Découvrir le patrimoine naturel de Modane

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Découvrir le patrimoine naturel de MODANE


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent au territoire son identité et son caractère. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Modane s’est investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec le concours du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Modane” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire

Sur une superficie importante de la commune de Modane ont été créés en 1963 le Parc national de la Vanoise (483 ha de surface protégée) et en 2000 le site classé du mont Thabor (4 800 ha). Le classement de ces deux zones en espaces protégés a supprimé des projets de développement économique que la commune devait réaliser et a entraîné l’opposition d'une partie de la population. Au fil des ans, les tensions se sont atténuées et la richesse du patrimoine naturel de Modane fait maintenant l’orgueil de sa population et un attrait pour le tourisme. La création de trois associations foncières pastorales (AFP) a permis l’entretien de l’espace autour de l’agglomération et sur les différents alpages. La commune s’implique fortement dans la protection de son environnement par le soutien aux AFP, la signature de nombreux contrats avec les services de l’État, la valorisation de son patrimoine par la création d’une exposition d’interprétation du site Natura 2000, dans la maison du Thabor à Valfréjus. Je tiens à remercier tous les acteurs qui, pendant des mois, ont travaillé à l’élaboration de ce document que vous aurez le plaisir de lire, j’en suis certain.

Claude VALLET Maire de Modane (septembre 2007)


Premiers regards sur Modane

Ă€ travers des photos de GĂŠrard Augert et Serge Covarel


L’entrée monumentale du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis abrite le Musée de la Traversée des Alpes qui raconte l’exploit du percement débuté en 1857.

Lors du 150e anniversaire du percement, la vapeur côtoie la modernité du ferroutage par wagons Modhalor.


La première gare de transit d’Europe dans les années 80 à 90 retrouvera t-elle son activité grâce aux travaux de mise au gabarit du tunnel ?

Le tunnel routier du Fréjus d’une longueur de 12,870 km inauguré en 1980 assure la liaison France-Italie en reliant Modane à Bardonnechia.


Le fort du Replaton, bastion de la ligne Maginot des Alpes construit dans les années 1930 est en attente de restauration par l’association de la Traversée des Alpes.

À travers quatre reconstitutions de cafés d’époque allant de 1880 à 1935,le Muséobar retrace et fait revivre l’histoire de Modane et Fourneaux aux sons de 13 pianos mécaniques fabriqués par Jorio.


L’église, détruite au cours du bombardement de Modane à l’exception de son clocher et reconstruite dans un style contemporain est consacrée en 1954.

La chapelle Saint Jacques du quartier de Loutraz, signalée déjà en 1561 dans les registres d’impôts, a été remise en valeur par l’association des amis de la chapelle Saint Jacques et la commune.


Sommaire Préface Le mot du Maire Premiers regards sur Modane

Quelles richesses naturelles sur la commune ? Un aperçu général de la commune Dimension économique Paysages de Modane Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie Préambule Fiche-milieu n°1 : Fiche-milieu n°2 : Fiche-milieu n°3 : Fiche-milieu n°4 : Fiche-milieu n°5 : Fiche-milieu n°6 : Fiche-milieu n°7 : Fiche-milieu n°8 : Fiche-milieu n°9 : Fiche-milieu n°10 : Fiche-milieu n°11 : Conclusion

Le village, les hameaux, leurs abords et les prairies de fauche Les cours d’eau et les lacs Les zones humides d’altitude L’adret, les pelouses sèches et steppiques et les landes sèches Les forêts de feuillus et de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses d’altitude et les combes à neige Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés

Regard sur quelques espèces Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 : Fiche-espèce n°13 :

p. p. p.

1 3 4

p. p. p. p. p. p. p.

11 13 19 25 30 37 41

p. 49 p. 51 p. 52 p. 61 p. 69 p. 76 p. 83 p. 93 p. 99 p. 106 p. 115 p. 122 p. 130 p. 134 p. 137 p. 138 p. 141 p. 143 p. 145 p. 147 p. 149 p. 151 p. 153 p. 156 p. 159 p. 161 p. 165 p. 167

Le trèfle des rochers La saxifrage fausse diapensie Le sabot de Vénus La centaurée du Valais L’arnica des montagnes La valériane des débris Le pin cembro L’aigle royal L’écureuil roux L’accenteur alpin Le lynx boréal Le lézard vert Le grand apollon

Annexes

p. 171 p. 173 p. 177 p. 181 p. 183

Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 9


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Modane

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Premiers regards sur Modane

Ă€ travers des photos de GĂŠrard Augert et Serge Covarel


L’entrée monumentale du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis abrite le Musée de la Traversée des Alpes qui raconte l’exploit du percement débuté en 1857.

Lors du 150e anniversaire du percement, la vapeur côtoie la modernité du ferroutage par wagons Modhalor.


La première gare de transit d’Europe dans les années 80 à 90 retrouvera t-elle son activité grâce aux travaux de mise au gabarit du tunnel ?

Le tunnel routier du Fréjus d’une longueur de 12,870 km inauguré en 1980 assure la liaison France-Italie en reliant Modane à Bardonnechia.


Le fort du Replaton, bastion de la ligne Maginot des Alpes construit dans les années 1930 est en attente de restauration par l’association de la Traversée des Alpes.

À travers quatre reconstitutions de cafés d’époque allant de 1880 à 1935,le Muséobar retrace et fait revivre l’histoire de Modane et Fourneaux aux sons de 13 pianos mécaniques fabriqués par Jorio.


L’église, détruite au cours du bombardement de Modane à l’exception de son clocher et reconstruite dans un style contemporain est consacrée en 1954.

La chapelle Saint Jacques du quartier de Loutraz, signalée déjà en 1561 dans les registres d’impôts, a été remise en valeur par l’association des amis de la chapelle Saint Jacques et la commune.


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Modane

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Sommaire

Présentation

Un aperçu général de la commune La commune de Modane se situe en Savoie, en Haute Maurienne, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets (pointe de Thorens, roc des Saint-Pères, aiguille de Péclet, aiguille de Polset, col de Chavière, Tête Noire, mont Rond, Belle Plinier, cime du Grand Vallon, pointe et col du Fréjus, col de la Roue, cime de la Planette, col de la Vallée Étroite, Cheval Blanc, col des Bataillères, pointe des Sarrasins) avec l’Italie et dix communes limitrophes françaises : Orelle, Le Freney, Fourneaux, Saint-Martin-de-Belleville, Les Allues, Pralognan-la-Vanoise, Villarodin-Bourget, Avrieux et Névache. Modane est rattachée administrativement au canton du même nom. D’une surface de 8 017 ha, Modane fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. Une superficie de 483 ha de son territoire est classée dans le cœur du Parc et 1 407 ha se trouvent inclus dans le périmètre optimal d’adhésion.

Modane, commune du Parc national de la Vanoise

Géologie

La

grande complexité de la géologie du secteur de Modane est en partie à l’origine de la diversité des milieux. La ville de

Modane se situe entre les trois grands ensembles géologiques qui constituent le territoire du Parc national de la Vanoise : la zone houillère (zone briançonnaise externe) à l’ouest, la Vanoise proprement dite (zone

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13


Présentation

briançonnaise interne) à l’est et la zone des schistes lustrés au sud.

PNV - Jacques Perrier

En rive droite de l’Arc, le bassin de Modane s’élargit sur les cargneules de la “cicatrice de Chavière” ou “accident de Chavière”, qui marque la limite entre la zone houillère et la Vanoise, cette dernière nappe se trouvant en-dessous de la première. On trouve donc à l’ouest, la zone houillère constituée de

conglomérats, de grès et de schistes noirs et couronnée par les “gneiss du Sapey”. Toute cette zone abrite des milieux acides. Plus à l’est, c’est le lieu de l’accident de Chavière, jalonné de gypses et de cargneules avec, au niveau du massif de Tête Noire, un accident tectonique de calcaires et de dolomies du Trias. Sauf quelques rares éléments siliceux, cette zone est principalement de caractère calcaire. En limite communale est, se trouve

PNV - Jacques Perrier

Cargneule de Chavière

Lapiaz, zone calcaire sous Tête Noire

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV – Maurice Mollard

Ruisseau du Saint-Bernard

la Vanoise proprement dite, avec principalement des conglomérats du Permien supérieur (quartzites à galets de quartz rose ou vert). Cette partie est principalement siliceuse. En rive gauche de l’Arc, les environs de la station de Valfréjus voient se juxtaposer les premiers affleurements du domaine des schistes lustrés liguro-piémontais, qui forment les hautes pentes de sa rive droite (crêtes de Fréjus), avec le socle siliceux briançonnais (houiller et quartzites triasiques) dans lequel le torrent du Charmaix, orienté globalement sud-nord, a inscrit un lit le plus souvent en gorge. La limite de ces deux domaines est marquée, dans les pentes de rive droite du vallon, par une bande disloquée, où affleurent surtout des gypses et cargneules triasiques. Cet accident d’Arrondaz (du nom des chalets d’Arrondaz, à l’ouest desquels il passe) est un couloir de faille qui s’enfonce verticalement.

Morphologie de Modane

Le

territoire de la commune de Modane occupe les deux versants de la vallée de l’Arc. Le fond de vallée, étroit et fortement urbanisé correspond à un ombilic* de surcreusement glaciaire, à l’amont du verrou gneissique du fort du Sapey. Les versants situés de part et d’autre de l’Arc se caractérisent par leur couverture densément boisée. Au pied du versant sud boisé, un espace encore ouvert, occupé par des pelouses sèches en gradin, témoigne d’une certaine activité agricole. Au-dessus de la forêt d’adret, le paysage s’ouvre sur le vallon de Polset où coule le ruisseau du Saint-Bernard, bordé en rive droite par des pentes abruptes et boisées de mélèzes et en rive gauche, un relief plus doux avec des zones d’alpage et des hameaux d’habitat saisonnier. Le col de Chavière ferme le vallon. Au nord-ouest du territoire communal s’étendent les glaciers de Polset et de Chavière. Les ruisseaux du Charmaix et du Grand Vallon ont creusé, dans le versant d’ubac, deux vallées bien distinctes. La vallée du Charmaix accueille la station de Valfréjus,

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15


PNV – Maurice Mollard

Présentation

PNV - Pierre Lacosse

Col de Chavière (Modane à gauche ; à droite, la Tarentaise)

Vue sur Modane et le versant d'ubac

ainsi qu’une succession de hameaux et de bâtiments isolés. Une mosaïque de landes, de pelouses, d’éboulis et de rochers prolonge ce secteur en altitude. Le vallon voisin est un cirque glaciaire, aux nombreux éboulis dominés par la cime du Grand Vallon. La commune se caractérise par une forte amplitude altitudinale, de 1 050 m dans la

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

vallée de l’Arc à 3 561 m au sommet de l’aiguille de Polset. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de quatre étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un étage nival.


La ville de Modane est implantée à 1 060 m

La population

Les

modanaises et les modanais habitent essentiellement dans trois quartiers bien délimités : Modane-ville, Loutraz et Modanegare ; Valfréjus est un pôle secondaire d’implantation de la population, suite au développement de la station de ski. À partir de la fin du XIXe siècle, la ville a bénéficié d’un apport de population dû à l’installation de grandes entreprises sur des communes voisines telles que la papeterie Matussière (1885), l’usine Saint Gobain (1917), le centre de recherches aérospatiales de l’O.N.E.R.A. (1946) et aux grands travaux tels que la construction du barrage du Mont-Cenis (années 60), le percement du tunnel routier du Fréjus (achevé en 1980) ou la construction de l’autoroute. Chaque entreprise a construit des logements voire des quartiers entiers pour ses travailleurs. Depuis 1975, le nombre d’habitants est en

Paul Nuer

d’altitude environ, sur l’élargissement de la vallée de l’Arc, fermé par le verrou du Bourget en amont et de Fourneaux en aval. La ville, constituée de trois pôles : ModaneGare, Modane-Ville et Loutraz, occupe le fond de vallée et les pentes douces formées par les cônes de déjection des torrents du Saint-Bernard, du Rieux-Roux et du SaintAntoine. L’Arc, bordée de la voie de chemin de fer et de la route départementale 1006 (ancienne RN6), scinde la ville en deux, avec Modane-Gare et Modane-Ville en rive gauche et Loutraz en rive droite. À 1 572 m d’altitude, la station de Valfréjus fait partie, avec la ville de Modane, des secteurs d’habitation permanente. L’habitat modanais se caractérise également par la présence : - de hameaux secondaires regroupant plusieurs chalets d’alpage et encore habités les mois d’été : Polset, le Seuil et les Herbiers, - des chalets d’alpage individuels, certains à l’état de ruines et d’autres restaurés et ponctuellement habités, répartis sur différentes parties de la commune : la

Replanette, Fontaine Froide, le Lavoir, le Cugnet, Plan Marin, le Mélezet, Arrondaz, Le grand Planay, le clos de Polset, la Porrière, etc.

Ville de Modane

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17

Présentation

L'habitat


PNV - Sébastien Brégeon

Présentation

René Perri

Hameau de Polset

Station de Valfréjus

baisse constante, diminution accentuée à partir de 1990. Alors que le nombre d’habitants frôlait la barre des 5 000 en 1975, il n’était plus que de 3 668 en 1999. En effet, la ville a subi les conséquences du départ des industries : Saint Gobain en 1972, la papeterie Matussière en 1993, l’usine d’aluminium de La Praz en 1983. De plus, l’ouverture des frontières européennes en 1992 donne un coup d’arrêt aux activités

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

de transit des marchandises. Les maisons de commerce effectuant le transit disparaissent et les services de police et de douane, français et italiens, diminuent fortement leurs effectifs : les trains ne sont plus arrêtés et contrôlés. L’effectif des agents SNCF diminue de moitié. Malgré cette tendance, Modane reste la commune la plus peuplée du secteur.


Dimension économique Traditionnellement terre de passage, la commune a évolué au gré des époques : petit village de montagne et bourg essentiellement agricole jusqu'en 1857, Modane a vécu depuis, de profondes transformations toutes axées sur l’économie frontalière. Aujourd’hui, elle est devenue une cité administrative liée aux infrastructures de transports qui relient la France à l’Italie, ainsi qu’une station de ski. L’activité agro-pastorale d’origine a désormais un caractère plus marginal, mais essentiel au maintien des paysages.

L'agriculture

L’agriculture

Les troupeaux qui fréquentent le territoire de la commune sont tous transhumants (en provenance d’Ardèche, d’Aiton, du

Gérard Augert

a subi un fort déclin entre 1950 et 1970, du fait du développement de l’urbanisation et l’accroissement de l’offre d’emplois salariés. Depuis le milieu des années 1980, il n’y a plus d’exploitation ni d’exploitant agricole basés à Modane. Les espaces agricoles et pastoraux de la commune sont entretenus par les agriculteurs des communes voisines. En dehors des jardins individuels, il n’y a plus de cultures à Modane depuis les années 1960. Les alpages constituent le support de l’activité agricole, presque exclusivement pastorale à Modane. Seuls 3 ha de prairies

sont encore fauchés en périphérie de la ville. Il existe trois secteurs d’alpage (pour sept unités pastorales) couvrant près de 3 350 ha : Polset - la Porrière en rive droite de l’Arc, le Seuil-Arrondaz et le Lavoir en rive gauche. Les trois associations foncières pastorales créées à Modane permettent une exploitation aisée des secteurs d’alpage situés en rive gauche de l’Arc (AFP Le Lavoir et AFP Le Seuil - Arrondaz) et facilite la gestion des abords de la ville (AFP Modane périphérie) par de la fauche et du pâturage.

Troupeau de brebis gardé par un berger au Replat

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19

Présentation

Sommaire


René Perri

Présentation

Pâturage bovin dans le secteur du Thabor

Vaucluse, etc.). Les trois troupeaux ovins représentent un total de 3 000 bêtes environ. Le premier, de race Mérinos d’Arles, arpente l’alpage d’Arrondaz, avec quelques jours passés dans le secteur du Replat, en début et fin de saison d’alpage. Le deuxième troupeau pâture les pelouses du Seuil ; les bêtes sont de la race locale Thônes et Marthod. Le troupeau de l’alpage de Polset - La Porrière est de race Métisse. Selon leur provenance, les agneaux produits sont abattus en Savoie ou en Ardèche et vendus dans la Région. Deux troupeaux de vaches laitières, de races Abondance et Tarine, parcourent également le territoire modanais. Le troupeau de Termignon compte une trentaine de bêtes. Il pâture les prairies d’adret (Loutraz, Replaton, etc.) en intersaison uniquement. En saison d’été, ces vaches passent l’estive au Mont-Cenis (Lanslebourg-Mont-Cenis). Le deuxième troupeau, originaire de Basse Maurienne rassemble 130 vaches laitières. Elles sont en alpage de mi-juin parfois jusqu’à fin octobre dans le secteur de Replanette, passant les premiers et les derniers jours dans le quartier des Herbiers.

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Le lait collecté en alpage permet de produire de la tomme et du beaufort sur place, au Lavoir. Ces produits sont vendus dans la vallée de la Maurienne et dans tout le département. Autour de l’agglomération modanaise et vers le Charmaix, quelques personnes pratiquent l’apiculture en amateur. On recense 100 ruches environ pour une dizaine d’apiculteurs résidant à Modane. La récolte moyenne annuelle est de l’ordre de 20 kg par ruche. Le miel produit, régulièrement médaillé dans les concours départementaux, est vendu directement du producteur au consommateur.

Le tourisme

L’activité touristique est essentiellement liée à la station de Valfréjus. Les premiers équipements du plateau d’Arrondaz, sous forme de stade de neige, remontent à 1969. L’ouverture de la station de ski date de 1983. En 2006, le domaine skiable, qui représente 65 km de pistes et 12 remontées mécaniques, s’échelonne de 1 550 à 2 737 m d’altitude et occupe une surface de 25 ha sur


Le nombre de lits touristiques s’élève à près de 6 500 en 2006, localisés à plus de 90 % sur Valfréjus. Ces lits se répartissent entre les meublés, les résidences de tourisme, les hôtels, les résidences collectives, un gîte, le camping-caravaning, le refuge du mont Thabor. Bien que dominant, le ski alpin ne représente

René Perri

Ski hors piste sur la crête est du refuge du Thabor

Station de Valfréjus

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21

Présentation

national de la Vanoise en rive droite et le massif du mont Thabor en rive gauche.

PNV - Maurice Mollard

le plateau d’Arrondaz, le versant sud de Punta Bagna et le Pas du Roc. La fréquentation des vacanciers est la plus forte pendant les vacances scolaires (Noël et février). Au cours de cette période, la population avoisine les 10 000 habitants (comprenant permanents, vacanciers et salariés saisonniers). La saison touristique d’été existe également. La fréquentation des vacanciers est alors surtout motivée par la présence du Parc


Présentation

qu’une des nombreuses activités de plein air que propose la commune (lire l’encadré cidessous). Ces activités combinent la découverte des patrimoines naturel et culturel, et les activités sportives d’été et d’hiver. Outre l’office de tourisme, la maison de Valfréjus et la maison cantonale de Modane qui informent les vacanciers sur les activités offertes, un ensemble de professionnels de la

montagne organisent et encadrent différentes activités : moniteurs de ski, accompagnateurs en montagne et guides de haute montagne, etc. De nombreux sentiers de randonnée balisés sillonnent le territoire de la commune, dont le GR® Tour du mont Thabor. Le GR®5, relayé par le GR®55, permet de parcourir le territoire de Modane depuis le col de la Vallée Étroite jusqu’au col de Chavière.

ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE SUR LA COMMUNE DE MODANE Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise.

Découverte du patrimoine culturel : - visite de la maison penchée ; - visite de la chapelle du Charmaix (pèlerinage le 1er dimanche de septembre) ; - découverte du fort du Replaton ; - découverte de l'entrée monumentale du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis (exposition, visite) ; - exposition permanente du Lyon-Turin-Ferroviaire (dans la rizerie) ; - sentier de la mémoire (Valfréjus) ; - muséobar.

Activités sportives d’été : - promenades et randonnées en montagne ; - pêche ; - escalade, via ferrata, parapente ; - équitation, VTT, tennis, piscine.

Et sports d’hiver : -

ski alpin, de fond et de randonnée ; randonnées en raquettes ; speed riding ; centre de loisirs aquazen.

L'industrie

L’activité industrielle de la vallée s’amorce dès 1908 avec la construction de rizeries par des entrepreneurs italiens. Au nombre de quatre, ces ateliers traitaient le riz brut

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

venant de la plaine du Pô, puis de l’Indochine, française à l’époque. Le riz était décortiqué, poli, blanchi, glacé puis ensaché pour la vente. Les industriels ont su profiter des récentes installations hydroélectriques pour motoriser leurs machines et de la


Présentation Jacques Manon

La rizerie

facilité d’accès entre les deux pays par le tunnel ferroviaire du Mont-Cenis. L’entrée en guerre de l’Italie en 1940 signe la fin d’exploitation de ces usines. Seule une rizerie reste : ce simulacre de temple grec sert aujourd'hui de centre d’exposition permanente sur le percement des Alpes de la société Lyon-Turin-Ferroviaire. Trois carrières d’extraction de quartzite sont installées à Modane, localisées à Loutraz, vers le Saint-Antoine et sur la route d’Aus-

sois. Seule cette dernière est encore en exploitation, mais elle ne procède actuellement qu’à la transformation de matériaux extraits dans l’Arc. L’entreprise Électricité de France est également présente sur la commune via les prises d’eau. L’eau prélevée dans le torrent du Saint-Bernard permet d’alimenter le barrage de Plan d’Aval à Aussois ; celle du Lavoir, de Fontaine Froide et de la Loza est conduite vers le lac de Bissorte.

LA PAPETERIE MATUSSIÈRE ET FOREST Grosse consommatrice d’eau dans les différentes phases de la fabrication du papier, cette industrie, du nom des deux associés, s’installe en 1885 au bord de l’Arc dans les bâtiments abritant les compresseurs utilisés par Sommeiller pour le percement du tunnel ferroviaire. La papeterie fabrique d’abord de la pâte qu’elle vend en Italie, puis vers 1935, suite à des tensions entre ces deux nations, elle produit elle-même du papier à partir de cette pâte. Pour fabriquer son énergie électrique, la direction de l’usine utilise le ruisseau du Charmaix et rachète en 1945, la centrale du rieux Roux. La papeterie se spécialise ensuite dans les papiers d’emballage, comme le papier de boucherie de couleur rose ou le papier bleu pour garnir les cagettes de fruits et légumes. Dans les années 70 avec les lois sur l’environnement, sur la pollution, sur la gestion de l’eau, l’usine ne peut plus produire à partir du bois : les systèmes de dépollution imposés demandent des investissements trop importants. Elle recycle les vieux papiers ou les cassés de papeterie (nom donné aux papiers non conformes en qualité, en taille ou coloris) La concurrence est rude, l’usine vétuste ne peut se moderniser efficacement et arrête sa production en 1993.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


Présentation

Autres activités

La

ville de Modane est un chef-lieu de canton. Elle bénéficie de nombreuses autres activités économiques liées aux commerces, à l’artisanat, aux professions libérales, aux services, aux administrations, aux collectivités locales, etc. Le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin génère également une activité non négligeable sur la commune. Créé en 1971, le peloton de gendarmerie de montagne de Modane intervient en Maurienne, en Tarentaise et dans le Briançonnais.

Le collège La Vanoise scolarise les enfants des cantons de Lanslebourg et de Modane. Il accueille une section sport études ski alpin et ski nordique. L’hôpital local de Modane dispose de 65 lits de médecine. Il jouxte la maison de retraite occupée par des habitants des deux cantons. La présence du centre Croix-Rouge française de l’Albaron est une autre particularité de Modane. Fondé en 1982, ce centre accueille chaque année 1 000 stagiaires venus de toute la France, pour des formations aux premiers secours. Il reçoit également des groupes, des classes pour des séjours à la neige en hiver ou à la montagne en été.

LE LABORATOIRE SOUTERRAIN DE MODANE (LSM) Le Laboratoire souterrain de Modane est le siège de recherches fondamentales sur les particules. Seul 5 % de l’univers est connu. Pour pallier ce manque de connaissances, l’astrophysique étudie depuis plusieurs décennies la masse cachée (nature, origine). En pointe sur ces questions, le LSM tente d’intercepter des particules de cette matière noire, appelée “wimps”. Il est situé sous le tunnel routier du Fréjus, sous 1 700 m de roche, pour le protéger du rayonnement cosmique (rayonnement parasite).

LE CENTRE DE LUTTE ANTI-FEU (CFETIT) Créé en 2001-02, ce centre est basé sur la plate-forme du tunnel du Fréjus. Il sert de plateau technique et de centre d’essais pour des fournisseurs de matériel incendie ou d’équipements de sécurité. Il forme également des stagiaires (sapeurs-pompiers, personnels du service de sécurité) à l’exercice d’extinction de feu dans un environnement tunnel reconstitué au sein d’un vaste plateau technique de haute technologie.

Les milieux naturels où il n'y a pas d’équipement touristique sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C'est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale de Modane repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité des activités pratiquées dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.

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Sommaire

Présentation

Paysages de Modane

PNV - Sébastien Brégeon

Présentation photographique des grands types de milieux

Modane-ville et quartier de Loutraz Pelouses d’altitude Forêts

Rochers

Pelouses sèches

Rochers

Rochers Pelouses sèches

Adret et pelouses sèches

Forêts

Villarodin-Bourget

Pelouses sèches Forêts Rochers

Loutraz

Rochers Rivière Arc Modane-Ville Landes

Rochers

Forêts Landes

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25


PNV - Jacques Perrier

Présentation

Ombilic glaciaire au pied de la cascade du ruisseau Blanc (vallon de Polset)

Rochers Pelouses d’altitude

Rochers

Eboulis

Pelouses d’altitude

Eboulis Cours d’eau

Pelouses d’altitude Zone humide

Zone humide

Zone humide Rochers

Landes Cours d’eau

Zone humide Pelouses d’altitude

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Sébastien Brégeon

Zone humide avec son petit chenal dans la combe de la Grande Montagne

Le Mounioz

Rochers Rochers Eboulis

Falaises Eboulis

Eboulis

Rochers Falaises

Pelouses d’altitude

Zone humide

Chenal

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27


PNV - Sébastien Brégeon

Présentation

Vue vers la vallée du Charmaix, avec l'ancien fort du Collet

Rocher de la Dame

Rochers Eboulis

Eboulis Pelouses d’altitude

Pelouses d’altitude Landes Forêts

Forêts

Forêts Pelouses d’altitude Eboulis

Fort

Landes

Aulnaie verte

Forêts Ruines

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Sébastien Brégeon

Massif de Péclet-Polset et les glaciers de Chavière et de Polset

Dôme de Polset

Pointe du Bouchet Pointe Rénod

Pralognanla-Vanoise

Pointe de Thorens

Rochers des Dents Glaciers

Saint-Martin-de-Belleville

Glacier Eboulis

Eboulis Rochers - Falaises

Rochers - Falaises

Saint-André

Pelouses d’altitude

Eboulis

Cours d’eau Eboulis

Eboulis Pelouses d’altitude

Villarodin-Bourget

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29


Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Modane mais, à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Modane. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent.

