Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger

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VILLAROGER Découvrir le patrimoine naturel de Avec le concours financier de :

Découvrir le patrimoine naturel de VILLAROGER


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, façonnés par l’homme comme par les aléas d’une nature rétive, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Villaroger s’est investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise et du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire La

commune de Villaroger est située au cœur de la Haute Tarentaise. Elle s’étend sur 3 445 ha dont une partie importante est en zone protégée : - 1 170 ha dans le Parc national de la Vanoise, - 1 114 ha dans la réserve des Hauts de Villaroger, - 97 ha dans la forêt de protection de Rhonaz. Elle est constituée de paysages variés et contrastés qui ont été façonnés par le travail des habitants depuis plusieurs siècles. Ils sont le résultat d’une cohabitation intelligente entre l’homme et la nature. Alpages, forêts, faune et flore forment une grande richesse environnementale. Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger est un ouvrage élaboré et rédigé à l’initiative du Parc national de la Vanoise, en collaboration avec le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie et un groupe de travail composé d’habitants que je remercie vivement pour leur implication. Ce document présente les milieux naturels, les lieux de vie, les espèces animales et végétales existant sur notre territoire, de façon claire, précise et didactique. Il nous invite à prendre conscience de la diversité et de la richesse de notre environnement. Il peut aussi nous aider dans notre réflexion sur les actions futures à entreprendre pour préserver cette qualité environnementale. La lecture de ce livre permettra à certains d’enrichir leurs connaissances, et incitera d’autres, je l’espère, à venir découvrir Villaroger.

Gaston PASCAL-MOUSSELARD Maire de Villaroger


Sommaire Préface Le mot du Maire

Quelles richesses naturelles sur la commune ? Un aperçu général de la commune Dimension économique Paysages de Villaroger Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie Préambule Fiche-milieu n°1 Fiche-milieu n°2 Fiche-milieu n°3 Fiche-milieu n°4 Fiche-milieu n°5 Fiche-milieu n°6 Fiche-milieu n°7 Fiche-milieu n°8 Fiche-milieu n°9 Conclusion

: : : : : : : : :

Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d'eau et les lacs Les forêts de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Les landes et les landines d’altitude Les pelouses d’altitude et les combes à neige Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés

Regard sur quelques espèces Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 :

La cortuse de Matthiole Le trèfle des rochers Le lycopode à rameaux d’un an Les génépis Le streptope à feuilles embrassantes Les orchis vanille Le tétras-lyre Le chamois des Alpes Le cerf élaphe Le solitaire La rousserolle verderolle La vipère aspic

Annexes

p. p.

1 3

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7 9 16 21 26 33 36

p. 41 p. 43 p. 44 p. 54 p. 65 p. 78 p. 86 p. 95 p. 105 p. 114 p. 122 p. 127 p. 131 p. 132 p. 135 p. 138 p. 140 p. 142 p. 144 p. 146 p. 149 p. 152 p. 155 p. 157 p. 159 p. 163 p. 165 p. 169 p. 173 p. 174

Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Villaroger

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Sommaire

Présentation

Un aperçu général de la commune La commune de Villaroger se situe en Savoie, dans la vallée de la Tarentaise, au sein des Alpes internes du Nord. Elle partage la vallée de l’Isère, certains cols et sommets (grande Paréi, dôme de la Sache, mont Pourri, mont Turia, aiguille du Saint-Esprit, col des Roches, Grand Col, pointe des Arandelières, aiguille Rouge, signal de l’aiguille Rouge, pointe du Four) avec six communes limitrophes : Séez, Montvalezan, Sainte-Foy-Tarentaise, Tignes, Peisey-Nancroix et Bourg-Saint-Maurice. Elle est rattachée administrativement au canton de Bourg-Saint-Maurice. D’une surface de 3 445 ha, Villaroger fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. Une superficie de 1 215 ha de son territoire est classée dans le cœur du Parc, le reste se trouve inclus dans le périmètre optimal.

Villaroger, commune du Parc national de la Vanoise

Géologie

L’homogénéité

du substrat géologique et l’importance du modelé glaciaire sont les caractéristiques géomorphologiques principales de Villaroger.

La commune se situe dans la grande unité géologique de la zone briançonnaise*, représentée sur le territoire par ses deux sous-unités. La zone briançonnaise externe, appelée encore zone houillère, représente au nord de

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9


Présentation

aux territoires de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger et du cœur du Parc national de la Vanoise. Cette deuxième sous-unité géologique contient des roches constituées à l’ère primaire et à l’ère secondaire. La plupart d’entre elles ont été métamorphisées au cours de leur histoire. Au nord de cette zone affleurent des gneiss de la fin de l’ère primaire et du début de l’ère secondaire (permien et permo-trias) ainsi que des quartzites blancs, des grès et schistes du houiller. Les pentes sommitales du mont Turia présentent des roches

PNV - Christian Balais

la commune une bande large de 500 m à deux kilomètres, partant du Planay et se terminant dans la forêt de Rhonaz. Cette zone houillère est composée de roches sombres (grès, conglomérats et schistes noirs à intercalations charbonneuses) sur une épaisseur de quelques milliers de mètres, qui se sont formées à l’ère primaire. Ces roches constituent le houiller productif du bassin de Sainte-Foy-Tarentaise – Villaroger. La zone briançonnaise* interne, présente au sud, occupe la plus grande partie de la commune. Elle correspond grossièrement

PNV - Christian Balais

Vue générale sur la commune de Villaroger

Toit en lauzes au Carroley

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Morphologie de Villaroger

La commune de Villaroger, en rive gauche de la haute vallée de l’Isère, est exposée au nord et au nord-est. Avec une dénivelée de près de 3 000 m, sur une distance à vol d’oiseau d’une dizaine de kilomètres, la pente est la principale caractéristique paysagère des lieux. Plus de la moitié du territoire présente une pente égale ou supérieure à 50 %. Sur ce relief les épicéas et les mélèzes forment l’essentiel de la couverture végétale. Entrecoupée par de nombreux couloirs d’avalanche, dont certains de grande ampleur comme les couloirs du Chapuis et du Villaron, la forêt couvre la commune jusqu’à environ 2 000 m d’altitude. Dans cet environnement, les

PNV - Christian Balais

Les glaciers sont très structurants dans le paysage. Ils constituent le principal facteur d’érosion des roches depuis deux millions d’années. Au-dessus de ce substrat rocheux s’étalent les classiques formations superficielles, meubles, des régions montagneuses : éboulis, moraines, alluvions, déjections torrentielles. La partie aval des glaciers de Turia et du Grand Col est couverte d’un large manteau morainique récent (postwürmien), jusqu’aux lacs de barrages morainiques. Au-delà, les terrains observés sont couverts de cordons morainiques anciens (Würm). Les processus d’érosion superficielle sont nombreux. Des nappes d’éboulis tapissent le pied des faces libres, notamment celle de l’aiguille Rouge. Diverses roches ont été utilisées par les villarogiens. Aux environs de la Gurraz furent ainsi exploitées une mine de fer oxydée au XVIIe siècle, une carrière de grès

anthracifère pour les pierres à meule et une mine de cuivre pyriteux (derrière la Gurraz). Des carrières de lauze, pour la confection des toits, étaient aussi connues sur la commune.

Vue générale sur le chef-lieu de Villaroger, les hameaux du Planay et du Pré. Au fond à gauche, le mont Pourri et le mont Turia

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11

Présentation

magmatiques comme les gabbros et les diorites formées à l’ère primaire.


Florian Recordon

PNV - Christian Balais

Présentation

Le Chappuis et couloir du ruisseau du Planay ; arbres couchés ou cassés par les avalanches

moindres replats ont été investis par l’homme pour ses habitations et ses activités agricoles, formant une multiplicité de petits groupements humains. Sur une longueur de plus de trois kilomètres une partie de la commune de Sainte-FoyTarentaise remonte les versants en rive

gauche de l’Isère jusqu’à 2 200 m d’altitude, formant une enclave au sein des limites communales de Villaroger. Le sud de la commune se distingue par une série de glaciers parmi lesquels se détachent les très spectaculaires glaciers de la Savinaz et de la Gurraz surplombant le village du

PNV - Christian Balais

Hameau de la Gurraz dominé par le mont Pourri et les glaciers de la Gurraz

Couloirs avalancheux du Solliet, à gauche de la piste de ski

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


L’implantation

humaine de Villaroger se trouve au sein d’une ceinture altitudinale comprise entre 900 m et 1 600 m, interrompue par une zone plus abrupte de combes profondes et de barres rocheuses. Cette discontinuité topographique est à l’origine d’un habitat réparti autour de deux entités principales : le chef-lieu, au nord de la commune, et les villages de la Gurraz et de la Savinaz, au sud. Cet habitat forme des lieux de vie très dispersés, dont la taille reste toujours modeste. Occupant un replat à

PNV - Christian Balais

Au nord de la commune : le Planay, le Pré et le chef-lieu

Le chef-lieu de Villaroger

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13

Présentation

L’habitat

PNV - Christian Balais

même nom. Pour le massif de la Vanoise, les langues terminales de ces glaciers sont les plus basses en altitude. Le vallon d’altitude de Riondaz s’étirant sous le Grand Col se compose essentiellement de moraines emprisonnant les deux seuls lacs du territoire. La forte amplitude altitudinale de la commune, de 845 m dans la vallée de l’Isère à 3 779 m au sommet du mont Pourri, explique l’existence de quatre étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin, prolongé au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un étage nival.


Présentation

1 070 m d’altitude, le chef-lieu surplombe la vallée de l’Isère et fait face à Sainte-FoyTarentaise. De nombreux hameaux le prolongent : - des hameaux principaux : le Planay et la station-village du Pré, - des hameaux secondaires : la Bonneville, le Loissel, la Roche, le Villaron, le Pré derrière, l’Epine, Planchamp, le Châtelet, Rhonaz et la Lauzière.

PNV - Michel Delmas

Au sud de la commune, à 1 590 m d’altitude, la Gurraz a été bâti en utilisant judicieusement la topographie des lieux pour se

protéger des risques importants d’avalanche et d’éboulement. Les villages de la Gurraz et de la Savinaz, tout comme le chef-lieu et l’ensemble des hameaux, sont habités toute l’année. L’habitat villarogien comprend également : - des hameaux ou chalets habités en été seulement : le Mont, le Chapuis, la Mia, etc., - des chalets d’alpage : Plan de l’Aiguille, la Falconnière, Plan Bois, le Crêt d’en Haut, la Vacherie, le Fenil, Cousset, les Casettes, Plandi, etc., - des refuges : Turia et la Martin.

PNV - Christian Balais

Hameau de la Gurraz protégé des avalanches par une ancienne moraine

Refuge de la Martin

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


La population

Suite

1000 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 1820

1840

1860

1880

1900

1920

1940

1960

1980

2000

2020

Années

EDF

à l’explosion démographique que connaît la Savoie au début du XIXe siècle, la population de Villaroger atteint son maximum en 1848 avec 900 habitants. Dès lors, ce mouvement s’inverse pour chuter au seuil de 256 habitants en 1982, soit une diminution de 72 %. Cette baisse spectaculaire est ponctuée par quelques phases de relative stabilité. Ainsi au cours des années 1920, le sursaut démographique correspond à la période de construction des galeries de l’usine EDF de Viclaire. De

Nombre d’habitants

EDF

Chantier de construction des galeries du barrage de Tignes : cité ouvrière à la Roche, 1950

Chantier de construction des galeries du barrage de Tignes : arrivée des téléphériques à agrégats et à ciment, au-dessus de Plandi, 1950

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

même, au cours de la période 1945-1956, la construction du barrage de Tignes et de ses galeries a probablement ralenti la chute du nombre d’habitants. Le mouvement d’émigration que connaît la commune depuis la moitié du XIXe siècle s’interrompt à la fin du XXe siècle : une nouvelle remontée de la population permet de retrouver 368 habitants au recensement de 1999. Ce mouvement est lié au développement du tourisme hivernal initié par la commune, et à sa liaison au domaine skiable voisin des Arcs en 1982. Au début du XXIe siècle, cette population semble se stabiliser, traduisant une forte volonté pour certains habitants de rester, et pour d’autres, de revenir à Villaroger.


Sommaire

Présentation

Dimension économique Au début du XX

siècle, l’élevage et les forêts constituaient les principales ressources de cette commune de montagne. Parallèlement à cette économie locale, de nombreux villarogiens travaillaient comme commissionnaires à l’hôtel des ventes Drouot à Paris. A cette même époque, l’usine hydroélectrique de Viclaire et les différents captages EDF prenaient une part importante dans l’économie de Villaroger. Depuis la fin du XXe siècle, toutes ces ressources sont complétées par une activité touristique, devenue la clé de voûte de l’économie de la commune. e

L’agriculture

PNV - Christian Balais

la commune, l’agriculture est en déclin depuis plusieurs dizaines d’années, handicapée par des terrains pentus, peu propices à la mécanisation moderne. En 2005, Villaroger ne compte plus que cinq exploitations, correspondant à une diminution de près 70 % depuis 2000. Malgré la forte baisse du nombre d’exploitations, l’agriculture occupe pratiquement la même surface que dans les années 1990. Les terres libérées par les cessations d’activité restent exploitées. Les exploitations sont devenues moins nombreuses, mais plus grandes. En 2000, la surface agricole utilisée sur la commune est de 293 ha. Cette partie hors alpage est constituée de prairies naturelles fauchées et/ou pâturées qui se situent en dessous de 1 700 m d’altitude.

Génisse sur l’alpage de la Martin

16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Christian Balais

Dans

Ruchers à la Gurraz

Au-delà de cette limite, le territoire communal présente deux secteurs d’alpage : l’alpage couvrant les secteurs de l’Art, Plan Bois, Crêt d’en Bas, Crêt d’en Haut, la Turia, ainsi que l’alpage couvrant les secteurs du Plan de l’Aiguille et du Plan de la Branche. Ils représentent une surface de 470 ha. Deux exploitations pratiquent l’inalpage*. Un troisième alpage communal se situe en dehors des limites de Villaroger, au Cormet de Roselend (commune de Bourg-Saint-Maurice). Les exploitations sont principalement tournées vers l’élevage caprin laitier, bovin laitier et ovin viande. Une exploitation est mixte, pratiquant un élevage laitier de bovins et de caprins. Trois exploitations sont de petite taille, ne comptant que quelques vaches chacune.


En 2005, la commune compte au moins une cinquantaine de vaches laitières et de génisses. Les génisses occupent un secteur situé près du refuge de la Martin en été. Les vaches laitières passent l’été au Biolley, sur la commune de Sainte-Foy-Tarentaise. Un autre troupeau de vaches laitières pâture sur les montagnettes de Villaroger au printemps, puis sur l’alpage du Cormet de Roselend en été.

Le cheptel ovin viande n’est constitué que de quelques bêtes, auxquelles s’ajoute un nombre important d’animaux transhumants, soit environ 230 brebis mères et 260 agneaux. Les brebis viennent de Bourg-Saint-Maurice et passent l’été à l’alpage de l’Art. Elles montent en alpage au cours de la troisième semaine de juin. Ces moutons sont gardés et parqués, puis en semi-liberté du 15 août au 15 septembre. Les agneaux sont vendus par l’intermédiaire d’un groupement de producteurs régional, sous le signe de qualité “agneau d’alpage, agneau de l’adret”. De petits troupeaux locaux passent l’été entre la Martin et le mont de la Gurraz. Les exploitations sont familiales, et plusieurs exploitants sont double actifs. La production de miel reste encore importante à Villaroger. Environ 50 à 60 ruches sont installées au chef-lieu, au Planay, à la Gurraz et à la Savinaz. La vente de ce miel toutes fleurs se fait généralement en direct.

PNV - Christophe Gotti

Le lait est transformé sur place en petits fromages de chèvre, comme le “Tarentais”, persillés, tommes et séracs de chèvre, également en tommes et persillés de Tignes. Ces deux derniers fromages sont fabriqués à partir d’un mélange de lait de chèvre et de lait de vache. Une partie du lait est collectée par la coopérative laitière de Bourg-SaintMaurice, où il est transformé en Beaufort.

Ces fromages sont vendus localement. Une partie d’entre eux est distribuée par quelques grossistes de la région RhôneAlpes.

Pâturage par les brebis près du refuge de la Martin.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17

Présentation

Le cheptel caprin est le plus important de la commune avec environ 170 chèvres. Un troupeau de chèvres monte au mois de juin sur l’alpage du Plan de l’Aiguille, puis se déplace au Plan de la Branche en fin de saison. Un autre troupeau pâture l’été sur un secteur situé en dessous du refuge de la Martin. Sur l’alpage du Plan de l’Aiguille – Plan de la Branche, les chèvres sont gardées.


Présentation

Le tourisme

Le

PNV - Christian Balais

tourisme est surtout centré sur la pratique du ski qui s’est développée à partir de 1982. Le domaine skiable de Villaroger s’étend sur 115 ha en 2005 et compte environ 20 km de pistes. La grande amplitude altitudinale de la commune explique la présence d’une piste dont le dénivelé est le plus important en Europe, soit 2 000 m. Le domaine skiable de Villaroger est relié à celui des Arcs et de la Plagne par une succession de trois télésièges dont le départ se fait depuis le hameau du Pré. La fréquentation des vacanciers est la plus forte

au cours des vacances de Noël et de février. La population peut alors tripler (comprenant vacanciers et saisonniers). Une saison touristique d’été s’est aussi affirmée, en lien avec la présence du Parc national de la Vanoise et de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger. Cette saison culmine de la mi-juillet à la mi-août. En 2005, la commune compte plus de 250 lits touristiques essentiellement présents au chef-lieu, au Pré et au Planay. Ces lits sont répartis dans plusieurs résidences secondaires et appartements meublés. Situés sur l’itinéraire pédestre du tour du mont Pourri, deux refuges permettent aux randonneurs de dormir en altitude.

PNV - Christian Balais

Hameau du Pré et départ du télésiège du Replat

Refuge de la Martin et signalétique du Parc national de la Vanoise

18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PNV - Christian Balais

L’industrie

Télésiège du Replat

PNV - Christian Balais

Les activités estivales et hivernales de plein air et de découverte de la nature, associées à la connaissance du patrimoine culturel, constituent l’attrait touristique de la commune (lire la liste des activités dans l’encadré p. 20). Une personne employée pour l’accueil de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger encadre régulièrement des sorties de découverte au cours de la saison d’été. Villaroger, le Pré, le Planay et la Gurraz sont les lieux de départ de nombreuses promenades dans les sous-bois, de randonnées vers les alpages et d’ascensions vers les glaciers (dôme de la Sache, mont Pourri). Un petit guide des sentiers présente ainsi différents circuits de

Elle se résume aujourd’hui à une activité liée à l’hydroélectricité gérée par EDF. Cette industrie se traduit sur la commune par la présence de plusieurs kilomètres de galeries souterraines et plusieurs prises d’eau qui alimentent deux usines. Elles sont toutes les deux installées sur l’Isère, mais seule l’usine de Viclaire concerne la commune de Villaroger. Chacune des prises d’eau principales se fait dans cette même rivière : l’une a lieu sous le lac du barrage de Tignes, l’autre à la confluence de l’Isère et du ruisseau du Clou à Sainte-Foy-Tarentaise. Construite entre 1919 et 1927 l’usine de Viclaire fut, au début du XXe siècle, la plus puissante de France. Elle était alors principalement actionnée par les eaux de l’Isère et celles du ruisseau du mont Pourri. Sa production a fortement diminué ; elle est aujourd’hui en grande partie relayée par l’usine de Malgovert.

Usine hydroélectrique EDF de Viclaire

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19

Présentation

découverte de la commune. L’accueil de la population touristique est assuré par le syndicat d’initiative de Villaroger.


Présentation

Autres

L’exploitation des forêts complète l’activité économique de la commune. Plusieurs petites entreprises artisanales existent (plomberie, tapisserie, électricité, travaux publics) ; la plupart sont liées au bois (menuiserie, charpenterie, ébénisterie). Les activités commerciales reposent sur le tourisme (restaurants, taxis).

La commune dispose de deux écoles élémentaires et d’une salle polyvalente. Par ailleurs un certain nombre d’habitants travaille dans les centres d’activités voisins que sont les stations de ski des Arcs, de Tignes et de Val d’Isère, ainsi que dans les communes de Bourg-Saint-Maurice et de Sainte-Foy-Tarentaise.

ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE SUR LA COMMUNE DE VILLAROGER Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le coeur du Parc national de la Vanoise et la réserve naturelle des Hauts de Villaroger ; - exposition dans la maison d'accueil de la Réserve naturelle au Planay (été) ; - sentier de découverte de la Réserve naturelle.

Découverte du patrimoine culturel : - visite guidée "Villageois de l'envers et de l'endroit" (église de Villaroger) ; - fête de la Saint Roch à la Gurraz avec fabrication de pain (fin août) ; - chemins du Baroque (visite d’églises et de chapelles).

Activités sportives d’été : - plusieurs sentiers de randonnée, VTT ; - alpinisme, randonnée glaciaire ; - escalade.

Et sports d’hiver : - ski alpin, ski de randonnée ; - raquette ; - cascade de glace.

La qualité de l’environnement de Villaroger et de son patrimoine bâti est l’un des atouts majeurs de la commune. C’est une source de richesse non négligeable : l’activité touristique estivale de Villaroger

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

repose pleinement sur cette dimension patrimoniale. La pérennité des activités pratiquées dépendra pour beaucoup de l’attention qui sera portée à cette nature.


Paysages de Villaroger

PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation photographique des grands types de milieux

Le vallon de Riondaz. Vue sur la face nord du mont de la Gurraz et du mont Turia

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21

PrĂŠsentation

Sommaire


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

PrĂŠsentation

Vue sur le sentier du refuge de la Martin et sur le glacier de la Savinaz

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation PNV - Christian Balais

Hameau de la Savinaz. Au-dessus, les glaciers de l’Inverneau, de la Martin, de la Savinaz et de la Gurraz

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation

Le chef-lieu et le hameau du PrĂŠ

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation Hameau de la Gurraz et ses environs

PNV - Christian Balais

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25


Sommaire

Présentation

Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Villaroger, mais à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cependant la petite surface du territoire communal, l’importance des glaciers et la présence d’un substrat géologique peu diversifié, expliquent la faible diversité floristique de Villaroger, comparativement à d’autres communes du massif de la Vanoise. Parmi ces espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent.

PNV - Christian Balais

Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés. On les trouve sur les vieux murs, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

Champignon du genre Geaster

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Christian Balais

En

Lichens sur un épicéa dans la forêt de Malgovert

Plantes rares et menacées

Il existe un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de bien connaître la flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir les statistiques suivantes : On dénombre actuellement à Villaroger neuf espèces de plantes protégées (voir les espèces notées en gras dans la liste des plantes d’intérêt patrimonial p. 173) ; Trois d’entre elles présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France (la potentille blanc de neige, la primevère du Piémont et le trèfle des rochers). Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires”, en termes


PNV - Christian Balais

de protection, par les botanistes. À ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française. Villaroger compte : - près de 9 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, - un peu plus de 8 % des plantes “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans le Parc.

Saxifrage fausse mousse

- la saxifrage fausse mousse, une plante endémique* des Alpes, rare et protégée, très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes ; - la rhapontique des Alpes, une plante protégée, endémique* des Alpes, présente en Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

PNV - Philippe Benoît

PNV - Philippe Benoît

Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense : - le trèfle des rochers, une plante endémique* des Alpes occidentales, protégée et rare, est présent en France uniquement en HauteSavoie, Savoie, Isère et Hautes-Alpes ; - la cortuse de Matthiole, espèce protégée qui, en France, n’est présente qu’en Savoie, où elle se trouve en limite occidentale.

