été
Adonis aestivalis
airelle à petites feuilles
Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum
alchémille à cinq folioles
Alchemilla pentaphylla
alysson alpestre
Alyssum alpestre
ancolie des Alpes
Aquilegia alpina
androsace alpine ou a. des Alpes
Androsace alpina
androsace helvétique
Androsace helvetica
arnica des montagnes
Arnica montana
l’arnika
arolle ou pin cembro
Pinus cembra
l’alévô
aster des Alpes
Aster alpinus
astragale de Montpellier
Astragalus monspessulanus
aulne blanc ou a. blanchâtre
Alnus incana
aulne vert
Alnus viridis
azalée naine ou azalée des Alpes
Loiseleuria procumbens
benoîte rampante
Geum reptans
bouleau blanc
Betula pendula
brize intermédiaire
Briza media
brome érigé ou b. dressé
Bromus erectus
bruyère des neiges = b. herbacée
Erica herbacea
bugrane à feuilles rondes
Ononis rotundifolia
bugrane du mont Cenis
Ononis cenisia
bruyère herbacée = b. des neiges
Erica herbacea = E. carnea
camarine hermaphrodite
Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum
campanule alpestre
Campanula alpestris
campanule du mont Cenis
Campanula cenisia
clématite des Alpes
Clematis alpina
cobrésie simple
Kobresia simpliciuscula
colchique
Colchicum sp.
cortuse de Matthiole
Cortusa matthioli
cynorrhodon (fruit du rosier sauvage)
Rosa sp.
cumin des prés
Carum carvi
dactyle aggloméré
Dactylis glomerata
dompte-venin officinal
Vincetoxicum hirundinaria
doradille noire
Asplenium nigrum
doradille rue-de-muraille
Asplenium ruta-muraria
doronic à grandes fleurs ou herbe à chamois
Doronicum grandiflorum
dracocéphale d’Autriche
Dracocephalum austriacum
edelweiss = étoile des neiges
Leontopodium alpinum
épicéa
Picea abies
épilobe de Fleicher
Epilobium fleischeri
176 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Nom patois
lô vararô lô gan de nora doiemo
la droze
lô bi lô bromô
erbe dla bruio
la campanulô
lô gratta cul
l’arnika dou famour
la sufe
Nom scientifique épinard sauvage = chénopode bon-Henri Chenopodium bonus-henricus
Nom patois
épine-vinette
Berberis vulgaris
la pepiné vinett
éritriche nain
Eritrichum nanum
fausse bardane réfléchie
Lappula deflexa
lô bardanô
fraise des bois
Fragaria vesca
la fraso
framboisier
Rubus idaeus
leu zampieu
gagée velue
Gagea villosa
génépi (genépi) des glaciers
Artemisia glacialis
lô génepi famour
génépi (genépi) jaune = g. blanc = g. femelle
Artemisia mutellina = A. umbelliformis
lô génepi femelo
génépi (genépi) vrai = g. noir = g. mâle
Artemisia genipi
lô génepi mâlo
genévrier commun
Juniperus communis
lô venevrô
genévrier nain
Juniperus nana
genévrier sabine
Juniperus sabina
gentiane croisette
Gentiana cruciata
gentiane de Schleicher
Gentiana schleicheri
gentiane jaune
Gentiana lutea
gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé
Gentiana utriculosa
géranium des bois
Geranium sylvaticum
grand boucage
Pimpinella major
grande berce
Heracleum spondylium
grassette vulgaire
Pinguicula vulgaris
hippocrépide à toupet
Hippocrepis comosa
hugueninie à feuilles de tanaisie
Hugueninia tanacetifolia
hysope officinale
Hyssopus officinalis
jonc arctique
Juncus arcticus
jonc articulé
Juncus articulatus
joubarbe des toits
Sempervivum tectorum
kœlérie du mont Cenis
Koeleria cenisia
kœlérie pyramidale
Koeleria pyramidata
laîche à petite arête
Carex microglochin
laîche bicolore
Carex bicolor
laîche brune
Carex nigra
laîche de Davall
Carex davalliana
laîche de Lachenal
Carex lachenalii
laîche des glaciers
Carex glacialis
laîche dioïque
Carex dioica
laîche faux pied d’oiseau
Carex ornithopodioides
laîche fétide
Carex foetida
laîche maritime
Carex maritima
laîche rouge noirâtre
Carex atrofuscae
laitue des Alpes
Cicerbita alpina
leucanthème à feuilles de coronope
Leucanthemum atratum subsp. coronopifolium
lô vercunio
la vahoine
l’isope
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 177
Annexes
Nom français
Annexes
Nom français
Nom scientifique
linaigrette à feuilles étroites
Eriophorum angustifolium
linaigrette à larges feuilles
Eriophorum latifolium
linaigrette de Scheuchzer
Eriophorum scheuchzeri
linaire couchée
Linaria supina
lis martagon
Lilium martagon
lis orangé
Lilium croceum
lotier corniculé
Lotus corniculatus
luzule penchée
Luzula nutans
mélèze
Larix decidua
minuartie de Villars
Minuartia villarii
myrtille
Vaccinium myrtillus
nard raide
Nardus stricta
népéta petit népéta
Nepeta nepetella
orchis nain des Alpes = chamorchis des Alpes
Chamorchis alpina
orpin noirâtre
Sedum atratum
ortie dioïque
Urtica dioica
oxytropide fétide
Oxytropis fetida
parnassie des marais
Parnassia palustris
pédiculaire arquée
Pedicularis gyroflexa
paronychia à feuilles de serpolet
Paronychia polygonifolia
pédiculaire du mont Cenis
Pedicularis cenisia
pédiculaire rose
Pedicularis rosea
pensée du mont Cenis
Viola cenisia
pensée éperonnée ou violette à éperon
Viola calcarata
pétasites
Petasites sp.