PNV - Christophe Gotti

En

Potentille blanc de neige

bien connaître la flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir les statistiques suivantes. On dénombre actuellement à Modane 20 espèces de plantes protégées (voir les espèces notées en gras dans la liste des plantes d’intérêt patrimonial p.181). Trois d’entre elles présentent un intérêt majeur du fait de

Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs d’arbres conifères et feuillus, sur les mousses et en grande quantité à même le sol. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

Plantes rares et menacées

S’il l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Jacques Perrier

Présentation

Sommaire

Centaurée du Valais


Présentation leur grande rareté en France (la centaurée du Valais, la potentille blanc de neige et le trèfle des rochers). Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires”, en termes de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Modane compte : - 18 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, - 8 % des espèces “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans le Parc. Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - la potentille blanc de neige, espèce protégée et rare, présente en France dans les Alpes de la Savoie et du Dauphiné où elle est très localisée. - la centaurée du Valais, une plante rare et protégée, endémique* des Alpes. Elle est

PNV - Christophe Gotti

Sensibilité floristique du territoire communal de Modane - Observations de 1956 à 2006

Sabot de Vénus

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31


Présentation

Un certain nombre d’espèces végétales fait l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national. Leur valeur patrimoniale est estimée en tenant compte, notamment : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie.

PNV - Philippe Benoît

Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est important, et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique d’un territoire est important. Gentiane utriculeuse

En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole (rond orange). Les mailles blanches sont des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée.

présente en Europe uniquement en Suisse, en Italie et en France où elle ne fleurit qu’en Maurienne, depuis Le Châtel jusqu’à Lanslebourg-Mont-Cenis. - le sabot de Vénus, espèce protégée en régression en France en plaine ou à basse altitude. - la gentiane utriculeuse, espèce protégée présente en France uniquement en Savoie (après avoir disparu des départements de la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du HautRhin). - la valériane saliunca, espèce protégée, très rare et menacée, présente en Savoie uniquement dans sept localités. - le trèfle des rochers, espèce rare et protégée, n’occupant en France que les Alpes de Savoie et du Dauphiné.

Gérard Augert

Commentaire : L’intérêt floristique d’un territoire dépend du nombre d’espèces végétales connues et de la valeur patrimoniale de chacune de ces espèces.

Le Parc national de la Vanoise travaille sur l’inventaire d’un peu plus de 200 espèces pour la période 2003-2009. Parmi ces 200

Edelweiss

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Certaines d’entre elles sont aussi protégées (ex. l’ancolie des Alpes, le sabot de Vénus).

Lis martagon

Plantes utilisées par l’homme

Plantes symboliques

Le

PNV - Christian Balais

patrimoine floristique de Modane englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles :

Les

végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

Ancolie des Alpes

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

- le lis martagon, - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, etc.

PNV - Christian Balais

espèces, 40 espèces sont actuellement recensées sur la commune de Modane (voir la liste la des plantes d’intérêt patrimonial p.181). La répartition par type d’habitat* de ces plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) : - en adret et dans les pelouses sèches et steppiques (11 espèces) ; - dans les éboulis et les rochers (8 espèces) ; - dans les pelouses d’altitude (7 espèces) ; - dans les zones humides et le long des cours d’eau (5 espèces) ; - dans les aulnaies vertes et les mégaphorbiaies (5 espèces) ; - dans les forêts (4 espèces) ; - aux abords des anciennes cultures (3 espèces) ; - dans les landes et les fourrés de saules d’altitude (2 espèces).


L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Modane. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). Par ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : sous la limite supérieure des forêts, le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.

Les plantes à usage alimentaire

CPNS - Virginie Bourgoin

Des fleurs de pissenlit, les habitants de Modane faisaient de la confiture, alors que les feuilles sont consommées en salade. La soupe d’ortie est cuisinée à partir des feuilles et des tiges des jeunes plants. Au-delà de son

Ortie dioïque

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Michel Delmas

Présentation

Les plantes à usage pastoral

Renouée bistorte

intérêt gastronomique, l’ortie présente également des vertus médicinales du fait de sa richesse en fer, en vitamines C et A, en magnésium, en sels minéraux et en oligoéléments. Les feuilles de renouée bistorte, également appelées langue de chat, se consomment cuites en légumes. Les modanais cueillaient et cueillent encore de nombreux fruits sauvages : la fraise des bois, consommée telle quelle, les fruits du framboisier, de la myrtille, de la ronce commune (les mûres), du rosier sauvage (les cynorrhodons) servent à la confection de confitures ou de tartes aux fruits. Les baies noires du genévrier commun, utilisées comme aromate, agrémentent les plats. D’autres fruits sauvages tels que les baies du prunelier épineux, permettent la confection de liqueur. Alors qu’il était strictement médicinal auparavant, l’usage des brins de génépis (en fin de floraison) est devenu également alimentaire (liqueur de génépi).


Présentation Virginie Bourgoin

Parmi les usages proches de l’alimentaire, citons également l’utilisation que les modanais faisaient du rhizome (ou “racine”) de polypode vulgaire, une fougère très répandue en France, comme d’un réglisse, du fait de son goût amer et sucré.

PNV - Ludovic Imberdis

Fraise des bois

Pensée éperonnée

PNV - Philippe Benoît

Prises en infusion, les fleurs d’hysope étaient prisées contre les problèmes de toux. Très réputée pour ses qualités digestives, cette espèce accompagnait également les plats cuisinés.

Myrtille

Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. La liste des plantes médicinales est longue. Parmi les pratiques, les infusions de fleurs de pensée éperonnée ou de chrysanthème des Alpes, la camomille locale, soignaient les maux de gorge. Les fleurs de ce chrysanthème, les fleurs de la mauve commune, ainsi que les feuilles de la ronce commune permettaient de traiter les troubles respiratoires.

PNV - Maurice Mollard

Les plantes à usage médicinal

Hysope officinale

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35


Présentation

Les modanais luttaient contre la grippe en buvant des tisanes de brins de génépis ; les fleurs de reine des prés possédaient ces mêmes vertus pour traiter le virus grippal. Concernant les contusions et les coups, les habitants de Modane cueillaient les fleurs d’arnica des montagnes et de lis blanc pour les soulager.

base de plantes de montagne, qu’elle cultive ou qu’elle récolte en montagne. Ses cultures se trouvent à Fontaine Froide, au-dessus de Valfréjus. Ses préparations sont vendues localement, dans les gîtes d’étape, les chambres d’hôtes, les magasins de produits régionaux, etc.

Les plantes toxiques Aujourd’hui, à Modane, la plupart de ces espèces ne sont plus utilisées ou le sont de façon très marginale. Une herboriste, originaire de Modane, s’est spécialisée dans la confection de tisanes à

Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, le colchique, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées.

PNV - Maurice Mollard

Les plantes d’intérêt culturel et touristique

Dompte-venin officinal

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Il existe depuis quelques années à Modane, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à plusieurs formules, telles que des sorties et des séjours organisés par des accompagnateurs en montagne spécialisés, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne, La Société mycologique et botanique de Haute-Maurienne participe activement à faire connaître la flore, à travers l’organisation annuelle de deux expositions et de la semaine botanique de Valfréjus, ainsi que les sorties botaniques et les conférences qu’elle programme.


Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Modane, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes. Ainsi, 135 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit près de la moitié des espèces présentes en Vanoise et 32 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Modane se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés sauvages (bouquetin, chamois), des chauves-souris, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

PNV - Patrick Folliet

Parmi

Hérisson

PNV - Benoît Martineau

Les mammifères

Bouquetin des Alpes

Parmi les 20 espèces recensées sur la commune (soit 32 % de celles présentes en Vanoise), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que le hérisson, le renard, le cerf, le chevreuil, le blaireau, la martre, l’écureuil, le lièvre brun, le sanglier, etc. sont aussi présentes. Le mouflon de Corse, présent aussi sur la commune, est issu d’une introduction effectuée en 1966 à Modane et dans quelques communes voisines. Cette espèce d’origine méditerranéenne n’est pas réellement à sa place dans le contexte de l’écosystème alpin : son incapacité à se déplacer en période de fortes chutes de neige

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37

Présentation

Sommaire


Gérard Augert

PNV - Alexandre Garnier

Présentation

Mouflons de Corse

Loup

révèle son inadaptation à ce milieu. Citons également la présence avérée de deux grands prédateurs à Modane, dont le rôle dans les chaînes alimentaires est prépondérant : le lynx boréal qui fréquente le territoire de la commune à la recherche de proies, ainsi que le loup.

Modane compte au moins 84 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 120 présentes en Vanoise. 23 autres espèces d’oiseaux sont observées, régulièrement ou exceptionnellement, au cours de leur passage. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, le pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, le crave à bec rouge, la niverolle, - parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Modane, différents passereaux comme l’alouette des champs, le chardonneret élégant, la linotte mélodieuse, le rougegorge, les mésanges noire, boréale, charbonnière, bleue.

PNV

Les oiseaux

Gérard Augert

PNV - Nathalie Tissot

Jeune cassenoix moucheté

Lagopède alpin

38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Mésange bleue


Présentation PNV - Sandrine Lemmet

PNV - Joël Blanchemain

Lézard des murailles

Coronelle lisse

Les reptiles

Les poissons

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, cinq sont répertoriées à Modane ; trois espèces de lézards : lézards vivipare, vert, des murailles et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la coronelle lisse.

Cinq espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Modane : la truite de rivière ou truite fario, la truite arc-en-ciel, l’omble de fontaine, l’omble commun ainsi que le vairon. La truite fario et l’omble chevalier sont les deux seules espèces naturellement présentes dans la commune, les trois autres ont été introduites.

Faune invertébrée

Parmi la faune invertébrée de la commune, PNV - Patrick Folliet

la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances (ou des inventaires les plus avancés). À Modane, 101 espèces de papillons de jour ont déjà été recensées, soit les deux tiers des espèces connues en Savoie. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le flambé. Six d’entre elles sont

Grenouille rousse

Les amphibiens

PNV - Joël Blanchemain

Une seule espèce d’amphibien, la grenouille rousse, est connue à Modane sur les six que compte la Vanoise. La présence de la discrète salamandre tachetée est tout à fait possible sur la commune, d’autant qu’elle fréquentait, il y a une cinquantaine d’années, les abords de la carrière de Modane (route du Bourget).

Flambé

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 39


Présentation

la decticelle chagrinée, la decticelle bicolore, la mante religieuse, etc.

Gérard Augert

Trente-deux espèces d’odonates (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans le Parc, dont : l’aeschne des joncs, l’aeschne bleue, la libellule déprimée, la libellule à quatre taches, l’agrion porte-coupe, l’orthetrum bleuissant. Sur la commune de Modane, des individus d’espèces différentes, ainsi que les exuvies,* ont déjà été observés, en divers endroits de la commune, sans avoir été identifiés précisément.

PNV - Joël Blanchemain

protégées : le grand apollon, le petit apollon, le semi-apollon, le solitaire, le damier de la succise et l’azuré du serpolet. Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets, grillons et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 57 espèces connues dans l’espace-Parc, 19 ont été inventoriées (de manière incomplète) à Modane telles que le criquet des pâtures, le criquet des adrets, la grande sauterelle verte,

Decticelle chagrinée, femelle

40 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Joël Blanchemain

Grand apollon

Orthétrum bleuissant


Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au

sein de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 ha. Près de 53 000 ha sont classés dans le cœur du Parc, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend l’aire optimale d’adhésion (ancienne zone périphérique) du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des

vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale. Modane est l’une de ces 28 communes. La partie de son territoire située en rive droite de l’Arc est incluse dans l’espace du Parc. La zone protégée, ou cœur de Parc, concerne 17,5 % de la surface de la commune et l’aire optimale d’adhésion 6 %.

Parc national de la Vanoise à Modane

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 41

Présentation

Sommaire


Présentation

LES PARCS NATIONAUX L’article 1 de la loi n°2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux ne fait plus mention des termes “zone centrale” et “zone périphérique” des parcs nationaux. Elle précise qu’ “un parc national est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes à protéger ainsi que d’une aire d’adhésion. La zone centrale s’appelle dorénavant “cœur de parc” et la zone périphérique devient “aire optimale d’adhésion”. Celle-ci deviendra “aire d’adhésion” à l’issue de la décision des communes à adhérer à la charte du Parc.

Zonages ZNIEFF et ZICO

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la

présence des espèces protégées et déterminantes. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

42 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

Les ZNIEFF

ZNIEFF de type 1 : - Forêts de résineux de l’ubac de la Haute Maurienne (n°73000016) ; - Bois de Saint-André (n°73150008) ; - Forêts et alpages de l’Orgère au col de Chavière (n°73000020) ; - Vallée de la Neuvache et massif du Thabor (n°73160002) ; - Pelouses steppiques de la Loutraz – Chatalamia (n°73170005) ; - Bois du Sapey (n°73170007) ;

Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des

Sur l’ensemble du territoire communal de Modane, plusieurs ZNIEFF ont été proposées par des scientifiques et sont en cours de validation :

Délimitation de la ZICO “Parc de la Vanoise” à Modane

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 43

Présentation

présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.


René Perri

Présentation

Zone humide à linaigrette au bord du lac du Fréjus

ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315) ; - Massif des aiguilles d’Arves et du mont Thabor (n°7316) ; - Adrets de la Maurienne (n°7317).

Les ZICO Une partie du territoire de Modane est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Elle se cale presque exactement sur le périmètre optimal d’adhésion du Parc ; l’ensemble de ce territoire a été désigné du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle.

44 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Inventaire des zones humides

Le

rôle fonctionnel des zones humides est connu depuis longtemps, à travers leurs fonctions hydrauliques (régulation de crues et soutien d’étiage), biologiques (richesse en espèces rares et sensibles), hydrobiologiques (“lagunage” naturel), ou socio-économiques (usage agricole, cadre de vie) ; ces milieux naturels apparaissent comme des éléments essentiels concourant à l’équilibre recherché par tout développement qui se veut durable. La prise de conscience de cette importance justifie les dispositions administratives et juridiques récentes (loi sur l’Eau, loi sur les Territoires Ruraux, etc.) qui ne sont pas toujours relayées sur le terrain en raison d’un manque de connaissance et de projet pour ces milieux naturels. Face à ce constat, le Conseil général de la Savoie et l’Agence de l’eau RhôneMéditerranée-Corse ont commandé la


Sites classés / inscrits

En raison de son grand intérêt paysager, le site du mont Thabor a été classé “Site départemental de la Savoie” le 26 décembre 2000, au titre de la loi du 2 mai 1930, relative à la protection des monuments naturels et des

Site classé du mont Thabor

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 45

Présentation

dès 2001, un travail global sur les marais et tourbières du cœur du Parc. Il consiste en une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail est étendu depuis 2005 à tout le périmètre optimal d’adhésion du Parc. Depuis fin 2007, l’ensemble du territoire modanais est couvert par l’inventaire des zones humides. Près de 45 ha de marais ont été inventoriés, dans la combe de la Grande Montagne, au Lavoir, dans le vallon de Polset, etc.

René Perri

réalisation d’un inventaire aussi exhaustif que possible de toutes les zones humides (au-delà de celles à forte valeur patrimoniale recensées jusqu’ici) accompagné d’un plan d’actions pour les préserver de manière cohérente. L’inventaire, mis en œuvre entre 2004 et 2007, vise à inventorier les zones humides de plus de 1 000 m2 selon trois critères : biologiques (présence d’espèces indicatrices), pédologiques (hydromorphie des sols) et hydrologiques (inondabilité). La coordination de ce travail a été confiée au Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Les inventaires sont relayés localement par des collectivités ou institutions compétentes sur des territoires pertinents. Pour Modane, ce sont le Parc national de la Vanoise et le Syndicat des Pays de Maurienne qui portent cette étude. Avant que ne soit lancé ces programmes, le Parc national de la Vanoise avait entrepris,


Présentation

sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Le site classé englobe les lieux avoisinant le mont Thabor lieux proches depuis lesquels on peut en avoir une vue globale. Le périmètre du site classé couvre 4 800 ha au total (sur les communes d’Orelle, Valmeinier et Modane), dont 1 500 ha situés au sudouest du territoire de Modane.

Zonage Natura 2000

Les

directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable

de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les États doivent prendre les mesures permettant d’assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en

Délimitation du zonage Natura 2000 à Modane

46 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


La commune de Modane est concernée par les trois sites Natura 2000 suivants : - “Massif de la Vanoise” (site désigné S43) qui, sur Modane, couvre l’ensemble de la zone centrale du Parc national. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire, représentatifs des Alpes du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’État en 1998. Il est complété par un document d’objectifs opérationnel, dont l’élaboration est pilotée par le Parc national de la Vanoise, en étroite collaboration avec les acteurs du territoire.

- “Formations forestières et herbacées des Alpes internes” (site désigné S 38). Ne concernant initialement que deux habitats* rares (les forêts de pins à crochets et les pelouses sèches à caractère substeppique), une extension a été proposée pour inclure certains secteurs de prairies de fauche de Vanoise, un habitat d’intérêt communautaire. Le périmètre de ce site Natura 2000 concerne, sur le territoire de Modane, trois parcelles forestières situées en rive gauche de l’Arc. - “Landes, prairies et habitats rocheux du massif du mont Thabor” (site désigné S 37). Cette zone rassemble de nombreux habitats d’intérêt communautaire, avec la plupart des formations alpines et subalpines des terrains calcaires et siliceux. Cette mosaïque est favorable à la présence d’une faune et d’une flore très diversifiées, dont plusieurs espèces d’intérêt communautaire. Le périmètre de ce site Natura 2000 se cale exactement sur le périmètre du site classé du mont Thabor. Ces trois sites sont désormais intégrés au réseau Natura 2000.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 47

Présentation

cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”.


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Modane font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (comme la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages, ou les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51

Fiches-milieux

Préambule


Sommaire

Gérard Augert

Fiche-milieu n°1

Le village, les hameaux, leurs abords et les prairies de fauche

Modane, sa fontaine, sa mairie

Cette fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. Elle présente également les prairies de fauche environnant les villages. ◗ Les zones d’habitation

L’habitat modanais ne répond pas à un, mais à plusieurs types architecturaux différents, témoignant de l’histoire de la commune. Les habitations de type rural correspondent à des fermes massives, de deux étages avec combles. Leur toiture à double pan est couverte de lauzes ou d’ardoises ; les murs sont en pierre ou couverts d’enduit, traditionnellement à la chaux. Le bois est

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

également très présent en façade (dans les huisseries notamment). Les habitations du XIXe siècle sont généralement des immeubles de plus de trois niveaux. Elles se caractérisent par leur toiture en ardoise, à deux ou quatre pans, des façades richement décorées, des balcons en ferronnerie, etc. Des boutiques occupent souvent le rez-de-chaussée. Les bombardements de 1943 ont détruit de nombreuses habitations modanaises. Les nouvelles constructions répondent au type architectural typique de la période de reconstruction des années 1950, assez éloigné des critères de l’architecture traditionnelle : ce sont des immeubles d’habitation de quatre étages aux façades relativement sobres (appuis de fenêtres en ciment), enduites au ciment et peintes.


Les zones d’habitation incluent aussi des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères.

Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison. Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, ces prairies se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage. À Modane, on trouve : - les prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres

PNV - Jacques Perrier

À proximité des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que la rhubarbe des moines.

◗ Les prairies de fauche

Vue sur Modane-Gare et l'entrée du tunnel du Fréjus depuis le Replaton

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53

Fiche-milieu n°1

L’habitat pavillonnaire et l’habitat collectif d’après guerre à nos jours ont suivi différentes tendances architecturales (pavillons actuels, type chalet, maison plus urbaine des années 60 et barres d’immeubles de cinq à sept niveaux, etc.). La ville d’aujourd’hui correspond à une juxtaposition de quartiers aux formes urbaines très différentes, mêlant anciens centres de bourgs ruraux, quartiers pavillonnaires, collectifs, jardins familiaux, casernes, etc.


Virginie Bourgoin

PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°1

Joubarbe des toits

Rhubarbe des moines

engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. - des prairies artificielles, donc semées, soit en luzerne, soit en dactyle. Si elles occupaient autrefois des surfaces importantes (à la Porrière, Champ Renard, etc.), les prairies de fauche se limitent aujourd’hui à 3 ha situés aux abords de la ville, en rive gauche de l’Arc, dans les secteurs du Saint-Antoine, du Glacel et la zone des Terres Blanches.

qui constituent de véritables réservoirs d’eau. À proximité de certaines constructions telles que les chalets d’alpage, les reposoirs à bestiaux sont colonisés par une végétation tout à fait particulière, luxuriante et dense.

Flore Les plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présente classiquement sur les murets en pierres, la joubarbe des toits est une plante des montagnes capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante “grasse” est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie

CPNS - Aura Penloup

◗ Les zones d’habitation

Dactyle aggloméré


Faune ◗ Les zones d’habitation PNV - Maurice Mollard

Sans être toujours la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. La pipistrelle commune ou pipistrelle d’Europe fait partie des chauves-souris les plus anthropophiles. Elle ne pèse pas plus de 8 g et sa taille minuscule lui permet de se glisser dans des interstices ne dépassant pas 10 mm de largeur. Petit animal crépusculaire et nocturne, le hérisson d’Europe est un des mammifères les

Trisète jaunâtre

◗ Les prairies de fauche Une prairie de fauche se caractérise par la prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Parmi celles-ci, on trouve le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre pour les prairies plutôt grasses, alors que la kœlérie pyramidale est plus typique des prairies maigres sur calcaire. Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur

PNV - Patrick Folliet

Celle-ci se caractérise par la dominance de plantes à larges feuilles telles que l’ortie, l’épinard sauvage et la rhubarbe des moines qui était autrefois utilisée pour l’alimentation des cochons. Une fois installée, la végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir des décennies après que les troupeaux aient déserté le site. À Modane, on peut observer une végétation comme celle-ci à proximité des chalets d’alpage des Herbiers par exemple.

Hérisson

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55

Fiche-milieu n°1

éclat aux prairies de fauche. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote ; on y rencontre typiquement la renouée bistorte, dont les fleurs roses sont regroupées en épi dense et les feuilles, étroites et triangulaires, étaient consommées comme légumes.


Oiseau typique des jardins et abords de village, le rougequeue à front blanc nécessite la présence d’arbres espacés pour se percher et nicher. C’est un oiseau au comportement farouche et discret dont le mâle porte un plumage voyant : plumes rouge orangé sur la poitrine, queue rousse et tache blanche éclatante sur le front. Typique des zones rocheuses à végétation rase, son cousin, le rougequeue noir est devenu l’une des espèces les plus caractéristiques des zones d’habitations. Oiseau des milieux bocagers, le torcol fourmilier est un oiseau bien adapté aux jardins et aux vergers, où il trouvera les fourmis dont il se nourrit. À Modane, cet oiseau fréquente le secteur de Loutraz.

PNV - Joël Blanchemain

Des papillons tels que la petite tortue, la grande tortue, le paon du jour et la belle

Paon du jour

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n°1

plus répandus, en-dessous de 1 000 m d’altitude. Il fréquente de nombreux types de milieux, dont les jardins d’habitations. Il se nourrit principalement de petits invertébrés tels que les vers, les limaces et les insectes. Anthropophile, attachée aux zones rocheuses, la fouine fréquente aussi bien les alentours des habitations que les falaises, parfois jusqu’à 2 500 m d’altitude. C’est un mustélidé omnivore qui se nourrit principalement de fruits et pourchasse les petits mammifères et les oiseaux.

Femelle de tarier des prés

dame viennent profiter des ressources, fleurs et fruits, qu’offrent encore les jardins en automne. Tous ne périront pas aux premiers gels, certains hiverneront dans les combles des chalets et les granges, d’autres partiront vers le sud. ◗ Les prairies de fauche

Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus hautes telles que la grande berce lui servent de perchoir pour le chant ou de poste de guet. C’est un prédateur de petits insectes, abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.). En régression dans les prairies de basse altitude, il demeure très présent dans celles des étages montagnard et subalpin, comme l’atteste des études conduites en Haute Maurienne. Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Ceux-ci se remarquent par leur diversité et leur abondance. Parmi les papillons, le grand nacré se distingue par le dessus des ailes de couleur orange vif marqué de noir. Sa chenille se développe sur les violettes sauvages. D’une taille inférieure, le moiré lancéolé se déplace dans les prairies et les lisières entre 800 et 2 200 m d’altitude. Comme tous les moirés, ses ailes sont brun clair à brun foncé, barrées par une ligne de taches orange parallèle aux bordures


Fiche-milieu n°1 PNV - Maurice Mollard

Chalet d'alpage de Polset avec chaînage en bois, une caractéristique locale

extérieures. En France, ce moiré est surtout présent dans les Alpes. Très répandu, évitant toutefois les milieux trop humides ou trop arides, le criquet des pâtures est l’une des rares espèces d’orthoptères à pouvoir survivre dans les prairies grasses très enrichies en fumure. Le timbre de ses stridulations, répétées environ toutes les trois secondes, évoque le grincement du cuir neuf.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

représentent pour les naturalistes un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales, et d’autre part un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. Les prairies de fauche de Modane sont entretenues aujourd’hui par un agriculteur extérieur à la commune. Ces prairies sont fauchées deux fois par an, au début du mois de juillet et en septembre, avec des tracteurs. Elles ne sont pas irriguées, mais reçoivent de la fumure minérale.