PNV - Christian Balais

Trèfle des rochers

Cortuse de Matthiole

Rhapontique des Alpes

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27

Présentation

Dans ce département elle occupe quelques stations, principalement en Haute-Tarentaise ; - la primevère du Piémont, espèce protégée dont l’ensemble de l’aire est très réduite et qui, en France, est présente uniquement en Savoie et dans les Hautes-Alpes. Cette espèce est très fréquente sur la commune de Villaroger ; - la potentille blanc de neige, espèce protégée et rare, est présente en France dans les Alpes de la Savoie et du Dauphiné, où elle est très localisée ;


Présentation

Sensibilité floristique du territoire communal de Villaroger - Observations de 1956 à 2005

Commentaire : L’intérêt floristique d’un territoire dépend du nombre d’espèces végétales connues et de la valeur patrimoniale de chacune de ces espèces. Un certain nombre d’espèces végétales fait l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national. Leur valeur patrimoniale est estimée en tenant compte, notamment : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie. Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est important, et plus leur valeur patrimoniale

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

est élevée, plus l’intérêt floristique d’un territoire est important. En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole (rond orange). Les mailles blanches sont des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée. La répartition par type d’habitat* des 19 plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise (voir la liste des plantes d’intérêt patrimonial p. 173) met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types


Présentation PNV - Christian Balais

PNV - Régis Jordana

Edelweiss

de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) : - milieux aquatiques (1 espèce) ; - landes et pelouses (4 espèces) ; - forêts et aulnaies (6 espèces) ; - éboulis et rochers (10 espèces).

Plantes symboliques

Le

patrimoine floristique de Villaroger englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - les différentes espèces de gentianes bleues, - les génépis, etc.

Gentiane des neiges

Plantes utilisées par l’homme Les végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaire, médicinale, décorative, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

PNV - Christian Balais

Les plantes à usage pastoral

Lis orangé

L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuellement le plus important d’un point de vue économique et culturel à Villaroger. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune (prairies de fauche et alpages). Par ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29


PNV - Christian Balais

Présentation

Alpage envahi de vérâtre

lande, puis la forêt. Le pâturage doit être adapté pour préserver la ressource fourragère, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, le surpâturage pouvant entraîner une dégradation de la composition floristique des prairies.

Les plantes à usage alimentaire

PNV - Michel Filliol

PNV - Christian Balais

Encore appelée rumex ou oseille des Alpes, la rhubarbe des moines est une plante robuste qui peut atteindre un mètre de hauteur. Sa consommation concerne les feuilles et les jeunes pousses, tendres et légèrement acidulées. Par ailleurs, ses gran-

des feuilles, lavées à l’eau froide, étaient utilisées pour emballer le beurre qui venait d’être baratté. Le beurre restait frais pendant plusieurs jours, sans conservateur, ni pasteurisation. Une autre méthode de conservation du beurre se pratiquait selon la recette montagnarde du beurre doux. Le beurre était fondu jusqu’à devenir couleur “noisette” ; étaient alors incorporés un peu de sel et un pot de miel. Cette préparation onctueuse était une véritable pâte à tartiner qui se conservait sans rancir, plus longtemps que le beurre nature.

Gentiane acaule

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Framboisier


Présentation

Les racines de gentiane jaune et les génépis sont utilisées pour la préparation de liqueurs. Les petits fruits rouges, comme les framboises et les myrtilles, sont consommés en confiture ou en tarte.

Tronc de mélèze

Pour leurs qualités antiseptiques, les baies de genévrier étaient brûlées dégageant une fumée désodorisante. Cette pratique se faisait notamment dans les étables lorsque les vaches vêlaient. Pour soulager les rhumes et les bronchites, le génépi était consommé en infusion dans du lait.

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Parmi ces plantes qui renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies, les villarogiens utilisaient notamment les plantes ci-dessous. Pour résorber les hématomes et autres traumatismes sans plaie, les fleurs d’arnica des montagnes, aux propriétés antiinflammatoires, étaient utilisées après macération. Pour atténuer les courbatures des personnes travaillant aux champs, le millepertuis perforé était recherché pour ses propriétés antalgiques et balsamiques. Il était absorbé en infusion appelée “thé des montagnes”, à laquelle était ajouté un peu de vin rouge. Pour soulager les rhumatismes, la reine des prés était également utilisée en infusion dès le XIXe siècle. Cette boisson, fort appréciée, avait également un effet désaltérant. Son autre nom, la fausse spirée, a donné le nom “aspirine”. La reine des prés contient en effet des substances proches de cette substance chimique.

PNV - Philippe Benoît

Les plantes à usage médicinal

Genévrier commun

Génépi jaune

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31


Présentation

plusieurs parcours réalisés dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger.

Les plantes à autres usages

PNV - Christian Balais

Les villarogiens savent depuis longtemps tirer parti des propriétés des différentes essences d’arbres qui les environnent. Le bois de pin cembro, ou arolle, est choisi pour la confection des armoires du fait de ses propriétés antimites. Le bois de frêne sert à fabriquer le manche et les dents des râteaux ; les racines et les rameaux d’épicéa, de sapin pectiné et de noisetier sont utilisés pour réaliser des paniers, et les rameaux de bouleau, pour faire des balais. L’aulne vert est brûlé pour chauffer les maisons.

Vérâtre

Pour faire sortir les échardes de bois, de la résine de mélèze était appliquée sur la peau. Aujourd’hui, à Villaroger, ces plantes sont encore régulièrement utilisées par certains habitants.

Les plantes toxiques

Les plantes d’intérêt culturel et touristique Il existe depuis quelques années à Villaroger, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme, le Parc national de la Vanoise et l’Office national des forêts proposent de partir à la découverte de la flore grâce à

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Alexandre Garnier

Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier. Il y a le dompte-venin officinal, le colchique, le vérâtre, facilement confondu avec la gentiane jaune mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées.

Bouleau


Diversité de la faune Tout

comme pour la flore, l’inventaire de la faune de Villaroger, et en particulier des invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d’autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes. Ainsi, 132 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 47 % des espèces présentes en Vanoise et 32 % de la faune vertébrée savoyarde. Outre les animaux à large répartition, la faune de Villaroger se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d’études et de suivis plus précis ; c’est le cas par exemple des ongulés sauvages (bouquetin, chamois), des chiroptères, des galliformes de montagne et des rapaces. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

PNV - Christophe Gotti

Parmi

Chamois

Les mammifères

PNV - Maurice Mollard

PNV - Ludovic Imberdis

Parmi les 26 espèces présentes sur la commune, soit plus de 40 % de celles présentes dans le Parc, évoluent des espèces typiques du milieu alpestre telles que la marmotte alpine, le campagnol des neiges, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le

Bouquetin des Alpes

Marmottes des Alpes

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

Sommaire


PNV - Philippe Benoît

Présentation

Accenteur alpin

PNV - Jean-Pierre Martinot

Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétraslyre, la perdrix bartavelle, la chouette de Tengmalm, la chevêchette d’Europe, le pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, le crave à bec rouge, la niverolle, le sizerin flammé,

Renard roux

chamois. Des espèces à répartition nationale plus large telles que la musaraigne carrelet, le renard, le blaireau, la fouine, la martre, l’hermine, l’écureuil, le sanglier, le cerf, le chevreuil sont aussi présentes.

La commune compte au moins de 80 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 120 présentes en Vanoise. Seize autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement.

PNV - Jean-Paul Ferbayre

Les oiseaux

PNV - Alexandre Garnier

Mésange charbonnière

Perdrix bartavelle

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

- parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Villaroger, différents passereaux : les fauvettes babillarde, des jardins et à tête noire, plusieurs espèces de pouillots dont le pouillot de Bonelli, le roitelet huppé et les mésanges : boréale, huppée, noire, charbonnière, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, etc.


Parmi la faune invertébrée de la commune, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances (ou des inventaires les plus avancés).

Christine Garin

Les lépidoptères (ou papillons) représentent 66 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, dont 64 papillons de jour, soit un peu plus de 5 % des espèces connues en Savoie. Certaines sont spectaculaires comme le machaon et le grand nacré. Trois d’entre elles sont protégées : le grand apollon, l’azuré du serpolet et le solitaire.

Lézard des murailles

Les reptiles Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, quatre sont répertoriées à Villaroger ; trois espèces de lézards, le lézard vivipare, le lézard des murailles, et l’orvet, et deux espèces de serpents, la vipère aspic et la coronelle lisse.

Deux espèces d’amphibiens ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : la grenouille rousse et le triton alpestre.

Philippe Freydier

Les amphibiens

Azuré du serpolet

CPNS

Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets, grillons et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 58 espèces connues dans le Parc, six ont été inventoriées (de manière incomplète) à Villaroger, telles que le criquet des pâtures, la grande sauterelle verte, la sauterelle cymbalière, etc.

Grenouille rousse

Les poissons Au moins trois espèces se trouvent dans l’Isère : la truite de rivière ou truite fario, la truite arc-en-ciel et le chabot. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, la truite arc-en-ciel a été introduite.

Vingt-cinq espèces d’odonates (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans le Parc. Aucune prospection spécifique n’a été menée, à ce jour, sur la commune. Sur la commune de Villaroger, aucune espèce n’a été signalée. Des prospections seraient nécessaires pour mieux connaître ces insectes sur ce territoire du Parc.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35

Présentation

Faune invertébrée


Présentation

Sommaire

Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au

cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 ha. Près de 53 000 ha sont classés dans le cœur du Parc, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend le périmètre optimal. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale.

Villaroger est l’une de ces 28 communes. L’ensemble de son territoire est situé dans le Parc. La zone protégée, ou cœur du Parc, concerne 35 % de la surface de la commune. Cet espace englobe une grande partie des glaciers entre la grande Paréi et le col de la Gurraz. Il s’étend vers le nord de la commune en contournant les hameaux de la Savinaz et de la Gurraz, puis descend jusqu’aux rives de l’Isère, entre le ruisseau du Cousset et le nant des Gourettes, ou ruisseau du Lavancher. Les 65 % restants se trouvent dans le périmètre optimal.

Parc national de la Vanoise à Villaroger

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


présence des espèces protégées et déterminantes. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.

Au cœur de Villaroger, la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger couvre une superficie de 1 062 ha, soit un peu plus d’un tiers du territoire communal, et s’étend entre 1 200 et 3 650 m d’altitude. La protection et le maintien de zones d’hivernage d’exception pour le tétras-lyre et le chamois ont motivé la création de cet espace en 1991. D’un point de vue biologique, la réserve naturelle forme un espace fonctionnel avec le cœur du Parc national de la Vanoise qu’elle prolonge. Elle pallie ainsi la rareté des milieux forestiers de cette zone protégée, qui sont pourtant indispensables à la survie de plusieurs espèces emblématiques du massif de la Vanoise. La Réserve naturelle des Hauts de Villaroger est aussi l’habitat* d’une flore remarquable et spécifique aux moraines. Elle est gérée par l’Office national des forêts qui met en application les trois objectifs communs à toutes les réserves naturelles : la protection de la nature, sa gestion, notam-ment vis-à-vis de la fréquentation par les randonneurs et les skieurs hors piste, et l’accueil du public, avec l’ouverture d’une maison d’accueil de la réserve au Planay. Cette réserve constitue une mesure compensatoire à l’équipement en remontées mécaniques du massif de l’aiguille Rouge, en 1982.

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglementaire directe mais recensent la

PNV - Christian Balais

Zonages ZNIEFF & ZICO

Signalétique de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37

Présentation

Réserve naturelle des Hauts de Villaroger


Présentation

Les ZNIEFF

Le

premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein de ZNIEFF de type 2. Sur l’ensemble du territoire communal de Villaroger, plusieurs ZNIEFF ont été proposées par les scientifiques et sont en cours de validation :

ZNIEFF de type 1 : - Forêts de Malgovert et de Rhonaz (n°73150030), - Les Hauts de Villaroger (n°73150004), - Rive gauche de l’Isère entre les Brévières et la Gurraz (n°73150039). ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315).

Les ZICO

Une

partie du territoire de Villaroger est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Se situant approximativement en dessous d’une limite altitudinale de 2 000 m, cet espace englobe l’essentiel du périmètre optimal, en continuité avec les secteurs forestiers de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger et

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Zonage Natura 2000

Les directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté européenne, ainsi que les

habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les États doivent prendre les mesures permettant d’assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats ou espèces d’intérêt communautaire.

Délimitation de la ZICO “Parc de la Vanoise” à Villaroger

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 39

Présentation

du cœur du Parc. L’ensemble de ce territoire a été désigné du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, du gypaète barbu, de la gélinotte des bois, du tétras-lyre, du lagopède alpin, de la perdrix bartavelle, de la chouette de Tengmalm, de la chevêchette d’Europe et du crave à bec rouge.


Présentation

À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”. Villaroger est concerné par le site Natura 2000 “Massif de la Vanoise” qui coïncide, sur cette commune, avec le territoire classé dans le coeur du Parc national et avec une partie de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger, située au sud-est du massif de l’aiguille Rouge.

Ce site recèle un très grand nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt européen, représentatifs des Alpes du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles et approuvé par l’État en 1998. Il est complété par un document d’objectifs opérationnel, dont l’élaboration est pilotée par le Parc national de la Vanoise, en étroite collaboration avec les acteurs du territoire. En 2006, ce site est en cours d’intégration au site Natura 2000.

Délimitation du zonage Natura 2000 à Villaroger

40 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Villaroger font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (comme la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages, ou les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 43

Fiches-milieux

Préambule


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°1

Le village, les hameaux et leurs abords

Habitat d’architecture traditionnelle au hameau de la Gurraz

Cette fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets et les équipements divers. Elle présente également les prairies de fauche environnant les villages. Les zones d’habitation La topographie très pentue de la commune ne permet pas aux villarogiens d’élaborer de grands villages. L’habitat humain reste éclaté en plusieurs hameaux et villages d’architecture traditionnelle. À ce bâti d’origine se sont ajoutées plusieurs constructions neuves de type individuel. L’ensemble de ce bâti utilise la pierre et le crépi pour les murs, la lauze pour les toits, le bois pour les portes et

44 - Les milieux naturels, des lieux de vie

les balcons, etc. Le mélèze est utilisé pour les balcons à panneaux réguliers qui ornent la façade des maisons comme au Planay, à la Bonneville et au Planchamp. Les zones d’habitation incluent aussi des vergers, des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris. Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, et notamment les insectes, les oiseaux et de petits mammifères. Plusieurs arbres fruitiers (pommiers, poiriers, pruniers, voire quelques abricotiers et pêchers) ont été plantés au début du XXe siècle autour des villages, jusqu’à environ 1 300 m d’altitude. Certains de ces arbres fruitiers sont encore présents au Planay, au chef-lieu, au Pré, au Pré derrière ou à la Bonneville.


Les prairies de fauche Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. Selon les cas, la prairie peut être aussi pâturée, en tout début ou en fin de saison. Ces prairies se caractérisent par une couverture végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison.

PNV - Christian Balais

Le chef-lieu de Villaroger et ses abords

Verger et pré de fauche au chef-lieu

Les milieux naturels, des lieux de vie - 45

Fiche-milieu n°1

par les déjections animales. Ils sont colonisés par une végétation spécifique.

PNV - Christian Balais

Des jardins potagers accompagnent les habitations. En 2005 la pomme de terre est encore cultivée dans tous les villages. À la Gurraz et à la Savinaz, cette plante potagère atteint des records d’altitude. C’est à partir de celle-ci qu’est confectionné le pain de la Gurraz pétri et cuit chaque année par les habitants lors de la fête de la Saint Roch. Ces petites cultures se situent en périphérie proche, ou encore à l’intérieur même des villages. À proximité des bâtiments d’élevage et principalement des chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis


Fiche-milieu n°1

Si elles occupaient autrefois des surfaces importantes en altitude, elles se limitent aujourd’hui à quelques parcelles situées autour des villages. Elles sont encore entretenues autour du Planay, au-dessus du chef-lieu, autour du Châtelet, entre le Pré et le Pré derrière et aux environs de la Gurraz et de la Savinaz. Toutes ces prairies se trouvent en dessous de 1 600 m d’altitude.

Flore

PNV - Christian Balais

Les zones d’habitation Les plantes trouvent dans les milieux investis par l’homme des conditions de vie

particulières auxquelles elles sont adaptées. Plusieurs plantes naturellement présentes sur les milieux rocheux se développent sur les constructions humaines en pierre, murs et toits des maisons, murets, etc. Certaines ont développé des adaptations très particulières à la sécheresse. Les feuilles charnues des joubarbes et des orpins, qualifiées de succulentes et fonctionnant comme une réserve d’eau, constituent l’une de ces adaptations. Parmi elles se trouvent la joubarbe des toits et la joubarbe aranéeuse. Cette dernière est une plante ne dépassant pas 15 cm de hauteur et qui s’installe accessoirement sur les murs des constructions. Son nom désigne

PNV - Christian Balais

Chalet traditionnel avec monte foin au hameau du Pré

Potagers au hameau de la Gurraz

46 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Rumex aux environs de la halle de la Martin

Les prairies de fauche Une prairie de fauche se caractérise par la prédominance “d’herbes” et plus précisément de graminées qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. La trisète

Virginie Bourgoin

Virginie Bourgoin

l’ensemble des longs poils blancs qui recouvrent ses feuilles basales à la manière d’une toile d’araignée. Quelques espèces de petites fougères affectionnent également les subtrats rocheux offerts par l’habitat humain. Leur installation dépend d’une combinaison de facteurs écologiques (nature de la roche, exposition) et de la présence de fissures où elles trouvent un terrain d’ancrage favorable au lacis de leurs racines. Les plus communes sont la capillaire des murailles ou capillaire rouge dont les feuilles sont simplement ovales, la doradille noire, ou capillaire noire et la rue des murailles aux feuilles plus découpées, avec une forme typique en éventail pour cette dernière. Les mousses en coussinet viennent compléter ce cortège de plantes saxicoles.

PNV - Christian Balais

Joubarbe aranéeuse

Capillaire des murailles

Renouée bistorte

Les milieux naturels, des lieux de vie - 47

Fiche-milieu n°1

Plus haut en altitude, à proximité immédiate des chalets d’alpage et des reposoirs à bestiaux, de la végétation subit une transformation. Ces zones peuvent être exclusivement colonisées par l’ortie, l’épinard sauvage et la rhubarbe des moines (lire le chapitre “Plantes utilisées par l’homme” p. 29). Le développement de la taille de ces plantes et de leurs feuilles traduit leur affinité pour ces milieux, excessivement enrichis en matière organique azotée. Une fois installée, cette végétation peut perdurer des décennies, alors que les troupeaux ne fréquentent plus le site. Cette végétation est typique des abords du refuge de la Martin, utilisé comme chalet d’alpage jusque dans les années 1960.


PNV - Christian Balais

Coquelicots au Planay

Faune Les zones d’habitation Anthropophile, attachée aux zones rocheuses, la fouine fréquente aussi bien les alentours des habitations que les falaises, parfois jusqu’à 2 500 m d’altitude. C’est un mammifère omnivore qui se nourrit principalement de fruits et pourchasse les petits mammifères et les oiseaux.

Lérot

48 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Michel Bouche

dorée ou trisète jaunâtre forme des touffes lâches. Elle est considérée comme l’une des meilleures plantes fourragères. Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus voyantes des prairies. Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. On y rencontre typiquement le géranium des bois et la renouée bistorte ; les feuilles de cette dernière pouvaient être consommées par les hommes.

PNV - Jean-Paul Ferbayre

Fiche-milieu n°1

Le lérot investit les constructions humaines telles que les chalets, bien que son habitat naturel reste lié aux arbres. Ce petit mammifère se caractérise par de grandes oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur les yeux et par une queue velue se terminant par un plumet de longs poils noirs et blancs. La taupe, ce curieux petit mammifère au pelage d’une étonnante douceur, occupe tous les sols suffisamment riches et meubles où elle se nourrit de vers de terre. Sur la commune, la taupe a également été observée dans les forêts d’épicéas. Elle signe sa présence par des amoncellements de terre, très visibles en plein champ. Elle partage cette particularité avec le campagnol terrestre, appelé aussi rat taupier, avec lequel elle peut être confondue. Ce dernier rongeur s’est distingué dans l’histoire de Villaroger par d’importantes pullulations.

Galeries de campagnol terrestre

Se nourrissant d’animaux invertébrés (insectes, escargots, vers de terre, etc.) qu’elles trouvent dans le sol, la musaraigne bicolore, encore appelée crocidure leucode et découverte à Villaroger en 2002, et la musaraigne musette sont deux petits mammifères très proches appartenant au groupe des insectivores. Difficiles à distinguer, ces deux espèces ne dépassent guère 1 100 m à 1 200 m d’altitude. À Villaroger l’observation d’un cadavre de musaraigne musette a été notée à 1 250 m d’altitude. Originellement dépendant des milieux rocheux naturels, le rougequeue noir est devenu l’une des espèces les plus carac-


Jeannette Chavoutier

Vulcain

téristiques des zones d’habitations. Il occupe une grande variété de milieux ouverts depuis le bord de mer jusqu’à 3 000 m d’altitude. En Vanoise il est présent de la mi-mars à fin octobre. Des papillons tels que la petite tortue, le vulcain et la belle dame viennent profiter des ressources, fleurs et fruits, qu’offrent encore les jardins en automne. Certains hiverneront dans les combles des chalets. Les prairies de fauche Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche grasses et fournies. Les plantes les plus grandes lui servent de perchoir pour le chant ou de poste de guet. C’est un prédateur de petits insectes, abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.). En régression dans les prairies de basse altitude, il demeure très présent dans celles des étages montagnards et subalpins, comme l’atteste des études conduites en HauteMaurienne.

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations ◗ Les zones d’habitation

Le village, lieu de vie pour les hommes, fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.

PNV - Joël Blanchemain

◗ Les prairies de fauche

Criquet des pâtures, femelle

Les prairies de fauche font l’objet de plusieurs perceptions. D’une part elles représentent pour les naturalistes un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales, et d’autre part un milieu agricole

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49

Fiche-milieu n°1

Les floraisons opulentes des prairies de fauche sont particulièrement convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Ceux-ci se remarquent par leur diversité et leur abondance. Parmi les papillons, le grand nacré se distingue par le dessus des ailes, de couleur orange vif, marqué de noir. Sa chenille se développe sur les violettes sauvages. D’une taille inférieure, le moiré lancéolé se déplace dans les prairies et les lisières entre 800 et 2 200 m d’altitude. Comme tous les moirés, ses ailes sont brun clair à brun foncé, interrompues par une ligne de taches orange parallèle aux bordures extérieures. En France, ce moiré est surtout présent dans les Alpes. Très répandu, évitant toutefois les milieux trop humides ou trop arides, le criquet des pâtures est l’une des rares espèces d’orthoptères à pouvoir survivre dans les prairies grasses très enrichies en fumures. Le timbre de ses stridulations, répétées environ toutes les trois secondes, évoque le grincement du cuir neuf.


Intérêts biologique et patrimonial du milieu ◗ Les zones d’habitation

Église Saint-Roch au hameau de la Gurraz

Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauvessouris, etc.).

