Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix

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Découvrir le patrimoine naturel de PEISEY-NANCROIX


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres “domestiquées”. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, façonnés par l’homme comme par les aléas d’une nature rétive, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Peisey-Nancroix s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec le concours du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le conserver et, dans toutes les actions de la commune, l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire On peut raisonnablement penser que la vallée du Ponthurin est occupée de manière permanente par l’homme depuis un millier d’années. Mille ans durant lesquels l’homme a défriché ses alpages, déboisé ses forêts, semé ses champs, élevé ses troupeaux, fauché ses prairies, exploité son sous-sol… Mille ans d’une culture acquise au contact de la nature environnante, faite d’observations, d’expériences, de savoir-faire, d’usages locaux… Avec le temps, ces liens tissés entre les habitants de la vallée et leur milieu naturel se sont peu à peu distendus sous l’effet des évolutions sociales et techniques et les modes de vie se sont en grande partie affranchis des ressources et des contingences locales. Dès la création, il y a 40 ans, du Parc national de la Vanoise dont la zone centrale recouvre plus du tiers du territoire de la commune, des observations scientifiques du milieu naturel (il serait plus exact de parler “des milieux naturels”) ont été entreprises sous l’égide du Comité Scientifique du Parc. Elles ont été complétées par d’autres initiatives qui ont donné lieu, sur la base d’inventaires spécifiques, à une série de zonages naturels : ZNIEFF, ZICO, zones humides, Natura 2000… qui se sont accumulés et plus ou moins superposés. Si bien que pour appréhender la richesse et la diversité du patrimoine naturel de la commune, il fallait jusqu’à présent chercher dans plusieurs ouvrages ou rapports administratifs, remonter à plusieurs sources, décoder plusieurs jargons. À tel point que décrire le patrimoine naturel de la commune devenait difficile ! Depuis quelques années déjà, nous avons été plusieurs élus à chercher le moyen de redonner une lisibilité à l’ensemble de ces connaissances scientifiques accumulées sur les territoires de nos communes pour que chacun d’entre nous se réapproprie cette connaissance intime de notre environnement naturel comme nos anciens l’avaient du leur. Cette initiative conjointe du Parc national de la Vanoise et du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie a rencontré un écho favorable à Peisey-Nancroix et un groupe de travail et de réflexion s’est rapidement constitué autour de ce projet : élus, gardes-moniteurs du secteur du Parc, personnes ayant une bonne connaissance du milieu naturel, agriculteursalpagistes, chasseurs… ont travaillé pendant une année. Qu’ils soient ici chaleureusement remerciés pour leur contribution. L’ouvrage qui est présenté ici a l’immense mérite de se donner pour cadre le territoire - et tout le territoire - de la commune ; qu’une espèce soit présente en zone centrale du Parc ou en zone périphérique, peu importe, elle est présente ici dans toute l’étendue de sa zone de vie ; qu’un milieu naturel particulier s’étende à cheval sur deux zones répertoriées, qu’à cela ne tienne, il est décrit ici dans toute son étendue. Le patrimoine naturel de la commune ainsi présenté devient alors un élément constitutif de son identité, fidèle à sa diversité, accessible dans sa globalité.


Cet ouvrage contient également certaines remarques, présentées sous les termes “propositions de gestion”. Suites logiques de la description de chaque milieu naturel et du constat de l’état qui en est fait, elles émanent des professionnels gestionnaires de ces milieux ou spécialistes de telle ou telle espèce. Ces propositions de gestion des milieux sont parfois dures à entendre, mais elles ont toutes été conçues dans une recherche permanente de l’équilibre entre l’homme et ses milieux naturels. Admettons-les comme points de réflexion et perspectives pour notre cohabitation avec la nature. Voilà donc une synthèse sur le patrimoine naturel de la commune de Peisey-Nancroix. Elle devrait prendre place au côté des ouvrages existants sur l’histoire, l’archéologie, la géologie dans la commune. Enseignants, professionnels du tourisme, prestataires d’activités sportives et touristiques ou plus généralement citoyens de la commune, devraient y trouver une excellente source de connaissances et un bon outil pour transmettre les richesses de notre patrimoine à ceux qui les découvrent et qui les aiment.

Patrick GIVELET, Maire de PEISEY-NANCROIX


Sommaire

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Préface Le mot du maire

Présentation : Quelles richesses naturelles sur la commune ?

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Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Peisey-Nancroix Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie

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Fiche-milieu n°1 : Le village, les hameaux et leurs abords Fiche-milieu n°2 : La partie basse du Ponthurin, sa ripisylve et ses zones humides Fiche-milieu n°3 : Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Fiche-milieu n°4 : Les forêts Fiche-milieu n°5 : L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Fiche-milieu n°6 : Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Fiche-milieu n°7 : Les pelouses Fiche-milieu n°8 : La partie amont du Ponthurin, les zones humides d’altitude et les lacs Fiche-milieu n°9 : Les éboulis et les moraines Fiche-milieu n°10 : Les rochers et les falaises Fiche-milieu n°11 : Les glaciers, les névés et les combes à neige Conclusion des fiches milieux

Regard sur quelques espèces

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Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 :

Les génépis L’orchis nain des Alpes Le lis orangé Les androsaces alpine, helvétique et pubescente La laiche à petite arête La primevère du Piémont La gentiane pourpre Le bouquetin des Alpes L’aigle royal Le damier rouge Le merle à plastron Le cristivomer

Annexes

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p. p.

1 3

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7 9 12 15 21 26 29

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35 37 42 50 57 65 70 76 84 90 95 101 105

p. 109 p. 111 p. 113 p. 115 p. 117 p. 121 p. 123 p. 126 p. 128 p. 131 p. 134 p. 136 p. 138 p. 141 p. 143 p. 146 p. 150 p. 151

Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivi d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Peisey-Nancroix

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Sommaire

Présentation

Un aperçu général de la commune La commune de Peisey-Nancroix, en Savoie, se situe dans la haute vallée de la Tarentaise, au sein des Alpes internes. Elle partage des cols et sommets (aiguille Grive, col de la Chal, mont Pourri, Rochers Rouges, cols du Palet et de la Croix des Frêtes, cols de la Grassaz, de Plan Sery, de la Tourne, de la Sachette, sommet de Bellecôte, pointe de Friolin) avec six communes limitrophes : Landry, Bourg-Saint-Maurice, Villaroger, Tignes, Champagny-en-Vanoise et Bellentre. Peisey-Nancroix est rattaché administrativement au canton d’Aime. D’une surface de 7 276 hectares, Peisey-Nancroix fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. 2 668 hectares de son territoire sont classés en zone centrale du Parc, le reste se trouve inclus dans la zone périphérique.

Peisey-Nancroix, commune du Parc national de la Vanoise

Morphologie de Peisey-Nancroix La commune de Peisey-Nancroix se situe en retrait par rapport à l’axe principal de la vallée de l’Isère. Son territoire s’organise

autour du torrent du Ponthurin. La vallée, d’abord étroite et bordée par des versants abrupts et boisés, s’élargit vers l’amont pour former un fond de vallée relativement plat et large d’environ 300 m, séparé de la haute vallée du Ponthurin par le verrou

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Présentation

Le mont Pourri

glaciaire de la Rèbe. À cette hauteur, le torrent présente un changement d’orientation : la vallée orientée nord-ouest/sud-est en aval suit plus en amont un axe nord-sud. Le Ponthurin est dominé à l’est par le mont Pourri (3 779 m), point culminant du territoire, et le dôme de la Sache (3 601 m), au sud par le massif de Bellecôte (altitude 3 417 m) et l’Aliet (3 109 m). Le torrent du Ponthurin traverse le territoire de Peisey-Nancroix, il possède de nombreux affluents répartis sur les deux versants : ruisseaux de Poncet, des Rossets, du Nant Cruet, du Nant Fesson, etc. La commune se caractérise également par une forte amplitude altitudinale : de 1 091 m dans la vallée du Ponthurin, à l’entrée de la commune, à 3 779 m au sommet du mont Pourri. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de trois étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m par un sous-étage nival.

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

L’habitat Le

chef-lieu est implanté en piémont du versant ouest de l’aiguille Grive, à 1 312 m d’altitude. L’habitat peiserot se caractérise également par la présence : - de hameaux principaux : le Villaret, Moulin, Nancroix-Pascieu, la Chenarie, les Arches et le Vieux Plan à l’habitat dispersé, - de hameaux d’altitude : Pracompuet, les Lanches, Beaupraz, les Bettières et la Gurraz, les Esserts et le Freinay, - de chalets d’alpage isolés : chalets des Rossets, des Loyes, de la Plagne, etc. - d’une station de ski, Plan Peisey, créée en contre-haut du village dans les années 1960. Seuls le chef-lieu et les hameaux principaux sont habités toute l’année.


Présentation PNV - Christian Balais

Peisey-Nancroix

La population

par l’activité des mines de plomb argentifère dont l’exploitation a cessé en 1866.

Entre la moitié du XIXe et la moitié du XXe siècle, la commune a connu une importante et régulière baisse démographique liée à l’exode rural. Cette diminution du nombre d’habitants fait suite à une période démographique beaucoup plus faste (1 479 habitants en 1861) générée en partie

Au dernier recensement (1999), PeiseyNancroix comptait 621 habitants, soit 140 personnes de plus qu’en 1982. La population peiserote croît progressivement depuis les années 1960, du fait principalement du développement du tourisme hivernal.

Démographie de Peisey-Nancroix (de 1750 à nos jours)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11


Sommaire

Présentation

Dimension économique Le développement du tourisme a progressivement placé ce secteur d’activité au centre de la vie économique de la commune. La vie agro-pastorale reste cependant dynamique malgré une forte régression du nombre d’exploitants agricoles et une forte pression foncière.

L’agriculture

Le

PNV - Patrick Folliet

secteur agricole qui comptait 15 exploitations en 2000, a perdu près de 58 % de ses effectifs en moins de 25 ans (36 exploitations en 1979) sans que l’on observe une diminution du cheptel.

Beaufort. Le cheptel bovin compte environ 600 têtes en 2000. Ce cheptel s’est accru de près de 24 % en 12 ans. Cette augmentation du cheptel qui s’est effectuée parallèlement à une diminution des terres exploitées (abandon des terres difficiles et urbanisation), entraîne un problème de gestion des effluents d’élevage en hiver. L’estive est pratiquée par les deux tiers des cheptels laitiers auxquels s’ajoutent environ 300 génisses dont 150 d’origine non communale qui montent en alpage au Plan de la Plagne et au-delà, vers le Plan de la Grassaz. Toutefois les surfaces en alpage sont insuffisantes sur la commune et plusieurs agriculteurs exploitent des alpages hors du territoire peiserot.

Fabrication du Beaufort d’alpage

Actuellement, la surface agricole utile représente 2 381 hectares de terre dont 85 % d’alpage. Plusieurs alpages existent à Peisey-Nancroix : alpages des Rossets, de l’Arc, de la Sévolière, de Carro et de la Plagne. Ils représentent une surface de 2 019 hectares. La partie hors alpage (362 hectares) est essentiellement constituée de prairies naturelles et artificielles, fauchées et/ou pâturées. L’activité agricole est axée sur la production fromagère, les vaches laitières représentent 64 % du cheptel bovin. Le lait est transformé en fromages, Tomme et Beaufort. Peisey-Nancroix se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Le cheptel ovin représente environ 750 têtes en 2000. Les troupeaux de brebis en alpage sont actuellement gardés, mais pas conduits. Libre dans la journée, le troupeau est le plus souvent rassemblé pour la nuit. Suite à l’installation récente de deux éleveurs, l’élevage caprin représente aujourd’hui plus d’une centaine de têtes, alors qu’il n’en comptait plus que 58 en 1998. Il n’existe plus de coopérative laitière à Peisey-Nancroix depuis la fin des années 1970. Le lait produit sur le territoire de la commune est en partie collecté par la coopérative Entremont. Le reste est transformé sur place. Une partie du lait produit l’été en alpage sert à la fabrication de la Tomme et du Beaufort d’alpage.


d’hébergement collectif, un camping privé, des appartements meublés et des chambres d’hôte, quatre refuges).

Le tourisme est l’activité économique principale de Peisey-Nancroix, il occupe près de neuf actifs sur dix.

Les activités proposées sur la commune sont diverses et principalement de plein air. Elles combinent la découverte des patrimoines naturel et culturel, les activités sportives d’été et d’hiver (lire liste des activités dans l’encadré page suivante). Un ensemble de professionnels du tourisme permet d’organiser ces activités : guides de haute montagne, accompagnateurs en moyenne montagne, moniteurs de ski, etc. De nombreux sentiers de randonnée (dont le GR5, itinéraire de la Grande Traversée des Alpes) sillonnent le territoire de la commune et facilitent la pratique de la marche. Outre l’office de tourisme qui informe les vacanciers sur les activités offertes, PeiseyNancroix possède une centrale de réservation.

PNV - Christophe Gotti

L’industrie

L’activité industrielle de Peisey-Nancroix est très ancienne. L’exploitation minière de plomb argentifère était déjà présente au XVIIIe siècle. Une exploitation d’anthracite lui a succédé au XXe siècle. Cette activité a cessé avec la fermeture des mines au début des années 1970.

La commune connaît des saisons touristiques estivale et hivernale, avec des pointes de fréquentation en février et de mi-juillet à mi-août. La population peut dépasser alors 6 000 habitants. La fréquentation des vacanciers est motivée en été par la présence du Parc national de la Vanoise sur le territoire communal et en hiver par son domaine de ski nordique ainsi que son domaine de ski alpin de Peisey-Vallandry relié à celui des Arcs par le massif de l’aiguille Grive et à celui de la Plagne. Le nombre de lits touristiques s’élève à 5 550 (trois hôtels, un gîte municipal, quatre centres

PNV - Christophe Gotti

Refuge du col du Palet

Palais de la Mine

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13

Présentation

Le tourisme


Présentation

Électricité de France est présente à PeiseyNancroix par plusieurs prises d’eau mises en place sur les torrents du bassin versant du Ponthurin. Ces prises d’eau alimentent le lac de retenue du Chevril (barrage de Tignes).

Autres

Les autres activités économiques sont liées d’une part aux commerces et d’autre part aux petites entreprises artisanales.

ACTIVITÉS TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DE PEISEY-NANCROIX Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise, - journées mycologiques de Peisey-Vallandry, - sentier de découverte de Rosuel.

Découverte du patrimoine culturel : - circuit du palais de la Mine, - expositions sur des thèmes variés (bronzier, histoire du ski, etc.), - découverte de l’art baroque (visite de l’église de Peisey et de la chapelle ND des Vernettes), - organisation d’événements folkloriques, etc.

Activités sportives d’été : -

pêche en lacs et en rivières, promenades, randonnées en montagne, équitation, VTT, tennis, alpinisme, escalade, via ferrata des Bettières, parapente.

Et sports d’hivers : - ski nordique, alpin et de randonnée, - raquettes, - cascade de glace, traineaux à chiens et à cheval.

Les milieux naturels préservés des équipements touristiques de Peisey-Nancroix sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale de PeiseyNancroix repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité de ces activités dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.

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Paysages de Peisey-Nancroix

PNV - Christophe Gotti

Présentation photographique des grands types de milieux de Peisey-Nancroix.

Vue vers le village, la station et différents hameaux depuis la Croix Bozon

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

Sommaire


PNV - Christophe Gotti

PrĂŠsentation

Vue vers le lac de la Plagne, le mont Pourri et le dĂ´me de la Sache

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Christian Balais

Vue vers le massif de BellecĂ´te depuis le Grand Recoin (vallon des Rossets)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17


PNV - Clotilde Sagot

PrĂŠsentation

Vue vers le fond de la vallĂŠe du Ponthurin depuis les Lanches

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Présentation PNV - Frédéric Fima

Vallée du Ponthurin des Lanches de la Culaz jusqu’au bois des Chabottes

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19


PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation

Beaupraz vu depuis les prairies des Lanches

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire de la flore de Peisey-Nancroix. En revanche, à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer les effectifs à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs. Cette valeur donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Peisey-Nancroix. Parmi ces nombreuses espèces, certaines plantes présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens

Plantes rares et menacées

Association

Si l’on ne dispose pas aujourd’hui d’in-

Philippe Freydier

entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés, même en absence de sol. On les trouve sur les vieux murs, les falaises, les rochers et le long des troncs de conifères.

Lichens sur bloc rocheux

Champignons

ventaire exhaustif, il existe en revanche un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, par les agents du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir des statistiques. Ainsi, on dénombre à Peisey-Nancroix 24 espèces de plantes protégées. Six d’entre elles présentent un intérêt national majeur du fait de leur grande rareté en France. Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires” en terme de protection par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Peisey-Nancroix compte : - 23 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, soit près d’une sur quatre. - près de 17 % des plantes “prioritaires” du Livre rouge national, présentes dans l’espace-Parc.

Certaines espèces sont très spécialisées et subissent les mêmes atteintes que les milieux rares qui les abritent. En Vanoise, la flore mycologique fait l’objet d’inventaires et d’études poussées depuis de nombreuses années.

Parmi les espèces rares et menacées au niveau national, voire international, on trouve : - la primevère du Piémont, espèce protégée dont l’aire totale est très réduite et qui est

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21

Présentation

Sommaire


Présentation

présente en France uniquement en Savoie et dans les Hautes-Alpes. - l’astragale de Lenzbourg, espèce alpine rare et protégée, présente en France uniquement en Savoie et dans les Hautes-Alpes. - la cobrésie simple, espèce protégée, présente en France uniquement en Savoie, dans les Pyrénées Atlantiques et les Hautes-Pyrénées.

PNV - Maurice Mollard

Parmi les espèces menacées, inscrites comme plantes “à surveiller” dans le Livre rouge national, on recense : - la saxifrage fausse mousse, une plante endémique* des Alpes, rare et protégée, très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et dans les Hautes-Alpes,

PNV - Philippe Benoît

Saxifrage fausse mousse

- le sabot de vénus, espèce protégée en régression en France en plaine ou à basse altitude. Cobrésie simple

PNV - Michel Delmas

PNV - Christophe Gotti

- la laiche à petite arête, espèce protégée rare, connue en France uniquement en Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-HauteProvence et Alpes-Maritimes. - la potentille blanc de neige, espèce protégée et rare, présente en France dans les Alpes de la Savoie et du Dauphiné où elle est très localisée.

Potentille blanc de neige

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Sabot de Vénus


Présentation Sensibilités floristiques du territoire communal de Peisey-Nancroix - Observations de 1956 à 2003

Commentaire : La valeur patrimoniale de chaque espèce végétale faisant l’objet d’un inventaire systématique par les agents du Parc national a été estimée. Cette estimation, qui se traduit par une note, tient compte entre autres : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. L’intérêt floristique, calculé dans chaque maille, correspond à la somme de ces notes. En d’autres termes, plus le nombre de plantes recensées dans une maille est important et plus sa valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique est fort. En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes

nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole. Les mailles vierges traduisent des zones où soit aucune plante ayant une valeur patrimoniale ou protégée n’a été recensée, soit aucun inventaire n’a encore été réalisé. La répartition par type d’habitat* des 24 plantes protégées (lire la liste de ces plantes en annexe) met en évidence l’intérêt floristique de certains grands types de milieux (une espèce pouvant être dans plusieurs habitats* différents) : - dans les pelouses et les prairies (4 espèces) - dans les zones humides et le long des torrents (7 espèces) - dans les éboulis et les rochers (10 espèces) - dans les landes et les buissons de saules d’altitude (3 espèces) - dans les forêts (3 espèces) - dans l’aulnaie verte (1 espèce) - dans les combes à neige (1 espèce)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


Présentation

Plantes symboliques

Les plantes à usage pastoral L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage le plus important d’un point de vue économique et culturel à Peisey-Nancroix. Il concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). D’autre part, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : le pâturage bloque la dynamique naturelle des prés qui est d’évoluer vers la lande puis la forêt.

Le patrimoine floristique peiserot englobe aussi toutes les plantes chères aux habitants ou aux vacanciers qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi le symbole qu’elles représentent, telles : - le lis martagon et le lis orangé (lire la fiche-espèce n°3), - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - la gentiane de Koch, etc.

Les plantes à usage alimentaire Certaines d’entre elles sont aussi des espèces protégées (ex. l’ancolie des Alpes).

PNV - Patrick Folliet

Les paysans utilisaient au printemps dans les montagnettes, en plus des “varcouines” ou épinards sauvages et des orties, les feuilles de la renouée bistorte appelées “herbes grasses” pour la soupe. À une période où les fruits et les produits sucrés n’étaient pas courants, les enfants appréciaient les fleurs de trèfles, et surtout les baies de certains arbustes, les “truites” du “truitier” ou merisier à grappes, celles du sorbier des Alpes “ailler” ou les fruits de l’épine-vinette. Ils aimaient aussi, pour leur goût acide très prononcé, les feuilles de la petite oseille “oxyre” ou les baies de l’argousier. Certains, dans les alpages, sont encore friands des fleurs de la pensée éperonnée, consommée crue ou en tisane. Les génépis sont régulièrement ramassés pour la fabrication de l’alcool de génépi.

Ancolie des Alpes

Plantes utilisées par l’homme pour les hommes comme pour la faune. Elles sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc.

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Christophe Gotti

Les plantes revêtent une importance capitale

Pensée éperonnée


Présentation

La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas raisonnés et régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

PNV - Jacques Perrier

Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. Les bourgeons de sapin et le tussilage pas d’âne étaient utilisés pour soigner les problèmes respiratoires. Les maux de gorge et la toux étaient calmés grâce à des infusions de pensée éperonnée. D’autre part, les peiserots enduisaient de résine de mélèze la partie du corps où était entrée une écharde, afin de mûrir la plaie pour l’en extraire.

Tussilage pas d’âne

La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd’hui à Peisey-Nancroix, la plupart de ces espèces ne sont plus utilisées ou le sont de façon très marginale.

Les plantes toxiques Il existe aussi des plantes, dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, les aconits paniculé et tue-loup, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées.

PNV - Maurice Mollard

Les plantes à usage médicinal

Dompte-venin officinal

Les plantes d’intérêt culturel et touristique Il existe depuis quelques années à PeiseyNancroix, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à plusieurs formules : - des sorties et des séjours organisés par des accompagnateurs en montagne spécialisés, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne, - les journées mycologiques de PeiseyVallandry organisées annuellement depuis une quinzaine d’années, - des semaines botaniques comprenant des sorties guidées et des expositions. Elles sont organisées avec la participation des agents du Parc national de la Vanoise.

Les plantes à autres usages L’épicéa, aux propriétés mécaniques excellentes, a servi et sert encore à faire des charpentes, et fournit également du bois de chauffage comme divers feuillus. Le mélèze, à croissance plus lente, présente un bois dense finement veiné, d’une belle couleur rouge orange. Il est presque imputrescible et on l’emploie en parements, huisserie et ébénisterie.

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Sommaire

Présentation

Diversité de la faune Tout comme pour la flore, il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la faune de PeiseyNancroix n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les agents du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons. Ainsi, plus de 159 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 58 % des espèces présentes en Vanoise et 38 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Peisey-Nancroix se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée Parmi les 28 espèces de mammifères (soit la moitié de celles présentes en Vanoise), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que le chamois, le bouquetin des Alpes, le campagnol des neiges, la marmotte, le lièvre variable. Des espèces à répartition nationale plus large telles que cerf, chevreuil, renard, blaireau, fouine, écureuil, sont aussi présentes. Le mouflon de Corse, présent épisodiquement sur la commune, est une espèce introduite par les chasseurs dans les années 1970.

