Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise

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Découvrir le patrimoine naturel de PRALOGNAN-LA-VANOISE


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent au territoire son identité et son caractère. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Pralognan-la-Vanoise s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire La commune est au cœur du Parc national de la Vanoise, et en est sa principale porte d’entrée. L’alpinisme se pratique depuis 1860, date à laquelle la Grande Casse, sommet de la Savoie, fut vaincue. Depuis, nous sommes un des principaux lieux des Alpes pour la pratique de la randonnée glaciaire. Le village a été classé station climatique en 1916 et est devenu une station de sports d’hiver en 1937 avec son 1er téléski. Pralognan-la-Vanoise préserve 100% de son territoire (Parc national de la Vanoise, réserve biologique domaniale du Petit Mont Blanc, Natura 2000, Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Floristique et Faunistique…). Notre commune comporte un ensemble de sites remarquables d’une grande sensibilité biologique et paysagère. Vous allez découvrir à l’aide de cet ouvrage une partie de ce patrimoine naturel. Nos “Anciens” ont modelé ce territoire, ils ont su s’approprier cet espace et le partager avec une flore et une faune exceptionnelles. Grâce aux mesures générales de protection, la population de grands mammifères a progressé et les rapaces sont de plus en plus visibles. Les oiseaux ont largement profité de ces mesures. Nous pouvons en être fiers. Certaines populations ont augmenté dans de fortes proportions et risquent de poser des problèmes de cohabitation avec d’autres espèces sauvages ou domestiques. Elles pourraient avoir une influence négative sur la présence et la répartition spatiale d’espèces végétales. Le pastoralisme qui a façonné notre paysage et entretenu nos prés de fauche est en régression, la friche gagne du terrain. En collaboration avec le Parc national de la Vanoise et le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, en partenariat avec les agriculteurs, l’Office National des Forêts et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, nous avons la charge de ce patrimoine et nous devons gérer au mieux l’équilibre entre les espèces. Notre présence est donc aujourd’hui plus indispensable que jamais. Les enjeux des années à venir sont clairs dans l’esprit des pralognanais qui souhaitent vous ouvrir les portes de leur territoire et mieux vous le faire découvrir. Le pastoralisme, l’exploitation de la forêt, la chasse, la pêche, le tourisme… ont tous leur propre rôle à jouer pour que les générations futures bénéficient de cet héritage naturel. Nous espérons que cet ouvrage contribuera à la bonne transmission de cet héritage. Nous vous souhaitons d’heureuses randonnées et de nombreuses découvertes.

Thierry THOMAS, Maire de Pralognan-la-Vanoise


Sommaire

* A télécharger sur parcnational-vanoise.fr

Préface Le mot du Maire

Présentation - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

* *

Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Pralognan-la-Vanoise Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie

* *

Préliminaires Fiche-milieu n°1 : Fiche-milieu n°2 : Fiche-milieu n°3 : Fiche-milieu n°4 : Fiche-milieu n°5 : Fiche-milieu n°6 : Fiche-milieu n°7 : Fiche-milieu n°8 : Fiche-milieu n°9 : Fiche-milieu n°10 : Fiche-milieu n°11 : Conclusion

Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d’eau et les lacs Les zones humides d’altitude Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Les forêts de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses et les combes à neige Les éboulis et les moraines Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés

Regard sur quelques espèces

*

*

Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 : Fiche-espèce n°13 :

Le sabot de Vénus Le dracocéphale d’Autriche et le dracocéphale de Ruysch Le chardon bleu des Alpes La potentille blanc de neige La saxifrage fausse diapensie La linnée boréale Les génépis La gentiane jaune Le bouquetin des Alpes Le tichodrome échelette Le cincle plongeur La grenouille rousse Le damier rouge

* Annexes Lexique*

p. p.

1 3

p. p. p. p. p. p. p.

7 9 13 16 22 28 31

p. 37 p. 39 p. 40 p. 44 p. 51 p. 57 p. 65 p. 74 p. 81 p. 88 p. 97 p. 103 p. 110 p. 114 p. 119 p. 121 p. 124 p. 126 p. 129 p. 131 p. 133 p. 135 p. 137 p. 139 p. 142 p. 144 p. 146 p. 148

p. 151 p. 153 p. 156 p. 160 p. 162

Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation

Sommaire

Un aperçu général de la commune La commune de Pralognan-la-Vanoise en Savoie se situe dans la vallée de la Tarentaise, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets (pointe de Leschaux, pointe de la Grande Glière, la Grande Casse, col de la Vanoise, dôme de l’Arpont, col d’Aussois, col de Chavière, aiguille de Polset, col du Soufre, Petit mont Blanc, crêtes du mont Charvet) avec huit communes limitrophes : Planay, Champagny-en-Vanoise, Termignon, Aussois, Villarodin-Bourget, Modane, Les Allues et Saint-Bon-Tarentaise). Pralognan-la-Vanoise est rattachée administrativement au canton de Bozel. D’une surface de 10 638 hectares, Pralognan-la-Vanoise fait partie des communes de l’espace-Parc national de la Vanoise. Son territoire comprend 7 056 hectares en zone centrale du Parc, le reste se trouve inclus dans la zone périphérique.

Pralognan-la-Vanoise, commune du Parc national de la Vanoise

Géologie

Le site de Pralognan-la-Vanoise révèle un substrat géologique complexe, dont les structures résultent de l’évolution en

plusieurs étapes de la bordure de l’ancien océan alpin. Les plus vieilles roches observables sont des micaschistes et des gneiss, issus de l’évolution d’une chaîne de montagne qui a

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9


PNV - Christophe Gotti

Formation de gypse près du col du Soufre

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

révèlent l’environnement de leur dépôt : des terriers fossilisés de vers marins, d’âge triasique, témoignent en effet d’une plateforme de très faible profondeur d’eau à cette époque.

PNV - Ludovic Imberdis

Présentation

précédé la chaîne alpine. Ce socle ancien constitue les dômes de la Vanoise, recouverts aujourd’hui d’une calotte de glace, qui surplombent Pralognan (dômes de Chasseforêt, de l’Arpont, etc.). Largement érodés et pénéplanés, les vestiges de la première chaîne ont formé l’ossature de cette paléo-marge, encore nommée plateforme briançonnaise. Ils ont supporté toute la sédimentation qui a accompagné l’ouverture, puis l’expansion et enfin, la fermeture de l’océan alpin. Pendant 50 millions d’années (Ma), se déposent des sables de plage, des calcaires au large et du gypse dans les lagunes. Les calcaires forment aujourd’hui les Dents de la Portetta et tout l’ensemble allant du roc de la Valette au col de la Vanoise. Ils sont visibles au Grand Marchet, à Moriond et à l’aiguille de la Vanoise, et même dans le massif de la Grande Casse. Du roc de la Pêche au lac Blanc, certains de ces calcaires

Cristaux de quartz d’une roche au col du Génépy

Lors de la collision des plaques européenne et africaine, il y a 50 Ma environ, la plateforme, future Vanoise, est alors réduite plus de dix fois en longueur, pendant qu’elle prend de la hauteur par plissements et empilements successifs des roches. Les fortes pressions et températures ainsi engendrées entraînent des transformations au sein de ces roches, c’est le phénomène du métamorphisme. Ainsi, les calcaires sont métamorphisés en marbres (exemple à la Valette) ; les sables siliceux sont transformés en quartzites (Grande Glière, aiguille de Bochor, etc.). Le gypse, ductile, peut s’insinuer en grande quantité entre les ensembles de roches déformées ; il marque alors les chevauchements. Les massifs gypseux du Petit mont Blanc de Pralognan, le mont Charvet et de la dent du Villard soulignent ces accidents tectoniques. Portées en altitude, les roches forment le relief et sont alors soumises à l’érosion, causée principalement par les glaciers durant les deux derniers millions d’années.


Il

La commune se caractérise également par une forte amplitude altitudinale : d’environ 1 200 m (dans la vallée du Doron à l’entrée de la commune) à 3 855 m au sommet de la Grande Casse. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de trois étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un sous-étage nival.

PNV - Christophe Gotti

y a 15 000 ans environ, trois glaciers venaient confluer au-dessus du village actuel. L’un était issu de la vallée de Chavière, qui présente une forme typique de vallée en auge, les deux autres descendaient de chaque côté de l’aiguille de la Vanoise (lui donnant par usure sa forme effilée). Immédiatement en aval du cheflieu, ces glaciers se trouvèrent bloqués par le verrou de quartzite actuellement traversé par le Doron et la route. Ils passèrent par-dessus (imaginez le site de Pralognan sous quelque 800 m d’épaisseur de glace !) tout en creusant profondément en amont, laissant après leur retrait un lac glaciaire, comblé plus tard par des alluvions. Cette histoire géologique récente a façonné le territoire de la commune de plusieurs vallées glaciaires. Les vallons de la Glière et de l’Arcelin à l’est conduisent à Termignon par le col de la Vanoise, celui de Chavière au sud mène à Modane par le col de Chavière. À hauteur du village, ces vallées secondaires très étroites et encaissées cèdent la place à une large vallée à fond

plat, enclavée par un relief abrupt, où naît le Doron de Pralognan. Ce replat accueille le village et ses principaux hameaux ainsi que le plateau agricole. Il se situe au pied de plusieurs sommets : le mont Bochor (2 023 m d’altitude) au nord-est, le Grand Marchet (2 651 m) et la Valette (2 603 m) au sud-est et l’aiguille de Mey (2 867 m) à l’ouest. La Grande Casse, le plus haut sommet de la commune est également le point culminant du massif de la Vanoise et du département de la Savoie. Cette montagne sédimentaire culmine à 3 855 m d’altitude à l’est, en limite communale avec Champagny-enVanoise et Termignon.

Pointe de la Grande Casse

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11

Présentation

Morphologie de Pralognan-la-Vanoise


Présentation

L’habitat

La population

Lors

du dernier recensement (1999), Pralognan-la-Vanoise comptait 765 habitants, soit 131 personnes de plus qu’en 1982. La population croît progressivement depuis les années 1960, principalement en raison du développement du tourisme (plus de 44 % en près de 40 ans).

PNV - Christophe Gotti

Le territoire montagnard de la commune est particulièrement hostile à l’occupation humaine, en dehors du fond de vallée plat où est installé le chef-lieu et de certains piémonts en rive droite du Doron. Autrefois composé d’”éléments bâtis” bien distincts, le paysage urbain de Pralognan-laVanoise se caractérise aujourd’hui par : - le village-station, - les hameaux principaux qui font l’extension du chef-lieu : le Barioz, le Grand Couloir, les Darbelays, les Granges, le Plan et Isertan, - les hameaux secondaires qui ne forment pas d’unité urbaine avec le village : la Croix et les Bieux, - les hameaux d’alpage accessibles uniquement à la fonte des neiges : les Fontanettes, les Prioux, la Chollière et les Ruelles, - des chalets d’alpage isolés : chalets de Ritort, Chapendu, la Montagne, la Motte, Montaimont, etc.

L’existence de tant de hameaux, autrefois isolés, traduit le souci de nos ancêtres de respecter l’équilibre entre l’espace bâti et les ressources naturelles disponibles. Chaque hameau restait d’une taille constante, et quand la population locale était telle que le territoire qui la faisait vivre ne pouvait plus l’accueillir, un nouveau hameau était créé.

Le Plan. Vue sur le grand Marchet et le dôme des Sonnailles

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Dimension économique Unique activité économique jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’agriculture a été supplantée par l’activité touristique au cours du siècle passé.

L’agriculture

Les vaches laitières représentent l’essentiel du cheptel bovin. Pralognan-la-Vanoise se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée Beaufort. Le lait est collecté par la coopérative de Moûtiers, ou transformé sur place en fromages (Tomme et Beaufort), ainsi qu’en sérac et en yaourt.

Au dernier recensement agricole de 2000,

En 2000, la surface agricole utilisée représentait 648 hectares de terre. Cette partie hors alpage est essentiellement constituée de prairies naturelles, fauchées et/ou pâturées. Il existe plusieurs alpages à Pralognan-laVanoise : alpages de Bochor, de la Glière, des Nants, de Montaimont, de Rosoire, de Ritort, de la Motte, de Chapendu, des Prioux et de Chollière. Ils représentent une surface de plus de 1 500 hectares. L’activité agricole est basée sur l’élevage. Le cheptel ovin représente une quarantaine de brebis en 2003, auxquelles s’ajoute un troupeau transhumant de 200 à 300 têtes. Le cheptel bovin (vaches allaitantes, vaches laitières et génisses) compte environ 60 têtes.

PNV - Christophe Gotti

Pralognan-la-Vanoise comptait neuf exploitations agricoles, soit une exploitation de moins qu’en 1988.

Fabrication de Beaufort à l’alpage de Ritort

PNV - Alexandre Garnier

Des troupeaux transhumants (environ 150 vaches laitières et 130 génisses) provenant de lieux divers (sud de la France, Savoie, etc.) viennent chaque été aux alpages de Rosoire, de la Motte, de Ritort et de la Glière. Seules les vaches sont gardées et conduites. Vache tarine (alpage de Ritort)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13

Présentation

Sommaire


La plupart des agriculteurs font de la vente directe de leurs produits laitiers. Aujourd’hui, la plupart des agriculteurs sont pluri-actifs et complètent leurs revenus agricoles par des activités liées au tourisme

Le tourisme

Les prémices du tourisme à Pralognan-laVanoise remontent à la fin du XIXe siècle avec la construction des premières bâtisses vouées à l’hébergement des visiteurs d’été. La construction du premier grand hôtel remonte à 1895.

La fréquentation des vacanciers est motivée en été par la qualité paysagère et naturelle du territoire communal, dont une grande partie est en zone centrale du Parc national. En hiver, ce sont ses domaines de ski alpin d’une part et nordique d’autre part qui attirent les visiteurs. Le nombre de lits touristiques s’élève à 8 100 environ, dont 1 400 en refuges et en campings, le reste en hôtels, centres de vacances, gîtes, appartements meublés, chambres d’hôte et résidences secondaires non louées. Les activités, principalement de plein air, proposées sur la commune sont diverses. Elles combinent la découverte des patrimoines naturel et culturel, les activités sportives d’été et d’hiver (lire liste des activités dans l’encadré). Outre l’office de tourisme qui informe les vacanciers sur les activités offertes, un ensemble de professionnels du tourisme permet d’organiser ces activités : guides de haute montagne, accompagnateurs en moyenne montagne, moniteurs de ski, etc. Des sentiers de randonnée balisés sillonnent le territoire de la commune sur 250 km et facilitent la pratique de la marche, dont le GR®55, itinéraire emprunté par la Grande Traversée des Alpes, qui traverse Pralognan-la-Vanoise, depuis le col de Chavière jusqu’au col de la Vanoise.

PNV - Christophe Gotti

Gare supérieure du téléphérique du mont Bochor

De nos jours, l’économie de Pralognan-laVanoise est entièrement dépendante de l’activité touristique. Plus de 95 % des actifs de la commune travaillent dans ce secteur d’activités, caractérisé par une double saison, estivale et hivernale, avec des pointes de fréquentation en février et de mi-juillet à mi-août. La population peut atteindre près de 9 000 habitants.

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Christophe Gotti

Présentation

Un éleveur pralognanais possède un troupeau d’environ 70 chèvres laitières dont le lait sert à produire de la Tomme et du sérac

Chemin du col de la Vanoise, depuis la Glière


Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise, - sentier découverte du mont Bochor, - sentier nature du Bois de la Glière.

Découverte du patrimoine culturel : - déferlante francophone hivernale, - forum du goût et de la tradition culinaire en Tarentaise.

Activités sportives d’été : -

équitation, VTT, tennis, piscine, patinoire, parc des sports, promenade, randonnées en montagne, alpinisme, escalade (école d’escalade et parcours de bloc), via ferrata, parapente, parcours accro-branche “écureuil”.

Et sports d’hiver : - ski alpin, de fond et de randonnée, - randonnée en raquettes et pédestre (sentiers balisés hivernaux), - cascade de glace, chiens de traîneaux, patinoire, piscine.

L’industrie

Électricité

de France est présente à Pralognan-la-Vanoise par plusieurs prises d’eau mises en place sur les affluents du

Doron de Pralognan. Ces prises d’eau successives alimentent la centrale électrique du Villard du Planay. Quatre autres prises d’eau privées sont aménagées sur les cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise. Deux d’entre elles sont couplées à une petite centrale électrique permettant la production d’électricité privée sur le territoire de la commune.

PNV - Alexandre Garnier

Autres

Les autres activités économiques sont liées Barrage et prise d’eau EDF du Pont du Diable

d’une part aux commerces et d’autre part aux petites entreprises artisanales.

Les milieux naturels sans équipement touristique sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale de Pralognan-la-Vanoise repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité de ces activités dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

ACTIVITÉS TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DE PRALOGNAN-LA-VANOISE


Présentation

Sommaire

Paysages de Pralognan-la-Vanoise

PNV - Christophe Gotti

Présentation photographique des grands types de milieux

Vue du chef-lieu depuis la forêt d’Isertan

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Alexandre Garnier

Le grand Marchet et son cirque (versant sud)

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PNV - Christophe Gotti

Présentation

La vallée de Chavière depuis Rosoire

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Christophe Gotti

Vue du lac des Assiettes et des glaciers de la Vanoise depuis l’aiguille de la Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19


PNV - Christophe Gotti

PrĂŠsentation

Le col de Napremont et, en arrière plan, la Grande Casse

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation Le hameau de la Croix vu depuis le couloir des Portes PNV - Christophe Gotti

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21


Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Pralognan-la-Vanoise, mais à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Pralognan-la-Vanoise. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons

flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir les statistiques suivantes : On dénombre actuellement à Pralognan-laVanoise 31 espèces de plantes protégées. Huit d’entre elles, auxquelles s’ajoute une espèce non protégée, présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France. Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires”, en terme de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Pralognan-la-Vanoise compte : - près de 30 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise. - 25 % des plantes “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans l’espaceParc, soit une sur quatre.

En

Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés, même en l’absence de sol. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

Plantes rares et menacées

Si l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la

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PNV - Philippe Benoît

Présentation

Sommaire

Linnée boréale


Sabot de Vénus

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Joël Blanchemain

- la gentiane utriculeuse, espèce protégée présente en France uniquement en Savoie (après avoir disparu des départements de la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin).

Chardon bleu des Alpes

Gentiane utriculeuse

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23

Présentation

- la crépide rhétique, espèce protégée, endémique* des Alpes et rare au niveau mondial, présente en France uniquement en Savoie, dans une dizaine de stations de Vanoise. - la violette à feuilles pennées, espèce protégée et rare en France dans les vallées internes des Alpes de Savoie, des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence. Elle est toujours très localisée et peu abondante. - le sabot de Vénus, espèce protégée, en régression en France en plaine ou à basse altitude.

PNV - Philippe Benoît

Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - la drave de Hoppe, espèce vulnérable endémique* des Alpes, présente en France uniquement en Savoie (Termignon, Bessans, Pralognan-la-Vanoise et Val d’Isère). - le dracocéphale d’Autriche, espèce protégée présente en France dans cinq départements alpins, disparue des Pyrénées-Orientales et existant en Savoie uniquement à Bessans, Lanslebourg-Mont-Cenis, Lanslevillard et Pralognan-la-Vanoise, sur deux stations. - la linnée boréale, espèce protégée, très rare, disparue des autres départements alpins. Elle est présente en France, uniquement dans quatre communes de Tarentaise (Pralognan-la-Vanoise, Tignes, Les Allues et Champagny-en-Vanoise) et une commune du massif des Bauges. - le chardon bleu des Alpes, espèce protégée, présente en France dans l’Ain, la HauteSavoie, la Savoie, l’Isère, les HautesAlpes et les Alpes-de-Haute-Provence.


Présentation

Sensibilités floristiques du territoire communal de Pralognan-la-Vanoise - Observations de 1956 à 2004

Commentaire : La valeur patrimoniale de chaque espèce végétale faisant l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national a été caractérisée par une “note”. Celle-ci tient compte entre autres : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. L’intérêt floristique, calculé dans chaque maille, correspond à la somme de ces notes. En d’autres termes, plus le nombre d’espèces recensées dans une maille est important et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique est fort.

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole. Les mailles blanches correspondent à des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée. La répartition par type d’habitat* des 45 plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise (voir la liste de ces plantes en annexe) met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) :


Présentation PNV - Philippe Benoît

- dans les pelouses et les combes à neige (15 espèces) - dans les éboulis et les rochers (17 espèces) - dans l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies (9 espèces) - dans les forêts (7 espèces) - dans les zones humides et le long des torrents (7 espèces) - dans les landes et les buissons de saules d’altitude (5 espèces).

Edelweiss

Plantes symboliques

Le patrimoine floristique de Pralognan-la-

PNV - Christophe Gotti

Vanoise englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, - le chardon bleu des Alpes, etc.

Ancolie des Alpes

PNV - Michel Filliol

PNV - Michel Bouche

Certaines d’entre elles sont aussi protégées (ex. : l’ancolie des Alpes, le sabot de Vénus).

Lis martagon

Gentiane printanière

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25


-

Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

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consommées crues ou en confiture, les baies de rosiers ou cynorrhodons en confiture également, le pissenlit, dont on utilise les fleurs en confiture et les feuilles en salade, la gentiane jaune et les génépis ramassés pour faire respectivement de l’alcool et de la liqueur, le thym serpolet utilisé en cuisine comme aromate.

L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Pralognan-laVanoise. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). D’autre part, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.

PNV - Michel Delmas

Les plantes à usage pastoral

Oxalis petite oseille

Les plantes à usage alimentaire Parmi ces plantes, certains habitants de Pralognan-la-Vanoise cueillent : - l’oxalis petite oseille dont les feuilles sont consommées crues en salade, - les myrtilles, framboises et fraises des bois, ainsi que les baies de l’airelle rouge,

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Christophe Gotti

Présentation

Plantes utilisées par l’homme

Fraise des bois


Les plantes toxiques

PNV - jacques Perrier

Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, les aconits paniculé et tue-loup, la colchique, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune, mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées. Pissenlit

PNV - Michel Delmas

Les plantes à usage culturel et touristique

Génépi vrai

Les plantes à usage médicinal Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. À partir de la macération des fleurs d’arnica des montagnes, on faisait et fait encore une huile de massage pour soulager les contusions. Les maux de gorge et la toux étaient calmés grâce à des infusions de pensée éperonnée. Le thym serpolet servait à apaiser les troubles digestifs et respiratoires. Les tisanes de génépi, connues pour leur effet de tonique cardiaque, permettaient de soigner ou prévenir la grippe. La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd’hui, à Pralognan-la-Vanoise, la

Il existe depuis quelques années à Pralognan-la-Vanoise, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les accompagnateurs et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à plusieurs formules : - des séjours et des sorties thématiques concernant l’utilisation des plantes, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne, - la semaine culturelle, à travers des sorties de terrain consacrées au patrimoine naturel, etc. Cet usage est en plein développement. Il répond à la demande des touristes ou des habitants, curieux de mieux connaître la nature qui les entoure.

Les plantes à autres usages Le bois d’arolle était choisi pour la fabrication d’armoires de grenier, du fait de ses caractéristiques anti-mites. Ce bois sert aussi à la sculpture. Les arbres et les usages qui en découlent constituent une tradition forte à Pralognan-la-Vanoise et, si aujourd’hui les revenus de la sylviculture permettent tout au plus de financer la gestion de la forêt communale, ils constituaient autrefois une ressource importante.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27

Présentation

plupart de ces espèces ne sont plus utilisées ou le sont de façon très marginale.


Présentation

Sommaire

Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Pralognan-la-Vanoise, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons. Ainsi, plus de 144 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 53 % des espèces présentes dans l’espace-Parc et 35 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Pralognan-la-Vanoise se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée

le campagnol des neiges, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que musaraigne carrelet, renard, blaireau, fouine, écureuil, lièvre brun, sanglier, cerf, chevreuil sont aussi présentes.

Parmi

la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés (bouquetin, chamois), des chauves-souris, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

Les mammifères

PNV - Philippe Benoît

PNV - Jean-Paul Ferbayre

Parmi les 28 espèces de mammifères (soit 46 % des espèces présentes dans l’espaceParc), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles la marmotte alpine,

Marmotte des Alpes

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Chamois


Pralognan-la-Vanoise compte pas moins de 76 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 122 présentes dans l’espace-Parc. 35 autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm, le chocard à bec jaune, la niverolle, le tichodrome échelette,

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, cinq sont répertoriées à Pralognan-la-Vanoise ; trois espèces de lézards : lézards vivipare, des murailles et l’orvet et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la coronelle lisse.