PNV - Christian Balais

Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort, comme l’ensemble très homogène du village de la Gurraz. La commune compte d’ailleurs quelques monuments remarquables à ce titre : l’église baroque Notre-Dame de l’Assomption au chef-lieu et l’église Saint-Roch à la Gurraz.

Florian Recordon

Fiche-milieu n°1

qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche (dont les modalités sont variables : dates, fréquence, matériel utilisé), la fertilisation, la destruction de plantes indésirables, etc. Les prairies de fauche de Villaroger sont entretenues par au moins sept agriculteurs. Ces prairies sont fauchées au moins une fois par an avec des tracteurs ou des motofaucheuses, en juinjuillet. Elles sont aussi pâturées au printemps et à l’automne, et peuvent recevoir du fumier.

Prés de fauche au lieu-dit la Mia

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie


◗ Les prairies de fauche

Concernant de nombreuses parcelles entourant les villages, la pratique de la fauche à Villaroger est avant tout une pratique d’entretien. Celle-ci permet de conserver un milieu ouvert* à proximité des habitations. N’offrant qu’une ressource complémentaire aux exploitants, la fauche est devenue une pratique secondaire.

PNV - Christian Balais

Prairies de fauche aux abords du hameau du Pré

Pose de lauzes sur la toiture d’un chalet au Solliet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51

Fiche-milieu n°1

de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes telles que la doradille noire et la rue des murailles.

PNV - Christian Balais

Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger


Fiche-milieu n°1

Évolution et transformation du milieu

PNV - Christian Balais

◗ Les zones d’habitation La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauvessouris. Des travaux de restauration ont porté sur plusieurs toitures traditionnelles en lauzes, sur la valorisation des murs en pierre (enlèvement du crépi), sur la rénovation de certains chalets comme à Plan Bois.

Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage. Dans le cadre d’un projet d’extension de l’urbanisation, la commune souhaite augmenter sa capacité d’accueil avec la réalisation d’environ 650 lits touristiques et prévoit d’accueillir une centaine d’habitants supplémentaires. Cette urbanisation concerne le hameau du Pré. Les constructions neuves utiliseront les matériaux classiques que sont la lauze, la pierre et le bois, ainsi que le crépi. Quelques fermes anciennes seront rénovées.

PNV - Christian Balais

Chalet au Fenil, restauré en 2005

Pré fauché aux environs du chalet du Plan de l’Aiguille

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Propositions de gestion ◗ Les zones d’habitation

Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauves-souris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc). Comptant 19 espèces de chauves-souris en Vanoise, toutes protégées, Villaroger fait partie des communes qui nécessiteraient d’être prospectées pour mieux connaître les populations de chauve-souris et suivre l’évolution de leur implantation. Dès lors on pourrait mieux évaluer les menaces qui pèsent sur ces animaux fragiles et menacés à une échelle nationale ou européenne, et proposer la mise en place de mesures simples de protection.

PNV - Christian Balais

Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement importante en altitude. Dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche audessus de 1 800 - 2 000 m. À Villaroger un seul secteur est encore fauché en altitude, il concerne l’alpage du Plan de l’Aiguille. De nombreux anciens secteurs de fauche ont été abandonnés. D’autres ont été transformés en pâturages. L’abandon de la fauche est du à la difficulté de la mécaniser dans des secteurs souvent très pentus. Dans certaines prairies, les dégâts occasionnés par les sangliers ont aussi pénalisé cette pratique. Des projets d’urbanisation du chef-lieu, des hameaux du Pré, du Pré derrière et du Planay, concernent plusieurs parcelles de prairie de fauche.

Chalets d’alpage et anciennes prairies de pâturage et de fauche au Fenil

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53

Fiche-milieu n°1

◗ Les prairies de fauche


Les cours d’eau et les lacs

PNV - Christian Balais

Lac près des moraines de Riondaz

Cette fiche concerne l’ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire de Villaroger, le torrent de l’Isère, ses affluents, ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées. L’Isère longe la commune entre 1 532 m et 845 m d’altitude, sauf au niveau de l’enclave de Sainte-Foy-Tarentaise. La dynamique de l’Isère conditionne l’existence, le maintien et l’évolution des entités écologiques qui lui sont associées. Lors des périodes de forts débits, le courant entraîne de violents phénomènes d’érosion. Au moment de la fonte des neiges les ruisseaux de la Savinaz et du mont Pourri, le nant des Gourettes, ou ruisseau du Lavancher, illustrent particulièrement ce phénomène. Longeant la commune, l’Isère est aussi une rivière à caractère torrentiel dotée d’une importante force érosive. La dérivation souterraine de ce torrent, au lieudit la Roche, a été conçue pour se préserver de ce phénomène.

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°2

Sommaire

Ruisseau du mont Pourri


Le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saules et de merisiers à grappes, adaptée aux conditions de sol fréquemment détrempé et capable de résister aux fortes perturbations mécaniques. Elle permet la stabilisation

Les lacs naturels d’altitude doivent le plus souvent leur origine à des dépressions creusées par des glaciers, ainsi qu’aux dépôts morainiques engendrés par leur retrait. À Villaroger, les lacs des moraines de Riondaz situés entre 2 500 et 2 700 m

PNV - Christian Balais

L’Isère et les boisements qui l’accompagnent, depuis le pont de Viclaire

Ruisseau de la Savinaz et passerelle sur le chemin d’accès au refuge de la Martin

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55

Fiche-milieu n°2

des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences, comme les conifères et le bouleau. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. La strate herbacée y est bien développée avec le populage des marais et les pétasites.

PNV - Christian Balais

Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent dans le lit ou sur ses bords. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’installer.


Fiche-milieu n°2

Les cours d’eau, les lacs et les zones humides d’altitude

d’altitude appartiennent à la catégorie des lacs froids. Ils ne présentent aucune végétation aquatique. Hormis les petites zones humides associées à l’Isère, une seule zone humide, on note la présence d’une petite mare, à côté du refuge de la Martin. D’origine artificielle, ce site faisait office de réservoir et avait pour objectif d’apporter l’eau nécessaire au nettoyage de l’ancienne écurie.

Flore PNV - Christian Balais

Le fort courant des torrents n’autorise pas

Lac inférieur près des moraines de Riondaz. Au fond mont Turia et glacier du Grand Col

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie

le développement d’une végétation proprement aquatique. En revanche, les bords de ruisseaux sont très riches en mousses de différents genres : Aulacomnium, Cratoneurum et Calliergonella. Comme toutes les


Fiche-milieu n°2 PNV - Philippe Benoît

PNV - Maurice Mollard

Saule faux daphné

PNV - Maurice Mollard

zones humides, ils accueillent une flore spécifique et variable selon le degré d’humidité et la nature du sol. La ripisylve* abrite différentes espèces d’arbres pionniers, telles que les saules. Le saule faux daphné est typique de la végétation buissonnante du milieu alluvial. Ses rameaux sont recouverts d’une fine pruine bleuâtre. Très commun, le saule noircissant se distingue notamment par ses feuilles

Saule bleuâtre

Merisier à grappes

qui deviennent noires à la dessiccation. Egalement présent dans les boisements riverains, jusqu’à environ 1 800 m d’altitude, le merisier à grappes peut atteindre 10 m de hauteur. Fleurissant aux mois de mai et juin, il se pare alors de longues grappes de fleurs blanches et odorantes. Son surnom, bois puant, provient de l’odeur désagréable dégagée par son écorce et ses jeunes rameaux. Quelques plantes herbacées tapissent le sol des ripisylves*. Souvent attachées à l’humidité, des plantes comme la grande prêle s’y développent. Cette dernière présente deux types de tige : des tiges fertiles, brunâtres et dépourvues de ramification, ainsi que des tiges stériles vertes, garnies d’une ramification et dont la forme a donné à la plante le surnom de queue de renard. Rare sur Villaroger, le saule bleuâtre est un arbuste ne dépassant pas un mètre de hauteur et dont les tiges sont couchées à la base. Ses feuilles présentent une nuance bleuâtre sur chacune des deux faces. Poussant jusqu’à 2 300 m d’altitude, il se développe aussi bien sur les bords de torrents qu’au niveau des sources. “Tête courbée”, se redressant à maturité, la benoîte des ruisseaux, recherche aussi la fraîcheur des bords de ruisseaux.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57


Virginie Bourgoin

PNV - Philippe Benoît

Fiche-milieu n°2

Benoîte des ruisseaux

Tofieldie à calicule

Faune

La grassette des Alpes est une plante adaptée à ces milieux. Ses feuilles collantes, transformées en pièges à insectes, lui permettent d’ingérer la matière azotée difficilement accessible dans le sol des bords de ruisseaux. Elle se reconnaît à ses fleurs blanchâtres au cœur taché de jaune, visibles entre le mois de mai et le mois d’août. Sur les rochers suintants proches des cascades, la saxifrage faux aïzon abonde avec la parnassie des marais, la primevère farineuse, et la tofieldie à calicule. Depuis quelques années, l’apparition d’ilôts de renouée du Japon, espèce envahissante, est à signaler sur la commune.

Certains

PNV - Félix Grosset

ASTERS - Georges Lacroix

groupes d’insectes comme les plécoptères*, dont les larves vivent au fond des torrents, sont de bons indicateurs de la qualité des cours d’eaux. La perle est l’une des plus typiques. Leur disparition signalerait une dégradation de la qualité du milieu. Ces larves d’insectes, et d’autres invertébrés aquatiques, sont la nourriture du cincle plongeur. Seul représentant en France de la famille des cinclidés, ce passereau possède la capacité remarquable de s’immerger totalement dans les torrents pour se nourrir. Oiseau sédentaire, il n’effectue des migrations altitudinales que lorsque la neige ou la glace rendent les torrents inaccessibles. Présent dans les eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario est l’un des poissons les plus répandus des torrents de

Parnassie des marais

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Cingle plongeur


CSP - A. Richard Christine Garin

Savoie. Accompagnant la truite fario, le chabot et le vairon, sont deux petites espèces typiques des eaux courantes qui souvent passent inaperçues. Le vairon ne dépasse guère 12 cm de long pour un poids maximum de 25 g. Il se reproduit entre avril et juillet. Tout comme la truite, ses frayères sont des zones de graviers propres et bien oxygénées qui reçoivent entre 2 000 et 3 000 œufs. Le chabot, poisson sédentaire et benthique, se reproduit de mars à avril dans un nid aménagé sous les pierres, et gardé par le mâle. C’est une espèce très sensible aux altérations de la qualité physique de l’eau (colmatage, éclusées). Amphibien de taille moyenne, le triton alpestre est surtout présent de l’étage montagnard à l’étage alpin, mais se rencontre aussi en plaine. Terrestre et aquatique, il est observé dans une grande diversité d’eaux stagnantes, avec une prédilection pour les eaux froides. À Villaroger, une petite population se maintient dans la mare

Triton alpestre

PNV - Michel Delmas

Truite fario

Accouplement de petits apollons sur un saxifrage faux aïzon

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes. En cas de stationnement prolongé, les impacts occasionnés sur la végétation des berges peuvent être conséquents et

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59

Fiche-milieu n°2

artificielle du refuge de la Martin, où les tritons se reproduisent et peuvent rester durant une grande partie de la belle saison. Le petit apollon longe les bords de ruisseaux où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante nourricière de sa chenille. Ce papillon de montagne se distingue par le contraste de ses gros points rouges sur un fond d’écailles blanchâtres. En 2005 sa présence n’est pas confirmée sur Villaroger.


Fiche-milieu n°2

les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Toutefois, à Villaroger les troupeaux s’alimentent surtout à l’aide de bassins.

PNV - Christian Balais

Les torrents et sources sont localement utilisés pour l’alimentation en eau des refuges et des chalets d’alpage. Des captages de sources permettent l’alimentation en eau de plusieurs bâtiments d’altitude : la bergerie du Plan de l’Aiguille, les chalets du Crêt et de Plan Bois. Cette eau est potable pour la bergerie du Plan de l’Aiguille et permet la fabrication des fromages de chèvre. Le ruisseau du Cousset est utilisé pour ali-

menter les chalets de Cousset et du Fenil. Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant et une ressource indispensable pour l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable, la pêche (à la truite notamment) et la production d’énergie hydraulique. L’eau potable de Villaroger provient de 9 captages gravitaires* de sources. Seule la pêche à la truite est pratiquée dans le torrent de l’Isère. Les deux lacs d’altitude et tous les affluents situés en rive gauche de l’Isère ne sont

PNV - Christian Balais

Prise d’eau EDF sur le ruisseau du mont Pourri

Mise en place d’un captage d’eau au refuge de la Martin

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les cours d’eau et les lacs constituent une ressource indispensable pour l’homme et un élément attractif du paysage. Les cascades qui descendent des glaciers de la Savinaz et de la Gurraz figurent parmi les éléments remarquables de Villaroger. Elles s’admirent facilement depuis la route départementale 902. Entre Sainte-Foy-Tarentaise et Séez, l’Isère abrite une population remarquable de truite fario de souche méditerranéenne qui occupe les cours d’eau dont l’exutoire se trouve en Méditerranée. Le vairon, décimé par la pratique de la pêche (il est utilisé comme appât) et par la dégradation de la qualité des eaux, pourrait être encore présent dans l’Isère, à l’aval du Champet. En 2005, la présence du chabot n’est confirmée qu’à l’aval du pont de la Bonneville.

Cascades du ruisseau du mont Pourri, au premier plan, landes à rhododendron en fleurs

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61

Fiche-milieu n°2

hivernale de la cascade de glace. Les deux cascades du ruisseau du mont Pourri sont ainsi fréquentées.

PNV - Christian Balais

naturellement pas favorables à la présence de poissons. Liées aux aménagements hydroélectriques de Viclaire et de Malgovert plusieurs prises d’eau affectent différents ruisseaux de la commune : les ruisseaux du Nant Blanc, de la Savinaz, du Lavancher, du Pisse, le torrent de Pissevieille, etc Pour développer la pêche, des empoissonnements sont réalisés. Incapable de se reproduire naturellement la truite arc-en-ciel fait l’objet de deux lâchers de 20 kg par an au pont de la Gurraz. Ces poissons sont rapidement prélevés par les pêcheurs. Contrairement à de nombreux cours d’eau, la truite fario se maintient dans l’Isère sans l’intervention d’alevinage. Elle se reproduit naturellement grâce à la présence de nombreuses frayères. La gestion de cette espèce patrimoniale est assurée par l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-SaintMaurice. Elle passe par l’entretien de son habitat*, la mise en réserve de secteurs à forts enjeux et la lutte contre les pollutions. Parmi les autres usages, citons la pratique


La mauvaise gestion des effluents d’élevage, comme l’épandage sur des talus, à proximité des torrents, voire directement dans leur cours, occasionne des pollutions importantes. S’ajoutant aux pollutions domestiques (et en période de basses eaux), ces pollutions supplémentaires dégradent durablement la qualité de l’eau des torrents et compromettent les conditions de vie et de reproduction des truites et autres animaux aquatiques. L’évolution naturelle des lacs et des zones humides se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation. Uniquement alimentée par la fonte des neiges et par la pluie, la mare de la Martin connaît ce processus, pouvant compromettre la survie du triton alpestre. Par ailleurs cette mare, dont l’origine est artificielle, était utilisée comme réservoir d’eau jusque dans les années 1960. Elle servait à nettoyer l’écurie et les chaudrons

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°2

Évolution et transformation du milieu Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. De même, les écoulements à débit constant et fortement réduit (1/40e du module interannuel), imposés par la gestion des barrages et des prises d’eau, et donc l’absence d’effet “chasse d’eau” naturel, ne permettent pas un transit correct des matériaux. Du fait de la sédimentation du lit, on constate une diminution des habitats* favorables aux salmonidés, bien que sur les plages de limons et de graviers se développe un cortège d’espèces pionnières remarquables. Par ailleurs, le débit réservé en période de basses eaux peut impacter fortement la reproduction de la truite fario, à cause de la réduction des surfaces mouillées.

Cascades de la Gurraz

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Propositions de gestion Un vaste programme concernant la gestion de l’eau en Tarentaise est en cours d’élaboration. Il s’agit du contrat de rivière “Isère en Tarentaise”, piloté par l’assemblée de Pays Tarentaise Vanoise, dans le cadre de diverses commissions de travail. Différentes facettes de la gestion de l’eau y sont traitées : qualité de l’eau, risques naturels, restauration des milieux naturels, etc. Dans ce cadre est envisagée la réalisation de nouvelles stations d’épuration, l’élimination d’arrivées d’eaux polluées dans les rivières, des études piscicoles, des études concernant les milieux humides, ou encore des travaux de prévention des crues. Le schéma directeur d’assainissement de la commune établi en août 2004 prévoit une amélioration de l’assainissement collectif, avec notamment le raccordement à une

station d’épuration intercommunale. Ce schéma intègre le projet d’extension de l’urbanisation de Villaroger. Depuis 1995 le SIVOM de Haute-Tarentaise possède une compétence en matière de gestion des cours d’eau. Sur Villaroger, cette compétence concerne essentiellement l’Isère, également quelques affluents de l’Isère entre le Planay et Pré derrièrre. Sur l’Isère l’intervention se traduit surtout par un suivi du lit du cours d’eau entre le torrent de SaintClaude et le pont de Viclaire. Des relevés topographiques sont effectués tous les 2 à 3 ans afin d’apprécier l’évolution du niveau du lit (notamment sur la zone artisanale de Viclaire). Il s’agit d’évaluer la nécessité ou non d’effectuer un curage d’entretien, dans une zone sensible d’un point de vue écologique (bancs de gravier, frayères, etc) et qui a déjà connu d’importantes extractions jusque dans les années 1990. Sur les affluents des Eivays, du Moulinet et du Replat, les interventions d’ordre mécanique (enlèvement des embâcles, débroussail-

La mare et la halle (ancienne étable d’alpage) de la Martin

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63

Fiche-milieu n°2

dans lesquels était fabriqué le Beaufort. La perte de cet usage a entraîné la perte de l’entretien de ce petit milieu aquatique.


Fiche-milieu n°2

lement) sont surtout des actions de prévention contre des risques de petits glissements de berge. Les rives de l’Isère font également l’objet d’un entretien de sa ripisylve* dans le but d’améliorer l’écoulement des eaux et la qualité biologique du milieu aquatique. L’un des objectifs de la collectivité est aujourd’hui d’enrayer le développement de la renouée du Japon, plante envahissante.

La restauration du canal d’alimentation en eau de la mare de la Martin pourrait être envisagée, afin de redonner au site son aspect d’antan et favoriser le maintien de la population de triton alpestre.

PNV - Christian Balais

L’instauration de deux réserves de pêche participe au maintien de la truite fario de souche méditerranéenne. L’une de ces réser-

ves se situe sur l’Isère entre sa confluence avec le torrent de Saint-Claude et le pont de Viclaire (depuis 1997). L’autre concerne la “vieille” Isère depuis 1991. Pérenniser le maintien de la souche autochtone est l’enjeu majeur de ce secteur de l’Isère au niveau du Champet et à l’aval.

Renouée du Japon, près de la Roche

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°3

Les forêts de conifères

Mélézin

Sur la commune, la forêt s’étend entre 845 et 2 200 m d’altitude. Elle occupe une surface d’environ 550 ha, soit environ un sixième du territoire. Cette couverture forestière est relativement homogène. Elle se présente comme une succession de massifs séparés par de vastes couloirs, torrentiels pour la plupart, et parcourus par les avalanches. Elle présente également plusieurs interruptions au niveau des ouvertures créées par les villages et leurs zones agricoles, et par les zones abruptes des barres rocheuses.

Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité).

PNV - Christian Balais

Les forêts de Vanoise sont essentiellement composées de résineux : sapin, épicéa, pin à crochets, pin cembro et mélèze.

Forêt d’épicéas autour du hameau le Mont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65


Fiche-milieu n°3

Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. À l’étage montagnard et en versant nord, les sapins se mêlent aux épicéas pour former la sapinière-pessière. Plus haut en altitude, on passe aux peuplements purs d’épicéa. Sur Villaroger, les forêts communales sont surtout des pessières* qui se caractérisent toutes par une certaine fraîcheur. Ces types de boisements constituent la forêt des Chavonnes, le Devin du Planay, la forêt de Balmodier, du Chasal, une grande partie de la forêt de Rhonaz, ainsi que les forêts du Loissel et de la Bonneville. Le mélèze, également présent dans les pessières*, forme au subalpin supérieur les mélézins* évoluant progressivement en cembraies*, ou des forêts mixtes avec le pin

cembro, les cembraies-mélézins. Le mélézin* couvre une surface de 64 ha. Il occupe les étages supérieurs du bois de la Savinaz, des forêts du Pré et de Rhonaz. La partie sommitale de cette dernière a évolué en cembraie*. Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations végétales de sous-bois : sous-bois clair et fleuri du mélézin (rhododendron ferrugineux, myrtille, calamagrostide velue), couverture quasi-continue de sous-arbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) dans la pessière* subalpine, etc. Les feuillus occupent seulement les étages les plus inférieurs de la commune. Ainsi en dessous de 1 200 m d’altitude se développent le frêne, le peuplier tremble, le bouleau, l’érable plane, etc.

Les forêts

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°3 PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Boisements de feuillus sous le hameau du Pré

Pessière aux Chavonnes

Flore

Arbre

principal de l’étage montagnard en Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Villaroger. Cet arbre tolère des conditions écologiques variées et forme des forêts fraîches ou sèches, pures ou en mélange. Son bois clair est utilisé en bois d’ouvrage (charpente, bardages, etc.). Après l’épicéa, le mélèze est l’essence la plus abondante. C’est le seul conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un

bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en ébénisterie. Le pin cembro, ou arolle, produit un bois de faible densité, facile à travailler, utilisé comme bois d’œuvre pour l’ébénisterie et en sculpture. Ses feuilles, appelée encore aiguilles, sont groupées par cinq et le distinguent des autres pins en France. Ses fruits, les pignons, constituent une ressource alimentaire importante pour des animaux tels que le cassenoix moucheté. Fréquente dans les pessières*, l’airelle rouge est un petit sous-arbrisseau. Ses fleurs en forme de cloche, rosées ou blanches,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67


Fiche-milieu n°3

PNV - Christian Balais

Passant souvent inaperçues, certaines orchidées ont adopté les boisements d’épicéas pour se développer. La listère en cœur et la goodyère rampante poussent sur les tapis de mousse. À quelques centimètres au-dessus du sol, la tige de la listère est entourée par deux feuilles en forme de cœur. Cette orchidée aux fleurs discrètes est bien présente sur la commune. Très classique dans les forêts mixtes*, la luzule blanc-de-neige est une “herbe” assez commune recouverte de longs poils blancs. Ses fleurs d’un blanc argenté sont groupées au sommet de la tige. L’oxalis petite oseille, encore nommé pain-de-coucou, est une petite plante caractéristique des forêts résineuses fraîches. Commune en Vanoise comme sur une grande partie du territoire français, elle arbore des feuilles composées de trois folioles en cœur, ainsi que des fleurs à pétales blancs veinés de rouge lilas portées par de longs pédoncules naissant de la souche. Pin cembro

PNV - Christian Balais

fleurissent de mai à juillet avant de donner des baies acides rouges consommées entre autres par le tétras-lyre. L’arbrisseau le plus répandu dans les pessières* d’ubac est la myrtille, dont les fruits comestibles sont cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries, et possèdent certaines propriétés médicinales (baies toniques et riches en provitamine A).

