Découvrir le patrimoine naturel de Planay

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PLANAY

DĂŠcouvrir le patrimoine naturel du

PLANAY

DĂŠcouvrir le patrimoine naturel du

Avec le concours financier de :

Commune du Planay


Préface La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent au territoire son identité et son caractère. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune du Planay s’est investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise et du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel du Planay” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire À l’heure où le thème du “Développement Durable” se fait la part belle dans les médias (pour combien de temps ?), les communes du Parc national de la Vanoise doivent renforcer leur conscience d’avoir un rôle majeur à jouer dans la préservation et la transmission de leur (notre) héritage naturel et paysager. Néanmoins, l’espace que constitue le Parc ne doit pas être uniquement pensé en tant que “sanctuaire”, “îlot virginal”, mais comme appartenant à un ensemble plus vaste, en lien privilégié avec les hommes qui vivent en son cœur et à ses périphéries : des hommes, des pratiques traditionnelles et ancestrales, des activités économiques. Notre municipalité, de par l’ouvrage “Découvrir le patrimoine naturel du Planay”, entend s’intégrer dans un esprit de conservation de notre faune et notre flore quotidiennes, mais également dans une volonté de communication et de réflexion sur notre patrimoine commun. Cet ouvrage est, de facto, un outil touristique de découverte mais doit également être pensé comme éducatif et pédagogique pour les jeunes générations : respecter le patrimoine animal et végétal du Parc, c’est se respecter, respecter autrui, et œuvrer pour son propre avenir et celui des générations futures. Il est bon de remercier tous ceux qui ont travaillé pour que ce remarquable document voit le jour ; et n’oubliez pas, chers amis montagnards, lorsque vous serez au pied du Grand Bec, à la Vuzelle ou à la Dent du Villard, que votre lieu de villégiature est notre lieu de vie, et que ce dernier se doit d’être traité avec tout l’égard que l’on peut attendre lorsque l’on pénètre dans un espace patrimonial et préservé. Aujourd’hui la commune, de plus en plus investie dans la dynamique du Parc national, engage des démarches pour s’appeler à l’avenir “Le Planay-en-Vanoise”.

Jean-René BENOÎT, Maire du Planay Mai 2010


Sommaire Préface Le mot du Maire

p. 1 p. 3

Quelles richesses naturelles sur la commune ?

p. 7 p. 9 p. 14 p. 19 p. 25 p. 32 p. 36

Un aperçu général de la commune Dimension économique Paysages du Planay Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie Préambule Fiche-milieu n° 1 : Le village, les hameaux et leurs abords Fiche-milieu n° 2 : Les cours d’eau, les lacs et les milieux humides Fiche-milieu n° 3 : Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Fiche-milieu n° 4 : Les forêts de feuillus et de conifères Fiche-milieu n° 5 : L’aulnaie verte et les landes d’altitude Fiche-milieu n° 6 : Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Fiche-milieu n° 7 : Les pelouses d’altitude et les combes à neige Fiche-milieu n° 8 : Les éboulis et les moraines Fiche-milieu n° 9 : Les rochers et les falaises Fiche-milieu n° 10 : Les glaciers et les névés Conclusion

Regard sur quelques espèces

p. 43 p. 45 p. 46 p. 54 p. 62 p. 71 p. 82 p. 88 p. 95 p. 103 p. 110 p. 117 p. 120 p. 123 p. 124 p. 126 p. 128 p. 130 p. 132 p. 135 p. 138 p. 140 p. 142 p. 145

Fiche-espèce n° 1 : Le lycopode des Alpes Fiche-espèce n° 2 : La saxifage fausse diapensie Fiche-espèce n° 3 : Le lis orangé Fiche-espèce n° 4 : Le sabot de Vénus Fiche-espèce n° 5 : La bruyère herbacée Fiche-espèce n° 6 : Le faucon pèlerin Fiche-espèce n° 7 : Le tétras-lyre Fiche-espèce n° 8 : Le murin à moustaches Fiche-espèce n° 9 : Le chamois Fiche-espèce n° 10 : Le solitaire

Annexes

p. 147 p. 149 p. 153 p. 159 p. 161

Lexique Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces *

(*) Les mots en italique suivi d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau du Planay

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Un aperçu général de la commune La commune du Planay se situe dans la vallée de la Tarentaire, en Savoie, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets : pointe de Méribel (2 833 m), Becca Motta (3 045 m), Grand Bec (3 398 m), pointe du Vallonnet (3 372 m), col du Vallonnet, pointe de Creux Noir (3 154 m), aiguille du Bochor (2 885 m), col et pointe de Leschaux (2 655 m), mont Chevrier (2 038 m), rocher de Villeneuve (2 197 m), col du Golet, col de la Chal et Dent du Villard (2 284 m), avec quatre communes limitrophes : Champagnyen-Vanoise, Pralognan-la-Vanoise, Saint-Bon-Courchevel et Bozel. Le Planay est rattaché administrativement au canton de Bozel. D’une surface de 2 313 ha, Le Planay fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. Une superficie de 296 ha de son territoire est classée dans le cœur du Parc et 2 017 ha se trouvent inclus dans l’aire optimale d’adhésion.

Le Planay, commune du Parc national de la Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9

Présentation

Sommaire


Présentation

Morphologie du Planay

Située à l’est de Moûtiers, en amont du doron de Bozel, la commune du Planay s’étend de part et d’autre du lit du doron de Pralognan, depuis le Villard-du-Planay jusqu’au pont de Pierra Crêpa. Le territoire de la commune se caractérise par sa forte amplitude altitudinale, de 870 m à l’entrée de la commune au droit du doron de Bozel à 3 398 m au sommet du Grand Bec. Ceci se traduit par l’existence de quatre étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par l’étage nival.

CPNS - Virginie Bourgoin

Situé à la confluence des dorons de Champagny et de Pralognan, le Villard-du-Planay est le point de départ du doron de Bozel, qui s’écoule jusqu’à sa confluence avec l’Isère. La vallée du doron de Pralognan s’élève rapidement jusqu’au cœur du massif de la Vanoise. Pendant longtemps, l’ensemble de ce territoire formait une seule et même

La pointe de la Vuzelle

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

entité et ce n’est qu’en 1893 que deux communes distinctes ont vu le jour : Pralognan-la-Vanoise et Le Planay. Autour du Villard-du-Planay, le paysage de fond de vallée témoigne de l’importante activité industrielle du siècle dernier. En remontant le doron de Pralognan, vers le sud, la vallée se resserre au niveau des gorges de Ballandaz (appelées Ballande par les planairains). Une forêt dense couvre le versant ouest de la Tour du Merle et le versant nord de la Dent du Villard. À la sortie des gorges, la vallée est dominée, en rive gauche du doron, par le versant est de la Dent du Villard, abrupt et presque intégralement forestier. Les pentes sont entrecoupées de talwegs bien marqués, les couloirs de Beillard, de Quéfaux et de la Saugine (dite Sauzine), érodés et localement couverts d’aulnaies vertes. En deux localités, sous le chef-lieu et au hameau de la Novaz, le paysage s’ouvre sur quelques petits secteurs agricoles (prairies fauchées et pâturées). La dimension spectaculaire du paysage de ce versant est due à la présence géologique des couches de gypse qui dessinent dans la roche des entonnoirs de dissolution (trous en forme de cratères), bien visibles sur la crête, et des ravinements importants. En rive droite du doron de Pralognan, le versant est plus humanisé, avec en piémont, le chef-lieu et le hameau de Chambéranger, entourés de prairies de fauche et de prairies pâturées. Du chef-lieu à Plan Fournier, l’espace, autrefois couvert de prairies fauchées, tend à se fermer, colonisé par les ligneux. Au-delà, le paysage s’ouvre sur les pelouses d’altitude, les éboulis, les rochers et les glaciers du massif du Grand Bec. C’est au cœur de cet espace, façonné en trois principaux cirques (celui de Fontaine Froide, du Vallonnet et du Creux de la Vuzelle), que trône la remarquable pointe de la Vuzelle (dite Vugelle par les habitants de Chambéranger), qui marque le territoire de la commune par sa présence.


Présentation PNV - Alexandre Garnier

La Dent du Villard

La population

La

découverte d’ossements humains audessus du village du Villard indique que les premières traces de présence humaine sur le territoire de la commune remontent à 4 000 ans avant notre ère. À cette période néolithique, l’occupation n’était probablement que saisonnière.

Ensuite, l’implantation permanente des hommes s’est effectuée dans les fonds de vallée et sur les replats ensoleillés. Alors que les villages de Chambéranger et du Villard étaient vraisemblablement occupés au cours du premier millénaire avant notre ère, ceux du Planay et de la Novaz, du fait de leur durée plus courte d’ensoleillement, ne l’ont été que plus tardivement, proba-

Evolution de la population de la fin du XIXe à nos jours

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11


- La Novaz, situé à 1 100 m d’altitude est le dernier village sur la route de Pralognan-la-Vanoise ; aujourd’hui, il est occupé de façon saisonnière pendant l’été ; - De nombreux hameaux à habitat plus temporaire encore s’étagent dans les montagnettes au-dessus de Chambéranger : Le Gros Murger, La Rochette, Le Mollard, Vers le Saut, Pélapoët et Planfournier ; - Des chalets d’alpage isolés : la Cave de Planfournier, la Vuzelle, vers l’Allée, la Golle, la Lée, Pantemelet, Sur le Vargne, Plan Bois, Plan de la Pô.

La population a augmenté jusqu’à la moitié du XXe siècle : l’épopée industrielle de la vallée de la Tarentaise de la fin du XIXe siècle, et plus localement l’implantation au Villard d’une usine d’électrométallurgie (lire p. 17), se sont traduites par l’installation de populations nouvelles sur la commune. Les mutations économiques et les difficultés rencontrées par les industriels ont entraîné, dès le milieu du XXe siècle, une diminution d’abord puis une disparition pure et simple des activités et des emplois suite à la fermeture de l’usine en 1983 ; très rapidement la courbe démographique s’est inversée, le nombre d’habitants tombant à moins de 350 en 1990. Depuis cette date et jusqu’à nos jours, la démographie progresse à nouveau légèrement et, en 2006, la population compte 427 habitants, soit 78 habitants de plus qu’en 1990.

L’habitat

La

population est répartie en trois pôles principaux, chacun ayant une histoire propre : - le Villard, à 900 m d’altitude, constitue le centre administratif et économique de la commune ; - le chef-lieu du Planay, se situe à 3 km en amont du Villard, en rive droite du doron de Pralognan à 1 130 m d’altitude et de part et d’autre de la route départementale 915 ; - et, étagé dans la pente vers 1 240 m d’altitude, le hameau de Chambéranger, domine le chef-lieu.

L’habitat planérain se compose aussi de hameaux non permanents. Ainsi,

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

CPNS - Virginie Bourgoin

Présentation

blement à partir du premier millénaire de notre ère.

Habitat groupé sur forte pente pour le hameau de Chambéranger


Présentation PNV - Patrick Folliet

Vue sur le hameau du Villard

NAISSANCE DE LA COMMUNE DU PLANAY À la demande de Pralognan dont l’avenir touristique commençait à se dessiner avec les premières ascensions d’alpinistes anglais, et après neuf années d’enquêtes et de débats, la loi du 21 janvier 1893 divisa la commune de Pralognan-Planay en deux communes distinctes : Pralognan et le Planay. Les recherches en archives ne permettent pas aujourd’hui de connaître la véritable histoire de cette séparation et des modalités administratives, si ce n’est que le 18 juin 1893 même année fut voté “le partage des biens communaux de toute nature, en part égale entre les deux communes, conformément à la loi et à l’équité”. Suite à une acquisition foncière de la commune du Planay en 1900, celle-ci est aujourd’hui propriétaire de près de 2 000 ha de terrain sur la commune de Pralognan-la-Vanoise (Ritort, les Nants, les Planettes, etc.), dont 1 424 ha dans le cœur du Parc national de la Vanoise. Longtemps liées par un destin commun, les deux communes vont se tourner l’une vers le développement du tourisme et l’autre vers l’industrie.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13


Présentation

Sommaire

Dimension économique Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le Planay et son hameau du Villard ont vécu principalement de l’agriculture et de la forêt. En 1898, l’implantation de deux centrales hydroélectriques a permis le développement d’une économie industrielle. En ce début de XXIe siècle, l’essentiel de l’économie de la commune du Planay est lié à nouveau à son agriculture, ainsi qu’aux revenus engendrés par l’exploitation hydroélectrique d’Électricité de France. Beaucoup plus marginale, l’activité touristique a aussi sa place dans l’économie locale, valorisant la dimension sauvage et non aménagée du patrimoine naturel planairain.

L’agriculture

Afin

de répondre aux besoins de tous, et alors que la démographie dépassait 850 habitants en 1866, le cheptel de la commune atteignait alors 2 240 bêtes, dont plus de 1 000 bovins, autant d’ovins, près de 400 caprins, quelques cochons, mulets et ânes. À l’image de l’agriculture savoyarde, l’agriculture planairaine est une activité qui a subi une profonde mutation au cours de la seconde moitié du XXe siècle, avec une diminution du nombre d’exploitations, une augmentation de la surface par exploitation et des modifications structurelles des systèmes d’exploitation. Alors que le nombre d’exploitations chutait de moitié entre 1979 et 2000, passant de 16 à 8, la surface agricole utilisée est passée d’une moyenne de 13 à 113 hectares par exploitation. En 2000, la surface agricole utilisée par les exploitants était de 902 hectares hors alpage, dont 333 hectares sur la commune du Planay. Elle est constituée de prairies naturelles fauchées et/ou pâturées qui se situent généralement en-dessous de 1 800 m d’altitude. Les alpages situés sur la commune comprennent aujourd’hui trois unités pastorales, toutes situées en rive droite du Doron de Pralognan : Plan Fournier, La Vuzelle et

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l’Allée. D’une surface totale de 210 ha, ces espaces pastoraux sont situés entre 1 800 et 2 400 m d’altitude environ. La commune du Planay possède d’autres alpages, les Nants et Ritort, situés à Pralognan-la-Vanoise et exploités par des agriculteurs planairains. Dans l’économie agro-pastorale, l’élevage a toujours occupé une place centrale au Planay et reste aujourd’hui encore orientée vers l’élevage de bovins et plus particulièrement de bovins laitiers. En 2000, on recensait 227 bovins, de race Abondance ou Tarine, dont 86 vaches laitières. En intersaison, vaches et génisses exploitent les montagnettes de la Croix (Pralognan-laVanoise) ou les prairies des hameaux en aval de Plan Fournier, en commençant par les parties les plus basses de la vallée puis en montant progressivement vers les alpages. Les génisses sont ensuite inalpées dans les alpages du Planay, tandis que les vaches laitières rejoignent les alpages d’autres communes (alpage de Ritort à Pralognan-laVanoise, fruit commun de Macôt-la-Plagne, etc.). Le Planay se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée (A.O.C.) Beaufort. Le lait produit l’hiver sur le territoire du Planay est collecté par la coopérative laitière de Moûtiers, où il est transformé en fromages : Beaufort, tomme, gruyère, etc.


Présentation PNV - Alexandre Garnier

Vaches au pré à Pélapoët

Le tourisme

Le

Planay a opté pour un tourisme doux basé sur la découverte des paysages et de son patrimoine naturel, plutôt que sur l’aménagement d’infrastructures de ski, souvent impactantes pour les milieux naturels. Les vacanciers en quête de paysages peu urbanisés

PNV - Ludovic Imberdis

Il n’y a plus de troupeaux ovins transhumants au Planay depuis une quinzaine d’années. Quelques apiculteurs amateurs produisent du miel. Les ruches sont installées en divers endroits de la commune (chef-lieu, la Rochette, etc.). La vente de ce miel se fait généralement en direct.

Sentier de découverte «l’homme et la pente» et ses panneaux pédagogiques

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15


Présentation

pratiquent ici la randonnée à pied, en raquettes à neige ou à ski, l’alpinisme, etc. En 2009, la commune compte une cinquantaine de lits touristiques, présents à Chambéranger et au chef-lieu ; ces lits se répartissent entre gîtes ruraux, appartements et résidences secondaires. Situé sur l’itinéraire pédestre du tour de la Vuzelle et sur le tour pédestre de la Grande Casse, le refuge du Grand Bec permet aux ran-

donneurs de dormir en altitude et de poursuivre leur parcours vers les communes voisines. Un recueil de fiches descriptives des six sentiers d’interprétation proposés sur le thème de “l’homme et la pente” présente à la population touristique le rôle qu’a joué la pente dans l’histoire et la culture des planairains et planairaines et la façon dont ils ont progressivement habité la montagne.

ACTIVITES TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DU PLANAY Découverte du patrimoine naturel : - sorties encadrées par des accompagnateurs ou des gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise.

Découverte du patrimoine culturel : - musée de l’électrobus ; - sorties encadrées par des accompagnateurs sur le thème du patrimoine bâti et de l’“homme et la pente” (six sentiers d’interprétation et fiches pédagogiques).

Activités de pleine nature : -

promenade et randonnée en montagne, alpinisme ; escalade sur rochers et cascades de glace ; ski de randonnée et randonnée en raquettes ; VTT et cyclotourisme ; chasse et pêche vol libre (parapente).

L’industrie

Grâce

à sa situation au confluent des Dorons de Champagny et de Pralognan, le hameau du Villard a vu l’implantation des centrales hydroélectriques de Ballandaz en 1898, puis de Champagny en 1911, qui ont permis l’installation d’une usine électrométallurgique (production de sodium par électrolyse en fusion) et d’une usine électrochimique fabriquant de l’acide acétique. La découverte en 1908 à Chambéranger (carrière de quartzite) de siliciure de calcium de très grande pureté, alliage utilisé pour l’affinage de l’acier, a assuré pendant près de 50 ans la renommée mondiale de l’usine.

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Comme ce site industriel n’était pas situé à proximité d’une ligne de transport ferroviaire, l’électrobus a été créé pour relier l’usine de Villard du Planay à Moûtiers, dans la vallée. Il a été en service jusqu’en 1965 et remplaçait le chemin de fer qui n’a jamais pu arriver jusque là. Afin de sauvegarder la mémoire de ce passé industriel, un espace de culture scientifique et industrielle a été aménagé dans l’ancien garage de l’électrobus. Sa vocation est de mettre en scène l’histoire de l’industrialisation en Tarentaise avec un éclairage particulier sur l’usine du Villard. Le Villard a été l’un des centres industriels les plus importants de la vallée de Bozel. L’installation de ces usines et tous les grands


Présentation PNV - Virginie Bourgoin

La centrale électrique de Champagny-Ballandaz au Villard

travaux qui en ont découlé (creusement de canaux souterrains pour acheminer l’eau captée comme le canal de Chavière par exemple) ont modifié les habitudes de vie de toute une communauté montagnarde et ont marqué l’activité professionnelle des

habitants, pour la plupart double-actifs (lire l’encadré ci-après). L’activité de ces usines a commencé à décliner dès le milieu du XXe siècle, et malgré leur rachat par la société Péchiney Électro-

ROLES DEMOGRAPHIQUE ET SOCIO-CULTUREL DES USINES DU PLANAY À l’époque du développement de l’usine, la population locale ne suffisant pas, une première vague d’immigration, en provenance d’Italie, s’est produite vers 1900. Après la première guerre mondiale, la grippe espagnole ayant décimé une partie de la population, une seconde vague d’immigration venue des pays de l’Est (Pologne, Russie) a fourni à l’usine la main-d’œuvre nécessaire à son bon fonctionnement, confortée saisonnièrement par des travailleurs, principalement marocains, venus prêter main-forte aux fours électriques en période de hautes-eaux (de mai à octobre). Beaucoup de ces personnes sont ensuite restées sur place, et se sont bien intégrées à la population locale. L’usine électrométallurgique fonctionnant en continu (selon le fonctionnement horaire des 3 x 8h) a permis l’apparition de l’ouvrier-paysan qui ajoutait son salaire au revenu de sa petite exploitation agricole. Lorsque les stations de sports d’hiver se sont développées dans les communes voisines, cette population ainsi fixée a pu se reconvertir aux métiers du tourisme. Dans les années 1930, le personnel de l’usine a fondé un club de ski (la SHV ou Sports Hiver Villard) pour initier les jeunes à la pratique du ski. L’usine a engagé alors un instructeur à temps plein pour donner des cours de ski aux enfants des écoles et aux adultes : la carrière de nombreux moniteurs de ski a commencé ici. Vers 1940, ce sont des cours du soir que l’usine propose à son personnel pour compléter leur formation : soudure, chaudronnerie, électricité, dessin industriel.

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Présentation

métallurgique, leur production s’est arrêtée définitivement en 1983. Aujourd’hui, l’activité industrielle de la commune se limite aux deux centrales hydroélectriques dites de ChampagnyBallandaz et de Pralognan, et leurs installations annexes : les conduites forcées qui acheminent l’eau retenue au barrage du Planay jusqu’à la centrale électrique et les canaux de fuite (jets d’eau rejetant dans le torrent l’eau turbinée) qui s’échappent des centrales.

Autres

et la forêt était exploitée dans toutes ses potentialités : bois, mais aussi aiguilles de résineux, branches, petits bois mort, etc. Aujourd’hui, même si cette ressource constitue toujours un revenu pour la commune, l’exploitation forestière a fortement diminué (lire p. 77). À l’entrée du hameau du Villard, en lieu et place de l’usine Péchiney qui occupait autrefois une grande partie du territoire bâti, se trouve, mêlé aux habitations, le secteur artisanal qui accueille 10 artisans en 2008 : blanchisserie, menuiserie, ébénisterie, scierie, miroiterie-vitrerie, fromagerie, salaisons, etc.

Autrefois la part des ressources forestières dans l’économie locale était très importante

Les milieux naturels où il n’y a pas d’équipement touristique sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale du Planay repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité des activités pratiquées dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à la nature.

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Sommaire

Présentation

Paysages du PLANAY

© Edition EDY, Viviers-du-Lac. Collection Christian Gros

Paysage d’hier et d’aujourd’hui

PNV - Christophe Gotti

Le Planay en 1950

Le Planay, 58 ans après (en 2008)

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PNV - Thomas Corbet

PrĂŠsentation

PrĂŠsentation photographique des grands types de milieux

Massif de la Dent du Villard vu depuis la Tour du Merle

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PrĂŠsentation PNV - Alexandre Garnier

La pointe de la Vuzelle vue du sentier du col de Leschaux

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PNV - Christophe Gotti

PrĂŠsentation

Alpinistes sur le glacier de la Vuzelle

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Christophe Gotti

Lac du Creux Noir

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24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Patrick Folliet

Vue sur plusieurs hameaux du Planay depuis la Dent du Villard

PrĂŠsentation


Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore du Planay mais, à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle au Planay. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la flore à forte valeur patrimoniale de la commune. On dénombre actuellement au Planay dix espèces de plantes protégées (voir les espèces notées en gras dans la liste des plantes d’intérêt patrimonial p. 159), soit 16 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise.