◗ Les zones d’habitation

Le village, lieu de vie pour les hommes, fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître. ◗ Les prairies de fauche Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part elles

Intérêts biologique et patrimonial du milieu ◗ Les zones d’habitation

Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort, comme le hameau traditionnel de Polset. Modane compte d’ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre : la rizerie, la chapelle du Charmaix et la chapelle SaintJacques par exemple.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57


L’habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles. ◗ Les prairies de fauche

La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par ha et par an). Une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, une fauche précoce, répétée dans le temps, diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés, et la pollinisation par les insectes. L’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux

Gérard Augert

Fiche-milieu n°1

Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle rustique, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que la doradille noire et la rue des murailles. Au sein de la faune, les chauves-souris (pipistrelle commune) et certaines espèces d’oiseaux en particulier confèrent à ce bâti en pierres une valeur biologique importante.

Fort du Replaton

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°1 Gérard Augert

Chapelle du Charmaix

insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (micromammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale.

Évolution et transformation du milieu ◗ Les zones d’habitation En Vanoise, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Cet abandon est aussi lié au problème d’indivision lors de successions qui concernent un grand nombre d’héritiers pour un bien unique. À Modane, les bombardements sont aussi une des causes de l’abandon du bâti ancien. L’avènement du tourisme a fait fleurir des bâtiments volumineux dont l’architecture est radicalement différente, voire étrangère au style traditionnel des vallées de Vanoise.

Certaines granges sont aussi réaménagées en appartements. La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage. ◗ Les prairies de fauche

Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement importante en altitude. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59


Propositions de gestion ◗ Les zones d’habitation

Les jardins constituent un refuge, ainsi qu’un garde-manger souvent providentiel pour la petite faune. Leur maintien conditionnera l’existence de cette biodiversité.

Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre ornithologique RhôneAlpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc). L’homme a un rôle prépondérant à jouer dans le choix des produits qu’il utilise, que ce soit pour sa propre santé, ou pour celle de la faune que son habitation ou ses annexes sont susceptibles d’accueillir.

René Perri

Fiche-milieu n°1

Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 - 2 000 m. À Modane, plusieurs anciens secteurs de fauche d’altitude ont été abandonnés au cours de la dernière décennie, comme celui de la Porrière par exemple. De même, au cours des années 1990, des camions chargés de foin descendaient encore des Charmaix. Vouées à l’urbanisation, les dernières prairies de fauche de Modane risquent de disparaître à court terme.

Chalet restauré au Mounioz

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV – Jacques Perrier

Les cours d’eau et les lacs

PNV - Maurice Mollard

Lac de Chavière (vue vers le nord depuis la moraine frontale)

Ruisseau du Saint-Bernard et paysage d’automne

Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et le réseau hydrographique qui draine le territoire de Modane, la rivière Arc, ses affluents (ruisseaux du Saint-Bernard, du Povaret, du Charmaix, du Grand Vallon, du Rieux Roux et du Saint-Antoine), ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées. La dynamique des cours d’eau conditionne

l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Ils alimentent quelques zones humides situées dans leur lit majeur (zone humide du Lavoir), assurant ainsi leur pérennité, dès lors qu’elles ne sont ni drainées ni remblayées (lire fiche-milieu n°3). Lors des périodes de forts débits, le courant

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61

Fiche-milieu n°2

Sommaire


Fiche-milieu n°2

entraîne de violents phénomènes d’érosion. Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent dans le lit ou sur les bords du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de ne pas être concurrencées par d’autres plantes moins résistantes aux crues. Le long du ruisseau du Charmaix apparaît une végétation arbustive de saules et d’aulnes blancs, adaptée aux conditions de sol fréquemment détrempé et capable de résister aux fortes perturbations mécaniques. Elle permet la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*.

Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Ces retenues d’eau naturelles s’échelonnent entre 2 300 et 2 800 m d’altitude à Modane (lacs Café au Lait et lac de Chavière en rive droite de l’Arc et lacs Sainte-Marguerite, lacs des Sarrasins et lac du Fréjus en rive gauche). Certains de ces lacs (lacs sous la crête des Sarrasins), ainsi que d’autres gouilles au sein des zones humides se caractérisent par la présence de quelques plantes aquatiques (rubaniers, callitriche), les autres ne sont pas végétalisés. Là où existent des rivages peu profonds, une végétation dense de bord des eaux s’installe, principalement des cypéracées.

Délimitation du zonage Natura 2000 à Modane

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Épilobe de Fleischer

Flore plantes pionnières telles que l’épilobe de Fleischer. Celle-ci est caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais se développe aussi sur les éboulis et les moraines. Parmi la strate herbacée de la ripisylve, se trouve la pyrole à feuilles rondes, une plante aux feuilles brillantes, disposées en rosette basale. Assez commune dans les fourrés d’arbustes, sur sols frais à humides, elle porte de nombreuses fleurs blanches en

PNV - Jacques Perrier

Les bancs de graviers sont colonisés par des

Tormentille ou potentille dressée

PNV - Christian Balais

PNV - Ludovic Imberdis

Typiquement aquatique, le rubanier à feuilles étroites est une plante à feuilles flottantes. Ses feuilles, dilatées à la base puis de quelques millimètres seulement de largeur, peuvent mesurées jusqu’à 2 m de longueur. Ce rubanier est présent dans le petit lac rond situé sous la pointe des Sarrasins.

Populage des marais

Rubanier à feuilles étroites

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63

Fiche-milieu n°2

clochettes penchées, qui laissent dépasser le style*. Fréquent au bord des ruisseaux, le populage des marais est une plante toxique à feuilles en cœur et à grosses fleurs jaune d’or. La tormentille, ou potentille dressée, à fleurs jaunes plus discrètes, se rencontre également dans ce type d’habitat.


PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°2

naire d’Amérique du Nord, qui fait l’objet d’alevinage dans l’Arc. Certains groupes d’insectes comme les plécoptères*, dont les larves vivent au fond des torrents du Charmaix et du SaintBernard, sont de bons indicateurs de la qualité des cours d’eaux. Leur disparition signalerait une dégradation de la qualité du milieu.

Cincle plongeur

Faune

CSP - Alain Richard

des eaux courantes, le cincle plongeur est le seul passereau à s’immerger totalement dans les torrents pour prélever les larves d’insectes (comme les éphémères) dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l’eau. La bergeronnette des ruisseaux est étroitement inféodée aux eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et l’enneigement des ruisseaux d’altitude la chassent vers des cours d’eau de vallée. C’est une migratrice altitudinale. Poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario est présente dans les cours d’eau de Modane et parvient à se reproduire dans les ruisseaux du Charmaix et du Saint-Bernard. C’est un des poissons les plus répandus des torrents de Savoie. C’est une espèce indigène, ce qui n’est pas le cas de la truite arc-en-ciel, une espèce origi-

Truite fario

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie

CSP - Henri Carmié

Typique

Truite arc-en-ciel

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Les torrents et sources sont localement utilisés pour l’alimentation en eau du refuge du mont Thabor et des chalets d’alpage. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (voir la fiche-milieu sur les zones humides) et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage.


Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’eau est une ressource essentielle à toute forme de vie sur terre (chaque être humain par exemple est constitué à plus de 80 % d’eau). Elle est source de nombreuses

Gérard Augert

Lacs sous la crête des Sarrasins

Lac de la vallée étroite. Vue vers les Hautes-Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65

Fiche-milieu n°2

Valfréjus. L’eau de la commune est également prélevée (à partir du réseau d’eau potable) afin de répondre aux besoins en neige de culture de la station de ski, dont le nombre de canons à neige est passé de 8 à 76 entre 2005 et 2007.

PNV - Sébastien Brégeon

Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable, la pêche (à la truite notamment) et la production d’énergie hydraulique sur la commune (une microcentrale EDF sur le Rieux Roux et une privée sur le ruisseau du Saint-Bernard) ou sur des communes voisines via les prises d’eau et conduites forcées. Pour développer la pêche et compenser les faibles possibilités de reproduction naturelle, des empoissonnements sont réalisés. Parmi les autres usages, citons la pratique hivernale de la cascade de glace, possible à


PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°2

L'Arc en crue vers la Poste de Modane

richesses : biodiversité aquatique, approvisionnement en eau potable, etc. Le cycle de l’eau joue un rôle majeur dans le climat et les changements climatiques, les courants marins, les paysages terrestres, etc. Système autorégulé très complexe, il intervient dans le fonctionnement des cycles de tous les éléments liés à la vie (carbone, azote, oxygène, etc.). L’eau conditionne l’activité des espèces vivantes et chacune d’entre elles peut jouer un rôle important dans le fonctionnement de ce cycle. Le bon état du cycle de l’eau et le maintien de la biodiversité sont étroitement liés. La qualité et la quantité des eaux sont interdépendantes. Eu égard au rôle vital de l’eau mais aussi à sa fragilité, la loi sur l’eau de 1992 affirme l’appartenance de cet élément au patrimoine de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et son utilisation sont d’intérêt général. Ressource indispensable pour l’homme, les lacs et les cours d’eau s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Ils

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

constituent d’ailleurs un des principaux buts de randonnée pour les touristes (lacs SainteMarguerite par exemple).

Évolution et transformation du milieu Plus de 40 ans après la première loi sur l’eau (1964), l’état du cycle de l’eau est toujours préoccupant, un peu partout en France et sur la planète, avec des conséquences parfois très graves : désertification, inondation, surexploitation ou contamination des réserves d’eau potable, érosion de la biodiversité, etc. Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. De même, les écoulements à débit constant imposés par la gestion des captages, et donc


PNV – Maurice Mollard

En cas de mauvaise gestion des effluents d’élevage, comme l’épandage en période hivernale, sur des talus, à proximité des torrents et sur des prairies caillouteuses, il peut y avoir un transfert important de matières organiques vers les ruisseaux. À Modane, les troupeaux ne sont présents qu’en alpage et ne génèrent donc pas de fumier ni de lisier. S’ajoutant aux pollutions domestiques (et en période de basses eaux), ces pollutions supplémentaires peuvent dégrader durablement la qualité de l’eau des torrents et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques.

L’évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation de zone humide. Ces lacs comblés n’en sont pas moins très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie). De nombreux cours d’eau de Vanoise sont d’origine glaciaire. Si la fonte des glaciers devient totale, ces torrents finiront par disparaître. Les zones humides (lire la fichemilieu n°3) resteront les derniers réservoirs superficiels d’eau douce.

Propositions de gestion Une vaste opération de gestion de l’eau en Maurienne a été initiée dans le cadre du contrat de rivière “Arc et affluents”, signé en 1996 pour 5 ans. Les communes de l’ensemble de la vallée de l’Arc se sont engagées pour la réalisation d’un programme d’actions piloté par le Syndicat des Pays de Maurienne et articulé autour de l’assainissement (réalisation de nouvelles stations d’épuration, élimination d’arrivées d’eaux polluées dans les rivières), de la restauration et la mise en valeur des cours d’eau (gestion hydraulique pour la lutte contre les crues), et de l’animation du projet. Pour la commune de Modane, cette opération se traduit par mise en œuvre d’un projet de station d’épuration situé dans le secteur de La Praz à Saint-André. D’une capacité de 28 000 équivalent-habitants, elle permettra le traitement des eaux usées d’Aussois, Avrieux, Villarodin-Bourget, Modane, Fourneaux, Le Freney et SaintAndré. Elle devrait être opérationnelle en 2008.

Cascades du Saint-Bernard dans le vallon de Polset

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67

Fiche-milieu n°2

l’absence d’effet “chasse d’eau” naturel, ne permet pas à la rivière de renouveler les dépôts de limons et de graviers où se développe un cortège d’espèces pionnières remarquables. Il est par ailleurs important de réserver au torrent un débit suffisant en période de basses eaux.


Fiche-milieu n°2

Pour le traitement du lactosérum (ou petit lait), issu de la production du fromage en alpage, une station de lombricompostage sera mise en place sous la caserne du Lavoir ; elle devrait être opérationnelle en 2008.

PNV - Sébastien Brégeon

Pour pallier au problème de dégradation des cours d’eau, le passage effectif du débit au 1/10 du module à l’aval des prises d’eau améliorerait significativement les capacités biologiques des torrents.

Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme et plus généralement la vie sur terre, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse à son échelle, même si l’eau paraît localement intarissable.

L'Arc et ses berges endiguées

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie


CPNS - Virginie Bourgoin

Les zones humides d’altitude

Gérard Augert

Zone humide au Lavoir

Zone humide de la combe de la Grande Montagne (en arrière plan, le Mounioz)

Les

zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et des marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses,

qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (tels que les laîches) de petite taille.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n°3

Sommaire


Fiche-milieu n°3

À Modane, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les plus fréquents à Modane, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple dans la combe de la Grande Montagne, au nordest des lacs Sainte-Marguerite. - les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall. Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-

glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Sur ces marais se développent des groupements pionniers des bords de torrents alpins appelés Caricion bicolori-atrofuscae. Ce nom s’inspire de celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais : la laîche bicolore et la laîche rouge noirâtre. Ce type de marais, rare à Modane, existe vers le Pas du Roc, au pied du Petit Argentier.

Flore

Parmi

les zones humides acides, on rencontre le groupement végétal dominé par la linaigrette de Scheuchzer, caractéristique des stades pionniers des bords de lac, sur argile et limons. Cette plante à gros

Les zones humides d’altitude

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie


René Perri

Linaigrette de Scheuchzer

PNV - Damien Hémeray

pompons “cotonneux” dressés borde notamment le petit plan d’eau situé entre les lacs Sainte-Marguerite. La présence de cette linaigrette génère l’accumulation d’une première couche de matière organique, appelée tourbe, favorable à un autre cortège d’espèces végétales telle que la laîche brune. Les bas-marais acides à laîche brune ont une apparence monotone, liée au faible nombre d’espèces qui les composent et également à leur aspect. La présence de la linaigrette à feuilles étroites rend ce milieu plus attrayant d’un point de vue paysager.

PNV - Pierre Lacosse

Laîche bicolore

Laîche brune

La swertie vivace, à corolle violet livide veinée de violet foncé, pousse également dans les marais alcalins. Cette espèce protégée peu commune est présente à Modane dans la zone humide du Lavoir et vers Fontaine Froide. Autre espèce protégée des prairies humides et des bas-marais alcalins, l’herminium à un bulbe ou orchis musc est une orchidée portant un épi grêle et allongé de 10 à 70 fleurs jaune verdâtre. Elle est présente sur le versant en face du hameau des Herbiers.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71

Fiche-milieu n°3

La laîche bicolore est une herbe naine aux épis bicolores, typique des groupements pionniers de bord de torrent. Cette plante discrète, arctico-alpine* est rare et protégée. Elle caractérise des stades de zones humides souvent transitoires, qui sont remplacés ensuite par des marais alcalins dominés par la laîche de Davall, puis par le trichophore cespiteux, une herbe à tige lisse et cylindrique.


PNV - Patrick Folliet

PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°3

pauvre du marais ne peut lui apporter. Modane recèle plusieurs espèces de grassettes, dont la grassette commune l’une des plus communes en Vanoise et la grassette à éperon étroit, nettement plus rare. Cette dernière est connue sur les bords du ruisseau du Saint-Bernard, dans le vallon de Polset.

Swertie vivace

Grenouille rousse

Faune

Les zones humides et aquatiques constituent, en France, les seuls milieux aptes à accueillir des plantes carnivores, qui, dans la flore française, concernent principalement les espèces de grassettes, d’utriculaires, de droséras. Dans le cas des grassettes, les feuilles sont groupées en rosette appliquée au sol et recouvertes d’une substance visqueuse. Les petits invertébrés, englués dans ces sécrétions, sont lentement digérés. Ils fournissent à la plante les matières azotées dont elle a besoin et que le sol

Du

PNV - Christian Balais

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses. La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. C’est un amphibien essentiellement terrestre qui rejoint l’eau lors de la période de reproduction et éventuellement pour hiberner. C’est l’une des trois espèces d’amphibiens les plus répandues en

Grassette à éperon étroit

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Ponte de grenouille rousse


Usages, intérêts économiques et représentations Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Petit apollon

Savoie, avec le crapaud commun et la salamandre tachetée.

PNV - Sébastien Brégeon

Papillon protégé des prés humides et des bords de torrents, où pousse la plante nourricière de sa chenille, la saxifrage faux aïzoon, le petit apollon se caractérise par ses ailes à fond blanc jaunâtre, ornées de taches noires et d’ocelles rouges serties de noir.

Les milieux humides et aquatiques sont des milieux intéressants sur le plan biologique et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les zones humides participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants. L’ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques, la plupart sont vulnérables vis-à-vis des modifications du milieu, engendrées par les activités humaines. Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très parti-

Zone humide et son chenal d'eau quasi-stagnante dans la combe de la Grande Montagne

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73

Fiche-milieu n°3

Équilibre entre l’homme et son milieu


Fiche-milieu n°3

Évolution et transformation du milieu

CPNS - Virginie Bourgoin

La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Plus d’un tiers de ces zones a disparu ces 50 dernières années. Cette situation n’est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l’eau, ces disparitions de zones humides aggravent les effets des inondations en période de crues et accentuent les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger.

Vue rapprochée de la végétation de la zone humide du Lavoir

La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux

CPNS - Virginie Bourgoin

culières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que l’herminium à un bulbe et la swertie vivace confère une valeur biologique forte à ces milieux.

Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. De nombreuses petites zones humides ont déjà disparu et la construction de retenues d’eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l’alimentation des canons à neige a entraîné en Vanoise l’immersion de nombreux milieux humides.

Zone humide acide dans le secteur de la Losa

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie


CPNS - Virginie Bourgoin

Propositions de gestion

Zone humide à linaigrette de Scheuchzer (bordant un des lacs Sainte-Marguerite)

national, régional et départemental, qui se traduisent dans un premier temps par un inventaire et un bilan qualitatif des zones humides de la Savoie (lire page 43). À Modane, où l’on n’a pas d’informations précises relatives à l’évolution de ces zones, ce travail permettra de connaître à un instant donné (2007) l’état et les préconisations pour restaurer ou maintenir ces milieux naturels devenus rares. Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la flore

Les résultats de l’inventaire des zones humides de Modane émettront des préconisations de gestion au cas par cas. Quoiqu’il en soit, tout nouveau projet d’aménagement doit systématiquement tenir compte de ces zones précieuses, afin d’en assurer la préservation et éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. L’aménagement de points d’abreuvement et l’organisation de l’accès des troupeaux domestiques permettent d’éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire. Ponctuellement, la mise en défens de marais particuliers peut même s’avérer nécessaire. De même, quand c’est possible, le choix de l’emplacement des machines à traire devrait tenir compte de la présence de zones humides, afin d’éviter que le lessivage par les eaux de pluie ou l’écoulement direct des déjections animales et des effluents laitiers (eaux de lavage, etc.) ne génèrent des apports organiques répétés dans les zones humides voisines.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75

Fiche-milieu n°3

des zones humides sont les mêmes que pour les milieux “cours d’eau et lacs” (voir fichemilieu n°2). Le surpiétinement du bétail dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels risque d’endommager les milieux fragiles et d’en modifier la flore, du fait de la concentration des déjections.


Sommaire

Gérard Augert

Fiche-milieu n°4

Les adrets, pelouses sèches et steppiques et landes sèches

CPNS - Lisa Bielher

Pelouses sèches et terrasses de Cotaz zéro et des crêts de Loutraz

Vue rapprochée sur une pelouse sèche à la Teppe des Fourmis

Les adrets de Modane s’étendent depuis le pied de versant jusqu’à 1 400 m d’altitude environ. Quelques secteurs d’adret se situent plus haut en altitude, sous Tête Noire notamment. Sur ces versants, exposés au soleil, se

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

côtoient des pelouses sèches sur des fortes pentes, des replats au sol plus profond et plus humide généralement cultivés, des dalles rocheuses, des murgers*, et enfin des zones de friches buissonnantes à genévriers, rosiers sauvages et épine-vinette.


Fiche-milieu n°4 PNV - Jacques Perrier

La mosaïque formée par ces éléments juxtaposés, ainsi que la proximité d’autres types de milieux tels que les falaises et rochers, les forêts permettent à un grand nombre d’espèces animales et végétales de s’y développer. L’ensemble constitue un complexe d’une remarquable diversité biologique. Ce patrimoine naturel est d’autant plus exceptionnel que ces adrets abritent un type de pelouses sèches très particulier, lié à des conditions d’ensoleillement et de sécheresse climatique et du sol extrêmes, appelé “pelouses steppiques”, même si celles-ci ne sont pas tout à fait équivalentes aux steppes d’Europe centrale. Ce type de végétation est rare en Savoie comme en France. Ces pelouses sont constituées d’un tapis herbacé peu productif, caractérisé par la présence d’une végétation adaptée à la sécheresse. Les plantes dominant ces pelouses sont les graminées (ou poacées) telles que le brome érigé, la fétuque du Valais, la stipe à

Stipe à tige laineuse

tige laineuse et les légumineuses (ou fabacées) comme l’astragale de Montpellier et la bugrane naine.

Flore

On

rencontre dans ces adrets une flore adaptée aux conditions de sécheresse qui y règnent.

Les prairies de fauche

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77


PNV - Michel Filliol

Fiche-milieu n°4

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Astragale de Montpellier

Épine-vinette en fruits

Typique des pelouses très sèches, la stipe à tige laineuse (ou marabout) présente à elle seule un grand nombre de ces adaptations. Son importante pilosité, qui permet l’existence d’une couche d’air isolante, mais aussi sa surface foliaire réduite, l’épaisseur de son épiderme et la couche de cire qui recouvre ses feuilles sont autant d’adaptations contribuant à limiter l’évapotranspiration de cette plante. Quant à ses racines, profondes et ramifiées, elles assurent son ravitaillement en eau. Composante majeure du cortège d’“herbes” des pelouses steppiques, la fétuque du Valais est une des espèces protégées des adrets de la commune. Également inscrite sur la liste des espèces protégées, la rare centaurée du Valais est présente dans ces pelouses (vers les Teppes des Fourmis par exemple, comme la précédente espèce). C’est une plante aux feuilles très divisées, duveteuses, presque blanches. Les fleurs sont nombreuses, roses et groupées en inflorescence lâche. On ne peut la confondre avec aucune autre espèce de centaurée présente à Modane (lire la fiche-espèce n°4). Partageant le même type d’habitat, le silène otitès est assez abondant. Ses feuilles inférieures rapprochées en rosette basale sont surmontées d’une tige portant des grappes de petites fleurs verdâtres. Les conditions écologiques sont réunies à Modane pour accueillir certaines espèces végétales méditerranéennes telles que la

scorzonère en lanières et l’astragale de Montpellier.

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Arbuste des coteaux secs de l’étage montagnard, l’épine-vinette colonise rapidement le territoire dès l’abandon du pâturage. Puissamment armée d’épines longues et aiguës qui la protègent du bétail, elle profite de ses avant-postes dans les haies basses et les pierriers pour lancer des drageons à croissance rapide. La petite faune y trouve de nombreux refuges et des ressources alimentaires : c’est une plante mellifère et ses baies sont comestibles.

Faune

Pour les herbivores qui cherchent, en hiver, clémence et ressources alimentaires, les pentes ensoleillées exposées au sud, où la neige fond rapidement et dénude une végétation précoce, constituent des zones d’hivernage privilégiées pour les biches et les cerfs, à Modane. Ces milieux accueillent également une avifaune intéressante. La perdrix bartavelle, par exemple, fréquente les pelouses sèches et les pâtures extensives ensoleillées et pentues, entrecoupées de barres rocheuses, où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux dont le relief accidenté


Fiche-milieu n°4

PNV - Sébastien Brégeon

PNV - Alexandre Garnier

Jeune de circaète Jean-le-Blanc au nid

lui permet de limiter les rencontres avec les prédateurs, sous Tête Noire par exemple. Consommateur presque exclusif de reptiles (couleuvres, vipères et lézards) et occasionnellement de grenouilles, le circaète Jean-le-Blanc trouve sur les coteaux d’adret de grands territoires de chasse. Il niche certaines années à Modane (en 2005, notamment). Parmi ses proies de prédilection se trouve la vipère aspic, relativement abondante sur les adrets modanais. Présent principalement sur les versants bien exposés, le lézard vert constitue une proie potentielle pour ce rapace (lire la fiche-espèce n°12). La pie-grièche écorcheur chasse de gros insectes et des lézards dans les prairies sèches couvertes de buissons de genévrier commun et d’églantiers. Ceux-ci lui servent aussi de nichoir et de garde-manger : elle empale ses proies sur les épines des arbustes qui constituent alors des “lardoires” où elle se ravitaille en cas de besoin.

Les pelouses rocailleuses et les vires rocheuses des versants ensoleillés constituent un habitat de choix pour le grand apollon. Cette espèce protégée des massifs montagneux est rare en France, bien que localement abondante dans les Alpes et les Pyrénées (lire la fiche-espèce n°13). Autre papillon, le moiré striolé fréquente également les stations sèches et chaudes des adrets de Modane. C’est une espèce très localisée en France mais assez répandue dans les Alpes.

PNV - Ludovic Imberdis

Perdrix bartavelle

Lézard vert avec une proie dans la bouche

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Joël Blanchemain

Usages, intérêts économiques et représentations

Vipère aspic

Les défrichements anciens ont permis l’extension des pelouses d’adret, autrefois entretenues par une fauche manuelle ou un pâturage régulier.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79


CPNS - Lisa Bielher

Fiche-milieu n°4

Gérard Augert

Pâturage dans les pelouses sèches de Cotaz zéro

Zone de pelouses steppiques de Teppe des Fourmis, sous le fort du Replaton

D’un point de vue agricole, les pelouses les plus sèches ont un intérêt pastoral limité en raison de la faible productivité de ces milieux. Par contre, la précocité de leur végétation est intéressante dans la mesure où elle permet un pâturage en début de saison. Depuis 2003, le secteur de pelouses sèches situé dans l’association foncière pastorale de Modane-Périphérie était pâturé par un troupeau ovin d’environ 150 bêtes et un troupeau de vaches laitières. Depuis 2007, seul le troupeau de 22 vaches laitières pâture

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

ces pelouses d’adret, de fin avril à mi juin et de fin septembre à mi-novembre.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Aux yeux des touristes comme des modanais, ces adrets revêtent un intérêt paysager important. Le maintien des milieux ouverts, culturellement plus appréciés que la friche, correspond à une réelle demande sociale. Les adrets de Modane forment une mosaïque de milieux diversifiés. À l’échelle du


Évolution et transformation du milieu Les pelouses les plus sèches ont une dynamique de végétation assez lente, car la pauvreté du sol ne permet pas l’établissement d’une végétation arbustive significative. Elles n’évoluent donc que très lentement. Par contre, ailleurs, l’abandon de l’utilisation agricole entraîne un embroussaillement (colonisation par le rosier, l’épinevinette et le genévrier commun) puis une reforestation naturelle (par le pin sylvestre). Le pâturage par les troupeaux domestiques et par les ongulés sauvages au printemps, tels que les cerfs et les biches, contribue au moins partiellement au maintien du couvert végétal herbacé. À Modane, depuis le retour de troupeaux domestiques en intersaison, les pelouses sèches aux abords de la ville, se maintiennent.