PNV - Jean-Paul Ferbayre

Les mammifères

Bouquetin des Alpes

PNV - Michel Bouche

Les oiseaux

Chamois

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Peisey-Nancroix compte pas moins de 90 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 120 présentes en Vanoise. 28 autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, le tétraslyre, le lagopède alpin, la perdrix bartavelle, le crave à bec rouge, le cassenoix moucheté, la chouette de Tengmalm,


Présentation PNV - Philippe Benoît

- plus communs et plus discrets à la fois, mais nichant également à PeiseyNancroix, différents passereaux : les mésanges : charbonnière, noire, huppée, boréale, le pinson des arbres, le bouvreuil pivoine, etc.

Vipère aspic

PNV - Christophe Gotti

Les amphibiens Trois espèces d’amphibiens ont été trouvées : le crapaud commun, la grenouille rousse observée jusqu’à 2 500 m d’altitude et la salamandre tachetée.

Philippe Freydier

Bouvreuil pivoine

PNV - Didier Jalabert

Crapaud commun

Chouette de Tengmalm

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, cinq sont répertoriées à PeiseyNancroix : la vipère aspic, les lézards vivipare, vert, des murailles et l’orvet.

Philippe Freydier

Les reptiles

Salamandre tachetée

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27


Cinq espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Peisey-Nancroix dont quatre salmonidés : le cristivomer, la truite arc-enciel, l’omble de fontaine, la truite de rivière ou truite fario ainsi qu’un cyprinidé : le vairon. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les quatre autres ont été introduites.

C hez

les invertébrés, la classe des Insectes est la mieux connue à PeiseyNancroix, particulièrement pour les papillons qui représentent 222 espèces différentes connues à ce jour. Parmi ceux-ci, 104 papillons de jour ont été observés, soit près de 58 % des espèces connues en Savoie. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le grand nacré. Cinq d’entre elles sont protégées : le grand et le petit apollon, le solitaire, le damier de la succise et le protée. Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets et sauterelles), sont disponibles : ainsi, onze espèces différentes ont été inventoriées (de manière incomplète) telles que le criquet des pâtures, l’œdipode turquoise, etc.

Philippe Freydier

Faune invertébrée

Protée

CPNS - Jeannette Chavoutier

Présentation

Les poissons

Machaon

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire d’une superficie de près de 200 000 hectares. Environ 53 000 hectares sont classés en zone centrale, espace soumis à une protection forte par réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend la zone périphérique du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise.

Il forme, en continuité avec le Parc national du Grand Paradis, en Italie, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale. Peisey-Nancroix est l’une de ces 28 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans l’espace Parc. La zone protégée, ou zone centrale, concerne 36,6 % de la surface de la commune, située à l’est du territoire de la commune. Les 63,4 % restants se trouvent dans la zone périphérique.

Le Parc national de la Vanoise à Peisey-Nancroix

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29

Présentation

Sommaire


Présentation

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas un caractère réglementaire, mais recensent la présence de milieux naturels rares et d’espèces protégées. Ces inventaires font référence en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont

des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.

Les ZNIEFF Le premier inventaire datant de 1982, est en cours d’actualisation. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

Délimitation actuelle des ZNIEFF de type 1 à Peisey-Nancroix

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


zone centrale du Parc national, en rive gauche du Ponthurin ainsi que la partie basse des versants en rive droite, du fait de leur intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle, du lagopède, de la chouette de Tengmalm, du gypaète barbu.

ZNIEFF de type 1 : - Haute vallée du Ponthurin (n°7338 0005) - Le Grand Bois, pointe de Friolin, Ubacs de Peisey (n°7338 0007) - Vallon des Rossets, col de la Chal, mélézein du Carroz Blanc (n°7338 0006)

Les ZICO Une partie du territoire de Peisey-Nancroix est incluse dans la ZICO n°RA11 – Parc national de la Vanoise. Elle englobe la totalité des versants du massif de Bellecôte situés hors

PNV - Philippe Benoît

ZNIEFF de type 2 : - Parc national de la Vanoise – Zone Centrale (n°7360) - Vallée de Champagny et de Peisey (n°7338)

Perdrix bartavelle

Délimitation de la ZICO “Parc national de la Vanoise” à Peisey-Nancroix

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31

Présentation

Sur l’ensemble du territoire communal de Peisey-Nancroix, plusieurs ZNIEFF ont été inventoriées :


Présentation

Inventaires des tourbières et des zones humides

Une mise à jour des connaissances sur les

Le Parc national de la Vanoise a débuté par ailleurs un travail global sur les milieux humides en zone centrale, qui se traduit par une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail, qui s’est déroulé de 2001 à début 2003, va être étendu dans un avenir proche à toute la zone périphérique du Parc. À Peisey-Nancroix, huit zones ont été inventoriées. Elles se situent vers le refuge du mont Pourri, au Plan de la Sache, en amont du lac de la Plagne, à proximité du lac de Grattaleu, ainsi que vers Gouille Sèche, en contrebas de l’aiguille de Bacque.

PNV - Christophe Gotti

tourbières de Rhône-Alpes, au travers d’inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coordonné par le Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels, ce travail n’a concerné que les tourbières de plus d’un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d’une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national comme au plan international, d’autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d’un plan d’action national visant à préserver ces milieux. À Peisey-Nancroix, cet inventaire a conduit à l’identification d’un site intitulé “tourbière de la haute vallée du Ponthurin” (n°73TA50).

Situé en zone périphérique du Parc national de la Vanoise, il s’agit d’un large fond de vallée humide, composé de formations végétales des bas-marais alcalins, où serpente le Ponthurin. Il représente une superficie totale de 22,9 hectares. Cette tourbière est riche en espèces végétales remarquables comme la laiche à petite arête et la cobrésie simple.

Lac de la Plagne, mont Pourri et dôme de la Sache

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


La directive “Habitats*” est une directive européenne dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elle demande à ces États de conserver un maillage représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les mesures prises à ce titre devront assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures prendront en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces jugés prioritaires sont ceux qui sont les plus rares et les plus menacés de la Communauté européenne. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), lesquels peuvent contenir plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire.

La commune de Peisey-Nancroix est concernée par un Site d’Importance Communautaire : le site “Massif de la Vanoise”, qui sur Peisey-Nancroix recoupe exactement le territoire classé en zone centrale du Parc national. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire, spécifiques des Alpes du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles, et approuvé par l’État en 1998. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives “Oiseaux” et “Habitats” constitueront, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”.

Délimitation du zonage Natura 2000 à Peisey-Nancroix

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

Zonage NATURA 2000


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Sommaire

Fiche-milieu n°1

Le village, les hameaux et leurs abords (avec chaînages apparents, linteaux en béton, joints larges entre les pierres sur tous les murs, couverture en tôle), les années 1950-1960 voient se construire des maisons plus modernes (murs en parpaings, façades couvertes de crépi, etc.). L’habitat de Plan Peisey, lui, s’inspire du style “Courchevel” avec ses chalets tournés vers le sud-ouest, les toits à un seul pan ou les toits “papillon” et les grandes baies vitrées (pour accueillir le maximum de lumière).

PNV - Clotilde Sagot

Ces secteurs fortement humanisés comptent aussi des jardins potagers, souvent fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par la petite faune et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères. À proximité des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des reposoirs à bestiaux, dont le

Une rue au Villaret

Cette fiche concerne l’habitat humain et

L’habitat peiserot ne répond pas à un, mais à plusieurs types architecturaux différents, témoignant de l’histoire de la commune. Ainsi, au-delà du bâti traditionnel (murs en pierres, toits de lauzes, etc.), on trouve notamment des maisons de type pavillon de banlieue (balcons en fer forgé, façades peintes en couleur, toits en tôle ondulée), construites à la fin du XIXe siècle par les peiserots, bronziers à Paris et revenus dans leur village. Alors que dans les années 1920-1930, les habitations étaient construites sur le modèle de la coopérative fruitière

PNV - Clhristophe Gotti

ses dépendances. À Peisey-Nancroix, les maisons sont traditionnellement groupées les unes contre les autres avec des rues étroites.

Hameau des Lanches

sol est enrichi par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation dense, caractérisée par la dominance de plantes luxuriantes, telles que l’épinard sauvage, l’ortie et la rhubarbe des moines.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 37


vieux, le long des routes et des sentiers forestiers, le clitocybe ou lyophylle agrégé est un champignon à lamelles au chapeau brun foncé formant des touffes denses. Les vergers et les jardins accueillent plusieurs espèces de morilles en avril. Plus haut, aux abords des chalets d’alpage, le rare et discret mycène des cirses épineux pousse dans les reposoirs où vit sa plante hôte. Facilement reconnaissable à sa couleur rouge orangé vif, la xanthorie élégante forme des ronds incrustés tant sur les pierres des constructions que sur les rochers en montagne. Cette espèce de lichen nitrophile se développe avant tout sur les rochers, en présence de guano d’oiseaux.

Philippe Freydier

Poussant en abondance, les automnes plu-

Orpin à feuilles épaisses

La flore exubérante des reposoirs à bestiaux, comme la rhubarbe des moines ou “quies” et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste qui se développe sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, la végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir très longtemps, même après des décennies d’abandon du site. C’est le cas, entre autre, au Plan de la Plagne, autour des chalets et de la bergerie.

Philippe Freydier

Lyophille aggrégé

Flore

Les

plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présent classiquement sur les murets en pierre, l’orpin à feuilles épaisses est une plante des montagnes capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante grasse est adaptée à la sécheresse grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau.

38 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Félix Grosset

Fiche-milieu n°1

Lichens et champignons

Rhubarbe des moines


Homme et milieu : un équilibre à trouver

Sans être la plus remarquable, la faune de

Usages, intérêts économiques et représentations Le village constitue le cadre de vie collectif de l’ensemble des habitants de PeiseyNancroix. Ce lieu de vie pour les hommes fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions et le village ne serait plus le même si elle venait à disparaître.

PNV - Clotilde Sagot

PNV - Christophe Ferrier

ces milieux n’en est pas moins fort intéressante à Peisey-Nancroix. Outre la présence classique de certaines espèces d’oiseaux (les moineaux domestique et cisalpin, merle noir, rougequeue noir, le tichodrome échelette), de reptiles (lézard des murailles) et de mammifères (lérot, fouine, renard), le village et ses abords bénéficient de la présence d’espèces protégées telles les chauves-souris (les oreillards roux et gris, la pipistrelle commune).

Oreillard gris

Chalets d’alpage aux Bettières

PNV - Joël Blanchemain

À Peisey-Nancroix, ce milieu est empreint d’une dimension historique et culturelle avec l’existence du palais de la Mine, site inscrit depuis 1990, qui abrita l’École Française des Mines de 1802 à 1815, au pont Baudin, sur la rive gauche du Ponthurin. L’allée de mélèzes qui y mène est grandiose, elle a été plantée en 1810, elle est protégée en tant qu’abord du site inscrit.

Des papillons tels que la petite tortue, le vulcain ou la belle dame, viennent profiter des ressources, fleurs et fruits, qu’offrent encore les jardins en automne, période où la nature ne peut assurer leur subsistance. Tous ne périront pas aux premiers gels, certains seront partis vers le sud, d’autres hiberneront dans les combles et les granges.

PNV - Patrick Folliet

Vulcain

Petite tortue

Les milieux naturels, des lieux de vie - 39

Fiche-milieu n°1

Faune


Fiche-milieu n°1

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Jean-Marie Jeudy

Les groupements bâtis d’architecture traditionnelle présentent un intérêt architectural fort. Peisey-Nancroix compte d’ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre : Notre Dame des Vernettes, l’église de la Trinité, le presbytère et le cimetière.

Chapelle Notre-Dame des Vernettes

Philippe Freydier

riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (reptiles, oiseaux, petits mammifères, etc.) un refuge pour se protéger de la prédation, pour nicher, et constituent un support pour l’enracinement de plantes telles que les doradilles noire et rue-de-muraille.

Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces

40 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Doradille rue-de-muraille

Toit de lauzes


PNV - Patrick Folliet

Chalet abandonné

PNV - Patrick Folliet

En Vanoise, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Cet abandon est aussi lié au problème d’indivision lors de successions qui concernent un grand nombre d’héritiers pour un bien unique. Toutefois ce problème a tendance à s’estomper. De plus, l’avènement du tourisme a fait fleurir des bâtiments très volumineux dont l’architecture est radicalement différente voire étrangère aux vallées de Vanoise. Certaines granges sont aussi réaménagées en appartements. À Peisey-Nancroix, la structure en hameaux est globalement bien conservée, même s’il existe par endroits un mitage par des constructions nouvelles.

L’urbanisation déjà importante à la station de Plan Peisey va se poursuivre dans un avenir proche avec notamment la création de lits touristiques corrélée à la liaison Les Arcs-La Plagne.

Chalets traditionnels des Bettières

Propositions de gestion Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre Ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui préconisent les travaux à réaliser dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 41

Fiche-milieu n°1

Évolution et transformation du milieu


Sommaire

PNV - Clotilde Sagot

Fiche-milieu n°2

La partie basse du Ponthurin, sa ripisylve et ses zones humides

Une des duches des Bettières

PNV - Frédéric Fima

Cette

Le Ponthurin et sa ripisylve

42 - Les milieux naturels, des lieux de vie

fiche concerne le torrent du Ponthurin en aval du captage d’eau d’Électricité de France, ses affluents (Nant Cruet, Nant Fesson, Nant Benin, etc.) en dessous de 1 800 m d’altitude ainsi que les milieux naturels attenants (zones humides, bancs de graviers et ripisylve résiduelle vers Rosuel). La dynamique du Ponthurin conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion. Le Ponthurin et ses affluents s’écoulent sur des terrains instables (en face nord de Bellecôte par exemple), ce qui se traduit lors des crues par des laves torrentielles qui peuvent être de grande ampleur comme ce fut le cas du Nant Fesson dont les débordements provoquent d’importants dégâts. Les affluents du Ponthurin présentent d’importants cônes de déjections qui parfois obstruent transversalement la vallée.


Fiche-milieu n°2 Philippe Freydier

Le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saules et d’aulnes, adaptés aux conditions de sol détrempé et capables de résister aux fortes perturbations mécaniques. Ils permettent la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères et le bouleau. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé une ripisylve. Dans cette partie basse du Ponthurin, quelques grosses sources de bas de versant alimentent en eau trois petites zones humides : la duche de Pré Envers et les duches des Bettières, assurant ainsi leur pérennité dès lors qu’elles ne sont pas drainées ou remblayées.

Lichens et champignons

Le

sous-bois de la ripisylve est riche en champignons comme le bolet orangé, une espèce au chapeau rouge orangé qui est associée au peuplier tremble. Il est comestible, ce qui n’est pas le cas de l’amanite phalloïde, elle aussi bien représentée ici. Moins connue mais tout aussi spectaculaire, la russule dorée, au chapeau orange vif sur fond jaune d’or et à la chair cassante comme de la craie, est une habituée des lieux. Des petites zones à sphaignes abritent elles aussi des espèces spécifiques comme l’hygrophore des Bolet orangé rives.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 43


Fiche-milieu n°2

PNV - Félix Grosset

La duche de Pré Envers est composée d’une mosaïque très intéressante d’habitats* humides sur une surface de moins d’un hectare. On y observe des parties de bas marais alcalin, caractérisé par la laiche de Davall et la parnassie des marais alternant avec les petites zones de tourbière dont la végétation très originale est dominée par des sphaignes. Ce sont des petites mousses spécifiques des marais acides. Les conditions asphyxiantes du sol détrempé empêchent la décomposition des parties végétales mortes, ce qui est à l’origine de la formation de la tourbe. Elles sont capables de se gorger d’eau (jusqu’à 20 fois leur propre poids) et de la restituer lentement, jouant donc un rôle important dans la régulation des écoulements d’eau. Entre les deux, il existe différents stades intermédiaires. Ces zones humides accueillent aussi l’orchis à larges feuilles ou orchis de mai. Cette orchidée est assez fréquente dans les pelouses humides. Elle présente des feuilles larges, tachées de violet, et porte de 20 à 50 fleurs pourpres groupées au sommet de la tige.

Parnassie des marais

44 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Flore

Orchis à larges feuilles

Aucune végétation aquatique ne peut se développer dans le lit du Ponthurin dont le courant est trop fort. En revanche, les bancs de graviers et les dépôts plus fins, remaniés par les crues, sont colonisés par des plantes pionnières telles que le tamaris d’Allemagne. Cette espèce peu répandue, mais typique de ces berges graveleuses, présente de multiples vertus médicinales : astringente, diurétique, apéritive et sudorifique. Elle avoisine l’épilobe de Fleischer, à la fois caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais qui affectionne aussi les éboulis et moraines. La ripisylve abrite un certain nombre d’espèces de saules, telles que le saule faux daphné, typique de ces zones buissonnantes alluviales et le saule noircissant, qui est assez fréquent, ainsi que des bouleaux. Cette ripisylve abrite quelques mares où poussent des prêles, parfois appelées queues de renards. Ce sont des plantes proches des fougères dont les tiges et les feuilles sont constituées d’articles emboîtés les uns dans les autres. On y trouve également la zannichellie des marais, une petite plante protégée proche des laiches et vivant dans les eaux tranquilles et moyennement profondes.


Fiche-milieu n°2 PNV - Maurice Mollard

SMBRC - Thierry Delahaye

Sphaigne

Saule faux daphné

Faune

PNV - Michel Delmas

Typique des eaux courantes, le cincle plongeur est le seul passereau à s’immerger totalement dans les torrents pour prélever les larves d’insectes dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l’eau. À Peisey-Nancroix, il remonte le Ponthurin jusqu’aux lacs de Grattaleu et de Plan Richard.

CPNS - Jeannette Chavoutier

Tamaris d’Allemagne

PNV - Félix Grosset

Cingle plongeur

Épilobe de Fleisher

La bergeronnette des ruisseaux est étroitement dépendante des eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et l’enneigement des ruisseaux d’altitude la chasse vers des cours d’eau de plaine. La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. C’est un amphibien essentiellement terrestre qui gagne l’eau lors de la reproduction et éventuellement pour hiberner. Elle est présente dans les zones humides proches du Ponthurin, mais on la

Les milieux naturels, des lieux de vie - 45


Fiche-milieu n°2

trouve également à des altitudes qui peuvent atteindre 2 500 m (lire fiche-milieu n°8). Le sympétrum noir est une libellule de taille moyenne presque entièrement noire qui fréquente les petites zones humides. Elle affectionne les eaux stagnantes, principalement tourbeuses. Cette libellule est surtout présente en altitude, elle est assez rare en plaine.

autour du torrent et de ses affluents. Ce cours d’eau est à la fois un milieu biologique vivant et une ressource indispensable pour l’homme. Il s’inscrit aussi comme un élément majeur du paysage. Parmi les usages actuels, on peut citer la pêche. Des captages alimentent des ouvrages EDF et perturbent son débit. Aucune activité sportive d’eau n’est organisée sur les eaux du Ponthurin, toutefois certains de ses affluents voient débuter une activité de canyoning. En hiver, plusieurs cascades gelées permettent la pratique de l’escalade de glace. Par le passé, à hauteur du hameau de Moulin, le Ponthurin faisait fonctionner trois moulins installés sur différents tronçons du cours d’eau. Ceux-ci alimentaient deux scieries et une meunerie.

Poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario est localement présente dans la partie basse du Ponthurin. Elle y est régulière, en grand partie grâce à des alevinages réalisés chaque année.

PNV - Patrick Folliet

Intérêts biologique et patrimonial du milieu La partie basse du Ponthurin et l’ensemble des milieux humides connexes est riche en espèces vulnérables à certaines activités humaines. Comme dans toutes les zones aquatiques et humides, on y trouve une concentration de végétaux et d’animaux spécialistes* qui, du fait de la régression généralisée de leurs habitats*, deviennent rares et précieux.

Denis Bringard - Bios

Grenouille rousse

Truite fario

Usages, intérêts économiques et représentations Le Ponthurin fait partie intégrante de la vie des habitants de Peisey-Nancroix. Certains hameaux de la commune se répartissent

46 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Patrick Folliet

Homme et milieu : un équilibre à trouver

Cascade à la Gurraz


- une pollution diffuse par les eaux domestiques. Seules la station de ski, une partie du chef lieu et du Villaret sont raccordées au réseau d’eaux usées. Le reste de la population utilise des dispositifs individuels plus ou moins fonctionnels. - une pollution par les lisiers qui sont dispersés dans les talus, les pentes ou directement dans les torrents ce qui engendre une dégradation permanente de la ressource en eau disponible autant pour l’homme que pour la faune aquatique. La pollution des cours d’eau qui en résulte nuit à l’image de marque des productions agricoles locales et pénalise les populations vivant en aval qui se trouvent exposées à des risques sanitaires. En effet, la montagne constitue le château d’eau de régions entières.

En France, plus d’un tiers des zones humides a disparu ces 30 dernières années. Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau alimentant ces zones, influe directement sur les milieux décrits plus haut et donc sur leur faune et leur flore (l’artificialisation du régime des écoulements des eaux, le drainage de zones humides, la pollution du cours d’eau, etc.). Le faible débit réservé, 1/40 du module au droit de la prise d’eau sur le Ponthurin, ainsi que la nature caillouteuse et drainante des terrains en aval, engendrent une disparition ponctuelle du torrent, qui ne réapparaît qu’en aval des Bettières. Ailleurs, un certain nombre de cascades sont captées en tout ou partie, privant la faune de leur ressource et le randonneur de leur spectacle. Cette amputation du débit des ruisseaux renforce l’impact des pollutions en diminuant leurs capacités d’épuration et de dilution. Le dépôt récent de remblais sur une partie de la duche de Pré Envers, outre un fort impact paysager, a réduit de manière significative la surface des zones humides déjà faible dans la partie inférieure du Ponthurin. Par ailleurs le Ponthurin doit faire face à deux types de pollutions permanentes :

PNV - Patrick Folliet

Évolution et transformation du milieu

Prise d’eau sous une des cascades de la Gurraz

Les milieux naturels, des lieux de vie - 47

Fiche-milieu n°2

Les zones humides de la partie basse du Ponthurin sont peu nombreuses, mais intéressantes de par l’imbrication des groupements végétaux de natures différentes. Ainsi à la duche de Pré Envers, on observe un bas marais calcaire qui jouxte une tourbière acide à sphaignes et des milieux intermédiaires, le tout sur moins d’un hectare de surface. Les intérêts biologiques de la ripisylve sont multiples : elle fournit refuges, lieux de nidification, ressources alimentaires aux oiseaux et petits mammifères, elle offre un corridor pour la grande faune sauvage (passage privilégié lors de leurs déplacements).


PNV - Clotilde Sagot

Fiche-milieu n°2

Autre duche des Bettières

Propositions de gestion L’existence, même ponctuelle, de crues de certains torrents peut constituer une menace pour les habitants de Peisey-Nancroix ainsi que pour leurs biens. Les intérêts biologiques des milieux naturels riverains doivent inciter à chercher des solutions afin de rendre compatibles les aménagements répondant aux impératifs de sécurité avec la préservation des espèces et des milieux naturels remarquables. La protection et la gestion des rares zones humides de la partie aval du Ponthurin, qui ont un double rôle de zone tampon et de stabilisation des berges, doivent être intégrées à tout projet touchant au fonctionnement du Ponthurin et de ses affluents. Le passage du débit réservé au 1/10 du module, à l’aval de la prise EDF, devrait améliorer significativement les capacités biologiques du torrent.