Lichens et champignons

En Tarentaise, et plus largement en Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Formés par l’association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs des arbres, sur les mousses et en grande quantité à même le sol. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

Plantes rares et menacées l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc

PNV - Jérémie Jourdan

S’il

Sabot de Vénus

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Présentation

Sommaire


PNV - Mylène Herrmann

Présentation

où elle n’est connue qu’en Savoie, HauteSavoie et dans les Alpes-Maritimes ; - la laîche bicolore, une espèce protégée, rare en France et dans tout l’arc alpin.

Laîche bicolore

Parmi les espèces à forte valeur patrimoniale, on recense : - le sabot de Vénus, une espèce protégée en régression en France en plaine ou à basse altitude ; - la bruyère herbacée, une espèce protégée en Rhône-Alpes, localement bien représentée en Maurienne et très ponctuellement en Tarentaise, mais globalement rare en France

Commentaire : L’intérêt floristique d’un territoire dépend du nombre d’espèces végétales connues et de la valeur patrimoniale de chacune de ces espèces. Environ 200 espèces végétales font l’objet d’un inventaire systématique par les gardesmoniteurs du Parc national. Leur valeur patrimoniale est estimée en tenant compte, notamment : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie.

Sensibilités floristiques du territoire communal du Planay - Observations de 1956 à 2008

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Dix-sept espèces patrimoniales sont actuellement recensées sur la commune du Planay (voir la liste des plantes d’intérêt patrimonial p. 159). La répartition par type d’habitat* de ces plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux.

Présentation PNV - Christian Balais

Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est important, et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique d’un territoire est important. En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole (rond orange). Les mailles blanches sont des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce «rare ou protégée» n’a encore été observée.

Edelweiss

- le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, etc. Certaines d’entre elles sont aussi protégées (le sabot de Vénus par exemple).

Plantes utilisées par l’homme

Les Plantes symboliques

Le patrimoine floristique du Planay englobe

PNV - Virginie Bourgoin

aussi toutes les plantes «chères» aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles :

végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation de l’herbe par les troupeaux domestiques, fraîche ou séchée (foin). L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaires, médicinales, décoratives, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

Les plantes à usage pastoral Lis martagon

L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue l’usage actuellement le plus

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27


Les plantes à usage alimentaire

Ortie diabolique

PNV - Christian Balais

Alors que les fleurs de pissenlit sont utilisées pour faire de la confiture, les jeunes feuilles sont utilisées en salade depuis longtemps et encore aujourd’hui. Au printemps, les premières feuilles d’ortie sont utilisées pour faire de la soupe. La myrtille est l’une des baies les plus légères en sucres et en calories. Les planairains les consomment fraîches, en confiture, en sorbet ou en sirop. Les fruits du sureau noir sont utilisés pour faire de la confiture. Avec les ombelles de fleurs laissées à macérer dans du vin, de l’alcool de fruit et du sucre, les planairains produisaient un apéritif. Avec la plante entière de génépi, ils fabriquent aussi un digestif.

PNV - Virginie Bourgoin

Présentation

important d’un point de vue économique et culturel au Planay. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). Par ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : en-dessous d’une certaine altitude, le pâturage contrôle la dynamique naturelle de la végétation des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.

Gentiane jaune

PNV - Christian Balais

Encore aujourd’hui, les racines de gentiane jaune sont arrachées pendant l’automne, séchées, coupées puis mises à fermenter en tonneau pour une distillation qui se déroule l’hiver. Il faut environ 100 kg de racines Pissenlit

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation

pour la distillation d’un litre d’alcool. L’eau de vie de gentiane est consommée traditionnellement en tant que digestif.

Pensée éperonnée

Récoltée en début de floraison et séchée à l’ombre, tête en bas, la reine des prés se consommait également en infusion (feuilles et fleurs) pour soulager les refroidissements et les rhumatismes. Cette boisson, fort

PNV - Frantz Storck

PNV - Christian Balais

Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. Beaucoup de ces principes actifs sont solubles dans l’eau, si bien que les plantes ont été consommées pendant longtemps sous forme de tisanes. L‘identification de ces composés au cours du XIXe siècle, puis leur remplacement par des molécules synthétiques, ont fait de ces tisanes une boisson principalement d’appoint. Par exemple, les fleurs du tussilage pasd’âne ont été très largement utilisées sous forme d’infusions pour lutter contre les infections de l’appareil respiratoire. Les principes actifs trouvés dans cette plante et à partir desquels ont été synthétisés des molécules, sont l’isotussilagine et la tussilagine. Pour vaincre les maux de gorge et la toux, les fleurs de pensée éperonnée (souvent appelée violette) et de bourrache officinale sont consommées en infusion. Les fleurs de la pensée à deux fleurs étaient aussi utilisées pour soigner les maladies de la peau comme l’eczéma et l’herpès par exemple. Les génépis (plantes entières), préparés en infusion, étaient considérés comme le remède miracle contre les coups de froid.

PNV - Jacques Perrier

Les plantes à usage médicinal

Tussilage pas-d’âne

Bourrache officinale

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29


PNV - Christian Balais

Présentation

Génépi vrai

appréciée, avait aussi un effet désaltérant. Son autre nom, la fausse spirée, a donné le nom “aspirine”. La reine des prés contient en effet, comme cette substance chimique, des dérivés salicylés qui ont la propriété d’abaisser la fièvre.

Les fleurs d’arnica des montagnes, aux propriétés anti-inflammatoires, étaient utilisées après macération dans de l’huile pour résorber les hématomes et autres traumatismes sans plaie. Pour soigner les brûlures, les planairains fabriquaient aussi une sorte de teinture à partir des fleurs fraîches mises à macérer longuement dans du vinaigre blanc. Outre ses vertus diurétiques, les baies fraîches de la myrtille étaient aussi consommées parce qu’elles améliorent l’acuité visuelle nocturne. La liste des plantes médicinales est longue. Cependant, aujourd’hui, au Planay, la plupart de ces espèces ne sont plus utilisées ou le sont de façon très marginale.

PNV - Louis Bantin

Les plantes toxiques

Reine des prés

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier, comme l’aconit tue-loup, le colchique et le vérâtre blanc. Ce dernier est facilement confondu avec la gentiane jaune mais ses feuilles, alternes, diffèrent de celles, opposées, de la gentiane jaune.


Présentation PNV - Jacques Perrier

PNV - Frantz Storck

Aconit tue-loup

Colchique des Alpes

L’ortie a la propriété de repousser les insectes comme certains pucerons. Il constitue un engrais biologique et fortifie les plantes et

les arbres. Pour cela, on utilise en pulvérisation, la macération de ses jeunes feuilles dans de l’eau de pluie, macération aussi appelée “purin d’orties”.

Les plantes à autres usages

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31


Sommaire

Présentation

Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune du Planay, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore complet. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres naturalistes permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes. Ainsi, plus de 145 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 50 % des espèces présentes en Vanoise et 34,5 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune du Planay se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée

Parmi la faune vertébrée, certains «groupes» font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés sauvages (bouquetin, chamois), des chiroptères, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

Les mammifères

PNV - Jean-Pierre Martinot

Parmi les 28 espèces présentes sur la commune (soit 44 % de celles présentes en Vanoise), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le campagnol des neiges, le lièvre

Renardeau

PNV - Benoît Deffrennes

variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que la musaraigne carrelet, le renard, le blaireau, la fouine, l’écureuil, le lièvre brun, le sanglier, le cerf, le chevreuil sont aussi présentes. Marmotte alpine

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Joël Blanchemain

Lièvre variable

Chevêchette d’Europe

PNV - Mathieu Beurier

PNV - Mylène Herrmann

Le Planay compte au moins 82 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 123 présentes en Vanoise. 26 autres espèces d’oiseaux sont observées, régulièrement ou exceptionnellement, au cours de leur passage. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la chevêchette d’Europe, le pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune,

PNV - Bruno Descaves

Les oiseaux

Aigle royal

Pipit spioncelle (juvénile)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33


PNV - Mathieu Beurier

Présentation

Lézard vivipare

PNV - Frantz Storck

le crave à bec rouge, la niverolle, le sizerin flammé, - parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également au Planay, différents passereaux : les fauvettes des jardins et à tête noire, plusieurs espèces de pouillots dont le pouillot de Bonelli, les roitelets huppés et triplebandeau, les mésanges : boréale, huppée, noire, charbonnière, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, etc.

PNV - Frantz Storck

Cassenoix moucheté

PNV - Christophe Gotti

Orvet

Bouvreuil pivoine

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, six sont répertoriées au Planay ; quatre espèces de lézards : les lézards vert, vivipare et des murailles et l’orvet et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la couleuvre d’Esculape.

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Frantz Storck

Les reptiles

Vipère aspic


Présentation

Les amphibiens

PNV - Nathalie Tissot

Deux espèces ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : la grenouille rousse et le triton alpestre.

Grand apollon

PNV - Frantz Storck

Certaines sont spectaculaires comme le machaon. Cinq d’entre elles sont protégées : le grand apollon, le solitaire, le damier de la succise, l’azuré des mouillères ou protée et l’azuré du serpolet.

Grenouille rousse

PNV - Frantz Storck

Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets, grillons et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 57 espèces connues sur le territoire du Parc, neuf ont été inventoriées (de manière incomplète) au Planay telles que le criquet des pâtures, la sauterelle cymbalière, l’arcyptère bariolé et la miramelle alpestre.

Triton alpestre

Deux espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau du Planay : la truite de rivière ou truite fario et l’omble de fontaine, une espèce introduite en France pour la pratique de la pêche.

PNV - Joël Blanchemain

Les poissons

Azuré du serpollet

Faune invertébrée la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances (ou des inventaires les plus avancés). Au Planay, seules 48 espèces de papillons de jour ont été recensées, soit 26 % des espèces connues en Savoie.

PNV - Joël Blanchemain

Parmi la faune invertébrée de la commune,

Criquet des pâtures (femelle)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35


Présentation

Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Un Parc national est un “monument” de la nature, reconnu au plan national et international comme un territoire d’exception, tant par ses paysages que par la faune et la flore qu’il abrite. Il comprend un cœur (ancienne “zone centrale”), hautement protégé pour la sauvegarde de la faune, de la flore et du milieu naturel, et une aire optimale d’adhésion (ancienne “zone périphérique”) où des activités d’accueil et de tourisme intégrées sont encouragées.

Ainsi, selon le premier article de la loi n°2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs “un parc national peut être créé à partir d’espaces terrestres ou maritimes, lorsque le milieu naturel, particulièrement la faune, la flore, le sol, le sous-sol, l’atmosphère et les eaux, les paysages et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu’ils comportent présentent un intérêt spécial et qu’il importe d’en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d’en altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution”.

Le Parc national de la Vanoise sur la commune du Planay

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Sommaire


Au sein de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 ha. Près de 53 000 ha sont classés dans le cœur du Parc, espace soumis à une protection forte par une réglementation spécifique.

Le Planay est l’une de ces 29 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans le Parc. La zone protégée, ou cœur du Parc, concerne 12,8 % de la surface de la commune ; elle englobe le sud-est du Planay (voir la carte ci-dessous). Les 87,2 % restants se trouvent dans l’aire optimale d’adhésion.

Réserve biologique domaniale dirigée de la Dent du Villard

Cette réserve englobe toute la forêt domaniale du même nom, dont les terrains ont été acquis par l’État de 1891 à 1894 au titre des lois sur la restauration des terrains en montagne. Elle abrite un milieu rare en Europe : la forêt de pin à crochets sur gypse. Elle couvre une superficie de 310 ha, entre 940 et 2 284 m d’altitude, sur les communes du Planay (11 %), de Saint-Bon-Courchevel et de Bozel.

PNV - Alexandre Garnier

Autour de cette zone s’étend l’aire optimale d’adhésion du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 29 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en continuité avec le Parc national italien du Grand

Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale.

Dent du Villard depuis le chemin sous le refuge du Grand Bec

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37

Présentation

Cette loi ne fait plus mention des termes initialement utilisés de “zone centrale” et “zone périphérique” des parcs nationaux. Il est précisé “qu’un parc national est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes à protéger ainsi que d’une aire d’adhésion”. La zone centrale s’appelle dorénavant “cœur de parc” et la zone périphérique devient “aire optimale d’adhésion”. Celleci deviendra “aire d’adhésion” à l’issue de la décision des communes d’adhérer à la charte du Parc et de concourir volontairement à cette protection.


Présentation

L’Office national des forêts est le gestionnaire de cet espace. Il est chargé de l’application du plan de gestion élaboré pour la période 1999-2014. Les objectifs prioritaires que ce document a mis en évidence sont le maintien en bon état de conservation de la forêt de pin à crochets, l’amélioration des connaissances des richesses naturelles du site et la sensibilisation du public à ce patrimoine naturel d’exception.

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation

des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces d’intérêt particulier dans les espaces naturels. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance européenne. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leurs projets de gestion et d’aménagement du territoire.

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

ZNIEFF de type 1 : - la znieff n°73150007 “Massif de la Dent du Villard et du Rocher de Villeneuve”, qui s’étend sur les communes de Saint-Bon, Bozel et le Planay ; - la znieff n°73150046 “Mont Bochor”, sur les communes de Pralognan-la-Vanoise et le Planay ; - et la znieff n°73150049 “Aulnaie de Champagny”, sur les communes de Champagny-en-Vanoise et le Planay. ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315)

Les ZICO Sur l’ensemble du territoire communal du Planay, plusieurs ZNIEFF ont été inventoriées par les scientifiques :

Une grande partie du territoire du Planay est incluse dans la ZICO n° RA11 «Parc national de la Vanoise» : ce zonage englobe

Délimitation de la ZICO « Parc national de la Vanoise »

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 39

Présentation

Les ZNIEFF


Présentation

toutes les parties hautes de la commune depuis la Dent du Villard à l’ouest jusqu’à la Tour du Merle, en passant par la pointe de Leschaux et le Grand Bec, à l’exclusion du cœur du Parc national ; la limite sud du zonage, située sous la Dent du Villard vers 1 700 m d’altitude traverse le Doron en aval de la Novaz puis rejoint la Tour du Merle en évitant les hameaux de Chambéranger, Plan Fournier et la Golle. L’intérêt ornithologique général de la commune a motivé la délimitation de cette ZICO, du fait notamment de la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, de la gélinotte des bois, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle, de la chevêchette d’Europe, du pic noir et du crave à bec rouge.

Zonage NATURA 2000

Les

directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les États doivent prendre les mesures permettant d’assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale.

Délimitation du zonage Natura 2000

40 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


L’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes «Habitats» et «Oiseaux» constitue, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé «Réseau Natura 2000».

La commune du Planay est concernée par le site Natura 2000 “Massif de la Vanoise” (site désigné S43) qui, au Planay, couvre l’ensemble du cœur du Parc national, ainsi qu’une partie du massif de la Dent du Villard. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire représentatifs des Alpes du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce site a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’État en 1998. Il a été complété en 2006 par un document d’objectifs opérationnel, dont l’élaboration a été pilotée par le Parc national de la Vanoise, en étroite collaboration avec les acteurs du territoire

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 41

Présentation

Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire, qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire.


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici «milieux», qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs du Planay font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (comme les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 45

Fiches-milieux

Préambule


PNV - Yves Brugière

Fiche-milieu n° 1

Le village, les hameaux et leurs abords

A Chambéranger, maison en pignon sur forte pente

Cette fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. Le peuplement de la commune semble avoir commencé sur les villages du Villarddu-Planay et de Chambéranger, les hommes ayant choisi pour s’installer, les fonds de vallée et les replats ensoleillés. Ces villages ont été construits d’une manière groupée dans le souci d’“économiser” les prés et les champs. Le Planay, dont le nom serait dérivé du latin planus, du fait de l’atténuation de la pente qu’on remarque au-dessus du

46 - Les milieux naturels, des lieux de vie

village, est construit autour de la route départementale 915 qui relie Bozel à Pralognan-la-Vanoise. Son habitat, comme celui du Villard, ne répond pas à un, mais à plusieurs types architecturaux différents, témoignant de l’histoire de ces villages. À l’entrée du Villard, la disparition de l’usine Péchiney, qui occupait autrefois une grande partie de l’espace bâti de la commune, a laissé la place à une zone de constructions artisanales et d’habitations. Le village ancien du Villard, à l’habitat bien groupé, se compose de constructions homogènes, à un étage pour la plupart, avec des murs de pierres et des balcons en bois. Il est scindé en deux, de part et d’autre du Doron de Champagny.

Sommaire


Fiche-milieu n° 1 PNV - Christophe Gotti

Le hameau de Chambéranger vu de la Rochette

forêt d’épicéas et de la carrière de quartzite, le bâti traditionnel se caractérise par une maison imposante utilisée pour l’habitat permanent, composé d’une partie habitée par les hommes, d’une étable et d’une

PNV - Alexandre Garnier

Chambéranger est un village typique d’une architecture traditionnelle adaptée à la pente, avec ses ruelles abruptes et étroites en “pierres debout”. Construit avec des matériaux locaux issus notamment de la

Reposoirs à bestiaux envahis par le rumex des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 47


CPNS - Virginie Bourgoin

Fiche-milieu n° 1

Le Villard et ses jardins potagers

grange. Celle-ci répondait aux besoins qui étaient ceux des habitants à l’époque : les hommes, le bétail et le foin devaient y avoir leur place. Traditionnellement, les soubassements des habitations et des granges (quand elles sont séparées de l’habitation) sont construits en pierre et maçonnés au mortier de chaux, afin d’isoler la partie supérieure en bois de la neige et de la pluie. Aux angles des bâtiments, les soubassements en pierre montaient à mi-hauteur ou jusqu’à la toiture afin de reprendre la charge de la toiture, soumise en hiver au poids de la neige. La toiture, généralement à deux pans, est constituée soit d’un mélange de lauzes et de tavaillons, soit de tavaillons seuls, voire de tôles. Le bois est utilisé pour les charpentes, le bardage, les espaces réservés au séchage du foin, les escaliers, les portes et autres petits éléments d’architecture. En dehors de Chambéranger, on rencontre aussi des bâtiments traditionnels dans les montagnettes (Le Mollard, Planfournier, Pelapoët, etc.).

48 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Ailleurs, la forme des habitations s’adapte aux risques naturels. Dans les secteurs avalancheux tels que l’Allée, les constructions étaient implantées sur un léger replat contre un immense rocher censé les protéger du souffle de l’avalanche ; elles ne présentaient aucun élément susceptible d’être pris au souffle et leur toiture ne présentait qu’un seul pan du rocher au sol, dessinant une continuité de la pente et empêchant que l’avalanche ne les entraîne dans sa course. Les zones d’habitation incluent aussi des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères. Ces jardins se trouvent par exemple au Villard-du-Planay, à Chambéranger et au Mollard où ils sont autant potagers que fleuris. À proximité des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, forte-


Fiche-milieu n° 1

ment enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que le rumex des Alpes.

Flore

Orpin blanc

modeste se développant sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, cette végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir très longtemps, même après des décennies d’abandon du site.

PNV – Christian Balais

CPNS - Virginie Bourgoin

plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présentes classiquement sur les murets en pierres, la joubarbe des toits et l’orpin blanc sont des plantes de montagne capables de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Ces plantes dites “grasses” sont adaptées à la sécheresse de leur milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau. La végétation exubérante des reposoirs d’animaux domestiques, composée de plantes des milieux riches en azote organique, telles que le rumex des Alpes ou rhubarbe des moines, le chénopode bon-Henri ou épinard sauvage et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus

PNV – Jacques Perrier

Les

Joubarbe des toits

Chénopode bon Henri

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49


PNV - Mylène Herrmann

Fiche-milieu n° 1

Rougequeue noir

Faune

CPNS - Virginie Bourgoin

Sans être toujours la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. Typique des zones rocheuses à végétation rase, le rougequeue noir est devenu l’une des espèces les plus caractéristiques des zones d’habitations. Il niche à l’abri des toits, pouvant, le cas échéant, utiliser d’anciens nids d’hirondelles. Cet oiseau est très

Moineau domestique

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie

commun aux abords des habitations planéraines. Comme son nom l’indique, le moineau domestique est lié à la présence de l’homme et d’habitations. C’est l’espèce la plus répandue en Europe, en Asie et même dans d’autres continents. Omnivore, il se nourrit principalement d’insectes, de graines mais aussi de bourgeons et de fruits. Fréquentant les villes, villages et ruines, le martinet noir a la particularité d’avoir les pattes si réduites qu’il lui est très difficile de se poser, au risque de ne plus pouvoir décoller. Il vole donc presque constamment, s’accouplant et parfois même dormant en vol. La bergeronnette grise se rencontre également dans un environnement “urbain”. Cet oiseau à la livrée blanche et noire, se caractérise par sa longue queue qu’elle hoche perpétuellement, ce qui lui vaut parfois le nom populaire de “hochequeue”. Le mâle est plus foncé que la femelle, avec la calotte, la bavette et le dos noirs ; le dessous est blanc avec des rayures blanches sur les ailes.


Fiche-milieu n° 1 PNV - Joël Blanchemain

PNV - Christian Balais

Lézard des murailles

Plusieurs espèces de la famille des mustélidés, mammifères se caractérisant par un corps fuselé et de courtes pattes, fréquentent les villages et les chalets. Le plus gros et le plus familier d’entre eux est la fouine. C’est un animal omnivore qui se nourrit de petits mammifères et d’oiseaux, et principalement de fruits en été et en automne. Active la nuit, la fouine grimpe bien sur les murs, les rochers et les toits, mais semble moins agile dans les arbres, contrairement à la martre, une espèce forestière avec laquelle elle est souvent confondue. Le lérot investit aussi volontiers les constructions humaines, telles que les celliers et les chalets d’alpage, bien que son habitat naturel reste lié aux arbres. Ce petit mammifère se caractérise par de grandes oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur les yeux et par une queue velue se terminant par un plumet de longs poils noirs et blancs.

Présent dans de nombreux milieux, le lézard des murailles affiche une préférence pour les endroits pierreux ensoleillés : vieux murs, rocailles, maisons en pierres, éboulis, etc., qui lui offrent des abris, à proximité d’un couvert végétal suffisant pour trouver sa nourriture. Très commun en Europe, c’est aussi le plus anthropophile* des lézards. Généralement actif entre mars et novembre, en montagne, il se rencontre jusque vers 2 000 m d’altitude. Lorsqu’ils sont suffisamment accueillants (diversité de fleurs et d’arbustes, origine locale des plantes, bon ensoleillement, vent faible, etc.), les jardins sont pour plusieurs papillons un milieu riche en ressources nécessaires à leur développement. Le gazé, la petite tortue, le paon du jour et la belle dame, sont parmi les “usagers” de ces milieux, de leurs fleurs et de leurs fruits.

