Découvrir le patrimoine naturel de Séez

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Découvrir le patrimoine naturel de

séez

Découvrir le patrimoine naturel de

Avec le concours financier de :

SÉEZ


Préface La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent au territoire son identité et son caractère. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Séez s’est investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise et du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. « Découvrir le patrimoine naturel de Séez » est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents, etc. Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.



Le mot du Maire Beaucoup

de villages des Alpes vivent aujourd’hui grâce au tourisme sportif tout en restant des lieux privilégiés pour se ressourcer. Notre commune a la particularité d’avoir une implantation géographique remarquable et des espaces à découvrir. Observons avec intérêt cette situation, alors qu’est reconnue la double valeur de ce paysage : naturel et culturel. L’ouvrage qui vous est présenté a pour objet de mettre en valeur les richesses naturelles de cette haute vallée que je nommerai « Pays de Séez-Saint-Bernard», car ce territoire familier a laissé des traces millénaires dans l’histoire de la Savoie. La beauté du col du Petit-SaintBernard, situé entre la haute Tarentaise et le Val d’Aoste, n’est plus à démontrer. Parcouru durant des siècles, car l’un des seuls passages des Alpes accessible été comme hiver, la qualité du site ainsi que ses vestiges millénaires (voie romaine, archéologie, infrastructures militaires, hospice, chalets d’alpage, chapelles, jardin alpin, etc.) ont marqué les différentes époques de l’histoire. Cet intéressant domaine d’altitude a été entretenu par des hommes de cœur, empreints d’une grande humanité. Sur le plan géographique, la commune de Séez a le privilège d’être caressée par le soleil, du levant au couchant, sans oublier qu’en contrepartie elle est balayée par le célèbre « vent du Saint-Bernard». Une telle implantation doit être l’occasion de tout mettre en œuvre pour valoriser ces espaces naturels. Ainsi, l’altitude, le relief et le climat déterminent-ils les caractéristiques d’un environnement floristique et faunistique qu’il convient de protéger. Cette situation, en parfait accord avec ce que l’on appelle aujourd’hui «développement durable», invite le marcheur ou le promeneur à contempler, écouter et s’imprégner du silence de la montagne et de l’harmonie de ses reliefs. Dans cet environnement, l’homme ressent un bonheur simple et familier. Si le terrain se prête à la contemplation, l’effort en ces lieux suscite réflexion et méditation. Située dans l’aire optimale d’adhésion du Parc national de la Vanoise, la commune de Séez ressent comme un privilège d’avoir sa place dans un environnement de cette qualité. Les Séerains ont une grande chance de vivre dans ce beau paysage de nature. Qu’ils sachent le conserver en l’état et qu’ils soient fiers d’avoir à leurs côtés ces passionnés que sont les gardes du Parc national de la Vanoise. Mes remerciements vont aux représentants du Conservatoire du Patrimoine de la Savoie et à tous ceux qui ont participé à la réalisation de cet ouvrage. Puisse un tel témoignage servir les générations à venir et que les femmes et les hommes qui aiment cette commune deviennent les premiers ambassadeurs et conservateurs d’un domaine réservé à ceux qui nous succèderont. Jean-Louis GRAND, Maire de Séez Guide de Haute Montagne



Sommaire Préface Le mot du Maire

p. 1 p. 3

Quelles richesses naturelles sur la commune ?

p. 7 p. 9 p. 19 p. 26 p. 31 p. 37 p. 40

Un aperçu général de la commune Dimension économique Paysages de Séez Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie Préambule Fiche-milieu n° 1 Fiche-milieu n° 2 Fiche-milieu n° 3 Fiche-milieu n° 4 Fiche-milieu n° 5 Fiche-milieu n° 6 Fiche-milieu n° 7 Fiche-milieu n° 8 Fiche-milieu n° 9 Conclusion

: Le village, les hameaux et leurs abords : Les cours d’eau et les lacs : Les zones humides d’altitude : Les prairies de fauche de vallée et d’altitude : Les forêts de conifères : L’aulnaie verte et les landes d’altitude : Les pelouses d’altitude et les combes à neige : Les éboulis et les moraines : Les rochers et les falaises

Regard sur quelques espèces Fiche-espèce n° 1 Fiche-espèce n° 2 Fiche-espèce n° 3 Fiche-espèce n° 4 Fiche-espèce n° 5 Fiche-espèce n° 6 Fiche-espèce n° 7 Fiche-espèce n° 8 Fiche-espèce n° 9

: L’astragale de Montpellier : Le jonc arctique : Le pin sylvestre : La gentiane croisette : Le petit murin et le grand murin : Le cerf élaphe : Le faucon pèlerin et le faucon crécerelle : Le hanneton commun : Le campagnol des neiges et le campagnol terrestre

Annexes

p. 49 p. 51 p. 52 p. 60 p. 73 p. 82 p. 93 p. 105 p. 116 p. 125 p. 132 p. 140 p. 143 p. 144 p. 146 p. 149 p. 152 p. 155 p. 159 p. 162 p. 166 p. 168 p. 171 p. 173 p. 177 p. 181 p. 183

*

Lexique Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivi d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique

Découvrir le patrimoine naturel de Séez - 5



PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation

Reliefs et cours d’eau de Séez

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


La commune de Séez se situe en Savoie, en haute Tarentaise, au sein des Alpes internes du Nord. Elle est rattachée administrativement au canton de Bourg-Saint-Maurice. Au nord, plusieurs cols et sommets sont situés sur la frontière italienne : le sommet des Rousses, appelé aussi mont de Fourclaz, Lancebranlette, le col du Petit-Saint-Bernard, le mont Belvédère, le col du Belvédère, la Bella Valletta et le mont Valezan. À l’est et à l’ouest, la commune partage quelques autres cols et sommets (la pointe du Lac sans Fond, le col de la Traversette, le col des Embrasures et le roc Noir), avec deux communes limitrophes, Bourg-Saint-Maurice et Montvalezan, tandis que le torrent de Pissevieille, au sud, sépare Séez de Villaroger. D’une surface de 4 263 ha, Séez fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. La totalité de la commune se trouve incluse dans l’aire optimale d’adhésion (lire le paragraphe « Parc national de la Vanoise » p.40).

Séez, commune du Parc national de la Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9

Présentation

Un aperçu général de la commune


Orientée au sud-ouest, la commune de Séez s’étend principalement en rive droite du cours de l’Isère. La partie en rive gauche est le domaine exclusif de la forêt d’épicéas et de sapins, tandis que la partie en rive droite se caractérise par une forte amplitude altitudinale, de 810 m dans la vallée de l’Isère à 2 978 m au sommet des Rousses. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de trois étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par l’étage nival.

de la plaine de l’Isère, accueillent les principales habitations et prairies de fauche de la commune. Ces secteurs sont surmontés de forêts, plus ou moins entrecoupées de parcelles agricoles et de friches. Les alpages se développent au-delà des gorges du Reclus, principalement sur les pentes orientées au sud-est entre l’aiguille du Clapet et Lancebranlette. Les zones d’aulnaies, d’éboulis et de rochers se concentrent sur les pentes orientées au nord-ouest, entre le roc Noir et le mont Valezan, ainsi que sur le versant nord-ouest de l’aiguille du Clapet.

La rive droite correspond au bassin versant du torrent du Reclus, dont la source se situe sur le plateau du col du Petit-Saint-Bernard, ainsi qu’à une partie du haut vallon du Versoyen (versant nord-ouest de l’aiguille du Clapet). Les secteurs de basse altitude, constitués du cône de déjection du Reclus et

PNV - Christian Balais

Présentation

Morphologie de Séez

La commune de Séez de part et d’autre de la vallée de l’Isère

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Christian Balais PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

La commune de Séez, vue depuis la forêt de Malgovert

Vallon et col du Petit Saint-Bernard

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11


Particularités géologiques

Le relief de la commune de Séez est structuré par la vallée du torrent du Reclus, qui naît sous le col du Petit-Saint-Bernard et se jette dans l’Isère près de Bourg-Saint-Maurice. Le cours du torrent, la plupart du temps souligné par des alignements de gypse et de roches broyées bien repérables dans le paysage, correspond au tracé de ce que l’on appelle le front briançonnais, limite géologique majeure qui sépare les nappes valaisannes*, pour l’essentiel, à l’ouest, des nappes briançonnaises* à l’est (Cf. les cartes géologiques de Bourg-Saint- Maurice et de Sainte-Foy-Tarentaise). Les nappes valaisannes* comportent, d’une part, des ensembles rocheux riches en conglomérats et grès, d’âge crétacé à tertiaire, et reposant sur les célèbres roches vertes ou ophiolites dites du Versoyen, en particulier dans le massif du Clapet, et, d’autre part, des terrains calcaires et des schistes sombres fortement plissés, d’âge

jurassique, bien visibles notamment dans le flanc est du roc de Belleface. Les nappes briançonnaises* comportent essentiellement des successions de grès et de schistes noirs à anthracite d’âge carbonifère reposant localement sur des gneiss très anciens. Le métamorphisme alpin affecte l’ensemble de ces roches à des degrés divers, les roches les plus métamorphiques étant actuellement connues dans les nappes valaisannes. Au-dessus de cet ensemble compact, structuré en nappes de charriage*, soit valaisannes, soit briançonnaises, viennent les formations meubles quaternaires dans lesquelles on sépare les moraines qui tapissent les versants et le cône de déjections torrentielles du Reclus qui supporte l’essentiel des villages de la commune. Ce cône remarquable, doit vraisemblablement son importance à des coulées boueuses et des masses liées aux glissements de versants : glissements du flanc est de l’aiguille du Clapet, de la forêt des Écudets, enfin, ceux du flanc ouest de la crête col des Embrasures-Redoute ruinée.

d’après Serge Fudral

Présentation

Particularités géologiques, minéralogiques et climatiques

Coupe géologique simplifiée du bassin versant du Reclus

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation Roger de Ascençao Guedes

Cristaux de tourmaline noire

Particularités minéralogiques

Vers la fin du soulèvement alpin, les roches

PNV - Christian Balais

se sont fracturées et des fluides hydrothermaux* ont permis à des minéraux de se former librement dans des cavités. C’est ainsi que sur le territoire de la commune de Séez ont été répertoriées environ quarante espèces minérales, parmi lesquelles :

- Le quartz, l’albite, l’apatite, l’anatase, la brookite, la monazite et la synchysite dans les fissures des quartzites et des schistes de la zone houillère (terrains du carbonifère). - La tourmaline, la magnétite, le grenat, l’épidote, l’hématite, l’axinite, la titanite et l’amiante dans les nappes valaisannes*, plus précisément à l’aiguille du Clapet.

Neige découpée par un vent d’est violent vers le dou de Sermons

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13


Particularités climatiques

La

commune de Séez est sous l’influence d’un climat intra-alpin qui se caractérise par une relative sécheresse de fond de vallée (cumul de précipitations inférieur à 1 200 mm/an). Cette caractéristique est

accentuée par la présence du col du PetitSaint-Bernard. Lorsqu’un système de basse pression est présent sur la Méditerranée (voire sur l’Espagne), il génère un « effet de foehn » : le vent descendant du col est réchauffé et asséché, souvent de manière importante. Appelé par les Séerains « l’oura », ou encore « le Saint-Bernard », ce vent peut dépasser la vitesse de 100 km/h en rafales. Le foehn souffle à Séez une quarantaine de jours en moyenne par an, essentiellement en hiver et au printemps, accélérant ainsi de manière spectaculaire la fonte de la neige.

d’après B. Ortolland de Météo France

Présentation

Outre leur aspect esthétique, leurs intérêts pédagogique et scientifique, ces minéraux découverts dans ces fentes alpines permettent de mieux comprendre l’évolution géologique du secteur.

L’effet de foehn

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


La

PNV - Christian Balais

sixième borne (sextus lapis), telle est l’origine du nom de Séez. En effet, le village a été construit au niveau de l’ancienne voie romaine qui reliait Milan à la ville de Vienne, sur le Rhône, via le col du PetitSaint-Bernard.

Les premiers habitants se sont installés le long de cette voie romaine, à l’emplacement du hameau actuel de Saint-Germain et du lieu-dit les Chavonnes. Ces lieux d’habitat permanent ont précédé le développement des villages sur les terrains les plus plats, les mieux exposés, les mieux protégés et les plus productifs de la commune : le cône de déjection du Reclus et la plaine de l’Isère.

PNV - Christian Balais

Le hameau de Saint-Germain

Villages du Breuil, de Villard dessous et de Villard dessus

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

L’habitat


PNV - Christian Balais

Présentation

Hameau du mont Villaret sous la neige

- d’habitats saisonniers : Plan David, la Combe, les Goutys, les Chavonnes, etc. - de chalets d’alpage occupés seulement en été : Combottier, les Combettes, Prariond et la Colonne. - d’un bâtiment isolé d’altitude : l’ancien hospice du Petit-Saint-Bernard, réhabilité pour devenir un gîte d’étape.

PNV - Stéphane Mélé

L’habitat séerain se compose aujourd’hui : - de sept villages de taille variable et situés entre 830 et 1 050 m d’altitude, dont les principaux sont le chef-lieu, à 890 m d’altitude moyenne, la Fabrique, Trèves, Villard dessus, Villard dessous, les Maisons, les Moulins, le Breuil et Longefoy. - de hameaux secondaires, dont le Besset, le Noyeray, Molliebon, Planardin, Montperron, les Écudets, Saint-Germain, le Cottier, le mont Villaret, etc.

Chalet d’alpage au lieu-dit les Combettes

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Christian Balais

Ancien hospice du Petit Saint-Bernard

La population

Situés sur un passage très fréquenté, les germanais bénéficièrent, à plusieurs occasions et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, de certains privilèges en compensation de l’aide qu’ils apportaient aux voyageurs, dont certains étaient de grand renom, pour le franchissement du col. Cette situation joua un rôle important dans le développement démographique de la commune.

Les premiers chiffres connus de la population séeraine datent de 1726, avec 286 foyers recensés et 1450 habitants estimés, essentiellement localisés sur le chef-lieu et le village de Saint-Germain. Suite à l’explosion démographique que connaît la Savoie au XIXe siècle, la population de Séez présente un pic démographique en 1857 avec plus de 2000 habitants. Derrière ce chiffre se cachent d’importants mouvements migratoires : le nombre élevé

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17


Présentation

d’enfants par famille pousse ces derniers à s’expatrier vers la capitale ou vers le sud de la France pour chercher du travail, tandis qu’une population originaire des vallées voisines du val d’Aoste et du Piémont (main d’œuvre) vient se fixer sur la commune. Les deux conflits mondiaux de la première moitié du XXe siècle inversent radicalement cette tendance démographique ; en 1943, le nombre de Séerains a chuté de moitié, avec 906 habitants recensés. Les importants travaux d’aménagement hydroélectrique

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

de la haute Isère, qui ont lieu entre 1945 et 1956 (grands barrages, usines, galeries souterraines, etc.), s’accompagnent dès les années 1950 d’une nouvelle augmentation de la population, avec 1 677 habitants en 1954. Celle-ci est confortée par le développement des stations de sports d’hiver de la haute Tarentaise à partir des années 1960 qui aboutit, au début du XXIe siècle, à la population la plus importante enregistrée dans l’histoire de la commune, dépassant 2 400 habitants en 2010.


L’évolution de la vie économique de la commune de Séez est étroitement liée au col du Petit-Saint-Bernard. À 2 188 m d’altitude, ce col situé sur la frontière actuelle entre la France et l’Italie (val d’Aoste) est, avec le col du mont-Cenis, l’un des passages des Alpes les plus anciennement fréquentés par l’homme. Il sépare la Savoie du Piémont et se trouve sur la ligne de partage des eaux entre le bassin méditerranéen et le bassin adriatique. Ainsi en témoignent plusieurs éléments marquant encore le paysage : - datant de l’âge de fer, un cercle de pierres levées d’origine celtique, traditionnellement dénommé Cromlech, s’étale de part et d’autre de la route ; - datant de l’époque romaine, une voie romaine partant du col et longeant la rive droite du torrent du Reclus jusqu’à Saint-Germain, ainsi que les vestiges d’un temple et ceux de deux relais, et enfin, la colonne de Joux ; - datant du moyen-âge, un ancien hospice originellement édifié au XIe siècle à l’initiative de Saint-Bernard des Alpes ; - datant de l’époque contemporaine, des bâtiments douaniers, des lignes de défense, etc.

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Cette richesse de l’histoire a fait dire à François Gex, historien savoyard du début du XXe siècle, que toute l’histoire de l’Europe aurait transité par ce col.

Le col du Petit Saint-Bernard, site chargé d’histoire

Voie romaine à Saint-Germain

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19

Présentation

Dimension économique


L’agriculture est une activité qui a subi une profonde mutation au cours de la seconde moitié du XXe siècle, avec une diminution du nombre d’exploitations, une augmentation de la surface par exploitation et une modification du type d’élevage. En 2009, les terrains agricoles de la commune occupent une surface de 1 800 ha. La partie hors alpage, soit environ 300 ha, est constituée de prairies naturelles fauchées et/ou pâturées qui se situent généralement en-dessous de 1 500 m d’altitude. Le territoire de Séez présente plusieurs alpages, tous localisés entre 1 500 et 2 600 m d’altitude, couvrant une surface de 1 500 ha (lire le paragraphe « Usages, intérêts économiques et représentations » p.87 de la fichemilieu n°4). La taille de ces alpages, ainsi que le nombre d’animaux les parcourant, sont très variables. En 2009, Séez compte 14 exploitations d’élevage, dont cinq sont considérées comme « professionnelles », c’est-à-dire suffisamment importantes pour assurer à l’agriculteur une activité principale. Le

nombre total de ces exploitations a diminué d’un peu moins des deux tiers depuis la fin des années 1980. Les exploitations « professionnelles » sont restées stables ; la baisse concerne les entreprises où l’exploitant pratique une double activité (stations de ski, entreprises). Le lait est la production principale de la commune. En 2009, elle compte environ 200 génisses et 230 vaches laitières réparties en cinq troupeaux. Deux troupeaux transhumants, originaires de la vallée de la Tarentaise et représentant plus de 150 animaux, s’ajoutent à ces effectifs au cours de la saison d’alpage, de mi-juin à octobre. Les vaches sont de la race Tarentaise ou Abondance. Séez se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée, A.O.C., beaufort. Le lait de vache est collecté toute l’année par la coopérative laitière de BourgSaint-Maurice, où il est transformé en beaufort. Ce produit est vendu localement et sur l’ensemble du territoire français. Deux cents chèvres réparties en deux troupeaux complètent la production laitière de la commune. Les éleveurs de chèvres

PNV - Christian Balais

Présentation

L’agriculture

Exploitation agricole à Villard dessus

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Christian Balais

Jeune génisse de vache de race Tarentaise

Trois exploitations totalisant environ 700 moutons se sont spécialisées dans l’élevage ovin viande. Les animaux sont abattus à Bourg-Saint-Maurice et la viande est vendue comme viande de Tarentaise et agneaux de pays aux échelles locale et départementale. Cet effectif est complété en saison d’alpage par des troupeaux transhumants originaires

PNV - Christian Balais

installés à Séez transforment leur lait sur place et vendent leurs fromages directement par le biais de filières courtes auprès d’une clientèle locale, des grossistes, sur les marchés ou à des restaurateurs locaux. Une partie des chèvres passe la saison d’alpage sur la commune de Bourg-Saint-Maurice, dans la vallée des Chapieux.

Moutons au pré du Gal, à la fin du mois de mai

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21


PNV - Christian Balais

Présentation

Cabris de chèvres domestiques à Saint-Germain

des régions de plaine savoyardes (Albertville, Chambéry), comptant près de 900 moutons. Au début du mois de juin, les brebis montent en alpage, où elles sont gardées par un berger. Un exploitant s’est spécialisé dans l’élevage d’escargots. Cinq apiculteurs amateurs produisent du miel. Les ruches sont installées en divers endroits de la commune, et déplacées en altitude en suivant l’évolution de la floraison. La vente de ce miel toutes fleurs se fait essentiellement en direct. Un rucher école, appartenant à la section de haute Tarentaise du syndicat d’apiculture de la Savoie, le Rucher des Allobroges, est installé depuis 1986 au lieu-dit « bois des Bochères ». Son objectif est de promouvoir l’apiculture en offrant des enseignements sur la réalisation et la conduite d’un rucher.

Le tourisme

L’histoire

du tourisme sur la commune est avant tout liée à celle du col du PetitSaint-Bernard, dont la fréquentation est essentiellement estivale (lire le para-

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

graphe « Jardin alpin de la Chanousia » p.47). La randonnée, le patrimoine culturel et l’artisanat sont les principaux atouts de la commune à cette période. L’ensemble de ces activités est présenté dans l’encart ci-dessous « Activités touristiques sur la commune de Séez ». Plusieurs itinéraires pédestres sont balisés et sont présentés dans de petits documents : itinéraire reliant le chef-lieu au col du Petit-Saint-Bernard par l’ancienne voie romaine, itinéraire de découverte du col du Petit-Saint-Bernard, balades autour du chef-lieu et des différents villages de Séez, etc. Bien qu’une partie du domaine skiable « Espace San Bernardo – La Rosière » soit située sur le territoire de la commune (Écudets – Bellecombe), Séez se démarque des grosses stations de ski par sa volonté de préserver son caractère de village de montagne. Le télésiège des Écudets permet d’accéder à la station de la Rosière. Une boucle de ski de fond est tracée en hiver, dans la plaine de Longefoy. Enfin, de beaux itinéraires sont régulièrement parcourus en ski de randonnée (aiguille du Clapet).


Présentation PNV - Patrick Folliet

Exposition permanente sur le patrimoine du col du Petit Saint-Bernard dans l’ancien hospice

La fréquentation touristique représente une moyenne de 9 000 personnes / an pour les années 2007 et 2008, et atteint un pic aux mois de juillet et août. La fréquentation hivernale est étroitement liée à la proximité des nombreuses stations de ski de haute Tarentaise. L’accueil des personnes séjournant à Séez est assuré par un office de tourisme offrant 950 lits touristiques, répartis en hôtels, chambres d’hôtes, camping municipal, auberge de jeunesse et locations meublées de tourisme. Hôtesses d’accueil, professionnels de l’hôtellerie et de la restauration, guides du patrimoine, guides de haute montagne, accompagnateurs en montagne et autres professionnels des loisirs de pleine nature aident le public dans le choix, l’initiation et la pratique de leurs activités.

PNV - Stéphane Mélé

Les milieux naturels où il n’y a pas d’équipement touristique sont le support d’activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité

touristique estivale de Séez repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité des activités pratiquées dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.

Signalisation directionnelle du sentier du tour de haute Tarentaise au lieu-dit le Talou

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


PNV - Christian Balais

Présentation

Auberge hôtel « le Val Joli » à Villard dessus, avant restauration. Ancien bâtiment des douanes

ACTIVITÉS TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DE SÉEZ Découverte du patrimoine naturel : - itinéraire de découverte du col du Petit Saint-Bernard ; - jardin botanique alpin La Chanousia ; - soirées animées par le Parc national de la Vanoise.

Découverte du patrimoine culturel : -

espace Saint-Eloi (le travail de la forge ; l’art baroque ; le bijou savoyard) ; visite guidée de l’église de Séez ou église Saint-Pierre (Les Chemins du Baroque) ; visite de la filature Arpin (cardage, filage et tissage de tissus et draps de laine) ; visite du moulin banal de Saint-Germain (fabrication de pain) ; ancien hospice du Petit-Saint-Bernard (relais informations service et expositions) ; fête des bergers au col du Petit-Saint-Bernard (fête pastorale franco-valdôtaine) ; Passe Pitchu (fête franco-italienne de l’artisanat et des traditions).

Activités sportives d’été : -

randonnées pédestres et VTT ; parcours aventure dans la forêt de Malgovert ; sports d’eaux vives ; pêche ; parcours de pêche « no kill » sur une partie de l’Isère ; parapente.

Et sports d’hiver : -

ski alpin (liaison avec la station de la Rosière) ; ski de randonnée ; ski de fond ; raquettes.

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Moulin de Saint-Germain

L’industrie

L’artisanat

PNV - Stéphane Mélé

et l’industrie sont étroitement liés à la force motrice issue des cours d’eau de la commune : l’Isère, le Versoyen et le torrent du Reclus. Ainsi ce dernier, après avoir été dévié, sous forme de canaux, vers les villages de Villard dessus, Villard dessous, le Breuil et Séez, permettait d’actionner une dizaine de moulins. Martinets, machineries des tanneries, scieries, moulins à plâtre, etc., ont été à l’origine de cette histoire industrielle qui s’est particulièrement développée sur le Versoyen au début du XIXe siècle, avec l’établissement d’une fabrique de transformation de la laine en drap, laine à tricoter, articles de bonneterie et chapeaux, fondée par la famille Arpin. À cette même période, se développent également deux tanneries sur le canal du cheflieu ; l’une d’entre elles, la tannerie Favre continue d’exposer au début du XXIe siècle : travail de peaux de décoration et visite. En 1920, la filature Arpin avec ses turbines amène l’électricité, pour la première fois, au chef-lieu dans les foyers. En 2010, cette entreprise continue d’utiliser des machines du XIXe siècle, classées « monuments historiques », qui réalisent un ensemble

Lignes électriques très haute tension provenant de l’usine de Malgovert et dirigées vers le col du Petit-Saint-Bernard

Usine hydroélectrique EDF de Malgovert

d’activités : le battage, le cardage, le filage, le bobinage et le tissage de la laine. Dans le courant du XXe siècle, la force motrice de l’eau est utilisée pour la production d’électricité, dans le cadre de l’aménagement hydroélectrique de la haute Isère inauguré en 1953. La centrale hydroélectrique de Malgovert date de cette période. Les eaux de l’Isère proviennent du lac de retenue des Brévières, sur la commune de Tignes, puis transitent jusqu’à l’usine par une galerie souterraine de 15 km, se terminant par une chute de 750 m.

Autres

D’autres activités, de moindre importance, contribuent à la vie économique communale, telles que l’exploitation forestière. Diverses entreprises sont étroitement dépendantes des grandes stations de ski de haute Tarentaise, proches de la commune, notamment celles liées au bâtiment (plomberie, charpente, chauffage, etc.), aux activités de commerce, de services et de transport, ainsi que de petites entreprises artisanales : produits alimentaires (crozets, etc.), poterie, société de graphisme, etc. En 2009, une soixantaine d’entreprises occupent la cité artisanale des Glières, au sud-ouest de la commune. Plusieurs habitants travaillent dans les centres d’activités voisins que sont les stations de ski de la Rosière, des Arcs, de Tignes et de Val d’Isère, et les communes de Bourg-Saint-Maurice et de Sainte-FoyTarentaise.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25


Présentation

Paysages de SÉEZ

PNV - Christian Balais

Présentation photographique des grands types de milieux

Plateau du col du Petit-Saint-Bernard et sommet de Lancebranlette

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Stéphane Mélé

Le lac sans Fond

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PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation

Villages de SĂŠez

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PrĂŠsentation PNV - Christian Balais

Versant nord-ouest de l’aiguille du Clapet

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PNV - Stéphane Mélé

Présentation

Versant sud-est de l’aiguille du Clapet

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Il

n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Séez mais, à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Séez. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons

forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir les statistiques suivantes : On dénombre actuellement à Séez 14 espèces de plantes protégées (voir les espèces notées en gras dans la liste des plantes d’intérêt patrimonial (p.181). Deux d’entre elles, le jonc arctique et la pédiculaire tronquée, présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France. Elles sont de ce

En

Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs des arbres, sur les mousses et en grande quantité à même le sol. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

S’il l’on ne ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardesmoniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la flore à

PNV - Mylène Herrmann

Plantes rares et menacées

Gentiane à calice renflée

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31

Présentation

Diversité de la flore


PNV - Frantz Storck

PNV - Christian Balais

Présentation

Orchis nain des Alpes

fait considérées comme des espèces «prioritaires», en termes de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française (lire l’annexe « Liste des plantes d’intérêt patrimonial » p.181). Séez compte 13 % des espèces protégées connues présentes dans le Parc national de la Vanoise.

Parmi les espèces à grand intérêt floristique, on recense : - l’androsace alpine, espèce protégée endémique* des Alpes, présente en France en Haute-Savoie, Savoie, Isère, HautesAlpes, Alpes de Haute-Provence et AlpesMaritimes ; - la gentiane à calice renflé, espèce protégée et rare, se trouve en France en limite occidentale de son aire de répartition ; elle n’est plus présente qu’en Savoie, où elle est connue dans une vingtaine de communes du massif de la Vanoise. - le genévrier sabine, arbrisseau rare en Rhône-Alpes, présent en France dans les Pyrénées, les vallées intra-alpines les plus continentales de Savoie, du Dauphiné et de la Provence, et plus localement dans les localités les plus abritées des Préalpes calcaires. En Savoie, il se développe en Tarentaise, en moyenne et haute Maurienne ;

PNV - Christian Balais

Orchis musc

Saxifrage fausse mousse

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation Intérêt floristique du territoire communal de Séez - Observations de 1956 à 2008

- l’orchis musc, espèce protégée en RhôneAlpes où elle est connue dans l’Ain, la Haute-Savoie, l’Isère et la Savoie ; dans le massif de la Vanoise, elle n’a été observée que dans quatre localités, dont l’une a été découverte sur la commune de Séez en 2009 ; - l’orchis nain des Alpes, espèce protégée en Rhône-Alpes, est connue en Savoie dans une vingtaine de communes dans les massifs du Beaufortain et de la Vanoise ; - la saxifrage fausse mousse, plante endémique* des Alpes, rare et protégée, est très localisée et présente en France uniquement en Savoie, Haute-Savoie et HautesAlpes. Commentaire : L’intérêt floristique d’un territoire dépend du nombre d’espèces végétales connues et

de la valeur patrimoniale de chacune de ces espèces. Un certain nombre d’espèces végétales fait l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national. Leur valeur patrimoniale est estimée en tenant compte, notamment : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est important et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique d’un territoire est important.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33


Présentation

En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole (rond orange). Les mailles blanches sont des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce «rare ou protégée» n’a encore été observée. Le Parc national de la Vanoise travaille sur l’inventaire d’un peu plus de 200 espèces pour la période 2003-2009. Parmi ces 200 espèces, 24 sont actuellement recensées sur la commune de Séez (voir la liste des plantes d’intérêt patrimonial p.181). La répartition par type d’habitat* de ces plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats différents) : - éboulis et rochers (5 espèces) - adrets et pelouses d’altitude (7 espèces) - aulnaie verte et landes d’altitude (6 espèces) - forêts (4 espèces) - milieux humides (2 espèces)

Plantes symboliques

Le

PNV - Christian Balais

patrimoine floristique de Séez englobe aussi toutes les plantes «chères» aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la

Edelweiss

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - différentes espèces de gentianes bleues, Parmi ces plantes, l’ancolie des Alpes et la gentiane à calice renflé sont protégées.

