Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

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TERMIGNON-LA-VANOISE Découvrir le patrimoine naturel de Avec le concours financier de :

Découvrir le patrimoine naturel de TERMIGNON-LA-VANOISE


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Termignon-la-Vanoise s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire La

Haute-Maurienne, au travers de quelques villages, au-delà des guides et dépliants touristiques, au-delà d’articles et reportages lapidaires, s’est engagée à faire découvrir le patrimoine naturel, tant pour sa population locale que touristique car beaucoup en ont entendu parler, peu savent et finalement, trop peu le connaissent. Ce travail a été initié et mené à bien grâce notamment au concours du Parc national de la Vanoise et du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, en collaboration avec la municipalité, le groupe de travail constitué et les personnes âgées consultées pour la transmission de leur savoir. À la lecture de cette revue, vous découvrirez des choses surprenantes, intimement liées à cette terre, tantôt nourricière, tantôt brutale, terrains d’aventures, humains parfois étonnants. De tout cœur, nous espérons que cet ouvrage vous donne l’envie d’en savoir davantage sur cette terre de Haute-Maurienne et que cette dernière vous apparaisse encore plus attachante, ce sera là notre plus belle récompense.

Le Maire, Alain PÉAQUIN


Sommaire

*

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Préface Le mot du Maire

* *

Présentation - Quelles richesses naturelles sur la commune ? Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Termignon Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie

* *

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Préambule Fiche-milieu n°1 : Fiche-milieu n°2 : Fiche-milieu n°3 : Fiche-milieu n°4 : Fiche-milieu n°5 : Fiche-milieu n°6 : Fiche-milieu n°7 : Fiche-milieu n°8 : Fiche-milieu n°9 : Fiche-milieu n°10: Fiche-milieu n°11: Fiche-milieu n°12: Conclusion

Les habitations et leurs abords Les cours d'eau et les lacs Les zones humides d’altitude L’adret, les pelouses sèches et les landes sèches Les prairies de fauche Les forêts de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses d’altitude et les combes à neige Les éboulis et les moraines Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés

Regard sur quelques espèces Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 :

Le chardon bleu des Alpes L’hysope officinale Les génépis L’astragale de Lienz La potentille multifide L’herminium à un bulbe Le gypaète barbu Le lagopède alpin La marmotte des Alpes La zygène de la Carniole Le chamois des Alpes Le bouquetin des Alpes

* Annexes Lexique*

Bibliographie Espèces végétales d’intérêt patrimonial à Termignon Index des noms d’espèces

p. p.

1 3

p. p. p. p. p. p. p.

7 9 14 18 24 30 33

p. 39 p. 41 p. 42 p. 48 p. 57 p. 65 p. 72 p. 81 p. 90 p. 96 p. 103 p. 112 p. 119 p. 126 p. 131 p. 135 p. 136 p. 139 p. 142 p. 144 p. 147 p. 149 p. 151 p. 154 p. 157 p. 160 p. 162 p. 165 p. 169 p. 171 p. 176 p. 181 p. 184

(*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Termignon-la-Vanoise

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Sommaire

Présentation

Un aperçu général de la commune La commune de Termignon-la-Vanoise, en Savoie, se situe dans la haute vallée de la Maurienne, dans la partie la plus méridionale des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets (col de la Leisse, col de la Rocheure, Grande Motte, Grande Casse, col de la Vanoise, dôme de Chasseforêt, dôme de l’Arpont, Dent Parrachée, pointe du Châtelard, pointe de Vallonbrun, Grand roc Noir et pointe du Grand Vallon), avec neuf communes limitrophes : Val d’Isère, Tignes, Champagny-en-Vanoise, Pralognan-la-Vanoise, Aussois, Sollières-Sardières, Lanslebourg-Mont-Cenis, Lanslevillard et Bessans). Termignon-laVanoise est rattachée administrativement au canton de Lanslebourg-Mont-Cenis. D’une surface de 18 057 hectares, Termignon fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. Une superficie de 15 370 hectares de son territoire est classée en zone centrale* du Parc, le reste est inclus dans la zone périphérique*.

Termignon, commune du Parc national de la Vanoise

Géologie et géomorphologie

(D’après le plan de gestion du secteur de Termignon - Parc national de la Vanoise). Le secteur de Termignon est situé à la limite

entre la zone briançonnaise* interne, qui consiste en un socle granitique ou gneissique d’âge secondaire, et la zone liguropiémontaise (ou nappe des schistes lustrés*), constituée de gabbros et de basaltes, de

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9


Plan du Lac se situe à la limite entre les deux unités géologiques. Il correspond à un replat structural, raboté par les glaces débordantes du Doron de Termignon. À partir de ce point s’ouvrent deux vallées : - la vallée de la Rocheure est dominée dans sa partie basse par la crête de Pierre Brune, constituée des mêmes calcaires liasiques noirs que la Grande Casse, et dans sa partie haute, par le massif de schistes lustrés* à roches vertes de la Sana (zone liguro-piémontaise). - la vallée de la Leisse s’ouvre par la cuvette d’Entre-Deux-Eaux, ombilic de surcreusement glaciaire en amont de l’énorme

PNV - Nathalie Tissot

Présentation

schistes, de calcschistes* et de marbres. Cette limite se situe aux environs d’une ligne Termignon - Plan du Lac. Elle se traduit par la présence de cargneules* (Plan du Lac, la Chira, le Coêtet, etc.) et de gypses dans une moindre mesure (dans la forêt d’Arc, à l’ouest du Replat des Canons). Dans la zone briançonnaise*, la grande voûte de Chasseforêt constitue le socle ancien de la Vanoise méridionale. La Dent Parrachée et la Grande Casse, caractérisées par leurs épais calcaires liasiques noirs, sont des fragments de la nappe briançonnaise, autrefois réunis au niveau du dôme de Chasseforêt.

PNV - Christophe Ferrier

La Grande Casse et les crêtes menant à la Grande Motte

Microplis de schiste

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


L’Arc traverse le territoire communal dans

La Grande Casse et la pointe Mathews

gorges du Doron, profondes de 500 m, qui séparent les glaciers de la Vanoise à l’ouest, du secteur de Plan du Lac à l’est. Outre les deux torrents d’altitude, qui ont donné leur nom aux deux principaux vallons de Termignon (vallons de la Leisse et de la

PNV - Patrick Folliet

sa partie méridionale. À hauteur du village se trouve sa confluence avec le Doron de Termignon. Celui-ci prend naissance vers Entre-Deux-Eaux, où se rejoignent les torrents de la Leisse et de la Rocheure. Le Doron s’écoule alors vers le sud, dans les

PNV - Joël Blanchemain

Morphologie de Termignon-la-Vanoise

Présentation

verrou, constitué par la retombée orientale du dôme de Chasseforêt, entaillé par le Doron de Termignon. Le fond du vallon de la Leisse présente une géologie plus complexe : des restes d’une nappe briançonnaise distincte de celle de la Grande Motte et chevauchée par elle. Les mouvements de la tectonique alpine (superposition de nappes, érosion partielle, mouvements verticaux, etc.) et l’érosion glaciaire ont joué un rôle important dans la géomorphologie. Les glaciers ont laissé des empreintes visibles sur les paysages de Termignon-la-Vanoise : moraines, vallée en auge avec de nombreux verrous (tels que le verrou du Barrioz, entre Termignon et Lanslebourg-Mont-Cenis), ombilics de surcreusement (Entre-Deux-Eaux), etc.

Vue vers le vallon de la Leisse, la pointe Mathews (à g.) et la Grande Motte (à dr.)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11


L’habitat

PNV - Joël Blanchemain

Le chef-lieu, construit à 1 295 m d’altitude, forme une station-village lovée au cœur de la confluence du Doron de Termignon et de l’Arc. L’habitat de type groupé, est constitué de l’ensemble des habitations permanentes, ainsi que des habitations secondaires. En dehors du village, l’habitat termignonais se caractérise également par : - les chalets “desservant” les montagnettes : la Fontanelle, la Traverstaz, le Villard, etc. - les chalets d’alpage : Chavière, Bellecombe, la Rocheure, Entre-Deux-Eaux, etc. - les six refuges d’altitude : de l’Arpont, la Leisse, la Femma, Plan du Lac, EntreDeux-Eaux et du lac Blanc.

Refuge de la Femma en hiver

PNV - Nathalie Tissot

Présentation

Rocheure), le Doron est alimenté par les ruisseaux provenant de la fonte des glaciers, en rive droite, et par le ruisseau de Chavière, en rive gauche. Le village, situé sur un large replat, est entouré par un secteur agricole (cultures et prairies de fauche). Celui-ci s’étend également sur les deux rives du Doron aval. Une zone d’alpage et de prairies de transition (mandes* et prés herpines*) prolonge ce secteur en altitude. Au-dessus des zones agricoles déboisées, se trouve une importante zone forestière, qui cède la place, plus haut en altitude, à un vaste domaine pastoral, entrecoupé d’éboulis, moraines, rochers et falaises, puis aux glaciers. La commune se caractérise par une forte amplitude altitudinale : de 1 270 m dans la vallée de l’Arc à 3 855 m au sommet de la Grande Casse. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l’existence de quatre étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un étage nival. Termignon-la-Vanoise est une commune de haute montagne : près de 60 % de sa surface se trouve à une altitude supérieure à 2 500 m.

Vue sur la vallée du Doron de Termignon avec ses prairies de fauche et ses pâturages

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Depuis, en revanche, elle est en augmentation. Au dernier recensement (1999), la population termignonaise atteignait 426 habitants (+85 habitants en 24 ans).

PNV - Jacques Perrier

L’implantation humaine est très ancienne à Termignon. Jusqu’au XIXe siècle, la population essentiellement agricole connaît une croissance relativement constante, ponctuellement affaiblie, par les guerres notamment. Elle aurait atteint malgré tout jusqu’à 1 600 habitants au cours du XVIIe siècle. Comme dans de nombreuses régions en France, on assiste au XIXe siècle à une forte

croissance démographique. La population atteint 1 254 habitants en 1838. Le déclin commence à cette date et se poursuit jusqu’en 1946 (351 habitants). À partir de là, la démographie évolue irrégulièrement jusqu’en 1975, où elle se stabilise.

PNV - Nathalie Tissot

Maisons en pierre au hameau de la Chavière

Chef-lieu vu d'en haut en hiver

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13

Présentation

La population


Sommaire

Présentation

Dimension économique L’implantation humaine s’est établie via une activité agro-pastorale vivrière, qui a continué à être pratiquée par une partie de la population jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. L’exploitation de la forêt était le complément hivernal de ces activités agropastorales. Le commerce lié aux passages vers les cols (un péage existait à Entre-DeuxEaux) et l’exploitation de carrières d’amiante comptaient également parmi les ressources économiques des termignonais. Aujourd’hui, l’agriculture reste très dynamique. On assiste cependant à un essor de l’activité touristique, lié à la création du Parc national de la Vanoise en 1963 et, plus récemment, au développement du domaine skiable.

L’agriculture

PNV - Nathalie Tissot

Termignon-la-Vanoise présente une forte activité agricole, d’autant plus que de nombreux agriculteurs retraités conservent quelques bêtes. Par ailleurs, deux jeunes agriculteurs se sont installés récemment sur la commune (en 2003 et 2004). En 2000, Termignon compte 24 exploitations agricoles sur lesquelles travaillent 26 agriculteurs. C’est un tiers d’exploitations et d’agriculteurs de moins qu’en 1988.

Troupeau de vaches tarines. Démontagnage d'Entre-Deux-Eaux vers Plan du Lac

En 2000, la surface agricole utilisée totale sur la commune représente 1 927 hectares. Cette partie, hors alpage, est essentiellement constituée de prairies naturelles, fauchées et/ou pâturées ; elle comprend

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

aussi 50 hectares de terres labourables semées en luzerne, mais aussi en orge, en blé et pomme de terre. La surface cultivée a diminué d’un tiers en 12 ans (78 hectares en 1988). Il existe quatre grands secteurs d’alpage : Chavière, Entre-Deux-Eaux, la Leisse et la Rocheure, comprenant, au total, plus d’une vingtaine d’unités d’alpage où se répartissent les troupeaux : la Chira, la Turra, l’Arpont, le Piou, Bellecombe, Plan du Lac, etc. Les alpages couvrent une surface totale de 5 690 hectares. Toutes les exploitations pratiquent l’inalpage*. Un groupement pastoral permet une gestion collective de l’alpage de la Rocheure. Les exploitations sont principalement tournées vers l’élevage bovin laitier ou ovin viande. Certaines d’entre elles sont mixtes. En légère augmentation (+7,5 %) par rapport à 1988, le cheptel bovin termignonais compte, en 2000, 273 têtes. Il est exclusivement laitier avec 207 vaches laitières réparties en une dizaine de troupeaux, auxquelles s’ajoutent une soixantaine de génisses. Termignon-laVanoise se trouve dans la zone d’appellation d’origine contrôlée Beaufort. Le lait est collecté par la coopérative de Val Cenis - Vanoise, ou transformé en alpage


par un berger et ses chiens le jour et parqués la nuit. Un élevage caprin laitier d’une quarantaine de bêtes (production de fromage) et un élevage de plus de 70 chevaux, présents uniquement l’été en alpage, complètent les activités d’élevage de la commune. Au moins cinq personnes produisent du miel. Beaucoup moins nombreuses que par le passé, leur exploitation est devenue anecdotique dans le cadre de l’activité agricole. L’agriculture ne constitue en général pas la seule activité des agriculteurs. La plupart sont pluri-actifs et travaillent en station de ski en hiver.

Le bleu de Termignon appartient à la catégorie des fromages persillés de HauteMaurienne. Il est fabriqué à partir du lait de vache, selon la technique ancienne qui consiste à mélanger un caillé du jour avec un caillé de la veille. Ce mélange est pressé à la main dans des moules en pin cembro garni d’une toile de lin. C’est un fromage qui ne possède pas de cahier des charges, ni de syndicat de producteurs ; son goût, sa forme et son aspect peuvent donc varier d’un producteur à un autre. Chaque pièce est affinée 4 à 5 mois et pèse environ une dizaine de kilo. Les persillés savoyards se sont développés entre le XVIe et le XVIIIe. Aujourd’hui ces fromages sont devenus rares du fait de la diminution des petites exploitations, seules capables de les produire. Ainsi en 2005, le bleu de Termignon est fabriqué sur la commune par six producteurs qui confectionnent au moins une centaine de pièces entre juin et septembre.

Gérard Cottet

LE BLEU DE TERMIGNON

Bleu de Termignon

Certaines de ces pièces sont vendues jusque sur des étals célèbres de Paris.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

en fromages : tomme et bleu de Termignon, ainsi qu’en beurre. Le Beaufort est fabriqué à la coopérative laitière. Les vaches pâturent autour du village jusqu’en juin, puis montent en alpage. Le cheptel ovin viande représente 1 345 brebis mères en 2000 ; il n’y a pas, ou très rarement, de troupeaux transhumants. Les brebis partent en mai pour les montagnettes et à partir de la seconde quinzaine de juin, en alpage. La présence de grands prédateurs entraîne une modification dans l’activité pastorale. En terme de gestion des troupeaux, tous les cas peuvent se rencontrer, depuis les troupeaux qui ne bénéficient d’aucun parcage ni gardiennage, jusqu’à ceux qui sont gardés


Les activités proposées sur la commune sont diverses et principalement de plein air. Elles combinent la découverte des patrimoines naturel et culturel, les activités sportives d’été et d’hiver (voir la liste des activités dans l’encadré p. 17). Une originalité de Termignon-la-Vanoise

PNV - Jacques Perrier

La création en 1963 du Parc national de la Vanoise a été le vecteur du développement d’un tourisme vert, basé sur la randonnée et la découverte du patrimoine naturel (faune, flore) local. L’activité touristique hivernale fonctionne depuis 1950 et a pris une autre dimension avec la création d’un nouveau domaine skiable en 1990 sur le massif du Mont Froid. Ainsi, Termignon-la-Vanoise connaît des saisons touristiques estivale et hivernale, avec des pointes de fréquentation en février et de juillet à août. La population peut atteindre alors 3 000 habitants. Le nombre de lits touristiques est en progression. Il s’élève à plus de 2 600 et se répartit entre deux hôtels, des appartements meublés, des gîtes, un gîte d’étape, des chambres d’hôte, un centre de vacances, un campingcaravaneige, des résidences secondaires et six refuges d’altitude.

tient en la présence de la Maison de la Vanoise, dans le centre-bourg. Cette structure communale, qui permet l’emploi d’une personne à plein temps, accueille plusieurs services tels l’office de tourisme, la muséographie du Parc national de la Vanoise et la poste. Outre la Maison de la Vanoise qui informe les vacanciers sur les activités offertes, un ensemble de professionnels de la montagne permet d’organiser ces activités : accompagnateurs en moyenne montagne, permanence de guides de haute montagne, moniteurs de ski, etc.

Randonneurs en direction du Plan des Nettes

De nombreux sentiers de randonnée balisés sillonnent le territoire de la commune, dont le GR®5 qui parcourt le territoire de la commune, ainsi que le GR®55, itinéraire emprunté par la Grande Traversée des Alpes.

PNV - Christophe Gotti

Présentation

Le tourisme

Télésiège de la Leisse

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise ; - sentiers thématiques en forêt - muséographie du Parc national.

Découverte du patrimoine culturel : - chemins du Baroque (visites de l'église et de la chapelle) ; - visites du village organisées par un guide du patrimoine.

Activités sportives d’été : -

pêche ; randonnée pédestre, alpinisme, escalade ; parapente ; VTT, équitation, parc aventure.

Et sports d’hiver : - ski de piste, de fond et de randonnée ; - raquettes ; - balades en chiens de traîneaux.

L’industrie

Autres

Dans

La

le cadre d’une politique nationale, l’entreprise EDF a investi le territoire de Termignon-la-Vanoise dès 1948. De nombreuses prises d’eau prélèvent l’essentiel des débits des torrents (Leisse, Rocheure, Doron et affluents) afin d’assurer, via un réseau de galeries souterraines, le remplissage de Plan d’Aval (Aussois).

commune bénéficie d’autres activités liées aux commerces (restauration, magasin de sport, alimentation, etc.), à l’artisanat et aux petites entreprises (maçonnerie, exploitation de sables et graviers, etc.), aux professions libérales (vétérinaires, architectes, ambulances, etc.), à la gestion forestière et aux services (poste, école, etc.). Plusieurs habitants travaillent dans des centres d’activités voisins : au centre de l’Office national d’étude et de recherches aérospatiales de Modane-Avrieux, à la gare SNCF et à la douane de Modane, dans les centres EDF de Maurienne.

Les milieux naturels préservés de Termignon-la-Vanoise sont le support d'activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de son environnement et de son patrimoine bâti est l'un des atouts majeurs de la commune. C'est une source de richesse non négligeable : l'activité touristique estivale de Termignon-la-Vanoise repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité de ces activités dépendra pour beaucoup de l'attention qui sera portée à cette nature.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17

Présentation

ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE SUR LA COMMUNE DE TERMIGNON-LA-VANOISE


Sommaire

Présentation

Paysages de Termignon-la-Vanoise

PNV - Joël Blanchemain

Présentation photographique des grands types de milieux

Col de la Leisse depuis le col de Pierre Blanche (au fond, la Grande Sassière)

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Jacques Perrier

Lac du Lait et arĂŞte de la Turra

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19


PNV - Jacques Perrier

Présentation

Plateau du Pelve et dôme de Chasseforêt

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Jacques Perrier

Vallon de la Leisse entre la Grande Casse et la Grande Motte

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21


PNV - Jacques Perrier

Présentation

Vue générale de Termignon depuis la Porteille (Sollières-Sardières)

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Jacques Perrier

Récolte de foin à la Chira

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Termignon-la-Vanoise, mais à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques évaluent la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle de la commune. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons

patrimoniale de la commune et d’établir des statistiques. Ainsi, on dénombre actuellement à Termignon-la-Vanoise 37 espèces de plantes protégées (voir les espèces notées en gras dans la liste des plantes d’intérêt patrimonial p. 181). Trente et une espèces sont dans la zone centrale* du Parc et 16 dans la zone périphérique*. Parmi la flore protégée, 15 espèces présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France. Elles sont de ce fait considérées comme des espèces prioritaires, en termes de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. La commune compte : - 36 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, soit près d’un tiers. - 42 % des espèces prioritaires du Livre rouge national présentes dans l’espace-Parc.

En

Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens.

Plantes rares et menacées

S’il

l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la flore à forte valeur

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Michel Delmas

Présentation

Sommaire

Tofieldie boréale


PNV - Damien Hémeray

Saxifrage fausse mousse

- le sabot de Vénus, espèce protégée en régression en France en plaine ou à basse altitude. Cette espèce est reconnue d’intérêt européen au titre de la directive “Habitats*”.

Laîche à petites arêtes

Sabot de Vénus

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25

Présentation

- la laîche à petites arêtes, espèce protégée rare, connue en France uniquement en Savoie, dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence et les AlpesMaritimes ; - la saxifrage fausse mousse, une plante endémique* des Alpes, rare et protégée, très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes ;

PNV - Frédéric Fima

PNV - Philippe Benoît

Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - l’astragale de Lienz, espèce alpine rare et protégée, présente en France uniquement en Savoie et dans les Hautes-Alpes ; - la cobrésie simple, espèce protégée, présente en France uniquement en Savoie, dans les Pyrénées Atlantiques et les Hautes-Pyrénées ; - la potentille blanc de neige, espèce protégée et rare, présente en France dans les Alpes de la Savoie et du Dauphiné où elle est très localisée ; - la drave de Hoppe, espèce vulnérable endémique* des Alpes, présente en France uniquement en Savoie (Termignon-laVanoise, Bessans, Val d’Isère) ; - la tofieldie boréale, espèce protégée très rare et menacée, présente en France uniquement en Savoie et dans les HautesAlpes où elle est en forte régression ; - le chardon bleu des Alpes, espèce protégée, présente en France dans l’Ain, la Haute-Savoie, la Savoie, l’Isère, les Hautes-Alpes et les Alpes-de-HauteProvence. Cette espèce est reconnue d’intérêt européen au titre de la directive “Habitats*” ; - la centaurée du Valais, une plante rare et protégée, endémique* des Alpes. Elle est présente en Europe uniquement en Suisse, en Italie et en France où elle ne fleurit qu’en Maurienne depuis SaintJean-de-Maurienne jusqu’à Lanslebourg ;


Présentation

Sensibilité floristique du territoire communal de Termignon-la-Vanoise - Observations de 1956 à 2004.

Commentaire : La valeur patrimoniale de chaque espèce végétale faisant l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national a été caractérisée par une note. Celle-ci tient compte entre autres : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. L’intérêt floristique, calculé dans chaque maille, correspond à la somme de ces notes. En d’autres termes, plus le nombre d’espèces recensées dans une maille est important et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique est fort.

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole. Les mailles blanches correspondent à des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée. Le Parc national de la Vanoise travaille sur l’inventaire d’un peu plus de 200 espèces pour la période 2003-2009. Parmi ces 200 espèces, 75 espèces sont actuellement recensées sur la commune de Termignon. La répartition par type d’habitat* de ces plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise (voir la liste des plantes d’intérêt


Edelweiss

Plantes symboliques Vanoise englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur

Plantes utilisées par l’homme

PNV - Philippe Benoît

Le patrimoine floristique de Termignon-la-

Certaines d’entre elles sont aussi protégées (ex. l’ancolie des Alpes, le sabot de Vénus, le chardon bleu des Alpes).

Ancolie des Alpes

Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27

Présentation

beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, - le chardon bleu des Alpes, etc.

PNV - Régis Jordana

patrimonial p. 181) met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) : - dans les éboulis, les moraines et les rochers (23 espèces) ; - dans les zones humides et aquatiques (17 espèces) ; - dans les pelouses d’altitude (16 espèces) ; - dans les pelouses sèches d’adret (11 espèces) ; - dans les aulnaies vertes et les mégaphorbiaies* (9 espèces) ; - dans les forêts (5 espèces) ; - dans les landes et les saulaies d’altitude (3 espèces) ; - dans les talus et abords de cultures (2 espèces) ; - dans les prairies de fauche (1 espèce).


Présentation

Les plantes à usage pastoral L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Termignon-la-Vanoise. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). Par ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt.

Sureau à grappes

Les habitants de Termignon cueillent encore de nombreux fruits sauvages (myrtilles, airelles, framboises, cynorrhodons de l’églantier, fraises des bois, baies de l’épine-vinette et du sureau à grappes) pour les manger en confiture, crus, ou cuits sur une tarte. Le thym serpolet agrémente les plats en sauce.

PNV - Louis Bantin

PNV - Philippe Benoît

Les feuilles de l’ortie sont utilisées pour la soupe, ainsi que celles du pissenlit et de l’épinard sauvage ou chénopode bon Henri, consommées également cuites comme des légumes. Les jeunes feuilles de pissenlit, récoltées avant la floraison, sont également servies en salade. L’hysope officinale et l’edelweiss peuvent servir à la confection de liqueur, tout comme le génépi.

PNV - Christian Balais

Les plantes à usage alimentaire

Chénopode bon-henri

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Myrtille


Présentation

Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. Les maux de gorge, la toux et la bronchite étaient calmés grâce aux fleurs (fraîches ou séchées) de la pensée éperonnée, en infusion. Le tussilage pas d’âne, ainsi que le pied de chat dioïque ont les mêmes vertus que cette pensée. L’hysope officinale était utilisée en tisane pour soulager les bronchites et les autres infections respiratoires (lire la fiche-espèce n°2). Les fleurs d’arnica, macérées dans l’alcool et utilisées en cataplasme, permettent de soulager les ecchymoses, les contusions et les traumatismes légers sans plaie. Pour les problèmes digestifs, les termignonais buvaient des infusions de prêle, alors que la reine des prés, également consommée en infusion, améliorait la circulation sanguine et favorisait l’élimination des toxines du corps. La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd’hui, ces plantes sont encore utilisées par certains habitants.

PNV - Jacques Perrier

Les plantes à usage médicinal

Colchique

Les plantes toxiques Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, les aconits paniculé et tue-loup, le colchique et le vérâtre blanc. Ce dernier, facilement confondu avec la gentiane jaune, s’en distingue par la position alterne des feuilles sur la tige, alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées.

Les plantes d’intérêt culturel et touristique Il existe depuis quelques années à Termignon-la-Vanoise, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir la flore grâce à plusieurs formules, telles que des sorties organisés par des accompagnateurs en montagne spécialisés, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne. PNV - Louis Bantin

Les plantes à autres usages

Reine des prés

Des tiges de certains saules, les habitants de Termignon-la-Vanoise extrayaient l’osier qui servait à la vannerie.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29


Sommaire

Présentation

Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Termignon-la-Vanoise, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons. Ainsi, 189 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 67 % des espèces présentes en Vanoise et 45 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Termignon se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée

Les oiseaux Termignon-la-Vanoise compte au moins 90 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 120 présentes en Vanoise. Soixante autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : le gypaète barbu, l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm, le pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, le crave à bec rouge, la niverolle,

Parmi

PNV - Maurice Mollard

la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des chiroptères, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

Les mammifères Parmi les 28 espèces de mammifères (soit près de la moitié de celles présentes dans l’espace-Parc), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le campagnol des neiges, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large, telles que musaraigne carrelet, renard, blaireau, fouine, lièvre brun, sanglier, cerf, chevreuil, sont aussi présentes.

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Didier Jalabert

Lièvre brun

Nyctale de Tengmalm


Présentation PNV - Sandrine Lemmet

PNV

Cassenoix moucheté

Coronelle lisse

- parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Termignon, différents passereaux : les fauvettes babillarde, des jardins et à tête noire, plusieurs espèces de pouillots dont le pouillot véloce, le roitelet huppé, des mésanges : huppée, noire, charbonnière, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, etc.

Depuis sa découverte dans un ancien méandre de l’Arc en 1981, ce dernier n’a pas été observé à nouveau. De même, malgré de nombreuses prospections, la salamandre noire, dont la présence a été mentionnée au col de la Vanoise dans un écrit datant de 1872, n’a jamais été retrouvée en Vanoise. Quant au triton alpestre, il n’a jamais été observé en Haute Maurienne. Les poissons Cinq espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Termignon-la-Vanoise : la truite de rivière ou truite fario, l’omble chevalier, la truite arc-en-ciel, l’omble de fontaine, ainsi que le vairon. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les quatre autres ont été introduites.

PNV - Maurice Mollard

PNV - Joël Blanchemain

Les reptiles Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, six sont répertoriées sur la commune ; trois espèces de lézards, le lézard vivipare, le lézard des murailles et l’orvet, et trois espèces de serpents, la vipère aspic, la couleuvre à collier et la coronelle lisse.

Orvet

Salamandre noire

Les amphibiens Deux espèces d’amphibiens ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : la grenouille rousse et le crapaud calamite.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31


Présentation

Faune invertébrée Parmi la faune invertébrée de Termignonla-Vanoise, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances.

PNV - Joël Blanchemain

Les lépidoptères (ou papillons) représentent 272 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, soit 21 % des espèces connues en Savoie, dont 120 papillons de jour et 152 papillons de nuit. Certaines sont spectaculaires comme le machaon. Sept d’entre elles sont protégées : le grand apollon, le semi-apollon et le petit apollon, le solitaire, le damier de la succise, l’azuré du serpolet et l’azuré de la croisette.

Criquet des pâtures

PNV - Maurice Mollard

Vingt-cinq espèces d’odonates (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans l’espace-Parc. Sur la commune de Termignon-la-Vanoise, 17 espèces d’odonates ont déjà été observées, dont : l’æschne des joncs, la cordulie des Alpes, l’agrion porte-coupe, la leucorrhine douteuse, le sympétrum jaune d’or et le sympétrum noir.

