Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget

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Découvrir le patrimoine naturel de VILLARODIN-BOURGET


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d'une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d'espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s'imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l'homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d'équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers, le Conseil général de la Savoie et la Région Rhône-Alpes, se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l'environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Villarodin-Bourget s'est aujourd'hui investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget” est le reflet d'un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s'agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l'envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire

“Pour bien agir, il faut bien connaître.” “Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget” est un ouvrage étudié à l'initiative du Parc national de la Vanoise, avec le concours du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Édité sous forme de fiches pédagogiques présentant les milieux naturels, les lieux de vie, ainsi que les espèces animales et végétales résidant sur notre territoire, ce document est agréable à lire. Il attise notre curiosité et nous invite à la balade. La commune de Villarodin-Bourget, partenaire du projet, s'est investie au côté des spécialistes de la nature pour mieux connaître son patrimoine naturel et avoir à sa disposition un répertoire des richesses présentes dans son environnement. Cet outil d'aide à la décision permettra, nous l'espérons, de sensibiliser les décideurs d'aujourd'hui et de demain au maintien de l'équilibre indispensable à la survie des plantes et des êtres qui nous entourent. Il sera utilisé comme référence et comme support de positionnement touristique. Il offrira au lecteur une bouffée d'air pur, une passerelle permettant d'accéder aux rives de la sérénité. Il restera le lien entre différentes générations, le moyen de rendre hommage à la vie et au travail de nos ancêtres. Eux qui n'ont pas connu Saint-Exupéry, sans philosopher, ont appliqué cette maxime : “La terre ne nous appartient pas, ce sont nos enfants qui nous la prêtent”.

Henri RATEL, Maire de Villarodin-Bourget


Sommaire Préface Le mot du Maire

Présentation - Quelles richesses naturelles sur la commune ? Un aperçu de la commune Dimension économique Paysages de Villarodin-Bourget Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie Préliminaire Fiche-milieu n°1 Fiche-milieu n°2 Fiche-milieu n°3 Fiche-milieu n°4 Fiche-milieu n°5 Fiche-milieu n°6 Fiche-milieu n°7 Fiche-milieu n°8 Fiche-milieu n°9 Conclusion

: : : : : : : : :

Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d'eau, les lacs et les zones humides L'adret, les pelouses sèches et steppiques et les landes sèches Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Les forêts de conifères Les landes d'altitude et les landines Les pelouses d'altitude et les combes à neige Les éboulis et les moraines Les rochers et les falaises

Regard sur quelques espèces Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 :

La centaurée du Valais Le lis martagon La pyrole intermédiaire et la pyrole verdâtre La sauge d'Éthiopie Les plantes messicoles Les génépis Le bouquetin des Alpes Le cassenoix moucheté Le loup Le hibou petit-duc Le circaète Jean-le-Blanc Le lepture à six taches

Annexes

p. p.

1 3

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7 9 12 16 22 28 31

p. 37 p. 39 p. 40 p. 48 p. 58 p. 66 p. 75 p. 86 p. 92 p. 100 p. 107 p. 114 p. 119 p. 121 p. 123 p. 125 p. 127 p. 130 p. 133 p. 135 p. 138 p. 140 p. 144 p. 146 p. 148 p. 151 p. 153 p. 157 p. 161 p. 163

Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Villarodin-Bourget

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation

Sommaire

Un aperçu général de la commune La

commune de Villarodin-Bourget, en Savoie, se situe dans la haute vallée de la Maurienne, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage des cols et sommets (Tête Noire, col de Chavière, pointe de la Partie, pointe de l'Échelle, col de la Masse, Rateau d'Aussois, col du Barbier, Norma, Belle Plinier, rocher de la Dame) avec quatre communes limitrophes : Modane, Pralognan-la-Vanoise, Aussois et Avrieux. La commune de Villarodin-Bourget est rattachée administrativement au canton de Modane. Elle est membre du Syndicat Intercommunal de ce canton. D'une surface de 3 318 hectares, Villarodin-Bourget fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. Son territoire comprend 1 234 hectares en zone centrale du Parc, le reste se trouve inclus dans la zone périphérique

Villarodin-Bourget, commune du Parc national de la Vanoise

Morphologie de Villarodin-Bourget

La

commune de Villarodin-Bourget est orientée nord-sud. Elle s'étend sur les deux

versants de la vallée de l'Arc, sur le flanc sud du massif de la Vanoise en rive droite et sur le revers nord de la Belle Plinier. Outre la rivière Arc qui parcourt la commune sur quelque 2,5 kilomètres, le territoire

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9


Présentation

communal est parcouru par trois principaux ruisseaux : - le ruisseau de Povaret qui traverse la vallée de l'Orgère depuis les abords de l'aiguille Doran, - le ruisseau de Saint-Joseph qui prend sa source au pied du sommet de la Norma et se jette dans l'Arc à hauteur du pont de la Glaire, - le ruisseau de Saint-Antoine, matérialisant une partie de la limite communale avec Modane.

La commune se caractérise également par une forte amplitude altitudinale : de 1 100 m dans la vallée de la commune à 3 422 m au sommet de la pointe de l'Échelle. Ceci se traduit sur le milieu naturel par l'existence de trois étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, lequel est prolongé audelà de 2 700 à 3 000 m d'altitude par un sous-étage nival.

Le climat

Le territoire de Villarodin-Bourget bénéficie

PNV - Sébastien Brégeon

d'un climat sec et ensoleillé. Avec moins de 800 mm de précipitations annuelles, la commune se situe au cœur du pôle de sécheresse de la Savoie. Ce contexte climatique particulier se traduit, à l'étage montagnard notamment, par l'existence d'une végétation xérique* adaptée aux conséquences du manque d'eau (lire la fiche-milieu n°3).

L’habitat

L'habitat de Villarodin-Bourget est réparti entre trois sites principaux :

PNV - Sébastien Brégeon

L’Arc vue vers l’aval

Village du Bourget

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


alors une baisse très significative de la démographie (-366 habitants). La création et le développement de la station de ski de la Norma permettent une reprise démographique à partir de 1975. Au dernier recensement, en 1999, Villarodin-Bourget comptait 511 habitants - population en légère baisse par rapport au recensement précédent de 1990.

La population

Entre

PNV - Karine Moussiegt

1936 et 1962, la population de Villarodin-Bourget est restée relativement stable, avec près de 500 habitants. Les travaux effectués par Électricité de France et ceux liés à la construction du barrage du mont Cenis, se traduisent alors sur la démographie de la commune par un très fort accroissement de la population (supérieur à 48 %) entre 1962 et 1968. La fin de ces travaux, couplée à la fermeture de l'usine de Saint-Gobain en 1972 engendre

Villarodin et village-station de la Norma

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11

Présentation

- le village de Villarodin, en rive gauche de l'Arc, est le chef-lieu de commune. Il se situe à une altitude de 1 200 m, - le village du Bourget, au nord de l'Arc, à 1 163 m d'altitude, - la station de la Norma implantée sur le replat dominant le village de Villarodin, à 1 350 m d'altitude. La commune comprend également : - des hameaux d'altitude : Amodon et l'Orgère sur le versant sud de la Vanoise, - des chalets d'alpage isolés : le Fournet, la Repose et le Melezet.


Dimension économique Le développement du tourisme a progressivement placé ce secteur d'activité au centre de la vie économique de la commune. Alors qu'elle était l'activité économique principale à la fin du XIXe siècle, la vie agro-pastorale a progressivement diminué au cours du XXe siècle du fait de l'industrialisation de la vallée de la Maurienne.

L’agriculture

En

1876, la commune comptait 274 agriculteurs. L'activité agricole était alors axée sur l'élevage bovin, principalement laitier (200 vaches laitières), l'élevage ovin (350 brebis) et caprin (100 chèvres). En 2005, il ne reste qu'une exploitation pérenne conduite par un agriculteur doubleactif et tournée vers l'élevage ovin et bovin.

Au recensement de 2000, la surface agricole utilisée représentait 285 hectares, dont 216 hectares exploités par des agriculteurs

venant de communes situées en amont de Villarodin-Bourget. Quelques hectares de prairies semées en luzerne sont fauchés par des propriétaires privés. La commune compte plusieurs alpages dont la surface dépasse 1 000 hectares. Sept unités pastorales se répartissent sur le territoire communal (le Tronchet, Chatalamia, les Côtes, le Barbier, le vallon de la Masse, le lac de la Partie et la Norma), dont une d'intersaison (sur les adrets de la commune). Une association foncière pastorale, créée le 20 juin 2000 sur 1 180 hectares et regroupant plus de 200 propriétaires, est située sur le versant

PNV - Sébastien Brégeon

Présentation

Sommaire

Élevage ovin vers le chalet du Plan

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Le tourisme est l'activité économique prinLe cheptel ovin local compte environ 160 brebis mères en 2005, auxquelles s'ajoutent, pour l'estive, leurs agneaux, ainsi qu'environ 1 200 brebis mères suitées, transhumant de la combe de Savoie. L'ensemble de ces bêtes ne forme qu'un troupeau d'environ 2 000 bêtes, qui bénéficie de la surveillance permanente d'un berger. Celui-ci conduit les animaux sur les différents alpages de la commune.

cipale de Villarodin-Bourget, il représente 50 % des emplois en moyenne sur l'année. La commune connaît des saisons touristiques estivale et hivernale, avec des pointes de fréquentation en février et de mi-juillet à mi-août. La population peut atteindre alors 5 000 habitants. La fréquentation des vacanciers est motivée en été principalement par la présence du Parc national de la Vanoise sur le territoire communal et en hiver par le domaine de ski alpin de la Norma. Le nombre de lits touristiques s'élève à plus de 4 800 (appartements, chalets, gîtes ruraux, chambres d'hôtes, centre UCPA, auberge, deux refuges), dont plus de 97 % sont localisés à la Norma.

Le petit alpage du Fournet accueille la quinzaine de vaches allaitantes de la commune. Un troupeau bovin d'une commune voisine, comptant une quinzaine de génisses laitières, monte en estive avec le troupeau local. Les bêtes sont parquées. Une centaine de chèvres laitières, d'un élevage de Bramans, investit certaines années le secteur de la Norma pour l'estive. Il y a une dizaine d'années, un apiculteur professionnel pratiquait à VillarodinBourget. On rencontre encore quelques ruches sur la commune, mais il s'agit désormais d'apiculture de loisir.

La sylviculture n'y a actuellement aucune entreprise forestière à Villarodin-Bourget. Si aujourd'hui les revenus de l'exploitation forestière sont investis en totalité dans la gestion de la forêt communale, autrefois, le poids des ressources forestières dans l'économie locale était très important. Les coupes de bois sont vendues principalement à des acheteurs italiens, tandis qu'il existe localement une autoconsommation de bois pour le feu, par le biais de l'affouage.

PNV - Patrick Folliet

Il

Randonneurs à l’Orgère

Les activités proposées sur la commune sont diverses et principalement de plein air. Elles combinent la découverte des patrimoines naturel et culturel, les activités sportives d'été et d'hiver (voir la liste des

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13

Présentation

Le tourisme

du Bourget (le Barbier, vallon de la Masse, l'Estive, l'Orgère, etc.).


Présentation

activités dans l'encadré page suivante). Un ensemble de professionnels du tourisme permet d'organiser ces activités : accompagnateurs, guides de haute montagne, moniteurs de ski, etc. De nombreux sentiers de randonnée sillonnent le territoire de la commune et facilitent la pratique de la marche. Outre l'office de tourisme qui informe les vacanciers sur les activités offertes, la commune possède une centrale de réservation.

Recherches Aérospatiales (ONERA), installée à cheval sur les communes de Villarodin-Bourget et d'Avrieux. Cet établissement industriel consiste en une soufflerie qui sert à étudier le comportement aérodynamique de pièces d'avions, de missiles, de voiliers, de voitures de formule 1 et même de skieurs. Électricité de France est également présente sur la commune par une prise d'eau mise en place sur le torrent du Povaret ; celle-ci sert à alimenter le Plan d'Aval à Aussois.

L’industrie

Autres

Villarodin-Bourget

Les

autres activités économiques de la commune sont liées d'une part aux commerces et d'autre part aux petites entreprises artisanales. À eux seuls, les commerces (dont la plupart sont liés aux activités de sports d'hiver) représentent environ 80 emplois.

PNV - Karine Moussiegt

possède une histoire industrielle, avec la présence de 1921 à 1972, de l'usine de Saint-Gobain, vouée à la fabrication de carbure de calcium et de silicate de soude. Aujourd'hui, l'activité industrielle se résume à l'Office National d'Études et de

Site de l’ONERA

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise, - sentier de découverte de l’Orgère.

Découverte du patrimoine culturel : -

découverte de l’art baroque, découverte des fortifications (fort de Saint-Gobain), sentier de l’Art, sentier de découverte des travaux de restauration du ruisseau Saint-Antoine.

Activités sportives d’été : -

pêche, promenade et randonnée en montagne, VTT, tennis, parcours santé, équitation, alpinisme, escalade, parapente.

Et sports d’hiver : -

ski alpin et ski de randonnée, raquettes, cascade de glace (ruisseau du Saint-Joseph), promenade en chiens de traîneaux.

Les milieux naturels sans équipement touristique sont le support d'activités essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité de l'environnement et du patrimoine bâti est l'un des atouts majeurs de la commune. C'est une source de richesse non négligeable : l'activité touristique estivale de Villarodin-Bourget repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité de ces activités dépendra pour beaucoup de l'attention qui sera portée à cette nature.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

ACTIVITÉS TOURISTIQUES SUR LA COMMUNE DE VILLARODIN-BOURGET


Présentation

Sommaire

Paysages de Villarodin-Bourget

CPNS - Virginie Bourgoin

Présentation photographique des grands types de milieux

De gauche à droite : la Norma, Villarodin et le Bourget (au premier plan : Avrieux et l’ONERA ; au fond : Modane)

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation CPNS - Virginie Bourgoin

Les adrets du Bourget, depuis Villarodin

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17


PNV - Jacques Perrier

Présentation

Vallon de l’Orgère

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Jacques Perrier

Aiguille Doran, au fond du vallon de l’Orgère

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19


PNV - Patrick Folliet

Présentation

Lac de la Partie (en arrière plan : dôme de Polset et col de Chavière)

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation Marais du lac de la Partie CPNS - Philippe Freydier

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21


Diversité de la flore Il n'existe pas d'inventaire exhaustif de la flore de Villarodin-Bourget, mais à l'échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle à Villarodin-Bourget. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu'il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons

la flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d'établir les statistiques suivantes.

En

Vanoise, la flore mycologique a fait l'objet d'inventaires et d'études approfondies depuis une trentaine d'années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l'objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés, même en l'absence de sol. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

Plantes rares et menacées

Si l'on ne dispose pas aujourd'hui d'inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Rémy Barraud

Présentation

Sommaire

Primevère du Piémont

On dénombre actuellement à VillarodinBourget 24 espèces de plantes protégées. Du fait de leur grande rareté en France, trois de ces espèces protégées, auxquelles s'ajoutent trois autres espèces non protégées, sont considérées comme des espèces “prioritaires”, en terme de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Villarodin-Bourget compte : - 23 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, soit près d'un quart,


Présentation

Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - la primevère du Piémont, espèce protégée dont l'ensemble de l'aire est très réduite et qui, en France, est présente uniquement en Savoie et dans les Hautes-Alpes. - la centaurée du Valais, une plante rare et protégée, endémique* des Alpes. Elle est présente en Europe uniquement en Suisse, en Italie et en France où elle ne fleurit qu'en Maurienne depuis SaintJean-de-Maurienne jusqu'à Lanslebourg. - la saxifrage fausse mousse, une plante endémique* des Alpes, rare et protégée, très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes.

PNV - Emmanuel Faure

- près de 17 % des plantes “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans l'espace-Parc.

Sabot de Vénus

PNV - Philippe Benoît

PNV - Jacques Perrier

- la gentiane utriculeuse, espèce protégée présente en France uniquement en Savoie (après avoir disparu des départements de la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du HautRhin).

Gentiane utriculeuse

Saxifrage fausse mousse

- le sabot de Vénus, espèce protégée en régression en France en plaine ou à basse altitude.

- la gentiane de Schleicher, espèce rare, présente en France uniquement dans quatre départements alpins (Savoie, HautesAlpes, Alpes-de-Haute-Provence, AlpesMaritimes) et dans les PyrénéesOrientales.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


Présentation

Sensibilités floristiques du territoire communal de Villarodin-Bourget - Observations de 1956 à 2004

Commentaire : La valeur patrimoniale de chaque espèce végétale faisant l'objet d'un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national a été caractérisée par une "note". Celle-ci tient compte entre autres : - de l'aire globale de distribution, - de l'importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l'ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l'espèce et son milieu de vie. L'intérêt floristique, calculé dans chaque maille, correspond à la somme de ces notes. En d'autres termes, plus le nombre d'espèces recensées dans une maille est important et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l'intérêt floristique est fort.

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

En complément de l'évaluation de l'intérêt floristique, l'observation dans une maille d'au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d'espèces végétales protégées est indiquée par un symbole. Les mailles blanches correspondent à des mailles qui n'ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n'a encore été observée. La répartition par type d'habitat* des 58 plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise (voir la liste de ces plantes en annexe) met en évidence l'intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) :


Plantes symboliques

Le

patrimoine floristique de VillarodinBourget englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu'elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l'edelweiss, - l'ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues, - le sabot de Vénus, etc. Certaines d'entre elles sont aussi protégées (ex. l'ancolie des Alpes, le sabot de Vénus).

Plantes utilisées par l’homme

Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L'homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s'ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques. Les plantes à usage pastoral L'utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l'usage actuellement le plus important d'un point de vue économique et culturel à VillarodinBourget. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). D'autre part, le pastoralisme est l'usage qui a le plus d'influence sur la végétation : le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.

PNV - Christian Balais

Les plantes à usage alimentaire

Lis orangé

Les feuilles de certaines plantes étaient utilisées pour la soupe (ortie et renouée bistorte), tandis que celles de l'épinard sauvage ou chénopode bon-Henri étaient consommées cuites comme des épinards. Les pétioles des feuilles de la rhubarbe des

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25

Présentation

- dans les adrets et les pelouses sèches (15 espèces), - dans les pelouses d'altitude et les combes à neige (13 espèces), - dans les éboulis, les moraines et les rochers (13 espèces), - dans les abords des villages et les cultures (8 espèces), - dans les forêts et les mégaphorbiaies (5 espèces), - dans les zones humides et les bords de cours d'eau (4 espèces), - dans les landes et landines d'altitude (2 espèces), - dans les prairies de fauche (1 espèce).


Présentation

moines servaient à faire de la confiture. Les jeunes feuilles de pissenlit, récoltées avant la floraison, étaient également servies en salade.

de la noix-de-terre, au goût de noisette, est totalement désuète : les bergers le mangeaient cru, après avoir gratté la terre qui le recouvrait. Comme l'absinthe jadis, les génépis sont ramassés annuellement pour la fabrication de l'alcool du même nom.

PNV - Jacques Perrier

Les plantes à usage médicinal

Pissenlit

PNV - Jacques Perrier

Les habitants de Villarodin-Bourget cueillaient aussi de nombreux fruits sauvages (myrtilles, cynorrhodons, framboises, fruits du sureau noir) pour les manger en confiture, cru, ou cuits sur une tarte.

Ces plantes renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies. Les maux de gorge et la toux étaient calmés grâce à des infusions de pensée éperonnée. Les infusions de tussilage pas-d'âne étaient utilisées pour soigner les problèmes respiratoires. Les fleurs d'arnica permettaient de soulager les ecchymoses et les traumatismes légers sans plaie. Grâce aux infusions de thym serpolet, les habitants de Villarodin-Bourget apaisaient leurs troubles digestifs. Ils luttaient contre la grippe en buvant des tisanes de génépis.

PNV - Louis Bantin

Tussilage pas-d’âne

Absinthe

Lorsque la nourriture venait à manquer, les graines de pin cembro, appelées “pignes”, étaient mangées comme fruits secs. Le sirop de pignes est d'un usage plus récent. En revanche, la consommation du tubercule

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

La liste des plantes médicinales est longue. Aujourd'hui à Villarodin-Bourget, ces plantes sont encore régulièrement utilisées par certains habitants.

Les plantes toxiques Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, l'hépatique à trois


la flore grâce à plusieurs formules, telles que : - des sorties et des séjours organisés par des accompagnateurs en montagne spécialisés, alliant randonnée et découverte des plantes de montagne, - le sentier de découverte de l'Orgère, dont la réalisation remonte au début des années 1980 et dont la conception va être revue. Cet usage est en plein développement. Il répond à la demande des touristes ou des habitants, curieux de mieux connaître la nature qui les entoure.

PNV - Maurice Mollard

Les plantes à autres usages

PNV - Philippe Benoît

Dompte-venin officinal

Le chanvre cultivé jusqu'au début du XXe siècle était utilisé pour fabriquer de la corde ; tissé et blanchi, il fournissait des draps de maison. De grandes pièces de toile de chanvre servaient également à porter le foin. Des tiges du saule des vanniers, les habitants de Villarodin-Bourget extrayaient l'osier qui servait à la vannerie. Alors que le bois de pin cembro était sculpté, celui du mélèze permettait de faire des charpentes. Les traîneaux confectionnés pour tirer le foin des prés de fauche aux granges étaient en bois de frêne.

Vérâtre blanc

Il existe depuis quelques années à Villarodin-Bourget, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme et le Parc national de la Vanoise proposent de découvrir

PNV - Jacques Perrier

Les plantes d’intérêt culturel et touristique

Ortie dioïque

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27

Présentation

lobes, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées.


Présentation

Sommaire

Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l'inventaire exhaustif de la faune de Villarodin-Bourget, et en particulier des invertébrés, n'est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d'autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons. Ainsi, plus de 136 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 46 % des espèces présentes en Vanoise et 31 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Villarodin-Bourget se compose d'espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée

bouquetin des Alpes et le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que musaraigne carrelet, renard, blaireau, écureuil, sanglier, cerf et chevreuil sont aussi présentes. Le mouflon de Corse, présent également sur la commune, a été introduit au cours des années 1950, à partir d'animaux du parc de Chambord. Cette espèce, d'origine méditerranéenne, est mal adaptée à l'écosystème alpin : sa grande difficulté à se déplacer en période de fortes chutes de neige révèle son inadaptation à ce milieu. Parmi les grands prédateurs, citons également le lynx qui fréquente le territoire de la commune pour chasser et le loup.

Parmi

la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l'objet d'études et de suivis plus précis ; c'est le cas par exemple des ongulés sauvages (bouquetin, chamois), des chiroptères, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

Les mammifères

PNV - Nathalie Tissot

PNV - Alexandre Garnier

Parmi les 29 espèces de mammifères (soit 37 % de celles présentes en Vanoise), évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le campagnol des neiges, le lièvre variable, le

Marmotte des Alpes

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Lynx


Présentation Lézard des murailles

PNV - Philippe Benoît

Villarodin-Bourget compte pas moins de 82 espèces différentes d'oiseaux nicheurs sur les 120 présentes en Vanoise. 18 autres espèces d'oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l'aigle royal, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale de Tengmalm, la chevêchette d'Europe, le pipit spioncelle, l'accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, la niverolle, le merle de roche, - parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Villarodin-Bourget, différents passereaux : les fauvettes babillarde, des jardins et à tête noire, les roitelets huppé et triplebandeau, les mésanges : boréale, huppée, noire, charbonnière, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, etc.

PNV - Joël Blanchemain

Les oiseaux

Vipère aspic

Les amphibiens

PNV - Sébastien Brégeon

Une espèce d'amphibiens a été trouvée sur les six que compte la Vanoise : la grenouille rousse observée jusqu'à 2 420 m d'altitude au lac de la Partie.

Mésange huppée

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, cinq sont répertoriées à Villarodin-Bourget ; trois espèces de lézards : lézards vivipare, vert et des murailles et l’orvet et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la coronelle lisse.

PNV - Patrick Folliet

Les reptiles

Grenouille rousse

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29


Présentation

Les poissons

ainsi, sur les 54 espèces connues dans l'espace-Parc, 10 ont été inventoriées à Villarodin-Bourget (de manière incomplète) telles que le criquet des pâtures et le dectique verrucivore.

Deux espèces se trouvent dans les lacs et les cours d'eau de Villarodin-Bourget : la truite de rivière ou truite fario et la truite arc-enciel. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, l'autre espèce a été introduite.

Faune invertébrée la faune invertébrée de VillarodinBourget, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances. Les lépidoptères (ou papillons) représentent 340 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, soit près de 35 % des espèces connues en Savoie, dont 98 papillons de jour et 242 papillons de nuit. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le grand nacré. Cinq d'entre elles sont protégées : le grand, le petit et le semi apollon, le damier de la succise et l'azuré du serpolet.

PNV - Ludovic Imberdis

Parmi

Dectique verrucivore

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

23 espèces d'odonates (l'ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans l'espace-Parc, dont : l'aeschne des joncs, la cordulie des Alpes, l'agrion porte-coupe, la leucorrhine douteuse. Sur la commune de VillarodinBourget, des individus d'espèces différentes ont déjà été observés vers le pont de la Glaire, mais il n'ont pas été identifiés.

Grand apollon

Quelques données sur les orthoptères (l'ordre des insectes qui regroupent les criquets et sauterelles), sont également disponibles :

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Une étude menée entre 1999 et 2004 sur les cembraies de Villarodin-Bourget (Villarodin et Orgère) a permis d'inventorier 75 espèces différentes de coléoptères, dont 17 espèces saproxyliques* patrimoniales (Dodelin B. & Le Queau P., 2004).


Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 hectares. Près de 53 000 hectares sont classés en zone centrale, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s'étend la zone périphérique du Parc. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en

continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d'Europe occidentale. Villarodin-Bourget est l'une de ces 28 communes. L'ensemble de son territoire est situé dans l'espace-Parc. La zone protégée, ou zone centrale, concerne 37 % de la surface de la commune. Elle couvre une partie du versant en rive droite de l'Arc. Les 63 % restants se trouvent dans la zone périphérique.

Parc national de la Vanoise à Villarodin-Bourget

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31

Présentation

Sommaire


Présentation

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n'ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la présence des espèces protégées et déterminantes. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d'évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d'intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d'oiseaux sauvages jugés d'importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d'espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils

d'information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d'aménagement du territoire.

Les ZNIEFF Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d'espèces, d'associations* d'espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2.

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


ZNIEFF de type 1 : - Forêts de résineux de l'ubac de la Haute Maurienne (n°73000016), - Bois du Sapey et de Saint-André (n°73150008), - Forêts et alpages de l'Orgère au col de Chavière (n°73150020), - Pelouses steppiques de la Loutraz Chatalamia (n°73170005), ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315), - Adrets de la Maurienne (n°7317),

Les ZICO Une partie du territoire de VillarodinBourget est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Elle englobe toute la surface communale située sur les rives gauche et droite de l'Arc, ainsi qu'une partie du vallon de l'Orgère ; l'ensemble de ce territoire est inclus dans la ZICO, du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de l'aigle royal, du faucon pèlerin, de la gélinotte des bois, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle, de la nyctale de Tengmalm, de la chouette chevêchette et du crave à bec rouge.

Délimitation de la ZICO “Parc national de la Vanoise” à Villarodin-Bourget

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

Sur l'ensemble du territoire communal de Villarodin-Bourget, plusieurs ZNIEFF ont été inventoriées :


Présentation

Inventaires des tourbières et des zones humides

Une mise à jour des connaissances sur les

PNV - Sébastien Brégeon

tourbières de Rhône-Alpes, au travers d'inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coordonné par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, ce travail a porté sur les tourbières d'une superficie de plus d'un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d'une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au plan international, d'autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d'un plan d'action national visant à préserver ces milieux.