PNV - Ludovic Imberdis

PNV - Jean-Paul Ferbayre

Martinet noir

Lérot

Gazé

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n° 1

Notre Dame de la Salette

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Christophe Gotti

Le village, lieu de vie pour les hommes, fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales commensales*. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.

Hameau du Villard au pied de la forêt Noire

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Certains groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort, comme le hameau de Chambéranger, classé en zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP). Doté d’un règlement particulier, un tel zonage vise à protéger le patrimoine architectural du village. Le Planay compte quelques monuments remarquables: chapelles Notre-Dame des neiges, Notre-Dame de la Salette, les constructions traditionnelles des villages (Gros Murger, Pélapoët, etc.). C’est à Chambéranger que se situe la plus ancienne chapelle rurale du Planay ; elle fut fondée par le révérend Valentin Brun, selon l’acte du 13 novembre 1505, en l’honneur de Saint-Barthélémy. La chapelle Notre-Dame-des-Neiges érigée à La Novaz daterait de 1633. Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à


PNV - Alexandre Garnier

Façade d’une vieille maison à Pélapoët

l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir, grand consommateur de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfrac-

Propositions de gestion Les jardins constituent un refuge, ainsi qu’un garde-manger souvent providentiel pour la faune. Leur maintien et leur entretien selon des méthodes biologiques conditionnera l’existence de cette biodiversité (compost, usage de produits naturels, diversité des cultures, choix d’un nombre diversifié d’espèces et de variétés à cultiver, etc.).

LES CHAUVES-SOURIS ET LE BATI La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit rhinolophe. Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauvessouris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc.).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53

Fiche-milieu n° 1

tuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que la doradille noire et la rue des murailles. Au sein de la faune, les chauves-souris (murin à moustaches) et certaines espèces d’oiseaux (martinet noir) en particulier confèrent à ce bâti en pierres une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles.


Sommaire

CPNS - Virginie Bourgoin

Les cours d’eau et les lacs Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire du Planay, le Doron de Bozel, le Doron de Pralognan et ses affluents (ruisseaux de Ballandaz, de Fontaine Froide, des Gorrets, de la Vuzelle en rive droite et ruisseau du Menet (appelé localement Nant du M’net), ruisseau des Croix en rive gauche), le Doron de Champagny, ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées. La dynamique des cours d’eau conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion (jadis, il a permis le creusement des gorges de Ballandaz). Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent dans le lit ou sur les bords du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’installer.

Le Doron de Pralognan en amont de la prise d’eau

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n° 2

Les cours d’eau, les lacs et les milieux humides

Cascade de la Vuzelle

Le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saules, de merisiers à grappes, etc., adaptée aux conditions de sol fréquemment détrempé et capable de résister aux fortes perturbations mécaniques. Elle permet la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Le Planay compte deux petits lacs, le lac de la Vuzelle et le lac de Creux Noir,


Les milieux humides Les milieux humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces milieux regroupent à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et les marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses, qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en

graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (telles que les laîches) de petite taille. Au Planay, hormis les suintements, les milieux humides sont très peu présents du fait notamment d’un relief marqué de fortes pentes continues sur les deux versants, ainsi que des phénomènes d’infiltration sur le versant de la vallée de la Dent du Villard.

Flore

Le fort courant des torrents n’autorise pas le développement d’une végétation proprement aquatique. En revanche, les bords de ruisseau peuvent être riches en mousses de différents genres : Aulacomnium, Cratoneurum et Calliergon. Comme toutes les zones humides, ils accueillent une flore

Cours d’eau, lacs et zones humides

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55

Fiche-milieu n° 2

situés respectivement à 2 270 m et 2 670 m d’altitude. Ce dernier, de par son altitude élevée, n’est peuplé d’aucune plante aquatique, hormis quelques algues microscopiques. Le lac de la Vuzelle est également peu végétalisé.


PNV - Frantz Storck

© PN Gran Paradiso - Nicola Gerard

Fiche-milieu n° 2

Primevère farineuse

spécifique et variable selon le degré d’humidité et la nature du sol. Orchidée assez fréquente dans les basmarais et présente au Planay dans les zones de suintement, l’orchis à larges feuilles se rencontre, par exemple, sur le talus humide

de la route en amont de Plan Fournier. Elle se caractérise par la couleur pourpre de ses fleurs qui tranche avec le ton vert donné par les joncs, les laîches et les mousses qui l’accompagnent. La saxifrage jaune croît près des sources et sur les rochers où suinte l’eau d’infiltration. C’est une plante gazonnante qui forme des touffes lâches. Elle se reconnaît aisément à ses feuilles charnues, étroites et ciliées sur les bords, et à ses fleurs jaunes, souvent tachées de points orangés. C’est la plante nourricière de la chenille du petit apollon

PNV - Frantz Storck

PNV - Patrick Folliet

Orchis à larges feuilles

Saxifrage jaune

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Parnassie des marais


Fiche-milieu n° 2 PNV - Patrick Folliet

PNV - Frantz Storck

Populage des marais

Grenouille rousse

(lire § suivant). Cette saxifrage vit souvent en compagnie de la primevère farineuse aux délicats pétales roses à cœur jaune, de la parnassie des marais et de la potentille dressée. Encore appelée tormentille, cette potentille à petites fleurs jaunes discrètes se rencontre également près des ruisseaux avec le populage des marais, une plante toxique à feuilles en cœur et à grosses fleurs jaune d’or.

Cette petite faune invertébrée aquatique constitue la nourriture du cincle plongeur. Seul représentant de la famille des cinclidés, ce passereau possède la capacité remarquable de s’immerger totalement dans les torrents pour se nourrir. Oiseau sédentaire, il n’effectue des migrations altitudinales que lorsque la neige ou la glace rendent les torrents inaccessibles. Poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario, ou truite commune, est l’un des poissons les plus répandus des torrents de Savoie. Au Planay, cette espèce est présente dans la plupart des cours d’eau. Elle se reproduit naturellement dans le ruisseau des Airollées, dans le Doron de Pralognan, de la confluence avec le Doron de Champagny à la scierie communale du Villard du Planay, et très localement dans le Doron de Bozel et le Doron de Champagny. C’est une espèce indigène même si elle fait l’objet d’alevinages dans la plupart des ruisseaux, ce qui n’est pas le cas du saumon de fontaine, originaire d’Amérique du Nord. Celui-ci est moins exigeant en oxygène que la truite et tout aussi vorace, voire plus : il se nourrit d’invertébrés aquatiques, mais aussi de vertébrés (poissons, amphibiens). Très répandue dans les hautes vallées savoyardes, la grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. Quand il y a peu de marais, comme c’est le cas au Planay,

Faune

PNV - Maurice Mollard

Les cours d’eau sont peuplés de larves d’insectes et d’autres invertébrés aquatiques. Parmi ceux-ci, certains groupes comme les plécoptères* sont de bons indicateurs de la qualité des cours d’eau. Leur disparition témoigne d’une dégradation de la qualité du milieu.

Cincle plongeur

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57


PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n° 2

Petit Apollon

ricière de sa chenille, la saxifrage faux aïzoon, le petit apollon se caractérise par ses ailes à fond blanc jaunâtre, ornées de taches noires et d’ocelles rouges sertis de noir.

CPNS - Virginie Bourgoin

elle peut se contenter pour sa reproduction de petites gouilles ou même d’ornières de tracteurs remplies d’eau. Papillon protégé des prés humides et des bords de torrents où pousse la plante nour-

Talus humide et ses orchidées vers Plan Fournier

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 2

Équilibre entre l’homme et son milieu

CPNS - Virginie Bourgoin

D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Les torrents et sources sont localement utilisés pour l’alimentation en eau des refuges et des chalets d’alpage.

CPNS - Virginie Bourgoin

Prise d’eau sur le Doron

Conduite forcée dans les gorges de la Ballandaz

PNV - Christophe Gotti

Usages, intérêts économiques et représentations

Grimpeur sur une cascade de glace dans les Gorges de la Ballandaz

Les milieux aquatiques et humides sont à la fois un milieu biologique vivant et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage, comme en témoignent les cascades de la Vuzelle et du ruisseau des Gorrets. Ils constituent d’ailleurs un des principaux buts de randonnée pour les touristes. Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer : - le prélèvement pour l’alimentation en eau potable ; - la production d’énergie hydraulique : la plupart des ruisseaux de la commune sont équipés d’ouvrages hydroélectriques, à l’exception des ruisseaux des Airollées et des Gorrets ; - la pêche (pêche aux appâts naturels, à la cuillère, au vairon et à la mouche). Pour développer la pêche, des empoissonnements sont réalisés ; - la pratique hivernale de l’ascension de cascades de glace, comme sur les ruisseaux de la Vuzelle, des Gorrets et des Croix et dans les gorges de la Ballandaz. Des canaux comme celui des Gallinettes (ou Guelnettes), aujourd’hui à l’abandon,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59


Fiche-milieu n° 2

étaient utilisés autrefois pour irriguer les prairies de fauche d’altitude.

Les cours d’eau et les lacs

PNV - Alexandre Garnier

L’eau est une ressource essentielle à toute forme de vie sur terre. Elle est source de nombreuses richesses : biodiversité aquatique, approvisionnement en eau potable, etc. Le cycle de l’eau joue un rôle majeur dans le climat et les changements climatiques, les courants marins, les paysages terrestres, etc. Système autorégulé très complexe, il intervient dans le fonctionnement des cycles de tous les éléments liés à la vie (carbone, azote, oxygène, etc.). L’eau conditionne l’activité des espèces vivantes et chacune d’entre elles peut jouer un rôle important dans le fonctionnement de ce cycle. Le bon état du cycle de l’eau et le maintien de la biodiversité sont étroitement liés. La qualité et la quantité des eaux sont interdépendantes. Eu égard au rôle vital de l’eau mais aussi à sa fragilité, la loi sur l’eau de 1992 affirme l’appartenance de cet élément au patrimoine de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et son utilisation sont d’intérêt général.

Petit lac au-dessus du refuge du Grand Bec

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Gorges de la Ballandaz

Les zones humides Aussi peu nombreuses soient-elles sur le territoire planairain, les zones humides n’en demeurent pas moins des milieux naturels auxquels une attention particulière doit être portée. Ces milieux, écologiquement contraignants, possèdent une faune et une flore très particulières qui leur sont propres.

Évolution et transformation du milieu Plus de 40 ans après la première loi sur l’eau (1964), l’état du cycle de l’eau est toujours insatisfaisant, un peu partout sur la planète, avec des conséquences parfois très graves : désertification, inondations, surexploitation ou contamination des réserves d’eau potable, érosion de la biodiversité, etc. Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution des cours d’eau et les prélèvements (prises d’eau et captages de sources), pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. Au Planay, les écoulements à débit constant imposés par la gestion des barrages, et donc l’absence d’effet «chasse d’eau» naturel, ne permettent pas à la rivière de renouveler les dépôts de limons et de graviers où se


Propositions de gestion Pour la gestion de ses eaux usées, la commune du Planay est rattachée à la station d’épuration localisée à Saint-Bon (lieudit le Carrey) dans la vallée du doron de Bozel. Opérationnelle depuis l’automne 2008, celle-ci reçoit les eaux usées du Planay depuis le début de l’année 2010. Elle est destinée à traiter 810 équivalent-habitants pour la seule commune du Planay, avec une perspective de 950 équivalent-habitants à l’horizon 2025. En termes de préservation du milieu aquatique, une des actions proposées par la société de pêche locale, “la gaule tarine”, est la protection des ruisseaux des Airollées et des Gorrets, seuls ruisseaux de la commune à ne pas accueillir d’aménagements hydroélectriques. Elle consisterait par exemple à maintenir et améliorer la réserve de pêche du Villard du Planay, et à nettoyer les berges.

L’EAU : EVOLUTION DU CONTEXTE REGLEMENTAIRE Adoptée à l’automne 2000 par l’Europe, la directive cadre sur l’eau (ou DCE) a été transposée en droit français le 21 avril 2004. Cette nouvelle politique ambitieuse pour l’eau innove en définissant un cadre européen pour l’eau, en instituant une approche globale autour d’objectifs environnementaux avec obligation de résultats. L’objectif est clair et ambitieux : obtenir le bon état écologique des milieux aquatiques et des bassins versants en Europe en 2015. Pour la France, la DCE place le milieu naturel comme l’élément central de la politique de l’eau. Un vaste programme concernant la gestion de l’eau est en cours en Tarentaise. Il s’agit du contrat de bassin versant “Isère en Tarentaise”, piloté par l’Assemblée du Pays de Tarentaise-Vanoise et élaboré par diverses commissions de travail. Différentes facettes de la gestion de l’eau y sont traitées : qualité de l’eau, risques naturels, restauration et protection de milieux naturels, etc. Dans ce cadre est envisagée notamment la gestion du risque d’inondation (débordement du ruisseau des Airollées et inondation de caves au Villard) ; par ailleurs, le raccord à la station d’épuration de Saint-Bon a également été mené dans le cadre de ce programme.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61

Fiche-milieu n° 2

développe un cortège d’espèces pionnières remarquables. Il est par ailleurs important de réserver au torrent un débit suffisant en période de basses eaux. Il ne semble pas y avoir aujourd’hui au Planay de problèmes qui seraient liés à une mauvaise gestion des effluents d’élevage, telle que les épandages en période hivernale, sur des talus, à proximité des torrents et sur des prairies caillouteuses qui conduisent, quand ils sont pratiqués, à un relargage de matières organiques vers les ruisseaux ; il faut savoir que ces pollutions peuvent dégrader durablement la qualité de l’eau des torrents et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques. Au Planay, le lac de la Vuzelle par exemple montre des signes d’eutrophisation : l’enrichissement des eaux en matières organiques lié à un problème de sur-fréquentation par le bétail qui vient s’y abreuver tend à appauvrir l’eau en oxygène et à déséquilibrer l’écosystème. Il arrive aussi que le lac de la Vuzelle s’assèche, les années où l’été est particulièrement sec.


PNV - Patrick Folliet

Prairie de fauche des Granges

L es prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison. Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, ces prairies se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées (appelées maintenant poacées), les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs.

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage.

CPNS - Virginie Bourgoin

Fiche-milieu n° 3

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

Prairie de fauche fleurie au-dessus de Chambéranger

Sommaire


d’autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. On les rencontre sous les Granges, à Chambéranger, à la Novaz et à la Rochette.

Les prairies de fauche

azote. On y rencontre la renouée bistorte, une espèce qui se distingue par un épi allongé de petites fleurs roses au sommet

Flore prédominance de graminées qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Parmi celles-ci, on trouve dans les prairies plutôt grasses le dactyle aggloméré, le trisète jaunâtre, etc. Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus visibles ; ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles, propres aux sols fertilisés riches en

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Une prairie de fauche se caractérise par la

Trolle d’Europe

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63

Fiche-milieu n° 3

Au Planay, on rencontre essentiellement des prairies plutôt fraîches et «grasses» sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou


PNV - Frantz Storck

PNV - Frantz Storck

Fiche-milieu n° 3

d’une longue tige atteignant jusqu’à 80 cm de hauteur. C’est aussi dans ces prairies de fauche fraîches que fleurit le trolle d’Europe, une plante assez commune en montagne, facilement reconnaissable à sa fleur en forme de boule jaune. Complétant ce cortège, le géranium des bois est caractéristique de ce groupement végétal. Sa tige,

dressée et robuste, porte de grandes feuilles à limbe profondément découpé, ainsi que des fleurs, réunies par deux, aux pétales arrondis, pourpre violet. La grande berce pousse aussi dans ces prairies ; son inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes qui y trouvent un nectar abondant.

PNV - Frantz Storck

Grande berce

PNV - Frantz Storck

Renouée bistorte

Géranium des bois

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Sauge des prés


Faune

Le

Fiche-milieu n° 3 Moiré Lancéolé

(hermine, belette), du renard roux, de la vipère aspic, etc. Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) lui servent de perchoir pour le chant, ou de poste de guet. Prédateur de petits insectes abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.), le tarier des prés est l’un des rares oiseaux caractéristiques de ce milieu. Inféodée aux prairies naturelles étendues et peu pentues depuis les fonds de vallée jusqu’aux pelouses alpines, l’alouette des champs cherche sa nourriture (insectes, vers de terre, graines

PNV - Alexandre Garnier

lièvre brun, ou lièvre d’Europe, fréquente les prairies de fauche fraîches à une altitude inférieure à 2 000 m ; elles lui assurent à la fois le “gîte et le couvert”. Parmi les petits rongeurs, appelés aussi micromammifères*, affectionnant ces milieux, le campagnol des champs est l’un des plus répandus de Savoie. Il constitue la proie de base d’un grand nombre de rapaces nocturnes et diurnes comme la buse variable, ainsi que des petits carnivores

PNV - Joël Blanchemain

La sauge des prés pousse dans les prairies plus maigres et plus sèches, qui sont aussi plus vivement colorées car d’une plus grande diversité floristique. Elle dispose d’un astucieux mécanisme pour assurer sa reproduction. Un système de levier dépose sur le dos des bourdons venus butiner, le pollen d’une première fleur ; en explorant une seconde fleur, l’insecte active à son insu un second système de levier : le stigmate de la fleur s’abaisse alors à la rencontre du pollen précédemment déposé sur le dos du pollinisateur.

Tarier des prés

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65


PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n° 3

Criquet jacasseur

PNV - Ludovic Imberdis

et semences diverses) en fouillant le sol. Son plumage mimétique la rend presque invisible au sol. Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Les plus visibles sont les papillons de jour dont le moiré lancéolé, le cuivré écarlate et la virgule. De nombreux orthoptères fréquentent ces milieux qui leur offrent le gîte et le couvert dont ils ont besoin. C’est le cas du criquet jacasseur et du dectique verrucivore, deux espèces qui se développent exclusivement

Cuivré écarlate

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

dans les prairies de fauche, notamment les prairies maigres et sèches.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part elles représentent pour les naturalistes un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales, et d’autre part un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. Au Planay, la fauche des prairies locales ne permet pas d’atteindre l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage, mais elle limite l’achat de foin à l’extérieur. L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produit. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du


Fiche-milieu n° 4 CPNS - Virginie Bozrgoin

Prairie de fauche vers la Rochette (au fond, la tour du Merle)

foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui s’y exercent. Au Planay, les prairies sont fauchées une fois par an, entre mi-juillet et fin août, à l’aide de motofaucheuses et plus récemment de tracteurs avec faucheuse rotative auto-portée ; quelques prairies sont encore fauchées à la main, sur des petites parcelles ou entre des murets. Les prairies de fauche reçoivent chaque année de la fumure organique.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux

originaux d’un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager. La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur richesse floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. En revanche, une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. Les prairies de fauche les moins fertilisées offrent donc au regard un plus large panel de couleurs. Une fauche précoce, répétée dans le temps, diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés, et la pollinisation par les insectes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67


PNV - Thomas Corbet

Fiche-milieu n° 3

Fanage de l’herbe fauchée au Planay

Par ailleurs, l’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (micro-mammifères*, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés.

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Évolution et transformation du milieu Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement importante en altitude. En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la production de Beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC). Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Au Planay, comme dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition des


Fiche-milieu n° 3 PNV - Thomas Corbet

Récolte de foin au Planay

prairies de fauche au-dessus de 1 800 m, qui ne sont pas exploitables avec le matériel agricole moderne. Il y a une vingtaine d’années, la montagnette de Bonneval était encore fauchée par une famille. Le besoin en fourrage pour assurer l’alimentation du cheptel a poussé autrefois les planairains à faucher des terrains encore plus éloignés, plus difficiles et très escarpés. Ainsi étaient exploités également des terrains communaux situés sous les paravalanches de la Dent du Villard, malgré la très forte pente. Aujourd’hui, ces espaces ont été abandonnés, ou transformés en pâturages, comme à L’Allée par exemple. Ainsi, la superficie des prairies de fauche d’altitude, les plus intéressantes sur le plan biologique, a fortement diminué au Planay. Le phénomène se poursuit encore aujourd’hui : sur ce territoire où la pente est si forte, on assiste toujours à une diminution de la fauche des prairies qui sont progressivement colonisées par les ligneux. Au chef-lieu, certains prés de fauche sont abandonnés du fait du fort morcellement

parcellaire et des difficultés à mécaniser certaines parties. Dans les secteurs de fauche du Mollard, de Pélapoët et de Plan Fournier, l’utilisation agricole est en déclin, les prés sont fauchés irrégulièrement, dans le temps et l’espace, malgré une exposition et des accès plutôt favorables. Les prairies situées au chef-lieu sont en partie abandonnées. Le départ en retraite d’ici 5 ans de deux des agriculteurs planairains qui pratiquent encore la fauche de prairies risque d’accentuer encore cette tendance, si la question de leur succession et de la reprise de leurs activités n’est pas résolue. Quant aux prairies situées à proximité des exploitations, leur fonction fourragère tend à diminuer au profit de leur rôle d’épuration des effluents agricoles. Les capacités d’assimilation des prairies sont limitées, surtout en montagne où le sol est généralement peu épais et la période de végétation plus courte qu’en plaine. Au-delà d’un certain seuil de fumure,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69


PNV - Thomas Corbet

Fiche-milieu n° 3

Panneau pédagogique sur la nécessaire quête de l’herbe en montagne

les prairies restituent les excédents dans les rivières et les nappes phréatiques, entraînant une pollution néfaste pour la faune et la flore comme pour la ressource en eau.

Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Afin de favoriser le maintien d’une faune prairiale, toute pratique de fauche permettant à celle-ci de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge - du centre vers la périphérie - si la forme de la parcelle le permet) est recommandée. Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales, tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes), de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de poursuivre leur cycle de vie.

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Au Planay, il serait nécessaire d’inciter les agriculteurs à ne plus abandonner l’exploitation des prairies de fauche voire à procéder à la restauration de certaines prairies abandonnées par le biais d’aides aux exploitations, de la mise en place d’une réorganisation foncière (création d’une association foncière pastorale par exemple), etc. La mise en place de mesures agroenvironnementales (du type de celles mises en place en Haute Maurienne ou bien du type contrats “prairies fleuries”) permettrait de redynamiser la filière et de valoriser le travail des agriculteurs tout en encourageant des pratiques de fauche respectueuses de l’environnement et de la biodiversité : fertilisation modérée, fauche tardive, etc.


