Découvrir le patrimoine naturel de PRALOGNAN-LA-VANOISE
Préface
La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent au territoire son identité et son caractère. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Pralognan-la-Vanoise s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.
Le mot du Maire La commune est au cœur du Parc national de la Vanoise, et en est sa principale porte d’entrée. L’alpinisme se pratique depuis 1860, date à laquelle la Grande Casse, sommet de la Savoie, fut vaincue. Depuis, nous sommes un des principaux lieux des Alpes pour la pratique de la randonnée glaciaire. Le village a été classé station climatique en 1916 et est devenu une station de sports d’hiver en 1937 avec son 1er téléski. Pralognan-la-Vanoise préserve 100% de son territoire (Parc national de la Vanoise, réserve biologique domaniale du Petit Mont Blanc, Natura 2000, Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Floristique et Faunistique…). Notre commune comporte un ensemble de sites remarquables d’une grande sensibilité biologique et paysagère. Vous allez découvrir à l’aide de cet ouvrage une partie de ce patrimoine naturel. Nos “Anciens” ont modelé ce territoire, ils ont su s’approprier cet espace et le partager avec une flore et une faune exceptionnelles. Grâce aux mesures générales de protection, la population de grands mammifères a progressé et les rapaces sont de plus en plus visibles. Les oiseaux ont largement profité de ces mesures. Nous pouvons en être fiers. Certaines populations ont augmenté dans de fortes proportions et risquent de poser des problèmes de cohabitation avec d’autres espèces sauvages ou domestiques. Elles pourraient avoir une influence négative sur la présence et la répartition spatiale d’espèces végétales. Le pastoralisme qui a façonné notre paysage et entretenu nos prés de fauche est en régression, la friche gagne du terrain. En collaboration avec le Parc national de la Vanoise et le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, en partenariat avec les agriculteurs, l’Office National des Forêts et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, nous avons la charge de ce patrimoine et nous devons gérer au mieux l’équilibre entre les espèces. Notre présence est donc aujourd’hui plus indispensable que jamais. Les enjeux des années à venir sont clairs dans l’esprit des pralognanais qui souhaitent vous ouvrir les portes de leur territoire et mieux vous le faire découvrir. Le pastoralisme, l’exploitation de la forêt, la chasse, la pêche, le tourisme… ont tous leur propre rôle à jouer pour que les générations futures bénéficient de cet héritage naturel. Nous espérons que cet ouvrage contribuera à la bonne transmission de cet héritage. Nous vous souhaitons d’heureuses randonnées et de nombreuses découvertes.
Thierry THOMAS, Maire de Pralognan-la-Vanoise
Sommaire
* A télécharger sur parcnational-vanoise.fr
Préface Le mot du Maire
Présentation - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
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Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Pralognan-la-Vanoise Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel
Les milieux naturels, des lieux de vie
* *
Préliminaires Fiche-milieu n°1 : Fiche-milieu n°2 : Fiche-milieu n°3 : Fiche-milieu n°4 : Fiche-milieu n°5 : Fiche-milieu n°6 : Fiche-milieu n°7 : Fiche-milieu n°8 : Fiche-milieu n°9 : Fiche-milieu n°10 : Fiche-milieu n°11 : Conclusion
Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d’eau et les lacs Les zones humides d’altitude Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Les forêts de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses et les combes à neige Les éboulis et les moraines Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés
Regard sur quelques espèces
*
*
Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 : Fiche-espèce n°13 :
Le sabot de Vénus Le dracocéphale d’Autriche et le dracocéphale de Ruysch Le chardon bleu des Alpes La potentille blanc de neige La saxifrage fausse diapensie La linnée boréale Les génépis La gentiane jaune Le bouquetin des Alpes Le tichodrome échelette Le cincle plongeur La grenouille rousse Le damier rouge
* Annexes Lexique*
p. p.
1 3
p. p. p. p. p. p. p.
7 9 13 16 22 28 31
p. 37 p. 39 p. 40 p. 44 p. 51 p. 57 p. 65 p. 74 p. 81 p. 88 p. 97 p. 103 p. 110 p. 114 p. 119 p. 121 p. 124 p. 126 p. 129 p. 131 p. 133 p. 135 p. 137 p. 139 p. 142 p. 144 p. 146 p. 148
p. 151 p. 153 p. 156 p. 160 p. 162
Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 5
PrĂŠsentation
Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PrĂŠsentation
Reliefs et cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise
8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
Sommaire
Un aperçu général de la commune La commune de Pralognan-la-Vanoise en Savoie se situe dans la vallée de la Tarentaise, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets (pointe de Leschaux, pointe de la Grande Glière, la Grande Casse, col de la Vanoise, dôme de l’Arpont, col d’Aussois, col de Chavière, aiguille de Polset, col du Soufre, Petit mont Blanc, crêtes du mont Charvet) avec huit communes limitrophes : Planay, Champagny-en-Vanoise, Termignon, Aussois, Villarodin-Bourget, Modane, Les Allues et Saint-Bon-Tarentaise). Pralognan-la-Vanoise est rattachée administrativement au canton de Bozel. D’une surface de 10 638 hectares, Pralognan-la-Vanoise fait partie des communes de l’espace-Parc national de la Vanoise. Son territoire comprend 7 056 hectares en zone centrale du Parc, le reste se trouve inclus dans la zone périphérique.
Pralognan-la-Vanoise, commune du Parc national de la Vanoise
Géologie
Le site de Pralognan-la-Vanoise révèle un substrat géologique complexe, dont les structures résultent de l’évolution en
plusieurs étapes de la bordure de l’ancien océan alpin. Les plus vieilles roches observables sont des micaschistes et des gneiss, issus de l’évolution d’une chaîne de montagne qui a
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9
PNV - Christophe Gotti
Formation de gypse près du col du Soufre
10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
révèlent l’environnement de leur dépôt : des terriers fossilisés de vers marins, d’âge triasique, témoignent en effet d’une plateforme de très faible profondeur d’eau à cette époque.
PNV - Ludovic Imberdis
Présentation
précédé la chaîne alpine. Ce socle ancien constitue les dômes de la Vanoise, recouverts aujourd’hui d’une calotte de glace, qui surplombent Pralognan (dômes de Chasseforêt, de l’Arpont, etc.). Largement érodés et pénéplanés, les vestiges de la première chaîne ont formé l’ossature de cette paléo-marge, encore nommée plateforme briançonnaise. Ils ont supporté toute la sédimentation qui a accompagné l’ouverture, puis l’expansion et enfin, la fermeture de l’océan alpin. Pendant 50 millions d’années (Ma), se déposent des sables de plage, des calcaires au large et du gypse dans les lagunes. Les calcaires forment aujourd’hui les Dents de la Portetta et tout l’ensemble allant du roc de la Valette au col de la Vanoise. Ils sont visibles au Grand Marchet, à Moriond et à l’aiguille de la Vanoise, et même dans le massif de la Grande Casse. Du roc de la Pêche au lac Blanc, certains de ces calcaires
Cristaux de quartz d’une roche au col du Génépy
Lors de la collision des plaques européenne et africaine, il y a 50 Ma environ, la plateforme, future Vanoise, est alors réduite plus de dix fois en longueur, pendant qu’elle prend de la hauteur par plissements et empilements successifs des roches. Les fortes pressions et températures ainsi engendrées entraînent des transformations au sein de ces roches, c’est le phénomène du métamorphisme. Ainsi, les calcaires sont métamorphisés en marbres (exemple à la Valette) ; les sables siliceux sont transformés en quartzites (Grande Glière, aiguille de Bochor, etc.). Le gypse, ductile, peut s’insinuer en grande quantité entre les ensembles de roches déformées ; il marque alors les chevauchements. Les massifs gypseux du Petit mont Blanc de Pralognan, le mont Charvet et de la dent du Villard soulignent ces accidents tectoniques. Portées en altitude, les roches forment le relief et sont alors soumises à l’érosion, causée principalement par les glaciers durant les deux derniers millions d’années.
Il
La commune se caractérise également par une forte amplitude altitudinale : d’environ 1 200 m (dans la vallée du Doron à l’entrée de la commune) à 3 855 m au sommet de la Grande Casse. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de trois étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un sous-étage nival.
PNV - Christophe Gotti
y a 15 000 ans environ, trois glaciers venaient confluer au-dessus du village actuel. L’un était issu de la vallée de Chavière, qui présente une forme typique de vallée en auge, les deux autres descendaient de chaque côté de l’aiguille de la Vanoise (lui donnant par usure sa forme effilée). Immédiatement en aval du cheflieu, ces glaciers se trouvèrent bloqués par le verrou de quartzite actuellement traversé par le Doron et la route. Ils passèrent par-dessus (imaginez le site de Pralognan sous quelque 800 m d’épaisseur de glace !) tout en creusant profondément en amont, laissant après leur retrait un lac glaciaire, comblé plus tard par des alluvions. Cette histoire géologique récente a façonné le territoire de la commune de plusieurs vallées glaciaires. Les vallons de la Glière et de l’Arcelin à l’est conduisent à Termignon par le col de la Vanoise, celui de Chavière au sud mène à Modane par le col de Chavière. À hauteur du village, ces vallées secondaires très étroites et encaissées cèdent la place à une large vallée à fond
plat, enclavée par un relief abrupt, où naît le Doron de Pralognan. Ce replat accueille le village et ses principaux hameaux ainsi que le plateau agricole. Il se situe au pied de plusieurs sommets : le mont Bochor (2 023 m d’altitude) au nord-est, le Grand Marchet (2 651 m) et la Valette (2 603 m) au sud-est et l’aiguille de Mey (2 867 m) à l’ouest. La Grande Casse, le plus haut sommet de la commune est également le point culminant du massif de la Vanoise et du département de la Savoie. Cette montagne sédimentaire culmine à 3 855 m d’altitude à l’est, en limite communale avec Champagny-enVanoise et Termignon.
Pointe de la Grande Casse
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11
Présentation
Morphologie de Pralognan-la-Vanoise
Présentation
L’habitat
La population
Lors
du dernier recensement (1999), Pralognan-la-Vanoise comptait 765 habitants, soit 131 personnes de plus qu’en 1982. La population croît progressivement depuis les années 1960, principalement en raison du développement du tourisme (plus de 44 % en près de 40 ans).
PNV - Christophe Gotti
Le territoire montagnard de la commune est particulièrement hostile à l’occupation humaine, en dehors du fond de vallée plat où est installé le chef-lieu et de certains piémonts en rive droite du Doron. Autrefois composé d’”éléments bâtis” bien distincts, le paysage urbain de Pralognan-laVanoise se caractérise aujourd’hui par : - le village-station, - les hameaux principaux qui font l’extension du chef-lieu : le Barioz, le Grand Couloir, les Darbelays, les Granges, le Plan et Isertan, - les hameaux secondaires qui ne forment pas d’unité urbaine avec le village : la Croix et les Bieux, - les hameaux d’alpage accessibles uniquement à la fonte des neiges : les Fontanettes, les Prioux, la Chollière et les Ruelles, - des chalets d’alpage isolés : chalets de Ritort, Chapendu, la Montagne, la Motte, Montaimont, etc.
L’existence de tant de hameaux, autrefois isolés, traduit le souci de nos ancêtres de respecter l’équilibre entre l’espace bâti et les ressources naturelles disponibles. Chaque hameau restait d’une taille constante, et quand la population locale était telle que le territoire qui la faisait vivre ne pouvait plus l’accueillir, un nouveau hameau était créé.
Le Plan. Vue sur le grand Marchet et le dôme des Sonnailles
12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Dimension économique Unique activité économique jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’agriculture a été supplantée par l’activité touristique au cours du siècle passé.
L’agriculture
Les vaches laitières représentent l’essentiel du cheptel bovin. Pralognan-la-Vanoise se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée Beaufort. Le lait est collecté par la coopérative de Moûtiers, ou transformé sur place en fromages (Tomme et Beaufort), ainsi qu’en sérac et en yaourt.
Au dernier recensement agricole de 2000,
En 2000, la surface agricole utilisée représentait 648 hectares de terre. Cette partie hors alpage est essentiellement constituée de prairies naturelles, fauchées et/ou pâturées. Il existe plusieurs alpages à Pralognan-laVanoise : alpages de Bochor, de la Glière, des Nants, de Montaimont, de Rosoire, de Ritort, de la Motte, de Chapendu, des Prioux et de Chollière. Ils représentent une surface de plus de 1 500 hectares. L’activité agricole est basée sur l’élevage. Le cheptel ovin représente une quarantaine de brebis en 2003, auxquelles s’ajoute un troupeau transhumant de 200 à 300 têtes. Le cheptel bovin (vaches allaitantes, vaches laitières et génisses) compte environ 60 têtes.
PNV - Christophe Gotti
Pralognan-la-Vanoise comptait neuf exploitations agricoles, soit une exploitation de moins qu’en 1988.
Fabrication de Beaufort à l’alpage de Ritort
PNV - Alexandre Garnier
Des troupeaux transhumants (environ 150 vaches laitières et 130 génisses) provenant de lieux divers (sud de la France, Savoie, etc.) viennent chaque été aux alpages de Rosoire, de la Motte, de Ritort et de la Glière. Seules les vaches sont gardées et conduites. Vache tarine (alpage de Ritort)
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13
Présentation
Sommaire
La plupart des agriculteurs font de la vente directe de leurs produits laitiers. Aujourd’hui, la plupart des agriculteurs sont pluri-actifs et complètent leurs revenus agricoles par des activités liées au tourisme
Le tourisme
Les prémices du tourisme à Pralognan-laVanoise remontent à la fin du XIXe siècle avec la construction des premières bâtisses vouées à l’hébergement des visiteurs d’été. La construction du premier grand hôtel remonte à 1895.
La fréquentation des vacanciers est motivée en été par la qualité paysagère et naturelle du territoire communal, dont une grande partie est en zone centrale du Parc national. En hiver, ce sont ses domaines de ski alpin d’une part et nordique d’autre part qui attirent les visiteurs. Le nombre de lits touristiques s’élève à 8 100 environ, dont 1 400 en refuges et en campings, le reste en hôtels, centres de vacances, gîtes, appartements meublés, chambres d’hôte et résidences secondaires non louées. Les activités, principalement de plein air, proposées sur la commune sont diverses. Elles combinent la découverte des patrimoines naturel et culturel, les activités sportives d’été et d’hiver (lire liste des activités dans l’encadré). Outre l’office de tourisme qui informe les vacanciers sur les activités offertes, un ensemble de professionnels du tourisme permet d’organiser ces activités : guides de haute montagne, accompagnateurs en moyenne montagne, moniteurs de ski, etc. Des sentiers de randonnée balisés sillonnent le territoire de la commune sur 250 km et facilitent la pratique de la marche, dont le GR®55, itinéraire emprunté par la Grande Traversée des Alpes, qui traverse Pralognan-la-Vanoise, depuis le col de Chavière jusqu’au col de la Vanoise.
PNV - Christophe Gotti
Gare supérieure du téléphérique du mont Bochor
De nos jours, l’économie de Pralognan-laVanoise est entièrement dépendante de l’activité touristique. Plus de 95 % des actifs de la commune travaillent dans ce secteur d’activités, caractérisé par une double saison, estivale et hivernale, avec des pointes de fréquentation en février et de mi-juillet à mi-août. La population peut atteindre près de 9 000 habitants.
14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Christophe Gotti
Présentation
Un éleveur pralognanais possède un troupeau d’environ 70 chèvres laitières dont le lait sert à produire de la Tomme et du sérac
Chemin du col de la Vanoise, depuis la Glière
Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise, - sentier découverte du mont Bochor, - sentier nature du Bois de la Glière.
Découverte du patrimoine culturel : - déferlante francophone hivernale, - forum du goût et de la tradition culinaire en Tarentaise.
Activités sportives d’été : -
équitation, VTT, tennis, piscine, patinoire, parc des sports, promenade, randonnées en montagne, alpinisme, escalade (école d’escalade et parcours de bloc), via ferrata, parapente, parcours accro-branche “écureuil”.
Et sports d’hiver : - ski alpin, de fond et de randonnée, - randonnée en raquettes et pédestre (sentiers balisés hivernaux), - cascade de glace, chiens de traîneaux, patinoire, piscine.
L’industrie
Électricité
de France est présente à Pralognan-la-Vanoise par plusieurs prises d’eau mises en place sur les affluents du
Doron de Pralognan. Ces prises d’eau successives alimentent la centrale électrique du Villard du Planay. Quatre autres prises d’eau privées sont aménagées sur les cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise. Deux d’entre elles sont couplées à une petite centrale électrique permettant la production d’électricité privée sur le territoire de la commune.
PNV - Alexandre Garnier
Autres
Les autres activités économiques sont liées Barrage et prise d’eau EDF du Pont du Diable
d’une part aux commerces et d’autre part aux petites entreprises artisanales.
Les milieux naturels sans équipement touristique sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale de Pralognan-la-Vanoise repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité de ces activités dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15
Présentation
ACTIVITÉS TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DE PRALOGNAN-LA-VANOISE
Présentation
Sommaire
Paysages de Pralognan-la-Vanoise
PNV - Christophe Gotti
Présentation photographique des grands types de milieux
Vue du chef-lieu depuis la forêt d’Isertan
16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PrĂŠsentation PNV - Alexandre Garnier
Le grand Marchet et son cirque (versant sud)
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17
PNV - Christophe Gotti
Présentation
La vallée de Chavière depuis Rosoire
18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PrĂŠsentation PNV - Christophe Gotti
Vue du lac des Assiettes et des glaciers de la Vanoise depuis l’aiguille de la Vanoise
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19
PNV - Christophe Gotti
PrĂŠsentation
Le col de Napremont et, en arrière plan, la Grande Casse
20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PrĂŠsentation Le hameau de la Croix vu depuis le couloir des Portes PNV - Christophe Gotti
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21
Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Pralognan-la-Vanoise, mais à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Pralognan-la-Vanoise. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.
Lichens et champignons
flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir les statistiques suivantes : On dénombre actuellement à Pralognan-laVanoise 31 espèces de plantes protégées. Huit d’entre elles, auxquelles s’ajoute une espèce non protégée, présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France. Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires”, en terme de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Pralognan-la-Vanoise compte : - près de 30 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise. - 25 % des plantes “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans l’espaceParc, soit une sur quatre.
En
Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés, même en l’absence de sol. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.
Plantes rares et menacées
Si l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la
22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Philippe Benoît
Présentation
Sommaire
Linnée boréale
Sabot de Vénus
PNV - Stéphane Mélé
PNV - Joël Blanchemain
- la gentiane utriculeuse, espèce protégée présente en France uniquement en Savoie (après avoir disparu des départements de la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin).
Chardon bleu des Alpes
Gentiane utriculeuse
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23
Présentation
- la crépide rhétique, espèce protégée, endémique* des Alpes et rare au niveau mondial, présente en France uniquement en Savoie, dans une dizaine de stations de Vanoise. - la violette à feuilles pennées, espèce protégée et rare en France dans les vallées internes des Alpes de Savoie, des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence. Elle est toujours très localisée et peu abondante. - le sabot de Vénus, espèce protégée, en régression en France en plaine ou à basse altitude.
PNV - Philippe Benoît
Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - la drave de Hoppe, espèce vulnérable endémique* des Alpes, présente en France uniquement en Savoie (Termignon, Bessans, Pralognan-la-Vanoise et Val d’Isère). - le dracocéphale d’Autriche, espèce protégée présente en France dans cinq départements alpins, disparue des Pyrénées-Orientales et existant en Savoie uniquement à Bessans, Lanslebourg-Mont-Cenis, Lanslevillard et Pralognan-la-Vanoise, sur deux stations. - la linnée boréale, espèce protégée, très rare, disparue des autres départements alpins. Elle est présente en France, uniquement dans quatre communes de Tarentaise (Pralognan-la-Vanoise, Tignes, Les Allues et Champagny-en-Vanoise) et une commune du massif des Bauges. - le chardon bleu des Alpes, espèce protégée, présente en France dans l’Ain, la HauteSavoie, la Savoie, l’Isère, les HautesAlpes et les Alpes-de-Haute-Provence.
Présentation
Sensibilités floristiques du territoire communal de Pralognan-la-Vanoise - Observations de 1956 à 2004
Commentaire : La valeur patrimoniale de chaque espèce végétale faisant l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national a été caractérisée par une “note”. Celle-ci tient compte entre autres : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. L’intérêt floristique, calculé dans chaque maille, correspond à la somme de ces notes. En d’autres termes, plus le nombre d’espèces recensées dans une maille est important et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique est fort.
24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole. Les mailles blanches correspondent à des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée. La répartition par type d’habitat* des 45 plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise (voir la liste de ces plantes en annexe) met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) :
Présentation PNV - Philippe Benoît
- dans les pelouses et les combes à neige (15 espèces) - dans les éboulis et les rochers (17 espèces) - dans l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies (9 espèces) - dans les forêts (7 espèces) - dans les zones humides et le long des torrents (7 espèces) - dans les landes et les buissons de saules d’altitude (5 espèces).
Edelweiss
Plantes symboliques
Le patrimoine floristique de Pralognan-la-
PNV - Christophe Gotti
Vanoise englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, - le chardon bleu des Alpes, etc.
Ancolie des Alpes
PNV - Michel Filliol
PNV - Michel Bouche
Certaines d’entre elles sont aussi protégées (ex. : l’ancolie des Alpes, le sabot de Vénus).
Lis martagon
Gentiane printanière
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25
-
Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.
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consommées crues ou en confiture, les baies de rosiers ou cynorrhodons en confiture également, le pissenlit, dont on utilise les fleurs en confiture et les feuilles en salade, la gentiane jaune et les génépis ramassés pour faire respectivement de l’alcool et de la liqueur, le thym serpolet utilisé en cuisine comme aromate.
L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Pralognan-laVanoise. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). D’autre part, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.
PNV - Michel Delmas
Les plantes à usage pastoral
Oxalis petite oseille
Les plantes à usage alimentaire Parmi ces plantes, certains habitants de Pralognan-la-Vanoise cueillent : - l’oxalis petite oseille dont les feuilles sont consommées crues en salade, - les myrtilles, framboises et fraises des bois, ainsi que les baies de l’airelle rouge,
26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Christophe Gotti
Présentation
Plantes utilisées par l’homme
Fraise des bois
Les plantes toxiques
PNV - jacques Perrier
Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, les aconits paniculé et tue-loup, la colchique, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune, mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées. Pissenlit
PNV - Michel Delmas
Les plantes à usage culturel et touristique
Génépi vrai
Les plantes à usage médicinal Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. À partir de la macération des fleurs d’arnica des montagnes, on faisait et fait encore une huile de massage pour soulager les contusions. Les maux de gorge et la toux étaient calmés grâce à des infusions de pensée éperonnée. Le thym serpolet servait à apaiser les troubles digestifs et respiratoires. Les tisanes de génépi, connues pour leur effet de tonique cardiaque, permettaient de soigner ou prévenir la grippe. La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd’hui, à Pralognan-la-Vanoise, la
Il existe depuis quelques années à Pralognan-la-Vanoise, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les accompagnateurs et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à plusieurs formules : - des séjours et des sorties thématiques concernant l’utilisation des plantes, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne, - la semaine culturelle, à travers des sorties de terrain consacrées au patrimoine naturel, etc. Cet usage est en plein développement. Il répond à la demande des touristes ou des habitants, curieux de mieux connaître la nature qui les entoure.
Les plantes à autres usages Le bois d’arolle était choisi pour la fabrication d’armoires de grenier, du fait de ses caractéristiques anti-mites. Ce bois sert aussi à la sculpture. Les arbres et les usages qui en découlent constituent une tradition forte à Pralognan-la-Vanoise et, si aujourd’hui les revenus de la sylviculture permettent tout au plus de financer la gestion de la forêt communale, ils constituaient autrefois une ressource importante.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27
Présentation
plupart de ces espèces ne sont plus utilisées ou le sont de façon très marginale.
Présentation
Sommaire
Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Pralognan-la-Vanoise, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons. Ainsi, plus de 144 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 53 % des espèces présentes dans l’espace-Parc et 35 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Pralognan-la-Vanoise se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).
Faune vertébrée
le campagnol des neiges, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que musaraigne carrelet, renard, blaireau, fouine, écureuil, lièvre brun, sanglier, cerf, chevreuil sont aussi présentes.
Parmi
la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés (bouquetin, chamois), des chauves-souris, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.
Les mammifères
PNV - Philippe Benoît
PNV - Jean-Paul Ferbayre
Parmi les 28 espèces de mammifères (soit 46 % des espèces présentes dans l’espaceParc), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles la marmotte alpine,
Marmotte des Alpes
28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Chamois
Pralognan-la-Vanoise compte pas moins de 76 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 122 présentes dans l’espace-Parc. 35 autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm, le chocard à bec jaune, la niverolle, le tichodrome échelette,
Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, cinq sont répertoriées à Pralognan-la-Vanoise ; trois espèces de lézards : lézards vivipare, des murailles et l’orvet et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la coronelle lisse.