Zone humide issue du comblement d’un ancien lac (au-dessus du lac de la Partie)

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a entrepris un travail global sur les marais et tourbières de la zone centrale du Parc. Il comporte une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides d'une surface minimale de 100 m2. Ce travail qui a été conduit entre 2001 et 2003, va être étendu à partir de 2005 à toute la zone périphérique du Parc. À Villarodin-Bourget, deux zones ont été inventoriées, l'une à proximité du lac de la Partie, l'autre sur le plateau des Sables.

Zonage Natura 2000

Les

directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l'objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les mesures prises à ce titre doivent assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures prennent en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d'intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d'ores et déjà un certain nombre de Sites d'Importance Communautaire (d'autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d'intérêt communautaire. À terme, l'ensemble des sites identifiés


La commune de Villarodin-Bourget est concernée par deux sites Natura 2000 : - Le site d'importance communautaire “Massif de la Vanoise” qui, sur cette commune, recoupe exactement le territoire classé en zone centrale du Parc national. Ce site recèle la plupart des milieux naturels et des espèces d'intérêt européen présents dans les Alpes du Nord occidentales. Le document d'objectifs de ce site d'importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques

disponibles et approuvé par l'État en 1998. - Le site d'importance communautaire “Formations forestières et herbacées sèches des Alpes internes”. Ce site a été identifié à Villarodin-Bourget du fait de la présence d'un habitat rare : les pelouses sèches à caractère substeppique, encore appelées pelouses steppiques (lire la fichemilieu n°3). Il englobera également le secteur de fauche de l'Orgère. Le document d'objectifs de ce site est en cours de réalisation, sa délimitation définitive étant encore à l'étude au moment où s'écrivent ces lignes, son pourtour ne figure pas sur la carte de délimitation du zonage Natura 2000.

Délimitation du zonage Natura 2000 à Villarodin-Bourget

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35

Présentation

comme d'importance communautaire au titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l'échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”.


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°1

Préliminaire Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Villarodin-Bourget font l'objet d'une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d'identifier chacun d'entre eux à partir : d'une part de la définition qui en est faite et d'autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l'homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l'homme et son milieu, l'évolution qui s'ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (telles que la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages, et les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d'organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d'espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 39


Le village, les hameaux et leurs abords

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°1

Sommaire

Le Bourget et ses jardins potagers

Cette

fiche concerne l'habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets, les équipements divers et les zones de cultures proches du village.

L'habitat de Villarodin-Bourget, présent de part et d'autre de la rivière Arc, ne répond pas à un, mais à plusieurs types architecturaux différents. À l'image de celle de Haute Maurienne, l'architecture traditionnelle de la commune se caractérise par un aspect minéral (murs en pierres et couverture des toits en lauzes de schistes). Le bois est peu présent, si ce n'est au niveau des ouvertures (linteaux et jambages). Le travail de ferronnerie est remarquable (à Villarodin en particulier). Au cours du XXe siècle, de nouveaux matériaux de couverture sont apparus (tôle ondulée, tôle en bac acier, ardoise en fibro-ciment).

40 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Suite à la deuxième guerre mondiale, le village du Bourget a été reconstruit en partie, dans le respect de la structure d'origine. Au bâti traditionnel caractérisé par des façades couvertes d'enduit, se mêlent des constructions plus récentes en pierres apparentes. Villarodin est de type village-rue : son habitat se définit par l'existence d'une rue principale (rue Saint-Antoine) sur laquelle se greffent des voies secondaires. Certaines particularités caractérisent ce village : l'existence de passages couverts et la présence sur une des façades d'une excroissance demi-circulaire logeant un escalier intérieur. Les constructions plus récentes (telles que celles de la Norma) se démarquent du reste par leur style. Il s'agit le plus souvent de maisons à murs lisses (en parpaings recouverts de crépi ou d'un bardage en bois) avec des boiseries en façade. Les zones d'habitation incluent aussi des


Poussant en abondance les automnes pluvieux le long des talus herbeux et des sentiers forestiers, le clitocybe ou lyophylle aggrégé est un champignon à lamelles, au chapeau brun foncé et formant des touffes denses. Sur débris végétaux, compost, fumier, poussent des champignons en forme de coupes dont la pézize vésiculeuse. Les jardins, ainsi que les prés parsemés des bosquets de feuillus accueillent plusieurs espèces de morilles en avril.

Philippe Freydier

Couvrant environ 130 hectares, il y a près d'un siècle et demi, les zones de cultures occupent aujourd'hui tout au plus quelques hectares. Ces surfaces étaient plantées principalement en céréales (seigle, avoine), auxquelles s'ajoutaient quelques cultures de pomme de terre et de chanvre. Exempt de désherbage chimique, les champs de céréales ont permis l'installation d'un cortège de plantes des cultures, dites plantes messicoles, profitant des labours et moissonnées avec les céréales. Aujourd'hui, les cultures de céréales restantes (cultures à gibier plantées en blé d'hiver) ne couvrent qu'une faible surface, ce qui permet à quelques plantes messicoles, telles que le bleuet, l'adonis d'été, de fleurir encore.

Lichens et champignons

Maison en pierres de l’allée des peupliers à Villarodin

À proximité des bâtiments d'élevage et principalement des chalets d'alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles, telles que la rhubarbe des moines.

Facilement reconnaissable à sa couleur rouge orangé vif, la xanthorie élégante forme des ronds plus ou moins incrustés, tant sur les pierres des constructions que sur les rochers en montagne. Cette espèce de lichen nitrophile se développe surtout en présence de guano d'oiseaux.

PNV - Christophe Gotti

CPNS - Virginie Bourgoin

Lyophylle aggrégé

Xanthorie élégante

Les milieux naturels, des lieux de vie - 41

Fiche-milieu n°1

vergers, des jardins potagers et d'agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l'homme, et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères.


plantes trouvent dans ces milieux investis par l'homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présente classiquement sur les murets en pierres, la joubarbe des toits est une plante des montagnes capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante “grasse” est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d'eau. Autres habituées des murs et murets de pierres sèches, la doradille ruedes-murailles et les mousses en coussinet.

PNV - Jacques Perrier

Les

Rhubarbe des moines

Joubarbe des toits

La végétation exubérante des reposoirs à bestiaux, composée de plantes des milieux riches en azote organique, telles que la rhubarbe des moines, l'épinard sauvage et l'ortie, contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste se développant sur substrat minéral (faiblement alimentée en eau et en éléments organiques). Une fois installée, cette végétation des abords de chalets d'alpage peut se maintenir très longtemps, même après des décennies d'abandon du site.

42 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Louis Bantin

PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°1

Flore

Épinard sauvage

La flore compagne des moissons est représentée par des plantes annuelles, dont le cycle de développement est adapté au rythme des cultures. Elle peut persister en bordure de parcelles, des talus, même si les cultures de céréales ont disparu. Parmi la dizaine d'espèces de plantes messicoles présentes sur la commune, certaines sont particulièrement emblématiques, du fait de


Moineaux domestiques

Parmi les mammifères anthropophiles, la fouine fréquente les alentours des villages et des hameaux. C'est un mammifère omnivore qui se nourrit principalement de fruits en été et en automne. Le lérot investit aussi les constructions humaines, telles que les chalets de l'Orgère, bien que son habitat naturel reste lié aux arbres et aux murets de pierres sèches. Ce petit mammifère se caractérise par de grandes oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur les yeux et par une queue velue se terminant par un plumet de longs poils noirs et blancs.

Faune

Sans être toujours la plus remarquable, la

Oiseau typique des jardins et abords de village, le rougequeue à front blanc nécessite la présence d'arbres espacés pour se percher et nicher. Cet oiseau au comportement farouche et discret porte en revanche un plumage voyant : plumes rouge orangé sur la poitrine, queue rousse et tache blanche éclatante sur la tête. Typique des zones rocheuses à végétation rase, son cousin, le rougequeue noir, est devenu l'une des espèces les plus caractéristiques des zones d'habitations. Il niche à l'abri des toits, pouvant, le cas échéant, utiliser d'anciens nids d'hirondelles. Comme son nom l'indique, le moineau domestique est entièrement lié à la présence de l'homme et d'habitations. C'est l'espèce la plus répandue en Europe et en Asie et

PNV - Jean-Paul Ferbayre

faune de ces milieux n'en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées.

Lérot

Les milieux naturels, des lieux de vie - 43

Fiche-milieu n°1

même dans d'autres continents. Omnivore, il se nourrit principalement d'insectes, de graines mais aussi de bourgeons et de fruits.

PNV - Christophe Gotti

leurs couleurs éclatantes : bleuet, coquelicot et adonis d'été. La nielle des blés fait également partie de ce cortège de plantes colorées. Velue-soyeuse, cette espèce porte de grandes fleurs solitaires aux pétales pourpre violacé et à gorge claire presque blanche. Ses graines noires contiennent une substance toxique, qui, mélangée au blé, rend le pain dangereux pour la consommation. Beaucoup plus discrète et aussi plus petite que la précédente, sa taille ne dépasse pas 15 cm, la grande androsace ou androsace des champs se caractérise par la taille démesurée de ses calices floraux au regard de ses petites fleurs blanches ou roses regroupées en ombelle. Ces deux espèces messicoles fleurissent dans les anciennes cultures qui bordent la route départementale 215 menant à Avrieux (lire la fiche-espèce n°5).


Fiche-milieu n°1

PNV - Patrick Folliet

Classé dans le groupe des papillons de nuit, le moro-sphinx a la particularité de voler de jour. Pendant les heures les plus chaudes de la journée, il est possible de l'observer en vol stationnaire devant les fleurs, dont il récolte le nectar grâce à sa trompe particulièrement longue. Les écailles noires et blanches à l'extrémité de son abdomen font office de gouvernail et lui permettent de mieux s'approcher des fleurs, que ce soit les géraniums ou pétunias des jardins, ou les centaurées, saponaires et vipérines dans le milieu naturel.

Petite tortue

44 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Des papillons tels que la petite tortue, le robert-le-diable ou gamma et la belle dame, viennent profiter des ressources qu'offrent encore les jardins en automne, période où la nature ne peut assurer leur subsistance (fleurs et fruits de jardin, etc.).Tous ne périront pas aux premiers gels, certains seront partis vers le sud, d'autres hiberneront dans les combles et les granges.

PNV - Michel Delmas

Outre ces espèces commensales, le village et ses abords bénéficient aussi de la présence d'espèces protégées, telles certaines espèces de chauves-souris. La pipistrelle de Kuhl par exemple est fortement anthropophile. Ne pesant pas plus de 10 grammes, elle choisit ses gîtes d'été parmi les fissures et interstices en tous genres (toiture, murs de façades, mais aussi arbres et rochers). Le hibou petit-duc fait aussi partie de cette faune patrimoniale. C'est un des plus petits rapaces nocturnes français. Cet oiseau vit dans les arbres des parcs et jardins à proximité de l'homme ou dans les boisements clairs de feuillus en milieux semi-ouverts. La présence de cavités (vieux arbres et vieux bâtiments) est indispensable à sa reproduction (lire la fiche-espèce n°10).

Belle dame

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Le village constitue le cadre de vie collectif de l'ensemble des habitants de VillarodinBourget. Ce lieu de vie pour les hommes fait aussi l'objet d'une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l'ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître. Les champs cultivés appartiennent aujourd'hui à l'histoire agricole de la commune. Actuellement, les parcelles de cultures à gibier demeurent les seules à être semées en céréales (blé d'hiver). La toponymie de certains lieux est empreinte de ce passé cultural : l'Orgère, par exemple, traduit la


PNV - Sébastien Brégeon

Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort. Villarodin-Bourget compte d'ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre : églises du Bourget et de Villarodin, chapelle médiévale d'Amodon (chapelle Sainte-Marguerite), une des plus ancienne de la Maurienne, etc. Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces animales qui ont accompagné les établissements humains jusqu'à l'apparition de l'architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir, grand consommateur de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l'environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence

PNV - Sébastien Brégeon

Jardins potagers à proximité de l’Arc

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Chalets de la Repose, en lisière de forêt

Les milieux naturels, des lieux de vie - 45

Fiche-milieu n°1

présence, jusque dans les années 1940, de cultures d'orge aux abords du refuge de l'aiguille Doran. Toutes les familles de Villarodin-Bourget possédaient une parcelle de jardin, à proximité de l'Arc. Indispensables pendant les pénuries, ces potagers étaient cultivés principalement en pomme de terre.


CPNS - Virginie Bourgoin

Fiche-milieu n°1

Chapelle d’Amodon

d'espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l'habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l'enracinement de plantes telles que les doradilles noire et rue-des-murailles. Au sein de la faune, les chauves-souris (pipistrelle de Kuhl) et certaines espèces d'oiseaux (hibou petit-duc) en particulier leur confèrent une valeur biologique importante. L'habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles. Accompagnatrices des cultures de céréales d'hiver, les plantes messicoles constituent un patrimoine à la fois culturel, puisqu'elles relatent l'histoire de l'agriculture française, et naturel au regard de la diversité floristique qu'elles représentent. Dans certaines régions françaises telles que les Causses, un champ de céréales d'hiver peut contenir plus d'une soixantaine d'espèces compagnes des moissons. Par la source alimentaire et nectarifère qu'elle représente, cette flore

46 - Les milieux naturels, des lieux de vie

participe au maintien de certaines espèces de faune (insectes, oiseaux, etc.). En Vanoise, c'est en Maurienne que persistent les plus importantes populations connues d'espèces messicoles.

Évolution et transformation du milieu En Vanoise comme ailleurs, l'évolution de l'économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci se traduit par l'abandon des centres anciens et de certains chalets d'alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Cet abandon est aussi lié au problème d'indivision lors de successions qui concernent un grand nombre d'héritiers pour un bien unique. Toutefois ce problème a tendance à s'estomper. De plus, l'avènement du tourisme a fait fleurir des bâtiments très volumineux dont l'architecture est radicalement différente, voire étrangère au style traditionnel des vallées de Vanoise. Certaines granges sont aussi réaménagées en appartements. La restauration du bâti ancien peut s'avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l'écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture


CPNS - Virginie Bourgoin

Muret de pierres sèches

En France, les plantes liées aux moissons sont parmi celles qui ont le plus régressé, suite aux modifications des pratiques culturales (utilisations d'engrais chimiques et d'herbicides) et à l'évolution de la société. À l'échelle nationale, c'est l'agriculture extensive et les pratiques agropastorales qui ont assuré, jusqu'à nos jours, la pérennité de la flore messicole. À Villarodin-Bourget, la préoccupation est tout autre : la disparition quasi-totale des cultures de céréales d'hiver menace durablement la présence de cette flore, qui n'est plus assurée actuellement que grâce à l'existence de quelques parcelles de cultures à gibier. La plupart des anciennes cultures ont été converties en pâturage.

Propositions de gestion Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d'être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D'autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d'habitations pour favoriser l'occupation des lieux par certaines espèces de chauvessouris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre Ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d'accès discrets à des combles, etc). La préservation de la flore messicole ne peut plus s'envisager aujourd'hui que par des aides aux agriculteurs en vue de la mise en œuvre de pratiques agricoles adaptées et doit se concevoir comme la préservation d'un patrimoine autant naturel que culturel. Dans son programme d'aménagement 2003-2009, le Parc national de la Vanoise envisage de mener une étude pour évaluer les différentes solutions permettant de préserver les plantes messicoles. Cette étude comporterait le recensement des populations de plantes messicoles en zone périphérique et la faisabilité d'un projet de préservation à travers la valorisation d'un tel patrimoine (cultures de variétés anciennes, écomusées, etc.).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 47

Fiche-milieu n°1

des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit rhinolophe. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l'insertion des nouvelles constructions dans le paysage.


Fiche-milieu n°2

Sommaire

PNV - Sébastien Brégeon

Les cours d’eau, les lacs et les zones humides

PNV - Ludovic Imberdis

La rivière Arc vue vers l’amont (depuis le pont de la Glaire)

Lac de la Partie

Cette fiche concerne l'ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire de Villarodin-Bourget : la rivière Arc, ses affluents (le Povaret, le ruisseau de la Masse et le Rival en rive droite et les ruisseaux du Saint-Joseph et du SaintAntoine en rive gauche), ainsi que les bancs de graviers et les zones humides d'altitude.

48 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Lorsqu'elle n'est pas entravée, la dynamique des cours d'eau conditionne l'existence, le maintien et l'évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Les torrents alimentent les zones humides situées dans leur lit majeur (comme les quelques phragmitaies qui colonisent les trous d'eau au bord de la rivière Arc),


Fiche-milieu n°2 assurant ainsi leur pérennité, dès lors qu'elles ne sont ni drainées ni remblayées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d'érosion. Aux endroits où le courant s'atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent autour du cours d'eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s'implanter. Le long de l'Arc, apparaît un cordon boisé composé en majeure partie de pin sylvestre. On ne peut l'assimiler à une ripisylve, qui se définit comme une végétation riveraine arbustive de saules, d'aulne blanc et de bouleau, espèces adaptées aux conditions de sol fréquemment détrempé et capables de résister aux fortes perturbations mécaniques.

Les lacs naturels d'altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu'aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. Le lac de la Partie est le seul lac naturel encore en eau, du territoire de Villarodin-Bourget. Il se situe à 2 450 m d'altitude, un peu à l'écart du chemin qui mène au col de Chavière, au pied du contrefort rocheux constitué par les aiguilles de la Partie, la pointe de l'Échelle et l'aiguille Doran. C'est une retenue d'eau sans aucune végétation aquatique. La retenue collinaire de la Norma, dont l'eau est destinée à la production de neige artificielle, constitue un autre plan d'eau de la commune. Les zones humides d'altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49


Fiche-milieu n°2

PNV - Sébastien Brégeon

à la fois des zones de suintement, les zones humides de pente et des marais Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses, qu'une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. On les rencontre par exemple sous le col du Ravin Noir. Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l'abondance de cypéracées (tels que les laîches) de petite taille.

En revanche, parmi les marais alcalins, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique : les groupements pionniers des bords de torrents alpins. Il s'agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d'altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (microglissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d'alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Les groupements pionniers des bords de torrents alpins se nomment Caricion bicolori-atrofuscae. Ce nom s'inspire de celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d'identifier ce marais : la laîche bicolore et la laîche rouge noirâtre. Ce type de marais, rare à Villarodin-Bourget, se trouve dans la zone de divagation du cours d'eau vers la Plaine des Sables, ainsi que dans le vallon de la Masse.

Flore Phragmitaie au bord de l’Arc

Le fort courant des torrents de Villarodin-

À Villarodin-Bourget, les zones humides sont peu nombreuses. On rencontre malgré tout deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - les marais acides, les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple aux abords du lac de la Partie, sur des quartzites et sur la Plaine des Sables (replat situé au nord-est du lac de la Partie). - les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall. Aucune zone humide à laîche de Davall n'a été répertoriée sur le territoire communal.

Bourget n'autorise pas le développement d'une végétation proprement aquatique. En revanche, les bancs de graviers et les dépôts plus fins, remaniés par les crues, sont colonisés par des plantes pionnières telles que le tamaris d'Allemagne. Cette espèce peu répandue, mais typique de ces berges graveleuses, présente de multiples vertus médicinales : astringente, diurétique, apéritive et sudorifique. Elle avoisine l'épilobe de Fleischer, à la fois caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais qui affectionne aussi les éboulis et moraines. Sans constituer une vrai ripisylve, différentes espèces d'arbres pionniers se développent sur les bords de l'Arc : le bouleau blanc, le saule noircissant aux feuilles devenant

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 PNV - Nathalie Tissot

noires à la dessiccation et le saule faux daphné, typique de ces zones buissonnantes alluviales, dont les rameaux rouges sont recouverts d'une fine pruine bleuâtre.

PNV - Michel Delmas

Saxifrage faux aïzoon

PNV - Maurice Mollard

Tamaris d’Allemagne

Un petit marais acide à linaigrette de Scheuchzer jouxte le lac de la Partie. Cette plante à gros pompons cotonneux dressés est caractéristique des stades pionniers des bords de lac, sur argile et limons. Sur le replat humide de la Plaine des Sables, pousse le trichophore cespiteux, une herbe à tige lisse et cylindrique caractéristique, d'une formation végétale basse et stable assez commune dans les milieux humides. Ce lieu accueille aussi la laîche bicolore, plante discrète et typique des zones humides de bords de torrent. Cette herbe naine aux épis bicolores est une plante arctico-alpine*, rare et protégée.

Assez fréquente, la saxifrage faux aïzoon, plante nourricière du petit apollon, croît typiquement près des sources, sur les rochers où suinte l'eau d'infiltration. Elle est présente notamment dans les pentes du col de la Masse et au-dessus de la Pariotaz ou Cabrettes, une zone rendue instable du fait des infiltrations d'eau.

PNV - Damien Hémeray

Saule faux daphné

Laîche bicolore

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51


Fiche-milieu n°2

Faune

La bergeronnette des ruisseaux est étroitement inféodée aux eaux courantes bordées de berges nues. En hiver, le gel et l'enneigement des ruisseaux d'altitude la chassent vers des cours d'eau de vallée. C'est une migratrice altitudinale.

Introduite dans le lac de la Partie, la truite

PNV - Maurice Mollard

Cincle plongeur

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Seule espèce d'amphibien connue à Villarodin-Bourget et de plus peu abondante, la grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne, notamment près du lac de la Partie. Elle hiberne soit dans la vase sous l'eau des lacs, soit à terre en fonction de l'altitude où elle se trouve. C'est l'une des trois espèces d'amphibiens les plus répandues en Savoie, avec le crapaud commun et la salamandre tachetée.

PNV - Ludovic Imberdis

fario est un poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, qui ne doit sa présence dans ces eaux stagnantes qu'aux alevinages pluri-annuels. Dans le ruisseau du Povaret et la rivière Arc, elle est régulière du fait des alevinages annuels, mais peu abondante. Les conditions du milieu lui étant peu favorables, elle survit, sans toutefois être capable de se reproduire. C'est un des poissons les plus répandus des torrents de Savoie. C'est une espèce indigène, ce qui n'est pas le cas de la truite arc-en-ciel, une espèce originaire d'Amérique du Nord qui fait aussi l'objet de lâcher dans la rivière Arc. Malgré sa petite taille (14 grammes environ), la musaraigne aquatique n'en demeure pas moins la plus grande de nos musaraignes indigènes. Présente à l'Orgère avant le captage du Povaret, elle affectionne toutes les eaux, courantes ou stagnantes, lui offrant une bonne richesse en invertébrés aquatiques (insectes, crustacés, etc.). Elle a besoin du terrain meuble des berges, afin d'y creuser ses galeries et construire son terrier de reproduction. Typique des eaux courantes, le cincle plongeur est le seul passereau à s'immerger totalement dans les torrents, pour prélever les larves d'insectes (comme les éphémères) dont il se nourrit. Il se sert de ses ailes et du courant pour se plaquer au fond de l'eau.

Grenouille rousse

Le lézard vivipare est un petit lézard dont l'habitat, en montagne, se limite aux lieux humides. Il possède une coloration brune très variable avec, souvent, une raie longitudinale sombre au milieu du dos. Il a déjà été observé dans le petit marais bordant le lac de la Partie. Le petit apollon affectionne les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa chenille. C'est une espèce protégée de papillon. Certains groupes d'insectes comme les plécoptères* et les éphémères, dont les larves vivent au fond des torrents, sont de bons indicateurs de la qualité des cours


PNV - Jacques Perrier

Petit apollon

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les cours d'eau font partie intégrante de la vie des habitants de Villarodin-Bourget, qui ont du s'adapter aux événements torrentiels. Villarodin et Le Bourget se font face, séparés l'un de l'autre par la rivière Arc. À cause des crues spectaculaires du Saint-Antoine et des gros dégâts qu'elles engendrent, d'énormes travaux ont été réalisés par le service de Restauration des Terrains en Montagne (RTM), pour limiter les glissements de terrain et les coulées de boue et sécuriser ainsi toute la zone située à l'exutoire du ruisseau. Des visites guidées par les agents de l'Office national des Forêts, couplées à une exposition permanente, permettent aux visiteurs de comprendre l'intérêt de ces travaux de restauration. D'un point de vue pastoral, les cours d'eau présentent un intérêt agricole non négligeable pour l'alimentation en eau du bétail. L'eau est soit dérivée pour remplir des

abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et les risques d'eutrophisation des plans d'eau sont réels. Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale Les torrents et sources sont localement utilisés pour l'alimentation en eau des refuges et des chalets d'alpage. Ainsi, toutes les habitations du vallon de l'Orgère reçoivent de l'eau issue du captage du ruisseau de la Masse. Des vestiges de canaux dans le vallon de l'Orgère (y compris au sein de la forêt) révèlent que des captages agricoles à des fins d'irrigation étaient pratiqués autrefois sur le Povaret ou le ruisseau de la Masse à destination de Rimollard, l'Orgère et Pierre Brune. Aujourd'hui encore, le Povaret est dérivé vers Amodon pour les besoins de l'irrigation. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant et une ressource indispensable pour l'homme. Ils s'inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l'alimentation en eau potable, la pêche et la production d'énergie hydraulique. En effet, le ruisseau du Povaret est capté en partie par EDF pour alimenter le plan d'Aval à Aussois. Pour développer la pêche, des empoissonnements sont réalisés (truite fario et arc-en-ciel). Parmi les autres usages, citons la pratique hivernale de la cascade du Saint-Joseph, quand elle est en glace. Les retenues collinaires constituent des

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53

Fiche-milieu n°2

d'eau. Leur présence dans certains ruisseaux de la commune (comme celui de la combe sud du Rateau d'Aussois, ou le Povaret) traduit une très bonne qualité physicochimique de l'eau et est caractéristique d'un débit naturel permanent.


Les zones humides participent à la régulation des écoulements d'eau sur les versants. L'ensemble des zones humides est riche en espèces rares et spécifiques, la plupart sont vulnérables vis à vis des modifications du milieux engendrées par les activités humaines. Ainsi, la présence de nombreuses espèces de macro-invertébrés dans les torrents de Villarodin-Bourget constitue un patrimoine naturel à part entière. Celles-ci constituent des bio-indicateurs précieux pour évaluer la qualité des cours d'eau (cf. § Faune).

Les milieux humides et aquatiques sont à la fois un milieu intéressant sur le plan biologique et une ressource indispensable pour l'homme. Ils s'inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage et du patrimoine (canaux d'irrigation). Les lacs et torrents constituent un des principaux buts de randonnée pour les touristes.

PNV - Louis Bantin

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Lézard vivipare

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°2

réservoirs artificiels d'eau permettant d'alimenter les canons à neige. Elles sont souvent créées pour répondre aux besoins en neige artificielle des stations de ski. À la Norma, un plan d'eau a été créé vers la fin des années 1990. Alimenté par le tropplein des réservoirs d'eau potable, il sert à la fois pour la neige artificielle en hiver et de site touristique en été (pêche, piquenique), d'autant plus qu'un bassin à vocation de baignade a été conçu à côté de ce plan d'eau.

Aménagements “RTM” sur le torrent de Saint-Antoine (vallon du Plan)

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 PNV - Jacques Perrier

Les milieux écologiquement contraignants, tels que les zones humides et les falaises, possèdent une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S'ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. D'autre part, la présence d'espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la laîche bicolore et le lézard vivipare confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi ces zones humides, les groupements pionniers des bords de torrents présentent l'intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d'espèces protégées de grande valeur, constitue une richesse naturelle importante de la commune. La Communauté européenne l'a classé comme “milieu d'intérêt communautaire prioritaire”.