PNV - Christophe Gotti

Les forêts de Vanoise sont essentiellement composées de résineux : sapin, épicéa, pin sylvestre, pin à crochets, pin cembro et mélèze. Au Planay, les conifères sont également les essences les plus abondantes. L’épicéa domine avec plus de 70 % de recouvrement, le pin à crochets est présent dans une proportion d’environ 15 %, puis le sapin qui occupe 8 % des forêts. Quelques pins cembro ponctuent les crêtes de la Dent du Villard. Les essences de feuillus (hêtre, érable, frêne, alisier blanc, sorbier, etc.) entrent à hauteur de 7 % dans la composition globale du couvert forestier, mais ne se développent qu’à une altitude inférieure à 1 500 m ; au-delà, elles sont quasiment absentes.

Vue sur les Granges et la forêt environnante

Sur

la commune, la forêt s’étend entre 900 m, au Villard-du-Planay, et 2 000 m à 2 050 m d’altitude, comme par exemple à Plan Fournier, au Bois Blanc (Bois du Ban) ou au Dos du Menet (Dou du M’net). Elle occupe une surface de plus de 600 ha, soit plus d’un quart du territoire. Cette couverture forestière occupe les pentes des parties basses de la commune, à l’exception des secteurs encore ouverts* et voués à la fauche ; il s’agit, en rive droite du Doron de Pralognan, des secteurs du Brayon, des Torches, du Bois Blanc, du Bois de l’Ours et du Bois des Fours et en rive gauche, de la quasi-totalité du versant à l’exception de la crête gypseuse non boisée de la Dent du Villard, des parties rocheuses et des talwegs couverts d’aulne vert.

Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. Le Planay présente ces deux types de pessières*, même si la pessière* fraîche reste de loin la plus abondante des deux. Ces formations végétales forment la plupart du boisement situé en rive droite du Doron de Pralognan (bois de la Tour du Merle, de Plan Fournier, Bois Blanc, Bois de l’Ours, etc.) et en rive gauche, elle constitue un peuplement localisé au nord-est de la Dent du Villard. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Au Planay, ces sapinières-pessières forment une bande quasi-continue depuis les

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71

Fiche-milieu n° 4

Les forêts de feuillus et de conifères

Sommaire


Fiche-milieu n° 4

Darbellots au sud de la commune jusqu’à Barmet (à l’ouest des gorges de Ballandaz). En situations plus pentues et/ou à des altitudes généralement plus élevées (étage subalpin), la sapinière-pessière cède la place à la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, à des sols maigres et des situations de crêtes. Elle prédomine sur les calcaires et gypses de la Dent du Villard. Aux altitudes les plus basses, c’est-à-dire aux environs du Villard-du-Planay, se trouvent les forêts de feuillus (hêtraies) et les forêts mixtes (hêtraies-sapinières).

CPNS - Virginie Bourgoin

Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière* subalpine, etc.

CPNS - Virginie Bourgoin

Versant boisé de la Dent du Villard depuis le bois des Fours

Sous-bois de la forêt des Turos

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 4 Forêts de feuillus et de conifères au Planay

Flore Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers du Planay. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’œuvre (charpente, bardages etc.). Le sous-arbrisseau le plus répandu dans les pessières* d’ubac est la myrtille, dont les fruits comestibles sont cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques et riches en provitamine A), ces fruits fournissent un colorant naturel violet. L’oxalis petite oseille, encore nommé painde-coucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches. Commune en Vanoise comme sur une grande

PNV - Frantz Storck

Arbre principal de l’étage montagnard en

Myrtille

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73


PNV - Michel Bouche

Fiche-milieu n° 4

Les forêts du Planay accueillent plusieurs espèces protégées. Parmi celles-ci, la pyrole verdâtre se développe dans les forêts résineuses plutôt sèches jusque vers 2 000 m d’altitude. Cette dernière se reconnaît à ses feuilles rondes basales munies d’un long pétiole et à ses petites fleurs vert jaunâtre en forme de grelot, peu nombreuses et formant une grappe à l’extrémité de la tige. Comme toutes les autres espèces de pyrole de la flore française, c’est une plante vivant en association avec un champignon. Cette espèce protégée est connue en Vanoise dans une quinzaine de communes de Maurienne et de Tarentaise. Autre espèce protégée des forêts, la bruyère herbacée ou bruyère des neiges est un sousarbrisseau à tiges couchées et rameaux dressés. Elle tire son nom de sa période de floraison hivernale alors que la neige est bien présente. Bien que localement abondante, cette espèce est rare en France et se trouve en Vanoise en limite occidentale de son aire de répartition. En Tarentaise, elle n’est connue que dans la forêt de la Dent du Villard (le Planay, Bozel et Saint-Bon).

Oxalis petite oseille

PNV - Frantz Storck

PNV - Frantz Storck

partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche.

Pyrole verdâtre

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Listère cordée


Faune

Les forêts du Planay constituent un refuge

PNV - Christophe Gotti

pour de nombreuses espèces de mammifères plus ou moins typiques de ce milieu : renard, blaireau, écureuil, lièvre variable, chevreuil, cerf élaphe, etc. S’il semble que les pelouses d’altitude et les escarpements rocheux conviennent au chamois durant l’été, cet ongulé occupe aussi les forêts pentues du Planay durant toute l’année. Aujourd’hui, ces forêts continuent d’être recherchées par cette espèce au cours de l’hiver. Certaines forêts forment ainsi des zones d’hivernage précieuses pour la survie de l’animal, qui se nourrit alors de lichens, de jeunes rameaux, de bourgeons et d’aiguilles de résineux. Au Planay, elles constituent aussi des zones de mises bas au printemps. Essentiellement forestière, la martre des pins fréquente tout type de boisement jusqu’à plus de 2 000 m d’altitude. Elle y chasse les petits mammifères et les passereaux,

Le sabot de Vénus pousse dans les sous-bois ouverts* de conifères (sapin, épicéa). Cette orchidée spectaculaire aux très grandes fleurs jaunes en forme de sabot est une plante protégée. Compte-tenu de la relativement bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour sa conservation. La listère cordée est une autre orchidée poussant dans les forêts planairaines. Beaucoup plus discrète que le sabot de Vénus et non protégée, elle n’en demeure pas moins une espèce peu fréquente et très sensible à tout changement brutal de ses conditions de vie (coupes à blanc par exemple). Elle affectionne les clairières et sous-bois sombres et frais, surtout résineux. Elle se repère à ses petites fleurs rougeâtres disposées en grappe courte au sommet d’une tige également rougeâtre et à ses deux feuilles quasi-opposées, en forme de cœur. Plante annuelle formant parfois de grands tapis mono-spécifiques, le mélampyre des bois est une espèce des clairières et lisières forestières. Plante chlorophyllienne, elle

PNV - Pierre Lacosse

Mélampyre des bois

Ecureuil roux

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75

Fiche-milieu n° 4

a néanmoins la capacité de parasiter les racines des arbres pour se procurer les sels minéraux dont elle a besoin. Elle se reconnaît aisément à ses fleurs jaunes allongées et groupées par deux à l’aisselle de bractées violettes


PNV - Mylène Herrmann

Fiche-milieu n° 4

PNV - Ludovic Imberdis

Mésange noire

Chevreuils

PNV - Sébastien Brégeon

une nourriture qu’elle complète avec des fruits sauvages en été et en automne. Animal forestier par excellence, le loup est régulièrement observé en Tarentaise, mais aucune meute installée n’est encore identifiée ; les individus sont actuellement de passage. Au Planay, il n’y a pas encore eu de contact avéré avec l’espèce, mais le vaste couvert forestier de la commune pourrait

Mésange boréale

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

constituer un milieu favorable à ce grand prédateur. Les boisements frais d’épicéas rassemblent une grande diversité de petits passereaux : la mésange huppée, la mésange noire, le sizerin flammé, le roitelet huppé, le bouvreuil pivoine sont des espèces caractéristiques de ces milieux. Munis d’un bec robuste et pointu, les pics frappent vigoureusement le tronc des arbres à la recherche de leur nourriture, des insectes xylophages*, et pour creuser leur nid. Ils jouent un rôle fondamental pour d’autres animaux forestiers incapables de forer des trous. Le pic épeiche, le pic noir et le pic vert se reproduisent dans les forêts du Planay. Si le pic noir est plus difficile à observer car strictement forestier, le pic vert et le pic épeiche fréquentent également les haies, les vergers, les parcs et les grands jardins. Avec sa silhouette ramassée et sa queue courte, la gélinotte des bois ressemble à une petite poule. Elle affectionne les boisements de feuillus ou les boisements mixtes peu exploités en terrain accidenté et à proximité de points d’eau. Les couleurs “écorces” et “feuilles mortes” de son plumage sont parfaites pour se camoufler dans le lacis végétal des sous-bois, son milieu de vie privilégié.


PNV - Sébastien Brégeon

Usages, intérêts économiques et représentations

Roitelet huppé

PNV - Jean-Pierre Martinot

De couleur fauve vif marqué de noir, le grand collier argenté est un papillon inféodé aux lisières et clairières ensoleillées des forêts. Dans celles-ci se trouvent des violettes sauvages, plantes nourricières de sa chenille. Il doit son nom à la présence sur le revers des ailes postérieures d’une série de petites taches nacrées disposées en arc de cercle.

Pic épeiche

La majorité de la surface boisée est propriété de la commune, ou de l’État, et bénéficie du régime forestier ; sa gestion est assurée par l’Office national des forêts. La forêt communale couvre 580 hectares. Une partie de cette surface (28 %) est non boisée (zones rocheuses, éboulis, etc.). La forêt domaniale de la Dent du Villard compte 33 ha au Planay. La surface de forêt privée atteint au Planay près de 200 ha. Les forêts bénéficiant du régime forestier sont gérées en futaie jardinée*. La forêt communale bénéficie d’un document d’aménagement forestier qui fixe les règles de sa gestion sur une période de 15 ans (1999-2013). L’ensemble de la forêt communale est affecté à la production de bois d’œuvre tout en assurant la protection générale (physique, paysagère, etc.) des milieux. La production annuelle de bois est estimée, d’une manière optimale, à 1 400 m3 par an. L’épicéa est exploité en très grande majorité ; le pin l’est de façon beaucoup plus marginale. Les arbres sont vendus en Savoie essentiellement et en Italie. Ils sont transformés principalement en bois de charpente et un peu en menuiserie ; le bois de moins bonne qualité sert à fabriquer des palettes ou est utilisé comme bois de chauffage. La gestion de la forêt planairaine est conditionnée par les contraintes d’exploitation : la géologie et la topographie sont telles que certaines parcelles forestières ne sont exploitables que par câble (62 % de la surface) ou par hélicoptère (11 % de la surface). Seuls les secteurs situés dans un rayon de 100 à 150 m d’une piste existante sont exploités au tracteur (21 % de la surface) ; les parcelles restantes sont inexploitables.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77

Fiche-milieu n° 4

Équilibre entre l’homme et son milieu


PNV - Christophe Gotti

CPNS - Virginie Bourgoin

Fiche-milieu n° 4

Randonneuse en raquettes à neige (aval de Plan Fournier)

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt patrimonial au niveau européen, que la Communauté européenne a classé comme “habitat d’intérêt communautaire prioritaire”. Sa présence a motivé l’intégration de

PNV - Christophe Gotti

La forêt domaniale du Planay est soumise à un autre plan couvrant la période 19992014. L’épicéa (et plus marginalement, le hêtre) est aussi exploité pour l’affouage. Des lots sont périodiquement attribués aux habitants du Planay. Ce bois est surtout utilisé comme bois de chauffage. En 2007, ces lots ont représenté un volume de 260 m3, alloués à une trentaine de personnes, soit environ 8,5 m3 de bois par affouagiste. Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à une protection générale des biens et des personnes contre l’érosion du sol, les coulées de neige, les avalanches, les éboulements, les chutes de pierres et le ravinement provoqué par l’eau. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de plein air. Plusieurs sentiers de randonnée pédestre sont balisés. En hiver, certaines forêts sont fréquentées par les randonneurs en skis et en raquettes.

Sentier de randonnée forestier au-dessus de Chambéranger

La forêt du Villard dans ses couleurs d’automne

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les peuplements mixtes comportant des clairières et des éclaircies.

LA GELINOTTE DES BOIS C’est sans conteste l’une des espèces d’oiseaux les moins connues de l’avifaune française. Cet oiseau aux couleurs feuille morte appartient à la famille des tétras. La gélinotte occupe exclusivement les massifs forestiers. Elle est exigeante et recherche des couverts diversifiés, avec un fort degré d’encombrement, tels que rencontrés dans les vieilles forêts. La gélinotte pourrait être considérée comme un véritable “indicateur” de la richesse biologique d’une forêt, sa présence attestant l’existence de toute une cohorte d’autres espèces ou groupes d’espèces (insectes, rapaces nocturnes, végétation arbustive, etc.). La forêt de la Dent du Villard ainsi que l’ensemble forestier bordant la Vuzelle sont des lieux d’accueil pour cette espèce phare de la faune du Planay.

CPNS - Virginie Bourgoin

Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telles que la pyrole verdâtre, le sabot de Vénus et la bruyère herbacée. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci. En forêt, l’oiseau trouve les arbres dont il a besoin pour se percher et se nourrir en plein hiver (aiguilles, bourgeons, etc.) quand la couverture neigeuse empêche tout accès au sol. Certains secteurs forestiers comme celui de la Tour du Merle et du roc du Moine sont aussi indispensables pour la tranquillité hivernale du chamois. Notons aussi que les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune.

Souche d’arbre mort sur pied

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79

Fiche-milieu n° 4

la forêt domaniale de la Dent du Villard au réseau Natura 2000 ; par ailleurs, la partie domaniale de cette forêt est aussi classée en réserve biologique dirigée. L’existence, à l’échelle d’un versant, d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée*, très gros bois, vieux arbres), est particulièrement favorable à la faune.


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n° 4

Limite de la forêt près de Plan Fournier Dessus

Évolution et transformation du milieu Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. À l’étage montagnard, dans les hêtraies-sapinières ou les sapinièrespessières climaciques*, le sapin dominera progressivement l’épicéa, en pourcentage d’essences. Le contexte local de déprise agricole se traduit au Planay par la fermeture* du paysage : la surface boisée progresse ; les frênes, les épicéas, etc. colonisent les prés de fauche abandonnés. La mosaïque de milieux qui faisait la qualité paysagère de Chambéranger, Plan Fournier, etc. tend à s’appauvrir. Au Planay, les forêts étaient autrefois exploitées par les habitants pour en tirer les moindres ressources : branches, bois mort, aiguilles de pins, extrémités des rameaux pour les chèvres, pâturage parfois autorisé en sous-bois en cas d’extrême nécessité. Aujourd’hui, seuls quelques baies

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

et champignons sont encore prélevés par quelques planairains. Le nombre d’arbres morts laissés sur pied est de ce fait plus important que par le passé et atteint quelque 20 m3 par hectare soit entre 10 et 20 arbres par hectare. Ces arbres et chablis représentent une manne alimentaire importante pour les insectes vivant ou dépendant de ce bois mort et sont une source de biodiversité. Étant donné que la commune du Planay n’accueille pas de station de ski alpin, elle préserve sa forêt (et aussi les pelouses, landes, etc.) des destructions inhérentes aux aménagements de pistes de ski et de remontées mécaniques. En revanche, la pratique de la randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.), bien que limitée aux zones peu escarpées comme Plan Fournier, peut aussi provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces,


Fiche-milieu n° 4

diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. Il n’existe pas de câbles permanents dans les forêts ou les landes du Planay. En revanche, l’installation temporaire de câbles de débardage de bois, qui dure parfois plus d’une année, constitue un danger de collision, une des causes importantes de mortalité d’oiseaux à l’échelle des Alpes.

La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Une exploitation forestière permettant l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages* (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à sensibiliser

PNV - Thomas Corbet

Propositions de gestion

Exemple de panneau de sensibilisation pour le respect de la faune sauvage en hiver

les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter (Plan Fournier et ses abords). Cela exige un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81


Sommaire

Fiche-milieu n° 5

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable, capable de former de grandes entités homogènes. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques. Au Planay, ces aulnaies occupent les couloirs d’avalanche, comme ceux situés en rive gauche du Doron de Pralognan (couloir de la Saugine, etc.) ; - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne

CPNS - Virginie Bourgoin

L ’aulnaie

Mégaphorbiaie dans la montée vers les Turos

vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. Ces aulnaies sont dominantes sur la commune dans des secteurs comme ceux de Bonneval, Mont Chevrier, Fontaine Froide, etc.

CPNS - Virginie Bourgoin

Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles sont en mosaïque. Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie* atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée Aulnaie verte du couloir de Quéfaux

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 5 Aulnaie verte

de la mi-journée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin. Au Planay, une telle végétation est bien visible le long du chemin de la forêt des Turos.

Flore L’aulne vert, encore appelé arcosse, possède des tiges très souples inclinées vers l’aval. Solidement ancrées au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce petit arbre a la particularité d’enrichir lui-même le sol en

azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol qui est en partie responsable de l’exubérance des mégaphorbiaies voisines. Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes de mégaphorbiaies à l’abri d’un éclairement solaire trop intense. L’adénostyle à feuilles d’alliaire fait partie de cette flore exubérante. Atteignant jusqu’à 1,5 m de hauteur, elle porte des fleurs roses et de larges feuilles irrégulièrement dentées, vertes et glabres à la face supérieure et d’un blanc cotonneux dessous. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et à feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Ses fleurs, bleu violacé, sont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83


PNV - Frantz Storck

PNV - Régis Jordana

Fiche-milieu n° 5

Adénostyle à feuilles d’alliaire

Vérâtre blanc

PNV - Alexandre Garnier

disposées en grappes plus ou moins allongées. À côté des aulnes pousse aussi le vérâtre blanc. Atteignant 1,50 m de hauteur, cette grande plante est parfois confondue avec la gentiane jaune. La confusion peut être dangereuse, puisque la racine de la gentiane est utilisée pour préparer une liqueur apéritive alors que les parties souterraines du vérâtre blanc sont très toxiques et occasionnent des troubles nerveux et cardiaques pouvant entraîner la mort (lire § Les plantes toxiques p. 30). Sous les arcosses, on peut rencontrer aussi le lis martagon, encore appelé racine d’or en raison de la couleur jaune de son bulbe. Il est facilement reconnaissable à ses grandes fleurs “veloutées”, dont les pétales rose violacé et ponctués de pourpre sont recourbés en turban. Laitue des Alpes

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 5 PNV - Alexandre Garnier

PNV - Frantz Storck

Streptope à feuilles embrassantes

Cerf élaphe

Le streptope à feuilles embrassantes recherche aussi la fraîcheur des aulnaies vertes et des mégaphorbiaies*. Encore appelé sceau de Salomon noueux, il se distingue aisément des autres sceaux de Salomon par sa tige particulière en zigzag et ses petites fleurs solitaires.

présentes également dans d’autres types de formations boisées. Parmi ceux-ci, l’accenteur mouchet est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur des forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun-roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement le troglodyte mignon, la fauvette des jardins et la rousserolle verderolle, trois autres chanteurs émérites, la rousserolle ayant la faculté d’imiter le chant d’autres espèces.

Faune Difficilement pénétrable, l’aulnaie verte constitue un refuge de choix pour les grands mammifères qui viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont souvent présents, à l’abri du dérangement humain.

Plus occasionnels, le rouge-gorge familier et le bouvreuil pivoine fréquentent parfois cette aulnaie. Ce dernier se caractérise entre autres par son chant aux tonalités douces et aiguës qui ne portent pas très loin, la large poitrine rose pivoine chez le mâle adulte et sa calotte noire.

© Jacques Blanc

PNV - Philippe Benoît

La plupart des oiseaux rencontrés dans l’aulnaie verte sont des espèces forestières

Sanglier

Accenteur mouchet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85


© Cédric Robion

PNV - Michel Bouche

Fiche-milieu n° 5

Troglodyte mignon

Rouge-gorge familier

Le couvert dense d’aulne vert fournit également un abri irremplaçable pour le tétraslyre, pour le mâle en mue comme pour les jeunes qui ne savent pas encore bien voler.

permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux. L’aulnaie verte n’a plus guère d’intérêt économique aujourd’hui.

Papillon peu abondant en France et toujours très localisé, le damier rouge ou damier du chèvrefeuille, fréquente les aulnaies vertes peu denses jusqu’à 2 000 m d’altitude. Cette espèce rare et remarquable n’est connue que dans une quinzaine de localités en Savoie. La face supérieure de ses ailes est marquée par des bandes brun rouge et fauve pâle, séparées par des taches noires. La femelle dépose ses œufs par paquets au revers de feuilles de chèvrefeuille bleu.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Elle constitue aujourd’hui

Équilibre entre l’homme et son milieu

Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Aujourd’hui, l’aulne vert est encore localement exploité comme combustible (à Ritort) pour la fabrication du sérac. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches ; c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui

CPNS - Virginie Bourgoin

Usages, intérêts économiques et représentations

Aulnaie verte autour du ruisseau de Fontaine Froide

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 5 CPNS - Virginie Bourgoin

Mégaphorbiaie à adénostyle à feuilles d’alliaire

de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers. La mégaphorbiaie présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines, comme la laitue des Alpes.

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui, quelles que soient les modifications physiques qui peuvent apparaître (dégâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert. En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui induit une colonisation par des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*.

Le développement de ces aulnaies secondaires* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales.

Propositions de gestion Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. En revanche, dans un objectif de préservation des surfaces fourragères de la commune (et parallèlement des richesses faunistiques et floristiques de l’aulnaie verte), il peut être souhaitable de contrôler l’extension des aulnaies secondaires*, voire de réduire leur emprise actuelle. La réhabilitation de surfaces herbacées par débroussaillement ne doit être envisagée que si un mode de gestion à moyen et long termes, viable économiquement, est mis en place à la suite (pâturage ou fauche).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87


Sommaire

Fiche-milieu n° 6

Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Ce

PNV - Alexandre Garnier

sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et sous-arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses. On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains, les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations buissonnantes à saule glauque. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle à petites feuilles) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres.

Paysage de landes sur le versant nord-ouest du Grand Bec

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tout temps se sont développées des landes intraforestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les stations fraîches et humides présentent les conditions optimales pour le développement de la lande à rhododendron ferrugineux. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Dans les secteurs les plus élevés, apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. Sur le Planay, on rencontre des landes mixtes à rhododendron ferrugineux, myrtille, airelle et genévriers depuis Plan Fournier dessus jusqu’à Fontaine Froide et les Gorets et dans des secteurs comme la combe de la Vuzelle, etc. En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régu-


Fiche-milieu n° 6 CPNS - Virginie Bourgoin

Lande à airelle rouge au Bois Blanc

lièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. Sur des substrats plus riches en humus et

moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées.