Aigle royal
PNV - Louis Bantin
PNV - Christian Balais
Orvet
Lézard vivipare
Les amphibiens Trois espèces d’amphibiens ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : le crapaud commun, la grenouille rousse observée jusqu’à plus de 2 500 m d’altitude et le triton alpestre.
PNV - Joël Blanchemain
PNV - Jean-Paul Ferbayre
- parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Pralognan-la-Vanoise, différents passereaux : les mésanges (boréale, huppée, noire, charbonnière), le bouvreuil pivoine, le bec-croisé des sapins, etc.
Mésange charbonnière
Crapaud commun
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29
Présentation
Les reptiles
PNV - Joël Blanchemain
Les oiseaux
Présentation
Les poissons
manière incomplète) à Pralognan-la-Vanoise, telles que le criquet des pâtures, l’œdipode turquoise, l’œdipode rouge et la grande sauterelle verte.
Cinq espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise : la truite de rivière ou truite fario, la truite arc-en-ciel, l’omble chevalier, l’omble de fontaine et le chabot. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les quatre autres ont été introduites.
23 espèces d’odonate (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans l’espace-Parc. Sur la commune de Pralognan-la-Vanoise, une seule espèce d’odonate a été observée de façon certaine, l’aeschne des joncs.
Faune invertébrée
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
la-Vanoise, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances. Les lépidoptères (ou papillons) représentent 584 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, soit près de 60 % des espèces connues en Savoie, dont 110 papillons de jour et 474 papillons de nuit. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le grand nacré. Sept d’entre elles sont protégées : le grand apollon, le petit apollon et le semi apollon, le solitaire, le damier de la succise, l’azuré du serpolet et le protée.
Machaon
Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 54 espèces connues dans l’espace-Parc, 21 ont été inventoriées (de
30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Joël Blanchemain
Parmi la faune invertébrée de Pralognan-
Grande sauterelle verte
Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise
Au cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 hectares. Près de 53 000 hectares sont classés en zone centrale, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend la zone périphérique du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en
continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale. Pralognan-la-Vanoise est l’une de ces 28 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans l’espace-Parc. La zone protégée, ou zone centrale, concerne 66,3 % de la surface de la commune, elle est située sur toute la frange orientale et méridionale du territoire communal. Les 33,7 % restants se trouvent dans la zone périphérique.
Parc national de la Vanoise à Pralognan-la-Vanoise
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31
Présentation
Sommaire
Présentation
Zonages ZNIEFF & ZICO
Les
inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces protégées et dites “déterminantes”. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des seuils d’effectifs d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces
inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.
Les ZNIEFF Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.
Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)
32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315)
Les ZICO ZNIEFF de type 1 : - Massif du rocher de Villeneuve (n°73150007) - Vallon de Chavière (n°7315 0017) - Forêts et alpages de l’Orgère au col de Chavière (n°73150020) - Col de la Vanoise (n°73150045) - Mont Bochor (n°73150046) et de manière plus anecdotique : - Montagnes de la Petite et de la Grande Val (n°73150018) - Vallon du Fruit (73150048)
Une partie du territoire de Pralognan-laVanoise est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Elle englobe presque l’ensemble de la zone périphérique du Parc national de la Vanoise et s’étend aussi en zone centrale dans le centre et le sud de la commune ; l’ensemble de ce territoire a été désigné du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de 15 espèces, dont l’aigle royal, le faucon pèlerin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm et la chevêchette d’Europe.
Délimitation de la ZICO “Parc national de la Vanoise” à Pralognan-la-Vanoise
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33
Présentation
Sur l’ensemble du territoire communal de Pralognan-la-Vanoise, plusieurs ZNIEFF ont été inventoriées :
habitat* rare et intéressant, où sont présentes deux espèces de plantes patrimoniales : la laîche bicolore et la laîche maritime.
Une mise à jour des connaissances sur les tourbières de Rhône-Alpes, au travers d’inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coordonné par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, ce travail a porté sur les tourbières d’une superficie de plus d’un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d’une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au plan international, d’autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d’un plan d’action national visant à préserver ces milieux. À Pralognan-la-Vanoise, cet inventaire a conduit à l’identification d’un site intitulé “marais du vallon de l’Arcelin” (n°73TA16). Situé en zone centrale du Parc national de la Vanoise, il s’agit d’une tourbière de 2,6 hectares, assise sur un petit replat bordant le ruisseau de l’Arcelin, sous le col de la Vanoise. Celle-ci est composée de pelouses riveraines arctico-alpines*, un
Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a entrepris un travail global sur les marais et tourbières de la zone centrale du Parc. Il comporte une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail qui a été conduit entre 2001 et 2003, va être étendu à partir de 2005 à toute la zone périphérique du Parc. Dans le cadre de cet inventaire, 26 zones humides ont été inventoriées sur le territoire communal (zone centrale).
Zonage NATURA 2000
Les
directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de
PNV - Jacques Perrier
Présentation
Inventaires des tourbières et des zones humides
Laîche bicolore
34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation Délimitation du zonage Natura 2000 à Pralognan-la-Vanoise
certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les mesures prises à ce titre doivent assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures prennent en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au
titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”. La commune de Pralognan-la-Vanoise est concernée par le site Natura 2000 : “Massif de la Vanoise”, qui, sur Pralognan-la-Vanoise, couvre l’ensemble de la zone centrale du Parc national, ainsi que 200 hectares situés vers les Diés - les Saulces, du fait de la présence de stations de chardon bleu. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire, spécifiques des Alpes du Nord Françaises (pelouses riveraines arctico-alpines* et chardon bleu par exemple). Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’état en 1998.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35
Sites inscrits
À Pralognan-la-Vanoise, de nombreux sites, tels que la cascade de la Fraîche, les hameaux de la Croix et des Fontanettes, sont inscrits à l’inventaire des sites présentant un intérêt général du point de vue scientifique, historique, pittoresque, etc.
Réserve biologique domaniale du Petit mont Blanc
L es
réserves biologiques domaniales concernent les milieux forestiers riches, rares ou fragiles. Le secteur du Petit mont Blanc a été classé en réserve biologique domaniale par arrêté ministériel le 25 octobre 1999. Il se caractérise par une forte valeur patrimoniale, liée à la diversité des habitats remarquables qu’il présente, ainsi qu’à la richesse floristique (319 espèces végétales recensées dont 11 espèces protégées) et faunistique du site.
PNV - Christophe Gotti
Les objectifs du gestionnaire (l’ONF) sont de maintenir à long terme la richesse du milieu naturel et de garantir sa pérennité, de faciliter un suivi scientifique et technique et d’entreprendre des actions de sensibilisation du public.
La cascade de la Fraîche, un site inscrit
36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Fiches-milieux
Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°1
Préliminaire Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Pralognan-la-Vanoise font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (telles que les lisières forestières, la zone de combat située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 39
Le village, les hameaux et leurs abords
PNV - Alexandre Garnier
Maison ancienne au Barioz
Cette
fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. L’habitat pralognanais, organisé principalement en rive droite du Doron, répond à plusieurs types architecturaux différents, témoignant de l’histoire de la commune. L’architecture récente s’inspire souvent de l’architecture traditionnelle (murs en pierre et façade sous pignon en bardage bois, toit à deux pans asymétriques avec une couverture en tuiles de bois (tavaillons) et en lauzes, balcons en bois. Les constructions des années 1930 à 1970 se démarquent du reste par leur style. Il s’agit le plus souvent de maisons à murs en parpaings recouverts de crépi ou d’un bardage en bois, à toiture à un seul pan, ou deux pans symétriques, ou encore plusieurs pans, etc. On trouve, par
40 - Les milieux naturels, des lieux de vie
exemple, des constructions des années 1930 relativement hautes et cubiques avec de nombreuses ouvertures et des toits à plus de deux pans et des logements collectifs des années 1980 avec de nombreuses boiseries en façades. Les zones d’habitation incluent également des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent
PNV - Alexandre Garnier
Fiche-milieu n°1
Sommaire
Jardin potager
Lichens et champignons
Facilement
reconnaissable à sa couleur rouge orangé vif, la xanthorie élégante forme des ronds incrustés* tant sur les pierres des constructions que sur les rochers en montagne. Cette espèce de lichen nitrophile se développe avant tout sur les rochers, en présence de guano d’oiseaux. Aux abords des chalets d’alpage, le rare et discret mycène des cirses épineux pousse dans les reposoirs où vit sa plante nourricière.
Flore
Les
plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présent classiquement sur les murets en pierre, l’orpin à feuilles épaisses est une petite plante à fleurs blanches, capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante “grasse” est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau. La flore exubérante des reposoirs à bestiaux, comme le rumex des Alpes ou rhubarbe des moines et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste
Faune
Sans
être forcément la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. Outre la présence “classique” de certaines espèces d’oiseaux (l’hirondelle de fenêtre qui niche sous le balcon de la mairie, le rougequeue noir, le merle noir, la mésange charbonnière, le moineau domestique ou encore le gobemouche gris), de reptiles (le lézard des murailles) et de mammifères (la taupe, le renard, la fouine, le lérot), le village et ses abords bénéficient de la présence d’espèces protégées telles les chauves-souris. Par exemple, la pipistrelle commune ou pipistrelle d’Europe, fait partie des chauves-souris les plus anthropophiles. Elle ne pèse pas plus de 8 g et sa taille minuscule lui donne la possibilité de se glisser dans des interstices ne dépassant pas 10 mm de largeur.
Belle dame
Des papillons tels que la petite tortue, le vulcain et la belle dame, viennent profiter
Les milieux naturels, des lieux de vie - 41
Fiche-milieu n°1
À proximité des bâtiments d’élevage anciens et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que le rumex des Alpes.
qui se développe sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, la végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir des décennies après que les troupeaux ont déserté le site. C’est le cas aux abords des chalets de Montaimont et de la Motte.
PNV - Michel Delmas
des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, notamment des insectes, des oiseaux et des petits mammifères.
Fiche-milieu n°1
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations
PNV - Yves Brugière
Le village constitue le cadre de vie collectif de l’ensemble des habitants de Pralognanla-Vanoise. Ce lieu de vie pour les hommes fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.
Dans un arbé, pierres plates où l’on mettait le fromage en presse
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort. Pralognan-la-Vanoise compte d’ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre, comme la chapelle inscrite du Barioz,
42 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Alexandre Garnier
des ressources qu’offrent encore les jardins en automne, période où la nature ne peut assurer leur subsistance (fleurs et fruits de jardin, etc.). Tous ne périront pas aux premiers gels, certains seront partis vers le sud, d’autres hiberneront dans les combles et les granges.
Bâtiment ancien au hameau de la Croix
et plusieurs hameaux (le Barioz, les Bieux, les Fontanettes) bénéficient du statut de sites inscrits à l’inventaire des sites pour leur intérêt général du point de vue historique et pittoresque. Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que les doradilles noire et rue-des-murailles. Au sein de la faune, les chauves-souris (comme la pipistrelle commune) en particulier leur confèrent une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet
PNV - Alexandre Garnier
Jardin en fleurs
Évolution et transformation du milieu En Vanoise, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Cet abandon est aussi lié au problème d’indivision lors de successions qui concernent un grand nombre d’héritiers pour un bien unique. Toutefois ce problème a tendance à s’estomper. De plus, l’avènement du tourisme a fait fleurir des bâtiments très volumineux dont l’architecture est radicalement différente, voire étrangère au style traditionnel des vallées de Vanoise. Certaines granges sont aussi réaménagées en appartements. Du fait de l’évolution du paysage urbain de Pralognan-la-Vanoise, certains hameaux initialement bien individualisés sont aujourd’hui jointifs et forment l’extension urbaine du chef-lieu (le Barioz, le Plan, les Darbelays). Malgré le manque d’espace d’urbanisation lié aux contraintes de topographie et aux risques naturels, certains espaces encore non urbanisés pourraient laisser place à une densification du bâti. Toutefois, dans le souci de maintenir
le grand espace de fauche situé sur le Plateau, ce secteur a été classé en zone agricole non constructible dans les documents d’urbanisme de la commune. De nombreuses constructions anciennes de Pralognan-la-Vanoise sont rachetées et restaurées. Or, la restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit rhinolophe. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage.
Propositions de gestion Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre Ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc.). L’utilisation de techniques biologiques pour la culture des fleurs, légumes et autres plantes des jardins est préférable aux traitements chimiques qui ont un impact négatif sur la faune et la flore.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 43
Fiche-milieu n°1
un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles.
Les cours d’eau et les lacs
du réseau hydrographique qui draine le territoire de Pralognan-la-Vanoise : le Doron de Pralognan et le Doron de Chavière, leurs affluents (torrent de la Glière, etc.), ainsi que leurs bancs de graviers et les berges boisées. La dynamique du Doron conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion.
PNV - Christophe Gotti
Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et
Cascade du cirque du Grand Marchet
PNV - Christophe Gotti
Fiche-milieu n°2
Sommaire
Lac Blanc de Polset (au fond, le col du Soufre)
44 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°2 Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replat, des alluvions moins grossières se déposent autour du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’implanter. Ponctuellement, le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saule marsault et d’aulne vert, adaptés aux conditions de sol fréquemment détrempé et capables de résister aux fortes perturbations mécaniques. Ils permettent la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères et le bouleau. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. On le rencontre notamment le long du Doron de Chavière à hauteur du hameau des Prioux.
La strate herbacée y est localement développée avec le populage des marais, les pétasites. Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Pralognan-la-Vanoise compte six lacs de dimensions remarquables (lac Blanc de Polset, lac de la Valette, lac de la Patinoire, lac des Vaches, lac Long et lacs des Eaux Noires). Ces plans d’eau naturels s’échelonnent entre 2 400 et 2 750 m d’altitude (mis à part le lac glaciaire du col du Pelve à 3 043 m d’altitude). Aucun d’entre eux n’est végétalisé. Le lac des Assiettes est un lac asséché.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 45
La ripisylve abrite différentes espèces d’arbres pionniers tels que l’aulne vert et le saule marsault ou saule des chèvres, un arbuste fréquent aux abords des cours d’eau. Les bancs de graviers sont colonisés par des plantes pionnières telles que l’épilobe de Fleischer. Celle-ci est caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais se développe aussi sur les éboulis et les moraines.
L’omphaline
des ruisseaux est un petit champignon à chapeau brun rougeâtre qui pousse communément sur les mousses et la terre humide des bords de ruisseaux et des sources. Il est présent à Pralognan-laVanoise dans la partie supérieure du ruisseau de l’Arcelin, au lac des Vaches, etc.
Flore
Le
En revanche, les bancs de graviers humides sont colonisés par des plantes adaptées aux substrats instables comme le pétasite paradoxal qui forme un tapis très dense vers le pont de Chollière.
PNV - Félix Grosset
fort courant des ruisseaux et torrents de Pralognan-la-Vanoise n’autorise pas le développement d’une végétation aquatique. En revanche, les bords de ruisseaux sont riches en mousses de différents genres : Aulacomnium, Cratoneuron et Calliergon. Le Cratoneuron commutatum, petite mousse des berges de ruisseau, souvent immergées, est une espèce répandue jusqu’à 2 500 m d’altitude, sur calcaire.
Épilobe de Fleischer
Espèce arctico-alpine*, la laîche maritime est typique des alluvions sablonneuses. Connue en France seulement dans les départements de Savoie et des HautesAlpes, cette espèce protégée et rare pousse très localement au bord des ruisseaux et des sources en altitude, comme par exemple à proximité du ruisseau exutoire du lac des Vaches.
PNV - Louis Bantin
Fiche-milieu n°2
Lichens et champignons
Pétasite paradoxal
46 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Parmi la strate herbacée, se trouve la pyrole à feuilles rondes, une plante aux feuilles brillantes, disposées en rosette basale. Assez commune dans les fourrés d’arbustes, sur sols frais à humides, elle
PNV - Philippe Benoît
L a bergeronnette des ruisseaux est étroitement inféodée aux eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et l’enneigement des ruisseaux d’altitude la délocalisent vers des cours d’eau de vallée. C’est une migratrice altitudinale. Typique des eaux courantes, le cincle plongeur est le seul passereau à s’immerger totalement dans les torrents pour prélever les larves d’insectes (comme les éphémères) dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l’eau. Il fréquente le Doron de Chavière vers les Prioux notamment et jusqu’à Ritort (lire la fiche-espèce n°11). Le triton alpestre fréquente les points d’eau uniquement pendant la période de reproduction. Espèce protégée et vulnérable en France, cet amphibien nocturne fréquente les eaux stagnantes. À Pralognan-laVanoise, il est connu notamment au hameau de la Montagne.
Laîche maritime
PNV - Michel Bouche
porte de nombreuses fleurs blanches en clochettes penchées, qui laissent dépasser le style. À Pralognan-la-Vanoise, on peut rencontrer cette espèce à Isertan. La benoîte des ruisseaux est une plante à fleurs penchées rose terne, qui pousse communément au bord des cours d’eau, en amont du bois de la Glière par exemple.
PNV - Philippe Benoît
Triton alpestre
Benoîte des ruisseaux
Le saumon de fontaine est une espèce d’eau froide qui fréquente les parties amont des cours d’eau, comme à Pralognan-laVanoise, le Doron de Chavière vers Ritort. D’origine nord-américaine, ce poisson de la famille des salmonidés a été introduit en France au XXe siècle . L’æschne des joncs est une grande libellule à l’abdomen bleu-vert rayé de noir qui fréquente les zones humides d’altitude. Ses
Les milieux naturels, des lieux de vie - 47
Fiche-milieu n°2
Faune
Fiche-milieu n°2
PNV - Christophe Gotti
larves, qui vivent dans les eaux stagnantes ensoleillées, ont une croissance lente et ne deviennent adultes qu’après trois ans environ, alors que deux ans leur suffisent à basse altitude. Elles se nourrissent d’insectes et également de têtards. C’est la seule espèce d’odonate connue à ce jour à Pralognan-laVanoise.
PNV - Michel Bouche
Lac de la Valette
Aeschne des joncs
Équilibre entre l’homme et son milieu
Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable, la pêche (à la truite notamment) et la production d’énergie hydraulique. Ce dernier usage se traduit concrètement par l’existence de quatre centrales électriques privées, dont deux servent à des refuges et des fermes, et trois captages EDF situés sur le Doron de Chavière et de la Glière et sur la cascade du Grand Marchet.
D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude de Pralognan-la-Vanoise présentent un intérêt agricole non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail (cas du lac Blanc, du lac des Eaux Noires et du lac de la Valette). L’eau est directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Les sources sont localement utilisées pour l’alimentation en eau de certains refuges et chalets d’alpage. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (voir la fiche-milieu sur les zones humides) et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage.
48 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Usages, intérêts économiques et représentations
Canons à neige à Pralognan-la-Vanoise
Pour développer la pêche, des empoissonnements sont réalisés. Un parcours de pêche à la mouche a été aménagé sur un bras du Doron de Chavière depuis Les Ruelles jusqu’aux Prioux.
Fiche-milieu n°2 PNV - Ludovic Imberdis
Parmi les autres usages, citons la pratique hivernale de la cascade de glace sur la cascade de la Valette. Les cours d’eau de la commune constituent des réservoirs d’eau naturels permettant d’alimenter les canons à neige. Pour répondre aux besoins en neige artificielle de la station de ski, l’eau est prélevée sur la conduite forcée de la micro-centrale de la Glière.
Le cirque du Grand Marchet et ses cascades
PNV - Christophe Gotti
Évolution et transformation du milieu
Prise d’eau des Barmettes dans le vallon de la Glière
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les cours d’eau et les lacs constituent une ressource indispensable pour l’homme et un élément attractif du paysage. La plupart des lacs de Pralognan-laVanoise sont accessibles grâce aux sentiers qui serpentent à travers le territoire communal. Avec les torrents et les cascades, ils constituent un des principaux buts de randonnée pour les touristes. Les intérêts biologiques de la ripisylve sont multiples : elle fournit refuges et lieu de nidification aux oiseaux et aux insectes. Elle offre à la faune sauvage un corridor abrité des prédateurs et des activités humaines lors de ses déplacements. Les poissons trouvent dans les cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise une manne d’invertébrés pour se nourrir : éphémères, plécoptères, trichoptères* et des caches pour s’abriter.
Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. La gestion des effluents d’élevage ne pose pas de problème de pollution d’origine agricole à Pralognan-la-Vanoise. Quelques rejets peuvent avoir lieu ponctuellement, mais sans porter atteinte au milieu. La commune de Pralognan avait opté dès la moitié du XXe siècle pour la mise en place d’un réseau d’égoûts, processus d’assainissement performant à l’époque au regard du nombre d’habitants. Aujourd’hui, ce système n’est plus adapté au contexte local et aux variations saisonnières de la démographie. De ce fait, alors que la qualité de l’eau des ruisseaux est bonne en amont, elle se dégrade à hauteur du chef-lieu (au Plan), où ont lieu les rejets des eaux usées domestiques (après passage dans un bassin de décantation). Ces rejets peuvent dégrader durablement la qualité de l’eau du torrent et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 49
Fiche-milieu n°2
L’évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation de zone humide. Ces lacs comblés n’en sont pas moins très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie).
Propositions de gestion
Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme et tous les êtres vivants, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse, même si elle paraît localement intarissable.
PNV - Christophe Gotti
La municipalité a travaillé sur le projet de rattachement des égoûts de Pralognan-laVanoise à la station d’épuration de Bozel. Le projet en est actuellement à la phase de
construction de la station d’épuration qui sera fonctionnelle en 2008. Pour Pralognan-la-Vanoise, ce nouveau système d’assainissement sera effectif en 2009. Ceci permettra d’arrêter le rejet des eaux usées directement dans le Doron de Pralognan et d’enrayer les principaux problèmes de pollution.
Lac de fonte à l’est du col de Chavière
50 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Les zones humides d’altitude
Zone humide aux Arollets d’En Haut
Les zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et des marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses,
qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (tels que les laîches) de petite taille.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 51
Fiche-milieu n°3
Sommaire
52 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Fiche-milieu n°3
À Pralognan-la-Vanoise, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les plus fréquents à Pralognan-la-Vanoise et les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple dans le cirque du Petit Marchet, vers le col de la Vanoise entre le lac Long et le lac des Assiettes, vers Rosoire, etc. - les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall. Ils se situent notamment dans le cirque du Grand Marchet au col de la Vanoise et le long du Doron de Chavière autour de Ritort. Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant
Perte du ruisseau du lac de la Valette
Lichens et champignons
Fiche-milieu n°3 PNV - Rémy Barraud
Saxifrage faux aïzon
PNV - Maurice Mollard
du point de vue floristique : les groupements pionniers des bords de torrents alpins. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Les groupements pionniers des bords de torrents alpins se nomment Caricion bicolori-atrofuscae. Ce nom s’inspire de celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais : la laîche bicolore et la laîche rouge noirâtre Ce type de marais, rare à Pralognan-la-Vanoise, existe vers le lac des Vaches, ainsi que dans la partie supérieure du ruisseau de l’Arcelin.
L’arrhenia lobée est un petit champignon
Linaigrette à feuilles étroites
qui pousse dans les marais, fixé aux mousses humides. Il a un aspect de langue gélatineuse grise et présente, sur la face inférieure, des plis rappelant ceux des chanterelles.
acides, comme le marais surplombant les chalets de Montaimont, au Plan de la Sômaz. Plante à gros pompons cotonneux dressés, la linaigrette de Scheuchzer est caractéristique des stades pionniers des bords de lac, sur argile et limons. On rencontre une telle végétation acidophile au bord du lac des Eaux Noires, sous la pointe des Fonds.
Les plantes des zones humides doivent s’adapter à des conditions difficiles : sol asphyxiant, pauvreté minérale, gel hivernal. Assez fréquente, la saxifrage faux aïzoon, plante-hôte du petit apollon, croît typiquement près des sources, sur les rochers où suinte l’eau d’infiltration. Elle borde quasiment tous les ruisselets de Pralognan-la-Vanoise, tel que celui situé sous le pic de la Vieille Femme. La linaigrette à feuilles étroites et la laîche brune s’associent souvent pour former un groupement caractéristique des marais
PNV - Nathalie Tissot
Flore
Linaigrette de Scheuchzer
Les milieux naturels, des lieux de vie - 53
PNV - Louis Bantin
Du fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses. La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. C’est un amphibien essentiellement terrestre qui gagne l’eau lors de la période de reproduction et, éventuellement, pour hiberner. C’est l’une des trois espèces d’amphibiens les plus répandues en Savoie, avec le crapaud commun et la salamandre tachetée. On la trouve à Pralognan-la-Vanoise jusqu’à 2 515 m sous les Eaux Noires (lire la fiche-espèce n°12).
La laîche de Davall est une plante vivace typique des marais alcalins. Elle pousse en touffes compactes. Elle caractérise plusieurs zones humides de Pralognan-laVanoise et notamment celles situées dans la vallée de Chavière autour de Ritort. La laîche bicolore est une plante discrète, typique des zones humides de bord de torrent. Cette herbe naine aux épis bicolores est une plante arctico-alpine* rare et protégée.