Aigle royal

PNV - Louis Bantin

PNV - Christian Balais

Orvet

Lézard vivipare

Les amphibiens Trois espèces d’amphibiens ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : le crapaud commun, la grenouille rousse observée jusqu’à plus de 2 500 m d’altitude et le triton alpestre.

PNV - Joël Blanchemain

PNV - Jean-Paul Ferbayre

- parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Pralognan-la-Vanoise, différents passereaux : les mésanges (boréale, huppée, noire, charbonnière), le bouvreuil pivoine, le bec-croisé des sapins, etc.

Mésange charbonnière

Crapaud commun

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29

Présentation

Les reptiles

PNV - Joël Blanchemain

Les oiseaux


Présentation

Les poissons

manière incomplète) à Pralognan-la-Vanoise, telles que le criquet des pâtures, l’œdipode turquoise, l’œdipode rouge et la grande sauterelle verte.

Cinq espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise : la truite de rivière ou truite fario, la truite arc-en-ciel, l’omble chevalier, l’omble de fontaine et le chabot. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les quatre autres ont été introduites.

23 espèces d’odonate (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans l’espace-Parc. Sur la commune de Pralognan-la-Vanoise, une seule espèce d’odonate a été observée de façon certaine, l’aeschne des joncs.

Faune invertébrée

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

la-Vanoise, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances. Les lépidoptères (ou papillons) représentent 584 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, soit près de 60 % des espèces connues en Savoie, dont 110 papillons de jour et 474 papillons de nuit. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le grand nacré. Sept d’entre elles sont protégées : le grand apollon, le petit apollon et le semi apollon, le solitaire, le damier de la succise, l’azuré du serpolet et le protée.

Machaon

Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 54 espèces connues dans l’espace-Parc, 21 ont été inventoriées (de

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Joël Blanchemain

Parmi la faune invertébrée de Pralognan-

Grande sauterelle verte


Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 hectares. Près de 53 000 hectares sont classés en zone centrale, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend la zone périphérique du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en

continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale. Pralognan-la-Vanoise est l’une de ces 28 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans l’espace-Parc. La zone protégée, ou zone centrale, concerne 66,3 % de la surface de la commune, elle est située sur toute la frange orientale et méridionale du territoire communal. Les 33,7 % restants se trouvent dans la zone périphérique.

Parc national de la Vanoise à Pralognan-la-Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31

Présentation

Sommaire


Présentation

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces protégées et dites “déterminantes”. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des seuils d’effectifs d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces

inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.

Les ZNIEFF Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315)

Les ZICO ZNIEFF de type 1 : - Massif du rocher de Villeneuve (n°73150007) - Vallon de Chavière (n°7315 0017) - Forêts et alpages de l’Orgère au col de Chavière (n°73150020) - Col de la Vanoise (n°73150045) - Mont Bochor (n°73150046) et de manière plus anecdotique : - Montagnes de la Petite et de la Grande Val (n°73150018) - Vallon du Fruit (73150048)

Une partie du territoire de Pralognan-laVanoise est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Elle englobe presque l’ensemble de la zone périphérique du Parc national de la Vanoise et s’étend aussi en zone centrale dans le centre et le sud de la commune ; l’ensemble de ce territoire a été désigné du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de 15 espèces, dont l’aigle royal, le faucon pèlerin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm et la chevêchette d’Europe.

Délimitation de la ZICO “Parc national de la Vanoise” à Pralognan-la-Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

Sur l’ensemble du territoire communal de Pralognan-la-Vanoise, plusieurs ZNIEFF ont été inventoriées :


habitat* rare et intéressant, où sont présentes deux espèces de plantes patrimoniales : la laîche bicolore et la laîche maritime.

Une mise à jour des connaissances sur les tourbières de Rhône-Alpes, au travers d’inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coordonné par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, ce travail a porté sur les tourbières d’une superficie de plus d’un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d’une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au plan international, d’autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d’un plan d’action national visant à préserver ces milieux. À Pralognan-la-Vanoise, cet inventaire a conduit à l’identification d’un site intitulé “marais du vallon de l’Arcelin” (n°73TA16). Situé en zone centrale du Parc national de la Vanoise, il s’agit d’une tourbière de 2,6 hectares, assise sur un petit replat bordant le ruisseau de l’Arcelin, sous le col de la Vanoise. Celle-ci est composée de pelouses riveraines arctico-alpines*, un

Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a entrepris un travail global sur les marais et tourbières de la zone centrale du Parc. Il comporte une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail qui a été conduit entre 2001 et 2003, va être étendu à partir de 2005 à toute la zone périphérique du Parc. Dans le cadre de cet inventaire, 26 zones humides ont été inventoriées sur le territoire communal (zone centrale).

Zonage NATURA 2000

Les

directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de

PNV - Jacques Perrier

Présentation

Inventaires des tourbières et des zones humides

Laîche bicolore

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation Délimitation du zonage Natura 2000 à Pralognan-la-Vanoise

certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les mesures prises à ce titre doivent assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures prennent en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au

titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”. La commune de Pralognan-la-Vanoise est concernée par le site Natura 2000 : “Massif de la Vanoise”, qui, sur Pralognan-la-Vanoise, couvre l’ensemble de la zone centrale du Parc national, ainsi que 200 hectares situés vers les Diés - les Saulces, du fait de la présence de stations de chardon bleu. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire, spécifiques des Alpes du Nord Françaises (pelouses riveraines arctico-alpines* et chardon bleu par exemple). Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’état en 1998.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35


Sites inscrits

À Pralognan-la-Vanoise, de nombreux sites, tels que la cascade de la Fraîche, les hameaux de la Croix et des Fontanettes, sont inscrits à l’inventaire des sites présentant un intérêt général du point de vue scientifique, historique, pittoresque, etc.

Réserve biologique domaniale du Petit mont Blanc

L es

réserves biologiques domaniales concernent les milieux forestiers riches, rares ou fragiles. Le secteur du Petit mont Blanc a été classé en réserve biologique domaniale par arrêté ministériel le 25 octobre 1999. Il se caractérise par une forte valeur patrimoniale, liée à la diversité des habitats remarquables qu’il présente, ainsi qu’à la richesse floristique (319 espèces végétales recensées dont 11 espèces protégées) et faunistique du site.

PNV - Christophe Gotti

Les objectifs du gestionnaire (l’ONF) sont de maintenir à long terme la richesse du milieu naturel et de garantir sa pérennité, de faciliter un suivi scientifique et technique et d’entreprendre des actions de sensibilisation du public.

La cascade de la Fraîche, un site inscrit

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°1

Préliminaire Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Pralognan-la-Vanoise font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (telles que les lisières forestières, la zone de combat située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 39


Le village, les hameaux et leurs abords

PNV - Alexandre Garnier

Maison ancienne au Barioz

Cette

fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. L’habitat pralognanais, organisé principalement en rive droite du Doron, répond à plusieurs types architecturaux différents, témoignant de l’histoire de la commune. L’architecture récente s’inspire souvent de l’architecture traditionnelle (murs en pierre et façade sous pignon en bardage bois, toit à deux pans asymétriques avec une couverture en tuiles de bois (tavaillons) et en lauzes, balcons en bois. Les constructions des années 1930 à 1970 se démarquent du reste par leur style. Il s’agit le plus souvent de maisons à murs en parpaings recouverts de crépi ou d’un bardage en bois, à toiture à un seul pan, ou deux pans symétriques, ou encore plusieurs pans, etc. On trouve, par

40 - Les milieux naturels, des lieux de vie

exemple, des constructions des années 1930 relativement hautes et cubiques avec de nombreuses ouvertures et des toits à plus de deux pans et des logements collectifs des années 1980 avec de nombreuses boiseries en façades. Les zones d’habitation incluent également des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n°1

Sommaire

Jardin potager


Lichens et champignons

Facilement

reconnaissable à sa couleur rouge orangé vif, la xanthorie élégante forme des ronds incrustés* tant sur les pierres des constructions que sur les rochers en montagne. Cette espèce de lichen nitrophile se développe avant tout sur les rochers, en présence de guano d’oiseaux. Aux abords des chalets d’alpage, le rare et discret mycène des cirses épineux pousse dans les reposoirs où vit sa plante nourricière.

Flore

Les

plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présent classiquement sur les murets en pierre, l’orpin à feuilles épaisses est une petite plante à fleurs blanches, capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante “grasse” est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau. La flore exubérante des reposoirs à bestiaux, comme le rumex des Alpes ou rhubarbe des moines et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste

Faune

Sans

être forcément la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. Outre la présence “classique” de certaines espèces d’oiseaux (l’hirondelle de fenêtre qui niche sous le balcon de la mairie, le rougequeue noir, le merle noir, la mésange charbonnière, le moineau domestique ou encore le gobemouche gris), de reptiles (le lézard des murailles) et de mammifères (la taupe, le renard, la fouine, le lérot), le village et ses abords bénéficient de la présence d’espèces protégées telles les chauves-souris. Par exemple, la pipistrelle commune ou pipistrelle d’Europe, fait partie des chauves-souris les plus anthropophiles. Elle ne pèse pas plus de 8 g et sa taille minuscule lui donne la possibilité de se glisser dans des interstices ne dépassant pas 10 mm de largeur.

Belle dame

Des papillons tels que la petite tortue, le vulcain et la belle dame, viennent profiter

Les milieux naturels, des lieux de vie - 41

Fiche-milieu n°1

À proximité des bâtiments d’élevage anciens et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que le rumex des Alpes.

qui se développe sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, la végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir des décennies après que les troupeaux ont déserté le site. C’est le cas aux abords des chalets de Montaimont et de la Motte.

PNV - Michel Delmas

des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, notamment des insectes, des oiseaux et des petits mammifères.


Fiche-milieu n°1

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Yves Brugière

Le village constitue le cadre de vie collectif de l’ensemble des habitants de Pralognanla-Vanoise. Ce lieu de vie pour les hommes fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.

Dans un arbé, pierres plates où l’on mettait le fromage en presse

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort. Pralognan-la-Vanoise compte d’ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre, comme la chapelle inscrite du Barioz,

42 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

des ressources qu’offrent encore les jardins en automne, période où la nature ne peut assurer leur subsistance (fleurs et fruits de jardin, etc.). Tous ne périront pas aux premiers gels, certains seront partis vers le sud, d’autres hiberneront dans les combles et les granges.

Bâtiment ancien au hameau de la Croix

et plusieurs hameaux (le Barioz, les Bieux, les Fontanettes) bénéficient du statut de sites inscrits à l’inventaire des sites pour leur intérêt général du point de vue historique et pittoresque. Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que les doradilles noire et rue-des-murailles. Au sein de la faune, les chauves-souris (comme la pipistrelle commune) en particulier leur confèrent une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet


PNV - Alexandre Garnier

Jardin en fleurs

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Cet abandon est aussi lié au problème d’indivision lors de successions qui concernent un grand nombre d’héritiers pour un bien unique. Toutefois ce problème a tendance à s’estomper. De plus, l’avènement du tourisme a fait fleurir des bâtiments très volumineux dont l’architecture est radicalement différente, voire étrangère au style traditionnel des vallées de Vanoise. Certaines granges sont aussi réaménagées en appartements. Du fait de l’évolution du paysage urbain de Pralognan-la-Vanoise, certains hameaux initialement bien individualisés sont aujourd’hui jointifs et forment l’extension urbaine du chef-lieu (le Barioz, le Plan, les Darbelays). Malgré le manque d’espace d’urbanisation lié aux contraintes de topographie et aux risques naturels, certains espaces encore non urbanisés pourraient laisser place à une densification du bâti. Toutefois, dans le souci de maintenir

le grand espace de fauche situé sur le Plateau, ce secteur a été classé en zone agricole non constructible dans les documents d’urbanisme de la commune. De nombreuses constructions anciennes de Pralognan-la-Vanoise sont rachetées et restaurées. Or, la restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit rhinolophe. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage.

Propositions de gestion Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre Ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc.). L’utilisation de techniques biologiques pour la culture des fleurs, légumes et autres plantes des jardins est préférable aux traitements chimiques qui ont un impact négatif sur la faune et la flore.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 43

Fiche-milieu n°1

un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles.


Les cours d’eau et les lacs

du réseau hydrographique qui draine le territoire de Pralognan-la-Vanoise : le Doron de Pralognan et le Doron de Chavière, leurs affluents (torrent de la Glière, etc.), ainsi que leurs bancs de graviers et les berges boisées. La dynamique du Doron conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion.

PNV - Christophe Gotti

Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et

Cascade du cirque du Grand Marchet

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°2

Sommaire

Lac Blanc de Polset (au fond, le col du Soufre)

44 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replat, des alluvions moins grossières se déposent autour du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’implanter. Ponctuellement, le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saule marsault et d’aulne vert, adaptés aux conditions de sol fréquemment détrempé et capables de résister aux fortes perturbations mécaniques. Ils permettent la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères et le bouleau. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. On le rencontre notamment le long du Doron de Chavière à hauteur du hameau des Prioux.

La strate herbacée y est localement développée avec le populage des marais, les pétasites. Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Pralognan-la-Vanoise compte six lacs de dimensions remarquables (lac Blanc de Polset, lac de la Valette, lac de la Patinoire, lac des Vaches, lac Long et lacs des Eaux Noires). Ces plans d’eau naturels s’échelonnent entre 2 400 et 2 750 m d’altitude (mis à part le lac glaciaire du col du Pelve à 3 043 m d’altitude). Aucun d’entre eux n’est végétalisé. Le lac des Assiettes est un lac asséché.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 45


La ripisylve abrite différentes espèces d’arbres pionniers tels que l’aulne vert et le saule marsault ou saule des chèvres, un arbuste fréquent aux abords des cours d’eau. Les bancs de graviers sont colonisés par des plantes pionnières telles que l’épilobe de Fleischer. Celle-ci est caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais se développe aussi sur les éboulis et les moraines.

L’omphaline

des ruisseaux est un petit champignon à chapeau brun rougeâtre qui pousse communément sur les mousses et la terre humide des bords de ruisseaux et des sources. Il est présent à Pralognan-laVanoise dans la partie supérieure du ruisseau de l’Arcelin, au lac des Vaches, etc.

Flore

Le

En revanche, les bancs de graviers humides sont colonisés par des plantes adaptées aux substrats instables comme le pétasite paradoxal qui forme un tapis très dense vers le pont de Chollière.

PNV - Félix Grosset

fort courant des ruisseaux et torrents de Pralognan-la-Vanoise n’autorise pas le développement d’une végétation aquatique. En revanche, les bords de ruisseaux sont riches en mousses de différents genres : Aulacomnium, Cratoneuron et Calliergon. Le Cratoneuron commutatum, petite mousse des berges de ruisseau, souvent immergées, est une espèce répandue jusqu’à 2 500 m d’altitude, sur calcaire.

Épilobe de Fleischer

Espèce arctico-alpine*, la laîche maritime est typique des alluvions sablonneuses. Connue en France seulement dans les départements de Savoie et des HautesAlpes, cette espèce protégée et rare pousse très localement au bord des ruisseaux et des sources en altitude, comme par exemple à proximité du ruisseau exutoire du lac des Vaches.

PNV - Louis Bantin

Fiche-milieu n°2

Lichens et champignons

Pétasite paradoxal

46 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Parmi la strate herbacée, se trouve la pyrole à feuilles rondes, une plante aux feuilles brillantes, disposées en rosette basale. Assez commune dans les fourrés d’arbustes, sur sols frais à humides, elle


PNV - Philippe Benoît

L a bergeronnette des ruisseaux est étroitement inféodée aux eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et l’enneigement des ruisseaux d’altitude la délocalisent vers des cours d’eau de vallée. C’est une migratrice altitudinale. Typique des eaux courantes, le cincle plongeur est le seul passereau à s’immerger totalement dans les torrents pour prélever les larves d’insectes (comme les éphémères) dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l’eau. Il fréquente le Doron de Chavière vers les Prioux notamment et jusqu’à Ritort (lire la fiche-espèce n°11). Le triton alpestre fréquente les points d’eau uniquement pendant la période de reproduction. Espèce protégée et vulnérable en France, cet amphibien nocturne fréquente les eaux stagnantes. À Pralognan-laVanoise, il est connu notamment au hameau de la Montagne.

Laîche maritime

PNV - Michel Bouche

porte de nombreuses fleurs blanches en clochettes penchées, qui laissent dépasser le style. À Pralognan-la-Vanoise, on peut rencontrer cette espèce à Isertan. La benoîte des ruisseaux est une plante à fleurs penchées rose terne, qui pousse communément au bord des cours d’eau, en amont du bois de la Glière par exemple.

PNV - Philippe Benoît

Triton alpestre

Benoîte des ruisseaux

Le saumon de fontaine est une espèce d’eau froide qui fréquente les parties amont des cours d’eau, comme à Pralognan-laVanoise, le Doron de Chavière vers Ritort. D’origine nord-américaine, ce poisson de la famille des salmonidés a été introduit en France au XXe siècle . L’æschne des joncs est une grande libellule à l’abdomen bleu-vert rayé de noir qui fréquente les zones humides d’altitude. Ses

Les milieux naturels, des lieux de vie - 47

Fiche-milieu n°2

Faune


Fiche-milieu n°2

PNV - Christophe Gotti

larves, qui vivent dans les eaux stagnantes ensoleillées, ont une croissance lente et ne deviennent adultes qu’après trois ans environ, alors que deux ans leur suffisent à basse altitude. Elles se nourrissent d’insectes et également de têtards. C’est la seule espèce d’odonate connue à ce jour à Pralognan-laVanoise.

PNV - Michel Bouche

Lac de la Valette

Aeschne des joncs

Équilibre entre l’homme et son milieu

Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable, la pêche (à la truite notamment) et la production d’énergie hydraulique. Ce dernier usage se traduit concrètement par l’existence de quatre centrales électriques privées, dont deux servent à des refuges et des fermes, et trois captages EDF situés sur le Doron de Chavière et de la Glière et sur la cascade du Grand Marchet.

D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude de Pralognan-la-Vanoise présentent un intérêt agricole non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail (cas du lac Blanc, du lac des Eaux Noires et du lac de la Valette). L’eau est directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Les sources sont localement utilisées pour l’alimentation en eau de certains refuges et chalets d’alpage. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (voir la fiche-milieu sur les zones humides) et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage.

48 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Usages, intérêts économiques et représentations

Canons à neige à Pralognan-la-Vanoise

Pour développer la pêche, des empoissonnements sont réalisés. Un parcours de pêche à la mouche a été aménagé sur un bras du Doron de Chavière depuis Les Ruelles jusqu’aux Prioux.


Fiche-milieu n°2 PNV - Ludovic Imberdis

Parmi les autres usages, citons la pratique hivernale de la cascade de glace sur la cascade de la Valette. Les cours d’eau de la commune constituent des réservoirs d’eau naturels permettant d’alimenter les canons à neige. Pour répondre aux besoins en neige artificielle de la station de ski, l’eau est prélevée sur la conduite forcée de la micro-centrale de la Glière.

Le cirque du Grand Marchet et ses cascades

PNV - Christophe Gotti

Évolution et transformation du milieu

Prise d’eau des Barmettes dans le vallon de la Glière

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les cours d’eau et les lacs constituent une ressource indispensable pour l’homme et un élément attractif du paysage. La plupart des lacs de Pralognan-laVanoise sont accessibles grâce aux sentiers qui serpentent à travers le territoire communal. Avec les torrents et les cascades, ils constituent un des principaux buts de randonnée pour les touristes. Les intérêts biologiques de la ripisylve sont multiples : elle fournit refuges et lieu de nidification aux oiseaux et aux insectes. Elle offre à la faune sauvage un corridor abrité des prédateurs et des activités humaines lors de ses déplacements. Les poissons trouvent dans les cours d’eau de Pralognan-la-Vanoise une manne d’invertébrés pour se nourrir : éphémères, plécoptères, trichoptères* et des caches pour s’abriter.

Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. La gestion des effluents d’élevage ne pose pas de problème de pollution d’origine agricole à Pralognan-la-Vanoise. Quelques rejets peuvent avoir lieu ponctuellement, mais sans porter atteinte au milieu. La commune de Pralognan avait opté dès la moitié du XXe siècle pour la mise en place d’un réseau d’égoûts, processus d’assainissement performant à l’époque au regard du nombre d’habitants. Aujourd’hui, ce système n’est plus adapté au contexte local et aux variations saisonnières de la démographie. De ce fait, alors que la qualité de l’eau des ruisseaux est bonne en amont, elle se dégrade à hauteur du chef-lieu (au Plan), où ont lieu les rejets des eaux usées domestiques (après passage dans un bassin de décantation). Ces rejets peuvent dégrader durablement la qualité de l’eau du torrent et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49


Fiche-milieu n°2

L’évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation de zone humide. Ces lacs comblés n’en sont pas moins très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie).

Propositions de gestion

Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme et tous les êtres vivants, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse, même si elle paraît localement intarissable.

PNV - Christophe Gotti

La municipalité a travaillé sur le projet de rattachement des égoûts de Pralognan-laVanoise à la station d’épuration de Bozel. Le projet en est actuellement à la phase de

construction de la station d’épuration qui sera fonctionnelle en 2008. Pour Pralognan-la-Vanoise, ce nouveau système d’assainissement sera effectif en 2009. Ceci permettra d’arrêter le rejet des eaux usées directement dans le Doron de Pralognan et d’enrayer les principaux problèmes de pollution.

Lac de fonte à l’est du col de Chavière

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christophe Gotti

Les zones humides d’altitude

Zone humide aux Arollets d’En Haut

Les zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et des marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses,

qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (tels que les laîches) de petite taille.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51

Fiche-milieu n°3

Sommaire


52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°3

À Pralognan-la-Vanoise, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les plus fréquents à Pralognan-la-Vanoise et les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple dans le cirque du Petit Marchet, vers le col de la Vanoise entre le lac Long et le lac des Assiettes, vers Rosoire, etc. - les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall. Ils se situent notamment dans le cirque du Grand Marchet au col de la Vanoise et le long du Doron de Chavière autour de Ritort. Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant

Perte du ruisseau du lac de la Valette


Lichens et champignons

Fiche-milieu n°3 PNV - Rémy Barraud

Saxifrage faux aïzon

PNV - Maurice Mollard

du point de vue floristique : les groupements pionniers des bords de torrents alpins. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Les groupements pionniers des bords de torrents alpins se nomment Caricion bicolori-atrofuscae. Ce nom s’inspire de celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais : la laîche bicolore et la laîche rouge noirâtre Ce type de marais, rare à Pralognan-la-Vanoise, existe vers le lac des Vaches, ainsi que dans la partie supérieure du ruisseau de l’Arcelin.

L’arrhenia lobée est un petit champignon

Linaigrette à feuilles étroites

qui pousse dans les marais, fixé aux mousses humides. Il a un aspect de langue gélatineuse grise et présente, sur la face inférieure, des plis rappelant ceux des chanterelles.

acides, comme le marais surplombant les chalets de Montaimont, au Plan de la Sômaz. Plante à gros pompons cotonneux dressés, la linaigrette de Scheuchzer est caractéristique des stades pionniers des bords de lac, sur argile et limons. On rencontre une telle végétation acidophile au bord du lac des Eaux Noires, sous la pointe des Fonds.

Les plantes des zones humides doivent s’adapter à des conditions difficiles : sol asphyxiant, pauvreté minérale, gel hivernal. Assez fréquente, la saxifrage faux aïzoon, plante-hôte du petit apollon, croît typiquement près des sources, sur les rochers où suinte l’eau d’infiltration. Elle borde quasiment tous les ruisselets de Pralognan-la-Vanoise, tel que celui situé sous le pic de la Vieille Femme. La linaigrette à feuilles étroites et la laîche brune s’associent souvent pour former un groupement caractéristique des marais

PNV - Nathalie Tissot

Flore

Linaigrette de Scheuchzer

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53


PNV - Louis Bantin

Du fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses. La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. C’est un amphibien essentiellement terrestre qui gagne l’eau lors de la période de reproduction et, éventuellement, pour hiberner. C’est l’une des trois espèces d’amphibiens les plus répandues en Savoie, avec le crapaud commun et la salamandre tachetée. On la trouve à Pralognan-la-Vanoise jusqu’à 2 515 m sous les Eaux Noires (lire la fiche-espèce n°12).

La laîche de Davall est une plante vivace typique des marais alcalins. Elle pousse en touffes compactes. Elle caractérise plusieurs zones humides de Pralognan-laVanoise et notamment celles situées dans la vallée de Chavière autour de Ritort. La laîche bicolore est une plante discrète, typique des zones humides de bord de torrent. Cette herbe naine aux épis bicolores est une plante arctico-alpine* rare et protégée.