pin à crochets
Pinus uncinata
pin cembro ou arolle
Pinus cembra
pin sylvestre
Pinus sylvestris
polygale du piémont
Polygala pedemontana
polystic en forme de lance
Polystichum lonchitis
populage des marais
Caltha palustris
potamot filiforme
Potamogeton filiformis
potentille multifide
Potentilla multifida
prénanthe pourpre
Prenanthes purpurea
primevère farineuse
Primula farinosa
primevère du Piémont
Primula pedemontana
pulsatille de Haller
Pulsatilla halleri
pulsatille des Alpes
Pulsatilla alpina
pulsatille printanière
Pulsatilla verna
pulsatille soufrée
Pulsatilla alpina subsp. apiifolia
pyrole à une fleur
Moneses uniflora
raisin d’ours commun ou busserolle
Arctostaphylos uva-ursi
lô réjin
renouée bistorte
Polygonum bistorta
le lingue boegne
178 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Nom patois l’erba dla seignière
lô meledô le zambrune
la man dou diablô
l’ortcho
la pepetaioure
l’alevô
la flour dou piou
Nom scientifique
rhinanthe velu
Rhinanthus alectorolophus
Nom patois
rhododendron ferrugineux
Rhododendron ferrugineum
rhubarbe des moines ou r. des Alpes
Rumex alpinus
rosier des chiens
Rosa canina
rubanier à feuilles étroites
Polygonatum angustifolium
sabot de Vénus
Cypripedium calceolus
sainfoin des montagnes
Onobrychis montana
l’erbe rovet
sapin blanc ou s. pectiné
Abies alba
lô sapet
saponaire jaune
Saponaria lutea
saponaire officinale
Saponaria officinalis
sauge des prés
Salvia pratensis
saule à dents courtes
Salix breviserrata
saule bleuâtre
Salix caesia
saule glauque
Salix glaucosericea
saule herbacé
Salix herbacea
saule noircissant
Salix myrsinifolia
saxifrage à deux fleurs
Saxifraga biflora
saxifrage à feuilles rondes
Saxifraga rotundifolia
saxifrage des vaudois
Saxifraga valdensis
saxifrage fausse diapensie
Saxifraga diapensioides
saxifrage fausse mousse
Saxifraga muscoides
saxifrage faux aïzoon
Saxifraga aizoides
seslérie bleuâtre
Sesleria caerulea
silène de Suède
Silene suecisa
silène du Valais
Silene vallesia
soldanelle des Alpes
Soldanella alpina
stipe à tige laineuse
Stipa eriocaulis
stipe pennée
Stipa pennata
swertie vivace
Swertia perennis
tamaris d’Allemagne
Myricaria germanica
thym serpolet
Thymus serpyllium
tofieldie boréale = t. naine
Tofieldia pusilla
trèfle des Alpes
Trifolium alpinum
trichophore nain
Trichophorum pumilum
trisète jaunâtre
Trisetum flavescens
trolle d’Europe
Trollius europeus
troscart des marais
Triglochin palustris
valériane celtique
Valeriana celtica
vérâtre blanc = hellébore blanc
Veratrum sp.