Plantes utilisées par l’homme

Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaires, médicinales, décoratives, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

Les plantes à usage pastoral L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Séez. Il concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). Par ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : en-dessous d’environ 2 200 m d’altitude, le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur


Présentation

le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.

Prairie de pissenlits

ane jaune qui sont macérées dans du vin blanc, rouge ou rosé, et les thyms sauvages qui, après macération dans du vin blanc, donnent le « vin de serpolet ».

Les plantes à usage médicinal Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. Beaucoup de ces principes actifs étant solubles dans l’eau, ces plantes ont été consommées pendant longtemps sous forme de tisanes. L’identification des principes actifs au cours du XIXe siècle, puis leur remplacement par des molécules synthétiques, ont relégué ces tisanes en simples boissons d’appoint. Par exemple, les fleurs de tussilage pas-d’âne ont été très largement utilisées sous forme d’infusions pour lutter contre les infections de l’appareil respiratoire. Les principes actifs trouvés dans cette plante et à partir desquels ont été synthétisés des molécules, sont l’isotussilagine et la tussilagine. Les thyms sauvages contiennent trois principes

PNV - Frantz Storck

PNV - Christian Balais

Le safran était autrefois cultivé pour ses stigmates qui, après avoir été séchés, servaient d’aromate. Le « crinchin », un pain brioché à base de safran et d’anis, est toujours confectionné par un boulanger de la commune. Deux plantes sauvages sont aussi utilisées pour leurs propriétés aromatiques, l’origan commun, qui est cueilli au mois d’août sur les versants ensoleillés, et les thyms sauvages, très présents sur la commune. Ces derniers parfument agréablement les plats cuisinés et la sauce tomate. Les feuilles de nombreuses plantes, comme le chénopode bon-Henri appelé aussi épinard sauvage, le rumex des Alpes, ou rhubarbe des moines, le pissenlit et le plantain sont, entre autres, utilisées pour préparer des « soupes aux herbes sauvages ». Enfin, différentes boissons alcoolisées sont préparées à partir de plantes sauvages, comme le génépi ou les racines de genti-

PNV - Christian Balais

Les plantes à usage alimentaire

Chénopode bon henri envahi de punaises

Tussilage pas-d’âne

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35


PNV - Christian Balais

Présentation

Gentiane jaune

ment confondu avec la gentiane jaune mais il possède des feuilles alternes, alors que celles de la gentiane jaune sont opposées.

PNV - Frantz Storck

Les plantes d’intérêt culturel et touristique Il existe depuis quelques années à Séez, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à des sorties ou des stages organisés par des accompagnateurs en montagne spécialisés. Le jardin de la Chanousia peut servir de support à ces découvertes botaniques (voir p.47). L’intérêt pour les plantes et leurs usages est de plus en plus fort ; il répond à la demande des vacanciers, mais aussi des habitants, curieux de mieux connaître la nature qui les entoure. Il est à noter que le nom de la montagne de Lancebranlette est lié à la présence importante d’armérie des Alpes sur ses pentes. En effet, « lanceare » veut dire précipiter en latin, et par extension un terrain en pente, et « branlette » est le nom patois de l’armérie des Alpes.

Dompte-venin officinal

actifs pour soulager les digestions difficiles, lutter contre l’inflammation des gencives ou contre diverses infections de l’appareil respiratoire. La plante est encore consommée en infusion ; elle est ainsi utilisée en cure préventive, avant la saison d’hiver. La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd’hui, à Séez, de telles plantes sont encore régulièrement utilisées par certains habitants.

Les plantes toxiques

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Nathalie Tissot

Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, l’aconit tue-loup, le colchique, le vérâtre ; ce dernier est facile-

Développement de vérâtre blanc (1er plan) dans les alpages du versant sud de l’aiguille du Clapet

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Armérie des Alpes


Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Séez, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes. Ainsi, plus de 200 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 71 % des espèces présentes en Vanoise et 49 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Séez se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée

Parmi la faune vertébrée, certains « groupes » font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés sauvages (bouquetin, chamois), des chiroptères, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

Les mammifères

PNV - Jean-Pierre Martinot

Parmi les 35 espèces présentes sur la commune, évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le campagnol des neiges, le lièvre

Jeune renard

PNV - Maurcie Mollard

variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que la musaraigne carrelet, les petit et grand murins, le renard, le blaireau, la fouine, l’écureuil, le lièvre brun, le sanglier, le cerf, le chevreuil sont aussi présentes. Le lièvre variable en pelage d’hiver

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37

Présentation

Diversité de la faune


PNV - Mylène Herrmann

Séez compte au moins 103 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 120 présentes en Vanoise. Cinquante-six autres espèces d’oiseaux sont observées, régulièrement ou exceptionnellement, au cours de leur passage. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm, le pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, le crave à bec rouge, la niverolle, le sizerin flammé ; - parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Séez, différents passereaux : les fauvettes babillarde, des jardins et à tête noire, les pouillots de Bonelli et véloce, les roitelets huppés et triple-bandeau, les mésanges

Mésange noire

PNV - Maurice Mollard

Présentation

Les oiseaux

Mésange bleue

boréale, huppée, noire, charbonnière, bleue, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, le pinson des arbres, etc.

Les reptiles PNV - Ludovic Imberdis

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, cinq sont répertoriées à Séez ; quatre espèces de lézards : les lézards vivipare, vert, des murailles, et l’orvet et une espèce de serpents : la vipère aspic.

PNV - Frantz Storck

PNV - Benoît Deffrennes

Mâle de lagopède alpin en plumage d’hiver

Accenteur alpin

38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Lézard vert


Présentation

Les amphibiens

PNV - Joël Blanchemain

Trois espèces ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : le crapaud commun, la grenouille rousse, observée jusqu’à 2 500 m d’altitude, et le crapaud calamite.

PNV - Mylène Herrmann

Femelle de grande sauterelle verte

des meilleures connaissances (ou des inventaires les plus avancés). Accouplement de crapauds communs

Les poissons Trois espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Séez : la truite de rivière ou truite fario (de souche atlantique et de souche méditerranéenne), la truite arc-en-ciel et le chabot. La truite fario de souche méditerranéenne et le chabot sont des espèces naturellement présentes sur la commune ; les autres espèces ont été introduites

Faune invertébrée

Parmi la faune invertébrée de la commune, la classe des insectes est celle qui bénéficie

À Séez, 39 espèces de papillons de jour ont déjà été recensées, soit environ 21 % des espèces connues en Savoie. Quatre d’entre elles sont protégées : le grand et le petit apollon, le solitaire et l’azuré du serpolet. Une espèce de papillon de nuit, l’écaille chinée, est reconnue d’intérêt européen. Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupe les criquets, grillons et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 57 espèces connues dans le Parc, 20 ont été inventoriées à Séez telles que le criquet des pâtures, la decticelle bariolée, la miramelle alpestre, la grande sauterelle verte, etc. Beaucoup de ces observations datent de 1965 (Museum Amsterdam Kruseman). De nouvelles prospections seraient donc souhaitables pour actualiser ces données.

PNV - Joël Blanchemain

Trente-deux espèces d’odonates (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans le Parc. À Séez, aucune espèce n’a été spécialement signalée. Des prospections permettraient de mieux définir la présence et la répartition de ces insectes sur la commune. Mâle de decticelle bariolée

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 39


Présentation

Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Un parc national est un « monument » de la nature, reconnu au plan national et international comme un territoire d’exception, tant par ses paysages que par la faune et la flore qu’il abrite. Il comprend une « zone centrale », hautement protégée pour la sauvegarde de la faune, de la flore et du milieu naturel, et une « zone périphérique » où des activités d’accueil et de tourisme intégrées sont encouragées.

Ainsi, selon le 1er article de la loi n°2006436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux, « un parc national peut être créé à partir d’espaces terrestres ou maritimes, lorsque le milieu naturel, particulièrement la faune, la flore, le sol, le sous-sol, l’atmosphère et les eaux, les paysages et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu’ils comportent présentent un intérêt spécial et qu’il importe d’en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d’en

Parc national de la Vanoise à Séez

40 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Cette loi ne fait plus mention des termes initialement utilisés de « zone centrale » et « zone périphérique » des parcs nationaux. Il est précisé « qu’un parc national est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes à protéger ainsi que d’une aire d’adhésion ». La zone centrale s’appelle dorénavant « cœur de parc » et la zone périphérique devient « aire optimale d’adhésion ». Celleci deviendra « aire d’adhésion » à l’issue de la décision des communes d’adhérer à la charte du Parc et de concourir volontairement à ce projet de territoire. Au sein de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 ha. Près de 53 000 ha sont classés dans le cœur

du Parc, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend l’aire optimale d’adhésion (ancienne zone périphérique) du Parc. Ce premier parc national français, créé en juillet 1963, concerne 29 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, l’un des plus grands espaces naturels protégés d’Europe occidentale. Séez est l’une de ces 29 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans l’aire optimale d’adhésion.

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 41

Présentation

altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution ».


Présentation

Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces protégées et déterminantes. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix

des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.

Les ZNIEFF Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

Délimitation de la ZICO « Parc de la Vanoise » à Séez

42 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


ZNIEFF de type 1 : - Le marais de Bourg-Saint-Maurice (n°73000047): extrémité amont du marais, soit moins de 5% de la ZNIEFF - L’église de Séez (n° 73000085) : présence d’une colonie de chauve-souris (lire la fiche-espèce n°5) - Le bois des Bochères (n° 73130001) - Le plateau du Petit-Saint-Bernard et Lan cebranlette (n° 73150023) - Les forêts de Malgovert et de Ronaz (n° 73150030) ZNIEFF de type 2 : - Les adrets de la moyenne Tarentaise (n°7313) - Le Beaufortain (n°7309) - Le massif de la Vanoise (n°7315)

Les ZICO

Inventaire des tourbières et des zones humides

Le rôle fonctionnel des zones humides est connu depuis longtemps, à travers leurs fonctions hydrauliques (régulation de crues et soutien d’étiage), biologiques (richesse en espèces rares et sensibles), hydrobiologiques (« lagunage » naturel), ou socio-économiques (usage agricole, cadre de vie) ; ces milieux naturels apparaissent comme des éléments essentiels concourant à l’équilibre

PNV - Stéphane Mélé

Une partie du territoire de Séez est incluse dans la ZICO n°RA11 «Parc national de la

Vanoise». Ce zonage couvre globalement la forêt de Malgovert et la vallée de l’Isère ; l’ensemble de ce territoire a été désigné du fait de son intérêt ornithologique général, avec la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, de la gélinotte des bois, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle, du lagopède alpin, de la chouette chevêchette, de la chouette ou nyctale de Tengmalm, du pic noir, de la pie-grièche écorcheur et du crave à bec rouge.

Le plateau du col du Petit-Saint-Bernard et le vallon de Bellecombe (arrière-plan) où sont localisées plusieurs zones humides

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 43

Présentation

Le territoire communal de Séez est concerné par plusieurs ZNIEFF :


Présentation

recherché par tout développement qui se veut durable. La prise de conscience de cette importance justifie les dispositions administratives et juridiques récentes (loi sur l’Eau, loi sur les Territoires Ruraux, etc.) qui ne sont pas toujours relayées sur le terrain en raison d’un manque de connaissance et de projet pour ces milieux naturels. Face à ce constat, le Conseil Général de la Savoie et l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse ont commandé la réalisation d’un inventaire aussi exhaustif que possible de toutes les zones humides (au-delà de celles à forte valeur patrimoniale recensées jusqu’ici) accompagné d’un plan d’actions pour les préserver de manière cohérente.

La coordination départementale a été confiée au Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie ; sa réalisation sur le territoire du parc national a été menée par le Parc national de la Vanoise. À Séez, cette étude a permis d’inventorier 45 zones humides, correspondant à une surface cumulée de plus de 63 ha, soit environ 1,5 % de la surface totale de la commune. La majorité de ces zones humides se situe sur le secteur amont du bassin versant du Reclus ; les plus grandes d’entre elles sont le plateau du col du Petit-Saint-Bernard, le secteur amont du ruisseau de Teppié et le vallon de Bellecombe. Parmi l’ensemble de ces zones humides, 11 d’entre elles représentant environ 37 ha, ont été qualifiées d’importance départementale dans le plan d’actions « zones humides » de la Savoie. Un peu moins de la moitié d’entre elles, du fait de leur valeur patrimoniale, mériterait de faire l’objet d’une préservation réglementaire.

Manuel Bouron

L’inventaire, mis en œuvre entre 2004 et 2007 selon les territoires, vise à inventorier les zones humides de plus de 1 000 m² selon trois critères : biologiques (présence d’espèces indicatrices), pédologiques (hydromorphie

des sols) et hydrologiques (inondabilité).

Vue générale sur le site Natura 2000 « Le réseau de vallons d’altitude à Caricion incurvae » entre Lancebranlette et le col du Petit-Saint-Bernard

44 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Zonage NATURA 2000

Les

Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats ou espèces d’intérêt communautaire. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes «Habitats» et «Oiseaux» constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé «Réseau Natura 2000». La commune de Séez est concernée par deux sites Natura 2000 :

PNV - Christian Balais

directives «Habitats*» et «Oiseaux» sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les États doivent prendre les mesures permettant d’assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en compte les réalités éco-

nomiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale.

Vue générale sur le site Natura 2000 « Adrets de Tarentaise » entre le Cottier et Saint-Germain

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 45

Présentation

Ces milieux sont essentiellement localisés sur le vallon du ruisseau du Teppié, le vallon du ruisseau du Bouliu, le plateau du col du Petit-Saint-Bernard et le secteur amont du torrent du Reclus.


Présentation

- Le site « Réseau de vallons d’altitude à Caricion incurvae » (site désigné S 39) couvre plusieurs communes de haute Maurienne et de haute Tarentaise. Environ 230 ha localisés sur le plateau du PetitSaint-Bernard, depuis le col jusqu’à la zone de confluence entre le ruisseau de Bellecombe et le torrent du Reclus, sont classés Natura 2000 sur la commune de Séez. Ce secteur présente des milieux humides particuliers : les pelouses riveraines arcticoalpines*. Comptant parmi les formations végétales les plus rares aux échelles nationale et européenne, ces pelouses sont classées « habitat* prioritaire » dans la directive Habitat. Plusieurs espèces végétales caractérisent l’existence d’un Caricion incurvae. Sur Séez, il s’agit du jonc arctique (lire la fiche-espèce n°2) et de la laîche bicolore. Les modalités de gestion de ce secteur Natura 2000, définies au sein du document

d’objectifs, portent sur la gestion pastorale afin d’éviter le risque de surpiétinement, le maintien d’un état hydrologique compatible avec le milieu (inondabilité), la non destruction de l’habitat par des travaux d’aménagement, l’information auprès des habitants et des personnes en séjour sur la commune et le suivi scientifique de l’évolution des milieux. Le document d’objectifs est en cours de validation. - Le site « Adrets de Tarentaise » (site désigné par S 23) concerne plusieurs communes de la vallée de l’Isère, entre Moûtiers et SainteFoy-Tarentaise, et de la vallée du doron de Bozel. Sur Séez, plusieurs parcelles situées entre le Cottier et le Talou entre 1 200 et 1 650 m d’altitude, soit environ 60 ha, font partie de ce site Natura 2000 (versant sud-est de la partie inférieure de la vallée du Reclus). Ces secteurs présentent un type

Délimitation du zonage Natura 2000 à Séez

46 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Situé sous le col du Petit-Saint-Bernard à 2 170 m d’altitude, le jardin alpin de la Chanousia doit son nom à son créateur, Pierre Chanoux, recteur de l’hospice à la fin du XIXe siècle. Cet abbé, passionné de botanique, conçoit ce jardin comme un lieu de conservation des plantes menacées d’extinction et de collection de plantes alpines rares, mais aussi comme un lieu de recherche expérimentale sur les rapports entre les plantes et leur milieu. Son projet se concrétise en 1897, avec l’aide du naturaliste Henry Correvon, son ami et auteur d’un ouvrage intitulé « Flore alpine » (1939) ; sur un hectare du territoire italien sont alors conservées des plantes des étages* subalpin, alpin et nival. Le jardin se développe avant d’acquérir une renommée internationale dans les années 1920 ; il présente alors environ 5000 espèces de plantes (500 espèces locales, 1000 espèces d’origine italienne

Jardin alpin de la Chanousia, vue générale

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 47

Présentation

Jardin alpin de la Chanousia

PNV - Stéphane Mélé

de milieux naturels d’intérêt européen : les prairies de fauche montagnardes qui selon les conditions de sol et d’exposition, sont caractérisées par la présence de différentes espèces végétales : le trisète jaunâtre et le brome érigé, la renouée bistorte, le géranium des bois et le cerfeuil doré. Les modalités de gestion de ce secteur Natura 2000, définies au sein du document d’objectifs, portent essentiellement sur la gestion agricole ; elles visent à favoriser le retour d’une activité agricole sur des parcelles abandonnées, et à maintenir ces prairies par la fauche et le pâturage, tout en respectant leur intérêt biologique. Des mesures agroenvironnementales sont mises en place à cet effet. Des actions de sensibilisation auprès des habitants et des personnes en séjour sur la commune, ainsi que la réalisation d’études scientifiques, telles que la connaissance des oiseaux et le suivi de l’évolution des milieux, sont également préconisées dans le document d’objectifs validé en 2009.


PNV - Stéphane Mélé

Présentation

Jardin alpin de la Chanousia : le secteur des plantes de milieux humides. Au fond, la chapelle de l’abbé Chanoux

et 3 500 espèces provenant de différents continents), tandis que les résultats des recherches scientifiques sont publiés dans un ouvrage appelé l’Annuaire, et qu’une bibliothèque spécialisée se met en place. Après avoir été détruit au cours de la seconde guerre mondiale, la Chanousia se retrouve sur le territoire français en 1947, suite à une modification du tracé de la

48 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

frontière franco-italienne. Dans les années 1970, le site est restauré et pris en charge par l’association de droit international « La Chanousia ». Le jardin et son musée présentent aujourd’hui plus de 1 000 espèces floristiques et sont ouverts au public au cours de l’été.


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie



Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici «milieux», qui présentent différents aspects selon les conditions écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Séez font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé «Équilibre entre l’homme et son milieu « éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (comme la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages, ou les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51

Fiches-milieux

Préambule


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 1

Le village, les hameaux et leurs abords

Ensemble d’habitations à Villard dessous

Cette fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. Les villages initiaux de Séez ont été bâtis d’une manière compacte ; les maisons mitoyennes étaient accolées et alignées le long de ruelles étroites où circulaient les bêtes et les hommes. Construit avec des matériaux locaux, le bâti traditionnel est représenté par une maison imposante typique de haute Tarentaise utilisée pour l’habitat permanent, composée d’une partie habitée par les hommes, d’une étable et d’une grange. La pierre est le matériau principalement

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

utilisé pour les murs et le toit. Les pierres sont montées à sec et recouvertes d’un enduit à la chaux. Parfois coloré, ce dernier permet d’agrémenter les façades et de combler les interstices. La toiture, généralement à deux pans, est couverte de lauzes. Le bois est utilisé pour les charpentes, le bardage, les galeries de séchage, les escaliers, les portes et autres petits éléments d’architecture. De tels bâtiments sont présents dans tous les villages. Les zones d’habitation incluent aussi des vergers, des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la


Fiche-milieu n° 1 PNV - Christian Balais

présence de l’homme, et notamment des insectes, des oiseaux et de petits mammifères. Des vergers encore bien conservés se trouvent, par exemple, aux abords du village de Longefoy, ainsi que sur la partie basse du chef-lieu. Une présence ancienne de noyers est probablement à l’origine du nom du hameau du Noyeray. Cet arbre était recherché pour son bois, et pour l’huile fournie par les noix qui servait à l’alimentation ou à l’éclairage. La présence de bassins, utilisés pour tremper le chanvre selon la méthode traditionnelle du rouissage, pourrait fournir une autre explication à l’origine de ce nom. Aux environs des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, sur des secteurs plats où viennent se reposer les troupeaux domestiques, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis en azote par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles.

PNV - Stéphane Mélé

Maison d’habitation aux Ecudets

Maison comportant une tour dans le chef-lieu de Séez

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53


Fiche-milieu n° 1

Flore

Orpin Blanc

PNV - Stéphane Mélé

plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Souvent présents sur les murets en pierres, la joubarbe des toits et l’orpin blanc sont des plantes de montagne capables de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Ces plantes « grasses » sont adaptées à la sécheresse de leur milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau. La végétation exubérante des reposoirs d’animaux domestiques, composée de plantes des milieux riches en azote organique, telles que le rumex des Alpes ou rhubarbe des moines, le chénopode bon-Henri ou épinard sauvage et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste se développant sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, cette végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir très longtemps, même après des décennies d’abandon du site par les troupeaux.

PNV - Jacques Perrier

Les

Végétation dominée par le rumex des Alpes près d’un chalet d’alpage vers les Gouillons

Faune

Sans être toujours la plus remarquable, la

PNV - Christian Balais

faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. Le petit murin et le grand murin sont deux chauves-souris qui fréquentent les combles des bâtiments pour leur reproduction : mise bas et élevage des jeunes. L’église de Séez accueille ainsi une colonie mixte de petits et de grands murins (lire la fiche-espèce n°5). Joubarbe des toits

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 1 PNV - Jean-Pierre Martinot

Colonie de grands murins et de petits murins

PNV – Christophe Gotti

Se nourrissant d’animaux invertébrés (insectes, escargots, vers de terre, etc.) qu’elles chassent au cours de la nuit dans le sol, la musaraigne bicolore, appelée aussi crocidure leucode, et la musaraigne des jardins sont deux petits mammifères morphologiquement très proches appartenant au groupe des insectivores. La musaraigne bicolore ne dépasse pas 1 200 m d’altitude et fréquente les prairies entourées de haies, les lisières riches en buissons, également les forêts, tandis que la musaraigne des jardins, d’origine méridionale, occupe des milieux

plus secs (prairies, haies, jardins, murets, etc.). L’observation de cette dernière à Villard dessous en 2001, est l’un des rares signalements de cette espèce en Savoie. Nichant habituellement en dessous de 800 m d’altitude, la pie bavarde a été observée nichant aux abords des hameaux de la commune, soit au-dessus de 900 m. Cette observation à une altitude supérieure à la normale, n’est pas unique en Vanoise et laisse penser à une évolution des mœurs de l’espèce, dont les causes ne sont pas encore définies aujourd’hui et ne correspondent pas forcément à une augmentation globale de sa population. Présent dans de nombreux milieux, le lézard des murailles affiche une préférence pour les endroits pierreux et ensoleillés : vieux murs, rocailles, maisons en pierre, éboulis, etc., qui lui offrent des abris, à proximité d’un couvert végétal suffisant pour trouver sa nourriture. Très commun en Europe, c’est aussi le plus anthropophile* des lézards. Généralement actif entre mars

Jeune pie bavarde

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55


PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n° 1

Lézard des murailles

et novembre, il se rencontre en montagne jusque vers 2 000 m d’altitude. Des papillons tels que la petite tortue et la piéride de la rave profitent des ressources alimentaires, fleurs et fruits, offertes par les jardins à l’automne, à une période où les prairies fauchées ne peuvent assurer leur subsistance. La piéride de la rave est un papillon blanc très commun, dont la période de vol peut s’étendre entre mars et octobre ; les chenilles se développent

sur des plantes de la famille des crucifères, sauvages ou cultivées, telles que le chou, le colza, la biscutelle, etc.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Le village, lieu de vie pour les hommes, fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles*. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu PNV - Patrick Folliet

Certains groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural important, comme le hameau de Saint-Germain. Petite tortue

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Stéphane Mélé

Le bois et le métal ont été travaillés pour faire des motifs décoratifs sur certaines portes, balcons, loquets, serrures, etc. Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ils abritent des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines

Sur la commune plusieurs éléments du patrimoine culturel sont classés « monuments historiques » : - un retable de bois sculpté, peint et doré, datant du XVIIe siècle, ainsi que plusieurs pièces d’orfèvrerie en argent massif ; ce patrimoine figure dans l’église du cheflieu, appelée église de Saint-Pierre ; - les machines de la filature Arpin, datant du XIXe siècle ;

PNV - Emmanuelle Foray

Machines de la filature Arpin appelées « foulons », datant du XIXe siècle

Jeunes hirondelles de cheminée

PNV - Christian Balais

conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierre présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation ou pour se reproduire et un support pour l’enracinement de Cercle de pierres (Cromlec’h) au col du Petit-Saint-Bernard

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57

Fiche-milieu n° 1

- un cercle de pierres levées, dénommé Cromlech, disposé de part et d’autre de la route au col du Petit-Saint-Bernard


Évolution et transformation du milieu En Vanoise comme ailleurs, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Sur Séez, dans la plupart des villages, les anciennes maisons ont été restaurées et ont un usage de résidence principale ou secondaire.

PNV - Régis Jordana

Vue générale de Séez en 2008

La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable à certains animaux, comme les chauves-souris, quand elle est réalisée sans tenir compte de leurs besoins. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin et le grand murin. L’illumination des bâtiments utilisés par ces espèces constitue une source de dérangement et peut pousser ces animaux nocturnes à quitter les lieux.

PNV - Observatoire photographique

Fiche-milieu n° 1

plantes telles que la doradille noire et la rue des murailles. Les chauves-souris, telles que la pipistrelle commune, le vespère de Savi, le petit murin et le grand murin, et certaines espèces d’oiseaux, confèrent à ce bâti en pierres une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles. En outre, des espèces communes autrefois pâtissent des modifications architecturales (martinet noir, moineau domestique).

Vue générale de Séez en 1935

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Propositions de gestion

Une convention entre la commune et le Parc national de la Vanoise concernant la gestion de l’église de Séez vise à préserver la colonie de petit et grand murin qui occupe les combles du bâtiment (lire la fiche-espèce n°5). Sur Séez, la restauration de toits en lauzes est encouragée par des aides provenant de la commune et du Parc national de la Vanoise. Les hameaux où l’architecture traditionnelle a été conservée, tels que le Mont Villaret, Saint-Germain, le Noyeray, sont concernés par cette mesure. Les jardins et les vergers constituent un refuge, ainsi qu’un garde-manger souvent providentiel pour la faune. Leur maintien et leur entretien selon des méthodes biologiques conditionneront l’existence de cette biodiversité (compost, usage de produits naturels, diversité des cultures, etc.).

PNV - Christian Balais

Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre ornithologique RhôneAlpes ont édité des cahiers techniques (voir la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif

(traitements chimiques des charpentes avec des substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc.).

Jardin potager à Villard dessous

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59

Fiche-milieu n° 1

Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à leur restauration et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage. La commune de Séez est composée pour moitié environ d’habitat traditionnel et pour moitié d’habitat moderne. Les constructions nouvelles, essentiellement des maisons individuelles, se sont développées à partir du chef-lieu, des villages du Breuil et des Villards ; elles forment de nouveaux quartiers : les Etralles, Tannerie, les Coins, les Contamines, la Perrière et les Perrières.


Les principaux affluents de l’Isère sont le torrent du Reclus et le Versoyen qui, tous deux, finissent leur course au niveau du marais de Bourg-Saint-Maurice. Plus en amont, l’Isère est alimentée par les eaux du nant Cruet, du ruisseau de la Provenchère et du torrent de Pissevieille. Le torrent du Reclus est lui-même alimenté par de nombreux ruisseaux, dont les plus importants sont, de l’amont vers l’aval, les ruisseaux de Bellecombe, du Creux du Peisey et des Écudets. Son bassin versant, localisé exclusivement sur le territoire de Séez, couvre une surface de 2 350 ha, soit plus de la moitié de la surface de la commune. La dynamique des cours d’eau conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 2

Les cours d’eau et les lacs

Torrent du Reclus à l’aval des gorges

Cette

PNV - Christian Balais

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

fiche concerne l’ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire de Séez, les torrents de l’Isère et du Reclus, leurs affluents, ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées qui les accompagnent.

Ruisseau de Teppié

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Ruisseau des Lances de Savoie près du col du Petit-Saint-Bernard


Jean-Pierre Feuvrier PNV - Stéphane Mélé

entités écologiques qui lui sont associées. Le torrent du Reclus, le ruisseau de Teppié et le ruisseau de Bellecombe alimentent de nombreuses zones humides situées dans leur lit majeur (lire le paragraphe « Inventaire des tourbières et des zones humides » p.43 et la fiche-milieu n°3). Le long des cours d’eau peut se développer une végétation arbustive de saules, d’aulnes blancs, de merisiers à grappes et de bouleaux, adaptée aux conditions de sol fréquemment détrempé et capable de résister aux fortes perturbations mécaniques. Elle permet la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères. Ce cordon boisé, appelé ripisylve*, longe l’Isère

PNV - Stéphane Mélé

Vallée du Reclus à l’amont du pont de Saint-Germain, un terrain propice à l’érosion

Le Lac Longet avec au fond le mont Valezan

Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion. Ce phénomène est particulièrement sensible sur le torrent du Reclus qui, depuis sa source sur le plateau du col du Petit-SaintBernard, dévale rapidement jusqu’à Séez, d’autant plus que le tracé de son cours se situe, en partie, sur un terrain gypseux très friable. La rive droite à l’amont du pont de Saint-Germain, qui présente également de nombreuses circulations d’eau souterraines, est marquée en plusieurs endroits par cette érosion. Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux

Lac sans Fond et le mont Valezan à l’arrière plan

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61

Fiche-milieu n° 2

à l’aval du pont de Longefoy, la zone de confluence du torrent de Pissevieille et du ruisseau des Écudets, ainsi que le torrent du Reclus à l’aval du pont de Saint-Germain. La strate herbacée y est bien développée avec le populage des marais, les pétasites, etc. Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent dans le lit ou sur les bords du cours d’eau. Sur Séez, la seule véritable zone d’accumulation d’alluvions se situe à la confluence des torrents de l’Isère et du Reclus.