PNV - Patrick Folliet

Trichophore cespiteux

Grenouille rousse

Le lézard vivipare est un petit lézard dont l’habitat*, en montagne, se limite aux lieux humides. Il possède une coloration brune très variable avec, souvent, une raie longitudinale sombre au milieu du dos.

PNV - Christophe Gotti

PNV - Damien Hémeray

Fiche-milieu n°3

Faune

Le trichophore cespiteux est une herbe à tige lisse et cylindrique caractéristique d’un gazon dense, à fleurs très peu visibles. Il est commun dans les milieux humides, tels que les marais du Plan de la Sômaz et du Plan des Bôs.

Laîche bicolore

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Lézard vivipare


PNV - Jacques Perrier

Les milieux humides et aquatiques sont à la fois un milieu intéressant sur le plan biologique et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les zones humides participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants. L’ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques, la plupart sont vulnérables vis-à-vis des modifications du milieux engendrées par les activités humaines.

Petit apollon

Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Jacques Perrier

Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Seules trois des 26 zones humides inventoriées sur le territoire communal ne sont pas fréquentées par des troupeaux. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale.

Zone humide jouxtant le lac du Fond de Ritort

PNV - Alexandre Garnier

Équilibre entre l’homme et son milieu

Gouille et zone humide en rive gauche du doron de Chavière

Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la laîche bicolore et la laîche maritime confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi ces zones humides, les groupements pionniers des bords de torrents présentent l’intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d’espèces protégées de grande valeur, constitue une richesse naturelle importante de la commune. La Communauté européenne l’a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55

Fiche-milieu n°3

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Le petit apollon suit les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa chenille. C’est une espèce de papillon protégée.


La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Plus d’un tiers de ces zones a disparu ces 30 dernières années. Cette situation n’est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l’eau, ces disparitions de zones humides aggravent les effets des inondations en période de crues et accentuent les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. De nombreuses petites zones humides ont déjà disparu et la construction de retenues d’eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l’alimentation des canons à neige a entraîné en Vanoise l’immersion de milieux encore plus vastes. Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la flore des zones humides sont les mêmes que pour les milieux “cours d’eau et lacs” (voir fiche-milieu n°2). Le surpiétinement du bétail dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels risque d’endommager les milieux fragiles et d’en modifier la flore, du fait de la concentration des déjections. La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux national, régional et départemental. À Pralognan-la-Vanoise, les menaces d’origine anthropique sont variables d’un milieu humide à l’autre, selon l’intensité des usages pratiqués (et notamment le pâturage). D’après l’étude réalisée par le Parc national de la Vanoise (Quittard, 2004), les usages sont faibles sur 12 des marais inventoriés et d’intensité moyenne sur les 14 autres.

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n°3

Évolution et transformation du milieu

Déplacement de la machine à traire

Propositions de gestion À Pralognan-la-Vanoise, les menaces restent limitées. Aucune gestion particulière n’est donc à envisager à court terme, si ce n’est de prendre en compte systématiquement ces zones précieuses, dans le cadre de tout nouveau projet d’aménagement, afin d’en assurer la préservation et d’éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. L’aménagement de points d’abreuvement et l’organisation de l’accès des troupeaux domestiques permettraient d’éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire. Ponctuellement, la mise en défens de marais particuliers peut s’avérer nécessaire. De même, quand c’est possible, le choix de l’emplacement des machines à traire devrait tenir compte de la présence de zones humides à proximité, ceci afin d’éviter que le lessivage par les eaux de pluie ou l’écoulement direct des déjections animales et des effluents laitiers (eaux de lavage, etc.) ne génèrent des apports organiques répétés dans les zones humides voisines.


PNV - Alexandre Garnier

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

PNV - Alexandre Garnier

Prairie de fauche du Plateau

Végétation de prairie de fauche

Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison.

Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, elles se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57

Fiche Fiche-milieu milieux n°4

Sommaire


Fiche-milieu n°4

atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs.

aujourd’hui essentiellement les abords du chef-lieu : la Croix, les Prés des Granges, la rive droite du Doron de Pralognan, le Plateau, le Barioz et Chollière.

Lichens et champignons

Les champignons sont d’excellents décomÀ Pralognan-la-Vanoise, du fait des conditions écologiques environnantes, on ne rencontre qu’un type de prairies de fauche. Il s’agit des prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. Ces prairies de fauche occupent

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie

poseurs de la matière organique, dans les prés, ils participent à la décomposition du fumier tant que les apports restent modérés. Stropharia merdaria en est une bonne illustration. Ce petit champignon ocre pâle, à chapeau hémisphérique et long pied, se trouve sur bouses de vache jusqu’à 2 100 m d’altitude. À Pralognan-la-Vanoise, il a déjà été observé dans une pâture de la Motte.


Une prairie de fauche se caractérise par la

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre sont deux poacées typiques de la végétation des prairies grasses.

Ce cortège floristique s’accompagne aussi de différentes ombellifères telles que la grande berce, dont l’inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes qui y trouvent un nectar abondant. C’est aussi dans ces prairies de fauche fraîches que fleurit le trolle d’Europe, une plante assez commune en montagne, facilement reconnaissable à sa fleur en forme de boule jaune, ainsi que le cumin des prés aux fruits aromatiques.

PNV - Maurice Mollard

Trolle d’Europe

Trisète jaunâtre

PNV - Philippe Benoît

PNV - Christophe Gotti

Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. On y rencontre typiquement le géranium des bois et la renouée bistorte.

Parmi les plantes spectaculaires, le rhapontique des Alpes peut atteindre 1,2 m. C’est une espèce alpine européenne, rare et protégée. À Pralognan-la-Vanoise, elle est localisée par exemple dans le vallon de Chavière. Citons également la présence du chardon bleu dans les prairies fraîches et pentues dominant le pont du Diable (lire la fiche-espèce n°3).

Géranium des bois

Rhapontique des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59

Fiche-milieu n°4

Flore


Fiche-milieu n°4

Faune

observée dans les prairies qui jouxtent le hameau de la Croix. Elle se nourrit à 98 % de micro-mammifères (mulot, campagnols, etc.) qui fréquentent ces milieux.

À l’altitude où se trouvent les prairies de

PNV - Maurice Mollard

fauche de Pralognan-la-Vanoise, les deux espèces de lièvres (le lièvre brun et le lièvre variable) peuvent se rencontrer.

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Vipère aspic

Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Ceux-ci se remarquent par leur diversité et leur abondance. Les plus visibles sont les papillons de jour dont le damier de la succise, présent indifféremment dans les prairies de fauche sèches ou fraîches, le moiré lancéolé et le grand nacré.

PNV - Ludovic Imberdis

La caille des blés affectionne également la végétation herbacée haute des prairies de fauche. Ce galliforme remarquable présente la particularité d’avoir un cycle reproducteur tardif, incompatible avec une agriculture intensive. La modification des pratiques agricoles alliant drainage, fertilisation et fauche précoce, voire l’ensilage des herbages, a provoqué la raréfaction de cette espèce au niveau mondial. Une observation de caille des blés à Moriond, l’été 2005, confirme la présence de l’espèce à Pralognan-la-Vanoise. Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. C’est un prédateur de petits insectes, abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.). La vipère aspic peut être associée aux prairies de fauche, tant elle apprécie de se réfugier dans les murets en pierres qui les délimitent, ou dans les tas d’épierrement. À Pralognan-la-Vanoise, elle est fréquemment

PNV - Philippe Benoît

Lièvre brun

Grand nacré


des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. À Pralognan-la-Vanoise, les prairies de fauche sont traditionnellement coupées une fois par an. La fauche pratiquée au tracteur et à la moto-faucheuse s’échelonne dans le temps depuis la mi-juillet jusqu’au début du mois d’août. Ces prairies sont toutes pâturées en inter-saison. Des quantités modérées de fumier sont épandues sur l’ensemble des prairies de fauche. La fauche des prairies locales ne permet pas une autonomie complète en foin et nécessite un achat complémentaire de foin provenant de la Crau et de la Drôme. Les anciennes prairies de fauche abandonnées ne sont aujourd’hui pas toutes pâturées. En l’absence d’utilisation agricole, elles sont colonisées par les ligneux (bouleau blanc, épicéa, aulne vert).

Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Alexandre Garnier

Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part, elles représentent, pour les naturalistes, un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales et d’autre part, un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. La fauche des prairies locales permet d’augmenter l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage et de limiter l’achat de foin à l’extérieur.

L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produite. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Chaque prairie de fauche résulte du travail

PNV - Christophe Gotti

Prairie fauchée et meules de foin au Plan

Fauche aux Darbellays

Intérêts biologique et patrimonial du milieu La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux originaux d’un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61

Fiche-milieu n°4

Équilibre entre l’homme et son milieu


L’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère de surcroît à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et

aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (micro-mammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Les floraisons opulentes des prairies de fauche d’altitude ont aussi un intérêt paysager certain. Elles offrent au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. Les prairies sont d’autant plus fleuries que leur fauche est tardive. D’autre part, les moins fertilisées offrent au regard un plus large panel de couleurs. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés. Aujourd’hui abandonnées, les fenaisons d’altitude à Pralognan-la-Vanoise (prairies du mont Bochor et du mont Charvet par exemple) et les fameux “couloirs du foin” constituent un véritable patrimoine culturel et historique. Ces pratiques traditionnelles de fauche ont fait l’objet d’un film (Lapied, 1992). Le foin issu de la fauche des replats et des pentes dans les secteurs d’altitude

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n°4

La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. Une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, une fauche précoce, répétée dans le temps, diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés et la pollinisation par les insectes.

Rouleaux de foin près du hameau des Granges

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°4 PNV - Christophe Gotti

Épandage de fumier à Chollière

était stocké sur place, à l’abri dans les granges. Aux premières neiges et pendant un mois, les pralognanais se mobilisaient : le foin était roulé en balles de 150 kg et descendu dans les couloirs très pentus baptisés alors “couloirs du foin”.

Évolution et transformation du milieu Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement marquée en altitude. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 - 2 000 m. En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la

production de Beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC). À Pralognan-la-Vanoise, la fauche des prairies situées à plus de 1 800 - 2 000 m d’altitude a été progressivement abandonnée depuis 40 ans environ (prairies de fauche de la Montagne, des Saulces, du Bochor, des Diés, etc.). Certains de ces secteurs ne sont pas pâturés aujourd’hui (les Saulces) et sont envahis par les feuillus et donc perçus comme des friches au sens péjoratif du terme. Après un abandon d’une quarantaine d’années, la fauche des prairies des Diés a été reprise suite à la signature en 1997 d’une convention entre un agriculteur pralognanais et le Parc national de la Vanoise. Cette fauche couplée à un suivi scientifique a pour vocation le maintien de la population de chardon bleu présente sur ce secteur (lire la fiche-espèce n°3). Grands consommateurs d’espaces, l’urbanisation, mais aussi les infrastructures de transport et les aménagements de loisir, menacent souvent les prairies de fond de vallée. Ils font peser sur les derniers secteurs de fauche une pression foncière d’autant plus importante que l’activité

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63


ressource en eau et de préservation de la biodiversité. Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans le cadre d’un cahier des charges de mesures de type agri-environnemental. À titre d’exemple, la mesure “prairie de fauche” proposée lors de la dernière Opération Locale Agri-Environnementale de Maurienne (lancée à la fin des années 1990) a reçu un très bon accueil de la part des agriculteurs se traduisant par un fort taux d’adhésion. Ce type de mesures traduit la reconnaissance des caractéristiques de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son patrimoine écologique et paysager local. Elles consistent en l’octroi de primes contractualisées à la surface ou d’aides pour réduire les contraintes d’exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d’œuvre, etc.). Ces mesures peuvent prendre place dans le cadre de la mise en place des nouveaux programmes tels que les Contrats d’Agriculture Durable.

Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Le retour à des pratiques plus extensives sur certaines parcelles est donc souhaitable : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive, maintien de prairies de fauche “extensives”, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile. Afin de favoriser le maintien d’une faune prairiale, toute pratique de fauche lui permettant de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge - du centre vers la périphérie - si la forme de la parcelle le permet) est recommandée. Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes) de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. L’AOC Beaufort est une des démarches susceptibles de freiner l’abandon des prairies de fauche car les éleveurs, par le biais du cahier des charges, s’engagent à tendre vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°4

agricole a une tendance générale à régresser. À Pralognan-la-Vanoise, le Plateau accueille aujourd’hui la plus grande surface de fauche et constitue un des derniers espaces plats de la commune, qui pourrait être convoité par les constructeurs immobiliers. Toutefois, la commune a souhaité maintenir la vocation agricole du Plateau en le classant, dans ses documents d’urbanisme, “terrain agricole non constructible”.

Fauche d’une station de chardon bleu aux Saulces


Fiche-milieu n°5

Sommaire

PNV - Alexandre Garnier

Les forêts de conifères

Forêt d’Orgeval

À

l’image de la Vanoise, les forêts de Pralognan-la-Vanoise sont essentiellement résineuses. Elles occupent les deux versants de chacune des trois vallées (celles des Dorons de Pralognan et de Chavière, ainsi que celle du torrent de la Glière), constituant ainsi la “ceinture forestière” de la zone urbanisée de Pralognan. Ce couvert forestier s’étend sur plus de 1 000 hectares, depuis 1 200 m d’altitude jusqu’à 2 200 m au mont Chevrier. Il comprend une partie de la forêt domaniale du Petit mont Blanc et de la forêt communale de Pralognan, avec les bois de Pierra Crêpa, de Jettemont, de la Rossa, de la Chollière, des Flottes, de la Glière et du Creuset ainsi que la forêt d’Isertan. Les forêts pralognanaises sont des boisements mixtes composés de deux essences principales : l’épicéa (majoritaire) et le pin à crochet. D’autres essences telles que le sapin pectiné, le mélèze et le pin cembro sont également présentes, en mélange, avec les deux premières.

Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). À l’étage subalpin, on rencontre la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, à des sols maigres et des situations de crêtes. Elle prédomine sur calcaire et gypse. Elle s’étend sur 30 hectares environ, sur la rive droite du ruisseau des Prioux. Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d’épicéa. La pessière* fraîche couvre 283 hectares à Pralognan-la-Vanoise (ex. partie supérieure du bois de la Glière), contre 211 hectares de pessière* sèche (ex. au pied du bois des Flottes et du bois de la Glière).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65


Fiche-milieu n°5

Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Ludivic Imberdis

La sapinière-pessière occupe 221 hectares du territoire communal (ex. partie inférieure du bois de la Rossa et de la forêt d’Isertan), Le mélèze, également présent dans les pessières*, forme au subalpin supérieur les mélézeins (12 hectares au pied du Petit mont Blanc), au sous-bois clair et fleuri évoluant progressivement en cembraies*, ou des forêts mixtes avec le pin cembro, les cembraies-mélézeins. La cembraie couvre 82 hectares au total dont 70 hectares en versant d’ubac (ex. au pied du Petit Marchet) et le reste en adret (ex. à proximité du col du Golet).

Bois de Jettemont surplombant le hameau de La Croix


sol comme la peltigère aphteuse, ou sur les branches d’épicéas comme l’usnée filipendule, un lichen filamenteux, vert jaunâtre rencontré en forêt d’Isertan.

Flore

Arbre principal de l’étage montagnard en Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Pralognan-la-Vanoise. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’ouvrage (charpente, bardage, etc.). Après l’épicéa, le pin à crochets est l’essence la plus abondante. Il est répandu sur la masse de gypse de la colline de Chollière. C’est une espèce typiquement montagnarde, adaptée aux conditions climatiques contrastées de l’altitude. Ses aiguilles sont groupées par deux, les cônes sont petits et asymétriques.

Les peuplements de feuillus sont peu répandus et ne concernent qu’une faible surface à l’emplacement d’anciennes zones agricoles essentiellement (ex. aux Esserts entre le hameau de la Croix et le chef-lieu).

Lichens et champignons

Les

PNV - Alexandre Garnier

pessières* montagnardes gérées en futaies jardinées sont des milieux très riches en champignons, l’amanite tue-mouches en est un exemple représentatif. D’autres espèces sont, elles, strictement associées aux mélèzes. C’est le cas du bolet élégant, au chapeau très visqueux variant du marron foncé au jaune orangé et à la chair jaunâtre. Ce champignon comestible, à odeur agréable et saveur douce, accompagne systématiquement les mélèzes. Les forêts de conifères présentent une forte diversité de lichens, que l’on rencontre au

PNV - Christophe Gotti

Pin à crochets

Usnée

Le mélèze est la seule espèce de conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en ébénisterie. À Pralognan-la-Vanoise, le mélèze n’est pas présent naturellement ; il a été introduit au Petit mont Blanc et dans la forêt d’Isertan. La pinède sur gypse du Petit mont Blanc

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67

Fiche-milieu n°5

du mélézein, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière* subalpine, sous-bois à mélampyre des bois pour la sapinière-pessière du bois de Pierra Crêpa, sous-bois à genévrier nain et raisin d’ours pour la cembraie d’adret, rhododendron ferrugineux pour la cembraie d’Isertan, etc.


Fiche-milieu n°5

discrète à petites fleurs vertes et la pyrole intermédiaire.

accueille une flore typiquement calcicole* et notamment la gypsophile rampante, une espèce héliophile qui pousse à la faveur des sous-bois clairs de la pinède.

PNV - Patrick Folliet

Arbrisseau le plus répandu dans les pessières* d’ubac, la myrtille possède des fruits comestibles, souvent cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques et riches en provitamine A), ces fruits fournissent un colorant naturel violet. L’oxalis petite oseille, encore nommé pain-decoucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches. Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche. Ces deux espèces abondent dans la zone forestière d’Isertan affectée par l’ouragan en 1969.

PNV - Philippe Benoît

Mélèze

PNV - Jacques Perrier

Myrtille

Gypsophile rampamte

Espèce typique des forêts sèches, la pyrole à une fleur est une plante peu fréquente en Savoie. Elle se caractérise par son unique fleur blanche à l’extrémité de la tige et une rosette basale de feuilles rondes. D’autres pyroles fleurissent dans les forêts de Pralognan-la-Vanoise, dont deux sont protégées, la pyrole verdâtre, une plante très

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie

La forêt domaniale de Chollière accueille une autre espèce protégée des forêts, le sabot de Vénus (lire fiche-espèce n°1). À Pralognan-la-Vanoise, celui-ci pousse en sous-bois ouvert* de conifères (pin cembro, sapin et épicéa). Orchidée spectaculaire aux très grandes fleurs jaunes en forme de sabot, il est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale. Compte tenu de la relativement bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour sa conservation.


La mésange boréale est un oiseau nicheur sédentaire également très commun en milieu forestier à sous-bois dense. C’est un petit passereau à tête noire qui se distingue difficilement de la mésange nonnette, si ce n’est par son chant et ses cris. L’altitude est un facteur qui permet également de les identifier, car l’habitat* de la mésange nonnette ne s’étend guère au-dessus de 1 200 m d’altitude, alors que la mésange boréale est une espèce subalpine. Bien plus discrète et rare, la chevêchette d’Europe est répandue essentiellement dans la taïga de la zone boréale. Elle est considérée en France comme une relique* glaciaire. Elle fréquente la forêt d’épicéas de Chollière. Les deux autres rapaces nocturnes qui nichent sur la commune sont la chouette de Tengmalm, ou nyctale de Tengmalm, signalée vers le hameau des Granges et la chouette hulotte vers la Croix.

Faune pinson des arbres est un des oiseaux nicheurs les plus répandus dans les forêts de Pralognan-la-Vanoise, tous types de peuplements confondus. En plumage nuptial, le mâle arbore une couleur rouge brique sur la face et la poitrine, alors que sa calotte, sa nuque et la partie supérieure de son dos sont gris-vert. Il se nourrit d’invertébrés (chenilles) pendant la période de reproduction et de graines tombées à terre, le reste du temps.

PNV - Bruno Descaves

Le

PNV - Ludovic Imberdis

Chevêchette d’Europe

Pinson des arbres

Les pics jouent un rôle fondamental en forêt, en offrant des cavités de nidification à d’autres animaux cavernicoles, euxmêmes incapables de forer des trous. Avec leur bec puissant et aiguisé comme des ciseaux à bois, ils frappent vigoureusement sur le tronc des arbres malades, à la fois pour se nourrir et pour se créer une loge.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n°5

Commune dans les montagnes françaises, sur sols plutôt frais, la prénanthe pourpre fréquente surtout les forêts mixtes de l’étage montagnard et à Pralognan-la-Vanoise, la pessière* montagnarde d’Isertan. Pouvant atteindre 1,5 m de hauteur, cette grande plante arbore des fleurs violettes à purpurines à pétales en forme de languette. Également signalée dans la forêt d’Isertan, la linnée boréale, sous-arbrisseau rampant à feuilles persistantes, pousse dans les sousbois moussus des forêts de conifères fraîches peu exploitées. Cette plante protégée est rarissime dans les Alpes (voir la ficheespèce n°6). Elle n’est connue en France qu’en Savoie dans une petite dizaine de stations seulement. Elle a disparu de HauteSavoie dès le XIXe siècle, suite à des coupes forestières. Elle confère aux pessières* fraîches de la commune une très forte valeur patrimoniale.


PNV - Jean-Pierre Martinot

Fiche-milieu n°5

Pic épeiche

PNV - Didier Jalabert

Les forêts offrent un lieu d’accueil pour de nombreux autres mammifères même si elles ne sont pas leur seul habitat*. Le gîte diurne du chevreuil se trouve notamment sous le couvert forestier. Pour le chamois et le lièvre variable, les forêts offrent une zone d’hivernage très appréciée.

Les pics noir et épeiche sont nicheurs à Pralognan-la-Vanoise. Les cavités qu’ils percent constituent un refuge pour de nombreuses autres espèces d’oiseaux telles que les mésanges noire et charbonnière, les petites chouettes, mais aussi pour certains mammifères comme la martre. En effet, ce mustélidé aux mœurs crépusculaires et nocturnes est très adapté à la vie arboricole.

PNV - Sandrine Lemmet

Chouette hulotte

Chevreuil (brocard)

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Maurice Mollard

Usages, intérêts économiques et représentations

Pic noir

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie

La couverture forestière de Pralognan-laVanoise s’élève à environ 1 000 hectares sur la commune. La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l’Office National des Forêts. Cet organisme gère également la forêt


Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de loisirs, sportifs ou non, avec son réseau de pistes de ski de fond et alpin, ses pistes VTT, ses sentiers piétons (exemple : le sentier sur le thème des sens à la Glière), chemins de randonnées pédestres et raquettes, etc.

PNV - Maurice Mollard

Les objectifs de gestion de la forêt communale de Pralognan-la-Vanoise se résument, par ordre d’importance, à : - la protection physique des biens et des personnes contre les risques naturels (érosion du sol, ravinement, etc.) et la protection générale des milieux et des paysages, - l’accueil du public, - et la production ligneuse, dont l’affouage représente une partie conséquente (environ 120 foyers de Pralognan-la-Vanoise). L’ensemble de la forêt communale est exploitée, en futaie jardinée ; mais l’objectif de production de bois d’œuvre résineux ne concerne qu’une partie des peuplements. Dans les secteurs les plus productifs, la quantité de bois produite est estimée à 1 m3 par hectare et par an pour un volume de coupe correspondant en moyenne à 1 000 m3 par an. Les essences exploitées sont principalement l’épicéa et le sapin pectiné (construction, charpente) et en priorité les arbres scolytés et les chablis. La scierie communale occupe une place de premier rang pour l’écoulement du bois exploité. Le droit de chasse au sein de la forêt domaniale du Petit mont Blanc est loué à l’association locale des chasseurs.

Une activité pastorale existe encore aujourd’hui dans la forêt communale. Cette forêt, par les ressources qu’elle offre, est aussi le lieu de nombreuses cueillettes (champignons, baies et autres fruits : myrtilles, framboises, airelles rouges, fraises des bois) et de ramassage d’escargots (qui fait l’objet d’une réglementation).

Airelle rouge

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt patrimonial au niveau européen, que la Communauté européenne a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”. C’est une formation forestière rare en France, sa présence sur la colline de Chollière renforce l’intérêt biologique des forêts de Pralognan-la-Vanoise.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71

Fiche-milieu n°6

domaniale du Petit mont Blanc, propriété de l’État, qui représente une couverture forestière d’environ 40 hectares. Les surfaces de forêts privées sont faibles. Elles représentent 24 hectares pour 85 propriétaires et couvrent surtout les anciennes parcelles agricoles abandonnées.


Fiche-milieu n°5

La mosaïque de milieux particulièrement intéressante et la présence d’espèces remarquables telles que le chardon bleu et le sabot de Vénus, ont justifié le classement en réserve biologique domaniale d’une partie du versant en rive gauche de la vallée du Doron, en 2000. La particularité géologique du site (énorme masse de gypse creusée en entonnoirs) crée un paysage inédit.