Versant d'adret de Modane (quartier Loutraz, en bas à droite)

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81

Fiche-milieu n°4

Par ailleurs, la présence, sur les versants, de prairies offrant une ressource herbacée précoce peut limiter la fréquentation des prairies de fauche de la vallée par les ongulés sauvages au printemps.

PNV - Sébastien Brégeon

versant, cette variété d’habitats (pelouses sèches et steppiques, roches, murgers*, landes à genévrier, etc.) présente un fort intérêt qui s’amoindrit si le milieu se ferme trop. La seule présence des pelouses steppiques sur ces adrets confère au site une valeur patrimoniale remarquable du fait de la rareté de cet habitat en Savoie et plus généralement en France. La sécheresse et l’ouverture du milieu favorisent l’implantation d’espèces thermophiles de pleine lumière comme la centaurée du Valais, qui ne sauraient prospérer dans les autres types de prairies, plus largement répandues. Les caractéristiques écologiques particulières des pelouses et prairies sèches (sécheresse, chaleur, lumière) souvent contraignantes, favorisent la présence de tout un cortège d’espèces originales qui leur sont adaptées. Une bonne partie d’entre elles disparaissent quand ces pelouses s’enfrichent et cèdent la place aux fourrés et aux landes. Leur situation, en bas de versant, à proximité de la ville et des voies de circulation, fait de ces adrets un élément important du cadre de vie des habitants.


PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°4

Recolonisation de pelouses sèches par les ligneux (sous le Replaton)

Propositions de gestion À l’échelle du versant, le maintien d’un pâturage extensif semble la solution la plus appropriée pour empêcher la colonisation des adrets par les ligneux et entretenir les zones encore ouvertes. Plus localement, l’intérêt écologique particulier de tel ou tel secteur de pelouses, ou la présence d’espèces de fort intérêt patrimonial, peut nécessiter, dans un objectif de préservation, des interventions de restauration par moyens mécaniques (débroussaillement des épines-vinettes, abattage de quelques pins sylvestres). Les opérations devraient être suivies d’un entretien par pâturage léger. Pour autant, l’intérêt biologique de ces adrets résidant également en l’existence d’une mosaïque de milieux, il convient de maintenir une part de chacun d’entre eux : bosquets, haies, murgers*, etc.

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Actuellement, le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie mène une opération de sensibilisation des communes et des agriculteurs sur l’intérêt des pelouses steppiques de moyenne Maurienne. Cette animation concerne 18 communes depuis La Chambre jusqu’à Aussois. Modane fait partie des communes qui bénéficient depuis 2007 de la mise en place de mesures en faveur de ces pelouses sèches afin de maintenir l’ouverture du milieu par le pâturage (secteur de Loutraz). Les pelouses sèches de la Teppe des Fourmis bénéficient elles, de la mise en œuvre d’inventaires naturalistes et d’un suivi de végétation, afin d’accroître les connaissances scientifiques de ces milieux remarquables. De petites interventions manuelles ou mécaniques visant à préserver le milieu et les espèces présentes pourront également être envisagées, en tant que de besoin.


PNV - Sébastien Brégeon

Les forêts de feuillus et de conifères

René Perri

Forêt de feuillus dans le quartier du Replaton

Forêt d'Arplane en ubac

Sur

le territoire de la commune, la forêt s’étend du fond de vallée à 2 270 m d’altitude, sous le rocher de la Dame, notamment. Elle occupe une surface de plus de 1 200 ha, soit environ 16 % du territoire. Elle couvre les deux versants de la rivière Arc et se prolonge dans la vallée du Charmaix jusqu’au Lavoir, dans la vallée du

Grand Vallon jusqu’au puits d’aération du tunnel routier du Fréjus ; en rive droite, le couvert forestier atteint presque la source du Vin en amont du hameau de Polset. Contrairement à la plupart des forêts de Vanoise, principalement résineuses du fait de leur altitude supérieure notamment, celle

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n°5

Sommaire


Fiche-milieu n°5

Les forêts de conifères et feuillus

de Modane se compose à la fois de conifères (épicéa, pin cembro, pin sylvestre, sapin, mélèze et pin à crochets), mais également de diverses essences de feuillus (hêtre, érable, frêne, etc.). Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d’épicéa. Couvrant une surface de plus de 600 ha, sapinières-pessières (303 ha) et les pessières* (311 ha) constituent les peuplements les plus

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie

abondants des forêts de Modane. Ils s’étendent principalement en versant nord, les pessières* prolongeant en altitude les sapinières-pessières : secteurs du Replat, les Côtes, Pra-Dieu, etc. La cembraie* s’étend principalement dans la frange forestière supérieure (au-dessus des pessières* fraîches), sur une surface de 160 ha environ : secteurs de mont Rond, Charmasson, Charmaix, Pra-Dieu, le Monin. En rive droite, la cembraie est très localisée dans le canton forestier de Polset. La pineraie de pin sylvestre est par excellence la forêt sèche de l’étage montagnard. Elle occupe 125 ha localisés sur la Teppe des Fourmis, La Ravoire, Champ Renard, etc. Le versant sud se caractérise également par la présence de la pessière* sèche, dans les secteurs de la Ravoire et des Avenières


Les forêts de conifères présentent une forte diversité de lichens, que ce soit au sol ou sur les branches, avec différentes espèces du genre usnée, des lichens filamenteux vert jaunâtre. Lichen bien représenté en Maurienne, le lichen des loups se développe presque toujours sur le mélèze. D’une couleur jaune soufre très vif, c’est l’un des deux lichens toxiques en France, avec le cétraire du pin, une espèce de couleur jaune vif également, très présente sur les branches basses des bouleaux et des conifères de la commune.

Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri du mélézein, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière subalpine, etc.

Roger de la Grandière

C’est dans la partie inférieure de la forêt (au Replaton par exemple) que se situent les différents peuplements naturels de feuillus et notamment les taillis de frêne, de bouleau et de peuplier tremble, issus très souvent de la recolonisation ligneuse des anciens prés de fauche et pelouses sèches d’adret.

Cétraire du pin

Flore

PNV - Christophe Gotti

Arbre

Usnée

principal de l’étage montagnard en Vanoise, l’épicéa est l’essence la plus abondante des massifs forestiers de Modane. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’œuvre (charpente, bardages, etc.). Arbre élevé à écorce de couleur caractéristique brun rougeâtre à saumonée dans la partie supérieure du tronc, le pin sylvestre est considéré comme une espèce de lumière. C’est l’espèce dominante des forêts d’adret. Assez commun dans la zone périphérique en Maurienne, il est plus rare en Tarentaise.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85

Fiche-milieu n°5

Lichens

La présence de la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, aux sols maigres et aux situations de crêtes, est liée au substrat géologique (gypse, calcaires et cargneules*). À Modane, elle s’étend sur 34 ha, entre la Combe de l’Ouille et le Replat.


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche. Dans les sous-bois de forêts de feuillus, aux Avenières par exemple, fleurit la violette singulière. La singularité de cette espèce aux grandes feuilles vert jaunâtre vient de son mode de fructification. En début de saison, elle est sans tige et produit des fleurs stériles, odorantes, violet pâle. Elle développe ensuite une tige et produit des fleurs fertiles très discrètes, sans pétales.

Branche et cônes d'épicéa

Présent en mélange avec d’autres essences, le mélèze est le seul conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en ébénisterie. L’arolle, ou pin cembro, produit un bois de faible densité, facile à travailler, utilisé comme bois d’œuvre pour l’ébénisterie et en sculpture (lire la fiche-espèce n°7).

PNV - Maurice Mollard

L’oxalis petite oseille, encore nommé painde-coucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches.

PNV - Patrick Folliet

Bruyère des neiges

Mélèze

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Sous-arbrisseau à tiges couchées et rameaux dressés, la bruyère des neiges ou bruyère herbacée tient son nom de sa période de floraison, de décembre à mars alors que la neige est encore bien présente. Bien que localement abondante, cette espèce protégée est rare en France et se trouve en Vanoise en


Sabot de Vénus

PNV - Maurice Mollard

PNV - Emmanuel Faure

limite occidentale de son aire de répartition. Autre espèce protégée des forêts, le sabot de Vénus pousse en sous-bois ouvert de conifères. Cette orchidée spectaculaire aux très grandes fleurs jaunes en forme de sabot est volontiers reconnue comme le symbole de la protection végétale (lire la fiche-espèce n°3). La pyrole intermédiaire pousse également en forêt, de l’étage collinéen au subalpin. Présente seulement dans une vingtaine de communes savoyardes, dont fait partie Modane (pentes boisées surplombant Plan Monin), cette pyrole peu fréquente et protégée porte une inflorescence en grappe composée de petites fleurs blanches, dont le style* droit et allongé est caractéristique.

Chouette hulotte à Loutraz

Rapace nocturne aux grands yeux noirs, la chouette hulotte affectionne les boisements clairsemés, où abondent ses proies, principalement mulots et campagnol roussâtre. Elle n’est guère présente au-dessus de la limite supérieure de l’étage montagnard. Caractéristique des paysages boisés aérés, la grive draine se tient surtout en lisière des forêts et dans les clairières. Elle a besoin de grands arbres pour chanter et nicher, mais

Les

forêts constituent un refuge pour de nombreuses espèces de mammifères, qu’ils soient typiques de ce milieu comme le lynx

Gérard Augert

Faune

Le pic épeiche, un autre oiseau peuplant les forêts modanaises

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87

Fiche-milieu n°5

boréal (lire la fiche-espèce n°11) ou non : écureuil roux (lire la fiche-espèce n°9), blaireau, chevreuil, cerf, sanglier, etc. Mustélidé sociable, le blaireau d’Europe choisit presque toujours un secteur forestier dense et abrupt pour établir sa tanière. Cependant, son régime alimentaire omnivore le conduit à explorer également les milieux ouverts à la recherche de sa nourriture (vers, rongeurs, insectes, fruits, baies, etc.).


elle se nourrit d’invertébrés et de végétaux (baies, etc.) dans les prés et autres zones dégagées. Sa “cousine”, la grive musicienne s’installe aussi en forêt, mais elle affiche une certaine préférence pour les formations sur sol humide et ombragé. En effet, sa présence est conditionnée par celle des vers et escargots, ses mets de prédilection. Elle a la particularité d’être un des rares oiseaux à savoir se servir d’un outil, une enclume, qui est un caillou sur lequel elle brise les escargots pour en extraire la chair. La grive litorne, elle, est liée aux boisements humides de conifères, isolés ou en bordure de forêt. Nicheur sédentaire assez commun, le geai des chênes est un oiseau qui, même s’il privilégie les forêts de chênes, fréquente

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l’Office national des Forêts. La forêt communale couvre 1 116 ha. Cette surface inclut environ 180 ha de terrains

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°5

PNV - Jean-Pierre Martinot

Jeune bécasse des bois

aussi les boisements de feuillus, et, dans une moindre abondance les forêts de résineux. Comme l’ensemble des corvidés, le geai est omnivore et consomme ainsi des fruits forestiers, des fruits cultivés, etc., également des lézards et des campagnols. Il s’attaque parfois aux couvées (œufs et oisillons) des petits passereaux. Oiseau peu connu et rarement observé en Vanoise, la bécasse des bois fréquente les zones boisées entrecoupées de clairières. C’est une espèce très discrète, dont l’activité est principalement crépusculaire. Son vol rapide est ponctué de brusques changements de direction. La seule observation connue concerne une nichée de trois jeunes poussins dans le bois du Sapey, en 1985.

Forêt en rive droite de l'Arc (au fond, les glaciers de Polset)

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°5 Gérard Augert

Paysage d’automne au Replaton

non boisés (couloirs d’avalanches, pierriers, aulnaie verte, etc.). Les surfaces de forêts privées représentent 110 ha pour 206 propriétaires. La forêt domaniale de la Belle Plinier est composée de plusieurs secteurs : Arrondaz, le Seuil, les Herbiers et le Saint-Antoine. Cet espace est géré par le service de restauration des terrains en montagne (RTM) et représente une surface de près de 403 ha, dont 145 ha seulement sont couverts de forêt. La majeure partie de la forêt communale est exploitée en futaie irrégulière*. Son exploitation forestière est soumise à un plan d’aménagement, qui fixe les règles de gestion sur une durée de 15 ans (20022016). Ainsi, 481 ha de forêt communale (situés en partie sur les cantons de la Porrière, le Sappey, le Replat, le Seuil, le Charmaix, etc.) sont affectés principalement à la production de bois d’œuvre résineux tout en assurant la protection générale (physique, paysagère, etc.) des milieux. La production moyenne

annuelle de bois sur ce secteur approche 1 000 m3 exploitable. Le plan d’aménagement envisage le prélèvement des essences suivantes : épicéa, sapin, pin sylvestre, pin à crochets, mélèze et pin cembro. Les deux premières espèces fournissent du bois de qualité bonne à excellente, destiné à la charpente, la menuiserie, le coffrage et la palette. Le pin cembro fournit du bois pour l’ameublement, la sculpture et le lambris. Les coupes sont vendues préférentiellement et majoritairement aux scieries mauriennaises et italiennes. Les chablis isolés sont cédés par lots aux habitants de Modane. Ils représentent un volume annuel moyen de 80 m3 (dont 80 % sont destinés au chauffage et 20 % à la construction), pour huit cessionnaires environ. Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à une protection générale contre l’érosion du sol, le ravinement et les départs d’avalanches. Une partie des secteurs de

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°5

Forêt dans le vallon de Polset

Charmasson, de Pra-Dieu, ainsi que les cantons forestiers de Polset, Champ Renard, Teppe des Fourmis, Fonge Lune, Les Bettets, etc. (soit 635 ha de la surface de forêt communale) sont voués prioritairement à une telle protection physique et paysagère. Les fonctions secondaires de ces secteurs sont liées à l’accueil du public et, secondairement à la production ligneuse. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de plein air (randonnée, équitation, ski, VTT, etc.). Le droit de chasse est cédé à l’association de chasse locale. En dehors du bois, la forêt fournit d’autres ressources naturelles : myrtilles, framboises, groseilles, champignons, pignes de pin cembro, etc.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

patrimonial au niveau européen, que la Communauté européenne a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”. Sa présence a motivé l’intégration des parcelles forestières 19 et 20 au réseau Natura 2000, dans le site des formations forestières et herbacées des Alpes internes (lire § Natura 2000 page 46). L’existence, à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée, très gros bois, vieux arbres), est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. À Modane, un arbre remarquable a été identifié dans le secteur des Avenières. Il s’agit d’un sapin pectiné de 43 m de hauteur, au port cylindrique peu décroissant et au sommet tabulaire. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que le sabot de Vénus, la bruyère herbacée, etc. La présence


Dans le massif de la Vanoise, les forêts de conifères constituent des ensembles de grande superficie qui tendent à progresser lentement, aux dépens des pâturages abandonnés. Ils sont ponctuellement menacés par la fragmentation inhérente aux équipements et à la gestion forestière. C’est le cas à Modane, également. Outre la destruction de boisement pour l’aménagement de pistes de ski et de remontées mécaniques, le tourisme d’hiver affecte également la forêt du fait de la pratique du ski hors piste, qui a lui même un impact sur la régénération naturelle, les skis sectionnant le sommet des jeunes pousses. La surfréquentation hivernale des forêts peut provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces,

Arbre mort dans la forêt de Polset

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91

Fiche-milieu n°5

Évolution et transformation du milieu

PNV - Maurice Mollard

du tétras-lyre, du lynx, etc. dans les forêts modanaises participe également à l’intérêt biologique de celles-ci. Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune, en particulier en automne lorsque la ramure des feuillus et des mélèzes prend une teinte jaune orangé et dorée et contraste alors avec celle, constamment verte, des autres conifères. Elles jouent aussi un rôle de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles. À travers leur mode de nutrition qui utilise le gaz carbonique présent dans l’atmosphère, les forêts remplissent une fonction de stockage du carbone et, selon le mode d’utilisation du bois (meubles, charpente, etc.), contribuent à modérer et différer la problématique de l’effet de serre occasionnée par notre société.


Fiche-milieu n°5

diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger permanent pour ces oiseaux. Le morcellement progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. Il peut aussi provoquer la destruction directe de plantes protégées. De plus, la création de toute nouvelle piste forestière augmente inévitablement la fréquentation humaine et motorisée, qui peut devenir difficilement contrôlable par la suite (VTT, raquettes, motos, etc.). Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression voire la disparition de certaines populations animales de tout un secteur. En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local. À Modane, une piste agro-sylvicole vient d’être ouverte au Replaton. Une nouvelle desserte forestière de 2 km est également en projet dans le secteur de mont Rond, afin de permettre l’exploitation de ce secteur.

Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation.

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Si l’exploitation forestière permet l’existence et le maintien d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, elle est alors favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Dans la forêt communale de Modane, les arbres secs ne sont pas exploités ; ils sont nombreux dans les zones peu accessibles. Par ailleurs, la forêt compte de nombreux arbres très âgés dans les zones mal desservies notamment. Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Cela exige un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés. Par ailleurs, l’installation systématique de dispositifs de signalisation des câbles de remontées mécaniques et des lignes électriques pourrait atténuer le nombre de collision des tétraonidés forestiers sur ces aménagements et diminuer ainsi leur mortalité. Une réserve biologique domaniale intégrale est en cours de création dans le secteur du Seuil. Ce classement induit en termes de gestion de laisser libre cours à la dynamique spontanée des habitats, aux fins d’étude et de connaissance, ainsi que de conservation ou développement de la biodiversité associée (rapaces nocturnes et diurnes, entomofaune saproxylique, etc.). Il permettra une meilleure connaissance du milieu naturel, en servant de sites privilégiés d’études pour les scientifiques.


PNV - Sébastien Brégeon

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie

PNV - Sébastien Brégeon

Aulnaie verte à la Replanette

Mégaphorbiaie

L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable, capable de former de grandes entités homogènes. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine :

- les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques. Ces aulnaies sont bien représentées au Lavoir et au Seuil par exemple. - les aulnaies secondaires* qui peuvent

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93

Fiche-milieu n°6

Sommaire


Fiche-milieu n°6

résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. Ces aulnaies sont dominantes à Modane. On les rencontre notamment le long du ruisseau du Saint Bernard à Polset et à Praz Dieu. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent. Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de

s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mi-journée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin. Le sentier qui mène à la Losa, depuis le Lavoir permet de longer quelques mégaphorbiaies*.

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°6 PNV - René Poulet

PNV - René Poulet

Aulne vert

Adénostyle à feuilles d'alliaire

Flore

des Alpes est une plante vivace à tige dressée et feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Commune en Tarentaise, elle porte des fleurs bleu violacé disposées en grappes plus ou moins allongées. L’adénostyle à feuilles d’alliaire fait également partie de cette flore exubérante. Atteignant jusqu’à 1,5 m de hauteur, elle développe de larges feuilles irrégulièrement dentées, vertes et glabres à la face supérieure et d’un blanc cotonneux dessous.

L’aulne vert, encore appelé arcosse, possède

Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes luxuriantes. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue

Gérard Augert

des tiges très souples inclinées vers l’aval. Solidement ancré au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir luimême le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol qui explique en partie l’exubérance des mégaphorbiaies voisines.

Lis martagon

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95


Ancolie des Alpes

PNV - Maurice Mollard

PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°6

strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement le troglodyte mignon et le pouillot véloce. Attirée par les formations végétales fraîches et fournies, la fauvette des jardins occupe une grande diversité de milieux. L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie* font partie des milieux qu’elle utilise au cours de sa période de reproduction.

Rougegorge familier à Loutraz

Autre plante typique des lieux, l’achillée à grandes feuilles est la plus grande de toutes les espèces d’achillées de Vanoise avec une taille pouvant atteindre 1 m. C’est une espèce de montagne, uniquement ouest alpine. Les mégaphorbiaies* accueillent également le lis martagon, encore appelé racine d’or en raison de la couleur jaune de son bulbe, le pleurosperme d’Autriche une grande plante atteignant une taille de 2 m vers les Tavernes, ainsi que le géranium blanc qu’on rencontre vers Polset.

Moins fréquents, mais présents quand même dans cette aulnaie, le rougegorge familier et le bouvreuil pivoine dont le chant aux tonalités douces et aiguës, ne porte pas très loin. La large poitrine rose pivoine chez le mâle adulte de bouvreuil, ainsi que sa calotte noire le rendent facilement reconnaissable. Autre oiseau à fréquenter l’aulnaie verte, la mésange boréale est une petite mésange au corps gris brun. Elle se caractérise par une

Faune plupart des oiseaux rencontrés dans l’aulnaie verte fréquente le sous-bois forestier. Parmi ceux-ci, l’accenteur mouchet est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

La

Tétras-lyre


PNV - Philippe Benoît

Sanglier

Difficilement pénétrable, l’aulnaie verte constitue une remise de choix pour les grands mammifères qui viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement humain. Papillon peu abondant en France et toujours très localisé, le damier rouge ou damier du chèvrefeuille, fréquente entre autres les

CPNS - Virginie Bourgoin

calotte noire qui s’étend jusqu’à la nuque, une bavette noire et des joues blanchâtres. Elle ressemble fortement à la mésange nonnette qui vit en plaine. En dehors de ces petits passereaux, le couvert dense de massifs d’aulne vert fournit un abri irremplaçable au tétras-lyre, pour le mâle en mue, comme pour les jeunes qui ne savent pas encore bien voler.

Aulnaie verte dans la vallée du Charmaix

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Alexandre Garnier

Usages, intérêts économiques et représentations

Cerf dans une aulnaie verte

Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Sa capacité à résister au passage des avalanches lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux. Aujourd’hui, comme autrefois, l’aulne vert est exploité et utilisé comme bois de chauffage pour les chalets d’alpage.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97

Fiche-milieu n°6

boisements clairs de l’aulnaie verte jusqu’à 2 000 m d’altitude. Cette espèce rare et remarquable n’est connue que dans quinze localités en Savoie. La face supérieure de ses ailes est marquée par des bandes brun rouge et fauve pâle, séparées par des taches noires.


Fiche-milieu n°6

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Évolution et transformation du milieu

L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Elle constitue parfois de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne. La mégaphorbiaie présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines, telles que la laitue des Alpes.

En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui, quelles que soient les modifications physiques qui peuvent apparaître (dégâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert. En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales d’intérêt fourrager et biologique supérieur. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira par un appauvrissement de la biodiversité. À Modane, vers le Lavoir, on observe une légère recolonisation de l’aulnaie verte au calvaire. Ailleurs, leur surface semble stable.

PNV - Michel Filliol

Propositions de gestion

Laitue des Alpes

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. En cas de développement excessif de l’aulnaie verte, la réhabilitation de surfaces herbacées par débroussaillement ne doit être envisagée que si un mode de gestion à moyen et long termes, viable économiquement, est mis en place à la suite (pâturage ou fauche). Une meilleure exploitation des alpages, éventuellement avec un soutien financier de type agroenvironnemental, est une des solutions possibles.


PNV - Jacques Perrier

Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude

René Perri

Paysage de landes dans le secteur du ruisseau Blanc (vallon de Polset)

Landes en automne vers Arplane

Les

landes et les landines sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses.

On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.). Ces formations peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99

Fiche-milieu n°7

Sommaire


Fiche-milieu n°7

landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres. Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intra-forestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les stations fraîches et humides présentent les conditions optimums pour le développement de la lande à rhododendron ferrugineux. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe

préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. À Modane, la lande à rhododendron ferrugineux est notamment présente dans le vallon de Polset, au-dessus de la source du Vin. La lande à genévrier nain est très fréquente sur versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 500-2 700 m d’altitude. Dans les stations les plus chaudes, le genévrier nain est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Espèce à très large amplitude écologique, ce genévrier forme parfois une lande mixte avec le rhododendron ferrugineux et la myrtille, telle que celles situées sur la pente en rive droite du ruisseau du Chamaix vers la Combe des Roches, vers le mont Craveroz. Dans les secteurs les plus élevée, appa-

Les landes, les landines et les fourrés d’altitude

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°7 Roger de la Grandière

raissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. Ce type de lande occupe notamment le secteur d’Arrondaz.

Thamnolia en forme de ver

Les formations buissonnantes à saule glauque, d’une hauteur variant de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. À Modane, on trouve ces formations à saule glauque dans le secteur de Praz Dieu. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées.

arbuscula, présents sur la commune de Modane, ne sont pas des espèces consommés par les mammifères à cause des substances amères qu’elles contiennent. Les rennes des lapons mangent plutôt Cladonia stellaris, Cladonia portentosa et Cladonia uncialis, trois espèces présentes à Modane. Le thamnolia en forme de ver, également présent dans les landes modanaises, est un lichen blanchâtre dont le système de reproduction reste encore un mystère aujourd’hui : il ne possède en effet aucun organe de reproduction sexuée ou végétative.

La faible hauteur des landines à azalée naine crée des conditions d’éclairement favorables aux lichens. On y trouve notamment le brun lichen d’Islande, encore utilisé aujourd’hui en pharmacie pour calmer la toux et très utilisé autrefois pour fabriquer de l’alcool. Bien qu’appelés lichens des rennes, les lichens Cladonia rangiferina et Cladonia

PNV - Christian Balais

Lichens

Rhododendron ferrugineux

Flore Roger de la Grandière

Les

Brun lichen d'Islande

espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101


PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°7

tionne les stations où la neige persiste. Celleci produit des baies globuleuses noires. Assez indifférent à la nature du substrat, le genévrier nain recherche préférentiellement les situations ensoleillées et arides. Cet arbrisseau pionnier souvent couché au sol est une espèce arctico-alpine* assez commune à l’étage subalpin des principales montagnes françaises. Son cousin, le genévrier commun, arbuste pionnier également présent à Modane, se cantonne plutôt sur les pentes sèches des adrets de Modane (lire la fiche-milieu n°4).

en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sousarbrisseau buissonnant couché qui affec-

PNV - Christian Balais

Airelle à petites feuilles

Saule glauque

PNV - Maurice Mollard

Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en Haute-Savoie et en Isère depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’alpin. Il forme des fourrés vers Praz Dieu, mais peu aussi se rencontrer de façon isolée, vers la Losa par exemple.