48 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Dans un futur proche, les égouts de PeiseyNancroix devraient être raccordés à une nouvelle station d’épuration : un projet est à l’étude dans le cadre du schéma directeur d’assainissement. Le problème des pics de pollution domestique, correspondant aux pics de fréquentation touristique, devrait être résolu. Il reste que le rejet d’effluents d’élevage directement dans les cours d’eau ou à proximité, tel qu’il se pratique actuellement, n’a pas de justification agronomique et constitue un risque de pollution. L’analyse de la situation montre que cette pollution de l’eau par les effluents d’élevage résulte de l’inadéquation entre le nombre de bovins présents sur la commune et les surfaces herbagères disponibles, alpages non compris. La commune avait proposé la construction d’une plate-forme collective de stockage de fumier, ce qui aurait permis de différer au


Ce problème est corrélé à l’alimentation hivernale des troupeaux avec du foin massivement importé du sud de la France. Il perdurera tant que la production de lisier du cheptel, principalement bovin, hivernant sur la commune, sera supérieure à la capacité d’absorption des surfaces d’épandage. Consciente de la forte disproportion entre le cheptel hivernant et les capacités réduites de “digestion des lisiers” des prairies de la commune, la profession

est à la recherche de solutions dont, par exemple, le dispositif séparateur de phases du lisier permettant d’extraire 25 à 30 % de matière sèche, les plus riches en azote. Ceci permet le compostage et un stockage plus facile. Mais l’investissement est lourd ; seules trois exploitations en sont équipées. Si ces mesures vont dans le sens d’une meilleure répartition des impacts de l’activité agricole, il reste à les financer tout en sachant qu’elles ne résoudront pas tous les problèmes. Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse, même si elle paraît localement intarissable.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49

Fiche-milieu n°2

printemps l’épandage, voire de l’exporter vers un centre de compostage en vallée de l’Isère. Ce projet a été abandonné, faute d’accord entre les agriculteurs. Toutefois, cette plate-forme n’aurait résolu qu’une partie du problème, les quantités produites étant supérieures aux capacités d’absorption du territoire peiserot.


Sommaire

PNV - Frédéric Fima

Fiche-milieu n°3

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

Prairie de fauche à la Laverie

PNV - Ludovic Imberdis

Les prairies de fauche sont des prairies dont

Prairie fleurie au pied du dôme des Plattières

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie

un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison. Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, elles se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie par des graminées, les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs.


Fiche-milieu n°3

Il existe une grande diversité de prairies en lien avec les conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage. On distingue entre autres les prairies de fauche plutôt maigres et sèches, très diversifiées et riches en espèces végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés, des prairies plutôt fraîches et “grasses” (sur sols gras) colorées notamment par le géranium des bois et le compagnon rouge. La pluralité de ces types de prairies résulte tout autant des pratiques agricoles qui y sont appliquées. Par exemple, une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, la fauche précoce diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le traquet tarier, et la pollinisation par les insectes.

Actuellement, on constate une faible diversité de prairies de fauche à PeiseyNancroix. Il s’agit essentiellement de prairies très fertilisées et donc floristiquement pauvres. Elles occupent le fond de la vallée du Ponthurin. Les prairies de fauche dites d’altitude, entre 1 800 et 2 000 m, ont toutes été abandonnées.

Lichens et champignons

Les champignons sont d’excellents décomposeurs de la matière organique, dans les prés. Ils participent à la décomposition du fumier tant que les apports restent modérés. Le conocybe des crottins est une de ces espèces vivant sur les bouses de vaches. Mais la plupart des espèces de champignons craignent les milieux trop riches en azote ce qui est le cas des prairies grasses. À Peisey-Nancroix, des études ont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51


Fiche-milieu n°3

montré que les prairies intensifiées depuis les années 1970 avaient perdu une grande partie de leur flore mycologique, flore que l’on ne retrouve plus aujourd’hui qu’en amont de Rosuel. Certains champignons, toujours présents, sont d’excellents comestibles comme le marasme des Oréades.

Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles (caractéristiques des sols fertilisés riches en azote). On y rencontre typiquement le géranium des bois et la renouée bistorte. Ce cortège s’accompagne aussi de différentes ombellifères telles que la grande berce (appelée “coucoui” par les peiserots), dont l’inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes. Avec une diversité floristique beaucoup plus élevée, les prairies maigres sont aussi les plus richement colorées avec le sainfoin des montagnes, le lotier corniculé, la sauge des prés, les campanules, les centaurées et diverses ombellifères comme le grand boucage.

Flore

Une prairie de fauche se caractérise par la

Marguerite

PNV - René Poulet

PNV - Michel Delmas

Même si elles ne sont pas dominantes dans les prairies moyennement fertilisées, les plantes à fleurs colorées sont les espèces les plus remarquées. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Salsifis sauvage, compagnon rouge, trèfles et marguerite succèdent au tapis de pissenlit, au printemps.

PNV - Michel Filliol

prédominance “d’herbes” et plus précisément de graminées qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Parmi celles-ci, on trouve pour les prairies plutôt grasses : le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre, alors que la koelérie pyramidale et le brome dressé sont plus typiques des prairies plus maigres (sur les pentes).

Dactyle aggloméré

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Renouée bistorte


Fiche-milieu n°3 Manuel Bouron

Criquet jacasseur

PNV - Louis Bantin

C’est un des oiseaux emblématiques de ce milieu. Encadrées de haies buissonnantes, ces prairies sont alors aussi favorables à la pie-grièche écorcheur. La caille des blés, qui affectionne généralement la végétation herbacée haute des prairies de fauche, a été entendue en 2000 à Peisey-Nancroix. Sa présence reste à confirmer. En revanche, la population de corneilles noires, une espèce anthropophile, s’est beaucoup développée, sans doute en lien avec l’augmentation de la fréquentation et des activités humaines. Parmi les mammifères, ces prairies fraîches sont fréquentées par la taupe et le rat taupier ou campagnol terrestre.

Sainfoin des montagnes

Faune de ces prairies de fauche, la faune est également peu variée, à commencer par les insectes consommateurs de pollen et de nectar, qui convoitent les floraisons opulentes des prairies de fauche. On rencontre malgré tout le fadet de la mélique, la virgule et le grand nacré, des papillons de jour qui affectionnent ces prairies, ainsi que le criquet jacasseur qui préfère les prairies maigres et sèches. Migrateur transsaharien, le traquet tarier, récemment rebaptisé tarier des prés, a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les ombellifères lui servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. C’est un prédateur de petits insectes abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.).

PNV - Ludovic Imberdis

Du fait de la diversité botanique moyenne

Grand nacré

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53


Fiche-milieu n°3

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Du fait d’une fertilisation poussée, la valeur biologique patrimoniale des prairies de fauche est globalement moindre que celle des pelouses et des milieux d’altitude de Peisey-Nancroix.

B. Ficsher - Bios

D’un point de vue agricole, la valeur des prairies de fauche est fourragère. La quantité de foin produit est cependant insuffisante et le fourrage manquant est acheté dans le sud de la France : Drôme, Crau, etc. L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas au seul poids de fourrage produit. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, sa qualité baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’étalement

Tarier des prés

Homme et milieu : un équilibre à trouver

Les prairies de fauche de Peisey-Nancroix constituent un milieu semi-naturel assez artificialisé, qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. Ces prairies de fauche sont coupées au moins une fois par an comme vers Beaupraz-Les Bettières. Ailleurs, un regain est parfois possible comme à Nancroix. Elles sont toutes pâturées tôt en saison c’est le déprimage - puis une seconde fois à la descente des alpages. Le foin récolté participe pour une part à l’alimentation hivernale des troupeaux.

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Usages, intérêts économiques et représentations

Prairie fauchée à Beaupraz


Évolution et transformation du milieu

PNV - Patrick Folliet

Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement marquée en altitude. Dans la plupart des régions alpines, on assiste à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 – 2 000 m. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (éloignement, accès, pente) et d’une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Dans les deux cas, ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. La vallée de la Tarentaise n’échappe pas à cette tendance.

Prairie à la Laverie

Fiche-milieu n°3 PNV - Patrick Folliet

des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Un objectif combiné de quantité et de qualité doit permettre l’existence de plusieurs types de prairies. D’un point de vue paysager, ces prairies de fauche offrent au regard des surfaces de milieux ouverts* et fleuris.

Épandage de lisier sur une prairie au Plan de l’Épinerie

À Peisey-Nancroix, la végétation des prairies de fauche a vu son cortège floristique changer depuis le début de l’engraissement des prés, il y a une quinzaine d’années. Ce phénomène est lié à l’augmentation du cheptel bovin et parallèlement à la diminution des surfaces épandables. Sur le plateau des Lanchettes par exemple, la rhubarbe des moines colonise progressivement les prairies de fauche du fait des grosses quantités de lisier épandu. Cela diminue leurs valeurs fourragère et biologique. Les capacités d’assimilation des prairies sont limitées, surtout en montagne où le sol est généralement peu épais et la période de végétation plus courte qu’en plaine. Au-delà d’un certain seuil de fumure, les prairies restituent tous les excédents dans les rivières et les nappes phréatiques, entraînant une pollution néfaste pour la faune et la flore comme pour la ressource en eau. La superficie des prairies de fauche intéressantes sur le plan biologique (prairies d’altitude, prairies sèches et prairies extensives) a fortement diminué à PeiseyNancroix au profit de types de prairies à la flore banale. Quant aux prairies situées à proximité des exploitations, leur rôle principal devient moins fourrager que d’épuration des effluents agricoles.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°3

Prairie fauchée aux Lanches

Propositions de gestion D’une façon générale un retour à des pratiques plus extensives est à souhaiter : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation et par ailleurs maintien de prairies de fauche “extensives” peu productives, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile. Cela devrait faire l’objet de mesures de type agri-environnemental telles qu’elles ont existé par le passé, avec des cahiers des charges précis : charge à l’hectare limitée, fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge. Ces mesures traduiraient la reconnaissance de la spécificité de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie

patrimoine écologique et paysager local. Elles pourraient consister en l’octroi de primes contractualisées à la surface ou d’aides pour réduire les contraintes d’exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d’œuvre, etc.). Ces mesures pourraient voir le jour dans le cadre de la mise en place, à l’échelon national, des nouveaux Contrats d’agriculture durable et à l’échelon local dans le cadre de l’Appellation d’origine controlée Beaufort et de ses objectifs d’autosuffisance en foin, et de code de bonne pratique en matière de protection de la ressource en eau et de préservation de la biodiversité.


Sommaire

PNV - Frédéric Fima

Fiche-milieu n°4

Les forêts

PNV - Clotilde Sagot

Bois clair de mélèzes à Beaupraz

Boisement en rive droite du Ponthurin

Le

couvert forestier de Peisey-Nancroix est essentiellement résineux. La forêt est assise sur les deux versants de la vallée du Ponthurin depuis 1 080 m jusqu’à 2 040 m d’altitude et couvre près de 550 hectares, sur des pentes moyennes de 40 % mais pouvant dépasser 100 %. Le versant ouest, qui donne sur la vallée du Nant Bénin et l’ubac de la pointe du

Friolin, est totalement recouvert de forêts. Il s’agit des cantons forestiers de Grand Bois, la Corbassière et le Thovex. Sur le versant est, on rencontre la forêt de Plan Peisey traversée par le domaine skiable, celle de Carro Blanc au-dessus de la Chenarie, d’Herbes Rouges et de Biolley.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57


Fiche-milieu n°4

Les forêts peiserotes sont des boisements mixtes composés à 70-80 % d’épicéas, puis de mélèzes (de 18 à 30 %) et quelques autres essences résineuses (telles que le pin sylvestre). Certaines d’entre elles présentent quelques particularités : - le Grand Bois présente une zone clairsemée de pins à crochets sur gypse au-dessus de l’Eau Salée. - quelques secteurs sont constitués de boisements dominés par le mélèze : à Carro Blanc, Herbe Rouge, le Revers de la Pelaz. - d’autres zones (sous Bellecôte, la Croix Bozon, le Friolin, etc.) sont elles bien peuplées en pin cembro. Ces différents types de boisements, couplés à des facteurs tels que l’exposition, la nature de la roche-mère, et du sol, se traduisent par une variété des flores de sous-bois. Le mélézein par exemple sera plus riche que les pessières* en espèces de lumière.

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les peuplements de feuillus sont peu répandus et ne concernent qu’une faible surface à la limite ouest de la commune, principalement à l’aplomb du Villaret.

Lichens et autres champignons

La pineraie à crochets sur moraine calcaire présente des conditions micro-climatiques proches des forêts scandinaves. On y rencontre plusieurs champignons d’affinité nordique dont le lactaire zoné aqueux, une grande espèce de couleur jaune pâle connue en Islande et produisant un lait abondant. Les pessières* montagnardes gérées en futaies jardinées sont des milieux très riches en champignons, l’hydne imbriqué, l’amanite tue-mouches, la pholiote des chèvres, la girolle et le laccaire améthyste en sont des exemples représentatifs.


En

terme de surface occupée, l’épicéa est l’essence dominante des forêts de la commune. Le nom Peisey proviendrait d’ailleurs de pessière*, qui signifie forêt d’épicéas. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois blanc est utilisé principalement comme bois de construction, charpente, bardage, poteaux.

Philippe Freydier

PNV - Michel Filliol

Les forêts de conifères présentent une forte diversité de lichens. Que ce soit au sol où l’on rencontre le peltigère des chiens, un large lichen foliacé, gris clair ou sur les troncs et les branches avec diverses espèces du genre usnée, des lichens filamenteux, vert jaunâtre.

Flore

Laccaire améthyste

PNV - Christophe Gotti

Épicéa

Usnée

Après l’épicéa, le mélèze est l’essence la plus abondante. C’est le seul conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en ébénisterie. Fréquente dans les pessières*, l’airelle rouge est un petit sous-arbrisseau qui croît notamment dans la forêt de Carro Blanc. Ses fleurs en forme de cloche, rosées ou blanches, fleurissent de mai à juillet avant de donner des baies acides rouges consommées entre autres par le tétras-lyre. Le sous-bois de la pessière* de Plan Peisey est caractérisé par la présence de la myrtille dont les fruits comestibles sont cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59

Fiche-milieu n°4

Des espèces comme l’hygrophore blanc olive ou la collybie comestible se rencontrent plutôt dans les pessières* subalpines, cette dernière espèce poussant exclusivement sur des cônes d’épicéas pourrissants.


Fiche-milieu n°4

Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques, désinfectantes et riches en provitamine A), ces fruits fournissent un colorant naturel violet.

Le rhododendron ferrugineux est également présent en sous-bois, comme par exemple dans la forêt du Grand Bois.

PNV - Maurice Mollard

Quelques plantes protégées fleurissent dans ces sous-bois. C’est le cas du sabot de Vénus qui pousse dans les forêts d’ubac à la limite supérieure de l’étage montagnard. Cette orchidée spectaculaire aux très grandes fleurs jaunes en forme de sabot est volontiers reconnue comme le symbole de la protection végétale. Compte-tenu de la relativement bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour sa conservation.

Airelle rouge

Très classique dans les forêts mixtes, la luzule blanc de neige est une “herbe” assez commune recouverte de longs poils blancs. Ses fleurs d’un blanc argenté sont groupées au sommet de la tige. L’oxalis petite oseille, encore nommé painde-coucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches. Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche.

Faune

PNV - Michel Delmas

La pessière* humide est une forêt relative-

Oxalis petite oseille

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie

ment riche sur le plan ornithologique. La fauvette des jardins, la fauvette à tête noire, l’accenteur mouchet, le pouillot véloce, ainsi que le gobemouche noir, présent en limite occidentale de la commune, font partie des oiseaux caractéristiques de ce milieu. Le troglodyte mignon, une autre espèce bien représentée dès lors qu’il existe une strate buissonnante, oppose sa très petite taille, 9 cm de long, à son chant


Fiche-milieu n°4 Christian Simon

puissant et carillonnant. Trois espèces de grive sont nicheuses à Peisey-Nancroix. Caractéristique des paysages boisés aérés, la grive draine se tient surtout en lisière des forêts et dans les clairières. Elle a besoin de grands arbres pour chanter et nicher, mais elle se nourrit d’invertébrés et de végétaux (baies, etc.) dans les prés et autres zones dégagées. Sa “cousine”, la grive musicienne s’installe aussi en forêt, mais elle affiche une certaine préférence pour les formations sur sol humide et ombragé. En effet, sa présence est conditionnée par celle des vers et escargots, ses mets de prédilection. Elle a la particularité d’être un des rares oiseaux à savoir se servir d’un outil, une forge, qui est un caillou sur lequel elle brise les escargots pour en extraire la chair.

Gélinotte des bois

Le tétras-lyre est une espèce de la limite supérieure des forêts. C’est un oiseau très vulnérable au dérangement. L’aménagement de la forêt de Plan Peisey, ainsi que la forte fréquentation des skieurs hors piste menacent l’avenir de l’espèce dans certains secteurs. Aujourd’hui, cet oiseau a tendance à se réfugier au sommet du canton du Grand Bois, ainsi qu’en limite supérieure des forêts du versant nord de Bellecôte.

En revanche, la gélinotte des bois, galliforme rare en Vanoise du fait de l’absence de hêtraie, affectionne les forêts mixtes de Peisey-Nancroix à l’étage montagnard.

PNV - Sandrine Lemmet

La grive litorne, elle, est liée aux boisements humides de conifères, isolés ou en bordure de forêt. Préférant également les lisières au cœur des forêts denses, le merle à plastron est un oiseau migrateur bien répandu en versant frais, au-dessus de 1 500 m d’altitude, bien au-delà de la limite altitudinale du merle noir (lire la fiche-espèce n°11).

PNV - Maurice Mollard

Chevreuil

Grive draine

Les forêts de Peisey-Nancroix constituent un refuge pour de nombreuses espèces de mammifères, qu’ils soient typiques de ce milieu, comme le campagnol roussâtre, ou non (écureuil, blaireau, chevreuil, cerf, sanglier). Le chamois, qui fréquentait abondamment Grand Bois y avait presque

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61


Fiche-milieu n°4

disparu. Cinq individus, capturés à Termignon, en Vanoise, ont été réintroduits sur le massif de Bellecôte en 1992. Ce secteur où la population de chamois est aujourd’hui conséquente a aussi bénéficié d’une recolonisation naturelle.

forêt se situe en rive gauche du Ponthurin. Malgré cela, le relief, couplé à l’altitude élevée, constitue une contrainte majeure à son exploitation. Pour le bois de feu et de travail, des lots d’affouage sont périodiquement attribués aux habitants de Peisey-Nancroix.

PNV - Ludovic Imberdis

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Cerf et biche

Homme et milieu : un équilibre à trouver Usages, intérêts économiques et représentations Les surfaces de forêts privées sont faibles. Elles ne représentent que 120 hectares pour 25 propriétaires. La majorité de la surface boisée est propriété de la commune, et gérée par l’Office national des forêts. Elle est exploitée en futaie jardinée. Malgré les contraintes liées à son exploitation, les deux tiers de sa surface sont classés comme forêt de production et de protection pour les rôles physiques et paysagers qu’elle joue. En revanche, les forêts de la rive droite, dont 17 hectares ont été affectés aux pistes de ski et aux remontées mécaniques, sont plus orientées vers l’accueil du public. L’exploitation forestière est pratiquée sur des peuplements âgés de 150 ans. Les deux essences exploitées sont l’épicéa et le mélèze. Le secteur le plus productif de la

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leurs intérêts biologiques sont sensiblement identiques d’une commune à l’autre. Les vieux peuplements sont les plus intéressants pour la faune. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que le sabot de Vénus. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci. Les forêts jouent un rôle de tenue du sol et offrent un écran face aux risques d’avalanche, en particulier celle du bois de l’Église qui est classée en forêt de protection. Elles contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune, en particulier en automne lorsque la ramure des mélèzes dore et contraste avec celle, constamment verte, des autres conifères.

Évolution et transformation du milieu Les boisements d’épicéas sont des formations végétales très stables à évolution lente. Le mélèze en revanche est une espèce pionnière qui craint la concurrence des autres conifères. Plusieurs risques menacent aujourd’hui la forêt de Peisey-Nancroix : - la structure des peuplements est très régulière dans certains boisements (essentiellement en rive droite du Ponthurin), autrement dit, la fourchette des âges est très resserrée, ce qui risque d’engendrer des problèmes de pérennité de ces boisements à long terme. - outre la destruction de boisement pour


Fiche-milieu n°4 PNV - Emmanuel Faure

Sabot de Vénus

PNV - Frédéric Fima

l’aménagement de pistes de ski et de remontées mécaniques, le tourisme d’hiver affecte également la forêt du fait de la pratique du ski hors piste qui a lui-même un impact sur la régénération naturelle, les skis sectionnant le sommet des jeunes pousses. La pratique de la raquette, non encadrée, provoque le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. - enfin, la fréquentation des forêts par des motos “trial”, pourtant interdite par la loi 4x4 en-dehors des routes ouvertes à la circulation, provoque la dégradation de sentiers et du couvert végétal de sousbois, ainsi que des nuisances sonores importantes pour les riverains, les visiteurs et pour la faune de ces milieux.

Forêt du Carro Blanc en hiver

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63


La gestion actuelle des forêts de PeiseyNancroix vise à diversifier (en termes d’âge et de diamètre) les peuplements afin de les rendre plus résistants à long terme aux risques naturels et biologiques (maladies). Dès lors que l’exploitation forestière pratiquée permet l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres, cela est favorable à la faune arboricole et xylophage (insectes coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons.

Cependant, il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire à la faune (oiseaux, mammifères, etc), durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à empêcher la circulation motorisée dans le milieu naturel et à raisonner autant que faire se peut la pratique du ski hors piste et celle de la raquette. Cela passe par un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés. La mise en défens de certains boisements, à l’image de ce qui a été réalisé aux Arcs dans les années 1980, est à étudier.

PNV - Frédéric Fima

Fiche-milieu n°4

Propositions de gestion

Mélèzes à Pont Baudin

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Philippe Benoît

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie

Mégaphorbiaie

PNV - Alexandre Garnier

L’aulnaie verte peut se définir comme une

Aulnaie verte sur le versant frais des Lanches

brousse subalpine dominée par l’aulne vert ou arcosse, un arbuste aux branches très flexibles qui plient sous la neige sans casser. L’aulnaie verte occupe généralement les pentes avalancheuses que les conifères ne peuvent coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques. Elle peut également apparaître dans des alpages abandonnés ou suite à des modifications de terrain, toujours sur sol frais. L’aulnaie est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable. Elle peut former des grandes entités quasi mono-spécifiques. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : les aulnaies primaires* à la limite des forêts subalpines et dans les couloirs d’avalanches, installées depuis plusieurs milliers d’années et les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de l’extension de ces premières sur d’anciens secteurs exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65

Fiche-milieu n°5

Sommaire


Fiche-milieu n°5

Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent. Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. L’aulnaie verte atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

nord, là où contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mi-journée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin. Plante rare et protégée, l’ancolie des Alpes y pousse parfois. À Peisey-Nancroix, les aulnaies vertes colonisent essentiellement l’ubac du massif de Bellecôte. Elles s’étendent de 1 600 m à près de 2 200 m d’altitude.