D’autre part, ces forêts jouent un rôle positif de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles. Ce rôle de protection contre les risques naturels est aujourd’hui plus important que jamais avec l’augmentation des enjeux (accueil du public, etc.).

PNV - Patrick Folliet

Évolution et transformation du milieu

Raquetteurs au bois de Chollière

L’existence à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée, très gros bois, vieux arbres) est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent de nombreuses espèces végétales et animales, à haute valeur patrimoniale telles que la linnée boréale, le sabot de Vénus, la chouette de Tengmalm. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci.

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. Deux des parcelles forestières au Bochor et au mont Chevrier sont vierges de toute exploitation, ce qui est favorable à la faune forestière, et plus particulièrement aux espèces arboricoles (tels les pics et les chouettes) pour lesquelles la présence d’arbres creux est indispensable. Les terrains en pente forte où sont implantés certains boisements constituent également des refuges pour la faune et la flore contre les dérangements liés à la circulation motorisée et à la pratique du ski. En effet, outre la destruction de boisement pour l’aménagement de pistes de ski et de remontées mécaniques, le tourisme d’hiver affecte également la forêt du fait de la pratique du ski hors piste, qui a lui même un impact sur la régénération naturelle, les skis sectionnant le sommet des jeunes pousses. La randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.) peut provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. La création de pistes forestières facilite la fréquentation de zones jusque-là peu ou pas accessibles à l’homme. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés


Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Dès lors que l’exploitation forestière pratiquée permet l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, cela est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Cependant, il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Cela nécessite un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés.

Piste forestière de Rocher Blanc

D’autres facteurs peuvent affecter la forêt, notamment les risques naturels auxquels elle est exposée : avalanches, mini-tornades et glissements de terrain peuvent détruire des

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73

Fiche-milieu n°5

pans de forêts (à l’exemple de la mini-tornade de janvier 1969 qui a affecté la forêt d’Isertan, ou de l’avalanche du Dard qui a couché de nombreux arbres, à hauteur de 400 m3 de bois, lors de l’hiver 1970).

PNV - Alexandre Garnier

qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger permanent pour ces oiseaux. Le mitage progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. La création de toute nouvelle piste forestière augmente inévitablement la fréquentation humaine et motorisée, qui peut devenir difficilement contrôlable par la suite (VTT, raquettes, motos, etc.). Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression voire la disparition de certaines populations animales de tout un secteur. En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.


Fiche-milieu n°5

Sommaire

CPNS - Virginie Bourgoin

L’aulnaie verte et les mégaphorbiaies

PNV - Alexandre Garnier

Mégaphorbiaie aux Bévériers

Aulnaie verte entre Chapendu et Ritort

L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable. Elle peut former

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie

des grandes entités à strate arbustive quasiment mono-spécifique. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des


Fiche-milieu n°6 forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques, - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. À Pralognan-la-Vanoise, les aulnaies vertes forment de grandes zones continues en rive droite du Doron de Chavière depuis Ritort en amont jusqu’aux Prioux. On les rencontre également en mosaïque avec les forêts, dans les couloirs d’avalanche (au Creux de l’Ours, dans la forêt d’Isertan, dans le bois de la Rossa). Elles s’étendent de 1 700 m environ à près de 2 100 m d’altitude. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent.

Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie* atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mijournée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75


ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. Cet enrichissement du sol est en partie responsable de l’exubérance de la végétation associée.

Lichens et champignons

Les lichens ne sont pas abondants dans l’aulnaie verte, milieu assez fermé. En revanche, les champignons y présentent une grande originalité Certaines espèces sont spécifiquement liées à l’aulne vert. C’est le cas du cortinaire de Kühner, un petit champignon de 5 cm de hauteur, un peu visqueux de couleur pâle et à puissante odeur terreuse, et du mycène de l’aulne qui en exploite les grosses branches mortes. L’une comme l’autre apparaissent dès la fonte des neiges et participent à la dégradation de cette matière végétale morte. Les branches mortes de l’aulne vert sont souvent recouvertes par les fructifications de péniophore orangé. Ce champignon se présente sous forme de croûte rouge incarnat d’aspect grumeleux engainant les rameaux morts. Flore

Solidement

ancré au sol par un fort enracinement, l’aulne vert, encore appelé arcosse, possède des tiges très souples inclinées vers l’aval. Celles-ci se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir luimême le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°6

À Pralognan-la-Vanoise, on peut observer une végétation de mégaphorbiaie* sous les aulnes verts en rive droite du Doron de Chavière, à hauteur des Prioux et des Bévériers, ainsi qu’entre la Montagne et la Croix.

Aulne vert

Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes luxuriantes à l’abri d’un éclairement solaire trop intense. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Commune en Tarentaise et présente à Pralognan-laVanoise vers les Bévériers, elle porte des fleurs bleu violacé disposées en grappes plus ou moins allongées. Espèce typique des mégaphorbiaies* et autres lieux humides et ombragés, la saxifrage à feuilles rondes est facilement identifiable grâce à ses feuilles basales arrondies et dentées, ainsi qu’à ses fleurs étoilées à pétales blancs piquetés de points jaunes et rouges. On la rencontre notamment en mosaïque avec l’aulne vert le long de la route pastorale menant à Montaimont. Pouvant atteindre 1 m de hauteur, l’hugueninie à feuilles de tanaisie fait aussi partie de cette flore exubérante. Ses feuilles


PNV - Maurice Mollard

Aconit tue-loup

Parmi les espèces moins typiques, mais intéressantes car peu abondantes sur l’ensemble du Parc national de la Vanoise et très localisées, deux espèces d’aconit fleurissent parfois sous le couvert de l’aulnaie verte de Pralognan-la-Vanoise : l’aconit tue-loup (situé notamment entre les bosquets d’aulne vert situés dans le couloir d’avalanche sous le Pas de l’Âne) et l’aconit paniculé. La première porte des fleurs jaune pâle et la seconde des fleurs bleues panachées de vert. Elles sont toutes deux toxiques. Parmi les denses buissons d’aulne vert qui bordent longuement la route de la vallée de Chavière (vers les Prioux), poussent d’autres hautes herbes telles que le pigamon à

PNV - Louis Bantin

Saxifrage à feuilles rondes

Aconit paniculé

Faune

L’avifaune

de l’aulnaie verte se compose d’oiseaux forestiers présents également dans d’autres types de formations ligneuses ou herbacées hautes, certains sont cependant caractéristiques. Parmi celle-ci, l’accenteur mouchet en est

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77

Fiche-milieu n°6

feuilles d’ancolie, accompagnées d’espèces plus petites, mais classiques dans les mégaphorbiaies*, comme la valériane triséquée.

PNV - Ludovic Imberdis

inférieures sont très grandes et profondément divisées en huit à douze paires de segments dentés. Ses nombreuses fleurs jaunes réparties en grappes lâches au sommet de la tige, se remarquent au contact des bosquets d’aulne vert qui émergent dans les pentes herbeuses surplombant la forêt d’Isertan.


PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°6

Tétras-lyre (coq)

Difficilement pénétrable, l’aulnaie verte n’est fréquentée qu’occasionnellement par les gros oiseaux et les grands mammifères. Son couvert dense fournit un abri au tétras-lyre en dehors de la période de nidification, ainsi qu’à ses jeunes quand ils ne savent pas encore très bien voler. Il constitue également une remise de choix pour les chamois, les sangliers, les cerfs et les chevreuils qui viennent y chercher ombre et tranquillité, loin du dérangement humain.

Sizerin flammé

PNV - Philippe Benoît

PNV - Ludovic Imberdis

l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement la fauvette des jardins et la rousserolle verderolle, deux autres chanteurs émérites, cette dernière ayant la faculté d’imiter le chant d’autres espèces rencontrées au cours de ses migrations. Bien qu’il soit plus abondant dans les ripisylves à aulne blanc, le sizerin flammé, qui manifeste une nette préférence pour les boisements frais, feuillus ou résineux, est également présent dans l’aulnaie verte. Il en est de même pour le bouvreuil pivoine, dont le chant, aux tonalités douces et plaintives, ne porte pas très loin. La poitrine rose pivoine chez le mâle adulte, ainsi que sa calotte noire et son croupion blanc, le rendent facilement reconnaissable.

PNV - Christophe Gotti

Sanglier

Bouvreuil pivoine

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Papillon peu abondant en France et toujours localisé, le damier rouge ou damier du chèvrefeuille, fréquente les boisements clairs de l’aulnaie verte jusqu’à 2 000 m d’altitude. Cette espèce rare et remarquable n’est connue que de quinze localités en Savoie (voir la fiche-espèce n°13). La face supérieure de ses ailes est marquée par des


L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne.

Équilibre entre l’homme et son milieu

Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Aujourd’hui, en période d’alpage, un éleveur coupe des aulnes afin de s’en servir de combustible pour chauffer le sérac.

PNV - Alexandre Garnier

Usages, intérêts économiques et représentations

Ambiance sous l’aulnaie verte

PNV - Alexandre Garnier

La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines telles que la laitue des Alpes et l’hugueninie à feuilles de tanaisie.

Elles n’ont plus guère d’intérêt économique aujourd’hui. Cependant, sous le chalet d’alpage de Chapendu, l’aulnaie verte est encore actuellement pâturée par des chèvres, ce qui en limite l’extension. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux.

PNV - Alexandre Garnier

Aulnaie verte sous Montaimont

Laitue des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79

Fiche-milieu n°6

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

bandes brun rouge et fauve pâle, séparées par des taches noires. Les larges feuilles des plantes des mégaphorbiaies* servent de garde-manger à de nombreux petits coléoptères vert ou bleu métallique : les chrysomèles.


Fiche-milieu n°6

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui, quelles que soient les modifications physiques qui peuvent apparaître (dégâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert. En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales d’intérêt fourrager et biologique supérieur. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira donc par un appauvrissement de la biodiversité. À Pralognan-en-Vanoise, les surfaces en aulnaie verte (dite secondaire*) auraient plutôt tendance à augmenter aux dépens

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

des prairies anciennement fauchées ou pâturées. Aux Prioux, par exemple, l’actuelle aulnaie verte était un vaste pré pâturé par des génisses, il y a encore une quarantaine d’années. Pour autant, du fait des contraintes physiques, il n’y a pas d’extension de cette végétation au-dessus de 2 000 à 2 200 m d’altitude. La colonisation par les aulnes gagne vers les zones de plus basse altitude.

Propositions de gestion Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. Aux Diés, parallèlement à la fauche des prairies pour favoriser la population de chardon bleu, le Parc national de la Vanoise subventionne aussi l’agriculteur pour la réouverture du milieu (coupe et enlèvement des arcosses).


PNV - Alexandre Garnier

Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude

Lande à genévrier nain vers Napremont

par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses. On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations buissonnantes à saule glauque. Ces formations peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres. Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux

PNV - Alexandre Garniier

Ce sont des formations végétales dominées

Lande à rhododendron ferrugineux sous le col de Napremont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81

Fiche-milieu n°7

Sommaire


Fiche-milieu n°7

secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intraforestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord (dans le cirque du Génépy par exemple), sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées. La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et humides. Très sensible au gel et à la dessic-

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie

cation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. À Pralognan-la-Vanoise, ce type de lande se situe essentiellement sur le versant en face du hameau des Prioux, en mélange avec l’aulnaie verte. La lande à genévrier nain préfère les versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 500-2 700 m d’altitude, tels que les pentes qui se trouvent au-dessus du hameau des Granges, sous le col de Leschaux et au-delà du Bochor. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Plus haut apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la


La faible hauteur des landines à azalée naine crée des conditions d’éclairement favorables aux lichens. On y trouve notamment le brun lichen d’Islande, ou lichen des rennes, un lichen consommé en Scandinavie, par les rennes des lapons. Il est présent notamment sur le chemin qui mène du cirque de l’Arcelin aux chalets inférieurs. Plus original, le thamnolia en forme de ver, un lichen blanchâtre, se présente sous la forme d’agglomérats vermiformes. Flore

Les espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sous-arbrisseau buissonnant couché qui affectionne les stations où la neige persiste. Celle-ci produit des baies globuleuses noires. Ces deux espèces tapissent localement les pentes qui surplombent le plan de Sômaz, au-dessus de Montaimont.

Fiche-milieu n°7 Rhododendron ferrugineux

Adaptée aux conditions climatiques extrêmes des crêtes ventées, dégagées de neige en hiver, l’azalée naine, aux fleurs roses, ne dépasse guère 10 cm de hauteur. Elle est souvent associée à une flore lichénique. Elle est présente en particulier vers le col de la Valette. On rencontre plusieurs espèces de lycopodes dans les landes peu denses, dont le lycopode des Alpes, typique des landes d’altitude acides. C’est une petite plante qui pousse sur les zones de sol écorché en mélange avec l’azalée naine au pied du cirque du Petit Marchet, ou encore autour du lac de Chalet Clou. Cette plante arcticoalpine*, proche des fougères dans la classification des espèces, est en voie de raréfaction dans toute la France, ce qui lui vaut son statut d’espèce protégée.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Lichens et champignons

PNV - Jacques Perrier

landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures, comme celles surplombées par le petit Marchet, près du sentier pédestre. De nombreux lichens y sont associés.

Lycopode des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83


PNV - Christian Balais

Petite pyrole

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°7

La petite pyrole fait aussi partie de la flore herbacée de ces landes. De sa rosette de feuilles, se dresse une tige florifère portant de délicates fleurs blanc rosé en grappe. Elle a été observée sous l’aiguille de la Vanoise, dans les pentes exposées à l’ouest, vers 2 375 m d’altitude. Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en Haute-Savoie et dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’alpin. À Pralognan-laVanoise, il est présent en rive droite de Chavière, entre Ritort et les Bévériers. Autre espèce de saule protégée, le saule helvétique est un arbrisseau tortueux de montagne, dont les feuilles réunies au sommet des rameaux sont d’un vert sombre luisant dessus, poilues cotonneuses et de couleur blanchâtre sur leurs faces inférieures. Cette espèce ouest-européenne rare n’est présente en France que dans le Dauphiné et en Savoie. Elle pousse notamment dans les landes subalpines au sol humide à très humide.

Saule helvétique

Faune

Sous

nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat* naturel se limite à la zone de transition entre la limite supérieure de la forêt et les pelouses, entre 1 900 et 2 100 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins très divers au cours de l’année : zones dégagées pour les parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour l’alimentation des adultes et des jeunes, arbres à la fois comme perchoirs et comme ressources alimentaires (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement. À Pralognan-la-Vanoise, le tétras-lyre est particulièrement abondant dans la vallée de Chavière. Plus inféodé aux pelouses alpines et aux éboulis, le lagopède alpin trouve dans ces milieux, à la fois un refuge, un site propice à la reproduction et une source d’alimentation.


PNV - Christophe Gotti

Il n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Ainsi, la musaraigne carrelet et l’hermine, aux activités tant nocturnes que diurnes, peuvent y être observées. Le renard roux, qui investit des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu’il consomme nombre de rongeurs et autres petites proies, il s’alimente également des baies qu’il trouve dans ces landes en automne.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Lagopède alpin

Solitaire en accouplement

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Ludovic Imberdis

Usages, intérêts économiques et représentations

Hermine

D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. Autrefois, les landes et les forêts d’altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. La cueillette de baies reste une activité marginale.

PNV - Ludovic Imberdis

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Renardeau

On peut rencontrer dans les landes quelques espèces végétales protégées, telles que le lycopode des Alpes dont c’est l’unique habitat*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85

Fiche-milieu n°7

Du point de vue des reptiles, on n’y rencontre guère que la vipère aspic qui arbore parfois à ces altitudes une robe totalement noire, ainsi que le lézard vivipare qui y est régulier sans être abondant. Le solitaire et l’azuré de la canneberge sont pour leur part deux papillons de jour inféodés à ces landes pour leur reproduction. En effet, les œufs de ces deux espèces sont pondus sur les feuilles de l’airelle et de la myrtille, qui sont les plantes nourricières des chenilles.


Fiche-milieu n°7

La présence du saule glauque et du saule helvétique confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale. Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages montagnards. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilles rougissent l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’érosion, elles assurent la stabilité du manteau neigeux.

PNV - Rémy Barraud

Elles jouent un rôle de refuge pour certains animaux et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives)

qui se nourrissent de baies. Les landes à rhododendrons représentent un des éléments privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. La présence, dans ces landes, d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation.

PNV - Christophe Gotti

Saule glauque

Paysage de landes à l’automne dans la vallée de Chavière

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d’extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels). Sur Pralognan-la-Vanoise, certaines landes occupent aujourd’hui des zones qui étaient exploitées il y a moins d’un siècle. Aujourd’hui, la lande a tendance à s’étendre à Montaimont, mais son emprise diminue dans d’autres secteurs. Le ski hors piste et la pratique de la raquette occasionnent un dérangement important de la faune. Il en résulte une régression marquée des populations de tétras-lyre.

C’est la constatation qui a été faite autour du mont Bochor et l’association communale de chasse agréée a interdit le tir de ce gibier sur ce site. De plus, afin de réduire l’impact des câbles qui traversent les domaines vitaux des tétras-lyres et des autres espèces qui en sont victimes, la commune a fait équiper les câbles des remontées mécaniques d’un système de visualisation dans le secteur du Bochor.

Propositions de gestion Si la lande n’occupe qu’un faible territoire sur la commune et qu’elle n’est pas en phase d’extension, il est intéressant de la conserver, de par son intérêt faunistique (un des habitats* du tétras-lyre, zone de refuge, etc.) et paysager. Si la commune souhaite maintenir, à l’échelle de son territoire, un certain équilibre entre les landes et les pelouses à bonne valeur pastorale, cela suppose une gestion pastorale adéquate. En effet, il est plus intéressant d’un point de vue pastoral d’avoir des pelouses d’alpage et des landes bien distinctes, plutôt que des petits ilôts de landes au sein des alpages. La gestion par pâturage est alors plus efficace.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87

Fiche-milieu n°7

Évolution et transformation du milieu


Les pelouses et les combes à neige

PNV - Alexandre Garnier

Alpage et chalet à Ritort

Les pelouses correspondent à des formations herbacées qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. On distingue, dans cette fiche, les pelouses sèches d’adret, les pelouses d’altitude et les combes à neige. Les pelouses sèches s’étendent sur un territoire pentu au sol maigre et sec, sous le mont Bochor en l’occurrence. Elles se caractérisent par un tapis herbacé peu productif. En-dehors des graminées (ou poacées) dominant les pelouses sèches, s’épanouissent quelques plantes à fleurs colorées telles que la brunelle vulgaire, le thym serpolet et la centaurée uniflore. Les pelouses couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 700 m à Pralognan-laVanoise) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages.

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n°8

Sommaire

Pelouse d’altitude du vallon de Chavière


Fiche-milieu n°8 Ce milieu se définit plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. Leur diversité est due à la combinaison de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que le type d’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période

de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige, comme par exemple dans le cirque du Petit Marchet. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions ou bien sur les replats ou pentes faibles de haute altitude longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur des éléments fins pousse une pelouse particulière où sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Sur des éléments plus grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


Les

alpages présentent une flore mycologique originale. On y rencontre des espèces inconnues à basse altitude et d’autres, communes en plaine où elles vivent en association avec des arbres et qui montent jusqu’ici en s’associant avec des plantes herbacées. C’est le cas du bolet blafard, un habitué des bois de chênes qui vit ici en association avec des hélianthèmes. D’autres espèces sont plus strictement inféodées aux groupements à hélianthème, comme le tricholome hémi-soufré, qui pousse sur une pelouse à dryade vers la Motte. Il existe dans les combes à neige tout un cortège de champignons associés aux différentes espèces de saules rampants. Plus de 300 espèces typiques de ce milieu ont été recensées dont des lactaires, des cortinaires et des russules. La russule de Norvège, de couleur purpurine, en est un exemple typique. On la rencontre avec le saule herbacé sous la Réchasse par exemple, mais aussi du cirque du Petit Marchet au col du Tambour. Beaucoup de laccaires se plaisent dans les combes à neige. Le laccaire des montagnes, qui se développe dans l’ancien lit du glacier de l’Arcelin à 2 400 m d’altitude, est le plus purpurin de tous. Parmi les petits cortinaires à chapeau pointu et beau voile jaune, le cortinaire chrysomallus, est un des plus fidèles. Présent sous le col de Chavière, il est associé au saule herbacé et au polytric de Norvège.

présence de cette espèce protégée très rare, ainsi que celle de sa cousine - le dracocéphale de Ruysch - renforce l’intérêt floristique de ces pelouses (lire la fiche-espèce n°2). Le nard raide constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches. En-dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable.

PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°8

Lichens et champignons

Nard raide

Dans les pelouses calcaires bien exposées, qui couvrent par exemple la face sud du Petit Marchet, la graminée dominante est la seslérie bleuâtre. Ses feuilles fermes et planes forment des touffes d’où se dressent des épis allongés bleu violacé à l’état jeune.

Flore

On rencontre sur les adrets une flore adaptée à des conditions de sécheresse relative. Plante caractérique des pelouses rocailleuses très sèches, le dracocéphale d’Autriche trouve refuge dans les pelouses sèches de Pralognan-la-Vanoise. La

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les pelouses d’altitude sont le domaine des gentianes, gentiane de Koch, printanière, de Clusius, des neiges, etc. Parmi les espèces de grande taille, la gentiane pourpre et la gentiane ponctuée sont toutes deux fréquentes dans les pelouses acides au couvert dense. Cette dernière abonde particulièrement


Pédiculaire rose

Le pâturin des Alpes, graminée alpine commune, se rencontre souvent dans les pelouses grasses d’altitude. Il est très abondant au col de Chavière Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, est un arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut. Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu.

PNV - Ludovic Imberdis

La gentiane jaune, en revanche, est une plante des pelouses calcaires (lire la ficheespèce n°8). On peut l’observer notamment dans le pâturage qui surplombe le pont de la Pêche, au fond de la vallée de Chavière. Indifférente à la nature acide ou calcaire du substrat, la potentille blanc de neige affectionne surtout les pelouses écorchées des crêtes ventées, telles que celles situées aux abords du col de la Vanoise. Cette plante très rare n’est présente que dans quelques stations des Alpes de la Savoie et du Dauphiné (lire la fiche-espèce n°4).

PNV - Philippe Benoît

Seslérie bleuâtre

Les pelouses d’altitude de Pralognan-laVanoise accueillent aussi de nombreuses espèces de pédiculaires. La plupart d’entre elles sont typiques des pelouses calcaires :

PNV - Michel Delmas

Gentiane acaule

Soldanelle des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91

Fiche-milieu n°8

les pédiculaires rose, ascendante, verticillée, à bec en épi, feuillée, etc. Seule la pédiculaire du mont Cenis semble plus indifférente au substrat. Avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, cette espèce, bien présente en Vanoise, pousse dans les pelouses rocailleuses.

PNV - Philippe Benoît

dans les pelouses acides à laîche courbée près du ruisseau des Lauges, en aval du refuge de Péclet-Polset.


Fiche-milieu n°8

Niverolle alpine

Alors que les populations de plaine de l’alouette des champs sont cantonnées aux prairies et cultures, celles d’altitude sont inféodées aux seuls pâturages et alpages. C’est un oiseau des milieux très ouverts*, dépourvus d’arbres et de haies. La perdrix bartavelle fréquente les pâtures extensives ensoleillées et pentues où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux tels que Napremont, dont le relief est accidenté (barres rocheuses, éboulis), lui permettant ainsi de limiter les rencontres avec les prédateurs. Son chant évoque un claquement de castagnettes. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition.

PNV - Maurice Mollard

Typique des pelouses écorchées parsemées d’éboulis rocheux, en haute montagne, le lagopède alpin niche à même le sol, à l’abri d’un buisson et parfois sans aucune protection. Il fréquente aussi les landes alpines, principalement en versant nord, pour se nourrir de baies comme celles de la camarine hermaphrodite dont il est friand et en hiver de bourgeons dont ceux du rhododendron. Son plumage, dont la robe varie en fonction des saisons, lui permet de se camoufler aisément. En hiver, le lagopède est une perdrix blanche : les quelques plumes noires de la queue étant cachées au repos, les seuls points sombres qui le trahissent sont les yeux, le bec noir et la bande noire qui, chez le mâle, se situe entre l’œil et le bec. En été, son plumage panaché de brun gris mimétique fond le lagopède dans son environnement.

PNV - Christophe Gotti

Faune

Les couverts herbacés les plus ras d’où émergent des buttes constituent l’habitat* de prédilection du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs.