PNV - Christian Balais

Mélampyre des bois

Rameaux et cônes d’épicéa

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Rare et protégée en Rhône-Alpes, la pyrole intermédiaire présente des fleurs blanc rosé en forme de cloche, et disposées en grappe à l’extrémité de la tige. Comme toutes les espèces de pyrole de la flore française, cette


PNV - Frédéric Fima

plante doit s’associer à un champignon pour se nourrir. Plante annuelle formant parfois de grands tapis mono-spécifique, le mélampyre des bois est une espèce des clairières et des lisières forestières. Même si cette espèce est chlorophyllienne et capable de photosynthèse, elle ne peut pas se nourrir convenablement d’une manière autonome. Elle parasite les racines des arbres qui l’environnent pour se procurer les éléments dont elle a besoin. Elle se reconnaît aisément à ses fleurs jaunes allongées et groupées par deux à l’aisselle de bractées violettes. Le trèfle rouge ou trèfle pourpre est un grand trèfle dont les fleurs rouge pourpre se regroupent en épi allongé. Attaché aux forêts sèches, il est relativement commun en Maurienne, mais reste rare en Tarentaise.

Christine Garin

Trèfle rouge

Écureuil

La plupart des oiseaux présents dans les forêts de montagne a été observée à Villaroger, au total quelques dizaines d’espèces. Les petits passereaux sont les plus nombreux, comme la fauvette à tête noire, le roitelet huppé, le grimpereau des bois, le pinson des arbres, le rougegorge familier, les mésanges, le pouillot véloce, le bouvreuil

Les forêts abritent la plus grande partie de la faune de Villaroger. Elles constituent une zone refuge et d’hivernage pour de grandes espèces de mammifères comme le chamois,

PNV - Didier Jalabert

Faune

Cassenoix moucheté

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n°3

le cerf (lire la fiche-espèce n°9) et le chevreuil. Pour son cycle de vie, le chamois a besoin de différents milieux, depuis l’étage montagnard jusqu’aux zones d’alpages et d’éboulis. En hiver, la forêt lui offre l’abri et la nourriture (bourgeons, rameaux de conifères, lichens, etc.) indispensables à sa survie (lire la fiche-espèce n°8). Parmi les micromammifères*, le campagnol roussâtre est le plus inféodé au milieu forestier, qu’il occupe depuis la plaine jusqu’à plus de 2 000 m d’altitude. Peu craintif, il se laisse relativement bien observer. C’est un animal abondant, tout comme le mulot sylvestre, la martre et l’écureuil.


PNV - Rémy Barraud

Fiche-milieu n°3

Cône de pin cembro vidé de ses graines par le cassenoix moucheté

PNV - Christian Balais

pivoine, etc. La limite supérieure des forêts est favorable au tétras-lyre (lire la ficheespèce n°7), où il côtoie le cassenoix moucheté, particulièrement dans les secteurs de cembraie*. En Vanoise le cassenoix se trouve étroitement associé au pin cembro. Les graines de pin, dont l’oiseau est capable de faire des provisions importantes, sont pour lui la seule nourriture en hiver. Agissant ainsi, le cassenoix moucheté contribue à la dissémination du pin cembro. En effet, les graines oubliées dans certaines caches peuvent finir par germer.

Cavités de pic dans un tronc d’épicéa en forêt de Rhonaz

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Plusieurs espèces, reconnues d’importance européenne, ont besoin du milieu forestier de Villaroger. Le tétras-lyre, la gélinotte des bois, la chouette de Tengmalm, le pic noir et la chevêchette d’Europe sont les plus emblématiques. La chevêchette d’Europe est répandue dans la taïga de la zone boréale. En Europe elle est considérée comme une relique glaciaire* et ne forme que des populations isolées. Elle fréquente les massifs montagneux aux forêts froides. Elle chasse petits passereaux et micromammifères*, des proies relativement grandes pour cette espèce qui ne dépasse pas 16 cm de long. La plupart de ses sites de reproduction sont d’anciens trous de pic épeiche. Les pics jouent un rôle fondamental en forêt, en offrant des cavités de nidification à d’autres animaux cavernicoles, eux-mêmes incapables d’en forer. Avec leur bec puissant et aiguisé comme des ciseaux à bois, ils frappent vigoureusement sur le tronc des arbres malades à la fois pour se nourrir et pour se créer une loge. Les pics épeiche, vert et noir sont tous nicheurs à Villaroger. Le pic noir est le plus grand. Il se nourrit de fourmis et de coléoptères qu’il capture aussi bien au sol que sur les arbres. Pour se reproduire, il recherche des arbres gros et âgés, qu’il trouve plus particulièrement dans les futaies irrégulières. Ses loges de nidification sont réutilisées par la chouette de Tengmalm et la martre. L’autour des palombes et l’épervier d’Europe sont deux rapaces nicheurs dans les forêts de Villaroger, se nourrissant d’autres oiseaux : pigeons, grives, geais, etc, pour le premier, fauvettes, mésanges, pouillots, pinsons, etc, pour le deuxième. Si ces oiseaux sont très proches par le dessin de leur plumage et la forme de leur silhouette, ils diffèrent nettement par leur taille. La taille de l’autour est proche de celle de la buse, tandis que l’épervier est environ une fois et demie à deux fois plus petit.


Autour des palombes

PNV - Joël Blanchemain

De couleur fauve vif marquée de noir, le grand collier argenté est un papillon inféodé aux lisières et clairières ensoleillées. Dans celles-ci se trouvent des violettes sauvages, plantes hôtes dont se nourrit sa chenille. Il doit son nom à la présence, sur le revers de ses ailes postérieures, de petites taches nacrées disposées en arc de cercle.

Grand collier argenté

Usages, intérêts économiques et représentations La majorité de la surface boisée est propriété de la commune et gérée par l’Office national des forêts. Sur 550 ha de cette forêt communale, seuls 418 ha sont soumis à un plan d’amé-

PNV - Christian Balais

Équilibre entre l’homme et son milieu

Débardage avec un tracteur forestier, dans la forêt de Rhonaz près de la Mia

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71

Fiche-milieu n°3

PNV - Maurice Mollard

nagement. Une partie de cette surface soumise (12 %) est non boisée (route, couloir d’avalanche, boisement en cours, etc.). La surface communale restante requiert des conditions d’exploitation trop difficiles. La forêt communale soumise est morcelée en unités parfois très petites et très découpées. Avec 53 ha, la forêt de Rhonaz, au nord de la commune, est la plus vaste de ces unités. Depuis le début du XXe siècle cette forêt est gérée en futaie jardinée* ; l’épicéa et le mélèze y sont privilégiés. La production moyenne annuelle est estimée d’une manière optimale à 800 m3 par an. Les arbres sont généralement vendus à un bon prix aux scieurs de la Tarentaise qui les transforment en bois de charpente et de menuiserie. L’épicéa est l’essence dominante. Le sapin et le mélèze restent secondaires. Pour le bois de feu, des lots d’affouage sont périodiquement attribués aux habitants de Villaroger. Les lots sont constitués de chablis et d’arbres spécifiquement abattus. Ils représentent 200 m3 de bois par an, et sont distribués à une soixantaine de personnes. Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à une protection générale contre l’érosion du sol, le ravinement et les départs d’avalanches. À Villaroger ce rôle de protection concerne surtout les départs d’avalanche. Le bois de la Savinaz, la forêt du Pré et le Devin


En hiver certaines de ces forêts sont fréquentées par les skieurs (pistes de ski dans la forêt de Rhonaz et dans la forêt du Pré). Les surfaces de forêts privées sont faibles à Villaroger. En 2004 elles ne représentent que 34 ha pour 157 propriétaires. Pratiquement aucune gestion n’est menée dans ces forêts. Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre.

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°3

du Planay, situés en amont des villages sont parmi les boisements qui remplissent cette fonction d’une manière prioritaire. Ces forêts de protection sont parfois renforcées par des aménagements de type paravalanches, installés dans les étages supérieurs de la forêt. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à la randonnée. À Villaroger les forêts sont également parcourues par les chasseurs et les cueilleurs de myrtilles et de champignons, dont le prélèvement est interdit dans les espaces protégés. Plusieurs sentiers ont été balisés.

PNV - Christian Balais

Bois de la Savinaz protégeant le hameau du même nom

Débroussaillage près de la piste du Planay-Solliet

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°3 PNV - Christian Balais

Paravalanche des Chavonnes

PNV - Christian Balais

L’existence, à l’échelle d’un versant, d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée*, très gros bois, vieux arbres), est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition,

Arbre mort

etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que la pyrole intermédiaire. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci. Sur Villaroger, les zones supérieures des forêts fonctionnent avec les aulnaies vertes et les landes situées directement au-dessus d’elles. Ces trois milieux complémentaires sont indispensables pour répondre à toutes les exigences du tétras-lyre. La forêt apporte les arbres dont l’oiseau a besoin pour se percher et se nourrir en plein hiver, quand la couverture neigeuse empêche tout accès au sol. Certains secteurs forestiers sont aussi indispensables pour le repos hivernal du chamois, du cerf et du chevreuil. Sur Villaroger, ce milieu a été adopté par l’aigle royal. Deux sites de nidification sont suivis par le Parc national de la Vanoise, dans la forêt de Rhonaz et sur l’Art. Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune, en particulier en automne lorsque la ramure des mélèzes prend une teinte dorée et contraste alors avec celle, constamment verte, des autres conifères.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73


Fiche-milieu n°3

Elles jouent aussi un rôle de protection contre les avalanches, les chutes de pierres et de blocs et l’érosion du sol. Elles constituent un facteur de régulation des écarts climatiques et diminuent les risques de crues torrentielles.

PNV - Christian Balais

Évolution et transformation du milieu Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. Le mélèze, en revanche, est une espèce pionnière qui craint la concurrence des autres conifères. Ses peuplements ne sont pas stables et évoluent peu à peu vers d’autres

types de forêts (notamment vers des cembraies*, à l’étage subalpin). Outre la destruction de boisement pour l’aménagement de pistes de ski et de remontées mécaniques, le tourisme d’hiver affecte également la forêt du fait de la pratique du ski hors piste, qui a lui même un impact sur la régénération naturelle, les skis sectionnant le sommet des jeunes pousses. À Villaroger la pratique du ski hors-piste a essentiellement lieu en dehors du milieu forestier et affecte peu la régénération naturelle des forêts. Le domaine de ski hors-piste de Villaroger se situe dans la Réserve naturelle des Hauts de

PNV - Christian Balais

Piste de ski en direction du Plan des Violettes

Pins cembro et mélèzes au Plan des Violettes

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Propositions de gestion La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Une exploitation forestière permettant l’existence d’un nombre suffisant de vieux

PNV - Christian Balais

Le morcellement progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de

ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de nombreuses espèces. La création de toute nouvelle piste forestière augmente inévitablement la fréquentation humaine et motorisée, qui peut devenir difficilement contrôlable par la suite (VTT, quads, 4 x 4). Une trop forte pression de dérangement à une période sensible de leur cycle de vie peut entraîner une régression, voire la disparition, de certaines populations animales de tout un secteur. En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.

Télésiège du Plan des Violettes dans la forêt de Rhonaz

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75

Fiche-milieu n°3

Villaroger et possède une notoriété nationale voire internationale. Cette activité s’effectue dans le cadre de la réglementation de la réserve naturelle. Deux itinéraires sont légalement autorisés depuis 1994 : celui du Grand Col, avec la variante vers le refuge du Turia, et celui des Lanchettes. En traversant les zones d’hivernage du tétras-lyre et de la gélinotte des bois, le ski hors-piste constitue une menace pour ces espèces. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger permanent pour ces oiseaux. Le télésiège du Plan des Violettes et la ligne électrique qui lui est parallèle représentent un risque de collision pour les oiseaux en vol.


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°3

Piste de ski dans la forêt de Rhonaz

arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage important de bois morts à différents stades de décomposition, est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. La diminution du nombre d’affouagistes se traduit par de plus en plus de bois mort laissé sur place. Les zones forestières qui ne sont pas exploitées sont aussi favorables au bois mort. Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la

Carte d’habilitation pour la pratique du ski hors-piste dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les skieurs hors-piste à la fragilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Cela exige un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés. Un arrêté préfectoral de décembre 1994 a réglementé la pratique du ski hors-piste dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger. Cet arrêté a conduit à la délimitation de zones autorisées, et à l’attribution d’une carte d’habilitation obligatoire et individuelle aux personnes non accompagnées par un professionnel du ski. La délivrance des cartes d’habilitation se fait au cours de séances de sensibilisation encadrées par l’Office national des forêts. Dix à vingt personnes assistent à chacune de ces séances au cours desquelles un film sur le tétras-lyre et un diaporama sur la réserve naturelle sont diffusés. Puis, chaque personne reçoit un plan des zones de ski hors-piste. Depuis la saison 1998-1999 une centaine de personnes est sensibilisée chaque année. Si la


Fiche-milieu n°3 PNV - Christian Balais

Ligne EDF du Plan des Violettes dans la forêt de Rhonaz

surveillance de la pratique du ski hors-piste reste délicate à mettre en œuvre, l’organisation de ces séances d’habilitation, la distribution de documents d’information, et la présence d’agents de surveillance sur le terrain permettent de contenir cette pratique. Depuis 1991 la forêt de Rhonaz est classée en forêt de protection. Tout comme la réserve naturelle, ce classement est une mesure compensatoire à la réalisation en 1982 d’équipements sur le versant ouest de l’aiguille Rouge (commune de Bourg-SaintMaurice). La flore est protégée, le défri-

chement, ainsi que l’aménagement de nouvelles pistes sont interdits. Aucun dispositif de signalisation de câble dangereux pour l’avifaune n’a été mis en place à ce jour. Sous réserve que des solutions techniques soient trouvées, il serait utile d’installer des systèmes de visualisation sur le câble de sécurité (multipaire) du tronçon terminal du télésiège du Plan des Violettes, sur la ligne électrique du Plan des Violettes à Arc 2000, ainsi que sur les catex implantés dans cette zone.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°4

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie

Aulnaies primaires dans les couloirs avalancheux du Chapuis et du Villaron

brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense, difficilement pénétrable, et capable de former de grandes entités homogènes. On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop fortes contraintes mécaniques. Ces aulnaies sont bien représentées dans les couloirs d’avalanche situés entre le Plan de

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christian Balais

L’aulnaie verte peut se définir comme une

Mégaphorbiaie sur le sentier du refuge de la Martin. En arrière plan, aulnaie verte.


Fiche-milieu n°4 Les aulnaies vertes et les mégaphorbiaies

l’Aiguille et Plan Bois. Elles sont également présentes dans les zones de barres rocheuses qui dominent la Savinaz et la Gurraz, entre le Bois dessus et Cousset. - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. Ces aulnaies sont dominantes à Villaroger. Elles sont présentes aux environs du refuge de la Martin, dans un vaste secteur compris entre les Trousses et le Bois du Cinglo.

liaire, le lis martagon, le streptope à feuilles embrassantes, le géranium des bois, etc. Ces plantes herbacées ont la particularité de se développer très rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies* ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents.

Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies* avec lesquelles elles s’interpénètrent. Ces mégaphorbiaies* sont formées d’un tapis herbacé luxuriant, composé de plantes de grande taille telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’al-

La mégaphorbiaie atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mijournée n’interrompt pas la photosynthèse. Le sentier qui mène au refuge de la Martin,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79


Fiche-milieu n°4

traversant le Bois dessus, permet de croiser de belles mégaphorbiaies*. Le vallon du ruisseau des Fresses, en aval des rochers du même nom, est aussi couvert par ce type de végétation. Elle se rencontre depuis l’étage montagnard supérieur jusqu’au subalpin.

Flore PNV - Christian Balais

Pigamon à feuilles d’ancolie

Ressemblant à la très commune fougère femelle, l’athyrium alpestre peut mesurer jusqu’à 80 cm de long. La tige, ou rachis, de la fougère femelle est jaune, alors qu’elle est verte chez l’athyrium alpestre. La plupart des plantes à fleurs peuvent atteindre une hauteur moyenne d’au moins un mètre. Il s’agit de la laitue des Alpes, très commune en Tarentaise, de l’adénostyle à feuilles d’alliaire, de l’achillée à grandes feuilles, ou encore du pigamon à feuilles d’ancolie. Les pigamons portent des fleurs particulières. Perdant rapidement leurs deux enveloppes que sont le calice et la corolle, elles forment alors un bouquet fragile de longues étamines. Le pigamon à feuilles d’ancolie fleurit entre mai et juillet. Poussant

PNV - Christian Balais

PNV - Maurice Mollard

L’aulne vert, encore appelé arcosse, possède des branches très souples inclinées vers l’aval. Solidement ancré au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent sans dommage jusqu’au sol sous le poids de la neige et supportent le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Tout comme les légumineuses, l’aulne est l’une des rares plantes capable de fixer et de transformer l’azote atmosphérique pour ses propres besoins. L’aulne vert se trouve parfois en mélange avec le sorbier des oiseleurs. Atteignant 10 à 20 m de hauteur, cet arbre se couvre de petits fruits rouges dont se nourrrissent de nombreux oiseaux. Persistants en hiver, ces fruits deviennent une véritable aubaine pour la survie des oiseaux sédentaires. Dans les espaces restreints laissés par l’aulne vert, la strate herbacée compte de nombreuses plantes luxuriantes à l’abri d’un éclairement solaire trop intense.

Le sorbier des oiseleurs

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Lis martagon


Fiche-milieu n°4 PNV - Christian Balais

Mégaphorbiaie au lieu-dit la Derde

massif des Alpes. Les nombreuses fleurs roses de la rhapontique des Alpes sont groupées au sein d’un capitule unique atteignant un diamètre moyen de 7 cm. À Villaroger, la cortuse de Matthiole se développe également sur les rochers suintants des cascades. Rares en Vanoise et ne comptant que quelques stations sur Villaroger, le streptope à feuilles embrassantes (lire la fiche-espèce n°5) et l’ail victorial sont aussi deux espèces remarquables. Cet ail se distingue par ses fleurs blanc jaunâtre regroupées en ombelle globuleuse.

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

également dans les prairies fraîches, le lis martagon, est encore appelé racine d’or en raison de la couleur jaune doré de son bulbe. Ses grandes fleurs “veloutées”, rose violacé, ponctuées de pourpre et recourbées en turban dégagent une forte odeur. Les mégaphorbiaies* de Villaroger se composent de plusieurs espèces à forte valeur patrimoniale. Deux d’entre elles bénéficient d’une protection nationale : la cortuse de Matthiole, une primulacée aux fleurs violettes (lire la fiche-espèce n°1), et la rhapontique des Alpes, une composée grande et robuste se développant uniquement dans le

Ail victorial

Streptope à feuilles embrassantes

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81


Fiche-milieu n°4

Faune

PNV - Sébastien Brégeon

pénétrable, l’aulnaie verte constitue une remise de choix pour les grands mammifères qui viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement humain. La plupart des oiseaux rencontrés dans l’aulnaie verte fréquente le sous-bois forestier. Parmi ceux-ci, l’accenteur mouchet est l’espèce dominante. Très répandu dans les montagnes savoyardes à la faveur de forêts fraîches à sous-bois dense, il se caractérise par un plumage brun roussâtre strié de brun noir sur le dos et les ailes, la tête, le cou et la poitrine étant gris bleuté. On rencontre aussi typiquement le troglodyte mignon et le pouillot véloce.

Tarin des aulnes

Attirée par les formations végétales fraîches et fournies, la fauvette des jardins occupe une grande diversité de milieux. L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie* font partie des milieux qu’elle utilise au cours de sa période de reproduction. Beaucoup moins commune, la fauvette babillarde occupe toute végétation arbustive caractérisée par une certaine fraîcheur. En Vanoise elle se tient essentiellement entre 1 700 et 2 000 m d’altitude. Demeurant cachés dans la végétation et affichant des couleurs ternes, ces deux oiseaux se repèrent surtout à leur

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

Difficilement

Tétras-lyre

chant très caractéristique. De la même famille que les fauvettes, la rousserolle verderolle affectionne les prairies à hautes herbes et les aulnaies à mégaphorbiaie*. Cette espèce mentionne sa présence par son chant enrichi de multiples imitations (étourneau, moineau, merle noir, linotte mélodieuse, etc.). Le mâle se perche parfois au sommet d’une herbe haute pour chanter (lire la fiche-espèce n°11). Insectivores et migratrices, ces trois espèces sont présentes en Vanoise entre avril-mai et septembreoctobre. Le tarin des aulnes est un oiseau strictement arboricole lié aux bois de conifères entrecoupés de formations de feuillus en situation fraîche. Il n’est donc pas rare de le rencontrer dans l’aulnaie verte, surtout lorsque celle-ci est bien boisée. Abondant en hiver dans les boisements humides des plaines de la Savoie, le tarin se fait plus rare en période de reproduction. En dehors de ces petits passereaux, le couvert dense de massifs d’aulne vert fournit un abri irremplaçable au tétras-lyre, pour le mâle en mue, comme pour les jeunes qui ne savent pas encore bien voler. Papillon peu abondant en France et toujours très localisé, le damier rouge ou damier du chèvrefeuille, fréquente entre autres les aulnaies vertes peu denses, jusqu’à 2 000 m d’altitude. Cette espèce rare et remarquable n’est connue que dans quinze localités en Savoie. La face supérieure de ses ailes est marquée par des bandes brun rouge et fauve


Michel Savourey

Damier rouge

pâle, séparées par des taches noires. La femelle dépose ses œufs par paquets au revers des feuilles de chèvrefeuille bleu.

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait alors du bois de chauffage. Il permettait notamment de chauffer les chaudrons de lait pour la fabrication du sérac, et servait également à chauffer les habitations.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). Les aulnaies localisées audessus du Planay sont fréquentées par différents ongulés. Lorsqu’elles sont entrecoupées d’espaces herbacés, elles sont pour le tétras-lyre un milieu favorable pour conduire sa nichée. La présence d’insectes, dont les jeunes se nourrissent, est en effet dépendante d’une flore herbacée de qualité. Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne. La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines, comme la laitue des Alpes ou la rhapontique des Alpes.

Lande à rhododendron colonisée par les aulnes verts

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n°4

Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux. L’aulnaie verte n’a plus guère d’intérêt économique aujourd’hui.


Propositions de gestion Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. En revanche, dans un objectif de préservation des surfaces fourragères de la commune (et parallèlement des richesses faunistiques et floristiques de l’aulnaie verte), il peut être souhaitable de contrôler l’extension des aulnaies secondaires*, voire de réduire leur emprise actuelle. L’ouverture et la diminution de l’aulnaie verte font partie des objectifs de gestion de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger. Ils visent à optimiser les conditions de reproduction du tétras-lyre et à maintenir le pastoralisme. Le pâturage par les chèvres sur l’alpage situé en dessous du refuge de la Martin contribue également à contenir l’extension des aulnes verts. La réhabilitation de surfaces herbacées par débroussaillement ne doit être envisagée que si un mode de gestion à moyen et long termes, viable économiquement, est mis en

PNV - Christian Neumüller

Fiche-milieu n°4

Évolution et transformation du milieu Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui restera à l’état de boisement d’aulne vert, quelles que soient les modifications physiques pouvant apparaître (dégâts d’avalanche, etc.) En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger, depuis les années 1950, l’aulne vert s’est ainsi étendu sur six hectares, empiétant essentiellement sur les landes et les prairies. En 2002, cette végétation représentait un peu plus de 7 % de la surface de la réserve. Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces pastorales d’intérêt fourrager et biologique supérieur. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira par un appauvrissement de la biodiversité. Cette fermeture* peut aussi occasionner une diminution de la qualité des conditions de reproduction du tétras-lyre.