Fiche-milieu n° 2

dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Ces retenues d’eau naturelles ont une profondeur supérieure à 3 m, une surface supérieure à 0,5 ha et s’échelonnent entre 2 100 et 2 600 m d’altitude.

Là où existent des rivages peu profonds, une végétation dense de bord des eaux s’installe, principalement des cypéracées.

Flore Sur Séez, les trois plans d’eau d’altitude que sont le lac sans Fond, le lac Longet et les Gouillons ont une surface supérieure à 0,5 ha ; leur profondeur n’est pas connue. Certains d’entre eux se caractérisent par la présence de quelques plantes aquatiques (charas), les autres ne sont pas végétalisés.

La

ripisylve* abrite différentes espèces d’arbres pionniers, telles que le bouleau blanc, le saule noircissant aux feuilles devenant noires à la dessiccation et le saule faux daphné, typique de ces zones buissonnantes alluviales, dont les rameaux rouges sont recouverts d’une fine pruine bleuâtre.

Cours d’eau et lacs à Séez

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 2 PNV - Christian Balais

PNV - Rémy Barraud

Populage des marais au bord du lac Longet

Fréquent au bord des ruisseaux et des plans d’eau, où il peut couvrir de grandes surfaces, le populage des marais est une plante toxique à feuilles en cœur. Au printemps, il forme de grosses fleurs solitaires jaune d’or au sommet d’une tige dressée et creuse. Les plantes herbacées des bords de cours d’eau peuvent être concurrencées par tout un cortège de plantes ornementales originaires d’Amérique ou d’Asie. Provenant d’Asie de l’Est, la renouée du Japon trouve le long du Reclus, en aval du pont de Saint-Germain, et sur une partie des berges de l’Isère, les milieux pionniers qu’elle recherche pour s’installer et se développer grâce à une reproduction végétative très efficace. Sur Séez, cette espèce invasive est également observée sur les talus de routes, dans les prairies et dans les jardins. Capable

d’atteindre 3 m de hauteur, elle forme des petites fleurs blanches d’août à octobre. Les feuilles immergées de la renoncule déracinée sont très finement divisées. Très discrète, cette plante s’observe au moment de la floraison, entre les mois de mai et de juillet ; elle forme alors des fleurs blanches émergeant de l’eau. Sa répartition en France est localisée uniquement dans les Alpes, mais aussi, avec une moindre extension, dans le Massif central.

PNV - Christian Balais

Châtons d’un saule faux-daphné au printemps

Populages des marais sur les berges du petit plan d’eau situé au sud du lac Longet

Faune

Poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario est présente dans les principaux cours d’eau de la commune : l’Isère, le Reclus, le Versoyen, les ruisseaux des Écudets et de la Provenchère. La plus commune est la truite fario de souche atlantique, introduite en Savoie au cours du XXe siècle. Elle côtoie une population relictuelle* de truite fario de souche méditerranéenne, qui forme la souche génétique originellement présente dans tous les milieux favorables du département. En Tarentaise, cette dernière occupe le cours de l’Isère et une partie de ses affluents, sur un tronçon de plusieurs kilomètres, entre le secteur situé à l’amont de la confluence avec le nant Saint-Claude (Sainte-FoyTarentaise) et la centrale de Malgovert.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63


PNV - Clothilde Sagot

PNV - Christophe Ferrier

Fiche-milieu n° 2

Femelle de fuligule morillon accompagnée de deux jeunes

À Séez, la truite fario de souche méditerranéenne est aussi présente dans le ruisseau de la Provenchère, la partie aval du Reclus et du Versoyen. De couleur uniforme, le crapaud commun est le plus grand des crapauds présents en France. En Savoie, cette espèce protégée se raréfie au-dessus de 1 000 m d’altitude et devient quasiment absent au-dessus de 1 500 m. À Séez, le crapaud commun a été observé à la confluence de l’Isère et du Reclus. Il compte parmi les espèces d’amphibiens qui connaissent une mortalité routière élevée au cours de ses périodes de migration, au mois de février et mars. En effet, là où ses voies de migration sont traversées par une route, les écrasements de cette espèce marcheuse au déplacement lent peuvent être massifs.

Le crapaud calamite fréquente des milieux à sols sablonneux et légers, où il s’enfouit pour hiberner, à proximité de points d’eau favorables au développement de ses têtards. Dans notre département, de telles conditions sont offertes par les cours d’eau divagants, dans lesquels se forment des bancs de graviers et des zones d’eau morte. Les gravières d’exploitation abandonnées peuvent constituer un milieu de substitution pour cette espèce protégée. La zone de confluence entre l’Isère et le Reclus abrite cet amphibien. Le crapaud calamite se distingue du crapaud commun, également présent à Séez, par une ligne vertébrale jaune. Le grèbe castagneux est un oiseau d’eau pesant moins de 200 g qui fréquente les milieux d’eau calme, riches en végétation où abondent petits poissons et invertébrés, sa nourriture de prédilection. Espèce protégée, essentiellement présente en Savoie dans les plans d’eau de plaine, le grèbe castagneux est plus exceptionnel en tant que nicheur dans les vallées internes. Sa nidification sur le marais de Bourg-SaintMaurice est la seule donnée connue pour la vallée de Tarentaise. La vallée de l’Isère à Séez constitue un lieu de passage pour de nombreux oiseaux inhabituellement observés en Tarentaise. Il s’agit de hérons : héron pourpré, héron garde-bœufs, grande aigrette, aigrette gar-

PNV - Christian Balais

Crapaud calamite

Femelle de faucon Kobez migrant, en escale à Séez

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 2 PNV - Christian Neumüller

PNV - Henri Suret

Cigogne blanche migrant, en escale à Séez

Abreuvoir gargouille dans un alpage

zette, bihoreau gris, crabier chevelu, de rapaces diurnes : balbuzard pêcheur, faucon kobez, de canards : canard chipeau, canard souchet, fuligules milouin, milouinan, morillon, sarcelles d’été et d’hiver, ou encore de la cigogne blanche, dont quelques individus ont été observés au printemps 2008, dans les prés entre les Contamines et la centrale de Malgovert. Beaucoup d’oiseaux aquatiques font escale sur le marais de Bourg-Saint-Maurice, qui est à l’origine un bassin de compensation réalisé pour absorber les variations de débit de l’Isère lors du fonctionnement du barrage du Chevril.

accessible aux bêtes, comme le ruisseau de la Commune. Un ouvrage ancien, nommé canal du Pain Perdu, avait été entrepris à la fin du XIXe siècle. Alimenté par les sources du ruisseau de Beaupré, sous le lac des Rousses, ce canal a été aménagé sous les barres rocheuses du versant ouest de l’aiguille du Clapet et rejoint le chalet de Combette d’en haut. Nécessitant un effort d’entretien trop important, ce canal a rapidement été abandonné, d’où la signification de son nom : un canal pour lequel le travail des hommes a été vain. En cas de stationnement prolongé des troupeaux, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels.

Équilibre entre l’homme et son milieu

Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (lire la fiche-milieu n°3) et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail. L’eau est, soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, comme l’eau du lac sans Fond et du lac Rouge, soit directement

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations

Nettoyage d’une «boule à lait» à l’eau de source

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65


Fiche-milieu n° 2

PNV - Christian Balais

pour irriguer les prairies de fauche. Depuis les années 1960, un réseau d’arrosage par aspersion a été créé ; les jardins particuliers (environ 500), ainsi que les prairies de fauche sont irrigués par cet équipement alimenté par le ruisseau des Écudets et le torrent du Reclus. L’ensemble est géré par un syndicat d’arrosage dont l’organisation fait l’objet d’une convention d’utilisation et d’un règlement communal.

Vestiges du canal du Pain Perdu au-dessus du plan de Beaupré

PNV - Stéphane Mélé

Les torrents et sources sont localement utilisés pour l’alimentation en eau des chalets d’alpage. Afin d’alimenter en eau les prairies de fauche environnant les villages, des canaux d’irrigation ont été creusés à partir du torrent du Reclus ; le canal de Séez traverse le chef-lieu, et le canal des Villards dessert Villard dessus, Villard dessous et le Breuil ; tous deux rejoignent l’Isère. Connus depuis le XIVe siècle, mais d’origine certainement plus ancienne, des canaux étaient utilisés

Lacs des Gouillons

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Parmi les autres usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable des villages, la pêche à la truite, la production d’énergie hydraulique et les sports d’eau vive sur l’Isère. L’eau potable de la commune provient essentiellement du captage de la source de Beaupré, à proximité du ruisseau du même nom ; ce dernier rejoint le torrent du Versoyen, limitrophe entre Séez et BourgSaint-Maurice. Ce captage est complété par d’autres captages, localisés sur les bassins versants des Écudets et des Picheurs. La truite est pêchée dans tous les cours d’eau où elle est présente, ainsi que dans les Gouillons et le lac Longet. Si tous les types de pêche sont pratiqués, la pêche à la mouche sur l’Isère attire un nombre important de personnes averties. Les plans d’eau des Gouillons, proches de la station touristique de la Rosière, présentent également une forte fréquentation. Cette activité est gérée par l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-Saint-Maurice. Pour cette pêche de loisirs, des empoissonnements sont réalisés régulièrement afin de maintenir les espèces piscicoles introduites non autochtones, qui sont incapables de se reproduire naturellement. Sur la commune, ces empoissonnements sont limités : ils ne concernent que la truite arc-en-ciel et sont cantonnés sur un secteur à l’amont du Reclus. Ainsi les plans d’eau des Gouillons


Fiche-milieu n° 2 PNV - Christian Balais

Conduites forcées d’amenée d’eau à la centrale hydro-électrique EDF de Malgovert

peuvent recevoir jusqu’à 100 kg/an de « truite arc-en-ciel – portions » et le Reclus, au niveau des Gouillons, reçoit des alevins et des « truites arc-en-ciel – portions ». Par ailleurs, pour étendre les possibilités de pêche, le niveau du plan d’eau aval des Gouillons a été rehaussé par un seuil. À Séez, l’eau de plusieurs cours d’eau a été détournée pour un usage hydroélectrique, qui se traduit par la présence de prises d’eau, de galeries souterraines et l’instauration de débits réservés (Lire le paragraphe « L’industrie » p.25).

Le détournement de l’Isère au niveau de la prise d’eau des Brévières (Tignes) pour le fonctionnement de la centrale de Malgovert, et au niveau de la prise d’eau de la Raie (Sainte-Foy-Tarentaise) pour le fonctionnement de la centrale de Viclaire (Villaroger), a fortement diminué le débit de l’Isère entre Tignes et Bourg-SaintMaurice ; cette partie de l’Isère au débit réduit est, de ce fait, appelée « Petite Isère ». De plus, ses principaux affluents situés en rive droite, sont utilisés pour alimenter le barrage de Roselend (Beaufortain), comme le torrent du Reclus qui présente une prise d’eau EDF au niveau de plan Gerbier. L’eau du torrent de Pissevieille est prélevée pour alimenter la Centrale de Malgovert, et pour répondre aux besoins en eau de la station de ski d’Arc 2000.

PNV - Christian Balais

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Cours de l’Isère au niveau de l’usine hydro-électrique EDF de Malgovert

L’eau est une ressource essentielle à toute forme de vie sur terre. Elle est source de nombreuses richesses : biodiversité aquatique, approvisionnement en eau potable, etc.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67


Fiche-milieu n° 2

PNV - Christian Balais

plusieurs phénomènes géomorphologiques liés à l’eau : - des résurgences sur le versant sud-est de l’aiguille du Clapet, dont la principale est la cascade du nant de Saint-Germain située au hameau du même nom, laquelle forme de remarquables concrétions calcaires appelées tufs. Ces tufs résultent d’une réaction de l’eau chargée en carbonate de calcium, qui précipite lorsqu’elle se trouve à l’air libre ; - une source ferrugineuse, affluent du torrent du Reclus à environ 2 000 m d’altitude ; - un courant d’eau chaude, de type torrent souterrain, traverserait Séez, selon une direction nord-est – sud-ouest, similaire à la faille de la vallée du Reclus, entre l’Italie et la ville de Salins-les-Thermes. Le point où ce torrent serait le plus près de l’émergence se situerait à environ 300 m à l’amont du pont de SaintGermain. Ce courant d’eau chaude n’est connu qu’à travers le témoignage ancien

Le cycle de l’eau joue un rôle majeur dans le climat, les courants marins, les paysages terrestres, etc. Système autorégulé très complexe, il intervient dans le fonctionnement des cycles de tous les éléments liés à la vie (carbone, azote, oxygène, etc.). L’eau conditionne l’activité des espèces vivantes et chacune d’entre elles peut jouer un rôle important dans le fonctionnement de ce cycle. Le bon état du cycle de l’eau et le maintien de la biodiversité sont étroitement liés. La qualité et la quantité des eaux sont interdépendantes. Eu égard au rôle vital de l’eau mais aussi à sa fragilité, la loi sur l’eau de 1992 affirme l’appartenance de cet élément au patrimoine de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et son utilisation sont d’intérêt général. Ressource indispensable pour l’homme, les lacs et les cours d’eau s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Ils constituent d’ailleurs un des principaux buts de randonnée pour les touristes. La commune se distingue par la présence de

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Frédéric Fima

Cascade des mariés sous Saint-Germain

Torrent ferrugineux sous le col du Petit-Saint-Bernard


La présence d’une population relictuelle* de truite fario de souche méditerranéenne est remarquable sur la commune de Séez. Une étude génétique réalisée sur les individus de truite fario occupant l’Isère a permis de mettre en évidence une proportion de 50% de truite fario de souche atlantique et de 50% de truite fario de souche méditerranéenne. Mieux adaptée à nos cours d’eau, cette dernière devrait naturellement progresser, à condition qu’une gestion favorable sur l’Isère et ses affluents soit appliquée.

Évolution et transformation du milieu

PNV - Christian Balais

Plus de 40 ans après la première loi sur l’eau (1964), l’état du cycle de l’eau est toujours insatisfaisant, un peu partout sur la planète, avec des conséquences parfois très graves : désertification, inondations, surexploitation ou contamination des réserves d’eau potable, érosion de la biodiversité, etc.

Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et leur richesse biologique. Les écoulements à débit constant et fortement réduit (1/40e du débit moyen annuel ; cette norme devant évoluer vers 1/10e) imposés par la gestion des barrages sur l’Isère, et donc l’absence d’effet «chasse d’eau» naturel, ne permettent pas un transit et un renouvellement naturels des matériaux. Du fait de la sédimentation du lit, on constate une diminution des habitats* favorables aux poissons. Le dégravage manuel ou automatique des prises d’eau est également responsable de l’engravement du cours d’eau. À Séez, une ouverture brutale et accidentelle d’une fenêtre EDF a provoqué un « bouchon » au niveau du pont des Chèvres, accélérant le processus de sédimentation et provoquant l’exhaussement du lit du cours d’eau jusqu’au pont de Longefoy. Il est par ailleurs important de réserver au torrent un débit suffisant en période de basses eaux hivernales, période de reproduction de la truite fario

Epandage de lisier sur les prairies de fauche situées dans la plaine de l’Isère, entre Longefoy et Séez

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n° 2

de personnes qui auraient observé des vestiges de maçonneries attribuées à l’époque romaine (peut-être des bains thermaux) à cet endroit ; il mériterait de faire l’objet d’importants sondages pour être confirmé.


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 2

Renouée du Japon sur les bords du torrent du Reclus

notamment, pour préserver l’ensemble de la faune de ces milieux. Utilisé pour l’irrigation, le ruisseau des Écudets souffre, à certaines périodes de l’année, d’un non-respect de son débit réservé. Offrant de nombreuses frayères, ce ruisseau s’avère essentiel à la reproduction de la truite fario sur les Écudets et sur le Reclus. Ce « vivier » naturel est d’autant plus important que plusieurs seuils construits sur le cours du Reclus, à l’aval du pont de la route départementale 1090, ne permettent pas aux truites de remonter depuis l’Isère. Le torrent du Reclus est contenu par quelques dizaines de seuils et barrages, traversant le cours d’eau entre le pont de plan Gerbier et celui de Saint-Germain. Ces travaux ont débuté au début du XXe siècle, suite à l’acquisition par l’Etat de la forêt domaniale de Séez gérée par le service de restauration des terrains en montagne (RTM), avec un aménagement conséquent d’environ 60 barrages et seuils. Au cours du XXe siècle, nombre de ces ouvrages ont été détruits, puis restaurés et remplacés. Afin de protéger le pont de la route départementale 1090 et l’ensemble des berges situées à l’aval de ce pont, la com-

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie

mune a procédé à la réalisation d’endiguements et de seuils à la fin des années 1980. En cas de mauvaise gestion des effluents d’élevage, comme l’épandage en période hivernale, sur des talus à proximité des torrents et sur des prairies caillouteuses, il peut y avoir un relargage important de matières organiques vers les ruisseaux. À Séez, l’irrigation continue des prairies de fauche par les canons à eau occasionne un lessivage important des sols, se traduisant par la réduction des matières minérales indispensables au développement de la végétation. Ce phénomène, compensé par un apport artificiel d’engrais, finit par entraîner un apport anormal de nutriments (nitrates, phosphates) dans le cours de l’Isère. Les autres sources de pollution à Séez sont d’origine domestique et industrielle. Elles sont liées d’une part à d’anciennes décharges présentes sur la commune ou sur une commune voisine, mais ayant un impact direct sur les cours d’eau à Séez. Ainsi quatre décharges qui avaient été autorisées dans le lit majeur de l’Isère, du Reclus et du Versoyen pourraient encore aujourd’hui être à l’origine d’une dégradation de la qualité de l’eau des torrents concernés. D’autre


Fiche-milieu n° 2 PNV - Christian Balais

Station d’épuration de Séez

part, les eaux usées de Montvalezan sont directement raccordées à celles de Séez avant d’être traitées à la station d’épuration de Séez. Avec le développement de la population touristique de Montvalezan (station de ski de la Rosière), ce système de raccordement est devenu insuffisant. Il occasionne une pollution de l’Isère, particulièrement au cours des mois d’hiver, période où le débit est le plus faible. Ces pollutions peuvent dégrader durablement la qualité de l’eau des torrents et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques. Les cours d’eau (berges et bancs de graviers) sont des milieux très sensibles à la colonisation de tout un cortège de plantes ornementales introduites, dites plantes invasives. Les cours d’eau de plaine sont depuis longtemps fortement touchés par ce phénomène. Plus récemment, la renouée du Japon a aussi fait son apparition dans la vallée de l’Isère en Tarentaise. C’est une plante difficile à maîtriser une fois installée ; elle nécessite des moyens importants pour lutter contre son extension.

Propositions de gestion Un vaste programme concernant la gestion de l’eau en Tarentaise est en cours d’élaboration. Il s’agit du contrat de rivière «Isère en Tarentaise», piloté par l’Assemblée de pays Tarentaise Vanoise (APTV), élaboré par diverses commissions de travail. Différentes facettes de la gestion de l’eau y sont traitées : qualité de l’eau, risques naturels, restauration et protection des milieux naturels, etc. Dans ce cadre est envisagée la réalisation de nouvelles stations d’épuration, l’élimination d’arrivées d’eaux polluées dans les rivières, des études piscicoles, ou encore, des travaux de prévention des crues. À Séez, il est prévu de gérer l’excès de sédiments anormalement accumulés dans le lit du Reclus, en créant une plage de dépôt dans sa partie aval. Dans ce même contrat, il est programmé de rendre franchissable les seuils situés à l’aval du Reclus, afin de permettre aux poissons de l’Isère de remonter le cours du Reclus. L’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) du canton de Bourg-Saint-Maurice a mis en place une gestion patrimoniale de tous les cours d’eau : depuis la moitié des années 1990,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71


Fiche-milieu n° 2

aucun déversement de truite fario n’est pratiqué, afin de préserver la souche méditerranéenne de la truite fario et d’éviter ainsi des risques d’hybridation. Un arrêté préfectoral complète cette gestion en interdisant la pénétration dans le lit mouillé, entre le nant Saint-Claude, à Sainte-FoyTarentaise, et le pont des Chèvres, à Séez, depuis la fermeture de la pêche (mi-octobre) jusqu’au mois de juin. Des panneaux d’information réalisés par l’AAPPMA mériteraient d’être entretenus pour accompagner cette mesure réglementaire. Enfin, il est prévu d’approfondir les études génétiques et de les généraliser à l’ensemble du réseau hydrographique, afin de mieux connaître l’évolution de la truite fario de souche méditerranéenne. Le problème des eaux usées provenant de la station de la Rosière (commune de Montvalezan) est résolu par la construction en 2008 d’une station d’épuration sur la commune de Bourg-Saint-Maurice, dimensionnée et adaptée pour recevoir les eaux usées de Sainte-Foy-Tarentaise, Villaroger, Montvalezan, Séez et Bourg-Saint-Maurice. Cette organisation est consécutive à la création

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie

en 2005 du Syndicat d’assainissement de la haute Isère (SAHI). Par ailleurs, l’ancienne station d’épuration de Séez pourrait être utilisée pour le traitement des eaux pluviales. Depuis 1995, le SIVOM, devenu communauté de communes « La maison de l’intercommunalité de haute Tarentaise » en 2007, possède une compétence en matière de gestion des cours d’eau. À Séez cette compétence concerne l’Isère, le Reclus, le Versoyen, le nant Cruet et le ruisseau des Écudets. Elle se traduit par l’entretien de la végétation des berges, dans le but d’améliorer l’écoulement des eaux et la qualité biologique du milieu aquatique. L’un des objectifs de la collectivité est aussi d’enrayer le développement de la renouée du Japon. Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse car elle n’est pas intarissable, même si Séez semble être plus avantagée que d’autres communes vis-à-vis de sa ressource en eau.


PNV - Stéphane Mélé

Zone humide sur le plateau du Petit-Saint-Bernard

Les zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, des zones humides de pente et des marais. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses, qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. De telles formations végétales se sont développées près de la source du ruisseau de Bellecombe, au pied du mont Belvédère, aux abords de sources situées sous le col des Embrasures, ou encore sur le versant sud du vallon du ruisseau de Teppié. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de

cypéracées (telles que les laîches) de petite taille. À Séez, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les plus fréquents et les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple aux abords des lacs sans Fond et Longet, sur le plateau du col du Petit-Saint-Bernard, dans le vallon de Bellecombe, etc. - les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall. De telles formations sont présentes dans le vallon du ruisseau de Teppié ou encore en rive gauche du Reclus, entre le Pontet et le pont de la Marquise. Parmi ces derniers, on distingue un type de

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73

Fiche-milieu n° 3

Les zones humides d’altitude


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 3

Zones humides dans la partie amont du ruisseau de Teppié

zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux

facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Dans ces marais se développent des groupements pionniers des bords de torrents alpins appelés Caricion incurvae. Ce type de marais, rare à Séez, existe sur le plateau du col du Petit-SaintBernard, sur les berges des ruisseaux du Reclus et de la Commune (lire le paragraphe « Zonage Natura 2000 » p.45).

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Stéphane Mélé

La végétation en mosaïque de zones humides à Séez signale également une nature

Au premier plan : zone humide entre le Pontet et le pont de la Marquise

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Zone humide vers la baraque des douaniers


Fiche-milieu n° 3 Les zones humides

une petite inflorescence au milieu d’une tige grêle, aux feuilles réduites, et inférieure à 40 cm de hauteur. Il pousse dans les marais acides de montagne, jusqu’à 2 600 m d’altitude. Par son aspect et son milieu de vie, il est proche du jonc arctique, avec lequel il s’hybride parfois (lire la fiche-espèce n°2).

mixte, à la fois acide et alcaline, telle que celle observée sur le secteur du lieu-dit la Commune, et plus en amont sur le ruisseau du Bouliu (secteur du dou de la Motte).

Flore

Les

La violette des marais affectionne les milieux humides situés entre 1 000 et 3 000 m d’altitude. On la reconnaît à ses feuilles rondes et en forme de cœur, et à ses fleurs inodores de couleur lilas pâle, avec un pétale inférieur veiné de violet foncé. Le jonc filiforme développe, entre juin et août, des fleurs peu nombreuses réunies en

PNV - Frantz Storck

plantes des zones humides doivent s’adapter à des conditions difficiles : sol asphyxiant, pauvreté minérale, gel hivernal.

Laîche bicolore

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75


Fiche-milieu n° 3

PNV - Christian Balais

subarctiques et dans la chaîne alpine. Elles sont protégées et rares en France et dans tout l’arc alpin. La laîche de Davall est une plante vivace répandue et typique des marais alcalins, présente depuis la plaine jusqu’à l’étage alpin. Elle pousse en touffes compactes formant un tapis végétal très dense. Elle est connue dans plusieurs zones humides de Séez. Assez fréquente, la saxifrage faux aïzoon, plante-hôte du petit apollon, se développe généralement près des sources, sur les rochers où suinte l’eau d’infiltration.

Laîche de Davall, épis femelle

Faune

Du

fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans les autres zones marécageuses de plaine. La grenouille rousse est une grenouille « brune », essentiellement terrestre et forestière qui gagne l’eau lors de la période de reproduction, et plus exceptionnellement pour hiberner dans la vase. En Savoie, ses lieux de ponte s’échelonnent entre 1 000 et 3 000 m d’altitude. Légèrement plus petit que le lézard des murailles, le lézard vivipare s’en différencie par une couleur plus foncée, tachée de noir

PNV - Frantz Storck

PNV - Frantz Storck

La laîche bicolore est typique des zones humides de bord de torrent. Inférieure à 20 cm de hauteur, elle doit son nom à l’aspect bigarré, vert clair et brun foncé, des épis formés par les fleurs femelles en fruit. Le jonc arctique et la laîche bicolore font partie des huit espèces caractéristiques qui, isolées ou associées les unes aux autres, permettent d’identifier les groupements pionniers de bord de torrent. Ces plantes sont dites arctico-alpines*, c’est-à-dire présentes à la fois dans les régions arctiques ou

Saxifrage faux aïzoon

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Grenouille rousse


Fiche-milieu n° 3 PNV - Frantz Storck

Femelle de lézard vivipare

Aux mois de juillet et août, l’adulte du petit apollon survole les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa chenille. C’est une espèce protégée qui se différencie du grand apollon, beaucoup plus commun, par une envergure légèrement inférieure et la présence de taches rouges sur les ailes antérieures.

PNV - Philippe Benoît

chez le mâle, et par un déplacement nettement moins vif. Par rapport à d’autres lézards, il est adapté à des milieux froids et humides, ce qui lui permet d’occuper une grande diversité de milieux : tourbières, mais aussi prairies, landes basses, éboulis, etc. En Savoie, il n’est connu qu’en montagne.

Petit apollon posé sur un chardon

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 3

Vaches tarines s’abreuvant dans l’un des plans d’eau des Gouillons

Équilibre entre l’homme et son milieu

Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale.

Usages, intérêts économiques et représentations

Les milieux humides et aquatiques sont des milieux intéressants sur le plan biolo-

PNV - Stéphane Mélé

Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Vaches pâturant dans les zones humides en amont du ruisseau de Teppiè

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Frantz Storck

Évolution et transformation du milieu

Violette des marais

gique et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les zones humides participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants. L’ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques. La plupart sont vulnérables vis-à-vis des modifications du milieu engendrées par les activités humaines. Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées, telles que la violette des marais, confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi ces zones humides, les groupements pionniers des bords de torrents présentent l’intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d’espèces protégées de grande valeur, comme

Beaucoup de zones humides résultent de l’évolution naturelle de plans d’eau qui subissent un assèchement progressif appelé atterrissement*. Ainsi la zone humide située au col du Petit-Saint-Bernard, entre la colonne de Joux et l’ancien hospice résulte d’une telle évolution. Ces lacs comblés sont très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie). Subissant aussi ce phénomène d’atterrissement*, certaines zones humides tendent à s’assécher et évoluent vers un milieu de plus en plus terrestre. La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Au cours du XXe siècle, environ 2,5 millions d’hectares de zones humides, soit trois fois la superficie de la Corse, ont disparu en France. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. En Vanoise, de nombreuses petites zones humides ont déjà disparu, soit par assèchement, soit par immersion, notamment lors de la construction de retenues d’eau arti-

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79

Fiche-milieu n° 3

le jonc arctique, constitue une richesse naturelle importante de la commune. La Communauté européenne l’a classé comme «milieu d’intérêt communautaire prioritaire». Sa présence sur la commune a motivé l’intégration au réseau Natura 2000 du plateau du Petit-Saint-Bernard, depuis le col jusqu’à la zone de confluence entre le ruisseau de Bellecombe et le torrent du Reclus.


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 3

Au col du Petit-Saint-Bernard, le plateau résulte d’un ancien lac asséché

ficielles destinées à la production hydroélectrique. Cette situation n’est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l’eau, la réduction des zones humides aggrave les effets des inondations en période de crues et accentue les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger. Le surpiétinement du bétail dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels risque d’endommager les milieux fragiles et d’en modifier la flore, du fait de la concentration des déjections. Le piétinement concerne les milieux humides situés à proximité des plans d’eau des Gouillons ou encore sur le plateau du col du Petit-Saint-Bernard, dans lesquels les animaux viennent s’abreuver, mais aussi la plupart des zones humides situées en alpage. Les voies de circulation, qui occasionnent une perturbation du fonctionnement hydraulique, et la fréquentation touristique sont d’autres activités à suveiller afin d’éviter la dégradation de zones humides.