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Lagopède alpin

Perdrix bartavelle


PNV - Christophe Gotti

À la fois moins connu et plus discret, le campagnol des champs fréquente néanmoins ces pelouses d’altitude et trahit sa présence par les traces que laissent en surface ses galeries souterraines, après la fonte des neiges. À Pralognan-la-Vanoise, il a déjà été observé dans les pelouses situées sous le glacier de Gébroulaz. Les pelouses rocailleuses et les vires rocheuses des versants ensoleillés constituent un habitat* de choix pour le grand apollon,

PNV - Joël Blanchemain

Chamois sous le Vallonnet

Azuré des soldanelles

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93

Fiche-milieu n°8

un grand papillon blanc à taches noires avec plusieurs gros ocelles rouges ou orangés cerclés de noir sur l’aile postérieure. Cette espèce protégée des massifs montagneux est rare en France, bien que localement abondante dans les Alpes et les Pyrénées. Elle pond ses œufs sur les orpins ou les joubarbes. Les pentes abruptes couvertes de graminées constituent l’habitat* de prédilection du moiré fauve, un papillon de jour aux ailes fauves traversées d’une large bande orange. Comme le grand apollon, il fréquente les pelouses d’altitude dans le secteur du mont Bochor, par exemple. Localisé mais assez abondant dans les Alpes et les Pyrénées, l’azuré de l’oxytropide fréquente typiquement les prairies maigres et les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu clair brillant bordée de noir audessus et la femelle une couleur brun noir, pond ses œufs sur des feuilles d’oxytropide et de sainfoin des montagnes. Assez répandu et abondant dans les massifs internes des Alpes, l’azuré des soldanelles fréquente typiquement les pelouses et prairies de 1 600 à 2 700 m d’altitude, telles ques celles du mont Chevrier. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu-gris largement bordée de gris sombre au-dessus et la femelle une couleur brune, pond ses œufs sur des androsaces.

Les pelouses font également partie des habitats* de prédilection du chamois, du bouquetin des Alpes et de la marmotte, pour la ressource alimentaire qu’elles leur procurent. Cette dernière affectionne particulièrement les pelouses en mosaïque avec des éboulis partiellement stabilisés où elle peut trouver un refuge entre les blocs et y creuser des galeries. Elle se nourrit de grandes quantités de plantes (et surtout de leurs inflorescences) afin d’assurer son engraissement avant l’hibernation. À l’automne, on peut la voir transporter de grosses touffes de foin destinées à l’isolation de son terrier. Elle est largement répandue sur le territoire de Pralognan-la-Vanoise.


Fiche-milieu n°8

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Christophe Gotti

Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale.

Sentier traversant les pelouses d’altitude

Le territoire de Pralognan-la-Vanoise compte dix secteurs d’alpage depuis ceux du Bochor et de la Glière au nord, jusqu’à celui de Rosoire et de la Motte au sud de la commune (liste des alpages p.13). Ces pelouses d’altitude accueillent des troupeaux ovins et bovins.

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Usages, intérêts économiques et représentations

Pâturage bovin près du lac Blanc

Les pelouses d’altitude sont l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée (ou non), notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. Ce sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre, ils détiennent une valeur récréative pour les touristes. Les pelouses d’altitude font partie des milieux exploités pour l’aménagement des pistes de ski.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme l’orchis nain des Alpes ou la laîche de Lachenal) et


la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. Sur l’alpage de la Glière, par exemple, la diminution de la pression de pâturage, corrélative à la baisse du nombre de génisses inalpées, engendre le développement de la lande.

À partir des années 1960, on a assisté, à l’échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. Depuis la dernière guerre mondiale, la Tarentaise a assisté au déclin de la vie pastorale, accompagné de l’abandon de plusieurs alpages. Pralognan-la-Vanoise n’a pas fait exception à la règle, l’utilisation pastorale des pelouses d’altitude a régressé aussi. Cependant, depuis une dizaine d’années, la tendance s’inverse avec la remise en activité des deux plus gros secteurs d’alpage de la vallée de Chavière, tels que celui de Ritort, après 20 ans d’abandon. Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre

PNV - Patrick Folliet

Évolution et transformation du milieu

Jeune marmotte de l’année

À l’opposé, le surpâturage, ajouté au piétinement excessif du bétail, peut entraîner des phénomènes d’érosion qui menacent la qualité des alpages. De même, l’utilisation trop longue de certaines places de traite engendre le stationnement du bétail et donc l’enrichissement du milieu en éléments organiques azotés, avec pour conséquence une modification de la composition végétale initiale au profit d’une végétation de type reposoir (lire la fiche-milieu n°1) de faible valeur pastorale et floristique. C’est le cas par exemple à Ritort, où le développement excessif du rumex des Alpes incite l’agriculteur à procéder à des traitements chimiques des places de traite. Lorsqu’il est effectué, le rejet en quantité du lactosérum issu de la production du fromage, directement dans le milieu, entraîne lui aussi une modification de la flore et des pollutions locales du sol ou des eaux. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n°8

présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.). Certaines espèces de champignons ne sont présentes que dans les combes à neige. Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d’alpage. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter l’érosion.


Fiche-milieu n°8

pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Le nivellement des pistes de ski détruit le micro-relief et la végétation elle-même. Or, en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d’altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour retrouver le cortège floristique d’origine. Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d’altitude, même après une revégétalisation aujourd’hui maîtrisée.

Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de

Pralognan-la-Vanoise et conciliant les besoins de l’exploitation pastorale actuelle et le maintien de leur valeur pastorale et écologique. Un tel document est déjà rédigé pour l’alpage de Ritort ; c’est le seul qui existe actuellement. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé, afin d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire*, des oiseaux insectivores en particulier. Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui serait ainsi banalisée, même si un ré-engazonnement en atténue l’impact paysager. Contrairement aux pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

PNV - Yves Brugière

Des recherches sont en cours pour limiter l’impact négatif d’une surconcentration locale d’effluents. Ainsi, des dispositifs d’épuration du lactosérum par lombricompostage pourraient être mis en place en alpage en zone centrale du Parc, à l’échéance 2005. Pralognan-la-Vanoise participera, à l’avenir, à la mise en place d’un tel procédé en alpage. Vaches autour de la machine à traire

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christophe Gotti

Les éboulis et les moraines

Moraines du glacier de la Grande Casse et lac Long, vues de la Séchette

Les

éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation. Ils représentent une surface importante à Pralognan-la-Vanoise. Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance gel-dégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble.

Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’évolution de la végétation et l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97

Fiche-milieu n°9

Sommaire


Fiche-milieu n°9

La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

“recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. À Pralognan-la-Vanoise, les éboulis acides (siliceux) sont les plus fréquents et notamment les nombreux éboulis de quartzite dans la combe de Leschaux, sous le mont Chevrier, sous le glacier de la Glière, etc. Depuis le village, on peut observer l’un des plus grands éboulis acides, situé vers Colliouroé, sous Napremont.

Éboulis sous le roc de la Pêche


La linaire des Alpes s’établit fréquemment dans des éboulis de calcaire compact. Bien adaptée à la mobilité de son substrat, elle possède de longues tiges rampantes qui lui permettent de regagner la surface du pierrier après avoir été ensevelie pendant la mauvaise saison. D’une hauteur maximale de 10 cm, cette linaire offre au regard ses corolles bleu violacé à palais safrané.

Les

PNV - Félix Grosset

La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveaux espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis. De petite taille également, l’achillée naine fréquente les moraines et éboulis assez fins dans les régions siliceuses. À feuilles velues laineuses, elle a des propriétés aromatiques proches de celles des génépis. Elle entre dans la composition du thé suisse.

Achillée naine

PNV - Louis Bantin

éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. L’intensité des couleurs des plantes “défie” la rudesse des conditions et augmente leurs chances d’être pollinisées. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large.

Saxifrage à deux fleurs

Différentes saxifrages colonisent les éboulis et moraines. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes qui pousse typiquement sur les éboulis de schistes calcaires, moins grossiers et moins mobiles que les éboulis de calcaire pur. Cette petite plante à rameaux couchés présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée au Cervin à 4 200 m. À Pralognanla-Vanoise, elle fréquente notamment la moraine du cirque de Rosoire. Elle est présente également sur la moraine du glacier du Génépy où pousse également la campanule du mont Cenis. Cette plante naine de 1 à 5 cm de hauteur, à corolle bleu mauve en étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires dans l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99

Fiche-milieu n°9

Flore


Fiche-milieu n°9

PNV - Philippe Benoît

Pralognan-la-Vanoise que dans une station située vers le col de la Vanoise, dans des éboulis calcaires. C’est aussi dans les éboulis que poussent deux des espèces de génépis : génépi vrai et génépi jaune. Ils ne sont pas strictement inféodés à une nature de roche précise, acide ou basique (lire la fiche-espèce n°7).

Les éboulis et moraines accueillent tout un cortège de plantes de fort intérêt naturaliste. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, jusqu’à 3 200 m d’altitude à Pralognan-la-Vanoise, sous la pointe de la Petite Glière. Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses. Plante naine à fleurs jaunes des éboulis calcaires et des combes à neige, la drave de Hoppe est une espèce endémique* des Alpes, présente en France uniquement en Haute-Savoie et en Savoie (Termignon, Bessans, Val d’Isère et Pralognan-laVanoise). Elle a été observée à Pralognanla-Vanoise vers la Tête d’Aussois et le col de Chavière. Le saule à dents courtes fait aussi partie de la flore patrimoniale des éboulis et des moraines. Présente dans les éboulis calcaires surplombant le refuge du Roc de la Pêche, c’est un arbuste nain de moins de 30 cm de hauteur. Il est protégé par la loi française. Également protégée, la crépide rhétique se caractérise par une tige courte, velue à son extrémité, portant une seule inflorescence à fleurs jaune doré. Endémique* des Alpes, cette espèce rare et protégée n’est connue à

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Campanule du mont Cenis

Saule à dents courtes

Faune

Le campagnol des neiges est un habitant des moraines et éboulis stables, ainsi que de tout milieu riche en anfractuosités où il aménage ses galeries, ce qui explique sa présence dans les vieux chalets d’alpage. Espèce de l’étage alpin essentiellement, il se nourrit des plantes dont il dévore en hiver, sous la neige, les bulbes et les racines. Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs. Sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l’automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules.


PNV - Ludovic Imberdis

Merle de roche

Papillon présent en France uniquement sur l’arc alpin, le chamoisé des glaciers vole de début juin à mi-août au-dessus des lieux herbus secs, parmi les éboulis et les rochers. Il a besoin, pour sa reproduction, de la fétuque ovine sur laquelle il pond ses œufs. Le némusien et l’ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la même espèce de papillon de jour, évoluent aussi dans les sites rocailleux d’altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes.

PNV - Maurice Mollard

PNV - Christophe Gotti

Le chamois et le bouquetin sont de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol.

PNV

Lièvre variable

Accenteur alpin

Chamoisé des glaciers

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101

Fiche-milieu n°9

Plus craintif, le merle de roche fréquente les mêmes milieux lorsqu’ils sont bien exposés Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres “merles”. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification.


Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître.

Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis et les moraines sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également fréquentés début août par les cueilleurs de génépi et d’achillée naine. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s’il arrive à ceux-ci de les traverser. Par le passé, les éboulis ont fourni les matériaux pour la construction des chalets d’alpage.

Propositions de gestion Un balisage discret des passages fréquentés par les randonneurs permet de circonscrire les zones fréquentées dans ces milieux fragiles.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le chamois et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des gîtes diurnes. Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Ils contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Pralognan-la-Vanoise. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°9

Équilibre entre l’homme et son milieu

Éboulis dans le cirque du Dard


Sommaire

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°10

Les rochers et les falaises

Les rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Au cours d’une même journée, ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit.

PNV - Christophe Gotti

Grand Marchet

Tour carrée de la Portetta

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103


Fiche-milieu n°10

Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat* de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent la nuit dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. Même s’ils marquent plus fortement le paysage de Pralognan-la-Vanoise, les rochers et les falaises calcaires (aiguilles des dents de la Portetta, le roc de la Pêche, la Valette et le Grand Marchet, par exemple) sont à peu près aussi fréquents que les substrats siliceux (roches volcaniques des dômes des Nants et de l’Arpont, quartzite de l’aiguille du Bochor). Les groupements végétaux qui caractérisent ces deux natures de roche sont donc bien représentés sur le territoire communal.


radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation.

Les lichens et les mousses font partie des premiers organismes à s’installer sur la roche nue. Sur ces milieux hostiles à la vie végétale, la croissance de certains lichens, tel le rhizocarpe géographique abondant sur rochers siliceux (cirque des Nants) oscille entre un dixième de millimètre et dix millimètres par an. Cette lente croissance peut servir d’indicateur pour dater le recul des glaciers.

PNV - Christophe Gotti

L’androsace helvétique est particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent en haute altitude sur les rochers et les falaises (forme de coussinet bombé très dense, petites feuilles étroitement imbriquées, etc.). Rare et protégée en France, mais peu menacée du fait de l’inaccessibilité de ses stations, c’est une espèce caractéristique des parois calcaires ensoleillées, qui pousse à l’aiguille des Corneillers. L’androsace pubescente fréquente le même type de milieux que la précédente. Également protégée par la loi française, elle n’est connue aujourd’hui à Pralognan-la-Vanoise que dans trois stations, dont le roc des Eaux Noires. L’éritriche nain, baptisé roi des Alpes, fleurit en juillet-août sur les rochers siliceux jusqu’à près de 3 000 m d’altitude. De petite taille, entre 2 et 5 cm de haut, ce coussinet se recouvre de nombreuses fleurs bleu azur. À Pralognan-la-Vanoise, il est connu notamment vers la pointe de l’Observatoire.

Rhizocarpe géographique

En exposition fraîche, le corniculaire normoerica se présente sous la forme de micro-buissons peu ramifiés de couleur sombre. On le rencontre sur une paroi verticale située sur le chemin conduisant du Pas de l’Âne au col du Petit Marchet, ainsi qu’au col du grand Marchet. Les parois calcaires plus ou moins inclinées sont assez typiquement colonisées par Lecidea jurana, comme sur une pente assez ensoleillée sous le Pas de l’Âne, au lac des Vaches, etc.

Les

plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de

PNV - Christian Balais

Flore

Androsace helvétique

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105

Fiche-milieu n°10

Lichens et champignons


Fiche-milieu n°10

PNV - Patrick Folliet

Cette dernière, plus grande, a des fleurs de couleur pourpre violet, à gorge unie, un peu farineuse. Ses feuilles sont aussi plus longues et molles. Avec ses fleurs blanches, la saxifrage fausse diapensie, rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise, est une espèce protégée qui fleurit notamment sur les rochers calcaires de la Petite aiguille de l’Arcelin à Pralognan-la-Vanoise (lire la fiche-espèce n°5).

Faune

Éritriche nain

Les adaptations de la faune aux milieux de

Plante naine ne dépassant pas 7 cm de hauteur, la laîche faux pied-d’oiseau est une herbe à souche gazonnante d’où partent des feuilles fines nettement recourbées. Elle pousse dans les endroits rocailleux frais en altitude, sur substrat calcaire. Cette espèce protégée, rare, est très localisée et toujours peu abondante dans ses stations (secteur du Vallonnet, Petit Marchet, Grand Marchet, etc.).

falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur.

PNV - Patrick Folliet

La primevère hérissée est une petite plante assez répandue en Vanoise et qui pousse couramment sur les parois siliceuses de l’étage alpin. Elle pousse notamment sur les rochers dominant le glacier de la Patinoire. Sa taille et sa corolle rose violacé à gorge blanche non farineuse la distinguent de la primevère à larges feuilles qui fréquente les mêmes substrats (vers le col de Leschaux).

PNV - Christian Balais

Bouquetin des Alpes

Primevère hérissée

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif de ces rochers et falaises, symbolisant le mieux la Vanoise (il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national


par un vol sur place, face au vent et queue déployée, vol dit du “Saint-Esprit”. Le faucon pèlerin niche sur les falaises surplombant le verrou rocheux, à l’entrée de la commune. C’est l’oiseau le plus rapide en vol du monde, avec des piqués dépassant 320 km par heure. Les rochers et falaises accueillent également l’hirondelle de rochers et le rougequeue noir. Oiseau de parois rocheuses calcaires, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol, fréquente aussi volontiers les murs de grands édifices. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes (lire la fiche-espèce n°10). Si le gypaète barbu ne niche pas encore à Pralognan-la-Vanoise, plusieurs individus survolent ce territoire. Peut-être dans les années à venir, si toutes les conditions favorables sont réunies, fera-t-il partie intégrante du patrimoine naturel pralognanais.

PNV - Patrick Folliet

Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux rupicoles. Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune.

À Pralognan-la-Vanoise, l’aigle royal compte deux couples reproducteurs qui s’installent dans l’une des dix aires qu’ils ont construites, en amont et en aval du bourg de Pralognan. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux. D’autres rapaces, tels que le faucon crécerelle, nichent dans les falaises plus ou moins inaccessibles. De la taille d’un chocard à bec jaune, c’est le plus petit des faucons nicheurs de Savoie. Il se caractérise

PNV - Ludovic Imberdis

Chocard à bec jaune

Gypaète barbu (immature)

Le lézard des murailles est le plus commun des reptiles de France. Il vit dans les milieux rocheux (ou pierreux) et ensoleillés.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107

Fiche-milieu n°10

en 1963). Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité, en hiver sur les crêtes déneigées par le vent puis dans des falaises exposées au sud et enfin, en période de mise bas, lorsque les femelles s’isolent sur de petites vires (lire la fiche-espèce n°9).


Usages, intérêts économiques et représentations À Pralognan-la-Vanoise, il existe une pratique séculaire de l’escalade et de l’alpinisme : la commune a toujours été une station d’alpinisme réputée, depuis les débuts de cette pratique sportive vers le milieu du XIXe siècle. L’escalade de la via ferrata aménagée à proximité de la cascade de la Fraîche est, en revanche, plus récente. L’aplomb de ces falaises est également fréquenté par les parapentistes et les “volivelistes” du fait des mouvements d’ascendance qu’elles engendrent.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables (la saxifrage fausse

diapensie, les androsaces, etc.). L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles que l’aigle royal, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.

Évolution et transformation du milieu À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact sur la flore de ces pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on essaie de tenir compte, pour leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie.

PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°10

Équilibre entre l’homme et son milieu

Vue vers l’Épena et la Grande Casse, depuis l’aiguille de la Vanoise

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°10 PNV - Christophe Gotti

Via ferrata de la cascade de la Fraîche

En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. À Pralognan-la-Vanoise, on assiste actuellement au rééquipement de certaines voies d’escalade ainsi qu’à l’ouverture limitée de nouvelles voies.

Propositions de gestion À l’échelle communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable de ces pratiques et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, pour assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites.

À Pralognan-la-Vanoise, il y a une réelle volonté locale, de la part des professionnels du tourisme, de prendre en compte les menaces des pratiques des sports de plein air sur la faune rupicole. À la fin des années 1990, une concertation entre le Parc national de la Vanoise et le club de parapente de Pralognan-la-Vanoise a permis de sensibiliser les parapentistes à la vulnérabilité de la faune de ces milieux rocheux. Une démarche similaire a également été menée avec les guides de haute montagne, à propos de la pratique de l’escalade. Une surveillance des zones de nidification et de leur fréquentation en période sensible peut s’avérer nécessaire, en particulier audessous de 2 500 m d’altitude, afin de donner l’information nécessaire au public pour maintenir la tranquillité des secteurs concernés et favoriser la réussite de la reproduction de ces oiseaux.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109


Fiche-milieu n°11

Sommaire

PNV - Christophe Gotti

Les glaciers et les névés

PNV - Christophe Gotti

Glacier des Grands Couloirs

Séracs du glacier de Gébroulaz au-dessus du lac Blanc

Un glacier est un réservoir de glace issu du compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 500 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés sur la commune. Les glaciers et les névés couvrent une surface importante du territoire de Pralognan-laVanoise, depuis les glaciers du Vallonet et


Fiche-milieu n°11 de la Grande Casse au nord, jusqu’au glacier de Gébroulaz au sud, en passant par les glaciers de la Vanoise. Ces derniers constituent la plus grande calotte glaciaire de la chaîne alpine. Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. La succession de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon.

variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°8).

Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille

Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent

Flore et faune

Les

basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes et oiseaux migrateurs tués par le froid sur les glaciers.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111


Fiche-milieu n°11

à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

Intérêts des milieux Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale.

PNV - Christophe Gotti

Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs d’exploits sportifs. Le 8 août 1860 au terme d’une ascension qui aura nécessité la taille de 1 100 marches, William Mathews et ses guides, Michel Croz et Étienne Favre, atteignent le sommet de la Grande Casse.

Avec cette réussite s’ouvre, pour le village de Pralognan, une nouvelle ère : celle du tourisme et de la découverte de la haute montagne, qui va susciter rapidement des vocations de guide de montagne chez les autochtones. Aujourd’hui encore, la randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. Depuis les années 1960, les guides encadrent des courses d’initiation (telles que la pointe de la Réchasse ou le dôme de Polset), comme des courses de glaciers et rochers plus difficiles (le couloirs des Italiens, situé en face nord de la Grande Casse, par exemple).

Grands couloirs de la Grande Casse

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christophe Gotti

Alpinistes sur l’arête sommitale de la Grande Casse

Évolution et transformation du milieu Les glaciers de Pralognan-la-Vanoise n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer. Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des

fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers de Pralognan-la-Vanoise et, plus largement, à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées. Le glacier de Gébroulaz, dont une partie se trouve à Pralognan-la-Vanoise, fait l’objet d’un suivi glaciologique, depuis un premier relevé de longueur en 1730, qui révèle que le front du glacier principal se trouvait à moins d’un kilomètre des chalets du Saut (les Allues). Les mesures réalisées permettent d’obtenir un vision globale des fluctuations de longueur, d’altitude, de vitesse, etc. de ce glacier. Ainsi, le recul du front du glacier se chiffre à environ 400 m depuis le début du XXe siècle. Il a perdu également une vingtaine de mètres d’épaisseur entre 1983 et 1996. La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier.

Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113

Fiche-milieu n°11

Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Il constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.


Conclusion L’ensemble

des onze grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre l’intégralité du territoire de la commune de Pralognan-la-Vanoise. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat* est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque, elle résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines.

Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent souvent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sur tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux, participe à la protection contre les aléas climatiques. Elle génère des ressources propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de

PNV - Yves Brugière

Fiches-milieux - Conclusion

Sommaire

Alpage de Ritort

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiches-milieux - Conclusion PNV - Christophe Gotti

Grande Casse, aiguille de la Vanoise et chalets de la Glière

qualité de vie pour les habitants de Pralognan-la-Vanoise. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) peut donc constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dans le contexte socioéconomique qui est le sien, tout en conservant une vision sur le long terme, chaque commune tendra vers un équilibre optimal des milieux. Le déplacement de cet équilibre étant fonction de facteurs naturels et humains, il y a des évolutions inéluctables et d’autres sur lesquelles il est possible d’intervenir.

Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. À Pralognan-la-Vanoise, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115


Fiches-milieux - Conclusion

ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières.

Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne. Il est important, pour la préservation de la biodiversité spécifique de ces prairies, de continuer à entretenir un certain nombre d’entre elles de façon extensive. Le maintien de la fauche des stations de chardon bleu permet à la commune de conserver une facette importante de son patrimoine floristique. Les alpages représentent le cas remarquable d’un écosystème dont le type d’exploitation

PNV - Alexandre Garnier

Parmi les premiers milieux, on citera toutes les petites zones humides de vallée ou d’altitude (marais, tourbières, ripisylves), certaines falaises et les pelouses sèches qui hébergent des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats forestiers. En dehors de toute destruction directe, les zones humides craignent une modification de leur hydrologie, l’apport de matières organiques ou minérales et une trop forte fréquentation. En cours de réalisation, le raccord des réseaux d’assainissement de la commune à la station d’épuration de Bozel gommera, à partir de 2009, les insuffisances du système actuel lors des pics de fréquentation.

La présence dans les pelouses sèches de Pralognan-la-Vanoise d’une des trois stations connues en Savoie de dracocéphale d’Autriche confère à ce milieu une valeur biologique inestimable. Certaines falaises, quant à elles, sont le refuge d’une faune sensible (rapaces). Une grande attention doit leur être portée.