Camarine hermaphrodite

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Enfin, citons l’ancolie des Alpes, une plante rare et protégée, hôte habituel des landes et des formations forestières claires. Les ancolies se reconnaissent à la forme très particulière de leurs fleurs, dont chacun des cinq pétales représente un cornet évasé, prolongé à la base par un éperon plus ou moins courbé.


PNV - Philippe Benoît

Il n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Le renard roux, qui investit des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu’il consomme nombre de rongeurs et autres petites proies, il s’alimente également des baies qu’il trouve dans ces landes, en particulier en automne. Le lièvre variable vient également s’y nourrir, principalement l’hiver.

Tétras-lyre

Faune

Sous

L’hermine, susceptible d’occuper tous les milieux (hormis les forêts denses) lui fournissant les proies et le gîte dont elle dépend pour chasser, se reposer et se reproduire, peut également être observée dans les landes. Du point de vue des reptiles, on n’y rencontre guère que la vipère aspic qui arbore parfois à ces altitudes une robe totalement noire et le lézard vivipare, réguliers sans être abondants.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat naturel se limite à la zone de transition entre l’étage supérieur de la forêt et les pelouses entre 1 900 et 2 200 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement. Dans les montagnes françaises, la végétation arbustive d’altitude accueille aussi le merle à

PNV - Ludovic Imberdis

Solitaire

Lézard vivipare

Le solitaire est pour sa part un papillon de jour inféodé à ces landes pour sa reproduction. En effet, les œufs de cette espèce sont pondus sur les feuilles de l’airelle et de la myrtille, qui sont les plantes hôtes des chenilles.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103

Fiche-milieu n°7

plastron. Le mâle arbore un croissant blanc bien visible sur la poitrine, ce qui le distingue aisément du merle noir. C’est un oiseau migrateur, bien répandu l’été.


CPNS - Virginie Bourgoin

Fiche-milieu n°7

Lande à rhododendron ferrugineux dans la vallée du Charmaix (Replanette)

Équilibre entre l’homme et son milieu

Autrefois, les landes et les forêts d’altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. La cueillette de baies reste une activité marginale.

Usages, intérêts économiques et représentations

Intérêts biologique et patrimonial du milieu La présence du saule glauque confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale. Les landes à éricacées participent pleinement

PNV - Maurice Mollard

D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. En revanche, ces landes sont parcourues par les troupeaux ovins de passage, à Polset par exemple.

Paysage automnal de landes dans le vallon de Polset

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Alexandre Garnier

Évolution et transformation du milieu

La lande, un milieu fréquenté par le renard roux

Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Sur la commune, les superficies occupées par les landes semblent stables, du fait de la présence d’importants troupeaux ovins et bovins.

Propositions de gestion à l’identité des paysages montagnards. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilliers rougissent à l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’érosion et assurent la stabilité du manteau neigeux. Elles jouent un rôle de refuge pour la faune sauvage et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Les landes à rhododendrons représentent un des habitats* privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. La présence dans ces landes d’espèces végétales protégées (ancolie des Alpes) et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas

Le passage des troupeaux à travers les landes, s’il reste modéré, peut favoriser le renouvellement de micro-habitats favorables au maintien de certaines espèces : orchidées, lycopodes, reptiles. Un retour du pâturage peut être envisagé, voire encouragé, dans le cas des landes secondaires en extension. Le maintien, à l’échelle du territoire communal, d’un certain équilibre entre les landes et les pelouses à bonne valeur pastorale, suppose une gestion adéquate. En effet, il est plus intéressant d’un point de vue pastoral d’avoir des pelouses d’alpage et des landes bien distinctes, plutôt que des petits îlots de landes au sein des alpages. La gestion par pâturage est alors plus efficace. Comme la lande n’occupe qu’un faible territoire sur la commune et qu’elle n’est pas ou peu en phase d’extension, il est intéressant de la conserver, comme tout milieu rare, de par son intérêt faunistique (un des habitats du tétras-lyre, zone de refuge, etc.) et paysager.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105

Fiche-milieu n°7

négliger en matière de conservation. D’autant plus que ces landes ne sont pas très abondantes à Modane.


Sommaire

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°7

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

PNV - Sébastien Brégeon

Alpage de Polset

Pelouses d'altitude du massif des Sarrasins

Les pelouses d’altitude correspondent à des formations herbacées dont la hauteur dépasse rarement 30 cm de hauteur. Elles couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 800 m à Modane) et sont le plus souvent

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages. Leur diversité est due à l’action combinée de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du


Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions, sur les replats ou dans les pentes faibles de haute altitude, longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur certaines de ces pelouses, s’associent des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Parfois, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.

Pelouses d’altitude et combes à neige

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107

Fiche-milieu n°8

substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. Ce milieu se définit donc plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que l’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. À Modane, on rencontre les pelouses calcaires au col de la Vallée Étroite, entre Fontaine Froide et le col de Replanette, vers le chalet Mounioz, au Grand Planay, sous Tête Noire, etc., et les pelouses acides vers la Combe de la Grande Montagne, le Genevret, etc.


PNV - Jacques Perrier

Flore

Le

nard raide constitue la graminée dominante des pelouses acides fraîches. Endehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable. L’arnica des montagnes, bien connue pour ses vertus médicinales permettant d’atténuer les effets des chocs et légers traumatismes, est une plante à la fois caractéristique et fréquente des pelouses acides fraîches (lire la fiche-espèce n°5). Facile à reconnaître à ses fleurs roses réunies en tête serrées au sommet de la tige, le silène de Suède est une espèce protégée des pelouses siliceuses exposées au vent, telles

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°8

PNV - Sébastien Brégeon

Nard raide

Botryche lunaire

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Véronique d'Allioni

que celles situées entre Grand Planay et Tête Noire. Petite plante aux fleurs bleu ciel groupées en grappes denses, la véronique d’Allioni affectionne les pelouses écorchées acides de l’étage subalpin, comme celles situées vers La Levette. L’edelweiss, symbole de la flore de montagne, est une plante des pelouses calcaires sèches et rocailleuses. Il peut être localement abondant vers la Source du Vin, etc. La botryche lunaire est une petite fougère très fréquente en alpage. Elle est constituée d’une tige supportant deux feuilles très distinctes l’une de l’autre, une feuille fertile produisant des spores jaunes et une feuille stérile. L’aster des Alpes pousse dans les pelouses d’altitude, sèches et bien exposées sur calcaire. Elle porte de gros capitules bleu violet pouvant atteindre plus de 4 cm de diamètre. Espèce protégée de pelouses rocailleuses calcicoles, la valériane des débris se caractérise par des fleurs rose clair regroupées en tête dense à l’extrémité d’une tige faiblement feuillée. Elle pousse sur les crêtes de l’Estive, à cheval sur Modane et Villarodin-Bourget (lire fiche-espèces n°6). De nombreuses pédiculaires sont inféodées aux pelouses d’altitude. La pédiculaire du


Fiche-milieu n°8 PNV - Philippe Benoît

Mont-Cenis, avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, est une plante des pelouses rocailleuses. Elle est fréquente en Vanoise, malgré son aire de répartition restreinte. Indifférente à la nature acide ou calcaire du substrat, la potentille blanc de neige est une espèce protégée affectionnant surtout les pelouses écorchées des crêtes ventées, telles que celles situées sur les pentes herbeuses sous Tête Noire.

Chamois

Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu. Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, est un arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut.

PNV - Christophe Gotti

lesquelles elle s’abrite durant la belle saison et hiberne d’octobre à mars. Elle anime les pelouses de son cri destiné à alerter sa colonie en cas de danger tout autant qu’à entretenir les liens sociaux. Très aigu, celuici est très souvent confondu avec les sifflements d’un oiseau. À partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne en famille dans une chambre de repos au sein d’un système complexe de galeries. Les milieux fréquentés par le chamois sont nombreux (forêt, aulnaie verte, éboulis, rochers, pelouses) et varient avec les saisons. Les pelouses d’altitude constituent son principal garde-manger à la belle saison ; il y consomme les herbes et plantes fleuries en début et en fin de journée. Les couverts herbacés les plus ras d’où émergent des buttes constituent l’habitat de prédilection du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que

Potentille blanc de neige

Faune la faune vertébrée des pelouses d’altitude, les deux classes les mieux représentées. Les pelouses font également partie des habitats de prédilection du chamois, du bouquetin des Alpes et de la marmotte, pour la ressource alimentaire qu’elles leur procurent. Pour cette dernière, les lieux doivent offrir un sol qui ne risque pas d’être inondé et qui lui permet de creuser des galeries dans

PNV - Denis Bassargette

Les oiseaux et les mammifères sont, parmi

Marmotte des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109


les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs. Alors que les populations de plaine de l’alouette des champs sont attachées aux prairies et cultures, celles d’altitude sont inféodées aux vastes pâturages et alpages. C’est un oiseau des milieux très ouverts, dépourvus d’arbres et de haies. Assez répandu et abondant dans les massifs internes des Alpes et connu dans le secteur des Herbiers et Plan Monin, l’azuré des soldanelles fréquente typiquement les pelouses et prairies de 1 600 à 2 700 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu-gris largement bordée de gris sombre au-dessus et la femelle une couleur brune, pond ses œufs sur des androsaces.

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°8

PNV - Ludovic Imberdis

Niverolle alpine

Azuré des soldanelles

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Localisé mais assez abondant dans les Alpes et les Pyrénées, l’azuré de l’oxytropide fréquente typiquement les prairies maigres et les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitude, comme celles situées vers le Lavoir, le col du Fréjus, le Grand Argentier, etc. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu clair brillant bordée de noir au-dessus et la femelle une couleur brun noir, pond ses œufs sur des feuilles d’oxytropide et de sainfoin des montagnes. Les pelouses et pentes rocailleuses, ainsi que les combes à neige de l’étage alpin ont la faveur du moiré cendré. Le nard raide constitue la plante hôte des chenilles de ce papillon boréo-alpin*. Pour son cousin le moiré fauve, ce sont les pentes abruptes couvertes de graminées (le Genevret) qui constituent l’habitat de prédilection de ce papillon de jour aux ailes fauves traversées d’une large bande orange.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. Le territoire de Modane compte plusieurs secteurs d’alpage (lire la liste des alpages, p19). Les pelouses d’altitude font l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels


Fiche-milieu n°8 PNV - Sébastien Brégeon

PNV - Sébastien Brégeon

Alpage du vallon du Seuil

Pelouses d'altitude vers les chalets Fardel et col de mont Rond

que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée, notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. Ce sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Ces pelouses détiennent, en effet, une valeur récréative pour les touristes.

Les pelouses d’altitude font partie des milieux exploités pour l’aménagement des pistes de ski.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111


Fiche-milieu n°8

potentille blanc de neige) et présente surtout de nombreuses espèces emblématique de la flore de montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d’alpage. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin, et contribue ainsi à limiter l’érosion.

Évolution et transformation du milieu

En dehors de l’abandon total de l’exploitation de certains alpages, cité précédemment, certains modes de gestion ont également des conséquences sur les pelouses d’altitude, compromettant le maintien de leur valeur biologique et leur qualité

Gérard Augert

Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du

milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. À partir des années 1960, on a assisté, à l’échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est globalement mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. La création des deux associations foncières pastorales, l’AFP du Lavoir en 1999 et celle du Seuil-Arrondaz en 2001-02, permet de faciliter l’exploitation pastorale des pelouses d’altitudes concernées.

Troupeau ovin au Replat

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°8 Paul Nuer

Alpage et chalet du Clos (au fond, le massif de la Grande Bagne)

pastorale. Ainsi, l’utilisation trop longue des places de traite engendre le stationnement du bétail et donc l’enrichissement du milieu en éléments organiques azotés (alpage du Thabor), avec pour conséquence une modification de la composition végétale initiale au profit d’une végétation de type reposoir (lire la fiche milieu n°1) de faible valeur pastorale et floristique. Le rejet du lactosérum issu de la production du fromage, effectué directement dans le ruisseau du Charmaix, peut entraîner une modification de la flore et des pollutions locales du sol ou des eaux. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Ainsi, l’extension du nard raide diminue l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage. Certains produits, utilisés pour vermifuger le bétail, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages dont les coléoptères, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces

insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Le nivellement des pistes de ski détruit le microrelief et la végétation elle-même. Or, en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d’altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour retrouver le cortège floristique d’origine. Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d’altitude, même après une revégétalisation aujourd’hui maîtrisée. La fréquentation des alpages par le loup est avérée à Modane depuis les premières attaques d’ovins en 1997-98 au Seuil. La présence de ce grand prédateur sur le territoire de la commune est désormais intégrée dans la gestion de la plupart des troupeaux fréquentant les alpages modanais, par la mise en place de moyens de protection tels que le gardiennage par un berger, la protection des troupeaux par des chiens et la mise en place de parcs de contention de nuit notamment.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113


La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de Modane, conciliant les besoins de l’exploitation actuelle et le maintien de la valeur pastorale et écologique. Ainsi par exemple, sur certains secteurs de l’alpage du Lavoir, certaines évolutions comme le développement excessif de la fétuque paniculée au détriment des autres espèces, constituent une dégradation à la fois de la valeur fourragère et de l’intérêt écologique des pelouses concernées. Un mode de conduite pastorale adapté permettrait d’éviter de telles évolutions ou d’en réparer les effets. La mise en œuvre de ces mesures suppose une conduite rigoureuse des troupeaux qui nécessite le plus souvent un gardiennage ou un parcage. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est

recommandé. Elles permettent d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire*, des oiseaux insectivores en particulier. Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui pourrait être ainsi banalisée, même si un ré-engazonnement en atténue l’impact paysager. Contrairement aux pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°8

Propositions de gestion

Pâturage bovin et traite mobile en alpage aux environs des chalets du Mounioz

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Sébastien Brégeon

Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux

PNV – Jacques Perrier

Éboulis sous la crête des Sarrasins

Moraine glaciaire de Chavière

Les

éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation.

Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance geldégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115

Fiche-milieu n°9

Sommaire


Fiche-milieu n°9

l’apport régulier de matériaux empêche l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux.

La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. À Modane, on rencontre à la fois des éboulis acides (siliceux) et des éboulis calcaires. On trouve ceux-ci notamment sur les pentes de Tête Noire, dans le vallon du Saint-Bernard. Les éboulis acides sont localisés par exemple autour des lacs Café au Lait. Parmi les moraines, citons celles situées à l’est du lac de Chavière, par exemple. La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

Les éboulis et les moraines

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Jacques Perrier

Benoîte rampante

Flore

Les

PNV - Michel Delmas

éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large.

PNV - Jacques Perrier

Renoncule des glaciers et tabouret à feuilles rondes (à gauche)

Androsace alpine et linaire des Alpes

Présente jusqu’à l’étage nival le plus souvent sur substrat acide, la renoncule des glaciers affectionne les éboulis fins et humides, généralement à proximité de plaques de neige fondante.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117

Fiche-milieu n°9

La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveau espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis. La linaire des Alpes s’établit fréquemment dans les éboulis et les moraines calcaires. Bien adaptée à la mobilité de son substrat, elle possède de longues tiges rampantes qui lui permettent de regagner la surface après avoir été ensevelie suite à un glissement du pierrier. D’une hauteur maximale de 10 cm, cette linaire offre au regard ses corolles bleu violacé, le plus souvent à palais safrané. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, jusqu’à 3 000 m d’altitude environ. Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses.


Fiche-milieu n°9

PNV - Joël Blanchemain

CPNS - Virginie Bourgoin

Les trois espèces de génépi : génépi des glaciers, génépi jaune et génépi vrai, peuvent se rencontrer sur les éboulis et les moraines. Le génépi vrai est l’espèce qui croît le plus typiquement sur ces milieux ; les deux autres affectionnant davantage les rochers et falaises. En revanche, aucune de ces trois espèces n’est strictement liée à une nature de roche (acide/basique).

Doronic à grandes fleurs Campanule alpestre

De petite taille également, l’achillée naine fréquente les moraines et éboulis assez fins dans les régions siliceuses. À feuilles velues laineuses, elle a des propriétés aromatiques proches de celles des génépis. Elle entre dans la composition du thé suisse. Recouvert de poils grisâtres et se développant sur les moraines siliceuses, le trèfle des rochers est une espèce très facile à déterminer (lire la fiche-espèce n°1), mais difficile à repérer compte-tenu de sa taille modeste.

118 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Le chamois et le bouquetin sont de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Le chamois s’y tiendra plus particulièrement en été. Sans être cantonnée aux milieux d’altitude, l’hermine fréquente les éboulis où sa souplesse lui permet de se faufiler entre les blocs. Elle y chasse les rongeurs et autres petits vertébrés.

PNV - Ludovic Imberdis

Endémique* des Alpes occidentales, la campanule alpestre est une plante esthétique, rare en Savoie. Elle colonise les éboulis sur schistes et calcaires. Contrairement aux plantes petites ou naines citées précédemment, le doronic à grandes fleurs fait figure de plante exubérante. Typique et fréquente dans les éboulis calcaires à gros blocs, elle étale ses fleurs, de gros capitules jaunes, entre juillet et août. Ses feuilles alternes permettent de la différencier de l’arnica.

Faune

Hermine


Fiche-milieu n°9 PNV - Philippe Benoît

PNV - Maurice Mollard

Lièvre variable

Accenteur alpin

Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs (l’aigle royal et le renard). Comme c’est le cas pour le lagopède alpin ou perdrix blanche, qui fréquente aussi ce type de milieux, sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l’automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules. Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers (lire la fiche-espèce n°10).

Les éboulis sont un des éléments de la mosaïque d’habitats fréquentés par la perdrix bartavelle.

PNV - Michel Bouche

Le némusien et l’ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la même espèce de papillon de jour, évoluent dans les sites rocailleux d’altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes.

Perdrix bartavelle

Équilibre entre l’homme et son milieu PNV - Maurice Mollard

Usages, intérêts économiques et représentations

Lagopède alpin

Les éboulis et les moraines peuvent être empruntés par les randonneurs. Ils peuvent être également fréquentés en été par les

Les milieux naturels, des lieux de vie - 119


PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°9

Éboulis au col des Sables (Grand Vallon)

cueilleurs de génépi qui en font de la liqueur. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s’il arrive à ceux-ci de les traverser. Par le passé, les éboulis fournissaient les matériaux pour la construction des chalets d’alpage, comme en témoigne le hameau de Polset. L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des zones de repos diurnes appréciées.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont cinq plantes rares

120 - Les milieux naturels, des lieux de vie

et/ou protégées. Ils contribuent ainsi à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Modane. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.

Évolution et transformation du milieu La fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines s’explique par l’instabilité de ce milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance. La fréquentation régulière des éboulis par les troupeaux ovins (comme c’est souvent le cas en Vanoise) peut compromettre le maintien d’une flore fragile et d’une couverture végétale en cours d’installation, sans que cela présente un quelconque intérêt pastoral. Cela peut poser également des problèmes sanitaires du fait de la cohabitation avec les ongulés sauvages qui y trouvent refuge, notamment par suite de la


Une conduite des troupeaux ovins en alpage, visant à les écarter des éboulis et moraines de très faible intérêt pastoral, assurerait la tranquillité de la faune sauvage et éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes. Cela diminuerait les risques de transmission de pathologies entres herbivores domestiques et sauvages. Ce serait également bénéfique pour les performances des troupeaux ovins qui dépensent beaucoup d’énergie à parcourir ces milieux ingrats et peu nourrissants.

PNV - Christophe Gotti

Parmi les évolutions avérées, on assiste aujourd’hui à une augmentation de la surface des moraines, du fait du recul des glaciers.

Propositions de gestion

Éboulis sous le col de Chavière (lors de la reconstitution de la route des Tommes)

Les milieux naturels, des lieux de vie - 121

Fiche-milieu n°9

transmission réciproque de certaines pathologies. À Modane, la plupart des troupeaux d’ovins sont conduits par des bergers, ce qui permet d’éviter la fréquentation des éboulis et les problèmes sanitaires.


Sommaire

PNV – Christophe Gotti

Fiche-milieu n°10

Les rochers et les falaises

PNV – Ludovic Imberdis

Mont de Gébroulaz et glacier de Polset

Le Mounioz, vu depuis le refuge du mont Thabor

Les

rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche.

122 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises enso-


Fiche-milieu n°10 leillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit. Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. À Modane, on rencontre des roches calcaires dans le secteur du Grand Argentier et de la cime de la Planette, par exemple. Quant aux roches siliceuses, elles se situent notamment vers le refuge du mont Thabor, mais aussi au Mounioz, etc.

Lichens

Les lichens et les mousses font partie des premiers organismes à s’installer sur la roche nue. Sur ces milieux hostiles à la vie végétale, le rhizocarpe géographique pousse abondam-

Les milieux naturels, des lieux de vie - 123


Les

PNV - Michaël Delorme

plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation.

ment sur rochers siliceux. Dans les meilleures conditions, sa croissance peut atteindre 1 millimètre par an. Un rhizocarpe de 10 cm de diamètre est donc pluriséculaire. C’est aussi sur silice que se développent l’ombilicaire cylindrique, présente sur les rochers situés à une centaine de mètres audesssus des chalets de Polset, et l’ombilicaire polyphylle visible sur les rochers entre Loutraz et les Charmettes. Ces lichens se fixent au substrat par un seul point, plus ou moins central à la face inférieure du thalle foliacé (= ombilic). L’Ophioparma ventosa est un lichen saxicole qui s’installe sur les rochers siliceux balayés par le vent. Il est présent sur les rochers dans le secteur du lac de la Partie. Il se caractérise par ses parties fertiles rouges, contrastant avec son thalle gris.

PNV - Philippe Benoît

Rhizocarpe géographique

Saxifrage fausse diapensie

Roger de La Grandière

Fiche-milieu n°10

Flore

Ophioparma ventosa

124 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Avec ses fleurs blanches, la saxifrage fausse diapensie, rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise, est une espèce protégée qui fleurit sur les rochers calcaires de Modane (lire la ficheespèce n°2). Autre espèce de saxifrage beaucoup plus commune, la saxifrage paniculée est aussi bien plus grande : sa tige fleurie entre mai et août peut atteindre 40 cm de hauteur. Ses


Faune

Les adaptations de la faune aux milieux de

PNV - Jacques Perrier

falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur.

PNV - Patrick Folliet

rosettes de feuilles, aussi beaucoup plus grandes que celle de la saxifrage fausse diapensie, forment des touffes denses sur les rochers colonisés. Autre espèce des rochers siliceux d’altitude, la joubarbe à toile d’araignée doit son nom aux fils blancs situés sur ses rosettes de feuilles. Ces fils assurent une fonction de rétention d’eau pour les besoins de la plante, ils permettent également de différencier cette joubarbe des autres espèces recensées en Vanoise.

Joubarbe à toile d'araignée

PNV - Patrick Folliet

Saxifrage paniculée

Bouquetin des Alpes

Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif de ces rochers et falaises. Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité, en hiver sur les crêtes déneigées par le vent puis dans des falaises exposées au sud et enfin en période de mise bas, lorsque les femelles s’isolent sur de petites vires. Le bouquetin fut à l’origine du classement d’une partie du territoire de la

Les milieux naturels, des lieux de vie - 125

Fiche-milieu n°10

Poussant sur les rochers et éboulis siliceux des étages subalpin et alpin, la cryptogramme crispée est une fougère formant de belles touffes de feuilles fertiles et de feuilles stériles.


PNV - Alain Chastin

Aigle royal

Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux. La commune compte deux couples reproducteurs d’aigle royal qui s’installent dans l’une des aires qu’ils ont construites. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Quatre aires ont été inventoriées

Hibou grand duc

126 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jean-François Dalix

Vanoise en Parc national en 1963. À cette époque, il ne restait qu’une population d’une soixantaine d’individus en Savoie : à Modane et Termignon, dont une importante zone d’hivernage à Polset. Grâce aux actions de réintroduction et à la recolonisation naturelle, on dénombre aujourd’hui en Vanoise plus de 2 600 bouquetins. Les bouquetins de Modane appartiennent à la population qui s’étend d’Orelle à Termignon et Pralognan-la-Vanoise et qui compte 1 300 individus.

PNV - Michel Bouche

Fiche-milieu n°10

à Modane par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise, dont deux régulièrement fréquentées. Par son allure majestueuse, il est sans doute l’un des oiseaux les plus emblématiques de ces milieux, avec le gypaète barbu qui survole le territoire de Modane, sans encore y nicher. Le faucon crécerelle, nicheur à Modane dans les rochers situés en amont de Loutraz, se caractérise par des phases de vol sur place, face au vent et queue déployée, lesquelles lui permettent de repérer les micromammifères* au sol. On parle du vol du “Saint-Esprit”. Fréquentant les falaises basses de l’Avantpays et des grandes vallées savoyardes, le hibou grand-duc reste moins connu et certainement moins abondant dans les hautes vallées de Vanoise. Oiseau très sédentaire, il a niché plusieurs années consécutives jusqu’en 2002 dans la carrière du Saint-Antoine.

Gypaète barbu

Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge, n’est pas un oiseau strictement d’altitude, même s’il dépend lui aussi des reliefs très marqués qui lui fournissent des zones inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s’alimenter.


PNV - Patrick Folliet

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables (comme la saxifrage fausse diapensie). L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles que l’aigle royal, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.

Chocard à bec jaune

L’hirondelle de rochers niche en petites colonies dans les falaises, de préférence au soleil et à l’abri du vent et de la pluie. Elle se nourrit de petits insectes happés au vol, près de sa falaise, mais aussi au-dessus des cours d’eau et des prairies. Oiseau de parois rocheuses, calcaires comme granitiques, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant, fréquente aussi volontiers les murs de grands édifices. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes.

Équilibre entre l’homme et son milieu

Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Vanoise à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. Quelques voies d’escalade sont équipées à Modane vers le Replaton notamment.

PNV - Sébastien Brégeon

Usages, intérêts économiques et représentations

Rochers calcaires triasique de Tête Noire

Les milieux naturels, des lieux de vie - 127

Fiche-milieu n°10

L’aplomb de ces falaises est également fréquenté par les parapentistes et les “volivelistes” du fait des mouvements d’ascendance qu’elles engendrent.


PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°10

CPNS - Virginie Bourgoin

La pointe d'Arrondaz et, au second plan : le Grand Argentier et la barre des Écrins au fond à droite

Le Grand Argentier, vu depuis le refuge du Thabor

Évolution et transformation du milieu À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact sur la flore de ces pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on tient compte,

128 - Les milieux naturels, des lieux de vie

pour leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie. En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (gypaète barbu, aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux déran-


Propositions de gestion

Paul Nuer

Aux échelles communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement

doit permettre de concilier le développement raisonnable des sports de nature et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, afin d’assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites. Une surveillance des zones de nidification concernées et de leur fréquentation en période sensible peut s’avérer nécessaire, en particulier au-dessous de 2 500 m d'altitude.

Roc Rouge et Grand Signal (au premier plan, les chalets du Clos)

Les milieux naturels, des lieux de vie - 129

Fiche-milieu n°10

gements pendant la période de reproduction. La concentration toujours plus importante d’équipements en montagne et l’engouement pour la pratique de sports de nature engendrent une réduction significative des zones susceptibles de convenir à des oiseaux rupestres vulnérables tels que le gypaète barbu et l’aigle royal.


Sommaire

PNV – Christophe Gotti

Fiche-milieu n°11

Les glaciers et les névés

PNV - Sébastien Brégeon

Langue terminale du glacier de Chavière en amont des lacs Café au Lait

Les glaciers de Polset

Un glacier est un réservoir de glace issu du

dans son bassin d’accumulation à l’amont

compactage de la neige accumulée à haute

(au-dessus de 3 500 m d’altitude).

altitude. Sous l’effet de son propre poids, le

Les précipitations alimentent régulièrement

glacier s’écoule lentement vers l’aval. La

en neige les glaciers situés sur la commune

fonte du glacier dans ses parties les plus

(glacier de Chavière, les deux glaciers de

basses est compensée en tout ou partie par

Polset et une petite fraction du glacier de

les chutes de neige qui alimentent le glacier

Thorens).

130 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°8).

Fiche-milieu n°11

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. L’alternance de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon.

La chlamydomonas des neiges, une algue sur le glacier

Flore et faune

Les basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid. Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* par-

Les glaciers et les névés

Les milieux naturels, des lieux de vie - 131


PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°11

PNV - Sébastien Brégeon

Bâtiment annexe de la gare d’arrivée du télésiège du col de Thorens

Partie sommitale du glacier de Chavière

viennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.

132 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs de terrains d’aventure sportive. La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en


Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Ils constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.

Évolution et transformation du milieu

Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent le cadre communal, mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.

Serge Covarel

Les glaciers de Modane n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont une tendance générale à reculer. Les plus petits d’entre eux ont déjà disparu, même s’ils figurent encore sur certaines cartes

topographiques (glaciers à l’ouest du lac de Chavière, etc.) Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées. La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier.

Glacier de Chavière

Les milieux naturels, des lieux de vie - 133

Fiche-milieu n°11

saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. À Modane, le glacier de Chavière est très fréquenté, en été comme en hiver, mais les alpinistes et skieurs y accèdent depuis Val Thorens, du fait des facilités d’accès que permettent les remontées mécaniques.


Conclusion

PNV – Jacques Perrier

Fiches-milieux - Conclusion

Sommaire

Dôme de Gébroulaz et lac de Chavière vus depuis le glacier de Chavière (au fond : Rosoire et dômes de la Vanoise)

L’ensemble

des onze grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre la quasi-totalité du territoire de la commune de Modane. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque qui résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sous tous les aspects

134 - Les milieux naturels, des lieux de vie

(naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux est à l’origine de ressources variées (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants de Modane. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) peut constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire.


Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. Il s’agit des zones humides, des falaises (et notamment celles qui abritent l’aigle royal) et des pelouses sèches et sub-steppiques ; - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières. Il s’agit des alpages et des habitats forestiers. Les nombreuses zones humides confèrent à la commune une ressource en eau importante, tout en étant des milieux composés d’une très forte diversité naturelle. Strictement dépendantes de la qualité et de la quantité de l’eau qui les alimente, les zones humides sont cependant les plus sensibles vis-à-vis des activités humaines. Leur fragilité vient également de leur situation morcelée sur l’ensemble du territoire. Audelà de ces milieux, c’est aussi et surtout la ressource en eau qui est au centre des préoccupations. L’eau fait partie du patrimoine de l’humanité. Sa protection, sa mise en valeur et son utilisation sont d’intérêt général. La présence de pelouses sèches, habitat* rare dans la haute vallée de Savoie, est un atout pour le patrimoine naturel de

Modane, d’autant plus qu’elles abritent un cortège d’espèces rares ou très rares de faune et de flore (centaurée du Valais, fétuque du Valais, grand apollon). Quant aux falaises de la commune, elles accueillent de nombreuses espèces rupicoles comme l’aigle royal. Les alpages représentent le cas remarquable d’un écosystème dont le type d’exploitation séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère. La prise en compte plus systématique des espèces et des milieux remarquables, en amont de l’élaboration des plans de pâturage, pourrait être l’un des éléments favorisant la préservation de la valeur patrimoniale et pastorale de ces milieux. Du fait de la disparition annoncée des prairies de fauche à Modane, ces pelouses d’altitude, mais aussi les pelouses sèches d’adret, constituent le dernier lien du territoire communal avec l’activité agricole ; ils permettent à la page “agriculture modanaise” de ne pas se tourner définitivement. Concernant les forêts, mais aussi les landes et les aulnaies, on a cité le besoin d’assurer un meilleur contrôle de leur fréquentation par les skieurs hors piste. L’accent doit être mis sur l’information, la sensibilisation et la surveillance pour préserver les populations de tétras-lyre. La commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation de la plupart de ces milieux naturels et seminaturels, support d’activités humaines, et des enjeux économiques s’y rapportant. Pour autant, il convient de veiller à ce qu’une action retenue en faveur d’un milieu naturel remarquable donné ne porte pas atteinte à d’autres espèces ou milieux intéressants.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 135

Fiches-milieux - Conclusion

À Modane, tous les milieux naturels et seminaturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux.


RenĂŠ Perri

Fiches-milieux - Conclusion

Le Cheval Blanc se reflĂŠtant dans le lac Sainte-Marguerite

136 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


Le trèfle des rochers Le trèfle des rochers (Trifolium saxatile) est une petite plante de 5 à 15 cm entièrement recouverte de poils, appartenant à la famille des fabacées. C’est l'une des espèces végétales à plus forte valeur patrimoniale de Modane. Par sa forme et son écologie, le trèfle des rochers est une espèce facile à déterminer. Il ne peut être confondu avec aucune autre espèce de trèfle en Vanoise.

fleurs réunies en tête globuleuse de 0,6 à 1 cm de diamètre

PNV – Jacques Perrier

feuille composée de trois folioles vert-grisâtre

tige grêle, grisâtre, couchée ou dressée Trèfle des rochers

petite fleur blanche ou rose, avec un calice hérissé de poils blancs

PNV – Christian Balais

Fiche-espèce n°1

Sommaire

Fleur de trèfle des rochers

Écologie

Le trèfle des rochers est une plante annuelle ou bisannuelle qui recherche la pleine lumière, ainsi que des sols rocailleux filtrants de nature siliceuse. C’est une espèce pionnière qui s’installe dans les milieux dynamiques comme les alluvions des torrents, les éboulis non stabilisés ou les

138 - Regard sur quelques espèces

moraines récentes, entre 2 000 et 2 800 m d’altitude en Vanoise. À Modane, le trèfle des rochers se développe sur des éboulis entre 2 250 et 2 350 m d’altitude. Le trèfle des rochers germe dès la fonte des neiges. Il produit une racine pivotante d’où partent plusieurs tiges couchées à ascendantes, donnant à cette espèce une certaine


Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

L’habitat du trèfle des rochers doit offrir à la fois des conditions hydriques très particulières (sols filtrants) et être l’objet de rajeunissements fréquents (crues, mouvements d’éboulis, etc.). Pour cette raison, les populations de trèfle des rochers restent localisées et très éclatées, rendant cette espèce d’autant plus fragile. L’aménagement des torrents (canalisation, réduction du débit), réduisant sa capacité de rajeunissement, est une menace pour le trèfle des rochers. Poussant sur des sols très meubles, le trèfle des rochers est sensible au piétinement répété des troupeaux d’animaux herbivores. Attirés par les qualités nutritives du trèfle des rochers, ces mêmes troupeaux fragilisent cette plante en la consommant. À Modane, la colonisation des alluvions du Saint-Bernard par les saules a fait disparaître la station de trèfle des rochers qui y poussait.

PNV – Jacques Perrier

trèfle des rochers est une espèce endémique* des Alpes centrales et occidentales, présente en Autriche, en Italie, en Suisse et en France où elle est rare, n’occupant que les Alpes de Savoie et du Dauphiné. En Savoie, le trèfle des rochers n’est présent actuellement que dans quelques localités en Maurienne (Orelle, Modane et SaintAndré). En Tarentaise, il a uniquement été observé dans la réserve naturelle des Hauts de Villaroger.

Menaces

Suivi national du trèfle des rochers (à Orelle)

Regard sur quelques espèces - 139

Fiche-espèce n°1

capacité à coloniser rapidement un milieu lorsque les conditions lui sont favorables. La floraison a lieu entre fin juin et fin août en fonction de l’altitude et du déneigement. Les fleurs forment des fruits appelés gousses qui ne renferment qu’une seule graine.


Fiche-espèce n°1

Protection et propositions de gestion

Le trèfle des rochers est protégé en France. Sa destruction est strictement interdite. Il fait également partie des espèces que l’Union

européenne demande aux pays membres de protéger dans le cadre de la directive “Habitats*”. Un suivi, réalisé chaque été sur Orelle, permet de dénombrer ses effectifs et de suivre l’évolution de ses mouvements.

Répartition du trèfle des rochers en Vanoise

Le saviez-vous ? Les plantes de la famille des fabacées présentent la particularité de fixer l’azote atmosphérique pour leurs besoins nutritifs. Cette faculté vient de l’association de leurs racines avec une bactérie appelée Rhizobium. Riches en protéines, les fabacées sont de ce fait des plantes fourragères de choix (luzerne, sainfoin, trèfle, etc.).

140 - Regard sur quelques espèces


La saxifrage fausse diapensie Il existe environ vingt espèces de saxifrages en Vanoise, dont quatorze à Modane. Parmi celles-ci, les deux petites saxifrages blanches des rochers calcaires sont très proches d'apparence : la saxifrage fausse diapensie (saxifraga diapensoides) et la saxifrage bleuâtre (Saxifraga caesia).

inflorescence compacte

fleurs blanches peu nombreuses par tige

PNV – Christophe Gotti

tige robuste

petites feuilles obtuses à peine arquées, densément imbriquées et groupées en coussinets assez globuleux Saxifrage fausse diapensie

inflorescence lâche (ou un peu serrée) tiges très fines à la base

PNV – Jacques Perrier

feuilles obtuses recourbées peu de fleurs par tige (2 à 5)

Saxifrage bleuâtre

Écologie

La saxifrage fausse diapensie est une plante vivace des rochers calcaires. Elle pousse principalement aux étages subalpin et alpin. À Modane, l’espèce croît dans les rochers calcaires de Tête Noire, vers 2 600 m d’altitude. Elle fleurit en juin et juillet.

Répartition géographique et intérêts biologiques

La saxifrage fausse diapensie est une espèce rare au niveau mondial. C’est une endémique* ouest-alpine. En dehors de la France, où elle n’est connue que dans quatre départements : Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-

Regard sur quelques espèces - 141

Fiche-espèce n°2

Sommaire


Fiche-espèce n°2

de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes, l’espèce est aussi présente en Italie (du Piémont à la Ligurie) et en Suisse (Valais). Dans le massif de la Vanoise, cette saxifrage est connue d’une vingtaine de communes.

Menaces

Protection et propositions de gestion

La saxifrage fausse diapensie est une espèce protégée rare. Sa préservation passe entre autres par la surveillance et la non-dégradation de ses stations.

À l’exception d’aménagements susceptibles de détruire ses stations, il n’y a pas de menaces avérées concernant la survie de l’espèce.

Répartition de la saxifrage fausse diapensie en Vanoise

Le saviez-vous ? Le nom saxifrage provient du latin saxum = pierre et frangere = briser et signifie “qui brise les rochers”. Les racines de ces plantes profitent en effet de la moindre fissure pour s’ancrer et exploiter la terre végétale qui a pu s’y déposer. En Vanoise, plus de cinquante stations de saxifrage fausse diapensie ont déjà été recensées. C’est à Val-d’Isère et Pralognan-la-Vanoise que se trouvent les stations les plus étendues et comportant de nombreux individus.

142 - Regard sur quelques espèces


Le sabot de Vénus Il existe environ

espèces d'orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= aphrodite) et du latin calceus (= chaussure), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge, se caractérise par la forme en sabot de son labelle. C’est une orchidée spectaculaire, la plus grande de France et d’Europe.

labelle long de 4 à 5 cm, jaune vif luisant et renflé, revêtu intérieurement de poils visqueux

tige anguleuse et rude au toucher

PNV – Frédéric Fima

trois à cinq feuilles à nervures saillantes, largement ovales et engainantes à la base

Sabot de Vénus

Écologie

Le sabot de Vénus fleurit de fin mai à fin juillet.

Espèce

vivace des étages montagnard et subalpin, le sabot de Vénus est une plante de mi-ombre qui affectionne les forêts claires et les clairières sur substrat calcaire à neutre et frais au moins en profondeur. Il pousse en petites colonies ou en fortes touffes. Le sabot de Vénus est présent dans la forêt dominant Loutraz, en adret, ainsi qu’en ubac dans les pentes boisées qui surplombent la ville de Modane. Ses stations s’échelonnent de 1 250 à 2 000 m d’altitude.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

sabot de Vénus possède une aire de répartition géographique largement circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du Nord). En Europe, il a disparu de Belgique et du Luxembourg. En France, il est rare de la Lorraine et de la Haute-Marne aux Alpes

Regard sur quelques espèces - 143

Fiche-espèce n°3

Sommaire


Fiche-espèce n°3

Menaces

À l’échelle de ses stations françaises, cette orchidée spectaculaire est menacée par la cueillette et l’arrachage par des promeneurs, ainsi que par la destruction de ses stations lors d’aménagements et d’exploitations forestières. L’évolution de ses habitats par densification du couvert forestier peut localement et ponctuellement lui être défavorable. Compte tenu de l’assez bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour la conservation du sabot de Vénus.

PNV – Christian Balais

Protection et propositions de gestion

Le sabot de Vénus fait partie des orchidées Détail d'une fleur de sabot de Vénus

et très rare dans les Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise, il est connu actuellement dans 17 des 28 communes du Parc national de la Vanoise. À Modane, il peut présenter localement de belles populations en rive gauche de l’Arc.

protégées en France ; à ce titre, sa cueillette est interdite. D’intérêt européen, il compte parmi les très rares espèces présentes en Vanoise que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive “Habitats” - annexe 2). Le maintien de l’espèce passe notamment par une sensibilisation du public et une information des locaux et des touristes sur son statut d’espèce protégée.

Le saviez-vous ? • Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale, hélas à juste raison. En effet, il a disparu de la plupart des départements français où il était autrefois présent. C’est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on l’utilisait entre autres aux siècles passés à l’occasion de fêtes populaires), qui ont provoqué sa disparition de régions entières, Alsace, Auvergne, etc. • Il a été choisi comme emblème par la Société Française d’Orchidophilie. • Comme toutes les orchidées, le sabot de Vénus est un symbiote obligatoire. C'est-à-dire qu’il ne peut germer, croître et fructifier en l’absence d'un champignon vivant dans le sol.

144 - Regard sur quelques espèces


La centaurée du Valais Sur les onze espèces de centaurée qui poussent en Savoie, la centaurée du Valais (Centaurea valesiaca) présente un aspect bien particulier : le sommet de sa tige est très branchu. La seule espèce susceptible de lui ressembler, la centaurée paniculée, n’est pas présente sur les territoires où la centaurée du Valais fleurit. Autre particularité de la centaurée du Valais : c’est une espèce bisannuelle, c’est-à-dire qu’elle effectue son cycle de végétation en deux ans. La première année, elle élabore une rosette de feuilles et accumule des réserves. Elle n’apparaît sous forme de tige fleurie que la seconde année de son développement.

inflorescence lilas à rose clair, de petite taille

bractées involucrales imbriquées, à bord frangé brun clair à blanc

PNV – Joël Blanchemain

feuilles supérieures indivises (feuilles basales profondément découpées, à divisions linéaires)

PNV – Jacques Perrier

Centaurée du Valais

Partie supérieure de la plante

Écologie

La

centaurée du Valais est une espèce bisanuelle, de pleine lumière. Elle est caractéristique des pelouses très sèches à sub-steppiques d'adret. La centaurée du Valais a besoin de milieux ouverts et de terre nue pour se développer. Sous les boisements, elle tend à disparaître. À défaut de pelouses

sub-steppiques, elle peut coloniser les talus de route, dès lors qu'ils sont fauchés et non traités aux herbicides. On peut rencontrer cette centaurée sur toute l'étendue de l'adret de Modane (depuis Fourneaux jusqu'au Bourget), entre 1 100 et 1 450 m d'altitude, dans les pelouses d'adret sous le Replaton et à Loutraz. Elle fleurit de mai à juin.

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n°4

Sommaire


Fiche-espèce n°4

Répartition géographique et intérêts biologiques

La

centaurée du Valais est une espèce endémique* ouest-alpine, présente uniquement en Italie dans les provinces de Turin et Cuneo, en Suisse dans le canton du Valais et en France. En Savoie, unique département français où elle est présente, elle n’est connue qu’en Maurienne, depuis Le Châtel jusqu’à Lanslebourg-Mont-Cenis.

Menaces

Des mesures compensatoires découlent des impacts des travaux de la ligne Lyon-Turin sur les populations de centaurée du Valais. Elles visent à préserver et gérer l’habitat de cette espèce (lire la fiche-milieu n°4). Elles se traduisent concrètement par la signature de contrats d’entretien agricole et de conventions d’usage (collectivités, associations foncières pastorales). Sont concernés 90 ha de pelouses sèches situées sur les adrets de Maurienne, depuis Saint-Martinsur-la-Chambre jusqu’à Avrieux, dont plus de 19 ha à Modane (Loutraz et Teppe des Fourmis).

Très localisée et toujours peu abondante, la centaurée du Valais craint surtout la fermeture de ses milieux et les traitements chimiques. Les travaux du Lyon-Turin Ferroviaire ont entraîné la destruction de pelouses sèches abritant des populations de centaurée du Valais notamment.

Protection et propositions de gestion

La

centaurée du Valais est protégée, son arrachage et sa cueillette sont interdits. Le pâturage ovin extensif des milieux où elle pousse permet de maintenir ses biotopes ouverts. Là où les milieux se ferment, il serait opportun de restaurer les pelouses, en procédant à des débroussaillements et bûcheronnages sélectifs.

Répartition de la centaurée du Valais en Maurienne

Le saviez-vous ? • Une fois fleurie, l’espèce sèche en l’état et reste facilement identifiable. • Le bleuet est une centaurée, tout comme la centaurée du Valais.

146 - Regard sur quelques espèces


Assez

commune en montagne à partir de l’étage montagnard, l’arnica des montagnes (Arnica montana) est une plante de la famille des astéracées, de 20 à 50 cm de hauteur. Assez typique, elle peut éventuellement être confondue avec le doronic à grandes fleurs, une espèce proche qui porte aussi de gros capitules jaunes. L’arnica s’en distingue néanmoins par la position opposée des feuilles de sa tige, alors qu’elles sont alternes chez le doronic. Très populaire pour ses effets bénéfiques contre les traumatismes et les contusions, l’arnica a été également baptisée “herbe des chutes”.

gros capitule jaune orangé, de diamètre compris entre 5 et 8 cm

capitule solitaire ou au nombre de trois à quatre, groupés à l’extrémité de rameaux opposés

tige dressée, couverte de poils courts et portant une à deux paires de petites feuilles opposées

PNV – Michel Filliol

feuilles inférieures en rosette basale étalée sur le sol, sessiles et parcourues, sur sa face inférieure de nervures saillantes

Arnica des montagnes

PNV – Patrick Folliet

fleurs regroupées en gros capitules jaunes, solitaires

feuilles à bord denté, - celles de la tiges alternes, demi-embrassantes, - celles de la base, pétiolées Doronic à grandes fleurs

Écologie

L’arnica

des montagnes est une plante vivace de montagne qui se développe surtout de l’étage montagnard à l’étage alpin, mais on peut la rencontrer dès 600 m et jusqu’à 2 800 m d’altitude. Elle pousse en colonies éparses dans les pelouses et les

landes sur sols siliceux ou décalcifiés. C’est une plante qualifiée d’acidiphile qui demande une absence totale de calcaire. Sa floraison a lieu de mai à juillet, la pollinisation étant assurée par les insectes. Ses graines sont principalement dispersées par le vent, grâce à l’aigrette soyeuse qui les prolonge.

Regard sur quelques espèces - 147

Fiche-espèce n°5

L'arnica des montagnes


Fiche-espèce n°5

Répartition géographique et intérêts biologiques

Menaces

L’arnica

nuit pas forcément à l’espèce, surtout lorsque le prélèvement ne concerne que le capitule (épanouissement possible des autres bourgeons floraux de la plante). En revanche, l’apport d’amendement calcaire ou d’azote sont fatals à cette plante acidophile*. Ainsi, l’arnica peut se raréfier suite à un changement de pratiques pastorales. La mise en place d’un pâturage ovin peut faire disparaître l’espèce très rapidement, du fait des excréments des moutons qui rendent le sol plus alcalin. Ce fut le cas sur les Hautes-Chaumes du HautForez (Rhône-Alpes Auvergne) où l’introduction du mouton à fait disparaître les grandes stations d'arnica en deux ans.

est répartie dans les régions montagneuses de l’Europe et du sud de la Russie. En France, elle est présente dans les Pyrénées, le Massif central, le Morvan, les Ardennes, les Vosges et les Alpes. En plaine, elle est observée en Sologne ainsi qu’au sud des Landes où elle a quasiment disparu. À Modane, l’espèce est bien présente sous le Grand Vallon, vers le Fréjus, Fontaine Froide, au col des Sables, etc. L’arnica des montagnes possède des vertus médicinales connues depuis l’Antiquité (lire “Le saviez-vous ?”).

La cueillette, dès lors qu’elle est modérée, ne

Protection et propositions de gestion

PNV – Christian Balais

En

Station florale d'arnica des montagnes

Savoie, l’arnica est relativement commune. En revanche, la cueillette de l’arnica est règlementée dans les départements de l’Isère, des Hautes-Alpes, du Cher et du Loiret, ainsi que dans les régions Centre, Bourgogne et Aquitaine, du fait de sa rareté.

Le saviez-vous ? • En application externe (teinture alcoolique des capitules, macération des capitules dans une huile, pommade, etc.), est un remède précieux et très utilisé pour soigner les contusions sans plaie. Son emploi en onction était déjà préconisé au XIIe siècle pour résorber les hématomes des guerriers. Dans des mains inexpertes, cette plante devient un véritable poison : à forte dose, elle peut provoquer des troubles digestifs, nerveux et cardiaques. Elle pourrait même entraîner la mort. • Séchés, ses fruits et ses feuilles furent utilisés par les montagnards et fumés sous le nom de “tabac de mouton”. • Une petite mouche du nom de Tephritis arnicae parasite les capitules en y pondant ses œufs ; les asticots se nourrissent ensuite de ses graines, régulant ainsi les populations d’arnica.

148 - Regard sur quelques espèces


La valériane des débris La valériane des débris (Valeriana saliunca) est une petite plante de 5 à 15 cm de hauteur, qui tient son nom de son biotope, les milieux rocailleux d’altitude. On l’appelle également la valériane à feuilles de saule.

inflorescence compacte composée de petites fleurs rose clair de 4 à 5 mm

feuilles de la tige lancéolées, entières ou munies d’une ou deux dents

PNV - Michaël Delorme

feuilles inférieures ovales, entières et atténuées en court pétiole

Valériane des débris

Écologie

La valériane des débris est une plante vivace qui se développe à l’étage alpin (vers 2 550 m d’altitude), sur les crêtes rocheuses de cargneules et de calcaires érodés, en l’absence de concurrence. À Modane, c’est sur le massif de Tête Noire que toutes les conditions sont réunies pour accueillir cette espèce. La valériane des débris fleurit en juilletaoût ; elle produit ensuite des fruits surmontés d’une aigrette de soies plumeuses, que le vent dissémine.

Répartition géographique et intérêts biologiques

La

valériane des débris a une répartition principalement alpine (France, Italie, Suisse et Autriche), mais sa distribution touche aussi le massif des Apennins. En France, elle est connue dans l’ensemble des départements alpins et pré-alpins ; elle a également été signalée dans les Pyrénées-Orientales. En Savoie, l’espèce n’est connue qu’au col du Galibier et dans le Parc national de la Vanoise, à Saint-Martin-de-Belleville et en

Regard sur quelques espèces - 149

Fiche-espèce n°6

Sommaire


Menaces

La

principale vulnérabilité de la valériane des débris repose sur la faible étendue de son aire de répartition en Savoie. Tout aménagement réalisé sur les stations de l’espèce ou dans son environnement proche constitue une menace pour sa survie.

Protection et propositions de gestion

La

valériane des débris est inscrite sur la liste des espèces protégées. Sa cueillette est donc interdite. Cette valériane très rare figure également sur la liste rouge départementale, où elle est qualifiée d’espèce en danger. En Savoie, une recherche plus approfondie et systématique des milieux favorables a l’espèce permettrait peut-être la nouvelle découverte de nouvelles stations ; le suivi des trois populations savoyardes actuellement connues de la valériane des débris induirait un approfondissement des connaissances.

PNV - Maurice Mollard

Fiche-espèce n°6

limite des communes de Modane et Villarodin-Bourget. La bibliographie mentionne également l’espèce à Bourg-Saint-Maurice, aux Allues et au col du Mont-Cenis ; mais l’existence actuelle de ces stations n’a pour l’heure pas été confirmée.