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la flore des zones humides sont les mêmes que pour les milieux «cours d’eau et lacs» (lire la fiche-milieu n°2). La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux national, régional et départemental, qui se traduisent dans un premier temps par un inventaire et un bilan qualitatif des zones humides de la Savoie (lire le paragraphe « Inventaire des tourbières et des zones humides » p.43)

Propositions de gestion L’inventaire des zones humides de Séez doit aboutir à un « plan d’actions » tel qu’il a été prévu par la politique départementale. Ce plan vise à préserver l’ensemble de ces milieux naturels de manière cohérente et à suivre leur évolution. La première étape se traduit par une hiérarchisation des zones selon leur valeur patrimoniale, leur rôle fonctionnel et leur enjeu social. Les préconisations de gestion pourraient se concrétiser au cas par cas par diverses actions :


par les eaux de pluie ou l’écoulement direct des déjections animales et des effluents laitiers (eaux de lavage, etc.) ne génèrent des apports organiques répétés dans les zones humides voisines. Enfin, la sensibilisation des randonneurs par les accompagnateurs en montagne, ou par l’intermédiaire d’autres moyens (conférences, plaquettes distribuées à l’office de tourisme, etc.), vis-à-vis des secteurs les plus sensibles aux risques de dégradation induits par le piétinement est une mesure qui pourrait facilement se mettre en place.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81

Fiche-milieu n° 3

protection des milieux humides dans les documents d’urbanisme, protection dans les alpages communaux, opérations de restauration, valorisation pédagogique, etc. Quoi qu’il en soit, tout nouveau projet d’aménagement doit systématiquement tenir compte de ces zones précieuses, afin d’en assurer la préservation et éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. De même, quand c’est possible, le choix de l’emplacement des machines à traire devrait tenir compte de la présence de zones humides, afin d’éviter que le lessivage


PNV - Christian Balais

Prairies de fauche et hameaux de Villard dessous et du Breuil

L es prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison. Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, ces prairies se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs.

Sur Séez, environ 300 ha de prairies ont été fauchées en 2009, soit 7% de la surface communale. Ces parcelles fauchées couvrent quelques hectares à plusieurs dizaines d’hectares et s’échelonnent entre 830 m (plusieurs secteurs en rive droite de l’Isère) et 1 650 m (le Talou) d’altitude. La majorité de ces prairies occupe la plaine de l’Isère et le

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 4

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

Prairie de fauche en rive droite de l’Isère

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Prairies de fauche aux environs du lieu-dit Mont Villaret

cône de déjection du Reclus jusqu’au lieu-dit les Écudets ; elles sont situées à proximité du chef-lieu, des villages du Breuil, de Longefoy, de Villard dessous et de Villard dessus. Un deuxième secteur couvre une partie du versant sud-est de la partie inférieure de la vallée du Reclus.

Les prairies de fauche

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n° 4

Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage. On distingue : - les prairies de fauche plutôt maigres et sèches, très diversifiées et riches en espèces végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés. À Séez, ces prairies se développent uniquement aux environs du mont Villaret et du Cottier. - les prairies plutôt fraîches et «grasses» sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. Ces prairies sont présentes audessus de 1 500 m d’altitude, sur les secteurs du pré du Gal et de plan Mérel, également en plusieurs endroits sur la rive droite de l’Isère.


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 4

Flore

Une

Centaurée scabieuse

Bien que rarement dominantes, les plantes formant de grandes fleurs colorées sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche.

PNV - Frantz Storck

PNV - Frantz Storck

prairie de fauche se caractérise par la prédominance «d’herbes» et plus précisément de graminées qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Parmi celles-ci, on trouve, pour les prairies plutôt grasses, le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre, appelé aussi avoine dorée, alors que la kœlérie pyramidale et le brome érigé sont plus typiques des prairies maigres sur calcaire.

PNV - Michel Delmas

Campanule agglomérée

Sauge des prés

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Géranium des bois


Faune

Les

PNV - Ludovic Imberdis

prairies de fauche fraîches sont fréquentées par le lièvre brun à une altitude inférieure à 2 000 mètres. La caille des blés affectionne particulièrement la végétation herbacée haute des prairies de fauche qu’elle occupe tout le temps de sa reproduction, de mai à septembre. L’intensification des pratiques agricoles alliant drainage, fertilisation et fauche précoce, voire l’ensilage des herbages, a provoqué la raréfaction de cette espèce au niveau mondial. Plus rare en Tarentaise qu’en Maurienne, à Séez, la caille des blés a été repérée aux lieux-dits plan Mérel et Combette d’en haut. Le bruant fou est un petit passereau qui présente un corps brun rayé de noir et une tête gris bleuté ornée de bandes noires. Il affectionne tous types de milieux suffisamment bien ensoleillés, présentant un sol nu et quelques buissons. Sa nourriture se compose de graines de graminées, qu’il complète avec divers invertébrés (chenilles et orthoptères) au cours de la belle saison. La pie-grièche écorcheur affectionne, quant à elle, les prairies les plus sèches.

Avec une diversité floristique beaucoup plus élevée, les prairies maigres sont aussi souvent les plus colorées, grâce à la présence notamment du sainfoin, du lotier corniculé, de la campanule agglomérée, de la sauge des prés, des rhinanthes, des centaurées, comme la centaurée scabieuse, et de diverses ombellifères, comme le grand boucage. La centaurée scabieuse est une grande plante dont les multiples petites fleurs roses sont réunies en un groupe compact et de forme arrondie, à l’extrémité de la tige. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. On y rencontre généralement le géranium des bois et la renouée bistorte. Cette dernière se distingue par un épi allongé de petites fleurs roses au sommet d’une longue tige. Ce cortège floristique s’accompagne aussi de différentes ombellifères telles que le cerfeuil doré, dont l’inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes qui y trouvent un nectar abondant. C’est dans ces prairies de fauche fraîches que fleurit le

PNV - Christophe Gotti

Fleur de trolle d’Europe

Bruant fou sur un genévrier commun

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85

Fiche-milieu n° 4

trolle d’Europe. Cette plante, assez commune en montagne, se reconnaît facilement grâce à sa fleur en forme de boule jaune.


PNV - Joël Blanchemain

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n° 4

Mâle de criquet jacasseur

Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Les insectes de ces prairies se remarquent par leur diversité et leur abondance. Les plus visibles sont les papillons de jour comme le moiré lancéolé. Ce dernier se déplace dans les prairies et les lisières entre 800 et 2 200 m d’altitude. Comme tous les moirés, ses ailes sont brun clair à brun foncé, interrompues par une ligne de taches orange parallèle aux bordures extérieures. De nombreux orthoptères fréquentent ces milieux qui leur offrent le gîte et le couvert. C’est le cas du criquet jacasseur et du dectique verrucivore, deux espèces qui se développent exclusivement dans les prairies de fauche, notamment les prairies maigres et sèches. Peu commune en Vanoise, la mante religieuse participe à l’originalité des prairies sèches de Séez. Insecte prédateur d’insectes

et d’autres animaux, elle est capable de s’attaquer à des proies plus grosses qu’elle.

PNV - Joël Blanchemain

Mâle de pie-grièche écorcheur capturé lors d’une séance de baguage

Femelle de dectique verrucivore en train de pondre

PNV - Joël Blanchemain

PNV - Christophe Ferrier

La présence de la mante religieuse peut être détectée par l’observation d’oothèques dans la végétation ou sur des substrats divers (bois, pierres). L’oothèque est une enveloppe secrétée par la femelle pour la protection des oeufs.

Moiré lancéolé

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Mante religieuse


Fiche-milieu n° 4 PNV - Christian Balais

Andainage du foin au Breuil

Équilibre entre l’homme et son milieu

L’intérêt agricole d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produit. D’autres critères sont pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation.

Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part elles représentent, pour les naturalistes, un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales, et d’autre part, pour les agriculteurs, un milieu qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. La fauche des prairies locales permet d’augmenter l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage et de limiter l’achat de foin à l’extérieur. Contrairement à d’autres communes de Vanoise, la surface de prairies de fauche reste encore importante à Séez. Pour la plupart des exploitations, elles permettent de garantir 75% à 80% de leurs besoins en fourrage. Les compléments de foin proviennent de la région Rhône-Alpes et, plus occasionnellement, de la plaine de la Crau. Une seule exploitation est totalement autonome.

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations

Prairie fauchée et balles de foin à Planardin, fin juin

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 4

Prairie pâturée au printemps sous le mont du Caravin

Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui s’y exercent : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. À Séez, les prairies les plus productives (secteur de plaine), sont fauchées au moins deux fois par an (fin mai – début juin et fin juillet – début août), et pâturées au moment de la mise à l’herbe des troupeaux, au mois d’avril, et à la fin de la saison d’alpage, au mois d’octobre.

Ces prairies reçoivent du fumier, du lisier et des engrais. Elles sont irriguées au printemps et en été par des canons à eau (lire le paragraphe « Usages, intérêts économiques et représentations » p.65 de la fiche-milieu n°2). Ces canons ont été financés par EDF, en compensation des prélèvements d’eau réalisés sur les ruisseaux de la commune (affluents en rive droite de l’Isère) pour l’alimentation du barrage de Roselend. L’irrigation a pour objectif d’augmenter la productivité de ces prairies, en compensant le ruissellement et l’évaporation naturels des terrains concernés. Les prairies de fauche des adrets sont également pâturées et ne sont fauchées qu’une seule fois par an.

PNV - Christian Balais

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Arrosage de prairies de fauche aux Ecudets

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie

La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux


Fiche-milieu n° 4 PNV - Christian Balais

Prairie fleurie au Plan des Fontaines au début de l’été

originaux d’un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager. La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. Ces floraisons abondantes des prairies de fauche ont aussi un intérêt paysager certain, offrant au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. En revanche une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. Une fauche régulièrement précoce diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés, et la pollinisation par les insectes.

Par ailleurs, l’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère à ces prairies un intérêt supplémentaire. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (micro-mammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


Fiche-milieu n° 4

est la productivité, au détriment de la biodiversité qui a fortement diminué.

PNV - Stéphane Mélé

Sur la commune de Séez, comme dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition des prairies de fauche au-dessus de 1 800 m qui ne sont plus exploitables avec le matériel agricole moderne. La surface des prairies de vallée est également en diminution. Moins mécanisables, les prairies situées sur le versant sud-est de la partie inférieure de la vallée du Reclus ont davantage été touchées par ce phénomène d’abandon, particulièrement important entre le Mont d’en haut et Saint-Germain. Ainsi, la superficie des prairies de fauche les plus intéressantes sur le plan biologique (prairies d’altitude, prairies sèches et prairies extensives) a diminué à Séez au profit de types de prairies à la flore plus banale. Quant aux prairies situées à proximité des exploitations, elles présentent une fonction fourragère, mais aussi d’épuration des effluents agricoles. Grands consommateurs d’espaces, l’urbanisation, mais aussi les infrastructures de transport et les aménagements de loisir, menacent souvent les prairies de fond de vallée. Ils font peser sur les derniers secteurs de fauche une pression foncière d’autant plus préjudiciable que l’activité agricole a une tendance générale à régresser. Plusieurs

Prairies de fauche qui commencent à se fermer vers le lieu-dit Mont Villaret

Évolution et transformation du milieu

Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Séez est l’une des rares communes de Vanoise qui présentent des prairies de fauche irriguées (secteur de plaine), dont les sols s’appauvrissent par lessivage. Les coupes sont nombreuses et précoces, puisque la vocation première de ces prairies

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christian Balais

Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement importante en altitude. En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la production de beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (A.O.C.).

Au premier plan, prairie fauchée vers les Perrières et au second plan, prairies de fauche abandonnées entre le Mont d’en haut et Saint-Germain


Fiche-milieu n° 4 PNV - Stéphane Mélé

Au cours de la 2ème moitié du XXème siècle, l’urbanisation a entrainé la jonction entre le chef lieu et les villages de Villard dessous et du Breuil

parcelles, situées aux abords du chef-lieu, du Breuil, de Villard dessous et de Villard dessus ont été, dans le cadre de l’évolution démographique de la commune, affectées à l’urbanisation. Le projet de déviation du chef-lieu par la route départementale 902 longeant la rive droite de l’Isère entre Séez et Sainte-Foy-Tarentaise, en se rapprochant davantage du cours de l’Isère, permettra de réconcilier les habitants de Séez avec la vie paisible d’un village de montagne. Ce projet, sur un tracé au plus bas du plateau, permettra de conserver un couloir vert équipé du réseau d’arrosage et évitera la pollution rapprochée actuelle, nocive à la santé des habitants (bruit/odeurs/air/vibrations/sécurité). Les trois hectares projetés dans cette réalisation seront compensés par la création, suite à une délibération du Conseil municipal, de zones agricoles protégées (ZAP). Après avoir été massivement chassé, le cerf élaphe a été réintroduit en Tarentaise dans les années 1970, à partir d’animaux issus de Chambord. Dès les années 1980, un

plan de chasse a été instauré afin de réguler les effectifs croissants de cet ongulé, tout en permettant l’installation d’une population significative. Celle-ci s’est fortement développée à Séez (environ 300 individus comptés en 2009), où elle s’est installée dans le bois des Bochères et la forêt des Écudets, occasionnant des dégâts aux prairies de fauche situées vers le Cottier, mais aussi sur la plaine, entre le chef-lieu et les Écudets (lire la fiche-espèce n°6). Les capacités d’assimilation des prairies sont limitées, surtout en montagne où le sol est généralement peu épais et la période de végétation plus courte qu’en plaine. Au-delà d’un certain seuil de fumure, les prairies restituent les excédents dans les rivières et les nappes phréatiques, entraînant une pollution néfaste pour la faune et la flore comme pour la ressource en eau.

Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91


Fiche-milieu n° 4

des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Le retour à des pratiques plus extensives sur certaines parcelles est donc souhaitable : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive, maintien de prairies de fauche «extensives» peu productives, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile. Afin de favoriser le maintien d’une faune prairiale, toute pratique de fauche permettant à celle-ci de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge - du centre vers la périphérie - si la forme de la parcelle le permet) est recommandée. Le décalage des dates de fauche permet aux espèces animales, tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes), de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. Il serait nécessaire de freiner l’abandon des prairies de fauche par l’application d’un cahier des charges qui tendrait vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs inciterait les éleveurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la ressource en eau et de préservation de la biodiversité. Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans le cadre d’un cahier des charges de mesures

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

de type agroenvironnemental. Ces mesures spécifiques traduisent la reconnaissance des caractéristiques de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son patrimoine écologique et paysager local. Elles consistent en l’octroi de primes contractualisées à la surface ou d’aides destinées à réduire les contraintes d’exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d’œuvre, etc.). La conservation des prairies d’intérêt communautaire suppose le maintien de pratiques d’entretien par la fauche. Des contrats agroenvironnementaux sont proposés aux exploitants agricoles. En contrepartie d’un engagement en faveur de la biodiversité, ils perçoivent une aide financière de l’Union européenne et de l’État (lire le paragraphe « Zonages Natura 2000 » p.45). Sur le site Natura 2000 « Les adrets de Tarentaise », une mesure proposée pour les prairies de fauche et baptisée « prairies fleuries » se distingue par le fait qu’elle engage les exploitants sur une obligation de résultat, c’est à dire sur un état de conservation attendu, et non pas sur une obligation de moyens comme la plupart des autres mesures. L’exploitant est libre de ses pratiques concernant la fertilisation ou encore la date de fauche, dans la mesure où l’état de conservation est maintenu. En pratique, le respect de l’engagement est contrôlé en s’assurant de la présence, sur chaque tiers de la parcelle parcourue en diagonale, d’un minimum de 4 espèces au sein d’une liste pré-établie de 28 plantes indicatrices.


PNV - Christian Balais

Le bois des Bochères et le bois du Mont

Sur

la commune, la forêt s’étend entre 820 m, sur les berges de l’Isère, et 1 850 m d’altitude, sur le versant sud de l’aiguille du Clapet (partie supérieure du bois du Mont). Elle occupe une surface d’environ 900 ha, soit un peu plus de 20 % du territoire. Cette couverture forestière occupe l’essentiel des pentes des parties basses de la commune ; il s’agit de la forêt de Malgovert, en rive gauche de l’Isère, du bois des Bochères et du bois du Mont, en rive droite du torrent du Reclus, de la forêt du Reclus, localisée au niveau des gorges du Reclus, et de la forêt des Écudets en rive gauche du torrent du Reclus. Christine Garin

Les forêts de Vanoise sont essentiellement composées de résineux : sapin, épicéa, pin sylvestre, pin à crochets, pin cembro et mélèze. Sur Séez, l’épicéa domine, avec plus

de 50 % de recouvrement, le sapin est présent dans une proportion d’environ 25%, puis le pin sylvestre et le mélèze occupent chacun un peu moins de 10% des forêts. Dans une proportion plus faible, le pin à crochets et plusieurs espèces de feuillus complètent cette couverture forestière.

Bois du Mont vu de la vallée du Versoyen

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93

Fiche-milieu n° 5

Les forêts de conifères


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 5

Le bois des Bochères et la forêt du Reclus

PNV - Christian Balais

Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). Ainsi, la pineraie de pin sylvestre est par excellence la forêt sèche de l’étage montagnard. Un tel boisement s’est développé sur tout le versant sud du bois des Bochères. Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches

La forêt du Reclus, partie inférieure

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie

selon l’exposition adret/ubac. Séez présente ces deux types de pessières dans une proportion à peu près équivalente ; ces formations végétales forment une partie du bois des Bochères et de la forêt du Reclus, et l’essentiel du bois du Mont et de la forêt des Écudets. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. La partie supérieure de la forêt du Reclus, en versant nord (rive gauche du torrent), présente un tel type de boisement. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d’épicéa. Le mélèze est également présent dans les pessières* ; la forêt de Malgovert est ainsi constituée majoritairement par une sapinière-pessière qui comporte, en outre, 15% de mélèzes. Ce peuplement est remarquable par son amplitude altitudinale, comprise environ entre 900 m et 1 700 m. Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végé-


PNV - Stéphane Mélé

Arbre principal de l’étage montagnard en

Le Mont Villaret avec en arrière plan la forêt des Ecudets

tales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri du mélézein, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière subalpine, etc.

Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Séez. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’œuvre (charpente, bardages etc.). L’arbrisseau le plus répandu dans les pessières* d’ubac est la myrtille, dont les fruits comestibles sont cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques et riches en provitamine A), ces fruits fournissent un colorant naturel violet. L’oxalis petite oseille, encore nommé painde-coucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches.

Les forêts de conifères

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n° 5

Flore


Fiche-milieu n° 5

PNV - Christian Balais

tiges fragiles pourvues de feuilles réduites à des écailles, cette espèce se nourrit grâce aux champignons présents dans le sol qui pénètrent dans ses racines. Arbre élevé à écorce de couleur caractéristique brun rougeâtre à saumonée dans la partie supérieure du tronc, le pin sylvestre est considéré comme une espèce de lumière. C’est l’espèce dominante des forêts d’adret. Assez commun dans l’aire optimale d’adhésion en Maurienne, il est plus rare en Tarentaise. À Séez, le pin sylvestre forme une pineraie naturelle dans le bois des Bochères sur une surface de plus de 20 ha. Dans les formations végétales où il domine, plusieurs plantes herbacées l’accompagnent (lire la fiche-espèce n°3). L’épipactis pourpre-noirâtre est une orchidée qui fréquente les forêts résineuses plutôt sèches, comme la pineraie de pin sylvestre, jusque vers 2 000 m d’altitude. Entre le mois de mai et le mois d’août, elle forme des fleurs pendantes de couleur brun-pourpre, disposées en inflorescence lâche sur la tige et dégageant une odeur de vanille. À Séez, cette espèce se développe avec la néottie

Epicéas vers les Chavonnes. Au fond, forêt de Malgovert

PNV - Frantz Storck

PNV - Christian Balais

Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche. La corallorhize trifide, appelée aussi racine de corail, tire son nom de l’aspect de son rhizome branchu. Cette petite orchidée, rare et discrète, recherche les sous-bois frais des forêts. Produisant une ou plusieurs

Epipactis pourpre-noirâtre

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Néottie nid d’oiseau


Fiche-milieu n° 5 PNV - Ludovic Imberdis

Groupe de chevreuils

PNV - Frantz Storck

Également fréquents, les ongulés utilisent la forêt tout au long de l’année, comme le sanglier, le cerf élaphe (lire la fiche-espèce n°6) et le chevreuil qui occupent l’ensemble de la commune. Trois espèces de rapaces nocturnes nichent dans les forêts de Séez. La chouette ou nyctale de Tengmalm est originaire des forêts froides, de type taïga, que l’on peut rencontrer en Amérique du nord, en Scandinavie et en Sibérie ; en France, cette chouette est connue dans les massifs montagneux au climat continental situés dans l’est du pays : Vosges, Jura et Alpes. Relativement indifférente aux essences forestières, cette espèce est surtout liée aux boisements caractérisés par une certaine maturité offrant de vieux arbres, favorables au pic noir. Comme les deux autres chouettes

Pyrole verdâtre

nid-d’oiseau et la céphalanthère blanche, sur les pentes forestières en rive droite du torrent du Reclus. La pyrole verdâtre se développe dans ces mêmes boisements. Elle se reconnaît à ses feuilles rondes basales munies d’un long pétiole et à ses petites fleurs vert jaunâtre en forme de grelot, peu nombreuses et formant une grappe à l’extrémité de la tige. Comme toutes les autres espèces de pyrole de la flore française, c’est une plante vivant en association avec un champignon. Cette espèce protégée n’est connue en Savoie que dans une quinzaine de communes en Maurienne et en Tarentaise.

Faune forêt est le refuge et le lieu de vie de plusieurs mammifères. La martre, le renard et le blaireau sont parmi les espèces du groupe des carnivores les plus communes. Ils utilisent ce milieu pour se nourrir et se reproduire.

PNV - Alexandre Garnier

La

Chouette de Tengmalm dans sa loge

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97


PNV - Louis Bantin

Fiche-milieu n° 5

PNV - Maurice Mollard

forestières, la chouette de Tengmalm est un oiseau qui utilise les loges désertées par le pic noir pour son repos et sa nidification. Bien plus discrète et rare, la chevêchette d’Europe est répandue essentiellement dans la taïga de la zone boréale. Elle est considérée en Europe comme une relique glaciaire* et ne forme que des populations isolées. En France, cette espèce reste rare, avec quelques centaines de couples, et n’occupe que les forêts froides des massifs des Alpes, du Jura et des Vosges, au-dessus de 1 000 m d’altitude. Elle se nourrit de petits passereaux et de petits mammifères (mulots, campagnols, musaraignes, etc.), des proies relativement grandes pour cette espèce qui

Pic noir nourrissant deux jeunes

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jean-Pierre Martinot

Chouette hulotte

Pic épeiche

ne dépasse pas 16 cm de long. La plupart de ses sites de reproduction sont des loges abandonnées de pic épeiche. Beaucoup plus commune, la chouette hulotte occupe une grande diversité de boisements situés en-dessous de 1 600 m d’altitude et suffisamment clairsemés, dans lesquels abondent ses proies préférées : mulots et campagnols roussâtres. La gélinotte des bois est un oiseau discret, peu souvent observé en Vanoise. À Séez, la gélinotte forme une petite population ; elle se reproduit dans les forêts mixtes (feuillus et conifères) situées en-dessous de 1 600 m d’altitude et dotées d’un sousbois dense et varié, où elle trouve sa nourriture (bourgeons, pousses, feuilles, fleurs, fruits ou graines de noisetier, charme, sorbier, alisier, saule, bouleau, framboisier, groseillier, etc.). Avec sa silhouette ramassée et sa queue courte, la gélinotte ressemble à une petite poule. Les couleurs « écorces » et « feuilles mortes » de son plumage constituent un camouflage parfaitement adapté au lacis végétal de ces sous-bois. Malgré la diminution de ses populations en Savoie, elle reste chassable dans ce département.


Fiche-milieu n° 5 PNV - Stéphane Mélé

Débardage de bois par câble aérien dans la forêt de Malgovert

Équilibre entre l’homme et son milieu

par an. Ce bois de production provient surtout des forêts de Malgovert, des Écudets et du bois du Mont. La commercialisation de ces deux derniers secteurs forestiers est rendue difficile à cause de la présence d’arbres « mitraillés » au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les troncs criblés d’éclats de métal sont redoutés par les scieurs. La majorité des coupes, environ 70%, est vendue aux scieries du département qui les transforment en bois de charpente, de menuiserie et d’ameublement. Le reste est livré aux usines de fabrication de palettes. Ce bois de production est essentiellement constitué d’épicéas et de sapins.

La majorité de la surface boisée est propriété de la commune, ou de l’État, et bénéficie du régime forestier ; sa gestion est assurée par l’Office national des forêts. La forêt communale couvre près de 780 ha, et la forêt domaniale, environ 155 ha. Une partie de cette surface (11 %) est non boisée (zones rocheuses, éboulis, etc.). Les surfaces de forêts privées sont faibles ; elles ne représentent que 82 ha pour 241 propriétaires (source : cadastre 2003). Les forêts relevant du régime forestier sont gérées en futaie jardinée*. La forêt communale est gérée selon un document d’aménagement forestier qui fixe les orientations et les actions de gestion pour une période de 15 ans (2007-2021). La forêt domaniale de Séez est gérée selon un autre document d’aménagement forestier couvrant la période 2003-2017. Le volume moyen exploité de la forêt communale relevant du régime forestier est estimé à environ 1 500 m3

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations

Installation d’une grume d’épicéa à l’atelier mobile de sciage en long, vers la forêt des Ecudets

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 5

Forêt du Mont enneigée depuis Villard dessous

Le sapin et l’épicéa sont aussi exploités pour l’affouage*. Des coupes affouagères sont périodiquement attribuées aux Séerains pour leurs besoins en bois de chauffage. En 2008, ces coupes représentent un volume de 300 m3, distribué à 150 personnes.

montagne (RTM), suite à plusieurs dégâts occasionnés par des débordements du torrent du Reclus sur la commune (dégradation de prairies, destruction d’un hameau, d’un pont sur la route principale, actuellement nommée D1090, etc.) au cours du XVIIIe et du XIXe siècles. L’un des volets de ces travaux visait à stabiliser les pentes des versants du torrent et diminuer la quantité de matériaux solides dans le cours d’eau, au moyen de plantation d’arbres et à travers la réalisation d’un réseau de drainage des eaux du sol. Ainsi, à partir des années 1930, l’essentiel des 190 ha acquis par l’État a été planté en pins sylvestres, mélèzes, épicéas,

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à une protection générale contre l’érosion du sol, le ravinement et les départs d’avalanches. La forêt domaniale de Séez a été initialement créée en 1887 en vue de la réalisation de travaux de restauration des terrains en

Panneaux ONF d’information aux randonneurs dans la forêt domaniale du Reclus

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Bois de chauffage stocké dans un jardin


Fiche-milieu n° 5 PNV - Christian Balais

PNV - Stéphane Mélé

Panneau indiquant l’entrée de la réserve de chasse communale

Tronc d’un pin sylvestre après le passage d’un pic dans la forêt de Saint-Germain

aulnes et saules. Cette forêt, ainsi qu’une partie du bois des Bochères, continue d’avoir une fonction prioritaire de protection pour toute la partie ouest du chef-lieu. L’ensemble du versant sud-est de la vallée du torrent du Reclus présente les secteurs les plus avalancheux de la commune ; pour les villages du Cottier, du Mont Villaret et de Saint-Germain, situés à l’extrême sud de ce versant, le bois du Mont joue un rôle important de protection vis-à-vis des avalanches. Enfin, la forêt des Écudets a également une fonction préventive contre les glissements de terrain. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de plein air. À Séez, les forêts sont parcourues en toute saison. En hiver, diverses pistes forestières ou sentiers sont utilisés pour la pratique du ski de randonnée (montée à l’aiguille du Clapet), du ski de fond (berges de l’Isère, dans la forêt de Malgovert) ou de la raquette à neige. En dehors de cette période, les promeneurs pédestres, les cueilleurs de champignons et

les pratiquants de VTT fréquentent les différentes forêts de la commune. Le milieu forestier (bois des Bochères) forme le support principal de la réserve de chasse communale, laquelle représente 10% du territoire.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. L’existence à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée, très gros bois, vieux arbres) est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 5

Couleurs d’automne

en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telles que la corallorhize trifide, la goodyère rampante, l’orchis musc, trois petites orchidées, et la pyrole verdâtre. La présence du tétras-lyre dans les forêts participe également à l’intérêt biologique

de celles-ci. À Séez, les limites supérieures de la forêt des Écudets et du bois du Mont sont les plus favorables à cette espèce, dont les effectifs sont faibles. Le lièvre variable trouve refuge dans la forêt des Écudets au cours de l’hiver. Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune, en particulier en automne lorsque la ramure des mélèzes prend une teinte dorée et contraste alors avec celle, constamment verte, des autres conifères. La forêt de Malgovert et le bois des Bochères sont intégrés dans l’inventaire national des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (lire le paragraphe « Zonages ZNIEFF et ZICO» p.41). Une partie de la forêt des Écudets et de la forêt domaniale RTM de Séez, soit environ 200 ha, a été classée en 1992 en forêt de protection pour des raisons écologiques, dénommée

Forêt de protection pour raisons écologiques du Reclus

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 5

forêt de protection du Reclus. Ce classement est intervenu en compensation de la création d’un télésiège et d’une piste de ski dans la forêt des Écudets. La réglementation initiale porte sur l’aménagement, la gestion et les usages de la forêt. Les forêts jouent aussi un rôle de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles.

Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. À l’étage montagnard, dans les hêtraies-sapinières ou les sapinièrespessières climaciques*, le sapin dominera progressivement l’épicéa, en pourcentage d’essences. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.) peut provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre, la gélinotte des bois et le lièvre variable) à une période de l’année où elle est très vulnérable. Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression, voire la disparition, de certaines populations animales de tout un secteur. La fréquentation des forêts par des motos «trial», pourtant interdite par la loi du 3 janvier 1991 en-dehors des routes ouvertes à la circulation, provoque la dégradation de sentiers et du couvert végétal des sous-bois, ainsi que des nuisances sonores importantes

PNV - Stéphane Mélé

Évolution et transformation du milieu

Remontée mécanique et pistes de ski dans la forêt des Ecudets

pour les riverains, pour les touristes et pour la faune de ces milieux. Cette pratique reste fréquente à Séez. Certains secteurs sont l’objet d’une affluence importante de cueilleurs de champignons, pouvant se traduire par une dégradation du tapis forestier. Le morcellement progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. À Séez, lors de certaines périodes hivernales, les survols répétés par hélicoptère de la forêt de Ronaz (attenante à la forêt de Malgovert) pour le transport des personnes rejoignant les stations de ski, peuvent occasionner un dérangement important de la faune. La création de toute nouvelle piste forestière peut favoriser la fréquentation humaine et motorisée, qui s’avère parfois difficile

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 5

Télésiège dans la forêt des Ecudets

à contrôler par la suite (VTT, raquettes, motos, etc.). En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.