PNV - Sébastien Brégeon

Le Povaret

Lac de la Partie en automne

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55


Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d'eau influe directement sur les lacs, les cours d'eau et les zones humides et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L'artificialisation du régime d'écoulement des eaux et la pollution du cours d'eau pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. Afin de garantir l'alimentation en eau potable des habitants de Villarodin-Bourget, et pour remédier à la diminution des réserves en eau engendrée par le percement de galeries de reconnaissance du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, un nouveau captage d'eau sur la source de la Masse est envisagé par la municipalité. Les écoulements à débit constant imposés par la gestion des barrages, et par là même, l'absence d'effet “chasse d'eau” naturel, ne permet pas à la rivière de renouveler les dépôts de limons et de graviers où se développe un cortège d'espèces pionnières remarquables. Il est par ailleurs important de réserver au torrent un débit suffisant en période de basses eaux. Le peu de fumier produit à VillarodinBourget est utilisé par les habitants pour

enrichir leur potager. Les pollutions d'origine agricole existantes dans l'Arc proviennent essentiellement de certaines communes de Haute Maurienne et transitent ensuite sur tout le linéaire du torrent. Ces pollutions peuvent dégrader durablement la qualité de l'eau des torrents et compromettre les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques. Les rejets d'eaux usées n'auront bientôt plus cours dans l'Arc grâce à la réalisation de canalisations pour les diriger vers la station d'épuration cantonale de Saint-André, qui sera opérationnelle fin 2007. L'évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l'atterrissement*, qui conduit à l'apparition de différents types de végétation de zone humide. L'exemple existe sur la commune : la Plaine des Sables, sur laquelle méandrent des ruisselets et où se développent des formations végétales humides, provient d'un ancien lac aujourd'hui comblé. Quant au lac de la Partie, il se comble progressivement d'alluvions provenant du ruisseau qui l'alimente, ainsi que par les avalanches qui drainent des éléments minéraux.

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°2

Évolution et transformation du milieu

Lac comblé de sable au-dessus du lac de la Partie

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Propositions de gestion Aucune gestion particulière n'est donc à envisager sur les zones humides à court terme, si ce n'est de prendre en compte systématiquement ces zones précieuses, dans le cadre de tout nouveau projet d'aménagement, afin d'en assurer la préservation et d'éviter toute forme d'incitation au drainage des petites zones humides restantes. L'aménagement de points d'abreuvement et l'organisation de l'accès des troupeaux domestiques permettent d'éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire. Ponctuellement, la mise en défens de marais particuliers peut s'avérer nécessaire. À ce titre, le Parc national de la Vanoise a aidé, il y a quelques années, la mise en place de clôtures pour la contention d'un troupeau de génisses et de vaches allaitantes de Modane, afin d'empêcher le surpiétinement aux abords du lac de la Partie.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57

Fiche-milieu n°2

La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Le drainage et les assèchements à des fins d'aménagements divers en sont responsables. Plus d'un tiers de ces zones a disparu ces 30 dernières années. Cette situation n'est pas sans conséquences importantes : en court-circuitant une partie du cycle de l'eau, ces disparitions de zones humides aggravent les effets des inondations en période de crues et accentuent les effets de la sécheresse, les nappes phréatiques ne disposant plus des surfaces nécessaires pour se recharger. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n'échappent pas à ce phénomène. De nombreuses petites zones humides ont déjà disparu et la construction de retenues d'eau artificielles, destinées à la production hydroélectrique ou à l'alimentation des canons à neige a entraîné en Vanoise l'immersion de milieux encore plus vastes. La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l'objet de programmes d'actions aux niveaux national, régional et départemental.


Fiche-milieu n°3

Sommaire

PNV - Sébastien Brégeon

L’adret, les pelouses sèches et steppiques et les landes sèches

Pelouses sèches d’adret au Bourget

Les

adrets de Villarodin-Bourget s'étendent entre 1 100 et 1 750 m d'altitude. Ils se situent en rive droite de l'Arc depuis la limite communale d'Avrieux, jusqu'à celle de Modane. Sur ces versants, exposés au soleil, se côtoient des pelouses sèches sur des fortes pentes, des replats au sol plus profond et plus humide généralement cultivés, des dalles rocheuses, des murgers*, et enfin des zones de friches buissonnantes à genévriers, rosiers sauvages et épine-vinette. La mosaïque formée par ces éléments juxtaposés, ainsi que la proximité d'autres types de milieux tels que les falaises et rochers, les forêts permettent à un grand

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie

nombre d'espèces animales et végétales de s'y développer. L'ensemble constitue un complexe d'une remarquable diversité biologique. Ce patrimoine naturel est d'autant plus exceptionnel que ces adrets abritent un type de pelouses sèches très particulier, lié à des conditions d'ensoleillement et de sécheresse climatique et du sol extrêmes, appelé “pelouses steppiques”, même si celles-ci ne sont pas tout à fait équivalentes aux steppes d'Europe centrale. Ce type de végétation est rare en Savoie comme en France. Ces pelouses sont constituées d'un tapis herbacé peu productif, caractérisé par la présence d'une végétation adaptée à la


Fiche-milieu n°3 sécheresse. Les plantes dominant ces pelouses sont les graminées (ou poacées) telles que le brome érigé, la fétuque du Valais, la stipe pennée et les légumineuses (ou fabacées) comme l'hippocrépide à toupet, l'astragale de Montpellier et la bugrane naine.

mousses, on peut voir parfois le tulostome des brumes, une espèce miniature, blanchâtre en forme de bilboquet.

Lichens et champignons adrets, milieux secs par excellence, sont peu favorables aux champignons. Signalons quand-même une espèce remarquable, tant par son écologie que par ses qualités gastronomiques : le pleurote des lasers. Cette espèce comestible est peu commune et liée à la présence d'ombellifères du genre laser. Sur les murets exposés au soleil et recouverts de petites

PNV - Maurice Mollard

Les

Pleurote des lasers

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59


Fiche-milieu n°3

Flore

fleurs sont nombreuses, roses et groupées en inflorescence lâche. C'est une plante bisannuelle, dont l'aspect rappelle certaines espèces méditerranéennes. On ne peut la confondre avec aucune autre espèce de centaurée présente à Villarodin-Bourget. Plante protégée, la sauge d'Éthiopie arbore un port en chandelier. Espèce bisannuelle, elle élabore la première année une simple rosette de feuilles cotonneuses. La seconde année, une tige ramifiée apparaît, portant de grandes fleurs blanches. On la rencontre dans les prairies de fauche et les pelouses. Elle fréquente aussi des milieux au sol régulièrement remanié comme les talus (lire la fiche-espèce n°4). Le népéta petit népéta fait aussi partie du cortège de plantes qui fleurissent les adrets de Villarodin-Bourget. À fleurs velues et très odorantes, c'est une plante méridionale qui trouve sur ces coteaux les conditions de chaleur nécessaires à son développement.

PNV - Patrick Folliet

On rencontre dans ces adrets une flore adaptée aux conditions de sécheresse qui y règnent. Typique des pelouses très sèches, la stipe pennée présente à elle seule un grand nombre de ces adaptations. Ainsi, elle est pourvue d'une pilosité importante qui permet la constitution d'une couche d'air isolante. Pour limiter l'évaporation, sa surface foliaire est réduite et protégée par un épiderme épais recouvert d'une couche de cire. Quant à ses racines, profondes et ramifiées, elles assurent son ravitaillement en eau.

Composante majeure du cortège d'”herbes” des pelouses steppiques, la fétuque du Valais est une des espèces protégées des adrets de la commune. Le brome érigé est typique des pelouses calcaires sèches. Sa présence révèle un sol plus profond et un niveau de sécheresse moindre que celui des pelouses steppiques. Cette graminée assez commune croît en touffe. Ses tiges élevées et raides sont munies de feuilles basales souvent pliées dans leur longueur et régulièrement ciliées à la manière d'une arête de poisson. Elle aussi sur la liste des espèces protégées, la rare centaurée du Valais est présente dans ces pelouses (lire la fiche-espèce n°1). C'est une centaurée aux feuilles très divisées, duveteuses, presque blanches. Les

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Louis Bantin

Stipe pennée

Népéta petit népéta

Facilement reconnaissable grâce à ses fleurs bleues regroupées en une longue


rapproche beaucoup de celle des pelouses sèches d'adret. Espèce protégée très rare, la matthiole du Valais pousse dans les fentes des rochers gypseux de quelques communes de Haute Maurienne. Une donnée ancienne (de la fin du XIXe siècle) mentionnait sa présence à Villarodin-Bourget, mais elle n'a jamais été retrouvée à ce jour.

Faune

Par leur microclimat particulièrement sec,

PNV - Christian Balais

ces coteaux accueillent une faune à tendance nettement méridionale. La perdrix bartavelle fréquente les barres rocheuses entrecoupées de pelouses sèches et les pâtures extensives ensoleillées et pentues, où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. En France, cet oiseau, remarquable et sensible, habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d'aire de répartition. À Villarodin-Bourget, le secteur situé en amont de Chatalamia accueille une population de perdrix bartavelle, laquelle constitue une zone test pour l'étude et le suivi de cette espèce, par le Parc national de la Vanoise, dans le cadre de l'Observatoire des Galliformes de Montagne, association agréée par le Ministère de l'Écologie et du Développement Durable.

Le gypse est une roche saline sédimentaire, composée de sulfate de calcium hydraté, dont il existe de nombreux affleurements en Vanoise (à Villarodin-Bourget : la butte située sous la Norma par exemple ou audessus de la D215 en aval du rocher des Amoureux). Du fait des caractéristiques chimiques du gypse (friabilité et forte solubilité dans l'eau), les sols qui en résultent sont généralement superficiels et très basiques. L'eau contenue dans la roche n'étant pas ou peu disponible pour les plantes, cela ajoute une contrainte de xéricité qui soumet la végétation à une sélection déterminante. La flore des substrats gypseux est donc très spécialisée et se

PNV - Alexandre Garnier

Épine-vinette

Perdrix bartavelle

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61

Fiche-milieu n°3

grappe en forme d'épi, la véronique en épi est une espèce dite “indicatrice” des prés secs. Arbuste envahissant les pelouses sèches de l'étage montagnard, l'épine-vinette colonise rapidement le territoire dès l'abandon du pâturage. Puissamment armée d'épines “à trois branches”, longues et aiguës qui la protègent du bétail, elle profite de ses avant-postes dans les haies basses et les pierriers pour lancer des drageons à croissance rapide. La petite faune y trouve de nombreux refuges et des ressources alimentaires : c'est une plante mellifère et ses baies sont comestibles. Arbuste classique des adrets, le genévrier commun présente une dynamique de population beaucoup plus lente que l'épine-vinette.


Fiche-milieu n°3

Par ailleurs, la famille des bruants dont les bruants zizi, ortolan, jaune et fou, adeptes des adrets rocailleux à végétation ligneuse ouverte, sont abondants sur ces pentes. Le dernier se caractérise par sa tête grise marquée de trois lignes noires : au-dessus, en travers et au-dessous de l'œil. Espèce inféodée aux milieux ouverts, bien exposés et ensoleillés, la huppe fasciée aime les lieux à herbe rase ou dénudés, telles que les pelouses sèches, où elle se nourrit de vers et d'insectes. Son plumage chamois orangé sur la tête, les épaules et la poitrine, ses ailes et sa queue noir et blanc rendent l'oiseau facilement identifiable. Son nom vient de la présence sur sa tête d'une huppe érectile, souvent rabaissée lorsque l'espèce se pose.

Virginie Bourgoin

Consommateur presque exclusif de reptiles (couleuvres, vipères et lézards) et occasionnellement de grenouilles, le circaète Jeanle-Blanc trouve dans les coteaux d'adret de grands territoires de chasse (lire la ficheespèce n°11). Un couple niche à VillarodinBourget depuis 2003 ; c'est le premier couple nicheur suivi attentivement en Vanoise. Surtout présent sur les versants bien exposés, le lézard vert constitue aussi une proie potentielle pour ce rapace. Un certain taux d'embroussaillement lui est particulièrement favorable, voire même indispensable. Il est assez fréquent vers Chatalamia.

PNV - Christian Balais

Lézard vert

Huppe fasciée

De tous les biotopes qu'elle fréquente, la vipère aspic préfère les habitats secs et ensoleillés. Elle est relativement abondante sur les adrets de Villarodin-Bourget, où elle se nourrit principalement de micromammifères*. La coronelle lisse, le plus petit de nos serpents, affectionne également ces versants. Très discrète, elle se déplace presque toujours à l'abri du couvert herbacé, par des mouvements très lents.

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Le moiré printanier est, comme la majorité des moirés d'Europe, inféodé aux régions de collines et montagnes. De couleur brun sombre, ses ailes portent des bandes fauve rougeâtre ponctuées d'ocelles noirs pupillés de blanc. C'est un papillon méditerranéen, ici en limite septentrionale de son aire de répartition. Il est présent en Maurienne et en quelques rares endroits de Tarentaise. Le misis, l'héspérie du chiendent présente en Savoie surtout en Maurienne, et l'hespérie de l'épiaire sont tous des papillons de jour méditerranéens ou méridionaux fréquentant ces adrets steppiques.


lation de cette espèce phare, à proximité de la route départementale 215 menant à Aussois, engendre une fréquentation humaine importante et génère une activité touristique nouvelle pour les accompagnateurs en montagne (lire la fiche-espèce n°7).

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Joël Blanchemain

Usages, intérêts économiques et représentations

Criquet bariolé

PNV - Sébastien Brégeon

Ces adrets, où la neige fond rapidement et dénude une végétation précoce, constituent une zone d'hivernage privilégiée pour d'autres espèces de faune, comme le bouquetin des Alpes qui recherchent, en hiver et surtout au printemps, la clémence et les ressources alimentaires des pentes ensoleillées. La présence d'une belle popu-

Les défrichements anciens ont permis l'extension des pelouses d'adret, autrefois entretenues par une fauche manuelle ou un pâturage régulier. D'un point de vue agricole, les pelouses les plus sèches ont un intérêt pastoral limité en raison de la faible productivité de ces milieux. Par contre, la précocité de leur végétation est intéressante dans la mesure où elle permet un pâturage en début de saison. À Villarodin-Bourget, ces adrets sont exploités par un troupeau d'environ 1 200 ovins transhumants entre mi-mai et mi-juin comme des parcours de pâturage avant la montée en alpage.

Pelouses sèche sous Amodon avec quelques cultures relictuelles en terrasses

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63

Fiche Fiche-milieu milieux n°3 n°4

Le criquet bariolé aux tibias postérieurs d'un rouge éclatant et annelés à la base de jaune et de noir affectionne les pelouses sèches montagnardes à faible couvert végétal. Il peut être accompagné du criquet des adrets et de la decticelle montagnarde, des espèces moins strictement inféodés aux milieux secs.


PNV - Karine Moussiegt

Fiche-milieu n°3

Pâturage ovin sur les pelouses à proximité du Bourget

Une partie des pelouses sèches est également fauchée, dans l'objectif de maintenir ouvert* un secteur appétent pour les bouquetins et limiter ainsi leur passage dans les autres prairies de fauche et les luzernières.

favorisent la présence de tout un cortège d'espèces originales qui leur sont adaptées. Une bonne partie d'entre elles disparaissent quand ces pelouses s'enfrichent et cèdent la place aux fourrés et aux landes. Leur situation, en bas de versant, à proximité des villages et des voies de circulation, fait de ces adrets un élément important du cadre de vie des habitants.

Aux yeux des touristes comme des locaux, ces adrets revêtent un intérêt paysager important. Le maintien des milieux ouverts, culturellement plus appréciés que la friche, correspond à une réelle demande sociale. Les adrets de Villarodin-Bourget forment une mosaïque de milieux diversifiés. À l'échelle du versant, cette variété d'habitats (pelouses sèches et steppiques, roches, murgers*, landes à genévrier, etc.) présente un fort intérêt qui s'amoindrit si le milieu se ferme. La seule présence des pelouses steppiques sur ces adrets confère au site une valeur patrimoniale remarquable du fait de la rareté de cet habitat en Savoie et plus généralement en France, voire en Europe. Les caractéristiques écologiques particulières des pelouses et prairies sèches (sécheresse, chaleur, lumière) souvent contraignantes,

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jacques Perrier

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Fétuque du Valais

La sécheresse et l'ouverture du milieu favorisent l'implantation d'espèces thermophiles de pleine lumière comme le paturin très mignon, qui ne sauraient prospérer dans les autres types de prairies,


PNV - Félix Grosset

Bouquetins des Alpes à Chatalamia

Évolution et transformation du milieu Les pelouses les plus sèches ont une dynamique de végétation assez lente, car la pauvreté du sol ne permet pas l'établissement d'une végétation arbustive significative. Elles n'évoluent donc que très lentement. Par contre, ailleurs, l'abandon de l'utilisation agricole entraîne un embroussaillement (colonisation par le rosier, l'épine-vinette et le genévrier commun) puis une reforestation naturelle (par le pin sylvestre). Le pâturage par les troupeaux d'ovins et par les ongulés sauvages au printemps, tels que les bouquetins et les chamois, contribue au moins partiellement au maintien du couvert végétal herbacé.

À Villarodin-Bourget, l'enfrichement des pelouses d'adret reste limité, du fait des contraintes physiques du milieu et notamment la superficialité des sols.

Propositions de gestion À l'échelle du versant, le maintien d'un pâturage extensif semble la solution la plus appropriée pour empêcher la colonisation des adrets par les ligneux et entretenir les zones encore ouvertes. Plus localement, l'intérêt écologique particulier de tel ou tel secteur de pelouses, ou la présence d'espèces de fort intérêt patrimonial, peut nécessiter, dans un objectif de préservation, des interventions de restauration par moyens mécaniques (débroussaillement des épines-vinettes, abattage de quelques pins sylvestres). Les opérations devraient être suivies d'un entretien par pâturage léger. Pour autant, l'intérêt biologique de ces adrets résidant également en l'existence d'une mosaïque de milieux, il convient de maintenir une part de chacun d'entre eux : bosquets, haies, murgers*, etc. À Villarodin-Bourget, il y a une réelle volonté politique de maintenir ces coteaux ouverts. L'entretien de ces adrets pourrait faire l'objet de mesures de type agri-environnemental, à l'image de celle intitulée “entretien du cadre de vie et du paysage”. Un problème demeure cependant, celui de la maîtrise foncière. L'agriculteur n'est pas systématiquement propriétaire des parcelles qu'il exploite. L'autorisation des propriétaires privés est souvent verbale : l'agriculteur, qui n'a pas la garantie de disposer du foncier sur 5 ans (durée moyenne des contrats), ne prend pas le risque de s'engager dans de telles mesures.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65

Fiche Fiche-milieu milieux n°3 n°4

plus largement répandues. Les pelouses sèches qui composent une grande partie de ces adrets, sont elles-mêmes d'une grande valeur biologique, caractérisée notamment par la présence de quelques plantes très rares dont la centaurée du Valais et la fétuque du Valais. La fréquentation des lieux par une population de bouquetins conforte, s'il était besoin, la valeur biologique de ces adrets. Par ailleurs, la présence, sur les versants, de prairies offrant une ressource herbacée précoce peut limiter la fréquentation des prairies de fauche de la vallée par les ongulés sauvages au printemps.


Fiche-milieu n°4

Sommaire

CPNS - Virginie Bourgoin

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

PNV - Karine Moussiegt

Prairies de fauche de l’Orgère

Prairies fauchées à Villarodin

Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L'herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l'alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison. Choisies par les agriculteurs parmi les

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie

parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, elles se caractérisent généralement par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison.


Fiche Fiche-milieu milieux n°4 Composées en majeure partie de graminées, les prairies de fauche n'en demeurent pas moins très colorées. C'est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l'œil du promeneur est comblé par ces couleurs. Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage. On distingue : - les prairies de fauche plutôt maigres et sèches, très diversifiées et riches en espèces végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés. Elles couvrent une surface encore significative à VillarodinBourget, comme par exemple à Chatalamia. - les prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont souvent

fertilisées, la plupart du temps à l'aide de fumier ou d'autres engrais organiques provenant de la ferme. Le géranium des bois y est généralement abondant. On les rencontre dans le vallon de l'Orgère. - des prairies artificielles, semées en luzerne, représentent environ 2 hectares répartis autour du village.

Lichens et champignons

Les champignons sont d'excellents décomposeurs de la matière organique, dans les prés, ils participent à la décomposition du fumier tant que les apports restent modérés. Par exemple, le marasme des Oréades, mieux connu localement sous le nom de mousseron, est en plus un champignon comestible excellent.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67


Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Avec une diversité floristique beaucoup plus élevée, les prairies maigres sont aussi les plus richement colorées, de rose avec le sainfoin des montagnes, de jaune avec le salsifis sauvage, le lotier corniculé et le rhinanthe velu, de violet avec la sauge des prés, de blanc avec le laser siler, etc.

Une prairie de fauche se caractérise par la

PNV - Michel Delmas

prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager.

PNV - Louis bantin

Dactyle aggloméré

Parmi celles-ci, on trouve pour les prairies plutôt grasses de l'Orgère : le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre, alors que la koelérie pyramidale est plus typique des prairies maigres (sur le pente d'Amodon, par exemple).

Sainfoin des montagnes

PNV - Michel Filliol

PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°4

Flore

Trisète jaunâtre

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Salsifis sauvage


Campagnol des champs

Les prairies de fauche font partie des milieux que visitent les campagnols des champs, les chevreuils, les cerfs et les sangliers. Ces derniers affouillent le sol avec leur groin à la recherche de leur nourriture causant, à l'Orgère par exemple, des dégâts qui peuvent être importants dans les prairies de fauche.

Faune

Migrateur transsaharien, le tarier des prés

PNV - Philippe Benoît

PNV - Maurice Mollard

a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes, telles que les apiacées, lui servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. C'est un prédateur de petits insectes, abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.). Parmi les mammifères, ces prairies fraîches sont fréquentées par le lièvre brun à une

Lièvre brun

Sanglier

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n°4

altitude inférieure à 2 000 m. Peu exigeant quant à son habitat, il s'adapte à une grande variété de milieux ouverts. Il est présent en France depuis les bords de mer jusqu'à l'étage subalpin.

PNV - Ludovic Imberdis

Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. On y rencontre typiquement le géranium des bois et la renouée bistorte. Ce cortège floristique s'accompagne aussi de différentes apiacées (ou ombellifères) telles que la grande berce ou le grand boucage, dont l'inflorescence en ombelle sert de “piste d'atterrissage” aux insectes qui y trouvent un nectar abondant. C'est le cas notamment des coléoptères saproxyliques* dont les adultes sont floricoles*, tel le lepture à six taches (lire la fiche-espèce n°12). À certains moments de l'année, il arrive que la floraison d'une espèce donne à elle seule la couleur à toute une prairie. C'est le cas au printemps du narcisse particulièrement abondant à Amodon.


Fiche-milieu n°4

Les floraisons opulentes de ces prairies sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Les plus visibles sont les papillons de jour dont le damier de la succise, présent indifféremment dans les prairies de fauche sèches ou fraîches, le grand nacré et le moiré lancéolé. Les plus bruyants sont les orthoptères comme le criquet jacasseur, un insecte plutôt inféodé aux prairies maigres et sèches.

PNV - Ludovic Imberdis

prairies par l'éleveur de Villarodin-Bourget lui procure généralement une auto-suffisance fourragère. L'intérêt d'une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produite. D'autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement s'il n'est pas coupé à temps. A contrario, l'échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d'exploitation.

Grand nacré

Équilibre entre l’homme et son milieu

Les prairies de fauche font l'objet d'une triple perception. Elles représentent, pour les naturalistes, un milieu naturel riche d'une faune et d'une flore originales ; elles constituent également un milieu agricole qui fait l'objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère ; et enfin, pour les visiteurs, ces prairies colorées présentent un intérêt paysager. La fauche des prairies locales permet d'augmenter l'autonomie fourragère des exploitations d'élevage et de limiter l'achat de foin à l'extérieur. En dehors d'années particulières sur le plan climatique (telle l'année de sécheresse 2003), la fauche des

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jacques Perrier

Usages, intérêts économiques et représentations

Ancien canal d’irrigation à l’Orgère

Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s'y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence,


Intérêts biologique et patrimonial du milieu La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux originaux d'un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager. La valeur floristique des prairies de fauche n'est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d'autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 tonnes de fumier par hectare et par an).

Prairie fauchée avec ses andains et bottes de foin

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71

Fiche-milieu n°4

Une dizaine d'habitants, propriétaires de plusieurs hectares de terrain à VillarodinBourget, continuent de faucher leurs prairies, entretenant de ce fait le patrimoine familial. Le fumier produit sur la commune en période où les troupeaux sont en stabulation n'est pas épandu sur les prairies de fauche. Il sert à enrichir la terre des jardins potagers. En revanche, certaines prairies (Amodon par exemple) reçoivent une fertilisation minérale.

PNV - Jacques Perrier

matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. Les prairies de fauche de VillarodinBourget sont coupées une fois par an, à l'exception des luzernes dont le regain est fauché fin août. Selon leur localisation, les chantiers de fauche s'échelonnent de juin à août. Les parcelles fauchées en premier lieu sont les luzernières. Elles se situent à proximité du village (la Glaire, le rocher des Amoureux). Plus haut en altitude (vers 2 000 m), les prairies de l'Orgère ne sont pas fauchées avant le début du mois d'août. La fauche est pratiquée autant que possible avec un tracteur et une lame de coupe, les terrains non mécanisables continuent d'être fauchés par l'éleveur de la commune, au moyen d'une moto-faucheuse. Un chantier de fauche de la taille de celui du vallon de l'Orgère s'effectue entre trois et huit jours, selon la météorologie et l'aide de quelques habitants dont bénéficie parfois l'éleveur local. La plupart des prairies de fauche sont pâturées en fin de saison par les troupeaux de moutons et de vaches allaitantes.


Les floraisons opulentes des prairies de fauche d'altitude ont aussi un intérêt paysager certain. Elles offrent au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. Les prairies sont d'autant plus fleuries que leur fauche est tardive. D'autre part, les moins fertilisées offrent au regard un plus large panel de couleurs. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d'agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés.

Évolution et transformation du milieu L'abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d'espèces différentes attire une grande quantité d'insectes et confère de surcroît à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l'alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (micro-mammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l'importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale.

Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement marquée en altitude. Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l'éloignement, des problèmes d'accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche au-dessus de 1 800 - 2 000 m.

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°4

Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu'à une cinquantaine d'espèces végétales dans une seule prairie. Une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d'espèces), mais pas nécessairement leur abondance. En revanche, une fauche précoce, répétée dans le temps, diminue à la fois la diversité et la quantité de fleurs de la prairie tout en affectant la nidification d'oiseaux précoces, comme le tarier des prés et la pollinisation par les insectes.

Chantier de fauche

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°4 CPNS - Mathilde Allard

En Vanoise, on observe un meilleur maintien global des prairies de fauche du fait de l'autonomie fourragère préconisée pour la production de Beaufort, sous appellation d'origine contrôlée (AOC). En Haute Maurienne, les secteurs de fauche d'altitude se sont globalement mieux maintenus, notamment grâce aux accès routiers existants (Iseran, mont Cenis, Termignon). À Villarodin-Bourget, les anciens secteurs de fauche pentus, situés autour du village notamment, ont été transformés en pâturages pour les brebis depuis les années 1995. L'abandon de la fauche concerne surtout les zones les plus difficiles d'accès et les moins rentables (les prairies de fauche les plus sèches). Jusque dans les années 1950, les prairies avoisinant les chalets étaient toutes fauchées (à l'Estive par exemple). La superficie des prairies de fauche les plus intéressantes sur le plan biologique (prairies d'altitude, prairies sèches et prairies extensives) a fortement diminué à Villarodin-Bourget. L'abandon total de certaines de ces prairies s'est traduit localement par la fermeture* progressive du milieu au profit de certaines espèces ligneuses (épine-vinette, rosier des chiens, aubépine, sorbier des oiseleurs, alouchier, frêne, érable sycomore, sureaux noir et à grappes, groseillier). La création de l'Association Foncière Pastorale a permis de maintenir certains secteurs de fauche (le vallon de l'Orgère). Par ailleurs, à Amodon et Chatalamia, les surfaces en prairies de fauche se stabilisent. À Villarodin-Bourget, seul l'agriculteur et une dizaine d'habitants propriétaires de prairies, gèrent encore la fauche du versant en rive droite de l'Arc. Une des problématiques importantes de la décennie à venir concerne la succession de cet éleveur.