Semi-apollon

PNV - Joël Blanchemain

Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupe les criquets, les grillons et les sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 58 espèces connues dans l’espace-Parc, 27 ont été inventoriées (de manière incomplète) à Termignon-la-Vanoise telles que le criquet des pâtures, l’œdipode turquoise, l’œdipode rouge, la grande sauterelle verte et le grillon d’Italie.

Sympétrum noir

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 hectares. Près de 53 000 hectares sont classés dans la zone centrale* du Parc, espace soumis à une protection forte, par une réglemen-tation spécifique. Autour de cette zone s’étend la zone périphérique* du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise.

Il forme, en continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale. Termignon-la-Vanoise est l’une de ces 28 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans l’espace-Parc. La zone protégée, ou la zone centrale* du Parc, concerne 85 % de la surface de la commune, elle est située intégralement en rive droite de la rivière Arc. Les 15 % restants se trouvent dans la zone périphérique*.

Parc national de la Vanoise à Termignon-la-Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

Sommaire


Présentation

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces protégées et déter-minantes. Ces inventaires font référence,en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patri-

moniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire. Les ZNIEFF Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Les ZICO Une partie du territoire de Termignon-laVanoise est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Elle englobe toute la vallée de l’Arc, ainsi que celle du Doron, se prolonge jusqu’à Entre-DeuxEaux et pénètre dans le vallon de la Rocheure. Cet espace a été répertorié en ZICO du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable du gypaète barbu, de l’aigle royal, de la gélinotte des bois, du tétraslyre, de la perdrix bartavelle, du grand-duc d’Europe, de la nyctale de Tengmalm et du crave à bec rouge.

ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315) ; - Adrets de la Maurienne (n°7317) ; - Massif du mont Cenis (n°7318).

Délimitation de la ZICO “Parc national de la Vanoise” à Termignon-la-Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35

Présentation

Sur l’ensemble du territoire communal de Termignon-la-Vanoise, plusieurs ZNIEFF ont été proposées par les scientifiques et sont en cours de validation : ZNIEFF de type 1 : - Forêts de résineux de l’ubac de la Haute Maurienne (n°73000016) ; - Vallombrun (n°73150009) ; - Vallon de la Rocheure (n°73150042) ; - Vallon de la Leisse (n°73150043) ; - Gorges du Doron de Termignon (n°73150044) ; - Col de la Vanoise (n°73150045) ; - Pelouses et pinèdes du Belvédère (n°73170004) ; - Marais des Arcannes (n°73170006).


Une mise à jour des connaissances sur les tourbières de Rhône-Alpes, au travers d’inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coordonné par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, ce travail a porté sur les tourbières d’une superficie de plus d’un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d’une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au plan international, d’autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d’un plan d’action national visant à préserver ces milieux. À Termignon-la-Vanoise, quatre sites ont été retenus dans le cadre de cet inventaire : - le lac du Lait (73MA07) ; - le marais du col de la Vanoise (73MA08) ; - le marais vers le refuge de la Femma (73MA09) ; - et le marais du Plan du Lac (73MA13). Ces marais totalisent plus de 22 hectares de zones humides sur 317 hectares de bassin

versant. Pour la plupart, il s’agit de petites zones tourbeuses de bord de torrent. Aux habitats* de valeur biologique forte (pelouses riveraines arctico-alpines*, buttes à sphaignes*, bas-marais* à laîche de Davall, etc.), s’ajoute la présence d’espèces végétales remarquables comme la laîche bicolore, la laîche maritime, la laîche à petite arête, la cobrésie simple, la tofieldie boréale, etc. Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a entrepris un travail global sur les marais et tourbières de la zone centrale* du Parc. Il comporte une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail qui a été conduit entre 2001 et 2003, est étendu à toute la zone périphérique* du Parc au cours de la période 2005-2007. Dans le cadre de cet inventaire, 59 zones humides ont été inventoriées sur le territoire communal (en zone centrale* du Parc national de la Vanoise), couvrant près de 25 hectares. Elles se situent princi-palement dans les fonds de vallon (Entre-Deux-Eaux, Leisse et Rocheure), à proxi-mité des lacs (Plan du Lac, lac du Lait, de Bellecombe, lac Rond, etc.) et des cours d’eau (ruisseaux de la Vanoise, de Pingon, du Vallonbrun, etc.).

PNV - Fabrice Darinot

Présentation

Inventaire des tourbières et des zones humides

Laîches et buttes à sphaignes dans la tourbière du lac du Lait

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


À Termignon-la-Vanoise, un site est inscrit à l’inventaire des sites présentant un intérêt général du point de vue scientifique, historique, pittoresque, etc. Il s’agit du site “Lacs et col de la Vanoise”. Zonage Natura 2000

Les

La commune de Termignon-la-Vanoise est concernée par les sites Natura 2000 : - “Massif de la Vanoise” (site désigné S43) qui, sur Termignon, couvre l’ensemble de la zone centrale* du Parc national. Ce site recèle un certain nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt communautaire, représentatifs des Alpes du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce

PNV - Christophe Gotti

directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les mesures prises à ce titre doivent assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures prennent en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale.

Les habitats* naturels et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes “Habitats*” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”.

Zone humide à l’est du col de la Vanoise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37

Présentation

Sites inscrits


Présentation

site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’État en 1998. Il est complété par un document d’objectifs opérationnel, dont l’élaboration est pilotée par le Parc national de la Vanoise, en étroite collaboration avec les acteurs du territoire. - “Formations forestières et herbacées des Alpes internes” (site désigné S 38). Ne concernant initialement que deux

habitats* rares (les forêts de pins à crochets et les pelouses sèches à caractère substeppique), une extension a été proposée pour inclure certains secteurs de prairies de fauche de Vanoise, un habitat d’intérêt communautaire. Le périmètre de ce site Natura 2000 concerne, sur le territoire de Termignon, les secteurs de fauche de la Chavière. L’intégration au réseau Natura 2000 de ces deux sites est en cours en 2006.

Délimitation du zonage Natura 2000 à Termignon-la-Vanoise

38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Termignon-la-Vanoise font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir, d’une part de la définition qui en est faite, et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (telle que la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages, et les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 41

Fiche-milieu n°1

Préambule


Les habitations et leurs abords

PNV - Guido Meeus

Village de Termignon

Cette

fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (granges, habitations et monuments), les terrasses et murets et les équipements divers. L’habitat principal de Termignon-la-Vanoise est groupé dans le chef-lieu, qui a la structure d’un petit bourg. De ce dernier, détruit en grande partie par des incendies vers la fin de la seconde guerre mondiale, seules quelques habitations anciennes sont encore présentes. Son urbanisation nouvelle, de type orthogonale, et son architecture sont typiques de la période de reconstruction des années 1950. Des constructions récentes se sont développées au pied des pistes de ski. Les zones d’habitation incluent aussi des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères. À Termignon, ces

42 - Les milieux naturels, des lieux de vie

jardins, souvent agrémentés d’arbres fruitiers, se trouvent en plusieurs endroits en périphérie immédiate du village : sur la route du pont du Châtelard et de Notre Dame de la Visitation par exemple, où les jardins sont délimités par des murets. À proximité des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que la rhubarbe des moines.

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°1

Sommaire

Reposoir à bestiaux autour du chalet de Plume Fine


Dans les fissures des rochers, aussi bien qu’entre les pierres des vieux murs, se rencontre la doradille rue-des-murailles, une petite fougère à pétiole brun luisant et à feuilles découpées.

Les

plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présente classiquement sur les murets en pierre, la joubarbe des toits est une plante des montagnes capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante “grasse” est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau.

Faune

PNV - Philippe Benoît

Sans être toujours la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. Fréquentant les villes, villages et ruines, le martinet noir a la particularité d’avoir les pattes si réduites qu’il lui est très difficile de se poser, au risque de ne plus pouvoir décoller. Il vole donc presque constamment, s’accouplant et parfois même dormant en vol. Ce martinet est également facilement identifiable à son chant, de longs cris perçants. Chassant souvent les insectes en compagnie du martinet, l’hirondelle de fenêtre niche en colonie, principalement dans le village. Oiseau typique des jardins et abords de village, le rougequeue à front blanc nécessite la présence d’arbres espacés pour se percher et nicher. Cet oiseau au comportement farouche et discret porte en revanche un plumage voyant : plumes rouge orangé sur la poitrine, queue rousse et tache blanche éclatante sur la tête. Typique des zones rocheuses à végétation rase, son cousin, le rougequeue noir, est devenu l’une des espèces les plus

La végétation exubérante des reposoirs à bestiaux, composée de plantes des milieux riches en azote organique, telles que la rhubarbe des moines, l’épinard sauvage et l’ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste se développant sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, cette végétation des abords de chalets d’alpage peut se maintenir très longtemps, même après des décennies d’abandon du site. La potentille multifide se reconnaît à ses fleurs jaunes peu ouvertes et ses feuilles découpées en lanières. C’est une plante qui affectionne parfois les milieux un peu enrichis en azote (lire la fiche-espèce n°5).

PNV - Philippe Benoît

Jourbarbe des toits

Jeune rougequeue noir

Les milieux naturels, des lieux de vie - 43

Fiche-milieu n°1

Flore


PNV - Jean-Paul Ferbayre

Fiche-milieu n°1

Le village et ses abords bénéficient de la présence d’espèces protégées telles les chauves-souris. Par exemple, la pipistrelle commune ou pipistrelle d’Europe, fait partie des chauves-souris les plus anthropophiles. Elle ne pèse pas plus de 8 g et sa taille minuscule lui donne la possibilité de se glisser dans des interstices ne dépassant pas 10 mm de largeur. Des papillons tels que la petite et la grande tortue, le paon du jour, le vulcain, le robert-le-diable ou gamma et la belle dame viennent profiter des ressources qu’offrent les jardins en automne (fleurs et fruits), à une période où les prairies fauchées ne peuvent assurer leur subsistance. Tous ne périront pas aux premiers gels, certains seront partis vers le sud, d’autres hiberneront dans les combles et les granges.

caractéristiques des zones d’habitations. Il niche à l’abri des toits, pouvant, le cas échéant, utiliser d’anciens nids d’hirondelles. Parmi les mammifères anthropophiles, la fouine fréquente les alentours des villages et des hameaux. C’est un mammifère omnivore qui se nourrit principalement de fruits en été et en automne. Le lérot investit aussi les constructions humaines, les chalets d’alpage par exemple, bien que son habitat naturel reste lié aux arbres et aux murets de pierres sèches. Ce petit mammifère se caractérise par de grandes oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur les yeux et par une queue velue se terminant par un plumet de longs poils noirs et blancs. Animal souterrain d’environ 17 cm, la taupe se caractérise par un museau allongé, des yeux très réduits, des oreilles externes absentes et par des pattes antérieures très larges. Sa présence se manifeste par ses rejets de terre en forme de dôme, les taupinières. Elle est souvent présente dans les jardins. Insectivore, elle se nourrit de vers de terre, chenilles et autres larves d’insectes, de limaces. Elle coupe les racines en creusant, mais ne les mange pas.

44 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jacques Perrier

Lérot

Belle dame


Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture

CPNS - Virginie Bourgoin

Usages, intérêts économiques et représentations Le village constitue le cadre de vie collectif de l’ensemble des habitants de Termignonla-Vanoise. Ce lieu de vie pour les hommes fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort. Termignon-la-Vanoise compte par ailleurs, quelques monuments remarquables : l’église paroissiale, inscrite au titre des monuments historiques, ainsi que la chapelle de la Visitation, monument classé en 1987.

PNV - Nathalie Tissot

Jardins potagers près de la route du pont de Châtelard

Chapelle de la Visitation

Les milieux naturels, des lieux de vie - 45

Fiche-milieu n°1

Equilibre entre l’homme et son milieu


Fiche-milieu n°1

particulier confèrent à ce bâti en pierre une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles.

PNV - Nathalie Tissot

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale. Cet abandon est aussi lié à la création d’indivisions lors de successions qui concernent un grand nombre d’héritiers pour un bien unique. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage. De nombreux chalets d’alpage sont abandonnés et à un stade avancé de ruines. Concernant les chapelles d’alpage, dans un état proche de celui des chalets, la commune a mené des travaux de restauration entre 1995 et

moderne (lézard des murailles, chauvessouris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierre présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que la doradille noire, par exemple. Au sein de la faune, les chauves-souris (pipistrelle commune, oreillard roux) en

46 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Monument aux morts : Pleureuse de Termignon

Chalets d’alpage et ruines vers le Pont de Croë-Vie


PNV - Patrick Folliet

2003. Il s’agit de la chapelle Saint Jacques à la Rocheure, la chapelle Saint Barthélémy à Plan du Lac, la chapelle Sainte Marguerite à la Chavière et la chapelle Saint Pierre à Entre-Deux-Eaux. La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris.

Une chapelle d’alpage restaurée, la chapelle Saint-Barthélémy

Les milieux naturels, des lieux de vie - 47

Fiche-milieu n°1

PNV - Christian Neumüller

Toiture restaurée d’un chalet d’alpage

Propositions de gestion Les jardins constituent un refuge, ainsi qu’un garde-manger souvent providentiel pour la petite faune. Leur maintien conditionnera l’existence de cette biodiversité. Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre Ornithologique RhôneAlpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc). L’homme a un rôle prépondérant à jouer dans le choix des produits qu’il utilise, que ce soit pour sa propre santé, ou pour celle de la faune que son habitation ou ses annexes sont susceptibles d’accueillir.


Sommaire

PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°2

Les cours d’eau et les lacs

PNV - Rémy Barraud

Torrent de la Leisse et vue vers la Grande Casse

Lac de la Rocheure

Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire de Termignon-la-Vanoise, la rivière Arc, ses affluents, ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées. La dynamique des torrents conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. L’Arc alimente quelques zones humides situées dans son lit majeur (telles que celle située sur sa rive droite à quelque distance de

48 - Les milieux naturels, des lieux de vie

l’entrée du village), assurant ainsi leur pérennité, dès lors qu’elles ne sont ni drainées ni remblayées (lire fiche-milieu n°3). Lors des périodes de forts débits, qu’il s’agisse de crues naturelles ou de lâchers d’eau, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion. Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent le long du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés


Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. À Termignon, ces retenues d’eau naturelles s’échelonnent entre 2 100 et 2 600 m

d’altitude. Plus d’une vingtaine de lacs sont éparpillés sur le territoire de la commune. Certains d’entre eux (tels que les lacs du Lait, Blanc, de Bellecombe, de Lanserlia) se caractérisent par la présence de quelques plantes aquatiques (rubaniers, charas), les autres (et surtout les lacs glaciaires : lacs de l’Arpont, de Chasseforêt, Plan des Nettes, etc.) ne sont pas occupés par de la végétation. Là où existent des rivages peu profonds, une végétation dense de bord des eaux s’installe, principalement des cypéracées. Les autres lacs, en particulier les retenues artificielles, ne sont généralement pas favorables à l’apparition d’une végétation lacustre. À Termignon-la-Vanoise, seul le lac de Plan des Nettes, naturel à l’origine, a été artificialisé lors de la construction d’un barrage de 8 m de hauteur, dans les années 1950, afin de tester la retenue et la résistance du béton en altitude.

Les cours d’eau et les lacs

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49

Fiche-milieu n°2

par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’implanter. Le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saules, d’aulnes blancs et de bouleaux, adaptés aux conditions de sol fréquemment détrempé et capables de résister aux fortes perturbations mécaniques. Ils permettent la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences, comme les conifères. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. La strate herbacée y est bien développée avec le populage des marais et les pétasites.


Fiche-milieu n°2

Flore

PNV - Maurice Mollard

Les bancs de graviers et les dépôts plus fins, remaniés par les crues, sont colonisés par des plantes pionnières telles que le tamaris d’Allemagne. Cette espèce peu répandue, mais typique de ces berges graveleuses, présente de multiples vertus médicinales : astringente, diurétique, apéritive et sudorifique. Elle avoisine l’épilobe de Fleischer, à la fois caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais qui affectionne aussi les éboulis et moraines.

Pyrole à feuilles rondes

PNV - Michel Delmas

Deux espèces assez fréquentes affectionnent les bords de cours d’eau : le populage des marais, une plante toxique à feuilles en cœur et à grosses fleurs jaune d’or et la tormentille, encore appelée potentille dressée, à fleurs jaunes également, mais beaucoup plus discrète. Plus haut en altitude, d’autres espèces peuvent être observées et en particulier dans les lacs.

La ripisylve* abrite différentes espèces d’arbres pionniers, telles que le bouleau blanc, le saule fragile et le saule faux daphné, typique de ces zones buissonnantes alluviales, dont les rameaux sont recouverts d’une fine pruine bleuâtre. Parmi la strate herbacée, se trouve la pyrole à feuilles rondes, une plante aux feuilles brillantes, disposées en rosette basale. Assez commune dans les fourrés d’arbustes, sur sols frais à humides, elle porte de nombreuses fleurs blanches en clochettes penchées, qui laissent dépasser le style*.

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Louis Bantin

Tamaris d’Allemagne

Rubanier à feuilles étroites


PNV - Nathalie Tissot

Développement d’algues dans une résurgence à la Femma

Faune

Les nombreux cours d’eau et lacs, répartis

PNV - Ludovic Imberdis

sur le territoire de Termignon-la-Vanoise, sont fréquentés par plusieurs espèces d’oiseaux d’eau ou de bord d’eau : aigrette

Aigrette garzette

Fiche-milieu n°2 PNV - Christophe Ferrier

Typiquement aquatique, le rubanier à feuilles étroites est une plante flottante. Ses feuilles, dilatées à la base, puis de quelques mm de largeur, peuvent mesurer jusqu’à 2 m de longueur. Il couvre une partie des eaux du lac du Lait, en compagnie d’une autre plante aquatique : le callitriche des marais, appelé également étoile d’eau des marais, en raison de ses rosettes de feuilles terminales, flottantes, dont la forme évoque celle d’une étoile. Ces feuilles portent des fleurs minuscules et réduites à leur plus simple expression : étamines et stigmates*, sans corolle ni calice. Espèce arctico-alpine* comme la précédente, le cresson d’Islande affectionne les sols mouillés et vaseux des rives des lacs de Lanserlia et de Plan du Lac.

Fuligule morillon (une femelle et sa couvée)

garzette, grand cormoran, grèbe à cou noir, héron cendré, etc. De passage uniquement, ils profitent de ces milieux pour faire une escale lors de leur migration. Certains canards sont même nicheurs sur la commune. Le canard colvert, nicheur rare en Vanoise, élève occasionnellement ses couvées au bord de l’Arc. Petit oiseau limicole migrateur, le chevalier guignette recherche aussi les berges de l’Arc pour établir sa nichée. Les plages et bancs de sable ou de graviers sont indispensables à l’élevage de ses jeunes. Quant au fuligule morillon, dont le mâle arbore un plumage contrasté blanc et noir, il n’était pas connu comme espèce nicheuse en Vanoise avant 2000, année au cours de laquelle un couple s’est reproduit sur les eaux de Plan du Lac. Cette reproduction exceptionnelle constitue un record d’altitude en France. Typique des cours d’eau, le cincle plongeur est le seul passereau à s’immerger totalement dans les torrents pour prélever les larves d’insectes (comme les éphémères) dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l’eau. La bergeronnette des ruisseaux est, elle, étroitement inféodée aux eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et l’enneigement des ruisseaux d’altitude la chassent vers des cours d’eau de vallée. C’est une migratrice altitudinale. La grenouille rousse est l’une des trois espèces d’amphibiens les plus répandues en Savoie, avec le crapaud commun et la

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51


Philippe Freydier

Fiche-milieu n°2

Salamandre tachetée

PNV - Michel Bouche

salamandre tachetée. Dans les régions d’altitude, la grenouille rousse est réputée ubiquiste* : elle vit en milieu terrestre toute l’année sauf en période de reproduction où elle fréquente les milieux aquatiques (lacs et mares qui se réchauffent plus rapidement au soleil et parfois ruisseaux), ainsi que les tourbières et les abords de marais. Durant l’hiver, elle entre dans une période de vie ralentie qu’elle passe enfouie dans le sol ou dans la boue. La famille des libellules est bien représentée dans ce milieu. Espèce commune des eaux stagnantes (mares, marais) jusqu’à 1 700 m d’altitude à Termignon-la-Vanoise, l’agrion jouvencelle est une petite demoiselle atteignant 4 cm de longueur, bleue avec des taches noires chez le mâle, con-trastant avec la robe presque entièrement noire de la femelle. Les larves, aquatiques, vivent parmi la végétation lacustre ou sur le fond de l’eau. Autre demoiselle bleue connue à Termignon-la-Vanoise, l’agrion porte-coupe

Agrion porte-coupe (mâle)

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

dépend également des zones humides (lacs et leurs rives marécageuses, marais, fossés humides, etc.) pour l’ensemble de son cycle de vie (ponte sur les feuilles flottantes des plantes aquatiques, développement des larves, alimentation). Certains groupes d’insectes comme les plécoptères*, dont les larves vivent au fond des torrents, sont de bons indicateurs de la qualité des cours d’eau. Ils sont actuellement bien présents dans certains torrents tels que celui de la Rocheure ; leur disparition signalerait une dégradation de la qualité des cours d’eau.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail (Plan du Lac, lac de Bellecombe, lac de Lanserlia, etc.). L’eau est soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Les torrents et sources sont localement utilisés pour l’alimentation en eau des refuges et des chalets d’alpage. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (voir la fichemilieu sur les zones humides) et une ressource indispensable pour l’homme. Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable, la pêche (à la truite notamment) et les captages à des fins de production d’énergie hydraulique.


PNV - Guido Meeus

Alevinage de truites au lac du Plan du lac

Inondations d'octobre 2000 sur le ruisseau du Pissel

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53

Fiche-milieu n°2

des Gorges, ruisseau de Thibaud, ruisseau de l’Ile, etc.). Un autre captage a été installé vers Entre-Deux-Eaux, prélevant de l’eau des torrents de la Leisse et de la Rocheure. Autre usage de l’eau à Termignon-laVanoise, la retenue collinaire, située au bord de l’Arc et alimentée par la nappe phréatique et par l’Arc, constitue un réservoir artificiel d’eau permettant de répondre aux besoins en neige de culture de la station de ski.

PNV - Matthieu Dubois

Pour développer la pêche, des empoissonnements sont réalisés (truite fario et truite arc-en-ciel). Une production d’alevins de truite fario, située sur les bords du Doron à Termignon, permet d’alimenter les lacs d’altitude, le Doron et l’Arc, et de compenser une très faible reproduction naturelle. Six captages liés à l’hydroélectricité ont été aménagés sur les cours d’eau de la commune. Sont concernés la plupart des gros torrents qui proviennent des glaciers de la Vanoise (ruisseau Méribel, ruisseau


PNV - Yves Brugière

Fiche-milieu n°2

Pont de Croë-Vie (au fond, la Grande Casse)

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Ressource indispensable pour l’homme, les cours d’eau et les lacs s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les lacs et torrents constituent un des principaux buts de randonnée pour les touristes (lac Blanc, Plan du Lac, lac de l’Arpont, etc.).

PNV - Joël Blanchemain

Évolution et transformation du milieu Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement

des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. De même, les écoulements à débit constant, imposés par la gestion des captages, ont un impact non négligeable (manque d’eau et, plus particulièrement en période naturelle de hautes eaux) sur le fonctionnement hydraulique naturel des torrents. Les lâchers d’eau et les crues sont beaucoup plus dévastateurs en présence de captages. En effet, en l’absence de débit suffisant, la quantité de matériaux (alluvions, blocs rocheux) qui s’accumule au droit de ces ouvrages est plus importante. Ces nombreux matériaux sont alors charriés au cours des forts épisodes pluvieux ou des lâchers d’eau, ce qui n’est pas sans conséquences écologiques sur les berges et le fonctionnement biologique des cours d’eau (destruction de frayères de truite fario). Une mauvaise gestion des effluents d’élevage, comme l’épandage en période hivernale, sur des talus, à proximité des torrents et sur des prairies caillouteuses, peut occasionner des écoulements importants de matières organiques vers les ruisseaux. Malgré l’existence de la plateforme collective de stockage des fumiers et lisiers, aux Arcannes, aménagée en 2000

Lac de Plan du Lac. Vue sur la Grande Casse, la Grande Motte et les pointes de Pierre Brune

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 PNV - Nathalie Tissot

Plate-forme de stockage des fumiers et lisiers au bord du Doron de Termignon

gressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation de zone humide. L’évolution naturelle du lac du Lait répond précisément à ce schéma. Ces lacs comblés n’en sont pas moins très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie).

PNV - Nathalie Tissot

dans le cadre du contrat de rivière Arc, des pollutions liées au débordement de la fosse à lisier sont signalées, une à deux fois par an. S’ajoutant aux pollutions domestiques (et en période de basses eaux), ces pollutions supplémentaires peuvent dégrader durablement la qualité de l’eau des torrents et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques. L’évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement pro-

Effets de la sécheresse de l'été 2003 au lac de Plan du Lac

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55


Fiche-milieu n°2

Le phénomène de sécheresse qui se fait sentir en Savoie se traduit à Termignon-laVanoise par le tarissement de certaines sources en alpage. Par conséquent, pour abreuver leurs bêtes, les éleveurs puisent de l’eau directement dans le lac de Plan du Lac, au moyen de leur tonne à eau, ce qui provoque une dégradation des berges et accentue la baisse du niveau d’eau du lac. Propositions de gestion Dans le cadre du contrat de rivière “Arc et affluents”, une carte d’aptitude à l’épandage a été réalisée en 2000. Elle a pour objectif de visualiser les potentialités du milieu vis-à-vis des épandages de matière organique d’origine agricole ou domestique. Elle émet des recommandations en termes de doses et/ou de périodes d’épandage, pour limiter les risques de ruissellement et de lessivage vers les cours d’eau. La baisse des pollutions organiques dans les cours d’eau passe par le respect a minima de ces recommandations et par l’application de la réglementation mise en place dans le cadre de la gestion de la fumière.

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Portée par le SIVOM du Val d’Ambin, la future station d’épuration (réalisation en 2006-2007) permettra de gérer des pollutions dites “domestiques”. Située à Sollières-Sardières, elle traitera les eaux usées des trois communes : Bramans, Sollières-Sardières et Termignon-la-Vanoise. Cette station est une solution au problème de pics de pollution domestique, liés aux pics de fréquentation touristique. Cependant, la pollution des cours d’eau nécessite une approche par bassin versant, afin d’enrayer le problème le plus en amont possible. Le passage du débit réservé au 1/10e du module, à l’aval de la prise EDF améliorerait significativement les capacités biologiques des torrents. Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse, même si elle paraît localement intarissable.


PNV - Nathalie Tissot

Les zones humides d’altitude

Zone humide aux abords du col de la Vanoise

Les

zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et des marais.

Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées de petite taille (tels que les laîches).

Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses, qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. En dehors des sources “classiques”, on rencontre à Termignon-la-Vanoise des sources tufeuses* vers Fontaine Gaillarde et dans la forêt du Suffet. Il s’agit de sources dont la végétation de mousses est couverte de dépôts de calcaire, plus ou moins compacts.

À Termignon-la-Vanoise, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple à Bellecombe. - les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57

Fiche-milieu n°3

Sommaire


58 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°3

Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (micro-glissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Sur ces marais se développent des groupements végétaux pionniers des bords de torrents alpins appelés Caricion bicolori-atrofuscae. Ce nom s’inspire du nom de deux des huit espèces végétales caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais : la laîche bicolore (Carex bicolor) et la laîche rouge noirâtre (Carex atrofusca). Ce type de marais, rare à Termignon-la-Vanoise, existe vers Entre-Deux-Eaux, au bord du lac du Perron, etc.

Cascade et formation de tuf sur le ruisseau de la Chavière


Les plantes des zones humides doivent s’adapter à des conditions difficiles, notamment de sol asphyxiant, et parfois de pauvreté minérale. Espèces traduisant la présence d’une zone humide, les linaigrettes sont des plantes facilement reconnaissables par le ou les pompons cotonneux qu’elles portent à leur extrémité. Trois espèces de linaigrettes sont présentes à Termignon-la-Vanoise. La linaigrette de Scheuchzer ne porte qu’un gros pompon dressé. Elle est caracté-ristique des stades pionniers des bords de lac, sur terrain siliceux. Elle colonise les abords des lacs du col de la Vanoise. La linaigrette à feuilles étroites, souvent associée à la laîche brune (comme dans la zone humide du Trou du Chaudron), fait partie du cortège des espèces caracté-ristiques des marais acides. Elle porte plu-sieurs petits pompons pendants. D’aspect similaire, la linaigrette à larges feuilles croît dans les marais des terrains calcaires, tels que celui présent au confluent du torrent de la Rocheure.