Propositions de gestion Une exploitation forestière permettant l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. L’Office national des forêts, dans ses documents d’aménagement forestier, préconise le recensement des vieux arbres, ainsi que la préservation et le maintien d’un certain nombre d’entre eux. Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela conduit à réguler la circulation motorisée dans le

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie

milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Un travail sur le classement des voies de circulation et sur leur réglementation serait intéressant à mener au niveau intercommunal. Un document intitulé « Boîte à outils – Engins motorisés dans les espaces naturels de Tarentaise : comprendre et agir » vise à accompagner les élus sur les possibilités de gérer la circulation des engins motorisés sur leur commune. Ce document a été réalisé en 2010 par l’Assemblée du pays Tarentaise Vanoise, avec la participation de la Direction départementale des territoires, l’Office national des forêts, le Parc national de la Vanoise, Vivre en Tarentaise, l’Association des communes forestières de Savoie et du CODEVER (comité de développement des loisirs verts). Un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés, doit accompagner toute mesure de réglementation ou de régulation de la fréquentation.


Christine Garin

Aulnaies primaires sur le versant nord-ouest de l’aiguille du Clapet

A Séez,

l’aulnaie verte et les landes d’altitude forment des milieux mixtes essentiellement localisés sur les versants exposés à l’ouest et au nord-ouest des vallons du Versoyen et du Reclus. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin.

UÊ ½>Õ > iÊÛiÀÌi L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable, capable de former de grandes entités homogènes. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent

pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques. Ces aulnaies sont développées sur les parties les plus abruptes des versants ouest et nord-ouest du vallon du Versoyen, depuis la limite supérieure du bois du Mont, jusque sur les pentes de la face ouest de l’aiguille du Clapet. - les aulnaies secondaires* qui résultent de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. Ces aulnaies occupent, par exemple, le versant nord-ouest du vallon du Reclus, à l’amont des gorges du Reclus, sur les pentes du roc Noir. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent. Ces mégaphorbiaies sont formées d’une végétation exubérante, composée de plantes herbacées de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105

Fiche-milieu n° 6

L’aulnaie verte et les landes d’altitude


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 6

Aulnaies secondaires dominantes sur le versant nord-ouest du roc Noir

alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mijournée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin.

ONV - Stéphane Mélé

Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments,

Landes sur le versant nord-ouest du col de la Traversette

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 6 ONV - Stéphane Mélé

Lande à rhododendron et aulnaie verte

À Séez, les mégaphorbiaies sont particulièrement développées sur les versants nordouest du roc Noir (sous la D1090) et de l’aiguille du Clapet.

UÊ iÃÊ > `iÃÊ`½> Ì ÌÕ`i Ce sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et d’arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses. La plupart peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains, les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations buissonnantes à saule glauque. À Séez les landes se trouvent essentiellement entre 1 800 et 2 100 m d’altitude, et correspondent majoritairement à des landes fraîches. Les stations fraîches et humides présentent les conditions optimales pour le développe-

ment de la lande à rhododendron ferrugineux. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Ces landes occupent le versant nord-ouest du roc Noir, entre les aulnaies vertes et le pont de la Marquise. Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique, tel que le versant nord-ouest de l’aiguille du Clapet. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, la saulaie subalpine cède la place aux landes à éricacées. La lande à genévrier nain se limite aux versants arides et ensoleillés jusqu’à environ 2 400 m d’altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Il est observé sur les versants est et sud-est de l’aiguille du Clapet. Dans les secteurs les plus élevés, comme au roc de Belleface et à la pointe du Lac

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107


Fiche-milieu n° 6

L’aulnaie verte et les landes d’altitude

sans Fond, apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tout temps se sont développées des landes intra-forestières liées aux cycles de perturbations affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.).

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Flore UÊ ½>Õ > iÊÛiÀÌi L’aulne vert, encore appelé arcosse, possède des tiges très souples inclinées vers l’aval et de fortes racines qui lui assurent un ancrage solide au sol. Ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Le manteau neigeux le protège ainsi du froid. Cet arbuste a la particularité d’enrichir lui-même le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol qui est en partie responsable de l’exubérance des mégaphorbiaies* voisines.


PNV - Frantz Storck

Streptope à feuilles embrassantes

PNV - Guido Meeus

Rare en France, le streptope à feuilles embrassantes, appelé aussi sceau de Salomon noueux, recherche la fraîcheur et l’humidité des aulnaies, mais aussi des éboulis frais, de 1 200 m jusqu’à plus de 2 000 m d’altitude, comme par exemple sur le versant ouest de la vallée du Versoyen, au niveau de Combottier. Ses petites fleurs, blanchâtres et solitaires, se développent de juin à août. Les insectes assurent leur pollinisation. Puis chaque fleur se transforme en une baie rouge, allongée et toxique. Pouvant atteindre une hauteur de 1 m, le cirse fausse hélénie, s’installe dans les ravins frais occupés ou non par les aulnaies et les prairies temporairement inondées, entre 1 600 et 2 200 m d’altitude. Cette plante de la famille des astéracées, morphologiquement proche des chardons, se reconnaît à ses feuilles dissemblables : les feuilles

Cirse fausse hélénie

UÊ iÃÊ > `iÃÊ`½> Ì ÌÕ`i Les espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine, le saule glauque doit son nom à la couleur de ses feuilles velues, vert grisâtre argenté. Espèce protégée, le saule glauque est présent en France uni-

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109

Fiche-milieu n° 6

inférieures sont pétiolées, larges et divisées en lobes, tandis que les feuilles supérieures sont embrassantes, lancéolées et entières. Protégé, le cirse fausse hélénie est présent en France uniquement dans les Alpes et les Pyrénées ; en Savoie, il n’est connu que dans une dizaine de communes, dispersées entre le Beaufortain, la Maurienne et la Tarentaise, comme à Séez. La pédiculaire tronquée est une grande pédiculaire (atteignant 50 cm de hauteur) caractérisée par des fleurs rouge sombre, s’épanouissant de fin juin à août. Cette espèce endémique* des Alpes bénéficie d’une protection nationale. En France, elle est uniquement présente en Haute-Savoie et en Savoie (Beaufortain et Vanoise), où elle est localisée dans quelques communes. Elle s’y développe aux abords des sources, des torrents et des lacs, dans les mégaphorbiaies* et dans les prairies humides et fraîches. À Séez, la pédiculaire tronquée a été introduite dans le jardin alpin de la Chanousia ; elle a colonisé les abords de ce dernier.


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 6

Rhododendron ferrugineux

quement en Savoie, en Haute-Savoie et dans le Dauphiné. L’ancolie des Alpes se reconnaît à ses fleurs dont chacun des cinq pétales forme un cornet évasé, prolongé à la base par un éperon peu incurvé. Elle ne pousse pas

exclusivement dans les landes ; on peut la rencontrer aussi dans les prairies fraîches et les forêts claires. Espèce protégée, endémique* des Alpes occidentales, l’ancolie des Alpes est bien connue dans tout le massif de la Vanoise où elle reste toujours peu abondante dans les localités qu’elle occupe. La petite pyrole fait aussi partie de la flore herbacée de ces landes. De sa rosette de feuilles se dresse une tige florifère, portant de délicates fleurs blanc rosé en grappe. Enfin, plusieurs espèces se reproduisant par des spores (comme les fougères), appelées lycopodes, se développent dans les landes peu denses : le lycopode sélagine, le lycopode à rameaux d’un an et le lycopode des Alpes. Typique des landes d’altitude, le lycopode des Alpes présente des feuilles imbriquées sur quatre rangs, plus ou moins appliquées aux tiges. De petite taille, il pousse dans les zones de sol écorché entre les pieds de rhododendron et de myrtille, comme aux abords du lac Longet ou dans le vallon du ruisseau de Bellecombe. Cette plante arcticoalpine*, en voie de raréfaction dans toute la France, est une espèce protégée.

Faune

PNV - Christian Balais

UÊ ½>Õ > iÊÛiÀÌi

Petite Pyrole

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

L’avifaune de l’aulnaie verte se compose d’oiseaux forestiers présents également dans d’autres types de formations ligneuses. Certains sont cependant caractéristiques. Parmi ceux-ci, l’accenteur mouchet est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes dans les forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté.


Fiche-milieu n° 6 PNV - Philippe Benoît

On rencontre aussi généralement le troglodyte mignon, la fauvette des jardins et la rousserolle verderolle. Cette dernière affectionne les prairies fraîches à hautes herbes et les aulnaies à mégaphorbiaies*, au sein desquelles elle confectionne son nid, à partir de la mi-mai lors de son retour d’Afrique. Ce petit oiseau insectivore, au plumage vert olive, signale sa présence par son chant enrichi de multiples imitations (étourneau, moineau, merle noir, linotte mélodieuse, etc.). La miramelle alpestre est un petit criquet qui présente une coloration vert vif, traversée par une longue bande noire. Le mâle est nettement plus petit que la femelle. Cette espèce fréquente les massifs montagneux d’Europe orientale et centrale, entre 1 000 et 2 800 m d’altitude. Les vents forts, fréquents en haute altitude et peu propices au vol, sont une des explications de la petite taille des ailes de cet insecte. Une autre adaptation à l’altitude est sa courte période de développement. La miramelle alpestre fréquente les milieux humides comme les mégaphorbiaies*.

Mâle de tétras-lyre pendant les parades du printemps

de dérangement. Enfin, le couvert dense de l’aulnaie verte à proximité fournit un abri irremplaçable au tétras-lyre en dehors de la période de nidification, ainsi qu’à ses jeunes qui ne savent pas encore bien voler. À Séez, cet oiseau est connu dans des secteurs mixtes de landes/aulnaies et de landes /pelouses, sur les pentes du roc Noir, ou encore, aux environs du lieu-dit montagne de Plan. Concernant les reptiles, on ne rencontre guère que la vipère aspic, qui arbore parfois à ces altitudes une belle robe totalement noire, et l’orvet, qui fréquente régulièrement ces milieux sans y être pour autant abondant. La vipère aspic est bien présente sur la commune, particulièrement dans les

Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat* naturel se situe dans la zone de transition entre la limite supérieure de la forêt et les pelouses vers 1 900 à 2 000 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas

PNV - Frantz Storck

UÊ iÃÊ > `iÃÊ`½> Ì ÌÕ`i

Orvet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111


UÊ iÃÊ > `iÃÊ`½> Ì ÌÕ`i D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes «hautes» et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. Autrefois, les landes et les forêts d’altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. La cueillette de baies, comme les myrtilles, peut être localement importante, comme sur le versant nord-ouest du roc Noir.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Accouplement de solitaires

secteurs où la lande se trouve en mosaïque avec les pelouses et les rochers. Le solitaire et l’azuré de la canneberge sont deux papillons de jour inféodés à ces landes pour leur reproduction. Les œufs de ces deux espèces sont pondus sur les feuilles d’airelle, qui sont les plantes hôtes des chenilles. Le solitaire est un papillon de montagne protégé qui fréquente les massifs du Jura et des Alpes, entre 1 500 et 2 600 m d’altitude. Le mâle se reconnaît à sa couleur jaune. D’autres papillons se rencontrent dans les landes, comme l’azuré du genêt et l’hespérie pas-d’âne.

ÌjÀkÌÃÊL } µÕiÊiÌÊ«>ÌÀ > Ê `ÕÊ iÕ UÊ ½>Õ > iÊÛiÀÌi L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se déplacer, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation a augmenté en montagne au cours des 30 dernières années. La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle abrite de nombreuses plantes typiquement alpines.

Équilibre entre l’homme et son milieu 1Ã>}iÃ]Ê ÌjÀkÌÃÊjV µÕiÃÊ iÌÊÀi«ÀjÃi Ì>Ì Ã UÊ ½>Õ > iÊÛiÀÌi Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de se maintenir dans les secteurs réputés avalancheux.

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Frantz Storck

Fiche-milieu n° 6

L’aulnaie verte n’a plus guère d’intérêt économique aujourd’hui.

Lycopode des Alpes


Ă›ÂœÂ?Ă•ĂŒÂˆÂœÂ˜ĂŠiĂŒĂŠĂŒĂ€>Â˜ĂƒvÂœĂ€Â“>ĂŒÂˆÂœÂ˜ĂŠ `Ă•ĂŠÂ“ÂˆÂ?ˆiĂ•

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PNV - Christian Balais

UĂŠ ½>Ă•Â?˜>ˆiĂŠĂ›iĂ€ĂŒi En Vanoise, ces formations vĂŠgĂŠtales occupent jusqu’à 7 % de la surface des ĂŠtages montagnard supĂŠrieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composĂŠes d’une vĂŠgĂŠtation stable qui, quelles que soient les modiďŹ cations physiques du milieu (dĂŠgâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert. En revanche, l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude peut donner lieu Ă une colonisation progressive par des buissons d’aulne vert, qualiďŹ ĂŠs alors d’aulnaies secondaires*. Un tel phĂŠnomène est visible sur la partie supĂŠrieure du bois du Mont, ou encore sur les pentes du roc Noir. Le dĂŠveloppement de l’aulnaie secondaire se fait alors aux dĂŠpens des surfaces pastorales d’intĂŠrĂŞt fourrager et biologique supĂŠrieur. Si ce phĂŠnomène se gĂŠnĂŠralise, il conduit Ă un appauvrissement de la biodiversitĂŠ.

Saule glauque

UĂŠ iĂƒĂŠÂ?>˜`iĂƒĂŠ`½>Â?ĂŒÂˆĂŒĂ•`i On peut rencontrer dans les landes quelques espèces vĂŠgĂŠtales protĂŠgĂŠes, telles que le lycopode des Alpes dont c’est l’unique habitat*. La prĂŠsence du saule glauque confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale. Les landes Ă ĂŠricacĂŠes participent pleinement Ă l’identitĂŠ des paysages montagnards. Au moment de la oraison du rhododendron, ou quand les myrtilliers rougissent Ă l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’Êrosion et assurent la stabilitĂŠ du manteau neigeux.

UĂŠ iĂƒĂŠÂ?>˜`iĂƒĂŠ`½>Â?ĂŒÂˆĂŒĂ•`i Les landes sont des milieux qui ĂŠvoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande

PNV - StĂŠphane MĂŠlĂŠ

Elles jouent un rĂ´le de refuge pour la faune sauvage et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle Ă plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Les landes Ă rhododendrons reprĂŠsentent un des habitats* privilĂŠgiĂŠs du tĂŠtras-lyre, espèce emblĂŠmatique. Mais la seule prĂŠsence de cet habitat ne sufďŹ t pas Ă ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dĂŠgagĂŠes, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. La prĂŠsence dans ces landes d’espèces vĂŠgĂŠtales protĂŠgĂŠes et leur rĂ´le de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencĂŠe par les activitĂŠs humaines en font

DÊveloppement de l’aulnaie verte sur les pelouses en versant nord-ouest du roc Noir

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113

Fiche-milieu n° 6

des secteurs à ne pas nÊgliger en matière de conservation.


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 6

Développement d’aulnaies et de landes au-dessus de Plan Gerbier

après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Sur la commune, les superficies occupées par les landes sont en extension. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.).

*À « Ã Ì ÃÊ`iÊ}iÃÌ UÊ ½>Õ > iÊÛiÀÌi Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. En revanche, dans un objectif de préservation des surfaces fourragères de la commune (et parallèlement des richesses faunistiques et floristiques de l’aulnaie verte), il peut être souhaitable de contrôler l’extension des aulnaies secondaires*, voire de réduire leur emprise actuelle. Le débroussaillement de quelques hectares d’aulnaie, entre Combottier et Combette d’en haut,

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie

sous l’aiguille du Clapet, a permis la remise en état de quelques hectares d’alpages. La réhabilitation de surfaces herbacées par débroussaillement ne doit être envisagée que si un mode de gestion à moyen et long termes, viable économiquement, est mis en place par la suite (pâturage ou fauche). Une meilleure exploitation des alpages, éventuellement avec un soutien financier de type agri-environnemental, est une des solutions possibles. Quoi qu’il en soit, en cas d’insuffisance des superficies pastorales, le débroussaillement d’aulnaie verte secondaire* est préférable au drainage des zones humides, qui provoque la destruction de milieux devenant rares et s’avère peu rentable sur le plan agronomique. Mais ce type d’action est très coûteux.

UÊ iÃÊ > `iÃÊ`½> Ì ÌÕ`i Le passage des troupeaux à travers les landes, s’il reste modéré, peut favoriser le renouvellement de micro-habitats* favorables au maintien de certaines espèces : orchidées, lycopodes, reptiles. Dans un contexte d’extension de la lande


Fiche-milieu n° 6 PNV - Stéphane Mélé

Alpages sur le versant sud de l’aiguille de Clapet, où l’aulnaie verte est contenu par des actions de débrousaillement

et de diminution de la pression pastorale à l’échelle du territoire communal, mieux vaut voir se fermer les zones de moindre

valeur pastorale et concentrer l’effort de contrôle de la lande sur les alpages les meilleurs.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115


PNV - Christian Balais

Pelouses aux lieux-dits Dou de la Motte et les Rousses. A droite Lancebranlette

Les

pelouses correspondent à des végétations herbacées dont la hauteur dépasse rarement 30 cm. On distingue les pelouses sèches d’adret des pelouses d’altitude. Les pelouses couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage montagnard à l’étage alpin (à partir de 1 500 m à Séez) et sont le plus souvent utilisées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages. Leur diversité est due à l’action combinée de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. Ce milieu se présente le plus souvent comme une mosaïque de différents types de

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie

pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides, pelouses maigres / grasses, etc. Le versant sud de l’aiguille du Clapet se compose de pelouses sèches et acides.

PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 7

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

Pelouses sur le versant sud-est de l’aiguille du Clapet


Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions, sur les replats ou dans les pentes faibles de haute altitude, longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. De telles formations se sont développées, par exemple, aux alentours des sources du ruisseau du Bouliu, ainsi qu’au pied du versant est du roc de Belleface.

La végétation des combes à neige est composée de plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide.

Flore

Le nard raide constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches. En-dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique importante. Le trisète en épi est une plante de la famille des graminées dont les fleurs forment un épi dense violet, vert et jaune sur une tige

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117

Fiche-milieu n° 7

Les effectifs et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que les pratiques pastorales, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation.


PNV - Maurice Mollard

Nard raide

118 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Michel Filliol

Fiche-milieu n° 7

velue mesurant jusqu’à 25 cm de hauteur. Relativement rare en France, cette espèce est présente dans les départements alpins, et dans une moindre mesure dans les Pyrénées. Elle se développe dans les pelouses rocailleuses calcaires. Les pelouses d’altitude sont le domaine des petites gentianes bleues comme la gentiane printanière. L’anémone du mont Baldo forme aux mois de juillet et août de grandes fleurs solitaires blanches, légèrement rosées à l’extérieur. À l’aide de ses rameaux couchés, elle colonise les pelouses au-dessus de 1800 mètres, dans les Alpes françaises, suisses et italiennes, ainsi que dans le Monténégro. La confusion est possible avec la pulsatille des Alpes, mais les fruits de la pulsatille forment des aigrettes plumeuses, tandis que ceux de l’anémone ressemblent à une fraise aux propriétés toxiques. Ce dernier lui a d’ailleurs valu le nom d’anénome fraise. L’arnica des montagnes est une plante très connue des montagnards comme l’indique la quinzaine de noms qu’elle porte en France.

Gentiane printanière

Ses tiges fleuries qui contiennent de nombreux principes actifs, présentent plusieurs vertus médicinales. C’est une plante à la fois fréquente et caractéristique des pelouses acides fraîches. Avec leurs fleurs jaunes en forme d’étoile, les gagées appartiennent à la famille des liliacées. Fleurissant entre avril et juillet dans les pelouses alpines jusqu’à 2 500 m d’altitude, la gagée de Liotard fréquente aussi les abords des chalets et les reposoirs d’animaux domestiques, où elle recherche l’azote dont elle se nourrit. Ses feuilles basales, creuses et en forme de gouttière, lui ont valu l’ancienne appellation de gagée fistuleuse. Plusieurs espèces de pédiculaires sont inféodées aux pelouses d’altitude. La pédiculaire du mont Cenis, avec les lèvres supérieures de ses fleurs en forme de casque pourpre foncé, terminé en long « bec » cylindrique, est une plante des pelouses rocailleuses plutôt acides. Elle est fréquente en Vanoise ; son aire de répartition, restreinte, se limite à l’ouest des Alpes et aux Apennins. Cette dernière peut être confondue avec la pédiculaire arquée qui, toutefois, préfère les


Fiche-milieu n° 7 PNV - Frantz Storck

Gagée de Liotard

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

pelouses calcaires et dont le « bec » est plus court. Le silène de Suède est une plante des pelouses rocailleuses plutôt siliceuses, exposées au vent, qui se développe à Séez sur le versant sud-est du col de la Forclaz. C’est une espèce protégée en Rhône-Alpes, connue dans une vingtaine de communes du massif de la Vanoise. Ses fleurs roses, parfois blanches, forment une grappe dense et ronde au sommet des tiges. La sabline à deux fleurs développe de longues tiges rampantes ; elle porte des fleurs

blanches solitaires ou groupées par deux, et ses feuilles, presque rondes, ont une seule nervure. Elle se développe préférentiellement dans les combes à neige.

Faune

Les

pelouses font également partie des habitats* de prédilection du chamois, du bouquetin des Alpes et de la marmotte, du fait de la ressource alimentaire qu’elles leur procurent. Pour cette dernière, les lieux doivent offrir un sol qui lui permet de creuser des terriers dans lesquels elle s’abrite durant la belle saison et hiberne d’octobre à mars. Son cri est destiné à alerter sa colonie en cas de danger tout autant qu’à entretenir les liens sociaux. Très aigu, celui-ci est très souvent confondu avec les sifflements d’un oiseau. À partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne dans une chambre de repos au sein d’un système complexe de galeries.

Sabline à deux fleurs

Les milieux naturels, des lieux de vie - 119


Fiche-milieu n° 7

PNV - Mylène Herrmann

alpages. C’est un oiseau des milieux très ouverts, dépourvus d’arbres et de haies. L’azuré du serpolet est un papillon qui occupe divers milieux, tous caractérisés par une certaine sécheresse : prairies maigres mais aussi friches, lisières et boisements clairs. Dans ces milieux la femelle trouve les fourmis et les plantes (thym serpolet et origan), indispensables au développement de ses œufs. Menacé par la disparition de ses habitats*, ce petit papillon aux ailes bleutées est protégé en France et reconnu d’intérêt européen. Les pelouses sèches d’altitude constituent un habitat de choix pour le grand apollon, papillon blanc, de taille importante, à taches noires et comportant sur l’aile postérieure plusieurs gros ocelles, rouges ou orangés, cerclés de noir. Cette espèce protégée des massifs montagneux est rare en France, bien que localement abondante dans les Alpes et les Pyrénées. Elle pond ses œufs sur les orpins et les joubarbes. Plusieurs espèces de criquets et sauterelles animent également les pelouses d’altitude, comme le criquet des clairières, la decticelle des alpages et le gomphocère des alpages. Ce dernier doit son nom à l’extrémité de ses antennes en forme de massue aplatie, gomphocère signifiant en grec « antennes renflées ». Par ailleurs, le mâle se distingue par les tibias renflés de ses pattes antérieures. De juillet à septembre, ce criquet fréquente

Marmotte

PNV - Alexandre Garnier

PNV - Joël Blanchemain

La perdrix bartavelle fréquente les barres rocheuses entrecoupées de pelouses sèches et les pâtures extensives ensoleillées et pentues où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux dont le relief est accidenté ; ce qui lui permet de limiter les rencontres avec les prédateurs. Son chant évoque un claquement de castagnettes. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition. À Séez, cette espèce a été observée sur les parties basses des pentes ensoleillées du massif de l’aiguille du Clapet, vers le Talou, mais aussi plus haut, sur ce même massif, vers Riondet. Alors que les populations de plaine de l’alouette des champs sont présentes dans les prairies et les cultures, celles d’altitude sont inféodées aux seuls pâturages et

Perdrix bartavelle

120 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Azuré du serpolet


Fiche-milieu n° 7 PNV - Stéphane Mélé

PNV - Christian Balais

Chenille de grand apollon sur une joubarbe des toits

Chalet d’alpage de Prariond

les pelouses sèches et maigres, mais aussi les landes à rhododendron, jusque vers 2 600 m d’altitude. Ses stridulations sont très puissantes.

Les alpages de Séez, soit environ 1 500 ha, représentent un peu moins d’un tiers de la surface communale et couvrent l’ensemble du vallon du Reclus, au-dessus des gorges, jusque sous les sommets de l’aiguille du Clapet, des Rousses, de Lancebranlette, en rive droite, et du mont Bélvèdère, en rive gauche du Reclus. Ces alpages, communaux ou privés, sont répartis en une dizaine d’unités de quelques dizaines à plusieurs centaines d’hectares, et sont parcourus par des vaches, des génisses, des veaux, des brebis et des agneaux (plus de 2 600 animaux durant la saison 2009). Les trois quarts sont gérés collectivement par plusieurs exploitants réunis dans un groupement pastoral. Cet usage des pelouses d’altitude est essentiel pour l’élevage local et constitue un réel enjeu de gestion. Ces pelouses fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

Philippe Arpin

PNV - Christian Neumüller

Aux yeux des populations locales et des vacanciers, les pelouses d’altitude et les combes à neige évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale.

Clôture électrique en alpage

Vaches sur l’alpage de Prariond, sous le col de Forclaz et l’aiguille du Clapet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 121


Fiche-milieu n° 7

En hiver, les pentes du Clapet sont fréquentées par les randonneurs à ski.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Philippe Arpin

L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme le silène de Suède ou la pédiculaire du mont Cenis) et présente surtout de nombreuses espèces «symboliques» de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au beaufort d’alpage. Par ailleurs, l’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin, et contribue ainsi à en limiter l’érosion.

Brebis en alpage sous le Lac Rouge, après une chute de neige au mois d’août

PNV - Christian Balais

PNV - Philippe Benoît

variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée, notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. Les pelouses d’altitude sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Le sentier de grande randonnée « tour de haute Tarentaise » traverse une partie des pelouses alpines de la commune, tandis que plusieurs sentiers balisés permettent de rejoindre le lac sans Fond, le lac Longet, le col de la Forclaz ou le sommet de Lancebranlette.

Montée à ski de randonnée vers l’aiguille du Clapet

122 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Silène de Suède


Fiche-milieu n° 7 PNV - Christian Balais

Pédiculaire du mont Cenis

Évolution et transformation du milieu Entre les années 1960 et les années 1980, on a assisté, dans les Alpes, à un recul de l’utilisation pastorale qui s’est traduit par l’abandon de nombreux alpages. En Savoie, en revanche, l’activité pastorale s’est globalement mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique « A.O.C., beaufort », ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à l’utilisation pastorale. À ces altitudes, c’est-à-dire inférieures à 2 200 m, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt.

Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont pratiqués, compromettent le maintien de la valeur biologique et de la qualité pastorale. L’utilisation d’engrais azotés organiques ou minéraux en vue d’améliorer certains alpages appauvrit la diversité floristique, en favorisant quelques plantes compétitives et productives (ex. le dactyle aggloméré) au détriment de nombreuses autres espèces et de la diversité spécifique. Le piétinement excessif du bétail peut entraîner des phénomènes d’érosion qui menacent la qualité des alpages, comme dans les environs du lac sans Fond ou du lac Rouge. De même, l’utilisation trop longue (plus de 10 jours) des places de traite accentue le stationnement du bétail et donc l’enrichissement du milieu en éléments organiques azotés (comme en plusieurs endroits, sur le versant situé en rive droite du Reclus), avec pour conséquence une modification de la composition végétale initiale au profit d’une végétation de type reposoir (lire la fiche milieu n°1) de faible valeur pastorale et floristique.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 123


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n° 7

Lac Rouge et ses abords

Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Ainsi, l’extension du nard raide diminue l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage.

Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées aux alpages de Séez qui le nécessi-

124 - Les milieux naturels, des lieux de vie

tent, conciliant les besoins de l’exploitation actuelle et le maintien de la valeur pastorale et écologique. Le maintien d’un espace de découverte très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui pourrait être ainsi banalisée, même si un ré-engazonnement en atténue l’impact paysager.


PNV - Stéphane Mélé

Eboulis sur le versant nord du mont Valezan

L es

éboulis et les moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation.

Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les

PNV - Stéphane Mélé

Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance gel-dégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Les éboulis les plus importants de la commune se trouvent au pied du mont Valezan, de la tête de l’Ane, de Lancebranlette et de l’aiguille du Clapet. Le nom Clapet pro-

vient d’ailleurs du mot clapier qui signifie amoncellement de roches, ou éboulis. Dans le cas des éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne les plantes les mieux adaptées.

Eboulis sous la pointe du Lac sans Fond

Les milieux naturels, des lieux de vie - 125

Fiche-milieu n° 8

Les éboulis et les moraines


Fiche-milieu n° 8

PNV - Stéphane Mélé

droite, la partie amont du ruisseau de Bellecombe.

Eboulis calcaire sur le versant ouest du roc de Belleface

glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. À Séez, les moraines sont peu nombreuses et anciennes ; elles sont entièrement recouvertes de végétation. La plus typique est la moraine latérale qui longe, sur sa rive

Seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit «migrateurs», comme la linaire des Alpes et la campanule alpestre, et se déplaçant avec les matériaux, soit «recouvreurs», telle la benoîte rampante, capable de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (calcaire ou siliceuse) conditionne aussi les espèces présentes. À Séez, les éboulis basiques ou calcaires sont présents sur le secteur du passage de Bellefrée - roc de Belleface et sur celui des Rousses – Lancebranlette ; les éboulis siliceux sont présents sur les versants des montagnes situées en rive gauche du torrent du Reclus.