Flore

L’aulne

vert, encore appelé arcosse, est une espèce ligneuse dont la hauteur dépasse les 3 m de haut. Solidement ancré au sol par un fort enracinement, il possède


PNV - Christophe Gotti

Lis martagon

PNV - Michel Delmas

PNV - Christophe Gotti

Les mégaphorbiaies* de Peisey-Nancroix, comptent de nombreuses plantes luxuriantes. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et feuilles découpées en grands

lobes triangulaires, commune en Tarentaise. Ses fleurs bleu violacé sont disposées en grappes plus ou moins allongées. Autre plante typique des lieux, l’achillée à grandes feuilles est la plus grande de toutes les espèces d’achillées de Vanoise avec une taille pouvant atteindre 1 m. C’est une espèce de montagne, uniquement ouest alpine.

Aulne vert

Achillée à grandes feuilles

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67

Fiche-milieu n°5

des tiges très souples inclinées vers l’aval. Ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir luimême le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des microorganismes vivant au niveau de ses racines. Parmi les espèces moins typiques mais intéressantes car peu abondantes sur l’ensemble du Parc national de la Vanoise et très localisées, deux espèces d’aconit fleurissent parfois sous le couvert de l’aulnaie verte de Peisey-Nancroix : l’aconit tue-loup et l’aconit paniculé. La première porte des fleurs jaune pâle et la seconde des fleurs bleues panachées de vert. Elles sont toutes deux toxiques. On peut rencontrer aussi sous les arcosses le lis martagon, encore appelé racine d’or en raison de la couleur jaune de son bulbe.


Fiche-milieu n°5

Faune

Moins fréquents, mais présents quand même dans cette aulnaie, le rougegorge familier et le bouvreuil pivoine dont le chant aux tonalités douces et aiguës, ne porte pas très loin. La large poitrine rose pivoine chez le mâle adulte, ainsi que sa calotte noire le rendent facilement reconnaissable. Le couvert dense de l’aulnaie verte fournit un abri au tétras-lyre en-dehors de la période de nidification, ainsi qu’à ses jeunes quand ils ne savent pas encore bien voler.

L’avifaune de l’aulnaie verte se compose d’oiseaux forestiers présents également dans d’autres types de formations ligneuses. Parmi celles-ci, l’accenteur mouchet en est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement la fauvette des jardins et la rousserolle verderolle, deux autres chanteurs émérites, cette dernière ayant la faculté d’imiter le chant d’autres espèces.

Fauvette des jardins

PNV - Philippe Benoît

C. Balcaen - Bios

Bien que difficilement pénétrable, l’aulnaie verte constitue une remise de choix pour les grands mammifères qui viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement humain. Papillon peu abondant en France et toujours très localisé, le damier rouge ou damier du chèvrefeuille, fréquente entre autres les

P. Goutet - Bios

PNV - Philippe Benoît

Sanglier

Rousserolle verderolle

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Tétras-lyre


activités humaines. Elle a plutôt tendance à s’étendre aux dépens des surfaces pastorales à bonne valeur fourragère. Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables, favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne. La pratique du ski hors piste et de la raquette hors itinéraire balisé peut engendrer un dérangement de la faune, en marge de l’aulnaie.

Homme et milieu : un équilibre à trouver

Autrefois, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Aujourd’hui, ces pratiques sont révolues. Un sentier découverte, aménagé au-dessus du refuge de Rosuel, traverse l’aulnaie et attire les vacanciers curieux. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas les avalanches, mais s’y adapte.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’aulnaie verte est un milieu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune en général. L’aulnaie verte participe à la diversité des paysages de la commune.

PNV - Patrick Folliet

Usages, intérêts économiques et représentations

Interface aulnaie / alpage aux Rossets

Propositions de gestion Si le maintien des aulnaies anciennes participe à la conservation du patrimoine naturel de Peisey, l’extension des aulnaies secondaires*, de faible biodiversité, au détriment d’alpages, peut poser des problèmes en terme de ressources herbagères. Un contrôle de leur extension par une meilleure exploitation des alpages, voire avec le soutien de financements de type agri-environnemental, est souhaitable.

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, ces formations végétales sont en progression suite à l’abandon de certains alpages, elles couvrent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. En revanche, elles n’ont plus guère d’intérêt économique. Située sur des zones d’accès souvent difficile, l’aulnaie verte est rarement menacée par les

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n°5

boisements clairs de l’aulnaie verte jusqu’à 2 000 m d’altitude. C’est dans ce milieu qu’il a été retrouvé à Peisey-Nancroix en 2002. Cette espèce rare et remarquable n’est connue que de quinze localités en Savoie (lire la fiche-espèce n°10). La face supérieure de ses ailes est marquée par des bandes brun rouge et fauve pâle, séparées par des taches noires.


Sommaire

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°6

Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude

Virginie Bourgoin

Lande à rhododendron ferrugineux

Landine à azalée naine

Ce sont des formations végétales dominées

formations buissonnantes à saule glauque.

par des ligneux bas, arbustes, abrisseaux, à feuilles persistantes ou non. On rencontre à l’étage subalpin les landes sèches ou landes à genévriers, des landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, myrtilles), des landines à la végétation naine et des

Ces formations peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes à éricacées et les landines à camarine et azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres.

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°6 Alors que les landes et landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes subalpines aujourd’hui est d’origine secondaire*. Elles résultent de la reconquête des espaces autrefois déforestés puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intraforestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les formations buissonnantes à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés en eau mais où les sols sont squelettiques et assez pauvres en matières nutritives. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées.

La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et humides. Très sensible au gel et à la dessication, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Elle est bien représentée à Peisey-Nancroix comme par exemple au-dessus du refuge de Rosuel. La lande à genévrier nain préfère les versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 5002 700 m d’altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. À Peisey-Nancroix, ce sont les landes à airelle rouge et airelle à petites feuilles, et les landes à myrtille qui sont les plus abondantes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71


Fiche-milieu n°6

Plus haut apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de haut. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. Particulièrement adaptée aux conditions extrêmes, l’azalée naine affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. On trouve des landines en ubac, sur les massifs de Bellecôte et de l’Aliet.

ligneuses à croissance lente, capables de résister à des conditions de stress physiologique dissuasives pour les arbres. Ces espèces ligneuses se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. Celles de l’airelle rouge sont vert foncé, luisantes dessus, mates et ponctuées de glandes brunes dessous. Ses baies globuleuses rouges sont comestibles. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sous-arbrisseau buissonnant couché qui affectionne les stations où la neige persiste. Celle-ci produit des baies globuleuses, noires comestibles, à saveur acidulée. Adaptée aux conditions climatiques extrêmes des crêtes ventées, dégagées de neige en hiver, l’azalée naine, aux fleurs roses, ne dépasse guère 10 cm de hauteur. Elle est souvent associée à une flore lichénique.

Lichens et champignons

Dans la landine à azalée naine, les lichens

SMBRC - Thierry Delahaye

sont généralement bien représentés. On y trouve notamment le brun lichen d’Islande, ou lichen des rennes, un lichen consommé en Scandinavie par les rennes des lapons. Plus original, le thamnolia en forme de ver, un lichen blanchâtre, se présente sous la forme d’agglomérats vermiformes.

Flore

Les

landes sont des milieux relativement pauvres en espèces. Les végétaux qui les composent sont typiquement des espèces

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Maurice Mollard

Thamnolia en forme de ver

Camarine hermaphrodite


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Lycopode des Alpes

Fiche-milieu n°6 PNV - Rémy Barraud

Sans atteindre la richesse floristique des pelouses, les landes de Peisey-Nancroix possèdent quelques plantes intéressantes. Le lycopode des Alpes, plante rare et protégée, est une fougère à tiges rampantes et rameaux dressés. Ses feuilles, petites en forme d’écailles, sont appliquées. La petite pyrole fait aussi partie de la flore herbacée de ces landes. De sa rosette de feuilles, s’érige une tige florifère portant de délicates fleurs blanc rosé en grappe. Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en HauteSavoie et dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’étage alpin. Autre espèce remarquable, assez rare et protégée, l’ancolie des Alpes est, comme la précédente, une espèce exclusivement alpine.

Saule glauque

Faune

Sous

nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat* naturel se limite à l’interface forêt/alpages, car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour l’alimentation des jeunes, mélèzes et pins en période hivernale. Plus habitué des pelouses alpines et des éboulis, le lagopède alpin trouve néanmoins dans ces milieux, à la fois un refuge et un site propice à sa reproduction. Il n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes. Cependant, la musaraigne carrelet et l’hermine, aux activités tant nocturnes que diurnes, peuvent y être observées. Le renard roux et le chamois, qui investissent des habitats* très diversifiés, fréquentent également ce milieu. Le lièvre variable vient également s’y nourrir, principalement l’hiver. La vipère aspic et le lézard vivipare y sont réguliers sans être abondants. En revanche, le solitaire et l’azuré de la canneberge sont deux papillons de jour propres à ces landes pour leur reproduction.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73


Fiche-milieu n°6

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

En effet, les œufs de ces deux espèces sont pondus sur les feuilles de l’airelle rouge et de la myrtille, qui constituent donc les plantes-hôtes des chenilles.

PNV - Ludovic Imberdis

Solitaire

Homme et milieu : un équilibre à trouver Hermines

Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Christophe Gotti

D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et donc inexploité par l’homme. Traditionnellement, les landes et les forêts ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. Quelques brûlis sont pratiqués localement (aux Rossets, par exemple). La cueillette de baies reste une activité assez marginale.

PNV - Jean-Pierre Martinot

Lézard vivipare

Renard roux

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les landes, landines et fourrés de saules participent pleinement à l’identité des paysages montagnards. Bien que les espèces végétales et animales y soient peu nombreuses, on peut y rencontrer quelques spécimens d’intérêt remarquable, oiseaux, reptiles. Le lycopode des Alpes confère aux landes, dont c’est l’unique habitat*, une valeur patrimoniale supplémentaire. Les landes jouent surtout un rôle de refuge pour certains animaux et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne qui en apprécient les baies à l’automne. Les landes à rhododendrons représentent un des habitats* privilégiés du tétras-lyre, espèce emblématique.


Là où il est présent, le saule glauque confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale.

Évolution et transformation du milieu Il faut distinguer le cas des landes secondaires* qui envahissent les alpages, du cas des landes primaires* et des fourrés de saules glauques qui constituent des couverts végétaux stables et diversifiés. La présence dans ces landes d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs prioritaires en matière de conservation.

À Peisey-Nancroix, des landes occupent aujourd’hui des zones qui étaient exploitées il y a moins d’un siècle. L’extension des arbustes aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral (pelouses alpines) ou biologique (pelouses sèches) pourrait devenir préoccupante. Si cette extension se généralisait, cela entraînerait une diminution forte de la valeur paysagère et de l’intérêt biologique de ces espaces.

PNV - Philippe Benoît

L’aménagement actuel des pistes de ski se traduit par des terrassements et des

déblaiements responsables de la destruction de milieux et d’espèces sensibles. Les gares d’arrivées des remontées mécaniques sont bien souvent créées sur les places de chant du tétras-lyre, les câbles dangereux traversent leurs domaines vitaux D’autre part, le ski hors piste et la pratique de la raquette occasionnent un dérangement très important de la faune. Il en résulte une régression marquée des populations de tétras-lyre.

Tétras-lyre

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75

Fiche-milieu n°6

L’extension de la lande en limite supérieure du mélézein favorise cette espèce dans la mesure où il n’y a pas de dérangement.


Sommaire

PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°7

Les pelouses

Alpage et chalets à Entre-Deux-Nants

Les pelouses correspondent à des formations

PNV - Patrick Folliet

herbacées peu denses qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. On distingue les pelouses sèches d’adret des pelouses d’altitude.

Pelouse alpine au Plan de la Plagne

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les pelouses sèches s’étendent sur un petit territoire pentu au sol maigre et sec, au pied des rochers des Sétives, depuis le verrou de la Rèbe jusqu’aux Bettières. Elles se caractérisent par un tapis herbacé peu productif et sont par endroit en mosaïque avec quelques formations d’églantier et d’épine-vinette. En-dehors des graminées (ou poacées) dominant ces pelouses sèches, s’épanouissent quelques plantes à fleurs


Fiche-milieu n°7 colorées telles que la brunelle vulgaire, le serpolet et la centaurée scabieuse. Les pelouses d’altitude couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 800 m d’altitude à Peisey-Nancroix) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux. Ce milieu se définit plus exactement comme un ensemble composite de différents types de pelouses. Leur diversité est due à la combinaison de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche sous-jacente, la durée de l’enneigement, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion

de cailloux. La présence d’herbivores (domestiques ou sauvages) influe aussi fortement sur la nature de la végétation. On distingue différents types de pelouses en fonction des trois principales conditions écologiques suivantes : - la nature du substrat (pelouses acides / calcaires), - le régime d’enneigement et de température (combes à neige, pelouses sèches / fraîches), - la richesse minérale du sol, liée notamment à son type d’utilisation pastorale (pelouses maigres / grasses).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77


Fiche-milieu n°7

Lichens et champignons

Le nard raide constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches, telles que celles du Plan de l’Écurie. Endehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques.

Philippe Freydier

Les alpages présentent une flore mycologique originale. On y rencontre des espèces inconnues à basse altitude et d’autres, communes en plaine où elles vivent en association avec des arbres et qui montent jusqu’ici en s’associant avec des plantes herbacées. C’est le cas du bolet blafard, un habitué des bois de chênes qui vit ici en association avec des hélianthèmes.

Flore

On rencontre sur les adrets une flore adap-

PNV - Jacques Perrier

tée à ces conditions de sécheresse relative. Plante très rare des pelouses sèches et peu commune sur l’ensemble du territoire du Parc national de la Vanoise, le dracocéphale de Ruysch renforce l’intérêt floristique de ce milieu à Peisey-Nancroix.

Dracocéphale de Ruysch

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Maurice Mollard

Bolet blafard

Nard raide

Les pelouses d’altitude sont le domaine des gentianes, gentiane de Koch, printanière, de Clusius, des neiges, etc. Parmi les espèces de grande taille, la gentiane pourpre (lire la fiche-espèce n°7) et la gentiane ponctuée sont toutes deux fréquentes dans les pelouses acides au couvert dense. En revanche, la gentiane jaune affectionne plus particulièrement les pelouses calcaires. Espèce rare et protégée, l’orchis-nain des Alpes pousse dans les pelouses calcaires des crêtes ventées. C’est la plus petite des orchidées de Vanoise. Elle est présente entre autres vers le col de la Tourne (lire la fiche-espèce n°2).


Fiche-milieu n°7 PNV - Maurice Mollard

La pédiculaire du mont Cenis, avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, est une plante des pelouses rocailleuses. Cette espèce, peu commune en Vanoise, est abondante à Peisey-Nancroix. Le pâturin des Alpes, graminée alpine commune, se rencontre souvent dans les pelouses grasses d’altitude.

PNV - Patrick Folliet

Gentiane de Clusius

Botryche lunaire

Faune

La

PNV - Maurice Mollard

perdrix bartavelle fréquente à PeiseyNancroix les barres rocheuses entrecoupées de pelouses sèches, en particulier près des Sétives. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition.

Pédiculaire du mont Cenis

La botryche lunaire est une petite fougère très fréquente en alpage, elle est constituée d’une tige supportant deux feuilles très distinctes l’une de l’autre, une feuille fertile produisant des spores jaunes et une feuille stérile, chlorophyllienne.

Les oiseaux et les mammifères sont, parmi la faune vertébrée des pelouses d’altitude, les deux classes les mieux représentées. Alors que les couverts herbacés les plus ras, d’où émergent des buttes, sont le domaine du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m voire de l’alouette des champs, les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine, dès lors que se trouve à proximité un support pour sa nidification (chalets par exemple).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79


Fiche-milieu n°7

PNV - Christophe Gotti

À la fois moins connu et plus discret, le campagnol des champs fréquente néanmoins ces pelouses d’altitude et trahit sa présence par les traces que laissent en surface ses galeries souterraines.

Niverolle alpine

PNV - Patrick Folliet

Typique des pelouses écorchées parsemées d’éboulis rocheux en haute montagne, le lagopède alpin niche à même le sol sans aucune protection. Son plumage brun gris mimétique en été et blanc pur en hiver, à l’exception des ailes qui restent blanches toute l’année, et la queue noire, lui offre une forte capacité pour le camouflage.

Chamois

PNV - Philippe Benoît

Localisé mais assez abondant dans les Alpes et les Pyrénées, l’azuré de l’oxytropide fréquente typiquement les prairies maigres et les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu clair brillant bordée de noir audessus et la femelle une couleur brun noir, pond ses œufs sur des feuilles d’oxytropides et de sainfoin des montagnes. En voie de régression du fait de la diminution des milieux qui lui sont favorables, le grand apollon vole au dessus des pelouses sèches d’altitude, du mois de juin au mois d’août.

D’autres animaux fréquentent ces pelouses : le chamois et la marmotte. Cette dernière, abondante à Peisey-Nancroix, anime les pelouses de son cri destiné à alerter sa colonie en cas de danger tout autant qu’à entretenir les liens sociaux. Très aigu, celuici est très souvent confondu avec les sifflements d’un oiseau. À partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne dans une chambre de repos au sein d’un système complexe de galeries.

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

Lagopède alpin

Marmotte des Alpes


Usages, intérêts économiques et représentations Aux yeux des populations locales comme des vacanciers, les pelouses d’altitude évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. Ce sont des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Patrick Folliet

Les pelouses d’altitude présentent un intérêt pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois à cinq mois. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la produc-

tivité, la qualité, l’appétence, la période de qualité optimale, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée (ou non) à travers la conduite du troupeau, elle peut s’améliorer ou se dégrader et doit être entretenue. L’intérêt biologique des pelouses d’altitude est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore comporte de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes, edelweiss, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d’alpage. L’enracinement des plantes de ces pelouses d’altitude joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin. Enfin, ces pelouses détiennent une valeur récréative pour les touristes et représentent par excellence la montagne elle-même.

Salle de traite mobile à l’alpage de la Grangette

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81

Fiche-milieu n°7

Homme et milieu : un équilibre à trouver


Depuis la dernière guerre mondiale, la Tarentaise a assisté au déclin de la vie pastorale, accompagné de l’abandon de plusieurs alpages. Peisey-Nancroix ne fait pas exception à la règle, l’utilisation pastorale des pelouses d’altitude a régressé aussi.

Ernest Silvim

Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique

naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités agricoles. À ces altitudes, l’abandon des pratiques pastorales engendre la fermeture du milieu et le remplacement progressif des pâturages par des landes ou par la forêt.

Le hameau de Beaupraz et ses environs au début du XXe siècle

PNV - Régis Jordana

Fiche-milieu n°7

Évolution et transformation du milieu

Le hameau de Beaupraz et ses environs, un siècle plus tard (2003)

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Clotilde Sagot

Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est à rechercher. Cela afin d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire, des oiseaux en particulier. Abords de chalet envahis par la rhubarbe des moines

Certains modes d’utilisation actuels compromettent le maintien de la valeur biologique et la qualité pastorale. Ainsi, l’utilisation d’engrais azotés en vue d’améliorer certains alpages tels que celui des Rossets appauvrit la diversité floristique en favorisant les plantes nitrophiles. Cette pratique vise à augmenter la production herbagère, mais des apports répétés se feront au dépens de la qualité du fourrage. Cette pratique n’est pas appropriée. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, faute de gestion adéquate, peut aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Ainsi, l’extension du nard diminue l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage. Enfin, citons la question du traitement sanitaire du bétail qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en pleine nature. Certaines substances rémanentes à large spectre d’action* comme l’ivermectine, utilisées comme vermifuge, entraînent la disparition de tous les insectes coprophages, voire des annélides. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Une étude est en cours à l’échelle européenne concernant les effets de ces différentes substances.

La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques, devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de PeiseyNancroix. Certaines évolutions, comme le développement excessif du nard raide au détriment des autres espèces, constituent une dégradation à la fois de la valeur fourragère et de l’intérêt écologique des pelouses concernées. Un mode de conduite pastorale adapté permettrait d’éviter de telles évolutions ou d’en réparer les effets. La mise en œuvre de ces mesures suppose une conduite rigoureuse des troupeaux qui nécessite le plus souvent un gardiennage ou un parcage, ce qui est difficilement envisageable pour de petits troupeaux. D’autre part, il est important que soient maintenues les valeurs biologique et paysagère du patrimoine naturel, tant pour la nature elle-même que pour maintenir un espace de découverte intact très apprécié et recherché des estivants. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, et dont la cicatrisation est lente et difficile même après un réengazonnement.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n°7

Propositions de gestion


Sommaire

PNV - Frédéric Fima

Fiche-milieu n°8

La partie amont du Ponthurin, les zones humides d’altitude et les lacs

PNV

Mare à linaigrette de Scheuchzer à Plan Richard

Lac de l’Étroit

Les zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement et des marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux.

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Leur végétation est dominée par les mousses, qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres


Fiche-milieu n°8 en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (tels que les laiches) de petite taille. À Peisey-Nancroix, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune. Les marais acides, les plus fréquents à PeiseyNancroix et les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laiche brune). On les trouve par exemple dans les méandres du Ponthurin. Les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont généralement dominés par la laiche de Davall. Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique : les groupements pionniers des bords de torrents alpins. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en

matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Les groupements pionniers des bords de torrents alpins se nomment Caricion bicolori-atrofuscae. Ce type de marais, rare à Peisey-Nancroix, existe vers le Plan de la Plagne. Les lacs d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Il en existe plusieurs à Peisey-Nancroix. Le plus grand et le plus connu est le lac de la Plagne. Ces retenues d’eau naturelles s’échelonnent approximativement entre 2 100 et 2 600 m d’altitude. Seuls quelques-uns (lac de Riondet, lac inférieur

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85


Fiche-milieu n°8

PNV - Jacques Perrier

de Plan Richard) se caractérisent par la présence de quelques plantes aquatiques (rubaniers, charas), les autres ne sont pas végétalisés. Là où existent des rivages peu profonds, une végétation dense de bord des eaux s’est installée, principalement des cypéracées.

Flore

La linaigrette à feuilles étroites ainsi que la

Saxifrage faux aïzoon

pionniers de bord de torrent. Ces plantes sont dites arctico-alpines*, c’est-à-dire présentes à la fois dans les régions arctiques ou subarctiques et dans la chaîne alpine. Elles sont protégées et rares en France et dans tout l’Arc alpin (lire la fiche espèce n°5). Arctico-alpine* également, la laiche de Lachenal est typique des lieux herbeux et humides sur substrat acide. Connue en France seulement dans les départements de Savoie et des Hautes-Alpes, cette espèce protégée et rare pousse très localement et souvent à haute altitude à la limite de l’étage nival. Parmi les espèces assez rares, PeiseyNancroix compte aussi le pigamon des Alpes, une petite plante de marais et pelouses. Elle a été découverte récemment à proximité du refuge du mont Pourri. C’est la seule station connue en Savoie.

PNV - Maurice Mollard

laiche brune s’associent souvent pour former un groupement caractéristique des marais acides. Il fait suite à un groupement pionnier généralement dominé par la linaigrette de Scheuchzer. On rencontre une telle végétation vers Gouille Sèche près du chalet des Aimes. Beaucoup plus fréquente, la saxifrage faux aïzoon, la plante-hôte du petit apollon, croît typiquement près des sources, sur les rochers où suinte l’eau d’infiltration. Les méandres du Ponthurin constituent une imbrication de marais acidophile et neutro-basophile parmi lesquels se trouve une formation végétale basse et stable, un

gazon à trichophore gazonnant, une herbe à tige lisse et cylindrique assez commune dans les milieux humides. La laiche à petite arête et la laiche bicolore font partie des huit espèces caractéristiques qui, isolées ou associées les unes aux autres, permettent d’identifier les groupements

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

Linaigrette à feuilles étroites

Laiche bicolore


Fiche-milieu n°8

Faune

Philippe Freydier

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Du fait des conditions de milieu difficiles, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses. La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. Elle hiberne soit dans l’eau, soit à terre en fonction de l’altitude où elle se trouve. C’est l’une des trois espèces d’amphibiens les plus répandues en Savoie, avec le crapaud commun et la salamandre tachetée.