PNV - Nathalie Tissot

À proximité du lac du Lait, situé au sud du lac Blanc, une vaste surface est occupée par un marais acidophile à laîche brune et trichophore cespiteux. Caractéristique d’une formation végétale basse et stable assez commune dans les milieux humides, ce

trichophore est une herbe gazonnante à tige lisse et cylindrique. Faisant partie de la flore colorée des zones humides acides avoisinant le lac du Lait, la violette des marais porte des fleurs lilas pâle inodores, avec un pétale inférieur veiné de violet foncé. Petites mousses spécifiques des marais acides, peu communes en Vanoise, les sphaignes forment un tapis épais en contact direct avec le lac du Lait. Les conditions asphyxiantes du sol détrempé empêchent la décomposition des parties végétales mortes, ce qui est à l’origine de la formation de la tourbe. Ces mousses sont capables de se gorger d’eau (jusqu’à 20 fois leur propre poids) et de la restituer lentement, jouant donc un rôle important dans la régulation des écoulements d’eau. La laîche à utricules contractés en bec, facilement reconnaissable à ses gros épis femelles jaunâtres, dressés, situés vers la base des feuilles, caractérise les premiers stades de colonisation des zones d’eau libres (bords de lac, fossés en eau, etc.). Bordant le lac du Lait ou encore un des lacs de Bellecombe, ce groupement semi-aquatique présente un aspect assez monotone, du fait de sa relative pauvreté en espèces végétales. Colonisant également les zones inondées des tourbières et marais tourbeux, la laîche des bourbiers est une “herbe” beaucoup plus rare que la précédente. La forte régression de cette espèce, du fait de l’assèchement

Linaigrette de Scheuchzer

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59

Fiche-milieu n°3

Flore


Autre espèce protégée des prairies humides et des bas-marais alcalins, l’herminium à un bulbe ou orchis musc est une orchidée portant un épi grêle et allongé de 10 à 70 fleurs jaune verdâtre. Elle est présente notamment dans la zone humide des Arcannes, bordant le Doron (lire la ficheespèce n°6). Termignon-la-Vanoise possède, sur son territoire, cinq des huit espèces caractéristiques qui, isolées ou associées les unes aux autres, permettent d’identifier les groupements pionniers de bord de torrent : la laîche à petites arêtes, la laîche bicolore, la laîche maritime, la cobrésie simple et la tofieldie naine. Ces plantes sont dites arctico-alpines*, c’est-à-dire présentes à la fois dans les régions arctiques, ou subarctiques, et dans la chaîne alpine. Elles sont protégées et rares en France et dans tout l’Arc alpin.

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°3

progressif ou de la pollution de ses habitats, a contribué à son inscription sur la liste des espèces protégées. Elle se distingue aisément de la laîche à utricules contractés en bec, par ses tiges plus fines et ses épis femelles oblongs, longuement pédicellés et généralement pendants.

Laîche de Davall

Poussant en touffes compactes, la laîche de Davall est une plante vivace typique des marais alcalins, elle est souvent associée au troscart des marais, une plante à feuilles linéaires, semblable à un jonc et à petites fleurs verdâtres disposées en épi. Ces deux plantes constituent une partie de la flore d’un des marais en aval du refuge de la Femma. La swertie vivace, à corolle violet livide veiné de violet foncé, pousse également dans les marais alcalins. Cette espèce protégée peu commune est bien représentée dans le secteur de Plan du Lac et du lac de Bellecombe.

Faune

Du

PNV - Christophe Gotti

fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses.

PNV - Karine Moussiegt

Lézard vivipare

Swertie vivace

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Le lézard vivipare est un petit lézard dont l’habitat*, en montagne, se limite aux lieux humides. Il possède une coloration brune très variable avec, souvent, une raie longitudinale sombre au milieu du dos. Ce


Fiche-milieu n°3 PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

reptile peu commun à Termignon-laVanoise fréquente le secteur du chalet communal vers 2 300 m. Autre reptile des zones humides et des bords de lacs et de cours d’eau, la couleuvre à collier est un serpent inoffensif, atteignant 1,20 m de longueur, orné d’un collier jaune à la base de la tête. Elle passe le plus clair de son temps durant la belle saison, à se réchauffer au soleil ou à rechercher ses proies favorites qui sont les amphibiens principalement, mais également les poissons, les lézards et quelques petits rongeurs. N’ayant aucun moyen de tuer ses proies qu’elle repère à leurs mouvements, elle les saisit par n’importe quel endroit du corps et les déglutit vivantes. Une seule observation de cette espèce a été réalisée à ce jour dans la zone humide des Arcannes. L’æschne des joncs est une grande libellule à l’abdomen bleu-vert rayé de noir qui fréquente les zones humides d’altitude. Ses larves, qui vivent dans les eaux stagnantes ensoleillées, ont une croissance lente et ne deviennent adultes qu’après trois ans environ alors que deux ans leur suffisent à basse altitude. Elles se nourrissent d’insectes et également de têtards. Inféodée aux tourbières à sphaignes d’altitude, la cordulie des Alpes est une libellule aux yeux vert émeraude, thorax vert métallique et abdomen noir. Ses larves réalisent leur développement dans les zones inondées. Durant les périodes sèches, elles s’enfouissent dans la tourbe et sont capables de survivre à l’assèchement et au gel complet de leur habitat* en hiver. D’écologie assez proche, la leucorrhine douteuse se remarque par la coloration du corps noirâtre et rouge chez le mâle, alors que la femelle est plutôt noirâtre et jaunâtre. Ces trois odonates fréquentent les abords du lac du Lait. Le petit apollon est inféodé aux bords de ruisseaux d’altitude où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa

Petit apollon

chenille. Les adultes de ce papillon protégé, en dehors de la période de reproduction, fréquente les pelouses d’altitude en quête de nectar.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale. Effectivement, seules 12 des 59 zones humides recensées à Termignon-la-Vanoise dans la zone centrale* du Parc, ne sont pas concernées par le pâturage, comme par exemple la tourbière du lac du Lait, ainsi que les marais de la Leisse. Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les milieux humides et aquatiques sont à la fois des milieux intéressants sur le plan biologique et forment une ressource

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°3

Lac du Lait et sa tourbière

indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Les zones humides participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants. L’ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques, la plupart sont vulnérables vis-à-vis des modifications du milieu engendrées par les activités humaines. Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D’autre part, la présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la swertie vivace, la laîche bicolore, etc., confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi ces zones humides, les groupements pionniers des bords de torrents présentent l’intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d’espèces protégées de grande valeur, constitue une richesse naturelle importante de la commune. La Communauté euro-

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie

péenne l’a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire”. L’étude réalisée par le Parc national de la Vanoise, entre 2001 et 2003, révèle que les bassins versants de la Leisse, de la Rocheure et du Doron (constituant une grande partie du territoire de Termignonla-Vanoise) se classent parmi les secteurs les plus intéressants de la zone centrale* du Parc pour les zones humides, présentant la plus forte densité de celles-ci. Évolution et transformation du milieu La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Plus d’un tiers de ces zones a disparu ces 30 dernières années. Cette situation n’est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l’eau, ces disparitions de zones humides aggravent les effets des inondations en période de crues et accentuent les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène.


CPNS - Virginie Bourgoin

Marais dans le lit de l’Arc

Clôture de protection de la zone humide des Arcannes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63

Fiche-milieu n°3

À Termignon-la-Vanoise, certaines zones humides, telles que celle bordant le lac de Plan du Lac, sont très piétinées par le bétail. La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux national, régional et départemental. À Termignon, certaines zones humides ont tendance à s’assécher. C’est le cas du marais jouxtant une boucle de l’Arc en limite communale avec Sollières-Sardières. La tourbière du lac du Lait, en revanche, gagne en surface du fait de l’eutrophisation naturelle du lac en cours d’atterrissement : les zones d’eau libre se transforment progressivement en zone humide.

Christine Garin

De nombreuses petites zones humides ont déjà disparu et la construction de retenues d’eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l’alimentation des canons à neige a entraîné en Vanoise l’immersion de milieux encore plus vastes. Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la flore des zones humides sont les mêmes que pour les milieux “cours d’eau et lacs” (voir fiche-milieu n°2). Le surpiétinement du bétail dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels risque d’endommager les milieux fragiles et d’en modifier la flore, du fait de la concentration des déjections.


Christine Garin

Fiche-milieu n°3

Propositions de gestion Aucune gestion particulière n’est donc à envisager à court terme, si ce n’est de prendre en compte systématiquement ces zones précieuses, dans le cadre de tout nouveau projet d’aménagement, afin d’en assurer la préservation et d’éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes.

Crapaud calamite

Les marais de plaine étant rares et souvent les plus vulnérables, ils méritent tout notre intérêt. Il serait intéressant d’examiner l’intérêt et la faisabilité de la restauration du marais situé entre Sollières-Sardières et Termignon, dans les méandres de l’Arc (en agissant sur son alimentation en eau par exemple). Il pourrait servir de site de reproduction au crapaud calamite, qui ne dispose pas de milieux plus adaptés à son écologie (bancs de graviers à proximité de

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie

points d’eau permanents ou temporaires). Si elle ne figure pas parmi les plus intéressantes, cette zone humide représente un potentiel biologique à étudier. La commune s’est déjà investie dans une telle démarche de préservation de zone humide, en confiant au Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie (par le biais d’une convention), la gestion de la zone humide des Arcannes. L’intérêt principal de celle-ci réside dans la présence d’une station d’herminium à un bulbe (lire la fiche-espèce n°6). La gestion de ce site s’est traduit, en 2003, par l’arrachage de quelques ligneux (pins sylvestres) et la pose d’une clôture destinée à empêcher le passage des engins agricoles qui détérioraient l’abord de la source ferrugineuse qui s’y trouve. L’aménagement de points d’abreuvement et l’organisation de l’accès des troupeaux domestiques aux points d’eau permettent d’éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire. Ponctuellement, la mise en défens de marais particuliers peut s’avérer nécessaire. De même, quand c’est possible, le choix de l’emplacement des machines à traire devrait tenir compte de la présence de zones humides, afin d’éviter que le lessivage par les eaux de pluie ou l’écoulement direct des déjections animales et des effluents laitiers (eaux de lavage, etc.) ne génèrent des apports organiques répétés dans les zones humides voisines.


PNV - Joël Blanchemain

L’adret, les pelouses sèches et les landes sèches

PNV - Nathalie Tissot

Pelouse sub-steppique en rive droite de l’Arc

Pâturages sur le versant sud du Mont et de l’Esseillon et, (au 1er plan) prairies et pâturage du Châtelard

Les

adrets de Termignon-la-Vanoise s’étendent entre 1 300 et 1 700 m d’altitude, en amont du village, sur le versant situé en rive droite des gorges de l’Arc. Les mandes* de Termignon (le Mont, Montafia, la Traverstaz) accueillent d’autres secteurs de pelouses sèches.

Sur ces versants, exposés au soleil, se côtoient des pelouses sèches sur des fortes pentes, des replats au sol plus profond et plus humide généralement cultivés (dans le cas des adrets), des dalles rocheuses, des murgers*, et enfin des zones de friches buissonnantes à genévriers, rosiers sauvages et épine-vinette.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65

Fiche-milieu n°4

Sommaire


Fiche-milieu n°4

La mosaïque formée par ces éléments juxtaposés, ainsi que la proximité d’autres types de milieux tels que les falaises et rochers, les forêts permettent à un grand nombre d’espèces animales et végétales de s’y développer. L’ensemble constitue un complexe d’une remarquable diversité biologique. Ce patrimoine naturel est d’autant plus exceptionnel que ces adrets abritent un type de pelouses sèches très particulier, lié à des conditions d’ensoleillement et de sécheresse climatique et du sol extrêmes, appelé “pelouses sub-steppiques”, même si celles-ci ne sont pas tout à fait équivalentes aux steppes d’Europe centrale. Ce type de végétation est rare en Savoie comme en France. Ces pelouses sont constituées d’un tapis herbacé peu productif, caractérisé par la présence d’une végétation adaptée à la

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

sécheresse. Les plantes dominant ces pelouses sont les graminées (ou poacées) telles que le brome érigé, le stipe à tige laineuse et les légumineuses (ou fabacées) comme l’hippocrépide à toupet, l’astragale de Montpellier et la bugrane naine.

Flore

On rencontre sur les adrets de Termignonla-Vanoise une flore adaptée aux conditions de sécheresse qui y règnent. Typique des pelouses très sèches, la stipe à tige laineuse (ou marabout) présente à elle seule un grand nombre de ces adaptations. Ainsi, il est pourvu d’une pilosité importante qui permet la constitution d’une couche d’air isolante pour limiter l’évaporation. Sa surface foliaire est réduite et protégée par un épiderme épais recou-vert d’une couche


Stipe pennée

PNV - Jacques Perrier

de cire. Quant à ses raci-nes, profondes et ramifiées, elles assurent son ravitaillement en eau. Partageant le même type d’habitat*, le silène otitès est assez abondant. Ses feuilles inférieures rapprochées en rosette basale sont surmontées d’une tige portant des grappes de petites fleurs verdâtres. Le brome érigé est typique des pelouses calcaires sèches. Sa présence révèle un sol plus profond et un niveau de sécheresse moindre que celui des pelouses substeppiques. Cette graminée assez commune croît en touffe. Ses tiges élevées et raides sont munies de feuilles basales souvent pliées dans leur longueur et régulièrement ciliées à la manière d’une arête de poisson.

PNV - Michel Filliol

Inscrite sur la liste des espèces protégées, la rare centaurée du Valais est présente dans ces pelouses sèches d’adret. Cette centaurée aux feuilles très divisées, duveteuses et presque blanches portent des fleurs nom-

PNV - Christophe Gotti

Centaurée du Valais

Genévrier commun

Dracocéphale de Ruysch

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67

Fiche-milieu n°4

PNV - Patrick Folliet

breuses, roses et groupées en inflorescence lâche. C’est une plante bisannuelle, dont l’aspect rappelle certaines espèces méditerranéennes. On ne peut la confondre avec aucune autre espèce de centaurée présente sur la commune. Petite plante aromatique à fleurs violettes, l’hysope officinale affectionne également les pelouses sèches rocailleuses des adrets de Termignon-la-Vanoise (lire la ficheespèce n°2). Plante à tige pubescente, couchée ou dressée, la trigonelle de Montpellier est une plante annuelle des coteaux secs. Elle se caractérise par ses feuilles à trois folioles dentées et ses inflorescences à très petites fleurs jaunes. Arbuste envahissant les pelouses sèches de l’étage montagnard, l’épine-vinette colonise rapidement le territoire dès l’abandon du pâturage. Puissamment armée d’épines “à trois branches”, longues et aiguës qui la protègent du bétail, elle profite de ses avant-postes dans les haies basses et les pierriers pour lancer des drageons à croissance rapide. La petite faune y trouve de nombreux refuges et des ressources alimentaires : c’est une plante mellifère et ses baies sont comestibles. Arbuste classique des adrets, le genévrier commun présente une dynamique de population beaucoup plus lente que l’épine-vinette.


Fiche-milieu n°4

Le secteur des montagnettes, d’altitude supérieure à celles des adrets de Termignonla-Vanoise, abrite de nombreuses plantes patrimoniales. Parmi celles-ci, le dracocéphale de Ruysch, ou “tête de dragon”, est lié aux pelouses sèches sur substrat acide. Cette espèce très rare de la flore française est reconnaissable à la forme particulière de ses fleurs bleu violacé. Leur corolle est composée d’un long tube s’élargissant au sommet et terminée par deux lèvres distinctes, la supérieure en forme de casque. Le lis orangé affectionne essentiellement les pelouses sèches rocailleuses du Coëtet, par exemple. Victime de sa beauté, il est devenu rare en Vanoise à la suite de cueillettes excessives et se replie de plus en plus dans les zones d’adret difficiles d’accès.

tues, entrecoupées de barres rocheuses, où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux dont le relief est accidenté lui permettant ainsi de limiter les rencontres avec les prédateurs, vers les montagnettes notamment. Son chant évoque un claquement de castagnettes. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale de son aire de répartition.

Ces

Par leur microclimat particulièrement sec, ces coteaux accueillent une faune à tendance nettement méridionale. Le bruant fou est un hôte régulier des adrets rocailleux à végétation ligneuse ouverte. Il se carac-térise par sa tête grise marquée de trois lignes noires : au-dessus, en travers et au-dessous de l’œil. Un autre bruant, le bruant ortolan niche aussi sur ces pentes rocailleuses. Son nid est le plus souvent posé à même le sol. C’est un migrateur trans-saharien.

Ils accueillent également une avifaune intéressante. La perdrix bartavelle, par exemple, fréquente les pelouses sèches et les pâtures extensives ensoleillées et pen-

L’abondance de sauterelles et de grandes espèces de papillons de nuit est particulièrement favorable au hibou petitduc. Ce rapace nocturne, insectivore, migrateur, affectionne les biotopes variés, où se côtoient les milieux secs, ouverts* et buissonnants. Nicheur rare en Vanoise, cette espèce d’affinité méditerranéenne n’est plus mentionnée sur la commune depuis une dizaine d’années ; elle demeure présente sur plusieurs communes de Haute Maurienne, situées plus en aval (Aussois, Villarodin-Bourget, etc.). Ces adrets offrent également un abri à des papillons exceptionnels. Parmi ces espèces, le moiré printanier est un papillon méditerranéen, ici en limite septentrionale de son aire de répartition. Il est présent en Maurienne et en quelques rares endroits de Tarentaise. De couleur brun sombre, ses ailes portent des bandes fauve rougeâtre ponctuées d’ocelles noirs pupillés de blanc. L’hespérie du chiendent, présente en Savoie

Faune

PNV - Alexandre Garnier

secteurs exposés au sud, où la neige fond rapidement et dénude une végétation précoce, constitue une zone d’hivernage privilégiée pour la faune : bouquetin des Alpes et chamois qui recherchent, en hiver, la clémence et les ressources alimentaires des pentes ensoleillées (lire les fiches-espèce n°11 et 12).

Perdrix bartavelle

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°4 PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois CPNS - Jeannette Chavoutier

Grand apollon

Zygène de la Carniole

surtout en Maurienne, et l’hespérie de l’épiaire sont d’autres papillons de jour méditerranéens ou méridionaux fréquentant ces coteaux steppiques. Les pelouses rocailleuses et les vires rocheuses des versants ensoleillés constituent aussi un habitat* de choix pour le grand apollon, un grand papillon blanc à taches noires avec plusieurs gros ocelles rouges ou orangés cerclés de noir sur l’aile postérieure. Cette espèce protégée des massifs montagneux est rare en France, bien que localement abondante dans les Alpes et les Pyrénées. Elle pond ses œufs sur les orpins ou les joubarbes. La zygène de la Carniole est un papillon de nuit aimant la chaleur. Dans les lieux qui lui conviennent (pentes xéro-thermophiles* parsemées de buissons et prairies maigres),

Grillon d’Italie

elle peut apparaître en grand nombre, en particulier sur les knauties, les scabieuses et les centaurées, sources fort appréciées de nectar pour les adultes (lire la fiche-espèce n°10). Le criquet bariolé, aux tibias postérieurs d’un rouge éclatant et annelés de jaune et de noir à la base, affectionne les pelouses sèches montagnardes à faible couvert végétal. La présence du grillon d’Italie à plus de 1 400 m d’altitude sur les coteaux de Termignon-la-Vanoise constitue un record d’altitude en Maurienne.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les défrichements anciens ont permis l’extension des pelouses d’adret, autrefois entretenues par une fauche manuelle ou un pâturage régulier. D’un point de vue agricole, les pelouses les plus sèches ont un intérêt pastoral limité en raison de la faible productivité de ces milieux. Par contre, la précocité de leur végétation est intéressante dans la mesure où elle permet un pâturage en début de

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PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°4

PNV - Nathalie Tissot

Pâturage ovin d’intersaison sur les pelouses et landes sèches de la Traverstaz

Mosaïque de milieux du secteur d’adret du Coin et du Belvédère

saison. À Termignon-la-Vanoise, les adrets et les montagnettes sont pâturés par le bétail en intersaison. Intérêts biologique et patrimonial du milieu Aux yeux des termignonais, ces adrets revêtent un intérêt paysager important. Le maintien des milieux ouverts*, culturellement plus appréciés que la friche, correspond à une réelle demande sociale. Les adrets de Termignon-la-Vanoise forment une mosaïque de milieux diversifiés. À l’échelle du versant, cette

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie

variété d’habitats* (pelouses sèches et substeppiques, roches, murgers*, landes à genévrier, prairies à luzerne, prairies de fauche) présente un fort intérêt qui s’amoindrit si le milieu se ferme trop. La seule présence des pelouses steppiques sur les versants surplombant la rive droite de l’Arc à l’ouest de Termignon confère au site une valeur patrimoniale remarquable du fait de la rareté de cet habitat* en Savoie et plus généralement en France. La sécheresse et l’ouverture du milieu favorisent l’implantation d’espèces thermophiles de pleine lumière comme la centaurée


Propositions de gestion À l’échelle du versant, le maintien d’un pâturage extensif semble la solution la plus appropriée pour empêcher la colonisation des adrets par les ligneux et entretenir les zones encore ouvertes. Plus localement, l’intérêt écologique particulier de tel ou tel secteur de pelouses, ou la présence d’espèces de fort intérêt patrimonial, peut nécessiter, dans un objectif de préservation, des interventions de restauration par moyens mécaniques (débroussaillement des épines-vinettes, abattage de quelques pins sylvestres). Les opérations devraient être suivies d’un entretien par pâturage léger. Pour autant, l’intérêt biologique de ces adrets résidant également en l’existence d’une mosaïque de milieux, il convient de maintenir une part de chacun d’entre eux : bosquets, haies, murgers*, etc.

PNV - Nathalie Tissot

Évolution et transformation du milieu Les pelouses les plus sèches ont une dynamique de végétation assez lente, car la pauvreté du sol ne permet pas l’établissement d’une végétation arbustive significative. Elles évoluent donc très lentement. Par contre, ailleurs, notamment sur les prés herpines*, l’abandon de l’utilisation agricole entraîne un embrous-saillement (colonisation par le rosier, l’épine-vinette et le genévrier commun) puis une reforestation naturelle (par le pin sylvestre).

Le pâturage par les troupeaux d’ovins et par les ongulés sauvages au printemps, tels que les bouquetins et les chamois dans les montagnettes, et les cervidés dans les adrets, contribue au moins partiellement au maintien du couvert végétal herbacé, mais ce n’est pas suffisant pour contrecarrer la dynamique d’embroussaillement par la lande puis la forêt, qui sévit sous la limite supérieure de la forêt.

Prés secs envahis par les résineux et les feuillus

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71

Fiche-milieu n°4

du Valais, qui ne sauraient prospérer dans les autres types de prairies, plus largement répandues. La présence de quelques espèces très rares, telles que cette centaurée, ou encore le moiré printanier, confère aux pelouses sèches d’adret une grande valeur biologique. Les caractéristiques écologiques particulières des pelouses et prairies sèches (sécheresse, chaleur, lumière) souvent contraignantes, favorisent la présence de tout un cortège d’espèces originales qui leur sont adaptées. Une bonne partie d’entre elles disparaissent quand ces pelouses s’enfrichent et cèdent la place aux fourrés et aux landes. Leur situation, en bas de versant, à proximité des villages et des voies de circulation, fait de ces adrets un élément important du cadre de vie des habitants.


Sommaire

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°5

Les prairies de fauche

PNV - Joël Blanchemain

Prairie de fauche de vallée, fleurie de narcisse et de pissenlit (le Châtelard)

Secteur de fauche au lieu-dit ”l'Ile“

Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison, voire aux deux périodes. Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploita-

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie

tion et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, elles se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n’en demeurent


Fiche-milieu n°5 pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs. Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage. On distingue : - les prairies de fauche plutôt maigres et sèches, très diversifiées et riches en espèces végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés. De telles formations sont par exemple dans un secteur situé vers le début de la route de Bellecombe depuis Termignon. - les prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riche en éléments minéraux,

comme les prairies de la chapelle des Prés et du plan Vernay. Ces prairies sont souvent fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. - des prairies artificielles, donc semées, soit en luzerne, soit en dactyle, qu’on rencontre principalement sur le plateau agricole dominant le village, au-dessus de l’église. Il existe à Termignon-la-Vanoise une bonne diversité de types de prairies fauchées. Quant aux prairies d’altitude, situées à plus de 1 800 m d’altitude, dont la flore est encore plus originale, elles se maintiennent encore à Chavière, Entre-Deux-Eaux et la Rocheure.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73


Fiche-milieu n°5

Flore prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager.

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Une prairie de fauche se caractérise par la

Trolle d’Europe

PNV - Michel Delmas

Parfois très abondante dans les prairies de fauche fraîches, la renouée bistorte s’identifie à ses minuscules fleurs roses, groupées en un épi cylindrique très compact. Le trolle d’Europe et le cumin des prés, aux fruits aromatiques, fleurissent aussi dans ces milieux. Le trolle d’Europe est une plante assez commune en montagne, facilement reconnaissable à sa fleur en forme de boule jaune. Ce cortège floristique s’accompagne de différentes ombellifères telles que la grande berce, dont l’inflorescence en ombelle sert de piste d’atterrissage aux insectes qui y trouvent un nectar abondant. Avec une diversité floristique beaucoup plus élevée, les prairies maigres sont aussi les plus richement colorées avec le sainfoin des montagnes, le lotier corniculé, la sauge des prés, le rhinanthe velu, les centaurées et diverses ombellifères comme le grand boucage.

Parmi celles-ci, on trouve pour les prairies plutôt grasses : le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre, alors que la kœlérie pyramidale est plus typique des prairies maigres sur calcaire. Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Salsifis des prés, compagnon rouge, trèfles et marguerite succèdent au tapis de pissenlit au printemps. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. Typique de ces prairies, le géranium des bois se caractérise par sa tige dressée et très ramifiée, ses feuilles profondément découpées et ses grosses fleurs pourpre violette.

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Dactyle aggloméré

Sauge des prés


PNV - Jacques Perrier

Rhinanthe velu

Faune

PNV - Patrick Folliet

fraîches sont fréquentées par le lièvre brun à une altitude inférieure à 2 000 mètres. À Termignon-la-Vanoise, la marmotte des Alpes fréquente également le couvert herbacé des prairies de fauche. Prisé du public, cet animal est plutôt mal-aimé des agriculteurs, du fait des dégâts qu’il occasionne parfois dans ces prairies (lire la fiche-espèce n°9). En recherchant les racines et les vers de terre dont il est friand, le sanglier est capable de retourner de

Marmotte des Alpes

PNV - Alexandre Garnier

Parmi les mammifères, les prairies de fauche

Tarier des prés

Ceux-ci lui servent aussi de nichoir et de garde-manger : elle pique ses proies sur les épines des arbustes qui constituent alors des “lardoires” où elle se ravitaille quand besoin est. Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) lui servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. Prédateur de petits insectes abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.), le tarier des prés est un des rares oiseaux caractéristiques de ce milieu.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75

Fiche-milieu n°5

grandes surfaces de prairies, affectant aussi la gestion de celles-ci. La caille des blés affectionne la végétation herbacée haute des prairies de fauche. Ce galliforme remarquable présente la particularité d’avoir un cycle reproducteur tardif, incompatible avec une agriculture intensive. La modification des pratiques agricoles alliant drainage, fertilisation et fauche précoce, voire l’ensilage des herbages, a provoqué la raréfaction de cette espèce au niveau mondial. La caille des blés fréquente le secteur de fauche en amont de la Fennaz, ainsi que les prairies de fauche d’altitude. La pie-grièche écorcheur chasse de gros insectes et des lézards dans les prairies depuis les buissons de genévrier commun et d’églantier qui les bordent.


PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°5

Les floraisons opulentes et variées des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Les insectes de ces prairies se remarquent par leur diversité et leur abondance. Les plus visibles sont les papillons de jour dont le damier de la succise, présent indifféremment dans les prairies de fauche sèches ou fraîches, le moiré lancéolé, la virgule et le grand nacré. Le fadet de la mélique fréquente les prairies de fauche sèches où poussent les plantes nourricières de sa chenille, dont la brize intermédiaire.

Virgule

PNV - Joël Blanchemain

Les papillons ne sont pas les seuls insectes à profiter de cette ressource de nectar ; les abeilles et les bourdons viennent nombreux butiner les fleurs prairiales, ce qui leur confère une grande valeur apicole.

Dectique verrucivore (femelle en train de pondre)

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Quant aux orthoptères, les plus bruyants des insectes fréquentant ces milieux, ils trouvent au sein de ces herbes, le gîte et le couvert. C’est le cas du criquet jacasseur, un insecte plutôt inféodé aux prairies maigres et sèches, et du dectique verrucivore qui fréquente également ce type de prairies de fauche. Ce dernier est essentiellement prédateur d’autres insectes.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part, elles représentent, pour les naturalistes, un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales et d’autre part, un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. La fauche des prairies locales permet d’augmenter l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage et de limiter l’achat de foin à l’extérieur. L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produite. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s’il n’est pas coupé à temps. A contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la


PNV - Yves Brugière

Fenaison et utilisation du rateau au Lac Blanc

Fauche à la motofaucheuse (la Rocheure)

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77

Fiche-milieu n°5

exemple. Certaines prairies de fauche reçoivent du fumier (Entre-Deux-Eaux, la Chira, le Coëtet), ainsi que du lisier (prairies de vallée). La fumure minérale peut également être épandue sur certaines parcelles en complément. L’irrigation est peu pratiquée. La fauche des prairies locales ne permet pas une autonomie complète en foin et nécessite un complément provenant de la Crau et de la Drôme. La fauche est pratiquée autant que possible avec un tracteur et une lame de coupe. Les terrains non mécanisables, notamment

PNV - Jacques Perrier

destruction de plantes indésirables, etc. Les prairies de fauche de Termignon-laVanoise sont coupées une fois par an au moyen d’une faucheuse à disque. S’apparentant davantage à des cultures, les prairies semées en luzerne sont parfois fauchées jusqu’à trois fois par an. Selon leur localisation, les chantiers de fauche s’échelonnent de juin à août. Les parcelles fauchées en premier lieu sont les luzernes. Les prairies de fauche d’altitude (vers 2 000 m) ne sont pas fauchées avant la fin du mois de juillet et jusqu’à la miaoût, comme à Mollard Ravet, par


PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n°5

Prairie de fauche en fleurs à la Chavière

certaines prairies d’altitude, continuent d’être fauchés au moyen d’une motofaucheuse (Les Ruelles). Les prairies sont pâturées en fin de saison, pour le regain. Intérêts biologique et patrimonial du milieu La diversité des pratiques agricoles, combinée avec des conditions écologiques variables, produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux originaux d’un point de vue naturaliste, et distincts sur le plan paysager. La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales, pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. Une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, une fauche précoce, répétée dans

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie

le temps, diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d’oiseaux précoces, comme le tarier des prés, et la pollinisation par les insectes. À Termignon-la-Vanoise, on rencontre une diversité de pratiques et de nature de prairies de fauche. Certaines prairies de fauche d’altitude (telles que celle située à Pierres Blanches dans le vallon de la Rocheure) non fertilisées, non irriguées et fauchées début août, accueillent jusqu’à 35 espèces végétales différentes. L’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Une étude menée dans les prairies de fauche d’altitude de Haute Maurienne a permis de dénombrer 80 espèces de papillons de jour, soit près des deux tiers des espèces présentes dans cette haute vallée. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs


En Haute Maurienne, les secteurs de fauche d’altitude se sont globalement mieux maintenus, notamment grâce aux accès routiers existants (Iseran, mont Cenis, Termignon-la-Vanoise). À Termignon-la-Vanoise, les anciens secteurs de fauche des montagnettes ont été transformés en pâturages pour certains, complètement abandonnés pour d’autres. On assiste à Termignon-la-Vanoise à une certaine intensification des pratiques de gestion des prairies de fauche dans les secteurs

PNV - Nathalie Tissot

Évolution et transformation du milieu Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement marquée en altitude. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des

problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 - 2 000 m. En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la production de Beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC).