PNV - Patrick Folliet
Trichophore cespiteux
Grenouille rousse
Le lézard vivipare est un petit lézard dont l’habitat*, en montagne, se limite aux lieux humides. Il possède une coloration brune très variable avec, souvent, une raie longitudinale sombre au milieu du dos.
PNV - Christophe Gotti
PNV - Damien Hémeray
Fiche-milieu n°3
Faune
Le trichophore cespiteux est une herbe à tige lisse et cylindrique caractéristique d’un gazon dense, à fleurs très peu visibles. Il est commun dans les milieux humides, tels que les marais du Plan de la Sômaz et du Plan des Bôs.
Laîche bicolore
54 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Lézard vivipare
PNV - Jacques Perrier
Les milieux humides et aquatiques sont à la fois un milieu intéressant sur le plan biologique et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les zones humides participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants. L’ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques, la plupart sont vulnérables vis-à-vis des modifications du milieux engendrées par les activités humaines.
Petit apollon
Usages, intérêts économiques et représentations
PNV - Jacques Perrier
Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Seules trois des 26 zones humides inventoriées sur le territoire communal ne sont pas fréquentées par des troupeaux. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale.
Zone humide jouxtant le lac du Fond de Ritort
PNV - Alexandre Garnier
Équilibre entre l’homme et son milieu
Gouille et zone humide en rive gauche du doron de Chavière
Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la laîche bicolore et la laîche maritime confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi ces zones humides, les groupements pionniers des bords de torrents présentent l’intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d’espèces protégées de grande valeur, constitue une richesse naturelle importante de la commune. La Communauté européenne l’a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 55
Fiche-milieu n°3
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
Le petit apollon suit les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa chenille. C’est une espèce de papillon protégée.
La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Plus d’un tiers de ces zones a disparu ces 30 dernières années. Cette situation n’est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l’eau, ces disparitions de zones humides aggravent les effets des inondations en période de crues et accentuent les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. De nombreuses petites zones humides ont déjà disparu et la construction de retenues d’eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l’alimentation des canons à neige a entraîné en Vanoise l’immersion de milieux encore plus vastes. Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la flore des zones humides sont les mêmes que pour les milieux “cours d’eau et lacs” (voir fiche-milieu n°2). Le surpiétinement du bétail dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels risque d’endommager les milieux fragiles et d’en modifier la flore, du fait de la concentration des déjections. La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux national, régional et départemental. À Pralognan-la-Vanoise, les menaces d’origine anthropique sont variables d’un milieu humide à l’autre, selon l’intensité des usages pratiqués (et notamment le pâturage). D’après l’étude réalisée par le Parc national de la Vanoise (Quittard, 2004), les usages sont faibles sur 12 des marais inventoriés et d’intensité moyenne sur les 14 autres.
56 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Alexandre Garnier
Fiche-milieu n°3
Évolution et transformation du milieu
Déplacement de la machine à traire
Propositions de gestion À Pralognan-la-Vanoise, les menaces restent limitées. Aucune gestion particulière n’est donc à envisager à court terme, si ce n’est de prendre en compte systématiquement ces zones précieuses, dans le cadre de tout nouveau projet d’aménagement, afin d’en assurer la préservation et d’éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. L’aménagement de points d’abreuvement et l’organisation de l’accès des troupeaux domestiques permettraient d’éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire. Ponctuellement, la mise en défens de marais particuliers peut s’avérer nécessaire. De même, quand c’est possible, le choix de l’emplacement des machines à traire devrait tenir compte de la présence de zones humides à proximité, ceci afin d’éviter que le lessivage par les eaux de pluie ou l’écoulement direct des déjections animales et des effluents laitiers (eaux de lavage, etc.) ne génèrent des apports organiques répétés dans les zones humides voisines.
PNV - Alexandre Garnier
Les prairies de fauche de vallée et d’altitude
PNV - Alexandre Garnier
Prairie de fauche du Plateau
Végétation de prairie de fauche
Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison.
Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, elles se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue
Les milieux naturels, des lieux de vie - 57
Fiche Fiche-milieu milieux n°4
Sommaire
Fiche-milieu n°4
atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs.
aujourd’hui essentiellement les abords du chef-lieu : la Croix, les Prés des Granges, la rive droite du Doron de Pralognan, le Plateau, le Barioz et Chollière.
Lichens et champignons
Les champignons sont d’excellents décomÀ Pralognan-la-Vanoise, du fait des conditions écologiques environnantes, on ne rencontre qu’un type de prairies de fauche. Il s’agit des prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. Ces prairies de fauche occupent
58 - Les milieux naturels, des lieux de vie
poseurs de la matière organique, dans les prés, ils participent à la décomposition du fumier tant que les apports restent modérés. Stropharia merdaria en est une bonne illustration. Ce petit champignon ocre pâle, à chapeau hémisphérique et long pied, se trouve sur bouses de vache jusqu’à 2 100 m d’altitude. À Pralognan-la-Vanoise, il a déjà été observé dans une pâture de la Motte.
Une prairie de fauche se caractérise par la
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre sont deux poacées typiques de la végétation des prairies grasses.
Ce cortège floristique s’accompagne aussi de différentes ombellifères telles que la grande berce, dont l’inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes qui y trouvent un nectar abondant. C’est aussi dans ces prairies de fauche fraîches que fleurit le trolle d’Europe, une plante assez commune en montagne, facilement reconnaissable à sa fleur en forme de boule jaune, ainsi que le cumin des prés aux fruits aromatiques.
PNV - Maurice Mollard
Trolle d’Europe
Trisète jaunâtre
PNV - Philippe Benoît
PNV - Christophe Gotti
Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. On y rencontre typiquement le géranium des bois et la renouée bistorte.
Parmi les plantes spectaculaires, le rhapontique des Alpes peut atteindre 1,2 m. C’est une espèce alpine européenne, rare et protégée. À Pralognan-la-Vanoise, elle est localisée par exemple dans le vallon de Chavière. Citons également la présence du chardon bleu dans les prairies fraîches et pentues dominant le pont du Diable (lire la fiche-espèce n°3).
Géranium des bois
Rhapontique des Alpes
Les milieux naturels, des lieux de vie - 59
Fiche-milieu n°4
Flore
Fiche-milieu n°4
Faune
observée dans les prairies qui jouxtent le hameau de la Croix. Elle se nourrit à 98 % de micro-mammifères (mulot, campagnols, etc.) qui fréquentent ces milieux.
À l’altitude où se trouvent les prairies de
PNV - Maurice Mollard
fauche de Pralognan-la-Vanoise, les deux espèces de lièvres (le lièvre brun et le lièvre variable) peuvent se rencontrer.
60 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Vipère aspic
Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Ceux-ci se remarquent par leur diversité et leur abondance. Les plus visibles sont les papillons de jour dont le damier de la succise, présent indifféremment dans les prairies de fauche sèches ou fraîches, le moiré lancéolé et le grand nacré.
PNV - Ludovic Imberdis
La caille des blés affectionne également la végétation herbacée haute des prairies de fauche. Ce galliforme remarquable présente la particularité d’avoir un cycle reproducteur tardif, incompatible avec une agriculture intensive. La modification des pratiques agricoles alliant drainage, fertilisation et fauche précoce, voire l’ensilage des herbages, a provoqué la raréfaction de cette espèce au niveau mondial. Une observation de caille des blés à Moriond, l’été 2005, confirme la présence de l’espèce à Pralognan-la-Vanoise. Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. C’est un prédateur de petits insectes, abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.). La vipère aspic peut être associée aux prairies de fauche, tant elle apprécie de se réfugier dans les murets en pierres qui les délimitent, ou dans les tas d’épierrement. À Pralognan-la-Vanoise, elle est fréquemment
PNV - Philippe Benoît
Lièvre brun
Grand nacré
des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. À Pralognan-la-Vanoise, les prairies de fauche sont traditionnellement coupées une fois par an. La fauche pratiquée au tracteur et à la moto-faucheuse s’échelonne dans le temps depuis la mi-juillet jusqu’au début du mois d’août. Ces prairies sont toutes pâturées en inter-saison. Des quantités modérées de fumier sont épandues sur l’ensemble des prairies de fauche. La fauche des prairies locales ne permet pas une autonomie complète en foin et nécessite un achat complémentaire de foin provenant de la Crau et de la Drôme. Les anciennes prairies de fauche abandonnées ne sont aujourd’hui pas toutes pâturées. En l’absence d’utilisation agricole, elles sont colonisées par les ligneux (bouleau blanc, épicéa, aulne vert).
Usages, intérêts économiques et représentations
PNV - Alexandre Garnier
Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part, elles représentent, pour les naturalistes, un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales et d’autre part, un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. La fauche des prairies locales permet d’augmenter l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage et de limiter l’achat de foin à l’extérieur.
L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produite. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Chaque prairie de fauche résulte du travail
PNV - Christophe Gotti
Prairie fauchée et meules de foin au Plan
Fauche aux Darbellays
Intérêts biologique et patrimonial du milieu La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux originaux d’un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 61
Fiche-milieu n°4
Équilibre entre l’homme et son milieu
L’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère de surcroît à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et
aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (micro-mammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Les floraisons opulentes des prairies de fauche d’altitude ont aussi un intérêt paysager certain. Elles offrent au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. Les prairies sont d’autant plus fleuries que leur fauche est tardive. D’autre part, les moins fertilisées offrent au regard un plus large panel de couleurs. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés. Aujourd’hui abandonnées, les fenaisons d’altitude à Pralognan-la-Vanoise (prairies du mont Bochor et du mont Charvet par exemple) et les fameux “couloirs du foin” constituent un véritable patrimoine culturel et historique. Ces pratiques traditionnelles de fauche ont fait l’objet d’un film (Lapied, 1992). Le foin issu de la fauche des replats et des pentes dans les secteurs d’altitude
PNV - Alexandre Garnier
Fiche-milieu n°4
La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. Une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, une fauche précoce, répétée dans le temps, diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés et la pollinisation par les insectes.
Rouleaux de foin près du hameau des Granges
62 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°4 PNV - Christophe Gotti
Épandage de fumier à Chollière
était stocké sur place, à l’abri dans les granges. Aux premières neiges et pendant un mois, les pralognanais se mobilisaient : le foin était roulé en balles de 150 kg et descendu dans les couloirs très pentus baptisés alors “couloirs du foin”.
Évolution et transformation du milieu Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement marquée en altitude. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 - 2 000 m. En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la
production de Beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC). À Pralognan-la-Vanoise, la fauche des prairies situées à plus de 1 800 - 2 000 m d’altitude a été progressivement abandonnée depuis 40 ans environ (prairies de fauche de la Montagne, des Saulces, du Bochor, des Diés, etc.). Certains de ces secteurs ne sont pas pâturés aujourd’hui (les Saulces) et sont envahis par les feuillus et donc perçus comme des friches au sens péjoratif du terme. Après un abandon d’une quarantaine d’années, la fauche des prairies des Diés a été reprise suite à la signature en 1997 d’une convention entre un agriculteur pralognanais et le Parc national de la Vanoise. Cette fauche couplée à un suivi scientifique a pour vocation le maintien de la population de chardon bleu présente sur ce secteur (lire la fiche-espèce n°3). Grands consommateurs d’espaces, l’urbanisation, mais aussi les infrastructures de transport et les aménagements de loisir, menacent souvent les prairies de fond de vallée. Ils font peser sur les derniers secteurs de fauche une pression foncière d’autant plus importante que l’activité
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ressource en eau et de préservation de la biodiversité. Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans le cadre d’un cahier des charges de mesures de type agri-environnemental. À titre d’exemple, la mesure “prairie de fauche” proposée lors de la dernière Opération Locale Agri-Environnementale de Maurienne (lancée à la fin des années 1990) a reçu un très bon accueil de la part des agriculteurs se traduisant par un fort taux d’adhésion. Ce type de mesures traduit la reconnaissance des caractéristiques de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son patrimoine écologique et paysager local. Elles consistent en l’octroi de primes contractualisées à la surface ou d’aides pour réduire les contraintes d’exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d’œuvre, etc.). Ces mesures peuvent prendre place dans le cadre de la mise en place des nouveaux programmes tels que les Contrats d’Agriculture Durable.
Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Le retour à des pratiques plus extensives sur certaines parcelles est donc souhaitable : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive, maintien de prairies de fauche “extensives”, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile. Afin de favoriser le maintien d’une faune prairiale, toute pratique de fauche lui permettant de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge - du centre vers la périphérie - si la forme de la parcelle le permet) est recommandée. Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes) de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. L’AOC Beaufort est une des démarches susceptibles de freiner l’abandon des prairies de fauche car les éleveurs, par le biais du cahier des charges, s’engagent à tendre vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la
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PNV - Christophe Gotti
Fiche-milieu n°4
agricole a une tendance générale à régresser. À Pralognan-la-Vanoise, le Plateau accueille aujourd’hui la plus grande surface de fauche et constitue un des derniers espaces plats de la commune, qui pourrait être convoité par les constructeurs immobiliers. Toutefois, la commune a souhaité maintenir la vocation agricole du Plateau en le classant, dans ses documents d’urbanisme, “terrain agricole non constructible”.
Fauche d’une station de chardon bleu aux Saulces
Fiche-milieu n°5
Sommaire
PNV - Alexandre Garnier
Les forêts de conifères
Forêt d’Orgeval
À
l’image de la Vanoise, les forêts de Pralognan-la-Vanoise sont essentiellement résineuses. Elles occupent les deux versants de chacune des trois vallées (celles des Dorons de Pralognan et de Chavière, ainsi que celle du torrent de la Glière), constituant ainsi la “ceinture forestière” de la zone urbanisée de Pralognan. Ce couvert forestier s’étend sur plus de 1 000 hectares, depuis 1 200 m d’altitude jusqu’à 2 200 m au mont Chevrier. Il comprend une partie de la forêt domaniale du Petit mont Blanc et de la forêt communale de Pralognan, avec les bois de Pierra Crêpa, de Jettemont, de la Rossa, de la Chollière, des Flottes, de la Glière et du Creuset ainsi que la forêt d’Isertan. Les forêts pralognanaises sont des boisements mixtes composés de deux essences principales : l’épicéa (majoritaire) et le pin à crochet. D’autres essences telles que le sapin pectiné, le mélèze et le pin cembro sont également présentes, en mélange, avec les deux premières.
Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). À l’étage subalpin, on rencontre la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, à des sols maigres et des situations de crêtes. Elle prédomine sur calcaire et gypse. Elle s’étend sur 30 hectares environ, sur la rive droite du ruisseau des Prioux. Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d’épicéa. La pessière* fraîche couvre 283 hectares à Pralognan-la-Vanoise (ex. partie supérieure du bois de la Glière), contre 211 hectares de pessière* sèche (ex. au pied du bois des Flottes et du bois de la Glière).
Les milieux naturels, des lieux de vie - 65
Fiche-milieu n°5
Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri
66 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Ludivic Imberdis
La sapinière-pessière occupe 221 hectares du territoire communal (ex. partie inférieure du bois de la Rossa et de la forêt d’Isertan), Le mélèze, également présent dans les pessières*, forme au subalpin supérieur les mélézeins (12 hectares au pied du Petit mont Blanc), au sous-bois clair et fleuri évoluant progressivement en cembraies*, ou des forêts mixtes avec le pin cembro, les cembraies-mélézeins. La cembraie couvre 82 hectares au total dont 70 hectares en versant d’ubac (ex. au pied du Petit Marchet) et le reste en adret (ex. à proximité du col du Golet).
Bois de Jettemont surplombant le hameau de La Croix
sol comme la peltigère aphteuse, ou sur les branches d’épicéas comme l’usnée filipendule, un lichen filamenteux, vert jaunâtre rencontré en forêt d’Isertan.
Flore
Arbre principal de l’étage montagnard en Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Pralognan-la-Vanoise. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’ouvrage (charpente, bardage, etc.). Après l’épicéa, le pin à crochets est l’essence la plus abondante. Il est répandu sur la masse de gypse de la colline de Chollière. C’est une espèce typiquement montagnarde, adaptée aux conditions climatiques contrastées de l’altitude. Ses aiguilles sont groupées par deux, les cônes sont petits et asymétriques.
Les peuplements de feuillus sont peu répandus et ne concernent qu’une faible surface à l’emplacement d’anciennes zones agricoles essentiellement (ex. aux Esserts entre le hameau de la Croix et le chef-lieu).
Lichens et champignons
Les
PNV - Alexandre Garnier
pessières* montagnardes gérées en futaies jardinées sont des milieux très riches en champignons, l’amanite tue-mouches en est un exemple représentatif. D’autres espèces sont, elles, strictement associées aux mélèzes. C’est le cas du bolet élégant, au chapeau très visqueux variant du marron foncé au jaune orangé et à la chair jaunâtre. Ce champignon comestible, à odeur agréable et saveur douce, accompagne systématiquement les mélèzes. Les forêts de conifères présentent une forte diversité de lichens, que l’on rencontre au
PNV - Christophe Gotti
Pin à crochets
Usnée
Le mélèze est la seule espèce de conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en ébénisterie. À Pralognan-la-Vanoise, le mélèze n’est pas présent naturellement ; il a été introduit au Petit mont Blanc et dans la forêt d’Isertan. La pinède sur gypse du Petit mont Blanc
Les milieux naturels, des lieux de vie - 67
Fiche-milieu n°5
du mélézein, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière* subalpine, sous-bois à mélampyre des bois pour la sapinière-pessière du bois de Pierra Crêpa, sous-bois à genévrier nain et raisin d’ours pour la cembraie d’adret, rhododendron ferrugineux pour la cembraie d’Isertan, etc.
Fiche-milieu n°5
discrète à petites fleurs vertes et la pyrole intermédiaire.
accueille une flore typiquement calcicole* et notamment la gypsophile rampante, une espèce héliophile qui pousse à la faveur des sous-bois clairs de la pinède.
PNV - Patrick Folliet
Arbrisseau le plus répandu dans les pessières* d’ubac, la myrtille possède des fruits comestibles, souvent cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques et riches en provitamine A), ces fruits fournissent un colorant naturel violet. L’oxalis petite oseille, encore nommé pain-decoucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches. Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche. Ces deux espèces abondent dans la zone forestière d’Isertan affectée par l’ouragan en 1969.
PNV - Philippe Benoît
Mélèze
PNV - Jacques Perrier
Myrtille
Gypsophile rampamte
Espèce typique des forêts sèches, la pyrole à une fleur est une plante peu fréquente en Savoie. Elle se caractérise par son unique fleur blanche à l’extrémité de la tige et une rosette basale de feuilles rondes. D’autres pyroles fleurissent dans les forêts de Pralognan-la-Vanoise, dont deux sont protégées, la pyrole verdâtre, une plante très
68 - Les milieux naturels, des lieux de vie
La forêt domaniale de Chollière accueille une autre espèce protégée des forêts, le sabot de Vénus (lire fiche-espèce n°1). À Pralognan-la-Vanoise, celui-ci pousse en sous-bois ouvert* de conifères (pin cembro, sapin et épicéa). Orchidée spectaculaire aux très grandes fleurs jaunes en forme de sabot, il est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale. Compte tenu de la relativement bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour sa conservation.
La mésange boréale est un oiseau nicheur sédentaire également très commun en milieu forestier à sous-bois dense. C’est un petit passereau à tête noire qui se distingue difficilement de la mésange nonnette, si ce n’est par son chant et ses cris. L’altitude est un facteur qui permet également de les identifier, car l’habitat* de la mésange nonnette ne s’étend guère au-dessus de 1 200 m d’altitude, alors que la mésange boréale est une espèce subalpine. Bien plus discrète et rare, la chevêchette d’Europe est répandue essentiellement dans la taïga de la zone boréale. Elle est considérée en France comme une relique* glaciaire. Elle fréquente la forêt d’épicéas de Chollière. Les deux autres rapaces nocturnes qui nichent sur la commune sont la chouette de Tengmalm, ou nyctale de Tengmalm, signalée vers le hameau des Granges et la chouette hulotte vers la Croix.
Faune pinson des arbres est un des oiseaux nicheurs les plus répandus dans les forêts de Pralognan-la-Vanoise, tous types de peuplements confondus. En plumage nuptial, le mâle arbore une couleur rouge brique sur la face et la poitrine, alors que sa calotte, sa nuque et la partie supérieure de son dos sont gris-vert. Il se nourrit d’invertébrés (chenilles) pendant la période de reproduction et de graines tombées à terre, le reste du temps.
PNV - Bruno Descaves
Le
PNV - Ludovic Imberdis
Chevêchette d’Europe
Pinson des arbres
Les pics jouent un rôle fondamental en forêt, en offrant des cavités de nidification à d’autres animaux cavernicoles, euxmêmes incapables de forer des trous. Avec leur bec puissant et aiguisé comme des ciseaux à bois, ils frappent vigoureusement sur le tronc des arbres malades, à la fois pour se nourrir et pour se créer une loge.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 69
Fiche-milieu n°5
Commune dans les montagnes françaises, sur sols plutôt frais, la prénanthe pourpre fréquente surtout les forêts mixtes de l’étage montagnard et à Pralognan-la-Vanoise, la pessière* montagnarde d’Isertan. Pouvant atteindre 1,5 m de hauteur, cette grande plante arbore des fleurs violettes à purpurines à pétales en forme de languette. Également signalée dans la forêt d’Isertan, la linnée boréale, sous-arbrisseau rampant à feuilles persistantes, pousse dans les sousbois moussus des forêts de conifères fraîches peu exploitées. Cette plante protégée est rarissime dans les Alpes (voir la ficheespèce n°6). Elle n’est connue en France qu’en Savoie dans une petite dizaine de stations seulement. Elle a disparu de HauteSavoie dès le XIXe siècle, suite à des coupes forestières. Elle confère aux pessières* fraîches de la commune une très forte valeur patrimoniale.
PNV - Jean-Pierre Martinot
Fiche-milieu n°5
Pic épeiche
PNV - Didier Jalabert
Les forêts offrent un lieu d’accueil pour de nombreux autres mammifères même si elles ne sont pas leur seul habitat*. Le gîte diurne du chevreuil se trouve notamment sous le couvert forestier. Pour le chamois et le lièvre variable, les forêts offrent une zone d’hivernage très appréciée.
Les pics noir et épeiche sont nicheurs à Pralognan-la-Vanoise. Les cavités qu’ils percent constituent un refuge pour de nombreuses autres espèces d’oiseaux telles que les mésanges noire et charbonnière, les petites chouettes, mais aussi pour certains mammifères comme la martre. En effet, ce mustélidé aux mœurs crépusculaires et nocturnes est très adapté à la vie arboricole.
PNV - Sandrine Lemmet
Chouette hulotte
Chevreuil (brocard)
Équilibre entre l’homme et son milieu
PNV - Maurice Mollard
Usages, intérêts économiques et représentations
Pic noir
70 - Les milieux naturels, des lieux de vie
La couverture forestière de Pralognan-laVanoise s’élève à environ 1 000 hectares sur la commune. La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l’Office National des Forêts. Cet organisme gère également la forêt
Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de loisirs, sportifs ou non, avec son réseau de pistes de ski de fond et alpin, ses pistes VTT, ses sentiers piétons (exemple : le sentier sur le thème des sens à la Glière), chemins de randonnées pédestres et raquettes, etc.
PNV - Maurice Mollard
Les objectifs de gestion de la forêt communale de Pralognan-la-Vanoise se résument, par ordre d’importance, à : - la protection physique des biens et des personnes contre les risques naturels (érosion du sol, ravinement, etc.) et la protection générale des milieux et des paysages, - l’accueil du public, - et la production ligneuse, dont l’affouage représente une partie conséquente (environ 120 foyers de Pralognan-la-Vanoise). L’ensemble de la forêt communale est exploitée, en futaie jardinée ; mais l’objectif de production de bois d’œuvre résineux ne concerne qu’une partie des peuplements. Dans les secteurs les plus productifs, la quantité de bois produite est estimée à 1 m3 par hectare et par an pour un volume de coupe correspondant en moyenne à 1 000 m3 par an. Les essences exploitées sont principalement l’épicéa et le sapin pectiné (construction, charpente) et en priorité les arbres scolytés et les chablis. La scierie communale occupe une place de premier rang pour l’écoulement du bois exploité. Le droit de chasse au sein de la forêt domaniale du Petit mont Blanc est loué à l’association locale des chasseurs.
Une activité pastorale existe encore aujourd’hui dans la forêt communale. Cette forêt, par les ressources qu’elle offre, est aussi le lieu de nombreuses cueillettes (champignons, baies et autres fruits : myrtilles, framboises, airelles rouges, fraises des bois) et de ramassage d’escargots (qui fait l’objet d’une réglementation).
Airelle rouge
Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt patrimonial au niveau européen, que la Communauté européenne a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”. C’est une formation forestière rare en France, sa présence sur la colline de Chollière renforce l’intérêt biologique des forêts de Pralognan-la-Vanoise.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 71
Fiche-milieu n°6
domaniale du Petit mont Blanc, propriété de l’État, qui représente une couverture forestière d’environ 40 hectares. Les surfaces de forêts privées sont faibles. Elles représentent 24 hectares pour 85 propriétaires et couvrent surtout les anciennes parcelles agricoles abandonnées.