Le damier de la succise, une espèce remarquable des prairies de fauche

Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d'une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Cette diversité de pratiques se rencontre à Villarodin-Bourget. Afin de favoriser le maintien d'une faune prairiale, toute pratique de fauche lui permettant de fuir au moment de la récolte (telle que la fauche centrifuge - du centre vers la périphérie - si la forme de la parcelle le permet) est recommandée. À VillarodinBourget, la fauche pratiquée (en allerretour) permet à la faune de s'échapper. Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu'invertébrées (insectes) de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. L'AOC Beaufort est une des démarches susceptibles de freiner l'abandon des prairies de fauche car les éleveurs, par le biais du cahier des charges, s'engagent à tendre vers l'autosuffisance en foin, et par ailleurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la ressource en eau et de préservation de la biodiversité.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73


Fiche-milieu n°4

Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s'inscrire dans le cadre d'un cahier des charges de mesures de type agri-environnemental. À titre d'exemple, la mesure “prairie de fauche” proposée lors de la dernière Opération Locale Agri-Environnementale de Maurienne (lancée à la fin des années 1990) a reçu un très bon accueil de la part des agriculteurs se traduisant par un fort taux d'adhésion. Ces mesures spécifiques traduiraient la reconnaissance des caractéristiques de l'agriculture de montagne et l'intérêt de son patrimoine écologique et paysager local.

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Elles pourraient consister en l'octroi de primes contractualisées à la surface ou d'aides pour réduire les contraintes d'exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d'œuvre, etc.). Ces mesures peuvent prendre place dans le cadre de la mise en place des nouveaux programmes tels que les Contrats d'Agriculture Durable. Toutes ces mesures n'ont aucune portée s'il n'y a plus d'agriculteur sur la commune. La recherche d'un successeur à l'éleveur de Villarodin-Bourget est à envisager à court terme.


Fiche-milieu n°5

Sommaire

CPNS - Virginie Bourgoin

Les forêts de conifères

PNV - Sébastien Brégeon

Forêt de la Norma

Forêt de l’Orgère

Cette

fiche traite à la fois du couvert forestier de la commune et de la végétation de mégaphorbiaies. À l'image des forêts de Vanoise, les forêts de Villarodin-Bourget sont essentiellement composées de résineux : épicéa, sapin, pin cembro, pin sylvestre et mélèze. Le pin à

crochets est également présent, mais en quantité moindre et en mélange avec le pin sylvestre. De part et d'autre de la vallée de l'Arc, le couvert forestier s'étend sur environ 750 hectares, entre 1 200 m d'altitude et 2 300 m environ. Ces essences s'associent pour former des

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75


Fiche-milieu n°5

peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales : altitude, exposition au vent et au soleil (exposition nord côté Villarodin et la Norma, majoritairement sud-sud-est sur le versant du Bourget et sud-ouest à l'Orgère), nature du sol et de la roche-mère, humidité. Ainsi, la pineraie de pin sylvestre est par excellence la forêt sèche de l'étage montagnard. La présence de la pineraie de pin à crochets, essence adaptée aux versants abrupts, à des sols maigres et des situations de crêtes est liée au substrat géologique. À VillarodinBourget, elle prédomine sur gypse. Elle s'étend sur 32 hectares entre la route nationale et la station de la Norma. Les épicéas, omniprésents dans les forêts de Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l'exposition adret/ubac. À l'étage montagnard et en

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d'épicéa. On rencontre ces derniers autour de Rimollard et vers Pierre Brune (57 hectares). Au-dessus de Pierre Brune, se trouve un peuplement mixte d'épicéa et de pin sylvestre qui couvre près de 90 hectares. La pessière* d'ubac s'étend sur 54 hectares vers la Repose. Ce peuplement constitué à 60 % d'épicéa et 33 % de mélèze est très productif et donne un bois d'excellente qualité. Quant à la sapinièrepessière, elle occupe 146 hectares du territoire communal (sous la Repose par exemple). Le mélèze, également présent dans les pessières*, forme au subalpin supérieur les mélézeins, au sous-bois clair et fleuri évoluant progressivement en cembraies*, ou des forêts mixtes avec le pin cembro, les cembraies-mélézeins. Il n'y a pas de


Les

pessières* montagnardes gérées en futaies jardinées sont des milieux très riches en champignons. L'amanite tue-mouches en est un exemple représentatif. Certaines espèces sont strictement inféodées aux mélèzes. C'est le cas du bolet élégant, au chapeau très visqueux variant du marron foncé au jaune orangé et à la chair jaunâtre. Comestible, ce champignon a une saveur douce et une odeur agréable. Enfin citons deux espèces strictement inféodées à l'arolle : les bolet de Sibérie et bolet placide. Les forêts de pins sur cargneules ont aussi leur richesse mycologique à découvrir comme le paxille remarquable. Les forêts de conifères présentent aussi une forte diversité de lichens, que ce soit au sol où sur les branches, avec différentes espèces du genre usnée, des lichens filamenteux, vert jaunâtre. Lichen bien représenté en Maurienne, le lichen des loups se développe presque toujours sur le mélèze. D'une couleur jaune soufre très vif, c'est le seul lichen toxique de France.

Les mégaphorbiaies* sont des formations végétales qui se rencontrent surtout dans les ravins humides de moyenne montagne. Elles sont formées d'un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l'adénostyle à feuilles d'alliaire, la gentiane jaune, le géranium des bois. L'exubérance de cette végétation nécessite d'importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents. La mégaphorbiaie atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l'intensité lumineuse modérée de la mijournée n'interrompt pas la photosynthèse. Elle se rencontre depuis l'étage montagnard supérieur jusqu'au subalpin. Bien qu'on puisse rencontrer des mégaphorbiaies en clairières ou en lisières forestières, elles ne sont pas présentes seulement en forêts. Elles sont peu importantes à Villarodin-Bourget, en terme de surface et se rencontrent localement vers la Repose.

PNV - Christophe Gotti

Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d'ours commun, airelle rouge) dans la pessière* subalpine, sous-bois de bruyère herbacée et mousses dans la pineraie de pin sylvestre, etc.

Usnée

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77

Fiche-milieu n°5

Lichens et champignons

mélézeins purs à Villarodin-Bourget, mais 25 hectares de cembraie pure à l'Orgère, 68 hectares de cembraie à mélèze vers le Mélézet par exemple et près de 71 hectares d'un peuplement mixte de pin cembro et d'épicéa (entre l'Estive et le refuge de l'Orgère par exemple).


Fiche-milieu n°5

PNV - Rémy Barraud

dans les forêts de Villarodin-Bourget. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d'ouvrage (charpente, bardage, etc.). Le mélèze est le seul conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d'excellente qualité utilisé en ébénisterie.

Lichen des loups

Flore ou pin cembro, produit un bois de faible densité, facile à travailler, utilisé comme bois d'œuvre pour l'ébénisterie et en sculpture. Ses feuilles, assez longues, sont groupées par cinq. Ses fruits, les pignons, constituent également une ressource alimentaire non négligeable pour des animaux tels que le cassenoix moucheté. Arbre élevé à écorce de couleur caractéristique brun rougeâtre à saumonée dans la partie supérieure du tronc, le pin sylvestre est considéré comme une espèce de lumière. C'est l'espèce dominante des forêts d'adret. Assez commun dans la zone périphérique en Maurienne, il est plus rare en Tarentaise. Indifférent à la nature du sol, le sapin se développe dans les forêts fraîches, voire humides, situées en ubac. Arbre principal de l'étage montagnard en Vanoise, l'épicéa est une essence répandue

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

L'arolle,

Pin cembro ou arolle

Fréquente dans les pessières*, l'airelle rouge est un petit sous-arbrisseau qui croît notamment dans la forêt avoisinant Rimollard. Ses fleurs en forme de cloche, rosées ou blanches, fleurissent de mai à juillet avant de donner des baies acides rouges consommées entre autres par le tétras-lyre. Tout comme l'airelle rouge, le raisin d'ours commun est adapté à la sécheresse ; il est capable de résister au gel que le manteau neigeux quasi inexistant ne peut plus atténuer. Sous-arbrisseau à tiges couchées et rameaux dressés, la bruyère herbacée ou bruyère des neiges tient son nom de sa période


Fiche-milieu n°5

PNV - Philippe Benoît

de floraison, de décembre à mars alors que la neige est encore bien présente. Bien que localement abondante sur le versant de la Norma, cette espèce protégée est rare en France et se trouve en Vanoise en limite occidentale de son aire de répartition. Le sabot de Vénus fait aussi partie du cortège des espèces protégées des forêts.

PNV

Sabot de Vénus

Raisin d’ours commun

Espèce typique des forêts sèches, la pyrole à une fleur est une plante peu fréquente en Savoie. Elle se caractérise par son unique fleur blanche à l'extrémité de la tige et une rosette basale de feuilles rondes. Les forêts de Villarodin-Bourget accueillent d'autres espèces de pyroles dont la pyrole verdâtre (lire la fiche-espèce n°3).

Beaucoup plus commun que les précédentes, le lis martagon, est encore appelé racine d'or en raison de la couleur jaune doré de son bulbe (lire la fiche-espèce n°2). Cette espèce n'est pas strictement inféodée aux forêts résineuses, elle pousse également dans les prairies fraîches et les mégaphorbiaies*. Cette formation végétale compte de nombreuses plantes luxuriantes à l'abri d'un éclairement solaire trop intense. L'adénostyle à feuilles d'alliaire fait partie de cette flore exubérante. Atteignant jusqu'à 1,5 m de hauteur, elle développe de larges feuilles irrégulièrement dentées, vertes et glabres à la face supérieure et d'un blanc cotonneux dessous.

Faune

PNV - Christophe Gotti

Espèce

Bruyère herbacée

typiquement forestière observée sous l'Estive, le campagnol roussâtre se reconnaît aisément à son pelage roux. Ce rongeur d'une dizaine de centimètres se nourrit de feuilles, tiges et graines à la belle saison, de baies, d'écorces et de champignons en automne et en hiver. C'est une proie préférentielle de la nyctale de Tengmalm. Pour le loup, mammifère principalement forestier, nouvellement réapparu en Vanoise par extension de sa population italienne, les forêts constituent un biotope refuge indispensable (lire la fiche-espèce n°9). Il opère des incursions nocturnes en

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79


PNV - Sandrine Lemmet

Chevreuil

La pessière* fraîche est une forêt relativement riche sur le plan ornithologique. La fauvette à tête noire, l'accenteur mouchet et le pouillot véloce font partie des oiseaux caractéristiques de ce milieu. Bien plus discrète et rare, la chevêchette d'Europe est répandue essentiellement dans la taïga de la zone boréale.

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Bruno Descaves

Elle est considérée en France comme une relique* glaciaire. Elle fréquente les forêts fraîches de Villarodin-Bourget. D'autres rapaces nocturnes nichent sur la commune : la nyctale de Tengmalm, la chouette hulotte et le hibou petit-duc.

Chevêchette d’Europe

PNV - Didier Jalabert

Fiche-milieu n°5

milieu dégagé pour se nourrir. Les ongulés sauvages, les jeunes sangliers, les mouflons, etc., font partie de ses proies de prédilection, ce qui n'empêche pas ce grand prédateur de chasser des ovins, comme ce fut le cas en 2004 dans l'alpage de la Norma. Sans être strictement forestiers, cerfs et chevreuils trouvent dans les massifs boisés refuges et tranquillité. La fréquentation de ces cervidés est accrue en période de disette, dans certains secteurs (sous les tufs, à Amodon), du fait de la présence de rateliers à foin. Parfois, certains arbres, et plus particulièrement le sapin et le pin cembro, portent la marque des activités de ces ongulés. Au moment de la perte des bois ou de la perte des velours, les cerfs et les chevreuils frottent leurs bois contre les troncs ou les branches, on parle de frottis. Pour se nourrir, lorsque les feuilles et les herbes manquent, ils écorcent les arbres pour se nourrir et consomment également les bourgeons.

Chouette hulotte

Espèce bien représentée dans les forêts d'épicéa, dès lors qu'existe une strate buissonnante, le troglodyte mignon, oppose sa très petite taille, 9 cm de long, à son chant puissant et carillonnant.


Plus d'une quinzaine d'espèces patrimoniales de coléoptères saproxyliques* fréquentent les cembraies de la commune (Orgère et Villarodin). Parmi celles-ci, le petit bostryche du pin a été trouvé sous les écorces de pin cembro dépérissants dans la forêt de l'Orgère. Les larves de cette espèce rare d'intérêt national se développent sous l'écorce, où elles creusent des galeries.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l'Office National des Forêts. La forêt communale couvre 676 hectares. Cette surface inclut une petite centaine d'hectares de terrains non boisés (couloirs d'avalanches, pierriers et emprises diverses dont celles liées à la station de ski). Les surfaces de forêts privées sont faibles à Villarodin-Bourget. Elles représentent

Fiche-milieu n°5 PNV - Emmanuelle Foray

Préférant également les lisières au cœur des forêts denses, le merle à plastron est un oiseau migrateur bien répandu en versant frais, au-dessus de 1 500 m d'altitude, bien au-delà de la limite altitudinale du merle noir, les deux espèces sont dites vicariantes*. Le cassenoix moucheté possède un plumage brun chocolaté moucheté de blanc. Il affectionne les forêts de conifères de montagne et plus particulièrement les cembraies où il trouve un des ses mets de prédilection, les pignes du pin cembro (lire la fiche-espèce n°8). De la même famille et d'une taille assez proche, le geai des chênes préfère les forêts de feuillus. Quasiment absentes en Haute Maurienne, il occupe donc les forêts de résineux, mais son abondance y est moindre. Il cohabite parfois avec le cassenoix à l'étage subalpin.

Sentier de l’Orgère

60 hectares pour 120 propriétaires. La majeure partie de la forêt communale est exploitée en futaie jardinée*. Son exploitation forestière est soumise à un plan d'aménagement qui fixe les règles de gestion sur un pas de temps de 20 ans. Elle est affectée principalement à la production de bois d'œuvre résineux (prélèvement potentiel annuel de l'ordre de 1 000 m3 sur l'ensemble de la forêt), à partir des essences suivantes : mélèze, épicéa, pin cembro, pin sylvestre, sapin et pin à crochets. Les quatre premières espèces fournissent du bois de qualité bonne à excellente, destiné à la charpente, la menuiserie, l'ameublement, la sculpture, le sciage, la confection de palettes et le lambris. Pour le bois de feu, des lots d'affouage sont périodiquement attribués aux habitants de VillarodinBourget (environ 80 affouagistes). Ils représentent un volume annuel de bois d'au moins 300 m3 par an. Par ailleurs, 68 %

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81


Les objectifs de protection physique du document d'aménagement forestier visent à une protection générale contre l'érosion du sol, le ravinement et les départs d'avalanches. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de plein air (randonnée, équitation, etc.). À ce titre, l'ONF place l'accueil du public comme un objectif dominant dans des zones très localisées (vallon de l'Orgère et station de ski de la Norma).

Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d'une commune à l'autre. La forêt de pin à crochets sur gypse ou calcaire constitue un milieu de fort intérêt patrimonial au niveau européen, que la Communauté européenne a classé comme “milieu d'intérêt communautaire prioritaire”. La forêt de l'Orgère présente un peuplement d'une exceptionnelle qualité, aux plans esthétique et scientifique et seuls quelques rares exemples de ce type existent encore en Europe. Elle couvre 62 hectares dont 49 hectares se trouvent en zone centrale du Parc national. Elle se caractérise également par une forte présence d'arbres de grande taille (25 m) et certains des mélèzes, de 650 ans, dépassent largement leur espérance de vie théorique. Son peuplement mixte de pin cembro et de mélèze accueille des populations d'oiseaux et de coléoptères saproxyliques* originaux, dont 13 espèces

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Alexandre Garnier

Fiche-milieu n°5

remarquables, du fait du grand nombre d'arbres morts debout et à terre. La structure de cette forêt, plus diversifiée et équilibrée que les cembraies gérées (effet de l'absence de gestion), se rapproche de celle des forêts naturelles ; elle est très favorable aux oiseaux (comme la chevêchette d'Europe). Cependant, la forêt de l'Orgère ne “vit pas en autonomie” ; sa valeur biologique remarquable est étroitement liée à la présence des prairies de fauche et autres milieux ouverts fleuris qui jouxtent la forêt. En effet, sur les 75 espèces de coléoptères inventoriées à l'Orgère, 61 sont forestières. La vie forestière de ces espèces ne concerne parfois que la forme larvaire, les adultes étant floricoles. La valeur sociale de la forêt de l'Orgère a été également soulignée lors des études menées entre 1999 et 2004. Cette forêt marque l'âge d'or pour les habitants de la commune, qui voient en elle une vie passée plus difficile, mais plus solidaire. Ses intérêts pédagogique et paysager sont indéniables.

des foyers de la commune ont un usage domestique du bois (pour le chauffage et l'aménagement intérieur et extérieur, fabrication de meubles, de charpente, d'objets divers).

Nyctale de Tengmalm

L'existence, à l'échelle d'un versant d'une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée, très gros bois, vieux


Évolution et transformation du milieu Les forêts d'épicéas de l'étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n'évoluent guère en l'absence de perturbation. À l'étage montagnard, dans les hêtraies-sapinières ou les sapinières-pessières* climaciques*, le sapin dominera progressivement l'épicéa, en pourcentage d'essences. Le mélèze, en revanche, est une espèce pionnière qui craint la concurrence des autres conifères. Ses peuplements ne sont pas stables et évoluent peu à peu vers d'autres types de forêts (notamment vers des cembraies, à l'étage subalpin). À la Norma, la création du domaine skiable a impacté la forêt communale : celle-ci est parcourue de pistes de ski (4,2 km) et de remontées mécaniques. La randonnée hivernale (skis, raquettes, etc.), fortement pratiquée en ubac, peut provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des

Teinte dorée des mélèzes à l’automne

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n°5

La mégaphorbiaie présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines, comme la laitue des Alpes par exemple.

PNV - Sébastien Brégeon

arbres), est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d'arbres morts est indispensable pour un grand nombre d'oiseaux, de mammifères et d'insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que le sabot de Vénus et la bruyère herbacée. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l'intérêt biologique de celles-ci. Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune, en particulier en automne lorsque la ramure des mélèzes prend une teinte dorée et contraste alors avec celle, constamment verte, des autres conifères. D'autre part, ces forêts jouent un rôle positif de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l'érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles.


L'évolution de la forêt de l'Orgère est quasi-naturelle depuis la dernière grande coupe de 1943 et après un traitement jardiné sous le régime sarde (avant 1860). La révision de l'aménagement de la forêt communale (initiée en 1996), a conduit à la signature d'un protocole d'accord en octobre 1999, afin de reporter la décision d'exploitation au terme de cinq années d'études, portant sur la structure du peuplement forestier, le peuplement d'oiseaux nicheurs, les insectes saproxyliques* et les perceptions sociologiques de cette forêt. Ces études ont confirmé son caractère exceptionnel et à

leur terme (fin 2004), la commune, l'ONF et le Parc national de la Vanoise ont opté pour la mise en œuvre pérenne d'un observatoire de l'évolution naturelle des peuplements, dans un objectif de protection biologique et de valorisation socio-culturelle. Cela se traduit par la signature, entre ces partenaires, d'une convention tripartite, dont les objectifs sont : d'assurer l'évolution naturelle de la forêt de l'Orgère sur le long terme, de définir et de mettre en œuvre des protocoles de suivi scientifique afin de juger de l'évolution de cette forêt, et de valoriser le caractère exceptionnel de cette forêt sous ses différents aspects (sociologique, écologique et pédagogique).

Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d'aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d'accueil du public avec les exigences de leur préservation. Dès lors que l'exploitation forestière pratiquée permet l'existence d'un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu'un pourcentage important de bois morts à

PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n°5

bois) à une période de l'année où elle est très vulnérable. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu'à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger permanent pour ces oiseaux.

Forêt de l’Orgère

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie


L'Orgère est l'exemple concret d'une concertation réussie entre trois partenaires. Les études menées entre 1999 et 2004 mettent en évidence le caractère exceptionnel de cette forêt, sur les plans biologique, paysager et surtout sociologique. L'Observatoire pérenne de la forêt de l'Orgère se traduira par la non-exploitation sylvicole, de façon à maintenir sa composition, sa structure et son caractère paysager. Cependant, les activités traditionnelles telles que la randonnée pédestre et la collecte raisonnée de bois mort par les résidents locaux seront maintenues. Des suivis scientifiques seront mis en œuvre, ainsi que des actions de valorisation (publications écrites, animations auprès des scolaires, aménagements muséographiques).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85

Fiche-milieu n°6

différents stades de décomposition, cela est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu'aux mousses, lichens et champignons. Cependant, il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l'hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes à la vulnérabilité de certains endroits qu'ils sont amenés à fréquenter. Cela nécessite un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l'utilisation d'itinéraires balisés. L'installation de dispositifs de signalisation des câbles pourrait atténuer leur impact sur les populations de tétraonidés forestiers.


Fiche-milieu n°6

Sommaire

PNV - Jacques Perrier

Les landes d’altitude et les landines

PNV - Sébastien Brégeon

Lande à rhododendron ferrugineux (vue vers l’Orgère, en contrebas)

Lande mixte au sommet de la forêt de Villarodin

Ce sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d'arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses. On rencontre aux étages montagnard et

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.). Seules les landes à éricacées se développent à l'étage alpin. Ces formations peuvent atteindre plusieurs


de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. Ces landines se situent notamment sous les crêtes de l'Estive.

Lichens et champignons Alors que les landes et les landines de l'étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l'essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tout temps se sont développées des landes intraforestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.).

faible hauteur des landines à azalée naine crée des conditions d'éclairement favorables aux lichens. On y trouve notamment le brun lichen d'Islande, ou lichen des rennes, un lichen consommé en Scandinavie, par les rennes des lapons. Plus original, le thamnolia en forme de ver, un lichen blanchâtre, se présente sous la forme d'agglomérats vermiformes.

Flore

Les

espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l'état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, en juin et juillet, un attrait particulier. Assez indifférent à la

PNV - Jean-Paul Ferbayre

La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et humides. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s'installe préférentiellement sur les versants d'ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Elle est bien développée notamment sur le versant surplombant le vallon de l'Orgère, à hauteur du Fournet, ainsi que du Clot au Melezet, dans la zone de combat*. La lande à genévrier nain préfère les versants arides et ensoleillés jusqu'à 2 500-2 700 m d'altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d'ours, encore appelé busserole. À Villarodin-Bourget, cette lande est installée autour du sentier conduisant au col de la Masse. Plus haut apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l'airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à

La

Rhododendron ferrugineux

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87

Fiche-milieu n°6

décimètres de hauteur. À l'étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres.


PNV - Christian Balais

feuilles, s'érige une tige florifère portant de délicates fleurs blanc rosé en grappe. À Villarodin-Bourget, elle fleurit notamment vers 1 900 m d'altitude, aux environs du Mélezet. Autre espèce remarquable assez rare et protégée, l'ancolie des Alpes est, comme la précédente, une espèce exclusivement alpine. Elle se trouve sur les deux versants de la commune, sur les pentes dominant le vallon de l'Orgère et aux abords du Mélezet.

Petite pyrole

Faune PNV - Maurice Mollard

Fiche-milieu n°6

nature du substrat, le genévrier nain recherche en revanche les situations ensoleillées et arides. Cet arbrisseau pionnier souvent couché au sol est une espèce arcticoalpine* assez commune à l'étage subalpin des principales montagnes françaises. Ces deux espèces de landes, aux écologies pourtant différentes, se côtoient sur le versant du Rateau d'Aussois où serpente le sentier de la Masse. La myrtille est bien présente en ubac notamment sur les pistes depuis Pracaria jusqu'au Clot. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques, désinfectantes et riches en provitamine A), ses fruits fournissent un colorant naturel violet. Souvent associée à l'airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite est un sous-arbrisseau buissonnant couché qui affectionne les stations où la neige persiste. Celle-ci produit des baies globuleuses, noires, comestibles, à saveur acidulée.

Il

Camarine hermaphrodite

Adaptée aux conditions climatiques extrêmes des crêtes ventées, dégagées de neige en hiver, l'azalée naine, aux fleurs roses, ne dépasse guère 10 cm de hauteur. Elle est souvent associée à une flore lichénique. La petite pyrole fait aussi partie de la flore herbacée de ces landes. De sa rosette de

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie

n'y a pas à proprement parler de mammifères typiques de ces landes, mais plutôt des espèces de passage. Ainsi, la musaraigne carrelet, aux activités tant nocturnes que diurnes, peut y être observée. Le renard roux, qui exploite des habitats* très diversifiés, fréquente également ce milieu. Bien qu'il consomme nombre de rongeurs et autres petites proies, il s'alimente également des baies qu'il trouve dans ces landes. Le lièvre variable vient également s'y nourrir, principalement l'hiver. Plus habitué des


Tétras-lyre

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Alexandre Garnier

Usages, intérêts économiques et représentations

Renard roux

Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l'habitat naturel se limite à la zone de transition entre l'étage supérieur de la forêt et les pelouses entre 1 900 et 2 000 m d'altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l'année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence s'exerce pour les secteurs de landes dominant des pentes

D'un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l'homme. En revanche, ces landes sont fréquentées par les troupeaux ovins de passage. Autrefois, les landes et les forêts d'altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage. Quelques brûlis sont parfois pratiqués localement (sur la landes à genévrier nain) pour augmenter la surface pastorale. La cueillette de baies reste une activité marginale. Elle a de surcroît tendance à régresser.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu On peut rencontrer dans les landes quelques espèces végétales protégées, telles que l'ancolie des Alpes vers le Fournet. Les landes à éricacées participent pleinement à l'identité des paysages montagnards. Au

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89

Fiche-milieu n°6

fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement. Le tétras-lyre est très présent en limite supérieure des forêts, telles que celle de la Norma.

PNV - Patrick Folliet

pelouses alpines et des éboulis, le lagopède alpin trouve néanmoins dans ces milieux, à la fois un refuge et un site propice à sa reproduction. Il fréquente notamment le secteur proche de la pointe de la Norma. Caractéristique des paysages boisés aérés, la grive draine se tient surtout en lisière des forêts et dans les clairières. Elle a besoin de grands arbres pour chanter et nicher, mais elle se nourrit d'invertébrés et de végétaux (baies, etc.) qu'elle trouve au sein des landes. Préférant également les lisières au cœur des forêts denses, le merle à plastron est un oiseau migrateur bien répandu en versant frais, au-dessus de 1 500 m d'altitude. Il se nourrit également de baies.


Évolution et transformation du milieu Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d'altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt

du pâturage, puis en forêt si l'altitude le permet. Sur Villarodin-Bourget, les superficies occupées par les landes sont en extension, du fait de la déprise agropastorale. À ce titre, le fond du vallon de l'Orgère a tendance à devenir une lande. Les landes, quand elles se développent, ont tendance à s'étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d'extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels).

Propositions de gestion Le passage des troupeaux à travers les landes, s'il reste modéré, peut favoriser le renouvellement de micro-habitats favorables au maintien de certaines espèces : orchidées, lycopodes, reptiles. Un retour du pâturage peut être envisagé, voire encouragé, dans le cas des landes secondaires* en extension. Si la commune souhaite maintenir, à l'échelle de son territoire, un certain équilibre

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°6

moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilles rougissent l'automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l'érosion, elles assurent la stabilité du manteau neigeux. Elles jouent un rôle de refuge pour certains animaux et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Les landes à rhododendrons représentent un des éléments privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d'arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. La présence dans ces landes d'espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation.