La valériane des débris dans son biotope

Le saviez-vous ? Les valérianes sont utilisées depuis l’Antiquité pour leurs propriétés médicinales : sédatives et antispasmodiques. Leurs souches et racines contiennent des substances sédatives pour les nerfs. La tige souterraine de la valériane des débris, très aromatique, a servi à soigner les maux de tête.

150 - Regard sur quelques espèces


Le pin cembro Hormis le pin noir, une essence naturalisée et abondamment plantée, quatre espèces de pins se développent dans les montagnes des Alpes du Nord : le pin cembro (Pinus cembra), le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin à crochets (Pinus uncinata) et le pin prostré (Pinus mugho) découvert récemment dans le secteur du Mont-Cenis. Parmi ces quatre espèces, le pin cembro se distingue très facilement des autres grâce à ses longues aiguilles réunies par cinq. Le risque de confusion est plus important entre le pin sylvestre (présent jusqu’à 2 000 m d’altitude) et le pin à crochets, deux espèces capables de s’hybrider. Le pin cembro est remarquable par sa capacité à résister à des conditions extrêmes.

silhouette "ronde", large à la base

feuillage persistant, vert bleuté

écorce grise et écailleuse

PNV – Philippe Benoît

aiguilles groupées par 5, longues de 4 à 8 cm

Pin cembro

PNV - Pierre Lacosse

cône (femelle) en forme d'œuf, solitaire ou groupé par deux-quatre, jamais pendant, de couleur violacée puis brun Cône de pin cembro

Écologie

Espèce de demi-ombre, le pin cembro a son optimum en exposition fraîche et ventée, à l’étage subalpin, où il occupe la frange supérieure des forêts et sur substrat siliceux.

Mais il est capable de se développer depuis l’étage montagnard (1 400 m d’altitude) jusqu’à la base de l’étage alpin (2 500 m), de coloniser également les versants chauds et de pousser sur substrat calcaire. Le pin cembro est bien adapté aux conditions extrêmes de

Regard sur quelques espèces - 151

Fiche-espèce n°7

Sommaire


Fiche-espèce n°7

la haute montagne : hivers très longs et rigoureux et, en conséquence, saison de végétation très courte (seulement 3 à 4 mois), températures rigoureuses, pentes raides, substrats pauvres en éléments minéraux, etc. Son développement est alors très lent, et peut se prolonger sur plusieurs centaines d’années, voire 1 000 ans. Dans les conditions et les altitudes les plus extrêmes les arbres adoptent des ports ramassés et tortueux, et ne mesurent parfois que quelques mètres de haut. En situation plus optimale, ils peuvent atteindre une hauteur de 25 m et plus de 4 m de circonférence.

forêts, dans le prolongement des pessières : Polset, le Seuil, Charmasson, Pra-Dieu, le Monin, etc. Les arbres morts sur pied et les chablis possèdent une forte valeur biologique : un grand nombre d'insectes se nourrissent de leur bois (scolytes, grands capricornes, etc.). Son bois, très homogène et de faible densité est très facile à travailler et très décoratif. Il est principalement utilisé comme bois d'œuvre en ébénisterie, ainsi que pour la sculpture (retable, etc.). Ses graines sont comestibles.

PNV - Jacques Perrier

Menaces

Trou de nourrissage du pic noir dans un pin cembro

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le pin cembro est assez rare à rare à l’état naturel. En Eurasie, il est essentiellement localisé dans les régions alpines au climat continental froid. En France, il n’est présent que dans les Alpes. En Vanoise, on rencontre de belles populations sur les ubacs de Maurienne et de Tarentaise. À Modane, les cembraies occupent la plupart des franges supérieures des

Bien répandu il y a environ 8 000 ans, le pin cembro a régressé suite à l’extension des alpages en limite supérieure de la forêt et à l’utilisation de son bois en ébénisterie. Là où la forêt ne fait pas l’objet de mesure réglementaire de protection, tout projet d’équipement ou d’artificialisation constitue une menace pour ce type de forêt.

Protection et propositions de gestion

Les forêts alpines à pin cembro sont classées à l'annexe I de la directive “Habitats”, c'està-dire qu’elles constituent un habitat d’intérêt communautaire. Une gestion respectueuse du cycle naturel d’évolution du pin cembro assure le maintien de cette forêt.

Le saviez-vous ? • Contrairement à la plupart des autres conifères, le pin cembro forme des cônes qui ne s’ouvrent pas à maturité. Sans l’intervention des animaux qui se nourrissent de ses graines après avoir décortiqué les cônes, l’espèce aurait beaucoup de difficultés à se régénérer par elle-même. Le cassenoix moucheté est le principal acteur de la dissémination des graines, puisqu’il en prélève jusqu’à 90 %. • De nombreux autres animaux se nourrissent des graines du pin cembro : la sittelle torchepot, le pic épeiche, le bec-croisé des sapins, l’écureuil, le campagnol roussâtre, etc.

152 - Regard sur quelques espèces


L'aigle royal L’aigle royal (Aquila chrysaetos) est le deuxième plus grand rapace diurne de Vanoise parmi les huit espèces qui y nichent. Dans les Alpes, les deux espèces avec lesquelles il pourrait être confondu en vol sont le gypaète barbu et la buse variable. Quelques critères simples permettent de lever le doute : le gypaète barbu est plus grand et possède une queue en forme de losange bien marqué, la buse variable, beaucoup plus petite, présente un plumage plus clair et souvent strié de blanc. Bien que ses effectifs progressent dans les Alpes depuis une trentaine d’années, l’aigle royal demeure une espèce rare, localement menacée.

dessus de la tête doré

PNV – Maurice Mollard

bec crochu

plumage brun uniforme, assez sombre

Aigle royal adulte

PNV – Joël Blanchemain

queue longue et légèrement arrondie envergure = 1,80 à 2,20 m poids = 3 à 6,5 kg Aigle royal adulte en vol

Écologie

En

France, l’aigle royal est une espèce sédentaire des massifs montagneux. Couvrant de 60 à 80 km2 en Vanoise, depuis 1 800 m d’altitude jusqu’aux sommets, son domaine vital se compose en grande partie de pelouses alpines, d’éboulis et de parois rocheuses. Ses terrains de chasse sont généralement plus haut en altitude que son

aire située vers 1 900 m environ. Cela facilite le transport des proies vers le nid. En été, il se nourrit en tout premier lieu de marmottes, mais également de lièvres variables, de tétras-lyres, de lagopèdes, plus rarement de cabris de chamois ou de bouquetin, de renards, voire de petits mammifères et d’oiseaux. En hiver, il peut s’alimenter de carcasses d’animaux tués par les avalanches. Les aires (en moyenne cinq à

Regard sur quelques espèces - 153

Fiche-espèce n°8

Sommaire


Fiche-espèce n°8

six par couple) sont principalement situées dans la partie sommitale de falaises, mais quelques cas de nidification sur conifères ont déjà été observés en Vanoise. Après les parades nuptiales spectaculaires en février et mars, la femelle pond un à deux œufs durant la première quinzaine d’avril, à quelques jours d’intervalle, le plus faible des deux poussins ne survit que si la nourriture est dispensée en quantité suffisante. L’aiglon prend son envol fin juillet. Il vole ensuite avec les parents jusqu’au début de l’hiver.

comme l’Espagne. En France, ses populations sont estimées à 250-300 couples, soit 4 à 6 % des effectifs européens. Elles se répartissent dans les grands massifs montagneux et leurs piémonts : Alpes et Préalpes, sud du Massif central, Pyrénées et Corbières, Corse. La Vanoise abrite une soixantaine d’individus, dont un peu plus de vingt couples territoriaux. Deux couples reproducteurs sont connus aujourd’hui à Modane où quatre aires sont dénombrées.

Menaces Répartition géographique et intérêts biologiques

L’aigle

royal est une espèce largement répartie en Amérique du Nord, Europe, Afrique du Nord et Asie. Il est bien représenté en Europe du Nord (Écosse, Scandinavie) et dans les pays méditerranéens

En

Vanoise, les principales menaces sont liées au dérangement pendant la période de reproduction (escalade, parapente, survol d’hélicoptères, etc.) qui peuvent entraîner l’abandon des aires, les collisions sur les câbles aériens (électriques et de remontées mécaniques), le vol d’œufs pour la collection ou l’élevage et le tir au fusil. La disette, les

Localisation des aires d'aigle royal en Vanoise

154 - Regard sur quelques espèces


Protection et propositions de gestion

Comme

PNV – Alain Chastin

tous les grands rapaces, l’aigle royal est protégé par l’arrêté ministériel de

1981. Il fait partie des espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive Oiseaux - annexe I). La mise en place de dispositifs anti-collision sur certains câbles particulièrement mal placés permettrait de réduire en partie la mortalité de l’espèce. D’autre part, la présence de l’aigle royal doit être prise en compte systématiquement en préalable à tout équipement de falaises comme les via ferrata pour assurer le succès de la reproduction. Enfin, une information des usagers du milieu naturel, varappeurs et parapentistes, susceptibles de déranger l’aigle royal, particulièrement vulnérable en période de reproduction (d’avril à fin juillet), est également primordiale.

Jeune aigle royal

Le saviez-vous ? • Il incarne la puissance et la gloire. Il est l’emblème de la ville de Genève, de l’impératrice de Russie, de l'empereur et du duc de Toscane et de l’Empire austro-hongrois sans oublier Napoléon I et Napoléon III. • En Vanoise, le taux de reproduction est évalué à 0,6 jeune par couple et par an. Ce chiffre faible est une caractéristique des grands prédateurs. En revanche, l’aigle a une longévité théorique importante d’environ 25 ans.

Regard sur quelques espèces - 155

Fiche-espèce n°8

maladies, l’intoxication liée aux métaux lourds et aux pesticides, etc. s’ajoutent aux causes de mortalité. Avec la densification des couples d’aigles, des combats aériens peuvent également entraîner la mort. En revanche, la réglementation concernant la protection de tous les rapaces et les mesures de gestion cynégétique ont contribué à la restauration des populations d’espèces proies comme les ongulés sauvages, ce qui augmente les potentialités alimentaires dans de nombreux massifs.


L'écureuil roux L’écureuil roux (Sciurus vulgaris) est un mammifère de petite taille appartenant à la même famille que les marmottes, celle des sciuridés. Ce rongeur arboricole, assez commun dans les zones boisées européennes, se caractérise par sa queue en panache presque aussi longue que son corps. Quant à son pelage, et contrairement à ce que son nom indique, il n’est pas toujours roux ; certains individus ont le dessus du corps brun foncé ou noir. Ce sont eux que l’on rencontre le plus fréquemment en montagne et dans les forêts de résineux.

longues touffes de poils au bout des oreilles (en hiver seulement)

PN Écrins - Denis Fiat

Fiche-espèce n°9

Sommaire

Écureuil roux longue queue en panache pelage variant du jaunâtre au roux ou du brun foncé au noir, avec le dessous du corps toujours blanc

Écologie

L’écureuil

roux est une espèce forestière, habitant les bois de feuillus ou de résineux, mais également les parcs boisés et les zones

156 - Regard sur quelques espèces

bocagères. On le rencontre jusqu’à 2 300 m d’altitude. D’activité diurne, ce rongeur est d’une agilité remarquable, sa queue touffue lui servant de volant, de parachute et de


Fiche-espèce n°9 PNV – Alain Chastin

Écureuil roux dans un mélèze

balancier. Il se déplace d’arbre en arbre en parcourant les branches jusqu’aux rameaux les plus flexibles, descend les troncs la tête en bas, etc. Au sol, l’écureuil se déplace par bonds successifs. Essentiellement granivore, il consomme beaucoup de graines de conifères (épicéa, pin cembro) et de fruits secs (noix, noisettes, glands, etc.). Il mange parfois aussi des bourgeons, des écorces, des champignons et des jeunes pousses (d’épicéas par exemple) et plus rarement de la nourriture d’origine animale (insectes, larves diverses, œufs et oisillons). L’automne, la saison la plus faste pour l’écureuil, lui permet de faire des provisions pour l’hiver dans des creux d’arbres, sous des racines, dans des trous qu’il creuse à même la terre ; il peut ainsi stocker jusqu’à 125 kg de nourriture. Les graines que l’écureuil oublie parfois contribuent à la dissémination des espèces forestières. En période de reproduction, l’écureuil construit un nid à deux entrées latérales, en forme de boule. Il peut aussi compléter un vieux nid de corvidés ou investir un trou d’arbre. Mâles et femelles s’accouplent de

fin janvier à avril. La femelle met bas 2 portées de 3 à 7 petits par an.

Répartition géographique et intérêts biologiques

La

répartition géographique de l’écureuil roux couvre toutes les forêts d’Europe et d’Asie. Il est présent partout en France métropolitaine, sauf en Corse et dans les îles atlantiques. Bien que son abondance varie selon les années, on constate que ses populations accusent une légère régression en France et plus particulièrement dans l’ouest du pays.

Menaces

L’invasion, depuis l’Italie,

de l’écureuil gris d’Amérique du Nord constitue une menace sérieuse pour les populations alpines de l’écureuil roux, en raison de la concurrence alimentaire qui existe entre ces deux espèces. Ce phénomène a déjà conduit à la disparition presque totale de l’écureuil roux en

Regard sur quelques espèces - 157


Protection et propositions de gestion

L’écureuil

roux est une espèce totalement protégée en France depuis 1981.

pattes postérieures

pattes avant

PNV – Joël Blanchemain

Fiche-espèce n°9

Angleterre et la même tendance se profile en Italie. Son espérance de vie peut atteindre une dizaine d’années, quand il n’est pas chassé par la martre, sa plus grande ennemie naturelle, par les rapaces diurnes ou nocturnes.

Empreintes d’écureuil roux lorsqu'il pratique des bonds

Le saviez-vous ? • Le nom latin de l’écureuil Sciurus dérivé de deux mots grecs : skia (ombre) et de oura (queue), définissant l’écureuil comme l’animal qui “s’assoit à l’ombre de sa queue”. • Il existe 264 espèces d’écureuil recensées dans le monde, dont 56% sont arboricoles, 12,5% sont terrestres et 31,5% volants. Il n’est absent que des îles et de certains archipels de l’Australie et de la pointe sud de l’Amérique, ainsi que d’une zone concernant l’est de l’Afrique du Nord et une partie du Moyen-Orient. • La taille de son corps varie de 13 cm pour l’écureuil pygmée d’Afrique à 90 cm pour l’écureuil géant d’Asie.

158 - Regard sur quelques espèces


L'accenteur alpin L’accenteur alpin (Prunella collaris) est un petit oiseau gris aux flancs striés de roux d’une taille légèrement supérieure à celle du moineau domestique. Typique de l’étage alpin, il peuple les pelouses rocailleuses situées au-dessus de la limite supérieure des forêts. C’est un oiseau nicheur commun en Savoie, peu farouche. Il se distingue aisément de l’accenteur mouchet, son cousin forestier, par sa coloration plus contrastée et sa taille supérieure. Les deux accenteurs sont présents à Modane, mais se rencontrent à des altitudes différentes.

tête, cou et haut de la poitrine de couleur grise

bavette blanche ponctuée de traits noirs

PNV – Nathalie Tissot

ventre gris-brun avec des taches rousses sur les flancs

Accenteur alpin

Écologie

L’accenteur

alpin est l’une des espèces caractéristiques de la faune de l’étage alpin. Il se situe plus précisément à l’interface herbe / roche / neige, à savoir entre les alpages rocailleux, les falaises entrecoupées de vires herbeuses, souvent à proximité de névés permanents, entre 2 000 et 3 000 m d’altitude. Dès que l’enneigement l’y contraint, l’accenteur alpin descend en fond de vallée, jusqu’à côtoyer les abords des villages. C’est un oiseau principalement insectivore (insectes et larves, araignées, etc.), mais il

peut se nourrir également de semences d’herbes et d’autres végétaux. La période de reproduction commence dès la fin mars, mais c’est en mai qu’elle est la plus intense ; elle se manifeste alors par les vols nuptiaux, les parades et les accouplements. La femelle pond jusqu’à six œufs dans un nid construit au sein d’une anfractuosité de paroi rocheuse, ou dans une petite cavité du sol herbeux. Un mois environ après, dont une quinzaine de jours d’incubation, les jeunes sont à l’envol et quittent le nid.

Regard sur quelques espèces - 159

Fiche-espèce n°10

Sommaire


Protection et propositions de gestion

L’accenteur

L’accenteur alpin est une espèce protégée en

alpin peuple la plupart des hautes montagnes de l’Ancien Monde, du Maroc à la Chine : Atlas, Sierra Nevada, Pyrénées, Alpes, Carpates, Caucase, Turquie, Iran, Asie centrale et Himalaya. En France, l’espèce est présente surtout dans les Alpes (internes et les Préalpes), mais aussi les Pyrénées et la Corse, très localement dans les Vosges, le Jura, et le Massif central. En 2000, l’effectif national était estimé au moins à 10 000 couples nicheurs.

France. À Modane, l’espèce ne nécessite pas de mesures de protection particulières, si ce n’est le suivi régulier de sa présence.

Menaces

L’accenteur alpin ne souffre pas de menace particulière, si ce n’est certains équipements et terrassements liés aux sports d’hiver, qui ont pu altérer son milieu de vie. À Modane, la situation de cette espèce semble stable et son milieu de vie ne paraît pas affecté.

PNV – Christophe Gotti

Fiche-espèce n°10

Répartition géographique et intérêts biologiques

Accenteur alpin

Le saviez-vous ? La plupart des oiseaux sont monogames. Chez l’accenteur alpin, on parle de polyandrie : plusieurs mâles pour une femelle. Au moment de la reproduction, cette espèce forme de véritables troupes rassemblant de 3 à 5 mâles et de 2 à 3 femelles. La polyandrie existe aussi chez les gallinacées (tétras-lyre, etc.). Par la suite, l’élevage des oisillons est dit “coopératif“. Chez l’accenteur alpin, un groupe de mâles (dont des subordonnés peu impliqués génétiquement) aident plusieurs femelles à nourrir les jeunes.

160 - Regard sur quelques espèces


Le lynx boréal Espèce strictement forestière, le lynx boréal (Lynx lynx) est le plus grand félin d’Europe : sa hauteur moyenne au garrot atteint 60 cm. Autrefois répandu dans toute l’Europe, le lynx a totalement disparu de France au début du XXe siècle, à la suite des défrichements massifs, de la diminution de ses proies et de la chasse intensive dont il a fait l’objet. Dans les années 1960, l’espèce a commencé à recoloniser le territoire français à partir des populations d’Europe centrale et de la Suisse, mais aujourd’hui encore le lynx est considéré comme une espèce en danger d’extinction. Grâce à sa silhouette typique de félin, sa grande taille et ses oreilles pointues terminées par un pinceau de poils noirs, les rares observateurs de cette espèce très discrète ne pourront le confondre avec aucun autre animal.

queue courte, à l’extrémité noire oreilles pointues surmontées d’un pinceau de poils noirs

pelage variant du jaune roux au beige gris, plus ou moins tacheté de noir ; ventre plus clair

PNV – Alexandre Garnier

larges pattes facilitant les déplacements dans la neige

PNV – Alexandre Garnier

Lynx d’Europe (adulte)

Jeune lynx

Écologie

En France, le lynx occupe les forêts de feuillus et de conifères, de préférence sur les versants accidentés. Son domaine vital, de 200 à 300 km2 en moyenne, est un vaste

complexe boisé qui comporte des zones très peu fréquentées (rochers, éboulis) où a lieu la reproduction, une faible pression de chasse et la présence d’un nombre suffisant de proies. C’est un animal solitaire, aux activités crépusculaires et nocturnes. Il se

Regard sur quelques espèces - 161

Fiche-espèce n°11

Sommaire


Fiche-espèce n°11

déplace avec discrétion, selon des itinéraires réguliers, au pas ou au petit trot. Il se nourrit principalement d’ongulés sauvages (chevreuils en majorité, chamois, jeunes cerfs), de rongeurs (campagnols, mulots, marmottes, écureuils) et de lièvres ; il chasse aussi des renards, des martres, des oiseaux. Certains individus peuvent causer des dégâts aux troupeaux ovins.

La période de reproduction débute en février-mars avec les accouplements. Les femelles mettent bas en mai, une portée de 1 à 4 petits (2 en moyenne) tous les deux ans, qu’elle allaite jusqu’à 3 mois. Les petits quittent la tanière à 2 mois et apprennent à chasser avec la femelle. Ils s’émancipent totalement au début de l’année suivante.

Statut du Lynx en France (2002-2004) Source : ONCFS / Réseau Grands Carnivores Loup-Lynx

162 - Regard sur quelques espèces


Protection et propositions de gestion

La répartition du lynx boréal, encore appelé

En France, le lynx boréal est partiellement

lynx d’Europe ou lynx d’Eurasie, est l’une des plus étendues au sein de la famille des félidés : de l’Europe de l’Ouest au Pacifique, plus de 75 % étant situés dans le territoire de l’ex-URSS. En Europe, la répartition du lynx est fragmentée. Dans le nord et le centre de l’Europe, les populations de lynx sont autochtones. Par contre, celles d’Europe de l’Ouest sont issues des réintroductions effectuées dans plusieurs pays à partir des années 1970, ou proviennent d’animaux colonisateurs depuis des populations suisses (cas du Jura français et du nord des Alpes). Compte tenu de la discrétion de l’espèce, les effectifs du lynx boréal sont peu connus et souvent le fait d’estimations. En France, le lynx est présent dans les Vosges, le Jura, les Alpes et les Pyrénées.

protégé en 1971. Il est inscrit à l’annexe III de la convention de Berne, sur la liste des espèces protégées dont l’exploitation est réglementée. Dès 1972, un programme de réintroduction commence à voir le jour en France. Il se concrétise en 1983, avec un lâcher de trois lynx originaires des Carpates. D’autres lâchés ont ensuite lieu en 1984, 1987, 1992 et 1993. En 11 ans, ce sont 19 lynx, 8 femelles et 11 mâles -, qui ont été réintroduits dans les forêts du massif vosgien. Parallèlement, 20 lynx ont été lâchés dans le Jura suisse entre 1971 et 1976. Ces opérations ne sont pas suffisantes aujourd’hui afin de garantir un avenir au lynx en France. D’autres mesures (réintroductions, etc.) seraient à prendre afin de le sortir de son statut d’espèce en danger d’extinction.

Menaces progresser modérément. Mais certaines menaces pèsent encore sur le félin, comme le braconnage qui est toujours pratiqué. Loin d’être négligeable, la diminution et le fractionnement des espaces de vie du lynx expose l’animal, lors de ses déplacements à la conquête de nouveaux territoires, au trafic routier et ferroviaire, augmentant sa mortalité. En Haute Maurienne, la présence du lynx est avérée dans le massif de la Belle-Plinier, au Seuil (Modane) et au Freney où une observation photographique datant de février 2002 indique la présence d’un sujet en déplacement, à défaut d’une population établie.

PNV – Alexandre Garnier

L’aire de répartition du lynx boréal semble

Lynx boréal

Regard sur quelques espèces - 163

Fiche-espèce n°11

Répartition géographique et intérêts biologiques


Actif sur les trois massifs montagneux où l’espèce est présente (16 départements), le réseau “lynx” est également chargé d’expertiser les cas de prédation sur le cheptel domestique pour organiser la compensation financière des dommages de lynx.

PNV – Alexandre Garnier

Fiche-espèce n°11

L’étude du lynx en France fait également partie des mesures nécessaires à la continuité de l’action de sa sauvegarde. Mis en place en 1988 à la demande du ministère chargé de l’Environnement, le réseau de correspondants “lynx” doit permettre notamment de collecter et vérifier les indices de présence, pour étudier l’évolution de la répartition du lynx.

Lynx capturé, anesthésié et équipé d'un collier émetteur en vue de son suivi

Le saviez-vous ? • Le lynx peut effectuer des sauts de 7 m grâce à ses pattes avant plus courtes, qui favorisent la course et le bond. • La longévité d’un lynx boréal varie de 10 à 15 ans ; elle atteint 17 ans en captivité. • La vision du lynx n’est pas meilleure que celle d’un autre félin. Le célèbre “œil de lynx” viendrait d’une confusion avec la mythologie grecque dans laquelle Lyncée, argonaute, est dotée d’une vue extraordinaire lui permettant de voir sous terre. Par contre, la vision du lynx est adaptée à la vie nocturne. • Du fait de son alimentation principalement basée sur le chevreuil, le lynx est également appelé “loup cervier”.

164 - Regard sur quelques espèces


Le lézard vert Le lézard vert (Lacerta viridis) est le plus gros des quatre espèces de lézards que compte la Savoie. Hormis sa taille qui varie entre 20 et 35 cm de la tête à l’extrémité de la queue, il se distingue aisément du lézard agile, du lézard vivipare et du lézard des murailles, par sa coloration générale vert vif et sa gorge bleue (chez le mâle en période de reproduction). Seul le lézard agile, encore appelé lézard des souches, n’est pas connu à Modane.

coloration dorsale généralement vert vif ou brunâtre, ponctuée de noir et de jaune citron, avec parfois 2-4 raies blanches plus ou moins continues (surtout chez la femelle)

PNV – Christian Balais

face ventrale jaune uniforme ou jaune verdâtre

Mâle de lézard vert

Écologie

Le lézard vert peuple les endroits chauds et bien ensoleillés, pourvus d’un couvert végétal assez épais, buissonnant : lisières des forêts et des bois, clairières, prairies sèches, etc. En adret, il peut atteindre 1 500 m d’altitude. À Modane, ils affectionnent particulièrement le pied du versant sud. À l’instar de tous les lézards, son cycle biologique annuel comprend deux périodes.

De l’automne au printemps, il est en état de vie ralentie dans le sol. Au printemps, il sort d’hivernage à des dates qui varient selon les conditions climatiques et le sexe. Il entre alors dans une phase de vie active au cours de laquelle se déroulent la reproduction, l’alimentation et la mue. La température détermine en grande partie l’activité diurne de ce reptile thermophile* pour qui, l’insolation est une nécessité quasi permanente.

Regard sur quelques espèces - 165

Fiche-espèce n°12

Sommaire


Ce

lézard assez répandu dans tous les secteurs de Savoie bien exposés est peu menacé, mais il souffre malgré tout de la banalisation du paysage, de la destruction de son habitat (par enfrichement excessif ou intensification de l’agriculture), etc.

Protection et propositions de gestion

Le lézard vert est protégé. Il est également inscrit à l’annexe II de la convention de Berne (relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel d’Europe), en tant qu’espèce de faune strictement protégée. La conservation de secteurs de landes sèches est très favorable à l’espèce.