Fiche-milieu n°5
La mosaïque de milieux particulièrement intéressante et la présence d’espèces remarquables telles que le chardon bleu et le sabot de Vénus, ont justifié le classement en réserve biologique domaniale d’une partie du versant en rive gauche de la vallée du Doron, en 2000. La particularité géologique du site (énorme masse de gypse creusée en entonnoirs) crée un paysage inédit.
D’autre part, ces forêts jouent un rôle positif de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles. Ce rôle de protection contre les risques naturels est aujourd’hui plus important que jamais avec l’augmentation des enjeux (accueil du public, etc.).
PNV - Patrick Folliet
Évolution et transformation du milieu
Raquetteurs au bois de Chollière
L’existence à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée, très gros bois, vieux arbres) est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent de nombreuses espèces végétales et animales, à haute valeur patrimoniale telles que la linnée boréale, le sabot de Vénus, la chouette de Tengmalm. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci.
72 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. Deux des parcelles forestières au Bochor et au mont Chevrier sont vierges de toute exploitation, ce qui est favorable à la faune forestière, et plus particulièrement aux espèces arboricoles (tels les pics et les chouettes) pour lesquelles la présence d’arbres creux est indispensable. Les terrains en pente forte où sont implantés certains boisements constituent également des refuges pour la faune et la flore contre les dérangements liés à la circulation motorisée et à la pratique du ski. En effet, outre la destruction de boisement pour l’aménagement de pistes de ski et de remontées mécaniques, le tourisme d’hiver affecte également la forêt du fait de la pratique du ski hors piste, qui a lui même un impact sur la régénération naturelle, les skis sectionnant le sommet des jeunes pousses. La randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.) peut provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. La création de pistes forestières facilite la fréquentation de zones jusque-là peu ou pas accessibles à l’homme. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés
Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Dès lors que l’exploitation forestière pratiquée permet l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, cela est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Cependant, il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Cela nécessite un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés.
Piste forestière de Rocher Blanc
D’autres facteurs peuvent affecter la forêt, notamment les risques naturels auxquels elle est exposée : avalanches, mini-tornades et glissements de terrain peuvent détruire des
Les milieux naturels, des lieux de vie - 73
Fiche-milieu n°5
pans de forêts (à l’exemple de la mini-tornade de janvier 1969 qui a affecté la forêt d’Isertan, ou de l’avalanche du Dard qui a couché de nombreux arbres, à hauteur de 400 m3 de bois, lors de l’hiver 1970).
PNV - Alexandre Garnier
qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger permanent pour ces oiseaux. Le mitage progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. La création de toute nouvelle piste forestière augmente inévitablement la fréquentation humaine et motorisée, qui peut devenir difficilement contrôlable par la suite (VTT, raquettes, motos, etc.). Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression voire la disparition de certaines populations animales de tout un secteur. En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.
Fiche-milieu n°5
Sommaire
CPNS - Virginie Bourgoin
L’aulnaie verte et les mégaphorbiaies
PNV - Alexandre Garnier
Mégaphorbiaie aux Bévériers
Aulnaie verte entre Chapendu et Ritort
L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable. Elle peut former
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des grandes entités à strate arbustive quasiment mono-spécifique. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des
Fiche-milieu n°6 forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques, - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. À Pralognan-la-Vanoise, les aulnaies vertes forment de grandes zones continues en rive droite du Doron de Chavière depuis Ritort en amont jusqu’aux Prioux. On les rencontre également en mosaïque avec les forêts, dans les couloirs d’avalanche (au Creux de l’Ours, dans la forêt d’Isertan, dans le bois de la Rossa). Elles s’étendent de 1 700 m environ à près de 2 100 m d’altitude. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent.
Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie* atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mijournée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 75
ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. Cet enrichissement du sol est en partie responsable de l’exubérance de la végétation associée.
Lichens et champignons
Les lichens ne sont pas abondants dans l’aulnaie verte, milieu assez fermé. En revanche, les champignons y présentent une grande originalité Certaines espèces sont spécifiquement liées à l’aulne vert. C’est le cas du cortinaire de Kühner, un petit champignon de 5 cm de hauteur, un peu visqueux de couleur pâle et à puissante odeur terreuse, et du mycène de l’aulne qui en exploite les grosses branches mortes. L’une comme l’autre apparaissent dès la fonte des neiges et participent à la dégradation de cette matière végétale morte. Les branches mortes de l’aulne vert sont souvent recouvertes par les fructifications de péniophore orangé. Ce champignon se présente sous forme de croûte rouge incarnat d’aspect grumeleux engainant les rameaux morts. Flore
Solidement
ancré au sol par un fort enracinement, l’aulne vert, encore appelé arcosse, possède des tiges très souples inclinées vers l’aval. Celles-ci se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir luimême le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de
76 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Maurice Mollard
Fiche-milieu n°6
À Pralognan-la-Vanoise, on peut observer une végétation de mégaphorbiaie* sous les aulnes verts en rive droite du Doron de Chavière, à hauteur des Prioux et des Bévériers, ainsi qu’entre la Montagne et la Croix.
Aulne vert
Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes luxuriantes à l’abri d’un éclairement solaire trop intense. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Commune en Tarentaise et présente à Pralognan-laVanoise vers les Bévériers, elle porte des fleurs bleu violacé disposées en grappes plus ou moins allongées. Espèce typique des mégaphorbiaies* et autres lieux humides et ombragés, la saxifrage à feuilles rondes est facilement identifiable grâce à ses feuilles basales arrondies et dentées, ainsi qu’à ses fleurs étoilées à pétales blancs piquetés de points jaunes et rouges. On la rencontre notamment en mosaïque avec l’aulne vert le long de la route pastorale menant à Montaimont. Pouvant atteindre 1 m de hauteur, l’hugueninie à feuilles de tanaisie fait aussi partie de cette flore exubérante. Ses feuilles
PNV - Maurice Mollard
Aconit tue-loup
Parmi les espèces moins typiques, mais intéressantes car peu abondantes sur l’ensemble du Parc national de la Vanoise et très localisées, deux espèces d’aconit fleurissent parfois sous le couvert de l’aulnaie verte de Pralognan-la-Vanoise : l’aconit tue-loup (situé notamment entre les bosquets d’aulne vert situés dans le couloir d’avalanche sous le Pas de l’Âne) et l’aconit paniculé. La première porte des fleurs jaune pâle et la seconde des fleurs bleues panachées de vert. Elles sont toutes deux toxiques. Parmi les denses buissons d’aulne vert qui bordent longuement la route de la vallée de Chavière (vers les Prioux), poussent d’autres hautes herbes telles que le pigamon à
PNV - Louis Bantin
Saxifrage à feuilles rondes
Aconit paniculé
Faune
L’avifaune
de l’aulnaie verte se compose d’oiseaux forestiers présents également dans d’autres types de formations ligneuses ou herbacées hautes, certains sont cependant caractéristiques. Parmi celle-ci, l’accenteur mouchet en est
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Fiche-milieu n°6
feuilles d’ancolie, accompagnées d’espèces plus petites, mais classiques dans les mégaphorbiaies*, comme la valériane triséquée.
PNV - Ludovic Imberdis
inférieures sont très grandes et profondément divisées en huit à douze paires de segments dentés. Ses nombreuses fleurs jaunes réparties en grappes lâches au sommet de la tige, se remarquent au contact des bosquets d’aulne vert qui émergent dans les pentes herbeuses surplombant la forêt d’Isertan.
PNV - Philippe Benoît
Fiche-milieu n°6
Tétras-lyre (coq)
Difficilement pénétrable, l’aulnaie verte n’est fréquentée qu’occasionnellement par les gros oiseaux et les grands mammifères. Son couvert dense fournit un abri au tétras-lyre en dehors de la période de nidification, ainsi qu’à ses jeunes quand ils ne savent pas encore très bien voler. Il constitue également une remise de choix pour les chamois, les sangliers, les cerfs et les chevreuils qui viennent y chercher ombre et tranquillité, loin du dérangement humain.
Sizerin flammé
PNV - Philippe Benoît
PNV - Ludovic Imberdis
l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement la fauvette des jardins et la rousserolle verderolle, deux autres chanteurs émérites, cette dernière ayant la faculté d’imiter le chant d’autres espèces rencontrées au cours de ses migrations. Bien qu’il soit plus abondant dans les ripisylves à aulne blanc, le sizerin flammé, qui manifeste une nette préférence pour les boisements frais, feuillus ou résineux, est également présent dans l’aulnaie verte. Il en est de même pour le bouvreuil pivoine, dont le chant, aux tonalités douces et plaintives, ne porte pas très loin. La poitrine rose pivoine chez le mâle adulte, ainsi que sa calotte noire et son croupion blanc, le rendent facilement reconnaissable.
PNV - Christophe Gotti
Sanglier
Bouvreuil pivoine
78 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Papillon peu abondant en France et toujours localisé, le damier rouge ou damier du chèvrefeuille, fréquente les boisements clairs de l’aulnaie verte jusqu’à 2 000 m d’altitude. Cette espèce rare et remarquable n’est connue que de quinze localités en Savoie (voir la fiche-espèce n°13). La face supérieure de ses ailes est marquée par des
L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne.
Équilibre entre l’homme et son milieu
Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Aujourd’hui, en période d’alpage, un éleveur coupe des aulnes afin de s’en servir de combustible pour chauffer le sérac.
PNV - Alexandre Garnier
Usages, intérêts économiques et représentations
Ambiance sous l’aulnaie verte
PNV - Alexandre Garnier
La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines telles que la laitue des Alpes et l’hugueninie à feuilles de tanaisie.
Elles n’ont plus guère d’intérêt économique aujourd’hui. Cependant, sous le chalet d’alpage de Chapendu, l’aulnaie verte est encore actuellement pâturée par des chèvres, ce qui en limite l’extension. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux.
PNV - Alexandre Garnier
Aulnaie verte sous Montaimont
Laitue des Alpes
Les milieux naturels, des lieux de vie - 79
Fiche-milieu n°6
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
bandes brun rouge et fauve pâle, séparées par des taches noires. Les larges feuilles des plantes des mégaphorbiaies* servent de garde-manger à de nombreux petits coléoptères vert ou bleu métallique : les chrysomèles.
Fiche-milieu n°6
Évolution et transformation du milieu En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui, quelles que soient les modifications physiques qui peuvent apparaître (dégâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert. En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales d’intérêt fourrager et biologique supérieur. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira donc par un appauvrissement de la biodiversité. À Pralognan-en-Vanoise, les surfaces en aulnaie verte (dite secondaire*) auraient plutôt tendance à augmenter aux dépens
80 - Les milieux naturels, des lieux de vie
des prairies anciennement fauchées ou pâturées. Aux Prioux, par exemple, l’actuelle aulnaie verte était un vaste pré pâturé par des génisses, il y a encore une quarantaine d’années. Pour autant, du fait des contraintes physiques, il n’y a pas d’extension de cette végétation au-dessus de 2 000 à 2 200 m d’altitude. La colonisation par les aulnes gagne vers les zones de plus basse altitude.
Propositions de gestion Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. Aux Diés, parallèlement à la fauche des prairies pour favoriser la population de chardon bleu, le Parc national de la Vanoise subventionne aussi l’agriculteur pour la réouverture du milieu (coupe et enlèvement des arcosses).
PNV - Alexandre Garnier
Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude
Lande à genévrier nain vers Napremont
par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses. On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations buissonnantes à saule glauque. Ces formations peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres. Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux
PNV - Alexandre Garniier
Ce sont des formations végétales dominées
Lande à rhododendron ferrugineux sous le col de Napremont
Les milieux naturels, des lieux de vie - 81
Fiche-milieu n°7
Sommaire
Fiche-milieu n°7
secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intraforestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord (dans le cirque du Génépy par exemple), sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées. La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et humides. Très sensible au gel et à la dessic-
82 - Les milieux naturels, des lieux de vie
cation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. À Pralognan-la-Vanoise, ce type de lande se situe essentiellement sur le versant en face du hameau des Prioux, en mélange avec l’aulnaie verte. La lande à genévrier nain préfère les versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 500-2 700 m d’altitude, tels que les pentes qui se trouvent au-dessus du hameau des Granges, sous le col de Leschaux et au-delà du Bochor. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Plus haut apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la
La faible hauteur des landines à azalée naine crée des conditions d’éclairement favorables aux lichens. On y trouve notamment le brun lichen d’Islande, ou lichen des rennes, un lichen consommé en Scandinavie, par les rennes des lapons. Il est présent notamment sur le chemin qui mène du cirque de l’Arcelin aux chalets inférieurs. Plus original, le thamnolia en forme de ver, un lichen blanchâtre, se présente sous la forme d’agglomérats vermiformes. Flore
Les espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sous-arbrisseau buissonnant couché qui affectionne les stations où la neige persiste. Celle-ci produit des baies globuleuses noires. Ces deux espèces tapissent localement les pentes qui surplombent le plan de Sômaz, au-dessus de Montaimont.
Fiche-milieu n°7 Rhododendron ferrugineux
Adaptée aux conditions climatiques extrêmes des crêtes ventées, dégagées de neige en hiver, l’azalée naine, aux fleurs roses, ne dépasse guère 10 cm de hauteur. Elle est souvent associée à une flore lichénique. Elle est présente en particulier vers le col de la Valette. On rencontre plusieurs espèces de lycopodes dans les landes peu denses, dont le lycopode des Alpes, typique des landes d’altitude acides. C’est une petite plante qui pousse sur les zones de sol écorché en mélange avec l’azalée naine au pied du cirque du Petit Marchet, ou encore autour du lac de Chalet Clou. Cette plante arcticoalpine*, proche des fougères dans la classification des espèces, est en voie de raréfaction dans toute la France, ce qui lui vaut son statut d’espèce protégée.
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Lichens et champignons
PNV - Jacques Perrier
landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures, comme celles surplombées par le petit Marchet, près du sentier pédestre. De nombreux lichens y sont associés.
Lycopode des Alpes
Les milieux naturels, des lieux de vie - 83
PNV - Christian Balais
Petite pyrole
84 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Maurice Mollard
Fiche-milieu n°7
La petite pyrole fait aussi partie de la flore herbacée de ces landes. De sa rosette de feuilles, se dresse une tige florifère portant de délicates fleurs blanc rosé en grappe. Elle a été observée sous l’aiguille de la Vanoise, dans les pentes exposées à l’ouest, vers 2 375 m d’altitude. Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en Haute-Savoie et dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’alpin. À Pralognan-laVanoise, il est présent en rive droite de Chavière, entre Ritort et les Bévériers. Autre espèce de saule protégée, le saule helvétique est un arbrisseau tortueux de montagne, dont les feuilles réunies au sommet des rameaux sont d’un vert sombre luisant dessus, poilues cotonneuses et de couleur blanchâtre sur leurs faces inférieures. Cette espèce ouest-européenne rare n’est présente en France que dans le Dauphiné et en Savoie. Elle pousse notamment dans les landes subalpines au sol humide à très humide.
Saule helvétique
Faune
Sous
nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat* naturel se limite à la zone de transition entre la limite supérieure de la forêt et les pelouses, entre 1 900 et 2 100 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins très divers au cours de l’année : zones dégagées pour les parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour l’alimentation des adultes et des jeunes, arbres à la fois comme perchoirs et comme ressources alimentaires (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement. À Pralognan-la-Vanoise, le tétras-lyre est particulièrement abondant dans la vallée de Chavière. Plus inféodé aux pelouses alpines et aux éboulis, le lagopède alpin trouve dans ces milieux, à la fois un refuge, un site propice à la reproduction et une source d’alimentation.
PNV - Christophe Gotti
Il n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Ainsi, la musaraigne carrelet et l’hermine, aux activités tant nocturnes que diurnes, peuvent y être observées. Le renard roux, qui investit des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu’il consomme nombre de rongeurs et autres petites proies, il s’alimente également des baies qu’il trouve dans ces landes en automne.
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Lagopède alpin
Solitaire en accouplement
Équilibre entre l’homme et son milieu
PNV - Ludovic Imberdis
Usages, intérêts économiques et représentations
Hermine
D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. Autrefois, les landes et les forêts d’altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. La cueillette de baies reste une activité marginale.
PNV - Ludovic Imberdis
Intérêts biologique et patrimonial du milieu
Renardeau
On peut rencontrer dans les landes quelques espèces végétales protégées, telles que le lycopode des Alpes dont c’est l’unique habitat*.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 85
Fiche-milieu n°7
Du point de vue des reptiles, on n’y rencontre guère que la vipère aspic qui arbore parfois à ces altitudes une robe totalement noire, ainsi que le lézard vivipare qui y est régulier sans être abondant. Le solitaire et l’azuré de la canneberge sont pour leur part deux papillons de jour inféodés à ces landes pour leur reproduction. En effet, les œufs de ces deux espèces sont pondus sur les feuilles de l’airelle et de la myrtille, qui sont les plantes nourricières des chenilles.
Fiche-milieu n°7
La présence du saule glauque et du saule helvétique confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale. Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages montagnards. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilles rougissent l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’érosion, elles assurent la stabilité du manteau neigeux.
PNV - Rémy Barraud
Elles jouent un rôle de refuge pour certains animaux et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives)
qui se nourrissent de baies. Les landes à rhododendrons représentent un des éléments privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. La présence, dans ces landes, d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation.
PNV - Christophe Gotti
Saule glauque
Paysage de landes à l’automne dans la vallée de Chavière
86 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d’extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels). Sur Pralognan-la-Vanoise, certaines landes occupent aujourd’hui des zones qui étaient exploitées il y a moins d’un siècle. Aujourd’hui, la lande a tendance à s’étendre à Montaimont, mais son emprise diminue dans d’autres secteurs. Le ski hors piste et la pratique de la raquette occasionnent un dérangement important de la faune. Il en résulte une régression marquée des populations de tétras-lyre.
C’est la constatation qui a été faite autour du mont Bochor et l’association communale de chasse agréée a interdit le tir de ce gibier sur ce site. De plus, afin de réduire l’impact des câbles qui traversent les domaines vitaux des tétras-lyres et des autres espèces qui en sont victimes, la commune a fait équiper les câbles des remontées mécaniques d’un système de visualisation dans le secteur du Bochor.
Propositions de gestion Si la lande n’occupe qu’un faible territoire sur la commune et qu’elle n’est pas en phase d’extension, il est intéressant de la conserver, de par son intérêt faunistique (un des habitats* du tétras-lyre, zone de refuge, etc.) et paysager. Si la commune souhaite maintenir, à l’échelle de son territoire, un certain équilibre entre les landes et les pelouses à bonne valeur pastorale, cela suppose une gestion pastorale adéquate. En effet, il est plus intéressant d’un point de vue pastoral d’avoir des pelouses d’alpage et des landes bien distinctes, plutôt que des petits ilôts de landes au sein des alpages. La gestion par pâturage est alors plus efficace.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 87
Fiche-milieu n°7
Évolution et transformation du milieu
Les pelouses et les combes à neige
PNV - Alexandre Garnier
Alpage et chalet à Ritort
Les pelouses correspondent à des formations herbacées qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. On distingue, dans cette fiche, les pelouses sèches d’adret, les pelouses d’altitude et les combes à neige. Les pelouses sèches s’étendent sur un territoire pentu au sol maigre et sec, sous le mont Bochor en l’occurrence. Elles se caractérisent par un tapis herbacé peu productif. En-dehors des graminées (ou poacées) dominant les pelouses sèches, s’épanouissent quelques plantes à fleurs colorées telles que la brunelle vulgaire, le thym serpolet et la centaurée uniflore. Les pelouses couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 700 m à Pralognan-laVanoise) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages.
88 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Jacques Perrier
Fiche-milieu n°8
Sommaire
Pelouse d’altitude du vallon de Chavière
Fiche-milieu n°8 Ce milieu se définit plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. Leur diversité est due à la combinaison de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que le type d’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période
de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige, comme par exemple dans le cirque du Petit Marchet. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions ou bien sur les replats ou pentes faibles de haute altitude longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur des éléments fins pousse une pelouse particulière où sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Sur des éléments plus grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 89
Les
alpages présentent une flore mycologique originale. On y rencontre des espèces inconnues à basse altitude et d’autres, communes en plaine où elles vivent en association avec des arbres et qui montent jusqu’ici en s’associant avec des plantes herbacées. C’est le cas du bolet blafard, un habitué des bois de chênes qui vit ici en association avec des hélianthèmes. D’autres espèces sont plus strictement inféodées aux groupements à hélianthème, comme le tricholome hémi-soufré, qui pousse sur une pelouse à dryade vers la Motte. Il existe dans les combes à neige tout un cortège de champignons associés aux différentes espèces de saules rampants. Plus de 300 espèces typiques de ce milieu ont été recensées dont des lactaires, des cortinaires et des russules. La russule de Norvège, de couleur purpurine, en est un exemple typique. On la rencontre avec le saule herbacé sous la Réchasse par exemple, mais aussi du cirque du Petit Marchet au col du Tambour. Beaucoup de laccaires se plaisent dans les combes à neige. Le laccaire des montagnes, qui se développe dans l’ancien lit du glacier de l’Arcelin à 2 400 m d’altitude, est le plus purpurin de tous. Parmi les petits cortinaires à chapeau pointu et beau voile jaune, le cortinaire chrysomallus, est un des plus fidèles. Présent sous le col de Chavière, il est associé au saule herbacé et au polytric de Norvège.
présence de cette espèce protégée très rare, ainsi que celle de sa cousine - le dracocéphale de Ruysch - renforce l’intérêt floristique de ces pelouses (lire la fiche-espèce n°2). Le nard raide constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches. En-dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable.
PNV - Maurice Mollard
Fiche-milieu n°8
Lichens et champignons
Nard raide
Dans les pelouses calcaires bien exposées, qui couvrent par exemple la face sud du Petit Marchet, la graminée dominante est la seslérie bleuâtre. Ses feuilles fermes et planes forment des touffes d’où se dressent des épis allongés bleu violacé à l’état jeune.
Flore
On rencontre sur les adrets une flore adaptée à des conditions de sécheresse relative. Plante caractérique des pelouses rocailleuses très sèches, le dracocéphale d’Autriche trouve refuge dans les pelouses sèches de Pralognan-la-Vanoise. La
90 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les pelouses d’altitude sont le domaine des gentianes, gentiane de Koch, printanière, de Clusius, des neiges, etc. Parmi les espèces de grande taille, la gentiane pourpre et la gentiane ponctuée sont toutes deux fréquentes dans les pelouses acides au couvert dense. Cette dernière abonde particulièrement
Pédiculaire rose
Le pâturin des Alpes, graminée alpine commune, se rencontre souvent dans les pelouses grasses d’altitude. Il est très abondant au col de Chavière Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, est un arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut. Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu.
PNV - Ludovic Imberdis
La gentiane jaune, en revanche, est une plante des pelouses calcaires (lire la ficheespèce n°8). On peut l’observer notamment dans le pâturage qui surplombe le pont de la Pêche, au fond de la vallée de Chavière. Indifférente à la nature acide ou calcaire du substrat, la potentille blanc de neige affectionne surtout les pelouses écorchées des crêtes ventées, telles que celles situées aux abords du col de la Vanoise. Cette plante très rare n’est présente que dans quelques stations des Alpes de la Savoie et du Dauphiné (lire la fiche-espèce n°4).
PNV - Philippe Benoît
Seslérie bleuâtre
Les pelouses d’altitude de Pralognan-laVanoise accueillent aussi de nombreuses espèces de pédiculaires. La plupart d’entre elles sont typiques des pelouses calcaires :
PNV - Michel Delmas
Gentiane acaule
Soldanelle des Alpes
Les milieux naturels, des lieux de vie - 91
Fiche-milieu n°8
les pédiculaires rose, ascendante, verticillée, à bec en épi, feuillée, etc. Seule la pédiculaire du mont Cenis semble plus indifférente au substrat. Avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, cette espèce, bien présente en Vanoise, pousse dans les pelouses rocailleuses.
PNV - Philippe Benoît
dans les pelouses acides à laîche courbée près du ruisseau des Lauges, en aval du refuge de Péclet-Polset.
Fiche-milieu n°8
Niverolle alpine
Alors que les populations de plaine de l’alouette des champs sont cantonnées aux prairies et cultures, celles d’altitude sont inféodées aux seuls pâturages et alpages. C’est un oiseau des milieux très ouverts*, dépourvus d’arbres et de haies. La perdrix bartavelle fréquente les pâtures extensives ensoleillées et pentues où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux tels que Napremont, dont le relief est accidenté (barres rocheuses, éboulis), lui permettant ainsi de limiter les rencontres avec les prédateurs. Son chant évoque un claquement de castagnettes. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition.