Landes mixtes

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°6 PNV - Christophe Gotti

entre les landes et les pelouses à bonne valeur pastorale, cela suppose alors une gestion pastorale adéquate. En effet, il est plus intéressant d'un point de vue pastoral d'avoir des pelouses d'alpage et des landes bien distinctes, plutôt que des petits îlots de landes au sein des alpages. La gestion par pâturage est alors plus efficace. Pour intensifier localement et ponctuellement le pâturage, il conviendrait aujourd'hui de favoriser l'installation d'un éleveur susceptible de prendre le relais de l'unique éleveur de Villarodin-Bourget. En l'absence de “relève”, l'extension de la lande risque de se poursuivre aux dépens de la végétation d'alpage. Dans un contexte d'extension de la lande et de diminution de la pression pastorale à l'échelle du territoire communal, mieux vaut voir se fermer les zones à moins bonne valeur pastorale et concentrer l'effort de contrôle de la lande sur les alpages les meilleurs.

Ancolie des Alpes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91


Fiche-milieu n°7

Sommaire

PNV - Jacques Perrier

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

PNV - Sébastien Brégeon

Pelouses d’altitude sur les crêtes de l’Estive

Pelouses d’altitude dans le vallon du Nant

Les pelouses correspondent à des formations herbacées qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. On distingue les pelouses sèches d'adret des pelouses d'altitude. Les pelouses d'altitude couvrent de grandes surfaces en montagne, de l'étage subalpin à l'étage alpin (à partir de 1 800 m à

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Villarodin-Bourget) et sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages. Ce milieu se définit plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d'adret / fraîches d'ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc.


Fiche-milieu n°7 Leur diversité est due à la combinaison de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d'enneigement et de température, l'exposition au soleil et au vent, l'humidité, l'épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. La présence et le type d'herbivores (domestiques ou sauvages) et le type d'utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l'azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. À Villarodin-Bourget, les pelouses calcaires couvrent, par exemple, les pentes sous Tête Noire, tandis que les pelouses acides tapissent les pentes de l'aiguille Doran et du Rateau d'Aussois notamment. Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période

de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions ou bien sur les replats ou pentes faibles de haute altitude longuement enneigés, comme par exemple sur le replat des Ânes. Qu'ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n'y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur des éléments fins pousse une pelouse particulière où sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l'alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Sur des éléments plus grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93


Fiche-milieu n°7

Flore

rocailleuses et bien exposées. Il peut être localement abondant, comme c'est le cas à l'aiguille Doran. Il côtoie souvent l'aster des Alpes. Celle-ci porte de gros capitules bleu violet pouvant atteindre plus de 4 cm de diamètre. C'est généralement sur calcaire que se développe la pensée éperonnée. Elle était cueillie et séchée autrefois pour réaliser des infusions contre la toux.

PNV - Maurice Mollard

Les pelouses d'altitude sont le domaine des gentianes, qu'elles soient bleues : gentiane de Koch, gentiane printanière, ou jaunes : gentiane ponctuée et gentiane jaune. La botryche lunaire est une petite fougère, de 5 à 20 cm, très fréquente en alpage. Elle est constituée d'une tige supportant deux feuilles très distinctes l'une de l'autre, une feuille fertile produisant des sporanges jaunes et une feuille stérile, chlorophyllienne. À Tête Noire, elle pousse abondamment.

PNV - Christian Balais

Edelweiss et aster des Alpes

La gentiane utriculeuse se rencontre dans les pelouses fraîches à humides, principalement sur calcaire. Présente en France uniquement en Savoie, cette plante annuelle rare est protégée. Elle se distingue des autres gentianes à corolle bleue par son calice renflé avec des ailes larges. Avec le dracocéphale de Ruysch, une plante très rare des pelouses sèches d'altitude, elle renforce l'intérêt floristique des pelouses d'altitude de Villarodin-Bourget

Le nard raide constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches, telles que celles situées en amont du Fournet. En-dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, ses feuilles riches en silice sont généralement délaissées par les troupeaux domestiques. Lorsqu'ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable. Le trèfle des Alpes, surnommé réglisse des montagnes en raison de l'odeur de sa tige souterraine, et l'arnica sont deux espèces à la fois caractéristiques et fréquentes des pelouses acides fraîches. L'edelweiss, symbole de la flore de montagne, est une plante des pelouses calcaires sèches,

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Jacques Perrier

Gentiane ponctuée

Dracocéphale de Ruysch


Les oiseaux et les mammifères sont, parmi la faune vertébrée des pelouses d'altitude, les deux classes les mieux représentées. Les couverts herbacés les plus ras d'où émergent des buttes constituent l'habitat de prédilection du pipit spioncelle, oiseau commun entre 2 000 et 2 500 m d'altitude, tandis que les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux et la niverolle alpine ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs.

PNV - Michel Delmas

Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu. Elle est suivie quelques semaines plus tard par la gentiane des neiges. Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, est un arbre nain ne dépassant guère 5 cm de haut. La sibbaldie couchée, classique dans les combes à neige acides, est une espèce arctico-alpine*. Plante naine à tige couchée, elle porte cinq à dix petites fleurs jaunes verdâtres.

Soldanelle des Alpes

PNV - Ludovic Imberdis

La fléole des Alpes est une graminée arcticoalpine* des pelouses sur sols frais et riches en éléments minéraux. Le paturin des Alpes, graminée alpine commune, se rencontre souvent dans les pelouses grasses d'altitude. C'est une bonne plante fourragère des étages montagnard à alpin, elle pousse jusqu'à 3 600 m d'altitude.

Niverolle alpine

Alors que les populations de plaine de l'alouette des champs sont inféodées aux prairies et cultures, celles d'altitude le sont aux seuls pâturages et alpages. C'est un oiseau des milieux très ouverts, dépourvus d'arbres et de haies. Typique des pelouses écorchées parsemées d'éboulis rocheux, en haute montagne, le lagopède alpin niche à même le sol, à l'abri d'un buisson et parfois sans aucune protection. Il fréquente aussi les landes alpines, principalement en versant nord, pour se nourrir de baies comme celles de la camarine hermaphrodite dont il est friand et en hiver de bourgeons dont ceux du rhododendron. Son plumage brun gris mimétique en été et blanc pur en hiver à l'exception des ailes qui restent blanches toute l'année et les bords noirs de la queue, lui offre une forte capacité pour le camouflage.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n°7

Faune

Espèce protégée des pelouses rocailleuses calcicoles, la valériane saliunca se caractérise par ses fleurs rose clair regroupées en tête dense à l'extrémité d'une tige faiblement feuillées. La seule station connue de l'espèce à Villarodin-Bourget se situe vers l'Estive.


Fiche-milieu n°7

Lagopède alpin

PNV - Patrick Folliet

PNV - Christophe Gotti

et trahissent leur présence par les traces que laissent en surface leurs galeries souterraines, surtout au printemps, après la fonte des neiges.

Marmotte des Alpes

PNV - Patrick Folliet

Les pelouses font également partie des habitats de prédilection du chamois, du bouquetin des Alpes et de la marmotte, pour les ressources alimentaires qu'elles leur procurent. Pour cette dernière, les lieux doivent offrir un sol qui lui permet de creuser des galeries dans lesquelles elle s'abrite durant la belle saison et hiberne d'octobre à mars. Elle anime les pelouses de son cri destiné à alerter la colonie en cas de danger tout autant qu'à entretenir les liens sociaux. Très strident, celui-ci peut être confondu avec les cris d'un oiseau. À partir d'octobre et jusqu'au mois d'avril, elle hiberne dans une chambre de repos au sein d'un système complexe de galeries.

Chamois

À la fois moins connu et plus discret, le campagnol des champs et de Fatio fréquentent néanmoins ces pelouses d'altitude

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d'altitude évoquent surtout les alpages, c'est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l'estive. Ces représentations sont fondées sur l'importance de l'usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l'économie agricole locale. À Villarodin-Bourget, les alpages se situent tant sur le versant d'ubac (alpage de la Norma), qu'en rive droite de l'Arc, répartis en quatre grands quartiers : l'Orgère, les Côtes - le Barbier, le Rateau d'Aussois et le lac de la Partie - Tête Noire). Les pelouses d'altitude sont l'objet d'un usage pastoral essentiel pour l'agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l'alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. À VillarodinBourget, l'utilisation actuelle des alpages s'étend sur près de 150 jours par an entre le 15 juin et le 15 octobre. Les troupeaux sont gardés pendant toute la durée de l'inalpage, les ovins parqués dans des enclos la nuit.


Fiche-milieu n°7 Bovins en alpage au Fournet

PNV - Sébastien Brégeon

Ces pelouses d'altitude sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Elles détiennent une valeur récréative pour les touristes. Les pelouses d'altitude font partie des milieux exploités pour l'aménagement des pistes de ski.

PNV - Christophe Gotti

Leur valeur pastorale est très variable et peut s'apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l'appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n'est pas une caractéristique immuable d'un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée (ou non), notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s'améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l'activité agricole. D'un point de vue pastoral, le meilleur alpage, correspondant à des pelouses de production très forte, est celui du vallon de l'Orgère, suivi par les pelouses de Tête Noire et l'Estive (sur le quartier d'alpage de l'Orgère).

Vallon du Plan et ses pelouses d’altitude

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97


L'intérêt biologique des pelouses d'altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s'y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la gentiane utriculeuse) et présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, edelweiss, etc.).

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°7

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Gentiane utriculeuse

Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au Beaufort d'alpage. L'enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter l'érosion.

Évolution et transformation du milieu À partir des années 1960, on a assisté, à l'échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s'est traduite par l'abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s'est mieux

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu'à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d'actifs agricoles sur ces territoires. Atteignant 50 en 1860, le nombre d'alpagistes n'était plus que de 12 en 1940, pour se stabiliser à deux depuis quelques années. Aujourd'hui, la fréquentation des alpages se limite à un troupeau bovin d'une quinzaine de vaches allaitantes inalpées avec autant de génisses futures laitières (contre 255 bovins en 1860) et un troupeau ovin d'environ 1 500 brebis et agneaux, dont 1 200 animaux transhumants. Contrairement aux pelouses situées à l'étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l'étage subalpin, n'existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l'abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l'absence de gestion adéquate, pourrait aujourd'hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Ainsi, l'extension du nard raide diminue l'intérêt pastoral d'un secteur d'alpage. Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d'action*. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Le nivellement des pistes de ski détruit le micro-relief et la végétation elle-même. Or,


La fréquentation des alpages par le loup a été confirmée en 2002 suite à une attaque du troupeau d'ovins sur les hauteurs de la Norma. La présence de ce grand prédateur à Villarodin-Bourget est désormais à intégrer dans la gestion du troupeau et sera susceptible d'en modifier la conduite.

Propositions de gestion

PNV - Sébastien Brégeon

La réalisation de diagnostics pastoraux des alpages du Bourget et de la Norma (leurs ressources pastorales, leur état et les enjeux écologiques) doit permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d'alpage de la commune et conciliant les besoins de l'exploitation pastorale actuelle et le maintien de leur

valeur pastorale et écologique. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l'emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l'environnement, surtout en alpage, est recommandé, afin d'éviter l'apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l'empoisonnement de la chaîne alimentaire, des oiseaux insectivores en particulier. Le maintien d'un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l'avenir d'une activité touristique vitale pour l'économie de la commune. De ce fait, tout projet d'aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui serait ainsi banalisée, même si un ré-engazonnement en atténue l'impact paysager. Contrairement aux pelouses, l'intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l'absence des graminées. C'est pourquoi, comme pour les éboulis, l'éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c'est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

Pelouses au-dessus de la station de la Norma

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99

Fiche-milieu n°7

en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d'altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra plusieurs dizaines d'années pour retrouver le cortège floristique d'origine. Quant à la valeur paysagère, l'aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d'altitude, même après une revégétalisation aujourd'hui maîtrisée.


Les éboulis et les moraines

PNV - Sébastien Brégeon

Moraine avec en arrière plan, la pointe de l’Échelle et les pointes de la Partie

Les

éboulis et moraines se définissent comme des zones d'accumulation d'éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l'installation de la végétation. Ils représentent une surface importante à Villarodin-Bourget. Dans le cas des éboulis, l'érosion de la roche-mère sous l'action de l'alternance gel-dégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d'éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l'instabilité de l'ensemble. Dans le cas d'éboulis actifs, l'apport régulier de matériaux empêche l'évolution de la végétation et l'installation d'un couvert végétal permanent, et sélectionne l'installation de certaines plantes.

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Sébastien Brégeon

Fiche-milieu n°8

Sommaire

Éboulis sous le Rateau d’Aussois

Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d'une certaine


Fiche-milieu n°8 humidité lorsqu'elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n'est pas toujours disponible pour les plantes. Sur le territoire de la commune, les moraines se situent sous les pointes de la Partie et dans la combe sud du Rateau d'Aussois par exemple. Dans un cas comme dans l'autre, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s'implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. À Villarodin-Bourget, on rencontre à la fois des éboulis acides (siliceux) et des éboulis calcaires.

Les éboulis acides sont essentiellement localisés sur le versant du Bourget (dans le vallon de la Masse par exemple), alors que les éboulis calcaires, dominants en ubac (sous la Norma par exemple), sont aussi localement présents sur le versant opposé (sous Tête Noire). La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d'autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l'éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine. La fonte des glaciers de Villarodin-Bourget et leur quasi-absence actuelle sur ce territoire expliquent que les moraines qu'on y trouve sont anciennes et couvertes de végétation.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101


Bourget. Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses. De petite taille également, l'achillée naine fréquente les moraines et éboulis assez fins dans les régions siliceuses, tels que ceux du Ravin Noir. À feuilles velues laineuses, elle a des propriétés aromatiques proches de celles des génépis. Elle entre dans la composition du thé suisse. Présente jusqu'à l'étage nival le plus souvent sur substrat acide, la renoncule des glaciers affectionne les éboulis fins et humides (au col de la Masse par exemple), généralement à proximité de plaques de neige fondante.

éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus luxuriante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large. La benoîte rampante est une plante caractéristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs tels que ceux sous l'aiguille Doran. Elle a la particularité d'émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre 1 m de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveau espaces. Ses graines sont munies d'une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis.

PNV - Christian Balais

Les

Renoncule des glaciers

La campanule du mont Cenis, une plante naine de 1 à 5 cm de haut à corolle bleu mauve en étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires de l'étage alpin. C'est une espèce ouest-alpine peu fréquente qui pousse par exemple dans les moraines des pointes de la Partie. PNV - Christian Balais

Benoîte rampante

Plante protégée de l'étage alpin, l'androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins (sous le col de la Masse), jusqu'à 2 900 m d'altitude à Villarodin-

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Ludovic Imberdis

Fiche-milieu n°8

Flore

Campanule du mont Cenis


Plante naine poussant sous forme de coussinet, la saxifrage fausse mousse affectionne les éboulis et rocailles aux endroits frais et longuement enneigés. Cette espèce végétale protégée de haute montagne est une endémique* rare, présente en France uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes. C'est dans les éboulis que poussent les trois espèces de génépi : génépi vrai, génépi jaune et génépi des glaciers (lire la ficheespèce n°6). Aucun n'est strictement lié à une nature de roche (acide/basique).

Lièvre variable

PNV - Ludovic Imberdis

Gentiane de Schleicher

PNV - Ludovic Imberdis

PNV - Damien Hémeray

Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs (l'aigle royal et le renard). Comme c'est le cas pour le lagopède alpin ou perdrix blanche, qui fréquente aussi ce type de milieux, sa robe change de couleur au fil des saisons : blanche comme neige en hiver, sa livrée devient fauve à brune en été, en passant par un pelage bigarré au printemps et à l'automne. À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt, afin de se nourrir, notamment d'écorces de saules. Quant à l'hermine, dont la couleur du pelage change également au cours des saisons, par mimétisme, elle peut être observée dans les éboulis. Ce petit carnivore, qui se nourrit principalement de campagnols, occupe plusieurs types de milieux dès lors qu'ils lui offrent les proies et l'abri dont elle dépend pour la chasse, le repos et la reproduction.

Hermine

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103

Fiche-milieu n°8

Faune

Contrairement aux plantes petites ou naines citées précédemment, le doronic à grandes fleurs fait figure de plante exubérante. Typique et fréquente dans les éboulis calcaires à gros blocs, elle étale ses fleurs, de gros capitules jaunes, entre juillet et août. Ses feuilles alternes permettent de la différencier de l'arnica. Elle pousse sous Tête Noire La gentiane de Schleicher s'établit principalement dans les éboulis ou les moraines. D'une hauteur maximale de 10 cm, cette gentiane peu fréquente offre au regard, la couleur bleu azur de ses corolles. Jusqu'à aujourd'hui, elle n'est connue à VillarodinBourget que dans une station voisine du col du Ravin Noir.


Fiche-milieu n°8

Oiseau alpestre par excellence, l'accenteur alpin évolue dans l'univers accidenté qu'offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C'est un oiseau coloré et peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol.

même espèce de papillon de jour, évoluent dans les sites rocailleux d'altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes.

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Nathalie Tissont

Usages, intérêts économiques et représentations

Accenteur alpin

Plus craintif, le merle de roche fréquente les mêmes milieux lorsqu'ils sont bien exposés (comme à l'aiguille Doran). Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage du mâle est flamboyant (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux). Les blocs lui servent de poste d'affût et de chant, ainsi que de site de nidification. Le campagnol des neiges est un hôte des moraines et éboulis stables, ainsi que tout milieu riche en anfractuosités où il aménage ses galeries, ce qui explique sa présence dans les vieux chalets d'alpage. Espèce de l'étage alpin essentiellement, il se nourrit des plantes dont il dévore en hiver, sous la neige, les bulbes et les racines. Le bouquetin est parfois de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire son domaine de prédilection (lire la fiche-espèce n°7). Le némusien et l'ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les éboulis et les moraines sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d'escalade. C'est le cas de ceux situés entre le col de Chavière et l'aiguille Doran. Certaines années, dans le cadre de manœuvres, les militaires fréquentent les éboulis du Ravin Noir. Les éboulis et les moraines peuvent être également fréquentés début août par les cueilleurs de génépi. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s'il arrive à ceux-ci de les traverser. Cependant, l'abandon progressif du gardiennage des troupeaux ovins se traduit par une modification du comportement des moutons qui ont tendance à monter en altitude, en quête de fraîcheur. Ainsi, il arrive que les ovins d'Aussois fréquentent le secteur du Barbier. Par le passé et aujourd'hui encore, les éboulis fournissent les matériaux pour la construction des chalets d'alpage, comme le refuge de l'Orgère.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L'intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l'absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable


L'instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d'individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. La fréquentation régulière des éboulis par les troupeaux ovins peut compromettre le maintien d'une flore fragile et d'une couverture végétale en cours d'installation, sans que cela présente un quelconque intérêt pastoral. Cela peut poser également des problèmes sanitaires du fait de la cohabitation avec les ongulés sauvages qui y trouvent refuge, notamment par suite de la transmission réciproque de certaines pathologies. Aujourd'hui, comme il n'existe presque plus de glaciers à Villarodin-Bourget, la surface des moraines ne peut plus s'accroître à l'échelle de temps humaine.

Éboulis végétalisés par des rhododendrons

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105

Fiche-milieu n°8

Évolution et transformation du milieu

CPNS - Virginie Bourgoin

qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des gîtes diurnes appréciés. Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d'espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Ils contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d'espèces) de Villarodin-Bourget. De plus, l'action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d'un milieu originellement presque entièrement minéral. Localisés au-dessus de Villarodin, les éboulis de gabbro (roche sombre issue du volcanisme) ont servi à construire le mur de la route nationale 6 depuis Villarodin jusqu'à la Redoute Marie-Thérèse. Ces éboulis constituent une curiosité géologique et présentent un intérêt certain du fait de leur rareté au sein de l'espace-Parc.


Fiche-milieu n°8

Propositions de gestion Un balisage discret des passages fréquentés par les randonneurs devrait permettre de circonscrire les zones fréquentées dans ces milieux fragiles. Une conduite des troupeaux ovins en alpage, visant à les écarter des éboulis et moraines de très faible intérêt pastoral, assurerait la tranquillité de la faune

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

sauvage et éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes. Cela diminuerait les risques de transmission de pathologies entres herbivores sauvages et domestiques. Ce serait également bénéfique pour les performances des troupeaux ovins qui dépensent beaucoup d'énergie à parcourir ces milieux ingrats et peu nourrissants.


PNV - Sébastien Brégeon

Les rochers et les falaises

Vue sur l’aiguille Doran de profil (au 1er plan) et le glacier de Chavière

Les

rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d'une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l'unique support pour l'installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l'absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l'effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s'échauffer très fortement en été. Au cours d'une même journée, ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit. Dans la forêt, les rochers beaucoup plus

humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s'ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l'habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s'y abritent la nuit dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d'espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale. En l'absence de sol susceptible d'atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107

Fiche-milieu n°9

Sommaire


Fiche-milieu n°9

oscille entre un dixième de millimètre et dix millimètres par an. Cette lente croissance peut servir d'indicateur pour dater le recul des glaciers. Cette espèce est caractéristique des parois siliceuses.

facteur écologique déterminant pour les espèces qu'elle supporte. À Villarodin-Bourget, les groupements végétaux des substrats siliceux sont dominants au dessus du vallon de l'Orgère (aiguille Doran, pointes de la Partie). Quant aux rochers calcaires, ils sont principalement en rive gauche de l'Arc, mais également sur une partie du versant d'adret (rocher des Amoureux, Chatalamia).

Lichens et champignons premiers organismes à s'installer sur la roche nue. Sur ces milieux hostiles à la vie végétale, la croissance de certains lichens, tel le rhizocarpe géographique abondant sur rochers siliceux,

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Les lichens et les mousses font partie des

Rhizocarpe géographique


Fiche-milieu n°9

Flore

PNV - Philippe Benoît

Les plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l'eau, tiges souples pour résister à la chute des pierres, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. Particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent à haute altitude, l'androsace pubescente est une espèce très localisée des rochers calcaires ensoleillés. Protégée par la loi française, elle n'est connue aujourd'hui à Villarodin-Bourget que dans une station (sous Grand Roc). Rare au niveau mondial mais relativement bien représentée en Vanoise, la saxifrage fausse diapensie est une espèce protégée qui fleurit sur les rochers calcaires des crêtes de l'Estive.

Éritriche nain

PNV - Christophe Gotti

PNV - Christian Balais

La primevère du Piémont est une espèce des rochers siliceux, présente en France uniquement en Savoie, dans les HautesAlpes et les Alpes-de-Haute-Provence. C'est une plante protégée rare en France, mais encore bien représentée en Haute Maurienne et en Haute Tarentaise. À Villarodin-Bourget, on peut l'observer sur les rochers près du Barbier.

Primevère du Piémont

Saxifrage fausse diapensie

À Villarodin-Bourget, l'éritriche nain, baptisé roi des Alpes, fleurit en juillet-août sur les rochers siliceux jusqu'à près de 3 000 m d'altitude. Il est présent notamment sous le col de la Masse. De petite taille, entre 2 et 5 cm de haut, ce coussinet se recouvre de nombreuses fleurs bleu azur.

Petite plante assez répandue en Vanoise, la primevère hérissée pousse couramment sur les parois siliceuses de l'étage alpin. Sa taille et sa corolle rose violacé à gorge blanche non farineuse la distinguent de la primevère à larges feuilles qui fréquente les mêmes substrats (vers les pointes de la Partie). Cette dernière, plus grande, a des fleurs de couleur pourpre violet, à gorge

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109


Fiche-milieu n°9

unie, un peu farineuse. Ses feuilles sont aussi plus longues et molles. Poussant dans les fissures des rochers tant acides que calcaires, le polystic en lance est une fougère assez grande (jusqu'à 50 cm), dont les frondes dressées et coriaces, groupées en touffes, persistent l'hiver. Il tient son nom de la forme en lame de faux des divisions de ses frondes. Assez commune dans les Alpes, cette espèce arctico-alpine* est une pionnière de sols rocheux.

en 1963). Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l'année : en été, à haute altitude, où il recherche les endroits frais et la tranquillité, en hiver sur les crêtes déneigées par le vent puis dans des falaises exposées au sud et enfin, en période de mise bas, lorsque les femelles s'isolent sur de petites vires. L'hirondelle de rochers niche en petites colonies dans les falaises de l'aiguille Doran, de préférence au soleil et à l'abri du vent et de la pluie. Elle se nourrit de petits insectes happés au vol, près de sa falaise, mais aussi au-dessus des cours d'eau et des prairies.

Faune

Les adaptations de la faune aux milieux de falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l'adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l'adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur.

PNV - Michel Bouche

Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour les oiseaux rupicoles. Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune.

PNV - Maurice Mollard

Chocard à bec jaune

Une étagne et ses deux cabris au Barbier

Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif de ces rochers et falaises, symbolisant le mieux la Vanoise (il fut à l'origine du classement d'une partie de ce massif en Parc national,

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Contrairement au chocard, le crave à bec rouge, n'est pas un oiseau strictement d'altitude, même s'il dépend lui aussi des reliefs très marqués qui lui fournissent des zones inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s'alimenter (insectes des pelouses exploitées par le pastoralisme). C'est une espèce plus abondante en Maurienne qu'en Tarentaise.


Aigle royal

Équilibre entre l’homme et son milieu PNV - Ludovic Imberdis

Usages, intérêts économiques et représentations

Gypaète barbu (immature)

L'aigle royal ne niche pas non plus sur la commune. Trois couples reproducteurs sont présents en limite communale sur les communes d'Avrieux, d'Aussois et de Modane. Pour ce rapace, plus que l'altitude, c'est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Oiseau de parois rocheuses, calcaires

Il n'existe pas d'usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Savoie à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. Plusieurs falaises de la commune sont équipées : le rocher des Amoureux et le rocher d'escalade de Villarodin. L'aplomb des falaises est également fréquenté par les parapentistes et les “volivelistes” du fait des mouvements d'ascendance qu'elles engendrent.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111

Fiche-milieu n°9

comme acides, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant, fréquente également en hiver les murs de grands édifices. Il se caractérise par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, outil bien utile pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n'est qu'en vol qu'il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l'extrémité des ailes.

PNV - Joël Blanchemain

Parmi les rapaces rupicoles, le faucon pèlerin a niché, au début des années 2000, dans les falaises sous Chatalamia. Celui-ci chasse en vol et percute ses proies avec le bréchet, l'os plat de la face antérieure du thorax, après avoir effectué un long piqué, qui peut atteindre 320 km/h. Le faucon crécerelle, nicheur à Villarodin-Bourget dans les falaises de l'aiguille Doran, se caractérise par des phases de vol sur place, face au vent et queue déployée, lesquelles lui permettent de repérer les micro-mammifères* au sol. On parle de vol du “Saint-Esprit”. Non nicheur actuellement à VillarodinBourget, le gypaète barbu peut être observé survolant le territoire de la commune, vers la combe sud du Rateau d'Aussois, en quête de nourriture. Il s'agit probablement des adultes du couple se reproduisant à Termignon.


PNV - Karine Moussiegt

Fiche-milieu n°9

Rocher des Amoureux

L'intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d'espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans d'autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables : la primevère du Piémont, l'androsace pubescente. L'utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d'oiseaux rupicoles telles l'aigle royal ou le faucon pélerin, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d'hivernage très appréciées des chamois et des bouquetins.

PNV - Stéphane Carrière

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Bouquetin des Alpes

Évolution et transformation du milieu À l'instar des éboulis et des moraines, c'est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l'origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d'impact sur la flore

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie

de ces pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l'on essaie de tenir compte, pour leur implantation, de la présence éventuelle d'une flore remarquable. Toutefois les populations d'espèces rares


Fiche-milieu n°9 CPNS - Virginie Bourgoin

Rocher d’escalade de Villarodin

étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie. En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. La concentration toujours plus importante d'équipements en montagne et l'engouement pour la pratique de sports de nature engendrent une réduction significative des zones susceptibles de convenir à des oiseaux rupestres vulnérables tels que le faucon pèlerin et l'aigle royal.