Prairie de fauche du Plateau

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie


À partir des années 1950, les activités touristiques d’hiver liées à la neige se sont beaucoup développées en Vanoise. L’aménagement des domaines skiables a eu pour conséquence une modification profonde des milieux et du micro-relief. Cette anthropisation des milieux favorise l’intro-

duction d’espèces plus banales que celles du milieu d’origine, ce qui appauvrit leur intérêt floristique et faunistique. Les équipements associés à la pratique du ski alpin (téléskis, téléphériques, etc.) ont également des conséquences importantes sur certaines espèces de faune telles que le tétras-lyre (destruction des places de chant pour l’installation de gares de départ ou d’arrivée, mortalité accrue liée aux impacts des oiseaux en vol avec les câbles de téléski et les lignes électriques). Le relief particulier de Pralognan-la-Vanoise a empêché le développement excessif des aménagements liés aux sports d’hiver, qu’ont pu connaître d’autres communes de Tarentaise. Pralognan-la-Vanoise a su rester une petite station de ski. D’autre part, la création du Parc national de la Vanoise en 1963 a permis la préservation de grands secteurs de la commune. La vallée de Chavière est une vallée riche de Tarentaise d’un point de vue biologique. C’est, par exemple, une des zones à tétras-lyre les plus intéressantes. Pour la plupart de ces milieux naturels et semi-naturels, supports d’activités humaines, la commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation des milieux et les enjeux économiques qui s’y rapportent.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117

Fiches-milieux - Conclusion

séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère. Néanmoins, les troupeaux ne sont parfois ni conduits ni parqués, ce qui peut avoir des conséquences multiples : abandon des sites difficiles, surpâturage d’autres secteurs, dégradation des milieux humides. La prise en compte plus systématique des espèces et des milieux phares en amont de l’élaboration des plans de pâturage pourrait être un des éléments favorisant la préservation de la valeur patrimoniale de ces milieux. Concernant les forêts, on a cité le besoin d’assurer un meilleur contrôle de la fréquentation touristique au moyen de sentiers bien balisés, celle-ci pouvant endommager la régénération naturelle et entraîner le dérangement de la faune, principalement en hiver et au printemps. Une information en direction du public (skieurs, raquetteurs) sur la sensibilité des milieux montagnards et de la faune est à renforcer.


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


Le sabot de Vénus Il existe environ 150 à 200 espèces d’orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble au sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= Aphrodite) et du latin calceus (= chaussure), le sabot de Vénus, encore appelé soulier de la Vierge, se caractérise par la forme en sabot de son labelle. C’est une orchidée spectaculaire, la plus grande de France et d’Europe. Elle est encore bien présentes dans les forêts de Pralognan-la-Vanoise.

labelle long de 4 à 5 cm, jaune vif luisant et renflé, revêtu intérieurement de poils visqueux

tige anguleuse et rude au toucher

PNV - Michel Delmas

feuilles peu nombreuses

Sabot de Vénus

Écologie

Plante

vivace des étages montagnard et subalpin, le sabot de Vénus est une plante de mi-ombre qui affectionne les forêts claires et les clairières sur substrat calcaire à neutre et frais au moins en profondeur. Il

pousse en petites colonies ou en fortes touffes. Le sabot de Vénus est présent dans la plupart des forêts de Pralognan-la-Vanoise. On peut le rencontrer également au sein de la réserve biologique domaniale et vers les chalets de l’Arcelin. Il est présent de 1 780 à 2 220 m et il fleurit de fin mai à fin juillet.

Regard sur quelques espèces - 121

Fiche-espèce n°1

Sommaire


Fiche-espèce n°1

Intérêts biologiques

Le sabot de Vénus possède une aire de répartition géographique largement circumboréale* (Europe, Sibérie et Amérique du Nord). En Europe, il a disparu de Belgique et du Luxembourg. En France, il est rare de la Lorraine et de la HauteMarne aux Alpes et très rare dans les Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise, il est connu actuellement dans 17 des 28 communes du Parc national de la Vanoise. À Pralognan-la-Vanoise, il peut présenter localement de belles populations.

promeneurs, ainsi que par la destruction de ses stations lors d’aménagements et d’exploitations forestières. Certaines stations de sabot de Vénus de Pralognan-la-Vanoise sont concernées par la cueillette. L’évolution de ses habitats par densification du couvert forestier lui est aussi défavorable. Compte tenu de l’assez bonne représentation de l’espèce en Vanoise, ce territoire constitue un réservoir exceptionnel pour la conservation du sabot de Vénus.

Protection et propositions de gestion

Menaces

Le sabot de Vénus fait partie des orchidées

À l’échelle de ses stations françaises, cette orchidée spectaculaire est menacée par la cueillette et l’arrachage par des

protégées en France ; à ce titre, sa cueillette est interdite. D’intérêt européen, il compte parmi les très rares espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de

Répartition du sabot de Vénus à Pralognan-la-Vanoise

122 - Regard sur quelques espèces


Fleur de sabot de Vénus

Le saviez-vous ? • Le sabot de Vénus est volontiers reconnu comme le symbole de la protection végétale, hélas à juste raison. En effet, il a disparu de la plupart des départements français où il était autrefois présent. C'est la destruction de ses milieux, ainsi que sa cueillette (on l'utilisait entre autres aux siècles passés à l'occasion de fêtes populaires), qui ont provoqué sa disparition de régions entières, Alsace, Auvergne, etc. • Il a été choisi comme emblème par la Société Française d'Orchidophilie. • Comme toutes les orchidées, le sabot de Vénus est un symbiote obligatoire. C'est à dire qu'il ne peut germer, croître et fructifier en l'absence d'un champignon vivant dans le sol. • C'est vraisemblablement à Pralognan-la-Vanoise que le sabot de Vénus atteint son record d'altitude ; l'espèce est présente sur une ancienne moraine végétalisée à 2 200 m d'altitude.

Regard sur quelques espèces - 123

Fiche-espèce n°1

parfois sur les stations de sabot de Vénus de Pralognan-la-Vanoise, a nécessité ces dernières années une surveillance accrue des gardes-moniteurs du Parc national, en période de floraison de l’espèce.

PNV - Christian Balais

protéger (directive “Habitats” - annexe 2). Le maintien de l’espèce passe notamment par une sensibilisation du public et une information des touristes sur son statut d’espèce protégée. La cueillette, qui sévit


Le dracocéphale d’Autriche et le dracocéphale de Ruysch Encore appelés “tête de dragon” (du grec drakôn = dragon et képhalê = tête), les dracocéphales sont reconnaissables à la forme particulière de leurs fleurs, qui est à l’origine de leur nom. La corolle est composée d’un long tube s’élargissant au sommet et surmonté de deux lèvres distinctes, avec une lèvre supérieure voûtée en casque recouvrant les étamines et une lèvre inférieure velue, divisée en trois lobes. Les deux seules espèces de dracocéphale de la flore française, le dracocéphale d’Autriche (Dracocephalum austriacum) et le dracocéphale de Ruysch (Dracocephalum ruyschiana), sont présentes à Pralognan-la-Vanoise.

fleurs de 3,5 à 4,5 cm, violet foncé

bractées velues à 3 divisions linéaires feuilles velues, certaines entières et linéaires, les autres à divisions linéaires

tige velue PNV - Christophe Gotti

Dracochépale d’Autriche (H = 20 à 40 cm)

fleurs de 2,5 à 3 cm, bleu violacé

bractées indivises

PNV - jacques Perrier

Fiche-espèce n°2

Sommaire

tige dépourvue de poils feuilles entières, linéaires Dracochépale de Ruysch (H = 10 à 30 cm)

124 - Regard sur quelques espèces


À Pralognan-la-Vanoise, la station de cette plante est assez facilement accessible par sentier : le piétinement des randonneurs quittant le chemin, ainsi que tout projet d’aménagement peuvent être préjudiciable à l’espèce. De plus, elle n’est pas à l’abri de la cueillette des collectionneurs qui pourrait avoir des conséquences extrêmement dommageables.

PNV - Michel Filliol

Intérêt écologique et valeur d’usage

PNV - Michel Delmas

Les dracocéphales d’Autriche et de Ruysch sont des plantes vivaces des étages montagnard et subalpin. À Pralognan-la-Vanoise, elles fleurissent dès la mi-juin. Elles s’observent essentiellement dans les pelouses sèches (sur les versants sud), le dracocéphale d’Autriche affectionnant plus particulièrement les petites vires rocailleuses des falaises. À Pralognan-la-Vanoise, le dracocéphale d’Autriche est présent dans une seule station. En revanche, le dracocéphale de Ruysch compte plusieurs stations sur la commune (le Petit mont Blanc, le col du Golet, le couloir des Nants, le mont Bochor, etc.).

Dracocéphale d’Autriche

Dracocéphale de Ruysch

Le dracocéphale de Ruysch est une plante rare dans les départements alpins et très rare dans les Pyrénées-Orientales. Le dracocéphale d’Autriche est pour sa part, très rare dans les départements alpins où il est cité. Il n’est présent en France que dans une dizaine de stations. En Savoie, on ne le trouve qu’à Bessans, Pralognan-la-Vanoise, Lanslebourg-Mont-Cenis et Lanslevillard, où il n’est signalé, pour chacune de ces quatre communes que dans une seule station.

Menaces

Le dracocéphale d’Autriche est une espèce très menacée en France par la fermeture du milieu (c’est une plante de milieu ouvert*) et les pratiques sur les stations.

Protection et propositions de gestion

Le

dracocéphale d’Autriche fait l’objet d’une protection stricte à l’échelle de la France et sa protection est également imposée aux pays membres par l’Union européenne. Ce n’est pas le cas actuellement du dracocéphale de Ruysch, mais son inscription dans la convention de Berne pourrait faire évoluer son statut vers une protection réglementaire. La conservation de ces espèces à Pralognan-la-Vanoise passe notamment par une surveillance et le suivi de l’évolution des populations de ces espèces.

Le saviez-vous ? • Le dracocéphale de Ruysch a été cultivé comme plante ornementale. • Le taux de fertilité du dracocéphale d’Autriche est très faible : moins d’une graine sur 10 arrive à maturité.

Regard sur quelques espèces - 125

Fiche-espèce n°2

Écologie


Le chardon bleu des Alpes Appartenant à la famille botanique des apiacées (ou ombellifères), le chardon bleu des Alpes encore appelé “panicaut des Alpes” ou “reine des Alpes” est une plante facile à reconnaître de par son port et la couleur de ses ombelles. À Pralognan-la-Vanoise, il existe deux espèces de panicaut d’aspects très différents : le chardon bleu des Alpes (Eryngium alpinum), à inflorescence bleu améthyste et feuilles basales indivises et le panicaut champêtre (Eryngium campestre), à inflorescence vert blanchâtre et feuilles basales profondément découpées.

inflorescence en tête ovoïde de 2 à 4 cm

plante épineuse de 30 à 100 cm de haut

PNV - Christophe Gotti

Chardon bleu des Alpes

fleurs minuscules

collerette de feuilles florales épineuses, bleues PNV - Christophe Gotti

Fiche-espèce n°3

Sommaire

Chardon bleu des Alpes

Écologie

Le

chardon bleu des Alpes est une plante vivace de montagne qui se développe principalement aux étages montagnard et subalpin. Elle affectionne les milieux ouverts :

126 - Regard sur quelques espèces

prairies fraîches et clairières sur sols calcaires humides et riches. C’est une espèce qui fréquente également les mégaphorbiaies* et les couloirs d’avalanches. À Pralognanla-Vanoise, elle pousse notamment dans les pentes avalancheuses des Diés. Elle fleurit


Intérêts biologiques et valeurs d’usage

France, avec celle du Fournel, dans les Écrins. C’est une plante qui a une valeur emblématique et culturelle très forte. Elle est souvent utilisée pour symboliser la flore de montagne. À Pralognan-la-Vanoise autrefois, la plante était cueillie à maturité afin d’être vendue.

Le chardon bleu des Alpes est une espèce très rare, typique des montagnes européennes (Alpes, Jura et montagnes d’Illyrie) : on ne la trouve qu’en France, Suisse, Autriche, Italie, Slovaquie et Croatie. Elle est en régression. Il ne reste qu’une quarantaine de stations de l’espèce en France, depuis le Mercantour jusqu’au massif du Jura, dont une quinzaine en Savoie : dans les massifs de la Vanoise, de l’Arvan-Villard, de la Lauzière, des Bauges et dans le Beaufortain. La population de chardon bleu des Diés, à Pralognan-laVanoise, est une des plus importantes de

Menaces

Cette

espèce est menacée principalement par l’abandon de la fauche ou la mise en place d’un pâturage ou d’une fauche trop précoces qui empêchent sa croissance correcte et sa reproduction. Des cueillettes abusives (par les promeneurs ou en vue de sa commercialisation) ont par endroit fait fortement régresser certaines populations de chardon bleu. À Pralognanla-Vanoise, l’espèce a régressé au cours des

Répartition du chardon bleu des Alpes dans l’espace-Parc

Regard sur quelques espèces - 127

Fiche-espèce n°3

à partir de juillet et ses graines se disséminent à la fin du mois d’août.


Fiche-espèce n°3

Protection et propositions de gestion

Le chardon bleu des Alpes est protégé en

PNV - Christophe Gotti

France, sa cueillette est strictement interdite. Il fait partie des espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger ; il est inscrit à l’annexe II de la directive “Habitats”. Sa présence justifie donc de désigner des secteurs où il est présent au titre de cette directive. À Pralognan-la-Vanoise, la population remarquable de chardon bleu des Diés a bénéficié dès 2000 de la mise en place d’une gestion visant à enrayer le déclin de l’espèce. Le Parc national de la Vanoise,

Zone test de fauchage du chardon bleu

PNV - Christophe Gotti

dernières décennies ; elle se maintient dans le couloir des Diés, à la faveur d’une gestion conservatoire de l’espèce.

Fauchage d’une station de chardon bleu

chargé d’assurer la mise en œuvre et le suivi de cette gestion, a confié la réalisation de ce travail à un agriculteur de la commune, par le biais de contrats de gestion annuels. Plusieurs protocoles de gestion ont été testés (fauche annuelle, fauche bisannuelle, pâturage, aucune gestion) pour permettre d’identifier la plus favorable au chardon bleu. La fauche, quand elle a lieu, est tardive (après la mi-août) et les produits de la fauche sont exportés systématiquement. Le suivi de cette gestion est assuré par le laboratoire d’écologie alpine de l’Université de Grenoble, dans le cadre d’un programme de recherche sur le chardon bleu. Les données collectées annuellement (localisation des individus au sein des placettes d’étude, taille, comptage des germinations, etc.) doivent permettre à terme, de conclure sur la modalité de gestion la plus favorable au maintien de l’espèce. Il est encore tôt pour conclure, mais la gestion par la fauche, annuelle ou bisannuelle, semble la plus propice au chardon bleu.

Le saviez-vous ? • La reine des Alpes est une espèce qui appartient à l'histoire collective des montagnards, comme en témoigne la fête du chardon bleu dans la vallée des Belleville en Tarentaise. • Le chardon bleu est une espèce mellifère. Les études qui lui ont été consacrées ont montré que plus de 60 espèces d'insectes assurent sa pollinisation (abeille, bourdon, guêpe, papillon, etc.).

128 - Regard sur quelques espèces


La potentille blanc de neige Étant

donné son biotope et la couleur blanche de la face inférieure de ses feuilles, la potentille blanc de neige (Potentilla nivea) ne peut être confondue avec aucune autre.

fleur à 5 pétales jaunes

PNV - Gérard Caratti

tige velue portant jusqu’à 4 fleurs de 1 à 5 cm de diamètre

Potentille blanc de neige

feuilles basales à 3 lobes dentés, dont :

- la face inférieure blanche est couverte d’un duvet dense

PNV - Christophe Gotti

- et la face supérieure pubescente, vert foncé

Potentille blanc de neige

Écologie

La

potentille blanc de neige pousse dans les pelouses subalpines et alpines, toujours au voisinage des crêtes ventées. On peut la rencontrer aussi bien sur terrains calcaires que siliceux. À Pralognan-la-Vanoise, l’espèce côtoie les pelouses exposées du col de la Vanoise vers 2 500 m d’altitude. Elle fleurit au cours des mois de juillet et d’août.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Espèce

arctico-alpine* présente dans les Alpes européenne qui atteint dans les Alpes française sa limite de répartition occidentale. En France, l’espèce n’est connue que dans trois départements : les Alpes-de-HauteProvence, les Hautes-Alpes et la Savoie. Dans ce dernier, les stations de potentille blanc de neige ne sont localisées que dans le massif de la Vanoise où elles demeurent rares et toujours très localisées.

Regard sur quelques espèces - 129

Fiche-espèce n°4

Sommaire


Fiche-espèce n°4

Menaces

Protection et propositions de gestion

La potentille blanc de neige est une espèce protégée très rare en France. À ce titre, elle est également inscrite au livre rouge national de la flore menacée. L’amélioration de la connaissance de cette espèce, apportée par le travail de prospection des gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise, souligne l’importance du territoire Vanoise pour la survie de la potentille blanc de neige. La responsabilité de l’établissement public est majeure pour cette espèce.

PNV - Christophe Gotti

La potentille blanc de neige est une espèce particulièrement vulnérable du fait, d’une part du nombre limité et de la petite superficie de ses stations, et d’autre part, le faible nombre d’individus dans chacune des stations où elle est présente. De fait, le surpâturage des troupeaux domestiques et la surfréquentation touristique dans les lieux où les plantes poussent constituent des menaces à sa survie. À Pralognan-la-Vanoise, il n’y a pas de menace réelle, ce qui n’est pas le cas dans les autres communes où la plante est connue.

La potentille blanc de neige dans son biotope, avec la crépide rhétique

Le saviez-vous ? • La face inférieure des feuilles de la potentille est couverte de poils afin de lutter contre le froid et la déshydratation.

130 - Regard sur quelques espèces


La saxifrage fausse diapensie Il existe environ vingt espèces de saxifrage en Vanoise, dont seize à Pralognan-la-Vanoise. Parmi celles-ci, les trois petites saxifrages blanches des rochers calcaires sont très proches d’apparence : la saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides), la saxifrage des vaudois (Saxifraga valdensis) et la saxifrage bleuâtre (Saxifraga caesia). Seule la saxifrage des vaudois, la plus rare des trois, n’a pas été revue ces dernières années.

inflorescence compacte

fleurs blanches peu nombreuses par tige

PNV - Christophe Gotti

petites feuilles obtuses à peine arquées, densément imbriquées et groupées en coussinets assez globuleux

Saxifrage fausse diapensie

inflorescence compacte

inflorescence lâche (ou un peu serrée)

tiges épaisses à la base

PNV - Christophe Gotti

feuilles obtuses recourbées peu de fleurs par tige (2 à 5)

Saxifrage bleuâtre

Écologie

La saxifrage fausse diapensie est une plante vivace des rochers calcaires. Elle pousse principalement à l’étage subalpin et alpin. À Pralognan-la-Vanoise, l’espèce croît dans

feuilles aplaties non dressées, groupées en coussinets denses

PNV - Gérard Carattii

tiges très fines à la base

nombreuses fleurs par tige (5 à 15) Saxifrage des Vaudois

de nombreux rochers et falaises calcaires de la commune, de 1 500 à 2 840 m d’altitude : dents de la Portettaz, aiguille de l’Arcelin, aiguille des Corneillets, aiguille du Bochor, Grand et Petit Marchet, rochers des Darbellays, etc. Elle fleurit en juin et juillet.

Regard sur quelques espèces - 131

Fiche-espèce n°5

Sommaire


Menaces

À l’exception d’aménagements susceptibles

La

saxifrage fausse diapensie est une espèce rare au niveau mondial. C’est une endémique* ouest-alpine. En dehors de la France, où elle n’est connue que dans quatre départements : Hautes-Alpes, AlpesMaritimes, Savoie, et Alpes-de-HauteProvence, l’espèce est aussi présente en Italie (du Piémont à la Ligurie) et en Suisse (Valais). En Vanoise, la saxifrage fausse diapensie est bien représentée. Elle compte de nombreuses stations à Pralognan-la-Vanoise.

de détruire ses stations, il n’y a pas de menaces avérées concernant la survie de l’espèce.

Protection et propositions de gestion

La saxifrage fausse diapensie est une espèce protégée rare. La préservation de l’espèce passe entre autres par la surveillance de ses stations. Il faut veiller également à éviter toute dégradation de ses stations.

PNV - Christophe Gotti

Fiche-espèce n°5

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Saxifrage fausse diapensie

Le saviez-vous ? • Le nom saxifrage provient du latin saxum = pierre et frangere = briser et signifie "qui brise les rochers". Les racines de ces plantes profitent en effet de la moindre fissure pour s'ancrer et exploiter la terre végétale qui a pu s'y déposer. • En Vanoise, plus de cinquante stations de saxifrage fausse diapensie ont déjà été recensées ; avec Val d'Isère, Pralognan-la-Vanoise compte parmi les stations les plus étendues et comportant de nombreux individus.

132 - Regard sur quelques espèces


La linnée boréale La linnée boréale (Linnaea borealis) est un petit sous-arbrisseau rampant de 5 à 15 cm de hauteur, de la famille botanique des caprifoliacées. C’est sans nul doute l’une des plantes à plus forte valeur patrimoniale de Pralognan-la-Vanoise. De par sa taille, sa forme et sa biologie, on ne peut confondre cette plante avec aucune autre, lorsqu’elle est en fleurs. deux fleurs odorantes, blanc rosé à l’extrémité de la tige, longuement pédicellées et penchées corolle à cinq lobes arrondis

PNV - Michel Delmas

rameau florifère grêle, dressé, et couvert de poils courts

petites feuilles vert sombre, opposées, presque rondes et légèrement dentées pourvues d’un pétiole court Linnée boréale

Écologie

La linnée boréale est une plante vivace des étages montagnard et subalpin. C’est une plante rampante qui peut atteindre 1 m de long. C’est une plante d’ombre qui affectionne les sous-bois moussus des forêts de conifères sur sol moyennement humide. À Pralognan-la-Vanoise, elle est présente en plusieurs stations localisées au sein de la forêt d’Isertan d’une part, et d’autre part vers la Montagne, entre 1 680 et 2 000 m d’altitude. Sa floraison s’échelonne de juillet à août. Les fleurs sont pollinisées par les insectes.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La

linnée boréale est une espèce boréomontagnarde*. Elle est présente dans la partie septentrionale et subarctique de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. Cette espèce très rare et très localisée a disparu de Haute-Savoie au XIXe siècle à la suite de travaux forestiers et ne compte plus aujourd’hui en France qu’une dizaine de stations réparties dans quatre communes de Vanoise (Pralognan-la-Vanoise, Tignes, Champagny-en-Vanoise et les Allues) et une des Bauges. Elle atteint en France la limite occidentale de son aire de répartition.

Regard sur quelques espèces - 133

Fiche-espèce n°6

Sommaire


Fiche-espèce n°6

Menaces

La linnée boréale craint essentiellement l’exploitation forestière et l’ouverture de son milieu. Elle peut également être menacée par les collectionneurs de plantes rares. Protection et propositions de gestion

La linnée boréale est une espèce très rare en France. À ce titre, elle est inscrite au livre rouge national de la flore menacée

comme espèce prioritaire et est classée comme espèce protégée en France. Son habitat étant uniquement constitué de forêts matures, la linnée boréale ne supporte pas l’ouverture de son milieu comme en témoigne la disparition des quatre stations historiquement connues en Haute-Savoie. Toute exploitation forestière et aménagement de pistes à proximité de ses stations sont à bannir. Le zonage et une connaissance précise de ses populations devraient permettre une gestion appropriée des dernières pessières où elle se maintient.

Répartition de la linnée boréale dans l’espace-Parc

Le saviez-vous ? • Le nom de la linnée boréale est dédié à l'éminent botaniste suédois Karl von Linné (17071778), inventeur de la nomenclature binomiale des espèces, toujours en vigueur aujourd'hui. Celle-ci est basée sur un nom générique commun à plusieurs espèces (= nom de genre) et un nom spécifique différent pour chaque espèce du groupe (= nom d'espèce).

134 - Regard sur quelques espèces


Les génépis Parmi les trois espèces de génépis présentes

en Vanoise : génépi des glaciers (Artemisia glacialis), génépi vrai (Artemisia genipi) et génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube. Seuls les génépis jaune et vrai sont connus à Pralognan-le-Vanoise.

inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige)

fleurs jaunes, poilues à l’extrémité

PNV - Michel Delmas

feuilles toutes pétiolées

Génépi jaune

inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact fleurs jaunes non velues

PNV - Louis Bantin

feuilles sans pétiole

Génépi vrai

Écologie

Les génépis vrai et jaune sont des plantes vivaces à souche gazonnante. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu’à 3 000 m

d’altitude. Leurs racines ne sont pas très profondes. Lors d’une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent à Pralognan-la-Vanoise de la fin juillet à la mi-août, vers le col de la Vanoise par exemple.