PNV - Maurice Mollard
Typique des pelouses écorchées parsemées d’éboulis rocheux, en haute montagne, le lagopède alpin niche à même le sol, à l’abri d’un buisson et parfois sans aucune protection. Il fréquente aussi les landes alpines, principalement en versant nord, pour se nourrir de baies comme celles de la camarine hermaphrodite dont il est friand et en hiver de bourgeons dont ceux du rhododendron. Son plumage, dont la robe varie en fonction des saisons, lui permet de se camoufler aisément. En hiver, le lagopède est une perdrix blanche : les quelques plumes noires de la queue étant cachées au repos, les seuls points sombres qui le trahissent sont les yeux, le bec noir et la bande noire qui, chez le mâle, se situe entre l’œil et le bec. En été, son plumage panaché de brun gris mimétique fond le lagopède dans son environnement.
PNV - Christophe Gotti
Faune
Les couverts herbacés les plus ras d’où émergent des buttes constituent l’habitat* de prédilection du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs.
92 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Alexandre Garnier
Lagopède alpin
Perdrix bartavelle
PNV - Christophe Gotti
À la fois moins connu et plus discret, le campagnol des champs fréquente néanmoins ces pelouses d’altitude et trahit sa présence par les traces que laissent en surface ses galeries souterraines, après la fonte des neiges. À Pralognan-la-Vanoise, il a déjà été observé dans les pelouses situées sous le glacier de Gébroulaz. Les pelouses rocailleuses et les vires rocheuses des versants ensoleillés constituent un habitat* de choix pour le grand apollon,
PNV - Joël Blanchemain
Chamois sous le Vallonnet
Azuré des soldanelles
Les milieux naturels, des lieux de vie - 93
Fiche-milieu n°8
un grand papillon blanc à taches noires avec plusieurs gros ocelles rouges ou orangés cerclés de noir sur l’aile postérieure. Cette espèce protégée des massifs montagneux est rare en France, bien que localement abondante dans les Alpes et les Pyrénées. Elle pond ses œufs sur les orpins ou les joubarbes. Les pentes abruptes couvertes de graminées constituent l’habitat* de prédilection du moiré fauve, un papillon de jour aux ailes fauves traversées d’une large bande orange. Comme le grand apollon, il fréquente les pelouses d’altitude dans le secteur du mont Bochor, par exemple. Localisé mais assez abondant dans les Alpes et les Pyrénées, l’azuré de l’oxytropide fréquente typiquement les prairies maigres et les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu clair brillant bordée de noir audessus et la femelle une couleur brun noir, pond ses œufs sur des feuilles d’oxytropide et de sainfoin des montagnes. Assez répandu et abondant dans les massifs internes des Alpes, l’azuré des soldanelles fréquente typiquement les pelouses et prairies de 1 600 à 2 700 m d’altitude, telles ques celles du mont Chevrier. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu-gris largement bordée de gris sombre au-dessus et la femelle une couleur brune, pond ses œufs sur des androsaces.
Les pelouses font également partie des habitats* de prédilection du chamois, du bouquetin des Alpes et de la marmotte, pour la ressource alimentaire qu’elles leur procurent. Cette dernière affectionne particulièrement les pelouses en mosaïque avec des éboulis partiellement stabilisés où elle peut trouver un refuge entre les blocs et y creuser des galeries. Elle se nourrit de grandes quantités de plantes (et surtout de leurs inflorescences) afin d’assurer son engraissement avant l’hibernation. À l’automne, on peut la voir transporter de grosses touffes de foin destinées à l’isolation de son terrier. Elle est largement répandue sur le territoire de Pralognan-la-Vanoise.
Fiche-milieu n°8
Équilibre entre l’homme et son milieu
PNV - Christophe Gotti
Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale.
Sentier traversant les pelouses d’altitude
Le territoire de Pralognan-la-Vanoise compte dix secteurs d’alpage depuis ceux du Bochor et de la Glière au nord, jusqu’à celui de Rosoire et de la Motte au sud de la commune (liste des alpages p.13). Ces pelouses d’altitude accueillent des troupeaux ovins et bovins.
94 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Usages, intérêts économiques et représentations
Pâturage bovin près du lac Blanc
Les pelouses d’altitude sont l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée (ou non), notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. Ce sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre, ils détiennent une valeur récréative pour les touristes. Les pelouses d’altitude font partie des milieux exploités pour l’aménagement des pistes de ski.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme l’orchis nain des Alpes ou la laîche de Lachenal) et
la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. Sur l’alpage de la Glière, par exemple, la diminution de la pression de pâturage, corrélative à la baisse du nombre de génisses inalpées, engendre le développement de la lande.
À partir des années 1960, on a assisté, à l’échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. Depuis la dernière guerre mondiale, la Tarentaise a assisté au déclin de la vie pastorale, accompagné de l’abandon de plusieurs alpages. Pralognan-la-Vanoise n’a pas fait exception à la règle, l’utilisation pastorale des pelouses d’altitude a régressé aussi. Cependant, depuis une dizaine d’années, la tendance s’inverse avec la remise en activité des deux plus gros secteurs d’alpage de la vallée de Chavière, tels que celui de Ritort, après 20 ans d’abandon. Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre
PNV - Patrick Folliet
Évolution et transformation du milieu
Jeune marmotte de l’année
À l’opposé, le surpâturage, ajouté au piétinement excessif du bétail, peut entraîner des phénomènes d’érosion qui menacent la qualité des alpages. De même, l’utilisation trop longue de certaines places de traite engendre le stationnement du bétail et donc l’enrichissement du milieu en éléments organiques azotés, avec pour conséquence une modification de la composition végétale initiale au profit d’une végétation de type reposoir (lire la fiche-milieu n°1) de faible valeur pastorale et floristique. C’est le cas par exemple à Ritort, où le développement excessif du rumex des Alpes incite l’agriculteur à procéder à des traitements chimiques des places de traite. Lorsqu’il est effectué, le rejet en quantité du lactosérum issu de la production du fromage, directement dans le milieu, entraîne lui aussi une modification de la flore et des pollutions locales du sol ou des eaux. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu
Les milieux naturels, des lieux de vie - 95
Fiche-milieu n°8
présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.). Certaines espèces de champignons ne sont présentes que dans les combes à neige. Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d’alpage. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter l’érosion.
Fiche-milieu n°8
pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Le nivellement des pistes de ski détruit le micro-relief et la végétation elle-même. Or, en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d’altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour retrouver le cortège floristique d’origine. Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d’altitude, même après une revégétalisation aujourd’hui maîtrisée.
Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de
Pralognan-la-Vanoise et conciliant les besoins de l’exploitation pastorale actuelle et le maintien de leur valeur pastorale et écologique. Un tel document est déjà rédigé pour l’alpage de Ritort ; c’est le seul qui existe actuellement. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé, afin d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire*, des oiseaux insectivores en particulier. Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui serait ainsi banalisée, même si un ré-engazonnement en atténue l’impact paysager. Contrairement aux pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.
PNV - Yves Brugière
Des recherches sont en cours pour limiter l’impact négatif d’une surconcentration locale d’effluents. Ainsi, des dispositifs d’épuration du lactosérum par lombricompostage pourraient être mis en place en alpage en zone centrale du Parc, à l’échéance 2005. Pralognan-la-Vanoise participera, à l’avenir, à la mise en place d’un tel procédé en alpage. Vaches autour de la machine à traire
96 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Les éboulis et les moraines
Moraines du glacier de la Grande Casse et lac Long, vues de la Séchette
Les
éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation. Ils représentent une surface importante à Pralognan-la-Vanoise. Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance gel-dégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble.
Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’évolution de la végétation et l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit
Les milieux naturels, des lieux de vie - 97
Fiche-milieu n°9
Sommaire
Fiche-milieu n°9
La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.
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PNV - Alexandre Garnier
“recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. À Pralognan-la-Vanoise, les éboulis acides (siliceux) sont les plus fréquents et notamment les nombreux éboulis de quartzite dans la combe de Leschaux, sous le mont Chevrier, sous le glacier de la Glière, etc. Depuis le village, on peut observer l’un des plus grands éboulis acides, situé vers Colliouroé, sous Napremont.
Éboulis sous le roc de la Pêche
La linaire des Alpes s’établit fréquemment dans des éboulis de calcaire compact. Bien adaptée à la mobilité de son substrat, elle possède de longues tiges rampantes qui lui permettent de regagner la surface du pierrier après avoir été ensevelie pendant la mauvaise saison. D’une hauteur maximale de 10 cm, cette linaire offre au regard ses corolles bleu violacé à palais safrané.
Les
PNV - Félix Grosset
La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveaux espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis. De petite taille également, l’achillée naine fréquente les moraines et éboulis assez fins dans les régions siliceuses. À feuilles velues laineuses, elle a des propriétés aromatiques proches de celles des génépis. Elle entre dans la composition du thé suisse.
Achillée naine
PNV - Louis Bantin
éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. L’intensité des couleurs des plantes “défie” la rudesse des conditions et augmente leurs chances d’être pollinisées. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large.
Saxifrage à deux fleurs
Différentes saxifrages colonisent les éboulis et moraines. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes qui pousse typiquement sur les éboulis de schistes calcaires, moins grossiers et moins mobiles que les éboulis de calcaire pur. Cette petite plante à rameaux couchés présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée au Cervin à 4 200 m. À Pralognanla-Vanoise, elle fréquente notamment la moraine du cirque de Rosoire. Elle est présente également sur la moraine du glacier du Génépy où pousse également la campanule du mont Cenis. Cette plante naine de 1 à 5 cm de hauteur, à corolle bleu mauve en étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires dans l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 99
Fiche-milieu n°9
Flore
Fiche-milieu n°9
PNV - Philippe Benoît
Pralognan-la-Vanoise que dans une station située vers le col de la Vanoise, dans des éboulis calcaires. C’est aussi dans les éboulis que poussent deux des espèces de génépis : génépi vrai et génépi jaune. Ils ne sont pas strictement inféodés à une nature de roche précise, acide ou basique (lire la fiche-espèce n°7).
Les éboulis et moraines accueillent tout un cortège de plantes de fort intérêt naturaliste. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, jusqu’à 3 200 m d’altitude à Pralognan-la-Vanoise, sous la pointe de la Petite Glière. Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses. Plante naine à fleurs jaunes des éboulis calcaires et des combes à neige, la drave de Hoppe est une espèce endémique* des Alpes, présente en France uniquement en Haute-Savoie et en Savoie (Termignon, Bessans, Val d’Isère et Pralognan-laVanoise). Elle a été observée à Pralognanla-Vanoise vers la Tête d’Aussois et le col de Chavière. Le saule à dents courtes fait aussi partie de la flore patrimoniale des éboulis et des moraines. Présente dans les éboulis calcaires surplombant le refuge du Roc de la Pêche, c’est un arbuste nain de moins de 30 cm de hauteur. Il est protégé par la loi française. Également protégée, la crépide rhétique se caractérise par une tige courte, velue à son extrémité, portant une seule inflorescence à fleurs jaune doré. Endémique* des Alpes, cette espèce rare et protégée n’est connue à
100 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Campanule du mont Cenis
Saule à dents courtes
Faune
Le campagnol des neiges est un habitant des moraines et éboulis stables, ainsi que de tout milieu riche en anfractuosités où il aménage ses galeries, ce qui explique sa présence dans les vieux chalets d’alpage. Espèce de l’étage alpin essentiellement, il se nourrit des plantes dont il dévore en hiver, sous la neige, les bulbes et les racines. Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs. Sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l’automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules.
PNV - Ludovic Imberdis
Merle de roche
Papillon présent en France uniquement sur l’arc alpin, le chamoisé des glaciers vole de début juin à mi-août au-dessus des lieux herbus secs, parmi les éboulis et les rochers. Il a besoin, pour sa reproduction, de la fétuque ovine sur laquelle il pond ses œufs. Le némusien et l’ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la même espèce de papillon de jour, évoluent aussi dans les sites rocailleux d’altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes.
PNV - Maurice Mollard
PNV - Christophe Gotti
Le chamois et le bouquetin sont de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol.
PNV
Lièvre variable
Accenteur alpin
Chamoisé des glaciers
Les milieux naturels, des lieux de vie - 101
Fiche-milieu n°9
Plus craintif, le merle de roche fréquente les mêmes milieux lorsqu’ils sont bien exposés Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres “merles”. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification.
Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître.
Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis et les moraines sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également fréquentés début août par les cueilleurs de génépi et d’achillée naine. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s’il arrive à ceux-ci de les traverser. Par le passé, les éboulis ont fourni les matériaux pour la construction des chalets d’alpage.
Propositions de gestion Un balisage discret des passages fréquentés par les randonneurs permet de circonscrire les zones fréquentées dans ces milieux fragiles.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le chamois et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des gîtes diurnes. Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Ils contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Pralognan-la-Vanoise. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.
102 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Patrick Folliet
Fiche-milieu n°9
Équilibre entre l’homme et son milieu
Éboulis dans le cirque du Dard
Sommaire
PNV - Christophe Gotti
Fiche-milieu n°10
Les rochers et les falaises
Les rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Au cours d’une même journée, ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit.
PNV - Christophe Gotti
Grand Marchet
Tour carrée de la Portetta
Les milieux naturels, des lieux de vie - 103
Fiche-milieu n°10
Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat* de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent la nuit dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.
104 - Les milieux naturels, des lieux de vie
En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. Même s’ils marquent plus fortement le paysage de Pralognan-la-Vanoise, les rochers et les falaises calcaires (aiguilles des dents de la Portetta, le roc de la Pêche, la Valette et le Grand Marchet, par exemple) sont à peu près aussi fréquents que les substrats siliceux (roches volcaniques des dômes des Nants et de l’Arpont, quartzite de l’aiguille du Bochor). Les groupements végétaux qui caractérisent ces deux natures de roche sont donc bien représentés sur le territoire communal.
radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation.
Les lichens et les mousses font partie des premiers organismes à s’installer sur la roche nue. Sur ces milieux hostiles à la vie végétale, la croissance de certains lichens, tel le rhizocarpe géographique abondant sur rochers siliceux (cirque des Nants) oscille entre un dixième de millimètre et dix millimètres par an. Cette lente croissance peut servir d’indicateur pour dater le recul des glaciers.
PNV - Christophe Gotti
L’androsace helvétique est particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent en haute altitude sur les rochers et les falaises (forme de coussinet bombé très dense, petites feuilles étroitement imbriquées, etc.). Rare et protégée en France, mais peu menacée du fait de l’inaccessibilité de ses stations, c’est une espèce caractéristique des parois calcaires ensoleillées, qui pousse à l’aiguille des Corneillers. L’androsace pubescente fréquente le même type de milieux que la précédente. Également protégée par la loi française, elle n’est connue aujourd’hui à Pralognan-la-Vanoise que dans trois stations, dont le roc des Eaux Noires. L’éritriche nain, baptisé roi des Alpes, fleurit en juillet-août sur les rochers siliceux jusqu’à près de 3 000 m d’altitude. De petite taille, entre 2 et 5 cm de haut, ce coussinet se recouvre de nombreuses fleurs bleu azur. À Pralognan-la-Vanoise, il est connu notamment vers la pointe de l’Observatoire.
Rhizocarpe géographique
En exposition fraîche, le corniculaire normoerica se présente sous la forme de micro-buissons peu ramifiés de couleur sombre. On le rencontre sur une paroi verticale située sur le chemin conduisant du Pas de l’Âne au col du Petit Marchet, ainsi qu’au col du grand Marchet. Les parois calcaires plus ou moins inclinées sont assez typiquement colonisées par Lecidea jurana, comme sur une pente assez ensoleillée sous le Pas de l’Âne, au lac des Vaches, etc.
Les
plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de
PNV - Christian Balais
Flore
Androsace helvétique
Les milieux naturels, des lieux de vie - 105
Fiche-milieu n°10
Lichens et champignons
Fiche-milieu n°10
PNV - Patrick Folliet
Cette dernière, plus grande, a des fleurs de couleur pourpre violet, à gorge unie, un peu farineuse. Ses feuilles sont aussi plus longues et molles. Avec ses fleurs blanches, la saxifrage fausse diapensie, rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise, est une espèce protégée qui fleurit notamment sur les rochers calcaires de la Petite aiguille de l’Arcelin à Pralognan-la-Vanoise (lire la fiche-espèce n°5).
Faune
Éritriche nain
Les adaptations de la faune aux milieux de
Plante naine ne dépassant pas 7 cm de hauteur, la laîche faux pied-d’oiseau est une herbe à souche gazonnante d’où partent des feuilles fines nettement recourbées. Elle pousse dans les endroits rocailleux frais en altitude, sur substrat calcaire. Cette espèce protégée, rare, est très localisée et toujours peu abondante dans ses stations (secteur du Vallonnet, Petit Marchet, Grand Marchet, etc.).
falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur.
PNV - Patrick Folliet
La primevère hérissée est une petite plante assez répandue en Vanoise et qui pousse couramment sur les parois siliceuses de l’étage alpin. Elle pousse notamment sur les rochers dominant le glacier de la Patinoire. Sa taille et sa corolle rose violacé à gorge blanche non farineuse la distinguent de la primevère à larges feuilles qui fréquente les mêmes substrats (vers le col de Leschaux).
PNV - Christian Balais
Bouquetin des Alpes
Primevère hérissée
106 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif de ces rochers et falaises, symbolisant le mieux la Vanoise (il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national
par un vol sur place, face au vent et queue déployée, vol dit du “Saint-Esprit”. Le faucon pèlerin niche sur les falaises surplombant le verrou rocheux, à l’entrée de la commune. C’est l’oiseau le plus rapide en vol du monde, avec des piqués dépassant 320 km par heure. Les rochers et falaises accueillent également l’hirondelle de rochers et le rougequeue noir. Oiseau de parois rocheuses calcaires, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol, fréquente aussi volontiers les murs de grands édifices. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes (lire la fiche-espèce n°10). Si le gypaète barbu ne niche pas encore à Pralognan-la-Vanoise, plusieurs individus survolent ce territoire. Peut-être dans les années à venir, si toutes les conditions favorables sont réunies, fera-t-il partie intégrante du patrimoine naturel pralognanais.
PNV - Patrick Folliet
Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux rupicoles. Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune.
À Pralognan-la-Vanoise, l’aigle royal compte deux couples reproducteurs qui s’installent dans l’une des dix aires qu’ils ont construites, en amont et en aval du bourg de Pralognan. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux. D’autres rapaces, tels que le faucon crécerelle, nichent dans les falaises plus ou moins inaccessibles. De la taille d’un chocard à bec jaune, c’est le plus petit des faucons nicheurs de Savoie. Il se caractérise
PNV - Ludovic Imberdis
Chocard à bec jaune
Gypaète barbu (immature)
Le lézard des murailles est le plus commun des reptiles de France. Il vit dans les milieux rocheux (ou pierreux) et ensoleillés.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 107
Fiche-milieu n°10
en 1963). Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité, en hiver sur les crêtes déneigées par le vent puis dans des falaises exposées au sud et enfin, en période de mise bas, lorsque les femelles s’isolent sur de petites vires (lire la fiche-espèce n°9).
Usages, intérêts économiques et représentations À Pralognan-la-Vanoise, il existe une pratique séculaire de l’escalade et de l’alpinisme : la commune a toujours été une station d’alpinisme réputée, depuis les débuts de cette pratique sportive vers le milieu du XIXe siècle. L’escalade de la via ferrata aménagée à proximité de la cascade de la Fraîche est, en revanche, plus récente. L’aplomb de ces falaises est également fréquenté par les parapentistes et les “volivelistes” du fait des mouvements d’ascendance qu’elles engendrent.
Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables (la saxifrage fausse
diapensie, les androsaces, etc.). L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles que l’aigle royal, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.
Évolution et transformation du milieu À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact sur la flore de ces pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on essaie de tenir compte, pour leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie.
PNV - Patrick Folliet
Fiche-milieu n°10
Équilibre entre l’homme et son milieu
Vue vers l’Épena et la Grande Casse, depuis l’aiguille de la Vanoise
108 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°10 PNV - Christophe Gotti
Via ferrata de la cascade de la Fraîche
En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. À Pralognan-la-Vanoise, on assiste actuellement au rééquipement de certaines voies d’escalade ainsi qu’à l’ouverture limitée de nouvelles voies.
Propositions de gestion À l’échelle communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable de ces pratiques et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, pour assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites.
À Pralognan-la-Vanoise, il y a une réelle volonté locale, de la part des professionnels du tourisme, de prendre en compte les menaces des pratiques des sports de plein air sur la faune rupicole. À la fin des années 1990, une concertation entre le Parc national de la Vanoise et le club de parapente de Pralognan-la-Vanoise a permis de sensibiliser les parapentistes à la vulnérabilité de la faune de ces milieux rocheux. Une démarche similaire a également été menée avec les guides de haute montagne, à propos de la pratique de l’escalade. Une surveillance des zones de nidification et de leur fréquentation en période sensible peut s’avérer nécessaire, en particulier audessous de 2 500 m d’altitude, afin de donner l’information nécessaire au public pour maintenir la tranquillité des secteurs concernés et favoriser la réussite de la reproduction de ces oiseaux.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 109
Fiche-milieu n°11
Sommaire
PNV - Christophe Gotti
Les glaciers et les névés
PNV - Christophe Gotti
Glacier des Grands Couloirs
Séracs du glacier de Gébroulaz au-dessus du lac Blanc
Un glacier est un réservoir de glace issu du compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier
110 - Les milieux naturels, des lieux de vie
dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 500 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés sur la commune. Les glaciers et les névés couvrent une surface importante du territoire de Pralognan-laVanoise, depuis les glaciers du Vallonet et
Fiche-milieu n°11 de la Grande Casse au nord, jusqu’au glacier de Gébroulaz au sud, en passant par les glaciers de la Vanoise. Ces derniers constituent la plus grande calotte glaciaire de la chaîne alpine. Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. La succession de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon.
variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°8).
Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille
Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent
Flore et faune
Les
basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes et oiseaux migrateurs tués par le froid sur les glaciers.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 111
Fiche-milieu n°11
à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.
Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations
Intérêts des milieux Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale.
PNV - Christophe Gotti
Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs d’exploits sportifs. Le 8 août 1860 au terme d’une ascension qui aura nécessité la taille de 1 100 marches, William Mathews et ses guides, Michel Croz et Étienne Favre, atteignent le sommet de la Grande Casse.
Avec cette réussite s’ouvre, pour le village de Pralognan, une nouvelle ère : celle du tourisme et de la découverte de la haute montagne, qui va susciter rapidement des vocations de guide de montagne chez les autochtones. Aujourd’hui encore, la randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. Depuis les années 1960, les guides encadrent des courses d’initiation (telles que la pointe de la Réchasse ou le dôme de Polset), comme des courses de glaciers et rochers plus difficiles (le couloirs des Italiens, situé en face nord de la Grande Casse, par exemple).
Grands couloirs de la Grande Casse
112 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Alpinistes sur l’arête sommitale de la Grande Casse
Évolution et transformation du milieu Les glaciers de Pralognan-la-Vanoise n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer. Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des
fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers de Pralognan-la-Vanoise et, plus largement, à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées. Le glacier de Gébroulaz, dont une partie se trouve à Pralognan-la-Vanoise, fait l’objet d’un suivi glaciologique, depuis un premier relevé de longueur en 1730, qui révèle que le front du glacier principal se trouvait à moins d’un kilomètre des chalets du Saut (les Allues). Les mesures réalisées permettent d’obtenir un vision globale des fluctuations de longueur, d’altitude, de vitesse, etc. de ce glacier. Ainsi, le recul du front du glacier se chiffre à environ 400 m depuis le début du XXe siècle. Il a perdu également une vingtaine de mètres d’épaisseur entre 1983 et 1996. La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier.
Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 113
Fiche-milieu n°11
Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Il constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.
Conclusion L’ensemble
des onze grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre l’intégralité du territoire de la commune de Pralognan-la-Vanoise. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat* est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque, elle résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines.
Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent souvent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sur tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux, participe à la protection contre les aléas climatiques. Elle génère des ressources propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de
PNV - Yves Brugière
Fiches-milieux - Conclusion
Sommaire
Alpage de Ritort
114 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiches-milieux - Conclusion PNV - Christophe Gotti
Grande Casse, aiguille de la Vanoise et chalets de la Glière
qualité de vie pour les habitants de Pralognan-la-Vanoise. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) peut donc constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dans le contexte socioéconomique qui est le sien, tout en conservant une vision sur le long terme, chaque commune tendra vers un équilibre optimal des milieux. Le déplacement de cet équilibre étant fonction de facteurs naturels et humains, il y a des évolutions inéluctables et d’autres sur lesquelles il est possible d’intervenir.
Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. À Pralognan-la-Vanoise, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de
Les milieux naturels, des lieux de vie - 115
Fiches-milieux - Conclusion
ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières.
Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne. Il est important, pour la préservation de la biodiversité spécifique de ces prairies, de continuer à entretenir un certain nombre d’entre elles de façon extensive. Le maintien de la fauche des stations de chardon bleu permet à la commune de conserver une facette importante de son patrimoine floristique. Les alpages représentent le cas remarquable d’un écosystème dont le type d’exploitation
PNV - Alexandre Garnier
Parmi les premiers milieux, on citera toutes les petites zones humides de vallée ou d’altitude (marais, tourbières, ripisylves), certaines falaises et les pelouses sèches qui hébergent des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats forestiers. En dehors de toute destruction directe, les zones humides craignent une modification de leur hydrologie, l’apport de matières organiques ou minérales et une trop forte fréquentation. En cours de réalisation, le raccord des réseaux d’assainissement de la commune à la station d’épuration de Bozel gommera, à partir de 2009, les insuffisances du système actuel lors des pics de fréquentation.
La présence dans les pelouses sèches de Pralognan-la-Vanoise d’une des trois stations connues en Savoie de dracocéphale d’Autriche confère à ce milieu une valeur biologique inestimable. Certaines falaises, quant à elles, sont le refuge d’une faune sensible (rapaces). Une grande attention doit leur être portée.
Prairie de fauche du Plateau
116 - Les milieux naturels, des lieux de vie
À partir des années 1950, les activités touristiques d’hiver liées à la neige se sont beaucoup développées en Vanoise. L’aménagement des domaines skiables a eu pour conséquence une modification profonde des milieux et du micro-relief. Cette anthropisation des milieux favorise l’intro-
duction d’espèces plus banales que celles du milieu d’origine, ce qui appauvrit leur intérêt floristique et faunistique. Les équipements associés à la pratique du ski alpin (téléskis, téléphériques, etc.) ont également des conséquences importantes sur certaines espèces de faune telles que le tétras-lyre (destruction des places de chant pour l’installation de gares de départ ou d’arrivée, mortalité accrue liée aux impacts des oiseaux en vol avec les câbles de téléski et les lignes électriques). Le relief particulier de Pralognan-la-Vanoise a empêché le développement excessif des aménagements liés aux sports d’hiver, qu’ont pu connaître d’autres communes de Tarentaise. Pralognan-la-Vanoise a su rester une petite station de ski. D’autre part, la création du Parc national de la Vanoise en 1963 a permis la préservation de grands secteurs de la commune. La vallée de Chavière est une vallée riche de Tarentaise d’un point de vue biologique. C’est, par exemple, une des zones à tétras-lyre les plus intéressantes. Pour la plupart de ces milieux naturels et semi-naturels, supports d’activités humaines, la commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation des milieux et les enjeux économiques qui s’y rapportent.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 117
Fiches-milieux - Conclusion
séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère. Néanmoins, les troupeaux ne sont parfois ni conduits ni parqués, ce qui peut avoir des conséquences multiples : abandon des sites difficiles, surpâturage d’autres secteurs, dégradation des milieux humides. La prise en compte plus systématique des espèces et des milieux phares en amont de l’élaboration des plans de pâturage pourrait être un des éléments favorisant la préservation de la valeur patrimoniale de ces milieux. Concernant les forêts, on a cité le besoin d’assurer un meilleur contrôle de la fréquentation touristique au moyen de sentiers bien balisés, celle-ci pouvant endommager la régénération naturelle et entraîner le dérangement de la faune, principalement en hiver et au printemps. Une information en direction du public (skieurs, raquetteurs) sur la sensibilité des milieux montagnards et de la faune est à renforcer.
Fiches-espèces
Regard sur quelques espèces
Le sabot de Vénus Il existe environ 150 à 200 espèces d’orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= Aphrodite) et du latin calceus (= chaussure), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge, se caractérise par la forme en sabot de son labelle. C’est une orchidée spectaculaire, la plus grande de France et d’Europe. Elle est encore bien présentes dans les forêts de Pralognan-la-Vanoise.
labelle long de 4 à 5 cm, jaune vif luisant et renflé, revêtu intérieurement de poils visqueux
tige anguleuse et rude au toucher
PNV - Michel Delmas
feuilles peu nombreuses
Sabot de Vénus
Écologie
Plante
vivace des étages montagnard et subalpin, le sabot de Vénus est une plante de mi-ombre qui affectionne les forêts claires et les clairières sur substrat calcaire à neutre et frais au moins en profondeur. Il
pousse en petites colonies ou en fortes touffes. Le sabot de Vénus est présent dans la plupart des forêts de Pralognan-la-Vanoise. On peut le rencontrer également au sein de la réserve biologique domaniale et vers les chalets de l’Arcelin. Il est présent de 1 780 à 2 220 m et il fleurit de fin mai à fin juillet.
Regard sur quelques espèces - 121
Fiche-espèce n°1
Sommaire
Fiche-espèce n°1
Intérêts biologiques
Le sabot de Vénus possède une aire de répartition géographique largement circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du Nord). En Europe, il a disparu de Belgique et du Luxembourg. En France, il est rare de la Lorraine et de la HauteMarne aux Alpes et très rare dans les Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise, il est connu actuellement dans 17 des 28 communes du Parc national de la Vanoise. À Pralognan-la-Vanoise, il peut présenter localement de belles populations.
promeneurs, ainsi que par la destruction de ses stations lors d’aménagements et d’exploitations forestières. Certaines stations de sabot de Vénus de Pralognan-la-Vanoise sont concernées par la cueillette. L’évolution de ses habitats par densification du couvert forestier lui est aussi défavorable. Compte tenu de l’assez bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour la conservation du sabot de Vénus.
Protection et propositions de gestion
Menaces
Le sabot de Vénus fait partie des orchidées
À l’échelle de ses stations françaises, cette orchidée spectaculaire est menacée par la cueillette et l’arrachage par des
protégées en France ; à ce titre, sa cueillette est interdite. D’intérêt européen, il compte parmi les très rares espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de
Répartition du sabot de Vénus à Pralognan-la-Vanoise
122 - Regard sur quelques espèces
Fleur de sabot de Vénus
Le saviez-vous ? • Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale, hélas à juste raison. En effet, il a disparu de la plupart des départements français où il était autrefois présent. C'est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on l'utilisait entre autres aux siècles passés à l'occasion de fêtes populaires), qui ont provoqué sa disparition de régions entières, Alsace, Auvergne, etc. • Il a été choisi comme emblème par la Société Française d'Orchidophilie. • Comme toutes les orchidées, le sabot de Vénus est un symbiote obligatoire. C'est à dire qu'il ne peut germer, croître et fructifier en l'absence d'un champignon vivant dans le sol. • C'est vraisemblablement à Pralognan-la-Vanoise que le sabot de Vénus atteint son record d'altitude ; l'espèce est présente sur une ancienne moraine végétalisée à 2 200 m d'altitude.
Regard sur quelques espèces - 123
Fiche-espèce n°1
parfois sur les stations de sabot de Vénus de Pralognan-la-Vanoise, a nécessité ces dernières années une surveillance accrue des gardes-moniteurs du Parc national, en période de floraison de l’espèce.
PNV - Christian Balais
protéger (directive “Habitats” - annexe 2). Le maintien de l’espèce passe notamment par une sensibilisation du public et une information des touristes sur son statut d’espèce protégée. La cueillette, qui sévit
Le dracocéphale d’Autriche et le dracocéphale de Ruysch Encore appelés “tête de dragon” (du grec drakôn = dragon et képhalê = tête), les dracocéphales sont reconnaissables à la forme particulière de leurs fleurs, qui est à l’origine de leur nom. La corolle est composée d’un long tube s’élargissant au sommet et surmonté de deux lèvres distinctes, avec une lèvre supérieure voûtée en casque recouvrant les étamines et une lèvre inférieure velue, divisée en trois lobes. Les deux seules espèces de dracocéphale de la flore française, le dracocéphale d’Autriche (Dracocephalum austriacum) et le dracocéphale de Ruysch (Dracocephalum ruyschiana), sont présentes à Pralognan-la-Vanoise.
fleurs de 3,5 à 4,5 cm, violet foncé
bractées velues à 3 divisions linéaires feuilles velues, certaines entières et linéaires, les autres à divisions linéaires
tige velue PNV - Christophe Gotti
Dracochépale d’Autriche (H = 20 à 40 cm)
fleurs de 2,5 à 3 cm, bleu violacé
bractées indivises
PNV - jacques Perrier
Fiche-espèce n°2
Sommaire
tige dépourvue de poils feuilles entières, linéaires Dracochépale de Ruysch (H = 10 à 30 cm)
124 - Regard sur quelques espèces
À Pralognan-la-Vanoise, la station de cette plante est assez facilement accessible par sentier : le piétinement des randonneurs quittant le chemin, ainsi que tout projet d’aménagement peuvent être préjudiciable à l’espèce. De plus, elle n’est pas à l’abri de la cueillette des collectionneurs qui pourrait avoir des conséquences extrêmement dommageables.
PNV - Michel Filliol
Intérêt écologique et valeur d’usage
PNV - Michel Delmas
Les dracocéphales d’Autriche et de Ruysch sont des plantes vivaces des étages montagnard et subalpin. À Pralognan-la-Vanoise, elles fleurissent dès la mi-juin. Elles s’observent essentiellement dans les pelouses sèches (sur les versants sud), le dracocéphale d’Autriche affectionnant plus particulièrement les petites vires rocailleuses des falaises. À Pralognan-la-Vanoise, le dracocéphale d’Autriche est présent dans une seule station. En revanche, le dracocéphale de Ruysch compte plusieurs stations sur la commune (le Petit mont Blanc, le col du Golet, le couloir des Nants, le mont Bochor, etc.).
Dracocéphale d’Autriche
Dracocéphale de Ruysch
Le dracocéphale de Ruysch est une plante rare dans les départements alpins et très rare dans les Pyrénées-Orientales. Le dracocéphale d’Autriche est pour sa part, très rare dans les départements alpins où il est cité. Il n’est présent en France que dans une dizaine de stations. En Savoie, on ne le trouve qu’à Bessans, Pralognan-la-Vanoise, Lanslebourg-Mont-Cenis et Lanslevillard, où il n’est signalé, pour chacune de ces quatre communes que dans une seule station.
Menaces
Le dracocéphale d’Autriche est une espèce très menacée en France par la fermeture du milieu (c’est une plante de milieu ouvert*) et les pratiques sur les stations.
Protection et propositions de gestion
Le
dracocéphale d’Autriche fait l’objet d’une protection stricte à l’échelle de la France et sa protection est également imposée aux pays membres par l’Union européenne. Ce n’est pas le cas actuellement du dracocéphale de Ruysch, mais son inscription dans la convention de Berne pourrait faire évoluer son statut vers une protection réglementaire. La conservation de ces espèces à Pralognan-la-Vanoise passe notamment par une surveillance et le suivi de l’évolution des populations de ces espèces.
Le saviez-vous ? • Le dracocéphale de Ruysch a été cultivé comme plante ornementale. • Le taux de fertilité du dracocéphale d’Autriche est très faible : moins d’une graine sur 10 arrive à maturité.
Regard sur quelques espèces - 125
Fiche-espèce n°2
Écologie
Le chardon bleu des Alpes Appartenant à la famille botanique des apiacées (ou ombellifères), le chardon bleu des Alpes encore appelé “panicaut des Alpes” ou “reine des Alpes” est une plante facile à reconnaître de par son port et la couleur de ses ombelles. À Pralognan-la-Vanoise, il existe deux espèces de panicaut d’aspects très différents : le chardon bleu des Alpes (Eryngium alpinum), à inflorescence bleu améthyste et feuilles basales indivises et le panicaut champêtre (Eryngium campestre), à inflorescence vert blanchâtre et feuilles basales profondément découpées.
inflorescence en tête ovoïde de 2 à 4 cm
plante épineuse de 30 à 100 cm de haut
PNV - Christophe Gotti
Chardon bleu des Alpes
fleurs minuscules
collerette de feuilles florales épineuses, bleues PNV - Christophe Gotti
Fiche-espèce n°3
Sommaire
Chardon bleu des Alpes
Écologie
Le
chardon bleu des Alpes est une plante vivace de montagne qui se développe principalement aux étages montagnard et subalpin. Elle affectionne les milieux ouverts :
126 - Regard sur quelques espèces
prairies fraîches et clairières sur sols calcaires humides et riches. C’est une espèce qui fréquente également les mégaphorbiaies* et les couloirs d’avalanches. À Pralognanla-Vanoise, elle pousse notamment dans les pentes avalancheuses des Diés. Elle fleurit
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
France, avec celle du Fournel, dans les Écrins. C’est une plante qui a une valeur emblématique et culturelle très forte. Elle est souvent utilisée pour symboliser la flore de montagne. À Pralognan-la-Vanoise autrefois, la plante était cueillie à maturité afin d’être vendue.
Le chardon bleu des Alpes est une espèce très rare, typique des montagnes européennes (Alpes, Jura et montagnes d’Illyrie) : on ne la trouve qu’en France, Suisse, Autriche, Italie, Slovaquie et Croatie. Elle est en régression. Il ne reste qu’une quarantaine de stations de l’espèce en France, depuis le Mercantour jusqu’au massif du Jura, dont une quinzaine en Savoie : dans les massifs de la Vanoise, de l’Arvan-Villard, de la Lauzière, des Bauges et dans le Beaufortain. La population de chardon bleu des Diés, à Pralognan-laVanoise, est une des plus importantes de
Menaces
Cette
espèce est menacée principalement par l’abandon de la fauche ou la mise en place d’un pâturage ou d’une fauche trop précoces qui empêchent sa croissance correcte et sa reproduction. Des cueillettes abusives (par les promeneurs ou en vue de sa commercialisation) ont par endroit fait fortement régresser certaines populations de chardon bleu. À Pralognanla-Vanoise, l’espèce a régressé au cours des
Répartition du chardon bleu des Alpes dans l’espace-Parc
Regard sur quelques espèces - 127
Fiche-espèce n°3
à partir de juillet et ses graines se disséminent à la fin du mois d’août.
Fiche-espèce n°3
Protection et propositions de gestion
Le chardon bleu des Alpes est protégé en
PNV - Christophe Gotti
France, sa cueillette est strictement interdite. Il fait partie des espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger ; il est inscrit à l’annexe II de la directive “Habitats”. Sa présence justifie donc de désigner des secteurs où il est présent au titre de cette directive. À Pralognan-la-Vanoise, la population remarquable de chardon bleu des Diés a bénéficié dès 2000 de la mise en place d’une gestion visant à enrayer le déclin de l’espèce. Le Parc national de la Vanoise,
Zone test de fauchage du chardon bleu
PNV - Christophe Gotti
dernières décennies ; elle se maintient dans le couloir des Diés, à la faveur d’une gestion conservatoire de l’espèce.
Fauchage d’une station de chardon bleu
chargé d’assurer la mise en œuvre et le suivi de cette gestion, a confié la réalisation de ce travail à un agriculteur de la commune, par le biais de contrats de gestion annuels. Plusieurs protocoles de gestion ont été testés (fauche annuelle, fauche bisannuelle, pâturage, aucune gestion) pour permettre d’identifier la plus favorable au chardon bleu. La fauche, quand elle a lieu, est tardive (après la mi-août) et les produits de la fauche sont exportés systématiquement. Le suivi de cette gestion est assuré par le laboratoire d’écologie alpine de l’Université de Grenoble, dans le cadre d’un programme de recherche sur le chardon bleu. Les données collectées annuellement (localisation des individus au sein des placettes d’étude, taille, comptage des germinations, etc.) doivent permettre à terme, de conclure sur la modalité de gestion la plus favorable au maintien de l’espèce. Il est encore tôt pour conclure, mais la gestion par la fauche, annuelle ou bisannuelle, semble la plus propice au chardon bleu.
Le saviez-vous ? • La reine des Alpes est une espèce qui appartient à l'histoire collective des montagnards, comme en témoigne la fête du chardon bleu dans la vallée des Belleville en Tarentaise. • Le chardon bleu est une espèce mellifère. Les études qui lui ont été consacrées ont montré que plus de 60 espèces d'insectes assurent sa pollinisation (abeille, bourdon, guêpe, papillon, etc.).
128 - Regard sur quelques espèces
La potentille blanc de neige Étant
donné son biotope et la couleur blanche de la face inférieure de ses feuilles, la potentille blanc de neige (Potentilla nivea) ne peut être confondue avec aucune autre.
fleur à 5 pétales jaunes
PNV - Gérard Caratti
tige velue portant jusqu’à 4 fleurs de 1 à 5 cm de diamètre
Potentille blanc de neige
feuilles basales à 3 lobes dentés, dont :
- la face inférieure blanche est couverte d’un duvet dense
PNV - Christophe Gotti
- et la face supérieure pubescente, vert foncé
Potentille blanc de neige
Écologie
La
potentille blanc de neige pousse dans les pelouses subalpines et alpines, toujours au voisinage des crêtes ventées. On peut la rencontrer aussi bien sur terrains calcaires que siliceux. À Pralognan-la-Vanoise, l’espèce côtoie les pelouses exposées du col de la Vanoise vers 2 500 m d’altitude. Elle fleurit au cours des mois de juillet et d’août.
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Espèce
arctico-alpine* présente dans les Alpes européenne qui atteint dans les Alpes française sa limite de répartition occidentale. En France, l’espèce n’est connue que dans trois départements : les Alpes-de-HauteProvence, les Hautes-Alpes et la Savoie. Dans ce dernier, les stations de potentille blanc de neige ne sont localisées que dans le massif de la Vanoise où elles demeurent rares et toujours très localisées.
Regard sur quelques espèces - 129
Fiche-espèce n°4
Sommaire
Fiche-espèce n°4
Menaces
Protection et propositions de gestion
La potentille blanc de neige est une espèce protégée très rare en France. À ce titre, elle est également inscrite au livre rouge national de la flore menacée. L’amélioration de la connaissance de cette espèce, apportée par le travail de prospection des gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise, souligne l’importance du territoire Vanoise pour la survie de la potentille blanc de neige. La responsabilité de l’établissement public est majeure pour cette espèce.
PNV - Christophe Gotti
La potentille blanc de neige est une espèce particulièrement vulnérable du fait, d’une part du nombre limité et de la petite superficie de ses stations, et d’autre part, le faible nombre d’individus dans chacune des stations où elle est présente. De fait, le surpâturage des troupeaux domestiques et la surfréquentation touristique dans les lieux où les plantes poussent constituent des menaces à sa survie. À Pralognan-la-Vanoise, il n’y a pas de menace réelle, ce qui n’est pas le cas dans les autres communes où la plante est connue.
La potentille blanc de neige dans son biotope, avec la crépide rhétique
Le saviez-vous ? • La face inférieure des feuilles de la potentille est couverte de poils afin de lutter contre le froid et la déshydratation.
130 - Regard sur quelques espèces
La saxifrage fausse diapensie Il existe environ vingt espèces de saxifrage en Vanoise, dont seize à Pralognan-la-Vanoise. Parmi celles-ci, les trois petites saxifrages blanches des rochers calcaires sont très proches d’apparence : la saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides), la saxifrage des vaudois (Saxifraga valdensis) et la saxifrage bleuâtre (Saxifraga caesia). Seule la saxifrage des vaudois, la plus rare des trois, n’a pas été revue ces dernières années.
inflorescence compacte
fleurs blanches peu nombreuses par tige
PNV - Christophe Gotti
petites feuilles obtuses à peine arquées, densément imbriquées et groupées en coussinets assez globuleux
Saxifrage fausse diapensie
inflorescence compacte
inflorescence lâche (ou un peu serrée)
tiges épaisses à la base
PNV - Christophe Gotti
feuilles obtuses recourbées peu de fleurs par tige (2 à 5)
Saxifrage bleuâtre
Écologie
La saxifrage fausse diapensie est une plante vivace des rochers calcaires. Elle pousse principalement à l’étage subalpin et alpin. À Pralognan-la-Vanoise, l’espèce croît dans
feuilles aplaties non dressées, groupées en coussinets denses
PNV - Gérard Carattii
tiges très fines à la base
nombreuses fleurs par tige (5 à 15) Saxifrage des Vaudois
de nombreux rochers et falaises calcaires de la commune, de 1 500 à 2 840 m d’altitude : dents de la Portettaz, aiguille de l’Arcelin, aiguille des Corneillets, aiguille du Bochor, Grand et Petit Marchet, rochers des Darbellays, etc. Elle fleurit en juin et juillet.
Regard sur quelques espèces - 131
Fiche-espèce n°5
Sommaire
Menaces
À l’exception d’aménagements susceptibles
La
saxifrage fausse diapensie est une espèce rare au niveau mondial. C’est une endémique* ouest-alpine. En dehors de la France, où elle n’est connue que dans quatre départements : Hautes-Alpes, AlpesMaritimes, Savoie, et Alpes-de-HauteProvence, l’espèce est aussi présente en Italie (du Piémont à la Ligurie) et en Suisse (Valais). En Vanoise, la saxifrage fausse diapensie est bien représentée. Elle compte de nombreuses stations à Pralognan-la-Vanoise.
de détruire ses stations, il n’y a pas de menaces avérées concernant la survie de l’espèce.
Protection et propositions de gestion
La saxifrage fausse diapensie est une espèce protégée rare. La préservation de l’espèce passe entre autres par la surveillance de ses stations. Il faut veiller également à éviter toute dégradation de ses stations.
PNV - Christophe Gotti
Fiche-espèce n°5
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Saxifrage fausse diapensie
Le saviez-vous ? • Le nom saxifrage provient du latin saxum = pierre et frangere = briser et signifie "qui brise les rochers". Les racines de ces plantes profitent en effet de la moindre fissure pour s'ancrer et exploiter la terre végétale qui a pu s'y déposer. • En Vanoise, plus de cinquante stations de saxifrage fausse diapensie ont déjà été recensées ; avec Val d'Isère, Pralognan-la-Vanoise compte parmi les stations les plus étendues et comportant de nombreux individus.
132 - Regard sur quelques espèces
La linnée boréale La linnée boréale (Linnaea borealis) est un petit sous-arbrisseau rampant de 5 à 15 cm de hauteur, de la famille botanique des caprifoliacées. C’est sans nul doute l’une des plantes à plus forte valeur patrimoniale de Pralognan-la-Vanoise. De par sa taille, sa forme et sa biologie, on ne peut confondre cette plante avec aucune autre, lorsqu’elle est en fleurs. deux fleurs odorantes, blanc rosé à l’extrémité de la tige, longuement pédicellées et penchées corolle à cinq lobes arrondis
PNV - Michel Delmas
rameau florifère grêle, dressé, et couvert de poils courts
petites feuilles vert sombre, opposées, presque rondes et légèrement dentées pourvues d’un pétiole court Linnée boréale
Écologie
La linnée boréale est une plante vivace des étages montagnard et subalpin. C’est une plante rampante qui peut atteindre 1 m de long. C’est une plante d’ombre qui affectionne les sous-bois moussus des forêts de conifères sur sol moyennement humide. À Pralognan-la-Vanoise, elle est présente en plusieurs stations localisées au sein de la forêt d’Isertan d’une part, et d’autre part vers la Montagne, entre 1 680 et 2 000 m d’altitude. Sa floraison s’échelonne de juillet à août. Les fleurs sont pollinisées par les insectes.
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
La
linnée boréale est une espèce boréomontagnarde*. Elle est présente dans la partie septentrionale et subarctique de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. Cette espèce très rare et très localisée a disparu de Haute-Savoie au XIXe siècle à la suite de travaux forestiers et ne compte plus aujourd’hui en France qu’une dizaine de stations réparties dans quatre communes de Vanoise (Pralognan-la-Vanoise, Tignes, Champagny-en-Vanoise et les Allues) et une des Bauges. Elle atteint en France la limite occidentale de son aire de répartition.
Regard sur quelques espèces - 133
Fiche-espèce n°6
Sommaire
Fiche-espèce n°6
Menaces
La linnée boréale craint essentiellement l’exploitation forestière et l’ouverture de son milieu. Elle peut également être menacée par les collectionneurs de plantes rares. Protection et propositions de gestion
La linnée boréale est une espèce très rare en France. À ce titre, elle est inscrite au livre rouge national de la flore menacée
comme espèce prioritaire et est classée comme espèce protégée en France. Son habitat étant uniquement constitué de forêts matures, la linnée boréale ne supporte pas l’ouverture de son milieu comme en témoigne la disparition des quatre stations historiquement connues en Haute-Savoie. Toute exploitation forestière et aménagement de pistes à proximité de ses stations sont à bannir. Le zonage et une connaissance précise de ses populations devraient permettre une gestion appropriée des dernières pessières où elle se maintient.
Répartition de la linnée boréale dans l’espace-Parc
Le saviez-vous ? • Le nom de la linnée boréale est dédié à l'éminent botaniste suédois Karl von Linné (17071778), inventeur de la nomenclature binomiale des espèces, toujours en vigueur aujourd'hui. Celle-ci est basée sur un nom générique commun à plusieurs espèces (= nom de genre) et un nom spécifique différent pour chaque espèce du groupe (= nom d'espèce).