Cordulie des Alpes Grenouille rousse

L’æschne des joncs est une grande libellule qui fréquente les zones humides d’altitude. Ses larves, qui vivent dans les eaux stagnantes ensoleillées, ont une croissance lente et ne deviennent adultes qu’après trois ans environ. Elles se nourrissent d’insectes et également de têtards. La cordulie des Alpes, une libellule aux yeux vert émeraude, affectionne également ces milieux. Le petit apollon fréquente les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, sa plante nourricière.

PNV - Michel Delmas

Les lacs et cours d’eau comptent quelques espèces de poissons dont le cristivomer ou omble du Canada qui vit dans le lac de la Plagne. C’est une espèce introduite, originaire d’Amérique du Nord, mais qui a trouvé ici des conditions de reproduction favorables (lire la fiche-espèce n°12). La truite fario, espèce autochtone, fréquente en plus les méandres du Ponthurin.

Petit apollon

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87


Fiche-milieu n°8

Homme et milieu : un équilibre à trouver Usages, intérêts économiques et représentations À Peisey-Nancroix, les lacs et les zones humides d’altitude ne font l’objet d’aucun type d’équipement si ce n’est pour servir de points d’eau pour le bétail. Les torrents et sources sont localement utilisés pour l’alimentation en eau des refuges et des chalets d’alpage. Pour la pêche, des empoissonnements sont réalisés.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les zones humides et les lacs d’altitude comptent pour beaucoup dans l’équilibre hydrologique de la montagne, ils permettent une régulation des écoulements d’eau.

Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore très particulière, qui leur est propre. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la laiche bicolore et la laiche de Lachenal confère une valeur biologique forte à ces milieux. D’un point de vue pastoral, les zones humides, cours d’eau et lacs d’altitude présentent un intérêt agricole non négligeable pour abreuver le bétail.

PNV - Frédéric Fima

Les lacs et torrents, éléments attractifs du

paysage, constituent un des principaux buts de randonnée pour les touristes. Ainsi le long du GR5, au lieu dit des Pertes du Ponthurin, on peut observer la disparition totale du torrent qui s’infiltre entre les blocs calcaires pour ne réapparaître que quelques centaines de mètres en aval.

Lac d’altitude à Plan Richard

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°8 PNV - Christophe Gotti

Lac de la Plagne

Évolution et transformation du milieu

Propositions de gestion

La France connaît une régression généralisée des zones humides, liée aux drainages et assèchements à des fins d’exploitation agricole et d’aménagement. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. La plupart des petites zones humides ont été détruites à l’occasion de drainages, mais la construction des retenues d’eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l’alimentation des canons à neige sur les secteurs dédiés au ski, entraîne aussi la disparition de ces milieux. Pour l’heure, les zones humides d’altitude de Peisey-Nancroix ne sont pas concernées par ce problème de construction de retenues d’eau collinaires. En revanche, certaines zones humides de pente ont été drainées, ainsi que d’autres situées sur les replats à proximité des départs et arrivées des remontées mécaniques, souvent asséchées pour assurer la qualité de l’enneigement.

Aujourd’hui, les menaces d’origine anthropique sur les milieux humides et aquatiques d’altitude semblent faibles à Peisey-Nancroix. Aucune gestion particulière n’est donc à envisager, si ce n’est de préserver systématiquement ces zones précieuses dans le cadre de tout nouveau projet d’aménagement et d’arrêter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. La mise en défens des marais et l’organisation des accès des troupeaux domestiques aux points d’eau permettront d’éviter d’endommager (par excès de piétinement et apports organiques) les zones humides de plus grande valeur.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


Sommaire

PNV - Frédéric Fima

Fiche-milieu n°9

Les éboulis et les moraines

Glaciers et moraine des Platières

Les

Virginie Bourgoin

éboulis et moraines se définissent comme de véritables zones d’accumulation d’éléments rocheux. Ce sont des milieux constitués de roches fragmentées et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation. Les éboulis et moraines représentent une surface importante à Peisey-Nancroix.

Éboulis sur le versant dominant le Plan de la Plagne

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Dans le cas des éboulis, l’alternance geldégel, l’érosion des falaises dominantes, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Chaque éboulis se caractérise par la nature de la roche qui le compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier


Fiche-milieu n°9 de matériaux empêche l’évolution de la végétation et l’installation d’un couvert végétal permanent. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter, ils seront, soit “migrateurs”, comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature du substrat (acide ou calcaire) conditionne aussi la présence des plantes

colonisatrices. À Peisey-Nancroix, les éboulis acides (siliceux) sont les plus fréquents. On les trouve notamment sous le sommet de Bellecôte et sous le mont Pourri. La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis.

Flore

Les

éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91


Fiche-milieu n°9

jaune et génépi des glaciers (lire la ficheespèce n°1). Cette dernière espèce, sans odeur, semble absente de Peisey-Nancroix. Aucun génépi n’est strictement lié à une nature de roche (acide/basique). Différentes saxifrages colonisent les éboulis et moraines. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes. Elle présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée au Cervin à 4 200 m.

et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large.

PNV - Philippe Benoît

PNV - Jacques Perrier

La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ses pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis.

Androsace alpine

La campanule du mont Cenis, une plante naine de 1 à 5 cm de haut à corolle bleu mauve en étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires dans l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente qui pousse par exemple sous le Grand Col. C’est dans les éboulis que poussent les espèces de génépis : génépi vrai, génépi

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Campanule du mont Cenis

PNV - Louis Bantin

Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine pousse sur les pierriers très fins, siliceux, jusqu’à 3 300 m d’altitude. Elle forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses (lire la fiche-espèce n°4). De petite taille également, l’achillée naine fréquente les moraines et éboulis assez fins dans les régions siliceuses. Ses propriétés sont assez proches de celles des génépis. Elle entre dans la composition du thé suisse.

PNV - Michel Delmas

Benoîte rampante

Saxifrage à deux fleurs


et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche. Le lagopède alpin fréquente aussi ce type de milieux.

PNV - Christophe Gotti

Les éboulis de gros blocs à moitié couverts de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs. Sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l’automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules.

Accenteur alpin

PNV - Didier Jalabert

Comme son nom l’indique, le merle de roche est un oiseau qui fréquente surtout les zones d’éboulis et les pelouses parsemées de gros éléments rocheux en adret. Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres “merles”. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification.

Lièvre variable

Le chamois et le bouquetin sont de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire leur domaine de prédilection.

Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes

PNV

Le campagnol des neiges est un habitant des moraines et éboulis stables, ainsi que tout milieu riche en anfractuosités où il aménage ses galeries. Espèce de l’étage alpin essentiellement, il se nourrit des plantes dont il dévore, en hiver sous la neige, les bulbes et les racines. Il pénètre parfois dans les habitations d’altitude en hiver.

Merle de roche

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93

Fiche-milieu n°9

Faune


Fiche-milieu n°9

Homme et milieu : un équilibre à trouver

Ils contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Peisey-Nancroix. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral. Les moraines ont également un fort intérêt paysager dans le sens où elles participent à la dimension glaciaire du territoire de la commune. À ce titre, la moraine du Geay en est un exemple spectaculaire.

Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis sont fréquentés début août par les cueilleurs de génépi. Ils sont également empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux de moutons même s’il leur arrive de les traverser. Par le passé, les éboulis ont fourni les matériaux pour la construction des chalets d’alpage.

Évolution et transformation du milieu La divagation des troupeaux ovins sur ces éboulis, comme c’est parfois le cas au pied du mont Pourri, porte atteinte à une flore et une faune vulnérables sans aucune justification fourragère. Cela peut poser des problèmes de cohabitation avec les ongulés sauvages qui y trouvent refuge, notamment par transmission réciproque de différentes pathologies.

Propositions de gestion

PNV - Christophe Gotti

La protection des secteurs de moraines et d’éboulis les plus sensibles (présence habituelle d’ongulés sauvages, flore remarquable), nécessiterait soit un gardiennage soit la mise en place de parcs.

Éboulis vers le refuge du col du Palet

Les éboulis et moraines sont souvent fréquentés par le bouquetin qui en apprécie les quelques plantes présentes. Ces milieux présentent une forte valeur biologique. Ils accueillent tout un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées.

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Philippe Freydier

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Brebis sur un éboulis


Sommaire

PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°10

Les rochers et les falaises

Virginie Bourgoin

Aliet et mont Blanc de Peisey

Rochers et cascades de la Gurraz

Les rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes, seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche.

Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95


Fiche-milieu n°10

ensoleillées en été peuvent s’échauffer très fortement. Au sein d’une même journée, ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit. Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent les écarts du climat. Même s’ils paraissent être des lieux a priori hostiles, les rochers et les falaises constituent l’habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux grimpeurs (bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent la

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

nuit dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale. En l’absence de sol susceptible d’en atténuer les effets directs, la nature de la roche siliceuse ou calcaire détermine les espèces qu’elle supporte. À Peisey-Nancroix, les groupements végétaux des substrats siliceux sont dominants, les substrats calcaires étant moins abondants. Le mont Blanc de Peisey, ainsi que les Rochers Rouges voient se développer une végétation dite calcicole*, alors que le sommet de Bellecôte, le mont Pourri et le dôme de la Sache sont le support de plantes dites silicicoles* ou encore calcifuges*.


Sur ces milieux hostiles à la vie végétale, la croissance de certains lichens, tel le rhizocarpe géographique, oscille entre un dixième de millimètre et dix millimètres par an. Cette lente croissance peut servir d’indicateur pour dater le recul des glaciers. Cette espèce est caractéristique des parois siliceuses. Sur les rochers calcaires, on rencontre de nombreuses espèces de lichens incrustés* dont le rhizoplaca chrysoleuca, une espèce d’aspect rouge orangé qui profite aussi des dépôts de guano.

Les plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. L’androsace helvétique est particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent à haute altitude sur les rochers et les falaises (forme de coussinet bombé très dense, petites feuilles étroitement imbriquées, etc.). C’est une espèce rare et protégée, caractéristique des parois calcaires ensoleillées, qui pousse vers le col du Palet (lire la ficheespèce n°4). L’androsace pubescente fréquente le même type de milieux que la précédente. Également protégée par la loi française, elle n’est connue aujourd’hui à Peisey-Nancroix que dans quatre stations.

PNV - Christian Balais

Rhizocarpe géographique

Philippe Freydier

Androsace helvétique

Sur les rochers se développent de nombreux lichens incrustés

Affectionnant les rochers calcaires bien exposés et des pelouses rocailleuses, l’astragale de Lenzbourg est une petite plante rampante d’où se dressent les rameaux qui portent les inflorescences. Ses fleurs bleu pâle à violacé sont regroupées en grappes serrées. Endémique* des Alpes, cette

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97

Fiche-milieu n°10

Flore

PNV - Christophe Gotti

Lichens et champignons


Fiche-milieu n°10

Faune

Astragale de Lenzbourg

Les adaptations de la faune aux milieux de falaises ont trait aux déplacements – insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur.

Philippe Freydier

SMBRC - Thierry Delahaye

espèce protégée est très rare sur toute son aire (France, Suisse et Italie) et sa distribution est très fragmentée. Toujours très rare en France, le cystoptéris des montagnes est une fougère généralement calcicole* qui pousse sur blocs en situation assez fraîche, en sous-bois notamment. Protégée en France, cette espèce arctico-alpine* se caractérise par des frondes solitaires, triangulaires, très finement découpées.

Lézard des murailles

PNV - Maurice Mollard

Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif de ces rochers et falaises, symbolisant le mieux la Vanoise (il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national en 1963). Disparu de Peisey-Nancroix à partir des années 1870 voire avant, il a été réintroduit en 1969 (lire la fiche-espèce n°8).

La primevère du Piémont est une espèce des rochers siliceux, présente en France uniquement en Savoie, dans les HautesAlpes et les Alpes-de-Haute-Provence. C’est une plante protégée rare en France, mais encore bien représentée en HauteMaurienne et en Haute-Tarentaise (lire la fiche-espèce n°6).

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Patrick Folliet

Cystoptéris des montagnes

Bouquetin mâle


Plus rare en Vanoise que l’aigle royal, le hibou grand-duc, le plus grand des rapaces nocturnes de France est probablement nicheur sur la commune. Autre rapace nocturne, le hibou moyen duc niche par exemple dans le bois des Bettières.

PNV - Patrick Folliet

Enfin, depuis la fin de l’année 2003, un couple de gypaète barbu s’est installé dans la vallée de Peisey et a fait une première tentative de reproduction.

Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et son bec jaune. Il se distingue du crave à bec rouge, espèce également rupestre, reconnaissable comme son nom l’indique, par la couleur corail de son bec. Donnée assez exceptionnelle vu l’altitude, le choucas des tours est également présent à Peisey-Nancroix. Les rochers et falaises accueillent également hirondelle de rochers et rougequeue noir. Le tichodrome échelette (encore appelé papillon des murailles) est nicheur à Peisey-Nancroix. Des rapaces nichent dans les falaises inaccessibles, dont le faucon pèlerin, le faucon crécerelle et l’aigle royal. Ce rapace compte à Peisey-Nancroix deux couples reproducteurs qui s’installent chacun dans l’une des aires qu’ils ont construites. Pour l’aigle royal, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire, ainsi à PeiseyNancroix, pas moins de douze aires ont été inventoriées par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux (lire la fiche-espèce n°9).

PNV - Michel Bouche

Chocard à bec jaune

Hibou grand-duc

Homme et milieu : un équilibre à trouver Usages, intérêts économiques et représentations Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Savoie à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. À Peisey-Nancroix, les rochers et falaises suintants constituent en hiver des cascades de glace pratiquées par les grimpeurs.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99

Fiche-milieu n°10

Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux qui fréquentent les lieux.


PNV - Michel Bouche

Évolution et transformation du milieu Aux vastes domaines skiables s’ajoutent en Tarentaise, d’autres équipements touristiques : voies d’escalade, via ferrata etc. Des sites potentiellement ou réellement favorables à certaines espèces faunistiques sont menacés. Cette concentration toujours plus importante d’équipements en montagne et l’engouement pour la pratique de sports de nature (y compris le parapente) engendre une réduction significative des zones susceptibles de convenir à des oiseaux rupestres vulnérables tels que le gypaète barbu et l’aigle royal, particulièrement sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. Cette tendance n’est pas propre à la commune de Peisey-Nancroix, mais la concerne. En revanche, les risques d’impact de ces pratiques et les équipements nécessaires sont a priori faibles sur la flore, du fait du

Gypaète barbu

caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on essaie de tenir compte, pour leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable.

Propositions de gestion À l’échelle communale et intercommunale, la planification de tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable de ces pratiques et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études d’impact préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraît indispensable pour assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites.

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°10

milieux “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence de nombreuses plantes spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables. Les vires et corniches de ces falaises sont des sites de nidification pour les oiseaux ce qui leur confère une valeur supplémentaire. Exposées au sud, celles-ci constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.

Grande Motte (à gauche) Grande Casse (à droite) et lac de la Plagne

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°11

Les glaciers, les névés et les combes à neige

Col des Roches et mont Pourri vus du Grand Col

PNV - Michel Delmas

Un

Névé et combe à neige

glacier est un gigantesque stock de glace issu du compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier à l’amont dans le bassin d’accumulation de glace. Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés aux frontières de la commune (glaciers du Geay, du Prêtre, du Carro, des Platières, des Pichères, etc.). Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle fondamental dans les phénomènes d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédées au cours des temps géologiques. La succession

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101


Fiche-milieu n°11

de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires, qui diffère selon la dureté de la roche. Le profil en “U” de la vallée du Ponthurin à PeiseyNancroix témoigne du passage des glaciers, il y a 10 000 ans. Les névés sont des neiges compactées, qui peuvent perdurer plusieurs années ou se transformer en glace. Ce sont des dépôts immobiles, moins permanents que les glaciers, de taille variable allant jusqu’à fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés à des groupements de combes à neige.

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les combes à neige sont des creux d’exposition nord où la persistance de la neige réduit la période de végétation à moins de trois mois. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm voire 5 cm de haut. Sur des éléments fins pousse une pelouse particulière où sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation comme la soldanelle des Alpes et la laiche fétide. Sur des éléments grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Sur éboulis calcaires, on trouve une association végétale* où dominent les saules à réseau et à feuilles émoussées, et sur éboulis siliceux, une association* à saule herbacé.


nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.

Il

existe dans les combes à neige tout un cortège de champignons associés aux différentes espèces de saules rampants. Plus de 300 espèces typiques de ce milieu ont été recensées dont des lactaires, des cortinaires et des russules. La russule de Norvège, de couleur purpurine, en est un exemple typique.

Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, est un arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut. Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu.

Pierre-Arthur Moreau

PNV - Jacques Perrier

La solorine safran pousse aussi dans les combes à neige acides comme calcaires. C’est un lichen facile à reconnaître, de couleur orange vif dessus et vert dessous, il porte des fructifications marron.

Saule herbacé Russule de Norvège

Flore et faune

Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante où ils trouvent à s’alimenter grâce aux particules

PNV - Jacques Perrier

Les basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid sur les glaciers.

Soldanelle des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103

Fiche-milieu n°11

Lichens et champignons


Fiche-milieu n°11

Homme et milieu : un équilibre à trouver Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont synonymes d’exploits sportifs. La randonnée sur glacier fait de plus en plus d’adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. Peisey-Nancroix n’échappe pas à cette tendance et les guides encadrent des courses d’initiation au glacier du Grand Col comme des courses de glaciers et rochers plus difficiles au sommet du mont Pourri.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Patrick Folliet

Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Plusieurs espèces végétales et de champignons rares ne sont présentes que dans les combes à neige.

Mont Pourri et glacier du Geay

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Évolution et transformation du milieu Les glaciers de Peisey-Nancroix n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer. Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques, avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier. Situées dans les creux en versant nord, les combes à neige sont souvent le lieu de réception des gares de départ de télésièges. Les dégâts occasionnés sur les peuplements de saules rampants y sont alors irréversibles à une échelle de temps humaine, la dynamique de la végétation y étant extrêmement lente.

Propositions de gestion Tout équipement des combes à neige, milieux rares et souvent de faible étendue, est à éviter, et des solutions de remplacement devront être étudiées. À l’instar des éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.


Sommaire

Fiches-milieux - Conclusion

Conclusion des onze grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre l’intégralité du territoire de la commune de Peisey-Nancroix. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel ou tel habitat est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque, elle résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines. La diversité de ces richesses naturelles participe à la protection contre les aléas climatiques. Elle génère des ressources propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les peiserots. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments clés de la gestion

PNV - Régis Jordana

L’ensemble

Les paysages, une imbrication subtile de milieux différents (au premier plan, le hameau de Nancroix)

et de l’aménagement de son territoire. À Peisey-Nancroix, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte. Le premier cas concerne les milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée prioritairement à tout projet de gestion (agricole, forestière) ou d’aménagement (touristique, urbanistique). Le second cas se rapporte aux milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières. Parmi les premiers milieux, on citera toutes les petites zones humides de vallée ou d’altitude (marais, tourbières, ripisylves), certaines falaises et les pelouses alpines de

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105


Fiches-milieux - Conclusion

crête qui hébergent des espèces rares, parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats* forestiers. Les pelouses de crête sont sensibles aux aménagements, au piétinement et au surpâturage. Certaines falaises sont le refuge d’une faune sensible (rapaces). Ces milieux devraient être protégés de tout équipement touristique et sportif permanent et leur fréquentation contrôlée en période de nidification. En dehors de toute destruction directe, les zones humides craignent une modification de leur hydrologie, l’apport de matières organiques ou minérales et une trop forte fréquentation. Les ruisseaux et les torrents souffrent quant à eux d’une mauvaise gestion des effluents domestiques et agricoles. La mise aux normes de la station d’épuration est en cours d’étude, un équipement nécessaire qui devrait gommer les insuffisances du système actuel lors des pics de fréquentation.

Les prairies de fauche de vallée constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole et touristique de la commune (besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne). Elles ne pourront absorber indéfiniment des restitutions organiques croissantes, sous peine de perdre toute valeur agricole, paysagère et écologique. Leur capacité d’absorption dépassée, elles finissent par rejeter dans le milieu (rivières et nappes souterraines) le surplus de matières organique et minérale. D’ores et déjà les prairies situées à proximité des exploitations, qui supportent de fortes

PNV - Frédéric Fima

Il paraît important, si l’on veut conserver une part de la biodiversité spécifique des

prairies de fauche, d’en entretenir un certain nombre de façon extensive (fumure modérée, fauche tardive). Le cas des prairies de fauche d’altitude est différent. Leur intensification ne semble pas judicieuse et ne correspond pas à leur utilisation traditionnelle. Une relance du foin d’altitude, si elle était financièrement aidée, serait favorable sur les plans paysager, fourrager, faunistique et floristique. Des expériences sont menées en ce sens par le Parc national de la Vanoise dans le cadre du programme “Opération Locale” en Maurienne.

La protection hydrologique…

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Concernant les forêts, on a cité les besoins de diversifier les peuplements et d’assurer un meilleur contrôle de la fréquentation touristique, celle-ci pouvant endommager la régénération naturelle et entraîner le dérangement de la faune, principalement en hiver et au printemps.

En conclusion, il apparaît que la question de l’eau et des rivières dans son ensemble, que ce soit au niveau de la qualité comme de la quantité, résume à elle seule l’essentiel des questions les plus impotantes en matière d’intégration des questions d’environnement à la gestion du territoire peiserot. Les actions nécessaires de préservation des zones humides et de leur rôle tampon, de protection de la ressource en eau au travers d’une meilleure gestion des effluents agricoles et domestiques et de respect du torrent et de ses affluents, auront des implications sur l’ensemble des milieux naturels de Peisey-Nancroix.

PNV - Frédéric Fima

Pour la plupart de ces milieux naturels et semi-naturels, qui peuvent être l’objet de pratiques agricoles, forestières, ou

d’équipements touristiques, la commune dispose de leviers d’action lui permettant de prendre en compte la préservation de l’intérêt naturel de ces milieux et les enjeux économiques qui y sont liés. Avant d’être adoptée définitivement, il faudra veiller à ce que chaque action retenue en faveur d’un milieu naturel remarquable, ne se fasse pas au détriment d’autres milieux ou espèces intéressantes.

…une priorité à Peisey-Nancroix

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107

Fiches-milieux - Conclusion

concentrations de bétail, donnent des signes inquiétants de dégradation (apparition des orties et de la rhubarbe des moines). Une réflexion locale, visant notamment à obtenir une meilleure adéquation des effectifs bovins aux capacités fourragères et aux surfaces disponibles, permettrait la recherche de solutions de type agri-environnemental. Les Contrats d’Agriculture Durable (CAD), surtout s’ils sont portés par des structures collectives agricoles, pourraient constituer un levier efficace vers une meilleure intégration des exploitations agricoles au contexte local (diminution de la charge à l’hectare, transhumance hivernale d’une partie du troupeau, aide à la production de foin local, etc).