Prairie fumée et labourée en rive gauche de l’Arc

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79

Fiche-milieu n°5

(micro-mammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Les floraisons opulentes des prairies de fauche d’altitude ont aussi un intérêt paysager certain. Elles offrent au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. Les prairies sont d’autant plus fleuries que leur fauche est tardive. D’autre part, les moins fertilisées offrent au regard un plus large panel de couleurs. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés.


Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Le retour à des pratiques plus extensives sur certaines parcelles peut être souhaitable : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive, maintien de prairies de fauche “extensives” peu productives, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile. Afin de favoriser le maintien d’une faune prairiale, toute pratique de fauche lui permettant de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge - du centre vers la périphérie - si la forme de la parcelle le permet) est recommandée.

Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes) de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. L’AOC Beaufort est une des démarches susceptibles de freiner l’abandon des prairies de fauche car les éleveurs, par le biais du cahier des charges, s’engagent à tendre vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la ressource en eau et de préservation de la biodiversité. Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans le cadre d’un cahier des charges de mesures de type agri-environnemental. À titre d’exemple, la mesure “prairie de fauche” proposée lors de la dernière Opération Locale Agri-Environnementale de Maurienne (lancée à la fin des années 1990) a reçu un très bon accueil de la part des agriculteurs se traduisant par un fort taux d’adhésion. À Termignon, huit agriculteurs ont ainsi souscrit des contrats sur cinq ans pour environ 50 hectares de prairies de fauche d’altitude.

PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n°5

de fauche les plus bas : irrigation par aspersion et augmentation de la fertilisation. Les capacités d’assimilation des prairies sont limitées, surtout en montagne où le sol est généralement peu épais et la période de végétation plus courte qu’en plaine. Au-delà d’un certain seuil de fumure, les prairies restituent les excédents dans les rivières et les nappes phréatiques, entraînant une pollution néfaste pour la faune et la flore comme pour la ressource en eau.

Meules de foin à la Chira

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Nathalie Tissot

Les forêts de conifères

PNV - Nathalie Tissot

Pineraie de pin à crochets (canton de l'Ouille, forêt des Tannes) et pineraie de pin sylvestre (cantons du Genevraz et du Coin)

Cembraie et lande à éricacées au Replat des Canons

À

l’image des forêts de la Vanoise, les forêts de Termignon-la-Vanoise sont essentiellement résineuses. Ces forêts occupent les deux versants des vallées de l’Arc et du Doron. Ce couvert forestier s’étend sur près de 1 200 hectares, depuis 1 300 m d’altitude jusqu’à 2 280 m.

Il comprend les forêts domaniales des Sallanches et du Bey, ainsi que les cantons d’Arc, des Roches Blanches, du Replat des Canons, de la Genevraz, du Coin, du Suffet, de Traverstaz, du Chatelard et de l’Ouille. Les forêts termignonaises sont des boisements mixtes composés de deux

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81

Fiche-milieu n°6

Sommaire


Fiche-milieu n°6

essences principales : l’épicéa (majoritaire) et le sapin pectiné. D’autres essences telles que le pin sylvestre, le pin à crochets, le mélèze et le pin cembro sont également présentes, en mélange ou en peuplements purs. Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité). La présence de la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, à des sols maigres et des situations de crêtes est liée au substrat géologique (gypse, calcaires et cargneules*). À Termignon, elle s’étend sur 129 hectares, dans le canton de l’Ouille et la forêt des Tannes, notamment. Les épicéas, omniprésents dans les forêts de Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. À

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie

l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d’épicéa. La pessière* couvre 308 hectares de la forêt communale (ex. du canton du Chatelard et du Replat des Canons) et la sapinièrepessière, 251 hectares (bois du Suffet et canton d’Arc). La pineraie de pin sylvestre occupe 144 hectares de forêt communale. Les peuplements les plus secs se trouvent dans les cantons de la Genevraz et du Coin. Le mélèze n’est qu’en mélange dans les pessières*, les sapinières-pessières et les cembraies*. Ces dernières couvrent 76 hectares, dans la partie supérieure des cantons du Replat des Canons et de Roches Blanches. Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations


préférence sur calcaire, mais aussi dans les tourbières. Ses aiguilles sont groupées par deux, les cônes sont petits et asymétriques. Il pousse jusqu’a 2 200 voire 2 300 m d’altitude. Arbre élevé à écorce de couleur caractéristique brun rougeâtre à saumonée dans la partie supérieure du tronc, le pin sylvestre est considéré comme une espèce de lumière. C’est l’espèce dominante des forêts d’adret. Assez commun dans la zone périphérique* en Maurienne, il est plus rare en Tarentaise.

Flore

Raisin d’ours commun

PNV - Maurice Mollard

Vanoise, l’épicéa tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’ouvrage (charpente, bardages etc.). Le pin à crochets est une espèce typiquement montagnarde, adaptée aux conditions climatiques contrastées de l’altitude. Arbre de longue vie, il peut atteindre jusqu’à 25 m de haut en conditions favorables. Très tolérant, on le rencontre dans les éboulis et les falaises, de

PNV - Maurice Mollard

Arbre principal de l’étage montagnard en

PNV - Christophe Gotti

Bruyère herbacée

Pin sylvestre

L’airelle rouge ou le raisin d’ours commun, adaptés à la sécheresse et capables de résister au gel que le manteau neigeux quasi inexistant ne peut plus atténuer, constituent les sous-arbrisseaux caractéristiques. Les baies de ces deux espèces sont comestibles, mais celles du raisin d’ours sont farineuses et sans saveur. Sous-arbrisseau à tiges couchées et rameaux dressés, la bruyère des neiges ou bruyère herbacée tient son nom

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n°6

végétales de sous-bois : tapis dense de sous-arbrisseaux et de plantes herbacées (coronille minime, bugrane à feuilles rondes) pour les pineraies sèches, couverture quasicontinue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun, airelle rouge) dans la pessière* subalpine, sous-bois de bruyère herbacée et mousses dans la pineraie fraîche de pin sylvestre, etc.


de Termignon ont la particularité d’accueillir cinq des six espèces de pyroles de France dont deux sont protégées, les pyroles intermédiaire et verdâtre. La corallorhize trifide, ou racine de corail, tient son nom de l’aspect de son rhizome branchu. Cette orchidée discrète, produisant une ou plusieurs tiges fragiles sans feuille, pousse localement dans les massifs forestiers de la commune (vers le Coin). L’épipogon sans feuille est une autre orchidée qui recherche l’ombre et l’humidité des sols forestiers. Tout comme la corallorhize trifide, cette petite plante est saprophyte. À l’aide de champignons présents dans ses racines, elle est capable de se développer à partir de la matière organique du sol. Cette espèce est protégée.

Faune

Espèce

typiquement forestière, le campagnol roussâtre se reconnaît aisément à son pelage roux. Ce rongeur d’une dizaine de centimètres se nourrit de feuilles, tiges et graines à la belle saison, de baies, d’écorces et de champignons en automne et en hiver. C’est une proie préférentielle de la chouette de Tengmalm. Le mulot sylvestre est un petit rongeur omnivore (graines, insectes, feuilles et bourgeons), aux mœurs nocturnes, qui fréquentent tant les forêts que les haies bocagères, les pré-bois, les maisons. Pour le loup, mammifère principalement forestier, nouvellement réapparu en

PNV - Alexandre Garnier

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-milieu n°6

de sa période de floraison, de mars à mai alors que la neige est encore bien présente. Bien que localement abondante, cette espèce protégée est rare en France et se trouve en Vanoise en limite occidentale de son aire de répartition. Espèce de l’étage montagnard, la bugrane à feuilles rondes est bien représentée dans les clairières des pinèdes sèches. Elle arbore des fleurs roses réunies par deux ou trois ainsi que des feuilles découpées en trois folioles rondes. L’oxalis petite oseille, encore nommé pain-de-coucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches. Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche. Très classique dans les forêts mixtes*, la luzule blanc-de-neige est une “herbe” assez commune recouverte de longs poils blancs. Ses fleurs d’un blanc argenté sont groupées au sommet de la tige. Espèce typique des forêts sèches, la pyrole à une fleur est une plante peu fréquente en Savoie. Elle se caractérise par son unique fleur blanche à l’extrémité de la tige et une rosette basale de feuilles rondes. Les forêts

Pyrole verdâtre

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Loup


PNV - Ludovic Imberdis

la particularité d’être un des rares oiseaux à savoir se servir d’un outil, une enclume, qui est un caillou sur lequel elle brise les escargots pour en extraire la chair. La grive litorne, elle, est liée aux boisements humides de conifères, isolés ou en bordure de forêt. Préférant également les lisières au cœur des forêts denses, le merle à plastron est un oiseau migrateur bien répandu en versant frais, au-dessus de 1 500 m d’altitude, bien au-delà de la limite altitudinale du merle noir. En revanche, la gélinotte des bois, galliforme rare en Vanoise du fait de l’absence de hêtraie, affectionne les forêts mixtes* de la commune à l’étage montagnard. Les pics jouent un rôle fondamental en forêt, en offrant des cavités de nidification à d’autres animaux cavernicoles, euxmêmes incapables de forer des trous. Avec leur bec puissant et aiguisé comme des ciseaux à bois, ils frappent vigoureusement sur le tronc des arbres malades, à la fois pour se nourrir, et pour se créer une loge. Les pic épeiche, pic vert et pic noir sont tous nicheurs à Termignon-la-Vanoise. Les cavités qu’ils percent constituent un refuge pour de nombreuses autres espèces animales, telles que l’écureuil, mais également pour d’autres oiseaux comme les mésanges bleue, noire et charbonnière.

La pessière* humide est une forêt relativement riche sur le plan ornithologique. La fauvette à tête noire, l’accenteur mouchet, ainsi que le pouillot véloce, font partie des oiseaux caractéristiques de ce milieu. Le troglodyte mignon, une autre espèce bien représentée dès lors qu’existe une strate buissonnante, oppose sa très petite taille, 9 cm de long, à son chant puissant et carillonnant. Caractéristique des paysages boisés aérés, la grive draine se tient surtout en lisière des forêts et dans les clairières. Elle a besoin de grands arbres pour chanter et nicher, mais elle se nourrit d’invertébrés et de végétaux (baies, etc.) dans les prés et autres zones dégagées. Sa “cousine”, la grive musicienne s’installe aussi en forêt, mais elle affiche une certaine préférence pour les formations sur sol humide et ombragé. En effet, sa présence est conditionnée par celle des vers et escargots, ses mets de prédilection. Elle a

PNV - Alexandre Garnier

Cerf élaphe (mâle et femelle)

Mésange bleue

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85

Fiche-milieu n°6

Maurienne par extension de sa population italienne, les forêts constituent un biotope refuge indispensable. Les ongulés sauvages, les jeunes sangliers, les mouflons, etc., font partie de ses proies de prédilection, ce qui n’empêche pas ce grand prédateur de chasser des ovins, comme ce fut le cas ces dernières années dans les alpages de la commune. Les forêts constituent un refuge pour d’autres espèces de mammifères : écureuil, blaireau, renard, chevreuil, cerf, sanglier.


Usages, intérêts économiques et représentations La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l’Office national des forêts. La forêt communale couvre 942 hectares. Cette surface inclut près de 230 hectares de terrains non boisés (couloirs d’avalanches, pierriers et emprises diverses dont celles liées à la station de ski), ainsi que 36 hectares d’aulnaie verte. Les surfaces de forêts privées sont faibles ; elles représentent 54 hectares pour 36 propriétaires. Créée dans les années 1930, la forêt domaniale de Termignon est composée de deux secteurs : les Sallanches et le Bey. Cet espace est géré par l’Office national des forêts et représente une surface de 226 hectares, dont 86 hectares sont couverts de forêt. 49 hectares de cette forêt, situés dans le secteur des Sallanches sont classés en forêt de protection. Par ailleurs, les travaux de protection qui ont lieu dans les vallons des torrents du Bey et des Sallanches sont effectués par les services de Restauration des Terrains en Montagne (torrents susceptibles de fortes crues). La majeure partie de la forêt communale est exploitée en futaie irrégulière*. Son exploitation forestière est soumise à un plan d’aménagement, qui fixe les règles de gestion sur une durée de 15 ans (20002014). Ainsi, 450 hectares de forêt communale (situés en partie sur les cantons d’Arc du Replat des Canons, de Roches Blanches, du Coin et du Suffet) sont affectés principalement à la production de bois d’œuvre résineux tout en assurant la protection générale (physique, paysagère, etc.) des milieux. La production moyenne annuelle de bois sur ce secteur approche 3,5 m3 par hectare et par an, soit 1 430 m3 exploitable.

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°6

Équilibre entre l’homme et son milieu

Activité du Parc Aventure

Le plan d’aménagement envisage le prélèvement de 1 220 m3 par an, à partir des essences suivantes : sapin, épicéa, pin sylvestre, pin à crochets, mélèze et pin cembro. Les deux premières espèces fournissent du bois de qualité bonne à excellente, destiné à la charpente, la menuiserie, l’ameublement, le sciage, la confection de palettes et le lambris. Le pin cembro fournit du bois pour l’ameublement et la sculpture. Pour le bois de feu, des lots de bois sont vendus chaque année aux habitants qui en font la demande. Ces bois sont prélevés principalement parmi les chablis, arbres dépérissants et bois d’éclaircies. Ils représentent un volume annuel de bois d’au moins 300 m3 par an, pour environ 25 personnes. Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à


PNV - Nathalie Tissot

que la comme prioriRoches

Exploitation forestière au Châtelard : épicéas au bord de la route

PNV - Nathalie Tissot

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt

patrimonial au niveau européen, Communauté européenne a classé “milieu d’intérêt communautaire taire” (secteur du Soday et des Blanches).

Forêt à l’automne dans le secteur de l’Ouille

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87

Fiche-milieu n°6

une protection générale contre l’érosion du sol, le ravinement et les départs d’avalanches. Une partie du secteur de Roches Blanches, du Suffet, ainsi que la Genevraz, la Traverstaz, le Chatelard et l’Ouille (soit 492 hectares de la surface de forêt communale) est vouée prioritairement à une telle protection physique et paysagère. Les fonctions secondaires de ces secteurs sont liées à l’accueil du public et, malgré tout, à la production ligneuse. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de plein air (randonnée, équitation, VTT, parc aventure, etc.).


PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°6

L’existence, à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée*, très gros bois, vieux arbres), est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que la bruyère herbacée, le sabot de Vénus, les pyroles verdâtre et intermédiaire. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci. Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la

Dispositif de protection du tétras-lyre et de la gélinotte des bois sur le téléski du Grand coin

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie

commune, en particulier en automne lorsque la ramure des mélèzes prend une teinte dorée et contraste alors avec celle, constamment verte, des autres conifères. D’autre part, ces forêts jouent un rôle positif de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles. Évolution et transformation du milieu Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. À l’étage montagnard, dans les sapinières-pessières climaciques*, le sapin dominera progressivement l’épicéa, en pourcentage d’essences. Le mélèze, en revanche, est une espèce pionnière qui craint la concurrence des autres conifères. Ses peuplements ne sont pas stables et évoluent peu à peu vers d’autres types de forêts (notamment vers des cembraies*, à l’étage subalpin). La randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.) peut provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. La fréquentation des forêts par des engins motorisés, pourtant interdite par la loi 4x4 en-dehors des routes ouvertes à la circulation, provoque la dégradation de sentiers, ainsi que des nuisances sonores importantes pour les promeneurs et pour la faune de ces milieux. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger permanent pour ces oiseaux.


Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière et d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Une exploitation forestière permettant l’existence d’un nombre suffisant de vieux

arbres à cavités, et un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition (au moins deux arbres morts debout à l’hectare), est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la fragilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Cela exige un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés. L’installation de dispositifs de signalisation des câbles de remontées mécaniques à Termignon-la-Vanoise en 2000, sur les téléskis du Grand Coin et du Lac, permet d’atténuer l’impact de ceux-ci sur les populations de tétraonidés forestiers.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89

Fiche-milieu n°6

Quand il existe, le morcellement progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) porte atteinte à l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares qui y trouvent refuge. Il peut aussi provoquer la destruction directe de plantes protégées. Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression, voire la disparition, de certaines populations animales de tout un secteur. En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.


Sommaire

PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n°7

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie

PNV - Nathalie Tissot

Aulnaie verte dans les gorges du Doron au hameau de la Gorge Dessus

Aulnaie verte dans la forêt du Suffet

L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable. Elle peut former des grandes entités à strate arbustive quasiment mono-spécifique.

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques,


Fiche-milieu n°7 - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. Elles semblent occuper une surface moins étendue que les aulnaies vertes primaires*, localisées principalement dans les gorges du Doron. Quant aux aulnaies dites secondaires*, elles sont présentes par exemple au sein de la forêt du Suffet. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent. Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. Ces plantes herbacées ont la particularité de se déve-

lopper très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie* atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mi-journée n’interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin. À Termignon-la-Vanoise, on peut facilement observer ce type de végétation en empruntant la route de Plan du Lac, qui traverse la forêt du Suffet.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91


Fiche-milieu n°7

Flore

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

vert, encore appelé arcosse, possède des tiges très souples inclinées vers l’aval. Solidement ancré au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et supportent le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir lui-même le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol qui est en partie responsable de l’exubérance des mégaphorbiaies* voisines. Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes luxuriantes à l’abri d’un éclairement solaire trop intense. Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et à feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Commune en Maurienne, elle porte des fleurs bleu violacé disposées en grappes plus ou moins allongées.

Laitue des Alpes

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

L’aulne

Cortuse de Matthiole

L’adénostyle à feuilles d’alliaire fait également partie de cette flore exubérante. Atteignant jusqu’à 1,5 m de hauteur, elle développe de larges feuilles irrégulièrement dentées, vertes et glabres à la face supérieure, et d’un blanc cotonneux dessous. Autre plante typique des lieux, l’achillée à grandes feuilles est la plus grande de toutes les espèces d’achillées de Vanoise avec une taille pouvant atteindre 1 m. C’est une espèce de montagne, uniquement ouest alpine. Parmi les espèces rares et protégées de la flore termignonaise, on peut rencontrer au sein des mégaphorbiaies*, l’ancolie des Alpes, hôte plus habituel des landes et des formations forestières claires. La cortuse de Matthiole est également présente au sein de ces formations végétales. Cette plante vivace, à tige dressée et nue, surmontée de plusieurs fleurs retombantes, rose pourpre est très rare. Des pieds provenant du mont Cenis ont été introduits sur la commune en 1963. Deux stations vers le Suffet sont connues en 2005. Les mégaphorbiaies* accueillent également le lis martagon, encore appelé racine d’or en raison de la couleur jaune de son bulbe, les aconits tue-loup et paniculé, ainsi que la tozzie des Alpes, une plante des montagnes sud-européenne. Autre plante spectaculaire, la rhapontique des Alpes peut


PNV - Philippe Benoît

Rhapontique des Alpes

PNV - Ludovic Imberdis

PNV - Michel Bouche

atteindre 1,2 m de hauteur. C’est une plante alpine européenne, rare et protégée. Alors qu’elle affectionne classiquement les végétations de type mégaphorbiaie*, elle est localisée, à Termignon-la-Vanoise, sur les versants sud, mais à la faveur de sols frais. D’exigence écologique proche de la rhapontique, le chardon bleu des Alpes présente cette même particularité : il fréquente les anciennes prairies de fauche de la commune exposées au sud (lire la fiche-milieu n°1).

Rougegorge

Chardon bleu des Alpes

Faune

L’avifaune

de l’aulnaie verte se compose d’oiseaux forestiers présents également dans d’autres types de formations ligneuses.

En dehors de ces petits passereaux, le couvert dense de l’aulnaie verte fournit un abri irremplaçable au tétras-lyre en dehors de la période de nidification, ainsi qu’à ses jeunes qui ne savent pas encore bien voler. Même si elle est difficilement pénétrable, l’aulnaie verte constitue une remise de choix pour les grands mammifères qui

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93

Fiche-milieu n°7

Parmi celle-ci, l’accenteur mouchet en est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement le troglodyte mignon et la fauvette des jardins. Ces deux oiseaux affectionnent particulièrement la strate buissonnante basse et dense que l’aulnaie verte peut offrir. Moins fréquents, mais présents quand même dans cette aulnaie, le rougegorge familier et le bouvreuil pivoine, dont le chant aux tonalités douces et aiguës, ne porte pas très loin. La large poitrine rose pivoine chez le mâle adulte, ainsi que sa calotte noire le rendent facilement reconnaissable. Bien qu’il soit plus abondant dans les ripisylves* à aulne blanc, le sizerin flammé, qui manifeste une nette préférence pour les boisements frais, feuillus ou résineux, est également présent dans l’aulnaie verte.


PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°7

le bois d’aulne vert est brûlé dans les foyers des chalets d’altitude. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux.

Tétras-lyre

viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement humain.

Équilibre entre l’homme et son milieu

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui,

PNV - Nathalie Tissot

Usages, intérêts économiques et représentations Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Aujourd’hui encore, mais de manière plus anecdotique,

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne. La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines, dont la laitue des Alpes.

Aulnaie verte sous les crêtes de la Turra

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Michel Delmas

Végétation luxuriante de la mégaphorbiaie

PNV - Nathalie Tissot

quelles que soient les modifications physiques qui peuvent apparaître (dégâts d’avalanche, etc.), tendra toujours vers un boisement d’aulne vert. En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*.

Propositions de gestion Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. En revanche, dans un objectif de préservation des surfaces fourragères de la commune (et parallèlement de ses richesses faunistiques et floristiques), il peut être souhaitable de contrôler l’extension des aulnaies secondaires*, voire de réduire leur emprise actuelle. La réhabilitation de surface herbacée par débroussaillement ne doit être envisagée que si un mode de gestion à moyen et long termes, viable économiquement, est mis en place par la suite (pâturage ou fauche). En cas d’insuffisance des superficies pastorales, le débroussaillement d’aulnaie verte secondaire* est préférable au drainage des zones humides, qui provoque la destruction de milieux devenant rares et s’avère peu rentable sur le plan agronomique. Mais ce type d’action est très coûteux. Suite à l’initiative d’une association de chasse locale et de l’Office national des forêts, des secteurs d’aulnaie verte ont été défrichés au Suffet, afin de diversifier l’habitat* du tétras-lyre.

Extension de l’aulnaie verte dans l’alpage du Suffet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n°7

Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales d’intérêt fourrager et biologique supérieur. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira donc par un appauvrissement de la biodiversité. À Termignon-la-Vanoise, l’aulnaie verte aurait tendance à s’étendre, vers le Suffet notamment.


Sommaire

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°8

Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude

PNV - Nathalie Tissot

Lande à éricacées dans l’alpage du Suffet

Landines à azalée naine (plateau en limite des gorges du Doron)

Ce sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses.

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations buissonnantes à saules arbustifs. Ces formations peuvent


Fiche-milieu n°8 PNV - Christophe Gotti

atteindre plusieurs décimètres de hauteur. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres.

Azalée naine

Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intra-forestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.). Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97


PNV - Jean-Paul Ferbayre

La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et humides. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Elle s’étend localement vers le Replat des Canons, vers le Suffet, la Turra, les gorges du Doron, etc.

Rhododendron ferrugineux

à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne à ces landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sousarbrisseau buissonnant couché qui affectionne les localités où la neige persiste. Celle-ci produit de nombreuses baies noires et globuleuses.

La lande à genévrier nain préfère les versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 500-2 700 m d’altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Ce type de lande occupe notamment quelques secteurs autour du lac du Lait. Plus haut apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine (sur le plateau en limite des gorges du Doron, par exemple). Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés.

Flore

Les

espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°8

subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées (vers Entre-Deux-Eaux et vers le sommet des Roches Blanches).

Camarine hermaphrodite

Présent en alpage mais aussi dans la lande à airelle à petites feuilles, le pseudorchis blanchâtre, encore appelé orchis miel en raison de son odeur miellée, est une orchidée caractérisée par ses petites fleurs blanchâtres regroupées en épi dense. Arbrisseau touffu pourvu de rameaux tortueux, le saule glauque est une espèce protégée caractéristique de la saulaie buissonnante subalpine. Il est présent en France uniquement en Savoie, en Haute-


Fiche-milieu n°8 PNV - Nathalie Tissot

PNV - Jacques Perrier

Pseudorchis blanchâtre

Hermine en livrée hivernale

Savoie et dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’alpin.

Il n’y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Ainsi, la musaraigne carrelet et l’hermine, aux activités tant nocturnes que diurnes, peuvent y être observées. Le renard roux, qui investit des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu’il consomme nombre de rongeurs et autres petites proies, il s’alimente également des baies qu’il trouve dans ces landes.

Faune

Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau

PNV - Ludovic Imberdis

essentiellement subalpin dont l’habitat naturel se limite à la zone de transition entre l’étage supérieur de la forêt et les pelouses vers 1 900 à 2 000 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe, sur une surface réduite, de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement.

PNV - Michel Delmas

Renard roux

Musaraigne carrelet

Plus habitué des pelouses alpines et des éboulis, le lagopède alpin trouve néanmoins dans ces milieux, à la fois un refuge et un site propice à sa reproduction.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°8

Du point de vue des reptiles, on n’y rencontre guère que la vipère aspic qui arbore parfois à ces altitudes une belle robe totalement noire. Le solitaire est un papillon de jour inféodé aux landes pour sa reproduction. En effet, les œufs de cette espèce sont pondus sur les feuilles de l’airelle rouge et de la myrtille, qui sont les plantes nourricières des chenilles. Vipère aspic

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Nathalie Tissot

Solitaire (accouplement)

Usages, intérêts économiques et représentations D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. La cueillette de baies reste une activité marginale.

Lande à genévrier autour du lac du Lait

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°8 PNV - Nathalie Tissot

Lande à éricacées

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Intérêts biologique et patrimonial du milieu La présence du saule glauque et du saule helvétique confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale.

Saule helvétique

Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages montagnards. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilles rougissent l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’érosion et assurent la stabilité du manteau neigeux. Elles jouent un rôle de refuge pour certains animaux et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres

animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Les landes à rhododendron représentent un des éléments privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. La présence dans ces landes d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation. Évolution et transformation du milieu Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d’extension se poursuit, cela

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101


Propositions de gestion Un retour du pâturage peut être envisagé, voire encouragé, dans le cas des landes secondaires en extension (au Suffet, par exemple). Dans un contexte d’extension de la lande et de diminution de la pression pastorale à l’échelle du territoire communal, mieux vaut voir se fermer les zones à moins bonne valeur pastorale et concentrer l’effort de contrôle de la lande sur les alpages les meilleurs. Si la lande n’occupe qu’un faible territoire sur la commune et qu’elle n’est pas en phase d’extension, il est intéressant de la conserver, comme tout milieu rare, de par son intérêt faunistique (un des habitats du tétras-lyre, zone de refuge, etc.) et paysager.

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°8

peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels). À l’échelle du territoire de Termignon-laVanoise, les superficies occupées par les landes semblent globalement assez stables, même si on a assisté par le passé à une extension de la lande aux dépens d’anciennes prairies pâturées vers le Suffet. Aujourd’hui, ces zones de landes ont tendance à évoluer vers la forêt. Les gares d’arrivée des remontées mécaniques sont bien souvent créées sur les places de chant du tétras-lyre (tels que vers le Replat des Canons), impact venant s’ajouter à celui de câbles qui traversent leurs domaines vitaux.

PNV - Nathalie Tissot

Lande anciennement pâturée évoluant en forêt

Mosaïque de milieux naturels favorables au tétras-lyre

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Sommaire

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°9

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

PNV - Jacques Perrier

Pelouses au-dessus du hameau de la Chavière

Pelouses dans le vallon de la Rocheure

Les pelouses correspondent à des formations herbacées qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. On distingue les pelouses sèches d’adret des pelouses d’altitude. Les pelouses d’altitude couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin

à l’étage alpin (à partir de 1 800 m à Termignon-la-Vanoise) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages. Ce milieu se définit plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103


Fiche-milieu n°9

d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. Leur diversité est due à l’action combinée de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages) et le type d’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. À Termignon-la-Vanoise, on rencontre les pelouses calcaires sur le plateau du Turc, vers Pierre Blanche dans le vallon de la Rocheure, à Lanserlia, etc., et les pelouses acides dans les secteurs de Plan du Lac, de l’Arpont, etc.

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions ou bien sur les replats ou pentes faibles de haute altitude longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur des éléments fins pousse une pelouse particulière où sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Sur des éléments plus grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.