véronique d’Allioni
Veronica allionii
lo tchô
lô vé
lô marabou
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 179
Annexes
Nom français
Annexes
Faune vertébrée AMPHIBIENS Nom français
Nom scientifique
Nom patois
grenouille rousse
Rana temporaria
la roene
salamandre tachetée
Salamandra salamandra
MAMMIFÈRES Nom français
Nom scientifique
Nom patois
blaireau européen
Meles meles
lô teïsson
bouquetin des Alpes
Capra ibex
cerf élaphe
Cervus elaphus
chamois
Rupicapra rupicapra
chevreuil
Capreolus capreolus
écureuil roux
Sciurus vulgaris
grand murin
Myotis myotis
hermine
Mustela erminea
lérot
Elyomis quercinus
lièvre brun = l. commun = l. d’Europe
Lepus capensis
lièvre à oreilles bleues et à dos brun des Alpes
Lepus cyanotus
lièvre variable
Lepus timidus
lô blanfon
loup
Canis lupus
lô lou
marmotte alpine ou m. des Alpes
Marmotta marmotta
la marmotto
musaraigne carrelet
Sorex araneus
renard roux
Vulpes vulpes
sanglier
Sus scrofa
lô famour l’asrott
la lévro
lô reinot
OISEAUX Nom français
Nom scientifique
accenteur alpin
Prunella collaris
accenteur mouchet
Prunella modularis
aigle royal
Aquila chrysaetos
aigrette garzette
Egretta garzetta
alouette des champs
Alauda arvensis
bec-croisé des sapins
Loxia curvirostra
bergeronnette des ruisseaux
Motacilla cinerea
180 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Nom patois
l’égle
lo bec crujô
Nom scientifique
bouvreuil pivoine
Pyrrhula pyrrhula
bruant fou
Emberiza cia
bruant ortolan
Emberiza hortulana
caille des blés
Coturnix coturnix
canard colvert
Anas platyrhynchos
cassenoix moucheté
Nucifraga caryocatactes
chevêchette d’Europe ou chouette chevêchette
Glaucidium passerinum
chocard à bec jaune
Pyrrhocorax graculus
chouette hulotte
Strix aluco
cincle plongeur
Cinclus cinclus
circaète Jean-le-Blanc
Circaetus gallicus
crave à bec rouge
Pyrrhocorax pyrrhocorax
faucon crécerelle
Falco subbuteo
fauvette à tête noire
Sylvia atricapilla
fauvette babillarde
Sylvia curruca
fauvette des jardins
Sylvia borin
geai des chênes
Garrulus glandarius
gélinotte des bois
Tetrastes bonasia
goéland leucophée
Larus cachinnans
grive draine
Turdus viscivorus
grive litorne
Turdus pilaris
grive musicienne
Turdus philomelos
gypaète barbu
Gypaetus barbatus
hirondelle de cheminée = h. rustique
Hirundo rustica
hirondelle de fenêtre
Delichon urbica
hirondelle de rochers
Ptyonoprogne rupestris
lagopède alpin ou perdrix des neiges
Lagopus mutus
martinet noir
Apus apus
merle à plastron
Turdus torquatus
merle de roche
Monticola saxatilis
merle noir
Turdus merula
mésange bleue
Parus caeruleus
mésange boréale
Parus montana
mésange charbonnière
Parus major
mésange huppée
Parus cristatus
mésange noire
Parus ater
moineau cisalpin
Passer italiae
moineau domestique
Passer domesticus
niverolle alpine ou pinson des neiges
Montifringilla nivalis
nyctale de Tengmalm ou chouette de T.
Aegolius funereus
perdrix bartavelle
Alectoris graeca
pic épeiche
Dendrocopos major
pic noir
Dryocopus martius
Nom patois
la kaille dou bla
la tchavo
l’irondello
lô merlo
lô pickrel
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 181
Annexes
Nom français
Annexes
Nom français
Nom scientifique
pic vert
Picus viridis
pie-grièche écorcheur
Lanius collurio
pipit spioncelle
Anthus spinoletta
pouillot de Bonelli
Phylloscopus bonelli
pouillot véloce
Phylloscopus collybita
rougegorge familier
Erithacus rubecula
rougequeue à front blanc
Phoenicurus phoenicurus
rougequeue noir
Phoenicurus ochruros
rousserolle verderolle
Acrocephalus palustris
sizerin flammé
Carduelis flammea
tarier des prés ou traquet tarier
Saxicola rubetra
tétras-lyre ou petit coq de bruyère
Tetrao tetrix
tichodrome échelette
Tichodroma muraria
traquet motteux
Oenanthe oenanthe
troglodyte mignon
Troglodytes troglodytes
Nom patois
la kôrovai
POISSONS Nom français
Nom scientifique
cristivomer
Salvelinus namaycush
omble de fontaine = saumon de f.