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


Sommaire

Fiche-espèce n°1

Les génépis

Parmi

les trois espèces de génépis présentes en Vanoise, génépi des glaciers (Artemisia glacialis), génépi vrai (Artemisia genipi) et génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube.

inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige) fleurs jaunes, poilues à l’extrémité

PNV - Michel Delmas

feuilles toutes pétiolées

Génépi jaune

inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact fleurs jaunes non velues

PNV - Louis Bantin

feuilles sans pétiole

Génépi vrai

fleurs jaune doré, non velues

PNV - Philippe Benoît

inflorescence formée de capitules disposés à l’extrémité de la tige en tête plus ou moins arrondie

Génépi des glaciers

Regard sur quelques espèces - 111


Fiche-espèce n°1

Écologie

Menaces

Ces trois espèces de génépi sont des plantes vivaces. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu’à 3 000 m d’altitude. Leurs racines ne sont pas très profondes. Lors d’une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent à Peisey en juillet et août. Le génépi des glaciers semble être absent de Peisey-Nancroix.

Les génépis sont victimes d’une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée. L’arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de leurs populations. La surexploitation et l’arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La cueillette des génépis est réglementée en

Les

PNV - Christian Balais

populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l’arc alpin. En France, le génépi vrai est également présent dans les Pyrénées. Ces trois plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les touristes, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation.

Le génépi vrai dans son biotope

Protection et propositions de gestion Italie, en Suisse et dans la plupart des départements alpins français. Ce n’est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre, hormis dans les espaces protégés (parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté de biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis dans certaines communes, la cueillette du génépi avait été limitée à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la “ressource”. Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l’ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d’une touffe mais en laisser systématiquement quelquesuns afin d’assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.

Le saviez-vous ? • Le génépi vrai ou génépi mâle est utilisé depuis le Moyen Âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Il faut en consommer avec modération, dans la mesure où le génépi présente la particularité d’être un tonicardiaque.

112 - Regard sur quelques espèces


Sommaire

Fiche-espèce n°2

L’orchis nain des Alpes

Comme la plupart des plantes de haute montagne, l’orchis nain des Alpes ou chamorchis des Alpes (Chamorchis alpina) se caractérise par sa très petite taille. C’est la plus petite des orchidées d’Europe et l’on peut difficilement la confondre avec une autre, de par sa morphologie et son biotope. Seul l’orchis grenouille (Coeloglossum viride), qui pousse également à Peisey-Nancroix pourrait éventuellement porter à confusion aux yeux d’un néophyte. Contrairement à celui-ci, l’orchis nain des Alpes est une espèce protégée.

plante entièrement verte ne dépassant pas 10 cm 4 à 12 fleurs en épi lâche fleurs très petites vert-jaunâtre à “casque” parfois lavé de brun-rouge, non prolongées par un éperon

labelle entier

PNV - Philippe Benoît

feuilles étroitement linéaires atteignant le sommet de la plante ou le dépassant

plante de 5 à 20 cm de hauteur feuilles basales ovales larges de 1 à 5 cm, n’atteignant pas l’inflorescence feuilles verdâtres à labelle parfois lavé de pourpre

PNV - Maurice Mollard

Orchis nain des Alpes

labelle nettement trilobé Orchis grenouille

Regard sur quelques espèces - 113


L’orchis nain des Alpes est une plante vivace de haute montagne qui se développe, en Savoie, à la fois dans les pelouses alpines à végétation rase et/ou clairsemée des crêtes ventées (avec la dryade à huit pétales) et les gazons nains des zones humides. C’est une espèce de pleine lumière qui affectionne surtout les substrats calcaires. À Peisey-Nancroix, elle est présente sur terrain plat ou pentu, entre 2 000 et 2 700 m d’altitude. On la rencontre notamment sous l’aiguille Motte, au col de la Croix des Frêtes et au col de la Tourne. Sa floraison s’observe aux mois de juillet et d’août, période pendant laquelle elle est pollinisée par divers petits insectes.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

L’orchis

nain des Alpes est une espèce boréoalpine* strictement européenne. Elle est présente dans les Alpes, les Carpates et les montagnes scandinaves où elle est toujours très localisée. Bien que présente en France dans six départements alpins (depuis la Haute-Savoie jusqu’au Alpes-Maritimes), l’orchis-nain des Alpes y est toujours rare.

Menaces

La discrétion de cette orchidée naine en fait une plante peu convoitée par les cueilleurs. Elle est relativement peu menacée, si ce n’est par destruction de ses biotopes pour l’aménagement de remontées mécaniques et les terrassements pratiqués pour les pistes de ski.

Protection et propositions de gestion

L’orchis nain des Alpes est protégé.

PNV - Louis Bantin

Fiche-espèce n°2

Écologie

L’orchis nain des Alpes dans son biotope

Son maintien passe notamment par le strict respect des stations de l’espèce lors des projets d’aménagement en altitude. Il nécessite également que les zones humides où il pousse ne soient pas drainées, ni lors de ces mêmes projets, ni par les pratiques agricoles (lire la fiche-milieu n°8).

Le saviez-vous ? • Ce sont de petits diptères qui assurent la pollinisation de l’orchis nain des Alpes. • Le nom chamorchis vient du grec chamai qui signifie “nain, à terre”. • Il existe environ 150 espèces différentes d’orchidées en France. • Alors qu’il n’est présent en Haute-Savoie que sur les crêtes ventées et dans les Alpes du Sud qu’en zones humides (marécages subalpins et alpins), l’orchis nain des Alpes pousse en Savoie dans ces deux biotopes différents, phénomène assez rare sur son aire de répartition.

114 - Regard sur quelques espèces


Sommaire

Fiche espèce n°3

Le lis orangé

Appartenant à la famille botanique des liliacées, le lis orangé (Lilium bulbiferum ssp. croceum) et le lis martagon (Lilium martagon) sont caractérisés par leur grande taille atteignant jusqu’à 90 cm, ainsi que leurs grosses fleurs. Admirées pour leur beauté, ces deux espèces fleurissent à Peisey-Nancroix. Alors qu’elles étaient toutes deux assez communes autrefois, le lis orangé est aujourd’hui devenu rare en Vanoise.

plante de 30 à 80 cm de hauteur

1 à 6 fleurs dressées à l’extrémité de la tige

fleurs très grandes, orangées ponctuées de brun

feuilles lancéolées, alternes

PNV - Patrick Folliet

tige anguleuse feuillée jusqu’aux fleurs

fleurs penchées, en longues grappes Lis orangé fleurs roses piquetées de pourpre

PNV - Emmanuelle Foray

pièces florales recourbées plante de 60 à 90 cm de hauteur

Lis martagon

Regard sur quelques espèces - 115


Protection et propositions de gestion

Le lis orangé est une plante vivace des étages montagnard et subalpin. Il affectionne la chaleur des versants d’adret et pousse sur les rochers, dans les pelouses, les forêts claires et les lisières forestières. À Peisey-Nancroix, il fleurit en juin-juillet en rive droite du Ponthurin entre 1 550 et 1 900 m d’altitude.

Cette

espèce ne bénéficie pas de statut particulier. Pourtant, le lis orangé comme le lis martagon appartient à la liste des espèces végétales dont la cueillette peut être réglementée voire interdite par arrêté préfectoral. Dans les Hautes-Alpes, les Alpes de Haute Provence et l’Isère, des arrêtés préfectoraux interdisent totalement la cueillette du lis orangé et limite celle du lis martagon à une poignée par personne, ceci assure la préservation de ces espèces.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Le lis orangé est une espèce propre aux régions montagneuses du centre de l’Europe. En France, elle est présente dans le Jura, les Alpes et dans le nord de la Corse. En Vanoise et plus généralement en Savoie, elle a beaucoup régressé et peut être considérée comme rare aujourd’hui. La beauté du lis orangé en fait une espèce de grand intérêt horticole, qui a été récoltée pour être cultivée.

Menaces

Sur toute son aire de répartition française, cette espèce est devenue rare à la suite d’arrachages excessifs et aujourd’hui, on ne la trouve plus dans les situations accessibles. La destruction de son habitat par les aménagements est aussi une menace à ne pas négliger.

PNV - Frédéric Fima

Fiche-espèce Fiche espèce n°3

Écologie

Pieds de lis orangé surplombant la vallée du Ponthurin

Le saviez-vous ? • Le lis orangé est cultivé comme plante ornementale. • Il existe deux sous-espèces de lis orangé. La sous-espèce “bulbiferum” présente dans les Alpes orientales possède des bulbilles qui se développent à l’aisselle de ses feuilles. Ceux-ci, une fois tombés au sol, germent et redonnent de nouveaux pieds, assurant ainsi la reproduction du lis. La sous-espèce “croceum” qu’on rencontre en Savoie ne présente pas une telle particularité.

116 - Regard sur quelques espèces


Les androsaces : alpine, helvétique et pubescente Ces trois espèces d’androsace présentes à Peisey-Nancroix : androsace alpine (Androsace alpina), androsace helvétique (Androsace helvetica) et androsace pubescente (Androsace pubescens), se caractérisent par leur tige qui porte des feuilles groupées en rosette dense au sommet des rameaux.

plante naine en touffes lâches

feuilles vertes munies de poils étoilés à l’extrémité de la face supérieure

fleurs (7 à 9 mm de diamètre) sessiles, roses ou blanchâtres, avec une gorge jaune

PNV - Philippe Benoît

plante naine en coussinets très denses et bombés

Androsace alpine

fleurs (4 à 6 mm de diamètre) sessiles, blanches à gorge jaune

feuilles minuscules densément appliquées, couvertes de poils courts, simples

PNV - Christophe Gotti

plante naine en touffes lâches

Androsace helvétique

PNV - Philippe Benoît

fleurs (4 à 6 mm de diamètre) brièvement pédicellées, blanches parfois roses, à gorge jaune

feuilles vert clair couvertes de poils hérissés, simples ou parfois fourchus Androsace pubescente

Regard sur quelques espèces - 117

Fiche-espèce n°4

Sommaire


Fiche-espèce n°4

Écologie

Ces

PNV - Philippe Benoît

trois androsaces sont des plantes vivaces. Elles occupent les mêmes types de milieux : éboulis, moraines et rochers aux étages subalpin, alpin et nival. L’androsace helvétique a la particularité de ne pousser que sur des rochers calcaires. L’androsace pubescente affectionne également les substrats calcaires, alors que l’androsace alpine se trouve toujours sur un sol siliceux aux éléments fins et bénéficiant d’une forte humidité de printemps. Leur floraison s’échelonne dans le temps : l’androsace helvétique de mai à juillet, l’androsace pubescente en juin-juillet, et l’androsace alpine en juillet-août.

À Peisey-Nancroix, la nature du substrat est majoritairement siliceuse. De fait, l’androsace alpine est assez bien représentée. Elle est connue entre 2 500 et 3 300 m d’altitude dans les moraines siliceuses du mont Pourri par exemple, en contre-bas du Pas de l’Échelle ou au col de la Sache. L’androsace helvétique est connue dans trois stations sur sol calcaire en particulier vers le col du Palet entre 2 810 et 2 900 m d’altitude, l’androsace pubescente a été signalée sur l’arête du Chardonnet et sous le dôme des Platières à 2 900 m d’altitude.

L’androsace helvétique dans son biotope

118 - Regard sur quelques espèces


L’androsace

alpine est une espèce endémique* des Alpes : on ne la trouve qu’en France, Suisse, Autriche et Italie. Elle est connue en France dans six départements alpins, depuis la Haute-Savoie jusqu’aux Alpes-Maritimes. Bien qu’à aire restreinte, elle est assez abondante en Vanoise. Beaucoup plus rare, l’androsace helvétique ajoute l’Allemagne à sa distribution européenne. Elle est très localisée en France dans sept départements alpins (avec la Drôme), ainsi que dans les HautesPyrenées où elle est rarissime. L’androsace pubescente a la même distribution que la précédente dans les Alpes

française, elle est présente en plus, dans les deux départements de l’est pyrénéen. Sa distribution européenne couvre la Suisse, l’Italie, la France et l’Espagne. En Savoie, elle est rare et toujours en petites populations. Elle est présente dans une dizaine de communes de Vanoise et dans les massifs de l’Arvan-Villard, des aiguilles d’Arves et des Grandes Rousses.

Menaces

En raison des caractéristiques de leur habitat, ces trois androsaces sont des espèces peu menacées, même s’il ne faut pas exclure d’éventuels aménagements, ainsi que les prélèvements effectués par les collectionneurs de plantes rares.

Distribution des trois androsaces en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 119

Fiche-espèce n°4

Intérêts biologiques et valeurs d’usage


Fiche-espèce n°4

Distribution des trois androsaces à Peisey-Nancroix

Protection et propositions de gestion

Ces trois espèces sont protégées par la loi française. L’inaccessibilité de leurs stations, en particulier pour les androsaces pubescente et helvétique, leur assure une protection

physique. Elle ne sont connues qu’en zone centrale du Parc. En revanche, pour l’androsace alpine, dont certaines stations existent en zone périphérique, un suivi de leurs populations et un porter à connaissance sont nécessaires pour la protéger des aménagements et des cueilleurs.

Le saviez-vous ? • La forme en coussinet de l’androsace helvétique est particulièrement adaptée aux conditions extrêmes qu’elle rencontre. Cette architecture ramassée lui permet de résister au vent et à l’évaporation. En hiver, le cœur de la plante, composé des feuilles sèches étroitement imbriquées des années passées, lui offre une protection contre le gel, de même qu’il permet à la plante de constituer son propre humus.

120 - Regard sur quelques espèces


Sommaire

Fiche-espèce n°5

La laiche à petite arête

Il existe de très nombreuses espèces “d’herbes” d’apparence similaire pour le non-spécialiste. Parmi elles, la famille des cypéracées regroupe essentiellement des laiches qui, avec différentes espèces de la famille des joncacées, constituent la majeure partie de l’”herbe” des zones humides. Il existe environ 50 espèces de laiches en Vanoise. La laiche à petite arête (Carex microglochin) est protégée et très rare en France.

épis composés d’urticules d’abord dressés puis réfléchis à maturité

écailles brunes

PNV - Philippe Benoît

urticules prolongés par une soie raide

Épi de laiche à petite arête

épi solitaire, fauve clair, long de 1 cm environ

tige dressée, grêle, trigone et lisse

PNV - Philippe Benoît

feuilles enroulées sur elles-mêmes ; ne dépassant pas la moitié de la tige

Laiche à petite arête - plante entière

Écologie

Plante vivace des étages subalpin et alpin, la laiche à petite arête se développe dans les alluvions glaciaires, caillouteuses et humides et les bords des torrents. Elle

affectionne les sols calcaires à neutres. À Peisey-Nancroix, l’espèce est présente vers 2 100 m d’altitude à Plan des Eaux dans les délaissés du Ponthurin. L’inflorescence s’épanouit de juin à août.

Regard sur quelques espèces - 121


Fiche-espèce n°5

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Menaces

Témoin d’époques glaciaires très anciennes,

discrète qui ne présente pas une grande valeur esthétique, elle n’est pas menacée de cueillette. L’interaction directe entre l’homme et cette plante est relativement limitée, mais sa forte dépendance vis-à-vis du milieu très spécialisé dans lequel elle pousse, la rend très vulnérable à toute modification de son habitat. Les pratiques les plus dommageables sont les suivantes : - toute action susceptible de modifier la quantité (barrage, captage, drainage, etc.) ou la qualité (enrichissement de l’eau en matières organiques, etc.) de l’eau qui alimente le milieu, - tout aménagement risquant de détruire le milieu (terrassement pour piste de ski, etc.), - le surpiétinement par les troupeaux.

PNV - Michel Delmas

la laiche à petite arête est une plante relique qui ne se trouve plus que dans la région arctique et dans les Alpes. Cette espèce protégée est présente en France dans seulement cinq départements alpins. C’est une espèce qui est très rare et toujours très localisée.

Tofieldie naine

Elle doit sa rareté au fait qu’elle n’occupe qu’un type de zone humide d’altitude très rare. Il s’agit du Caricion bicolori-atrofuscae. À l’échelle des Alpes, la Savoie abrite une bonne part des stations les plus riches et représentatives de ce type de milieu naturel. Par ailleurs, les sept autres espèces caractéristiques de ce groupement végétal (laiche rouge-noirâtre, laiche maritime, laiche bicolore, trichophore nain, cobrésie simple, jonc arctique et tofieldie naine) sont toutes des plantes arctico-alpines* rares à très rares, protégées et pour six d’entre elles, inscrites au livre rouge national de la flore menacée.

La laiche à petite arête est une petite plante

À Peisey-Nancroix, la laiche à petite arête ne semble pas menacée actuellement.

Protection et propositions de gestion

Du fait de la rareté de son milieu, la laiche à petite arête a été classée espèce protégée. Afin de pérenniser ses populations, il faut préserver son milieu de vie en garantissant la quantité et qualité de l’eau dont elle dépend. C’est un des objectifs de la mise en place du réseau Natura 2000.

Le saviez-vous ? • Les feuilles des laiches sont souvent riches en silice, ce qui les rend coupantes et peu consommables par le bétail. • Deux autres espèces, présentes en Savoie, peuvent être confondues avec la laiche à petite arête. On les distingue par l’écologie pour la laiche pauciflore qui vit sur les sphaignes, et par la présence d’un épi mâle terminal pour la laiche puce.

122 - Regard sur quelques espèces


Sommaire

Fiche-espèce n°6

La primevère du Piémont

Il

existe environ une cinquantaine d’espèces de primevère en Europe. Parmi les nombreuses espèces à corolle rose, trois d’entre elles sont assez proches : la primevère du Piémont (Primula pedemontana), la primevère hérissée (Primula hirsuta) et la primevère à larges feuilles (Primula latifolia).

plante de 7 à 15 cm

inflorescence dressée

corolle de rose pourpre à gorge blanche non farineuse

hampe florale plus longue que les feuilles

feuilles presque ovales, entières ou un peu dentées, graduellement atténuées en pétiole, disposées en rosette

PNV - Philippe Benoît

feuilles bordées de poils à glande rougeâtre

Primevère du Piémont

corolle rouge violet uni à gorge un peu farineuse

plante de 2 à 8 cm

hampe florale plus longue que les feuilles

feuilles ovales arrondies, dentées, brusquement rétrécies en pétiole

feuilles elliptiques longues, dentées, atténuées en coin

PNV - Michel Delmas

hampe florale plus courte que les feuilles

feuilles couvertes de longs poils à glande incolore Primevère hérissée

plante de 5 à 15 cm

PNV - Alfred Moulin

corolle pourpre clair à gorge blanche non farineuse

feuilles couvertes de poils courts à glande incolore Primevère à larges feuilles

Regard sur quelques espèces - 123


La primevère du Piémont est une plante vivace de montagne (étages subalpin et alpin). Elle affectionne principalement les falaises et rochers siliceux. Sa floraison a lieu en mai et juin. À Peisey-Nancroix, la primevère du Piémont pousse depuis 1 650 jusqu’à 2 900 m d’altitude, en rives droite et gauche du Ponthurin. Elle est présente dans les rochers siliceux de la crête des Platières, vers la combe du Trovet, etc.

PNV - Félix Grosset

Fiche-espèce n°6

Écologie

La primevère du Piémont dans son biotope

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Plante

des Alpes sud occidentales, la primevère du Piémont a une aire de

répartition très restreinte, et elle n’est présente que dans deux pays : la France et l’Italie. Rare sur le territoire français, elle n’est connue qu’en Savoie et dans les HautesAlpes. En Savoie, elle est bien représentée en

Distribution de la primevère du Piémont en Vanoise

124 - Regard sur quelques espèces


Fiche-espèce n°6 Distribution de la primevère du Piémont à Peisey-Nancroix

Haute- Tarentaise et en Haute- Maurienne où elle peut constituer localement des populations abondantes. Elle ne semble pas dépasser à l’ouest une ligne Macôt-Orelle. À Peisey-Nancroix, la primevère du Piémont atteint une densité de population élevée.

sports d’hiver, infrastructure routière, équipements électriques et hydrauliques).

Protection et propositions de gestion

La

Menaces

La primevère du Piémont est une espèce globalement peu menacée, qui craint essentiellement les aménagements (stations de

primevère du Piémont est une espèce protégée, rare. Comme pour toutes les espèces protégées, sa préservation passe par la surveillance de ses populations et un porter à connaissance auprès des aménageurs de la présence de l’espèce.

Le saviez-vous ? • La station de primevère du Piémont de Peisey-Nancroix située à 2 900 m est une des plus haute connue. À Peisey-Nancroix, la primevère du Piémont est l’espèce la plus citée parmi celles qui font l’objet de prospections de la part des gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise (93 observations entre 1994 et 2002, dont 13 en 1999 et 73 en 2001).

Regard sur quelques espèces - 125


La gentiane pourpre

Il existe une quinzaine d’espèces de gentiane en Vanoise. Parmi celles-ci, la gentiane pourpre (Gentiana purpurea), de coloration rouge violet, se distingue aisément des autres gentianes. La gentiane pourpre fleurit abondamment sur le territoire peiserot, elle fait partie des grandes gentianes comme la gentiane jaune, la gentiane à feuilles d’asclépiade et la gentiane ponctuée, présentes elles aussi à Peisey-Nancroix. taille = 10 à 35 cm fleurs sessiles, groupées au sommet de la tige et à l’aisselle des feuilles supérieures

corolle à 5 lobes et à lobes intermédiaires petits

calice membraneux, violacé, fendu d’un côté jusqu’à la base

corolle rouge pourpre ou cuivrée, faiblement ponctuée de violet

tige grande, dressée, sans ramification, souvent pourprée PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

feuilles brillantes plus ou moins aiguës

fleur jaune ponctuée de points noirs, en cloche Gentiane pourpre feuilles elliptiques, opposées plante de 15 à 60 cm fleur jaune à 5-6 divisions en étoile corolle divisée presque jusqu’à la base

feuilles elliptiques, opposées plante de 50 à 120 cm Gentiane jaune

126 - Regard sur quelques espèces

PNV - Christophe Gotti

fleurs pédicellées

PNV - Michel Delmas

Fiche-espèce n°7

Sommaire

gentiane ponctuée


La gentiane pourpre est une plante vivace des étages subalpin et alpin. Espèce de pleine lumière, elle affectionne les alpages et landes ouvertes sur sol frais pauvre en calcaire. Elle fleurit du mois de juillet au mois de septembre. À Peisey-Nancroix, elle est présente notamment au dessus du lac de la Plagne, à la Sache et aux Mindières. Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Protection et propositions de gestion

Espèce rare en France, ses stations méritent d’être préservées en cas d’aménagements en alpage comme la création ou l’équipement de pistes. Comme pour toutes les plantes ornementales des montagnes, une information auprès du public sur la fragilité de la flore alpine devrait limiter l’impact de la cueillette. Le maintien de l’exploitation traditionnelle extensive des alpages lui est favorable.

L’aire

Le saviez-vous ?

de répartition européenne de la gentiane pourpre couvre certaines montagnes d’Europe en Suisse, Bavière, Italie, Europe centrale et Scandinavie. En France, on ne la trouve que dans les deux départements savoyards ; à Peisey-Nancroix, elle est d’ailleurs en limite sud de son aire. C’est donc une espèce rare même si elle peut être localement abondante Contrairement à la gentiane jaune dont la racine est abondamment récoltée pour sa valeur apéritive, la gentiane pourpre souffre peu de la cueillette en dehors de quelques bouquets.