Fiche-milieu n°9

Flore

PNV - Philippe Benoît

dominante des pelouses acides fraîches. En dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable. La partie supérieure des pâturages de Praz Bouchet est couverte d’une pelouse à nard, au sein de laquelle pousse la fléole des Alpes, une graminée arctico-alpine* affectionnant les sols frais et riches en éléments minéraux, ainsi que la gentiane de Koch. Facile à reconnaître à ses fleurs roses réunies en tête serrées au sommet de la tige, le silène de Suède est une espèce protégée des pelouses siliceuses exposées au vent, telles que celles situées dans le vallon de la Leisse.

PNV - Michel Delmas

Le nard raide constitue souvent la graminée

Aster des Alpes

Le botryche lunaire est une petite plante, de 5 à 20 cm, très fréquente en alpage, elle est constituée d’une tige supportant deux feuilles très distinctes l’une de l’autre, une feuille fertile produisant des spores jaunes et une feuille stérile, chlorophyllienne. Cette espèce est commune dans les pelouses rases du secteur du Plan du Lac. Dans les pelouses calcaires bien exposées, qui couvrent par exemple la pente rocailleuse dans laquelle s’engage le sentier de randonnée menant au lac Blanc depuis le Coëtet, la graminée dominante est la seslérie bleuâtre. Ses feuilles fermes et planes forment des touffes d’où se dressent des épis allongés bleu violacé à l’état jeune. Au sein de cette pelouse, on rencontre l’aster des Alpes, qui porte de gros capitules bleu violet pouvant atteindre plus de 4 cm de diamètre, ainsi que le dracocéphale de Ruysch et la gentiane utriculeuse, deux espèces très rares.

PNV - Christian Balai

PNV - Christian Balais

Silène de Suède

Botryche lunaire

Orchis nain des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105


La sibbaldie couchée, classique dans les combes à neige acides, est une espèce arcticoalpine*. Plante naine à tige couchée, elle porte cinq à dix petites fleurs jaune verdâtre.

Faune

Les oiseaux et les mammifères sont, parmi la faune vertébrée des pelouses d’altitude, les deux classes les mieux représentées. Les alpages constituent un des territoires de chasse du renard roux. Prédateur opportuniste, c’est le carnivore le plus répandu en France. Il présente une remarquable faculté d’adaptation, qui se manifeste à travers le choix de son habitat, son régime alimentaire, son organisation sociale, son occupation de l’espace et son taux de reproduction.

PNV - Alain Chastin

Fiche-milieu n°9

En effet, qu’elles soient acides ou calcaires, les pelouses d’altitude accueillent tout un cortège de plantes patrimoniales. Espèce rare et protégée, l’orchis nain des Alpes pousse dans les pelouses calcaires ou gypseuses des crêtes ventées. C’est la plus petite des orchidées de Vanoise ; elle ne dépasse pas 10 cm de hauteur. Indifférente à la nature acide ou calcaire du substrat, la potentille blanc de neige affectionne surtout les pelouses écorchées des crêtes ventées, telles que celles situées aux abords du col de la Vanoise. Cette plante protégée très rare n’est présente que dans quelques localités des Alpes de la Savoie et du Dauphiné. L’astragale de Lienz, connue en France uni-quement en Savoie et dans les Hautes-Alpes, est une espèce alpine protégée de Termignon-la-Vanoise (lire la fiche-espèce n°4). Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu. L’arabette bleuâtre, fait partie des plantes naines que l’on rencontre dans les combes à neige plutôt calcaires. Cette espèce vivace, à port en touffe, doit son nom aux fleurs bleuâtres qu’elle porte en petites grappes.

Chamois

PNV - Christian Balais

Les pelouses font également partie des habitats de prédilection du chamois, du bouquetin et de la marmotte, pour la ressource alimentaire qu’elles leur procurent (lire les fiches-espèces n°11,12 et 9). Les abords du col de la Vanoise offrent de nombreuses petites dépressions favorables à la végétation de combes à neige. Hormis le saule herbacé, arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut qui fréquente abondamment les combes à neige acides, pousse également la laîche fétide, une “herbe” à inflorescence ovoïde, adaptée à la brièveté de la période de végétation.

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Benoît Martineau

Saule herbacé

Marmottons en train de jouer à l’entrée du terrier


PNV - Michel Bouche

Galeries de campagnol des champs mises à découvert après la fonte des neiges

PNV - Joël Blanchemain

À la fois moins connu et plus discret, le campagnol des champs fréquente ces pelouses d’altitude et trahit sa présence par les traces que laissent en surface ses galeries souterraines. Typique des pelouses écorchées parsemées d’éboulis rocheux (à Plan du Lac par exemple), en haute montagne, le lagopède alpin niche à même le sol, à l’abri d’un buisson et parfois sans aucune protection (lire la fiche-espèce n°8). L’alouette des champs reconnaissable à son chant émis très souvent au cours de son vol particulier (envol vertical, puis sur place et enfin descente au sol en piqué), est inféodée en altitude aux pelouses et aux alpages bien dégagés. Les couverts herbacés les plus ras d’où émergent des buttes constituent l’habitat* de prédilection du pipit spion-

PNV - Philippe Benoît

Azuré des soldanelles

Traquet motteux

Assez répandu et abondant dans les massifs internes des Alpes, l’azuré des soldanelles fréquente typiquement les pelouses et prairies de 1 600 à 2 700 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu-gris largement bordée de gris sombre au-dessus et la femelle une couleur brune, pond ses œufs sur des androsaces.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107

Fiche-milieu n°9

celle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs. Les pentes abruptes couvertes de graminées constituent l’habitat* de prédilection du moiré fauve, un papillon de jour aux ailes fauves traversées d’une large bande orange. Les pelouses et pentes rocailleuses, ainsi que les combes à neige de l’étage alpin ont la faveur du moiré cendré. Le nard raide constitue la plante hôte des chenilles de ce papillon boréo-alpin*. Localisé mais assez abondant dans les Alpes et les Pyrénées, l’azuré de l’oxytropide fréquente typiquement les prairies maigres et les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ce petit papillon, dont le mâle arbore une robe bleu clair brillant bordée de noir audessus et la femelle une couleur brun noir, pond ses œufs sur des feuilles d’oxytropis et de sainfoin des montagnes.


Fiche-milieu n°9

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Christophe Gotti

Usages, intérêts économiques et représentations Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. Le territoire de

Termignon-la-Vanoise compte plusieurs secteurs d’alpage localisés principalement en rive droite de l’Arc (lire la liste des alpages, p. 14). Les pelouses d’altitude sont l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique

PNV - Patrick Folliet

Génisses près du refuge de la Femma

Randonneurs dans le vallon de la Rocheure

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Évolution et transformation du milieu À partir des années 1960, on a assisté, à l’échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. À Termignonla-Vanoise, cette évolution est allée dans le sens d’un regroupement et d’une concentration des troupeaux. Avec un tiers des agriculteurs âgés de plus de 55 ans, en 2000, l’avenir de l’activité pastorale revêt un caractère d’incertitude sur la commune. Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son

PNV - Joël Blanchemain

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la gentiane utriculeuse, l’astragale de Lienz ou la laîche de Lachenal) et présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité aux fromages d’alpage comme le Beaufort d’alpage et le bleu de Termignon. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains

pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter l’érosion.

Piste pastorale du lac Blanc

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109

Fiche-milieu n°9

immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée (ou non), notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. Ce sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Ces pelouses détiennent, en effet, une valeur récréative pour les touristes.


Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont pratiqués, compromettent le maintien de la valeur biologique et la qualité pastorale : les troupeaux non conduits surpâturent certains secteurs, créant des zones d’érosion sur les secteurs de fragilité géologique et en souspâturent d’autres. Les phénomènes d’érosion menacent la qualité des alpages. De même, l’utilisation trop longue des places de traite engendre le stationnement du bétail et donc l’enrichissement du milieu en éléments organiques azotés, avec pour conséquence une modification de la com-position végétale initiale au profit d’une végétation de type reposoir (lire la fiche milieu n°1) de faible valeur pastorale et floristique. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Ainsi, l’extension du nard raide diminue l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage. Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils entraî-

nent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Les terrassements des pistes de ski aplanit le micro-relief et modifie la végétation des pelouses. Or, en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d’altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour retrouver le cortège floristique d’origine. Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d’altitude, même après une revégétalisation aujourd’hui maîtrisée. La présence du loup, ainsi que les nombreuses attaques sur les troupeaux de brebis en 2005 et les années précédentes, implique une modification de la gestion des troupeaux et la mise en place de moyens de protection tels que le gardiennage, la protection des troupeaux par des chiens, etc.

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°9

évolution progressive vers la lande puis la forêt.

Moutons dans leur parc de nuit à la Rocheure

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°9 PNV - Nathalie Tissot

Patou dans le troupeau de brebis qu’il protège

Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de l’état de celles-ci et des enjeux écologiques, devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de Termignon-la-Vanoise, conciliant les besoins de l’exploitation pastorale actuelle et le maintien de leur valeur pastorale et écologique. Un tel diagnostic a déjà été réalisé sur Lanserlia et le vallon de la Rocheure. Cette démarche sera menée sur d’autres alpages de l’espace-Parc en accord avec les exploitants. Certaines évolutions, comme le développement excessif du nard raide au détriment des autres espèces, constituent une dégradation à la fois de la valeur fourragère et de l’intérêt écologique des pelouses concernées. Un mode de conduite pastorale adapté permettrait d’éviter de telles évolutions ou d’en réparer les effets, par exemple une conduite rigoureuse des troupeaux avec gardiennage ou parcage. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées

comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé, afin d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la nonbiodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire, des oiseaux insectivores en particulier. Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, même si un ré-engazonnement en atténue l’impact paysager. Contrairement à celui des pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111


PNV - Nathalie Tissot

Pierrier de la pointe Mathews, au pied de la Réchasse

Les éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation. Ils représentent une surface importante à Termignon-la-Vanoise. Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance gel-dégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’évolution de la végétation et l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°10

Les éboulis et les moraines

Moraine en rive gauche du glacier du Pelve

Sommaire


Fiche-milieu n°10 glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes.

PNV - Nathalie Tissot

Dans un cas comme dans l’autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la campanule alpestre et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. À Termignon-la-Vanoise, on rencontre à la fois des éboulis acides (siliceux) et des éboulis calcaires, avec peutêtre une légère dominance de ces derniers. On les trouve notamment en bas de la face sud de la Grande Casse, dans le vallon de

la Leisse. Les éboulis acides sont localisés par exemple en bas de falaises, dans les gorges du Doron. Parmi les moraines calcaires, citons celle du Vallonnet, alors que celle du refuge de l’Arpont fait partie des moraines acides.

Glacier rocheux sous la pointe du Grand Vallon

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113


Flore

Saxifrage faux bryum

Plante relativement fréquente des moraines et des éboulis frais siliceux, la saxifrage faux bryum forme des touffes très serrées, desquelles dépassent des tiges à fleur solitaire blanche maculée de jaune et ponctuée d’orange. Cette espèce peut être observée parmi le cortège floristique colonisant la moraine latérale gauche du glacier du Pelve. Endémique* des Alpes sud occidentales, la campanule alpestre est une plante esthétique, rare en Savoie. Elle colonise les éboulis sur schistes et calcaires. Espèce protégée peu répandue en Vanoise, l’oxytropis fétide est une petite plante visqueuse couverte de glandes odorantes qui pousse sur les éboulis calcaires situés dans le vallon de la Rocheure, au nord de la pointe de Broes, vers 2 270 m. Le saule à dents courtes fait aussi partie de la flore patrimoniale des éboulis et des

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Les éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large. La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveaux espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent balayant fréquemment les éboulis. Assez commune, on peut l’observer au pied des rochers de Lanserlia.

PNV - Michel Delmas

Fiche-milieu n°10

La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

Campanule alpestre

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Crépide rhétique


PNV - Maurice Mollard

PNV - Didier Jalabert

Le campagnol des neiges est un habitant des moraines et éboulis stables, ainsi que tout milieu riche en anfractuosités où il aménage ses galeries, ce qui explique sa présence dans les vieux chalets d’alpage. Espèce de l’étage alpin essentiellement, il se nourrit des plantes dont il dévore en hiver, sous la neige, les bulbes et les racines.

Lièvre variable

Alysson alpestre

Présente vers Lanserlia, l’alysson alpestre met une touche de jaune dans la végétation des éboulis calcaires. Les trois espèces de génépi : génépi des glaciers, génépi jaune et génépi vrai, peuvent se rencontrer sur les éboulis et les moraines. Le génépi vrai est l’espèce qui croît le plus typiquement sur ces milieux ; les deux autres affectionnant davantage les rochers et falaises (lire la fiche-espèce n°3). En revanche, aucune de ces trois espèces n’est strictement liées à une nature de roche (acide/basique).

Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui trouve dans ce milieu des caches contre les prédateurs (l’aigle royal et le renard). Comme c’est le cas pour le lagopède alpin qui fréquente aussi ce type de milieux, sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l’automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115

Fiche-milieu n°10

Faune

moraines. Présent dans les éboulis calcaires situés dans le vallon des Roches Blanches, vers le Mollard de la Loza, etc., c’est un arbuste nain de moins de 30 cm de hauteur. Il est protégé en France. Également protégée, la crépide rhétique se caractérise par une tige courte, velue à son extrémité, portant une seule inflorescence à fleurs jaune doré. Endémique* des Alpes, cette espèce rare est connue à Termignonla-Vanoise dans les éboulis calcaires sous le Grand Roc Noir, au col de la Vanoise, etc. Petite plante d’éboulis et de fentes de rochers dépassant guère 10 cm de hauteur, la saussurée basse est une espèce calcicole de l’étage alpin, présente dans le vallon des Roches Blanches, à 2 650 m d’altitude. Sa cousine, la saussurée des Alpes se distingue de la première par sa tige plus fine et ses feuilles plus étroites. Cette plante arcticoalpine* pousse vers le col de la Vanoise.


PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°10

blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol. Plus craintif, le merle de roche fréquente les mêmes milieux lorsqu’ils sont bien exposés en adret. Cet oiseau migrateur est présent en Maurienne de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres “merles”. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification. Papillon présent en France uniquement sur l’Arc alpin, le chamoisé des glaciers vole de début juin à mi-août au-dessus des lieux herbeux secs parmi les éboulis et les rochers. Pour sa reproduction, il a besoin de la fétuque ovine sur laquelle il pond ses œufs.

Accenteur alpin

PNV - Maurice Mollard

Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros

PNV

Chamoisé des glaciers

Merle de roche

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie


matériaux pour la construction des chalets d’alpage, ou des pistes pastorales.

Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis et les moraines sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également fréquentés début août par les cueilleurs de génépi (lire la fiche espèce n°3). Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s’il arrive à ceux-ci de les traverser. Par le passé, les éboulis fournissaient les

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères.

PNV - Alexandre Garnier

Ils sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des gîtes diurnes appréciés.

PNV - Yves Brugière

Moraine latérale sous le mont Pelve

Chalets d’alpage à la Chavière et draille au premier plan

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117

Fiche-milieu n°10

Équilibre entre l’homme et son milieu


Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. La fréquentation régulière des éboulis par les troupeaux ovins peut compromettre le

maintien d’une flore fragile et d’une couverture végétale en cours d’installation, sans que cela présente un quelconque intérêt pastoral. Cela peut poser également des problèmes sanitaires du fait de la cohabitation avec les ongulés sauvages qui y trouvent refuge, notamment par suite de la transmission réciproque de certaines pathologies. Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître. Propositions de gestion Une conduite des troupeaux ovins en alpage, visant à les écarter des éboulis et moraines de très faible intérêt pastoral, assurerait la tranquillité de la faune sauvage et éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes. Cela diminuerait les risques de transmission de pathologies entres herbivores sauvages et domestiques. Ce serait également bénéfique pour les performances des troupeaux ovins qui dépensent beaucoup d’énergie à parcourir ces milieux ingrats et peu nourrissants.

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°10

Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Sur le territoire communal, 16 espèces végétales d’intérêt patrimonial sont inféodées aux éboulis et moraines, soit plus d’un quart de la totalité de ces espèces. Parmi celles-ci, six sont protégées (oxytropis fétide, violette pennée, androsace alpine, etc.). Les éboulis et moraines contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Termignon-la-Vanoise. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.

Saule à dents courtes

118 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Sommaire

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°11

Les rochers et les falaises

PNV - Christophe Gotti

La pointe de Lanserlia et la Grande Casse

Face sud de la pointe Mathews

Les

rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche.

Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les

Les milieux naturels, des lieux de vie - 119


Fiche-milieu n°11

falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Au cours d’une même journée, ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit. Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

120 - Les milieux naturels, des lieux de vie

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. À Termignon-la-Vanoise, les roches siliceuses sont dominantes dans le secteur des gorges du Doron et de l’Arpont. Quant aux roches calcaires, elles sont plus abondantes vers Lanserlia, la Femma, la Grande Casse, etc.

Flore

Les plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°11

radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation.

PNV - Christian Balais

Lis orangé

Androsace helvétique

PNV - Christophe Gotti

Particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent à haute altitude, l’androsace helvétique est une espèce très localisée des rochers calcaires ensoleillés, présente en France uniquement dans huit départements (Savoie, Haute-Savoie, Isère, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Drôme et HautesPyrénées). C’est une plante protégée rare en France mais peu menacée du fait de l’inaccessibilité de ses stations. C’est une plante naine, velue, formant des coussinets très denses et bombés. Elle colonise notamment les rochers du Génépy. Avec ses fleurs blanches, la saxifrage fausse diapensie, rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise,

Saxifrage fausse diapensie

est une espèce protégée qui fleurit sur les rochers calcaires de Termignon-la-Vanoise, à proximité des voûtes du Clapier Blanc. Rare dans les Alpes, le genévrier sabine est un arbrisseau des rochers et forêts claires, en versant sec. Ses feuilles en forme d’écailles imbriquées et son port prostré le distinguent aisément des autres genévriers. Il pousse, par exemple, vers la Traverstaz. Non loin de là, vers le Glotte, pousse le lis orangé, une plante inféodée principalement aux rochers calcaires, jusqu’à 2 100 m. Victime de sa beauté, il est devenu rare en Vanoise, à la suite de cueillettes excessives et se replie de plus en plus dans les zones d’adret difficiles d’accès. La primevère du Piémont est une espèce des rochers siliceux (rocher de la Ferrière), présente en France uniquement en Savoie, dans les Hautes-Alpes et les Alpes-deHaute-Provence. C’est une plante protégée rare en France, mais encore bien représentée en Haute Maurienne et en Haute Tarentaise. À Termignon-la-Vanoise, seules deux stations de l’espèce sont connues aujourd’hui. La primevère hérissée est une petite plante localement répandue en Vanoise et qui pousse couramment sur les parois siliceuses de l’étage alpin. Sa taille et sa corolle rose violacé à gorge blanche non farineuse la distinguent de la primevère à larges feuilles qui fréquente les mêmes substrats. Cette dernière, plus

Les milieux naturels, des lieux de vie - 121


PNV - Christophe Gotti

Primevère hérissée

grande, a des fleurs de couleur pourpre violet, à gorge unie, un peu farineuse. Ses feuilles sont aussi plus longues et molles. Autre espèce des rochers siliceux, la woodsia alpine est une petite fougère rare dont la tige et le limbe sont recouverts de poils épars. Peu commune à Termignon-laVanoise, elle pousse dans le vallon de la Rocheure.

Faune falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des

PNV - Ludovic Imberdis

Les adaptations de la faune aux milieux de

Aigle royal

PNV - Ludovic Imberdis

Fiche-milieu n°11

lézards des murailles pour absorber la chaleur. Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif de ces rochers et falaises, symbolisant le mieux la Vanoise (il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national en 1963). Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité, en hiver sur les crêtes déneigées par le vent puis dans des falaises exposées au sud et enfin en période de mise bas, lorsque les femelles s’isolent sur de petites vires (lire la fiche-espèce n°12). Suite à sa réintroduction dans les années 1980 dans les Alpes, le gypaète barbu se reproduit à Termignon-la-Vanoise depuis l’hiver 2001-2002, dans les gorges du Doron. C’est un vautour charognard des hautes montagnes, qui construit son aire en falaises, voire dans une grotte (lire ficheespèce n°7).

Bouquetin des Alpes

122 - Les milieux naturels, des lieux de vie

La commune compte deux couples reproducteurs d’aigle royal qui s’installent dans l’une des aires qu’ils ont construites. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Pas moins de 13 aires ont été inventoriées à Termignon par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Par son allure majestueuse, il est


Fiche-milieu n°11 Philippe Malnoury

PNV - Michel Bouche

Tichodrome échelette

sans doute, avec le gypaète barbu, l’un des oiseaux les plus emblématiques de ces milieux. Rapace typique des milieux rupestres, le faucon pèlerin est observé à Termignon, mais aucun site de reproduction n’est connu en 2005. Fréquentant les falaises basses de l’Avantpays et des grandes vallées savoyardes, le hibou grand-duc reste moins connu et certainement moins abondant dans les hautes vallées de Vanoise. Dans ce massif, le premier site de nidification connu (dès 1971) se situe dans les gorges du Doron de Termignon. Le plus grand des rapaces nocturnes de France est un oiseau très sédentaire.

fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes. Enfin, parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge, n’est pas un oiseau strictement d’altitude, même s’il dépend lui aussi des reliefs très marqués qui lui fournissent des zones inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s’alimenter.

L’hirondelle de rochers niche en petites colonies dans les falaises des gorges du Doron, de préférence au soleil et à l’abri du vent et de la pluie. Elle se nourrit de petits insectes happés au vol, près de sa falaise, mais aussi au-dessus des cours d’eau et des prairies. Oiseau de parois rocheuses, calcaires comme granitiques, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant, fréquente aussi volontiers les murs de grands édifices. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des

PNV - Ludovic Imberdis

Hibou grand duc

Chocard à bec jaune

Les milieux naturels, des lieux de vie - 123


Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables : la saxifrage fausse diapensie, l’androsace helvétique, le gypaète barbu.

PNV - Nathalie Tissot

Usages, intérêts économiques et représentations Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Vanoise à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. Peu de falaises sont équipées à Termignon-la-Vanoise ; les deux principaux sites d’escalade équipés sont le rocher de la Femma et le rocher du Barrioz.

Rocher d’escalade du Barrioz

L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles que l’aigle royal et le gypaète barbu, confère à

PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°11

Équilibre entre l’homme et son milieu

Dalle du Vallonnet. Gravures rupestres représentant des scènes médiévales

124 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°11 PNV - Jacques Perrier

Falaises dans les gorges du Doron où nichent des oiseaux remarquables

ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.

reproduction. Cette menace est plus marquée à proximité des via ferrata et des voies d’escalade équipées, dont la sécurisation entraîne une fréquentation plus importante que celle des voies d’escalade non équipées.

Évolution et transformation du milieu Comme pour les éboulis et les moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact sur la flore des pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on tient compte, pour leur implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie. En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (gypaète barbu, aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de

Propositions de gestion À l’échelle communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement doit permettre de trouver l’équilibre entre le développement raisonnable de ces pratiques et la conservation d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel paraissent indispensables, pour assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites. En outre, le projet d’équipement d’un rocher dans les gorges de l’Arc devra tenir compte de la présence remarquable de certaines espèces telles que le grand-duc d’Europe, le téléphium d’Imperato ou le genévrier sabine. Une surveillance des zones de nidification concernées et de leur fréquentation en période sensible peut s’avérer nécessaire, en particulier au-dessous de 2 500 m d’altitude.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 125


Sommaire

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-milieu n°12

Les glaciers et les névés

Séracs du glacier de l’Arpont

compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 500 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés sur la commune (glaciers de Belle Place, de la Vanoise, de la Grande Motte, de la Leisse, du Géfret, du Vallonnet, etc.). Malgré le climat assez sec qui caractérise la Haute Maurienne, la Lombarde, vent de sud-est venu d’Italie, apporte des précipitations qui fournissent en neige les glaciers de Termignon-la-Vanoise. Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes

126 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Rémy Barraud

Un glacier est un réservoir de glace issu du

Glacier suspendu du Vallonnet


Fiche-milieu n°12 d’érosion. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. La succession de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon.

PNV - Patrick Folliet

Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°9). Névé près du lac de l’Arpont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 127


Équilibre entre l’homme et son milieu

Fiche-milieu n°12

Flore et faune

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Les basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid sur les glaciers. Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.

PNV - Alain Chastin

Chlamydomonas des neiges

Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs d’exploits sportifs. La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saisons printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. Cette tendance est observée à Termignonla-Vanoise où les guides encadrent des courses d’initiation, comme des courses de glaciers et rochers plus difficiles. Mentionnons également l’équipement du glacier de la Grande Motte pour la pratique du ski (station de Tignes). L’ancien glacier du Coin du Govard, situé dans la face sud de la Dent Parrachée, était exploité par le passé : des blocs de glace étaient extraits et acheminés jusqu’à Modane via le “chemin des glaciers”, afin d’alimenter les restaurateurs, à une époque où les congélateurs n’existaient pas encore.

Télécabine sur le glacier de la Grande Motte

128 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°12 PNV - Patrick Folliet

Front du glacier en aval du dôme de Chasseforêt

présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Ils constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète. Évolution et transformation du milieu Les glaciers de Termignon-la-Vanoise n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance

PNV - Patrick Folliet

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne

Lac et glacier de l’Arpont. Roches striées par le passage du glacier

Les milieux naturels, des lieux de vie - 129


PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°12

Roches striées par le passage d’un glacier

générale à reculer. Il y a une quinzaine d’années, le glacier de l’Arpont se jetait dans le lac du même nom. Aujourd’hui, on peut faire le tour du lac à pied : le front du glacier a reculé de près de 200 m. Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers de Termignon-la-Vanoise et, plus largement, à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées.

130 - Les milieux naturels, des lieux de vie

La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier. Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal, mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.


Conclusion L’ensemble des 12 grands types de milieux

La diversité des richesses naturelles et des milieux participe à la protection contre les aléas climatiques. Elle génère des ressources propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants de Termignon-la-Vanoise. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) peut

PNV - Nathalie Tissot

présentés dans ces fiches couvre, avec les écotones* l’intégralité du territoire de la commune de Termignon-la-Vanoise. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat* est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque, elle résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fiches-milieux concernent souvent les milieux indépendamment les uns des

autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sous tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire.

Lac du Perron. Vue vers le Pelve et la roche Ferran

Les milieux naturels, des lieux de vie - 131

Fiches-milieux - Conclusion

Sommaire


Fiches-milieux - Conclusion

PNV - Alexandre Garnier

Brume dans les gorges du Doron de Termignon

donc constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dans le contexte socio-économique qui est le sien, tout en conservant une vision sur le long terme, chaque commune tendra vers un équilibre optimal des milieux. Le déplacement de cet équilibre étant fonction de facteurs naturels et humains, il y a des évolutions inéluctables et d’autres sur lesquelles il est possible d’intervenir. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. À Termignon-la-Vanoise, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement. Il s’agit des zones humides dont la commune de

132 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Termignon-la-Vanoise est riche, des falaises (et notamment celles qui abritent le gypaète barbu et l’aigle royal) et des pelouses sèches et sub-steppiques ; - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières. Il s’agit des prairies de fauche d’altitude, des alpages et des habitats forestiers. Situées en majeure partie en zone centrale du Parc national, les nombreuses zones humides confèrent à la commune une ressource en eau importante, tout en étant des milieux composés d’une très forte diversité naturelle. Strictement dépendantes de la qualité et de la quantité de l’eau qui les alimente, les zones humides sont cependant les plus sensibles vis-à-vis des activités humaines. Leur fragilité vient également de leur situation morcelée sur l’ensemble du territoire. La présence de pelouses sèches, habitat* rare dans la haute vallée de Savoie, est un atout pour le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise, d’autant plus qu’elles abritent un cortège d’espèces rares ou très


d’un écosystème dont le type d’exploitation séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère. La prise en compte plus systématique des espèces et des milieux phares, en amont de l’élaboration des plans de pâturage, pourrait être l’un des éléments favorisant la préservation de la valeur patrimoniale et pastorale de ces milieux.

Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces d’épandage, cadre paysager, faune et flore. Il est important, afin de conserver une part de la biodiversité spécifique de ces prairies, de continuer à entretenir un certain nombre d’entre elles de façon extensive, en particulier les prairies de fauche d’altitude. Les alpages représentent le cas remarquable

La commune dispose d’outils lui permettant de prendre en compte la préservation de la plupart de ces milieux naturels et seminaturels, support d’activités humaines, et des enjeux économiques s’y rapportant.

PNV - Joël Blanchemain

Par ailleurs, il convient de veiller à ce qu’une action retenue en faveur d’un milieu naturel remarquable donné ne porte pas atteinte à d’autres milieux ou espèces intéressants.

Prairie de fauche fleurie à Entre-Deux-Eaux et vue vers la Grande Casse

Les milieux naturels, des lieux de vie - 133

Fiches-milieux - Conclusion

rares de faune et de flore (centaurée du Valais, moiré printanier, hibou petit-duc). Quant aux falaises de la commune, outre la nidification de l’aigle royal et de nombreuses autres espèces rupicoles, elles accueillent l’un des rares couples reproducteurs de gypaète barbu de Vanoise, qui se reproduit avec succès depuis 2004.