Propositions de gestion À l'échelle communale et intercommunale, tout nouveau projet d'équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable de ces pratiques et le maintien d'une faune et d'une flore riches. Pour cela, la réalisation d'études préalables et la consultation d'experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, pour assurer la prise en compte de l'intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites. La commune de Villarodin-Bourget veille à limiter l'équipement de nouvelles falaises. À ce titre, elle a déjà refusé l'équipement de voies à Chatalamia, secteur favorable à la reproduction d'oiseaux rupicoles. Une surveillance des zones de nidification concernées et de leur fréquentation en période sensible peut s'avérer nécessaire, en particulier au-dessous de 2 500 m d'altitude.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113


Fiches-milieux - Conclusion

Sommaire

Conclusion L'ensemble

certains problèmes de gestion ont trait à l'équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d'un autre sur tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux, participe à la protection contre les aléas climatiques. Elle génère des ressources propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants de Villarodin-Bourget. Pour la commune, le maintien d'une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d'espèces présentes) peut donc constituer un objectif de gestion durable de

PNV - Sébastien Brégeon

des neuf grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre, avec les écotones*, l'intégralité du territoire de la commune de Villarodin-Bourget. Le choix d'une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l'instabilité des contours de cette mosaïque, elle résulte des mécanismes d'érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s'ajoute l'effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent souvent les milieux indépendamment les uns des autres. Or,

Pelouses d’altitude du Barbier au lever du jour

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiches-milieux - Conclusion PNV - Sébastien Brégeon

Lac de la Partie

son territoire. Dans le contexte socioéconomique qui est le sien, tout en conservant une vision sur le long terme, chaque commune tendra vers un équilibre optimal des milieux. Le déplacement de cet équilibre étant fonction de facteurs naturels et humains, il y a des évolutions inéluctables et d'autres sur lesquelles il est possible d'intervenir. Dès lors que l'on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels

deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l'aménagement de son territoire. À Villarodin-Bourget, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l'objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d'aménagement.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115


Fiches-milieux - Conclusion

sensible (rapaces). Ces milieux devraient être préservés de tout équipement touristique et sportif permanent. Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l'activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne. Il est important, dans l'optique de conserver une part de la biodiversité spécifique de ces prairies, de continuer à entretenir un certain nombre d'entre elles de façon extensive. Les alpages représentent le cas remarquable d'un écosystème dont le type d'exploitation séculaire est à l'origine d'une grande richesse biologique et fourragère. La cessation d'activité de l'unique agriculteur de la commune, dans un pas de temps de moins de dix ans, risque de conduire à la disparition de ces prairies de fauche et de ces alpages, du fait de la diminution de l'activité agricole au niveau local (souspâturage, abandon de la fauche).

PNV - Sébastien Brégeon

- le cas des milieux plus ou moins exploités par l'homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières. Parmi les premiers milieux, on citera les principales zones humides d'altitude, certaines falaises et les pelouses sèches et steppiques qui hébergent des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats forestiers, dont la cembraie-mélézein de l'Orgère. En dehors de toute destruction directe, les zones humides craignent une modification de leur hydrologie, l'apport de matières organiques ou minérales et une trop forte fréquentation. La présence dans les pelouses sèches et steppiques de Villarodin-Bourget d'espèces rares de faune et de flore et parfois même très rares (centaurée du Valais, sauge d'Éthiopie) confère à ce milieu une valeur biologique inestimable. Certaines falaises, quant à elles, sont le refuge d'une faune

Forêt de l’Orgère

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Dans le cas de certaines forêts, le mitage progressif de l'espace par la création d'équipements nouveaux qui s'ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l'espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. La création de toute nouvelle piste forestière augmente inévitablement la fréquentation humaine et motorisée, qui peut devenir difficilement contrôlable par la suite (VTT, raquettes, motos, etc.). Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression voire la disparition de certaines populations animales de tout un secteur. Une information en direction du public (skieurs, raquetteurs) sur la sensibilité des milieux montagnards et de la faune est un des objectifs de la commune. À partir des années 1950, les activités touristiques d'hiver liées à la neige se sont beaucoup développées en Vanoise. L'aménagement des domaines skiables a eu pour conséquence une modification profonde des milieux et du micro-relief. Cette anthropisation des milieux favorise l'intro-

duction d'espèces plus banales que celles du milieu d'origine, ce qui appauvrit leur intérêt floristique et faunistique. Les équipements associés à la pratique du ski alpin (téléskis, téléphériques, etc.) ont également des conséquences importantes sur certaines espèces de faune (destruction des places de chant du tétras-lyre pour l'installation de gares de départ ou d'arrivée, mortalité accrue liée aux impacts des oiseaux en vol avec les câbles de téléski (et les lignes électriques). Des dispositifs de visualisation des câbles dangereux et la création d'espaces de tranquillité sont des mesures nécessaires à l'accomplissement du cycle vital de ces espèces et souvent simples à mettre en œuvre. Les mesures “collectives” prises en faveur de la forêt de l'Orgère vont dans ce sens. En effet, fin 2004, après cinq années d'études scientifiques, les intérêts biologique et sociologique de la cembraie de l'Orgère ont motivé la création d'un observatoire pérenne. Celui-ci permettra d'une part, de suivre l'évolution à long terme de cette forêt en l'absence d'exploitation forestière et d'autre part, de valoriser son image auprès du grand public et de lui faire connaître ses caractéristiques naturelles et culturelles. L'adoption consensuelle de cette mesure, entre la commune, l'Office national des Forêts et le Parc national de la Vanoise préservera les richesses naturelles remarquables de ce secteur.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117

Fiches-milieux - Conclusion

Pour la plupart de ces milieux naturels et semi-naturels, supports d'activités humaines, la commune dispose d'outils lui permettant de prendre en compte la préservation des milieux et les enjeux économiques qui s'y rapportent.


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


La centaurée du Valais Sur

les onze espèces de centaurées qui poussent en Savoie, la centaurée du Valais (Centaurea valesiaca) présente un aspect bien particulier : le sommet de sa tige est très branchu. La seule espèce susceptible de lui ressembler, la centaurée paniculée, n'est pas présente sur les territoires où la centaurée du Valais fleurit. Autre particularité de la centaurée du Valais : c'est une espèce bisannuelle, c'est-à-dire qu'elle effectue son cycle de végétation en deux ans. La première année, elle élabore une rosette de feuilles et accumule des réserves. Elle n'apparaît sous forme de tige fleurie que la seconde année de son développement.

inflorescence lilas à rose clair, de petite taille

bractées involucrales imbriquées, à bord frangé brun clair à blanc

PNV - Joël blanchemain

feuilles supérieures indivises (feuilles basales profondément découpées, à divisions linéaires)

PNV - Jacques Perrier

Centaurée du Valais

Partie supérieure de la plante

Écologie

La

centaurée du Valais est une espèce bisanuelle, de pleine lumière. Elle est caractéristique des pelouses très sèches à substeppiques d'adret. La centaurée du Valais a besoin de milieux ouverts et de terre nue pour se développer. Sous les boisements, elle tend à disparaître. À défaut de pelouses

sub-steppiques, elle peut coloniser les talus de route, dès lors qu'ils sont fauchés et non traités aux herbicides. On peut rencontrer cette centaurée sur toute l'étendue de l'adret du Bourget (depuis Modane jusqu'à Avrieux), entre 1 100 et 1 500 m d'altitude, tant dans les pelouses d'adret que sur les talus de la route départementale 215. Elle fleurit de mai à juin.

Regard sur quelques espèces - 121

Fiche-espèce n°1

Sommaire


Fiche-espèce n°1

Intérêts biologiques et valeurs d'usage

La

centaurée du Valais est une espèce endémique* ouest-alpine, présente uniquement en Italie dans les provinces de Turin et Cuneo, en Suisse dans le canton du Valais et en France. En Savoie, unique département français où elle est présente, elle n'est connue qu'en Maurienne, depuis Le Chatel jusqu'à Lanslebourg-Mont-Cenis.

Menaces

Très localisée et toujours peu abondante, la centaurée du Valais craint surtout

la fermeture de ses milieux et les traitements chimiques. Certains aménagements détruisant ses populations lui sont également très préjudiciables.

Protection et propositions de gestion

La

centaurée du Valais est protégée, son arrachage et sa cueillette sont interdits. Le pâturage ovin extensif des milieux où elle pousse permet de maintenir ses biotopes ouverts. Là où les milieux se ferment, il serait opportun de restaurer les pelouses, en coupant quelques arbres et arbustes.

Distribution de la centaurée du Valais en Vanoise

Le saviez-vous ? • Une fois fleurie, l'espèce sèche en l'état et reste facilement identifiable. • Le bleuet est une centaurée, tout comme la centaurée du Valais.

122 - Regard sur quelques espèces


Le lis martagon Appartenant à la famille botanique des liliacées, le lis martagon (Lilium martagon) et le lis orangé (Lilium bulbiferum ssp. croceum) sont caractérisés par leur grande taille atteignant jusqu'à 90 cm, ainsi que leurs grosses fleurs. Admirées pour leur beauté, ces deux espèces fleurissent à Villarodin-Bourget. Toutes deux symboliques aux yeux des résidents comme des vacanciers, le lis martagon est plus abondant que le lis orangé.

longue grappe de fleurs penchées

fleurs roses piquetées de pourpre

pièces florales recourbées

plante de 60 à 90 cm de hauteur Lis martagon

fleurs très grandes, orangées, ponctuées de brun feuilles étroiteslancéolées, alternes tige anguleuse feuillée jusqu'aux fleurs

PNV - Michel Delmas

1 à 6 fleurs dressées à l'extrémité de la tige

PNV - Patrick Folliet

PNV - Philippe Benoît

feuilles allongées, larges ; les inférieures et moyennes disposées en verticille, les supérieures alternes

Détail d'une fleur de lis martagon

Lis orangé

Regard sur quelques espèces - 123

Fiche-espèce n°2

Sommaire


Fiche-espèce n°2

Écologie

Le lis martagon est une plante vivace des étages collinéen à subalpin. C'est une espèce dite de “demi-ombre” qui affectionne les sols assez frais, riches en éléments nutritifs. Sa large amplitude écologique lui permet de pousser dans des milieux assez variés : forêts feuillues et résineuses, prairies de montagnes, mégaphorbiaies et landes. À Villarodin-Bourget, le lis martagon fleurit en juin-juillet, tant sur le versant de

Villarodin (le Mélezet, station de la Norma, la Repose, etc.) que sur celui du Bourget (vallon et forêt de l'Orgère, etc.).

Intérêt écologique et valeur d’usage

Le lis martagon est une espèce eurasiatique. En France, il est assez commun en montagne. En revanche, il est rare en Picardie, dans l'est, le centre et le sud de la France. Il n'est pas présent ailleurs. Il pousse depuis 300 jusqu'à 2 000 m d'altitude.

Menaces

En Vanoise, le lis martagon est une espèce assez commune, qui ne semble pas menacée. Protection et propositions de gestion

PNV - Emmanuelle Foray

Le lis martagon est protégé dans plusieurs

Lys martagon

régions françaises de plaine : ChampagneArdennes, Auvergne, Centre, Limousin, Poitou-Charente et Corse. Dans les Hautes-Alpes, les Alpes-deHaute-Provence et l'Isère, des arrêtés préfectoraux limitent la cueillette du lis martagon à une poignée par personne. Ceci assure la préservation de cette espèce.

Le saviez-vous ? • Le nom populaire du lis orangé est “racine d'or”, du fait de la couleur de son bulbe jaune d'or. Cette couleur inspirait les alchimistes, qui les auraient utilisés pour transformer la matière en or. • Son bulbe jouait le rôle d'un porte-bonheur et aurait été consommé, dans certaines régions, cuit ou réduit en farine, en période de disette.

124 - Regard sur quelques espèces


La pyrole intermédiaire et la pyrole verdâtre Les

pyroles sont des plantes généralement peu communes. Les six espèces de pyroles présentes en Vanoise, sont connues à Villarodin-Bourget : la pyrole à une fleur (Moneses uniflora), la petite pyrole (Pyrola minor), la pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia), la pyrole unilatérale (Orthilia secunda), la pyrole intermédiaire (Pyrola media) et la pyrole verdâtre (Pyrola chlorantha). Ces deux dernières, peu fréquentes voire rares, sont protégées. Toutes deux forestières, ces plantes se reconnaissent aisément à leurs petites fleurs blanches en forme de clochettes, disposées en grappes allongées.

fleurs peu nombreuses, penchées et disposées en grappe courte ; pétales vert-jaunâtre

style genouillé dépassant de la corolle

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

feuilles presque rondes, en rosette basale

plante de 10 à 30 cm Pyrole verdâtre

style droit, plus long que la corolle

feuilles ovales-arrondies, en rosette basale plante de 10 à 25 cm

Börje Wemersson

fleurs plus nombreuses, penchées, pétales blancs

Pyrole intermédiaire

Écologie

Les pyroles verdâtre et intermédiaire sont des espèces herbacées vivaces. Espèces de “demi-ombre”, ces deux pyroles poussent en forêt, de l'étage collinéen au subalpin. À

Villarodin-Bourget, toutes deux fleurissent de juin à août. On rencontre la pyrole verdâtre au sein de la forêt de Villarodin entre 1 250 et 1 450 m d'altitude) et la pyrole intermédiaire dans la forêt de l'Orgère à 2 185 m d'altitude.

Regard sur quelques espèces - 125

Fiche-espèce n°3

Sommaire


Menaces

Forestières,

Ces

deux pyroles rares sont d'origine eurasiatique. Elles sont présentes sur l'ensemble de la chaîne alpine, depuis l'Autriche jusqu'à la France. La pyrole verdâtre est présente dans une bonne partie de l'est français (Alsace, Jura, Alpes et sud-est), ainsi qu'en Champagne crayeuse, dans les Pyrénées, en Corse et dans les Cévennes. La pyrole intermédiaire est plus étroitement localisée : Jura, Savoie, Dauphiné, Drôme et Brie.

ces deux espèces de pyroles craignent les modifications de leur biotopes : coupes rases, création de pistes forestières, et toute autre destruction directe de ses population.

Protection et propositions de gestion

La

pyrole intermédiaire et la pyrole verdâtre sont protégées. La prise en compte de la présence des populations de pyroles et de leurs exigences écologiques dans la gestion forestière devrait permettre de préserver ces deux espèces.

PNV - Patrick Folliet

PNV - Christian Balais

Les autres espèces de pyrole de Villarodin-Bourget

Petite pyrole

Pyrole à feuilles rondes

PNV - Nicolas Valy

PNV - Jacques Perrier

Fiche-espèce n°3

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Pyrole unilatérale

Pyrole à une fleur

Le saviez-vous ? • Le nom scientifique Pyrola vient du diminutif du latin pirus qui signifie poirier, en raison de la ressemblance des feuilles de pyrole avec celles du poirier.

126 - Regard sur quelques espèces


La sauge d'Éthiopie En France comme en Savoie, on peut rencontrer plusieurs espèces de sauge, principalement dans des milieux chauds et secs. Ce sont souvent des plantes aromatiques, aux fleurs en casque dont la coloration varie du bleu violet au blanchâtre, parfois jaune. La sauge d'Éthiopie (Salvia aethiopis) se distingue de ses voisines par un port en chandelier caractéristique, des feuilles et des tiges entièrement laineuses. Les fleurs sont grandes, de couleur blanche. La floraison a lieu de mai à juin. C'est une plante bisannuelle dont les pousses de la première année présentent une rosette de larges feuilles plaquées au sol, presque blanches.

inflorescence en épi densément fourni

port de la plante caractéristique, en chandelier

PNV - Maurice Mollard

feuilles et tiges laineuses, presque blanches

fleur en forme de casque Détail des fleurs de sauge d'Éthiopie

Écologie

Espèce de pleine lumière, elle est présente sans être abondante, dans les pelouses steppiques et dans les prés de fauche extensifs. Une prairie trop dense ne lui offre pas de bonnes conditions de germination.

CPNS - Aura Penloup

Sauge d'Éthiopie

L'enfrichement des prés où elle ne peut concurrencer les espèces buissonnantes comme l'épine-vinette et le cornouiller sanguin, entraîne sa disparition. À Villarodin-Bourget, les prés et les pelouses sèches d'adret du Bourget constituent son unique biotope.

Regard sur quelques espèces - 127

Fiche-espèce n°4

Sommaire


Fiche-espèce n°4

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La

sauge d'Éthiopie est une plante méditerranéenne et sud-sibérienne, connue dans les Alpes en Maurienne, dans le Queyras et en Val d'Aoste. Elle est bien répandue à Villarodin-Bourget. On ne connaît pas de valeur d'usage à cette espèce. Toutefois, son port et ses feuilles spectaculaires lui valent d'être parfois utilisée comme plante ornementale.

Menaces

En populations extrêmement localisées et réduites, ayant des exigences biologiques relativement contraignantes et suffisamment spectaculaire pour être cueillie, cette fleur remarquable ne restera dans le patrimoine floristique de Villarodin-Bourget que si des mesures de conservation appropriées sont prises.

Distribution de la sauge d'Éthiopie en Vanoise

128 - Regard sur quelques espèces


La

sauge d'Éthiopie est protégée, son arrachage et sa cueillette sont interdits. Toutefois, ces interdictions ne s'appliquent pas à une utilisation agricole des prairies où elle se maintient. Il conviendrait donc de mettre en place des mesures d'exploitation des prairies compatibles avec sa biologie : retarder la fauche de certaines parcelles

après la fructification, limiter les labours, maintenir le pâturage des pelouses steppiques. La meilleure solution consiste à obtenir une gestion dite en mosaïque de l'ensemble des parcelles où se maintient la sauge. Ces méthodes peuvent entraîner un manque à gagner pour l'exploitant. Des mesures compensatoires sont possibles dans le cadre des programmes européens agri-environnementaux.

Le saviez-vous ? • Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, cette sauge n'est pas originaire d'Éthiopie. Pas plus que la petite fougère des alpages, la botryche lunaire, elle aussi baptisée par le botaniste Linné, n'est originaire de la lune. Il s'agissait probablement pour ce fondateur de la botanique moderne de traduire l'aspect étrange voire exotique de cette espèce.

Philippe Freydier

• Les sauges disposent d'un astucieux mécanisme pour assurer l'échange du pollen : - un premier système de leviers dépose sur le dos des butineurs (les bourdons), le précieux pollen d'une première fleur ; - Un deuxième dispositif fait s'abaisser le stigmate de la fleur suivante à la rencontre du pollen précédemment déposé sur le dos du bourdon.

Bourdon butinant une fleur de sauge des prés

Regard sur quelques espèces - 129

Fiche-espèce n°4

Protection et propositions de gestion


Les plantes messicoles Depuis

de nombreuses générations, l'homme a lutté contre les mauvaises herbes qui venaient concurrencer ses récoltes. Depuis les années 1950, les modifications des techniques culturales (emploi de phytocide, tri sélectif des semences, etc.) ont montré leur efficacité au point qu'un grand nombre d'espèces ont disparu ou sont en voie de disparition dans des régions entières. Les plantes dites messicoles constituent un cortège d'espèces végétales compagnes des moissons. Cette flore particulière est adaptée au rythme des cultures et de leurs récoltes : cette flore est représentée par des plantes dont le cycle de vie est annuel. VillarodinBourget compte une dizaine d'espèces de plantes messicoles. C'est à travers trois d'entre elles que sera présentée cette flore des cultures : le bleuet (Centaurea cyanus), le buplèvre à feuilles rondes (Bupleurum rotundifolia) et l'adonis d'été (Adonis aestivalis).

pétales rouges

PNV - Maurice Mollard

jeunes anthères violet noirâtre

Adonis d'été

inflorescence en ombelle composée à 4-10 rayons

PN Écrins - Bernard Nicollet

feuilles entières à limbe entourant complètement la tige

Buplèvre à feuilles rondes

fleurs périphériques bleues, ne dépassant pas 25 mm PNV - Michel Delmas

Fiche-espèce n°5

Sommaire

fleurs internes purpurines à pétales plus courts

Bleuet

130 - Regard sur quelques espèces


La biologie des plantes messicoles se calque sur le rythme des pratiques culturales. Ainsi, seules des espèce annuelles ont pu survivre à la fréquence annuelle des moissons. À défaut de cultures de céréales extensives, ces plantes persistent encore localement sur les talus de quelques anciennes cultures et les bords de chemins.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Historiquement,

Menaces

D'une part, il y a de moins en moins de cultures de céréales, donc de moins en moins d'espèces compagnes de ces cultures. D'autre part, les cultures qui restent sont exploitées de manière intensive (emploi de pesticides, tri des semences, etc.), ce qui n'est pas compatible avec la pérennisation des plantes messicoles. La fin des cultures de céréales de Villarodin-Bourget constitue la principale menace de disparition des plantes messicoles.

PNV - Maurice Mollard

les plantes messicoles sont très largement réparties dans le monde. Aujourd'hui, dans tous les pays, en voie de développement et industrialisés, on assiste à une régression marquée des populations d'espèces messicoles. La répartition de ces espèces en France est très variable et dépend de la manière dont sont conduits les champs de céréales. Dans les Causses, on rencontre encore de belles populations. En Vanoise, elles sont devenues

rarissimes : quasi-absentes en Tarentaise, elles demeurent encore présentes en Haute Maurienne dans plusieurs communes telles que Villarodin-Bourget, Avrieux, Bramans, qui comptent encore quelques reliquats. À Villarodin-Bourget, le bleuet, très répandu dans les parcelles anciennement cultivées en seigle, s'est grandement raréfié. De nombreuses plantes messicoles sont également des espèces d'intérêt médicinal.

Plantes messicoles dans leur biotope

Regard sur quelques espèces - 131

Fiche-espèce n°5

Écologie


Fiche-espèce n°5

Protection et propositions de gestion

À une ou deux exception près, les espèces messicoles sont devenues des plantes très rares. Les différents statuts de protection possibles ont pour but d'empêcher ou de limiter les activités humaines qui entraînent la disparition des espèces menacées. Les plantes messicoles posent un problème spécifique, puisque leur milieu de vie et leur cycle de reproduction dépendent du maintien de l'agriculture, dès lors qu'elle est compatible

avec leur présence. Or en France, les activités agricoles ont été exclues du champ d'application des règlements qui protègent la flore sauvage. La meilleure conservation possible pour les espèces messicoles nécessiterait les conditions suivantes : cultures de céréales d'hiver, pas d'herbicides, pas d'engrais sauf un peu de fumier, pas de rotation avec des cultures d'été, semis pas trop dense. Dans le contexte agricole actuel, la préservation de ces plantes doit s'envisager comme la conservation d'un patrimoine ethnobotanique.

Le saviez-vous ? • Des études montrent que la longévité des semences de certaines plantes messicoles faciliterait leur maintien dans les cultures en dépit des changements de techniques culturales. • La présence de plantes messicoles dans un champ n'induit pas de diminution du rendement de céréales. • Certaines espèces messicoles sont strictement inféodées à un type de culture donné.

132 - Regard sur quelques espèces


Les génépis Parmi les trois espèces de génépis présentes

en Vanoise : génépi des glaciers (Artemisia glacialis), génépi vrai (Artemisia genipi) et génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube. inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige) fleurs jaunes, poilues à l’extrémité

PNV - Michel Delmas

feuilles toutes pétiolées

Génépi jaune inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact

PNV - Louis Bantin

fleurs jaunes non velues feuilles sans pétiole

Génépi vrai

fleurs jaune doré, non velues PNV - Philippe Benoît

inflorescence formée de capitules disposés à l'extrémité de la tige en tête plus ou moins arrondie

Génépi des glaciers

Écologie

Ces trois espèces de génépi sont des plantes vivaces à souche gazonnante. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu'à

3 000 m d'altitude. Leurs racines ne sont pas très profondes. Lors d'une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent à Villarodin-Bourget de la fin juillet à la mi-août. On peut observer le

Regard sur quelques espèces - 133

Fiche-espèce n°6

Sommaire


Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Les

populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l'arc alpin. En France, le génépi vrai est également présent dans les Pyrénées. Ces plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les touristes, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation

Menaces

Les

génépis sont victimes d'une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée. L'arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de leurs populations. La surexploitation et l'arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme.

Protection et propositions de gestion

La cueillette des génépis est réglementée en Italie, en Suisse et dans la plupart des

PNV - Christian Balais

Fiche-espèce n°6

départements alpins français. Ce n'est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre, hormis dans les espaces protégés (Parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté de biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis, la cueillette du génépi avait été limitée dans certaines communes de Vanoise à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la “ressource”. Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante (dans les secteurs où la cueillette est autorisée) et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l'ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d'une touffe mais en laisser systématiquement quelquesuns afin d'assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.

génépi vrai dans la moraine du col du Ravin Noir par exemple, le génépi jaune au-dessus du replat des Ânes et le génépi des glaciers sur les hauteurs du Barbier.

Le génépi vrai dans son biotope

Le saviez-vous ? • Le génépi vrai ou génépi mâle est utilisé depuis le Moyen Âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Il faut en consommer avec modération, dans la mesure où le génépi présente la particularité d’être un tonique cardiaque.

134 - Regard sur quelques espèces


Le bouquetin des Alpes Pratiquement exterminé au début du XX

siècle, le bouquetin des Alpes (Capra ibex ibex) a été sauvé in extremis de l’extinction grâce à l’émergence des idées de protection de la nature en Italie d’abord, puis en Suisse et enfin en France. Aujourd’hui, c’est le seul ongulé protégé dans notre pays. De par son pelage et sa morphologie, il se distingue aisément des autres ongulés sauvages tels que le chamois ou le chevreuil. e

Distinction entre les deux sexes

cornes en V, recourbées vers l’arrière, pouvant atteindre 1 m

cornes quasi lisses PNV - Rémy Barraud

corps puissant et trapu pelage sombre en hiver (fauve clair en été)

base des cornes plus grosse avec des protubérances très marquées

PNV - Christophe Gotti

PNV - Ludovic Imberdis

Femelle de bouquetin ou étagne

Bouquetin des Alpes : mâle adulte

Jeune mâle de bouquetin

corps moins trapu que le bouquetin

PNV - Christophe Gotti

cornes verticales, recourbées vers l’arrière uniquement à leur extrémité pelage brun-roux en été bande brun-noir s’étendant des naseaux aux oreilles en barrant les yeux Chamois

Écologie

L’habitat

du bouquetin, essentiellement rocheux, varie en fonction des saisons. Les zones fraîches de haute altitude constituent

ses quartiers d’été. En période hivernale, il fréquente les crêtes déneigées par le vent puis les versants d’adret. À la fonte des neiges au printemps, les bouquetins descendent pâturer les jeunes pousses puis remontent

Regard sur quelques espèces - 135

Fiche-espèce n°7

Sommaire


Fiche-espèce n°7

progressivement au fur et à mesure de l’avancement de la végétation. La période de rut a lieu entre fin novembre et début janvier. Elle donne lieu à des comportements très ritualisés entre mâles et femelles. La mise bas (généralement un seul cabri par femelle) a lieu courant juin dans des vires rocheuses isolées et peu accessibles. À Villarodin-Bourget, en période d'hivernage, les bouquetins descendent jusqu'au village du Bourget.

appartiennent à la population qui s'étend d'Orelle à Termignon et Pralognan-laVanoise. Celle-ci compte 1 300 individus. Un tiers de cette population provient du noyau originel de Maurienne dont l'effectif initial n'était que d'une soixantaine de bouquetins, à la création du Parc national de la Vanoise. C'est au sein de cette population qu'ont été pratiqués les prélèvements de bouquetins pour les réintroduire dans les Écrins, le Vercors, le Queyras et le Mercantour.