Landes et landines d’altitude

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


Fiche-milieu n° 6

Flore

Rameau de genévrier commun

nain recherche aussi les situations ensoleillées et arides. Cet arbrisseau pionnier, souvent couché au sol, est assez commun aux étages subalpin et alpin des principales montagnes françaises. On rencontre plusieurs espèces de lycopodes dans les landes peu denses, dont le lycopode des Alpes, typique des landes d’altitude. C’est une petite plante archaïque qui se reproduit à l’aide de spores et qui pousse sur les zones de sol écorché entre les pieds de myrtille et de rhododendron. Cette espèce arctico-alpine* est en voie de raréfaction dans toute la France, ce qui lui vaut son statut d’espèce protégée. Au Planay, le lycopode des Alpes est bien présent en versant nord. Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante

PNV - Christian Balais

PNV - Joël Blanchemain

térisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin, un attrait particulier. L’airelle rouge est un sous-arbrisseau dont les feuilles, vert-foncé, sont luisantes dessus, mates et ponctuées de glandes brunes dessous. Ses fleurs en forme de cloches rosées ou blanches, fleurissent de mai à juillet avant de donner des baies globuleuses rouges et acides, consommées entre autres par le tétraslyre. Il se nourrit aussi des baies toniques, désinfectantes et riches en provitamine A de la myrtille, que l’on rencontre communément dans les landes du Planay, comme dans la combe de la Vuzelle par exemple. Résistant au froid et à la sécheresse, le genévrier commun est un arbuste pionnier capable de s’accommoder d’un sol relativement pauvre. Sa présence révèle souvent l’existence d’une dynamique progressive de végétation vers un stade forestier. Assez indifférent à la nature du substrat, le genévrier

PNV - Christian Balais

Les espèces ligneuses de ces milieux se carac-

Rhododendron ferrugineux

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Lycopode des Alpes


Fiche-milieu n° 6 PNV - Philippe Benoît

Tétras-lyre

PNV - Frantz Storck

des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons) en période hivernale. Depuis 1990, le suivi réalisé par l’Observatoire des galliformes de montagne montre une baisse générale des populations de tétras-lyre à l’échelle des Alpes. Cette tendance se traduit par des évolutions locales différentes et spécifiques à certaines régions. En Tarentaise, le tétras-lyre est une espèce assez répandue ; ses effectifs présentent actuellement une certaine stabilité.

Saule glauque

subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en Haute-Savoie et dans le Dauphiné, depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’étage alpin. Au Planay, ce saule est présent autour du sentier menant au refuge du Grand Bec, ainsi que sur les crêtes de la Dent du Villard jusqu’au col du Golet.

Divers passereaux sont aussi attachés à cette interface forêts / alpages comme le merle à plastron et la linotte mélodieuse. Il n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Ainsi, la musaraigne carrelet et l’hermine, aux activités tant nocturnes que diurnes, peuvent y être observées.

Faune nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement présent dans l’étage subalpin dont l’habitat* naturel se limite à la zone de transition entre l’étage supérieur de la forêt et les pelouses comprise entre 1 800 à 2 200 m d’altitude. Cette interface forêts / alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle

PNV - Joël Blanchemain

Sous

Linotte mélodieuse

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91


PNV - Alexandre Garnier

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n° 6

Renard roux

Damier de l’alchémille

Le renard roux, qui investit des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu’il consomme nombre de rongeurs et autres petites proies, il se nourrit également des baies qu’il trouve dans ces landes. Les lièvres variable et brun viennent également s’y alimenter, principalement l’hiver. Concernant les reptiles, on ne rencontre guère que la vipère aspic, qui arbore parfois à ces altitudes une belle robe totalement noire : il s’agit de la forme mélanique. Le solitaire est un papillon de jour inféodé à ces landes pour sa reproduction. En effet, les œufs de cette espèce sont pondus sur les feuilles de l’airelle et de la myrtille, qui sont les plantes hôtes des chenilles. Un autre papillon, le damier de l’alchémille, ou damier des alpages, fréquente les pelouses alpines, mais aussi les pentes herbeuses à buissons ras comme le genévrier nain.

Parmi les orthoptères (groupe des criquets, grillons et sauterelles), la sauterelle cymbalière est l’une des espèces les plus attachées à ces milieux d’altitude.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Régis Jordana

CPNS - Virginie Bourgoin

Tout comme les forêts d’altitude, les landes ont été autrefois défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes «hautes» et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. La cueillette de baies, et surtout des myrtilles, est une pratique encore bien répandue au Planay.

Vipère aspic

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Paysage de lande sous la pointe de Méribel


Fiche-milieu n° 6 PNV - Alexandre Garnier

Landes rougissantes sous le refuge du Grand Bec

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages du Planay. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilliers rougissent à l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. D’un point de vue fonctionnel, les landes protègent le sol de l’érosion et assurent la stabilité du manteau neigeux. On peut rencontrer dans les landes quelques espèces végétales protégées, telles que le lycopode des Alpes dont c’est l’unique habitat*. La présence du saule glauque confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale. Les landes jouent un rôle de refuge pour la faune sauvage et constituent un gardemanger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Enfin, les landes à rhododendrons représentent un des habitats* privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Lorsqu’elles sont entrecoupées de milieux herbacés, les landes sont prisées par les mâles qui y trouvent les “places de chant”

nécessaires à leur parade. Les landes hautes à éricacées (myrtilles, airelles, rhododendrons) sont recherchées par les femelles et leurs jeunes, qui s’y nourrissent à l’abri du regard des prédateurs. Ce milieu est aussi utilisé pour l’élevage des nichées. La présence dans ces landes d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation.

Évolution et transformation du milieu Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Sur la commune, les landes sont dans une dynamique d’extension, du fait de la déprise agropastorale principalement. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93


Fiche-milieu n° 6

Si le phénomène d’extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels). S’il est pratiqué de manière trop intensive, le ski hors-piste et la pratique de la raquette peuvent occasionner un dérangement important de la faune. Il peut en résulter une régression marquée des populations de tétras-lyre.

Propositions de gestion Le passage des troupeaux à travers les landes, s’il reste modéré, peut favoriser le

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie

renouvellement de micro-habitats favorables au maintien de certaines espèces : orchidées, lycopodes, reptiles. Le pâturage est pratiqué un peu partout sur le versant du Grand Bec, mais à des niveaux de chargement très faible, ne permettant pas de lutter contre l’extension des landes secondaires*. Si l’on souhaite gérer l’espace par le pâturage, on peut préconiser une pression de pâturage plus élevée sur les secteurs d’extension de la lande, couplée à une conduite adéquate des troupeaux (parcage, gardiennage) et tenant compte de la présence des populations de tétras-lyre.


PNV - Christophe Gotti

Les pelouses d’altitude sous l’antécime nord de la pointe de Méribel

L es

développent accueillent une flore adaptée à la richesse du substrat en calcium. Les pelouses dites acides se localisent essentiellement en rive droite du Doron de Pralognan, dans le secteur de Fontaine Froide et les pentes sud de la pointe de Méribel. Elles forment une mosaïque avec les landes et les éboulis.

PNV - Christophe Gotti

pelouses d’altitude correspondent à des formations herbacées dont la hauteur dépasse rarement 30 cm. Elles couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 850 m d’altitude au Planay) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages. Leur diversité est due à l’action combinée de plusieurs facteurs écologiques tels que la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. Ce milieu se définit donc comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. Au Planay, le secteur de la Dent du Villard se caractérise par la nature gypseuse de sa roche ; les pelouses qui s’y

Alpage sur le versant du Grand Bec

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n° 7

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

Sommaire


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 7

Cortège floristique d’une pelouse d’altitude

La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que l’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation.

Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions, sur les replats ou dans les pentes faibles de haute altitude, longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Dans certaines de ces pelouses poussent des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Sur d’autres pelouses, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.

Pelouses d’altitude

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 7

Flore

PNV - Maurice Mollard

dominante des pelouses acides fraîches. Ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques ; en revanche, les jeunes pousses encore tendres sont parfois pâturées. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable. Le trèfle des Alpes, surnommé réglisse des montagnes en raison de l’odeur de sa tige souterraine, affectionne également les pelouses acides fraîches. Ce trèfle, qui ne dépasse pas 20 cm de hauteur, se distingue aisément des autres trèfles par son port particulier, ainsi que par la couleur purpurine et la taille de ses fleurs, longues de 2 cm et groupées par 3 à 12, au sommet d’une tige sans feuille. Poussant de préférence au sein de pelouses acides jusqu’à 2 700 m d’altitude, l’euphraise naine est une toute petite plante annuelle portant des fleurs de couleur variable, blanche, jaune, violacée à violet

Nard raide

PNV - Felix Grosset

Le nard raide constitue souvent la graminée

Trèfle des Alpes

pourpré. Sa petite taille (2 à 10 cm) la rend difficile à voir. Les pelouses d’altitude sont aussi le domaine des gentianes bleues, certaines à grosses fleurs en cloche comme la gentiane de Koch ou gentiane acaule, d’autres à fleurs plus petites comme la gentiane printanière. Toutes deux poussent sur sols calcaires. Les pelouses d’altitude du Planay accueillent de nombreuses espèces de pédiculaires. La plupart d’entre elles sont typiques des pelouses calcaires : les pédiculaires à bec et en épi, d’Allioni, etc. Seule la pédiculaire du mont Cenis semble assez indifférente au substrat. Avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, cette espèce bien présente en Vanoise pousse dans les pelouses rocailleuses. La véronique d’Allioni est une plante à tige rampante, atteignant 40 cm de longueur, que l’on trouve également dans les pelouses rocailleuses sèches jusqu’à 2 500 m d’altitude. De juillet à septembre, elle forme

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97


PNV - Frantz Storck

Fiche-milieu n° 7

PNV - Christian Balais

Véronique d’Allioni

Gentiane acaule

des fleurs bleu ciel à bleu foncé réunies en grappes serrées. Espèce endémique* du sud-ouest des Alpes, la véronique d’Allioni se trouve en Vanoise en limite nord de son aire de répartition. Dans ce massif, elle est présente en haute Maurienne et en haute Tarentaise. Au Planay, elle est connue dans le secteur des Caves de Plan Fournier.

PNV - Christian Balais

Présente dans les combes à neige et les pelouses fraîches acides de l’étage alpin, la sibbaldie couchée est une plante naine à

Pédiculaire du Mont Cenis

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

tige couchée inférieure à 5 cm de hauteur. Les feuilles glauques et composées de trois folioles dépassent les fleurs, très petites et jaune verdâtre. C’est une espèce arcticoalpine* commune que l’on peut observer jusqu’à 2 800 m d’altitude. Également présente dans ce type de milieu, l’alchémille à cinq folioles est une espèce très commune. Dans certaines combes à neige, ce sont des saules rampants qui dominent. Dans les combes à neige acides, on trouve une association végétale* dominée par le saule herbacé. C’est un arbre nain ne dépassant pas 5 cm de hauteur.

Faune

Plusieurs

espèces fréquentent les pelouses alpines d’une manière presque permanente, parmi lesquelles se trouvent notamment des mammifères, des oiseaux, mais aussi des papillons et des orthoptères (criquets, grillons et sauterelles). La marmotte des Alpes compte parmi les espèces les plus symboliques de ces milieux, qu’elle occupe à longueur d’année. Elle y trouve la nourriture et le gîte, un réseau de terriers reliés par plusieurs galeries souterraines. Elle anime les pelouses de son cri destiné à alerter sa colonie en cas de danger, tout autant qu’à entretenir les liens sociaux. Très aigu, celui-ci est très souvent confondu avec les sifflements d’un oiseau.


Fiche-milieu n° 7 PNV - Sébastien Brégeon

PNV - Patrick Folliet

Niverolle alpine

À partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne dans une chambre de repos. Les pelouses sont fréquentées par d’autres herbivores, dont les plus typiques sont le chamois et le bouquetin des Alpes. Sur la commune, le chamois est bien présent dans les secteurs de la Table Ronde, Fontaine

les boisements qui constituent souvent au Planay des secteurs propices à la mise bas. Les couverts herbacés les plus ras, d’où émergent des buttes, constituent l’habitat* de prédilection du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m. Les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement en montagne, mais assez commun dans les hauts massifs. Assez répandu et abondant dans les massifs internes des Alpes, l’azuré des soldanelles fréquente les prairies de 1 600 à 2 700 m d’altitude. Le mâle de ce petit papillon arbore une robe bleu-gris largement bordée de gris sombre au-dessus et la femelle une couleur brune. Celle-ci pond ses œufs sur des androsaces. Parmi les quelques espèces d’orthoptères connues au Planay, certaines fréquentent les pelouses d’altitude, comme l’arcyptère bariolé et le criquet des clairières.

PNV - Alexandre Garnier

Marmotte des Alpes

Chamois des Alpes (mâles)

PNV - Mylène Herrmann

PNV - Joël Blanchemain

Froide, Vuzelle, etc. Tout au long de l’année, il occupe différents types de milieux : pelouses, rochers, éboulis, sans oublier

Jeune pipit spioncelle

Arcyptère bariolé

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99


PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n° 7

Ancien canal d’irrigation au-dessus du refuge du Grand Bec

voisines (Ritort à Pralognan-la-Vanoise, Mâcot-la-Plagne). Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée, notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole.

Équilibre entre l’homme et son milieu

Aux yeux des populations locales et des vacanciers, les pelouses d’altitude et les combes à neige évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. Le Planay présente trois unités d’alpage encore exploitées aujourd’hui (lire § L’agriculture, p. 14). Les pelouses d’altitude font l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Au Planay, les alpages sont pâturés uniquement par les génisses ; les vaches laitières sont conduites dans les alpages de communes

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Vincent Augé

Usages, intérêts économiques et représentations

Troupeau de vaches laitières à l’alpage de Ritort


L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la véronique d’Allioni) et présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d’alpage. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin, et contribue ainsi à limiter l’érosion.

Évolution et transformation du milieu

PNV - Christian Balais

Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les

Edelweiss

PNV - Alexandre Garnier

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Fiche-milieu n° 7

Ces pelouses détiennent une valeur récréative pour les touristes : ce sont des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Quelques sentiers balisés permettent d’arpenter le territoire du Planay, sous la Dent du Villard, mais aussi en rive droite du Doron de Pralognan.

Végétation de type reposoir à bestiaux

espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. Entre les années 1960 et les années 1980, on a assisté, dans les Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Savoie, en revanche, la vie pastorale s’est globalement mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique «AOC Beaufort», ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité liée aux stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont pratiqués, compromettent le maintien de la valeur biologique et la qualité pastorale. Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n° 7

Ancien alpage et chalet de Bonneval

se déprécier, voire disparaître définitivement.

Propositions de gestion Outil pionnier pour une gestion collective de territoires pastoraux de haute montagne, le schéma de gestion des espaces agricoles du Parc national de la Vanoise (validé en 2006) devrait permettre de concilier les enjeux patrimoniaux et agropastoraux des pelouses d’altitude. De l’avis des experts du Parc et de la Chambre d’agriculture, il précise que les alpages du Planay ne présentent pas d’enjeux environnementaux majeurs et qu’en l’état actuel des connaissances et des pratiques, les vocations environnementale et agropastorale sont compatibles, et même concordantes pour l’alpage de Plan Fournier. Concernant le secteur pastoral de Bonneval, abandonné depuis une trentaine d’années et donc non traité dans le schéma de gestion des espaces agricoles, une réflexion est en cours concernant la faisabilité d’une restauration d’une unité pastorale dans le

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie

secteur “la Montagne - Villeneuve - Bonneval” (alpages situés à Pralognan-la-Vanoise et au Planay) et les solutions réalistes de son entretien durable. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé. Elles permettent d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire*, des oiseaux insectivores en particulier. Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique sur la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum le paysage remarquable que constituent les pelouses d’altitude et donc cette précieuse couverture végétale dont la cicatrisation est lente et difficile.


Sommaire

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n° 8

Les éboulis et les moraines

Eboulis dans le cirque de la Vuzelle

Les

permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes.

éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation.

PNV - Alexandre Garnier

Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance geldégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’installation d’un couvert végétal

Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers

Détail d’un éboulis

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103


Fiche-milieu n° 8

mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit «migrateurs», comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit «recouvreurs» (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux.

La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. Au Planay, les éboulis et moraines acides (siliceux) sont les plus fréquents. On les trouve notamment au pied de la pointe de Méribel, de Becca Motta et du Grand Bec. La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

Eboulis et moraine

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 8

Flore éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus importante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large.

PNV - Christian Balais

Les

Androsace alpine

endémique* des Alpes est présente en France dans les six départements alpins. De la famille des oseilles, l’oxyria à deux styles est très caractéristique des éboulis siliceux d’altitude. Cette plante à la floraison estivale se reconnaît aisément à la forme en cœur de ses feuilles. Espèce pionnière des milieux rocailleux, l’épilobe de Fleischer se développe sur les moraines de la Vuzelle et du Grand Bec. Il peut également coloniser les bancs de graviers bordant les cours d’eau.

PNV - Patrick Folliet

PNV - Christian Balais

La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveaux espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent qui balaye fréquemment les éboulis. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, jusqu’à plus de 3 000 m d’altitude. Au Planay, elle se développe par exemple dans le cirque du Vallonnet. Pour s’adapter au vent et à la sécheresse, l’androsace forme de petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses, parfois blanches. Cette espèce

Benoîte rampante

Epilobe de Fleischer

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105


PNV - Frantz Storck

Fiche-milieu n° 8

Cresson des chamois

PNV - Philippe Benoît

La linaire des Alpes s’établit fréquemment dans les éboulis et les moraines calcaires. Bien adaptée à la mobilité de son substrat, elle possède de longues tiges rampantes qui lui permettent de regagner la surface après avoir été ensevelie suite à un glissement du pierrier. D’une hauteur maximale de 10 cm, cette linaire offre au regard ses corolles bleu violacé, le plus souvent à palais safrané. Petite plante ne dépassant guère 12 cm de hauteur, le cresson de chamois affectionne également les éboulis et moraines calcaires. Naissant des rosettes de feuilles, les hampes portent des grappes de fleurs blanches. Différentes saxifrages colonisent les éboulis et moraines. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes, qui pousse sur les éboulis

Saxifrage à deux fleurs

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

de schistes calcaires, moins grossiers et moins mobiles que les éboulis de calcaire pur. Cette petite plante à rameaux couchés présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée en Suisse, au Cervin, à 4 200 m. Plante naine poussant sous forme de coussinet, la saxifrage fausse mousse affectionne les éboulis et rocailles des endroits frais et longuement enneigés. Cette espèce végétale de haute montagne est une endémique* rare et protégée, présente en France uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes. Les génépi jaune et génépi vrai peuvent se rencontrer sur les éboulis et les moraines. Le génépi vrai est l’espèce la plus inféodée à ces milieux. Le génépi jaune affectionne davantage les rochers et falaises. En revanche, aucune de ces espèces n’est strictement liée à une nature de roche (acide/basique).

Faune

Avec un corps plus trapu que le lièvre brun et des oreilles plus courtes, le lièvre variable est un animal adapté à la vie en altitude. Ses larges pattes postérieures jouent le rôle de raquettes pour se déplacer dans la neige poudreuse. Surnommé blanchon, le lièvre variable possède la capacité de changer de pelage au fil des saisons : blanc comme neige en hiver, il devient fauve à brun en été, en passant par une couleur bigarrée au printemps et à l’automne. Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour lui ; il peut s’y nourrir, tout en se cachant des prédateurs que sont le renard et l’aigle royal. Le chamois est de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire


Fiche-milieu n° 8 PNV - Michaël Delorme PNV - Philippe Benoît

Accenteur alpin

Lièvre variable

son domaine de prédilection. Il s’y tient plus particulièrement en été. Sans être cantonnée aux milieux d’altitude, l’hermine fréquente les éboulis, d’autant que sa souplesse lui permet de se faufiler entre les blocs. Elle y chasse les rongeurs et autres petits vertébrés.

PNV - Christophe Gotti

Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les frag-

Hermine en livrée hivernale

ments de pelouse rase qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol. Morphologiquement proche du moineau, la niverolle alpine fréquente les pelouses dénudées ou rocailleuses, les éboulis et les bordures de névés de l’étage alpin jusqu’à la partie inférieure de l’étage nival. Elle y trouve les graines et les divers invertébrés (insectes, vers, escargots) dont elle se nourrit. Le lagopède alpin évolue dans les milieux ouverts de l’étage alpin et de l’étage nival : pelouses rocailleuses, landes, éboulis, lapiaz ou crêtes rocheuses. Dans ce milieu hostile, l’oiseau s’accommode parfaitement de conditions sommaires : une nourriture à base de matière ligneuse fournie par la végétation rase, enrichie à la belle saison de fruits, de fleurs, de feuilles et d’invertébrés terrestres (pour les poussins) et des sites de nidification construits à même le sol. Le nid est en effet une dépression peu profonde, au sein d’un îlot de plantes ou sous un arbrisseau rampant, le plus souvent située contre un rocher. Tout comme le pelage du lièvre variable, le plumage varie au cours de l’année grâce à quatre mues et adopte trois formes différentes : un plumage sombre d’été, un plumage blanc d’hiver et un plumage bariolé d’intersaison.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107


PNV - Michaël Delorme

Fiche-milieu n° 8

Lagopède alpin

Le némusien et l’ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la même espèce de papillon de jour, évoluent dans les sites rocailleux d’altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes.

PNV - Alexandre Garnier

Papillon présent en France uniquement dans l’arc alpin, le chamoisé des glaciers vole de début juin à mi-août au-dessus des lieux herbeux secs, parmi les éboulis et les rochers. Il a besoin pour sa reproduction de la fétuque ovine sur laquelle il pond ses œufs.

Eboulis au-dessus du refuge du Grand Bec

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis et les moraines sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également fréquentés en été par les cueilleurs de génépi. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques, même s’il arrive parfois aux ovins de les parcourir. Par le passé, les éboulis ont fourni les matériaux pour la construction des chalets d’alpage.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître. En revanche, certains éboulis comme celui de la Tour du Merle tendent à se stabiliser et sont alors colonisés par les jeunes feuillus.

PNV - Stéphane Mélé

L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes

présentes, et pour lesquels ils constituent des zones de repos diurne appréciées. Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Ils contribuent à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) du Planay. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.

Bouquetin des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109

Fiche-milieu n° 8

Équilibre entre l’homme et son milieu


PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n° 9

Les rochers et les falaises

La pointe de la Vuzelle et sa cascade depuis le chemin du mont Chevrier

Les

rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et aux plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit.