Salvelinus fontanilis
truite arc-en-ciel
Oncorhynchus mykiss
truite fario ou truite de rivière
Salmo trutta fario
Nom patois
la truto
REPTILES Nom français
Nom scientifique
coronelle lisse
Coronella austriaca
lézard des murailles
Podarcis muralis
lézard vert
Lacerta viridis
vipère aspic
Vipera aspis
Nom patois l’ermuso la scherpo
Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français
Nom scientifique
azuré de l’oxytropide
Polyommatus eros
azuré de la canneberge
Vacciniina optilete
182 - Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis
Nom patois
Nom scientifique
azuré de la croisette
Maculinea rebeli
azuré des soldanelles
Agriades glandon
azuré du serpolet
Maculinea arion
belle dame
Vanessa cardui
chamoisé des glaciers
Oenis glacialis
damier de la succise
Euphydryas aurinia
fadet de la mélique
Coenonympha glycerion
grand apollon
Parnassius apollo
grand collier argenté
Clossiana euphrosyne
grand nacré
Argynnis aglaja
hespérie du chiendent
Thymelictus acteon
machaon
Papilio machaon
misis ou lycaon
Hyponephele lycaon
moiré cendré
Erebia pandrose
moiré fauve
Erebia mnestra
moiré lancéolé
Erebia alberganus
moiré printanier
Erebia triaria
némusien ou ariane
Lasiommata maera
paon du jour
Inachis io
petit apollon
Parnassius phoebus
petite tortue
Aglais urticae
protée
Maculinea alcon
semi apollon
Parnassius mnemosyne
solitaire
Colias palaeno
virgule
Hesperia comma
zygène de Carniole
Zygaena carniolica
Nom patois
la lauô
esperio dou gromô
INSECTES : ODONATES Nom français
Nom scientifique
æschne des joncs
Aeschna juncea
Nom patois
INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français
Nom scientifique
criquet bariolé
Arcyptera fusca
criquet des pâtures
Chorthippus parallelus
criquet jacasseur
Stauroderus scalaris
dectique verrucivore
Decticus verrucivorus
grande sauterelle verte
Tettigonia viridissima
œdipode rouge
Oedipoda germanica
Nom patois
la sotrelô
Découvrir le patrimoine naturel de Lanslebourg-Mont-Cenis - 183
Annexes
Nom français
Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l'aide d'un groupe de travail : Joseph Albrieux, Pierre Borrot, Michel De Mattéis, Jean-Pierre Jorcin, Colette Jovet - Commune de Lanslebourg-Mont-Cenis • Gilbert Suiffet - Office national des Forêts • Denis Bassargette, Pierre-Marie Dubrulle, Damien Hémeray - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Danièle Granger-Cuq - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Joël Blanchemain, Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Irène Girard, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Joseph Borot, Bernard Bouvier, Marie-Thérèse Chaput, Alexandre Gagnière, Guy Suiffet, Pierre Suiffet, Albert Tourt - Commune de Lanslebourg-Mont-Cenis • Michel Savourey - entomologiste • Cyrille Deliry - GRPLS • Philippe Gaudry - Centre Régional de la Propriété Forestière de Savoie. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Lanslebourg-Mont-Cenis : Louis Bantin, Denis Bassargette, Joël Blanchemain, Marie-Geneviève Bourgeois, Virginie Bourgoin, Cécile Brunaud, Claire Calmet, Gérard Carrati, Bernard Clesse, Jean-François Dalix, Thierry Delahaye, René Delpech, Pierre-Marie Dubrulle, Jean-Luc Étiévant, Michel Filliol, Philippe Freydier-Dubreuil, Pierre Gensac, Christophe Gotti, Damien Hémeray, Ludovic Imberdis, Laurence Jullian, Claude Lepape, Arthur Lequay, Daniel Maire, Maurice Mollard, Guido Méeus, Véronique Plaige, Denis Robert, Michel Savourey, secteur de Termignon, Nathalie Tissot, Nicolas Valy. Financement : Conseil Général de la Savoie • Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Julien Lefèvre, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Virginie Bourgoin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio - Grenoble (Isère) Mise en page intérieure : Tribu - Saint-Baldoph (Savoie) - Tél. : 04 79 68 97 60 Photos de couverture : - Première de couverture : PNV - Damien Hémeray - Quatrième de couverture : Renard roux PNV - Alexandre Garnier
Laîche des glaciers PNV - Joël Blanchemain
Tétras-lyre PNV - Stéphane Mélé
Pulsatille de Haller CPNS - Virginie Bourgoin
Crave à bec rouge BIOS - R. Packwood / OSF
Sabot de Vénus PNV - Frédéric Fima
Lièvre variable PNV - Ludovic Imberdis
Azuré de la croisette Michel Savourey
Saponaire jaune PNV - Gérard Caratti
Impression : Couleurs Montagne - Saint-Baldoph (Savoie) – Tél. : 04 79 28 62 50 - Courriel : couleurs-montagne@wanadoo.fr
Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-18-2 Dépôt légal : 2è trimestre 2006
Avec le concours financier de :