Débroussaillement de l’aulnaie verte au lieu-dit les Casettes (juillet 2006)

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°4 PNV - Christian Neumüller

Brebis pâturant sur un secteur d’aulnaie verte débroussaillé au lieu-dit les Casettes (juillet 2006).

place par la suite (pâturage ou fauche). Entre 1997 et 2001, environ 6 ha d’aulnaie verte ont ainsi été débroussaillés entre l’Art et Plan Bois, également dans le secteur de Teussette. Cette action fut parallèlement accompagnée par une activité pastorale menée par deux agriculteurs propriétaires de chèvres et de moutons. Une meilleure exploitation des alpages, éventuellement avec un soutien financier de type agri-environnemental, est une des solutions possibles. Lancée à l’initiative du Parc national de la Vanoise et de la Chambre d’agriculture, une

action favorisant l’ouverture des milieux (lutte contre l’embroussaillement et la colonisation par l’aulne vert) est conduite depuis 2002 grâce au recrutement d’un ouvrier. Celui-ci est employé durant l’été par le groupement d’employeurs “ Pastoralisme et gestion des espaces naturels”. Ce poste est cofinancé par le Parc national de la Vanoise, l’Office national des forêts, gestionnaire de la réserve naturelle, la Société des montagnes de l’Arc (remontées mécaniques) et deux alpagistes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

Les landes et les landines d’altitude

PNV - Christian Balais

Landes à rhododendron au lieu-dit les Lances

Landes à genévrier commun au Carroley

Ce sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses.

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains et les landes fraîches ou landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.). Ces formations peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur.


Fiche-milieu n°5 Les landes et les landines d’altitude

Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou

sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intra-forestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.).

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres. Le territoire de Villaroger comporte une majorité de landes à éricacées localisées entre 1 700 m et 2 500 m d’altitude. Dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger, ces landes occupaient une surface de plus de 150 ha en 2002, soit un peu plus de 14 % de la réserve.

Landine à azalée naine, à mousse et à myrtille au Carroley

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87


La lande à genévrier nain se limite aux secteurs arides et ensoleillés jusqu’à 2 5002 700 m d’altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Ces landes ne forment pas de grands ensembles sur Villaroger. On les trouve notamment sur le secteur du Carroley.

Philippe Freydier

Dans les secteurs les plus élevés apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. Des landines à azalée naine sont présentes aux environs de 2 300 m et 2 400 m d’altitude, dans un secteur au sud-est du refuge

Airelle rouge

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

La lande à rhododendron ferrugineux a son optimum dans des stations fraîches et humides. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux. Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. De telles formations occupent un secteur entre Cousset et le rocher des Fresses, où le rhododendron se trouve en mélange avec des genévriers nains. Des landes à rhododendron sont également bien représentées entre 1 800 et 2 200 m d’altitude.

Rhododendron ferrugineux

de Turia, au lieu-dit les Lances. Ces mêmes formations se développent sous le Signal de l’aiguille Rouge, dans la combe des Lanchettes.

Flore

Les

espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. Celles de l’airelle rouge sont vert foncé, luisantes dessus, mates et ponctuées de glandes brunes dessous. La face inférieure des feuilles du rhododendron ferrugineux semble tachée de rouille. Elle est en fait tapissée de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. La floraison rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donne aux landes, dès juin, un attrait particulier. Souvent associée à l’airelle à petites feuilles, la camarine hermaphrodite, est un sous-arbrisseau buissonnant couché qui affectionne les stations où la neige reste longtemps. Ses feuilles persistantes et coriaces, sont en forme d’aiguilles ne dépassant pas 5 mm de longueur. Elle produit de nombreuses baies noires. Adaptée aux conditions climatiques extrêmes, l’azalée naine forme des tapis plaqués au sol ne dépassant guère 5 cm de hauteur. De nombreux lichens l’accompagnent. Assez indifférent à la nature du substrat, le genévrier


Fiche-milieu n°5 PNV - Christian Balais

PNV - Jacques Perrier

Azalée naine

forêt résineuse et l’aulnaie verte (lire la ficheespèce n°3). Plusieurs petites plantes à fleurs tapissent le sol des landes. La petite pyrole érige une tige florifère portant de délicates fleurs blanc rosé en grappe. Egalement présente dans les prairies rocailleuses, l’épervière orangée est une espèce peu commune en Vanoise, où elle est surtout repérée en Tarentaise. Ses fleurs sont orange vif, et de nombreux poils recouvrent ses feuilles et ses tiges.

CPNS - Jeannette Chavoutier

nain est une plante pionnière qui recherche les situations ensoleillées faiblement enneigées pour s’installer. Cet arbrisseau très touffu est une espèce arctico-alpine* assez commune à l’étage subalpin des principales montagnes françaises. Plusieurs espèces de lycopodes se développent dans les landes peu denses. Le lycopode des Alpes, typique des landes d’altitude, présente des feuilles imbriquées sur quatre rangs et plus ou moins appliquées aux tiges. Ce petit lycopode pousse sur les zones de sol écorché entre les pieds de rhododendron et de myrtille. Cette plante arcticoalpine*, en voie de raréfaction dans toute la France, est une espèce protégée. Un peu plus grand et garni de feuilles étalées, le lycopode à rameaux d’un an se développe aussi dans la

Petite pyrole

Épervière orangée

Faune

Virginie Bourgoin

Le principal intérêt de ces milieux pour la

Genévrier nain

faune est d’ordre alimentaire. Parcourant une grande diversité de milieux, le renard roux, diversifie son alimentation en automne avec les baies qu’il trouve dans les landes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


PNV - Christian Balais

PNV - Ludovic Imberdis

Fiche-milieu n°5

Merle à plastron

Cette nourriture, parfois dominante, se retrouve dans la couleur noire à violacée des excréments rejetés par l’animal. Le lièvre variable vient également s’y nourrir, principalement l’hiver. Il mange alors les parties ligneuses des éricacées comme les myrtilles. À l’automne des bandes de grive draine et de grive litorne se rapprochent des landes, attirées par les fruits des éricacées (rhododendron, camarine, airelles). Des vols de l’ordre de 120 individus de grives litornes peuvent être observés à Villaroger au mois de novembre. Habituellement, cette grive se reproduit dans les boisements humides de conifères. La grive draine occupe les formations boisées aérées, comme les lisières de forêts ou les clairières. Elle a besoin de grands arbres pour chanter et nicher, et se nourrit d’invertébrés et de végétaux (baies, etc.) dans les prés et autres zones dégagées. À Villaroger, la végétation arbustive d’altitude accueille aussi le merle à plastron. Le mâle arbore un croissant blanc bien visible sur la poitrine, ce qui le distingue aisément du merle noir. C’est un oiseau migrateur bien répandu en versant frais. Les landes arborées peuvent convenir au pipit des arbres. Pour cet oiseau, l’arbre est surtout un poste de chant. Le pipit des arbres est avant tout un oiseau des prairies et des landes. Il niche et se nourrit dans la prairie, tant que les éricacées laissent une place aux

herbacées. Plus habitué des pelouses alpines et des éboulis, le lagopède alpin trouve néanmoins dans ces milieux, à la fois un refuge et un site propice à sa reproduction. Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat* naturel se limite à la zone de transition entre l’étage supérieur de la forêt et les pelouses vers 1 900 à 2 200 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement (lire la fiche-espèce n°7). Le lézard vivipare et la vipère aspic sont des reptiles réguliers des landes, sans y être abondants. Cette dernière y trouve la diversité et la multiplicité des refuges dont elle a besoin pour s’abriter et pour chasser les petits rongeurs qui constituent la base de son alimentation. À haute altitude, cette espèce

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Renard roux

Lézard vivipare


PNV - Christian Balais

Équilibre entre l’homme et son milieu

Vipère aspic aux Fresses

Intérêts biologique et patrimonial du milieu On peut rencontrer dans les landes quelques espèces végétales protégées, telles que le lycopode des Alpes dont c’est l’unique habitat*. Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages de Villaroger. Au

PNV - Christian Balais

peut présenter une coloration plus foncée, jusqu’à développer des écailles complètement noires. Animal à sang froid, la vipère craint le froid. Ces écailles noires fonctionnent alors comme de véritables petits capteurs solaires. À la recherche d’une certaine humidité, le lézard vivipare est répandu dans les zones d’ubac de Tarentaise, où il occupe les milieux frais comme les prairies denses et grasses, les éboulis frais, les landines à éricacées. La viviparité est l’une des adaptations aux conditions de son milieu de vie. En effet, contrairement à la plupart des reptiles, les oeufs éclosent à l’intérieur du ventre de la femelle et les jeunes naissent entièrement formés. Le solitaire est un papillon qui fréquente les landes pour sa reproduction. En effet, les œufs de cette espèce sont pondus sur les

Usages, intérêts économiques et représentations D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. En revanche, ces landes sont occasionnellement parcourues par les troupeaux ovins de passage. Des chèvres pâturent également ce milieu d’une manière extensive. Autrefois, les landes et les forêts d’altitude ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage.

Landes à rhododendron au Plan de l’Aiguille

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91

Fiche-milieu n°5

feuilles de l’airelle des marais, la plante hôte des chenilles (lire la fiche-espèce n°10).


ce galliforme qui a aussi besoin de places de chant dégagées, d’arbres, etc., pour accomplir son cycle de vie. Lorsqu’elles sont entrecoupées de milieux herbacés, les landes sont prisées par les mâles qui trouvent les places de chant nécessaires à leur parade. Les landes hautes à éricacées (myrtilles, airelles, rhododendrons) sont recherchées par les femelles et leurs jeunes où ils se nourrissent à l’abri du regard des prédateurs. Ce milieu est aussi utilisé pour l’élevage des nichées. Les secteurs du Plan des Violettes et de Cousset, ainsi que toutes les landes comprises entre le Plan Céleso et l’Art,

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilliers rougissent à l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Elles protègent le sol de l’érosion et elles assurent la stabilité du manteau neigeux. Elles jouent un rôle de refuge pour la faune sauvage et constituent un garde-manger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Les landes à rhododendrons représentent un des habitats* privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la seule présence de cet habitat* ne suffit pas à

PNV - Christian Balais

Évolution de la lande en boisement après arrêt du pâturage. Plan de la Branche

Gare d’arrivée du télésiège du Plan des Violettes

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°5 PNV - Christian Balais

Réserve naturelle des Hauts de Villaroger, sur le versant est de l’aiguille Rouge : traces de ski hors piste

sont considérés comme les zones les plus riches de la Tarentaise pour le tétras-lyre. Les agents du Parc national de la Vanoise organisent tous les deux ans un comptage sur une zone de référence englobant une partie du territoire de Villaroger, ainsi que quelques secteurs de la commune de Bourg-SaintMaurice. En 2006 ce comptage a révélé 58 coqs chanteurs, dont 44 sur Villaroger. La présence dans ces landes d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation. Évolution et transformation du milieu Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Sur la commune, les superficies occupées par

les landes sont en extension du fait de la déprise agricole. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d’extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique (par réduction de la diversité des écosystèmes originels). En 2005, trois hectares de lande à rhododendron ont été détruits sur le plateau de la Vacherie, dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger, pour augmenter les capacités pastorales de l’alpage. Les gares d’arrivées des remontées mécaniques sont bien souvent créées sur les places de chant du tétras-lyre, impact venant s’ajouter à celui de câbles qui traversent leurs domaines vitaux, comme par exemple la gare d’arrivée du télésiège du Plan des Violettes.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93


Fiche-milieu n°5

De nombreux secteurs de landes compris entre Plan Céléso et l’Art sont utilisés pour le repos hivernal des oiseaux. En traversant les zones d’hivernage du tétras-lyre, le ski horspiste constitue un dérangement pour l’oiseau. Si cet usage s’avère trop fréquent, il peut devenir une véritable menace pour le maintien de l’espèce.

PNV - Christian Neumüller

Propositions de gestion Le passage des troupeaux à travers les landes, s’il est modéré et tardif, peut favoriser le renouvellement de microhabitats favorables au maintien de certaines espèces : orchidées, lycopodes, reptiles. Un retour du pâturage peut être envisagé, voire encouragé, dans le cas des landes secondaires* en extension.

Dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger, ce pâturage est effectué par des chèvres et des moutons, dont l’action diffère sur la végétation. Les ligneux sont beaucoup plus appétants pour les chèvres que pour les moutons. Des chèvres en pâturage extensif limitent le développement des ligneux qu’elles abroutissent*. En diminuant la masse des ligneux et en laissant des plages de plantes herbacées, elles favorisent une certaine diversité du milieu. Le mouton agit différement, il ne mange que de petits rejets de ligneux et préfère de loin la nourriture herbacée. À Villaroger, une gestion pastorale conservant des landes au sein des alpages (mosaïque de milieux) vise au maintien du tétras-lyre.

Brebis pâturant les landes au-dessus de Plan Bois

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Les pelouses d’altitude et les combes à neige

PNV - Christian Balais

Pelouses en fleurs aux abords du refuge de la Martin

Pelouses et combes à neige aux abords du refuge de Turia

Les pelouses d’altitude Les pelouses correspondent à des formations herbacées dont la hauteur dépasse rarement 30 cm. On distingue les pelouses sèches d’adret des pelouses d’altitude. Les pelouses d’altitude couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à

l’étage alpin (à partir de 1 900 m sur la commune de Villaroger) et sont exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages. La diversité des pelouses est due à l’action combinée de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sousjacente et du substrat, le régime d’ennei-

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n°6

Sommaire


Fiche-milieu n°6

Les pelouses d’altitude et les combes à neige.

gement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. Ce milieu se définit donc plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches d’ubac, pelouses acides / calcaires, pelouses maigres / grasses, etc. À Villaroger, ces formations sont surtout des pelouses fraîches d’ubac de nature acide. En plusieurs secteurs se développent également des pelouses maigres et rases. La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que l’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation.

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les combes à neige Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions, sur les replats ou dans les pentes faibles de haute altitude, longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur certaines de ces pelouses sont associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation, comme la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles et la laîche fétide. Ce type de pelouse existe à l’ouest du refuge de Turia, ou encore sur le plateau au-dessus de la Martin.


Fiche-milieu n°6

Sur d’autres pelouses, ce sont des saules rampants qui dominent. De telles formations sont visibles dans la combe des Lanchettes.

PNV - Christian Balais

Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.

Flore

Gagée fistuleuse

Les pelouses d’altitude Le nard raide constitue souvent la graminée dominante des pelouses acides fraîches. Les feuilles riches en silice du nard raide forment des touffes compactes raides et piquantes. En-dehors des jeunes pousses pâturées par les ovins, cette plante est souvent délaissée par les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont correctement exploités, les alpages à nard peuvent présenter une diversité floristique remarquable. Le pâturin des Alpes, graminée alpine commune, se rencontre souvent dans les pelouses grasses d’altitude. Il borde aussi les chemins et sentiers où il résiste au piétinement, ou se trouve encore sur les reposoirs à bétails. Fréquente dans les alpages la crépide dorée, ou crépide orangée, est un “pissenlit” aux fleurs orangées et aux feuilles faiblement dentées. Elle peut côtoyer les orchis vanille, de petites orchidées caractérisées par une forte odeur de vanille et par la couleur pourpre noirâtre de leurs fleurs (lire la fiche-

PNV - Félix Grosset

PNV - Christian Balais

espèce n°6). Le trèfle des Alpes, est un trèfle commun à fleurs roses, portées par un long pédoncule. Il est surnommé réglisse des montagnes, en raison de l’odeur de sa tige souterraine. Ce trèfle se tient sur les sols siliceux tout comme la gagée fistuleuse. Les gagées sont des plantes de la famille des liliacées aux fleurs jaunes en forme d’étoile. Fleurissant d’avril à juillet, la gagée fistuleuse peut aussi être présente aux abords des chalets. Principalement sur les pelouses calcaires l’orchis globuleux reste une orchidée peu commune. Elle se reconnaît facilement à sa grande taille, et au regroupement de ses fleurs rose pâle en une inflorescence dense de forme hémisphérique. La fleur de la pédiculaire du mont Cenis, forme un casque pourpre foncé. Sa tige et ses feuilles sont très velues. C’est une plante des pelouses rocailleuses, observée à Villaroger jusqu’à environ 2 300 m d’altitude. L’origine

Trèfle des Alpes

Alchémille à cinq folioles

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97


Fiche-milieu n°6

che lunaire est une petite plante affiliée aux fougères très fréquente sur ces pelouses ; il est constitué d’une tige supportant deux feuilles très distinctes l’une de l’autre, une feuille fertile produisant des spores jaunes et une feuille stérile, chlorophyllienne.

PNV - Jacqques Perrier

Les combes à neige Le saule herbacé, fréquent et abondant dans les combes à neige acides, est une plante ligneuse naine ne dépassant guère 5 cm de haut. À côté de ces arbres nains, plusieurs plantes herbacées ont adopté les combes à neige. La soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu. Fleurissant plus tardivement et préférant les sols acides, l’alchémille à cinq folioles est aussi une espèce très répandue. Le gnaphale couché, est une plante très velue. Elle se distingue par son épi penché portant trois à huit capitules. La sabline à deux fleurs développe de longues tiges rampantes ; elle porte des fleurs blanches solitaires ou groupées par deux, et ses feuilles, presque rondes, ont une seule nervure.

Saule herbacé

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

de son nom en latin, pediculus, signifie pou. Appellée aussi herbes aux poux, les pédiculaires ont été utilisées pour lutter contre ces insectes. Les pelouses rocailleuses sont aussi favorables à la présence de l’anémone du mont Baldo, et de l’achillée musquée. Cette dernière est une plante très aromatique autrefois utlisée, comme d’autres achillées, pour lutter contre les refroidissements ou les digestions difficiles. En Vanoise, cette espèce n’est présente qu’en Haute-Tarentaise et Beaufortain. Le botry-

Sabline à deux fleurs

Faune PNV - Christian Balais

Les mammifères et les oiseaux sont, parmi la

Soldanelle des Alpes

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie

faune vertébrée des pelouses d’altitude, les deux classes les mieux représentées. Les pelouses font partie des habitats* de prédi-


PNV - Félix Grosset

lection du chamois, du bouquetin des Alpes et de la marmotte, pour la ressource alimentaire qu’elles leur procurent. Plus gros rongeur de Vanoise, la marmotte est le mammifère le plus inféodé à ces milieux qu’elle fréquente toute l’année. Pour s’abriter elle recherche un sol suffisament meuble pour creuser des galeries, et installer ses terriers qu’elle occupe durant la belle saison et dans lesquels elle hiberne d’octobre à mars. Pour son alimentation la marmotte recherche les pelouses parées d’une grande diversité végétale. Bien que n’hivernant pas sur Villaroger, qui présente un ubac parcouru d’avalanches offrant peu de ressources alimentaires, le bouquetin des Alpes s’y installe dès le printemps (à la Martin, sur les Lances et l’aiguille Rouge). Cette colonisation estivale relativement récente, se confirme un peu plus chaque année. Dès les premières neiges, les animaux migrent sur Peisey-Nancroix, où ils trouvent des conditions d’hivernage plus favorables. La perdrix bartavelle fréquente les barres rocheuses entrecoupées de pelouses sèches et les pâtures extensives ensoleillées et pentues où elle trouve les graminées dont elle se nourrit. Cette espèce, remarquable et sensible, affectionne les lieux dont le relief est accidenté lui permettant ainsi de limiter les rencontres avec ses prédateurs. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne

PNV - Ludovic Imberdis

Marmotte

Lagopède alpin

Deux passereaux, le pipit spioncelle et le traquet motteux, fréquentent particulièrement les pelouses grasses à pâturin des Alpes, surtout lorsqu’elles sont rocailleuses. Ils trouvent dans ces milieux les anfractuosités des rochers pour nicher et la présence de nombreux insectes pour se nourrir. Alors que les populations de plaine de l’alouette des champs sont attachées aux prairies et cultures, celles d’altitude sont inféodées aux seuls pâturages et alpages jusqu’à 2 700 m d’altitude. C’est un oiseau des milieux très ouverts, dépourvus d’arbres et de haies. Son chant est une phrase continue qu’il lance

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99

Fiche-milieu n°6

alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition Typique des pelouses écorchées parsemées d’éboulis rocheux, en haute montagne, le lagopède alpin niche à même le sol, souvent sans aucune protection. Il fréquente aussi les landes alpines, principalement en versant nord, pour se nourrir de baies, comme celles de la camarine hermaphrodite dont il est friand, et en hiver de bourgeons dont ceux du rhododendron. Son plumage est brun gris mimétique en été, à l’exception des ailes, qui restent blanches toute l’année. Il devient blanc pur en hiver, ce qui lui permet de se camoufler en toute saison. À Villaroger ces deux espèces occupent le cœur du Parc national de la Vanoise, avec une limite altitudinale inférieure plus basse pour la perdrix bartavelle.


Jeannette Chavoutier

PNV - Manuel Bouron

Fiche-milieu n°6

Criquet jacasseur

Grand apollon

pendant 3 à 15 minutes tout en s’élevant dans le ciel. Les pelouses sont aussi le domaine de prédi-lection de nombreux invertébrés comme les lépidoptères (papillons) et les orthoptères (criquets, sauterelles, etc). Le criquet jacasseur se rencontre plutôt dans les alpages secs et rocailleux. Sa stridulation est l’une des plus sonores des orthoptères d’Europe. Dans ces mêmes milieux, le criquet bariolé compte parmi les espèces les plus voyantes à la fois par sa taille (jusqu’à 4 cm de long chez la femelle) et par ses couleurs : une teinte générale jaunâtre et olivâtre, tachée de jaune et de noir. Les pelouses et pentes rocailleuses, ainsi que les combes à neige de l’étage alpin ont la faveur du moiré cendré. Le nard raide constitue la plante hôte des chenilles de ce papillon boréo-alpin*. Les pentes abruptes couvertes de graminées constituent l’habitat de prédilection du moiré fauve, un papillon de jour aux ailes fauves traversées d’une large bande orange. En voie de régression du fait de la diminution des milieux qui lui sont favorables, le grand apollon vole entre 600 m et 2 400 m d’altitude. Les populations de ce papillon protégé se maintiennent davantage en altitude. L’insecte y recherche les pelouses

sèches et rocailleuses où poussent les orpins, la plante nourricère de sa chenille.

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude et les combes à neige évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. L’essentiel de ces alpages se situe à la fois dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger et dans le coeur du Parc national de la Vanoise (lire le chapitre “L’agriculture” p. 16) Les pelouses d’altitude font l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Ce sont par ailleurs des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre.


Évolution et transformation du milieu À partir des années 1960, on a assisté, à l’échelle des Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est globalement mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles sur ces territoires. Pourtant à partir des années 1950 les pratiques pastorales ont nettement diminué sur la commune. En une vingtaine

PNV - Christian Neumüller

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la pédiculaire du mont Cenis) et présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (gentianes bleues, pensée des Alpes, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité aux fromages d’alpage, comme

le Tarentais, la tomme et le persillé de Tignes. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter l’érosion.