134 - Regard sur quelques espèces
Les génépis Parmi les trois espèces de génépis présentes
en Vanoise : génépi des glaciers (Artemisia glacialis), génépi vrai (Artemisia genipi) et génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube. Seuls les génépis jaune et vrai sont connus à Pralognan-le-Vanoise.
inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige)
fleurs jaunes, poilues à l’extrémité
PNV - Michel Delmas
feuilles toutes pétiolées
Génépi jaune
inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact fleurs jaunes non velues
PNV - Louis Bantin
feuilles sans pétiole
Génépi vrai
Écologie
Les génépis vrai et jaune sont des plantes vivaces à souche gazonnante. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu’à 3 000 m
d’altitude. Leurs racines ne sont pas très profondes. Lors d’une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent à Pralognan-la-Vanoise de la fin juillet à la mi-août, vers le col de la Vanoise par exemple.
Regard sur quelques espèces - 135
Fiche-espèce n°7
Sommaire
hormis dans les espaces protégés (Parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté de biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis, la cueillette du génépi avait été limitée dans certaines communes de Vanoise à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la “ressource”. Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante (dans les secteurs où la cueillette est autorisée) et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l’ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d’une touffe mais en laisser systématiquement quelques-uns afin d’assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.
Les populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l’arc alpin. En France, le génépi vrai est également présent dans les Pyrénées. Ces plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les touristes, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation.
Menaces
Les génépis sont victimes d’une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée. L’arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de leurs populations. La surexploitation et l’arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme. À Pralognanla-Vanoise, la plupart des stations de génépis sont situées en zone centrale du Parc, où toute cueillette est interdite. Protection et propositions de gestion
La cueillette des génépis est réglementée en Italie, en Suisse et dans la plupart des départements alpins français. Ce n’est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre,
PNV - Christian Balais
Fiche-espèce n°7
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Le génépi vrai dans son biotope
Le saviez-vous ? • Le génépi vrai ou génépi mâle est utilisé depuis le Moyen Âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Il faut en consommer avec modération, dans la mesure où le génépi présente la particularité d’être un tonique cardiaque.
136 - Regard sur quelques espèces
La gentiane jaune Il existe une quinzaine d’espèces de gentiane en Vanoise. L’une d’elles, la gentiane jaune (Gentiana lutea) constitue un élément du patrimoine historique et culturel de Pralognanla-Vanoise. En effet, les racines très amères de cette grande gentiane, réputées pour ses nombreuses vertus médicinales, étaient traditionnellement déterrées pour la fabrication de l’alcool de gentiane. Facilement reconnaissable à ses grandes fleurs jaunes en étoile, la gentiane jaune est parfois confondue, hors période de floraison, avec le vérâtre blanc, une plante très toxique dont la consommation peut être fatale.
PNV - Patrick Folliet
fleurs jaunes en étoile
fleurs regroupées autour de la tige à la base des feuilles supérieures tige creuse
Inflorescence de gentiane jaune
PNV - Patrick Folliet
feuilles côtelées, vert bleuâtre, insérées sur la tige de manière opposée
feuilles faiblement velues en dessous, plissées longitudinalement Gentiane jaune feuilles disposées de manière alterne sur la tige PNV - Philippe Benoît
fleurs blanc verdâtre en épis
Vératre blanc
Écologie
La gentiane jaune est une plante vivace typique des prairies grasses calcicoles et des pâturages des étages montagnard et subalpin inférieur. Elle fleurit au cours des
mois de juin, juillet et août. À Pralognan-la-Vanoise, la gentiane jaune pousse abondamment au sein des prairies de Chollière, notamment. Son système racinaire est particulièrement bien développé, ce qui lui permet de stocker beaucoup de réserves.
Regard sur quelques espèces - 137
Fiche-espèce n°8
Sommaire
Menaces
Du fait de la pratique “généralisée” de la
La
gentiane jaune est présente en France, en Suisse, en Italie, en Autriche et en Allemagne. En France, elle est assez commune dans les Vosges, le Jura, le Massif central, les Alpes, les Pyrénées et les Cévennes. Son aire de répartition inclut également la Bourgogne et la Champagne où elle est rare. À Pralognan-la-Vanoise, piocher la gentiane (c’est-à-dire extraire la racine afin d’en faire de l’alcool) pour ses vertus pharmaceutiques est une pratique ancestrale, toujours en vigueur actuellement. C’est au hameau de la Croix que se trouve le dernier alambic de la commune. Les racines de gentiane jaune, séchées puis coupées, sont mises à fermenter en tonneau avec de l’eau pendant plus de deux mois. Le mélange est ensuite bouilli dans l’alambic.
fabrication d’alcool, la gentiane jaune s’était localement raréfiée en Vanoise. La régression marquée de cette pratique, ainsi que l’abandon de la fauche d’altitude lui ont été favorable. De ce fait, la gentiane jaune est aujourd’hui une espèce commune en Savoie.
Protection et propositions de gestion
Localement, la gentiane jaune est très abondante. En revanche, elle est protégée dans la région de la Champagne du fait de sa rareté.
CPNS - Virginie Bourgoin
CPNS - Virginie Bourgoin
Fiche-espèce n°8
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Alambic de Pralognan-la-Vanoise servant à bouillir la racine de la gentiane
Gentiane jaune (au fond l’aiguille de la Vanoise)
Le saviez-vous ? • La gentiane jaune est connue depuis l'Antiquité pour son action tonique sur le système digestif. Aujourd'hui encore, elle conserve par endroit le nom populaire du "lève-toi et marche", que lui ont donné nos ancêtres en signe de foi, en hommage à ses vertus curatives. • 100 kg de racines de gentiane jaune sont nécessaires pour la distillation d'un litre d'alcool. Traditionnellement, une bouteille de gentiane ne se vend pas, elle s'offre ou se déguste entre amis.
138 - Regard sur quelques espèces
Le bouquetin des Alpes Pratiquement exterminé au début du XX
siècle, le bouquetin des Alpes (Capra ibex ibex) a été sauvé in extremis de l’extinction grâce à l’émergence des idées de protection de la nature en Italie d’abord, puis en Suisse et enfin en France. Aujourd’hui, c’est le seul ongulé protégé dans notre pays. De par son pelage et sa morphologie, il se distingue aisément des autres ongulés sauvages tels que le chamois ou le chevreuil. e
Distinction entre les deux sexes
cornes en V, recourbées vers l’arrière, pouvant atteindre 1 m
cornes quasi lisses PNV - Rémy Barraud
corps puissant et trapu pelage sombre en hiver (fauve clair en été)
base des cornes plus grosse avec des protubérances très marquées
PNV - Christophe Gotti
PNV - Ludovic Imberdis
Femelle de bouquetin ou étagne
Bouquetin des Alpes : mâle adulte
Jeune mâle de bouquetin
corps moins trapu que le bouquetin
PNV - Christophe Gotti
cornes verticales, recourbées vers l’arrière uniquement à leur extrémité pelage brun-roux en été bande brun-noir s’étendant des naseaux aux oreilles en barrant les yeux Chamois
Écologie
L’habitat
du bouquetin, essentiellement rocheux, varie en fonction des saisons. Les zones fraîches de haute altitude constituent
ses quartiers d’été. En période hivernale, il fréquente les crêtes déneigées par le vent puis les versants d’adret. À la fonte des neiges au printemps, les bouquetins descendent pâturer les jeunes pousses puis remontent
Regard sur quelques espèces - 139
Fiche-espèce n°9 n°8
Sommaire
Fiche-espèce n°9
progressivement au fur et à mesure de l’avancement de la végétation. La période de rut a lieu entre fin novembre et début janvier. Elle donne lieu à des comportements très ritualisés entre mâles et femelles. La mise bas (généralement un seul cabri par femelle) a lieu courant juin dans des vires rocheuses isolées et peu accessibles.
Intérêts biologiques
Une chasse abusive a conduit à l’extermination du bouquetin dans la quasi-totalité de son aire de répartition, pourtant vaste initialement. À la création du Parc national de la Vanoise en 1963, il ne restait qu’une population relictuelle d’une soixantaine d’individus seulement sur les communes de Termignon et de Modane. Au début du XXIe siècle, cet ongulé endémique de l’arc alpin compte environ 50 000 individus dans toute l’Europe, dont à peu près 6 000 pour la population française, répartis en Savoie (avec 2 000 bouquetins en Vanoise), Haute-Savoie, Drôme, Isère, Alpes-deHaute-Provence et Alpes-Maritimes. Malgré ces effectifs plus conséquents, la population française demeure très morcelée. À Pralognan-la-Vanoise, une opération de renforcement des populations a été effectuée en 1981, à partir de dix animaux provenant de Modane. Mais elle n’a pas permis la fixation
des individus sur le site de réintroduction, car six animaux ont regagné le site de capture et les autres se sont dispersés. Aujourd’hui, la commune de Pralognan-la-Vanoise compte deux populations de bouquetin. Constituée de 150 individus (comptage hiver 2005), la première est située sur le mont Bochor (probablement constituée à partir d’animaux migrants depuis les populations de Champagny-Peisey et de Maurienne. La seconde, localisée sur le secteur des Eaux Noires, résulte de la colonisation naturelle d’individus de la population originelle de Maurienne (Modane, Termignon). Celle-ci comptait une centaine de bouquetins l’hiver 2005 et plus de 250 l’été, en particulier du fait de la migration estivale des mâles.
Menaces
L’interdiction de chasser l’espèce, renforcée ensuite par les réintroductions, a permis d’accroître les effectifs français, mais la recolonisation de certains massifs s’avère lente pour de multiples raisons : écologie et éthologie propres à l’espèce, braconnage, cloisonnement des massifs, etc. D’autres causes fragilisent ces populations : la transmission de maladies abortives, du fait de la coexistence des troupeaux sauvages et domestiques (ovins et caprins), le dérangement lié à la fréquentation humaine qui crée un
Répartition alpine du bouquetin des Alpes en 1998
140 - Regard sur quelques espèces
Protection et propositions de gestion
Le
PNV - Alexandre Garnier
bouquetin est une espèce strictement protégée en France. Ce statut de protection est primordial pour la sauvegarde de l’espèce et pour le maintien de ses effectifs. Les réintroductions dans les différents massifs alpins français ne lui ont pas encore permis
d’occuper tous ses habitats potentiels. Elles doivent être poursuivies afin de garantir la sauvegarde du bouquetin à long terme. D’autre part, ces actions doivent s’accompagner de mesures de prévention visant à limiter les transmissions de maladies entre les bouquetins et les troupeaux domestiques, par le biais de traitements curatifs systématiques des animaux domestiques (l’emploi de vermifuges doit être réalisé avec précaution, certaines substances de synthèse pouvant s’avérer particulièrement dangereuses pour la faune sauvage). Toutes les perturbations liées aux activités humaines sont à éviter.
Bouquetins des Alpes
Le saviez-vous ? • Les sabots des bouquetins sont composés de kératine. Ils sont également munis d’un coussinet anti-dérapant et souple qui facilite les déplacements sur les dalles rocheuses. • 50 % des jeunes meurent au cours de leur première année de vie. • Une régulation naturelle des populations de bouquetins intervient en fonction des capacités du milieu d’accueil : âge de la première mise bas plus précoce (à partir de deux ans au lieu de trois à quatre ans), fréquence de gémellité plus élevée et taux de mortalité plus faible dans les milieux favorables.
Regard sur quelques espèces - 141
Fiche-espèce n°9
stress physiologique, ainsi que les aménagements touristiques sur les sites de mise bas et d’hivernage. Les risques naturels (avalanches, etc.) sont aussi préjudiciables au bouquetin.
Le tichodrome échelette Presque invisible lorsqu’il est posé, ailes fermées, du fait de la couleur gris pierre de son plumage, le tichodrome échelette (Tichodroma muraria) est un oiseau qui arpente les parois rocheuses. Il est à peine plus grand qu’un moineau. C’est seulement en vol qu’il laisse entrevoir tous ses éclats : rose indien et dragées blanches au bout des ailes.
plumage gris sur le dessus larges ailes arrondies avec de grandes taches rose indien et de gros points blancs
PNV - Jean-Pierre Martinot
Tichodrome échelette
long bec fin et légèrement courbé ASTERS - Georges Lacroix
Fiche-espèce n°10
Sommaire
bavette, gorge et poitrine noires en été et blanchâtre en hiver
Tichodrome échelette
Écologie
Le tichodrome est un habitant des gorges, des falaises et des parois situées entre 400 et 2 500 m d’altitude. Il peut également être observé sur les murs de vieilles bâtisses en hiver. Il arpente ces milieux escarpés en entrouvrant les ailes par saccades en quête de nourriture. Son long bec fin lui permet d’extraire des anfractuosités, les insectes, araignées, et
142 - Regard sur quelques espèces
autres invertébrés qui composent son menu. Le tichodrome échelette niche principalement dans une fissure ombragée et humide d’une paroi rocheuse. C’est le mâle qui cherche cet emplacement, alors que la femelle se charge seule de la construction du nid. La ponte (de trois à quatre œufs) a lieu en maijuin et la couvaison dure 20 jours environ. Les deux adultes nourrissent les jeunes pendant trois à quatre semaines jusqu’à leur envol.
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Sédentaire
en France, le tichodrome échelette occupe une grande partie des massifs montagneux européens, des Pyrénées jusqu’aux Carpates. Il est présent aussi du Caucase jusqu’en Himalaya et Asie centrale. En France, l’effectif est estimé entre 1 000 et 2 000 couples nicheurs. Les massifs alpins et pyrénéens abritent les populations nicheuses les plus
importantes. Le massif du Jura et le Massif central hébergent également quelques couples. L’étendue des territoires de cet oiseau et la discrétion des individus contribuent à la rareté des observations. La répartition française des couples nicheurs est probablement sous-évaluée. En Vanoise, les effectifs du tichodrome échelette avoisineraient une cinquantaine de couples.
Menaces
Les
types d’habitats fréquentés par le tichodrome, lors de la reproduction et durant l’hivernage, sont répandus dans les Alpes. Comme tout oiseau rupicole, il peut être dérangé par les pratiques sportives de falaises (escalade, etc.) pendant la période sensible de son cycle de vie (reproduction).
Protection et propositions de gestion
Le
PNV - Maurice Mollard
tichodrome échelette est une espèce protégée en France. Il serait intéressant de répertorier les sites de nidification du tichodrome échelette afin de pointer ceux qui sont localisés dans des parois équipées ou en projet d’équipement. Cela permettrait d’énoncer des règles d’aménagement compatibles avec la préservation de cette espèce rare au plan national. Tichodrome échelette
Le saviez-vous ? • Le tichodrome échelette est le symbole de l'Amicale du personnel du Parc national de la Vanoise. • À Pralognan-la-Vanoise, l'espèce a été observée jusqu'à 3 585 m d'altitude, au sommet de Chasseforêt.
Regard sur quelques espèces - 143
Fiche-espèce n°10
À Pralognan-la-Vanoise, il niche notamment dans le cirque du Génépy. Le tichodrome est souvent sédentaire, mais parfois, il descend hiverner à plus basse altitude.
Le cincle plongeur De
la taille du merle noir, le cincle plongeur (Cinclus cinclus), parfois appelé “merle d’eau”, se caractérise par sa gorge et sa poitrine (ou plastron) d’un blanc éclatant. Il se distingue également du mâle de merle à plastron, qui ne porte qu’un croissant blanc sur la poitrine et arbore une queue plus longue. La présence du cincle est strictement liée à celle de ruisseaux et torrents, propres et limpides, avec un courant assez fort. Plutôt craintif, l’approche d’une personne provoque immédiatement la fuite du cincle.
queue courte et souvent relevée
gorge et poitrine blanc pur
reste du plumage sombre
ASTERS - Georges Lacroix
longues pattes
Cincle plongeur
ASTERS - Georges Lacroix
Fiche-espèce n°11
Sommaire
Merle à plastron
Écologie
Oiseau
sédentaire en France, le cincle plongeur occupe les cours d’eau rapides, peu profonds à substrat caillouteux. Il se
144 - Regard sur quelques espèces
pose généralement sur de grosses pierres émergeant de l’eau, afin d’inspecter, depuis ce promontoire, le fond de la rivière. Il recherche sa nourriture, composée principalement de larves et de nymphes d’insectes
Intérêts biologiques et valeurs d’usage
Présent dans l’ensemble des régions montagneuses du Paléarctique, le cincle plongeur n’est absent que dans les zones de
plaines des façades atlantiques et de la Mer du Nord. En France, il est réparti sur une large moitié du pays, au sud-est d’une ligne allant des Ardennes aux Pays basque. Ses effectifs, estimés à quelque 30 000 couples en France dépassent 10 % de la population européenne de l’espèce. Il occupe les têtes de bassin des cours d’eau de la plupart des régions accidentées d’Europe, mais descend aussi jusqu’en plaine, sur le ruisseau de l’Hyère à Cognin, par exemple.
Menaces
Tous les déplacements du cincle plongeur sont liés aux cours d’eau. De fait, toute atteinte, en qualité et en quantité, portée à la ressource en eau constitue une menace pour l’espèce : rejets organiques qui appauvrissent les communautés d’invertébrés, détournement des eaux pour les besoins hydroélectriques qui ne laissent que de faibles débits, etc.
Protection et propositions de gestion
PNV - Maurice Mollard
Le cincle plongeur est une espèce protégée par la loi française. La protection de l’espèce passe par la conservation des cours d’eau avec des débits importants et une qualité physico-chimique optimale. Cincle plongeur dans son biotope
Le saviez-vous ? • Le comportement général du cincle plongeur traduit une nervosité très au-dessus de la moyenne : oiseau toujours en alerte, toujours en mouvement.
Regard sur quelques espèces - 145
Fiche-espèce n°11
aquatiques (éphémères, trichoptères, etc.), ainsi que quelques crustacés et mollusques d’eau douce, au fond de l’eau. Au cours d’une immersion d’une dizaine de secondes, le cincle plongeur marche à contre-courant sur le lit du ruisseau, tête baissée, fouillant du bec parmi les galets. Il niche dans un secteur riche en nourriture, à proximité immédiate de l’eau. Le nid est logé entre les racines entrelacées des arbres des berges ou dans une falaise, un bloc rocheux émergé, parfois sous un pont, etc. À Pralognan-la-Vanoise, le cincle plongeur a déjà niché sous le pont de Ritort et des Prioux. Après une vingtaine de journées passées au nid, les jeunes s’émancipent et gagnent l’eau.
La grenouille rousse D’aspect général ramassé, la grenouille rousse (Rana temporaria) fait partie, avec le crapaud commun, des deux espèces amphibiens sans queue à l’âge adulte (ordre des anoures = grenouilles et crapauds) présents à Pralognan-la-Vanoise.
peau assez verruqueuse
museau court et arrondi grand tympan (= 2/3 du diamètre de l’œil)
PNV - Patrick Folliet
Grenouille rousse
replis latéraux dorsaux non parallèles, se rapprochant au milieu du dos
face supérieure du corps de couleur variable, particulièrement tachée de noir en montagne
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Fiche-espèce n°12
Sommaire
Grenouille rousse
Écologie
Dans les régions d’altitude, la grenouille rousse est réputée ubiquiste : elle vit en milieu terrestre toute l’année sauf en période de reproduction où elle fréquente les milieux aquatiques (lacs et mares qui se réchauffent plus rapidement au soleil et parfois ruisseaux) ainsi que les tourbières et abords de marais.
146 - Regard sur quelques espèces
La période d’activité de la grenouille rousse à Pralognan-la-Vanoise s’échelonne de mai à octobre. Durant la journée, c’est la climatologie qui conditionne les phases d’activité de cette grenouille : au printemps, les nuits froides ne sont pas favorables aux déplacements. En été, en revanche, la grenouille rousse est active le soir et tôt le matin. C’est alors qu’elle part en quête de nourriture (vers, orthoptères, escargots, etc.).
PNV - Patrick Folliet
à l’ouest de la Russie. Elle est assez commune en France, à partir de 600 m d’altitude, sauf dans le centre-ouest où elle est en déclin. C’est l’espèce d’amphibien la plus abondante et la plus commune en Vanoise. Les grenouilles rousses sont parfois pêchées pour la consommation de leurs cuisses, mais ce n’est pas le cas à Pralognan-la-Vanoise.
Menaces
À
l’échelle départementale, les menaces sont surtout liées à la destruction de certains habitats propices assurant la continuité des populations, ainsi qu’au braconnage des frayères pour la consommation de cuisses de grenouilles. En période de migration, la mortalité est parfois très élevée au passage des axes routiers. Aucune de ces menaces ne semble peser actuellement sur l’espèce à Pralognan.
Protection et propositions de gestion Grenouille rousse
La Intérêts biologiques et valeurs d’usage
La
grenouille rousse est une espèce eurasiatique dont l’aire de répartition s’étend du nord au sud de la Scandinavie au nord de l’Espagne, et d’ouest en est, du Portugal
grenouille rousse a été protégée quelques années, puis déclassée. Le maintien en bon état de conservation de ses biotopes permettront à la grenouille rousse de fréquenter encore longtemps les milieux humides et aquatiques de Pralognan-la-Vanoise.
Le saviez-vous ? • L'altitude semble avoir une influence sur la taille des individus de grenouille rousse : à haute altitude, ces grenouilles mesurent de 0,5 à 4,5 cm de plus qu'en plaine. • En Europe, la grenouille rousse est l'amphibien qui atteint les altitudes les plus hautes. • La présence au cours de l'été de grands têtards (45 mm), dont les pattes postérieures mesurent jusqu'à 6,5 mm et de têtards beaucoup plus petits (moins de 20 mm) et moins développés, suggère que les premiers seraient dans leur deuxième année et les seconds dans leur première année de vie.
Regard sur quelques espèces - 147
Fiche-espèce n°12
La période de reproduction est assez longue en altitude et peut durer plusieurs semaines. La migration prénuptiale des adultes reproducteurs est dictée par une certaine température de l’air ambiant. Les pontes interviennent dès que les lacs et mares sont partiellement dégelés. Elles prennent l’aspect de masses gélatineuses flottantes, comportant 1 000 à 4 000 oeufs. Les nombreux têtards, de coloration noire, se rassemblent dans les parties les plus chaudes, superficielles et ensoleillées des points d’eau. L’hivernage de cet amphibien a lieu sur terre ou dans l’eau selon l’altitude où elle se situe. À Pralognan-la-Vanoise, la grenouille rousse peut être observée au lac de chalet Clou.
Le damier rouge Le damier rouge (Euphydryas intermedia), ou damier du chèvrefeuille, figure parmi la centaine d’espèces de papillons de jour répertoriées à Pralognan-la-Vanoise. Il existe plusieurs espèces différentes de damier, dont deux d’apparence proche de celle du damier rouge : le damier de l’alchémille et le damier de la succise. Le damier rouge est le plus rare de ces trois papillons. dessus d’aspect roux, constitué d’un réseau de taches orangées séparées par des veines noires
Michel Savourey
La présence aux ailes postérieures d’une bande marginale discontinue de taches gris bleuâtre (peu visible sur cette photo), est caractéristique de cette espèce de damier
Autres caractéristiques
Le damier rouge ou damier du chèvrefeuille
Large bande orange sans points noirs aux bas du dessous des ailes Femelle est un peu plus grande et plus claire que le mâle
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Fiche-espèce n°13
Sommaire
Un damier très différent : le damier de l’alchémille (mâle aux taches blanches caractéristiques)
Écologie
Chez cette espèce, l’état larvaire (la chenille) dure environ de la fin août au mois de juin deux ans plus tard : il s’agit de l’unique phase de croissance de l’individu. Suite à la métamorphose complète, le papillon adulte vole de fin juin à juillet, période pendant laquelle il se consacre entièrement à la reproduction. Il pond ses œufs en paquets
148 - Regard sur quelques espèces
au revers des feuilles de chèvrefeuille bleu. Les chenilles se nourrissent de cette plante hôte qui pousse à l’étage subalpin dans les forêts et divers fourrés d’altitude, tels que les boisements clairs d’aulne vert. En Vanoise, ce papillon fréquente les secteurs très humides situés entre 1 600 et 2 000 m d’altitude, qu’il s’agisse de futaies, d’aulnaies vertes ou de zones buissonnantes claires.
Menaces
La répartition européenne du damier du chèvrefeuille se limite à la France, la Suisse et l’Autriche où il est très localisé et rare. Il est aussi présent en Russie. En France, il n’est connu qu’en Savoie et dans une station de chacun des trois départements limitrophes : la HauteSavoie, l’Isère et les Hautes-Alpes. Il y est toujours très localisé et peu abondant. En Vanoise, cette espèce est connue dans une vingtaine de stations (soit dans huit communes de Tarentaise et trois de Maurienne), dont quatre sur la commune de Pralognan-la-Vanoise.