Les eboulis et les moraines

126 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Flore

Les éboulis et les moraines, milieux écolo-

Fiche-milieu n° 8 Tabouret à feuilles rondes

La campanule du Mont Cenis est une plante naine de 1 à 5 cm de haut à corolle bleu mauve en étoile, qui se développe sur les éboulis et moraines calcaires de l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente que l’on peut observer, par exemple, sur les pentes de Lancebranlette. Le tabouret à feuilles rondes, ou tabouret rampant, est une plante de la famille des brassicacées (chou, moutarde, etc.) qui forme de petites fleurs mauves odorantes. D’une hauteur inférieure à 15 cm, il est présent jusqu’à près de 3 000 m d’altitude sur les éboulis calcaires où il déploie ses nombreuses tiges rampantes.

PNV - Ludovic Imberdis

giquement très contraignants, hébergent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se développe, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, qui pousse jusqu’à 2 880 m d’altitude à Séez. Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses.

PNV - Patrick Folliet

La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

Campanule du Mont Cenis

Les milieux naturels, des lieux de vie - 127


Fiche-milieu n° 8

PNV - Louis Bantin

telles que les nombreuses barres rocheuses situées à l’entrée des gorges du Versoyen. Comme son nom l’indique, le monticole merle de roche est un oiseau qui fréquente les zones d’éboulis, mais surtout les pelouses parsemées de gros éléments rocheux en adret. Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle, avec sa tête et sa gorge bleu ardoisé, sa poitrine et son ventre orangé roux, contraste avec celui plus sombre des autres «merles». Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification. À Séez, le monticole est connu comme nicheur dans les pelouses du secteur du Talou. Le moiré velouté, ou moiré des glaciers, est un papillon typique des éboulis, moraines et pelouses rocailleuses. Il est observé le plus souvent au-dessus de 2 200 m d’altitude, mais il est possible de le rencontrer à partir de 1 600 m et jusqu’à plus de 3 000 m. Ce moiré se reconnaît à sa teinte générale et homogène brun-noir et à sa taille importante : jusqu’à 2,5 cm de largeur. Recherchant, pour pondre, des petites plantes de la famille des brassicacées présentes dans les éboulis de l’étage alpin, comme certaines arabettes ou cardamines, la piéride du vélar survole ces milieux, parfois jusqu’à plus de 3 000 m d’altitude. Cette espèce de papillon possède des ailes blanches tachées de noir.

Saxifrage à deux fleurs

Différentes saxifrages colonisent les éboulis et les moraines. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes, qui pousse généralement sur les éboulis de schistes calcaires, moins grossiers et moins mobiles que les éboulis de calcaire pur. Cette petite plante à rameaux couchés présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée en Suisse, au Cervin, à 4 200 m d’altitude. Plante naine poussant sous forme de coussinet, la saxifrage fausse mousse affectionne les éboulis et les rocailles des endroits frais et longuement enneigés.

Faune éboulis et les moraines, comme à l’aiguille du Clapet ou au passage de Bellefrée, sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Le chamois fréquente les milieux ouverts* d’altitude (pelouses, éboulis, rochers) essentiellement au cours de l’été. L’hiver, il recherche des secteurs moins enneigés de plus basse altitude, riches en végétation herbacée : forêts ou crêtes ensoleillées,

128 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Le chamois et le bouquetin fréquentent les

Groupe de chamois à proximité d’éboulis


Fiche-milieu n° 8 PNV - Michel Delmas

PNV - Anonyme

Monticole merle de roche

Miramelle des frimas

Les orthoptères (grillons, criquets et sauterelles) inféodés à ces milieux sont dotés de noms très évocateurs, comme la miramelle des moraines, appelée aussi criquet marcheur, et la miramelle des frimas, une espèce particulièrement adaptée aux altitudes élevées, entre 2 000 et 2 700 m, qui se rencontre parfois à la limite des névés. L’adulte de la miramelle des moraines se distingue par ses ailes réduites à de petites écailles. Active de juillet à octobre, elle s’observe depuis l’étage montagnard jusqu’à l’étage alpin où elle fréquente différents types de milieux : landes, pelouses et éboulis jusqu’à 2 600 m d’altitude. Le dimorphisme sexuel est très marqué chez cette espèce, qui présente une différence de taille pouvant atteindre plus de 1 cm ; la femelle est toujours plus grande. Chose étonnante chez les orthoptères, cette espèce est capable d’émettre de petits crissements avec ses mandibules.

endroits, par les personnes qui recherchent le génépi. Impropres au pâturage, les éboulis et les moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s’il leur arrive de les traverser. Cependant, l’abandon progressif du gardiennage des troupeaux ovins se traduit par une modification du comportement des moutons qui ont tendance à monter en altitude, en quête de fraîcheur. Des moutons peuvent atteindre les éboulis situés sous le passage de Bellefrée ou encore sous Lancebranlette. Par le passé les éboulis ont fourni les matériaux pour la construction des chalets d’alpage.

Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis et les moraines sont fréquentés en été par les randonneurs qui rejoignent Lancebranlette, mais également, en divers

PNV - Stéphane Mélé

Équilibre entre l’homme et son milieu

Brebis pâturant dans les éboulis sous la pointe du Lac sans Fond

Les milieux naturels, des lieux de vie - 129


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 8

Usage de la pierre dans une ancienne construction au lieu-dit le Mont d’en haut

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Christian Balais

L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des zones de repos diurne appréciées.

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Christian Balais

Pont en pierre sur le torrent du Reclus au lieu-dit Plan Gerbier

Cairn au lieu-dit l’Homme Cairn

130 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Eboulis sous l’aiguille du Clapet


Fiche-milieu n° 8 PNV - Patrick Folliet

PNV - Philippe Benoît

Androsace des Alpes

Génépi vrai

Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Ils contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Séez. C’est le cas des éboulis qui se trouvent sous l’aiguille du Clapet, vers la crête du lac sans Fond ou le passage des Trois Moines, sur lesquels se développent l’androsace alpine, le génépi vrai et la saxifrage fausse mousse. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.

fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. La fréquentation régulière des éboulis par les troupeaux ovins peut compromettre le maintien d’une flore fragile et d’une couverture végétale en cours d’installation, sans que cela présente un quelconque intérêt pastoral. Cela peut poser également des problèmes sanitaires du fait de la cohabitation avec les ongulés sauvages, comme le bouquetin et le chamois, qui y trouvent refuge, en favorisant la transmission réciproque de certaines pathologies.

Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la

Propositions de gestion Une conduite des troupeaux ovins en alpage, visant à les écarter des éboulis et moraines de très faible intérêt pastoral, assurerait la tranquillité de la faune sauvage et éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 131


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 9

Les rochers et les falaises

L’aiguille du Clapet, versant sud

Les rochers et les falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Les rochers et les falaises regroupent à la fois les parties sommitales et les barres rocheuses de Séez. Les sommets rocheux les plus importants sont l’aiguille du Clapet, la pointe du Lac sans Fond, le roc de Belleface, le sommet des Rousses, Lancebranlette, le mont Valezan et la tête de l’Âne. Le plus bel ensemble de barres rocheuses occupe le versant ouest – nord-ouest du vallon du Versoyen, depuis l’entrée des gorges du Versoyen jusque sous l’aiguille du Clapet,

132 - Les milieux naturels, des lieux de vie

tandis que d’autres barres rocheuses, beaucoup plus modestes, forment les gorges du Reclus ou se trouvent dispersées dans la forêt de Malgovert. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et aux plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit. Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de


Fiche-milieu n° 9 PNV - Christian Balais

Arête sud de la pointe du Lac sans Fond (versant ouest) vue depuis le col de la Forclaz. Au fond, à droite, le roc de Belleface

contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin) ; des oiseaux y nichent ; des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

PNV - Christian Balais

mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat* de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace

Versants sud et est du roc de Belleface

Les milieux naturels, des lieux de vie - 133


Fiche-milieu n° 9

PNV - Christian Balais

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte.

Lancebranlette, versant sud-ouest

À Séez, les groupements végétaux des substrats siliceux et des substrats calcaires sont présents, les rochers siliceux étant surtout représentés par le mont Valezan et la tête de l’Âne et les rochers calcaires, par la pointe du Lac sans Fond, le sommet des Rousses et Lancebranlette.

Les rochers et les falaises

134 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n° 9

Flore

Primevère hérissée

quemment sur les parois siliceuses de l’étage alpin. Le genévrier sabine, appelé parfois genévrier fétide, est un arbuste qui peut atteindre 3 m de hauteur mais dont les branches sont couchées. Ses rameaux dégagent une forte odeur et ses fruits, de petites baies bleues, ont une chair très résineuse. Extrêmement toxique, ce genévrier n’est pas consommé par les animaux. En Vanoise, cette espèce est fréquente sur les adrets de haute Tarentaise, où elle occupe différents types de milieux : des rochers, des pelouses sèches et des boisements clairs. Sur Séez, cette espèce a été observée sur le secteur de plan David. Deux espèces de génépi peuvent être observées sur les falaises et rochers de Séez, le génépi vrai et le génépi jaune. Ce dernier est une espèce typique de ces milieux, tandis que le génépi vrai affectionne davantage

PNV - Maurice Mollard

PNV - Christian Balais

développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. Particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent à haute altitude, l’androsace helvétique est une espèce très localisée des rochers calcaires ensoleillés, présente en France uniquement dans huit départements (Savoie, Haute-Savoie, Isère, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes maritimes, Drôme et Hautes-Pyrénées). Plante naine, velue, elle forme des coussinets très denses et bombés. Elle est protégée et rare en France. L’androsace pubescente fréquente le même type de milieux que la précédente. Également protégée par la loi française, elle n’est connue aujourd’hui à Séez que dans une seule localité. La primevère hérissée est une petite plante qui présente une corolle rose violacé à gorge blanche non farineuse. Assez répandue en Vanoise, cette espèce se rencontre fré-

PNV - Christian Balais

Les plantes des rochers et des falaises ont

Androsace pubescente

Branche de genévrier sabine

Les milieux naturels, des lieux de vie - 135


Fiche-milieu n° 9

PNV - Frantz Storck

sable à son plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge n’est pas un oiseau cantonné aux secteurs d’altitude, même s’il apprécie, lui aussi, les reliefs très marqués qui lui fournissent des zones inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s’alimenter. Oiseau caractéristique de parois rocheuses, le tichodrome échelette est encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et laisse apparaître les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes. À Séez, le tichodrome échelette niche dans le massif de l’aiguille du Clapet. Plusieurs espèces de rapaces nichent dans les falaises inaccessibles, dont le faucon pèlerin, le faucon crécerelle et l’aigle royal. Le faucon crécerelle se reconnaît à son vol sur place, face au vent et queue déployée dit « vol en Saint-Esprit». À Séez, il est régulièrement observé sur les alpages localisés en rive droite du torrent du Reclus. Il passe généralement l’hiver en plaine où il trouve de meilleures conditions (lire la fiche-espèce n°7).

Joubarbe toile d’araignée

les éboulis et les moraines. Le génépi jaune se distingue du génépi vrai par ses fleurs poilues, regroupées en épi lâche et par ses feuilles supérieures portées par un pétiole. La joubarbe toile-d’araignée est une plante commune qui affectionne les rochers et pelouses rocailleuses sèches, sur substrat siliceux, jusque 3 000 m d’altitude. Elle doit son nom aux nombreux poils longs, fins et blanchâtres qui recouvrent ses feuilles basales.

Faune falaises abritent des espèces particulièrement adaptées à ce milieu vertical : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles leur permettant d’absorber la chaleur. Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux. Parmi les espèces nichant spécifiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnais-

136 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Patrick Folliet

Les

Chocard à bec jaune


Fiche-milieu n° 9 PNV - Jean-Pierre Martinot

Tichodrome échelette

déplace avec une grande aisance, il trouve la nourriture végétale et la sécurité dont il a besoin pour vivre. Espèce symbolique de la Vanoise, il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national en 1963. Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité. En période hivernale, craignant le manteau neigeux épais et les avalanches, il fréquente les crêtes déneigées par le vent et les versants d’adret. Ces quartiers d’hiver sont également les quartiers de rut. Enfin, en période de mise bas, les femelles s’isolent sur de petites vires. La population de bouquetins présente à Séez provient des populations voisines du Beaufortain et des massifs italiens. Depuis quelques années, plusieurs individus passent l’hiver dans le secteur du Clapet.

PNV - Stéphane Mélé

Séez abrite deux couples reproducteurs d’aigles royaux. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de l’aire. À Séez, les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise ont identifié deux sites de reproduction distincts, l’un en rive droite de l’Isère, l’autre en rive gauche. De par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux. Le bouquetin des Alpes est certainement le mammifère le plus représentatif des rochers et des falaises. Dans ce milieu où il se

Aigle royal

Les milieux naturels, des lieux de vie - 137


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n° 9

Parapentiste vers les falaises du bois des Bochères

Équilibre entre l’homme et son milieu

et le tichodrome échelette, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les falaises et barres rocheuses constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins, telles que les nombreuses barres rocheuses situées à l’entrée des gorges du Versoyen pour le chamois, ou les falaises de l’aiguille du Clapet et de la cascade de Beaupré pour le bouquetin.

Usages, intérêts économiques et représentations Du fait des mouvements d’ascendance qu’elles engendrent, ces falaises sont fréquentées par les parapentistes qui, à Séez, décollent sous l’aiguille du Clapet.

L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des éboulis et des moraines. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables comme l’androsace helvétique. L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles l’aigle royal, le faucon crécerelle, le faucon pèlerin, le crave à bec rouge, l’hirondelle de rochers

PNV - Stéphane Mélé

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Mâle de bouquetin sous le sommet du Clapet

138 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Propositions de gestion Aux échelles communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable des sports de nature et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables afin d’assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites. Une surveillance des zones de nidification concernées et de leur fréquentation en période sensible peut s’avérer nécessaire. À Séez, l’observation des sites de nidification de l’aigle royal et du faucon pèlerin est réalisée chaque année afin de mieux connaître la réussite de leur reproduction.

PNV - Christian Balais

À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie. Cependant, les risques d’impact sur la flore des pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on tient compte, préalablement à leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (aigle royal, faucon pélerin, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. Des dérangements répétés dus à la présence humaine sur un territoire occupé par un couple reproducteur peuvent occasionner l’abandon par les oiseaux de ce territoire, et donc potentiellement de la couvée, d’une manière momentanée voire définitive.

La concentration toujours plus importante d’équipements en montagne et l’engouement pour la pratique de sports de nature engendrent une réduction significative des zones susceptibles de convenir à des oiseaux rupestres vulnérables tels que le faucon pèlerin et l’aigle royal.

Aire d’aigle royal, un site suivi par les gardes du Parc national de la Vanoise

Les milieux naturels, des lieux de vie - 139

Fiche-milieu n° 9

Évolution et transformation du milieu


PNV - Stéphane Mélé

Fiches-milieux – Conclusion

Conclusion

Parking de la baraque des douaniers

L’ensemble des 9 grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre la quasitotalité du territoire de la commune de Séez. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat* est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque qui résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent les milieux indépen-

140 - Les milieux naturels, des lieux de vie

damment les uns des autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sous tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux est à l’origine de ressources variées (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc.). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants de Séez. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) devrait


Fiches-milieux – Conclusion PNV – Christophe Gotti

PNV - Christian Balais

Panneau communal d’information sur le respect de l’environnement

Marteau de porte de l’église de Séez

constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments «clé» de la gestion et de l’aménagement de son territoire.

Parmi les premiers milieux, on citera les milieux humides d’altitude, ainsi que plusieurs secteurs d’éboulis et de falaises hébergeant des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats* forestiers. Au sein des milieux humides, la présence remarquable d’une zone à Caricion incurvae confère à la commune une grande richesse patrimoniale. Les falaises sont le lieu de nidification de plusieurs espèces d’oiseaux, dont le très emblématique aigle royal, tandis que les éboulis et rochers sont le lieu d’implantation d’espèces végétales de grand intérêt, comme l’androsace alpine, la saxifrage fausse mousse, le génépi vrai et l’androsace helvétique. Parmi les milieux plus ou moins exploités, les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour le maintien d’espèces floristiques et faunistiques et pour la pérennité de l’activité agricole de la commune, tout en contribuant à la qualité du cadre de vie des habitants. Enfin la forêt naturelle de pin sylvestre, dans le secteur des Bochères

À Séez, tous les milieux naturels et seminaturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 141


PNV - Christian Neumüller

Fiches-milieux – Conclusion

Clarines au chalet d’alpage des Combettes

PNV - Christian Balais

et de la forêt du Reclus, à travers les plantes qu’elle abrite, participe également à la richesse naturelle du territoire de Séez. Parmi les espèces remarquables de la commune, nous citerons le petit murin et le grand murin qui se reproduisent dans l’église du chef-lieu, et la truite fario de souche méditerranéenne qui se reproduit naturellement dans le cours de l’Isère. Par ailleurs, Séez se distingue par la présence du plateau du col du Petit-Saint-Bernard, à la fois chargé d’histoire et qui demeure

Aiguille du Clapet sous la neige

142 - Les milieux naturels, des lieux de vie

exempt d’aménagement touristique lourd. Sa qualité paysagère est un atout indéniable pour ce secteur de montagne. La commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation de la plupart des milieux naturels et les enjeux économiques s’y rapportant. Il est souhaitable de veiller à ce qu’une action menée en faveur d’un milieu naturel remarquable donné ne porte pas atteinte à d’autres milieux ou espèces intéressantes. Tout projet d’équipement doit s’accompagner de mesures garantissant l’avenir des populations d’espèces menacées, aussi bien végétales qu’animales. Une information en direction du public (habitants, promeneurs, skieurs, raquettistes, etc.) sur la sensibilité des milieux montagnards et de la faune est à développer.


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


L’astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus) est une plante herbacée appartenant à la famille botanique des fabacées (ou légumineuses) qui rassemble de nombreux types de plantes, parfois très similaires entre eux : les trèfles, les gesses, les oxytropis, les luzernes, etc. À Séez, l’astragale de Montpellier peut être confondu avec l’astragale faux sainfoin (Astragalus onobrychis) qui, parfois, occupe les mêmes milieux. inflorescence en grappe ovale plus ou moins allongée ; fleur pourpre à violacée

5 à 30 cm de hauteur Plante poilue

pédoncule au moins aussi long que les feuilles

feuille vert mat composée de 13 à 20 paires de folioles elliptiques longues de 0,5 à moins de 1,5 cm

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Astragale de Montpellier fleur violette

inflorescence en grappe ovale et serrée

feuille composée de 8 à 12 paires de folioles lancéolées de 0,5 à 1,5 cm PNV - Louis Bantin

Fiche-espèce n° 1

L’astragale de Montpellier

20 à 50 cm de hauteur Plante poilue Astragale faux sainfoin

Écologie

L’astragale

de Montpellier est une plante vivace capable de se développer en Vanoise jusqu’à 2 200 m d’altitude. Cette espèce se développe dans des milieux secs, chauds, ouverts* à semi-ouverts, avec une préférence pour les adrets ensoleillés et les sols calcaires :

144 - Regard sur quelques espèces

pelouses, landes, clairières, talus de routes, etc. Sur Séez, l’astragale de Montpellier a été observé sur le versant sud-est de la partie inférieure de la vallée du Reclus, entre 850 et 1 550 m d’altitude (bois des Bochères, Mont d’en haut, etc.). L’épanouissement des fleurs a lieu, en fonction de l’altitude, en mai et juin. Elles sont pollinisées par les insectes ;


Répartition géographique et intérêts biologiques

L’astragale

de Montpellier est d’origine méditerranéenne ; son aire de distribution couvre essentiellement la moitié sud de la France, alors que sa présence est plus locali-

sée dans la partie nord (Eure, Ile-de-France). Il est très commun dans les régions du sud-est de la France, et absent de la Corse et de la Sardaigne. En Savoie, l’astragale de Montpellier est présent dans la plupart des secteurs qui lui sont favorables, depuis l’Avant-pays, jusque dans les vallées de Maurienne et de Tarentaise, bien qu’il soit moins fréquent dans cette dernière.

Menaces

Occupant des secteurs de faible altitude, là où les activités humaines sont les plus importantes (routes, urbanisation, intensification agricole, etc.), l’astragale de Montpellier peut être détruit suite à la modification de ses habitats*. Ayant besoin de lumière pour se développer, la fermeture* des milieux qu’il occupe, suite à l’abandon des pratiques agricoles, constitue un autre type de menace.

Protection et propositions de gestion PNV - Christian Balais

L’astragale Fleurs d’astragale de Montpellier

de Montpellier a été retiré en 1995 de la liste nationale des espèces protégées, mais reste protégé dans les régions de la moitié nord de la France.

Le saviez-vous ? X L’astragale est un os court du pied ayant la forme d’une poulie, situé entre l’extrémité inférieure de la jambe et l’os du talon. L’origine de ce nom dans le domaine végétal est due au fruit de quelques espèces d’astragales, dont la forme rappelle celle de l’os ! X Avec le fumana couché, le lin à feuilles étroites, la bugrane fétide, etc., l’astragale de Montpellier fait partie d’un cortège de plantes méditerranéennes qui se raréfie au-delà de Séez, dans les zones situées plus en amont de la haute Tarentaise.

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n° 1

s’il y a fécondation, les fleurs évoluent en gousses glabres et arquées, de longueur inférieure à 3,5 cm.


Il existe de très nombreuses espèces d’apparence similaire pour le non-spécialiste. Parmi elles, les plantes de la famille des joncacées, telles que les joncs, et celles de la famille des cypéracées (laîches, linaigrettes, scirpes, etc.), constituent la majeure partie de «l’herbe» des zones humides. La plupart des joncs présents dans les milieux humides de Vanoise sont connus à Séez : le jonc articulé des Alpes (Juncus alpinoarticulatus), le jonc de Jacquin (Juncus jacquini), le jonc à trois glumes (Juncus triglumis), le jonc filiforme (Juncus filiformis) et le jonc arctique (Juncus arcticus). Les deux dernières espèces sont très semblables ; le jonc arctique se reconnaît à ses feuilles réduites en forme de gaines et à ses fleurs peu nombreuses réunies en un épi noirâtre dense placé dans le tiers supérieur de la tige.

feuilles réduites à des gaines rousses

15 à 40 cm de hauteur

fleurs réunies en un épi dense situé dans le tiers supérieur de la tige

PNV - Christian Balais

tige vert foncé, peu épaisse et lisse

Jonc arctique

fleurs réunies en un épi lâche situé vers la moitié de la tige

tige vert jaunâtre, grêle et striée

CPNS - Philippe Freydier

Fiche-espèce n° 2

Le jonc arctique

feuilles réduites à des gaines brunes

15 à 40 cm de hauteur Jonc filiforme

146 - Regard sur quelques espèces


Le

jonc arctique est une espèce pionnière d’altitude (entre 1 700 et 3 000 m) qui affectionne les sols alluviaux riches en limons, sables et graviers des bords de lacs et de torrents, et les milieux humides alimentés par des eaux froides et alcalines. Il fait partie des huit espèces végétales caractéristiques qui, isolées ou associées les unes aux autres, permettent d’identifier les pelouses pionnières des bords de torrent, appelées Caricion incurvae. Sur Séez, cette espèce a été observée dans le vallon du Reclus, en deux localités situées sous l’ancien hospice du Petit-SaintBernard. Sa floraison a lieu au cours des mois de juillet et août.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le jonc arctique est une espèce arctico-alpine* extrêmement rare dans l’arc alpin. En France, il est connu dans l’ensemble des départements alpins, à l’exception de la Drôme, et en Savoie, dans une dizaine de localités seulement, dont plus de la moitié se trouve dans le massif de la Vanoise. Il doit sa rareté au fait qu’il est inféodé à un type d’habitat* très particulier, rare à l’échelle européenne : le Caricion incurvae.

Menaces

Le

jonc arctique, particulièrement dépendant de son habitat*, est très vulnérable à toute modification de celui-ci. Les pratiques les plus dommageables sont les suivantes :

Répartition du jonc arctique en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 147

Fiche-espèce n° 2

Écologie


Fiche-espèce n° 2

- toute action susceptible de modifier la quantité d’eau (barrage, captage, drainage, etc.) ou sa qualité (apports en matière organique, etc.) ; - tout aménagement risquant de détruire le milieu (terrassement pour piste de ski, etc.) ; - le sur-piétinement par les troupeaux. Les effets du changement climatique ne seront pas sans conséquence sur cette espèce témoin d’époques glaciaires anciennes, particulièrement en ce qui concerne les populations en limite inférieure d’altitude.

Protection et propositions de gestion

classé espèce protégée. L’un de ses milieux de vie : le Caricion incurvae a été classé « habitat prioritaire » dans le cadre du réseau Natura 2000. La présence du jonc arctique à Séez a motivé la désignation d’une partie du plateau du Petit-Saint-Bernard en site Natura 2000 « réseau de vallons d’altitude à Caricion incurvae » (site désigné S 39). Les modalités de gestion de ce secteur Natura 2000, définies par le document d’objectifs, portent sur la gestion pastorale. Elles visent à éviter le risque de piétinement, à garantir le maintien d’un état hydrologique compatible avec le milieu (inondabilité), à assurer l’information auprès des habitants et des personnes en séjour sur la commune et le suivi scientifique de l’évolution des milieux.

Du fait de la rareté de ses habitats* et donc de l’espèce elle-même, le jonc arctique a été

Le saviez-vous ? X Le jonc arctique et le jonc filiforme sont génétiquement si proches qu’ils peuvent s’hybrider ; ils donnent des individus aux caractéristiques morphologiques intermédiaires (Juncus x montellii). De ce fait, une présence importante du jonc filiforme, sur une localité où le jonc arctique est plus rare, peut conduire à une régression du jonc arctique.

148 - Regard sur quelques espèces


Trois espèces de pins se développent naturellement dans les montagnes des Alpes du nord : le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin cembro (Pinus cembra), et le pin à crochets (Pinus uncinata). Parmi ces trois espèces, le pin sylvestre se distingue par la couleur saumonée de l’écorce des parties supérieures des arbres adultes. En-dessous de 2 000 m d’altitude, il peut être confondu avec le pin à crochets, une espèce avec laquelle il est capable de s’hybrider ; au-delà de cette altitude, seul le pin à crochets parvient à s’installer.

cône symétrique écaille sans protubérance

Jusqu’à 40 m de hauteur

écorce brune rougeâtre à saumonée sur le houppier et la partie supérieure du fût

PNV - Christophe Gotti

PNV - Christian Balais

rameau ancien dépourvu d’aiguilles

Aiguilles de pin sylvestre aiguilles groupées par 2, serrées, longues de 3 à 8 cm, vert foncé

aiguilles vert pâle groupées par 2, torsadées sur elles-mêmes, longues de 4 à 7 cm ; ne persistent que deux ans

Pin sylvestre

Entre 4 et 25 m de hauteur

écorce gris noirâtre écailleuse

PNV - Philippe Benoît

cône dissymétrique dont les écailles présentent un écusson plus ou moins saillant en forme de crochet Cimes de pins à crochets

Regard sur quelques espèces - 149

Fiche-espèce n° 3

Le pin sylvestre


Fiche-espèce n° 3

Écologie

Ayant besoin de lumière pour se développer, le pin sylvestre supporte difficilement la concurrence des autres arbres. Hormis cette exigence, il possède une bonne résistance à la chaleur, au froid et aux gelées de printemps. C’est une espèce frugale, capable de se développer entre 400 et 2 000 m d’altitude sur de nombreux types de sols, à l’exception des terrains calcaires et des sols trop chargés d’humidité ou trop compacts. En montagne il recherche les versants ensoleillés de l’étage* montagnard. Dans les conditions les plus difficiles les arbres adoptent des ports plus tortueux et plus ramassés, tandis qu’en situation optimale, ils peuvent atteindre une hauteur de 40 mètres. La pollinisation et la dissémination des graines de pin sylvestre se fait par le vent. Lorsqu’il fructifie, il produit de petits cônes pointus renfermant des graines. Sa croissance est moyenne et peut se pro-

d’origine naturelle, tandis qu’un certain nombre de ces arbres provient d’une plantation effectuée au début du XXe siècle dans le cadre de travaux de restauration des terrains en montagne (lire le paragraphe « Usages, intérêts économiques et représentations » p.99 de la fiche-milieu n°5).

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

pin sylvestre est naturellement présent dans les Vosges, le Jura, le Massif central, les Alpes et les Pyrénées. Partout ailleurs, sa présence est la conséquence de plantations. L’usage de son bois dépend des conditions de croissance ; le bois des pins provenant des zones montagneuses est le plus souvent utilisé pour la menuiserie fine et les placages. À Séez, le bois de pin sylvestre n’est pas exploité ; les secteurs de pinèdes, situés en forêts domaniale et communale, sont affectés à la protection des sols pour lutter contre les glissements de terrain.

Menaces

Un

PNV - Christian Balais

risque d’incendie en période sèche existe sur les secteurs les plus chauds et les plus secs.

Branches et cônes d’un jeune pin sylvestre

longer sur quelques centaines d’années. En montagne, sa longévité maximum est d’environ 200 ans. Sur Séez, le pin sylvestre occupe essentiellement la partie basse du bois des Bochères ainsi qu’une partie de la forêt du Reclus, en versant sud-est, où il forme des boisements purs sur une trentaine d’hectares. Une partie de ce boisement est

150 - Regard sur quelques espèces

Protection et propositions de gestion

Le rôle de protection des sols attribué aux pineraies de pin sylvestre, ainsi qu’une gestion respectueuse de leur cycle naturel d’évolution, assurent le maintien de cette forêt qui ne présente pas de statut particulier de protection.


X Les bourgeons de pin contiennent essentiellement des résines et une essence riche en pinène qui lui donne ses puissantes propriétés antiseptiques. X Les aiguilles du pin sylvestre ont servi à faire une ouate que l’on parvint à filer pour produire une étoffe ressemblant aux flanelles, notamment utilisée pour fabriquer des coussins. X De nombreux animaux se nourrissent des graines du pin sylvestre : le mulot, l’écureuil, le bec-croisé des sapins, le cassenoix moucheté, etc.

Regard sur quelques espèces - 151

Fiche-espèce n° 3

Le saviez-vous ?