Alpage et chalet à Plan Bois

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101

Fiche-milieu n°6

Plusieurs sentiers balisés traversent différents secteurs d’alpage entre le Plan des Violettes et Turia. Les deux refuges de montagne présents sur la commune se situent au cœur d’alpages.


limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont pratiqués, compromettent le maintien de la valeur biologique et la qualité pastorale. Les troupeaux de brebis et de chèvres non conduits sur-pâturent certains secteurs et en sous-pâturent d’autres. À Villaroger différents modes de gestion des troupeaux

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°6

d’années la surface des alpages s’est réduite de près d’un tiers, passant de 750 ha au début des années 1980, à 470 ha en 2005. Les dernières vaches laitières ont disparu des alpages de Villaroger en 1980. En 2005 ces alpages sont essentiellement pâturés par des moutons et des chèvres. L’alpage communal de la Martin a été abandonné en 1962. Depuis 2003 un petit troupeau de génisses pâture les pentes à proximité du refuge. Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la

PNV - Christian Balais

Randonneurs près du refuge de Turia

Chalets de Cousset et du Fenil

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°6 PNV - Christian Balais

Pâturage par les brebis aux environs de la mare de la Martin

existent, selon les secteurs d’alpages et les périodes de la saison d’estivage. Les bêtes peuvent être parquées, conduites ou en semiliberté. Le rejet du lactosérum issu de la production du fromage, s’il est effectué directement dans le milieu, peut entraîner lui aussi une modification de la flore et des pollutions locales du sol ou des eaux. En 2005, de tels rejets sont issus de la transformation du lait de chèvre en caillé ; ces derniers restent en quantité modérée. Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement.

Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques, devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées à chaque type d’alpage de Villaroger, conciliant les besoins de l’exploitation actuelle et le maintien de la valeur pastorale et écologique. Un diagnostic pastoral a été réalisé en 2001 sur les exploitations présentes dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger. Ce dia-gnostic a conduit au débroussaillage de quelques hectares d’aulnaie verte et de lande à rhododendrons permettant d’augmenter les ressources alimentaires pour les troupeaux. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé. Elles permettent d’éviter l’apparition

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103


Contrairement à celui des pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°6

de formes résistantes des parasites, la nonbiodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire, des oiseaux insectivores en particulier. A Villaroger, les agneaux et les chèvres de certaines exploitations sont traités ainsi une à deux fois au cours de la saison d’alpage. Ce traitement est utilisé pour lutter notamment contre le taenia, un ver parasite des ruminants. Il est à souligner que le vermifuge utilisé ne détruit pas les bousiers (insectes coprophages).

Clôture pour parquer le troupeau de génisses à la Martin

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux

PNV - Christian Balais

Les moraines de Riondaz

Éboulis au pied de l’aiguille Rouge (face est).

Les éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte biologique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation.

Ils représentent une surface importante à Villaroger. Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance gel-dégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105

Fiche-milieu n°7

Sommaire


Fiche-milieu n°7

Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux

Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne la présence de certaines plantes. À Villaroger, les éboulis acides (siliceux) sont les seuls. On les trouve notamment au pied du massif de l’aiguille Rouge et du signal de l’aiguille Rouge. Des zones d’éboulis se sont également formées sous le mont de la Gurraz et le mont Turia. Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. Une

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

grande surface de moraines se trouve au pied des glaciers du Grand Col et de Turia, descendant jusqu’à 2 200 m d’altitude. Ces formations minérales longent également certains glaciers, comme sur la rive droite du glacier de la Martin. Avec le recul important des glaciers on les trouve maintenant assez éloignées de la glace. Les glaciers rocheux sont constitués d’épaisses couches de matériaux animées par la présence de glace sous-jacente ou de glace interstitielle. Ce type de glacier se traduit par la présence en surface de bourrelets multiples, de rides et de creux allongés dans le sens de la pente ou transversales à elle. Un tel glacier en régression se situe au pied du mont de la Gurraz. Les bourrelets sont bien marqués à une altitude comprise entre 2 550 m et 2 700 m.


Fiche-milieu n°7 PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Éboulis au pied de la pointe des Arandelières et de l’aiguille Rouge et moraines de Riondaz

Les moraines de Riondaz. Au fond mont Turia et Grand Col

Dans tous les cas, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”, comme la linaire des Alpes et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, lan-

des). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

Flore

Les

éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse,

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107


PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°7

en bas de pente, la végétation se développe davantage, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large. Recouvert de poils grisâtres et se développant sur les moraines siliceuses, le trèfle des rochers est une espèce très facile à déterminer (lire la fiche-espèce n°2). De la famille des crucifères, appelées encore brassicacées, la murbeckielle pennatifide forme des fleurs blanches en forme de croix, composées de quatre pétales. Elle présente deux types de feuilles : des feuilles basales, et des feuilles caulinaires* beaucoup plus découpées, qualifiées de pennatifides*. Elle occupe les éboulis fins et humides de Villaroger, où elle est présente en plusieurs stations comprises entre 2 300 et 2 600 m d’altitude. L’herniaire des Alpes est une plante de couleur générale verdâtre fréquentant aussi bien les éboulis que les alluvions torrentielles de l’étage alpin. La benoîte rampante est une plante carac-téristique et fréquente des moraines et éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité d’émettre de longs stolons rougeâtres pouvant atteindre un mètre de long. Ces pousses flexibles lui permettent notamment de maintenir son substrat tout en colonisant de nouveaux espaces. Ses graines sont munies d’une aigrette soyeuse qui facilite la dissémination des fruits par le vent, balayant fréquemment les éboulis. La linaire des Alpes s’établit fréquemment dans les éboulis et les moraines. Bien adaptée à la mobilité de son substrat, elle possède de

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Benoîte rampante

Christine Garin

Trèfle des rochers

Linaire des Alpes

longues tiges rampantes qui lui permettent de regagner la surface après avoir été ensevelie suite à un glissement du pierrier. D’une hauteur maximale de 10 cm, cette linaire offre au regard ses corolles bleu violacé à palais safrané. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins. Cette espèce, endémique* des Alpes et présente en France dans les six départements alpins, forme des petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses ou blanches. Elle est connue à Villaroger jusqu’à 3 150 m d’altitude, notamment sur les crêtes de l’aiguille Rouge. Présente jusqu’à l’étage nival le plus souvent sur substrat acide, la renoncule des glaciers affectionne les éboulis fins et humides, généralement à proximité de plaques de neige fondante. La campanule du mont Cenis, une plante naine de 1 à 5 cm de haut


Le chamois et le bouquetin sont de passage

PNV - Michel Filliol

dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Le chamois s’y tiendra plus particulièrement en été. Le campagnol des neiges est un habitant des moraines et éboulis stables, ainsi que tout milieu riche en anfractuosités où il aménage ses galeries, ce qui explique sa présence dans les vieux chalets d’alpage. Espèce de l’étage alpin essentiellement, il se nourrit des plantes dont il dévore en hiver, sous la neige, les bulbes et les racines. La musaraigne alpine est un hôte spécialisé des fentes et des crevasses qu’elle trouve dans les éboulis. C’est une musaraigne de grande taille au pelage gris ardoise foncé. Sa queue, presqu’aussi longue que son corps, est utilisée comme un organe de soutien et de balancier lors de ses déplacements.

à corolle bleu mauve en étoile, se développe sur les éboulis et moraines de l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente. Deux espèces de génépi, le génépi jaune et le génépi vrai, peuvent se rencontrer sur les éboulis et les moraines de Villaroger. Le génépi vrai est l’espèce la plus typique de ces milieux. Le génépi jaune affectionne davantage les rochers et falaises. En revanche, aucune de ces deux espèces n’est strictement liée à une nature de roche, acide ou basique (lire la fiche-espèce n°4). Différentes saxifrages colonisent les éboulis et moraines. C’est le cas de la saxifrage à deux fleurs, une plante peu commune, endémique* des Alpes qui pousse sur les éboulis de la combe de Riondaz. Cette petite plante à rameaux couchés présente la particularité d’avoir des pétales pourpres non jointifs qui dévoilent un cœur jaune. Cette espèce particulièrement bien adaptée à la rudesse des conditions de vie à haute altitude, a été trouvée, en Suisse, au Cervin à 4 200 m.

PNV - Christophe Gotti

Saxifrage à deux fleurs et renoncule des glaciers

Chamois des Alpes

Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour le lièvre variable qui y trouve des caches contre les prédateurs (l’aigle royal et le renard). À la nuit tombée, ce lièvre descend dans les landes et la partie supérieure de la forêt afin de se nourrir, notamment d’écorces de saules. Sa couleur change au fil des saisons, comme c’est le cas pour le lagopède alpin ou perdrix blanche, qui fréquente aussi ce type de milieux. Le lièvre

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109

Fiche-milieu n°7

Faune


PNV - Christian Balais

PNV - Ludovic Imberdis

Fiche-milieu n°7

Traces de lièvre variable sur la neige

variable ou blanchot, est blanc comme neige en hiver et devient fauve à brun en été, en passant par une couleur bigarrée au printemps et à l’automne. Sans être cantonnée aux milieux d’altitude, l’hermine fréquente les éboulis où sa souplesse lui permet de se faufiler entre les blocs. Elle y chasse les rongeurs et autres petits vertébrés. Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plutôt que de prendre son envol. Comme son nom l’indique, le monticole merle de roche est un oiseau qui fréquente

parfois les zones d’éboulis, les pieds et sommets de falaises, mais surtout les pelouses parsemées de gros éléments rocheux en adret. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres merles. Recherchant les endroits ensoleillés et se nourrisant de gros insectes cet oiseau migrateur est présent de fin avril à miseptembre. Le némusien et l’ariane, noms donnés respectivement au mâle et à la femelle de la même espèce de papillon de jour, évoluent dans les sites rocailleux d’altitude. Ils arborent une coloration brune avec un gros ocelle noir pupillé de blanc sur le dessus des ailes. Plusieurs espèces de graminées sont utilisées pour nourrir sa chenille.

Philippe Freydier

PNV - Ludovic Imberdis

Lièvre variable

Hermine

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Ariane


PNV - Christian Balais

Bâtisse sous le Fenil : mur en pierres sèches

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également fréquentés en été par les cueilleurs de génépi (lire la fiche espèce n°4). Une partie de l’alpage de l’Art, pâturée par des troupeaux, recouvre des secteurs d’éboulis et de moraines, principalement au pied du signal de l’aiguille Rouge. Des troupeaux non

Fiche-milieu n°7

Équilibre entre l’homme et son milieu

PNV - Christian Balais

Sur le sentier du tour du mont Pourri : randonneur en direction des moraines de Riondaz

Chalets de Cousset

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-milieu n°7

Colonisation par les plantes de la moraine du glacier de la Savinaz

gardés circulent également dans ces milieux, au pied des glaciers de la Savinaz et de la Gurraz, les bêtes ayant tendance à monter en altitude en quête de fraîcheur. Par le passé les éboulis ont fourni une partie des matériaux pour la construction des chalets d’alpage, du chef-lieu et des hameaux. Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est peu élevé voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ces milieux sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des zones de repos diurnes. Les éboulis et moraines présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Six espèces végétales d’intérêt patrimonial sont inféodées aux éboulis, moraines et glaciers rocheux de la commune. Parmi celles-ci certaines sont protégées, comme l’androsace alpine, la saxifrage fausse mousse et le trèfle des rochers. La

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie

très forte valeur patrimoniale de cette dernière plante en fait l’une des espèces emblématiques de Villaroger et un enjeu prioritaire de sa réserve naturelle. Au moins cinq stations sont localisées dans les moraines qui entourent les lacs de Riondaz, regroupant jusqu’à plusieurs centaines de pieds. Les éboulis, moraines et glaciers rocheux contribuent ainsi de manière importante à la richesse floristique globale (en nombre d’espèces) de Villaroger. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu à l’origine presque entièrement minéral. Évolution et transformation du milieu L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis, des moraines et des glaciers rocheux. La fréquentation régulière des éboulis par les troupeaux ovins peut compromettre le maintien d’une flore fragile et d’une couverture végétale en cours d’installation, sans que cela présente un quelconque intérêt pastoral. Cela peut poser également des problèmes sanitaires du fait de la cohabitation avec les ongulés sauvages qui y trouvent refuge,


Surveillance de la cueillette du génépi dans le cœur du Parc

PNV - Christian Balais

Depuis 1999, les stations de trèfle des rochers et l’ensemble de la flore qui accompagne cette plante ont été mises en défens pour éviter leur

PNV - Christian Balais

Propositions de gestion La cueillette du génépi est interdite dans le cœur du Parc et dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger. Une surveillance est exercée par les agents du Parc au cours des périodes les plus sensibles. Une conduite des troupeaux ovins en alpage, visant à les écarter des éboulis et moraines de très faible intérêt pastoral, assurerait la tranquillité de la faune sauvage et éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes. Cela diminuerait les risques de transmission de pathologies entres herbivores domestiques et sauvages. Ce serait également bénéfique pour les performances des troupeaux ovins qui dépensent beaucoup d’énergie à parcourir ces milieux ingrats et peu nourrissants.

dégradation par le pâturage des ovins (surpiétinement, excès de fumure, abroutissement*). Cette mise en défens est réalisée par l’installation d’une clôture temporaire à l’aval de la moraine, interdisant l’accès aux troupeaux. Cette mesure s’accompagne d’un suivi floristique de la zone ainsi protégée : inventaire et comptage, étude de l’évolution des populations de trèfle des rochers, etc.

Mise en défens des trèfles des rochers situés sur les moraines au pied des glaciers du grand Col et de Turia

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113

Fiche-milieu n°7

notamment par suite de la transmission de certaines pathologies. Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître.


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°8

Les rochers et les falaises

PNV - Christian Balais

Face nord est du mont Turia (mont Pourri).

Falaises et cascades au pied du glacier sud de la Gurraz sous le mont Pourri

Les

rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se développer à même la roche. Les rochers et

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie

falaises regroupent à la fois les parties sommitales et les barres rocheuses de Villaroger. Les sommets rocheux les plus importants sont la grande Paréi, le mont Pourri, le mont Turia, le Grand Rocher et l’aiguille Rouge. De nombreuses barres rocheuses sont présentes sur la commune. Les plus imposantes sont localisées dans la


Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat.

PNV - Christophe Gotti

Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des tem-

pératures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit.

PNV - Christian Balais

Le mont Pourri, versant est

Le mont de la Gurraz et le mont Pourri

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115

Fiche-milieu n°8

partie est et sud du territoire, entre le secteur de l’Art et jusqu’au secteur du refuge de la Martin. Toutes ces barres portent un nom local : le bec de l’Aigle, les rochers des Fresses, etc.


Fiche-milieu n°8

Les rochers et les falaises

PNV - Christian Balais

Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

Falaises sous le glacier sud de la Gurraz

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. À Villaroger, les groupements végétaux des substrats siliceux sont dominants.


Fiche-milieu n°8 PNV - Christian Balais

Grand Col et face est de l’aiguille Rouge

Flore

son nom de la forme en lame de faux des divisions de ses frondes. Assez commune dans les Alpes, cette espèce arctico-alpine* est une pionnière des sols rocheux. La minuartie de Villars est une petite plante à fleurs blanches qui porte des feuilles linéaires planes. Peu répandue, l’espèce pousse généralement sur les rochers secs et calcaires des étages montagnard et subalpin. La potentille blanc de neige est une espèce rare et protégée, à ce jour connue sur deux stations du territoire communal. Dépassant rarement 10 cm de hauteur, elle se distingue par le dessous blanc et tomenteux de ses feuilles ; ses fleurs sont jaunes. Très abondante à Villaroger, la primevère du Piémont est une espèce des rochers siliceux, présente

Les

PNV - Nathalie Tissot

PNV - Christian Balais

plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. Poussant dans les fissures des rochers tant acides que calcaires, le polystic en lance est une fougère assez grande (jusqu’à 50 cm), dont les frondes dressées et coriaces, groupées en touffes, persistent l’hiver. Il tient

Polystic en lance

Primevère du Piémont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°8

Genévrier sabine

en France uniquement en Savoie, dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-HauteProvence. C’est une plante protégée, rare en France, mais encore bien représentée en Haute-Maurienne et en Haute-Tarentaise.

Faune

Les adaptations de la faune aux falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascen-dants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre du lézard des murailles pour absorber la chaleur.

118 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif des rochers et falaises, et le plus symbolique de la Vanoise (il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national en 1963). Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à haute altitude où il recherche la tranquillité, en hiver sur les crêtes déneigées par le vent, puis dans des falaises exposées au sud et enfin en période de mise bas, lorsque les femelles s’isolent sur de petites vires. Les animaux présents l’été à Villaroger constituent une extension de la population des massifs du mont Pourri – Bellecôte. Cette population regroupe en 2005 plus de 700 individus issus d’animaux originaires de Suisse (lâchés en 1969 à Peisey-Nancroix), mais aussi de Haute-Maurienne (lâchés en 1980 à Champagny). Au cours du comptage de juin 2005, une soixantaine a été recensée sur Villaroger. Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour de nombreux oiseaux. Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge, n’est pas un oiseau strictement d’altitude, même s’il dépend lui aussi des reliefs très marqués qui lui fournissent des zones inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s’alimenter. Autre corvidé, le plus grand de tous, le grand corbeau est aussi nicheur sur la commune. Sa parade nuptiale se compose de mouvements de toupie et autres acrobaties. Oiseau de parois rocheuses, calcaires comme granitiques, le tichodrome échelette, encore appelé papillon des murailles du fait de son vol papillonnant, fréquente aussi volontiers les murs de grands édifices. Il se caractérise


PNV - Patrick Folliet

par un plumage gris ardoisé et un bec noir, fin et arqué, un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche, les insectes dont il se nourrit. Ce n’est qu’en vol qu’il dévoile ses larges bandes alaires rouges et les petites tâches blanches à l’extrémité des ailes. En été et en automne l’oiseau peut s’élever en altitude à la recherche de sa nourriture, atteignant parfois des cotes extrêmes. Il a ainsi été observé sur les parois du massif du mont Pourri, à près de 3 700 m. Des rapaces nichent dans les falaises inaccessibles, comme le faucon pèlerin, le faucon crécerelle et l’aigle royal. Parmi les rapaces rupicoles, le faucon pèlerin ne chasse qu’en vol et percute ses proies avec le bréchet, l’os plat de la face antérieure du thorax, après avoir effectué un long piqué quasi vertical, qui peut atteindre 320 km/h. Les oiseaux de la famille des turdidés (merles, grives), ainsi que les corvidés, sont ses proies favorites. Les aires de nidification de ce rapace se situent entre 800 et 1 500 m d’altitude. Avec la buse variable, le faucon crécerelle est le plus commun des rapaces diurnes. Il se caractérise par un vol sur place, face au vent et queue déployée dit du “SaintEsprit”. Ce rapace utilise les falaises, mais

ASTERS - Georges Lacroix

Chocard à bec jaune

Tichodrome échelette

Les milieux naturels, des lieux de vie - 119

Fiche-milieu n°8

aussi les gorges de torrents et les bâtiments délaissés pour installer son aire. Le territoire de la commune de Villaroger est régulièrement fréquenté par trois couples territoriaux d’aigles royaux. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité du site qui importe pour le choix de son aire. Ainsi pour ces trois couples, 16 aires de nidification, situées en basse altitude, ont été inventoriées par les gardesmoniteurs du Parc national de la Vanoise. Ces aires sont réparties entre Villaroger (2 aires), Séez (1 aire), Sainte-Foy-Tarentaise (10 aires) et Tignes (3 aires). Par son allure majestueuse, il est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux.


Fiche-milieu n°8

Équilibre entre l’homme et son milieu

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Vanoise à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade et via ferrata. Il n’y a pas de falaises équipées à Villaroger. La pratique de l’alpinisme se fait sur les arêtes sud et nord du mont Pourri, à des altitudes nettement supérieures aux sites de nidification des rapaces.

PNV - Christophe Gotti

Le mont Pourri, face nord

Depuis le mont Pourri : vue vers le dôme de la Sache et la Grande Casse

120 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Évolution et transformation du milieu Aux vastes domaines skiables de HauteTarentaise, s’ajoutent progressivement d’autres équipements touristiques : via ferrata, écoles et voies d’escalade, cascades de glace, etc. Cette concentration toujours plus importante d’équipements en montagne et l’engouement pour la pratique des sports de nature engendrent une réduction significative des zones susceptibles de convenir à des oiseaux rupestres vulnérables tels que le gypaète barbu et l’aigle royal, particulièrement sensibles aux dérangements en période de reproduction. Si, pour l’instant, la commune de Villaroger reste assez peu concernée par ces équipements, il faut signaler les survols très fréquents en hiver par des hélicoptères et des avions à destination des stations de Val d’Isère et Tignes. Ceux-ci sont particulièrement perturbants pour un réseau de falaises utilisées par un couple d’aigles royaux. En ce qui concerne la flore, l’équipement “sauvage” de la petite falaise des gorges du ruisseau du mont Pourri, pour y pratiquer l’escalade, constitue une réelle menace pour une station de cortuse de Matthiole.

Cascade et gorges du ruisseau du mont Pourri, un site à préserver

Les milieux naturels, des lieux de vie - 121

Fiche-milieu n°8

Propositions de gestion Aux échelles communale et intercommunale, la planification de tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable des sports de nature et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Pour cela, la réalisation d’études d’impact préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, afin d’assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites. Sur le site des gorges du ruisseau du mont Pourri, une préservation de la station de cortuse de Matthiole doit être envisagée. Même si cela semble plus difficile à mettre en œuvre, du fait de la diversité des acteurs (appareils privés, etc), une concertation avec les compagnies d’hélicoptères pourrait permettre de réduire le survol des zones les plus sensibles.

d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables : la minuartie de Villars, la potentille blanc de neige, la primevère du Piémont, le génépi jaune, etc. L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles que l’aigle royal, le faucon pèlerin et le tichodrome échelette confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois.


Sommaire

PNV - Christophe Gotti

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°9

Les glaciers et les névés

Glacier sud de la Gurraz

Sérac sur le glacier sud de la Gurraz

Un glacier est un réservoir de glace issu du

vallée, marquent fortement l’identité de la commune de Villaroger. Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Le haut vallon d’altitude, s’étirant sous le Grand Col et composé essentiellement de moraines, témoigne du développement autrefois plus important des glaciers qui le dominent (glacier du Grand Col et glacier de Turia). Ce recul est aussi illustré par les moraines latérales qui bordaient le glacier de la Martin, et qui se trouvent aujourd’hui plus éloignées du glacier.

compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 000 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers situés sur la commune. Une succession de glaciers plus ou moins parallèles recouvrent les faces nord du dôme de la Sache, du mont Pourri et du mont Turia. Il s’agit des glaciers de la Martin, de la Savinaz, de la Gurraz, du glacier de Turia et du Grand Col. Ces glaciers, visibles depuis la

122 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. L’alternance de


Fiche-milieu n°9 PNV - Christian Balais

PNV - Michel Bouche

Le glacier du Grand Col, face nord du mont Pourri

Glaciers de la Savinaz et de la Gurraz

ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon ou Valence.

glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°6).

Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille variable sont moins permanents que les

Flore et faune

Les basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général

Les milieux naturels, des lieux de vie - 123


Fiche-milieu n°9

Les glaciers et les névés

presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid. Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parvien-

nent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge orangée.

PNV - Patrick Folliet

Équilibre entre l’homme et son milieu

Glacier de la Gurraz

124 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets


Intérêts biologique et patrimonial du milieu Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un

PNV - Christian Balais

Glacier du Grand Col, franchissement d’une crevasse sous le col des Roches

Mont de la Gurraz et face nord de Turia, avec le “cavalier”, rocher émergeant au milieu du glacier aujourd’hui presque disparu

Les milieux naturels, des lieux de vie - 125

Fiche-milieu n°9

au mont Pourri compte parmi l’une des plus belles courses des Alpes françaises.