Regard sur quelques espèces - 135

Fiche-espèce n°7

Sommaire


hormis dans les espaces protégés (Parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté de biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis, la cueillette du génépi avait été limitée dans certaines communes de Vanoise à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la “ressource”. Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante (dans les secteurs où la cueillette est autorisée) et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l’ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d’une touffe mais en laisser systématiquement quelques-uns afin d’assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.

Les populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l’arc alpin. En France, le génépi vrai est également présent dans les Pyrénées. Ces plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les touristes, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation.

Menaces

Les génépis sont victimes d’une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée. L’arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de leurs populations. La surexploitation et l’arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme. À Pralognanla-Vanoise, la plupart des stations de génépis sont situées en zone centrale du Parc, où toute cueillette est interdite. Protection et propositions de gestion

La cueillette des génépis est réglementée en Italie, en Suisse et dans la plupart des départements alpins français. Ce n’est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre,

PNV - Christian Balais

Fiche-espèce n°7

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Le génépi vrai dans son biotope

Le saviez-vous ? • Le génépi vrai ou génépi mâle est utilisé depuis le Moyen Âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Il faut en consommer avec modération, dans la mesure où le génépi présente la particularité d’être un tonique cardiaque.

136 - Regard sur quelques espèces


La gentiane jaune Il existe une quinzaine d’espèces de gentiane en Vanoise. L’une d’elles, la gentiane jaune (Gentiana lutea) constitue un élément du patrimoine historique et culturel de Pralognanla-Vanoise. En effet, les racines très amères de cette grande gentiane, réputées pour ses nombreuses vertus médicinales, étaient traditionnellement déterrées pour la fabrication de l’alcool de gentiane. Facilement reconnaissable à ses grandes fleurs jaunes en étoile, la gentiane jaune est parfois confondue, hors période de floraison, avec le vérâtre blanc, une plante très toxique dont la consommation peut être fatale.

PNV - Patrick Folliet

fleurs jaunes en étoile

fleurs regroupées autour de la tige à la base des feuilles supérieures tige creuse

Inflorescence de gentiane jaune

PNV - Patrick Folliet

feuilles côtelées, vert bleuâtre, insérées sur la tige de manière opposée

feuilles faiblement velues en dessous, plissées longitudinalement Gentiane jaune feuilles disposées de manière alterne sur la tige PNV - Philippe Benoît

fleurs blanc verdâtre en épis

Vératre blanc

Écologie

La gentiane jaune est une plante vivace typique des prairies grasses calcicoles et des pâturages des étages montagnard et subalpin inférieur. Elle fleurit au cours des

mois de juin, juillet et août. À Pralognan-la-Vanoise, la gentiane jaune pousse abondamment au sein des prairies de Chollière, notamment. Son système racinaire est particulièrement bien développé, ce qui lui permet de stocker beaucoup de réserves.

Regard sur quelques espèces - 137

Fiche-espèce n°8

Sommaire


Menaces

Du fait de la pratique “généralisée” de la

La

gentiane jaune est présente en France, en Suisse, en Italie, en Autriche et en Allemagne. En France, elle est assez commune dans les Vosges, le Jura, le Massif central, les Alpes, les Pyrénées et les Cévennes. Son aire de répartition inclut également la Bourgogne et la Champagne où elle est rare. À Pralognan-la-Vanoise, piocher la gentiane (c’est-à-dire extraire la racine afin d’en faire de l’alcool) pour ses vertus pharmaceutiques est une pratique ancestrale, toujours en vigueur actuellement. C’est au hameau de la Croix que se trouve le dernier alambic de la commune. Les racines de gentiane jaune, séchées puis coupées, sont mises à fermenter en tonneau avec de l’eau pendant plus de deux mois. Le mélange est ensuite bouilli dans l’alambic.

fabrication d’alcool, la gentiane jaune s’était localement raréfiée en Vanoise. La régression marquée de cette pratique, ainsi que l’abandon de la fauche d’altitude lui ont été favorable. De ce fait, la gentiane jaune est aujourd’hui une espèce commune en Savoie.

Protection et propositions de gestion

Localement, la gentiane jaune est très abondante. En revanche, elle est protégée dans la région de la Champagne du fait de sa rareté.

CPNS - Virginie Bourgoin

CPNS - Virginie Bourgoin

Fiche-espèce n°8

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Alambic de Pralognan-la-Vanoise servant à bouillir la racine de la gentiane

Gentiane jaune (au fond l’aiguille de la Vanoise)

Le saviez-vous ? • La gentiane jaune est connue depuis l'Antiquité pour son action tonique sur le système digestif. Aujourd'hui encore, elle conserve par endroit le nom populaire du "lève-toi et marche", que lui ont donné nos ancêtres en signe de foi, en hommage à ses vertus curatives. • 100 kg de racines de gentiane jaune sont nécessaires pour la distillation d'un litre d'alcool. Traditionnellement, une bouteille de gentiane ne se vend pas, elle s'offre ou se déguste entre amis.

138 - Regard sur quelques espèces


Le bouquetin des Alpes Pratiquement exterminé au début du XX

siècle, le bouquetin des Alpes (Capra ibex ibex) a été sauvé in extremis de l’extinction grâce à l’émergence des idées de protection de la nature en Italie d’abord, puis en Suisse et enfin en France. Aujourd’hui, c’est le seul ongulé protégé dans notre pays. De par son pelage et sa morphologie, il se distingue aisément des autres ongulés sauvages tels que le chamois ou le chevreuil. e

Distinction entre les deux sexes

cornes en V, recourbées vers l’arrière, pouvant atteindre 1 m

cornes quasi lisses PNV - Rémy Barraud

corps puissant et trapu pelage sombre en hiver (fauve clair en été)

base des cornes plus grosse avec des protubérances très marquées

PNV - Christophe Gotti

PNV - Ludovic Imberdis

Femelle de bouquetin ou étagne

Bouquetin des Alpes : mâle adulte

Jeune mâle de bouquetin

corps moins trapu que le bouquetin

PNV - Christophe Gotti

cornes verticales, recourbées vers l’arrière uniquement à leur extrémité pelage brun-roux en été bande brun-noir s’étendant des naseaux aux oreilles en barrant les yeux Chamois

Écologie

L’habitat

du bouquetin, essentiellement rocheux, varie en fonction des saisons. Les zones fraîches de haute altitude constituent

ses quartiers d’été. En période hivernale, il fréquente les crêtes déneigées par le vent puis les versants d’adret. À la fonte des neiges au printemps, les bouquetins descendent pâturer les jeunes pousses puis remontent

Regard sur quelques espèces - 139

Fiche-espèce n°9 n°8

Sommaire


Fiche-espèce n°9

progressivement au fur et à mesure de l’avancement de la végétation. La période de rut a lieu entre fin novembre et début janvier. Elle donne lieu à des comportements très ritualisés entre mâles et femelles. La mise bas (généralement un seul cabri par femelle) a lieu courant juin dans des vires rocheuses isolées et peu accessibles.

Intérêts biologiques

Une chasse abusive a conduit à l’extermination du bouquetin dans la quasi-totalité de son aire de répartition, pourtant vaste initialement. À la création du Parc national de la Vanoise en 1963, il ne restait qu’une population relictuelle d’une soixantaine d’individus seulement sur les communes de Termignon et de Modane. Au début du XXIe siècle, cet ongulé endémique de l’arc alpin compte environ 50 000 individus dans toute l’Europe, dont à peu près 6 000 pour la population française, répartis en Savoie (avec 2 000 bouquetins en Vanoise), Haute-Savoie, Drôme, Isère, Alpes-deHaute-Provence et Alpes-Maritimes. Malgré ces effectifs plus conséquents, la population française demeure très morcelée. À Pralognan-la-Vanoise, une opération de renforcement des populations a été effectuée en 1981, à partir de dix animaux provenant de Modane. Mais elle n’a pas permis la fixation

des individus sur le site de réintroduction, car six animaux ont regagné le site de capture et les autres se sont dispersés. Aujourd’hui, la commune de Pralognan-la-Vanoise compte deux populations de bouquetin. Constituée de 150 individus (comptage hiver 2005), la première est située sur le mont Bochor (probablement constituée à partir d’animaux migrants depuis les populations de Champagny-Peisey et de Maurienne. La seconde, localisée sur le secteur des Eaux Noires, résulte de la colonisation naturelle d’individus de la population originelle de Maurienne (Modane, Termignon). Celle-ci comptait une centaine de bouquetins l’hiver 2005 et plus de 250 l’été, en particulier du fait de la migration estivale des mâles.

Menaces

L’interdiction de chasser l’espèce, renforcée ensuite par les réintroductions, a permis d’accroître les effectifs français, mais la recolonisation de certains massifs s’avère lente pour de multiples raisons : écologie et éthologie propres à l’espèce, braconnage, cloisonnement des massifs, etc. D’autres causes fragilisent ces populations : la transmission de maladies abortives, du fait de la coexistence des troupeaux sauvages et domestiques (ovins et caprins), le dérangement lié à la fréquentation humaine qui crée un

Répartition alpine du bouquetin des Alpes en 1998

140 - Regard sur quelques espèces


Protection et propositions de gestion

Le

PNV - Alexandre Garnier

bouquetin est une espèce strictement protégée en France. Ce statut de protection est primordial pour la sauvegarde de l’espèce et pour le maintien de ses effectifs. Les réintroductions dans les différents massifs alpins français ne lui ont pas encore permis

d’occuper tous ses habitats potentiels. Elles doivent être poursuivies afin de garantir la sauvegarde du bouquetin à long terme. D’autre part, ces actions doivent s’accompagner de mesures de prévention visant à limiter les transmissions de maladies entre les bouquetins et les troupeaux domestiques, par le biais de traitements curatifs systématiques des animaux domestiques (l’emploi de vermifuges doit être réalisé avec précaution, certaines substances de synthèse pouvant s’avérer particulièrement dangereuses pour la faune sauvage). Toutes les perturbations liées aux activités humaines sont à éviter.

Bouquetins des Alpes

Le saviez-vous ? • Les sabots des bouquetins sont composés de kératine. Ils sont également munis d’un coussinet anti-dérapant et souple qui facilite les déplacements sur les dalles rocheuses. • 50 % des jeunes meurent au cours de leur première année de vie. • Une régulation naturelle des populations de bouquetins intervient en fonction des capacités du milieu d’accueil : âge de la première mise bas plus précoce (à partir de deux ans au lieu de trois à quatre ans), fréquence de gémellité plus élevée et taux de mortalité plus faible dans les milieux favorables.

Regard sur quelques espèces - 141

Fiche-espèce n°9

stress physiologique, ainsi que les aménagements touristiques sur les sites de mise bas et d’hivernage. Les risques naturels (avalanches, etc.) sont aussi préjudiciables au bouquetin.


Le tichodrome échelette Presque invisible lorsqu’il est posé, ailes fermées, du fait de la couleur gris pierre de son plumage, le tichodrome échelette (Tichodroma muraria) est un oiseau qui arpente les parois rocheuses. Il est à peine plus grand qu’un moineau. C’est seulement en vol qu’il laisse entrevoir tous ses éclats : rose indien et dragées blanches au bout des ailes.

plumage gris sur le dessus larges ailes arrondies avec de grandes taches rose indien et de gros points blancs

PNV - Jean-Pierre Martinot

Tichodrome échelette

long bec fin et légèrement courbé ASTERS - Georges Lacroix

Fiche-espèce n°10

Sommaire

bavette, gorge et poitrine noires en été et blanchâtre en hiver

Tichodrome échelette

Écologie

Le tichodrome est un habitant des gorges, des falaises et des parois situées entre 400 et 2 500 m d’altitude. Il peut également être observé sur les murs de vieilles bâtisses en hiver. Il arpente ces milieux escarpés en entrouvrant les ailes par saccades en quête de nourriture. Son long bec fin lui permet d’extraire des anfractuosités, les insectes, araignées, et

142 - Regard sur quelques espèces

autres invertébrés qui composent son menu. Le tichodrome échelette niche principalement dans une fissure ombragée et humide d’une paroi rocheuse. C’est le mâle qui cherche cet emplacement, alors que la femelle se charge seule de la construction du nid. La ponte (de trois à quatre œufs) a lieu en maijuin et la couvaison dure 20 jours environ. Les deux adultes nourrissent les jeunes pendant trois à quatre semaines jusqu’à leur envol.


Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Sédentaire

en France, le tichodrome échelette occupe une grande partie des massifs montagneux européens, des Pyrénées jusqu’aux Carpates. Il est présent aussi du Caucase jusqu’en Himalaya et Asie centrale. En France, l’effectif est estimé entre 1 000 et 2 000 couples nicheurs. Les massifs alpins et pyrénéens abritent les populations nicheuses les plus

importantes. Le massif du Jura et le Massif central hébergent également quelques couples. L’étendue des territoires de cet oiseau et la discrétion des individus contribuent à la rareté des observations. La répartition française des couples nicheurs est probablement sous-évaluée. En Vanoise, les effectifs du tichodrome échelette avoisineraient une cinquantaine de couples.

Menaces

Les

types d’habitats fréquentés par le tichodrome, lors de la reproduction et durant l’hivernage, sont répandus dans les Alpes. Comme tout oiseau rupicole, il peut être dérangé par les pratiques sportives de falaises (escalade, etc.) pendant la période sensible de son cycle de vie (reproduction).

Protection et propositions de gestion

Le

PNV - Maurice Mollard

tichodrome échelette est une espèce protégée en France. Il serait intéressant de répertorier les sites de nidification du tichodrome échelette afin de pointer ceux qui sont localisés dans des parois équipées ou en projet d’équipement. Cela permettrait d’énoncer des règles d’aménagement compatibles avec la préservation de cette espèce rare au plan national. Tichodrome échelette

Le saviez-vous ? • Le tichodrome échelette est le symbole de l'Amicale du personnel du Parc national de la Vanoise. • À Pralognan-la-Vanoise, l'espèce a été observée jusqu'à 3 585 m d'altitude, au sommet de Chasseforêt.

Regard sur quelques espèces - 143

Fiche-espèce n°10

À Pralognan-la-Vanoise, il niche notamment dans le cirque du Génépy. Le tichodrome est souvent sédentaire, mais parfois, il descend hiverner à plus basse altitude.


Le cincle plongeur De

la taille du merle noir, le cincle plongeur (Cinclus cinclus), parfois appelé “merle d’eau”, se caractérise par sa gorge et sa poitrine (ou plastron) d’un blanc éclatant. Il se distingue également du mâle de merle à plastron, qui ne porte qu’un croissant blanc sur la poitrine et arbore une queue plus longue. La présence du cincle est strictement liée à celle de ruisseaux et torrents, propres et limpides, avec un courant assez fort. Plutôt craintif, l’approche d’une personne provoque immédiatement la fuite du cincle.

queue courte et souvent relevée

gorge et poitrine blanc pur

reste du plumage sombre

ASTERS - Georges Lacroix

longues pattes

Cincle plongeur

ASTERS - Georges Lacroix

Fiche-espèce n°11

Sommaire

Merle à plastron

Écologie

Oiseau

sédentaire en France, le cincle plongeur occupe les cours d’eau rapides, peu profonds à substrat caillouteux. Il se

144 - Regard sur quelques espèces

pose généralement sur de grosses pierres émergeant de l’eau, afin d’inspecter, depuis ce promontoire, le fond de la rivière. Il recherche sa nourriture, composée principalement de larves et de nymphes d’insectes


Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Présent dans l’ensemble des régions montagneuses du Paléarctique, le cincle plongeur n’est absent que dans les zones de

plaines des façades atlantiques et de la Mer du Nord. En France, il est réparti sur une large moitié du pays, au sud-est d’une ligne allant des Ardennes aux Pays basque. Ses effectifs, estimés à quelque 30 000 couples en France dépassent 10 % de la population européenne de l’espèce. Il occupe les têtes de bassin des cours d’eau de la plupart des régions accidentées d’Europe, mais descend aussi jusqu’en plaine, sur le ruisseau de l’Hyère à Cognin, par exemple.

Menaces

Tous les déplacements du cincle plongeur sont liés aux cours d’eau. De fait, toute atteinte, en qualité et en quantité, portée à la ressource en eau constitue une menace pour l’espèce : rejets organiques qui appauvrissent les communautés d’invertébrés, détournement des eaux pour les besoins hydroélectriques qui ne laissent que de faibles débits, etc.

Protection et propositions de gestion

PNV - Maurice Mollard

Le cincle plongeur est une espèce protégée par la loi française. La protection de l’espèce passe par la conservation des cours d’eau avec des débits importants et une qualité physico-chimique optimale. Cincle plongeur dans son biotope

Le saviez-vous ? • Le comportement général du cincle plongeur traduit une nervosité très au-dessus de la moyenne : oiseau toujours en alerte, toujours en mouvement.

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n°11

aquatiques (éphémères, trichoptères, etc.), ainsi que quelques crustacés et mollusques d’eau douce, au fond de l’eau. Au cours d’une immersion d’une dizaine de secondes, le cincle plongeur marche à contre-courant sur le lit du ruisseau, tête baissée, fouillant du bec parmi les galets. Il niche dans un secteur riche en nourriture, à proximité immédiate de l’eau. Le nid est logé entre les racines entrelacées des arbres des berges ou dans une falaise, un bloc rocheux émergé, parfois sous un pont, etc. À Pralognan-la-Vanoise, le cincle plongeur a déjà niché sous le pont de Ritort et des Prioux. Après une vingtaine de journées passées au nid, les jeunes s’émancipent et gagnent l’eau.


La grenouille rousse D’aspect général ramassé, la grenouille rousse (Rana temporaria) fait partie, avec le crapaud commun, des deux espèces amphibiens sans queue à l’âge adulte (ordre des anoures = grenouilles et crapauds) présents à Pralognan-la-Vanoise.

peau assez verruqueuse

museau court et arrondi grand tympan (= 2/3 du diamètre de l’œil)

PNV - Patrick Folliet

Grenouille rousse

replis latéraux dorsaux non parallèles, se rapprochant au milieu du dos

face supérieure du corps de couleur variable, particulièrement tachée de noir en montagne

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-espèce n°12

Sommaire

Grenouille rousse

Écologie

Dans les régions d’altitude, la grenouille rousse est réputée ubiquiste : elle vit en milieu terrestre toute l’année sauf en période de reproduction où elle fréquente les milieux aquatiques (lacs et mares qui se réchauffent plus rapidement au soleil et parfois ruisseaux) ainsi que les tourbières et abords de marais.

146 - Regard sur quelques espèces

La période d’activité de la grenouille rousse à Pralognan-la-Vanoise s’échelonne de mai à octobre. Durant la journée, c’est la climatologie qui conditionne les phases d’activité de cette grenouille : au printemps, les nuits froides ne sont pas favorables aux déplacements. En été, en revanche, la grenouille rousse est active le soir et tôt le matin. C’est alors qu’elle part en quête de nourriture (vers, orthoptères, escargots, etc.).


PNV - Patrick Folliet

à l’ouest de la Russie. Elle est assez commune en France, à partir de 600 m d’altitude, sauf dans le centre-ouest où elle est en déclin. C’est l’espèce d’amphibien la plus abondante et la plus commune en Vanoise. Les grenouilles rousses sont parfois pêchées pour la consommation de leurs cuisses, mais ce n’est pas le cas à Pralognan-la-Vanoise.

Menaces

À

l’échelle départementale, les menaces sont surtout liées à la destruction de certains habitats propices assurant la continuité des populations, ainsi qu’au braconnage des frayères pour la consommation de cuisses de grenouilles. En période de migration, la mortalité est parfois très élevée au passage des axes routiers. Aucune de ces menaces ne semble peser actuellement sur l’espèce à Pralognan.

Protection et propositions de gestion Grenouille rousse

La Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La

grenouille rousse est une espèce eurasiatique dont l’aire de répartition s’étend du nord au sud de la Scandinavie au nord de l’Espagne, et d’ouest en est, du Portugal

grenouille rousse a été protégée quelques années, puis déclassée. Le maintien en bon état de conservation de ses biotopes permettront à la grenouille rousse de fréquenter encore longtemps les milieux humides et aquatiques de Pralognan-la-Vanoise.

Le saviez-vous ? • L'altitude semble avoir une influence sur la taille des individus de grenouille rousse : à haute altitude, ces grenouilles mesurent de 0,5 à 4,5 cm de plus qu'en plaine. • En Europe, la grenouille rousse est l'amphibien qui atteint les altitudes les plus hautes. • La présence au cours de l'été de grands têtards (45 mm), dont les pattes postérieures mesurent jusqu'à 6,5 mm et de têtards beaucoup plus petits (moins de 20 mm) et moins développés, suggère que les premiers seraient dans leur deuxième année et les seconds dans leur première année de vie.

Regard sur quelques espèces - 147

Fiche-espèce n°12

La période de reproduction est assez longue en altitude et peut durer plusieurs semaines. La migration prénuptiale des adultes reproducteurs est dictée par une certaine température de l’air ambiant. Les pontes interviennent dès que les lacs et mares sont partiellement dégelés. Elles prennent l’aspect de masses gélatineuses flottantes, comportant 1 000 à 4 000 oeufs. Les nombreux têtards, de coloration noire, se rassemblent dans les parties les plus chaudes, superficielles et ensoleillées des points d’eau. L’hivernage de cet amphibien a lieu sur terre ou dans l’eau selon l’altitude où elle se situe. À Pralognan-la-Vanoise, la grenouille rousse peut être observée au lac de chalet Clou.


Le damier rouge Le damier rouge (Euphydryas intermedia), ou damier du chèvrefeuille, figure parmi la centaine d’espèces de papillons de jour répertoriées à Pralognan-la-Vanoise. Il existe plusieurs espèces différentes de damier, dont deux d’apparence proche de celle du damier rouge : le damier de l’alchémille et le damier de la succise. Le damier rouge est le plus rare de ces trois papillons. dessus d’aspect roux, constitué d’un réseau de taches orangées séparées par des veines noires

Michel Savourey

La présence aux ailes postérieures d’une bande marginale discontinue de taches gris bleuâtre (peu visible sur cette photo), est caractéristique de cette espèce de damier

Autres caractéristiques

Le damier rouge ou damier du chèvrefeuille

Large bande orange sans points noirs aux bas du dessous des ailes Femelle est un peu plus grande et plus claire que le mâle

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-espèce n°13

Sommaire

Un damier très différent : le damier de l’alchémille (mâle aux taches blanches caractéristiques)

Écologie

Chez cette espèce, l’état larvaire (la chenille) dure environ de la fin août au mois de juin deux ans plus tard : il s’agit de l’unique phase de croissance de l’individu. Suite à la métamorphose complète, le papillon adulte vole de fin juin à juillet, période pendant laquelle il se consacre entièrement à la reproduction. Il pond ses œufs en paquets

148 - Regard sur quelques espèces

au revers des feuilles de chèvrefeuille bleu. Les chenilles se nourrissent de cette plante hôte qui pousse à l’étage subalpin dans les forêts et divers fourrés d’altitude, tels que les boisements clairs d’aulne vert. En Vanoise, ce papillon fréquente les secteurs très humides situés entre 1 600 et 2 000 m d’altitude, qu’il s’agisse de futaies, d’aulnaies vertes ou de zones buissonnantes claires.


Menaces

La répartition européenne du damier du chèvrefeuille se limite à la France, la Suisse et l’Autriche où il est très localisé et rare. Il est aussi présent en Russie. En France, il n’est connu qu’en Savoie et dans une station de chacun des trois départements limitrophes : la HauteSavoie, l’Isère et les Hautes-Alpes. Il y est toujours très localisé et peu abondant. En Vanoise, cette espèce est connue dans une vingtaine de stations (soit dans huit communes de Tarentaise et trois de Maurienne), dont quatre sur la commune de Pralognan-la-Vanoise.

Le damier rouge ne souffre, a priori, d’aucune menace précise, dans la mesure où les zones qu’il affectionne sont souvent inexploitées, car humides et difficiles d’accès. Cependant, son milieu de vie peut être l’objet de projets d’aménagement tels que la création des pistes de ski, comme cela a été le cas, à Valmeinier en Maurienne, en 2001/2002. Protection et propositions de gestion

Aire de vol du damier rouge en Savoie et au voisinage en 2003 (d’après Savourey M., 1994)

Bien

que rare en France, cette espèce ne dispose aujourd’hui d’aucun statut de protection particulier. Ceci tient au fait qu’elle ne semble pas particulièrement menacée, si ce n’est par le réchauffement climatique ou de manière limitée jusqu’à présent, par les aménagements touristiques de la montagne. La conservation de cette espèce de papillon et de ses milieux passe, dans un premier temps, par la poursuite de la recherche de l’espèce sur la commune de Pralognan-la-Vanoise et plus généralement à l’échelle de la Savoie, afin de mieux définir son statut (effectifs, répartition).