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


Le chardon bleu des Alpes Le

chardon bleu des Alpes (Eryngium alpinum), encore appelé “panicaut des Alpes” ou “reine des Alpes”, appartient à la famille botanique des apiacées (ou ombellifères). C’est une plante facile à reconnaître grâce à son port, la couleur bleu améthyste de son inflorescence et ses feuilles basales indivises.

inflorescence en tête ovoïde de 2 à 4 cm de long

fleurs minuscules

PNV – Stéphane Mélé

collerette de feuilles florales épineuses, bleu acier

Inflorescence du chardon bleu des Alpes

plante épineuse, de 30 cm à 100 cm de hauteur

feuille de la tige profondément divisée et dentée

PNV – Alexandre Garnier

Fiche-espèce n°1

Sommaire

Chardon bleu des Alpes

Écologie

principalement aux étages montagnard et subalpin. Elle affec-tionne les milieux

Le chardon bleu des Alpes est une plante

ouverts : prairies fraîches et clairières sur

vivace de montagne qui se développe

sols calcaires humides et riches. C’est une

136 - Regard sur quelques espèces


Fiche-espèce n°1

espècequi fréquente également les mégaphorbiaies* et les couloirs d’avalanches. À Termignon, elle pousse dans les anciennes prairies de fauche à la faveur des sols frais. Elle fleurit à partir de juillet et ses graines se disséminent à la fin du mois d’août.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage chardon bleu des Alpes est une espèce très rare, typique des montagnes européennes (Alpes, Jura et montagnes d’Illyrie) : on ne la trouve qu’en France, Suisse, Autriche, Italie, Slovaquie et Croatie. Elle est en régression. Il ne reste qu’une quarantaine de stations de l’espèce en France, depuis le Mercantour jusqu’au massif du Jura, dont une quinzaine en Savoie : dans les massifs de la Vanoise, de l’ArvanVillard, de la Lauzière, des Bauges et dans le Beaufortain. Les chardons bleus de Termignon-la-Vanoise forment une petite population. C’est une plante qui a une

PNV - Joël Blanchemain

Le

Mise en défens d’une station de chardon bleu des Alpes à Termignon

valeur emblématique et culturelle très forte. Elle est souvent utilisée pour symboliser la flore de montagne.

Menaces

CPNS - Virginie Bourgoin

Cette

Chardon bleu des Alpes dans son milieu de vie

espèce est menacée principa-lement par l’abandon de la fauche ou la mise en place d’un pâturage ou d’une fauche trop précoces qui empêchent sa croissance correcte et sa reproduction. Des cueillettes abusives (par les promeneurs ou en vue de sa commercialisation) ont par endroit fait fortement régresser certaines populations de chardon bleu.

Regard sur quelques espèces - 137


Fiche-espèce n°1

Protection et propositions de gestion

Le

chardon bleu des Alpes est protégé en France, sa cueillette est strictement interdite. Il fait partie des espèces que l’Union européenne demande aux pays membres de protéger dans le cadre de la directive “Habitats*”. La pérennité de l’espèce passe notamment par le maintien du milieu ouvert* par une fauche tardive (après la mi-août) annuelle ou bisannuelle, et l’exportation systématique des produits de la fauche. Sur les zones encore pâturées, cette gestion nécessite la mise en défens

des stations de chardon bleu au cours du printemps. Ainsi, une partie de la station de Pra Varin est mise en défens chaque année à partir du mois de mai. Cette mesure s’est accompagnée d’un changement de pratique de la part des éleveurs. Un suivi annuel a mis en évidence des résultats très positifs, puisqu’en quelques années la population de chardon est passée de 20 à 700 tiges fleuries. Le respect des stations de chardon bleu dans tout nouveau projet d’aménagement, l’information des touristes et des agriculteurs font également partie des mesures à mettre en œuvre.

Le saviez-vous ? • Cueilli de longue date pour la beauté et la longévité des ses inflorescences, le chardon bleu des Alpes est souvent cultivé dans les jardins. Cette pratique est réglementée et nécessite un certificat de provenance. • Le chardon bleu est une espèce mellifère. Plusieurs études ont montré que plus de 60 espèces d'insectes assurent sa pollinisation (abeille, bourdon, guêpe, papillon, etc.).

138 - Regard sur quelques espèces


L’hysope officinale L’hysope

officinale (Hyssopus officinalis) est une plante aromatique comme beaucoup d’espèces de la famille des lamiacées (thym, romarin), à laquelle elle appartient. Facilement reconnaissable à ses nombreuses tiges ligneuses à la base, dressées en petits buissons et à sa senteur particulière, fine et capiteuse, l’hysope est réputée pour ses nombreuses vertus, médicinale, alimentaire, ornementale et nectarifère.

fleurs bleu vif

inflorescence unilatérale longue de 2 à 10 cm

feuilles linéaires-lancéolées, ciliées

PNV – Maurice Mollard

plante ligneuse à la base, à rameaux dressés

Hysope officinale

Écologie

Espèce

vivace des étages collinéen et montagnard, l’hysope officinale est une plante des prés secs et steppiques, surtout sur sol calcaire. À Termignon-la-

Vanoise, l’hysope officinale se développe sur les pelouses sèches rocailleuses des adrets du territoire. Elle fleurit aux mois d’août et septembre. Dans les Alpes, elle ne fleurit que dans les vallées sèches internes. Au sein

Regard sur quelques espèces - 139

Fiche-espèce n°2

Sommaire


Fiche-espèce n°2

de l’espace-Parc, l’hysope est présente uniquement en Maurienne, où elle est rare. Dans le reste du massif de la Vanoise, des stations de l’espèce sont connues sur les adrets de Tarentaise, à Brides, Aime, etc.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

L’hysope officinale est une plante d’origine méditerranéenne, qui croît dans le Midi, les Alpes, les Pyrénées et le Sud-Ouest, depuis les rivages jusqu’à 2 000 m d’altitude. Comme l’indique son nom, l’hysope officinale est une plante aux nombreuses propriétés médicinales.

Très aromatique, elle est utilisée également pour la confection de liqueurs ou pour parfumer les plats.

Menaces

Cette plante xéro-thermophile* ne pousse que sur les coteaux secs. Espèce de milieux ouverts*, elle “souffre” essentiellement de la fermeture* de ses biotopes par les ligneux (genévrier, épine-vinette, églantiers, etc.). Si elle n’est pas raisonnée ou régulée, la cueillette, dont l’hysope fait l’objet à des fins alimentaires et médicinales, peut avoir également un fort impact sur les populations de cette espèce.

Répartition de l’hysope officinale en Vanoise

140 - Regard sur quelques espèces


Afin de garantir un avenir à cette plante,

PNV – Louis Bantin

il importe de maintenir les pelouses ouvertes par contrôle des ligneux (si besoin) puis pâturage extensif. La cueillette des brins d’hysope doit être pratiquée de manière raisonnée, afin de ne pas porter atteinte à la survie de l’espèce et donc, préserver cette pratique traditionnelle.

Hysope officinale

Le saviez-vous ? • L'hysope officinale a été apportée en Europe par les moines bénédictins pour parfumer les liqueurs (la Bénédictine et la Chartreuse). • C'est une plante mellifère qui donne un miel blanc, épais et caractérisé par un goût d'anis. • Les feuilles d'hysope ont un goût un peu amer de sauge mêlé à celui de la menthe et peuvent être ajoutées aux légumes et aux plats de viande. • Médicalement, l'hysope était utilisée de façon interne, en infusion ou en sirop, d'une part pour calmer la toux, soulager les bronchites et les autres affections respiratoires, et d'autre part pour stimuler la digestion. En usage externe, elle s'emploie en bains toniques, en gargarisme contre les angines, en décoction (dans des compresses) pour soigner les contusions et les blessures (effets vulnéraire et cicatrisant).

Regard sur quelques espèces - 141

Fiche-espèce n°2

Protection et propositions de gestion


Les génépis Parmi les trois espèces de génépis présentes

en Vanoise : génépi des glaciers (Artemisia glacialis), génépi vrai (Artemisia genipi) et génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube. Ils font partie de la famille des astéracées (ou composées).

inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige)

PNV - Michel Delmas

fleurs jaunes, poilues à l’extrémité

feuilles toutes pétiolées

Génépi jaune

inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact fleurs jaunes non velues

PNV - Louis Bantin

feuilles sans pétiole

Génépi vrai inflorescence formée de capitules larges et denses de forme plus ou moins arrondie fleurs nombreuses jaune doré, non velues PNV – Michel Delmas

Fiche-espèce n°3

Sommaire

feuilles toutes pétiolées

Génépi des glaciers

142 - Regard sur quelques espèces


PNV – Philippe Benoît

Ces trois espèces de génépi sont des plantes vivaces à souche gazonnante. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu’à 3 200 m d’altitude. Leurs racines ne sont pas très profondes. Lors d’une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent à Termignon- la-Vanoise de la fin juillet à la miaoût. Le génépi vrai dans son milieu

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Les populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l’arc alpin. En France, si le génépi des glaciers est endémique* des Alpes, le génépi vrai et le génépi jaune sont également présents dans les Pyrénées. Ces plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les visiteurs, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation.

Menaces

Les

génépis sont victimes d’une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée.

L’arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de leurs populations. La surexploitation et l’arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme.

Protection et propositions de gestion

La cueillette des génépis est réglementée en Italie, en Suisse et dans la plupart des départements alpins français. Ce n’est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre, hormis dans les espaces protégés (Parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté de protection de biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis, la cueillette du génépi avait été limitée dans certaines communes de Vanoise à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la “ressource”. Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante (dans les secteurs où la cueillette est autorisée) et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l’ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d’une touffe mais en laisser systématiquement quelquesuns afin d’assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.

Le saviez-vous ? • Le génépi vrai, ou génépi mâle, est utilisé depuis le Moyen Âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Si la plante est reconnue pour ses propriétés digestives (elle sert de "tchiquette", c'est-à-dire de pousse-café), il faut en consommer avec modération étant donné qu'elle est aussi un tonique cardiaque.

Regard sur quelques espèces - 143

Fiche-espèce n°3

Écologie


L'astragale de Lienz L’astragale de Lienz (Astragalus leontinus) appartient à la famille botanique des fabacées (ou légumineuses). À Termignon-la-Vanoise, il existe un peu moins de dix espèces d’astragale, dont les aspects diffèrent, comme l’astragale toujours vert (Astragalus sempervirens), épineux et aux fleurs blanches ou lavées de lilas, l’astragale à fleurs pendantes (Astragalus penduliflorus), à fleurs jaunes formant des grappes lâches, etc. L’astragale de Lienz est très proche de l’astragale du Danemark (Astragalus danicus), une espèce rare et localisée en Haute Maurienne, avec laquelle il peut être facilement confondu. Le critère de reconnaissance de l’astragale de Lienz utilisé par les botanistes réside dans la particularité d’avoir des poils fixés par le milieu.

inflorescence en grappe presque ronde et serrée

fleur bleu violacé à lilas à pédicelle court

feuille composée de 12 à 20 folioles

SMBRC – Thierry Delahaye

fruit à poils blancs et noirs Astragale de Lienz

fleur bleu violacé, blanc jaunâtre à la base

inflorescence en grappe ronde et serrée Parc National des Ecrins - Bernard Nicollet

Fiche-espèce n°4

Sommaire

feuille composée de 14 à 26 folioles glabres sur les deux faces

fruit à poils blancs

Astragale du Danemark

144 - Regard sur quelques espèces


L’astragale de Lienz est une plante vivace de montagne qui occupe les étages subalpin et alpin. Il se développe dans les pelouses et milieux rocailleux situés sur des pentes bien exposées et ensoleillées, sur sols calcaires ou schisteux. À Termignon-la-Vanoise, il est présent notamment dans le vallon et le Vallonnet de la Rocheure. Cet astragale fleurit aux mois de juillet et août.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

L’astragale

de Lienz est une espèce endémique* des Alpes, rare sur l’ensemble de son aire de répartition. Il se trouve dans les montagnes de la France, la Suisse, l’Italie, l’Autriche et l’ex-Yougoslavie. En France cet astragale se trouve en limite occidentale de son aire, où il est en régression. Les populations sont disséminées dans les Hautes-Alpes et en Savoie, dans le massif de la Vanoise (Tignes, Peisey-Nancroix, Termignon). La population d’astragale de Lienz à Termignon-la-Vanoise, est une des plus importantes de France, avec celle du vallon de la Sassière, en Tarentaise.

Répartition de l'Astragale de Lienz en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n°4

Écologie


Fiche-espèce n°4

Menaces

Occupant les pelouses d’altitude et très appréciée par les herbivores, cette espèce est particulièrement sensible au pâturage ovin. La fragmentation de ses populations est aujourd’hui une menace supplémentaire pour sa pérennité.

Protection et propositions de gestion

L’astragale de Lienz est protégé en France, sa cueillette est strictement interdite. Il est inscrit dans le livre rouge de la flore menacée de France. Un état initial des populations de Termignon-la-Vanoise a été réalisé par le Parc national de la Vanoise afin d’avoir une meilleure connaissance de cet astragale sur la commune. La mise en défens des pieds d’astragale de Lienz pourrait être une mesure de protection à l’endroit où l’espèce est soumise au pâturage.

Le saviez-vous ? • L'astragale est un os court du pied ayant la forme d'une poulie, situé entre l'extrémité inférieure de la jambe et l'os du talon. L'origine de ce nom dans le domaine végétal est due au fruit de quelques espèces d'astragales, dont la forme rappelle celle de l'os !

146 - Regard sur quelques espèces


La potentille multifide Les potentilles sont des plantes de la famille des rosacées. Leurs fleurs à cinq pétales sont généralement de couleur jaune. Certaines espèces ont des fleurs blanches, roses ou brunpourpre. Il existe plusieurs espèces de potentille à Termignon-la-Vanoise. Les plus remarquables d’entre elles sont la potentille multifide (Potentilla multifida) et la potentille blanc de neige, qui ont toutes deux des fleurs jaunes. Les feuilles découpées en lanières linéaires permettent de reconnaître la potentille multifide sans aucune difficulté.

fleur jaune clair

PNV – Christophe Gotti

feuilles basales composées de segments linéaires

Potentille multifide

fleur jaune

PNV – Gérard Caratti

feuilles basales composées de 3 folioles ovales et dentées Potentille blanc de neige

Écologie

La

potentille multifide est une espèce arctico-alpine* qui affectionne l’herbe rase, les pelouses rocailleuses et sèches,

et les bords de chemin de l’étage alpin. Elle est également observée sur des sites où le sol est enrichi en azote (zones de passage ou de repos des bêtes), sans pour autant être associée aux plantes

Regard sur quelques espèces - 147

Fiche-espèce n°5

Sommaire


ment redécouverte dans le Briançonnais. Les populations de Termignon-la-Vanoise comptent quelques dizaines de pieds.

Menaces

Cette

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La potentille multifide est une espèce qui occupe toutes les régions froides de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. Dans les Alpes, cette potentille est présente en France, en Suisse (Valais) et en Italie (Val d’Aoste). En France, l’espèce est très menacée, puisqu’il ne reste qu’une dizaine de stations, localisées essentiellement en Savoie dans la vallée de la Maurienne (Termignon, Villarodin-Bourget, Lanslebourg-MontCenis et Bessans). Présumée disparue dans les Hautes-Alpes, l’espèce a été récem-

espèce est menacée principalement par la modification de ses habitats* : création de sentiers, pistes de ski et remontées mécaniques, etc. L’espèce a ainsi disparu au col de l’Iseran.

Protection et propositions de gestion

La

potentille multifide figure parmi les espèces prioritaires du livre rouge de la flore menacée de France. L’état de ses populations en Rhône-Alpes mériterait qu’elle puisse bénéficier d’une protection réglementaire. La pérennité de l’espèce passe aussi par la protection de ses habitats*.

Le saviez-vous ? • L'origine du nom potentille, vient du mot latin : potens, qui signifie puissant ou fortifiant, et fait allusion aux propriétés toniques et astringentes de plusieurs espèces, comme la potentille tormentille.

PNV - Jacques Perrier

Fiche-espèce n°5

nitrophiles typiques (ortie, rhubarbe des moines, etc.). À Termignon, elle pousse entre 2 000 et 2 500 m d’altitude dans le Vallon de la Leisse, vers le col de la Vanoise et dans le secteur de la Chavière. Elle fleurit de juillet à août.

Tormentille

148 - Regard sur quelques espèces


L’herminium à un bulbe L’herminium à un bulbe (Herminium monorchis) est une orchidée discrète par sa taille (entre 7 et 25 cm), sa forme filiforme et sa couleur générale jaune verdâtre. Très rare en Savoie, l’herminium à un bulbe a quelques ressemblances avec une autre orchidée, plus abondante en Vanoise : l’orchis miel (Pseudorchis albida). Cette dernière se développe surtout dans les pelouses et les landes de l’étage subalpin. Il n’existe qu’une seule espèce d’herminium en France.

inflorescence en épi cylindrique de 2 à 10 cm de long fleur vert jaunâtre à labelle trilobé lobe médian plus long

inflorescence en épi cylindrique de 2 à 12 cm de long

CPNS - Philippe Freydier

2 ou 3 feuilles basales lancéolées

Herminium à un bulbe

PNV – Ludovic Imberdis

fleur blanchâtre à jaune verdâtre, à labelle trilobé lobes tous égaux

2 à 5 feuilles largement lancéolées Orchis miel

Écologie

L’herminium

à un bulbe est surtout une espèce de pleine lumière. Se développant sur des sols secs à humides

et calcaires à neutres, elle occupe des milieux très divers depuis la mer jusqu’à 2 000 m d’altitude : pelouses sèches, alpages, dépressions humides des dunes maritimes, etc.

Regard sur quelques espèces - 149

Fiche-espèce n°6

Sommaire


Intérêts biologiques et valeurs d’usage

L’herminium

à un bulbe est une plante vivace très rare, d’origine eurasiatique, qui se développe jusqu’en Finlande et au Japon. En France, elle est présente à l’est d’une limite qui s’étire de Rouen à Nice et en RhôneAlpes, elle est absente de la Loire, du Rhône et de l’Ardèche. En régression dans notre département, il ne reste qu’une dizaine de stations localisées dans les massifs des Grandes Rousses, du Beaufortain, en Tarentaise et en Maurienne. En Vanoise, elle n’est connue que dans trois communes : Termignon, Champagny et Modane.

Menaces

En Savoie, l’herminium à un bulbe a disparu des plaines suite à la destruction de ses habitats*. Tous les sites persistants se trouvent en moyenne montagne où l’abandon de la fauche et le boisement constituent les principales menaces pour cette espèce de pleine lumière. L’éclatement de ses populations constitue une menace importante pour le maintien de cette espèce en Savoie.

Protection et propositions de gestion

L’herminium

à un bulbe est une espèce protégée en Rhône-Alpes, où sa destruction et sa cueillette sont interdites. Sa pérennité ne pourra être assurée que par le maintien de ses habitats* : préservation des prairies humides, fauche des pelouses sèches, contrôle des ligneux, etc. Une convention passée entre la commune de Termignon et le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie concerne la station des Arcannes. Elle préconise la mise en place d’une fauche tardive pour éviter la fermeture* du milieu (boisement par les pins). L’accès des engins agricoles y est interdit. La station des Station d’herminium à un bulbe Fontaignous, très dans le marais des Arcannes importante, a vu ses effectifs presque réduits à néant du fait de l’enrésinement de la prairie. En 2005, des travaux d’ouverture du milieu ont été réalisés par le Parc national de la Vanoise, en partenariat avec la commune et l’Office national des forêts. Tout nouveau projet d’aménagement doit aujourd’hui tenir compte des stations connues d’herminium à un bulbe.

Le saviez-vous ? • L'herminium à un bulbe est aussi appelé orchis musc en raison du parfum que ses fleurs dégage. Mais si ce parfum semble musqué pour certaines personnes, il se rapproche davantage de l'odeur de miel pour d'autres ! • Cette orchidée présente un tubercule (appelé bulbe) solitaire au moment de la floraison, contre deux chez la majorité des orchidées. En dehors de cette période l'herminium développe d'autres petits tubercules. • L'importance de la multiplication végétative, avec l'apparition de plusieurs stolons, est à l'origine de populations très fluctuantes d'une année à une autre.

150 - Regard sur quelques espèces

CPNS – Philippe Freydier

Fiche-espèce n°6

À Termignon, l’herminium à un bulbe est présente dans le marais des Arcannes, en rive droite du Doron de Termignon. Elle est aussi connue au lieu-dit les Fontaignous, où elle se développe à la faveur de suintements de pente. Sa floraison s’échelonne entre le mois de mai et le mois d’août.


Le gypaète barbu Appelé aussi “casseur d’os”, le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) est un vautour qui se distingue par la singularité de son régime alimentaire constitué essentiellement d’os. Les ailes larges et pointues et la queue cunéiforme de ce grand rapace le rendent facilement identifiable. Jusqu’en 1850, le gypaète barbu était partout présent dans les Alpes du lac Léman à la mer Méditerranée, puis son aire de répartition dans ce massif s’est fragmentée, jusqu’à l’extinction complète dans les années 1920. La Maurienne fait partie des derniers bastions occupés par l’espèce (1910). Grâce à un programme international de réintroduction dans les Alpes mené depuis 1985, le gypaète occupe à nouveau certains massifs comme la Vanoise.

longues ailes envergure 245 à 290 cm

PNV – Michel Bouche

queue cunéiforme plus longue que la largeur des ailes

tête, cou, poitrine et ventre rougeâtre à blanchâtre Gypaète barbu

Le jeune est entièrement brun ardoisé avec une tête noirâtre

bec fort, aplati latéralement mandibule supérieure fortement crochue

La femelle est à peine plus grande que le mâle

PNV – Jean-François Dalix

groupe de plumes à la base des mandibules

Gypaète barbu

Écologie

Le

gypaète barbu recherche les régions de montagnes abruptes, composées de grandes falaises, d’éboulis, de hauts plateaux et de pelouses. Très sédentaire, ce grand rapace quitte son territoire d’une manière exceptionnelle, surtout lorsqu’il manque de nourriture. Il se nourrit à 80% d’os et de ligaments prélevés

le plus souvent sur les cadavres d’ongulés (chamois, bouquetins, moutons, etc.). Il complète cette alimentation par de la moelle osseuse. À la recherche de carcasses, l’animal survole son territoire chaque jour aux mêmes heures. Le couple peut construire plusieurs nids volumineux dans des cavités des parois rocheuses, à l’abri des intempéries, le plus souvent entre 1 500 et

Regard sur quelques espèces - 151

Fiche-espèce n°7

Sommaire


Fiche-espèce n°7

1 800 m d’altitude. La période de reproduction s’étale de novembre à juillet. La femelle couve en hiver.

effrayant et de “mauvaise augure”. Sa disparition fut surtout le résultat de destructions systématiques avant qu’il ne soit protégé en 1981. Aujourd’hui, les collisions avec les câbles de remontées mécaniques et les lignes électriques, ainsi que le braconnage sont parmi les causes principales de mortalité de l’oiseau. Le dérangement des sites de nidification : vol libre, escalade, photographie animalière, etc. peut gravement compromettre la reproduction de ce rapace.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Le

gypaète barbu est un oiseau nicheur sédentaire encore rare dans les Alpes. Comme tous les vautours, en éliminant les cadavres, le gypaète joue un rôle essentiel dans le recyclage de la matière organique.

Protection et propositions de gestion

Le

PNV – Michel Bouche

gypaète est une espèce protégée en France et figure sur la liste nationale des oiseaux menacés. Sa destruction est interdite. Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux. La conservation de ses habitats* est prioritaire pour la communauté européenne. Son retour dans les Alpes est le résultat d’un programme international, auquel le Parc national de la Vanoise participe. Des gypaètes sont élevés dans plusieurs centres d’élevage et zoos, puis des jeunes sont marquées et lâchés sur quatre secteurs de l’arc alpin. Enfin, un suivi rigoureux des oiseaux permet d’évaluer les résultats, la reproduction naturelle et le développement d’une population autonome étant la finalité de ce programme.

L’espèce est présente dans les Alpes, les Pyrénées et l’Afrique du Nord. Plus à l’Est, il occupe certaines régions du Moyen Orient et de l’Asie où il atteint la Chine. En Vanoise, les premières observations datent de 1989, et en 2006, le massif accueille trois couples reproducteurs ainsi qu’une vingtaine d’oiseaux erratiques. Deux couples se reproduisent depuis 2002, l’un à Val d’Isère, l’autre à Termignon. Sur cette dernière commune, la première naissance a eu lieu dans les gorges du Doron. Le jeune gypaète, nommé Arpont, et le jeune gypaète de Val d’Isère, sont les premiers nés sur le territoire savoyard, après un siècle d’interruption. En 2003, un troisième couple s’est installé dans les vallées de Peisey-Nancroix.

Menaces

Comme

tous les charognards, le gypaète a longtemps été considéré comme un oiseau

152 - Regard sur quelques espèces

PNV – Joël Blanchemain

Gypaète barbu

Spirales de protection des rapaces sur la ligne EDF d'Entre-Deux-Eaux

Pour éviter des collisions mortelles, il est important de rendre visibles les câbles reconnus comme dangereux, particu-


d’Entre-deux-Eaux a aussi été équipée, et une autre ligne EDF a été supprimée. Un arrêté ministériel interdit la photographie dans les environs des nids de gypaète du 1er octobre au 31 août.

Répartition du gypaète barbu en Vanoise

Le saviez-vous ? • Le gypaète barbu est l'un des quatre vautours que l'on peut observer en France, les trois autres vautours sont le vautour moine, le vautour fauve et le vautour percnoptère. • Le gypaète barbu tient son nom de plumes naissant à la base des mandibules et d'autres partant des joues. Ces plumes forment une “barbiche” noire. • Les plumes du cou, de la poitrine et du ventre prennent une coloration ocre suite aux bains de boue rougeâtre (enrichie en oxyde de fer) effectués seulement par l'oiseau adulte. • Le gypaète a un large gosier (jusqu'à 7 cm) qui lui permet d'ingurgiter des os entiers mesurant jusqu'à 25 cm de long et 3,5 cm de diamètre, tandis que les gros os sont préalablement brisés (lâchés par l’oiseau sur une hauteur de 50 à 100 m). Ces os sont dissous par de puissants sucs digestifs. • La langue de l'oiseau est rigide, en forme d'aiguille, avec une callosité à l'extrémité. Une telle modification permet l'extraction de la moelle osseuse.

Regard sur quelques espèces - 153

Fiche-espèce n°7

lièrement dans les zones de reproduction. Ainsi, sur Termignon, des câbles de remontées mécaniques ont été équipés de matériel de visualisation. Dans un même objectif, la ligne électrique EDF


Le lagopède alpin Appelé

aussi “perdrix des neiges”, le lagopède alpin (Lagopus mutus) appartient à la famille des tétraonidés également représentés à Termignon par le tétras-lyre (Tetrao tetrix) et la gélinotte des bois (Bonasa bonasia). Les couleurs de plumage et les milieux de vie occupés respectivement par chacune de ces espèces permettent aisément de les reconnaître. Le lagopède alpin a la silhouette d’un petit tétras à la queue courte, dont le plumage varie annuellement au cours de quatre mues pour adopter trois formes différentes : un plumage sombre d’été, un plumage blanc d’hiver et un plumage bariolé d’intersaison.

caroncule rouge au-dessus de l'œil, très développée en période nuptiale

tête et majorité du corps brun à gris, marqués de liserés blancs et noirs Michel Reverdiau

ailes et ventres blancs, peu visibles lorsque l'oiseau est au sol

Lagopède alpin mâle en été

lores* noires visibles (blanches chez la femelle) PNV – Maurice Mollard

Fiche-espèce n°8

Sommaire

plumage entièrement blanc, excepté la queue noire, invisible lorsque l'oiseau est au sol Lagopède alpin mâle en hiver

Écologie

Le

lagopède alpin évolue dans les milieux ouverts de l’étage alpin et de l’étage nival : pelouses rocailleuses, landes, éboulis, lapiaz ou crêtes rocheuses. Dans ce milieu hostile, l’oiseau s’accommode parfaitement de conditions sommaires : une nourriture à base de matière ligneuse fournie par la végétation rase, enrichie à la belle saison de fruits, de

154 - Regard sur quelques espèces

fleurs, de feuilles et d’invertébrés terrestres (pour les poussins), et des sites de nidification construits à même le sol. Le nid est en effet une dépression peu profonde, au sein d’un îlot de plantes hautes ou sous un arbrisseau rampant, le plus souvent située contre un rocher. En période de reproduction, de mai à août, la femelle évolue dans une végétation plus haute où les jeunes pourront se cacher,


Lagopède alpin femelle sur le nid

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Protection et propositions de gestion

Le

Le lagopède alpin est une espèce chassable en France et en Savoie. Mais pour la communauté européenne, la conservation de ses habitats* est une action prioritaire.

PNV – Alain Chastin

lagopède alpin est un oiseau nicheur sédentaire dans les Alpes, également présent dans les Pyrénées, en Écosse, Scandinavie, Islande, Amérique du Nord et Asie. Originellement attachée à la toundra, cette espèce est considérée comme une relique glaciaire* en France, dont la population en 2000 est estimée de 7 000 à 10 000 couples nicheurs. En Savoie, les plus grosses populations occupent les massifs du Beaufortain et de la Vanoise. En 2000, la population du lagopède alpin dans le massif de la Vanoise a été estimée à 1 800 couples. À Termignon-laVanoise, l’espèce est présente dans le secteur du Plan du Lac.