Répartition géographique et intérêts biologiques

La

distribution du lézard vert englobe l’Europe occidentale, centrale et méridionale, du nord de l’Espagne à la Normandie jusqu’au sud de la Russie et de l’Asie mineure. En France, il est présent au sud d’une ligne reliant les boucles de la Seine, Soissons et Mulhouse. Il est absent de Corse et du centre-nord de la Bretagne

PNV – Ludovic Imberdis

Fiche-espèce n°12

Menaces

Le lézard vert se nourrit de grands insectes (principalement des coléoptères), de crustacés, de mollusques, d'araignées, de vers de terre, d'œufs d’oiseaux, de petits lézards, parfois de sa propre espèce et occasionnellement, de micromammifères* et de fruits juteux. La période d’activité sexuelle s’étend de mai à juin. L’accouplement se produit après des préliminaires ritualisés. La femelle pond 7 à 10 œufs blanchâtres, entre fin mai et mijuin, dans un trou qu’elle creuse préalablement dans le sol. Après 50 à 100 jours d’incubation (selon la température), les jeunes lézards de 7 à 8 cm de long déchirent la coquille. Si le climat est chaud, une deuxième ponte peut avoir lieu en juinjuillet.

Mâle de lézard vert

Le saviez-vous ? • Pour profiter au maximum de l’ensoleillement, le lézard vert s’oriente de telle manière que les rayons du soleil tombent à la perpendiculaire sur son corps, en même temps, il s’aplatit exposant la plus grande surface possible de son corps afin d’emmagasiner une quantité de chaleur maximale. • La longévité moyenne du lézard vert varie de 5 à 9 ans ; certains individus ayant été observés pendant près de 16 ans.

166 - Regard sur quelques espèces


Le grand apollon Le grand apollon est un grand papillon de jour. Les apollons se reconnaissent à leurs ailes blanches ornées de taches noires. Trois espèces d’apollon sont présentes à Modane : le grand apollon (Parnassius apollo), le petit apollon (Parnassius phoebus) et le semi-apollon (Parnassius mnemosyme). Seules les deux premières, assez proches d’apparence, peuvent être confondues. Quelques critères physiques, portant sur la taille et les antennes notamment, permettent de les distinguer. Leurs milieux de vie diffèrent également ; alors que le petit apollon fréquente les suintements et les sources, le grand apollon préfère les secteurs secs et ensoleillés.

antennes uniformément grises

ailes à fond blanc ornées de taches noires

Virginie Bourgoin

taches rouges serties de noir et pupillées de blanc sur les ailes postérieures extrémité des ailes translucides, dépourvue d’écailles Grand apollon

ocelle rouge constant sur l’aile antérieure

PNV – Michel Delmas

aucune bande translucide à l’extrémité des ailes antennes blanches nettement annelées de noir

Couple de petit apollon

Écologie

Le grand apollon peuple les prairies et les pelouses rocailleuses, les vires rocheuses, les lisières et les versants ensoleillés. Il fréquente des altitudes allant de 400 à 2 700 m, mais

son optimum se situe entre 1 000 et 1 800 m. L’adulte, ou imago, vole de mi-mai à septembre, période au cours de laquelle il se reproduit. Les œufs sont pondus de manière isolée sur la plante nourricière de la chenille (encore appelée plante-hôte), ou à proximité.

Regard sur quelques espèces - 167

Fiche-espèce n°13

Sommaire


Répartition géographique et intérêts biologiques

L’aire

de distribution du grand apollon concerne les massifs montagneux d’Europe et d’Asie centrale et la Scandinavie. En France, alors qu’il était autrefois présent dans toutes les montagnes, cet apollon a disparu des Vosges (1976), du Forez (1980), du Vivarais et du Causse Noir (1989), mais il est encore bien répandu dans les Alpes et les Pyrénées.

PNV – Maurice Mollard

Fiche-espèce n°13

La petite chenille, déjà formée à l’automne, passe l’hiver dans l’œuf. Ce n’est qu’à partir de février que la chenille éclot et, jusqu’à juin, elle se nourrit, uniquement par temps ensoleillé, des feuilles d’orpin blanc surtout, mais parfois aussi d’autres orpins et de joubarbes. Ces plantes se développent sur substrat rocheux.

Le semi-apollon est la troisième espèce d’apollon présente à Modane

Menaces

À l’échelle de la France, le grand apollon est menacé par la déprise agro-pastorale, les reboisements et le réchauffement climatique qui met en péril les populations de basse altitude. En Vanoise, la destruction de son habitat, par les aménagements touristiques notamment, constitue une menace sérieuse qu’il faut maîtriser.

Protection et propositions de gestion

Le grand apollon est protégé en France. Il

PNV – Ludovic Imberdis

est inscrit à l’annexe 2 de la convention de Berne et à l’annexe 4 de la directive Habitats en tant qu’espèce d’intérêt communautaire qui nécessite une protection stricte. Étant donné la situation générale de régression de l’espèce en France, ses derniers sanctuaires méritent une attention particulière.

Grand apollon

168 - Regard sur quelques espèces


Fiche-espèce n°13 PNV – Maurice Mollard

Grand Apollon (à Polset)

Le saviez-vous ? • Chez les papillons de jour comme les apollons, la vue joue un rôle essentiel dans la reproduction, car c’est ainsi que le mâle recherche sa partenaire dans un premier temps ; ensuite, c’est l’odorat qui intervient. • Lors de l’accouplement, le mâle sécrète une substance qui durcit à l’air, constituant une poche cornée (“le sphragis”), qu’il fixe au bas de l’abdomen de la femelle, l’empêchant probablement ainsi de s’accoupler à nouveau (cette interprétation n’est pour l’instant qu’une hypothèse).

Regard sur quelques espèces - 169


Annexes

Annexes


Annexes

Sommaire

Lexique [1] d’après le Dictionnaire des Plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l'écologie et des sciences de l'environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Le nouveau Petit Robert de la langue française 2007 (Rey-Debove et al, 1999) [4] d’après Les Insectes de France et d'Europe occidentale (Chinery M., 1988) [5] d’après la Flore forestière française - tome 2 (Rameau et al., 1993) [6] d’après Queyras : un océan il y a 150 millions d’années (Lemoine et Tricart, 1997)

oOo

Acidophile [1] Se dit d’une espèce de plante ou de champignon qui préfère, voire exige des sols ou des substrats acides. Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement [2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation de sédiments. Boréo-alpin Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Calcicole [1] Se dit d’un végétal ou d’un champignon qui supporte les substrats calcaires ; c’est-à-dire renfermant en quantité notable du carbonate de calcium ou des sels de calcium et de magnésie. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à alcalin.

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 173


Annexes

Cargneule [6] Roche calcaire et dolomitique jaune orangé, criblée de quantité de petits trous. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Cembraie [5] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Circumboréal [2] Qui est propre aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord. Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l'autre. Elles sont approximativement comprises entre : – 0 et 900 m pour l’étage collinéen, – 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, – 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, – 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, – 3 000 et plus pour l’étage nival. Exuvie [3] Peau rejetée par un animal lors de la mue.

174 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane


Futaie irrégulière [1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine du terme futaie. Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes, sont donc de tailles très variées, la futaie est dite irrégulière ou jardinée. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Micromammifères Ensemble des petits mammifères appartenant aux groupes des insectivores et des rongeurs, et dont le poids varie entre quelques grammes et quelques dizaines de grammes. Il comprend essentiellement les campagnols, les souris, les musaraignes, etc. Murger [1] Amas de pierres, plus ou moins juxtaposées à la façon d’un mur, et provenant le plus souvent à l’épierrage d’un champ (ou d’une prairie) lorsqu’il était, jadis, cultivé. Ombilic [3] Dépression peu étendue et creuse, cuvette au fond d’une vallée glaciaire. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas. Plécoptères [4] Ordre d’insectes (à métamorphose incomplète) dont les larves aquatiques vivent dans les cours d’eau bien oxygénés : torrents ou rivières aux eaux pures. Par suite de leurs exigences

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 175

Annexes

Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage.


Annexes

en oxygène dissous, les larves de plécoptères constituent d’excellents bio-indicateurs de qualité des eaux continentales. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n'a été l’objet d'aucune intervention humaine. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi-naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Stigmate [1] Extrémité libre du pistil vouée à la réception du pollen lors de la pollinisation. Style [1] Partie amincie du pistil, le plus souvent cylindrique, qui surmonte communément l’ovaire et que couronne le stigmate*. Thermophile [1] Qualificatif qui s’applique à des êtres vivants affectionnant les stations chaudes de régions tropicales, subtropicales, méditerranéennes, voire des microsites sur calcaire très bien exposés et ensoleillés sous des latitudes plus élevées. Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique. Zone de combat Interface entre la limite supérieure de la forêt et les pelouses alpines. Dans cette zone, les derniers arbres rabougris du fait de leur difficulté à croître efficacement dans un contexte climatique difficile pour la végétation, cèdent le pas à un tapis d’arbrisseaux (éricacées et genévrier nain).

176 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane


Sommaire

Annexes

Bibliographie AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1972.- Premier aperçu de la végétation lichénique du parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, II, 73-105. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1973.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, III, 73-104. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1974.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, V, 105-112. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1976.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise (II). Trav. sci. Parc nation. Vanoise, VII, 91-100. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. CHINERY M., 1988.- Insectes de France et d’Europe occidentale. Éd. Arthaud. Paris, France. 320 p. COLLECTIF, 2006.- L’environnement en France, Édition 2006. Éd. Les Synthèses IFEN (Institut français de l’environnement). Saint-Jean-de-Braye (45), France. 500 p. COLLECTIF, 2002.- À la découverte des fleurs des Alpes - 350 espèces dans leur milieu. Éd. Libris - Les guides de terrain des Parcs nationaux de France. p 172. COLLECTIF, 1994.- Inventaire de la faune menacée en France. Éd. Nathan. Muséum national d’histoire naturelle et WWF-France, Paris, France. 175 p. COLLECTIF, 1989.- Atlas de répartition des amphibiens et reptiles de France. Éd. Société herpétologique de France, Paris, France. p 129.

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 177


Annexes

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178 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane


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Annexes

FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303p.


Annexes

ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. pp 426-427. ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. SAVOUREY M., 1994.- Excursions en Maurienne (Savoie) et précisions sur la répartition d’Euphydryas intermedia wolfensbergeri Frey, 1880. Alexanor, 18 (7). pp. 415-422. SCHAUENBERG P. & PARIS F., 1977.- Guide des plantes médicinales - analyse, description et utilisation de 400 plantes. Éd. Delachaux et Niestlé. p. 261. SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.

180 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane


2

androsace alpine

x

1

bruyère herbacée

x

1

campanule alpestre centaurée du Valais éritriche nain

H

G G G

3

G

1

fausse bardane réfléchie

x

1

fétuque du Valais

x

1

gagée jaune

x

1

gagée velue

x

2

G G G G

génépi jaune

1

H

G

génépi vrai

1

G

H

gentiane croisette

1

gentiane utriculeuse

x

H

grassette à éperon étroit

1

G

x

3

G

x

1

laîche bicolore

H G

1

hysope officinale

H

G

2

géranium blanc herminium à un tubercule

G

2 H

G G

lis martagon

1

paturin très mignon

1

pédiculaire arquée

1

G

pédiculaire du Mont-Cenis

2

G

pleurosperme d’Autriche

1

G

G G

potentille blanc de neige

x x

1

pyrole intermédaire

x

1

G

sabot de Vénus

x

3

G

saule glauque

x

1

saxifrage fausse diapensie

x

3

scandix peigne-de-Vénus

2

scorzonère d’Autriche

1

Glaciers et névés

Pelouses et combes à neige

Adret, pelouses et landes sèches Forêts de feuillus et de conifères Aulnaies vertes et mégaphorbiaies Landes, landines et fourrés de saule d’altitude

Zones humides d’altitude

Lacs et cours d’eau

G

G

1 x x

Rochers et falaises

x

Eboulis et moraines

ancolie des Alpes

Les grands types de milieux de Modane Village, hameaux et abords et prairies de fauche

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Liste des plantes d’intérêt patrimonial

H

G G

G G

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 181

Annexes

Sommaire


silène de Suède

1

G

stipe chevelue

1

G

stipe pennée

1

G

x

2

trèfle des rochers

x

3

valériane saliunca

x

2

violette singulière

1

Glaciers et névés

Rochers et falaises

Eboulis et moraines

G

1

stipe à tige laineuse

swertie vivace

Pelouses et combes à neige

G

1 x

Adret, pelouses et landes sèches Forêts de feuillus et de conifères Aulnaies vertes et mégaphorbiaies Landes, landines et fourrés de saule d’altitude

Zones humides d’altitude

Lacs et cours d’eau

Village, hameaux et abords et prairies de fauche

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Annexes

scorzonère en lanières

Les grands types de milieux de Modane

G G H

G G

Légende G : habitat principal à Modane H : autre habitat à Modane

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

182 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane


Sommaire

Annexes

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique) Cette liste mentionne uniquement l’ensemble des espèces citées dans le présent document.

Flore ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français

brun lichen d’Islande cétraire du pin lichens des rennes lichen du renard ou l. des loups ombilicaire cylindrique ombilicaire polyphylle rhizocarpe géographique thamnolia en forme de ver usnée

Nom scientifique Cladonia portentosa Cladonia stellaris Cladonia uncialis Ophioparma ventosa Cetraria islandica Cetraria pinastri Cladonia rangiferina et C. arbuscula Lethraria vulpina Umbilicaria cylindrica Umbilicaria polyphylla Rhizocarpon geographicum Thamnolia vermicularis Usnea sp.

Nom patois

PLANTES SUPÉRIEURES Nom français achillée à grandes feuilles achillée naine adénostyle à feuilles d’alliaire airelle à petites feuilles ancolie des Alpes androsace alpine ou a. des Alpes arnica des montagnes arolle ou pin cembro aster des Alpes astragale de Montpellier aulne vert ou arcosse azalée naine ou azalée des Alpes benoîte rampante botryche lunaire bouleau blanc bruyère des neiges ou b. herbacée

Nom scientifique Achillea macrophylla Achillea nana Adenostyles alliariae Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum Aquilegia alpina Androsace alpina Arnica montana Pinus cembra Aster alpinus Astragalus monspessulanus Alnus viridis Loiseleuria procumbens Geum reptans Botrychium lunaria Betula pendula Erica carnea ou E. herbacea

Nom patois

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 183


Annexes

camarine hermaphrodite campanule alpestre centaurée du Valais chrysanthème des Alpes colchique cryptogramme crispée cynorrhodon (fruit du rosier sauvage) dactyle aggloméré dompte-venin officinal doronic à grandes fleurs edelweiss ou étoile des neiges épicéa épilobe de Fleicher épinard sauvage ou chénopode bon-Henri épine-vinette érable fétuque du Valais fraise des bois framboisier frêne commun génépi (genépi) des glaciers génépi (genépi) jaune ou g. femelle génépi (genépi) vrai ou g. mâle genévrier commun genévrier nain gentiane jaune gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé géranium blanc géranium des bois grassette à éperon étroit grassette commune herminium à un bulbe hêtre hysope officinale joubarbe à toile d'araignée joubarbe des toits kœlérie pyramidale laîche bicolore laîche brune laîche de Davall laîche rouge noirâtre laitue des Alpes linaigrette à feuilles étroites linaigrette de Scheuchzer linaire des Alpes lis blanc lis martagon mauve commune

184 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane

Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum Campanula alpestris Centaurea vallesiaca Leucanthemopsis alpina subsp. alpina Colchicum sp. Cryptogramma crispa Rosa sp. Dactylis glomerata Vincetoxicum hirundinaria Doronicum grandiflorum Leontopodium alpinum Picea abies Epilobium fleischeri Chenopodium bonus-henricus Berberis vulgaris Acer sp. Festuca vallesiaca Fragaria vesca Rubus idaeus Fraxinus excelsior Artemisia glacialis Artemisia mutellina ou A. umbelliformis Artemisia genipi Juniperus communis Juniperus nana Gentiana lutea Gentiana utriculosa Geranium rivulare Geranium sylvaticum Pinguicula leptoceras Pinguicula vulgaris Herminium monorchis Fagus sylvaticus Hyssopus officinalis Sempervivum arachnoideum Sempervivum tectorum Koeleria pyramidalis Carex bicolor Carex nigra Carex davalliana Carex atrofuscae Cicerbita alpina Eriophorum angustifolium Eriophorum scheuchzeri Linaria alpina Asphodelus albus Lilium martagon Malva neglecta

Le Gratte-cul

La Suiffa

Lo Igglo


Larix decidua

myrtille nard raide ortie dioïque oxalis petite oseille pédiculaire du Mont-Cenis pensée éperonnée ou violette à éperon peuplier tremble pin à crochets pin cembro ou arolle pin sylvestre pissenlit pleurosperme d’Autriche polypode vulgaire populage des marais potentille blanc de neige prunelier épineux pyrole à feuilles rondes pyrole intermédiaire raisin d’ours commun ou busserolle reine des prés renoncule des glaciers renouée bistorte rhododendron ferrugineux rhubarbe des moines ou rumex des Alpes ronce commune rosier sauvage rubanier à feuilles étroites sabot de Vénus sapin blanc ou s. pectiné saule glauque saule herbacé saxifrage fausse diapensie saxifrage paniculée scorzonère d’Autriche scorzonère en lanière silène de Suède silène otitès soldanelle des Alpes stipe à tige laineuse swertie vivace tormentille ou potentille dressée trèfle des rochers trichophore cespiteux ou t. gazonnant trisète jaunâtre valériane des débris vérâtre blanc véronique d'Allioni violette singulière

Vaccinium myrtillus Nardus stricta Urtica dioica Oxalis acetosella Pedicularis cenisia Viola calcarata Populus tremula Pinus uncinata Pinus cembra Pinus sylvestris Taraxacum officinale Pleurospermum austriacum Polypodium vulgare Caltha palustris Potentilla nivea Prunus spinosa Pyrola rotundifolia Pyrola media Arctostaphylos uva-ursi Filipendula ulmaria Ranunculus glacialis Polygonum bistorta Rhododendron ferrugineum Rumex alpinus Rubus fruticosus Rosa sp. Sparganium angustifolium Cypripedium calceolus Abies alba Salix glaucosericea Salix herbacea Saxifraga diapensioides Saxifraga paniculata Scorzonera austriaca Scorzonera laciniata Silene suecicca Silene otites Soldanella alpina Stipa eriocaulis Swertia perennis Potentilla erecta Trifolium saxatile Trichophorum cespitosum Trisetum flavescens Valeriana saliunca Veratrum sp. Veronica allionii Viola mirabilis

Lo MaleuzoMeldo Le Embrune

Lo Aleuvo Lo Groin d’âne

La pomma d’ours

Lo Marabout

Lo Vararo

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 185

Annexes

mélèze


Annexes

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français azuré de l’oxytropide azuré des soldanelles azuré du serpolet belle dame damier de la succise damier rouge ou damier du chèvrefeuille flambé grand apollon grand nacré grande tortue machaon moiré cendré moiré fauve moiré lancéolé moiré striolé némusien ou ariane paon du jour petit apollon petite tortue semi-apollon solitaire

Nom scientifique Polyommatus eros Agriades glandon Maculinea arion Vanessa cardui Euphydryas aurinia Euphydryas intermedia Iphiclides podalirius Parnassius apollo Argynnis aglaja Nymphalis polychloros Papilio machaon Erebia pandrose Erebia mnestra Erebia alberganus Erebia montana Lasiommata maera Inachis io Parnassius phoebus Aglais urticae Parnassius mnemosyne Colias palaeno

Nom patois

INSECTES : ODONATES Nom français æschne bleue æschne des joncs agrion porte-coupe libellule à quatre taches libellule déprimée orthetrum bleuissant

Nom scientifique Aeschna cyanea Aeschna juncea Enallagma cyathigerum Libellula quadrimaculata Libellula depressa Orthetrum coerulescens

Nom patois

INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français criquet des adrets criquet des pâtures decticelle bicolore decticelle chagrinée grande sauterelle verte mante religieuse

186 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane

Nom scientifique Chorthippus apricarius Chorthippus parallelus Metrioptera bicolor Platycleis albopunctata Tettigonia viridissima Mantis religiosa

Nom patois


Annexes

Faune vertébrée AMPHIBIENS Nom français crapaud commun grenouille rousse salamandre tachetée

Nom scientifique Bufo bufo Rana temporaria Salamandra salamandra

Nom patois Lo Bahi La Rhanne

MAMMIFÈRES Nom français blaireau européen bouquetin des Alpes cerf élaphe (biche) chamois chevreuil écureuil roux fouine hérisson d’Europe hermine lièvre brun ou l. commun ou l. d’Europe lièvre variable loup lynx boréal marmotte alpine ou m. des Alpes martre des pins mouflon de Corse pipistrelle commune ou p. d’Europe renard roux sanglier

Nom scientifique Meles meles Capra ibex Cervus elaphus Rupicapra rupicapra Capreolus capreolus Sciurus vulgaris Martes foina Erinaceus europaeus Mustela erminea Lepus capensis Lepus timidus Canis lupus Lynx lynx Marmotta marmotta Martes martes Ovis ammon Pipistrellus pipistrellus Vulpes vulpes Sus scrofa

Nom patois

Lo Tsamou Lo Tseru

La marmotta

OISEAUX Nom français accenteur alpin accenteur mouchet aigle royal alouette des champs bécasse des bois bergeronnette des ruisseaux bouvreuil pivoine cassenoix moucheté chardonneret élégant chocard à bec jaune chouette hulotte cincle plongeur circaète Jean-le-Blanc

Nom scientifique Prunella collaris Prunella modularis Aquila chrysaetos Alauda arvensis Scolopax rusticola Motacilla cinerea Pyrrhula pyrrhula Nucifraga caryocatactes Carduelis carduelis Pyrrhocorax graculus Strix aluco Cinclus cinclus Circaetus gallicus

Nom patois

Lo Pic Le Tchave

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 187


Annexes

crave à bec rouge faucon crécerelle faucon pèlerin fauvette des jardins geai des chênes grive draine grive litorne grive musicienne gypaète barbu hibou grand-duc hirondelle de rochers lagopède alpin ou perdrix des neiges linotte mélodieuse merle à plastron merle noir mésange bleue mésange boréale mésange charbonnière mésange noire mésange nonnette niverolle alpine perdrix bartavelle pie-grièche écorcheur pipit spioncelle pouillot véloce rougegorge familier rougequeue à front blanc rougequeue noir tarier des prés ou traquet tarier tétras-lyre ou petit coq de bruyère tichodrome échelette torcol fourmilier traquet motteux troglodyte mignon

Pyrrhocorax pyrrhocorax Falco subbuteo Falco peregrinus Sylvia borin Garrulus glandarius Turdus viscivorus Turdus pilaris Turdus philomelos Gypaetus barbatus Bubo bubo Ptyonoprogne rupestris Lagopus mutus Carduelis cannabina Turdus torquatus Turdus merula Parus caeruleus Parus montana Parus major Parus ater Parus palustris Montifringilla nivalis Alectoris graeca Lanius collurio Anthus spinoletta Phylloscopus collybita Erithacus rubecula Phoenicurus phoenicurus Phoenicurus ochruros Saxicola rubetra Tetrao tetrix Tichodroma muraria Jynx torquilla Oenanthe oenanthe Troglodytes troglodytes

L’arbina

Lo Kanarousset

POISSONS Nom français omble de fontaine ou saumon de fontaine ombre commun truite arc-en-ciel truite fario ou truite de rivière vairon

188 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane

Nom scientifique Salvelinus fontanilis Thymallus thymallus Oncorhynchus mykiss Salmo trutta fario Phoxinus phoxinus

Nom patois


Nom français coronelle lisse lézard des murailles lézard vert lézard vivipare vipère aspic

Nom scientifique Coronella austriaca Podarcis muralis Lacerta viridis Lacerta vivipara Vipera aspis

Nom patois La Larmouise

Découvrir le patrimoine naturel de Modane - 189

Annexes

REPTILES


Annexes

Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Avec l’aide d’un groupe de travail : Gérard Augert, Serge Covarel, François Gravier, Georges Meyer, Maurice Mollard, René Perri - Commune de Modane • Sébastien Brégeon, Benoît Martineau - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Jean-Pierre Martinot - Parc national de la Vanoise. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Pierre Amourous, Michèle Amourous, Martie-Thérèse Biessy-Cordillat, Sylvain Chinal, Guy Damevin, Pierrette Damevin, Yvonne Damevin, Marie-Claude Éard – Habitants de Modane • Christophe Chillet, Thierry Delahaye, Mickaël Delorme, Patrick Folliet, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Manuel Bouron, Béatrice Navette Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Michel Savourey - entomologiste • Maurice Durand - Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne • Philippe Gaudry - Centre Régional de la Propriété Forestière de Savoie • Roger de La Grandière. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Modane : Pierre Abel, Gérard Augert, Joël Blanchemain, Michel Bouche, Virginie Bourgoin, Sébastien Brégeon, Bernard Clesse, Thierry Delahaye, René Delpech, Sylvia Di Rosa, Christophe Gotti, Laurence Jullian, Pierre Lacosse, Roger de La Grandière, Sandrine Lemmet, Arthur Lequay, Benoît Martineau, Gérard Martinez, Jean-Pierre Martinot, Maurice Mollard, Karine Moussiegt, Jacques Perrier, Claude Roger, Michel Savourey, secteur de Modane, Nicolas Valy. Financement : Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Charlène Bouillon, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Virginie Bourgoin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) • Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise

Mise en page intérieure & impression : Kalistene - 74960 Cran-Gevrier • Tél. +33 (0)4 50 69 01 97 • www.kalistene.com Photos : - Première de couverture : Gérard Augert (Le vallon de Polset). - Quatrième de couverture : Lynx boréal PNV - Alexandre Garnier

Sabot de Vénus PNV - Christophe Gotti

Aigle royal PNV - Christian Balais

Grand apollon PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Criquet de la Palène PNV - Joël Blanchemain

Centaurée du Valais PNV - Joël Blanchemain

Trèfle des rochers PNV - Jacques Perrier

Lézard vert PNV - Christian Balais

Saxifrage fausse diapensie PNV - Christian Balais

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-26-3 Dépôt légal : 2e trimestre 2008

190 - Découvrir le patrimoine naturel de Modane


Avec le concours financier de :


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