Une quinzaine d’espèces de gentianes sont connues en Vanoise. Parmi celles-ci, la gentiane croisette (Gentiana cruciata) est une espèce aux fleurs bleues qui se distingue par la hauteur relativement importante de sa tige et par ses fleurs, plutôt petites, formées de 4 lobes. Ces critères font qu’elle ne peut être confondue avec aucune autre gentiane. À Séez, elle côtoie d’autres gentianes bleues : la gentiane à feuilles orbiculaires (Gentiana orbicularis), la gentiane de Koch (Gentiana acaulis), la gentiane de printemps (Gentiana verna) et la gentiane à calice renflé (Gentiana utriculosa), qui toutes ont une tige inférieure à 20 cm de long. hauteur ; 15 à 40 m

« bouquet » de fleurs bleues disposé au sommet de la tige, également aux aisselles des feuilles supérieures.

fleur bleu violacé, formée de 4 lobes d’une longueur inférieure à 3 cm

feuilles ovales à ablongues, d’une longueur de 10 cm, apposées et disposées en croix

PNV - Christian Balais

Fiche-espèce n° 4

La gentiane croisette

Gentiane croisette

Écologie

La gentiane croisette est une plante vivace qui se développe dans les pelouses et les boisements clairs, avec une préférence pour les pelouses sèches et les sols rocailleux calcaires, jusqu’à 1 600 m d’altitude, plus rarement jusqu’à 2 000 m. À Séez cette espèce se développe entre 1 150 et 1 650 m d’altitude dans les pelouses situées sur le versant sud-est de la partie inférieure de la vallée du Reclus : secteur de Saint-Germain - les Chavonnes, pré du Gal, bois du Mont. Les fleurs s’épanouissent de juin à septembre.

152 - Regard sur quelques espèces

Comme la plupart des fleurs de montagne, sa pollinisation est assurée par des insectes. En Savoie, la gentiane croisette est la plante hôte exclusive d’un papillon rare : l’azuré de la croisette (cf. encart « Le saviez-vous ? » p.154)

Répartition géographique et intérêts biologiques

La

gentiane croisette est présente en Asie occidentale et boréale, également en Europe, à l’exception des régions les plus septentrio-


Menaces CPNS - Philippe Freydier

La

Azuré de la croisette, dont la chenille se nourrit des fleurs de la gentiane croisette

nales : la Grande-Bretagne et les pays scandinaves. En France, elle est surtout localisée à l’est d’une ligne Pas-de-Calais / PyrénéesOrientales ; plus rare à l’ouest, elle est présente dans les régions Centre, Normandie, Pays de la Loire et Midi-Pyrénées.

destruction ou la modification de ses habitats*, sont les principaux facteurs de régression de cette espèce, particulièrement dans les secteurs de plus basse altitude qui sont le siège des plus grands changements : intensification des pratiques agricoles, ou au contraire, fermeture* des milieux, suite à l’abandon par l’agriculture, etc. Enfin, la taille et les couleurs de cette plante lui attribuent un usage ornemental, et peuvent être à l’origine de cueillette.

Répartition de la gentiane croisette en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 153

Fiche-espèce n° 4

En Savoie, elle est connue en diverses localités depuis l’Avant-pays, jusqu’aux vallées de Maurienne et de Tarentaise, où elle ne semble pas dépasser 1 800 m d’altitude.


Fiche-espèce n° 4

Protection et propositions de gestion

La gentiane croisette ne bénéficie d’aucun statut de protection. Son maintien passe par une meilleure connaissance de ses populations, par le maintien d’une pratique agri-

cole de type extensif (fauche et/ ou pâturage) et par des actions de sensibilisation auprès des habitants et des visiteurs en ce qui concerne les pratiques de cueillette des plantes.

Le saviez-vous ? X La gentiane croisette est une plante utilisée par un papillon pour son développement : l’azuré de la croisette. Les femelles pondent leurs œufs sur les boutons floraux de la gentiane. Lorsque les chenilles éclosent, elles s’installent dans les fleurs dont elles se nourrissent au cours des premiers stades de leur développement. Puis, elles se laissent tomber sur le sol où elles sont récupérées par des fourmis rouges ; elles finissent leur cycle de croissance dans une fourmilière.

154 - Regard sur quelques espèces


Le petit murin (Myotis blythi) et le grand murin (Myotis myotis) font partie de l’ordre des chiroptères, plus communément appelés chauves-souris. Deux autres espèces de chiroptères ont été observées à Séez : la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) et le vespère de Savi (Hyspugo savii). Le petit murin et le grand murin appartiennent à la famille la plus importante de chauves-souris d’Europe : les vespertilionidés. Ce sont de grandes espèces qui présentent un pelage contrasté : blanc sur le ventre et marron clair sur le dos. Hormis leur légère différence de taille, ces deux espèces sont difficiles à différencier.

dos brun

CPNS - Manuel Bouron

pelage blanc sur le ventre

35 à 43 cm d’envergure 20 à 40 g Grand murin

Écologie

Le petit murin et le grand murin se distinguent davantage par leur écologie et leur comportement que par leur morphologie. Le petit murin se nourrit essentiellement de criquets et de sauterelles qu’il capture en volant, lorsque l’insecte s’envole ou lorsqu’il est posé sur la végétation. Il a donc besoin de milieux ouverts* composés d’une végétation relativement dense et élevée : pelouses sèches, prairies non fauchées et peu artificialisées. Capable de chasser des insectes

volants, comme le hanneton, le grand murin est avant tout un prédateur spécialisé dans la capture des insectes au sol, surtout des carabes et autres gros coléoptères, qu’il attrape en se laissant tomber sur eux. Cette pratique l’amène à rechercher des milieux dont le sol présente une végétation peu dense : sous-bois clairs, pelouses à végétation rase, prairies pâturées ou régulièrement fauchées. Comme toutes les chauves-souris, le petit et le grand murin utilisent deux types d’habitats* ou gîtes au cours de l’année : un habitat d’été ou de parturition, où se regroupent les

Regard sur quelques espèces - 155

Fiche-espèce n° 5

Le petit murin et le grand murin


PNV - Michel Bouche

Fiche-espèce n° 5

L’église de Séez, l’un des principaux sites de parturition de murins en Savoie

femelles pour mettre bas et élever les jeunes, et un habitat d’hiver ou d’hibernation. Les femelles sont grégaires ; en été comme en hiver, elles se réunissent en colonies de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’individus, souvent composées des deux espèces. Les mâles sont avec les femelles en hiver et vivent dans des gîtes isolés en été. Les gîtes d’hibernation sont des cavités souterraines relativement vastes et bien tempérées : grottes, mines, caves, etc., que les colonies occupent de novembre à avril. Les accouplements ont lieu en automne et aboutissent à une mise bas au cours de la première quinzaine de juin. Les cavités souterraines, mais aussi les combles de grands bâtiments, font office de gîtes de parturition. Un seul petit est mis au monde, rarement deux. Les jeunes s’envolent en juillet. À Séez, une colonie mixte, composée majoritairement de petits murins, occupe les combles de l’église du chef-lieu depuis plusieurs dizaines d’années.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Les

aires de répartition des deux espèces se chevauchent sur une grande partie de l’Europe. Le grand murin est plus nordique, tandis que le petit murin atteint l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. En France, le

156 - Regard sur quelques espèces

grand murin est présent partout, tandis que le petit murin reste localisé sur la moitié sud. En Savoie, seuls les gîtes de parturition sont bien connus ; ils sont localisés dans la cluse de Chambéry, la combe de Savoie et surtout dans la vallée de la Tarentaise (Aime, Moûtiers et Séez), et accueillent un effectif total estimé à 1600-1900 individus (2002). Les gîtes d’hibernation restent moins connus ; des individus isolés ont été observés dans l’Avant-pays savoyard, les Bauges, la Chartreuse et en Tarentaise (Salins-les-Thermes). Les chauves-souris jouent un rôle environnemental important ; grâce à leur régime alimentaire elles assurent une régulation naturelle des populations d’insectes.

Menaces

Le petit murin et le grand murin en particulier, et les chauves-souris en général, sont menacés par certaines activités humaines. À Séez, l’intensification de la gestion des prairies de fauche (fumure, fauches précoces et répétées, etc.), qui induit la disparition de ses proies, constitue une forte menace pour le petit murin. L’abandon des prairies de fauche et l’usage de pesticides ont également une grande part de responsabilité dans le déclin des chauves-souris en Europe. Les pesticides ingérés par les insectes conduisent à la stérilité et la mortalité de leurs prédateurs. Un autre facteur de mortalité est le dérangement dans les gîtes d’hibernation et de parturition. Lors de leur repos hivernal, les chauves-souris dérangées dépensent une grande quantité d’énergie pour prendre la fuite et risquent de mourir par épuisement. Les chats domestiques, ainsi que certains rapaces nocturnes peuvent occasionner des dégâts importants sur les populations de chauves-souris (lire le paragraphe « Propositions de gestion » de la fiche-milieu n°1 p.59).


PNV - Christophe Ferrier

Colonie de petits et grands murins

Protection et propositions de gestion

Comme toutes les espèces de chauve-souris, le petit murin et le grand murin sont protégés en France. La directive européenne de 1992 les désigne comme faisant partie des espèces animales d’intérêt communautaire

Colonies de reproduction du petit et du grand murin en Maurienne et Tarentaise

Regard sur quelques espèces - 157

Fiche-espèce n° 5

qui nécessitent une protection stricte au sein des pays membres. La préservation de leurs territoires de chasse est une priorité pour protéger leurs populations, mais elle n’est pas suffisante. Il faut également préserver les gîtes de parturition et les gîtes d’hibernation favorables. La prise en compte, lors de la restauration d’habitations, de certaines recommandations techniques doit permettre aux chauvessouris d’assurer leur reproduction (lire le paragraphe « Evolution et transformation du milieu » de la fiche-milieu n°1 p.58). Depuis 1997, une convention lie le Parc national de la Vanoise et la commune de Séez afin de préserver la colonie de petits et grands murins qui a établi son habitat d’été dans les combles de l’église. Les agents du parc éliminent annuellement le guano excrété par les chauves-souris et assurent un suivi minimum de l’état de la colonie. De son côté, la commune s’engage à n’effectuer


Fiche-espèce n° 5

aucune modification ni travaux sans consulter le parc pour en connaître les incidences. De même, toute modification de l’éclairage extérieur du bâtiment doit être étudiée en

lien avec le parc, de manière à ne pas compromettre l’accès des chauves-souris au site.

Le saviez-vous ? X Les chauves-souris sont les seuls mammifères ayant acquis la capacité de voler grâce aux membranes tendues entre leurs doigts. Elles ont aussi la particularité de s’orienter et de chasser dans l’obscurité grâce à un système de sonar : c’est l’écholocation* par laquelle leurs oreilles captent l’écho, renvoyé par leur environnement, des ultrasons produits par la bouche ou le nez de l’animal. X Il existe à l’échelle du monde près d’un millier d’espèces de chauves-souris. En France, on en recense une trentaine, toutes insectivores. Dans notre pays, plus d’une espèce de mammifères sur quatre est donc une chauve-souris. X Les chauves-souris ont enflammé l’imagination des hommes en Europe. On les décrivait comme des animaux apparentés par nature au Diable. En France des chauves-souris ont été clouées sur les portes des granges jusqu’au milieu du XXe siècle. Léonard de Vinci les regarda différemment pour la première fois, en construisant ses machines volantes à partir du modèle de l’ « aile » des chauves-souris. X La reproduction des chauves-souris s’étend sur plusieurs mois grâce au phénomène de fécondation différée. L’accouplement a lieu à l’automne ; le sperme est alors conservé dans le corps de la femelle, jusqu’au printemps, au cours duquel se produisent l’ovulation et la fécondation. X Dans les années 60-70, le sacristain-bedeau de Séez, Baptiste Mérendet, pouvait récupérer le guano déposé par la colonie de chauves-souris au-dessus de la voûte de l’église, pour l’utiliser comme engrais dans son petit jardin. Ce guano récupéré était alors considéré comme un avantage en nature.

158 - Regard sur quelques espèces


Le cerf élaphe, (Cervus elaphus) est le plus grand ongulé sauvage de France. Cet animal présente un fort dimorphisme sexuel. Les mâles sont beaucoup plus lourds que les femelles. Toutefois, ils dépassent rarement 200 kg en France. Eux seuls arborent une ramure ou bois qui se renouvelle chaque année. Le pelage fauve varie du brun sombre au beige clair. Le cerf élaphe avait disparu du sud de notre pays au cours du XIXe siècle et les dernières populations françaises étaient réfugiées dans les grands massifs forestiers du nord de la France. Elles ont servi de souches aux réintroductions effectuées dans le sud, principalement dans les massifs forestiers de montagne.

PNV - Alexandre Garnier

bois osseux de plus en plus ramifiés avec l’âge

Taille : 1,30 m au garrot Mâle de cerf élaphe

bois dressés et peu ramifiés

PNV - Sandrine Lemmet

miroir blanc

Taille : 0,80 m au garrot Mâle de chevreuil

Écologie

Animal

forestier, il fréquente indifféremment les forêts de conifères ou de feuillus.

Cependant, il n’est pas rare de l’observer en alpage, au-dessus de la limite de la forêt, ainsi que sur les versants couverts d’aulnaie verte. Le cerf élaphe adulte n’avait plus

Regard sur quelques espèces - 159

Fiche-espèce n° 6

Le cerf élaphe


Fiche-espèce n° 6

PNV - Christian Balais

de prédateur, en France, avant le retour du loup. Herbivore, il se nourrit de plantes herbacées et, en période hivernale, de rameaux et d’écorces. Au printemps, son solide appétit peut l’amener dans les prairies de fauche où il broute abondamment les premières pousses d’herbe. En-dehors de la période du brame qui se déroule de septembre à octobre, les biches vivent en hardes matriarcales regroupant les femelles, leurs faons et les jeunes de l’année précédente. Les faons naissent au printemps. Leur robe rousse tachetée de blanc constitue un camouflage efficace contre les prédateurs. Les mâles vivent seuls ou en hardes lâches.

de Bourg-Saint-Maurice, Séez, Montvalezan, Sainte-Foy-Tarentaise et Villaroger.

Menaces

En Tarentaise, l’augmentation des effectifs de cerf élaphe s’est traduite par une multiplication par dix des attributions au plan de chasse entre la fin des années 1980 et le début des années 2000. Le nombre d’animaux à tirer tous les ans est défini par rapport à la densité des populations de cerfs considérée comme économiquement supportable par la société. À ce titre, la chasse en Savoie ne constitue pas une menace pour l’espèce. Comme tous les ongulés, le cerf est victime de la circulation automobile nocturne et les accidents ne sont pas rares. Particulièrement spectaculaire, le brame du cerf attire, sur quelques sites, un public de plus en plus important chaque année. Tolérable tant qu’elle reste discrète, la présence d’observateurs peut perturber le comportement des hardes.

Troncs d’arbres écorcés par les cerfs au pré du Gal, près du Mont d’en haut

Répartition géographique et intérêts biologiques

Protection et propositions de gestion

Le

Le cerf élaphe est une espèce chassable pour

cerf élaphe fait partie intégrante de la grande faune des montagnes d’Europe. Dans le contexte actuel d’abandon par l’agriculture des terrains les plus ingrats, il a un rôle à jouer dans le maintien des espaces ouverts*, clairières, friches. Les forêts mixtes et diversifiées, tant en matière d’essences que de classes d’âges, sont les moins sensibles à la présence de cet herbivore. En haute Tarentaise, le cerf élaphe a été réintroduit entre 1967 et 1972 à partir d’animaux capturés à Chambord. Depuis 2006, les comptages nocturnes font état d’une population bien établie de l’ordre de 500 individus, répartie sur les communes

160 - Regard sur quelques espèces

laquelle les attributions, en quantité et en qualité, sont fixées chaque année par un plan de chasse. Pour éviter un prélèvement trop important des mâles adultes, en pleine force de l’âge, (plus appréciés des chasseurs que les individus malingres, les femelles ou les jeunes), les attributions au plan de chasse limitent le tir des mâles. À Séez, l’existence d’une grande réserve de chasse a contribué au développement de la population de cerfs. Le bois des Bochères constitue une zone d’hivernage appréciée par les animaux. Aujourd’hui, la densité de


Cerf et biche en lisière forestière

Le saviez-vous ? X Le faon est le jeune de moins de 6 mois. Le mâle devient hère entre 6 mois et un an. Ses premiers bois poussent à un an, il ne porte alors qu’une paire de cors en forme de dague, c’est un daguet. Les bois tombent chaque année en mars et repoussent en 130 jours environ. Ils se ramifient un peu plus chaque année, puis lorsque le cerf vieillit, cette croissance ralentit : le cerf «ravale». Un velours (peau veloutée et poilue), très richement irrigué, recouvre les bois et permet leur croissance. Après avoir assuré ce rôle, il se dessèche avant de partir en lambeaux en juin. Dans les pays de l’Est, on attribue aux cors encore recouverts de leur velours des propriétés médicinales rajeunissantes.

Regard sur quelques espèces - 161

Fiche-espèce n° 6

commune ont disposé des clôtures en bord de route, sur les passages les plus fréquentés. La fréquentation de certains sites de brame « réputés » pourrait être encadrée (écotourisme), afin de diminuer le dérangement des animaux. La chasse photographique sur les places de brame pose avant tout des questions d’éthique (dérangement en pleine période de reproduction) ; a minima, cette pratique devrait être encadrée et largement signalée pour des enjeux de sécurité des observateurs de la nature.

PNV - Ludovic Imberdis

cerfs a atteint un niveau difficilement supportable par les agriculteurs (dégâts sur les prairies de fauche, notamment). Afin de contenir la population à un niveau acceptable, le nombre d’attributions d’animaux à tirer dans le cadre des plans de chasse a fortement augmenté, en particulier en 2009. Concernant la menace routière, il importe de localiser les couloirs de déplacement et de concevoir des passages adaptés à la grande faune, en particulier pour les nouvelles infrastructures. Afin de limiter les risques de collisions, les services techniques de la


Les

faucons sont des rapaces diurnes qui se caractérisent par un corps trapu, des ailes longues et pointues, un plumage dorsal plus foncé que le plumage ventral, un bec muni d’une « dent » sur la mandibule supérieure et des yeux extrêmement développés. Les femelles sont en général plus grosses que les mâles, d’autant plus chez les espèces de faucons prédateurs de proies rapides comme les oiseaux. Parmi les cinq espèces de faucons connues en Vanoise, trois espèces ont été observées à Séez : le faucon Kobez (Falco vespertinus), le faucon pèlerin (Falco peregrinus) et le faucon crécerelle (Falco tinnunculus). Seules les deux dernières espèces sont nicheuses.

cire du bec et cercle oculaire jaunes

Capuchon « moustaches » larges et sombres

tête et nuque gris bleuté « moustaches » noirâtres

pattes et doigts jaunes

95 à 115 cm d’envergure 600 à 1300 g

dessus du corps brun-roux moucheté de noir © Naturimages - Franck Lesueur

dessous blanchâtre à grisâtre plus ou moins barré de noir

© Naturimages - Frédéric Spada

dessus de la tête, dos et dessus des ailes gris-bleu foncé

65 à 80 cm d’envergure 190 à 300 g

Faucon pèlerin

queue grise terminée par une barre noire

Faucon crécerelle

Chez les deux espèces, la femelle est beaucoup plus grande et peut être jusqu’à deux fois plus lourde que le mâle. ailes longues et pointues

dessous des ailes noir et blanc

queue finement barrée noire et blanche

CPNS - Manuel Bouron

Fiche-espèce n° 7

Le faucon pèlerin et le faucon crécerelle

Faucon pèlerin en vol

162 - Regard sur quelques espèces


crécerelle est plus éclectique. Ainsi, tours, ruines, bâtiments agricoles peuvent être utilisés par ce dernier pour nicher. Bien que qualifiées de sédentaires, ces deux espèces se comportent différemment l’une de l’autre en montagne. Le faucon pèlerin reste fidèle à son site de reproduction, même s’il est situé en altitude, été comme hiver. Le faucon crécerelle, quant à lui, se déplace généralement en hiver pour rejoindre les plaines.

Le

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le faucon pèlerin est une espèce cosmopolite, seulement absente des régions arctiques et des forêts tropicales. En France, il est nicheur sédentaire dans tous les massifs de montagne : Vosges, Alpes, Massif central et Pyrénées, ainsi que sur les côtes de la Manche et de la Méditerranée. Après s’être raréfié dans les années 1960, le faucon pèlerin occupe à nouveau le massif de la Vanoise depuis les années 1980. Au début du XXIe siècle, une dizaine de couples est connue sur ce territoire. Egalement cosmopolite, le faucon crécerelle est absent de l’Australie, de l’Amérique centrale et du Sud. Il est nicheur sédentaire dans toute la France.

PNV - Stéphane Mélé

faucon pèlerin et le faucon crécerelle recherchent des espaces suffisamment ouverts* et riches en nourriture, pourvus de sites de nidification et de sites d’affût dominants. Si le faucon pèlerin occupe surtout des falaises, le faucon crécerelle, moins attaché aux parois pour sa reproduction, fréquente une grande diversité de milieux, jusqu’à 2 500 m d’altitude. Dotés d’une excellente vue et prédateurs confirmés, le faucon pèlerin et le faucon crécerelle se distinguent par leurs techniques de chasse et leurs proies. Le faucon pèlerin est le spécialiste de la chasse au vol. Sa technique consiste le plus souvent à veiller perché sur un poste d’affût, ou à planer haut dans le ciel, puis à fondre sur sa proie qu’il capture en plein vol. Merles, grives, pigeons et corvidés constituent son ordinaire. De constitution moins robuste et moins adroit en plein vol, le faucon crécerelle se nourrit essentiellement de petits rongeurs (campagnols, mulots, souris) et éventuellement d’insectes et de lézards qu’il capture au sol. Toutefois, quelques petits oiseaux (moineaux, etc.) peuvent occasionnellement figurer au menu. S’il peut repérer ses proies depuis ses postes d’affût situés au sommet d’un arbre, d’un poteau ou d’un rocher, il est surtout connu pour ses longues séquences de vol stationnaire contre le vent, appelé vol en « Saint-Esprit ». Cette technique particulière lui permet de déceler les moindres mouvements dans l’herbe, puis de piquer sur les rongeurs. La période de reproduction commence en février, avec les parades nuptiales, et se termine en août, au moment de la dispersion des jeunes. Cette période est plus courte pour le faucon crécerelle. Le nid est une dépression peu profonde grattée dans le sol, le sable ou la végétation, ou encore un nid abandonné. Si le faucon pèlerin niche essentiellement en falaise, le faucon

Faucon crécerelle posé dans un pré à Séez

En Vanoise, comme en Savoie, le faucon crécerelle est une espèce « commune ». De nombreux couples sont observés.

Regard sur quelques espèces - 163

Fiche-espèce n° 7

Écologie


Fiche-espèce n° 7

Menaces

Si le pillage des œufs et des jeunes au nid, pratiqué à des fins commerciales pour la fauconnerie, a régressé, il reste une menace pour le faucon pèlerin. D’une manière plus courante, cette espèce rupicole* est sensible au dérangement sur ses sites de reproduction : l’aménagement de via ferrata, le vol libre, la photographie animalière sont autant de pratiques qui, si elles ne sont pas cadrées, risquent de compromettre la reproduction de ce rapace. Le faucon crécerelle est sensible à la modification de son habitat (intensification agricole, urbanisation, etc.), particulièrement dans les zones de plaines, mais aussi aux risques d’électrocution, via les pylônes électriques qu’il utilise comme perchoir ou nichoir.

Protection et propositions de gestion

Le

faucon pèlerin et le faucon crécerelle sont des espèces protégées en France. Le faucon pèlerin est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux : la conservation de ses habitats* est prioritaire pour la communauté européenne. La réglementation de l’escalade et de la pratique de vias ferratas, lorsqu’elles s’exercent à proximité de sites de reproduction des couples nicheurs, ainsi que la surveillance préventive de certains sites de nidification contre les prélèvements illégaux, sont les mesures de gestion préconisées pour permettre le maintien des couples et le renforcement des populations en Vanoise. L’aménagement ou le changement des pylônes électriques les plus dangereux sont à recommander, partout où ces derniers sont utilisés par le faucon crécerelle.

Couples reproducteurs de faucon pèlerin en Vanoise

164 - Regard sur quelques espèces


X Le faucon pèlerin était adoré par les égyptiens qui avaient reconnu il y a déjà 3 500 ans ses performances visuelles, et utilisaient un hiéroglyphe en forme d’oeil de faucon pour signifier l’action de « voir ». Par ailleurs, il est l’archétype du dieu Horus, un des dieux les plus puissants et les plus souvent représentés du panthéon égyptien. X Le faucon pèlerin est l’oiseau le plus rapide du monde. Lorsqu’il pique sur une proie il peut atteindre des pointes de vitesse à 300 km / h. X Avec la buse variable, le faucon crécerelle est l’un des rapaces diurnes les plus communs en France ; plusieurs dizaines de milliers de couples y sont recensés. Le faucon pèlerin est beaucoup plus rare.

Regard sur quelques espèces - 165

Fiche-espèce n° 7

Le saviez-vous ?


Le hanneton commun (Melolontha melolontha) fait partie de la super-famille des scarabéidés qui compte environ 20 000 espèces dans le monde, comme le lucane cerf-volant, le bousier, le rhinocéros, la cétoine, etc. Ces insectes se distinguent par leurs antennes en forme de massue composées de feuillets mobiles. À Séez, cette espèce pourrait être confondue avec le hanneton de la Saint-Jean (Amphimallon solstitialis), qui toutefois est plus petit, occupe des milieux plus secs et dont les adultes ne s’envolent qu’à partir du solstice d’été.

une paire d’élytres brun rougeâtre ne couvrant pas l’extrémité de l’abdomen antennes plumeuses composée de 7 longs feuillets © Naturimages - René Reboux

gros oeil noir et proéminent

Jusqu’à 3 cm de longueur Hanneton commun mâle

Jusqu’à 1,8 cm de longueur antennes plumeuses composées de 3 feuillets courts

couleur du corps brun jaunâtre

© Naturimages - Jean François Cornuet

Fiche-espèce n° 8

Le hanneton commun

Hanneton de la Saint-Jean

Écologie

Le hanneton commun fréquente différents types de milieux : prairies, boisements, cultures, etc., jusqu’à environ 1000 mètres d’altitude.

166 - Regard sur quelques espèces

Son cycle de vie s’étend au moins sur 3 ans. Correspondant à la période de reproduction, la période de vol qui ne dépasse pas quelques semaines, a lieu d’avril à juillet. Les adultes s’envolent surtout au crépuscule ; ils se nourrissent alors des feuilles et des


PNV - Christian Balais

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le hanneton commun est présent en Europe Larve de hanneton commun

bourgeons d’arbres à feuilles caduques : chêne, hêtre, érable, noyer, arbres fruitiers, etc. À la fin de cette période, la femelle s’enfonce dans un sol meuble pour pondre 10 à 30 œufs. Les œufs éclosent au bout de 4 à 5 semaines pour donner des larves, appelées aussi « vers blancs ». Le développement larvaire dure 2 ans, au cours duquel la larve est active uniquement pendant l’été et au terme duquel elle peut atteindre une longueur de 4 cm ; vivant à faible profondeur, elle consomme alors les racines de tout type de plantes. Le reste de l’année, elle s’enfonce jusqu’à environ 1 m dans le sol pour hiberner. Cette phase de croissance se termine par une métamorphose, durant l’été de la deuxième année, au cours de laquelle la larve se transforme en nymphe. Toujours en milieu souterrain, cette nymphe aboutit à la forme adulte 2 mois plus tard. Après une période d’hibernation souterraine, l’adulte émerge au 3ème printemps après la ponte. Le hanneton commun présente une forte valeur nutritionnelle pour les animaux insectivores : taupe, hérisson, chauves-souris, etc. À Séez, il est particulièrement consommé par le petit murin et le grand murin (lire la

à l’exception des zones les plus septentrionales, de l’Italie et de l’Espagne.

Menaces

Très

commun en France jusque dans les années 1970 – 1980, les populations de hanneton commun ont, depuis, beaucoup régressé à cause de l’usage des insecticides et de l’évolution des pratiques culturales : labours de prairies et conversion de prairies en cultures de maïs, développement des résineux, etc. Cette situation ne vaut pas localement pour la commune de Séez qui connaît, tous les 3 ans, une très forte reproduction de hannetons. Lorsque les populations de hanneton sont importantes, les larves peuvent occasionner des dommages sur les prairies, les potagers (comme à Séez), tandis que la présence d’adultes en nombre est surtout problématique pour les vergers (pruniers, pommiers).

Protection et propositions de gestion

Le hanneton commun ne bénéficie d’aucun statut particulier.

Le saviez-vous ? X Toujours en mouvement, les antennes du hanneton commun sont des organes du toucher et de l’odorat. X Pour se protéger des insectes dits « ravageurs » et se garantir de bonnes récoltes et une bonne conservation de celles-ci, la population de Tarentaise implorait jadis un saint agraire : saint Grat.

Regard sur quelques espèces - 167

Fiche-espèce n° 8

fiche-espèce n°5), lorsque les adultes émergent en nombre au printemps.


Les campagnols sont de petits rongeurs (quelques dizaines à quelques centaines de grammes) ayant une allure trapue, une queue relativement courte, des yeux et des oreilles peu proéminents. Quatre des six espèces de campagnols présentes en Vanoise ont été observées à Séez : le campagnol des champs (Microtus arvalis), le campagnol roussâtre (Clethrionomys glareolus), le campagnol des neiges (Chionomys nivalis) et le campagnol terrestre (Arvicola terrestris). La morphologie des campagnols ne suffit généralement pas à distinguer les espèces entre elles, seule leur dentition permet de les différencier de manière certaine. Une exception cependant : la grande taille et le poids important du campagnol terrestre adulte permet de le différencier facilement des autres espèces.