Capture d’un lagopède pour la pose d’un collier émetteur

Menaces

Depuis 1997, les effectifs de lagopède alpin en Savoie traduisent une certaine stabilité des populations. Cependant au cours de la

Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux. Un programme national d’étude est mené en deux localités des Alpes et une des Pyrénées, afin de mieux connaître l’écologie

Regard sur quelques espèces - 155

Fiche-espèce n°8

deuxième moitié du XXe siècle, l’espèce a subi les conséquences de nombreuses activités humaines. Depuis 1964, son aire de répartition dans les Alpes françaises a régressé de 7 %. Ainsi, les aménagements de tourisme hivernal peuvent entraîner la destruction de son milieu de vie, l’apparition de câbles meurtriers (collision), ou encore une augmentation de la pression de chasse, facilitée par la présence de pistes carrossables. D’autres pratiques touristiques sont sources de dérangement à différentes périodes du cycle de vie de l’oiseau. Il s’agit du ski hors piste et de la raquette au cours du repos hivernal, ainsi que de la randonnée pédestre et du pâturage intensif au cours de la période de reproduction. Parallèlement à ces menaces, le lagopède est l’une des espèces les plus sensibles au réchauffement climatique. Il cherche à se réfugier dans les zones les plus froides, donc les plus élevées. En s’isolant ainsi, les populations risquent l’affaiblissement.

PNV – Alexandre Garnier

et trouver leur nourriture d’origine strictement animale (escargots, insectes, etc.). Pour vivre dans cet univers, l’espèce a développé plusieurs adaptations. La plus remarquable est le mimétisme qui s’accompagne d’un changement de plumage au fur et à mesure des saisons. Faisant confiance à ce plumage, face à un danger l’oiseau va préférer l’immobilité, avant de prendre la fuite. C’est pourquoi le lagopède est un oiseau facile à observer, mais aussi très sensible à la chasse.


PNV – Christophe Gotti

Fiche-espèce n°8

et le comportement de cette espèce. La population du Plan du lac à Termignon est l’une des populations de référence pour cette étude. La sensibilisation du public à cette espèce est une action à mener à long terme. Des préconisations pour le pâturage sur les zones de nidification, l’application de dates d’ouverture de chasse compatibles avec le cycle de reproduction du lagopède, sont des pistes pour une bonne gestion de cette espèce.

Groupe de lagopèdes alpins en hiver

Répartition du lagopède alpin à Termignon-la-Vanoise

Le saviez-vous ? • Le nom de lagopède provient du terme grec lagopus qui signifie "patte de lièvre" et fait allusion aux plumes qui couvrent les pattes de ces oiseaux. Ces pattes très fortement emplumées remplissent une véritable fonction de raquettes en hiver. • Mutus, le nom d’espèce en latin du lagopède alpin, ne signifie pas que ce dernier est muet. Ce nom a été donné par erreur, à la place de Mutans qui signifie muant. • Le changement de couleur des plumes du lagopède alpin est commandé par certaines hormones, lesquelles sont elles-mêmes sous l'influence de facteurs environnementaux comme la température et surtout, la durée du jour.

156 - Regard sur quelques espèces


La marmotte des Alpes La marmotte des Alpes (Marmota marmota) est le deuxième plus gros rongeur de France après le castor d’Europe. Là où elle n’est pas chassée, la marmotte devient un animal très familier qu’un œil exercé repère aisément au cœur de l’alpage, son domaine de prédilection. La marmotte est un animal adapté à la vie souterraine, où elle passe environ les trois quarts de son temps. Ainsi, son corps allongé, d’où rien ne dépasse, pas même les oreilles, très petites à cet effet, ses pattes courtes et puissantes, ses doigts munis de griffes sont les outils dont elle est parée pour vivre sous la terre.

petites oreilles

tête grise et plate

face ventrale brun-jaune

PNV – Christophe Gotti

pattes courtes et puissantes doigts munis de griffes

Marmotte des Alpes

PNV – Philippe Benoît

dos brun-roux plus ou moins foncé

queue au bout noir et longue de 13 à 18 cm

Marmotte des Alpes

Écologie

La

marmotte a une préférence pour les pentes herbeuses bien ensoleillées entre 1 300 et 2 800 m d’altitude. Ce milieu de

vie que la marmotte occupe toute l’année, doit être parsemé de rochers où elle s’expose au soleil. Il doit comporter un sol suffi-samment meuble, pour le creusement de ses galeries et terriers, et une végétation

Regard sur quelques espèces - 157

Fiche-espèce n°9

Sommaire


Fiche-espèce n°9

suffisamment dense et nutritive, pour procurer les réserves nécessaires à l’hibernation. La marmotte se nourrit de feuilles, fleurs, fruits et tiges de différentes plantes, avec une préférence pour les fabacées (légumineuses), les graminées et les composées. Les marmottes vivent en groupe familial : un mâle, une ou deux femelles, des jeunes de l’année et des jeunes des trois dernières années (soit 10 à 15 individus). Lorsque les conditions offertes par le milieu sont favorables, la juxtaposition des familles peut former des colonies. L’hibernation dure environ 6 mois entre la mi-octobre et la mi-avril, au cours de laquelle la marmotte, en état léthargique, consomme toute la graisse accumulé durant la belle saison. Elle perd ainsi près de 50% de sa masse en hiver.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La

PNV – Patrick Folliet

marmotte des Alpes est présente en Europe où elle occupe une répartition naturelle dans les Alpes occidentales, les

Marmottes dans une pelouse alpine

158 - Regard sur quelques espèces

Carpates et les Tatras. En France, les populations des Pyrénées, des Préalpes et du Massif Central proviennent d’introduction ou de réintroduction. De nombreuses marmottes ont ainsi été capturées sur la commune de Termignon pour être relâchées dans d’autres massifs de montagne. De même, l’espèce a été introduite dans les Alpes orientales et en Allemagne. En Vanoise, tous les secteurs favorables sont occupés par la marmotte, d’une manière plus dense en zone centrale du Parc. À Termignon, l’espèce est présente dans tous les vallons et pelouses d’altitude. La marmotte est la proie principale de l’aigle royal, constituant jusqu’à 90% de son régime alimentaire en été. Se prêtant facilement à l’observation auprès de tous les randonneurs, la marmotte s’affiche comme un animal sympathique. Elle joue dès lors un rôle certain dans la relation de l’homme à la vie sauvage de la montagne.

Menaces

La marmotte a été chassée de manière intensive à la fois pour se nourrir, mais aussi pour l’usage de sa fourrure et surtout pour l’usage de sa graisse. Aujourd’hui, la chasse continue à exercer une pression sur les populations en zone périphérique, même si cette espèce semble de moins en moins prisée par les chasseurs. Les agriculteurs se plaignent de la présence des marmottes qui, en creusant des terriers, sont à l’origine de tas de terre et de pierres dans les prairies de fauche. Les cailloux ainsi sortis peuvent abîmer les lames des faucheuses. Son attirance pour les boiseries des chalets d’alpage, l’affaissement de galeries peu profondes avec risques d’accidents corporels pour les hommes et les bêtes sont aussi décriés par les agriculteurs. Ces problèmes sont particulièrement survenus suite aux changements dans les pratiques agricoles (occupation


Fiche-espèce n°9

humaine moins forte et moins régulière, mécanisation) et l’apparition de zones protégées, qui ont été favorables au développement des populations de marmottes.

Protection et propositions de gestion marmotte est une espèce chassable. Entre 2000 et 2003, de 10 à 30 individus par an ont été déclarés par l’association communale de chasse agréée de Termignon. Plusieurs familles de marmottes occupant les prairies de fauche de Termignon ont été capturées pour être relâchées vers des milieux où elles ne posent pas de problèmes aux agriculteurs. Le suivi des populations relâchées sur des secteurs nouveaux pour l’espèce seraient à mettre en œuvre, afin de mieux connaître leur capacité à se maintenir. De même une meilleure connaissance de l’impact de l’animal sur les prairies et les alpages serait souhaitable.

PNV – Christophe Gotti

La

Marmottes sortant de leur terrier

Le saviez-vous ? • Le nom latin de la marmotte, marmota, vient du verbe français marmotter qui est une variante de marmonner. Il fait allusion aux mouvements des lèvres que la marmotte fait en rongeant. Une autre explication est donnée par le murmure de contentement que font les marmottes en buvant le lait. • Le cri émis par les marmottes est l’un des plus familiers du massif de la Vanoise. Ce son, que l’on traduit comme un “sifflement”, est le plus souvent un véritable cri d’alarme. Un seul cri, bref et strident, signifie que le danger vient du ciel (rapace) ou qu’il est imminent, alors que des cris répétés plusieurs fois signalent un danger venu du sol (renard, promeneur) ; ils sont émis aussi longtemps que l’intrus se trouve sur leur territoire. • La marmotte réalise trois type de terrier : le terrier d’hiver aménagé pour l’hibernation en groupe familial, le terrier d’été fabriqué par la femelle pour la portée de l’année et des terriers de fuite qui servent de refuge en cas de danger immédiat.

Regard sur quelques espèces - 159


La zygène de la Carniole Les

zygènes sont des lépidoptères dont les ailes, repliées contre le corps au repos, permettent de les classer dans le grand groupe des papillons de nuit. Cependant toutes sont essentiellement actives le jour. Les zygènes se distinguent par leur vol lent et bourdonnant, et par la coloration de leurs ailes : des taches vives, rouges à blanches, contrastant sur un fond sombre. Il existe 35 espèces de zygènes en France, dont sept sont connues à Termignon-la-Vanoise. La disposition, le nombre et la couleur des taches sur les ailes, ainsi que la coloration du corps sont des critères déterminants pour reconnaître les différentes espèces. Les ailes antérieures de la zygène de la Carniole (Zygaena carniolica) ont une coloration noir verdâtre ponctuée de taches rouges cerclées de blanc. Le corps est entouré par un anneau abdominal rouge incomplet.

antenne terminée en massue pas de collier rouge taches ovales rouges cerclées de blanc PNV – Patrick Folliet

fond de l'aile vert noir

Zygène de la Carniole

collier rouge taches ovales rouges cerclées d'or fond de l'aile bleu noir

PNV – Joël Blanchemain

Fiche-espèce n°10

Sommaire

Zygène de Fausta

Écologie

Toutes

les zygènes sont des espèces de milieux ouverts ou semi-ouverts, avec une préférence pour les lisières, les landes et les clairières. Ces milieux sont identiques pour la chenille et l’adulte d’une même espèce. Ainsi, la zygène de la Carniole recherche les pelouses exposées à la chaleur et à la sécheresse. Elle affectionne les milieux

160 - Regard sur quelques espèces

parsemées de buissons, mais également les prairies et les pâturages maigres. Elle est présente aux étages collinéen et montagnard, jusqu’à environ 1 500 m d’altitude. Dans ces milieux, il est possible d’observer l’adulte de mi-juin à mi-août. Il se nourrit du nectar des fleurs de knauties, de scabieuses et de centaurées. La femelle pond sur différentes espèces de fabacées (ou légumineuses) :


Cette évolution des habitats de la zygène de la Carniole, se traduit aujourd’hui par l’isolement et l’affaiblissement de ses populations.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Protection et propositions de gestion

La

La zygène de la Carniole n’est pas inscrite

zygène de la Carniole est un insecte séden-taire localisé. Son aire de répartition s’étend de la péninsule ibérique jusqu’en Asie centrale. En France, cette espèce se trouve dans le bassin parisien, la Bourgogne, les Causses, la Lorraine, la zone Sud Est, etc. La zygène de Carniole survole tous les secteurs les plus chauds de Termignon-laVanoise. En Savoie, cette espèce a été observée dans une cinquantaine de localités, avec un record d’altitude établi à 2 100 m.

sur la liste des papillons protégés de France. Le suivi des populations, le maintien d’une exploitation extensive des prairies et pelouses qu’elle occupe et le contrôle de la fréquentation de certains secteurs sont quelques-unes des mesures favorables à son maintien dans notre département.

Menaces dégradation et la diminution de ses habitats* sont les premiers facteurs de régression de cette espèce. Les pelouses sèches ont subi plusieurs transformations au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, comme la fermeture* après abandon de leur exploitation, ou encore l’intensification de leur exploitation qui s’est accompagnée d’épandage d’engrais.

PNV – Christophe Gotti

La

Groupes de zygènes du lotus sur des fleurs de silène acaule

Le saviez-vous ? • Contrairement à d'autres papillons, une zygène peut être facilement approchée. Ce comportement de confiance est lié à sa stratégie de défense. En effet, la coloration rouge et noir des ailes constitue un avertissement de danger pour les prédateurs (oiseaux, reptiles, etc). Elle signale que le corps du papillon, chargé de poisons (composés cyanhydriques), le rend impropre à la consommation. Dans le règne animal ces couleurs sont dite aposématiques*. La chenille peut aussi émettre certains répulsifs lorsqu'elle est dérangée. • Les adultes de zygène ont une préférence pour les fleurs lilas ou violette. Ces fleurs sont souvent occupées par plusieurs individus et servent d'abris nocturnes.

Regard sur quelques espèces - 161

Fiche-espèce n°10

l’esparcette, le lotier corniculé, l’anthyllide vulnéraire, etc. Les adultes apparaissent au printemps après plusieurs stades de développement et une longue phase de repos hivernal.


Le chamois des Alpes Le chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra rupicapra) appartient à la famille des bovidés (ruminants à vraies cornes) tout comme le bouquetin des Alpes. Au sein de cette famille, le chamois des Alpes est classé dans le groupe particulier des rupicaprins, qui rassemble des animaux aux caractères intermédiaires entre ceux des chèvres et des antilopes. Le chamois présent en Vanoise est l’une des 10 sous-espèces rencontrées dans les différents massifs d’Europe. Le masque facial et la forme des cornes font du chamois des Alpes une espèce très facile à reconnaître dans nos massifs alpins.

cornes recourbées en crochet à leur extrémité tête courte barrée d’une bande foncée de l’œil aux narines cou large et trapu

PNV – Michel Bouche

pelage noirâtre et épais (bourre et poils de jarre)

Chamois des Alpes : mâle en hiver

pelage gris-beige à roux

crochet des cornes généralement moins recourbé tête plus allongée cou long et étroit PNV – Patrick Folliet

Fiche-espèce n°11

Sommaire

Chamois des Alpes : femelle en été

Écologie

Le chamois des Alpes occupe une grande diversité de milieux pentus entre 800 et 2 800 m d’altitude : les rochers, les pelou-

162 - Regard sur quelques espèces

ses alpines, les éboulis et les forêts. Sans être un adepte de la verticalité, le chamois a besoin de relief. De même, la forêt semble indispensable à son cycle de vie. Le chamois se nourrit de plantes herbacées


Chassé abusivement depuis le XIX

siècle, le chamois des Alpes a failli disparaître en France dans les années 1950. Le chamois des Alpes est présent naturellement dans tout l’arc alpin, également dans le massif du Jura que l’espèce a recolonisé depuis la Suisse. Les populations du Cantal et des Vosges sont issues de réintroductions. Dans les années 1990, le massif alpin comptait environ 55 000 individus. Depuis la création du Parc national de la Vanoise en 1963, et jusqu’en 1992, les effectifs des chamois en Vanoise sont passés de 500 à plus de 5 000 individus. À Termignon-la-Vanoise, l’espèce se rassemble sur les adrets de Rochebrune, le col de la Vanoise, la Grande Casse, la Réchasse, l’Arpont et les gorges du Doron. La commune de Termignon accueille ainsi plus de 900 chamois (chiffre 2001).

PNV – Patrick Folliet

e

Cabris de chamois

qu’il consomme en début et en fin de journée. En hiver, il complète son alimentation par des rameaux et bourgeons d’arbres, et peut être actif toute la matinée. Le chamois occupe l’espace en fonction des saisons, lequel se divise grossièrement en quartier d’hiver et quartier d’été. Le quartier d’hiver est avant tout sélectionné pour la nourriture qu’il pourra offrir. Il s’agit de zones boisées, ou encore de zones abruptes, de crêtes ventées et ensoleillées, moins enneigés, où la végétation herbacée est plus accessible. Le quartier d’été est plus vaste, il se situe généralement au-dessus de la forêt et en exposition fraîche. Il s’agit de pelouses alpines, éboulis, couloirs, etc. La période de rut a lieu en automne dans le quartier d’été. La femelle met bas au printemps (un seul cabri), dans une zone peu accessible : une vire étroite, une falaise, un fourré d’aulne, etc. Les prédateurs du chamois sont le loup, le lynx et l’aigle royal.

Menaces

L’extension

de territoires non chassés (réserves de chasse, parcs nationaux, réserves naturelles), complété par des lâchers, notamment dans les secteurs où il avait disparu, ont permis au chamois des Alpes de retrouver un meilleur état de ses populations en France. Malgré la mise en place de plans de chasse, l’espèce n’arrive pas à s’installer durablement sur certains territoires non protégés, et qui offre pourtant de fortes potentialités d’accueil. Par ailleurs, les jeunes mâles exploitant plus facilement les espaces chassés à la recherche d’un territoire, sont aussi les plus touchés par la chasse. Ce phénomène se traduit par un déséquilibre dans les populations, avec, dans certains secteurs soumis à forte pression de chasse, la présence de trois femelles pour un mâle.

Regard sur quelques espèces - 163

Fiche-espèce n°11

Intérêts biologiques et valeurs d’usage


Fiche-espèce n°11

chamois n’y trouve pas les quartiers d’hiver suffisants dont il aurait besoin pour se développer davantage. Le ski hors-piste pratiqué dans certains quartiers d’hiver peut être un facteur important de dérangement pour cet animal.

Protection et propositions de gestion

PNV – Christophe Gotti

L’amélioration et l’application des plans de

Chamois mâle adulte

La chasse pratiquée tard en saison après le rut sur les zones d’hivernage est un facteur important de mortalité. Située pour l’essentiel au-dessus des forêts, la zone centrale du Parc national de la Vanoise, n’est pas en mesure d’assurer tous les besoins de cette espèce. En effet, le

chasse, obligatoires depuis 1990, devraient être favorables à la recolonisation des territoires désertés par le chamois. Ces plans prévoient notamment un quota d’animaux attribués, un pourcentage de classes d’âge et de sexe, fixé en fonction de l’effectif et de la structure de la population des secteurs chassés. Le retour de ses prédateurs, en provoquant la dispersion des hardes, devrait être à l’origine d’une meilleure utilisation de l’espace par le chamois.

Le saviez-vous ? • Le nom latin du chamois rupicapra, vient de rupi : rocher et capra : chèvre, signifiant chèvre des rochers. • Le chamois présente plusieurs adaptations aux conditions de vie en montagne (altitude, neige). Il a un cœur volumineux (2,5 fois plus lourd que celui de l’homme), un sang riche en globules rouges (3 fois plus que l’homme) et des “palmures” entre les onglons du sabot pour se déplacer sur la neige. • Pour échapper aux prédateurs carnivores, le chamois est capable de s’élever de 1 000 m d’altitude en zones escarpées en un quart d’heure. • En Europe, le chamois est présent des Monts Cantabriques au Caucase, où il a développé deux formes : la forme pyrénéenne et la forme “alpino-asiatique”. Cette dernière se rencontre dans les Alpes, les Carpates, le Tatras, les Balkans, le Caucase et une partie de la Turquie. Elle s’est développée en plusieurs sous-espèces, comme le chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra rupicapra).

164 - Regard sur quelques espèces


Le bouquetin des Alpes Pratiquement exterminé au début du XX

siècle, le bouquetin des Alpes (Capra ibex ibex) a été sauvé in extremis de l’extinction grâce à l’émergence des idées de protection de la nature en Italie d’abord, puis en Suisse et enfin en France. Aujourd’hui, le bouquetin des Alpes, seul ongulé protégé dans notre pays, reste l’espèce symbolique du Parc national de la Vanoise et du Parc du Grand Paradis. Son pelage et sa morphologie permettent de le distinguer aisément des autres ongulés sauvages tels que le chamois ou le chevreuil. e

cornes en V, recourbées vers l'arrière, pouvant atteindre 1 m

corps puissant et trapu

PNV – Christian Balais

pelage sombre en hiver (fauve clair en été)

Bouquetin des Alpes : mâle adulte Distinction entre les deux sexes

Bouquetin femelle

base des cornes plus grosse avec des protubérances très marquées

PNV – Christophe Gotti

PNV – Rémy Barraud

cornes quasi lisses longueur maximum de 30 cm

Jeune mâle de bouquetin

Écologie

Le

bouquetin occupe avant tout les milieux rocheux et pentus, souvent sur des secteurs bien ensoleillés, depuis le niveau de la mer jusqu’à l’étage alpin. Dans ce milieu où il se déplace avec une grande aisance, il trouve la nourriture végétale et

la sécurité dont il a besoin pour vivre. Le milieu alpin, qui n’est donc pas le milieu exclusif du bouquetin, fut d’abord pour cet animal placide, facile d’approche, un milieu refuge. Sa présence aujourd’hui plus répandue dans les Alpes est le résultat de nombreuses actions de réintroduction.

Regard sur quelques espèces - 165

Fiche-espèce n°12

Sommaire


Fiche-espèce n°12

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

PNV – Christophe Gotti

Une

Femelle et cabris de bouquetins des Alpes dans une falaise

Animal grégaire, le bouquetin des Alpes se déplace en hardes plus ou moins grandes pour occuper des secteurs variés d’altitude et d’exposition au cours des saisons. En période hivernale, craignant le manteau neigeux épais et les avalanches, il fréquente les crêtes déneigées par le vent et les versants d’adret. Ces quartiers d’hiver sont également les quartiers de rut. Ce dernier a lieu entre fin novembre et début janvier et donne lieu à des comportements très ritualisés entre mâles et femelles. À la fonte des neiges au printemps, les bouquetins descendent pâturer les jeunes pousses végétales puis remontent progressivement au fur et à mesure de l’avancement de la végétation. Ils évoluent ainsi entre 1 600 et 2 800 m d’altitude. Au printemps, courant juin, les femelles se replient sur des vires rocheuses isolées et peu accessibles pour mettre bas (généralement un seul cabri par femelle). Ces zones de mise bas peuvent être proches des quartiers d’hiver, ainsi à Termignon, les contreforts du dôme glaciaire de Chasseforêt remplissent de telles fonctions pour le bouquetin des Alpes. Les zones fraîches de haute altitude constituent ses quartiers d’été et d’automne (montée en altitude de mi-juin à mi-octobre, jusqu’à plus de 3 000 m d’altitude). À Termignon, des groupes de bouquetins pâturent sur les flancs sud de la grande Casse.

166 - Regard sur quelques espèces

chasse abusive a conduit à l’extermination du bouquetin dans la quasitotalité de son aire de répartition, pourtant vaste initialement. À la création du Parc national de la Vanoise en 1963, il ne restait qu’une population relictuelle d’une soixantaine d’individus formant deux noyaux de population localisés en Maurienne sur les communes de Termignon et de Modane. Au début du XXIe siècle, cet ongulé endémique* de l’arc alpin compte environ 50 000 individus dans toute l’Europe, dont à peu près 6 000 pour la population française, répartis en Savoie, Haute-Savoie, Drôme, Isère, Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes. Malgré ces effectifs plus conséquents, la population française demeure très morcelée. En 2005, 2 600 bouquetins ont été dénombrés en Vanoise. Les bouquetins de Termignon, appartiennent à la population qui s’étend d’Orelle à Termignon et Pralognan-la-Vanoise. Celleci compte 1 300 individus. Un tiers de cette population provient de la population indigène Maurienne. C’est au sein de cette population qu’ont été pratiqués les prélèvements de bouquetins pour les réintroduire dans les Écrins, le Vercors, le Queyras et le Mercantour. Le noyau termignonnais de bouquetins est localisé en rive droite de l’Arc, depuis la face sud de la Grande Casse jusqu’à la dent Parrachée. Depuis une trentaine d’années, l’observation de cette population montre une stabilité de ses effectifs (entre 100 et 300 individus), indiquant que cette population a atteint la limite de la capacité d’accueil du site.

Menaces

L’interdiction de chasser l’espèce, renforcée ensuite par les réintroductions, a permis d’accroître les effectifs français, mais la


Protection et propositions de gestion

Le

D’autre part, ces actions doivent s’accompagner de mesures de prévention visant à limiter les transmissions de maladies entre les bouquetins et les troupeaux domestiques, par le biais de traitements curatifs systématiques des animaux domestiques (l’emploi de vermifuges doit être réalisé avec précaution, certaines substances de synthèse pouvant s’avérer particulièrement dangereuses pour la faune sauvage). Toutes les perturbations liées aux activités humaines sont à éviter.

PNV – Ludovic Imberdis

bouquetin est une espèce strictement protégée en France. Ce statut de protection

est primordial pour la sauvegarde de l’espèce et pour le maintien de ses effectifs. Les réintroductions dans les différents massifs alpins français ne lui ont pas encore permis d’occuper tous ses habitats potentiels. Elles doivent être poursuivies afin de garantir la sauvegarde du bouquetin à long terme.

Groupe de bouquetins des Alpes mâles au repos

Le saviez-vous ? • Les sabots des bouquetins sont composés de kératine. Ils sont également munis d'un coussinet anti-dérapant et souple qui facilite les déplacements sur les dalles rocheuses. • 50 % des jeunes meurent au cours de leur première année de vie. • Une régulation naturelle des populations de bouquetins intervient en fonction des capacités du milieu d'accueil : âge de la première mise bas plus précoce dans les jeunes populations (à partir de deux ans au lieu de trois à quatre ans), fréquence de gémellité plus élevée et taux de mortalité plus faible dans les milieux favorables.

Regard sur quelques espèces - 167

Fiche-espèce n°12

recolonisation de certains massifs s’avère lente pour de multiples raisons : écologie et éthologie propres à l’espèce, braconnage, cloisonnement des massifs, etc. D’autres causes fragilisent ces populations : la trans mission de maladies abortives, du fait de la coexistence des troupeaux sauvages et domestiques (ovins et caprins), le dérangement lié à la fréquentation humaine qui crée un stress physiologique, ainsi que les aménagements touristiques sur les sites de mise bas et d’hivernage. Les risques naturels (avalanches, etc.) sont aussi préjudiciables au bouquetin.


Annexes

Annexes


Annexes

Sommaire

Lexique [1] d’après le Dictionnaire des Plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’environnement (Ramade F., 1993)

de

l’écologie

et

des

sciences

[3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al, 1999) [4] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993) [6] d’après Queyras : un océan il y a 150 millions d’années (Lemoine M. et Tricart P., 1997) [7] d’après Gens de montagne. Plantes et saisons. Savoirs écologiques de tradition à Termignon (Savoie) (Meilleur B., 1985)

oOo

Aposématique (couleur) Se dit de couleurs vives et contrastées concernant certains animaux (insectes, amphibiens, etc.) et jouant un rôle de défense. Le jaune et le rouge sont courants. Ils sont souvent associés au noir avec lequel ils contrastent. L’animal ainsi paré présente un danger ou un désagrément pour ses prédateurs : mauvais goût, mauvaise odeur, venin ou toxicité. Ses couleurs leur indiquent qu’il n’est pas mangeable. Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement Se dit du phénomène d’assèchement d’un plan d’eau par accumulation de sédiments. Bas-marais [3] Marais détrempé jusqu’à sa surface par affleurement de la nappe phréatique.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 171


Annexes

Boréo-alpin Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Butte à sphaignes [3] Motte de sphaignes surélevée pouvant s’assécher un peu en surface. Calcschiste [6] Schiste métamorphique contenant du calcaire et des micas (avant le métamorphisme, c’était un mélange de calcaire et d’argile). Cargneule [6] Roche calcaire et dolomitique jaune orangée, criblée de quantité de petits trous. Cembraie [5] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Climacique [2] Vient du nom climax et qualifie l’étape ultime de l’évolution d’une communauté végétale. Le climax correspond à l’optimum de développement de cette dernière, en tenant compte des conditions de sol et de climat du milieu considéré. Le climax est un stade d’équilibre dynamique susceptible de variations. Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage

172 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise


Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts* (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbustes, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Forêt mixte [5] Forêt composée d’un mélange d’arbres feuillus et d’arbres résineux. Futaie irrégulière ou jardinée [1] Futaie : Structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine même du terme futaie. Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes, sont donc de tailles très variées, la futaie est dite “irrégulière” ou “jardinée”. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Inalpage Séjour des bergers et du troupeau aux alpages pendant la saison estivale. Lore Partie de l’oiseau comprise entre la partie antérieure de l’œil et la base du bec. Mande [7] La mande est le nom local donné aux montagnettes de Termignon-la-Vanoise. Une mande était constituée d’une partie bâtie (petite maison, cave, étable et grange) et d’une partie non bâtie comprenant des prés de fauche, des pâturages et quelques terres cultivées. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Murger [1] Amas de pierres, plus ou moins juxtaposées à la façon d’un mur, et provenant le plus souvent de l’épierrage d’un champ (ou d’une prairie) lorsqu’il était, jadis, cultivé.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 173

Annexes

de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival.


Annexes

Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas. Plécoptères [4] Ordre d’insectes [à métamorphose incomplète] dont les larves aquatiques vivent dans les cours d’eau bien oxygénés : torrents ou rivières aux eaux pures. Par suite de leurs exigences en oxygène dissous, les larves de plécoptères constituent d’excellents bio-indicateurs de qualité des eaux continentales. Pré herpine [7] Zone économique d’altitude située entre les montagnettes et les alpages, et formée de prés de fauche non irrigués et non fumés. Ces prés de fauche étaient pâturées à l’automne. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Relique glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, forêts, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Schistes lustrés [6] Groupe de roches sédimentaires devenues métamorphiques et schisteuses, occupant une grande partie du versant piémontais des Alpes franco-italiennes. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi-naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Source tufeuse (processus de formation) En circulant à l’intérieur des massifs calcaires, l’eau chargée en dioxyde de carbone dissous la roche. Au niveau des résurgences situées en aval de ces massifs, l’évaporation du gaz permet au calcaire de reprendre sa forme précipitée. Se forment alors, des dépôts plus ou moins compacts (pellicule calcaire recouvrant les végétaux).