Intérêts biologiques Menaces

Une chasse abusive a conduit à l'extermination du bouquetin dans la quasi-totalité de son aire de répartition, pourtant vaste initialement. À la création du Parc national de la Vanoise en 1963, il ne restait qu'une population relictuelle d'une soixantaine d'individus seulement sur les communes de Termignon et de Modane. Au début du XXIe siècle, cet ongulé endémique de l'arc alpin compte environ 50 000 individus dans toute l'Europe, dont à peu près 6 000 pour la population française, répartis en Savoie (avec 2 000 bouquetins en Vanoise), Haute-Savoie, Drôme, Isère, Alpes-deHaute-Provence et Alpes-Maritimes. Malgré ces effectifs plus conséquents, la population française demeure très morcelée. Les bouquetins de Villarodin-Bourget

L'interdiction de chasser l'espèce, renforcée ensuite par les réintroductions, a permis d'accroître les effectifs français, mais la recolonisation de certains massifs s'avère lente pour de multiples raisons : écologie et éthologie propres à l'espèce, braconnage, cloisonnement des massifs, etc. D'autres causes fragilisent ces populations : la transmission de maladies abortives, du fait de la coexistence des troupeaux sauvages et domestiques (ovins et caprins), le dérangement lié à la fréquentation humaine qui crée un stress physiologique, ainsi que les aménagements touristiques sur les sites de mise bas et d'hivernage. Les risques naturels (avalanches, etc.) sont aussi préjudiciables au bouquetin.

Répartition alpine du bouquetin des Alpes en 1998

136 - Regard sur quelques espèces


Le

PNV - Jacques Perrier

bouquetin est une espèce strictement protégée en France. Ce statut de protection est primordial pour la sauvegarde de l'espèce et pour le maintien de ses effectifs. Les réintroductions dans les différents massifs alpins français ne lui ont pas encore permis d'occuper tous ses habitats potentiels. Elles doivent être poursuivies afin de garantir la sauvegarde du bouquetin à long terme.

D'autre part, ces actions doivent s'accompagner de mesures de prévention visant à limiter les transmissions de maladies entre les bouquetins et les troupeaux domestiques, par le biais de traitements curatifs systématiques des animaux domestiques (l'emploi de vermifuges doit être réalisé avec précaution, certaines substances de synthèse pouvant s'avérer particulièrement dangereuses pour la faune sauvage). Toutes les perturbations liées aux activités humaines sont à éviter.

Bouquetins des Alpes dans le vallon de la Masse

Le saviez-vous ? • Les sabots des bouquetins sont composés de kératine. Ils sont également munis d'un coussinet anti-dérapant et souple qui facilite les déplacements sur les dalles rocheuses. • 50 % des jeunes meurent au cours de leur première année de vie. • Une régulation naturelle des populations de bouquetins intervient en fonction des capacités du milieu d'accueil : âge de la première mise bas plus précoce (à partir de deux ans au lieu de trois à quatre ans), fréquence de gémellité plus élevée et taux de mortalité plus faible dans les milieux favorables. • Actuellement, sur le secteur de Villarodin-Bourget, le Parc national de la Vanoise assure un suivi des femelles marquées (d'une boucle à l'oreille) ainsi que des cabris, afin de mieux comprendre la dynamique de population de l'espèce : nombre et âge des femelles gestantes, nombre de cabris qui survit après un an, etc. Ce travail a permis de montrer que certaines femelles ne mettent jamais bas ou que leur cabri ne survit pas, contrairement à d'autres qui ont un cabri tous les ans, dont la survie est assurée.

Regard sur quelques espèces - 137

Fiche-espèce n°7

Protection et propositions de gestion


Le cassenoix moucheté De la famille des corvidés, le cassenoix moucheté (Nucifraga caryocatactes) se reconnaît à son plumage sombre moucheté de blanc et son cri répétitif particulier (“krekrekrek”). Cet oiseau, de la taille du geai des chênes, fréquente essentiellement les forêts de conifères. Du fait de son régime alimentaire basé principalement sur les graines de pin cembro, il représente un acteur incontournable de la dissémination et de la régénération de la cembraie.

plumage chocolat moucheté de blanc ailes noires queue noire terminée par une bordure blanche

PN Écrins - Christian Couloumy

Fiche-espèce n°8

Sommaire

Cassenoix moucheté

Écologie

peuvent voler à partir de l'âge d'un mois, mais la couvée ne se disperse qu'à l'automne.

Le

cassenoix moucheté est un oiseau plutôt sédentaire, qui erre parfois par petits groupes. Il vit dans les forêts de conifères de montagne. Sa spécialisation alimentaire le rend fortement dépendant du pin cembro dans une partie des Alpes. En complément, il peut également se nourrir de noisettes et de graines d'épicéas. Pour l'hiver, il confectionne des réserves qu'il dissimule dans des caches, à même le sol. Le cassenoix niche dans les conifères. Les couples resteraient unis jusqu'à la mort d'un des deux individus. La femelle pond au début du printemps, de 3 à 4 œufs qu'elle couve durant plus de 15 jours. Les jeunes

138 - Regard sur quelques espèces

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Le

cassenoix moucheté est une espèce à distribution paléarctique*. Sa répartition européenne est assez vaste, mais comprend des lacunes qui s'expliquent par ses exigences alimentaires strictes en pignes de pin cembro ou en noisettes. Dans une partie des Alpes françaises, incluant le massif de la Vanoise, le cassenoix moucheté est presque exclusivement inféodé au pin cembro. À l'échelle européenne, les effectifs des


Menaces

La production médiocre des pins cembros

Protection et propositions de gestion

Le

cassenoix moucheté est une espèce protégée. La non-exploitation de la cembraie de l'Orgère (lire la fiche-milieu n°5) devrait favoriser la préservation du cassenoix moucheté. Grâce aux réserves de nourriture qu'il cache dans le sol et qu'il oublie parfois, cet oiseau participe à la régénération de la cembraie, en périphérie de la forêt, y compris au-dessus de 2 300 m d'altitude. Les petits bouquets de quatre à cinq individus de pin cembro devrait permettre l'extension de son habitat d'élection.

PNV - Sandrine Lemmet

certaines années influe directement sur les effectifs de cassenoix moucheté. Certains types d'exploitation forestière, ainsi que la multiplication des équipements en forêts (pistes forestières, ski, etc.), par le dérange-

ment qu'elles génèrent, jouent probablement en défaveur du cassenoix moucheté.

Reste d'un cône de pin cembro après le repas d'un cassenoix moucheté

Le saviez-vous ? • Il existe deux sous-espèces de cassenoix moucheté. C'est la sous-espèce Nucifraga caryocatactes caryocatactes qui peuple nos latitudes. Des individus de la sous-espèce d'origine sibérienne (Nucifraga caryocatactes macrorynchus) parviennent exceptionnellement en France. En revanche, on ne sait pas si ces populations s'y sont établies. • Le cassenoix moucheté fait des réserves pour l'hiver, qu'il transporte dans une poche souslinguale.

Regard sur quelques espèces - 139

Fiche-espèce n°8

populations de montagne comme de plaine semblent stables. Cependant, les années où le climat est trop rigoureux et les ressources alimentaires peu abondantes dans les parties septentrionales, les populations “nordiques” rejoignent pour un temps les populations françaises. En France, où sa distribution se limite aux Alpes, au Jura méridional, ainsi qu'à quelques cas de nidification isolée, ses effectifs avoisineraient 3 000 couples nicheurs. Certaines populations sont en déclin depuis 1985.


Le loup Ancêtre

du chien domestique, le loup (Canis lupus) est une espèce habituellement forestière, répandue autrefois dans toute l'Europe. Suite aux déforestations massives, à la diminution de ses proies et aux chasses intensives auxquelles il a été soumis, le loup avait disparu de la majeure partie de l'Europe de l'Ouest et du Nord à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, les effectifs du loup progressent et l'espèce est même en expansion dans certains pays d'Europe, comme la France, où il est revenu spontanément depuis 1992, à partir de l'Italie.

oreilles courtes et droites

pelage de couleur variable selon les régions et les individus, allant du blanc crème à un mélange de couleurs (blanc, gris, beige, noir)

poils plus sombres formant parfois un trait vertical sur les pattes avant

PNV - Michel Bouche

Fiche-espèce n°9

Sommaire

Loup

Écologie

En France, le loup est animal principalement forestier : la forêt offre un lieu de refuge pendant la journée, ainsi qu'un site de mise bas, elle abrite des proies en abondance (comme les cervidés) et lui permet de se déplacer à couvert. Lors des déplacements sur ses territoires de chasse, les loups fréquentent également des milieux ouverts* (pelouses d'altitude par exemple). Sociaux, ils vivent en meute bien constituée, ou cellule familiale, de 2 à 10-12 individus, dans laquelle règne une hiérarchie bien définie. À la tête du groupe, le mâle et la femelle dominent ; seul ce couple se reproduit.

140 - Regard sur quelques espèces

Chaque meute possède un territoire exclusif de quelque 200 km2. Au printemps, la femelle dominante met bas en moyenne 4 à 7 louveteaux, au sein d'une tanière localisée dans un endroit tranquille généralement proche d'un point d'eau. La meute entoure ensuite les louveteaux pour leur donner le plus de chances de survie. Seuls 2 ou 3 jeunes survivront au sein de la meute. Les ongulés sauvages (cerf, chevreuil, mouflon et sanglier) constituent la base du régime alimentaire du loup. Il consomme aussi des proies plus petites (lièvre, marmotte, etc.) et parfois même quelques petits fruits. Il s'attaque également aux troupeaux


Une meute est établie dans le massif de Belledonne, commun à l'Isère et à la Savoie. Il est également présent en Lauzière, en Maurienne, en Tarentaise, ainsi que dans le massif des Bauges.

Intérêts biologiques et valeurs d’usage Menaces

P résent

Le

loup est un mammifère capable d'une grande adaptation en matière de proies et d'habitats. Dès lors qu'un couvert forestier suffisamment grand lui assure “gîte et couvert” et lui offre des conditions propices pour sa reproduction, l'espèce est susceptible de recoloniser une grande partie de nos massifs. Les tirs de quelques loups, autorisés par le gouvernement français, dans des conditions définies (pour la période 2005-2006, maximum de 6 prélèvements, sur une population estimée à 80 à 100 loups en 2005), doivent respecter un protocole strict et garantir le bon état de conservation de la population de loups concernée. Le braconnage, dont l'empoisonnement, constitue une menace sérieuse pour cette espèce protégée. La circulation routière représente également un danger.

PNV - Michel Bouche

dans la presque totalité de l'hémisphère nord, le loup fait partie des prédateurs ayant la plus vaste distribution géographique. En revanche, il est absent de l'hémisphère sud. Alors qu'il occupait 90 % du territoire français il y a deux siècles, le loup a disparu de France au début des années 1940, et de Savoie au début du XXe siècle. L'expansion de la forêt, l'augmentation des populations d'ongulés et la protection du loup jouent aujourd'hui en faveur de ce grand prédateur. Vers 1992, quelques loups, venus spontanément d'Italie, pays où ils avaient subsisté (en particulier dans les Abruzzes), ont traversé la frontière et se sont installés dans le Parc national du Mercantour. La recolonisation de l'arc alpin est en cours (Isère, Savoie, Hautes-Alpes, etc.). L'installation d'individus dans les Pyrénées, à partir de l'Espagne, est probable.

Meute de loups

Regard sur quelques espèces - 141

Fiche-espèce n°9 n°8

domestiques (moutons et chèvres, principalement) et, de manière plus anecdotique, aux chevaux et aux génisses.


Fiche-espèce n°9

Protection et propositions de gestion

Le

PNV - Michel Bouche

loup est une espèce protégée par la loi française depuis 1993. Il est inscrit à l'annexe II de la convention de Berne de 1979, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe, ratifiée par la France. La préservation du loup en France ne

passera que par la mise en place d'une politique publique déterminée et durable de prévention des dégâts aux troupeaux domestiques, en plus de l'indemnisation légitime des pertes occasionnées par les attaques de loups. Cela suppose un soutien et un accompagnement technique et financier pour la mise en place des mesures de protection des troupeaux.

Troupeau de brebis gardé par son berger et son chien à Villarodin-Bourget

Loup et pastoralisme Le retour de ce prédateur dans les Alpes françaises pose de nombreux problèmes à une profession déjà en proie à de graves difficultés. Les systèmes traditionnels de protection des troupeaux ont disparu avec le loup et l'évolution des pratiques a rendu les troupeaux plus vulnérables à la prédation. Or, sur les alpages, la protection des troupeaux contre les attaques de loup est un problème vital pour le pastoralisme. Des mesures de prévention efficaces, comme le gardiennage quotidien, le parcage nocturne et l'utilisation de chiens de protection sont désormais nécessaires. La présence d'un berger est le gage d'une protection efficace des troupeaux en alpage, d'une bonne gestion de la ressource herbagère, d'une meilleure garantie sanitaire et d'une limitation des interférences pathologiques avec la faune sauvage.

142 - Regard sur quelques espèces


Fiche-espèce n°9 PNV - Jacques Perrier

“Piège à loups”

Le saviez-vous ? • Le poids d'un mâle adulte de loup oscille entre 16 kg et 80 kg selon les régions du Monde où il vit. La diversité d'habitats qu'il occupe à l'échelle du globe a exigé des adaptations morphologiques ; ainsi, poids et taille augmentent du sud au nord. En France, aujourd'hui, le poids moyen d'un loup adulte est de l'ordre de 25 à 35 kg. • Un loup peut parcourir 60 km en une nuit. Certains individus couvrent même jusqu'à 190 km en 24 heures. Les jeunes de 2 ou 3 ans qui se dispersent peuvent aller s'établir à 200 ou 300 km de leur lieu de naissance. • La longévité d'un loup sauvage est d'environ 13 ans. • Sans minimiser les dégâts causés par les loups sur les troupeaux domestiques, toutes les attaques ne sont cependant pas à imputer à ce grand prédateur, mais souvent à des chiens errants. • Encore opérationnelles au XIXe siècle, des fosses qui auraient servi à piéger des loups ont été aménagées entre 2 100 et 2 400 m d'altitude à Villarodin-Bourget (à l'Estive, sous l'aiguille Doran, etc.). La réhabilitation de ces “pièges à loups”, à des fins de valorisation pédagogique et culturelle, est à l'étude, en partenariat avec le Parc national de la Vanoise.

Regard sur quelques espèces - 143


Le hibou petit-duc Sur

les huit espèces de rapaces nocturnes de Vanoise, six sont présentes à VillarodinBourget : le hibou petit-duc, la nyctale de Tengmalm, la chouette hulotte, la chevêchette d'Europe, le hibou moyen-duc et le grand-duc d'Europe. Les quatre première sont nicheuses sur la commune. Espèce d'affinités méditerranéennes, le hibou petit-duc ou petit-duc scops (Otus scops) est le plus petit hibou d'Europe. Proche en taille de la chevêchette, il s'en distingue par son disque facial et ses deux aigrettes plumeuses, lorsqu'elles sont dressées. aigrettes plumeuses (pas toujours visibles)

disque facial gris, séparé en deux par une bande sombre triangulaire de la calotte au bec

PN Écrins - Robert Chevalier

partie supérieure du corps grise (parfois roussâtre), finement striée de noir, qui le fait confondre avec l'écorce des arbres

Hibou petit-duc (photographié en Vallouise dans les Écrins)

tête petite et ronde sourcils blancs froncés vers l'intérieur PNV - Bruno Descaves

Fiche-espèce n°10

Sommaire

ventre blanc finement strié de brun foncé Chevêchette d'Europe

Écologie

De retour d'Afrique vers le mois d'avril, le hibou petit-duc vient en France pour se reproduire et élever sa nichée. Cette espèce discrète apprécie les milieux semi-ouverts composés de landes sèches et de friches

144 - Regard sur quelques espèces

parsemées de vieux arbres creux. Ce hibou “miniature” est un insectivore (gros orthoptères, coléoptères et lépidoptères), capturant occasionnellement quelques petits vertébrés. La reproduction est possible dès l'âge d'un an et la nidification a lieu vers la mi-mai dans la cavité d'un arbre,


Intérêts biologiques et valeurs d’usage

Le hibou petit-duc occupe régulièrement tout le sud de l'Europe, l'Afrique du Nord et l'ouest de la Sibérie. En France, l'espèce se raréfie en s'éloignant du sud ; sa présence devient beaucoup plus aléatoire au nord de la Loire. La Corse est la seule région française où il hiverne régulièrement. En Savoie, l'espèce est plus abondante à l'ouest du département (cluse de Chambéry,

Avant-Pays Savoyard), mais elle atteint les hautes vallées à la faveur des coteaux bien ensoleillés (adret sec de Moyenne et Haute Maurienne et de Moyenne Tarentaise). À Villarodin-Bourget, comme dans quelques communes voisines (Aussois et Termignon), le petit-duc niche régulièrement. En Vanoise, les effectifs du tichodrome échelette avoisineraient une cinquantaine de couples.

Menaces

Le hibou petit-duc est confronté localement à la raréfaction de ses proies et de son habitat. À Villarodin-Bourget, la fermeture de certaines pelouses sèches d'adret peut conduire à la raréfaction de ses proies.

Protection et propositions de gestion

PNV - Ludovic Imberdis

Sa préservation dépend de la diminution

Les orthoptères, proies principales du hibou petit-duc (ici, dectique verrucivore)

de l'emploi des produits phytosanitaires qui affectent les populations d'insectes, ainsi que de la préservation des sites de nidification favorables (vieux arbres à cavités). Le maintien de cette espèce à VillarodinBourget dépendra surtout de l'état de conservation des coteaux d'adret, c'està-dire de leur ouverture, par pâturage et/ou fauche, afin de contrecarrer leur enfrichement.

Le saviez-vous ? • Autrefois, le hibou petit-duc était apprivoisé et très utilisé en Savoie pour la chasse à la pipée, technique avec laquelle on attrapait les oiseaux après les avoir attirés avec le cri d'un hibou, d'une chouette ou d'un autre oiseau. • Attiré par la lumière des bougies allumées lors des veillées mortuaires (seul endroit éclairé la nuit, à l'époque, à Villarodin-Bourget), le hibou petit-duc s'approchait et venait chanter à proximité. Les gens l’associaient à la mort.

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n°10

d'un mur ou à défaut dans un nid de rapace ou de corvidés. L'envol des jeunes a lieu courant juillet. À Villarodin-Bourget, le petit-duc chasse sur les adrets ouverts, riches en insectes.


Le circaète Jean-le-Blanc Le

circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) est un rapace diurne de taille moyenne (c'est-à-dire d'1,70 m d'envergure). Sa taille, sa silhouette et son allure peuvent le faire confondre avec une buse variable, également nicheuse à Villarodin-Bourget. En observant plus attentivement, le dessous de son corps presque entièrement blanc et les quelques barres sombres sous la queue, ainsi que son vol stationnaire typique (dit “du Saint-Esprit”) permettent de conclure pour un circaète.

tête large et sombre

iris jaune très caractéristique

plumage brun uniforme dessus PNV - Maurice Mollard

Fiche-espèce n°11

Sommaire

parties inférieures du corps blanches finement mouchetées de brun Circaète Jean-le-Blanc

Écologie

Le circaète Jean-le-Blanc explore des territoires de chasse caractérisés par des milieux ouverts* et ensoleillés, riches en proies et des secteurs boisés pour installer son nid. Cet oiseau migrateur se nourrit presque exclusivement de reptiles, avec une forte majorité de couleuvres, sans négliger les vipères, relativement abondantes sur les adrets de Villarodin-Bourget. Le circaète Jean-le-Blanc construit une aire imposante au sommet d'un arbre. La ponte de l'unique œuf s'effectue début avril. 45 jours d'incubation en moyenne sont nécessaires à l'éclosion. Le jeune s'envole après 70-80 jours, mais demeure avec les adultes jusqu'à la migration (fin d'été - début d'automne).

146 - Regard sur quelques espèces

Intérêts biologiques et valeurs d’usage

La

répartition du circaète Jean-le-Blanc s'étend depuis la péninsule ibérique et l'Afrique du Nord jusqu'en Asie centrale. Présent également en France, il fréquente uniquement la moitié sud du pays (au sud de la Loire). En Savoie, l'espèce est en limite nord de sa répartition rhône-alpine. Elle compte une quinzaine de couples, principalement localisés dans l'Avant-Pays savoyard. Le circaète Jean-le-Blanc pénètre dans les vallées pour chasser ; à Villarodin-Bourget, où il a niché en 2003 et 2004, il fréquente le secteur particulièrement xérique, en rive droite de l'Arc. Le déclin de ses populations jusque dans


PNV - Sébastien Brégeon

Directive européenne sur les Oiseaux, c'est-à-dire qu'il doit faire l'objet, de la part des pays membres, de mesures spéciales de conservation concernant son habitat, afin d'assurer sa survie et sa reproduction dans son aire de distribution. À Villarodin-Bourget, un individu blessé a été trouvé en septembre 2003 sous la ligne EDF située entre Amodon et l'Orgère. Récupéré et confié au Centre de Sauvegarde des Rapaces de Mieussy en Haute-Savoie, l'oiseau a subi une opération (pose de deux broches) avec succès et le circaète Jean-le-Blanc a été relâché en 2004 à l'endroit où il avait été trouvé.

Aire de circaète Jean-Le-Blanc

Menaces

La

Protection et propositions de gestion

Le

circaète Jean-le-Blanc est une espèce protégée par la loi française, comme tous les rapaces. Il est inscrit à l'annexe 1 de la

PNV - Maurice Mollard

principale cause de déclin du circaète Jean-le-Blanc tient en la raréfaction des milieux ouverts* propices aux reptiles. La fermeture* de ces milieux réduit l'abondance et la disponibilité de ses proies.

Circaète Jean-Le-Blanc en vol

Le saviez-vous ? • Le circaète Jean-le-Blanc a un régime alimentaire exclusif (serpents principalement). Une telle spécialisation est un phénomène assez rare chez les rapaces. • Il avale les serpents et lézards tout entiers, si bien que la queue de ses proies dépasse parfois du bec du rapace, alors que celui-ci est déjà en train de digérer la tête. • Le circaète Jean-le-Blanc ne craint pas les reptiles venimeux, bien qu'il ne soit pas immunisé contre leur morsure. Il tue toujours sa proie sans laisser le temps aux vipères de le mordre.

Regard sur quelques espèces - 147

Fiche-espèce n°11

les années 1970 et la diminution de son aire de répartition font du circaète un espèce considérée comme rare.


Le lepture à six taches Sur les 10 000 espèces de coléoptères présents en France, 19 à 30 % sont des insectes vivant ou dépendant du bois mort, dits saproxyliques*. Ce sont des espèces souvent mobiles dont les adultes sont ailés, mais dont beaucoup de représentants restent confinés dans des sites particuliers, tels ceux à fort volume de bois mort. Dans la forêt de l'Orgère, une soixantaine d'espèces de coléoptères liées au bois mort a été répertoriée. Le lepture à six taches (Judolia sexmaculata) figure parmi celles-ci. C'est une espèce relativement rare, qui appartient à la famille des capricornes, identifiables à leurs longues antennes, souvent aussi grandes que le corps chez les mâles.

“cou” en forme de clochette 3 bandes noires alternant avec 3 bandes jaunes définissent un motif, caractéristique de l'espèce

Michal Hoskovec

Fiche-espèce n°12

Sommaire

longues antennes

Lepture à six taches

Écologie

Le

lepture à six taches est un coléoptère xylophage typique des forêts de résineux d'altitude. Comme chez la majorité des insectes, l'état larvaire (la chenille) est la phase la plus longue du cycle de vie de l'espèce : il dure environ deux ans et constitue l'unique phase de croissance de l'individu. La larve vit à la base des arbres morts, celle qui est couverte par la neige en hiver. Ce manteau neigeux atténue les rigueurs climatiques de la saison, offrant ainsi plus de chance de survie aux larves. Localisées sous l'écorce, celles-ci se nourrissent exclusivement de bois mort sain, c'est-à-dire non encore attaqué par les agents de décomposition tels que les moisissures (arbres morts depuis moins d'un an). Après

148 - Regard sur quelques espèces

avoir atteint une taille suffisante (à l'issue de plusieurs stades larvaires), la larve s'enfonce dans le bois pour une ultime métamorphose. L'adulte émerge à la belle saison. Il sort de l'arbre pour explorer les prairies de fauche et lisières alentour. Floricole*, c'est dans ces milieux qu'il trouve les fleurs de la famille des apiacées, dont les différentes parties (pétales, nectar, etc.) composent son régime alimentaire. Bien qu'il s'alimente un peu, cette phase adulte très courte (deux mois environ) est surtout vouée à la reproduction. Après l'accouplement qui a lieu sur les fleurs, la femelle cherche un arbre résineux qui vient de mourir, afin de pondre ses œufs. Peu exigeante sur l'essence (tous les résineux de montagne sont susceptibles d'accueillir les larves), l'espèce nécessite en revanche un arbre d'un diamètre suffisant.


Fiche-espèce n°12

Le lepture à six taches est typique des forêts résineuses des régions boréales. Sa répartition est de type relique glaciaire. Ainsi, on la rencontre dans le centre de l'Europe (Pologne, Allemagne, Écosse, est de la Russie, Hongrie, T chéquie, Roumanie, dans les Alpes et les PyrénéesOrientales). En Savoie, le lepture à six taches est connu en Vanoise et aux alentours de ce massif (Val Fréjus), en Chartreuse, dans le massif des Bauges, etc. Elle était jusque là considérée comme très rare. Mais les inventaires récents laissent à penser qu'elle est probablement présente dans la plupart des forêts résineuses d'altitude, d'autant plus qu'elle a une bonne capacité de dispersion. En revanche, ses populations semblent toujours être de faible densité. Menaces

Le lepture à six taches est parfois récolté par des entomologistes collectionneurs, mais ces prélèvements ne semblent pas être une menace directe importante. En revanche, le mode de gestion pratiquée dans son milieu de vie, les forêts résineuses de montagne, conditionne la survie et le maintien de l'espèce. En effet, une partie essentielle de son cycle de vie se déroulant sur bois mort, toute action visant à “nettoyer” (brûlage des rémanents, export des billons sans valeur, etc.) prive le lepture ainsi que nombre d'autres espèces saproxyliques* (insectes, champignons, lichens, etc.) de leurs ressources et de leurs habitats.

Stanislav Krejcik - www.meloidae.com

Intérêts biologiques

Lepture à six taches

Protection et propositions de gestion

La préservation des coléoptères saproxyliques*, et par extension des espèces qui dépendent du bois mort, nécessite de maintenir dans les forêts une quantité notable de vieux arbres, ainsi que des arbres morts, debout ou au sol (au moins 2 arbres morts debout à l'hectare). La survie des insectes, placés à la base de la chaîne alimentaire, conditionne celle d'un grand nombre d'espèces prédatrices tel que le pic tridactyle par exemple. Chaque forestier peut agir dans cette perspective. S’il n'y a pas de risque pour les randonneurs, il est intéressant et moins onéreux de laisser le bois mort sur pied. Organismes saproxyliques* et forestier en sortiront “gagnants” (lire la fiche-milieu n°5).

Le saviez-vous ? • Parmi les principales causes du déclin de la biodiversité dans les forêts européennes, la disparition des très vieux arbres et du bois mort menace la survie de pas moins de 40% des espèces forestières.

Regard sur quelques espèces - 149


Annexes

Annexes


Annexes

Sommaire

Lexique [1] d’après le Dictionnaire des plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al., 1999) [4] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993) [5] d'après les Coléoptères phytophages d'Europe (Chatenet du G., 2000)

oOo Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement Se dit du phénomène d’assèchement d’un plan d’eau. Calcicole [1] Se dit d’un végétal ou d’un champignon qui supporte les substrats calcaires ; c’est-à-dire renfermant en quantité notable du carbonate de calcium ou des sels de calcium et de magnésie. Ces plantes supportent des conditions de sol neutre à alcalin. Cembraie Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Climacique [1] Qualifie une formation végétale qui atteint son climax* Climax [2] Terme ultime de l'évolution d'une communauté végétale qui correspond à l'optimum de développement de cette dernière, compte tenu des conditions climatiques et(ou) édaphiques prévalant dans le biotope considéré. Le climax est un stade d'équilibre dynamique et, de ce fait, susceptible de variations.