PNV - Christophe Gotti

sont plutôt évocateurs de terrains d’aventure sportive. La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. À Villaroger, les guides encadrent des courses d’initiation comme des courses plus difficiles. Les principales courses glaciaires sont celle du dôme de la Sache et celle du mont Pourri par le glacier du Grand Col et le col des Roches. La traversée des arêtes de la Sache


Fiche-milieu n°9

intérêt paysager majeur pour le tourisme. Les glaciers de Villaroger appartiennent à l’un des deux pôles de glaciers les plus importants du massif de la Vanoise. Descendant jusque vers 2 400 m d’altitude, ce sont aussi les plus bas de ce territoire. Ils constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.

La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier. Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal, mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels.

PNV - Christian Balais

Évolution et transformation du milieu Les glaciers de Villaroger n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer. Ce recul s’est accéléré au cours des 15 dernières années (1990 – 2005). Ainsi, le “Cavalier” de Turia est une zone rocheuse qui jadis affleurait à peine en été, au milieu du glacier de la face nord de Turia, et qui aujourd’hui occupe la quasi-totalité de la face, suite à la fonte du glacier. Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur.

Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers, à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées.

Panneaux pédagogiques sur les glaciers au parking du Chantel (hameau de la Gurraz)

126 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiches-milieux - Conclusion

PNV - Christian Balais

Conclusion

Sommaire

Randonneur contemplant la face nord du mont Pourri et les glaciers sud et nord de la Gurraz

L’ensemble des neuf grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre la quasitotalité du territoire de la commune de Villaroger. Le choix d'une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l'instabilité des contours de cette mosaïque, qui résulte des mécanismes d'érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s'ajoute l'effet, souvent direct, des activités humaines. Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains

problèmes de gestion ont trait à l'équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d'un autre sous tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux est à l’origine de ressources variées (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité de vie pour les habitants de Villaroger. Pour la commune, le maintien d'une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d'espèces présentes) peut constituer un objectif de gestion durable de son territoire.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 127


Fiches-milieux - Conclusion

Dès lors que l'on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. À Villaroger, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l'objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux.

PNV - Patrick Folliet

Deux cas de figure sont à prendre en compte : - le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d'aménagement ; - le cas des milieux plus ou moins exploités par l'homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières.

Parmi les premiers milieux, on citera certains secteurs de moraines et de falaises hébergeant des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche aux abords des villages, les alpages et les habitats forestiers. La présence, dans les moraines de Villaroger, de l'une des quatre stations connues en Savoie de trèfle des rochers, ainsi que de nombreuses autres espèces remarquables, confère à ce milieu une valeur biologique inestimable qu'il est indispensable de conserver pour que la commune garde sa particularité floristique. Les falaises sont le refuge d'une faune et d'une flore sensibles et très spécialisées (une grande diversité d'oiseaux nicheurs, dont certains sont remarquables comme l'aigle royal, le faucon pèlerin ou le tichodrome échelette). Elles méritent une attention particulière dans l'aménagement du territoire communal et dans la gestion de la fréquentation (escalade, survol d’avions et d’hélicoptères).

Village de la Gurraz

128 - Les milieux naturels, des lieux de vie


En Tarentaise, à partir des années 1950, les activités touristiques d'hiver liées à la neige se sont beaucoup développées. L'aménagement des domaines skiables a eu pour conséquence une modification profonde des milieux et du micro-relief. Cette anthropisation des milieux favorise l'introduction d'espèces plus banales que celles du milieu d'origine, ce qui appauvrit leurs intérêts floristique et faunistique. Les équipements associés à la pratique du ski alpin (téléskis, téléphériques, etc.) ont également des conséquences importantes sur certaines espèces de faune telles que le tétras-lyre (destruction des places de chant pour l'installation de gares de départ ou d'arrivée,

Réserve de bois sur le balcon d’un chalet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 129

Fiches-milieux - Conclusion

meilleur contrôle de leur fréquentation par les skieurs hors piste. L'effort mené depuis quelques années en matière d'information, de sensibilisation et de surveillance est à développer pour préserver les populations de tétras-lyre.

PNV - Christian Balais

Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l'activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces épandables, cadre paysager, faune et flore de montagne. Il est important, pour conserver une part de la biodiversité spécifique de ces prairies, de continuer à entretenir un certain nombre d'entre elles de façon extensive. L'abandon de la fauche des prairies d'altitude difficiles d'accès a entraîné une baisse de leur valeur fourragère et biologique. Les alpages représentent le cas remarquable d'un écosystème dont le type d’exploitation séculaire est à l'origine d'une grande richesse biologique et fourragère. Les différentes actions menées dans la réserve naturelle visent à maintenir cette activité en tenant compte d'espèces et de milieux à fort enjeu patrimonial, comme le tétras-lyre, le trèfle des rochers ou les moraines. Concernant les forêts, mais aussi les landes et les aulnaies, on a cité le besoin d'assurer un


Fiches-milieux - Conclusion

mortalité accrue liée aux impacts des oiseaux en vol avec les câbles de téléski et les lignes électriques). Des dispositifs de visualisation des câbles dangereux et la création d'espaces de tranquillité sont des mesures nécessaires à l'accomplissement du cycle vital de ces espèces et souvent simples à mettre en œuvre.

PNV - Christian Balais

La création du Parc national de la Vanoise en 1963 et celle de la Réserve naturelle des

Hauts de Villaroger en 1991 ont permis la préservation de grands secteurs de la commune. Le territoire de la réserve naturelle participe au maintien de la richesse des milieux naturels de la Tarentaise, comme la forêt et la lande. Compte tenu de son relief particulier, Villaroger n’a pas connu d’urbanisation et d’aménagement important lié aux sports d'hiver. La commune reste une station-village à taille humaine.

Lande à rhododendron en fleurs au Plan de la Branche

130 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


La cortuse de Matthiole La

cortuse de Matthiole (Cortusa matthioli) fait partie de la famille des primulacées, regroupant essentiellement les primevères et les androsaces. C’est une plante qui, par sa grande taille et par la forme de ses fleurs, est facilement reconnaissable, et ne peut être confondue avec aucune autre espèce de la flore française. La cortuse de Matthiole possède une très forte valeur patrimoniale.

hampe florale formée de 4 à 12 fleurs

tige dressée velue, sans feuille

PNV – Philippe Benoît

rosette de feuilles arrondies, fortement dentées et portées par un long pétiole

Hauteur 20 à 50 cm Cortuse de Matthiole

PNV – Christian Balais

Fiche-espèce n°1

Sommaire

fleur rose pourpre, en forme de cloche, portée par un long pédicelle Hampe florale de cortuse de Matthiole

Écologie

La

cortuse de Matthiole est une plante vivace qui se développe en Vanoise entre 1 200 et 2 600 m d’altitude. Elle recherche les endroits humides et ombragés, de préférence sur des substrats calcaires : rochers

132 - Regard sur quelques espèces

suintants des torrents, pessière* humide ou aulnaie verte. À Villaroger, cette espèce se trouve plutôt sur les rochers suintants des cascades. La cortuse de Matthiole fleurit de la fin mai au début du mois d’août. Suite à la pollinisation, chaque fleur se transforme en


Répartition géographique et intérêts biologiques

La

L’extrême

rareté et le morcellement des populations font de la cortuse de Matthiole, une espèce très sensible à tout impact. Cette rareté, couplée à ses qualités esthétiques, lui vaut d’être l’objet de prélèvements par des collectionneurs. Par ailleurs, des aménagements comme l’élargissement des routes, la canalisation de torrents ou l’équipement de voies d’escalades constituent autant de causes de destruction de populations.

Protection et propositions de gestion

La cortuse de Matthiole est protégée en France. Sa cueillette et sa destruction sont interdites. L’information auprès des aménageurs et la réglementation sont les deux piliers nécessaires au maintien de cette espèce.

PNV – Christian Balais

cortuse de Matthiole est présente sur une partie de l’Europe centrale, depuis l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, jusqu’en Pologne, Russie et Bulgarie. Au-delà, elle se développe jusqu’en Asie boréale. En France, elle occupe la limite occidentale de son aire de répartition, où elle n’est connue que dans les Alpes, en trois régions : la HauteTarentaise, la Haute-Maurienne et le col de Tende. À Villaroger, la cortuse de Matthiole occupe notamment les falaises des gorges des ruisseaux du mont Pourri et de la Savinaz.

Menaces

Falaises surplombant le ruisseau de la Savinaz

Regard sur quelques espèces - 133

Fiche-espèce n°1

un fruit sec et long de 6 à 11 mm, appelé capsule, enfermant de nombreuses petites graines.


Fiche-espèce n°1

Répartition de la cortuse de Matthiole en Vanoise en 2005

Le saviez-vous ? • Le nom de cortuse de Matthiole provient de l’association du nom de deux personnes : Cortusi, directeur du Jardin botanique de Padoue, qui fut le découvreur de l’espèce, et Matthiole, grand botaniste italien du XVIe siècle, qui fit de nombreuses observations dans les Alpes méridionales. • La population de cortuse de Matthiole actuellement présente sur la commune de Termignon provient de l’ancien plateau du mont Cenis. Des pieds avaient été prélevés avant la submersion par le lac de barrage du mont Cenis, dans les années 1960. La réglementation sur les espèces animales et végétales ayant évolué depuis, une telle démarche devrait suivre aujourd’hui un protocole très strict, donnant autorisation ou non de procéder à une introduction.

134 - Regard sur quelques espèces


Le trèfle des rochers Le trèfle des rochers (Trifolium saxatile) est une petite plante de 5 à 15 cm entièrement recouverte de poils, appartenant à la famille des fabacées (ou légumineuses). C’est sans doute l’espèce végétale à plus forte valeur patrimoniale de Villaroger. Par sa forme et son écologie, le trèfle des rochers est une espèce facile à déterminer. Il ne peut être confondu avec aucune autre espèce de trèfle.

fleurs réunies en tête globuleuse de 0,6 à 1 cm de diamètre

PNV - Jacques Perrier

feuille composée de 3 folioles vert-grisâtre

tige grêle, grisâtre, couchée ou dressée

Trèfle des rochers

PNV – Christian Balais

petite fleur blanche ou rose, avec un calice hérissé de poils blancs

Fleur de trèfle des rochers

Écologie

Le trèfle des rochers est une plante annuelle ou bisannuelle qui recherche la pleine lumière, ainsi que des sols rocailleux fil-

trants de nature siliceuse. C’est une espèce pionnière qui s’installe dans les milieux dynamiques comme les alluvions des torrents, les éboulis non stabilisés ou les moraines récentes, entre 2 000 et 2 800 m

Regard sur quelques espèces - 135

Fiche-espèce n°2

Sommaire


Le trèfle des rochers germe dès la fonte des neiges. Il produit une racine pivotante d’où partent plusieurs tiges couchées à ascendantes, donnant à cette espèce une certaine capacité à coloniser rapidement un milieu lorsque les conditions lui sont favorables. La floraison a lieu entre fin juin et fin août en fonction de l’altitude et du déneigement. Les fleurs forment des fruits appelés gousses qui ne renferment qu’une seule graine.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

trèfle des rochers est une espèce endémique* des Alpes centrales et occidentales, présente en Autriche, en Italie, en Suisse et en France où elle est rare, n’occupant que les Alpes de Savoie et du Dauphiné. En Savoie, le trèfle des rochers n’est présent actuellement que dans quelques localités en Maurienne (Orelle, Modane et Saint-

André). En Tarentaise, il a uniquement été observé sur la commune de Villaroger, dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger (vallon d’altitude de Riondaz). Ce site est considéré comme remarquable à l’échelle européenne, et forme l’un des rares sites de trèfle des rochers connus en Rhône-Alpes.

Menaces

Le développement des populations de trèfle des rochers est limité par le type d’habitat* convenant à cette espèce. Cet habitat doit offrir à la fois des conditions hydriques très particulières (sols filtrants), et être l’objet de rajeunissements fréquents (crues, mouvements d’éboulis, etc). Pour cette raison, les populations de trèfle des rochers restent localisées et très éclatées, rendant cette espèce d’autant plus fragile. L’aménagement des torrents (canalisation, réduction du débit), réduisant leur capacité de rajeunissement, est une menace pour le trèfle des rochers. Poussant sur des sols très meubles, le trèfle des rochers est sensible au piétinement répété des troupeaux d’animaux herbivores.

PNV – Christian Balais

Fiche-espèce n°2

d’altitude en Vanoise. À Villaroger, le trèfle des rochers s’est développé sur des moraines entre 2 200 et 2 500 m d’altitude.

Suivi du trèfle des rochers à Villaroger

136 - Regard sur quelques espèces


Protection et propositions de gestion

Le trèfle des rochers est protégé en France. Sa destruction est strictement interdite. Il fait également partie des espèces que l’Union

européenne demande aux pays membres de protéger dans le cadre de la directive “Habitats*”. Depuis 1999, la population de trèfle des rochers, localisée dans la réserve naturelle des Hauts de Villaroger, est protégée par une clôture pour éviter le pâturage par les moutons. Parallèlement à cette mise en défens, un suivi, réalisé chaque été, permet de dénombrer ses effectifs et de suivre l’évolution de ses mouvements.

Répartition du trèfle des rochers en Vanoise en 2005

Le saviez-vous ? • Les plantes de la famille des fabacées (légumineuses) présentent la particularité de fixer l’azote atmosphérique pour leurs besoins nutritifs. Cette faculté vient de l’association de leurs racines avec une bactérie appelée Rhizobium. Riches en protéines, les fabacées sont, de ce fait, des plantes fourragères de choix (luzerne, sainfoin, trèfle, etc.).

Regard sur quelques espèces - 137

Fiche-espèce n°2

Attirés par les qualités nutritives du trèfle des rochers, ces mêmes troupeaux fragilisent cette espèces en la consommant.


Le lycopode à rameaux d’un an Les lycopodes appartiennent au grand groupe des fougères dénommé autrefois ptéridophytes. Une dizaine d’espèces fait partie de la flore française. Toutes se répartissent essentiellement dans les régions nordiques ou montagnardes, où elles se développent dans les landes, les tourbières ou les sous-bois. À Villaroger le lycopode à rameaux d’un an (Lycopodium annotinum) peut être confondu avec le lycopode sélagine (Huperzia selago). Ne dépassant pas 10 cm de hauteur, le lycopode des Alpes (Diphasiastrum alpinum) est aussi présent sur la commune. Ces trois espèces sont rares en France, mais seul le lycopode des Alpes bénéficie d’une protection nationale.

tige fertile terminée par un épi solitaire long de 1,5 à 3 cm, sessile et regroupant les sporanges

PNV - Christian Balais

feuilles vert foncé étalées perpendiculairement à l’axe, longues de 5 à 10 mm

Lycopode à rameaux d’un an

Hauteur des tiges de 5 à 25 cm toutes les tiges sont fertiles sporange jaune à l’aisselle des feuilles feuilles disposées en verticille de 4-5 ou en spirale, très serrées, longues de 4 à 8 mm, acuminées

PNV – Jacques Perrier

Fiche-espèce n°3

Sommaire

Lycopode sélagine

Écologie

Le lycopode à rameaux d’un an est une plante vivace essentiellement présente à l’étage montagnard, capable toutefois de se développer entre 600 et plus de 2 000 m

138 - Regard sur quelques espèces

d’altitude. Il recherche les milieux semiombragés : sous-bois des hêtraies-sapinières, des pessières* et des pinèdes, poussant sur sols acides, parmi les mousses et les myrtilles. Il se rencontre parfois aussi en milieu ouvert* : en lisière forestière, dans les


présente dans les Vosges, le Jura, le nord des Alpes, et plus localisée dans le sud des Alpes, le Massif central et les Pyrénées centrales.

Menaces

Cette

espèce est menacée principalement par la modification de son habitat*, comme la densification ou la disparition du couvert forestier, ou la réalisation d’aménagements forestiers. Étant donné les milieux qu’elle occupe, cette espèce n’est pas menacée à Villaroger.

Protection et propositions de gestion

Le lycopode à rameaux d’un an est protégé dans certaines régions françaises. En RhôneAlpes, il ne bénéficie d’aucune protection. Le maintien de cette espèce passe notamment par sa prise en compte dans tout nouveau projet d’aménagement, ainsi que par l’information de sa présence auprès des usagers des milieux forestiers.

Répartition géographique et intérêts biologiques régions à climat tempéré et à climat froid de l’hémisphère nord. Il est présent en Amérique du nord, en Asie, dans le nord de la Russie, au Groenland et en Europe, où il est répandu en Scandinavie. En Europe il est aussi localisé dans les pays Baltes, au Danemark, dans les Alpes, les Carpates, le nord des Apennins, en Ecosse, en Islande, dans les montagnes de Slovénie et de Bosnie. En France, le lycopode à rameaux d’un an est une espèce sensible, relativement bien

PNV – Christian Balais

Le lycopode à rameaux d’un an occupe les

Le lycopode des Alpes est un petit lycopode, aux feuilles vert bleuté

Le saviez-vous ? • La limite entre les feuilles de l’année en cours et les feuilles de l’année précédente est marquée par la présence de feuilles plus petites. Ces feuilles forment une constriction nette sur la tige, un phénomène qui a donné l’adjectif “annuel”, ou “à rameaux d’un an”, à ce lycopode. • Les spores de lycopode contiennent beaucoup de sucres et d’huiles. Des spores appliquées sur une peau irritée auraient été utilisées pour calmer la démangeaison.

Regard sur quelques espèces - 139

Fiche-espèce n°3

landes à myrtille ou à rhododendron, dans les milieux rocheux humides. Comme certaines fougères, le lycopode à rameaux d’un an présente deux types de tiges : des tiges fertiles qui portent les organes reproducteurs regroupés en épi et appelés sporanges, ainsi que des tiges stériles uniquement composées de petites feuilles. La production des spores par les tiges fertiles a lieu de juillet à septembre. Les épis de sporanges se dessèchent et se maintiennent jusqu’à la saison suivante. Les tiges stériles sont persistantes. Leur croissance est interrompue par une phase de repos hivernal. En certaines localités, ce lycopode peut former de vastes populations. À Villaroger, le lycopode à rameaux d’un an pousse dans la lande à éricacées, par exemple, vers le Plan de la Branche, dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger.


Les génépis Parmi les trois espèces de génépis présentes

en Vanoise, le génépi des glaciers (Artemisia glacialis), le génépi vrai (Artemisia genipi) et le génépi jaune (Artemisia umbelliformis), ce sont principalement les deux dernières qui sont utilisées dans la confection de la liqueur du même nom. Seules ces deux espèces sont présentes sur Villaroger. Les génépis sont de petites plantes aromatiques dont les inflorescences, ou capitules, sont formées de nombreuses fleurs minuscules en forme de tube. Ils font partie de la famille des astéracées (ou composées).

inflorescence formée de capitules disposés en épi lâche (les inférieurs écartés de la tige) fleurs jaunes, poilues à l’extrémité

PNV - Michel Delmas

feuilles toutes pétiolées

Génépi jaune

inflorescence formée de capitules disposés en épi serré, compact fleurs jaunes non velues feuilles sans pétiole

PNV - Louis Bantin

Fiche-espèce n°4

Sommaire

Génépi vrai

Écologie

Ces deux espèces de génépi sont des plantes vivaces à souche gazonnante. Elles occupent le même type de milieu : éboulis, moraines et rochers depuis 2 400 jusqu’à 3 200 m d’altitude. Leurs racines ne sont pas très

140 - Regard sur quelques espèces

profondes. Lors d’une cueillette, la plante se déterre facilement, ce qui est très préjudiciable à sa pérennité. Ces plantes fleurissent à Villaroger de la fin juillet à la miaoût. Le génépi jaune et le génépi vrai sont présents sur la plupart des moraines de la commune.


Protection et propositions de gestion PNV – Philippe Benoît

La cueillette des génépis est réglementée en

Le génépi vrai sur les rochers

Répartition géographique et valeurs d’usage

Les

populations de ces génépis sont très localisées mais encore relativement abondantes par endroits. On les rencontre dans tout l’arc alpin. En France, le génépi vrai et le génépi jaune sont également présents dans les Pyrénées. Ces plantes sont utilisées pour la fabrication artisanale et industrielle de la liqueur de génépi. Elles sont très recherchées par les habitants et également par les visiteurs, pour une consommation personnelle ou à des fins de commercialisation.

Menaces

Les

génépis sont victimes d’une cueillette parfois excessive et souvent mal réalisée. L’arrachage ne permet pas aux plants de se régénérer et menace donc la pérennité de

Italie, en Suisse et dans la plupart des départements alpins français. Ce n’est pas le cas en Savoie où sa cueillette reste libre, hormis dans les espaces protégés (Parc national de la Vanoise, réserves naturelles, arrêté de protection de biotope du mont Cenis) où elle est interdite. Jadis, la cueillette du génépi avait été limitée dans certaines communes de Vanoise à 40 brins par famille (soit un litre de liqueur). Cette régulation permettait à chaque famille de produire un litre de liqueur tout en assurant la pérennité de la “ressource”. Pour assurer le maintien de ces espèces, il faut limiter la cueillette et aussi apprendre à bien cueillir la plante (dans les secteurs où la cueillette est autorisée) et notamment : - toujours la cueillir avec des ciseaux (ni au couteau ni à l’ongle) pour ne pas la déterrer, - ne pas prélever tous les brins d’une touffe mais en laisser systématiquement quelquesuns afin d’assurer sa reproduction. Encourager la production et la commercialisation locales de génépis cultivés peut aussi aider au maintien des populations sauvages de ces espèces.

Le saviez-vous ? • Le génépi vrai ou génépi mâle est utilisé depuis le moyen âge dans les Alpes, contre les coups de froid, en infusion. Si la plante est reconnue pour ses propriétés digestives (elle sert de “Tchiquette”, c'est-à-dire de pousse-café), il faut en consommer avec modération étant donné qu'elle est aussi un tonique cardiaque.

Regard sur quelques espèces - 141

Fiche-espèce n°4

leurs populations. La surexploitation et l’arrachage compromettent le maintien de cette pratique à long terme.


Le streptope à feuilles embrassantes Le streptope à feuilles embrassantes (Streptopus amplexifolius) est aussi appelé sceau de Salomon noueux. Il existe trois autres espèces de sceau de Salomon à Villaroger : le sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum), le sceau de Salomon multiflore (Polygonatum multiflorum) et le sceau de Salomon verticillé (Polygonatum verticillatum). Leurs feuilles ont des nervures parallèles, leurs fleurs sont formées de six tépales*. Ils possèdent tous un organe de réserve souterrain, le rhizome. Avec sa tige particulière en zigzag et sa petite fleur solitaire, le streptope à feuilles embrassantes ne peut être confondu avec aucune autre espèce de sceau de Salomon.