Le damier rouge ne souffre, a priori, d’aucune menace précise, dans la mesure où les zones qu’il affectionne sont souvent inexploitées, car humides et difficiles d’accès. Cependant, son milieu de vie peut être l’objet de projets d’aménagement tels que la création des pistes de ski, comme cela a été le cas, à Valmeinier en Maurienne, en 2001/2002. Protection et propositions de gestion
Aire de vol du damier rouge en Savoie et au voisinage en 2003 (d’après Savourey M., 1994)
Bien
que rare en France, cette espèce ne dispose aujourd’hui d’aucun statut de protection particulier. Ceci tient au fait qu’elle ne semble pas particulièrement menacée, si ce n’est par le réchauffement climatique ou de manière limitée jusqu’à présent, par les aménagements touristiques de la montagne. La conservation de cette espèce de papillon et de ses milieux passe, dans un premier temps, par la poursuite de la recherche de l’espèce sur la commune de Pralognan-la-Vanoise et plus généralement à l’échelle de la Savoie, afin de mieux définir son statut (effectifs, répartition).
Le saviez-vous ? • Le damier rouge a été découvert pour la première fois en France à Pralognan-laVanoise en 1924-25 par le spécialiste J. Bourgogne. Depuis, l'espèce a été mentionnée dans une vingtaine de localités de Savoie, grâce à l'inventaire coordonné depuis 1985, dans ce département par M. Savourey. • Les populations françaises du damier rouge appartiennent à une sous-espèce alpine, qui est parfois considérée comme une espèce à part entière, distincte et endémique* des Alpes. • Vus de dessus, les damiers, nacrés et mélitées présentent tous une ornementation semblable faite d'un réseau de bandes et de taches noires sur fond orange. C'est l'alternance de bandes jaunâtres plus claires qui permet de différencier les espèces entre elles.
Regard sur quelques espèces - 149
Fiche-espèce n°13
Intérêts biologiques
Annexes
Annexes
Annexes
Sommaire
Lexique [1] d’après le Dictionnaire des plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al., 1999) [4] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993)
oOo Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement [2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation de sédiments. Calcicole [1] Se dit d’un végétal ou d’un champignon qui supporte les substrats calcaires ; c’est-à-dire renfermant en quantité notable du carbonate de calcium ou des sels de calcium et de magnésie. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à alcalin. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Cembraie [5] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca.
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 153
Annexes
Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Incrustés (lichens) Lichens en forme de croûtes aplaties, ancrés à la roche par des pseudo racines, les rhizines. Ils peuvent résister à des conditions de luminosité et de sécheresse intenses. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre.
154 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Relique ou relicte glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Trichoptères [4] Famille d’insectes dont le développement larvaire se déroule en milieu aquatique. Les larves se protégent dans des fourreaux faits de graviers ou de brindilles (porte-bois, phryganes). Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique.
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 155
Annexes
Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas.
Annexes
Sommaire
Bibliographie ACEMAV coll., DUGUET R. & MELKI F. ed., 2003.- Les amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Coll. Parthénope, Éd. Biotope. Mèze, France. 480 p. AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection … Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. BOUNEMOURA Z., 1999.- Cartographie des habitats et des espèces d’intérêt communautaire dans les forêts domaniales de la dent du Villard (309,47 ha) et du petit mont Blanc (396,16 ha) (Tarentaise). Office National des Forêts, Service Départemental de la Savoie, Division de Moûtiers. 57 p. CHIBON P., 1976.- Les amphibiens dans le Parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome VII. p 149-155. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COURTECUISSE R. & DUHEM B., 1994.- Guide des champignons de France et d’Europe. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 480 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. DELAHAYE T., 2000.- Cinq plantes rares présentes au mont Cenis : Arenaria grandiflora, Phyteuma michelii, Potentilla multifida, Saponaria lutea et Saxifraga diapensioides. Bull. Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°5, pp 34-35. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p.
156 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. ERNOULT C., VERNET D., LABONNE S., FAVIER G. & DOBREMEZ L., 1998.- Évolution des usages et activités pastorales dans le Parc national de la Vanoise (1972-1996). Parc national de la Vanoise & Cemagref – Division Agriculture et Milieux montagnards. 91 p. + annexes. FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p. FRITSCH R., 1986.- Les aunaies vertes de la Vanoise et leurs cortèges floristiques. Bull. Trimes. des amis du Parc de la Vanoise, n°54. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. GÉROUDET Paul, 1978.- Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Suisse. 429 p. GUISLAIN L., 2003.- Stage de vulgarisation de la géologie. Rapport de stage. Parc national de la Vanoise & Université Paul Sabatier (Toulouse). 46 p. KEITH P. & ALLARDI J., 2001.- Atlas des poissons d’eau douce de France. Éd. Muséum National d’Histoire Naturelle, Patrimoines naturels, n°47. 387 p. KÜHNER R. & LAMOURE D., 1986.- Catalogue des Agaricales (basidiomycètes) de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome XV. p 103-187. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p.
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 157
Annexes
DELFORGE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p.
Annexes
LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p. LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise. Tome XXI. 304 p. MOREAU Pierre-Arthur, 2002.- À la découverte des champignons de la zone alpine. Bull. mycol. bot. Dauphiné-Savoie,166. p 5-37. MOREAU Pierre-Arthur, 1997.- Mise à jour du “Catalogue des Agaricales de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes”. Rapport non publié. 83 p. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministères de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Ediscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. pp 426-427. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p.
158 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
SOCIÉTÉ DE PROTECTION DE LA NATURE DES ARDENNES, 1973.- Le cincle : il nage, plonge et… marche sous l’eau. Le connaissez-vous ?. Éd. Soc. Protec. Nat. des Ardennes. La Hulotte n°10, pp. 2-11. SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. WEBER E., 1994.- Sur les traces du bouquetins d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 176 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 159
Annexes
SAVOUREY M., 1994.- Excursions en Maurienne (Savoie) et précisions sur la répartition d’Euphydryas intermedia wolfensbergeri Frey, 1880. Alexanor, 18 (7). pp. 415-422.
Liste des plantes d’intérêt patrimonial
aconit paniculé ail victorial ancolie des Alpes androsace alpine androsace helvétique androsace pubescente avoine de Seyne chardon bleu des Alpes crépide naine crépide rhétique dauphinelle douteuse dracocéphale d’Autriche dracocéphale de Ruysch drave de Hoppe épipogon sans feuilles éritriche nain génépi jaune génépi vrai gentiane croisette gentiane utriculeuse gymnadénie odorante laîche bicolore laîche de Lachenal laîche faux pied d’oiseau laîche maritime linnée boréale lis martagon lis orangé lycopode des Alpes orchis nain des Alpes
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160 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
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Glaciers et névés
Rochers et falaises
Éboulis et moraines
Pelouses et combes à neige
Landes, landines et fourrés de saules
Aulnaie verte et méghaphorbiaies
Forêts de conifères
Prairies de fauche
Zones humides d’altitude
Lac et cours d’eau
Village, hameaux et abords
Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)
Les grands types de milieux de Pralognan-la-Vanoise
Protection Livre rouge tome 1
Annexes
Sommaire
Annexes + + + + + + + + + + + + + +
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Glaciers et névés
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Rochers et falaises
Landes, landines et fourrés de saules
Aulnaie verte et méghaphorbiaies
Forêts de conifères
Prairies de fauche
Zones humides d’altitude
Lac et cours d’eau
Village, hameaux et abords
Éboulis et moraines
2 2 2 2 1 1 1 3 1 1 3 1 1 2 1 2
Pelouses et combes à neige
pédiculaire ascendante pédiculaire d’Allioni pédiculaire du mont Cenis potentille blanc de neige pyrole intermédiaire pyrole verdâtre rhapontique des Alpes sabot de vénus saule à dents courtes saule glauque saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse silène de Suède swertie vivace tozzie des Alpes violette pennée
Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)
Protection Livre rouge tome 1
Les grands types de milieux de Pralognan-la-Vanoise
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Légendes w : habitat principal à Pralognan-la-Vanoise q : autre habitat à Pralognan-la-Vanoise
Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 161
Annexes
Sommaire
Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique)
Flore
ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français
Nom scientifique
amanite tue-mouches
Amanita muscaria
arrhenia lobée
Arrhenia lobata
aulacomnium
Aulacomnium sp.
bolet blafard
Boletus luridus
bolet élégant
Suillus grevillei
brun lichen d’Islande ou lichen des rennes Cetraria islandica calliergon
Calliergon sp.
chlamydomonas des neiges
Chlomydomonas des neiges
corniculaire normoerica
Cornicularia normoerica
cortinaire chrysomallus
Cortinarius chrysomallus
cortinaire de Kühner
Cortinarius kuehneri
cratoneuron
Cratoneuron sp.
cratoneuron commutatum
Cratoneuron commutatum
laccaire des montagnes
Laccaria montana
Lecidea jurana
Lecidea jurana
mycène de l’aulne
Mycena alnetorum
mycène des cirses épineux
Hemimycena ochrogaleata
omphaline des ruisseaux
Omphalina rivulicola
peltigère aphteuse
Peltigera aphthosa
péniophore orangé
Peniophora aurantiaca
rhizocarpe géographique
Rhizocarpon geographicum
russule de Norvège
Russula norvegica
Stropharia merdaria
Stropharia merdaria
thamnolia en forme de ver
Thamnolia vermicularis
tricholome hémi-soufré
Tricholoma hemisulfureum
usnée filipendule
Usnea filipendula
xanthorie élégante
Xanthoria elegans
162 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
Nom patois
Nom français
Nom scientifique
achillée naine
Achillea nana
aconit paniculé
Aconitum variegatum ssp. paniculatum
aconit tue-loup
Aconitum vulparia
adénostyle à feuilles d’alliaire
Adenostyles alliariae
ail victoriale
Allium victorialis
airelle à petites feuilles
Vaccinium uliginosum ssp. microphyllum
airelle rouge
Vaccinium vitis-idaea
alchémille à cinq feuilles
Alchemilla pentaphylla
ancolie des Alpes
Aquilegia alpina
androsace alpine ou a. des Alpes
Androsace alpina
androsace helvétique ou a. suisse
Androsace helvetica
androsace pubescente
Androsace pubescens
arnica des montagnes
Arnica montana
arolle ou pin cembro
Pinus cembra
aulne vert ou arcosse
Alnus viridis
avoine de Seyne
Helictotrichon sedenense
azalée naine ou azalée des Alpes
Loiseleuria procumbens
benoîte des ruisseaux
Geum rivulare
benoîte rampante
Geum reptans
bouleau blanc
Betula pendula
brunelle vulgaire
Brunella vulgaris
camarine hermaphrodite
Empetrum nigrum ssp. hermaphroditum
campanule du mont Cenis
Campanula cenisia
centaurée uniflore
Centaurea uniflora
chardon bleu des Alpes
Eryngium alpinum
colchique
Colchicum sp.
crépide naine
Crepis pygmaea
crépide rhétique
Crepis rhaetica
cumin des prés
Carum carvi
dactyle aggloméré
Dactylis glomerata
dauphinelle douteuse
Delphinium dubium
dompte-venin officinal
Vincetoxicum hirundinaria
doradille noire
Asplenium trichomanes
doradille rue-des-murailles
Asplenium ruta-muraria
dracocéphale d’Autriche
Dracocephalum austriacum
dracocéphale de Ruysch
Dracocephalum ruyschiana
drave de Hoppe
Draba hoppeana
edelweiss ou étoile des neiges
Leontopodium alpinum
épicéa
Picea abies
épilobe de Fleicher
Epilobium fleischeri
épipogon sans feuilles
Epipogon aphyllum
éritriche nain
Eritrichum nanum
Nom patois
arrolle
tsardon blu
erell de la né
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 163
Annexes
PLANTES SUPÉRIEURES
Annexes
Nom français
Nom scientifique
fraise des bois
Fragaria vesca
framboise
Rubus idaeus
génépi (genépi) des glaciers
Artemisia glacialis
génépi (genépi) jaune ou g. femelle
Artemisia mutellina = A. umbelliformis
génépi (genépi) vrai ou g. mâle
Artemisia genipi
genévrier nain
Juniperus nana
gentiane acaule ou g. de Koch
Gentiana acaulis
gentiane croisette
Gentiana cruciata
gentiane de Clusius
Gentiana clusii
gentiane de Koch ou g. acaule
Gentiana acaulis
gentiane des neiges
Gentiana nivalis
gentiane jaune
Gentiana lutea
gentiane ponctuée
Gentiana punctata
gentiane pourpre
Gentiana purpurea
gentiane printanière
Gentiana verna
gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé
Gentiana utriculosa
géranium des bois
Geranium sylvaticum
grande berce
Heracleum spondylium
gymnadénie odorante
Gymnadenia odoratissima
gypsophile rampante
Gypsophila repens
hugueninie à feuilles de tanaisie
Hugueninia tanacetifolia
knautie blanchâtre
Knautia subcanescens
laîche bicolore
Carex bicolor
laîche brune
Carex nigra
laîche courbée
Carex curvula
laîche de Davall
Carex davalliana
laîche de Lachenal
Carex lachenalii
laîche faux pied-d’oiseau
Carex ornithopodioides
laîche fétide
Carex foetida
laîche maritime
Carex maritima
laîche rouge-noirâtre
Carex atrofuscae
laitue des Alpes
Cicerbita alpina
linaigrette à feuilles étroites
Eriophorum angustifolium
linaigrette de Scheuchzer
Eriophorum scheuchzeri
linaire des Alpes
Linaria alpina
linnée boréale
Linnaea borealis
lis martagon
Lilium martagon
lis orangé
Lilium croceum
lycopode des Alpes
Lycopodium (= Diphasiastrum) alpinum
mélampyre des bois
Melampyrum nemorosum
mélèze
Larix decidua
myrtille
Vaccinium myrtillus
nard raide
Nardus stricta
164 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
Nom patois
dzenepi
dzenrenne
cocouar
empou
Nom scientifique
orchis nain des Alpes ou chamorchis des Alpes
Chamorchis alpina
orpin à feuilles épaisses
Sedum dasyphyllum
ortie dioïque
Urtica dioica
oxalis petite oseille
Oxalis acetosella
panicaut champêtre
Eryngium campestre
pâturin des Alpes
Poa alpina
pédiculaire à bec en épi
Pedicularis rostrato-spicata
pédiculaire ascendante
Pedicularis ascendens
pédiculaire du mont Cenis
Pedicularis cenisia
pédiculaire feuillée
Pedicularis foliosa
pédiculaire rose ou p. d’Allionii
Pedicularis rosea
pédiculaire verticillée
Pedicularis verticillata
pensée éperonnée ou violette à éperon
Viola calcarata
pétasite paradoxal
Petasites paradoxus
petite pyrole
Pyrola minor
pigamon à feuilles d’ancolie
Thalictrum aquilegiifolium
pin à crochets
Pinus uncinata
pin cembro ou arolle
Pinus cembra
pissenlit
Taraxacum officinale
potentille blanc de neige
Potentilla nivea
prénanthe pourpre
Prenanthes purpurea
primevère à larges feuilles ou p. visqueuse
Primula latifolia
primevère hérissée
Primula hirsuta
pyrole à feuilles rondes
Pyrola rotundifolia
pyrole à une fleur
Moneses uniflora
pyrole intermédiaire
Pyrola media
pyrole verdâtre
Pyrola chlorantha
raisin d’ours commun ou busserolle
Arctostaphylos uva-ursi
renouée bistorte
Polygonum bistorta
rhapontique des Alpes
Stemmacantha rhapontica
rhododendron ferrugineux
Rhododendron ferrugineum
rosier
Rosa sp.
rumex des Alpes ou rhubarbe des moines
Rumex alpinus
sabot de Vénus
Cypripedium calceolus
sapin blanc ou s. pectiné
Abies alba
saule à dents courtes
Salix breviserrata
saule glauque
Salix glaucosericea
saule helvétique
Salix helvetica
saule herbacé
Salix herbacea
saule marsault ou s. des chèvres
Salix caprea
saxifrage à deux fleurs
Saxifraga biflora
saxifrage à feuilles rondes
Saxifraga rotundifolia
saxifrage bleuâtre
Saxifraga caesia
Nom patois
arrolle
lape
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 165
Annexes
Nom français
Annexes
Nom français
Nom scientifique
saxifrage des vaudois
Saxifraga valdensis
saxifrage fausse diapensie
Saxifraga diapensiodes
saxifrage fausse mousse
Saxifraga muscoides
saxifrage faux aïzoon
Saxifraga aizoides
seslérie bleuâtre
Sesleria caerulescens
silène de Suède
Silene suecisa
soldanelle des Alpes
Soldanella alpina
swertie vivace
Swertia perennis
thym serpolet
Thymus serpyllium
tozzie des Alpes
Tozzia alpina
trichophore cespiteux ou t. gazonnant
Trichophorum cespitosum
trisète jaunâtre
Trisetum flavescens
trolle d’Europe
Trollius europeus
valériane triséquée
Valeriana tripteris
vérâtre blanc ou hellébore blanc
Veratrum album
violette à feuilles pennées ou v. pennée
Viola pinnata
Nom patois
Faune vertébrée AMPHIBIENS Nom français
Nom scientifique
Nom patois
crapaud commun
Bufo bufo
rnoï
grenouille rousse
Rana temporaria
salamandre tachetée
Salamandra salamandra
triton alpestre
Triturus alpestris
MAMMIFÈRES Nom français
Nom scientifique
Nom patois
blaireau européen
Meles meles
techon
bouquetin des Alpes
Capra ibex
campagnol des champs
Microtus arvalis
campagnol des neiges
Microtus nivalis
cerf élaphe
Cervus elaphus
chamois
Rupicapra rupicapra
chevreuil
Capreolus capreolus
écureuil roux
Sciurus vulgaris
166 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
tsamoué verdzar
Martes foina
feina
hermine
Mustela erminea
morell
lérot
Elyomis quercinus
lièvre brun ou l. commun ou l. d’Europe Lepus capensis lièvre variable
Lepus timidus
marmotte alpine ou m. des Alpes
Marmotta marmotta
martre des pins
Martes martes
musaraigne carrelet
Sorex araneus
petit murin
Myotis blythi
petit rhinolophe
Rhinolophus hipposideros
pipistrelle commune ou p. d’Europe
Pipistrellus pipistrellus
renard roux
Vulpes vulpes
sanglier
Sus scrofa
taupe d’Europe
Talpa europaea
rannar darbon
OISEAUX Nom français
Nom scientifique
accenteur alpin
Prunella collaris
accenteur mouchet
Prunella modularis
aigle royal
Aquila chrysaetos
alouette des champs
Alauda arvensis
bec-croisé des sapins
Loxia curvirostra
bergeronnette des ruisseaux
Motacilla cinerea
bouvreuil pivoine
Pyrrhula pyrrhula
caille des blés
Coturnix coturnix
chevêchette d’Europe ou chouette chevêchette
Glaucidium passerinum
chocard à bec jaune
Pyrrhocorax graculus
chouette de Tengmalm ou nyctale de T.
Aegolius funereus
chouette hulotte
Strix aluco
cincle plongeur
Cinclus cinclus
faucon crécerelle
Falco subbuteo
faucon pèlerin
Falco peregrinus
fauvette des jardins
Sylvia borin
fauvette orphée
Sylvia hortensis
gélinotte des bois
Tetrastes bonasia
gobemouche gris
Muscicapa striata
grives
Turdus sp.
gypaète barbu
Gypaetus barbatus
hirondelle de fenêtre
Delichon urbica
hirondelle de rochers
Ptyonoprogne rupestris
lagopède alpin ou perdrix des neiges
Lagopus mutus
merle à plastron
Turdus torquatus
Nom patois
tsavie
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 167
Annexes
fouine
Annexes
merle de roche
Monticola saxatilis
merle noir
Turdus merula
mésange boréale
Parus montana
mésange charbonnière
Parus major
mésange huppée
Parus cristatus
mésange noire
Parus ater
moineau domestique
Passer domesticus
musaraigne carrelet
Sorex araneus
niverolle alpine
Montifringilla nivalis
perdrix bartavelle
Alectoris graeca
pic épeiche
Dendrocopos major
pic noir
Dryocopus martius
pinson des arbres
Fringilla coelebs
pipit spioncelle
Anthus spinoletta
rougequeue noir
Phoenicurus ochruros
rousserolle verderolle
Acrocephalus palustris
sizerin flammé
Carduelis flammea
tarier des prés ou traquet tarier
Saxicola rubetra
tétras-lyre ou petit coq de bruyère
Tetrao tetrix
tichodrome échelette
Tichodroma muraria
traquet motteux
Oenanthe oenanthe
POISSONS Nom français
Nom scientifique
chabot
Cottus gobio
omble chevalier
Salvelinus alpinus
Nom patois
omble de fontaine ou saumon de fontaine Salvelinus fontanilis truite arc-en-ciel
Oncorhynchus mykiss
truite fario ou truite de rivière
Salmo trutta fario
REPTILES Nom français
Nom scientifique
coronelle lisse
Coronella austriaca
lézard des murailles
Podarcis muralis
lézard vert
Lacerta viridis
lézard vivipare
Lacerta vivipara
orvet
Anguis fragilis
vipère aspic
Vipera aspis
168 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise
Nom patois
lezar
sarpe
Annexes
Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français
Nom scientifique
azuré de la canneberge
Vaccinia optilete
azuré de l’oxytropide
Polyommatus eros
azuré des soldanelles
Agriades glandon
azuré du serpolet
Maculinea arion
belle dame
Vanessa cardui
chamoisé des glaciers
Oeneis glacialis
cuivré flamboyant
Palaeochrysophanus hippothoe
damier de la succise
Euphydryas aurinia
damier de l’alchémille
Euphydryas cynthia
damier rouge ou damier du chèvrefeuille
Euphydryas intermedia
grand apollon
Parnassius apollo
grand nacré
Argynnis aglaja
machaon
Papilio machaon
moiré fauve
Erebia mnestra
moiré lancéolé
Erebia alberganus
némusien ou ariane
Lasiommata maera
petit apollon
Parnassius phoebus
petite tortue
Aglais urticae
protée ou azuré des mouillères
Maculinea alcon
semi appolon
Parnassius mnemosyne
solitaire
Colias palaeno
vulcain
Vanessa atalanta
Nom patois
INSECTES : ODONATES Nom français
Nom scientifique
æschne des joncs
Aeschna juncea
Nom patois
INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français
Nom scientifique
Nom patois
criquet des pâtures
Chorthippus parallelus
sottere
grande sauterelle verte
Tettigonia viridissima
œdipode rouge
Oedipoda germanica
œdipode turquoise
Oedipoda caerulescens
Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 169
Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l’aide d’un groupe de travail : Marie-Thérèse Blosser, Louis Eyvrard, Thierry Lombard, Véronique Maitre, Thierry Thomas, Bernard Vion, Claude Vion Commune de Pralognan-la-Vanoise • Daniel Gérardin - Office national des Forêts • Alain Déteix, Benjamin Plumecocq, Céline Rutten, Clotilde Sagot - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Danièle Granger-Cuq - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Irène Girard, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Bruno Bletton - Chambre d’Agriculture de la Savoie • Manuel Bouron, Emmanuelle Saunier, Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Michel Savourey - Entomologiste • Maurice Durand - Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne • Cyrille Deliry - GRPLS • Philippe Gaudry - Centre Régional de la Propriété Forestière de Savoie. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Pralognan-la-Vanoise : Nicolas Bayard, Philippe Benoît, Joël Blanchemain, Michel Bouche, Marie-Geneviève Bourgeois, Daniel Briotet, Christophe Chamonal, Jeannette Chavoutier, Marc Corail, Robert Cote, Thierry Delahaye, Hélène Durand, Louis Eyvrard, Pierre Gensac, Daniel Gérardin, Christophe Gotti, Danièle Bonnevie, Ludovic Imberdis, Pascal Jarige, Laurence Jullian, Pascal Langer, Sandrine Lemmet, Claude Lepape, Maurice Mollard, Karine Moussiegt, Philippe Pellicier, Benjamin Plumecocq, Joseph Ratel, Céline Rutten, Clotilde Sagot, Gérard Sarrazin, Michel Savourey, secteur de Sainte Foy, secteur de Val d’Isère, Agnès Vivat, Claude Vion, Lise Wlérick. Financement : Conseil Général de la Savoie • Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Julien Lefèvre, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Virginie Bourgoin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio - Grenoble (Isère) Mise en page intérieure : Tribu - Saint-Baldoph (Savoie) - Tél. : 04 79 68 97 60 Photos de couverture : - Première de couverture : PNV - Alexandre Garnier - Quatrième de couverture :
Grand apollon PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Dracocéphale d’Autriche PNV - Michel Delmas
Bouquetin des Alpes PNV - Maurice Mollard
Saxifrage fausse diapensie PNV - Christophe Gotti
Gentiane jaune PNV - Philippe Benoît
Linnée boréale PNV - Philippe Benoît
Cincle plongeur PNV - Maurice Mollard
Chardon bleu des Alpes PNV - Christophe Gotti
Grenouille rousse PNV - Patrick Folliet
Impression : Couleurs Montagne - Saint-Baldoph (Savoie) – Tél. : 04 79 28 62 50 - Courriel : couleurs-montagne@wanadoo.fr
Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-18-2 Dépôt légal : 4e trimestre 2005
Avec le concours financier de :