• Dans les alpages où elles sont toutes deux présentes, les gentiane jaune et gentiane pourpre s’hybrident parfois. La plante hybride est plus élancée et ses fleurs sont plus nombreuses que celles de la gentiane pourpre. Les fleurs sont jaunes abondamment lavées de pourpre. De même, il existe un hybride entre les gentiane pourpre et gentiane ponctuée.

Menaces

Peu appréciée par le bétail, elle est avant

Philippe Freydier

tout sensible à la fermeture de son milieu de vie en cas d’abandon du pâturage. La reconquête d’alpage sur les landes ou l’aulnaie verte peut lui être favorable si ni le feu ni les traitements chimiques ne sont employés.

Hybride gentiane jaune-gentiane pourpre

Regard sur quelques espèces - 127

Fiche-espèce n°7

Écologie


Le bouquetin des Alpes Pratiquement exterminé au début du XXe siècle, le bouquetin des Alpes (Capra ibex ibex) a été sauvé in extremis de l’extinction grâce à l’émergence des idées de protection de la nature en Italie d’abord, puis en Suisse et enfin en France. Aujourd’hui, c’est le seul ongulé protégé dans notre pays. De par son pelage et sa morphologie, il se distingue aisément des autres ongulés sauvages tels que le chamois ou le chevreuil.

Distinction entre les deux sexes

cornes en V, recourbées vers l’arrière, pouvant atteindre 1 m

Cornes quasi lisses

PNV - Rémy Barraud

corps puissant et trapu

pelage sombre en hiver (fauve clair en été)

Bouquetin femelle

PNV - Christophe Gotti

PNV - Ludovic Imberdis

Base des cornes plus grosse avec des protubérances très marquées

Bouquetin des Alpes : mâle adulte

Jeune bouquetin mâle

corps moins trapu que le bouquetin cornes verticales, recourbées vers l’arrière uniquement à leur extrémité PNV - Christophe Gotti

Fiche-espèce n°8

Sommaire

pelage brun roux en été bande brun noir s’étendant des naseaux aux oreilles en barrant les yeux Chamois

128 - Regard sur quelques espèces


L’habitat

du bouquetin est essentiellement rocheux, il évolue en fonction des saisons. Les zones fraîches de haute altitude constituent ses quartiers d’été. En période hivernale, il fréquente les crêtes déneigées par le vent, ainsi que les versants d’adret. Au printemps, lors de la fonte des neiges, les bouquetins descendent pâturer les jeunes pousses puis remontent progressivement au fur et à mesure que la végétation se développe. La période de rut se déroule de fin novembre à début janvier. Elle donne lieu à des comportements très ritualisés entre mâles et femelles. La mise bas a lieu courant juin dans des vires rocheuses isolées et peu accessibles aux prédateurs terrestres. Chaque femelle peut mettre bas un cabri, parfois deux.

(Suisse). Cette opération a été renforcée par un second lâcher de onze individus provenant du noyau originel de HauteMaurienne, effectué en 1980 sur la commune voisine de Champagny-en-Vanoise. Aujourd’hui, la recolonisation naturelle aidant, une population d’environ 600 individus se répartit sur les deux territoires communaux, dont la moitié à PeiseyNancroix selon les quartiers d’hivernage et d’estive. On observe actuellement l’installation régulière d’un petit groupe, en estive, sur le versant nord est du mont Pourri.

Intérêts biologiques Répartition alpine du bouquetin des Alpes en 1998

Une chasse excessive a conduit à l’extermination du bouquetin dans la quasi-totalité de son aire de répartition, pourtant vaste initialement. À la création du Parc national de la Vanoise, en 1963, il ne restait en France qu’une population relictuelle d’une soixantaine d’individus seulement (sur les communes de Termignon et Modane). Au début du XXIe siècle, cet ongulé endémique* de l’arc alpin compte environ 50 000 individus dans toute l’Europe, dont à peu près 6 000 pour la population française, répartis en Savoie (avec 2 000 bouquetins en Vanoise), Haute-Savoie, Drôme, Isère, Hautes-Alpes, Alpes-deHaute-Provence et Alpes-Maritimes. Malgré cette restauration des effectifs, la population française demeure très morcelée. À Peisey-Nancroix, l’espèce a été réintroduite en 1969 à partir de cinq bouquetins provenant de la réserve du mont Pleureur

Menaces

L’interdiction de chasser l’espèce, renforcée ensuite par diverses opérations de réintroduction, a permis d’accroître les effectifs français, mais la recolonisation de certains massifs s’avère lente (caractéristique spécifique au bouquetin, braconnage, etc.). D’autres causes fragilisent ses populations : la transmission de maladies, du fait de la coexistence des troupeaux sauvages et domestiques (ovins et caprins), le dérangement lié à la fréquentation humaine qui crée un stress physiologique, ainsi que les aménagements touristiques sur les sites de mise bas et d’hivernage. Les risques naturels (avalanches, tempête, etc.) sont aussi préjudiciables au bouquetin tout en participant à la sélection naturelle.

Regard sur quelques espèces - 129

Fiche-espèce n°8

Écologie


Fiche-espèce n°8

Protection et propositions de gestion

Le

PNV - Frédéric Fima

bouquetin est une espèce protégée en France. Ce statut de protection est primordial pour la sauvegarde de l’espèce et pour le maintien de ses effectifs. Les efforts de réintroduction dans les différents massifs alpins français ne lui ont pas encore permis d’occuper tous les habitats potentiels et doivent être poursuivis pour garantir la sauvegarde de l’espèce à long terme. Ces

réintroductions doivent s’accompagner de mesures de prévention visant à limiter les transmissions de maladies entre les troupeaux domestiques et les bouquetins, par le biais de traitements curatifs systématiques des animaux domestiques. Ils devraient être appropriés car certains produits vétérinaires peuvent avoir des effets indésirables sur l’entomofaune. Les maladies non réglementées sont à prendre en compte, ainsi que les perturbations liées aux activités humaines.

Harde de bouquetins des Alpes au Plan des Écuries

Le saviez-vous ? • Les sabots des bouquetins sont composés de kératine. Ils sont également munis d’un coussinet anti-dérapant et souple qui facilite les déplacements sur les dalles rocheuses. • La mortalité lors de la première année de vie avoisine 50 %. • Une régulation démographique naturelle des populations de bouquetins intervient en fonction des capacités d’accueil du milieu. En conditions favorables, on assiste à un âge de la première mise bas plus précoce (à partir de deux ans au lieu de trois-quatre ans), à une fréquence de portée gémellaire plus élevée et un taux de mortalité plus faible chez les jeunes.

130 - Regard sur quelques espèces


L’aigle royal L’aigle royal (Aquila chrysaetos) est le deuxième plus grand rapace diurne de Vanoise parmi les huit espèces qui y nichent. Dans les Alpes, les deux espèces avec lesquelles il pourrait être confondu en vol sont le gypaète barbu et la buse variable. Quelques critères simples permettent de lever le doute : le gypaète barbu est plus grand et possède une queue en forme de losange bien marqué, la buse variable, beaucoup plus petite, présente un plumage plus clair et souvent strié de blanc. Bien que ses effectifs progressent dans les Alpes depuis une trentaine d’années, l’aigle royal demeure une espèce rare, localement menacée.

dessus de la tête doré

PNV - Maurice Mollard

bec crochu

plumage brun uniforme, assez sombre

Aigle royal adulte

PNV - Joël Blanchemain

queue longue et légèrement arrondie

Aigle royal adulte en vol

Regard sur quelques espèces - 131

Fiche-espèce n°9

Sommaire


Fiche-espèce n°9

Écologie

En France, l’aigle royal est une espèce sédentaire des massifs montagneux. Couvrant de 60 à 80 km2 en Vanoise, depuis 1 800 m d’altitude jusqu’aux sommets, son domaine vital se compose en grande partie de pelouses alpines, d’éboulis et de parois rocheuses. Ses terrains de chasse sont généralement plus hauts en altitude que son aire située vers 1 900 m où il fait moins froid. Cela facilite aussi le transport des proies vers le nid. En été, il se nourrit en tout premier lieu de marmottes, mais également de lièvres variables, de tétras-lyres, de lagopèdes, de cabris de chamois ou de bouquetin, plus rarement de renards, voire de petits mammifères et d’oiseaux. En hiver, il peut à l’occasion, s’alimenter de carcasses d’animaux tués par les avalanches. Les aires (en moyenne cinq à six par couple) sont principalement situées dans la partie sommitale de falaises, mais des cas de nidification sur conifères ont déjà été observés en Vanoise.

suffisante. L’aiglon prend son envol fin juillet. Il vole ensuite avec les parents jusqu’au début de l’hiver.

Intérêts biologiques

L’aigle

royal est une espèce largement répartie en Amérique du Nord, Europe, Afrique du Nord et Asie. Il est bien représenté en Europe du Nord (Écosse, Scandinavie) et dans les pays méditerranéens comme l’Espagne. En France, ses populations sont estimées à 250-300 couples, soit 4 à 6 % des effectifs européens. Elles se répartissent dans les grands massifs montagneux et leurs piémonts : Alpes et Préalpes, sud du massif Central, Pyrénées et Corbières, Corse. La Vanoise abrite une soixantaine d’individus, dont un peu plus de vingt couples territoriaux. Deux couples reproducteurs sont connus aujourd’hui dans la vallée de PeiseyNancroix où 12 aires sont dénombrées.

Menaces

PNV - Jacques Perrier

En

La marmotte des Alpes, une des proies principales de l’aigle royal

Après les parades nuptiales spectaculaires de février-mars, la femelle pond généralement un à deux œufs durant la première quinzaine d’avril, à quelques jours d’intervalle, le plus faible des deux ne survit que si la nourriture est dispensée en quantité

132 - Regard sur quelques espèces

Vanoise, les principales menaces sont liées au dérangement pendant la période de reproduction (escalade, parapente, survol d’hélicoptères, etc.) qui peuvent entraîner l’abandon des aires, les collisions sur les câbles aériens (électriques et de remontées mécaniques), le vol d’œufs pour la collection ou l’élevage et parfois même le tir au fusil. La disette, les maladies, l’intoxication liée aux métaux lourds et aux pesticides, etc. viennent compléter les causes de mortalité. En revanche, la réglementation concernant la protection de tous les rapaces et les mesures de gestion cynégétique ont contribué à la restauration des populations d’espèces de proies comme les ongulés sauvages, ce qui augmente les potentialités alimentaires dans de nombreux massifs.


Comme

PNV - Alain Chastin

tous les grands rapaces, l’aigle royal est protégé par l’arrêté ministériel de 1981. Il fait partie des espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive Oiseaux – annexe I). La mise en place de dispositifs anti-collision sur certains câbles particulièrement mal placés permettrait de réduire en partie la mortalité de l’espèce. D’autre part, la

présence de l’aigle royal doit être prise en compte systématiquement en préalable à tout équipement de falaises comme les via ferrata pour assurer le succès de la reproduction. Enfin, une information des usagers du milieu naturel, varappeurs et parapentistes, susceptibles de déranger l’aigle royal, particulièrement vulnérable en période de reproduction (d’avril à fin juillet), est également primordiale.

Jeune aigle royal

Le saviez-vous ? • Il incarne la puissance et la gloire. Il est l’emblème de la ville de Genève, de l’impératrice de Russie, de l’empereur et du duc de Toscane et de l’Empire austro-hongrois sans oublier Napoléon I et Napoléon III. Il figure sur les armoiries de la commune de Peisey-Nancroix. • En Vanoise, le taux de reproduction est évalué à 0,6 jeune par couple et par an. Ce chiffre faible est une caractéristique des grands prédateurs. En revanche, l’aigle a une longévité théorique importante d’environ 25 ans. Le suivi d’un des deux couples nicheurs de Peisey, réalisé par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise depuis 1973, a montré que 30 jeunes ont été menés à l’envol, soit un taux nettement supérieur à la moyenne. Cela peut s’expliquer par la fréquence des éclosions doubles et la capacité des adultes à nourrir les deux aiglons jusqu’à l’envol. La présence d’un deuxième couple nicheur est confirmé à Peisey-Nancroix depuis le printemps 2003.

Regard sur quelques espèces - 133

Fiche-espèce n°9

Protection et propositions de gestion


Le damier rouge Le damier rouge (Euphydryas intermedia), ou damier du chèvrefeuille, figure parmi la centaine d’espèces de papillons de jour répertoriée à Peisey-Nancroix. Il existe plusieurs espèces différentes de damier, dont deux d’apparence proche de celle du damier rouge : le damier de l’alchémille et le damier de la succise. Le damier rouge est le plus rare de ces trois papillons.

dessus d’aspect roux, constitué d’un réseau de taches orangées séparées par des veines noires

la présence aux ailes postérieures d’une bande marginale discontinue de taches gris bleuâtre (peu visible sur cette photo), est caractéristique de cette espèce de damier. PNV - Michel Savourey

Autres caractères Large bande orange sans points noirs au bas du dessous des ailes

Le damier rouge ou damier du chèvrefeuille

Femelle un peu plus grande et plus claire que le mâle

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-espèce n°10

Sommaire

Un damier très différent : le damier de l’alchémille (mâle aux taches blanches caractéristiques)

Écologie

Chez cette espèce, l’état larvaire (la chenille) dure environ de la fin août au mois de juin deux ans plus tard : il s’agit de l’unique phase de croissance de l’individu. Suite à la métamorphose complète, le papillon adulte vole de fin juin à juillet, période pendant laquelle il se consacre entièrement à la reproduction. Il pond ses œufs en paquets

134 - Regard sur quelques espèces

au revers des feuilles de chèvrefeuille bleu. Les chenilles se nourrissent de cette plante hôte qui pousse à l’étage subalpin dans les forêts et divers fourrés d’altitude, tels que les boisements clairs d’aulne vert. En Vanoise, ce papillon fréquente les secteurs très humides situés entre 1 600 et 2 000 m d’altitude, qu’il s’agisse de futaies, d’aulnaies vertes ou de zones buissonnantes claires.


Menaces

La répartition européenne du damier du chèvrefeuille se limite à la France, la Suisse et l’Autriche où il est très localisé et rare. Il est aussi présent en Russie. En France, il n’est connu qu’en Savoie et dans une station de chacun des trois départements limitrophes : la HauteSavoie, l’Isère et les Hautes-Alpes. Il y est toujours très localisé et peu abondant. En Vanoise, cette espèce est connue dans une quinze stations (soit dans sept communes de Tarentaise et trois de Maurienne), dont deux sur la commune de Peisey-Nancroix.

Le damier rouge ne souffre, a priori, d’aucune menace précise, dans la mesure où les zones qu’il affectionne sont souvent inexploitées, car humides et difficiles d’accès. Cependant, son milieu de vie peut être l’objet de projets d’aménagement tels que la création des pistes de ski, comme cela a été le cas, à Valmeinier en Maurienne, en 2001/2002.

Protection et propositions de gestion

Bien que rare en France, cette espèce

Aire de vol du damier rouge en Savoie et au voisinage en 2003 (d’après Savourey M., 1994)

ne dispose aujourd’hui d’aucun statut de protection particulier. Ceci tient au fait qu’elle ne semble pas particulièrement menacée, si ce n’est par le réchauffement climatique ou de manière limitée jusqu’à présent, par les aménagements touristiques de la montagne. La conservation de cette espèce de papillon et de ses milieux passe, dans un premier temps, par la poursuite de la recherche de l’espèce sur la commune de Peisey-Nancroix, et plus généralement à l’échelle de la Savoie, afin de mieux définir son statut (effectifs, répartition).

Le saviez-vous ? • Le damier rouge a été découvert pour la première fois en France à Pralognan-laVanoise en 1924-25 par le spécialiste J. Bourgogne. Depuis, l’espèce a été mentionnée dans une vingtaine de localités de Savoie, grâce à l’inventaire coordonné depuis 1985, dans ce département par M. Savourey. • Les populations françaises du damier rouge appartiennent à une sous-espèce alpine, qui est parfois considérée comme une espèce à part entière, distincte et endémique* des Alpes. • Vus de dessus, les damiers, nacrés et mélitées présentent tous une ornementation semblable faite d’un réseau de bandes et de taches noires sur fond orange. C’est l’alternance de bandes jaunâtres plus claires qui permet de différencier les espèces entre elles.

Regard sur quelques espèces - 135

Fiche-espèce n°10

Intérêts biologiques


Le merle à plastron Le merle à plastron (Turdus torquatus) appartient à la famille des turdidés qui regroupe en particulier l’ensemble des merles et des grives, ainsi que des petites espèces comme les traquets. Le mâle se distingue aisément du merle noir et du merle de roche par le croissant blanc bien visible sur la poitrine et par sa taille plus grande. Le merle à plastron est une espèce migratrice bien représentée dans les montagnes de Savoie. Si le mâle se distingue facilement de son congénère le merle noir, la détermination est plus difficile pour la femelle au plumage plus terne.

large croissant blanc sur la poitrine

D’acunto/Panda Photo - Bios

Merle à plastron queue longue et carrée

ventre et flancs nettement écaillés de blanc

pas de croissant blanc sur la poitrine plumage entièrement noir chez le mâle bec jaune F. Cahez - Bios

Fiche-espèce n°11

Sommaire

Merle noir

136 - Regard sur quelques espèces


Fiche-espèce n°11

Écologie qui passe l’hiver dans les montagnes du Haut-Atlas saharien. En France, il affectionne particulièrement les boisements humides de résineux d’altitude, parsemés de trouées et de clairières, mais fréquente également la lande subalpine. C’est un oiseau des étages subalpin et alpin qui supplante le merle noir en altitude. La nidification a lieu de mai à juillet. C’est la femelle qui bâtit le nid dans un épicéa ou un buisson de genévrier nain. Elle y pond quatre à cinq œufs qui éclosent à partir de mi-mai. Cet oiseau principalement frugivore (baies de sorbier des oiseleurs, myrtilles, genévriers) nourrit sa nichée de lombrics et de larves d’insectes. Plus d’un quart des couples entreprennent une seconde ponte, avant la migration pour les quartiers d’hiver.

PNV - Michel Filliol

Le merle à plastron est un oiseau migrateur

Sorbier des oiseleurs

Menaces Intérêts biologiques

Aucune menace particulière n’est à signaler.

Le

Cependant, affectionnant les forêts fraîches de l’étage subalpin, il est dépendant de l’exploitation de ce type de milieu.

merle à plastron est une espèce des montagnes d’Europe et du Moyen-Orient. Deux sous-espèces se répartissent sur cette aire de distribution, l’une localisée en Scandinavie, et la deuxième en Europe centrale. Le merle à plastron est présent en France sur toute la chaîne alpine et les Préalpes, dans les Pyrénées, les Vosges et une partie du Massif central. L’espèce est bien représentée en Vanoise, elle paraît plus commune en Maurienne qu’en Tarentaise.

Protection et propositions de gestion

Autrefois

gibier, le merle à plastron est aujourd’hui protégé par la loi. Pour favoriser la présence du merle à plastron, dans le cadre d’une exploitation forestière, il faut préférer les coupes jardinées aux coupes à blanc, qui lui sont plus néfastes.

Le saviez-vous ? • Pendant la période de mue, au mois de juillet, alors qu’il est incapable de voler, le merle à plastron se dissimule dans les fourrés impénétrables d’aulnes verts ou de genévriers. • Le chant du merle à plastron est plus rauque, plus métallique et plus “haché” que celui du merle noir qui est plus flûté.

Regard sur quelques espèces - 137


Le cristivomer Le cristivomer (Salvelinus namaycush) ou omble du Canada est un poisson de la famille des salmonidés (truite, saumon, etc.) originaire d’Amérique du Nord. C’est l’une des cinq espèces présentes à Peisey-Nancroix, avec la truite arc-en-ciel, l’omble de fontaine et la truite de rivière (ou fario), mais aussi le vairon, une espèce de cyprinidés. Le cristivomer se distingue aisément de ces quatre autres poissons par son écologie, mais aussi sa taille, sa queue fourchue et l’absence de taches noires sur la tête et le corps.

CSP - Henri Carmié

Fiche-espèce n°12

Sommaire

Cristivomer tête fine et pointue

corps parsemé de points blancs plus ou moins gros

Écologie

Le cristivomer est une espèce grégaire. Il est caractéristique des eaux froides, profondes et oxygénées et vit, de ce fait, essentiellement dans les grands lacs d’eau douce. C’est un poisson vorace et à forte croissance (en milieux favorables) qui se nourrit de crustacés, d’insectes aquatiques, de mollusques aquatiques et de poissons (le vairon par exemple). Le frai se déroule

138 - Regard sur quelques espèces

écailles très petites et peu visibles

grande nageaoire caudale fourchue

généralement à l’automne et se déclenche dès que la température de l’eau est inférieure à 10°C. Les œufs d’une taille de 5 ou 6 mm sont pondus sur les fonds caillouteux. L’incubation est longue et varie, selon la température, de 15 à 21 semaines. Les éclosions ont lieu courant mars ou avril. En Savoie, il ne se reproduit qu’occasionnellement, c’est le cas à Peisey-Nancroix au lac de la Plagne où il trouve des conditions de frai favorables.


Lac de la Plagne

Menaces

Il n’y a pas de menace particulière à craindre pour cette espèce “exotique”. En revanche, ce poisson prédateur et piscivore peut occasionner des dommages sur la chaîne alimentaire de certains lacs pauvres de montagne. Entre autre, il peut s’attaquer à des espèces de vertébrés (truites, vairons, têtards) et d’invertébrés indigènes telles que les trichoptères* et les chironomes*. Cette menace est valable pour l’ensemble des espèces exotiques introduites.

Fiche-espèce n°12

D’origine nord-américaine où il est appelé “truite de lac”, le cristivomer occupe la zone comprise entre les grands lacs et l’Alaska. Il a été introduit à la fin du XIXe siècle en Europe (Suède, Suisse et France). En France, ce poisson est présent dans les Pyrénées, dans le Massif central, le Jura et les Alpes (Vanoise et Mercantour), mais le succès de sa reproduction n’est pas avéré dans tous les plans d’eau où il a été introduit.

À Peisey-Nancroix, le cristivomer a été introduit dans le lac de la Plagne en 1964. Depuis, l’espèce s’y développe bien sans qu’aucun nouvel alevinage n’ait été effectué.

PNV - Christian Balais

Intérêts biologiques

Protection et propositions de gestion

Le

maintien d’espèces endémiques* peut s’avérer très incertain dès lors qu’une espèce exotique est introduite dans leur écosystème. De ce fait, on ne peut que déconseiller les lâchers de poissons exotiques dans les sites encore vierges. Il faudrait par ailleurs pouvoir faire un bilan des lacs empoissonnés, afin de déterminer ceux dans lesquels le cristivomer (et tout autre poisson exotique) peut être maintenu sans risque pour la faune des sites en question.

Le saviez-vous ? • La longévité du cristivomer peut dépasser trente ans. • Sa reproduction est tardive et n’intervient pas avant six à sept ans en moyenne. En Vanoise où son écologie et sa reproduction ont été étudiées au lac du mont Coua (2 672 m), sa maturité sexuelle est encore plus tardive, entre sept et neuf ans. • Le cristivomer peut vivre plus de six mois par an sous la glace. • L’estomac d’un cristivomer de 60 cm de long, peut contenir jusqu’à 10 000 larves d’insectes aquatiques (trichoptères* et chironomes*).