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

Sommaire


Flore

PNV - Chriszophe Gotti

Les

La tour du Merle avec vue sur Bozel

plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour

Rochers et falaises

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111

Fiche-milieu n° 8

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. Au Planay, les groupements végétaux des substrats siliceux sont dominants en rive droite du Doron de Pralognan, alors que les rochers calcaires sont abondants (gypse, cargneule) sur le massif de la Dent du Villard.


PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 9

Primevère hérissée

puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. Le lis orangé affectionne essentiellement les rochers calcaires, les pelouses sèches rocailleuses et les boisements clairs d’adret, entre 1 760 et 2 300 m d’altitude au Planay. Victime de sa beauté, il est devenu rare en Vanoise à la suite de cueillettes excessives et se replie de plus en plus dans les zones difficiles d’accès (lire la fiche-espèce n°3). Avec ses fleurs blanches, la saxifrage fausse diapensie, rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise, est une espèce protégée qui fleurit sur les rochers calcaires du Planay entre 1 700 et 2 610 m d’altitude (lire la fiche-espèce n°2).

Ses petites feuilles densément imbriquées forment des petits coussinets. Espèce beaucoup plus commune des rochers calcaires, l’orpin noirâtre est une petite plante dite “grasse” (aux feuilles gorgées d’eau) dont les fleurs blanc crème sont souvent veinées de rouge. La primevère hérissée est une petite plante localement répandue en Vanoise et qui pousse couramment sur les parois siliceuses de l’étage alpin. Sa taille et sa corolle rose violacé à gorge blanche non farineuse la distinguent de la primevère à larges feuilles

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Joël Blanchemain

Lis orangé

Saxifrage fausse diapensie

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Primevère à larges feuilles


Fiche-milieu n° 9 PNV - Sébastien Brégeon PNV - Régis Jordana

Chocard à bec jaune

Joubarbe toile d’araignée

qui fréquente les mêmes substrats. Cette dernière, plus grande, a des fleurs de couleur pourpre violet, à gorge unie, un peu farineuse. Ses feuilles sont aussi plus longues et molles. La joubarbe toile-d’araignée est une plante commune qui affectionne les rochers et pelouses rocailleuses sèches sur substrat siliceux, jusque 3 000 m d’altitude. Elle doit son nom aux nombreux poils longs, fins et blanchâtres qui recouvrent ses feuilles basales. Les rochers acides constituent aussi l’habitat de prédilection de sa cousine, la joubarbe des toits, qui colonise aussi les murs et les murets en pierre construits de la main de l’homme.

Faune

Les

adaptations de la faune aux milieux de falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements

sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur. Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux. Parmi les espèces nichant dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune. C’est un oiseau très sociable qui se déplace en voltigeant dans les courants aériens, le plus souvent en groupes pouvant compter plus d’une centaine d’individus. Il est aussi très curieux, s’approchant sans crainte des randonneurs ayant tiré leur pique-nique du sac à dos. En saison de reproduction, le couple bâtit le nid, à partir de brindilles, de racines et d’herbes, dans une cavité rocheuse inaccessible. Autre exemple d’oiseau de parois rocheuses, le tichodrome échelette est encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113


PNV - Stéphane Mélé

PNV - Jean-Pierre Martinot

Fiche-milieu n° 9

Tichodrome échelette

Aigle royal

dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites taches blanches à l’extrémité des ailes. Au Planay, le tichodrome échelette niche dans les falaises de la pointe de Leschaux. Parmi les rapaces rupestres, le faucon pèlerin niche dans les falaises surplombant le verrou rocheux à la limite communale entre Pralognan et le Planay. Il ne chasse qu’en vol et percute ses proies avec le bréchet, l’os plat de la face antérieure du thorax, après avoir effectué un long piqué quasi vertical, qui peut atteindre 200 à 250 km par heure. Son cousin, le faucon crécerelle, se caractérise par un vol sur place, face au vent et queue déployée, dit “vol en Saint-Esprit”. Au Planay, il est régulièrement observé survolant les alpages.

L’aigle royal compte au Planay un couple reproducteur qui s’installe dans l’une des quatre aires construites, dont deux en rive droite du Doron de Pralognan et deux en rive gauche. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux.

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Alexandre Garnier

Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif des rochers et des falaises. Dans ce milieu où il se déplace avec une grande aisance, il trouve la nourriture végétale et la sécurité dont il a besoin pour vivre. Espèce symbolique de la Vanoise, il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national

Faucon crécerelle

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Bouquetin mâle


Fiche-milieu n° 9 PNV - Christophe Gotti

en 1963. Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité ; en période hivernale, craignant le manteau neigeux épais et les avalanches, il fréquente les crêtes déneigées par le vent et les versants abrupts et rocheux des adrets. Ces quartiers d’hiver sont également les quartiers de rut. Enfin, en période de mise bas, les femelles s’isolent sur de petites vires. La population de bouquetins qui occupe le territoire du Planay se situe principalement dans le secteur rocher Rouge-pointe de Méribel et en été, dans le cirque du Vallonnet depuis le Grand Bec jusqu’au col de Leschaux.

Équilibre entre l’homme et son milieu

La Tour du Merle depuis la Lée

ralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. L’aplomb de ces falaises est également fréquenté par les parapentistes et les “volivelistes” du fait des mouvements d’ascendance qu’elles engendrent.

Usages, intérêts économiques et représentations Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Vanoise à un développement géné-

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Alexandre Garnier

CPNS - Virginie Bourgoin

L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des «éboulis et moraines». Il est essentiellement

Pointe de Leschaux

La Dent du Villard depuis le Villard

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n° 9

sur la flore des pratiques sportives citées ci-dessus sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on tient compte, préalablement à leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie.

Groupe de bouquetins des Alpes descendant un massif rocheux dans le cirque de la Vuzelle

dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables, comme la saxifrage fausse diapensie. L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupestres telles que l’aigle royal, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.

Évolution et transformation du milieu À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie

En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. Cette menace est plus marquée à proximité des voies d’escalade équipées, dont la sécurisation peut entraîner une fréquentation plus importante que celle des voies d’escalade non équipées.

Propositions de gestion Aux échelles communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable des sports de nature et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation de professionnels du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables afin d’assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites. Une surveillance des zones de nidification concernées et de leur fréquentation en période sensible peut s’avérer nécessaire. Au Planay, l’observation des sites de nidification de l’aigle royal est réalisée chaque année afin de mieux connaître la réussite de sa reproduction.


Sommaire

Fiche-milieu n° 10

Les glaciers et les névés

compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 500 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés aux frontières de la commune avec Champagny-en-Vanoise. Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par

PNV - Christophe Gotti

Un glacier est un réservoir de glace issu du

Névé bordant le lac du Creux Noir

des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. L’alternance de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon.

PNV - Christophe Gotti

Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°7).

Glacier de la Vuzelle

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117


Fiche-milieu n° 10

Glaciers

Flore et faune

Les

basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid.

Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.

Équilibre entre l’homme et son milieu PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Chlamydomonas des neiges

118 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Ils constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.

Évolution et transformation du milieu Les glaciers du Planay n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer.

Le glacier de la Vuzelle, appelé couramment glacier de la pointe du Vallonnet, est en voie de disparition, tandis que les glaciers de la Culaz et du Grand Bec ont déjà quasiment disparu. Après l’avancée forte du «petit âge glaciaire» (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées. La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier.

Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal, mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 119

Fiche-milieu n° 10

Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs de terrains d’aventure sportive. La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. Au Planay, les alpinistes sont peu nombreux à parcourir les glaciers de la commune car les glaciers du Grand Bec et de la Culaz ont quasiment disparu. La voie normale du Grand Bec emprunte le glacier de Troquairou sur la commune de Champagnyen-Vanoise.


Sommaire

Fiches-milieux – Conclusion

Conclusion

PNV - Christophe Gotti

problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sous tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire.

Jeu d’ombre et de lumière sur la Vuzelle

L ’ensemble des dix grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre l’intégralité du territoire de la commune du Planay. Le choix d’une description milieu par milieu ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque qui résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains

120 - Les milieux naturels, des lieux de vie

La diversité des richesses naturelles et des milieux est à l’origine de ressources variées (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc.). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants du Planay. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) peut constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. Au Planay, tous les milieux naturels et seminaturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation


Fiches-milieux – Conclusion PNV - Christophe Gotti

Plan Fournier

durable des ressources agricoles et forestières. Parmi les premiers milieux, on citera certains secteurs de moraines et de falaises hébergeant des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats forestiers. Les moraines et les falaises sont le refuge d’une faune et d’une flore sensibles et très spécialisées : une grande diversité d’oiseaux nicheurs dont certains sont remarquables comme l’aigle royal ou le tichodrome échelette, des plantes protégées comme l’androsace alpine ou la saxifrage fausse diapensie. Ces milieux non menacés à l’heure actuelle méritent une attention particulière lors des projets d’aménagements et dans la gestion de la fréquentation (escalade, survol, etc.). Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole de la commune : besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne. Il est important, pour conserver une part de la biodiversité spécifique de ces prairies, de continuer à les entretenir de manière extensive. L’abandon de la fauche des prairies difficiles à exploiter

entraîne une baisse de leur valeur fourragère et biologique d’une part, et d’autre part une fermeture* des paysages, liée à la colonisation par les ligneux. Les alpages représentent le cas remarquable d’un écosystème dont le type d’exploitation séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère. La prise en compte dans la gestion des alpages des espèces et des milieux naturels intéressants est un facteur essentiel si l’on veut favoriser la valeur patrimoniale et pastorale de ces milieux. Concernant les forêts du Planay, riches d’une flore et d’une faune remarquables, il convient de continuer à limiter le morcellement lié à l’aménagement de pistes, par exemple. La commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation de la plupart des milieux naturels et les enjeux économiques s’y rapportant. Compte tenu de son relief particulier et de son passé industriel, Le Planay n’a pas connu d’urbanisation et d’aménagements touristiques importants et reste une commune au patrimoine naturel peu menacé.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 121


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


Le lycopode des Alpes Les

lycopodes appartiennent au grand groupe de plantes nommé ptéridophytes. La dizaine d’espèces de lycopodes de la flore française se répartit essentiellement dans les régions montagnardes, où ces plantes se développent dans les landes, les tourbières ou les sous-bois. Quatre espèces de lycopodes sont connues en Vanoise : le lycopode des Alpes (Diphasiastrum alpinum), le lycopode à rameaux d’un an (Lycopodium annotinum), le lycopode en massue (Lycopodium clavatum) et le lycopode sélagine (Huperzia selago). Ces quatre espèces sont toutes rares en France, mais seul le lycopode des Alpes bénéficie d’une protection nationale.

tige fertile terminée par un épi cylindrique, solitaire long de 0,5 à 1,5 cm, sessile et regroupant les sporanges

rameaux redressés et ramifiés de 3 à 10 cm de haut, quadrangulaires à cylindriques feuilles très petites, vert bleuté, imbriquées sur quatre rangs et appliquées contre les rameaux

PNV - Christian Balais

Le lycopode des Alpes, une plante naine ne dépassant guère 10 cm de hauteur

a lieu de juillet à septembre. Les épis de sporanges se dessèchent en fin de saison. Les tiges stériles sont persistantes.

Écologie

Le lycopode des Alpes est une plante vivace à tiges longuement rampantes, essentiellement présente aux étages subalpin et alpin, capable toutefois de se développer à partir de 1 000 m d’altitude. Il affectionne les terrains siliceux ou décalcifiés de montagne et pousse, au sein des landes, aux endroits découverts, sur sol presque nu. Le lycopode des Alpes présente deux types de tiges : des tiges fertiles qui portent les organes reproducteurs, ou sporanges, regroupés en épi, ainsi que des tiges stériles portant uniquement des petites feuilles. La production des spores par les tiges fertiles

124 - Regard sur quelques espèces

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-espèce n° 1

Sommaire

Organes reproducteurs du lycopode des Alpes


toujours isolées et peu nombreuses, font de ce lycopode une espèce relativement rare. En Savoie, l’espèce est dispersée dans les massifs siliceux ; elle est très rare dans le massif des Bauges.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Menaces

Considéré comme une relique glaciaire*, le lycopode des Alpes est une espèce arcticoalpine* qui occupe les régions à climat froid de l’hémisphère nord, ainsi que les montagnes des zones à climat tempéré. Il est présent en Amérique boréale, en Asie occidentale et boréale et dans une grande partie de l’Europe : Scandinavie, pays Baltes, Grande-Bretagne, Irlande, Belgique, Luxembourg, Alpes, Carpates, Dinarides, Balkans, Apennins et Pyrénées. L’espèce est présente dans les montagnes françaises, Corse incluse. Ses populations,

Cette espèce est menacée principalement par la modification de son habitat*, pouvant être induite par la réalisation d’aménagements en montagne. Protection et propositions de gestion

Le lycopode des Alpes est protégé en France. Le maintien de cette espèce passe notamment par sa prise en compte dans tout nouveau projet d’aménagement.

Répartition du lycopode des Alpes en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 125

Fiche-espèce n° 1

Leur croissance est interrompue par une phase de repos hivernal. Au Planay, le lycopode des Alpes pousse dans la lande à éricacées, vers 2 000 m d’altitude, dans le cirque de Fontaine Froide.


La saxifrage fausse diapensie Il existe environ vingt espèces de saxifrages en Vanoise, dont une quinzaine au Planay. Parmi celles-ci, deux petites saxifrages blanches des rochers calcaires sont très proches d’apparence : la saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensoides) et la saxifrage bleuâtre (Saxifraga caesia).

inflorescence compacte, portant trois à cinq fleurs blanches

tige robuste petites feuilles obtuses, dressées, arquées à l’extrémité, densément imbriquées et groupées en coussinets assez globuleux

PNV - Christian Balais

Saxifrage fausse diapensie inflorescence lâche (ou un peu serrée) tiges très fines à la base feuilles obtuses recourbées deux à six fleurs blanches par tige PNV - Jacques Perrier

Fiche-espèce n° 2

Sommaire

Saxifrage bleuâtre

Écologie

La saxifrage fausse diapensie est une plante vivace des rochers calcaires. Elle pousse principalement aux étages subalpin et alpin.

126 - Regard sur quelques espèces

Au Planay, l’espèce croît dans les rochers calcaires des Granges du Mia, vers 1 550 m d’altitude. Elle fleurit en juin et juillet.


Menaces

La saxifrage fausse diapensie est une espèce

de détruire ses stations, il n’y a pas de menaces avérées concernant la survie de l’espèce.

Protection et propositions de gestion

La saxifrage fausse diapensie est une espèce protégée rare. La préservation de l’espèce passe entre autres par la surveillance et la non-dégradation de ses stations.

PNV - Stéphane Mélé

rare au niveau mondial. C’est une endémique* ouest-alpine. En dehors de la France, où elle n’est connue que dans quatre départements : Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes, l’espèce est aussi présente en Italie (du Piémont à la Ligurie) et en Suisse (Valais). Dans le massif de la Vanoise, cette saxifrage est connue dans une vingtaine de communes, parmi lesquelles figure le Planay.

À l’exception d’aménagements susceptibles

La saxifrage fausse diapensie dans son milieu

Le saviez-vous ? ◆ Le nom saxifrage provient du latin saxum = pierre et frangere = briser et signifie «qui brise les rochers». Les racines de ces plantes profitent en effet de la moindre fissure pour s’ancrer et exploiter la terre végétale qui a pu s’y déposer. En Vanoise, plus de cinquante stations de saxifrage fausse diapensie ont déjà été recensées ; c’est à Val-d’Isère et Pralognan-la-Vanoise que se trouvent les populations les plus importantes et comportant de nombreux individus. Au Planay, une seule population de l’espèce est connue à ce jour.

Regard sur quelques espèces - 127

Fiche-espèce n° 2

Répartition géographique et intérêts biologiques


Le lis orangé Appartenant à la famille botanique des liliacées, le lis orangé (Lilium bulbiferum subsp. croceum) et le lis martagon (Lilium martagon) sont caractérisés par leur grande taille atteignant jusqu’à 90 cm, ainsi que leurs grosses fleurs. Admirées pour leur beauté, ces deux plantes fleurissent au Planay. Alors qu’elles étaient toutes deux assez communes autrefois, le lis orangé est aujourd’hui devenu rare en Vanoise.

une à six fleurs dressées à l’extrémité de la tige

fleurs très grandes, orangées ponctuées de brun

feuilles lancéolées, alternes

tige anguleuse feuillée jusqu’aux fleurs CNPS - Virginie Bourgoin

fleurs penchées en longues grappes Lis orangé

fleurs roses piquetées de pourpre pièces florales recourbées plante de 60 à 90 cm de hauteur

PNV - Frédéric Fima

Fiche-espèce n° 3

Sommaire

Lis martagon

Écologie

Le lis orangé est une plante vivace des étages montagnard et subalpin. Il affectionne la chaleur des adrets et pousse sur les vires

128 - Regard sur quelques espèces

herbeuses, dans les rochers, les forêts claires et les lisières forestières sèches. Au Planay, ses populations se situent en versant exposé ouest à sud-est, dans les rochers de l’Allée par exemple. Il fleurit en juin et juillet.


Le

lis orangé est une espèce propre aux régions montagneuses du centre de l’Europe. En France, le lis orangé est présent dans le Jura, les Alpes et dans le nord de la Corse. En Vanoise et plus généralement en Savoie, ses stations ont beaucoup régressé. Il peut être considéré comme rare aujourd’hui. La beauté du lis orangé en fait une espèce de grand intérêt horticole, qui a été récoltée pour être cultivée.

Menaces

Sur toute son aire de répartition française,

Protection et propositions de gestion

Le lis orangé appartient à la liste des espèces végétales dont la cueillette peut être réglementée, voire interdite par arrêté préfectoral. Dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-HauteProvence et l’Isère, des arrêtés préfectoraux interdisent totalement la cueillette du lis orangé et limitent celle du lis martagon à une poignée par personne. Ceci assure la préservation de ces espèces. Une telle mesure serait souhaitable dans les départements savoyards.

PNV - Alexandre Garnier

cette espèce est devenue rare à la suite d’arrachages excessifs et aujourd’hui on ne la trouve plus que dans les sites difficiles

d’accès. La destruction de son habitat par les aménagements est aussi une menace à ne pas négliger, même si au Planay, ces menaces semblent peu probables.

Détail d’une fleur de lis orangé

Le saviez-vous ? ◆ Il existe deux sous-espèces de lis orangé. La sous-espèce “bulbiferum” présente dans les Alpes orientales possède des bulbilles qui se développent à l’aisselle des feuilles. Ceux-ci, une fois tombés au sol, germent et redonnent de nouveaux pieds, assurant ainsi la reproduction végétative du lis orangé. La sous-espèce “croceum” qu’on rencontre en Savoie ne présente pas une telle particularité.

Regard sur quelques espèces - 129

Fiche-espèce n° 3

Répartition géographique et intérêts biologiques


Le sabot de Vénus Il existe environ 175 espèces d’orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec pedilon (= chaussure) et du latin sypria (= surnom de Vénus) et calceus (= soulier), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge ou pantoufle de Notre-Dame, se caractérise par la forme en sabot de son labelle. C’est, parmi les orchidées de France et d’Europe, celle qui présente les plus grandes fleurs.

labelle long de 4 à 5 cm, jaune vif luisant et renflé, revêtu intérieurement de poils visqueux tige anguleuse et rude au toucher

trois à cinq feuilles à nervures saillantes, largement ovales et engainantes à la base PNV - Frédéric Fima

Sabot de Vénus

Écologie

Espèce

vivace des étages montagnard et subalpin, le sabot de Vénus est une plante de mi-ombre qui affectionne généralement les forêts claires et les clairières sur substrat calcaire à neutre et frais, au moins en profondeur. Il pousse en petites colonies ou en fortes touffes. De belles populations de sabot de Vénus sont présentes dans la forêt de la Dent du Villard, entre le ruisseau des Croix et le ravin de la Dent. Ses stations s’échelonnent de 1 040 à 1 730 m d’altitude. Le sabot de Vénus fleurit de fin mai à fin juillet.

130 - Regard sur quelques espèces

PNV - Frantz Storck

Fiche-espèce n° 4

Sommaire

Sabot de Vénus


Menaces

Le

taculaire est menacée par la cueillette et l’arrachage par des promeneurs, ainsi que par la destruction de ses stations lors d’aménagements et d’exploitations forestières. L’évolution de ses habitats par densification du couvert forestier peut localement et ponctuellement lui être défavorable. Compte tenu de l’assez bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour la conservation du sabot de Vénus.

sabot de Vénus possède une aire de distribution circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du Nord). En Europe, il a disparu de Belgique et du Luxembourg. En France, il est très rare en dehors des Alpes. En Vanoise, il est connu actuellement dans 17 des 29 communes du Parc national de la Vanoise. Au Planay, il peut présenter localement de belles populations.

À l’échelle nationale, cette orchidée spec-

Protection et propositions de gestion

Le sabot de Vénus fait partie des orchidées

PNV - Christian Balais

protégées en France ; à ce titre, sa cueillette est interdite. D’intérêt européen, il compte parmi les rares espèces présentes en Vanoise que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger (directive «Habitats» - annexe 2). Le maintien de l’espèce passe notamment par une sensibilisation du public et une information des habitants et des touristes sur son statut d’espèce protégée.

Détail d’une fleur de sabot de Vénus

Le saviez-vous ? ◆ Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale, hélas à juste raison. En effet, il a disparu de la plupart des départements français où il était autrefois présent. C’est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on l’utilisait entre autres, aux siècles passés, à l’occasion de fêtes populaires), qui ont provoqué sa disparition de régions entières, Alsace, Auvergne, etc. ◆ Il a été choisi comme emblème par la Société Française d’Orchidophilie. ◆ Comme toutes les orchidées, le sabot de Vénus est un symbiote obligatoire. C’est à dire qu’il ne peut germer, croître et fructifier en l’absence d’un champignon vivant dans le sol.