174 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise


Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Stigmate [1] Extrémité libre du pistil vouée à la réception du pollen lors de la pollinisation. Style [1] Partie amincie du pistil, le plus souvent cylindrique, qui surmonte communément l’ovaire et que couronne le stigmate*. Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique. Xéro-thermophile Se dit des plantes affectionnant les milieux où règnent des conditions de chaleur et de sécheresse. Zone briançonnaise [6] Subdivision géologique des Alpes qui faisait partie, durant l’ère secondaire, de la marge continentale européenne de l’océan Téthys, et qui a émergé au cours du début du Jurassique. Zone centrale / zone périphérique (du Parc national de la Vanoise) L’article 1 de la loi n°2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux ne fait plus mention des zones centrale et périphérique des parcs nationaux. Elle précise qu’ “un parc national est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes à protéger, ainsi que d’une aire d’adhésion”. Dès lors, la zone centrale est appelée cœur de parc et la zone périphérique, aire d’adhésion. Le périmètre de cette aire d’adhésion est susceptible d’être modifié selon l’adhésion des communes à la future charte du Parc. L’adoption de cette loi et de son décret d’application (n°2006-944 du 28 juillet 2006) étant postérieure à la rédaction de cet ouvrage, les termes de zone centrale et zone périphérique sont conservés ici.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 175

Annexes

Spécialiste [2] Désigne un organisme nécessitant un habitat particulier et (ou) qui utilise un type bien défini de ressources (alimentaires par exemple) pour sa survie.


Annexes

Bibliographie AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection… Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1972.- Premier aperçu de la végétation lichénique du parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, II, 73-105. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1973.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, III, 73-104. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1974.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, V, 105-112. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1976.- Compléments à l’étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise (II). Trav. sci. Parc nation. Vanoise, VII, 91-100. BELLMANN H. & LUCQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERLIOZ E., 2000.- La Vanoise. Collection Guide Nature. Romain Pages Editions, France. 166 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BONNEFOND A. & SALOMON C., 1997.- Termignon, Projet d’une place – mairie, poste, maison de la Vanoise, espace public. Rapport de fin d’études. Écoles d’architecture de Grenoble. 137 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. BOURNERIAS M. et al, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Ouvrage collectif sous l’égide de la Société française d’orchidophilie. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. CABARD P., CHAUVET B., 1998.- Étymologie des noms des mammifères. Édition Éveil Nature. 240 p.

176 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

Sommaire


COIC B., AVRILLIER J.-N., DELAHAYE T., 2000.- Inventaire des tourbières de la région Rhône-Alpes, Département de la Savoie. SMBRC / CORA / CREN de Rhône-Alpes. CORA, 2003.- Les oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes. CORA Éditeur. 336 p. CORA - La Niverolle, 1994.- Oiseaux de montagne. Actes du 32ème colloque interrégional d’ornithologie – Grenoble (France) – 7 et 8 novembre 1992. CORA Grenoble. 178 p. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COURTECUISSE R. & DUHEM B., 1994.- Guide des champignons de France et d’Europe. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 476 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. D’ARGUILAR J. & DOMMANGET J.-L., 1998.- Guide des libellules d’Europe et d’Afrique du Nord. L’identification et la biologie de toutes les espèces. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 463 p. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p. DELFORGUE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p. DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. et coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. Édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France. Vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Paris, France. 416 p. ERNOULT C., VERNET D., LABONNE S., FAVIER G. & DOBREMEZ L., 1998.- Évolution des usages et activités pastorales dans le Parc national de la Vanoise (1972-1996). Parc national de la Vanoise & Cemagref – Division Agriculture et Milieux montagnards. 91 p. + annexes.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 177

Annexes

CHINERY M., 1988.- Insectes de France et d’Europe occidentale. Éd. Arthaud. Paris, France. 320 p.


Annexes

FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. et coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. FRAPNA. 303 p. FRITCH R., 1986.- Les aunaies vertes de la Vanoise et leurs cortèges floristiques. Bull. Trimes. des amis du Parc de la Vanoise, n°54. GAUTHIER D., MARTINOT J.-P., CHOISY J.-P., MICHALLET J. VILLARET J.-C. & FAURE., 1991.- Le bouquetin des Alpes. Revue d’écologie (la terre et la vie), supplément 6. Éd. Soc. Nat. de protec. de la nat. et d’acclim. de France, Paris, France. pp 233-275. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. GÉROUDET P., 1978.- Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Suisse. 429 p. GUYÉTANT R., 1997.- Les amphibiens de France. Revue française d’aquariologie, supplément aux n°1-2. Pulnoy, France. 64 p. KÜHNER R. & LAMOURE D., 1986.- Catalogue des Agaricales (Basidiomycètes) de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, XV, 103-187. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAMOURE D., 1995.- Invitation à la connaissance de l’Alnetum viridis. Bull. Féd. Myc. Dauphiné-Savoie, n°137 (spécial aulnaie verte). pp 5-10. LAMOURE D., 1995.- À propos de quelques espèces remarquables. Bull. Féd. Myc. Dauphiné-Savoie, n°137 (spécial aulnaie verte). pp 21-34. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p. LEBRETON P. & MARTINOT J.-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p.

178 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise


LEMOINE M., & TRICART P., 1997.- Queyras : un océan il y a 150 millions d’années. Éd. BRGM et PNR de Queyras. 116 p. MANNEVILLE O. et al., 1999.- Le monde des tourbières et des marais – France, Suisse, Belgique et Luxembourg. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 320 p. MARTINOT J.-P., 1986.- Répartition et statut de protection des amphibiens et reptiles du Parc national de la Vanoise et de sa zone périphérique. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, XV, pp. 255-269. MEILLEUR B., 1985.- Gens de montagne. Plantes et saisons. Savoirs écologiques de tradition à Termignon (Savoie). Le monde alpin et rhodanien, 1. Grenoble, France. pp. 37-50. MOREAU P.-A., 1997.- Mise à jour du “Catalogue des Agaricales de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes”. Non publié. 83 p. MOULIN A. & SOLEILHAC A., 1971.- Les champignons dans le Parc national de la Vanoise. Bull. trimes. de la Fédé. Mycol Dauphiné-Savoie, n°43. pp. 4-6. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. et coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France. Tome I : Espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 20 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998.- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection. Éd. du Muséum d’Histoire Naturelle de Bourges. Dépliant. PRO NATURA, LIGUE SUISSE POUR LA PROTECTION DE LA NATURE, 1999.Les papillons et leurs biotopes. Espèces. Dangers qui les menacent. Protection. Suisse et régions limitrophes. Tome 2. Éd. de la Ligue suisse pour la protection de la Nature, Egg (CH-8132), Suisse. 667 p. PRUNIER P., 2002.- Approche typologique des pelouses substeppiques de HauteMaurienne. Rapport d’étude. Parc national de la Vanoise. 70 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 179

Annexes

LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.- Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, XXI, 304 p.


Annexes

RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Édiscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J.-C., MANSION D. & DUME G., 1989.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 1 - Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche : Direction de l’Espace Rural et de la Forêt, école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. RAMEAU J.-C., MANSION D. & DUME G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche : Direction de l’Espace Rural et de la Forêt, école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p. ROCAMORA G., & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. 560 p. ROUÉ S., MARTINOT J.-P., EVANNO A., 1997.- Connaître et protéger les chauvessouris en Savoie. Éd. Parc National de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p. WEBER E., 1994.- Sur les traces du bouquetin d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 176 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.

180 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise


Liste des plantes d’intérêt patrimonial

aconit paniculé x

2

androsace alpine

x

1

androsace helvétique

x

1

astragale de Lenzbourg

x x

3

bruyère herbacée

x

1

campanule alpestre x

3

chardon bleu des Alpes

x x

4

cobrésie simple

x x

3

corallorhize trifide

G H

x

2

crépide rhétique

x x

3

cresson d’Islande

1

dracocéphale de Ruysch

2

drave de Hoppe

x

G G G G G H

H

G G

H G G

G G G

2

épipogon sans feuilles

x

2

fausse bardane réfléchie

x

1

G

G

1

cortuse de Matthiole

Rochers et falaises

G H

1

centaurée du Valais

Éboulis et moraines

Pelouses et combes à neige

H

2

ancolie des Alpes

Landes, landines et fourrés de saules d’altitude

G

1

alysson alpestre

Aulnaies vertes et mégaphorbiaies

Forêts de conifères

Prairies de fauche

Adrets pelouses sèches et steppiques

Zones humides d’altitude

Lacs et cours d’eau

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Les grands types de milieux de Termignon-la-Vanoise

G

génépi des glaciers

1

H

G

génépi jaune

1

H

G

génépi vrai

1

G

H

genévrier sabine

1

H

gentiane croisette

1

H

gentiane de Schleicher gentiane utriculeuse

x x

G

2 2

G

1

grassette à éperon étroit

1

G

3

G

x x

H G

géranium blanc herminium à un tubercule

G G

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 181

Annexes

Sommaire


Annexes

hysope officinale laîche à petites arêtes

x x

3

G

laîche bicolore

x

1

H

laîche de Lachenal

x x

2

H

laîche des bourbiers

x

2

G

2

G

laîche maritime

x x

3

laîche pauciflore

x

1

lis martagon

1

lis orangé

2

luzule penchée

1

H

G G

G G G

G

H

G G

H

G

orchis nain des Alpes

x

1

oxytropide fétide

x

3

G

1

G

paronychia à feuilles de serpolet

G

pavot douteux

2

pédiculaire arquée

1

G

pédiculaire du mont Cenis

2

G

plantain brunâtre

1

G

x x

2

G

x

3

primevère du Piémont

x x

2

pyrole intermédiaire

x

1

G

pyrole verdâtre

x

1

G

rhapontique des Alpes

x

1

potentille blanc de neige potentille multifide

rubanier à feuilles étroites

1

sabot de Vénus

x

3

saule à dents courtes

x

1

saule glauque

x

1

saule helvétique

x x

2

saussurée basse

2

saxifrage ascendante

2

saxifrage fausse diapensie

x

3

saxifrage fausse mousse

x

1

Rochers et falaises

Éboulis et moraines

Pelouses et combes à neige

Landes, landines et fourrés de saules d’altitude

Aulnaies vertes et mégaphorbiaies

Forêts de conifères

Prairies de fauche

G

2

laîche dioique

Adrets pelouses sèches et steppiques

Zones humides d’altitude

Lacs et cours d’eau

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Les grands types de milieux de Termignon-la-Vanoise

G G

G G

182 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

G G H

G G G G G G

H


silène de Suède

x

1

G

stipe chevelue

1

G

stipe pennée

1

G

x

téléphium d’Impérato tofieldie naine

3

tozzie des Alpes

1

trigonelle de Montpellier

1

véronique d’Allioni

1

violette des marais violette pennée

1 x x

woodsie alpine

2 1

Rochers et falaises

Éboulis et moraines

Pelouses et combes à neige

Landes, landines et fourrés de saules d’altitude

G H

G G G G G G G

Légendes G : habitat principal à Termignon-la-Vanoise H : autre habitat à Termignon-la-Vanoise

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 183

Annexes

Aulnaies vertes et mégaphorbiaies

G

2 1

x x

Forêts de conifères

G

1

stipe à tige laineuse

swertie vivace

Prairies de fauche

Adrets pelouses sèches et steppiques

Zones humides d’altitude

Lacs et cours d’eau

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Les grands types de milieux de Termignon-la-Vanoise


Annexes

Sommaire

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique) Cette liste mentionne uniquement l’ensemble des espèces citées dans le présent document.

Flore PLANTES SUPÉRIEURES Nom français

Nom scientifique

aconit paniculé

Aconitum variegatum subsp. paniculatum

aconit tue-loup achillée à grandes feuilles adénostyle à feuilles d’alliaire

Aconitum vulparia Achillea macrophylla Adenostyles alliariae

airelle à petites folioles ou a. à petites feuilles

Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum

airelle rouge alysson alpestre ancolie des Alpes androsace alpine ou a. des Alpes androsace helvétique arabette bleuâtre arnica des montagnes aster des Alpes astragale de Lienz aulne blanc ou a. blanchâtre aulne vert azalée naine ou azalée des Alpes benoîte rampante botryche lunaire bouleau blanc brize intermédiaire brome érigé ou b. dressé bruyère des neiges ou b. herbacée bugrane à feuillles rondes callitriche des marais

Vaccinium vitis-idaea Alyssum alpestre Aquilegia alpina Androsace alpina Androsace helvetica Arabis caerulea Arnica montana Aster alpinus Astragalus leontinus Alnus incana Alnus viridis Loiseleuria procumbens Geum reptans Botrychium lunaria Betula pendula Briza media Bromus erectus Erica herbacea Ononis rotundifolia Callitriche palustris

camarine hermaphrodite

Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum

campanule alpestre centaurée du Valais chardon bleu des Alpes cobrésie simple

Campanula alpestris Centaurea valesiaca Eryngium alpinum Kobresia simpliciuscula

184 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

Nom patois

lé zérellé

lé deroze

lo boulot


Colchicum sp.

la vassréllé

compagnon rouge

Silene dioica

corallorhize trifide ou racine de corail

Corallorrhiza trifida

coronille minime ou petite coronille

Coronilla minima

cortuse de Matthiole

Cortusa matthioli

crépide rhétique

Crepis rhaetica

cresson d’Islande

Rorippa islandica

cumin des prés

Carum carvi

dactyle aggloméré

Dactylis glomerata

dompte-venin officinal

Vincetoxicum hirundinaria

doradille noire

Asplenium trichomanes

doradille rue-des-muraille

Asplenium ruta-muraria

dracocéphale de Ruysch

Dracocephalum ruyschiana

drave de Hoppe

Draba hoppeana

edelweiss ou étoile des neiges

Leontopodium alpinum

églantier ou rosier des chiens

Rosa canina

lo gratta cul

épicéa

Picea abies

l’épicia

épilobe de Fleicher

Epilobium fleischeri

épinard sauvage ou chénopode bon-Henri

Chenopodium bonus-henricus

épine-vinette

Berberis vulgaris

épipogon sans feuilles

Epipogium aphyllum

fléole des Alpes

Phleum alpinum

fraise des bois

Fragaria vesca

lé frasé

framboisier

Rubus idaeus

lé zampié

génépi (genépi) des glaciers

Artemisia glacialis

génépi (genépi) jaune ou g. blanc ou g. femelle

Artemisia mutellina ou A. umbelliformis

génépi (genépi) vrai ou g. noir ou g. mâle

Artemisia genipi

genévrier commun

Juniperus communis

genévrier nain

Juniperus nana

genévrier sabine

Juniperus sabina

gentiane acaule ou g. de Koch

Gentiana acaulis

gentiane jaune

Gentiana lutea

gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé

Gentiana utriculosa

géranium des bois

Geranium sylvaticum

grand boucage

Pimpinella major

grande berce

Heracleum sphondylium

herminium à un bulbe

Herminium monorchis

hysope officinale

Hyssopus officinalis

joubarbe des toits

Sempervivum tectorum

kœlérie pyramidale

Koeleria pyramidata

laîche à petites arêtes

Carex microglochin

laîche à utricules contractés en bec

Carex rostrata

laîche bicolore

Carex bicolor

laîche brune

Carex nigra

laîche de Davall

Carex davalliana

lé verkeugne

lo zénévro

lo séri

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 185

Annexes

colchique


Annexes

laîche de Lachenal

Carex lachenalii

laîche des bourbiers

Carex limosa

laîche fétide

Carex foetida

laîche maritime

Carex maritima

laitue des Alpes

Cicerbita alpina

linaigrette à feuilles étroites

Eriophorum angustifolium

linaigrette à larges feuilles

Eriophorum latifolium

linaigrette de Scheuchzer

Eriophorum scheuchzeri

lis martagon

Lilium martagon

lis orangé

Lilium croceum

lotier corniculé

Lotus corniculatus

luzule blanc de neige

Luzula nivea

marguerite

Leucanthemum sp.

lé marguerité

mélèze

Larix decidua

lo meldo

myrtille

Vaccinium myrtillus

lé zinbreuné

nard raide

Nardus stricta

orchis nain des Alpes ou chamorchis des Alpes

Chamorchis alpina

orchis miel ou pseudorchis blanchâtre

Pseudorchis albida

orpin

Sedum sp.

ortie dioïque

Urtica dioica

oxalis petite oseille

Oxalis acetosella

oxytropis fétide

Oxytropis fetida

pensée éperonnée ou violette à éperon

Viola calcarata

pied de chat dioïque

Antennaria dioica

pin à crochets

Pinus uncinata

lo pin a croceutte

pin cembro ou arolle

Pinus cembra

l’alevo

pin sylvestre

Pinus sylvestris

pissenlit

Taraxacum officinale

populage des marais

Caltha palustris

potentille blanc de neige

Potentilla nivea

potentille dressée ou tormentille

Potentilla erecta

potentille multifide

Potentilla multifida

prêle

Equisetum sp.

primevère à larges feuilles ou p. visqueuse

Primula latifolia

primevère du Piémont

Primula pedemontana

primevère hérissée

Primula hirsuta

pyrole à feuilles rondes

Pyrola rotundifolia

pyrole à une fleur

Moneses uniflora

pyrole intermédiaire

Pyrola media

pyrole verdâtre

Pyrola chlorantha

raisin d’ours commun ou busserolle

Arctostaphylos uva-ursi

reine des prés

Filipendula ulmaria

renouée bistorte

Polygonum bistorta

rhapontique des Alpes ou r. scarieux

Stemmacantha rhapontica

rhinanthe velu

Rhinanthus alectorolophus

186 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

lo lis martagoun

lé viollé

lo pissinli

lo raisigne d’orce


Rhododendron ferrugineum

lo broé

rhubarbe des moines ou rumex des Alpes

Rumex alpinus

lo tcho

rubanier à feuilles étroites

Sparganium angustifolium

sabot de Vénus

Cypripedium calceolus

sainfoin des montagnes

Onobrychis montana

salsifis sauvage ou salsifis des prés

Tragopogon pratense

sapin blanc ou s. pectiné

Abies alba

sauge des prés

Salvia pratensis

saule à dents courtes

Salix breviserrata

saule faux daphné

Salix daphnoides

saule fragile

Salix fragilis

saule glauque

Salix glaucosericea

saule helvétique

Salix helvetica

saule herbacé

Salix herbacea

saussurée basse

Saussurea alpina subsp. depressa

saussurée des Alpes

Saussurea alpina

saxifrage fausse diapensie

Saxifraga diapensioides

saxifrage fausse mousse

Saxifraga muscoides

saxifrage faux aïzoon

Saxifraga aizoides

saxifrage faux bryum

Saxifraga bryoides

scabieuse

Scabiosa sp.

seslérie bleuâtre

Sesleria caerulea

sibbaldie couchée

Sibbaldia procumbens

silène de Suède

Silene suecica

silène otitès

Silene otites

soldanelle des Alpes

Soldanella alpina

stipe à tige laineuse

Stipa eriocaulis

sureau à grappes

Sambucus racemosa

swertie vivace

Swertia perennis

tamaris d’Allemagne

Myricaria germanica

téléphium d’Imperato

Telephium imperati

thym serpolet

Thymus serpyllum

tofieldie boréale ou t. naine

Tofieldia pusilla

tozzie des Alpes

Tozzia alpina

trichophore cespiteux ou t. gazonnant

Trichophorum cespitosum

trigonelle de Montpellier

Trigonella monspeliaca

trisète jaunâtre

Trisetum flavescens

trocart des marais

Triglochin palustris

trolle d’Europe

Trollius europaeus

lo boutin d’or

tussilage pas d’âne

Tussilago farfara

lo sossi

vérâtre blanc ou hellébore blanc

Veratrum album

lo veraro

violette des marais

Viola palustris

violette pennée

Viola pinnata

woodsie alpine

Woodsia alpina

lo marabou

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 187

Annexes

rhododendron ferrugineux


Annexes

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français azuré de la croisette azuré de l’oxytropide azuré des soldanelles azuré du serpolet belle dame chamoisé des glaciers damier de la succise fadet de la mélique ou iphis flambé grand apollon grand nacré grande tortue hespérie de l’épiaire hespérie du chiendent machaon moiré cendré moiré fauve moiré lancéolé moiré printanier némusien ou ariane paon du jour petit apollon petite tortue robert-le-diable ou gamma semi-apollon solitaire virgule vulcain zygène de la Carniole

Nom scientifique Maculinea alcon rebeli Polyommatus eros Agriodes glandon Maculinea arion Vanessa cardui Oeneis glacialis Euphydryas aurinia Coenonympha glycerion Iphiclides podalirius Parnassius apollo Argynnis aglaja Nymphalis polychloros Carcharodus lavatherae Thymelictus acteon Papilio machaon Erebia pandrose Erebia mnestra Erebia alberganus Erebia triaria Lasiommata maera Inachis io Parnassius phoebus Aglais urticae Polygonia c-album Parnassius mnemosyne Colias palaeno Hesperia comma Vanessa atalanta Zygaena carniolica

Nom patois

INSECTES : ODONATES Nom français æschne des joncs agrion jouvencelle agrion porte-coupe cordulie des Alpes leucorrhine douteuse sympétrum jaune d’or sympétrum noir

Nom scientifique Aeschna juncea Coenagrion puella Enallagma cyathigerum Somatochlora alpestris Leucorrhinia dubia Sympetrum flaveolum Sympetrum danal

188 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

Nom patois


Nom français

Nom scientifique

criquet bariolé

Arcyptera fusca

criquet des pâtures

Chorthippus parallelus

criquet jacasseur

Stauroderus scalaris

dectique verrucivore

Decticus verrucivorus

grande sauterelle verte

Tettigonia viridissima

grillon d’Italie

Oecanthus pellucens

œdipode rouge

Oedipoda germanica

œdipode turquoise

Oedipoda caerulescens

Nom patois

lé lioué

Faune vertébrée POISSONS Nom français

Nom scientifique

omble chevalier

Salvelinus alpinus

truite arc-en-ciel

Oncorhynchus mykiss

truite fario ou truite de rivière

Salmo trutta fario

vairon

Phoxinus phoxinus

Nom patois

lé truité

AMPHIBIENS Nom français

Nom scientifique

Nom patois

crapaud calamite

Bufo calamita

crapaud commun

Bufo bufo

lo crapo

grenouille rousse

Rana temporaria

lé roné

salamandre noire

Salamandra atra

salamandre tachetée

Salamandra salamandra

triton alpestre

Triturus alpestris

REPTILES Nom français

Nom scientifique

Nom patois

coronelle lisse

Coronella austriaca

la colovra

couleuvre à collier

Natrix natrix

lézard des murailles

Podarcis muralis

lézard vivipare

Lacerta vivipara

orvet fragile

Anguis fragilis

vipère aspic

Vipera aspis

lo lezar

lé viperé

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 189

Annexes

INSECTES : ORTHOPTÈRES


Annexes

OISEAUX Nom français accenteur alpin accenteur mouchet aigle royal aigrette garzette alouette des champs bec-croisé des sapins bergeronnette des ruisseaux bouvreuil pivoine bruant fou bruant ortolan caille des blés canard colvert cassenoix moucheté

Nom scientifique Prunella collaris Prunella modularis Aquila chrysaetos Egretta garzetta Alauda arvensis Loxia curvirostra Motacilla cinerea Pyrrhula pyrrhula Emberiza cia Emberiza hortulana Coturnix coturnix Anas platyrhynchos Nucifraga caryocatactes

chevêchette d’Europe ou chouette chevêchette

Glaucidium passerinum

chevalier guignette chocard à bec jaune cincle plongeur crave à bec rouge faucon pèlerin fauvette à tête noire fauvette babillarde fauvette des jardins fuligule morillon gélinotte des bois grand cormoran grand-duc d’Europe ou hibou grand-duc grèbe à cou noir grive draine grive litorne grive musicienne gypaète barbu héron cendré hibou petit-duc ou petit-duc scops hirondelle de fenêtre hirondelle de rochers lagopède alpin ou perdrix des neiges martinet noir merle à plastron merle de roche merle noir mésange bleue mésange charbonnière mésange huppée mésange noire

Actitis hypoleucos Pyrrhocorax graculus Cinclus cinclus Pyrrhocorax pyrrhocorax Falco peregrinus Sylvia atricapilla Sylvia curruca Sylvia borin Aythya fuligula Tetrastes bonasia Phalacrocorax carbo sinensis Bubo bubo Podiceps nigricollis Turdus viscivorus Turdus pilaris Turdus philomelos Gypaetus barbatus Ardea cinerea Otus scops Delichon urbica Ptyonoprogne rupestris Lagopus mutus Apus apus Turdus torquatus Monticola saxatilis Turdus merula Parus caeruleus Parus major Parus cristatus Parus ater

190 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise

Nom patois

l’églé l’alouetta

la cailla lo canart

lo corbé

lé grivé

lo hérou l’hirondella l’erbéna

lo merlo lo mésangeo


Montifringilla nivalis

nyctale de Tengmalm ou chouette de T.

Aegolius funereus

perdrix bartavelle

Alectoris graeca

pic épeiche

Dendrocopos major

pic noir

Dryocopus martius

pic vert

Picus viridis

pie-grièche écorcheur

Anthus spinoletta

pipit spioncelle

Lanius collurio

pouillot véloce

Phylloscopus collybita

roitelet huppé

Regulus regulus

rougegorge familier

Erithacus rubecula

rougequeue à front blanc

Phoenicurus phoenicurus

rougequeue noir

Phoenicurus ochruros

sizerin flammé

Carduelis flammea

tarier des prés ou traquet tarier

Saxicola rubetra

tétras-lyre ou petit coq de bruyère

Tetrao tetrix

tichodrome échelette

Tichodroma muraria

traquet motteux

Oenanthe oenanthe

troglodyte mignon

Troglodytes troglodytes

la bartavélla

lo rozo dé gorzé

MAMMIFÈRES Nom français

Nom scientifique

Nom patois

blaireau européen

Meles meles

lo tessoun

bouquetin des Alpes

Capra ibex

lo bouctine

campagnol des champs

Microtus arvalis

campagnol des neiges

Microtus nivalis

campagnol roussâtre

Clethryonomis glareolus

cerf élaphe

Cervus elaphus

lo cer

chamois

Rupicapra rupicapra rupicapra

lo samou

chevreuil

Capreolus capreolus

écureuil roux

Sciurus vulgaris

lo seurieul

fouine

Martes foina

la fouina

hermine

Mustela erminea

lérot

Elyomis quercinus

lièvre brun ou l. commun ou l. d’Europe Lepus capensis

la levra

lièvre variable

Lepus timidus

lo blinsoun

loup

Canis lupus

lo lou

marmotte alpine ou m. des Alpes

Marmotta marmotta

la marmotta

mulot sylvestre

Apodemus sylvaticus

musaraigne carrelet

Sorex araneus

oreillard roux

Plecotus auritus

pipistrelle commune ou p. d’Europe

Pipistrellus pipistrellus

renard roux

Vulpes vulpes

lo renont

sanglier

Sus scrofa

lo sanglieur

taupe

Talpa europea

la taupa

Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise - 191

Annexes

niverolle alpine ou pinson des neiges


Annexes

Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin, Christine Garin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l’aide d’un groupe de travail : Louis Bantin, Aude Bonnefond, Denise Martin, Hervé Nicolas, Alain Péaquin - Commune de Termignon-la-Vanoise • Gilbert Suiffet – Office national des forêts • Jean-Luc Étiévant - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Danièle Granger-Cuq - Parc national de la Vanoise Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Joël Blanchemain, Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Didier Malrat, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige, Nathalie Tissot - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier, Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Michel Savourey - entomologiste Joséphine Damé, Joseph Mestrallet, Solange Rosaz Habitants de Termignon-la-Vanoise • Pierre-Jean Chambard - Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt de Savoie • Philippe Gaudry - Centre Régional de la Propriété Forestière de Savoie. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Termignon-la-Vanoise : Louis Bantin, Rémy Barraud, Joël Blanchemain, Danièle Bonnevie, Michel Bouche, Marie-Geneviève Bourgeois, Virginie Bourgoin, Daniel Briotet, Gérard Caratti, Guy Caullireau, Bernard Clesse, Jeannette Chavoutier, Jean-François Dalix, Thierry Delahaye, Cyrille Deliry, René Delpech, Jean-Luc Étiévant, Jean-Paul Ferbayre, Christophe Ferrier, Pierre Gensac, Christophe Gotti, Ludovic Imberdis, Paul Jovet, Laurence Jullian, Sandrine Lemmet, Claude Lepape, Dider Malrat, Guido Meeus, Maurice Mollard, Jean-Claude Mottet, Karine Moussiegt, Jacques Perrier, David Philippson, Véronique Plaige, Benjamin Plumecocq, Denis Robert, Céline Rutten, Clotilde Sagot, Gérard Sarrazin, Michel Savourey, secteur de Sainte Foy, secteur de Termignon, secteur de Val d’Isère, Gilbert Suiffet, Marie-José Suiffet, Nathalie Tissot, Nicolas Valy, Matthias Voirin. Financement : Conseil Général de la Savoie • Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Christine Garin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) • Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise. Mise en page intérieure & impression : Kalistene - 5 route de Nanfray - 74960 Cran-Gevrier • contact@kalistene.com • Tél. +33 (0)4 50 69 01 97

Photos : - Première de couverture : PNV – Nathalie Tissot (Village de Termignon-la-Vanoise et ses environs) - Quatrième de couverture :

Gyapète barbu PNV - Michel Bouche

Astragale de Lienz SMBRC - Thierry Delahaye

Marmotte des Alpes PNV - Gaulthier Grienche

Génépi jaune PNV - Michel Delmas

Chardon bleu des Alpes PNV - Stéphane Mélé

Zygène de la Carniole PNV - Patrick Folliet

Lagopède alpin PNV - Maurice Mollard

Bouquetin des Alpes PNV - Maurice Mollard

Hysope officinale PNV - Maurice Mollard

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-22-0 Dépôt légal : 4e trimestre 2006

192 - Découvrir le patrimoine naturel de Termignon-la-Vanoise


TERMIGNON-LA-VANOISE Découvrir le patrimoine naturel de Avec le concours financier de :

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