Le saviez-vous ? • Le damier rouge a été découvert pour la première fois en France à Pralognan-laVanoise en 1924-25 par le spécialiste J. Bourgogne. Depuis, l'espèce a été mentionnée dans une vingtaine de localités de Savoie, grâce à l'inventaire coordonné depuis 1985, dans ce département par M. Savourey. • Les populations françaises du damier rouge appartiennent à une sous-espèce alpine, qui est parfois considérée comme une espèce à part entière, distincte et endémique* des Alpes. • Vus de dessus, les damiers, nacrés et mélitées présentent tous une ornementation semblable faite d'un réseau de bandes et de taches noires sur fond orange. C'est l'alternance de bandes jaunâtres plus claires qui permet de différencier les espèces entre elles.

Regard sur quelques espèces - 149

Fiche-espèce n°13

Intérêts biologiques


Annexes

Annexes


Annexes

Sommaire

Lexique [1] d’après le Dictionnaire des plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al., 1999) [4] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993)

oOo Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement [2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation de sédiments. Calcicole [1] Se dit d’un végétal ou d’un champignon qui supporte les substrats calcaires ; c’est-à-dire renfermant en quantité notable du carbonate de calcium ou des sels de calcium et de magnésie. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à alcalin. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Cembraie [5] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca.

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 153


Annexes

Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Incrustés (lichens) Lichens en forme de croûtes aplaties, ancrés à la roche par des pseudo racines, les rhizines. Ils peuvent résister à des conditions de luminosité et de sécheresse intenses. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre.

154 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise


Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Relique ou relicte glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Trichoptères [4] Famille d’insectes dont le développement larvaire se déroule en milieu aquatique. Les larves se protégent dans des fourreaux faits de graviers ou de brindilles (porte-bois, phryganes). Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique.

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 155

Annexes

Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas.


Annexes

Sommaire

Bibliographie ACEMAV coll., DUGUET R. & MELKI F. ed., 2003.- Les amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Coll. Parthénope, Éd. Biotope. Mèze, France. 480 p. AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection … Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. BOUNEMOURA Z., 1999.- Cartographie des habitats et des espèces d’intérêt communautaire dans les forêts domaniales de la dent du Villard (309,47 ha) et du petit mont Blanc (396,16 ha) (Tarentaise). Office National des Forêts, Service Départemental de la Savoie, Division de Moûtiers. 57 p. CHIBON P., 1976.- Les amphibiens dans le Parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome VII. p 149-155. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COURTECUISSE R. & DUHEM B., 1994.- Guide des champignons de France et d’Europe. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 480 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. DELAHAYE T., 2000.- Cinq plantes rares présentes au mont Cenis : Arenaria grandiflora, Phyteuma michelii, Potentilla multifida, Saponaria lutea et Saxifraga diapensioides. Bull. Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°5, pp 34-35. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p.

156 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise


DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. ERNOULT C., VERNET D., LABONNE S., FAVIER G. & DOBREMEZ L., 1998.- Évolution des usages et activités pastorales dans le Parc national de la Vanoise (1972-1996). Parc national de la Vanoise & Cemagref – Division Agriculture et Milieux montagnards. 91 p. + annexes. FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p. FRITSCH R., 1986.- Les aunaies vertes de la Vanoise et leurs cortèges floristiques. Bull. Trimes. des amis du Parc de la Vanoise, n°54. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. GÉROUDET Paul, 1978.- Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Suisse. 429 p. GUISLAIN L., 2003.- Stage de vulgarisation de la géologie. Rapport de stage. Parc national de la Vanoise & Université Paul Sabatier (Toulouse). 46 p. KEITH P. & ALLARDI J., 2001.- Atlas des poissons d’eau douce de France. Éd. Muséum National d’Histoire Naturelle, Patrimoines naturels, n°47. 387 p. KÜHNER R. & LAMOURE D., 1986.- Catalogue des Agaricales (basidiomycètes) de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome XV. p 103-187. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 157

Annexes

DELFORGE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p.


Annexes

LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p. LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise. Tome XXI. 304 p. MOREAU Pierre-Arthur, 2002.- À la découverte des champignons de la zone alpine. Bull. mycol. bot. Dauphiné-Savoie,166. p 5-37. MOREAU Pierre-Arthur, 1997.- Mise à jour du “Catalogue des Agaricales de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes”. Rapport non publié. 83 p. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministères de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Ediscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. pp 426-427. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p.

158 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise


SOCIÉTÉ DE PROTECTION DE LA NATURE DES ARDENNES, 1973.- Le cincle : il nage, plonge et… marche sous l’eau. Le connaissez-vous ?. Éd. Soc. Protec. Nat. des Ardennes. La Hulotte n°10, pp. 2-11. SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. WEBER E., 1994.- Sur les traces du bouquetins d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 176 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 159

Annexes

SAVOUREY M., 1994.- Excursions en Maurienne (Savoie) et précisions sur la répartition d’Euphydryas intermedia wolfensbergeri Frey, 1880. Alexanor, 18 (7). pp. 415-422.


Liste des plantes d’intérêt patrimonial

aconit paniculé ail victorial ancolie des Alpes androsace alpine androsace helvétique androsace pubescente avoine de Seyne chardon bleu des Alpes crépide naine crépide rhétique dauphinelle douteuse dracocéphale d’Autriche dracocéphale de Ruysch drave de Hoppe épipogon sans feuilles éritriche nain génépi jaune génépi vrai gentiane croisette gentiane utriculeuse gymnadénie odorante laîche bicolore laîche de Lachenal laîche faux pied d’oiseau laîche maritime linnée boréale lis martagon lis orangé lycopode des Alpes orchis nain des Alpes

+ + + + + + + + + + + + + +

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+ +

1 1 2 1 1 1 1 4 1 3 2 3 2 2 2 1 1 1 1 2

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160 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise

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Glaciers et névés

Rochers et falaises

Éboulis et moraines

Pelouses et combes à neige

Landes, landines et fourrés de saules

Aulnaie verte et méghaphorbiaies

Forêts de conifères

Prairies de fauche

Zones humides d’altitude

Lac et cours d’eau

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Les grands types de milieux de Pralognan-la-Vanoise

Protection Livre rouge tome 1

Annexes

Sommaire


Annexes + + + + + + + + + + + + + +

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Glaciers et névés

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Rochers et falaises

Landes, landines et fourrés de saules

Aulnaie verte et méghaphorbiaies

Forêts de conifères

Prairies de fauche

Zones humides d’altitude

Lac et cours d’eau

Village, hameaux et abords

Éboulis et moraines

2 2 2 2 1 1 1 3 1 1 3 1 1 2 1 2

Pelouses et combes à neige

pédiculaire ascendante pédiculaire d’Allioni pédiculaire du mont Cenis potentille blanc de neige pyrole intermédiaire pyrole verdâtre rhapontique des Alpes sabot de vénus saule à dents courtes saule glauque saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse silène de Suède swertie vivace tozzie des Alpes violette pennée

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Les grands types de milieux de Pralognan-la-Vanoise

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Légendes w : habitat principal à Pralognan-la-Vanoise q : autre habitat à Pralognan-la-Vanoise

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 161


Annexes

Sommaire

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique)

Flore

ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français

Nom scientifique

amanite tue-mouches

Amanita muscaria

arrhenia lobée

Arrhenia lobata

aulacomnium

Aulacomnium sp.

bolet blafard

Boletus luridus

bolet élégant

Suillus grevillei

brun lichen d’Islande ou lichen des rennes Cetraria islandica calliergon

Calliergon sp.

chlamydomonas des neiges

Chlomydomonas des neiges

corniculaire normoerica

Cornicularia normoerica

cortinaire chrysomallus

Cortinarius chrysomallus

cortinaire de Kühner

Cortinarius kuehneri

cratoneuron

Cratoneuron sp.

cratoneuron commutatum

Cratoneuron commutatum

laccaire des montagnes

Laccaria montana

Lecidea jurana

Lecidea jurana

mycène de l’aulne

Mycena alnetorum

mycène des cirses épineux

Hemimycena ochrogaleata

omphaline des ruisseaux

Omphalina rivulicola

peltigère aphteuse

Peltigera aphthosa

péniophore orangé

Peniophora aurantiaca

rhizocarpe géographique

Rhizocarpon geographicum

russule de Norvège

Russula norvegica

Stropharia merdaria

Stropharia merdaria

thamnolia en forme de ver

Thamnolia vermicularis

tricholome hémi-soufré

Tricholoma hemisulfureum

usnée filipendule

Usnea filipendula

xanthorie élégante

Xanthoria elegans

162 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise

Nom patois


Nom français

Nom scientifique

achillée naine

Achillea nana

aconit paniculé

Aconitum variegatum ssp. paniculatum

aconit tue-loup

Aconitum vulparia

adénostyle à feuilles d’alliaire

Adenostyles alliariae

ail victoriale

Allium victorialis

airelle à petites feuilles

Vaccinium uliginosum ssp. microphyllum

airelle rouge

Vaccinium vitis-idaea

alchémille à cinq feuilles

Alchemilla pentaphylla

ancolie des Alpes

Aquilegia alpina

androsace alpine ou a. des Alpes

Androsace alpina

androsace helvétique ou a. suisse

Androsace helvetica

androsace pubescente

Androsace pubescens

arnica des montagnes

Arnica montana

arolle ou pin cembro

Pinus cembra

aulne vert ou arcosse

Alnus viridis

avoine de Seyne

Helictotrichon sedenense

azalée naine ou azalée des Alpes

Loiseleuria procumbens

benoîte des ruisseaux

Geum rivulare

benoîte rampante

Geum reptans

bouleau blanc

Betula pendula

brunelle vulgaire

Brunella vulgaris

camarine hermaphrodite

Empetrum nigrum ssp. hermaphroditum

campanule du mont Cenis

Campanula cenisia

centaurée uniflore

Centaurea uniflora

chardon bleu des Alpes

Eryngium alpinum

colchique

Colchicum sp.

crépide naine

Crepis pygmaea

crépide rhétique

Crepis rhaetica

cumin des prés

Carum carvi

dactyle aggloméré

Dactylis glomerata

dauphinelle douteuse

Delphinium dubium

dompte-venin officinal

Vincetoxicum hirundinaria

doradille noire

Asplenium trichomanes

doradille rue-des-murailles

Asplenium ruta-muraria

dracocéphale d’Autriche

Dracocephalum austriacum

dracocéphale de Ruysch

Dracocephalum ruyschiana

drave de Hoppe

Draba hoppeana

edelweiss ou étoile des neiges

Leontopodium alpinum

épicéa

Picea abies

épilobe de Fleicher

Epilobium fleischeri

épipogon sans feuilles

Epipogon aphyllum

éritriche nain

Eritrichum nanum

Nom patois

arrolle

tsardon blu

erell de la né

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 163

Annexes

PLANTES SUPÉRIEURES


Annexes

Nom français

Nom scientifique

fraise des bois

Fragaria vesca

framboise

Rubus idaeus

génépi (genépi) des glaciers

Artemisia glacialis

génépi (genépi) jaune ou g. femelle

Artemisia mutellina = A. umbelliformis

génépi (genépi) vrai ou g. mâle

Artemisia genipi

genévrier nain

Juniperus nana

gentiane acaule ou g. de Koch

Gentiana acaulis

gentiane croisette

Gentiana cruciata

gentiane de Clusius

Gentiana clusii

gentiane de Koch ou g. acaule

Gentiana acaulis

gentiane des neiges

Gentiana nivalis

gentiane jaune

Gentiana lutea

gentiane ponctuée

Gentiana punctata

gentiane pourpre

Gentiana purpurea

gentiane printanière

Gentiana verna

gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé

Gentiana utriculosa

géranium des bois

Geranium sylvaticum

grande berce

Heracleum spondylium

gymnadénie odorante

Gymnadenia odoratissima

gypsophile rampante

Gypsophila repens

hugueninie à feuilles de tanaisie

Hugueninia tanacetifolia

knautie blanchâtre

Knautia subcanescens

laîche bicolore

Carex bicolor

laîche brune

Carex nigra

laîche courbée

Carex curvula

laîche de Davall

Carex davalliana

laîche de Lachenal

Carex lachenalii

laîche faux pied-d’oiseau

Carex ornithopodioides

laîche fétide

Carex foetida

laîche maritime

Carex maritima

laîche rouge-noirâtre

Carex atrofuscae

laitue des Alpes

Cicerbita alpina

linaigrette à feuilles étroites

Eriophorum angustifolium

linaigrette de Scheuchzer

Eriophorum scheuchzeri

linaire des Alpes

Linaria alpina

linnée boréale

Linnaea borealis

lis martagon

Lilium martagon

lis orangé

Lilium croceum

lycopode des Alpes

Lycopodium (= Diphasiastrum) alpinum

mélampyre des bois

Melampyrum nemorosum

mélèze

Larix decidua

myrtille

Vaccinium myrtillus

nard raide

Nardus stricta

164 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise

Nom patois

dzenepi

dzenrenne

cocouar

empou


Nom scientifique

orchis nain des Alpes ou chamorchis des Alpes

Chamorchis alpina

orpin à feuilles épaisses

Sedum dasyphyllum

ortie dioïque

Urtica dioica

oxalis petite oseille

Oxalis acetosella

panicaut champêtre

Eryngium campestre

pâturin des Alpes

Poa alpina

pédiculaire à bec en épi

Pedicularis rostrato-spicata

pédiculaire ascendante

Pedicularis ascendens

pédiculaire du mont Cenis

Pedicularis cenisia

pédiculaire feuillée

Pedicularis foliosa

pédiculaire rose ou p. d’Allionii

Pedicularis rosea

pédiculaire verticillée

Pedicularis verticillata

pensée éperonnée ou violette à éperon

Viola calcarata

pétasite paradoxal

Petasites paradoxus

petite pyrole

Pyrola minor

pigamon à feuilles d’ancolie

Thalictrum aquilegiifolium

pin à crochets

Pinus uncinata

pin cembro ou arolle

Pinus cembra

pissenlit

Taraxacum officinale

potentille blanc de neige

Potentilla nivea

prénanthe pourpre

Prenanthes purpurea

primevère à larges feuilles ou p. visqueuse

Primula latifolia

primevère hérissée

Primula hirsuta

pyrole à feuilles rondes

Pyrola rotundifolia

pyrole à une fleur

Moneses uniflora

pyrole intermédiaire

Pyrola media

pyrole verdâtre

Pyrola chlorantha

raisin d’ours commun ou busserolle

Arctostaphylos uva-ursi

renouée bistorte

Polygonum bistorta

rhapontique des Alpes

Stemmacantha rhapontica

rhododendron ferrugineux

Rhododendron ferrugineum

rosier

Rosa sp.

rumex des Alpes ou rhubarbe des moines

Rumex alpinus

sabot de Vénus

Cypripedium calceolus

sapin blanc ou s. pectiné

Abies alba

saule à dents courtes

Salix breviserrata

saule glauque

Salix glaucosericea

saule helvétique

Salix helvetica

saule herbacé

Salix herbacea

saule marsault ou s. des chèvres

Salix caprea

saxifrage à deux fleurs

Saxifraga biflora

saxifrage à feuilles rondes

Saxifraga rotundifolia

saxifrage bleuâtre

Saxifraga caesia

Nom patois

arrolle

lape

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 165

Annexes

Nom français


Annexes

Nom français

Nom scientifique

saxifrage des vaudois

Saxifraga valdensis

saxifrage fausse diapensie

Saxifraga diapensiodes

saxifrage fausse mousse

Saxifraga muscoides

saxifrage faux aïzoon

Saxifraga aizoides

seslérie bleuâtre

Sesleria caerulescens

silène de Suède

Silene suecisa

soldanelle des Alpes

Soldanella alpina

swertie vivace

Swertia perennis

thym serpolet

Thymus serpyllium

tozzie des Alpes

Tozzia alpina

trichophore cespiteux ou t. gazonnant

Trichophorum cespitosum

trisète jaunâtre

Trisetum flavescens

trolle d’Europe

Trollius europeus

valériane triséquée

Valeriana tripteris

vérâtre blanc ou hellébore blanc

Veratrum album

violette à feuilles pennées ou v. pennée

Viola pinnata

Nom patois

Faune vertébrée AMPHIBIENS Nom français

Nom scientifique

Nom patois

crapaud commun

Bufo bufo

rnoï

grenouille rousse

Rana temporaria

salamandre tachetée

Salamandra salamandra

triton alpestre

Triturus alpestris

MAMMIFÈRES Nom français

Nom scientifique

Nom patois

blaireau européen

Meles meles

techon

bouquetin des Alpes

Capra ibex

campagnol des champs

Microtus arvalis

campagnol des neiges

Microtus nivalis

cerf élaphe

Cervus elaphus

chamois

Rupicapra rupicapra

chevreuil

Capreolus capreolus

écureuil roux

Sciurus vulgaris

166 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise

tsamoué verdzar


Martes foina

feina

hermine

Mustela erminea

morell

lérot

Elyomis quercinus

lièvre brun ou l. commun ou l. d’Europe Lepus capensis lièvre variable

Lepus timidus

marmotte alpine ou m. des Alpes

Marmotta marmotta

martre des pins

Martes martes

musaraigne carrelet

Sorex araneus

petit murin

Myotis blythi

petit rhinolophe

Rhinolophus hipposideros

pipistrelle commune ou p. d’Europe

Pipistrellus pipistrellus

renard roux

Vulpes vulpes

sanglier

Sus scrofa

taupe d’Europe

Talpa europaea

rannar darbon

OISEAUX Nom français

Nom scientifique

accenteur alpin

Prunella collaris

accenteur mouchet

Prunella modularis

aigle royal

Aquila chrysaetos

alouette des champs

Alauda arvensis

bec-croisé des sapins

Loxia curvirostra

bergeronnette des ruisseaux

Motacilla cinerea

bouvreuil pivoine

Pyrrhula pyrrhula

caille des blés

Coturnix coturnix

chevêchette d’Europe ou chouette chevêchette

Glaucidium passerinum

chocard à bec jaune

Pyrrhocorax graculus

chouette de Tengmalm ou nyctale de T.

Aegolius funereus

chouette hulotte

Strix aluco

cincle plongeur

Cinclus cinclus

faucon crécerelle

Falco subbuteo

faucon pèlerin

Falco peregrinus

fauvette des jardins

Sylvia borin

fauvette orphée

Sylvia hortensis

gélinotte des bois

Tetrastes bonasia

gobemouche gris

Muscicapa striata

grives

Turdus sp.

gypaète barbu

Gypaetus barbatus

hirondelle de fenêtre

Delichon urbica

hirondelle de rochers

Ptyonoprogne rupestris

lagopède alpin ou perdrix des neiges

Lagopus mutus

merle à plastron

Turdus torquatus

Nom patois

tsavie

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 167

Annexes

fouine


Annexes

merle de roche

Monticola saxatilis

merle noir

Turdus merula

mésange boréale

Parus montana

mésange charbonnière

Parus major

mésange huppée

Parus cristatus

mésange noire

Parus ater

moineau domestique

Passer domesticus

musaraigne carrelet

Sorex araneus

niverolle alpine

Montifringilla nivalis

perdrix bartavelle

Alectoris graeca

pic épeiche

Dendrocopos major

pic noir

Dryocopus martius

pinson des arbres

Fringilla coelebs

pipit spioncelle

Anthus spinoletta

rougequeue noir

Phoenicurus ochruros

rousserolle verderolle

Acrocephalus palustris

sizerin flammé

Carduelis flammea

tarier des prés ou traquet tarier

Saxicola rubetra

tétras-lyre ou petit coq de bruyère

Tetrao tetrix

tichodrome échelette

Tichodroma muraria

traquet motteux

Oenanthe oenanthe

POISSONS Nom français

Nom scientifique

chabot

Cottus gobio

omble chevalier

Salvelinus alpinus

Nom patois

omble de fontaine ou saumon de fontaine Salvelinus fontanilis truite arc-en-ciel

Oncorhynchus mykiss

truite fario ou truite de rivière

Salmo trutta fario

REPTILES Nom français

Nom scientifique

coronelle lisse

Coronella austriaca

lézard des murailles

Podarcis muralis

lézard vert

Lacerta viridis

lézard vivipare

Lacerta vivipara

orvet

Anguis fragilis

vipère aspic

Vipera aspis

168 - Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise

Nom patois

lezar

sarpe


Annexes

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français

Nom scientifique

azuré de la canneberge

Vaccinia optilete

azuré de l’oxytropide

Polyommatus eros

azuré des soldanelles

Agriades glandon

azuré du serpolet

Maculinea arion

belle dame

Vanessa cardui

chamoisé des glaciers

Oeneis glacialis

cuivré flamboyant

Palaeochrysophanus hippothoe

damier de la succise

Euphydryas aurinia

damier de l’alchémille

Euphydryas cynthia

damier rouge ou damier du chèvrefeuille

Euphydryas intermedia

grand apollon

Parnassius apollo

grand nacré

Argynnis aglaja

machaon

Papilio machaon

moiré fauve

Erebia mnestra

moiré lancéolé

Erebia alberganus

némusien ou ariane

Lasiommata maera

petit apollon

Parnassius phoebus

petite tortue

Aglais urticae

protée ou azuré des mouillères

Maculinea alcon

semi appolon

Parnassius mnemosyne

solitaire

Colias palaeno

vulcain

Vanessa atalanta

Nom patois

INSECTES : ODONATES Nom français

Nom scientifique

æschne des joncs

Aeschna juncea

Nom patois

INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français

Nom scientifique

Nom patois

criquet des pâtures

Chorthippus parallelus

sottere

grande sauterelle verte

Tettigonia viridissima

œdipode rouge

Oedipoda germanica

œdipode turquoise

Oedipoda caerulescens

Découvrir le patrimoine naturel de Pralognan-la-Vanoise - 169


Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l’aide d’un groupe de travail : Marie-Thérèse Blosser, Louis Eyvrard, Thierry Lombard, Véronique Maitre, Thierry Thomas, Bernard Vion, Claude Vion Commune de Pralognan-la-Vanoise • Daniel Gérardin - Office national des Forêts • Alain Déteix, Benjamin Plumecocq, Céline Rutten, Clotilde Sagot - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Danièle Granger-Cuq - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Irène Girard, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Bruno Bletton - Chambre d’Agriculture de la Savoie • Manuel Bouron, Emmanuelle Saunier, Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Michel Savourey - Entomologiste • Maurice Durand - Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne • Cyrille Deliry - GRPLS • Philippe Gaudry - Centre Régional de la Propriété Forestière de Savoie. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Pralognan-la-Vanoise : Nicolas Bayard, Philippe Benoît, Joël Blanchemain, Michel Bouche, Marie-Geneviève Bourgeois, Daniel Briotet, Christophe Chamonal, Jeannette Chavoutier, Marc Corail, Robert Cote, Thierry Delahaye, Hélène Durand, Louis Eyvrard, Pierre Gensac, Daniel Gérardin, Christophe Gotti, Danièle Bonnevie, Ludovic Imberdis, Pascal Jarige, Laurence Jullian, Pascal Langer, Sandrine Lemmet, Claude Lepape, Maurice Mollard, Karine Moussiegt, Philippe Pellicier, Benjamin Plumecocq, Joseph Ratel, Céline Rutten, Clotilde Sagot, Gérard Sarrazin, Michel Savourey, secteur de Sainte Foy, secteur de Val d’Isère, Agnès Vivat, Claude Vion, Lise Wlérick. Financement : Conseil Général de la Savoie • Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Julien Lefèvre, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Virginie Bourgoin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio - Grenoble (Isère) Mise en page intérieure : Tribu - Saint-Baldoph (Savoie) - Tél. : 04 79 68 97 60 Photos de couverture : - Première de couverture : PNV - Alexandre Garnier - Quatrième de couverture :

Grand apollon PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Dracocéphale d’Autriche PNV - Michel Delmas

Bouquetin des Alpes PNV - Maurice Mollard

Saxifrage fausse diapensie PNV - Christophe Gotti

Gentiane jaune PNV - Philippe Benoît

Linnée boréale PNV - Philippe Benoît

Cincle plongeur PNV - Maurice Mollard

Chardon bleu des Alpes PNV - Christophe Gotti

Grenouille rousse PNV - Patrick Folliet

Impression : Couleurs Montagne - Saint-Baldoph (Savoie) – Tél. : 04 79 28 62 50 - Courriel : couleurs-montagne@wanadoo.fr

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-18-2 Dépôt légal : 4e trimestre 2005


Avec le concours financier de :


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