Regard sur quelques espèces - 131

Fiche-espèce n° 4

Répartition géographique et intérêts biologiques


La bruyère herbacée La bruyère herbacée (Erica herbacea) ou bruyère des neiges est un sous-arbrisseau à feuilles persistantes pouvant atteindre 30 cm de haut. Parfois confondue avec la callune vulgaire (Calluna vulgaris), elle s’en distingue par ses feuilles en aiguilles groupées par quatre et ses grappes de petites fleurs roses en clochette. C’est une espèce très rare en France où elle atteint la limite occidentale de son aire de répartition. Très localisée dans la vallée de la Maurienne, elle est encore plus rare en Tarentaise.

fleurs roses en forme de clochettes, groupées en grappes unilatérales étamines rouge pourpre dépassant la corolle

tige dressée densément couverte d’aiguilles persistantes

PNV - Christophe Gotti

Fleurs rose violet, pétales non soudés en clochette Bruyère herbacée

Feuilles en forme d’écailles imbriquées à la manière des tuiles d’un toit Tige dressée avec des feuilles persistantes

PNV - Marie Geneviève Bourgeois

Fiche-espèce n° 5

Sommaire

Callune vulgaire

Écologie

Contrairement

à la plupart des représentants de la famille des Éricacées dont elle fait partie, cette bruyère pousse sur des terrains calcaires aux étages montagnard et subalpin. Elle affectionne les bois et rocailles plus ou

132 - Regard sur quelques espèces

moins ensoleillés, la fraîcheur des versants en ubac ayant sa préférence. Plante d’affinité continentale, elle bénéficie l’hiver de la protection du manteau neigeux. Au Planay, on l’observe dans le secteur du ravin de la Dent sous la Dent du Villard, vers 1 500 à 1 550 m d’altitude.


Protection et propositions de gestion

Au-delà des quelques stations de Tarentaise

La bruyère herbacée est inscrite sur la liste

et de Maurienne, où l’espèce peut être localement abondante, on ne connaît qu’une station de bruyère herbacée en Haute-Savoie et quelques autres dans les Alpes-Maritimes.

Menaces

des espèces protégées. Par ailleurs, la pinède à pins à crochets avec sous-bois de bruyère herbacée est classée comme habitat prioritaire par la directive Habitats. La préservation des sous-bois à bruyère herbacée doit être recherchée lors de tout projet d’exploitation forestière.

C’est la faible étendue de son aire de répartition qui constitue la principale vulnérabilité de cette espèce en France. De brusques changements d’éclairement et d’hygrométrie fragilisent ses populations. Au Planay, où la forêt communale est gérée en futaie jardinée*, le seul risque est la destruction directe par l’aménagement en montagne, ou la création de pistes.

Répartition de la bruyère herbacée en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 133

Fiche-espèce n° 5

Répartition géographique et intérêts biologiques


PNV - Philippe Benoît

Fiche-espèce n° 5

La bruyére herbacée dans son milieu

Le saviez-vous ? ◆ Parmi les milliers d’espèces présentes dans les Alpes, toutes n’ont pas la même origine géographique ni la même ancienneté. Certaines plantes alpines sont originaires de montagnes lointaines dont l’Himalaya, d’autres des steppes d’Asie centrale, d’autres encore sont arrivées plus récemment en Europe du sud depuis les régions arctiques lors des périodes glaciaires. Elles ont trouvé refuge dans les Alpes à la fin de cet épisode glaciaire, il y a 12 000 ans. La bruyère herbacée est beaucoup plus ancienne et plus lointaine puisque son origine est à rechercher dans les montagnes d’Afrique où elle est apparue il y a plusieurs dizaines de millions d’années à l’ère tertiaire. Installée en Europe bien avant les périodes glaciaires, c’est ce que l’on appelle une relique* tertiaire. ◆ C’est une plante décorative dont les pépiniéristes cultivent des variétés proches. C’est une bonne plante mellifère que la précocité de la période de floraison rend intéressante. En pharmacopée, on lui reconnaît une valeur diurétique.

134 - Regard sur quelques espèces


Le faucon pèlerin

Le faucon pèlerin (Falco peregrinus) est le plus grand des faucons de France. Son corps ramassé, muni d’ailes longues et pointues et d’une queue plutôt courte, rétrécie à l’extrémité, lui donne une “silhouette d’arbalète”. Ses “moustaches” larges et sombres, contrastant avec sa gorge et ses joues claires, forment un signe distinctif pour ce grand faucon. Une dizaine de couples est connue aujourd’hui en Vanoise.

dessus de la tête, dos et dessus des ailes gris ardoisé cercle oculaire jaune “moustaches” larges et sombres

dessous blanchâtre à grisâtre plus ou moins barré de noir

pattes et doigts jaunes

Manuel Bouron

Le mâle, appelé “tiercelet”, est un tiers plus léger (600g environ) que la femelle (900g environ).

Faucon Pèlerin ailes longues et pointues

dessous des ailes noir et blanc

Manuel Bouron

queue finement barrée de noir et blanc

Faucon pèlerin en vol

Écologie

Le

faucon pèlerin recherche tout type d’espace ouvert* suffisamment riche en oiseaux et pourvu de sites de nidification et de sites d’affût surplombants. En Savoie, il occupe des falaises bien exposées entre 300 et 1 800 m d’altitude.

Il se nourrit principalement d’oiseaux avec une préférence pour les merles, grives, pigeons et corvidés. Doté d’une excellente vue, c’est un prédateur redoutable pour la chasse en vol. Il veille, perché sur un poste d’affût ou planant haut dans le ciel, puis fond sur sa proie qu’il capture en plein vol.

Regard sur quelques espèces - 135

Fiche-espèce n° 6

Sommaire


Fiche-espèce n° 6

Le couple occupe le même site de nidification à chaque période de reproduction, de la fin février à la mi-juin. La femelle pond trois à cinq œufs dans une dépression peu profonde grattée dans le sol, le sable ou la végétation. Les jeunes s’envolent en maijuin. À la recherche d’un nouveau territoire ils peuvent s’éloigner à plus de 100 km de leur lieu de naissance. Dans notre région le seul prédateur du faucon pèlerin est le grand-duc d’Europe.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le faucon pèlerin est une espèce cosmopolite, absente seulement des régions arctiques et des forêts tropicales. En France, il est nicheur sédentaire dans tous les massifs de montagne, ainsi que sur les côtes de la Manche et de la Méditerranée. Après s’être raréfié dans les années 1960 dans le massif de la Vanoise, il est à nouveau observé à partir de 1976 en Basse Maurienne. Remontant la vallée de l’Arc, il atteint Bessans en 1995. Il a aussi reconquis la Tarentaise, jusqu’à Tignes où des accouplements ont été constatés en 1996. Au Planay, le faucon pèlerin est régulièrement observé dans le secteur du mont Chevrier.

Menaces

L’usage intensif de pesticides organochlorés a été à l’origine d’un important déclin pour de nombreux rapaces en Europe, au cours des années 1950 à 1970. Depuis, plusieurs mesures ont permis de stopper le déclin du faucon pèlerin. Si le pillage des œufs et des jeunes au nid à des fins commerciales a régressé (fauconnerie), il reste une menace potentielle pour cette espèce. D’une manière plus courante, le faucon pèlerin est une espèce sensible au dérangement

136 - Regard sur quelques espèces

sur ses sites de reproduction : l’aménagement de via ferrata, l’escalade, le vol libre, la photographie animalière sont autant de pratiques qui doivent impérativement tenir compte des lieux et de la période de reproduction de ce rapace.

Protection et propositions de gestion

Le faucon pèlerin est une espèce protégée en France depuis 1981 et figure sur la liste nationale des oiseaux menacés. Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux ; la conservation de ses habitats* est prioritaire pour la communauté européenne. La réglementation des activités de loisirs rupestres, là où elles entrent en concurrence avec des couples nicheurs, ainsi que la surveillance de certains sites de nidification contre les prélèvements illégaux pour la fauconnerie, sont les mesures de gestion préconisées pour assurer le maintien des couples et le renforcement de la population de faucon pèlerin en Vanoise


◆ Le faucon pèlerin était adoré des égyptiens qui avaient reconnu il y a déjà 3 500 ans ses performances visuelles, en symbolisant le verbe “voir” par un hiéroglyphe en forme d’œil de faucon. Par ailleurs, il est l’incarnation d’Horus, l’un des dieux les plus puissants et les plus souvent représentés du panthéon égyptien. ◆ La dénomination de pèlerin, signifiant “oiseau de pérégrination”, remonte au Moyen Age. Le fait que ses sites de nidification soient difficiles à localiser aurait contribué à tort à le considérer comme un oiseau migrateur. ◆ Le faucon est l’oiseau le plus rapide du monde. Lorsqu’il pique sur une proie, il peut atteindre des pointes de vitesse de plus de 250 km / h.

Regard sur quelques espèces - 137

Fiche-espèce n° 6

Le saviez-vous ?


Le tétras-lyre Le tétras-lyre (Tetrao tetrix) encore appelé “petit coq de bruyère” appartient à l’ordre des galliformes qui compte en Vanoise cinq espèces nicheuses (tétras-lyre, lagopède alpin, perdrix bartavelle, gélinotte des bois et caille des blés). Les quatre premières nichent au Planay. Le tétras-lyre est un oiseau emblématique qui se distingue facilement des autres espèces par son plumage noir (pour le coq) et ses gros sourcils rouges ou caroncules, en période de reproduction.

plumes de la queue en forme de lyre dessous des ailes et de la queue blanc sourcil rouge ou «caroncule» plumage entièrement noir, irisé de bleu métallique sur le cou et le poitrail

PNV - Philippe Benoît

Fiche-espèce n° 7

Sommaire

Mâle adulte du tétras-lyre (taille = 62 cm)

Écologie

Typique

de la taïga, le tétras-lyre peuple dans les Alpes la partie supérieure de l’étage subalpin et la base de l’étage alpin (entre 1 800 et 2 200 m d’altitude). Il affectionne essentiellement les boisements clairs de résineux (au sous-bois d’éricacées à baies telles que l’airelle à petites feuilles), mais les fourrés d’aulne vert peuvent également lui fournir abri et nourriture. Les parades ont lieu au mois de mai sur des places de chant dégagées où se regroupent les coqs. L’espèce niche en limite de forêt, au pied d’un arbre ou sous un épais buisson. Les jeunes ne restent pas au nid et sont élevés par la femelle jusqu’à leur troisième mois. Ils se nourrissent durant deux à trois semaines

138 - Regard sur quelques espèces

dans les pelouses d’altitude riches en invertébrés. Leur alimentation devient ensuite presqu’exclusivement végétale. Les nichées s’émancipent en septembreoctobre. L’hiver en sous-bois, les tétras s’isolent du froid ambiant en se laissant enfouir sous la neige, ou en creusant une loge dans les zones de neige poudreuse, afin de limiter leurs dépenses énergétiques ; ils y passent alors 80 % de leur temps.

Répartition géographique et intérêts biologiques

En

Europe, la répartition du tétras-lyre comprend l’arc alpin, l’Europe du Nord et du Nord-Est. En France, il ne subsiste que


tion de ses habitats, qui engendre un recul des populations de l’espèce : dérangement par le ski hors piste, collisions avec les câbles de remontées mécaniques et les lignes électriques, perte de surfaces favorables à l’élevage des poussins du fait du nivellement des pistes de ski, ou encore de la disparition des places de chant. Le dérangement lié au passage de chiens, comme celui trop précoce des troupeaux ovins ou bovins leur est aussi préjudiciable. La multiplication des pistes carrossables accroît les pressions de dérangement estival et de chasse en automne. De plus, l’abandon du pâturage extensif et la fermeture* des pelouses par la lande lui sont également néfastes.

Protection et propositions de gestion

PNV - Stéphane Mélé

Le tétras-lyre est une espèce chassée malgré

Femelle adulte du tétras-lyre ou poule (taille = 47 cm)

Menaces

C’est

une combinaison de facteurs défavorables, principalement liés à l’artificialisa-

son inscription aux annexes I et II de la directive Oiseaux. Seul le mâle est chassable, la femelle et les jeunes sont protégés. Depuis 2001, un plan de chasse annuel est instauré pour cette espèce. Il fait obligation d’ajuster les prélèvements cynégétiques aux fluctuations annuelles de la reproduction, qui est évaluée à l’aide de comptages de nichées au chien d’arrêt. L’avenir de cet oiseau au Planay repose surtout sur la préservation de ses habitats et la quiétude des sites de nidification et d’élevage des poussins.

Le saviez-vous ? ◆ Le tétras-lyre doit son nom aux plumes de sa queue recourbées en forme de lyre, les rectrices, du mâle adulte. ◆ Pendant la période de reproduction, la parade des coqs se traduit par des roucoulements, des chuintements, sauts et combats ritualisés. Elle aboutit à une hiérarchisation au sein des groupes de mâles, désignant celui que les poules choisiront pour l’accouplement. ◆ Les doigts des pattes sont “peignés” de structures cornées qui jouent un rôle de raquettes pour faciliter son déplacement sur la neige.

Regard sur quelques espèces - 139

Fiche-espèce n° 7

dans huit départements (dont les Ardennes où il reste moins de 20 individus), ce qui en fait une espèce rare à l’échelle nationale. On estime la population française entre 13 000 et 15 000 adultes. En Savoie, comme dans d’autres départements des Alpes du Nord, on observe une régression de 25 % des effectifs de mâles chanteurs entre 1990 et 2007. Le massif de la Vanoise représente 17 % des effectifs français du tétras-lyre (et 11 % de son aire de répartition). Malgré des effectifs stables sur ce territoire, le petit tétras reste très sensible à la qualité de son environnement. Au Planay, l’espèce est bien représentée en ubac dans les forêts et les aulnaies vertes.


Le murin à moustaches Le murin à moustaches (Myotis mystacinus) ou vespertilion à moustaches appartient de l’ordre des chiroptères, plus communément appelés chauves-souris. Avec une taille variant entre 19 et 22,5 cm et un poids ne dépassant guère 4 à 8 g, il fait partie des plus petites chauves-souris de France. Étant donné les mœurs nocturnes des chauves-souris et la réglementation très stricte concernant leur capture, leur identification relève de l’expertise.

pelage de couleur variable

longues oreilles noires, assez pointues

museau gris-sombre à brun-noir ventre plus claire © Christian König

Fiche-espèce n° 8

Sommaire

Murin à moustaches

Écologie

Le murin à moustaches se nourrit essentiellement d’insectes diptères, comme les tipules (appelées communément “cousins”) et aussi d’arachnides. Il chasse ses proies en lisières forestières, le long des cours d’eau et aussi dans les haies et les vergers près des habitations. Il les poursuit en vol à quelques mètres du sol, ou en rase-mottes, zigzaguant sur de courtes distances. Comme toutes les chauves-souris, le murin à moustaches utilise deux principaux gîtes au cours de l’année : un gîte d’hibernation et un gîte estival de parturition, où se regroupent les femelles pour mettre bas et élever les jeunes ; elles peuvent ainsi former des colonies de plusieurs dizaines d’individus s’installant

140 - Regard sur quelques espèces

dans les arbres, les disjointements des ponts et les bâtiments : derrière les volets ou les bardages, entre les poutres de la charpente, etc. En hiver, les individus s’isolent et occupent les petites cavités souterraines et les petits tunnels. Ils y attendent le printemps, synonyme du retour des insectes. Pour survivre à ces longues périodes sans s’alimenter, il est nécessaire au murin à moustaches d’économiser au mieux son énergie : ses fonctions vitales sont réduites au strict minimum. Les accouplements ont lieu en automne. Un seul petit, exceptionnellement deux, sont mis au monde au cours des dix premiers jours de juin.


C’est

une espèce présente dans toute la France, Corse comprise, même si elle est plus rare dans la partie sud. Dans le massif alpin, le murin à moustaches peut être observé jusqu’à la limite supérieure des forêts. En Savoie, il hiberne régulièrement dans une quinzaine de cavités des Bauges et de Chartreuse ; il est connu aussi en Maurienne à Bessans et en Tarentaise, au Planay. Les chauves-souris jouent un rôle écologique indéniable. Grâce à leur régime alimentaire, elles assurent une régulation naturelle des populations d’insectes.

Protection et propositions de gestion

Comme toutes les espèces de chauve-souris, le murin à moustaches est protégé en France ; sa capture et sa destruction sont interdites. Elle est considérée comme une espèce d’intérêt européen au titre de la directive Habitats* (annexe IV). La préservation de ses sites d’hibernation, entre autre par une limitation de l’accès aux cavités pendant les périodes sensibles est l’une des priorités pour protéger les populations de murin à moustaches. La prise en compte, lors de la restauration d’habitations, de certaines recommandations techniques doit permettre aux chauvessouris d’assurer leur reproduction.

Menaces murin à moustaches, et les chauvessouris en général, sont menacés par certaines activités humaines. On peut citer la destruction de leurs gîtes lors de la réhabilitation des monuments, vieilles granges et habitats anciens. Le dérangement des sites d’hibernation constitue un important facteur de mortalité. Les chauves-souris dérangées dépensent une grande quantité d’énergie pour prendre la fuite et quand le phénomène se reproduit, elles risquent de mourir par épuisement. L’utilisation généralisée d’insecticides provoque la diminution de leurs proies. Ces produits, ingérés

PNV - Patrick Folliet

Le

La tipule est la proie principale du murin à moustaches

Le saviez-vous ? ◆ Les chauves-souris sont les seuls mammifères ayant acquis la capacité de voler grâce aux membranes tendues entre leurs doigts. Elles ont aussi la particularité de s’orienter et de chasser dans l’obscurité grâce à un système de sonar écholocateur* grâce auquel leurs oreilles captent l’écho des ultrasons produits par la bouche ou le nez de l’animal, renvoyé par leur environnement et leurs proies. ◆ En Vanoise, environ une espèce de mammifères sur trois est une chauve-souris. ◆ La reproduction des chauves-souris s’étend sur plusieurs mois grâce au phénomène de fécondation différée. L’accouplement a lieu à l’automne ; le sperme est alors conservé dans le corps de la femelle, jusqu’au printemps, au cours duquel se produisent l’ovulation et la fécondation.

Regard sur quelques espèces - 141

Fiche-espèce n° 8

par les insectes, conduisent à la stérilité et la mortalité de leurs prédateurs. Les chats domestiques, ainsi que certains rapaces nocturnes peuvent occasionner des dégâts importants sur les populations de chauvessouris.

Répartition géographique et intérêts biologiques


Le chamois Le chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra rupicapra) appartient à la famille des bovidés (ruminants à vraies cornes) tout comme le bouquetin des Alpes. Au sein de cette famille, le chamois des Alpes est classé dans le groupe des caprins. Le chamois présent en Vanoise est l’une des dix sous-espèces rencontrées dans les différents massifs d’Europe. Le masque facial et la forme des cornes font du chamois des Alpes une espèce facile à reconnaître.

cornes recourbées en crochet à leur extrémité tête courte barrée d’une bande foncée de l’oeil aux narines cou large et trapu

PNV - Michel Bouche

pelage noirâtre et épais (bourre et poils de jarre) pinceau pénien bien visible (permettant de distinguer le mâle de la femelle) Chamois des Alpes : mâle en hiver

pelage gris-beige à roux crochets des cornes généralement moins recourbés cou long et étroit PNV - Patrick Folliet

Fiche-espèce n° 9

Sommaire

Chamois des Alpes : femelle en été

Écologie

Le

chamois des Alpes occupe une grande diversité de milieux pentus entre 800 et 2 800 m d’altitude : les rochers, les pelouses alpines, les éboulis et les forêts. Sans être un adepte de la verticalité, le chamois a besoin de relief. De même, la forêt semble indispensable à son cycle de vie. Le chamois se nourrit de plantes herbacées qu’il consomme

142 - Regard sur quelques espèces

en début et en fin de journée. En hiver, quand les conditions sont plus difficiles, il complète son alimentation par des rameaux et bourgeons d’arbres ou des pousses de conifères ; il peut alors être actif toute la matinée. Le chamois occupe le territoire en fonction des saisons, lequel se divise en quartier d’hiver, quartier d’été et quartier de mise-bas. Le quartier d’hiver est avant tout sélectionné pour la nourriture et l’abri qu’il fournit.


Suisse. Les populations du Cantal et des Vosges sont issues de réintroductions. Dans les années 1990, le massif alpin comptait environ 55 000 individus. Depuis la création du Parc national de la Vanoise en 1963, et jusqu’à ce jour, les effectifs des chamois en Vanoise sont passés de 500 à quelques 5 000 individus aujourd’hui. Les derniers comptages effectués sur les secteurs du Grand Bec (2008) et des Eaux Noires (2010) ont permis de dénombrer plus de 400 chamois pour la commune du Planay.

Menaces

L’extension

PNV - Benoît Martineau

de territoires non chassés (réserves de chasse, parcs nationaux, réserves naturelles), complétée par des lâchers, notamment dans les secteurs où il avait disparu, ont permis au chamois des Alpes de retrouver un bon état de ses populations françaises. Malgré la mise en place de plans de chasse dès 1990 en Savoie, l’espèce n’arrive pas à s’installer durablement sur certains territoires non protégés, et qui offrent pourtant de fortes potentialités d’accueil. Par ailleurs, les jeunes mâles à la recherche d’un territoire sont les plus concernés par les prélèvements cynégétiques. Ce phénomène se traduit par un déséquilibre dans

Cabri de chamois des Alpes

La période de rut a lieu en automne dans le quartier d’été. La femelle met bas au printemps (un seul cabri), dans une zone peu accessible : la vire étroite d’une falaise, un fourré d’aulne, etc. ; c’est le quartier de mise-bas. Les prédateurs du chamois sont principalement le loup, le renard et l’aigle royal (pour les cabris). L’espèce est très présente dans les forêts du Planay et également au pied des barres rocheuses, dans les zones supra-forestières (Rocher Rouge, etc.).

Répartition géographique et intérêts biologiques siècle, le chamois des Alpes a failli disparaître en France dans les années 1950. Le chamois est présent naturellement dans tout l’arc alpin, également dans le massif du Jura que l’espèce a recolonisé depuis la

PNV - Stéphane Mélé

Chassé de façon excessive depuis le XIXe

Harde de chamois des Alpes

Regard sur quelques espèces - 143

Fiche-espèce n° 9

Il s’agit de zones boisées, ou encore de zones abruptes, de crêtes ventées et ensoleillées, moins enneigés et où la végétation herbacée est plus accessible. Le quartier d’été est plus vaste, il se situe généralement au-dessus de la forêt et en exposition fraîche. Il s’agit de pelouses alpines, éboulis, couloirs, etc.


Le ski hors-piste pratiqué sur certains quartiers d’hiver peut être un facteur important de dérangement pour cet ongulé et entraîner la fuite des individus dérangés sur plus de 1,5 km.

Protection et propositions de gestion

L’amélioration et l’application de plans de chasse qualitatifs devraient être favorables à la recolonisation des territoires désertés par le chamois. Ces plans prévoient notamment un quota d’animaux attribués, un pourcentage de classes d’âge et de sexe, fixé en fonction de l’effectif et de la structure de la population de chamois.

PNV - Mylène Herrmann

Fiche-espèce n° 9

les populations, avec, dans certains secteurs soumis à forte pression de chasse, la présence de trois femelles pour un mâle. La chasse pratiquée tard en saison après le rut sur les zones d’hivernage est un facteur important de dérangement. Situé pour l’essentiel au-dessus de la limite des forêts, le cœur du Parc national de la Vanoise, n’est pas en mesure d’assurer tous les besoins de cette espèce. En effet, le chamois n’y trouve pas les quartiers d’hiver suffisants dont il aurait besoin pour prospérer et a donc besoin d’habitats favorables dans l’aire d’adhésion. Certaines maladies comme la kératoconjonctivite ou les bronchopneumonies peuvent affecter momentanément les populations de chamois et entraîner la mort d’un certain nombre d’entre eux.