Regard sur quelques espèces - 139


Annexes

Annexes


Sommaire

Annexes

Lexique

[1] d’après le Dictionnaire des plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire de l’écologie (Ramade F., 1993) [3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al, 1999) [4] d’après Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988).

oOo

Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Boréoalpin Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Calcicole [1] Se dit d’un végétal ou d’un champignon qui supporte les substrats calcaires ; c’est-à-dire renfermant en quantité notable du carbonate de calcium ou des sels de calcium et de magnésie. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à alcaline. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Chironomes [4] Insectes de la famille des diptères, proche des moustiques. Les larves, rouges, sont aquatiques (ver de vase).

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 143


Annexes

Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Incrustés (Lichens) Lichens en forme de croûtes aplaties, ancrés à la roche par des pseudo racines, les rhizines. Ils peuvent résister à des conditions de luminosité et de sécheresse intenses. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à “fermé” : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessières [1] Formation forestière dominée par les épicéas. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine.

144 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix


Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi-naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Silicicole [1] Se dit d’une espèce qui apprécie les milieux siliceux alors qu’elle redoute les substrats calcaires. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à acide. Spécialiste [2] Désigne un organisme nécessitant un habitat particulier et (ou) qui utilise un type bien défini de ressources (alimentaires par exemple) pour sa survie. Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Trichoptères [4] Famille d’insectes dont le développement larvaire se déroule en milieu aquatique. Les larves se protègent dans des fourreaux faits de graviers ou de brindilles (porte-bois, phryganes).

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 145

Annexes

Relique (ou relicte) glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire.


Annexes

Bibliographie

AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ANCHISI E., BERNINI A., CARTASEGNA N. & POLANI F., 1989.- Genziane d’Europa Gentianes d’Europe. Éd. La Tipotecnica, San Vittore Olona, Italie. 152 p. ANCHISI E., BERNINI A., CARTASEGNA N. & POLANI F., 1987.- Primule d’Europa Primevères d’Europe. Éd. La Tipotecnica, San Vittore Olona, Italie. 136 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection… Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. CHINERY M., 1998.- Insectes de France et d’Europe occidentale. Éd. Arthaud. Paris, France. 320 p. CHAMBRE D’AGRICULTURE DE LA SAVOIE, 1993.- Plan d’épandage de PeiseyNancroix. 52 p. + annexes COLLECTIF, 2001.- CIPRA info. Bulletin d’information de la Commission Internationale pour la Protection des Alpes, trimestriel n°61. Éd. Gutenberg AG, Schaan. 16 p. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p.

146 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix

Sommaire


D’ARGUILAR J. & DOMMANGET J-L., 1998.- Guide des libellules d’Europe et d’Afrique du Nord. L’identification et la biologie de toutes les espèces. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 463 p. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p. DELFORGE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p. FRITSCH R., 1986.- Les aunaies vertes de la Vanoise et leurs cortèges floristiques. Bull. Trimes. des Amis du Parc de la Vanoise, n°54. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. KEITH P. & ALLARDI J., 2001.- Atlas des poissons d’eau douce de France. Éd. Muséum National d’Histoire Naturelle, Patrimoines naturels, n°47. 387 p. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p. LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p. MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, RÉSERVES NATURELLE DE France & MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menaces, statuts biologiques. MNHM. Paris, France. 225 p. MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL DE PORQUEROLLES & MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, 1995.Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires. 486 p + annexes.

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 147

Annexes

DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p.


Annexes

MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 2000.- Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise, Tome XXI. 304 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998- Massif de la Vanoise, site S32. Tome 2 : Fiches descriptives habitats et espèces d’intérêt communautaire. Ed. interne, Chambéry, France. 88 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Cahier technique du Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1993.- Fleurs de Vanoise. Éd. Édisud. Aix-enProvence, France. 318 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1970.- Carte lithomorphologique du Parc national de la Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise, Tome I. p 13-24. PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection. Éd. du Muséum d’histoires naturelles de Bourges. Dépliant. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Ediscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / École Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / École Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. 560 p. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p.

148 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix


SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p. WEBER E., 1994.- Sur les traces du bouquetins d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 176 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 149

Annexes

SAVOUREY M., 1994.- Excursions en Maurienne (Savoie) et précisions sur la répartition d’Euphydryas intermedia wolfensbergeri Frey, 1880. Alexanor, 18 (7). pp. 415-422.


Espèces végétales d’intérêt patrimonial à Peisey-Nancroix

w

q

Les glaciers, les névés et les combes à neige

La partie amont du Ponthurin, les zones humides d’altitude et les lacs

Les pelouses

Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude

L’aulnaie verte et les mégaphorbiaies*

Les forêts

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

La partie basse du Ponthurin, la ripisylve et les zones humides

Les rochers et les falaises

+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +

Les éboulis et les moraines

androsace alpine androsace helvétique androsace pubescente ancolie des Alpes astragale de Lenzbourg cobrésie simple cystoptéris des montagnes gymnadénie odorante laiche à petite arête laiche bicolore laiche de Lachenal lycopode des Alpes orchis nain des Alpes potentille blanc de neige primevère du Piémont pyrole verdâtre sabot de Vénus saule à dents courtes saule glauque saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse silène de Suède petite utriculaire zannichellie des marais

Le village, les hameaux et leurs abords

Les grands types de milieux de Peisey-Nancroix

Protection Livre rouge tome 1

Annexes

Sommaire

w w w

w

q w

+ +

w w

w

+

w w

+

q

w w

q

w

+

w

+ w w w w

w w w w w

Légende w : habitat principal à Peisey-Nancroix q : autre habitat à Peisey-Nancroix

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

150 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix


(noms français par ordre alphabétique)

Flore ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français

Nom scientifique

amanite phalloïde

Amanita phalloides

amanite tue-mouches

Amanita muscaria

bolet blafard

Boletus luridus

bolet orangé

Leccinum aurantiacum

brun lichen d’Islande = lichen des rennes

Cetraria islandica

chlamydomonas des neiges

Chlomydomonas des neiges

clitocybe (= lyophylle) aggrégé

Lyophyllum decastes

collybie comestible

Strobilurus esculentus

conocybe des crottins

Pholiotina coprophila

girolle = chanterelle

Cantharellus cibarius

hydne imbriqué

Sarcodon imbricatus

hygrophore blanc olive

Hygrophorus olivaceoalbus

hygrophore des rives

Hygrocybe riparia

laccaire améthyste

Laccaria amethystina

lactaire zoné aqueux

Lactarius aquizonatus

marasme des Oréades = faux mousseron

Marasmius oreades

morille

Morchella sp.

mycène des cirses épineux

Hemimycena ochrogaleata

peltigère des chiens

Peltigera canina

pholiote des chèvres

Rozites caperatus

rhizocarpe géographique

Rhizocarpon geographicum

rhizoplaca chrysoleuca

Rhizoplaca chrysoleuca

russule de Norvège

Russula norvegica

russule dorée

Russula aurea

solorine safran

Solorina crocea

thamnolia en forme de ver

Thamnolia vermicularis

usnée

Usnea sp.

xanthorie élégante

Xanthoria elegans

Nom patois

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 151

Annexes

Index des noms d’espèces

Sommaire


Annexes

PLANTES SUPÉRIEURES Nom français

Nom scientifique

achillée à grandes feuilles

Achillea macrophylla

achillée naine

Achillea nana

aconit paniculé

Aconitum variegatum ssp. paniculatum

aconit tue-loup

Aconitum vulparia

adénostyle à feuilles d’alliaire

Adenostyles alliariae

airelle à petites feuilles

Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum

airelle rouge

Vaccinium vitis-idaea

ancolie des Alpes

Aquilegia alpina

androsace alpine = a. des Alpes

Androsace alpina

androsace helvétique = a. suisse

Androsace helvetica

androsace pubescente

Androsace pubescens

argousier

Hippophaë rhamnoides

astragale de Lenzbourg

Astragalus leontinus

aulne vert = verne = arcosse

Alnus viridis

azalée naine = azalée des Alpes

Loiseleuria procumbens

benoîte rampante

Geum reptans

botryche lunaire

Botrychium lunaria

bouleau blanc

Betula pendulaBiu

brome dressé

Bromus erectus

brunelle vulgaire

Brunella vulgaris

camarine hermaphrodite

Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum

campanule

Campanula sp.

campanule du mont Cenis

Campanula cenisia

centaurée

Centaurea sp.

centaurée scabieuse

Centaurea scabiosa

charas

Charas sp.

chèvrefeuille bleu = camérisier bleu

Lonicera caerulea

compagnon rouge = silène dioïque

Silene dioica

cobrésie simple

Kobresia simpliciuscula

cystoptéris des montagnes

Cystopteris montana

dactyle aggloméré

Dactylis glomerata

dompte-venin officinal

Vincetoxicum hirundinaria

doradille noire

Asplenium trichomanes

doradille rue-de-muraille

Asplenium ruta-muraria

dracocéphale de Ruysch

Dracocephalum ruyschiana

dryade à huit pétales

Dryas octopetalia

edelweiss = étoile des neiges

Leontopodium alpinum

églantier = rosier sauvage

Rosa canina

èpiia

épicéa

Picea abies

sapiin

épilobe de Fleicher

Epilobium fleischeri

épinard sauvage = chénopode bon-Henri

Chenopodium bonus-henricus

varcouines

épine-vinette

Berberis vulgaris

rodsette

152 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix

Nom patois

granett

drouesey


Nom scientifique

Nom patois

génépi (genépi) des glaciers

Artemisia glacialis

ginpi

génépi (genépi) jaune = g. blanc = g. femelle

Artemisia mutellina = A. umbelliformis

ginpi

génépi (genépi) vrai = g. noir = g. mâle

Artemisia genipi

ginpi

genévrier nain

Juniperus nana

ginévre

gentiane à feuilles d’asclépiade

Gentiana asclepiadea

gentiane de Clusius

Gentiana clusii

djeurona

gentiane de Koch = g. acaule

Gentiana acaulis

djeurona

gentiane des neiges

Gentiana nivalis

djeurona

gentiane jaune

Gentiana lutea

djeurona

gentiane ponctuée

Gentiana punctata

djeurona

gentiane pourpre

Gentiana purpurea

djeurona

gentiane printanière

Gentiana verna

géranium des bois

Geranium sylvaticum

levina

grande berce

Heracleum spondylium

coucoua

grand boucage

Pimpinella major

gymnadénie odorante

Gymnadenia odoratissima

hélianthème

Helianthemum sp.

jonc arctique

Juncus arcticus

kœlérie pyramidale

koeleria pyramidata

laiche à petite arête

Carex microglochin

laiche bicolore

Carex bicolor

laiche brune

Carex nigra

laiche de Davall

Carex davalliana

laiche de Lachenal

Carex lachenalii

laiche fétide

Carex foetida

laiche maritime

Carex maritima

laiche pauciflore

Carex pauciflora

laiche puce

Carex pulicaris

laiche rouge-noirâtre

Carex atrofuscae

laitue des Alpes

Cicerbita alpina

linaigrette à feuilles étroites

Eriophorum angustifolium

linaigrette de Scheuchzer

Eriophorum scheuchzeri

linaire des Alpes

Linaria alpina

lis martagon

Lilium martagon

lis orangé

Lilium croceum

lotier corniculé

Lotus corniculatus

luzule blanc de neige

Luzula nivea

lycopode des Alpes

Lycopodium (= Diphasiastrum) alpinum

marguerite

Leucanthemum vulgare

mélèze

Larix decidua

lorji

merisier à grappes

Prunus padus

truitier

myrtille

Vaccinium myrtillus

loursée

nard raide

Nardus stricta

orchis à larges feuilles = orchis de mai

Dactylorhiza fistulosa = D. latifolia =D.majalis

létichon

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 153

Annexes

Nom français


Annexes

Nom français

Nom scientifique

orchis grenouille

Coeloglossum viride

orchis nain des Alpes = chamorchis des Alpes

Chamorchis alpina

orpin à feuilles épaisses

Sedum dasyphyllum

ortie dioïque

Urtica dioica

oxalis petite oseille

Oxalis acetosella

parnassie des marais

Parnassia palustris

pâturin des Alpes

Poa alpina

pédiculaire du mont Cenis

Pedicularia cenisia

pensée éperonnée = violette à éperon

Viola calcarata

violeta

petite oseille = rumex petite oseille

Rumex acetosella

oxyre

petite pyrole

Pyrola minor

petite utriculaire

Utricularia minor

peuplier tremble

Populus tremula

pigamon des Alpes

Thalictrum alpinum

pin à crochets

Pinus uncinata

piin

pin cembro = arolle

Pinus cembra

arola

pin sylvestre

Pinus sylvestris

pissenlit

Taraxacum officinale

potentille blanc de neige

Potentilla nivea

primevère à larges feuilles = p. visqueuse

Primula latifolia

primevère du Piémont

Primula pedemontana

primevère hérissée

Primula hirsuta

pyrole verdâtre

Pyrola chlorantha

raisin d’ours commun = busserolle

Arctostaphylos uva-ursi

renouée bistorte

Polygonum bistorta

rhododendron ferrugineux

Rhododendron ferrugineum

rubanier

Sparganium sp.

rhubarbe des moines = rhubarbe des Alpes

Rumex alpinus

sabot de Vénus

Cypripedium calceolus

sainfoin des montagnes

Onobrychis montana

sainfoin = esparcette

Onobrychis viciifolia

salsifis sauvage

Tragopogon pratense

sapin blanc

Abies alba

sauge des prés

Salvia pratensis

saule à dents courtes

Salix breviserrata

saule à feuilles émoussées

Salix retusa

saule à réseau

Salix reticulata

saule faux daphné

Salix daphnoides

sodjé

saule glauque

Salix glaucosericea

sodjé

saule herbacé

Salix herbacea

sodjé

saule noircissant

Salix myrsinifolia

sodjé

saxifrage à deux fleurs

Saxifraga biflora

saxifrage fausse diapensie

Saxifraga diapensiodes

saxifrage fausse mousse

Saxifraga muscoides

154 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix

Nom patois

l’ourtia

ptourié brévé quies

sodjé


Nom scientifique

saxifrage faux aïzoon

Saxifraga aizoides

Nom patois

silène de Suède

Silene suecisa

soldanelle des Alpes

Soldanella alpina

sorbier des Alpes = alisier blanc = alouchier

Sorbus aria

ailler

sorbier des oiseleurs

Sorbus aucuparia

tumel

sphaigne

Sphagnum sp.

tamaris d’Allemagne

Myricaria germanica

tofieldie naine = tofieldie boréale

Tofieldia pusilla

trèfle

Trifolium sp.

trichophore gazonnant = cespiteux

Trichophorum cespitosum

trichophore nain

Trichophorum pumillum

triste jaunâtre

Trisetum flavescens

tussilage pas d’âne

Tussilago farfara

invudjujé

vérâtre = hellébore blanc

Veratrum sp.

vaàve

zannichelie des marais

Zannichelia palustris

Faune Nom français

Nom scientifique

accenteur alpin

Prunella collaris

accenteur mouchet

Prunella modularis

æschne des joncs

Aeschna juncea

aigle royal

Aquila chrysaetos

alouette des champs

Alauda arvensis

azuré de la canneberge

Vaccinia optilete

azuré de l’oxytropide

Polyommatus eros

belle dame

Vanessa cardui

bergeronnette des ruisseaux

Motacilla cinerea

blaireau européen

Meles meles

bouquetin des Alpes

Capra ibex

bouvreuil pivoine

Pyrrhula pyrrhula

buse variable

Buteo buteo

caille des blés

Coturnix coturnix

campagnol des champs

Microtus arvalis

campagnol des neiges

Microtus nivalis

campagnol roussâtre

Clethryonomis glareolus

Nom patois

eglai

tachon

torpa

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 155

Annexes

Nom français


Annexes

Nom français

Nom scientifique

cassenoix moucheté

Nucifraga caryocatactes

cerf élaphe

Cervus elaphus

chamois

Rupicapra rupicapra

chevreuil

Capreolus capreolus

chocard à bec jaune

Pyrrhocorax graculus

tsalei

choucas des tours

Corvus monedula

tsovil

chouette de Tengmalm

Aegolius funereus

tsévreta

cincle plongeur

Cinclus cinclus

cordulie des Alpes

Somatochlora alpestris

corneille noire

Corvus corone

corbel

crapaud commun

Bufo bufo

crapot

crave à bec rouge

Pyrrhocorax pyrrhocorax

criquet des pâtures

Chorthippus parallelus

seute

criquet jacasseur

Stauroderus scalaris

seute

cristivomer = omble du Canada

Salvelinus namaycush

damier de la succise

Euphydryas aurinia

damier de l’alchémille

Euphydryas cynthia

damier rouge = damier du chèvrefeuille

Euphydryas intermedia

écureuil roux

Sciurus vulgaris

fadet de la mélique

Coenonympha glycerion

faucon crécerelle

Falco subbuteo

faucon pèlerin

Falco peregrinus

fauvette des jardins

Sylvia borin

fauvette à tête noire

Sylvia atricapilla

fouine

Martes foina

gélinotte des bois

Tetrastes bonasia

gobemouche noir

Ficedula hypoleuca

grand apollon

Parnassius apollo

grand nacré

Argynnis aglaja

grenouille rousse

Rana temporaria

renelli

grive draine

Turdus viscivorus

griva

grive litorne

Turdus pilaris

griva

grive musicienne

Turdus philomelos

griva

gypaète barbu

Gypaetus barbatus

hermine

Mustela erminea

hibou grand-duc

Bubo bubo

hibou moyen-duc

Asio otus

hirondelle de cheminée

Hirundo rustica

hirondelle de rochers

Ptyonoprogne rupestris

lagopède alpin = perdrix des neiges

Lagopus mutus

lérot

Elyomis quercinus

djorhou

lézard des murailles

Podarcis muralis

léjirda

lézard vert

Lacerta viridis

léjirda

lézard vivipare

Lacerta vivipara

156 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix

Nom patois

tsamon

verdache

motchet

fina

parpilloula

tsa-vin

andella


Nom scientifique

Nom patois

lièvre variable

Lepus timidus

liévra

machaon

Papilio machaon

marmotte des Alpes

Marmotta marmotta

martinet noir

Apus apus

mélitée

Genre Mellicta, Melitaea, Didymaeformia

merle à plastron

Turdus torquatus

merle de roche

Monticola saxatilis

merle noir

Turdus merula

mésange boréale

Parus montana

mésange charbonnière

Parus major

mésange huppée

Parus cristatus

mésange noire

Parus ater

moineau domestique

Passer domesticus

moineau cisalpin

Passer domesticus italiae

mouflon de Corse

Ovis gmelini

musaraigne carrelet

Sorex araneus

nacrés

Genres Brenthis, Boloria, Fabriciana…

niverolle alpine = pinson des neiges

Montifringilla nivalis

œdipode turquoise

Oedipoda caerulescens

omble de fontaine = saumon de fontaine

Salvelinus fontanilis

oreillard gris

Plecotus austriacus

rata-volatéji

oreillard roux

Plecotus auritus

rata-volatéji

orvet

Anguis fragilis

perdrix bartavelle

Alectoris graeca

petit apollon

Parnassius phoebus

petite tortue

Aglais urticae

pie-grièche écorcheur

Lanius collurio

pinson des arbres

Fringilla coelebs

pipistrelle commune

Pipistrellus pipistrellus

pipit spioncelle

Anthus spinoletta

pouillot véloce

Phylloscopus collybita

protée = azuré des mouillères

Maculinea alcon

rat taupier = campagnol terrestre

Arvicola terrestris

renard roux

Vulpes vulpes

rougegorge familier

Erithacus rubecula

rougequeue noir

Phoenicurus ochruros

rousserolle verderolle

Acrocephalus palustris

salamandre tachetée

Salamandra salamandra

sanglier

Sus scrofa

solitaire

Colias palaeno

sympétrum noir

Sympetrum danae

taupe d’Europe

Talpa europaea

tétras-lyre = petit coq de bruyère

Tetrao tetrix

tichodrome échelette

Tichodroma muraria

marmouta

merla

mouzey

pardrix

rénart

darbon

Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix - 157

Annexes

Nom français


Annexes

Nom français

Nom scientifique

traquet motteux

Oenanthe oenanthe

traquet tarier = tarier des prés

Saxicola rubetra

troglodyte mignon

Troglodytes troglodytes

truite arc-en-ciel

Oncorhynchus mykiss

truita

truite fario = truite de rivière

Salmo trutta fario

truita

vairon

Phoxinus phoxinus

vipère aspic

Vipera aspis

virgule

Hesperia comma

vulcain

Vanessa atalanta

158 - Découvrir le patrimoine naturel de Peisey-Nancroix

Nom patois

vipéa ou sarpèn


Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin et Philippe Freydier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l’aide d’un groupe de travail : Henri Flandin, Patrick Givelet, Chantal Marchand-Maillet, Yves Marchand-Maillet, Gérard Tresallet, Régis Villibord Commune de Peisey-Nancroix Jean-Paul Ferbayre, Frédéric Fima, Régis Jordana, Clotilde Sagot - Parc national de la Vanoise Comité de lecture : Henri Flandin, Patrick Givelet, Chantal Marchand-Maillet, Yves Marchand-Maillet, Gérard Tresallet, Régis Villibord Commune de Peisey-Nancroix Élisabeth Berlioz, Jean-Paul Ferbayre, Frédéric Fima, Danièle Granger-Cuq, Régis Jordana - Parc national de la Vanoise Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Christian Balais, Patrick Folliet, Irène Girard, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige, Jean-Philippe Quittard Parc national de la Vanoise Bruno Bletton - Cécile Letor - Chambre d’Agriculture de la Savoie Lise Wlérick - Office national des forêts Emmanuelle Folliet, Michel Delmas, Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie PierreArthur Moreau - mycologue Thierry Delahaye - Conservatoire Botanique National Alpin de Gap-Charance Michel Savourey entomologiste Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne Cyrille Deliry - GRPLS Joël Blanchemain, Manuel Bouron - Miramella Manuel Vallat, Fédération de Savoie pour la pêche et la protection du milieu aquatique MarieJo Pétrod - Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt de la Savoie Philippe Gaudry - Centre Régional de la Propriété Forestière de Savoie Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Peisey-Nancroix : Jean-Noël Avrillier, Christian Balais, Marie-Geneviève Bourgeois, Thierry Delahaye, René Delpech, Jean-Paul Ferbayre, Frédéric Fima, Henri Flandin, Alexandre Garnier, Irène Girard, Régis Jordana, Patrice Léraut, Jean-Pierre Martinot, Pierre-Arthur Moreau, Philippe Pellicier, Véronique Plaige, Jean-Philippe Quittard, Clotilde Sagot, Michel Savourey, Nicolas Valy, Régis Villibord. Financement : Conseil Général de la Savoie Parc national de la Vanoise Région Rhône-Alpes Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise Virginie Bourgoin, Emmanuelle Folliet - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio - Grenoble (Isère) Mise en page intérieure : Tribu - Saint Baldoph (Savoie) - Tél.: 04 79 68 97 60 Photos de couverture : - Première de couverture : PNV - Frédéric Fima (paysage de Peisey-Nancroix) - Quatrième de couverture : Aigle royal PNV - Alain Chastin

Damier rouge Michel Savourey

Androsace alpine PNV - Philippe Benoît

Lis orangé PNV - Patrick Folliet

Bouquetin des Alpes PNV - Patrick Folliet

Orchis-nain des Alpes PNV - Philippe Benoît

Merle à plastron D’acunto / Panda Photo - Bios

Gentiane pourpre PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Primevère du Piémont PNV - Philippe Benoît

Impression : Couleurs Montagne - Saint-Baldoph (Savoie) – Tél.: 04 79 28 62 50 - Courriel : couleurs-montagne@wanadoo.fr

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-14-X Dépôt légal : 2e trimestre 2004


Avec le concours financier de :


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