Tête et corps longs de 11 à 14 cm 38 à 60 g

pelage épais et doux, gris brun clair dessus et gris blanchâtre dessous PNEcrins - Michel Francou

queue épaisse, longue et blanche, longue de 5 à 7,5 cm

Campagnol des neiges Tête et corps longs de 12 à 23,5 cm 80 à 320 g

PNEcrins - Pascal Saulay

Fiche-espèce n° 9

Le campagnol des neiges et le campagnol terrestre

Campagnol terrestre

Écologie

Le

campagnol des neiges fréquente les alpages rocailleux et les éboulis stables, dans les secteurs ensoleillés de préférence, ainsi que certains chalets de montagne. Principa-

168 - Regard sur quelques espèces

lement crépusculaire et nocturne, mais aussi parfois diurne, il est actif toute l’année. Il vit en petites colonies d’une vingtaine d’individus, creuse des galeries superficielles, mais se réfugie également dans les fissures de rochers ou entre les pierres. Il se nour-


Le

campagnol terrestre est présent en Europe, à l’exception de l’extrême partie occidentale, et se rencontre jusqu’en Sibérie orientale et au Moyen-Orient. En France, il est absent du nord-ouest, du centre-ouest et d’une bonne partie du sud-est. En Savoie, on peut l’observer depuis la plaine, où il a régressé suite à l’intensification agricole (maïsiculture), jusqu’à 1 850 m d’altitude (Tignes). Le campagnol des neiges est présent dans les montagnes d’Europe, du Caucase et du Proche-Orient. Sa distribution française se situe dans les Alpes, le Massif central, les Pyrénées et également en Provence, Languedoc et Roussillon. En Savoie, ce campagnol est connu essentiellement dans l’est du département (Beaufortain, Maurienne et Tarentaise).

Réseau de galeries creusé par les campagnols des neiges

Menaces

Aucune

menace particulière n’est aujourd’hui connue pour le campagnol des neiges. À Séez, il vit en altitude où il n’oc-

Regard sur quelques espèces - 169

Fiche-espèce n° 9

Répartition géographique et intérêts biologiques

PNV - Damien Hémeray

rit exclusivement de végétaux : graminées, laîches, myrtilles, saxifrages et trèfles. Sa reproduction a lieu de mai à septembre, et comporte 2 portées de 2 à 3 petits par an. La maturité sexuelle n’est atteinte qu’après le premier hiver. Le campagnol terrestre, appelé aussi « rat taupier », présente deux types écologiques : le type aquatique (Arvicola terrestris terrestris) qui affectionne les berges des cours d’eau lents à faible altitude, et le type fouisseur (Arvicola terrestris scherman) qui vit dans les prairies humides, les vergers, les plantations, etc., jusque vers 2 400 m d’altitude. Il préfère les milieux constitués d’un sol compact et peu caillouteux, dans lequel il creuse un réseau de galeries et de « taupinières ». L’espèce est à la fois diurne et nocturne. Le type aquatique se nourrit des parties aériennes de diverses plantes, tandis que le type fouisseur se nourrit essentiellement de racines charnues (bulbes, tubercules, etc.). Le campagnol terrestre vit en groupe familial d’une dizaine d’individus : les adultes accompagnés des jeunes de l’année. Sa reproduction s’étend de mars à octobre. Elle produit 2 à 5 portées par an, de 4 à 6 jeunes qui quittent le nid au bout de 2 semaines et peuvent se reproduire dès la cinquième semaine. Sa durée de vie est en moyenne de 2 ans. Les campagnols constituent la nourriture de base de nombreux mammifères carnivores, rapaces et autres oiseaux. La dynamique des populations du type fouisseur, encore mal connue aujourd’hui, présente des fluctuations extrêmes se traduisant par des pics qui ont lieu tous les 5 à 8 ans (cas du Jura). L’évolution du cycle est notamment limitée par l’action et le niveau d’abondance des prédateurs, les conditions climatiques, les parasites, les maladies et la capacité d’accueil du milieu. Il semble que ces pics aient été accentués à partir des années 1970, en même temps que l’intensification des pratiques agricoles.


Fiche-espèce n° 9

casionne aucun dégât. Sa présence est seulement signalée à la fonte des neiges par son réseau de galeries creusé pendant l’hiver. Par contre, lorsqu’il est en phase de pullulation, le campagnol terrestre peut occasionner des dommages importants : détérioration des prairies permanentes, des régénérations forestières, des jardins, etc., difficultés pour faucher du fait de la présence de « taupinières ». À Séez, le campagnol terrestre fréquente les prairies de fauche de fond de vallée où ses « taupinières » peuvent poser problème à l’égard des activités agricoles.

Protection et propositions de gestion

Le campagnol des neiges est inscrit à l’annexe III de la convention de Berne : il fait partie des espèces animales qui doivent faire l’objet d’une règlementation, afin de préserver ses populations. En Savoie, des études et

prospections sont souhaitables afin d’avoir une meilleure connaissance de ses effectifs et de sa répartition. Le campagnol terrestre ne bénéficie d’aucun statut particulier. Les méthodes de lutte curative chimique ont été décriées pour leur impact sur la faune sauvage, comme cela a été démontré en Franche-Comté dans les années 1990. Depuis le début des années 2000, une méthode de lutte préventive a été expérimentée : cette méthode vise à maintenir des populations de campagnols de faible effectif, afin d’anticiper et de résorber les phases de pullulations. Ce type de lutte combine la protection de prédateurs naturels comme le renard et la fouine qui se nourrissent préférentiellement de campagnols terrestres lors de pullulations, la mise en place de pratiques agricoles défavorables au campagnol terrestre (surfaces labourées, plantation de haies, pâturage, etc.), une intervention précoce, physique ou chimique, avant que les populations atteignent leur pic de croissance démographique.

Le saviez-vous ? X Le campagnol des neiges est le mammifère français vivant le plus haut, jusqu’à 4 700 m d’altitude dans les Alpes (mont Blanc). X Seuls les 30 premiers centimètres de neige en surface subissent l’influence des variations journalières de température. Au-delà, la température de la neige augmente jusqu’au contact du sol, où elle stagne autour de 0°C. C’est dans l’espace étroit entre le sol et la neige, que le campagnol des neiges passe l’hiver, isolé du froid et occupé à ronger des herbes et des racines. X La terre des « taupinières » de campagnol terrestre se distingue de celle des taupes par sa texture plus fine et plus meuble ; elles sont plus petites, de forme aplatie et contiennent de nombreux débris végétaux. Contrairement à la taupe qui rejette la terre avec ses pattes, le campagnol creuse les galeries à l’aide de ses quatre puissantes incisives. Il pousse la terre dans tout interstice souterrain et, s’il le faut, la refoule vers l’extérieur à l’aide de ses pattes et de sa tête. X D’importantes études et expérimentations ont été réalisées en Auvergne et en Franche-Comté au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, sur la dynamique des populations du campagnol terrestre de type fouisseur et sur les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre les dommages causés aux activités rurales. Ces informations sont accessibles sur un site internet : « Le portail de la lutte intégrée contre le campagnol terrestre » dont l’adresse est : http://www.campagnols.fr/.

170 - Regard sur quelques espèces


Annexes

Annexes



Annexes

Lexique 1] d’après le Dictionnaire des plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Les chauves-souris, maîtresses de la nuit (Arthur L. & Lemaire M., 1999) [4] d’après Les Dictionnaire de géologie (Foucault A. & Raoult J.-F., 1995) [5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993) [6] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al, 1999)

oOo Affouage À l’origine l’affouage est le bois de chauffage cédé aux habitants d’une commune, en contrepartie d’un travail collectif. Aujourd’hui, dans certaines communes, ce bois continue d’être prélevé dans la forêt communale et proposé aux habitants qui le souhaitent. Anthropophile Se dit des espèces animales ou végétales qui vivent dans un milieu habité ou fréquenté par l’homme. Ces espèces peuvent avoir avec l’homme des liens de type commensal, c’est-àdire profiter des résidus de nourriture laissés par l’homme, ou bien utiliser le lieu de vie de l’homme comme habitat* de substitution à leur habitat* naturel d’origine. Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. ou Groupement végétal en équilibre avec le milieu, caractérisé par une composition floristique dans laquelle certains éléments exclusifs révèlent une écologie particulière (Braun-Blanquet). Atterrissement [2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation de sédiments.

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Annexes

Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. La première catégorie d’êtres vivants est constituée par les producteurs (végétaux), la seconde par les consommateurs (herbivores et carnivores) et la dernière par les décomposeurs (charognards et détritivores). Climacique [2] Vient du nom climax et qualifie l’étape ultime de l’évolution d’une communauté végétale. Le climax correspond à l’optimum de développement de cette dernière, en tenant compte des conditions de sol et de climat du milieu considéré. Le climax est un stade d’équilibre dynamique susceptible de variations. Écholocation [3] Analyse des sons émis par la chauve-souris lui permettant de se localiser lorsque les sons sont renvoyés par un obstacle (principe du sonar). Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Etage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : 0 et 900 m pour l’étage collinéen, 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, 3 000 m et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts* (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbustes, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Futaie jardinée [1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine même du terme de futaie.

174 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville


Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatiques, géologiques et géographiques originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Hydrothermal Qui résulte de l’action des eaux thermales ; ainsi, un minéral hydrothermal est formé à partir des minéraux présents dans l’eau chaude. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des végétaux de haute taille. Nappes briançonnaises Nappes de charriage définies dans la région de Briançon, comportant les principaux gisements d’anthracite des Alpes. Les constituants de ces nappes ont dû former un domaine entre l’océan alpin à l’est (la Téthys) et l’océan valaisan. Nappe de charriage ou de recouvrement [4] Ensemble de terrains qui a été déplacé et qui est venu recouvrir un autre ensemble dont il était très éloigné. Nappes valaisannes Nappes de charriage dont les matériaux constitutifs ont appartenu, à une époque, à l’océan valaisan, défini en Valais suisse. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par l’épicéa. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine.

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Annexes

Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes et sont donc de tailles très variées, la futaie est dite jardinée.


Annexes

Relictuel(le) Qualifie une espèce ou un habitat* anciennement plus répandu et ayant persisté grâce à l’existence très localisée de conditions favorables. Relique ou relicte glaciaire [6] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Rupicole Caractère d’une plante ou d’un animal vivant sur les rochers. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi-naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique.

176 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville


Annexes

Bibliographie AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARMAND M., GOURGUES F., MARCIAU R. & VILLARET J.-C., 2008.- Atlas des plantes protégées de l’Isère et des plantes dont la cueillette est réglementée. Gentiana, Société botanique dauphinoise Dominique Villars, Grenoble ; Biotope, Mèze (collection Parthénope), 320 p. ARNAL G., 1996.- Les plantes protégées d’Ile-de-France. Collection Parthénope. Éd. Biotope. 349 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection … Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1972.- Premier aperçu de la végétation lichénique du Parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, II, 73-105. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1973.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, III, 73-104. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1974.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, V, 105-112. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1976.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise (II). Trav. sci. Parc nation. Vanoise, VII, 91-100. AUM ARCHITECTURE., 2001.- Commune de Séez. Plan d’occupation des sols du 19/02/2001. Rapport de présentation. 113 p. BARDET O., FÉDOROFF É., CAUSSE G. & MORET J., 2008.- Atlas de la flore sauvage de Bourgogne. Biotope, Mèze (Collection Parthénope) ; Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. 752 p. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 177


Annexes

CHAS E., LE DRIANT F., DENTANT C., GARRAUD L., VAN ES J., GILLOT P., REMY C., GATTUS J.-C., SALOMEZ P. & QUELIN L., 2006.– Atlas des plantes rares ou protégées des Hautes-Alpes. Société alpine de protection de la nature / Naturalia Publications ; (collection « Conservatoires nationaux alpin et méditerranéen » 1), 312 p. CHIBON P., 1976.- Les amphibiens dans le Parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome VII. p 149-155. CORA (Groupe Chiroptères Rhône-Alpes), 2002.- Atlas des chiroptères de Rhône-Alpes. Bièvre, hors série n°2. 134 p. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. 55 p. COSTE H., 1983.- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes. Tome III. 807 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. DELAHAYE T. & PRUNIER P., 2006.- Inventaire commenté et liste rouge des plantes vasculaires de Savoie. Bull. spécial Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°2. 106 p. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, écologie, menaces, espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p. DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. Edisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FISCHESSER B., 1995.- Connaître les arbres. Éd. Nathan. Paris, France. 351 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p.

178 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville


GUYÉTANT Robert, 1997.- Les amphibiens de France. Revue française d’aquariologie, supplément aux n°1-2. Pulnoy, France. 64 p. JANIN B., 1980.- Le col du Petit-Saint-Bernard. Frontière et trait d’union alpin. Éd. Trésors de la Savoie. Collection animée par l’Abbé Lucien Chavoutier. 191 p. KÜHNER R. & LAMOURE D., 1986.- Catalogue des Agaricales (basidiomycètes) de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, tome XV. p 103-187. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p. LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise. Tome XXI. 304 p. MACDONALD D. & BARRETT P., 1995.- Guide complet des mammifères de France et d’Europe. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 304 p. MOREAU Pierre-Arthur, 1997.- Mise à jour du «Catalogue des Agaricales de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes». Rapport non publié. 83 p. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministères de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998.- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1999.- Détermination des habitats potentiels de chasse utilisés par les colonies de petit murin (Myotis Blythii) et grand murin (Myotis myotis) de moyenne Tarentaise : sites d’Aime et de Séez, 29 et 30 juillet 1999. Parc national de la Vanoise, Chambéry. 4 p. + annexes PARC NATIONAL DE LA VANOISE.- Le guide du parc national de la Vanoise. Éd. Glénat. 175 p. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Édiscience international. Paris, France. 822 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 179

Annexes

GENSAC P., 1996.- Flore de Vanoise – Initiation à la flore de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 272 p.


Annexes

RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p. ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. SOCIÉTÉ D’HISTOIRE NATURELLE DE LA SAVOIE, 1994.- La gentiane croisette, Gentiana cruciata L. Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de la Savoie, n°258 - Octobre 1994. 38 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p.

180 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville


Annexes

Liste des plantes d’intérêt patrimonial

ancolie des Alpes

+

androsace alpine

+

androsace helvétique

+

cirse fausse hélénie

+

O O

2

génépi jaune

1

génépi vrai

1

génépi sabine

1

O P O

O O

1

jonc arctique

+

lycopode des Alpes

+

1

orchis nain des Alpes

+

1

orchis musc

+

3

+

3

P

O O P

O O

pédiculaire arquée

1

O

pédiculaire du mont Cenis

2

O

+

O

3

pyrole verdâtre

+

1

saule glauque

+

1

saxifrage fausse mousse

+

1

silène de Suède

+

1

stipe chevelue

1

streptope à feuilles embrassantes

1

violette des marais

1

O

O

2

+

gentiane croisette

+

Rochers et falaises

O

1

pédiculaire tronquée

Éboulis et moraines

Pelouses d’altitude et combes à neige

Aulnaie verte et landes d’altitude

Forêts de conifères

Prairies de fauche de vallée et d’altitude

Zones humides d’altitude

Lacs et cours d’eau

O

corallorhize trifide

gentiane à calice renflé

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Livre rouge tome 1

Protection

Les grands types de milieux de Séez

O O O

P

O O O O

Légende O : habitat* principal à Séez P : autre habitat à Séez Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires. Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 181



Annexes

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique) Cette liste mentionne uniquement les espèces citées dans le présent document.

Flore ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français chara

Nom scientifique Chara sp.

Nom patois

PLANTES SUPÉRIEURES Nom français aconit tue-loup adénostyle à feuilles d’alliaire airelle à petites feuilles alchémille à cinq feuilles ancolie des Alpes androsace alpine ou a. des Alpes androsace helvétique ou a. suisse androsace pubescente anémone du mont Baldo armérie des Alpes arnica des montagnes astragale de Montpellier aulne blanc aulne vert ou arcosse azalée naine ou azalée des Alpes bouleau bouleau blanc brome érigé camarine hermaphrodite campanule aggloméré campanule du mont Cenis centaurée scabieuse céphalanthère blanche cerfeuil doré

Nom scientifique Aconitum vulparia Adenostyles alliariae Vaccinium uliginosum subsp. Alchemilla pentaphylla Aquilegia alpina Androsace alpina Androsace hevetica Androsace pubescens Anemone baldensis Armeria alpina Arnica montana Astragalus monspessulanus Alnus incana Alnus viridis Loiseleuria procumbens Betula sp. Betula pendula Bromus erectus Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum Campanula glomerata Campanula cenisia Centaurea scabiosa Cephalanthera damasonium Chaerophyllum aureum

Nom patois

pourta rozò

arnica pèyzèthè droùza biù

campanet’ campanet’

Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 183


Annexes

chénopode bon-Henri ou Chenopodium bonus-henricus verkouin cirse fausse hélénie Cirsium heterophyllum colchique Colchicum sp. favôtè corallorhize trifide Corallorrhiza corallorhiza dactyle aggloméré Dactylis glomerata dompte-venin officinal Vincetoxicum hirundinaria doradille noire Asplenium trichomanes edelweiss ou étoile des neiges Leontopodium alpinum épicéa Picea abies pèssè épipactis pourpre-noirâtre Epipactis atrorubens gagée de Liotard Gagea fragifera génépi (genépi) jaune ou g. femelle Artemisia mutellina = A. umbelliformis zénépy génépi (genépi) vrai ou g. mâle Artemisia genipi zénépy genévrier nain Juniperus nana zeneyvro genévrier sabine Juniperus sabina zeneyvro gentiane à calice renflé Gentiana utriculosa insan’na gentiane croisette Gentiana cruciata insan’na gentiane jaune Gentiana lutea insan’na gentiane printanière Gentiana verna insan’na géranium des bois Geranium sylvaticum jeranioun goodyère rampante Goodyera repens grand boucage Pimpinella major jonc arctique Juncus arcticus blaché jonc filiforme Juncus filiformis blaché joubarbe des toits Sempervivum tectorum joubarbe toile-d’araignée Sempervivum arachnoideum ravè de tchivrè kœlérie pyramidale Koeleria pyramidata laîche bicolore Carex bicolor leyssi laîche brune Carex nigra leyssi laîche de Davall Carex davalliana leyssi laîche fétide Carex foetida leyssi laitue des Alpes Cicerbita alpina lotier corniculé Lotus corniculatus lycopode à rameaux d’un an Lycopodium annotinum lycopode des Alpes Lycopodium (= Diphasiastrum) alpinum lycopode sélagine Huperzia selago mélèze Larix decidua brinze merisier à grappes Prunus padus poutér myrtille Vaccinium myrtillus louyssré nard raide Nardus stricta néottie nid-d’oiseau Neottia nidus-avis noyer Juglans regia noyé orchis nain des Alpes ou Chamorchis alpina chamorchis des Alpes orchis musc Herminium monorchis origan commun Origanum vulgare marzolàn’na

184 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville


renouée bistorte renouée du Japon rhinanthe rhododendron ferrugineux rue des murailles ou doradille rue-de-muraille rumex des Alpes ou rhubarbe des moines sabline à deux fleurs safran sainfoin sapin blanc ou s. pectiné sauge des prés saule saule faux daphné saule glauque saule noircissant saxifrage à deux fleurs saxifrage fausse mousse saxifrage faux aïzoon silène de Suède soldanelle des Alpes streptope à feuilles embrassantes tabouret à feuilles rondes thym trisète en épi trisète jaunâtre trolle d’Europe tussilage pas-d’âne

Sedum album Urtica dioica Oxalis acetosella Pedicularis gyroflexa Pedicularis cenisia Pedicularis recutita Petasites sp. Pinus uncinata Pinus sylvestris Taraxacum officinale Plantago sp. Caltha palustris Primula hirsuta Pyrola chlorantha Arctostaphylos uva-ursi Ranunculus trichophyllus subsp. eradicatus Polygonum bistorta Reynoutria japonica Rhinanthus sp. Rhododendron ferrugineum Asplenium ruta-muraria Rumex alpinus Arenaria biflora Crocus sativus Onobrychis sp. Abies alba Salvia pratensis Salix sp. Salix daphnoides Salix glaucosericea Salix myrsinifolia Saxifraga biflora Saxifraga muscoides Saxifraga aizoides Silene suecica Soldanella alpina Streptopus amplexifolius Noccaea rotundifolia Thymus sp. Trisetum spicatum Trisetum flavescens Trollius europeus Tussilago farfara

fromintroula ortchey

dâllye leytichoùn

piapér

tartarygi brijolér

touê

vargno sâzi

prinpuçèt’

botoun d’or invidjiu ou pâ d’âno

Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 185

Annexes

orpin blanc ortie dioïque oxalis petite oseille pédiculaire arquée pédiculaire du mont Cenis pédiculaire tronquée pétasite pin à crochets pin sylvestre pissenlit plantain populage des marais primevère hérissée pyrole verdâtre raisin-d’ours commun ou busserolle renoncule déracinée


Annexes

vérâtre blanc ou hellébore blanc violette des marais

Veratrum sp. Viola palustris

varâro

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES (nom patois : parpioùla) Nom français azuré de la canneberge azuré du genêt azuré du serpolet grand apollon hespérie pas-d’âne moiré lancéolé moiré velouté petit apollon petite tortue piéride de la rave piéride du vélar solitaire

Nom scientifique Plebejus optilete Plebejus idas Maculinea arion Parnassius apollo Pyrgus cacaliae Erebia alberganus Erebia pluto Parnassius phoebus Aglais urticae Pieris rapae Pontia callidice Colias palaeno

Nom patois

INSECTES : ORTHOPTÈRES (nom patois : salyô) Nom français criquet des clairières criquet des pâtures criquet jacasseur decticelle bariolée decticelle des alpages dectique verrucivore gomphocère des alpages grande sauterelle verte miramelle alpestre miramelle des frimas miramelle des moraines

Nom scientifique Chrysochraon dispar Chorthippus parallelus Stauroderus scalaris Metrioptera roeseli Metrioptera saussuriana Decticus verrucivorus Gomphocerus sibiricus Tettigonia viridissima Miramella alpina subalpina Bohemanella frigida Podisma pedestris

Nom patois

AUTRES INSECTES Nom français hanneton commun mante religieuse

Nom scientifique Melolontha melolontha Mantis religios

186 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville

Nom patois


Annexes

Faune vertébrée POISSONS (nom patois : peychoun) Nom français chabot truite arc-en-ciel truite fario ou truite de rivière

Nom scientifique Cottus gobio Oncorhynchus mykiss Salmo trutta fario

Nom patois

AMPHIBIENS Nom français crapaud calamite crapaud commun grenouille rousse

Nom scientifique Bufo calamita Bufo bufo Rana temporaria

Nom patois krapô krapô rinoilly

REPTILES Nom français lézard des murailles lézard vert lézard vivipare orvet vipère aspic

Nom scientifique Podarcis muralis Lacerta viridis Lacerta vivipara Anguis fragilis Vipera aspis

Nom patois larmouije

lanvyu vipera

OISEAUX (nom patois : aoujé) Nom français accenteur alpin accenteur mouchet aigle royal aigrette garzette alouette des champs balbuzard pêcheur bec-croisé des sapins bihoreau gris bouvreuil pivoine bruant fou caille des blés canard chipeau canard souchet cassenoix moucheté

Nom scientifique Prunella collaris Prunella modularis Aquila chrysaetos Egretta garzetta Alauda arvensis Pandion haliaetus Loxia curvirostra Nycticorax nycticorax Pyrrhula pyrrhula Emberiza cia Coturnix coturnix Anas strepera Anas clypeata Nucifraga caryocatactes

Nom patois

âyi alouete

Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 187


Annexes

chevêchette d’Europe ou chouette chevêchette chocard à bec jaune chouette de Tengmalm ou nyctale de T. chouette hulotte cigogne blanche crabier chevelu crave à bec rouge faucon crécerelle faucon kobez faucon pèlerin fauvette à tête noire fauvette babillarde fauvette des jardins fuligule milouin fuligule milouinan fuligule morillon gélinotte des bois grande aigrette grèbe castagneux grives héron garde-bœufs héron pourpré hirondelle de cheminée ou hirondelle rustique hirondelle de rochers lagopède alpin ou perdrix des neiges martinet noir merle à plastron mésange bleue mésange boréale mésange charbonnière mésange huppée mésange noire monticole merle de roche niverolle alpine perdrix bartavelle pic noir pie bavarde pie-grièche écorcheur pinson des arbres pipit spioncelle pouillot de Bonelli pouillot véloce

Glaucidium passerinum Pyrrhocorax graculus Aegolius funereus

korbé

Strix aluco Ciconia ciconia Ardeola ralloides Pyrrhocorax pyrrhocorax Falco subbuteo Falco vespertinus Falco peregrinus Sylvia atricapilla Sylvia curruca Sylvia borin Aythya ferina Aythya marila Aythya fuligula Bonasa bonasia Egretta alba Trachybaptus ruficollis Turdus sp. Bubulcus ibis Ardea purpurea Hirundo rustica

tchèvréla

Ptyonoprogne rupestris Lagopus mutus

irondele arbina

Apus apus Turdus torquatus Parus caeruleus Parus montana Parus major Parus cristatus Parus ater Monticola saxatilis Montifringilla nivalis Alectoris graeca Dryocopus martius Pica pica Lanius collurio Fringilla coelebs Anthus spinoletta Phylloscopus bonelli Phylloscopus collybita

188 - Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville

korbé kibleta

favèta favèta favèta

irondele

merle mésange mésange mésange mésange mésange

bartavêla pioùc


Regulus regulus Regulus ignicapillus Acrocephalus palustris Anas querquedula Anas crecca Carduelis flammea Saxicola rubetra Tetrao tetrix Tichodroma muraria Troglodytes troglodytes

reytolett’ reytolett’

fèyjan terachôt’

MAMMIFÈRES Nom français blaireau européen bouquetin des Alpes campagnol des neiges campagnol terrestre cerf élaphe chamois chevreuil écureuil roux fouine grand murin lièvre brun ou l. commun ou l. d’Europe lièvre variable marmotte alpine ou m. des Alpes martre des pins musaraigne bicolore musaraigne carrelet musaraigne des jardins petit murin pipistrelle commune ou p. d’Europe renard roux sanglier vespère de Savi

Nom scientifique Meles meles Capra ibex Microtus nivalis Arvicola terrestris Cervus elaphus Rupicapra rupicapra Capreolus capreolus Sciurus vulgaris Martes foina Myotis myotis Lepus capensis

Nom patois tachoùn bokassagn’ raté raté sèr samu

Lepus timidus Marmotta marmotta Martes martes Crocidura leucodon Sorex araneus Crocidura suaveolens Myotis blythi Pipistrellus pipistrellus Vulpes vulpes Sus scrofa Hypsugo savii

blan marmotta

vèrdachi faïna ratta-volatéré lievro

mouzèt mouzèt mouzèt ratta-volatéré ratta-volatéré reynâr ratta-volatéré

Beaucoup de noms en patois sont issus d’importants travaux effectués par Célestin Freppaz, maire de Séez de 1935 à 1965. Ces travaux sont archivés à la mairie de Séez.

Découvrir le patrimoine naturel de Saint-Martin-de-Belleville - 189

Annexes

roitelet huppé roitelet triple-bandeau rousserolle verderolle sarcelle d’été sarcelle d’hiver sizerin flammé tarier des prés ou traquet tarier tétras-lyre ou petit coq de bruyère tichodrome échelette troglodyte mignon


Ce document a été rédigé par : Christine Garin, Virginie Bourgoin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l’aide d’un groupe de travail : Philippe Arpin, Pierre Favre, Jean-Louis Grand, Jean-Luc Penna, Fabien Raisson – Mairie de Séez s Pascale Odin-Guichon – Accompagnatrice en montagne et guide du patrimoine des pays de Savoie, habitante de Séez s Jean-Paul Gaidet, James Mérel, Fabrice Villaret – Guides de haute montagne s Jean-Yves Vallat – Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique Lacs et Torrents s François-Xavier Girardo - Office national des forêts s Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise s Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie s Jean-Louis Grand – Mairie de Séez Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Christian Balais, Thierry Delahaye, Michaël Delorme, Patrick Folliet, Serge Fudral, Guy-Noël Grosset, Benoît Martineau, Jean-Pierre Martinot - Parc national de la Vanoise s Emilie Cerdan – Mairie de Séez s Francis Guichon – Accompagnateur en montagne, habitant de Séez s Jean Jacquemoud, Jean-Claude Pugin, habitants de Séez s Denise Pézet, groupe patrimoine de Bourg-Saint-Maurice s Roger de Ascencao Guédès – Géologue s Michel Savourey entomologiste s Bernard Bal - Miramella s Conservatoire botanique national alpin - Equipe de l’antenne Ain-Alpes du Nord s Bruno Bletton – Chambre d’agriculture de la Savoie. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Séez : Raphaël Arlettaz, Thierry Arsac, Catherine Balais, Christian Balais, Joël Blanchemain, Marie-Geneviève Bourgeois, Jean Bourgogne, Philippe Christe, Virginie Bourgoin, Thierry Delahaye, H. De Lesse, Michaël Delorme, Annie Ferbayre, JeanPaul Ferbayre, Frédéric Fima, P. Giraud, Christophe Gotti, Régis Jordana, Patrice Leraut, A. Leveque, Jean-Pierre Lumaret, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Mélé, Museum Amsterdam Kruseman, Adolf Nadig, J. Nel, Aura Penloup, Benjamin Plumecocq, Gwendal Rannou, Réseau loup-lynx, Clotilde Sagot, Michel Savourey, Frantz Storck, Henri Suret, François Vaillant. Financement : Parc national de la Vanoise s Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Claire Lagaye - Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise Couverture : Vizo Studio Mise en page intérieure & impression: Christel Javori - Imprimerie Vasti Dumas - Tél. 04 77 81 50 00 Photos : - Première de couverture : Séez au printemps - Christian Balais - Quatrième de couverture : Fleurs d’astragale Grand murin Jonc filiforme de Montpellier CPNS - Manuel Bouron CPNS - Philippe Freydier PNV - Christian Balais

Branches et cônes d’un Cerf et biche Gentiane croisette jeune pin sylvestre en lisière forestière PNV - Christian Balais PNV - Christian Balais PNV - Ludovic Imberdis

Mâle de hanneton commun ©naturimages René Reboux

Campagnol des neiges PNEcrins Michel Francou

Faucon pèlerin ©naturimages Frédéric Spada

Imprimé sur papier blanchi sans chlore - PEFC ISBN 2-901617-31-X Dépôt légal : 4è trimestre 2010 N° imprimeur : V 003319/00


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