Chamois en fuite

Le saviez-vous ? ◆ Le nom latin du chamois rupicapra, vient de rupi : rocher et capra : chèvre, signifiant chèvre des rochers. ◆ Le chamois présente plusieurs adaptations aux conditions de vie en montagne (altitude, neige). Il a un cœur volumineux (2,5 fois plus lourd que celui de l’homme), un sang riche en globules rouges (3 fois plus que l’homme) et des “palmures” entre les onglons du sabot pour se déplacer sur la neige plus aisément. ◆ Pour échapper aux prédateurs carnivores, le chamois est capable en un quart d’heure de gravir 1 000 m d’altitude en zones escarpées.

144 - Regard sur quelques espèces


Le solitaire

Le solitaire (Colias palaeno) figure parmi la cinquantaine d’espèces de papillons de jour signalée au Planay. Il existe cinq espèces du genre Colias en France. Le dessus des ailes de tous les mâles présentent une coloration allant du jaune vif à l’orange foncé. Cette coloration contraste avec une marge noire, plus ou moins marquée et plus ou moins large. Les femelles sont généralement plus pâles. Deux espèces sont connues au Planay : le candide (Colias phicomone) qui présente une couleur jaune pâle largement poudrée de gris et le solitaire. dessus des ailes blanchâtres à grisâtre (jaunâtre chez le mâle) bordé d’une marge noire, large et ininterrompue

revers des ailes jaune verdâtre

Michel Savourey

aile postérieure marquée d’un point blanc en son centre

Le solitaire, femelle dessus des ailes jaune vert à bordure marginale jaune pâle marge noire avec des taches jaunes

PNV - Vincent Augé

aile postérieure marquée d’un point blanc en son centre

Le candide

Écologie

Le

solitaire fréquente les landes, les tourbières et les prairies humides entre 600 et 2600 mètres d’altitude, généralement à proximité de boisements. Le solitaire est un papillon au vol puissant. La période de vol, correspondant à la période de reproduction, a lieu entre fin juin et fin août en Vanoise. La femelle pond ses œufs sur la face supérieure

d’arbrisseaux, comme la myrtille et l’airelle des marais. L’éclosion des œufs a lieu, soit quelques jours après la ponte (en ce cas la croissance de la larve est interrompue par une période de repos hivernal), soit au printemps de l’année suivante. La larve est une chenille veloutée, verte, barrée d’une bande longitudinale jaune sur les côtés. Cette chenille atteint 35 mm au maximum de sa croissance, aux mois de mai et juin.

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n° 10

Sommaire


L’aire de répartition du solitaire est large et surtout septentrionale. Elle s’étend du Canada et de l’Alaska, jusqu’en Sibérie et au Japon, en passant par le centre et le nord de l’Europe. En France le solitaire est un papillon sédentaire, localisé et considéré comme une relique glaciaire*. Il est connu dans les Alpes, où il est abondant, également dans le Jura, où il forme de petites populations isolées. Le solitaire a été observé en de nombreuses localités savoyardes de montagne, entre 1500 à 2500 m d’altitude. Au Planay, il fréquente les secteurs de landes situés sous le mont Chevrier.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-espèce n° 10

Répartition géographique et intérêts biologiques

Accouplement de solitaires

création de pistes de ski, reste une menace pour cette espèce fragile.

Menaces

Protection et propositions de gestion

La

Depuis

dégradation et la diminution de ses habitats*, comme le drainage des milieux humides, sont les premiers facteurs de régression de cette espèce. Le solitaire a ainsi disparu de nombreuses localités de basse altitude en Europe. En Savoie, ce papillon se maintient dans les zones de montagne, où son milieu de vie, plus difficile d’accès, est l’objet de moins de modification. Toutefois tout projet d’aménagement, tel que la

1993, le solitaire fait partie des papillons protégés en France. Le prélèvement, la capture et la destruction des œufs, des chenilles et des adultes sont interdits. Le suivi des populations, afin de mieux connaître l’espèce dans notre département (effectif, localités), est une mesure fondamentale pour mieux appréhender d’éventuels projets de modification des milieux de vie du solitaire.

Le saviez-vous ? ◆ Contrairement aux autres papillons du même genre, le solitaire ouvre volontiers ses ailes pour se chauffer au soleil. ◆ La chenille du solitaire se nourrit la nuit et reste cachée au cours de la journée.

146 - Regard sur quelques espèces


Annexes

Annexes


Lexique

[1] d’après Le nouveau Petit Robert de la langue française 2007 (Rey-Debove et al., 1999) [2] d’après le Dictionnaire des plantes et champignons (Boullard B., 1997) [3] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [4] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al, 1999) [5] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [6] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993)

oOo Anthropophile [1] Se dit des organismes qui vivent au contact de l’homme ou dans des lieux qu’il fréquente Arctico-alpine [2] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) Groupement végétal en équilibre avec le milieu, caractérisé par une composition floristique dans laquelle certains éléments exclusifs révèlent une écologie particulière. Circumboréal Se dit d’une espèce dont l’aire de répartition concerne les régions boréales d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [3] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. La première catégorie d’êtres vivants est constituée par les producteurs (végétaux), la seconde par les consommateurs (herbivores et carnivores) et la dernière par les décomposeurs (charognards et détritivores). Climacique [3] Vient du nom climax et qualifie l’étape ultime de l’évolution d’une communauté végétale. Le climax correspond à l’optimum de développement de cette dernière, en tenant compte des conditions de sol et de climat du milieu considéré. Le climax est un stade d’équilibre dynamique susceptible de variations.

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 149

Annexes

Sommaire


Annexes

Collemboles [5] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Commensales [1] Organisme qui vit en commensalisme. Commensalisme : association d’organismes d’espèces différentes, profitable pour l’un d’eux et sans bénéfice ni danger pour l’autre. Écholocation [6] Analyse des sons émis par la chauve-souris lui permettant de se localiser lorsque les sons sont renvoyés par un obstacle (principe du sonar). Écotone [2] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [2] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Etage de végétation [2] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : 0 et 900 m pour l’étage collinéen, 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, 3 000 m et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Envahissement progressif de milieux ouverts* (pelouses, prairies, bas-marais, etc.) par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbustes, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Futaie jardinée [2] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine même du terme de futaie. Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes et sont donc de tailles très variées, la futaie est dite jardinée.

150 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay


Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [2] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des végétaux de haute taille. Micromammifères Ensemble des petits mammifères appartenant aux groupes des insectivores et de rongeurs, et dont le poids varie entre quelques grammes et quelques dizaines de grammes. Il comprend essentiellement les campagnols, les souris, les musaraignes, etc. Ouvert [2] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessière [6] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par l’épicéa. Plécoptère [5] Famille d’insectes dont le développement larvaire se déroule en milieu aquatique (perles). Les larves ont un corps aplati leur permettant de résister au courant en se plaquant au substrat. Primaire (milieu) : Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Relique ou relicte glaciaire [4] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [2] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi-naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage.

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 151

Annexes

Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatiques, géologiques et géographiques originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*.


Annexes

Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Ubiquiste [2] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique. Xylophage [3] Se dit d’une espèce animale qui se nourrit de bois. Certaines se développent à l’intérieur de l’aubier, d’autre entre l’écorce et le bois.

152 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay


AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection … Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1972.- Premier aperçu de la végétation lichénique du Parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, II, 73-105. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1973.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, III, 73-104. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1974.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, V, 105-112. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1976.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise (II). Trav. sci. Parc nation. Vanoise, VII, 91-100. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. BOUNEMOURA Z., 1999.- Cartographie des habitats et des espèces d’intérêt communautaire dans les forêts domaniales de la Dent du Villard (309,47 ha) et du petit mont Blanc (396,16 ha) (Tarentaise). Office National des Forêts, Service Départemental de la Savoie, Division de Moûtiers. 57 p. CHIBON P., 1976.- Les amphibiens dans le Parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome VII. p 149-155. CHINERY M., 1988.- Insectes de France et d’Europe occidentale. Éd. Arthaud. Paris, France. 320 p. Collectif, 2009.- Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune de SaintMartin-de-Belleville. C. Garin & V. Bourgoin (Réd.). 212 p.

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 153

Annexes

Bibliographie

Sommaire


Annexes

Collectif, 2007.- Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune de Sainte-FoyTarentaise. C. Garin & V. Bourgoin (Réd.). 212 p. Collectif, 2007.- Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Bon-Courchevel. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune de Saint-BonCourchevel. C. Garin & V. Bourgoin (Réd.). 172 p. Collectif, 2007.- Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune de Villaroger. C. Garin & V. Bourgoin (Réd.). 180 p. Collectif, 2005.- Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune de Pralognan-laVanoise. V. Bourgoin (Réd.). 169 p. Collectif, 2004.- Découvrir le patrimoine naturel d’Aussois. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune d’Aussois. V. Bourgoin & P. Freydier (Réd.). 150 p. Collectif, 2004.- Découvrir le patrimoine naturel de Champagny-en-Vanoise. Parc national de la Vanoise / Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie / Commune de Champagnyen-Vanoise. V. Bourgoin & P. Freydier (Réd.). 164 p. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COSTE H., 1983.- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes. Tome III. 807 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. DELAHAYE T. & PRUNIER P., 2000.- Cinq plantes rares présentes au mont Cenis : Arenaria grandiflora, Phyteuma michelii, Potentilla multifida, Saponaria lutea et Saxifraga diapensioides. Bull. Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°5, pp 34-35 DELAHAYE T. & PRUNIER P., 2006.- Inventaire commenté et liste rouge des plantes vasculaires de Savoie. Bull. spécial Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°2. 106 p. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, écologie, menaces, espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p.

154 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay


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Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 155

Annexes

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156 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay


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Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 157

Annexes

ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en


Sommaire

Annexes

Liste des plantes d’intérêt patrimonial

x

1

bruyère herbacée

x

1

Pelouses et combes à neige

Landes, landines et fourrés de saules ❑

Rochers et falaises

1

Éboulis et moraines

x

bardanette réfléchie

Aulnaies vertes et mégaphorbiaies

androsace alpine

Forêts de feuillus et de conifères

2

Prairies de fauche de vallée et d’altitude

x

Lacs, cours d’eau et zones humides

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

ancolie des Alpes

Village, hameaux et abords

Protection

Les grands types de milieux du Planay

❑ ❑

génépi jaune

1

génépi vrai

1

laîche bicolore

x

❑ ❍

2

lis orangé lycopode des Alpes

1 1

lis martagon x

1

2

pédiculaire du mont Cenis

pyrole verdâtre

x

1

sabot de Vénus

x

3

saule glauque

x

1

saxifrage fausse diapensie

x

3

streptope à feuilles embrassantes

1

véronique d’Allioni

1

❑ ❑ ❑ ❑

Légende ❑ : habitat* principal au Planay ❍ : autre habitat au Planay Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 159


Annexes

160 - DĂŠcouvrir le patrimoine naturel du Planay


Sommaire

Annexes

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique) Cette liste mentionne uniquement les espèces citées dans le présent document.

Flore PLANTES SUPÉRIEURES Nom français aconit tue-loup adénostyle à feuilles d’alliaire airelle rouge alchémille à cinq folioles ancolie des Alpes androsace alpine arnica des montagnes aulne vert bardanette réfléchie benoîte rampante bourrache officinale bruyère herbacée camarine chénopode bon-Henri ou épinard sauvage colchique d’automne cresson de chamois dactyle aggloméré doradille noire edelweiss épicéa épilobe de Fleischer euphraise naine génépi jaune génépi vrai genévrier commun genévrier nain gentiane jaune géranium des bois grande berce joubarbe des toits

Nom scientifique Nom patois Aconitum lycoctonum subsp. vulparia Adenostyles alliariae Vaccinium vitis-idaea Alchemilla pentaphylla Aquilegia alpina Androsace alpina Arnica montana l’arnica Alnus viridis verne Lappula deflexa Geum reptans Borago officinalis Erica herbacea Empetrum nigrum Chenopodium bonus-henricus Colchicum autumnale Pritzelago alpina Dactylis glomerata Asplenium adiantum-nigrum Leontopodium alpinum Picea abies Epilobium fleischeri Euphrasia minima Artemisia umbelliformis Artemisia genipi Juniperus communis Juniperus sibirica Gentiana lutea Geranium sylvaticum Heracleum sphondylium Sempervivum tectorum

l’edelweiss l’sapin

d’znépi znèvre d’zenrande cocouar

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 161


Annexes

joubarbe toile-d’araignée la rue des murailles laîche fétide laîche bicolore laitue des Alpes linaire des Alpes lis martagon lis orangé listère cordée lycopode des Alpes mélampyre des forêts mélèze d’Europe merisier à grappes nard raide orchis à larges feuilles orchis-grenouille orchis nain des Alpes orpin noirâtre ortie dioïque oxalis petite oseille oxyria à deux styles parnassie des marais pédiculaire du Mont-Cenis pédiculaire à bec et en épi pédiculaire d’Allioni pensée éperonnée pin à crochets pin cembro pin sylvestre populage des marais potentille dressée primevère à larges feuilles primevère farineuse primevère hérissée pyrole verdâtre raisin d’ours commun reine des prés renouée bistorte rhododendron ferrugineux rumex des Alpes sabot de vénus sauge des prés saule glauque saule herbacé saxifrage à deux fleurs saxifrage bleuâtre

Sempervivum arachnoideum Asplenium ruta-muraria Carex foetida Carex bicolor Cicerbita alpina Linaria alpina Lilium martagon Lilium bulbiferum var. croceum Listera cordata Diphasiastrum alpinum Melampyrum sylvaticum Larix decidua Prunus padus Nardus stricta Dactylorhiza latifolia Coeloglossum viride Chamorchis alpina Sedum atratum Urtica dioica Oxalis acetosella Oxyria digyna Parnassia palustris Pedicularis cenisia Pedicularis rostratospicata Pedicularis rosea subsp. allionii Viola calcarata Pinus uncinata Pinus cembra Pinus sylvestris Caltha palustris Potentilla erecta Primula latifolia Primula farinosa Primula hirsuta Pyrola chlorantha Arctostaphylos uva-ursi Filipendula ulmaria Polygonum bistorta Rhododendron furrugineum Rumex alpinus Cypripedium calceolus Salvia pratensis Salix glaucosericea Salix herbacea Saxifraga biflora Saxifraga caesia

162 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay


Annexes

saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse saxifrage jaune sibbaldie couchée streptope à feuilles embrassantes sureau noir trèfle des Alpes trisète jaunâtre trolle d’Europe tussilage pas-d’âne vératre blanc véronique d’Allioni

Saxifraga diapensioides Saxifraga muscoides Saxifraga aizoides Sibbaldia procumbens Streptopus amplexifolius Sambucus nigra Trifolium alpinum Trisetum flavescens Trollius europaeus Tussilago farfara Veratrum album Veronica allioni

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES (nom patois : parpioùla) Nom français azuré des mouillères ou protée azuré des soldanelles azuré du serpolet belle dame chamoisé des glaciers cuivré écarlate damier de l’alchémille damier de la succise damier rouge ou damier du chèvrefeuille gazé grand apollon grand collier argenté machaon moiré lancéolé némusien ou ariane paon du jour petit apollon petite tortue solitaire virgule

Nom scientifique Glaucopsyche alcon Agriades glandon Glaucopsyche arion Vanessa cardui Oeneis glacialis Lycaena hippothoe Euphydryas cynthia Euphydryas aurinia

Nom patois

Euphydryas intermedia Aporia crataegi Parnassius apollo Clossiana euphrosyne Papilio machaon Erebia alberganus Lasiommata maera Inachis io Parnassius phoebus Aglais urticae Colias palaeno Hesperia comma

INSECTES : ORTHOPTÈRES (nom patois : salyô) Nom français arcyptère bariolé criquet des clairières

Nom scientifique Arcyptera fusca Chrysochraon dispar

Nom patois

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 163


Annexes

criquet des pâtures

Chorthippus parallelus

criquet jacasseur

Stauroderus scalaris

dectique verrucivore

Decticus verrucivorus

miramelle alpestre

Miramella alpina subalpina

sauterelle cymbalière

Tettigonia cantans

sautrré

Faune vertébrée POISSONS (nom patois : peychoun) Nom français omble de fontaine ou saumon de fontaine truite de rivière ou truite fario

Nom scientifique

Nom patois

Salvelinus fontinalis Salmo trutta fario

na truite

AMPHIBIENS Nom français grenouille rousse triton alpestre

Nom scientifique Rana temporaria Ichtyosaura alpestris

Nom patois rnoïe

REPTILES Nom français couleuvre d’Esculape lézard des murailles lézard vivipare orvet vipère

Nom scientifique Zamenis longissimus Podarcis muralis Zootoca vivipara Anguis fragilis Vipera aspis

Nom patois léjar lanviu sarpé

OISEAUX (nom patois : aoujé) Nom français accenteur alpin accenteur mouchet aigle royal alouette des champs bec-croisé des sapins bergeronnette grise bouvreuil pivoine buse variable

Nom scientifique Prunella collaris Prunella modularis Aquila chrysaetos Alauda arvensis Loxia curvirostra Motacilla alba Pyrrhula pyrrhula Buteo buteo

164 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay

Nom patois

non motsate


Coturnix coturnix Nucifraga caryocatactes Glaucidium passerinum Pyrrhocorax graculus Cinclus cinclus Pyrrhocorax pyrrhocorax Falco subbuteo Falco peregrinus Sylvia atricapilla Sylvia borin Borrasa bonasia Bubo bubo Turdus sp. Lagopus mutus carduelis cannabina Apus apus Turdus torquatus Parus montana Parus major Parus cristatus Parus ater Passer domesticus Montifringilla nivalis Alectoris graeca Dendrocopos major Dryocopus martius Picus viridis Columba sp. Anthus spinoletta Phylloscopus bonelli Regulus regulus Regulus ignicapilla Erithacus rubecula Phoenicurus ochruros Acrocephalus palustris Carduelis flammea Saxicola rubetra Tetrao tetrix Tichodroma muraria Oenanthe oenanthe Troglodytes troglodytes

Annexes

caille des blés cassenoix moucheté chevêchette d’Europe chocard à bec jaune cincle plongeur crave à bec rouge faucon crécerelle faucon pèlerin fauvette à tête noire fauvette des jardins gélinotte des bois grand-duc d’Europe grives lagopède alpin ou perdrix des neiges linotte mélodieuse martinet noir merle à plastron mésange boréale mésange charbonnière mésange huppée mésange noire moineau domestique niverolle alpine perdrix bartavelle pic épeiche pic noir pic vert pigeons pipit spioncelle pouillot de Bonelli roitelet huppé roitelet triple bandeau rougegorge familier rougequeue noir rousserolle verderolle sizerin flammé tarier des prés ou traquet tarier tétras-lyre ou petit coq de bruyère tichodrome échelette traquet motteux troglodyte mignon

tsaie

t’zelnaute

Découvrir le patrimoine naturel du Planay - 165


Annexes

MAMMIFÈRES Nom français

Nom scientifique

Nom patois

belette d’Europe

Mustela nivalis

morelle

blaireau d’Europe

Meles meles

tèchon

bouquetin des Alpes

Capra ibex

campagnol des champs

Microtus arvalis

campagnol des neiges

Microtus nivalis

cerf élaphe

Cervus elaphus

chamois

Rupicapra rupicapra

chevreuil

Capreolus capreolus

écureuil roux

Sciurus vulgaris

verdzar

fouine

Martes foina

fingne

hermine

Mustela erminea

lérot

Eliomys quercinus

lièvre brun

Lepus europaeus

lièvre variable

Lepus timidus

marmotte des Alpes

Marmotta marmotta

martre des pins

Martes martes

tsamoué

na liévrra marmôtta

murin à moustaches ou vespertillion à m.

Myotis mystacinus

musaraigne carrelet

Sorex araneus

renard roux

Vulpes vulpes

sanglier

Sus scrofa

166 - Découvrir le patrimoine naturel du Planay

rinnard


Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin, Christine Garin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l’aide d’un groupe de travail : Olivier Benoît, Thierry Benoît, Marc Girard, Marie-France Glise, Maurice Mermoz, Marie-Ange Tatoud - Commune du Planay • Thomas Corbet, Pascal Erba, Céline Rutten - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Jean-Pierre Canova, Claude Glise, Catherine Mermoz, Gilbert Mermoz, René Soffray - Commune du Planay • Thierry Delahaye, Michaël Delorme, Patrick Folliet, Alexandre Garnier, Christophe Gotti, Benoît Martineau, Jean-Pierre Martinot, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Julien Boch, Office national des forêts • Michel Savourey - entomologiste • Maurice Durand - Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore du Planay : Éric Belleau, Philippe Benoît, Joël Blanchemain, Jean Bondaz, Danièle Bonnevie, Jean Bourgogne, Virginie Bourgoin, Daniel Briotet, Alain Chastin, Marc Corail, Thomas Corbet, Robert Cote, Benoît Deffrennes, Thierry Delahaye, Michaël Delorme, Caroline Empereur-Buisson, Alexandre Garnier, Christophe Gotti, Ludovic Imberdis, Éric Langer, Pascal Langer, Olivier Lefrançois, Sandrine Lemmet, Jean-Pierre Lumaret, Didier Malrat, Jean-Pierre Martinot, Benjamin Plumecocq, Karine Renaud, Fernand Ruffier-Lanche, Céline Rutten, Clotilde Sagot, Michel Savourey, Frantz Storck, Henri Suret. Financement : Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Christophe Chillet, Claire Lagaye, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Virginie Bourgoin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) Mise en page intérieure & impression: Christel Javori - Imprimerie Vasti Dumas - Tél. 04 77 81 50 00 Photos : - Première de couverture : Vue sur les villages du Planay et de Chambéranger. En arrière plan, le Grand Bec et la pointe de la Vuzelle (PNV – Christophe Gotti). - Quatrième de couverture : Lis orangé PNV - Alexandre Garnier

Tétras lyre PNV - Philippe Benoît

Murin à moustache © Christian König

Solitaire Michel Savourey

Sabot de Vénus PNV - Frédéric Fima

Saxifrage fausse diapensie PNV - Stéphane Mélé

Bruyère herbacée PNV - Philippe Benoît

Lycopode des Alpes Chamois des Alpes PNV - Christian Balais PNV - Michel Bouche

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-30-1 Dépôt légal : 2ème trimestre 2011 N° d’imprimeur : V003319/00


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