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 153


Annexes

Chaîne alimentaire (= pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Floricole Se dit des animaux (notamment des insectes) qui vivent aux dépens des fleurs, exploitant leur nectar ou leur pollen. Futaie jardinée [1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d'arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l'appellation de fût est à l'origine même du terme futaie. Si les arbres appartiennent à des classes d'âges différentes, sont donc de tailles très variées, la futaie est dite “irrégulière” ou “jardinée”. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*.

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Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Micro-mammifère Ensemble des petits mammifères comprenant les campagnols et les musaraignes. Murger [1] Amas de pierres, plus ou moins juxtaposées à la façon d'un mur, et provenant le plus souvent de l'épierrage d'un champ (ou d'une prairie) lorsqu'il était, jadis, cultivé. Ouvert [1] Caractère d'une formation végétale, d'un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l'accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé. Paléarctique Le paléarctique est une région biogéographique qui comprend toute l'Europe, les régions arctiques, boréales et tempérées d'Asie au nord de l'Himalaya, l'Afrique du Nord jusqu'au Sahara au sud, une partie de la péninsule Arabique, et le sud de l'Asie jusqu'au Pakistan, à l'Himalaya et à la Chine centrale. Le paléarctique occidental couvre la partie occidentale de l'empire paléarctique, à savoir l'Europe, l'Afrique du Nord, jusqu'au Sahara central (Hoggar et Tibesti inclus), et le Moyen-Orient, ainsi que les Açores, Madère, les Canaries, les îles du banc d'Arguin (Mauritanie) et les îles du Cap-Vert. Il est séparé du Paléarctique oriental par l'Oural, la Caspienne, la frontière occidentale de l'Iran, et exclut la plus grande partie de la péninsule arabique. Pessière [5] Formation forestière dominée par des épicéas. Plécoptère [2] Ordre d'insectes [à métamorphose incomplète] dont les larves aquatiques vivent dans les cours d'eau bien oxygénés : torrents ou rivières aux eaux pures. Par suite de leurs exigences en oxygène dissous, les larves de plécoptères constituent d'excellents bio-indicateurs de qualités des eaux continentales. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine.

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Annexes

Incrustés (lichens) Lichens en forme de croûtes aplaties, ancrés à la roche par des pseudo-racines, les rhizines. Ils peuvent résister à des conditions de luminosité et de sécheresse intenses.


Annexes

Relique ou relicte glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d'Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Saproxylique [5] Se dit d'une espèce (de coléoptères) qui dépend, pendant une partie de son cycle de vie, du bois mort ou mourant, ou de la présence d'autres organismes saproxyliques nécessaires pour leur développement. Les adultes et les larves d'une espèce ont souvent des régimes alimentaires différents : larve saproxylophage et adulte floricole par exemple. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l'état semi naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Spécialiste [2] Désigne un organisme nécessitant un habitat particulier et (ou) qui utilise un type bien défini de ressources (alimentaires par exemple) pour sa survie. Spectre d'action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l'angle écologique qu'au plan géographique. Vicariante [1] On appelle vicariante une espèce, ou une variété, qui prend la place d'une autre espèce, ou d'une autre variété, assez voisine et qui a les mêmes besoins écologiques, mais se rencontre seulement dans une aire distincte de celle de sa vicariante. Xérique [4] Se dit d'un environnement ou d'un substrat très sec. Zone de combat Interface entre la limite supérieure de la forêt et les pelouses alpines. Dans cette zone, les derniers arbres rabougris, du fait de leur difficulté à croître efficacement dans un contexte climatique difficile pour la végétation, cèdent le pas à un tapis d'arbrisseaux (éricacées et genévrier nain).

156 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget


Annexes

Sommaire

Bibliographie AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse - Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1972.- Premier aperçu de la végétation lichénique du parc national de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, II, 73-105. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1973.- Compléments à l'étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, III, 73-104. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1974.- Compléments à l'étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise. Trav. sci. Parc nation. Vanoise, V, 105-112. ASTA J., CLAUZADE G. & ROUX Cl., 1976.- Compléments à l'étude de la végétation lichénique du massif de la Vanoise (II). Trav. sci. Parc nation. Vanoise, VII, 91-100. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. Description, mœurs, observations, protection… Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. BELLMANN H. & LUCQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d'Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 186 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. CHATENET (du) G., 2000.- Coléoptères phytophages d'Europe. Éd. N.A.P. Vitry-surSeine, France. 359 p. CONSERVATOIRE REGIONAL D'ESPACES NATURELS DE RHÔNE-ALPES, 2000.Inventaire des tourbières de la région Rhône-Alpes, Département de la Savoie. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COURTECUISSE R. & DUHEM B., 1994.- Guide des champaignons de France et d'Europe. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 476 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 157


Annexes

DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p. DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p. DELFORGE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p. DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DODELIN B. & LE QUEAU P., 2004.- Approche pluridisciplinaire de la cembraie de l'Orgère (Parc national de la Vanoise). Rapport d'études. 58 p. DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. ERNOULT C., VERNET D., LABONNE S., FAVIER G. & DOBREMEZ L., 1998.- Évolution des usages et activités pastorales dans le Parc national de la Vanoise (1972-1996). Parc national de la Vanoise & Cemagref – Division Agriculture et Milieux montagnards. 91 p. + annexes. FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p. GAUTHIER D., MARTINOT J.-P., CHOISY J.-P., MICHALLET J. VILLARET J.-C. & FAURE ., 1991.- Le bouquetin des Alpes. Revue d'écologie (la terre et la vie), supplément. Éd. Soc. Nat. de protec. de la nat. et d'acclim. de France, Paris, France. pp 233-275. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. GRUBER U., 1998.- Guide des serpents d'Europe d'Afrique du Nord et du MoyenOrient. Éd. Delachaux et Niestlé, les guides du naturaliste. Paris, France. 248 p. JAIL M., 1977.- Haute Maurienne, pays du diable ?. Allier éd., Grenoble, France. 244 p. KÜHNER R. & LAMOURE D., 1986.- Catalogue des Agaricales (basidiomycètes) de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes. Trav. sci. Parc

158 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget


LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LANDRY Jean-Marc, 2004.- Le loup. Biologie, mœurs, mythologie, cohabitation, protection… Les sentiers du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 240 p. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p. LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p. LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise. Tome XXI. 304 p. MOREAU Pierre-Arthur, 1997.- Mise à jour du “Catalogue des Agaricales de la zone alpine du Parc national de la Vanoise et des régions limitrophes”. Rapport non publié. 83 p. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 24 - Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministères de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection. Éd. du Muséum d'Histoire Naturelle de Bourges. Dépliant. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Édiscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / école Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l'Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 159

Annexes

nation. Vanoise, tome XV. p 103-187.


Annexes

ROCAMORA G., & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France ; Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d'études ornithologiques de France / Ligue pour la protection des oiseaux. Paris, France. 560 p. ROUÉ S., 1997.- Inventaire au détecteur d'ultrasons des chiroptères fréquentant la zone centrale du Parc national de la Vanoise (Vallée de Maurienne). 10 p. + annexes. ROUÉ S., MARTINOT J.-P., EVANNO A., 1997.- Connaître et protéger les chauvessouris en Savoie. Éd. Parc National de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p. WEBER E., 1994.- Sur les traces du bouquetins d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 176 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.

160 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget


Liste des plantes d’intérêt patrimonial

ancolie des Alpes androsace alpine androsace pubescente aster linosyris bleuet bruyère herbacée bunias fausse roquette centaurée du Valais crépide blanchâtre cystoptéris des montagnes dracocéphale de Ruysch épervière tomenteuse éritriche nain fausse bardane réflechie fétuque du Valais gagée velue génépi des glaciers génépi jaune génépi vrai genévrier sabine gentiane croisette gentiane de Schleicher gentiane utriculeuse géranium blanc grand androsace laîche bicolore laîche de Lachenal linaire simple lis martagon lis orangé luzule penchée

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2 1 1 1 2 1 2 3 1 2 2 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 2 2 1 2 1 2 2 1 2 1

Rochers et falaises

Éboulis et moraines

Pelouses et combes à neige

Landes et landines d’altitude

Forêts de conifères et mégaphorbiaies

Prairies de fauche

Les adrets et les pelouses sèches et steppiques

Lac, cours d’eau et zones humides d’altitude

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Les grands types de milieux de Villarodin-Bourget

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Annexes

Sommaire


Annexes

nielle des blés onosma faux onosma des sables orchis nain des Alpes paturin très mignon pédiculaire arquée pédiculaire du mont Cenis potentille multifide primevère du piémont pyrole verdâtre sabot de Vénus sainfoin des sables sauge d’Éthiopie saule à dents courtes saxifrage ascendante saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse scorzonère d’Autriche silène de Suède stipe chevelue stipe pennée valériane saliunca véronique d’Allioni vesce fausse esparcette violette des marais woodsie alpine xéranthème fermé

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2 2 1 2 1 2 3 2 1 3 1 2 1 2 3 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1

Rochers et falaises

Éboulis et moraines

Pelouses et combes à neige

Landes et landines d’altitude

Forêts de conifères et mégaphorbiaies

Prairies de fauche

Les adrets et les pelouses sèches et steppiques

Lac, cours d’eau et zones humides d’altitude

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Les grands types de milieux de Villarodin-Bourget

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Légendes w : habitat principal à Villarodin-Bourget q : autre habitat à Villarodin-Bourget

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

162 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget


Annexes

Sommaire

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique)

Flore ALGUES, MOUSSES, LICHENS ET CHAMPIGNONS Nom français

Nom scientifique

amanite tue-mouches

Amanita muscaria

bolet de Sibérie

Suillus sibiricus

bolet élégant

Suillus grevillei

bolet placide

Suillus placidus

Nom patois

brun lichen d'Islande ou lichen des rennes Cetraria islandica clitocybe (ou lyophylle) aggrégé

Lyophyllum decastes

lichen des loups

Lettraria vulpina

marasme des Oréades ou faux mousseron Marasmius oreades morille

Morchella sp.

paxille remarquable

Paxillus sp.

pézize vésiculeuse

Peziza vesiculosa

pleurote des lasers

Pleurotus nebrodensis

rhizocarpe géographique

Rhizocarpon geographicum

thamnolia en forme de ver

Thamnolia vermicularis

tulostome des brumes

Tulostoma brumale

usnée

Usnea sp.

xanthorie élégante

Xanthoria elegans

PLANTES SUPÉRIEURES Nom français

Nom scientifique

absinthe

Artemisia absinthium

achillée naine

Achillea nana

adénostyle à feuilles d'alliaire

Adenostyles alliariae

adonis d'été

Adonis aestivalis

airelle à petites feuilles

Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum

airelle rouge

Vaccinium vitis-idaea

alchémille à cinq feuilles

Alchemilla pentaphylla

alouchier

Sorbus aria

ancolie des Alpes

Aquilegia alpina

Nom patois

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 163


Annexes

Nom français

Nom scientifique

androsace alpine ou a. des Alpes

Androsace alpina

androsace pubescente

Androsace pubescens

arnica des montagnes

Arnica montana

arolle ou pin cembro

Pinus cembra

aster des Alpes

Aster alpinus

aster linosyris

Aster linosyris

aubépine

Crataegus sp.

aulne blanc ou a. blanchâtre

Alnus incana

azalée naine ou azalée des Alpes

Loiseleuria procumbens

benoîte rampante

Geum reptans

bleuet

Centaurea cyanus

botryche lunaire

Botrychium lunaria

bouleau blanc

Betula pendula

brome érigé ou b. dressé

Bromus erectus

bruyère des neiges ou b. herbacée

Erica herbacea

bunias fausse roquette

Bunias erucago

buplèvre à feuilles rondes

Bupleurum rotundifolia

camarine hermaphrodite

Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum

campanule du mont Cenis

Campanula cenisia

centaurée du Valais

Centaurea valesiaca

chanvre

Cannabis sativa

coquelicot

Papaver sp.

crépide blanchâtre

Crepis albida

cynorrhodon (fruit du rosier sauvage)

Rosa sp.

cystoptéris des montagnes

Cystopteris montana

dactyle aggloméré

Dactylis glomerata

dompte-venin officinal

Vincetoxicum hirundinaria

doradille rue-des-murailles

Asplenium ruta-muraria

doronic à grandes fleurs ou herbe à chamois

Doronicum grandiflorum

dracocéphale de Ruysch

Dracocephalum ruyschiana

edelweiss ou étoile des neiges

Leontopodium alpinum

épervière tomenteuse

Hieracium tomentosum

épicéa

Picea abies

épilobe de Fleicher

Epilobium fleischeri

Nom patois

l'alvo

lo bii

ts'enevon

la suieff

épinard sauvage ou chénopode bon-Henri Chenopodium bonus-henricus épine-vinette

Berberis vulgaris

érable sycomore

Acer pseudoplatanus

éritriche nain

Eritrichum nanum

fausse bardane réfléchie

Lappula deflexa

fétuque du Valais

Festuca valesiaca

fléole des Alpes

Phleum alpinum

framboisier

Rubus idaeus

164 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget

lé empre


Nom scientifique

Nom patois

framboisier

Rubus idaeus

lé empre

frêne commun

Fraxinus excelsior

lo frèno

gagée velue

Gagea villosa

génépi (genépi) des glaciers

Artemisia glacialis

génépi (genépi) jaune ou g. blanc ou g. femelle

Artemisia mutellina = A. umbelliformis

génépi (genépi) vrai ou g. noir ou g. mâle

Artemisia genipi

genévrier commun

Juniperus communis

genévrier nain

Juniperus nana

genévrier sabine

Juniperus sabina

gentiane acaule ou g. de Koch

Gentiana acaulis

gentiane croisette

Gentiana cruciata

gentiane de Schleicher

Gentiana schleicheri

gentiane des neiges

Gentiana nivalis

gentiane jaune

Gentiana lutea

gentiane ponctuée

Gentiana punctata

gentiane printanière

Gentiana verna

gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé

Gentiana utriculosa

géranium blanc

Geranium rivulare

géranium des bois

Geranium sylvaticum

grand boucage

Pimpinella major

lo dj'ènèvro

grande androsace ou androsace des champs Androsace maxima grande berce

Heracleum spondylium

groseillier

Ribes sp.

hépatique à trois lobes

Hepatica triloba

joubarbe des toits

Sempervivum tectorum

kœlérie pyramidale

Koeleria pyramidata

laîche bicolore

Carex bicolor

laîche brune

Carex nigra

laîche de Davall

Carex davalliana

laîche de Lachenal

Carex lachenalii

laîche fétide

Carex foetida

laîche rouge noirâtre

Carex atrofuscae

laitue des Alpes

Cicerbita alpina

laser siler

Laserpitium siler

linaigrette de Scheuchzer

Eriophorum scheuchzeri

linaire des Alpes

Linaria alpina

linaire simple

Linaria simplex

lis martagon

Lilium martagon

lis orangé

Lilium croceum

lotier corniculé

Lotus corniculatus

luzule penchée

Luzula nutans

matthiole du Valais ou violier

Mathiola valesiaca

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 165

Annexes

Nom français


Annexes

Nom français

Nom scientifique

Nom patois

mélèze

Larix decidua

myrtille

Vaccinium myrtillus

narcisse

Narcissus sp.

nard raide

Nardus stricta

népéta petit népéta

Nepeta nepetella

nielle des blés

Agrostemma gitago

noix-de-terre

Bunium bulbocastanum

onosma faux onosma des sables

Onosma pseudoarenaria

orchis nain des Alpes ou chamorchis des Alpes

Chamorchis alpina

ortie dioïque

Urtica dioica

paturin très mignon

Poa carniolica

paturin des Alpes

Poa alpina

pédiculaire arquée

Pedicularis gyroflexa

pédiculaire du mont Cenis

Pedicularis cenisia

pensée éperonnée ou violette à éperon

Viola calcarata

petite pyrole

Pyrola minor

pin à crochets

Pinus uncinata

pin cembro ou arolle

Pinus cembra

l'alvo

pin sylvestre

Pinus sylvestris

lo ping

pissenlit

Taraxacum officinale

lo crapoussin

polystic en lance

Polystichum lonchitis

potentille multifide

Potentilla multifida

primevère à larges feuilles ou p. visqueuse Primula latifolia primevère du Piémont

Primula pedemontana

primevère hérissée

Primula hirsuta

pyrole à feuilles rondes

Pyrola rotundifolia

pyrole à une fleur

Moneses uniflora

pyrole intermédiaire

Pyrola media

pyrole unilatérale

Orthilia secunda

pyrole verdâtre

Pyrola chlorantha

raisin d'ours commun ou busserolle

Arctostaphylos uva-ursi

renoncule des glaciers

Ranunculus glacialis

renouée bistorte

Polygonum bistorta

rhinanthe velu

Rhinanthus alectorolophus

rhododendron ferrugineux

Rhododendron ferrugineum

rhubarbe des moines ou r. des Alpes

Rumex alpinus

rosier des chiens

Rosa canina

sabot de Vénus

Cypripedium calceolus

sainfoin des montagnes

Onobrychis montana

sainfoin des sables

Onobrychis arenaria

salsifis sauvage

Tragopogon pratense

sapin blanc ou s. pectiné

Abies alba

sauge d'Éthiopie

Salvia aethiopis

166 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget

la graine d'l'ort

lo grat'a cul

lo varnio


Nom scientifique

sauge des prés

Salvia pratensis

saule à dents courtes

Salix breviserrata

saule des vanniers

Salix viminalis

saule faux daphné

Salix daphnoides

saule herbacé

Salix herbacea

saule noircissant

Salix myrsinifolia

saxifrage ascendante

Saxifraga adscendens

saxifrage fausse diapensie

Saxifraga diapensioides

saxifrage fausse mousse

Saxifraga muscoides

saxifrage faux aïzoon

Saxifraga aizoides

scorzonère d'Autriche

Scorzonera austriaca

sibbaldie couchée

Sibbaldia procumbens

silène de Suède

Silene suecisa

soldanelle des Alpes

Soldanella alpina

sorbier des oiseleurs

Sorbus aucuparia

stipe chevelue

Stipa capillata

stipe pennée

Stipa pennata

sureau à grappes

Sambuscus racemosa

sureau noir

Sambuscus nigra

tamaris d'Allemagne

Myricaria germanica

thym serpolet

Thymus serpyllium

trèfle des Alpes

Trifolium alpinum

trichophore cespiteux ou t. gazonnant

Trichophorum cespitosum

trisète jaunâtre

Trisetum flavescens

tussilage pas-d'âne

Tussilago farfara

valériane saliunca

Valeriana saliunca

vérâtre blanc ou hellébore blanc

veratrum sp.

véronique d'Allioni

Veronica allionii

vesce fausse esparcette

Vicia onobrychioides

violette des marais

Viola palustris

woodsie alpine

Woodsia alpina

xéranthème fermé

Xeranthemum inapertum

Nom patois

Faune vertébrée AMPHIBIENS Nom français

Nom scientifique

crapaud commun

Bufo bufo

grenouille rousse

Rana temporaria

salamandre tachetée

Salamandra salamandra

Nom patois

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 167

Annexes

Nom français


Annexes

MAMMIFÈRES Nom français

Nom scientifique

blaireau européen

Meles meles

bouquetin des Alpes

Capra ibex

campagnol de Fatio

Microtus multiplex

campagnol des champs

Microtus arvalis

campagnol des neiges

Microtus nivalis

campagnol roussâtre

Clethryonomis glareolus

cerf élaphe

Cervus elaphus

chamois

Rupicapra rupicapra

chevreuil

Capreolus capreolus

écureuil roux

Sciurus vulgaris

fouine

Martes foina

hermine

Mustela erminea

lérot

Elyomis quercinus

lièvre brun ou l. commun ou l. d'Europe

Lepus capensis

lièvre variable

Lepus timidus

loup

Canis lupus

lynx boréal

Lynx lynx

marmotte alpine ou m. des Alpes

Marmota marmota

mouflon de Corse

Ovis gmelini

musaraigne (ou crossope) aquatique

Neomys fodiens

musaraigne carrelet

Sorex araneus

pipistrelle de Kuhl

Pipistrellus Kuhli

renard roux

Vulpes vulpes

sanglier

Sus scrofa

Nom patois

OISEAUX Nom français

Nom scientifique

accenteur alpin

Prunella collaris

accenteur mouchet

Prunella modularis

aigle royal

Aquila chrysaetos

alouette des champs

Alauda arvensis

bec-croisé des sapins

Loxia curvirostra

bergeronnette des ruisseaux

Motacilla cinerea

bouvreuil pivoine

Pyrrhula pyrrhula

bruant jaune

Emberiza citrinella

bruant fou

Emberiza cia

bruant ortolan

Emberiza hortulana

bruant zizi

Emberiza cirlus

cassenoix moucheté

Nucifraga caryocatactes

168 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget

Nom patois


Nom scientifique

chevêchette d'Europe ou chouette chevêchette

Glaucidium passerinum

chocard à bec jaune

Pyrrhocorax graculus

nyctale de Tengmalm ou chouette de T.

Aegolius funereus

chouette hulotte

Strix aluco

cincle plongeur

Cinclus cinclus

circaète Jean-le-Blanc

Circaetus gallicus

crave à bec rouge

Pyrrhocorax pyrrhocorax

faucon crécerelle

Falco subbuteo

faucon pèlerin

Falco peregrinus

fauvette à tête noire

Sylvia atricapilla

fauvette babillarde

Sylvia curruca

fauvette des jardins

Sylvia borin

geai des chênes

Garrulus glandarius

gélinotte des bois

Tetrastes bonasia

grive draine

Turdus viscivorus

gypaète barbu

Gypaetus barbatus

hibou grand-duc ou grand-duc d'Europe

Bubo bubo

hibou moyen-duc

Asio otus

hibou petit-duc ou petit-duc scops

Otus scops

hirondelle de rochers

Ptyonoprogne rupestris

lagopède alpin ou perdrix des neiges

Lagopus mutus

merle à plastron

Turdus torquatus

merle de roche

Monticola saxatilis

merle noir

Turdus merula

mésange boréale

Parus montana

mésange charbonnière

Parus major

mésange huppée

Parus cristatus

mésange noire

Parus ater

moineau domestique

Passer domesticus

niverolle alpine ou pinson des neiges

Montifringilla nivalis

perdrix bartavelle

Alectoris graeca

pipit spioncelle

Anthus spinoletta

pouillot véloce

Phylloscopus collybita

roitelet huppé

Regulus regulus

roitelet triple-bandeau

Regulus ignicapillus

rougequeue à front blanc

Phoenicurus phoenicurus

rougequeue noir

Phoenicurus ochruros

tarier des prés ou traquet tarier

Saxicola rubetra

tétras-lyre ou petit coq de bruyère

Tetrao tetrix

tichodrome échelette

Tichodroma muraria

traquet motteux

Oenanthe oenanthe

troglodyte mignon

Troglodytes troglodytes

Nom patois

la pioupa l'arêbènan

lo merlô

la bartavèlla

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 169

Annexes

Nom français


Annexes

POISSONS Nom français

Nom scientifique

truite arc-en-ciel

Oncorhynchus mykiss

truite fario ou truite de rivière

Salmo trutta fario

Nom patois

REPTILES Nom français

Nom scientifique

Nom patois

coronelle lisse

Coronella austriaca

la caloèvre

lézard des murailles

Podarcis muralis

lézard vert

Lacerta viridis

lézard vivipare

Lacerta vivipara

vipère aspic

Vipera aspis

la caloèvre

Faune invertébrée INSECTES : COLÉOPTÈRES Nom français

Nom scientifique

lepture à six taches

Judolia sexmaculata

petit bostryche du pin

Ips aminitus

Nom patois

INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français

Nom scientifique

azuré du serpolet

Maculinea arion

belle dame

Vanessa cardui

damier de la succise

Euphydryas aurinia

grand apollon

Parnassius apollo

grand nacré

Argynnis aglaja

hespérie de l'épiaire

Carcharodus lavatherae

hespérie du chiendent

Thymelictus acteon

machaon

Papilio machaon

misis ou lycaon

Hyponephele lycaon

moiré lancéolé

Erebia alberganus

moiré printanier

Erebia triaria

moro-sphinx

Macroglossum stellatarum

némusien ou ariane

Lasiommata maera

170 - Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget

Nom patois


Nom scientifique

petit apollon

Parnassius phoebus

petite tortue

Aglais urticae

robert-le-diable ou gamma

Polygonia c-album

semi apollon

Parnassius mnemosyne

Nom patois

INSECTES : ODONATES Nom français

Nom scientifique

æschne des joncs

Aeschna juncea

agrion porte-coupe

Enallagma cyathigerum

cordulie des Alpes

Somatochlora alpestris

leucorrhine douteuse

Leucorrhinia dubia

Nom patois

INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français

Nom scientifique

criquet bariolé

Arcyptera fusca

criquet des adrets

Chorthippus apricarius

criquet des pâtures

Chorthippus parallelus

criquet jacasseur

Stauroderus scalaris

decticelle montagnarde

Anonconotus alpinus

dectique verrucivore

Decticus verrucivorus

grande sauterelle verte

Tettigonia viridissima

Nom patois

lo l'iouart

la l'ioue

Découvrir le patrimoine naturel de Villarodin-Bourget - 171

Annexes

Nom français


Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie Avec l'aide d'un groupe de travail : Denis Charvoz, Élie Charvoz, Guy Margueron, Henri Ratel - Commune de Villarodin-Bourget • François Manuel, Office national des Forêts • Sébastien Brégeon, Benoît Martinot, Jacques Perrier - Parc national de la Vanoise • Maurice Mollard - Commune de Modane. Comité de lecture : Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Danièle Granger-Cuq - Parc national de la Vanoise. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Élisabeth Berlioz, Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Irène Girard, Danièle Granger-Cuq, Pierre Lacosse, Julien Lefèvre, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier, Michel Delmas, Emmanuelle Saunier, Hubert Tournier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Raymond Lazier, agriculteur de Villarodin-Bourget • Michel Savourey - entomologiste • Maurice Durand, Thierry Delahaye - Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne • Cyrille Deliry - GRPLS • Benoît Dodelin, Serge Fudral, Université de Savoie. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Villarodin-Bourget : Pierre Abel, Joël Blanchemain, Michel Bouche, Virginie Bourgoin, Sébastien Brégeon, Bernard Clesse, Christian Damevin, Thierry Delahaye, Sylvia Di Rosa, Yvette Girel, Laurence Jullian, Pierre Lacosse, Sandrine Lemmet, Maurice Mollard, Karine Moussiegt, Jacques Perrier, Patrice Prunier, Joseph Ratel, Secteur de Modane, Secteur de Sainte-Foy, Hubert Tournier, Nicolas Valy. Financement : Conseil Général de la Savoie • Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Julien Lefèvre, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Virginie Bourgoin, Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio - Grenoble (Isère) Mise en page intérieure : Tribu - Saint-Baldoph (Savoie) - Tél. : 04 79 68 97 60 Photos de couverture : - Première de couverture : PNV - Jacques Perrier (refuge et vallon de l'Orgère) - Quatrième de couverture :

Génépi des glaciers PNV - Philippe Benoît

Sauge d’Éthiopie PNV - Maurice Mollard

Cassenoix moucheté PNV - Maurice Mollard

Bleuet PNV - Michel Delmas

Bouquetin des Alpes PNV - Christian Balais

Lis martagon PNV - Emmanuelle Foray

Circaète Jean-le-Blanc PNV - Maurice Mollard

Pyrole verdâtre PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Loups PNV - Alexandre Garnier

Impression : Couleurs Montagne - Saint-Baldoph (Savoie) – Tél. : 04 79 28 62 50 - Courriel : couleurs-montagne@wanadoo.fr

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-20-4 Dépôt légal : 4e trimestre 2005


Avec le concours financier de :


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