Hauteur 20 à 100 cm

feuilles alternes, ovales, en forme de cœur à la base (embrassant la tige) et terminées en pointe

tige flexueuse

PNV - Christian Balais

Streptope à feuilles embrassantes

petite fleur blanchâtre, solitaire à l’extrémité d’un fin pédoncule plié à angle droit

PNV - Christian Balais

Fiche-espèce n°5

Sommaire

Fleur de streptope à feuilles embrassantes

Écologie

Le streptope à feuilles embrassantes est une plante vivace qui se développe de l’étage montagnard à l’étage subalpin. En Savoie, il est observé entre 1 200 et plus de 2 000 m

142 - Regard sur quelques espèces

d’altitude, avec une préférence pour l’étage subalpin. Un record d’altitude est connu dans la commune des Allues, avec 2 060 m. Le streptope recherche la fraîcheur et l’humidité des aulnaies vertes et des mégaphorbiaies*, également dans les pierriers


Protection et propositions de gestion

Le streptope à feuilles embrassantes est une espèce rare en France, protégée dans certaines régions comme la Franche-Comté. En Savoie, la connaissance des populations existantes (localité, dénombrement des populations) est une mesure nécessaire au maintien de cette espèce.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le streptope à feuilles embrassantes possède

Menaces

Se développant dans des milieux peu ou pas convoités pour les usages de l’homme, le

PNV - Christian Balais

une aire de répartition géographique circumboréale*. En France, il est présent dans toutes les grandes régions montagneuses : Vosges, Jura, Alpes, Massif central, Pyrénées et Corse. En Savoie, cette espèce est connue dans la plupart des massifs de montagne : les Bauges, les Aravis, les chaînes de Belledonne, des Hurtières et de la Lauzière, le Beaufortain et la Tarentaise. Il semble beaucoup plus rare en Maurienne. À Villaroger, le streptope à feuilles embrassantes est localisé dans le bois de la Savinaz et près des Casettes.

Sceau de Salomon odorant

Le saviez-vous ? • L’origine du nom streptope vient de deux noms grecs streptos : fléchi, et pous : pied, et fait allusion au pédoncule anguleux de la fleur. • Le nom de sceau de Salomon est du à la cicatrice laissée sur le rhizome par la tige aérienne fanée. Cette cicatrice est particulièrement marquée chez le sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum). • La toxicité des baies de streptope est due à la présence de saponines, une substance que l’on retrouve dans d’autres baies (muguet, parisette à quatre feuilles, lierre, fragon, etc).

Regard sur quelques espèces - 143

Fiche-espèce n°5

streptope à feuilles embrassantes reste une espèce peu menacée. De même, la sobriété de ses couleurs et de ses formes le protège de la cueillette excessive.

frais et les anfractuosités des rochers ombragés. À Villaroger, il pousse essentiellement dans les aulnaies vertes et les mégaphorbiaies. Sa floraison a lieu de juin à août. Les insectes assurent alors sa pollinisation. Chaque fleur se transforme en une baie rouge, allongée et toxique.


Les orchis vanille Les orchis vanille sont des orchidées de taille moyenne qui se développent dans les pelouses d’altitude. Le terme d’orchis vanille est utilisé pour désigner un groupe particulier d’orchidées. Trois espèces de ce groupe sont connues en Savoie : la nigritelle de Rhellicanus, (Nigritella rhellicani), la nigritelle du mont Cenis (Nigritella cenisia) et la nigritelle d’Autriche (Nigritella austriaca). Les critères de différenciation de ces trois orchidées (pilosité et forme du labelle* notamment) ne permettent pas de les distinguer aisément.

Hauteur 10 à 30 cm

inflorescence dense de forme conique ou ovoïde

tige triangulaire

PNV – Gérard Caratti

nombreuses feuilles linéaires, dressées et creusées en forme de gouttière

Orchis vanille

petite fleur pourpre à brun noirâtre à forte odeur de vanille

PNV – Philippe Benoît

Fiche-espèce n°5

Sommaire

labelle* long de 5 à 6 mm Fleur d’orchis vanille

Écologie

Les orchis vanille sont des espèces vivaces qui se développent aux étages alpin et subalpin, entre 1 000 et plus de 2 500 m

144 - Regard sur quelques espèces

d’altitude. Ce sont des plantes de pleine lumière qui fréquentent essentiellement les pelouses, parfois les landes. À Villaroger, les orchis vanille poussent dans toutes les pelouses alpines.


Répartition géographique et intérêts biologiques

En Europe, l’aire de répartition des orchis vanille s’étend de la Scandinavie jusqu’aux Balkans, la Grèce et l’Espagne du nord. En France, ces espèces sont fréquentes dans les montagnes, du Haut-Jura aux Alpes maritimes. Les orchis vanille sont répandus dans tout le massif de la Vanoise. Menaces

l’odeur de leurs fleurs sont des attraits pour les randonneurs qui peuvent être tentés de les cueillir. La destruction ou la modification de leur habitat* : le surpâturage, l’abandon du pâturage qui se traduit par la fermeture* du milieu, ou l’aménagement de pistes.

Protection et propositions de gestion

Les orchis vanille sont protégés en Europe par la convention de Washington. Cet accord intergouvernemental vise à protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction par les échanges internationaux en contrôlant le commerce. L’accompagnement des éleveurs pour le maintien de l’activité pastorale, les campagnes de sensibilisation à la cueillette auprès des randonneurs sont autant d’efforts à poursuivre pour ces orchidées très symboliques de la pelouse alpine.

Bien

qu’ils soient répandus dans nos montagnes, les orchis vanille connaissent deux types de menaces. La couleur et

Le saviez-vous ? • Les fleurs d’orchis vanille ont la particularité de présenter un labelle* losangique, dirigé vers le haut, alors qu’il est dirigé vers le bas chez la plupart des orchidées. • Comme toutes les orchidées, les orchis vanille ne peuvent se développer qu’en présence d’un champignon vivant dans le sol. Cette association, ou symbiose, qui se fait entre les racines de la plante et un champignon, est appelée mycorhize. • Les orchis vanille, tout comme de nombreuses orchidées, ont été considérés comme des plantes magiques, voire diaboliques. Cette croyance s’est fondée à partir de l’observation de leurs deux racines tuberculeuses. Le tubercule de l’année, blanc et gonflé était “la main de dieu”, celui de l’année précédente, flétri et brun, était “la main du diable”. • À la lumière de récentes études de systématique, toutes les espèces du genre Nigritella sont désormais rattachées au genre Gymnadenia.

Regard sur quelques espèces - 145

Fiche-espèce n°6

Ces orchidées fleurissent de fin juin à miaoût. Le parfum de leurs fleurs attire de nombreux insectes. Des papillons, comme les zygènes, les moirés et les mélitées semblent être les insectes pollinisateurs les plus communs pour ces espèces. Chaque fleur se transforme ensuite en un petit fruit sec, appelé capsule.


Le tétras-lyre Le tétras-lyre (Tetrao tetrix) encore appelé “petit coq de bruyère” appartient à l’ordre des galliformes qui compte en Vanoise cinq espèces nicheuses (tétras-lyre, lagopède alpin, perdrix bartavelle, gélinotte des bois et caille des blés). Les quatre premières nichent à Villaroger. C’est un oiseau emblématique sur le plan touristique qui se distingue facilement des autres espèces, par son plumage noir (pour le coq) et ses gros sourcils rouges ou caroncules, en période de reproduction.

plumes de la queue en forme de lyre dessous des ailes, cuisses et bas du ventre blancs sourcil rouge ou “caroncule” plumage entièrement noir, irisé de bleu métallique sur le cou et le poitrail

PNV – Philippe Benoît

Fiche-espèce n°7

Sommaire

Mâle adulte de tétras-lyre (taille = 62 cm)

Écologie

Typique

de la taïga, le tétras-lyre peuple surtout les Alpes françaises internes, couvrant la partie supérieure de l’étage subalpin et la base de l’étage alpin (entre 1 900 et 2 100 m d’altitude). Il affectionne essentiellement les boisements clairs de résineux (au sous-bois d’éricacées à baies telles que l’airelle à petites feuilles), mais les fourrés d’aulne vert peuvent également lui fournir abri et nourriture. À Villaroger, l’espèce est bien représentée dans les forêts et les aulnaies vertes. Les comptages de 2006 révèlent des densités dépassant 3 coqs aux 100 ha dans les zones vierges d’aménagement. Sur les secteurs aménagés en pistes de ski et remontées mécaniques, cette densité chute à moins

146 - Regard sur quelques espèces

d’un coq. Ces résultats proviennent des comptages sur les places de chant organisés par le Parc national de la Vanoise sur la zone d’étude “Les Arcs – Villaroger”. Ils permettent d’évaluer la tendance d’évolution des effectifs de tétras-lyre dans le cadre du protocole de suivi préconisé par l’Observatoire des galliformes de montagne. Les parades ont lieu au mois de mai sur des places de chant dégagées où se regroupent les coqs. L’espèce niche en limite de forêt, au pied d’un arbre ou sous un épais buisson. Les jeunes ne restent pas au nid et sont élevés par la femelle jusqu’à leur troisième mois. Ils se nourrissent durant deux à trois semaines dans les pelouses d’altitude riches en invertébrés ; leur alimentation devient ensuite presqu’exclusivement végétale. Les nichées s’émancipent en septembre-octobre.


Répartition géographique et intérêts biologiques

En

PNV – Stéphane Mélé

Europe, la répartition du tétras-lyre comprend l’arc alpin, l’Europe du Nord et du Nord-Est. En France, il ne subsiste que dans huit départements (dont les Ardennes où il reste moins de 20 individus), ce qui en fait une espèce rare à l’échelle nationale. On estime sa population française entre 8 000 et 11 000 poules nicheuses après une diminution de 20 à 50 % de ses effectifs depuis 1970, principalement dans les massifs préalpins. En Savoie, comme dans d’autres départements alpins, on observe depuis quelques dizaines d’années, une régression significative des effectifs de tétras-lyre. Même si ces effectifs semblent se maintenir en Vanoise, avec environ 400 mâles en Tarentaise, le tétras-lyre reste très sensible à la qualité de son environnement.

Femelle adulte de tétras-lyre ou poule (taille = 47 cm)

Menaces

C’est une combinaison de facteurs défavorables, principalement liés à l’artificialisation du milieu montagnard, qui engendre un recul des populations de tétras-lyre : dérangement par le ski hors piste et la pratique illégale de la motoneige, collisions avec les câbles de remontées mécaniques et les lignes électriques, perte de surfaces favorables à l’élevage des poussins du fait du nivellement des pistes de ski, ou encore disparition des places de chant (par extension de domaines skiables, aménagement de retenues collinaires, urbanisation). Le dérangement lié au passage de chiens, comme celui trop précoce des troupeaux ovins ou bovins leur est aussi nuisible. La multiplication des pistes carrossables accroît les pressions de dérangement estival et de chasse. De plus, l’abandon du pâturage et la fermeture* des pelouses par la lande lui sont également néfastes.

Protection et propositions de gestion

Le tétras-lyre est une espèce chassée malgré son inscription aux annexes I et II de la directive Oiseaux. Seul le mâle est chassable, la femelle et les jeunes sont protégés. Depuis 2001, un plan de chasse annuel est instauré pour cette espèce. Il fait obligation d’ajuster les prélèvements cynégétiques aux fluctuations annuelles de la reproduction. Cette chasse est interdite dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger et dans le cœur du Parc. L’avenir de cet oiseau réside dans la modération des prélèvements et dans la préservation de son habitat*. D’autres mesures permettraient de limiter la perte d’individus : la visualisation des câbles dangereux en partenariat avec les stations de ski, la régulation du ski hors piste, la surveillance des chiens de mai à juillet pour

Regard sur quelques espèces - 147

Fiche-espèce n°7

L’hiver en sous-bois, les tétras s’isolent du froid ambiant en se laissant enfouir sous la neige, ou en creusant une loge dans les zones de neige poudreuse, afin de limiter leurs dépenses énergétiques.


Fiche-espèce n°7

éviter qu’ils ne maraudent dans les zones de reproduction, la fermeture de pistes aux véhicules, l’arrêt de l’aménagement ou de l’ouverture au ski des derniers sites où il se maintient.

Le retard du pâturage par les troupeaux, dans les zones de couvées, est une des mesures mise en place pour la préservation du tétras-lyre, dans la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger.

Répartition du tétras-lyre en Vanoise

Le saviez-vous ? • Le tétras-lyre doit son nom aux plumes de sa queue recourbées en forme de lyre, les rectrices, du mâle adulte. • Pendant la période de reproduction, la parade des coqs se traduit par des roucoulements, des chuintements, sauts et combats ritualisés. Elle aboutit à une hiérarchisation au sein des groupes de mâles, désignant celui que les poules choisiront pour l'accouplement. • Les doigts des pattes sont “peignés” de structures cornées qui jouent un rôle de raquettes pour faciliter son déplacement sur la neige.

148 - Regard sur quelques espèces


Le chamois des Alpes Le chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra rupicapra) appartient à la famille des bovidés (ruminants à vraies cornes) tout comme le bouquetin des Alpes. Au sein de cette famille, le chamois des Alpes est classé dans le groupe particulier des rupicaprins, qui rassemble des animaux aux caractères intermédiaires entre ceux des chèvres et des antilopes. Le chamois présent en Vanoise est l’une des 10 sous-espèces rencontrées dans les différents massifs d’Europe. Le masque facial et la forme des cornes font du chamois des Alpes une espèce très facile à reconnaître dans nos massifs alpins.

cornes recourbées en crochet à leur extrémité tête courte barrée d’une bande foncée de l’œil aux narines cou large et trapu

PNV – Michel Bouche

pelage noirâtre et épais (bourre et poils de jarre)

Chamois des Alpes : mâle en hiver

pelage gris-beige à roux

crochet des cornes généralement moins recourbé tête plus allongée

PNV – Patrick Folliet

cou long et étroit

Chamois des Alpes : femelle en été

Écologie

Le

chamois des Alpes occupe une grande diversité de milieux pentus entre 800 et 2 800 m d’altitude : les rochers, les pelouses

alpines, les éboulis et les forêts. Sans être un adepte de la verticalité, le chamois a besoin de relief. De même, la forêt semble indispensable à son cycle de vie. Le chamois se nourrit de plantes herbacées qu’il

Regard sur quelques espèces - 149

Fiche-espèce n°8

Sommaire


Fiche-espèce n°8

consomme en début et en fin de journée. En hiver, il complète son alimentation par des rameaux et bourgeons d’arbres, et peut être actif toute la matinée. Le chamois occupe différents quartiers saisonniers, lesquels se divisent grossièrement en quartier d’hiver et quartier d’été. Le quartier d’hiver est avant tout sélectionné pour la nourriture qu’il pourra offrir. Il s’agit de zones boisées, ou encore de zones abruptes, de crêtes ventées et ensoleillées, moins enneigées et où la végétation herbacée est plus accessible. Le quartier d’été est plus vaste, il se situe généralement au-dessus de la forêt et en exposition fraîche. Il s’agit de pelouses alpines, éboulis, couloirs, etc. La période de rut a lieu en automne dans le quartier d’été. La femelle met bas au printemps (un seul cabri), dans une zone peu accessible : une vire étroite, une falaise, un fourré d’aulne, etc. Les prédateurs du chamois sont le loup, le lynx et l’aigle royal.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Du fait d’une chasse abusive depuis le XIXe siècle, les effectifs de chamois des Alpes ont fortement diminué en France dans les années 1950. Le chamois des Alpes est présent naturellement dans tout l’arc alpin, ainsi que dans le massif du Jura, que l’espèce a recolonisé depuis la Suisse. Les populations du Cantal et des Vosges sont issues de réintroductions. Dans les années 1990, le massif alpin comptait environ 55 000 individus. Depuis la création du Parc national de la Vanoise en 1963, et jusqu’en 1992, les effectifs de chamois en Vanoise sont passés de 500 à plus de 5 000 individus. À Villaroger, l’espèce est bien présente dans les secteurs des Revers de Fresse, du mont de la Gurraz, des Lances et de la Martin. Lors du comptage de septembre 2004 organisé par le Parc national de la Vanoise près

150 - Regard sur quelques espèces

de 150 individus ont été recensés sur la commune. Ils constituent une part de la population du massif du mont Pourri qui regroupe environ 500 chamois répartis entre Villaroger, Tignes, Peisey-Nancroix, Landry, BourgSaint-Maurice et Sainte-Foy-Tarentaise.

Menaces

Le relâchement de la pression de chasse, à travers l’extension de territoires non chassés (réserves de chasse, parc nationaux, réserves naturelles), complété par des lâchers, notamment dans les secteurs où il avait disparu, ont permis au chamois des Alpes de retrouver un meilleur état de ses populations en France. Malgré la mise en place de plans de chasse l’espèce n’arrive pas à s’installer durablement sur certains territoires non protégés, qui offrent pourtant de fortes potentialités d’accueil. Par ailleurs, les jeunes mâles exploitant plus facilement les espaces chassés à la recherche d’un territoire, sont aussi les plus touchés par la chasse. Ce phénomène se traduit par un déséquilibre dans les populations avec, dans certains secteurs soumis à forte pression cynégétique, la présence de 3 femelles pour 1 mâle. La chasse pratiquée tard en saison, après le rut, est un facteur important de mortalité, du fait des perturbations qu’elle occasionne sur les zones d’hivernage. Situé pour l’essentiel au-dessus des forêts, le coeur du Parc national de la Vanoise, n’est pas en mesure d’assurer tous les besoins de cette espèce. En effet le chamois n’y trouve pas les quartiers d’hiver suffisants dont il aurait besoin pour se développer davantage. Depuis la création du Parc, l’extension des domaines skiables de nombreuses stations situées dans le périmètre optimal a fortement réduit la superficie des zones d’hivernage. Le ski hors-piste pratiqué dans certains quartiers d’hiver peut être un facteur important de dérangement pour cet animal.


Protection et propositions de gestion

L’amélioration et l’application des plans de chasse, obligatoires depuis 1990, devraient

Répartition du chamois en hiver en Vanoise

être favorables à la recolonisation des territoires désertés par le chamois. Ces plans prévoient notamment un quota d’animaux attribués, un pourcentage de classes d’âge et de sexe, fixé en fonction de l’effectif et de la structure de la population des secteurs chassés. La volonté des sociétés de chasse du massif du mont Pourri de ne plus chasser après le 11 novembre et de réduire sensiblement les attributions au plan de chasse devrait concourir à une augmentation des effectifs.

Répartition du chamois en été et en automne en Vanoise

Le saviez-vous ? • Le nom latin du chamois rupicapra, vient de rupi : rocher, et capra : chèvre, signifiant chèvre des rochers. • Le chamois présente plusieurs adaptations aux conditions de vie en montagne (altitude, neige). Il a un cœur volumineux (2,5 fois plus lourd que celui de l’homme), un sang riche en globules rouges (3 fois plus que l’homme) et des “palmures” entre les onglons du sabot pour se déplacer sur la neige. • Pour échapper aux prédateurs carnivores, le chamois est capable de s’élever de 1 000 m d’altitude en zones escarpées en un quart d’heure. • En Europe, le chamois est présent des Monts Cantabriques au Caucase où il a développé deux formes : la forme pyrénéenne (appelée Isard) et la forme “alpino-asiatique”. Cette dernière se rencontre dans les Alpes, les Carpates, les Tatras, les Balkans, le Caucase et une partie de la Turquie. Elle s’est développée en plusieurs sous-espèces, comme le chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra rupicapra).

Regard sur quelques espèces - 151

Fiche-espèce n°8

La population du massif du mont Pourri a sensiblement diminué, probablement du fait du dérangement dans les zones d’hivernage (ski hors piste, chasse tardive) et de prélèvements cynégétiques trop importants.


Le cerf élaphe Le cerf élaphe (Cervus elaphus) est le plus grand ongulé sauvage de France. Cet animal présente un fort dimorphisme sexuel. Les mâles sont beaucoup plus lourds que les femelles. Toutefois, ils dépassent rarement 200 kg en France. Eux seuls arborent une ramure ou bois, qui se renouvelle chaque année. Le pelage, fauve, est très variable, du brun sombre au beige clair. Les faons naissent au printemps. Leur robe rousse tachetée de blanc constitue un camouflage de protection efficace contre les prédateurs. Le cerf élaphe avait disparu du sud de la France au cours du XIXe siècle et les dernières populations françaises étaient réfugiées dans les grands massifs forestiers du nord de la France. Elles ont servi de souches aux réintroductions effectuées dans le sud, principalement dans les massifs forestiers de montagne. Les réintroductions datent des années 1960 et 1970. En Maurienne, un retour spontané de quelques individus, issus des populations limitrophes du versant italien des Alpes, est venu renforcer ces opérations.

bois osseux de plus en plus ramifiés avec l'âge

PNV - Christian Simon

Le cerf élaphe est le plus grand des herbivores français (taille = 1,30 m au garrot)

Animal de taille réduite (0,80 m au garrot ) Bois dressés et peu ramifiés

PNV - Sandrine Lemmet

Fiche-espèce n°9

Sommaire

Miroir blanc Chevreuil

Écologie

Animal

forestier, il fréquente indifféremment les forêts de conifères comme de feuillus. Cependant, il n’est pas rare de

152 - Regard sur quelques espèces

l’observer en alpage au-dessus de la limite de la forêt, ainsi que dans les pentes raides de l’aulnaie verte. Le cerf élaphe adulte n’avait pas de prédateur en France avant le retour du loup. Herbivore, il se nourrit d’herbe et, en


Fiche-espèce n°9 PNV – Ludovic Imberdis

Cerf et biche en lisière forestière

période hivernale, de rameaux et d’écorces. En Tarentaise, il lui arrive de commettre quelques dégâts dans les potagers à cette saison. Au printemps, son solide appétit peut l’amener dans les prairies de fauche où il broute abondamment les premières pousses d’herbe. En-dehors de la période du brame qui se déroule de septembre à octobre, le cerf vit en hardes matriarcales regroupant les femelles, leurs faons et les jeunes de l’année précédente. Les mâles vivent en solitaires ou en hardes lâches

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

cerf élaphe fait partie intégrante de la grande faune des montagnes. Dans le contexte actuel d’abandon par l’agriculture des terrains les plus ingrats, il a un rôle à jouer dans la conservation des espaces ouverts*, clairières, friches. Les forêts mixtes* et diversifiées, tant en matière d’essences que de classes d’âges, ne souffrent pas de la présence de cet herbivore. En Tarentaise, le cerf élaphe

a été réintroduit entre 1967 et 1972 à partir d’animaux capturés à Chambord. En 2006 les comptages font état d’une population bien établie en Haute-Tarentaise de l’ordre de 500 individus.

Menaces

En Tarentaise, l’augmentation des effectifs de cerf élaphe s’est traduite par une multiplication par dix des attributions au plan de chasse de la fin des années 1980 au début des années 2000. La quantité d’animaux chassés tous les ans est corrélée à la densité des populations de cerfs considérée comme économiquement supportable par la société. À ce titre, la chasse en Savoie ne constitue pas une menace pour l’espèce. Pour éviter un prélèvement trop important des grands mâles adultes en pleine force de l’âge, (plus appréciés que les individus malingres, les femelles ou les jeunes), les attributions au plan de chasse limitent le tir des mâles. À titre d’exemple, en 2005, les 10 animaux attribués à Villaroger se répartissaient équitablement entre jeunes, mâles et femelles.

Regard sur quelques espèces - 153


Fiche-espèce n°9

Comme tous les ongulés, le cerf souffre de la circulation automobile nocturne et les accidents ne sont pas rares. Particulièrement spectaculaire, le brame du cerf attire, sur quelques sites, un public de plus en plus important chaque année. Tolérable tant qu’elle reste discrète, la présence d’observateurs peut perturber les hardes.

Protection et propositions de gestion

chasse. Le maintien de populations saines et équilibrées (en termes de sexe ratio et de classes d’âges) dépend donc du respect des préconisations des plans de chasse, qui sont en adéquation avec la structuration et la densité de ces populations. Concernant la menace routière, il importe de localiser les couloirs de migration et de concevoir des passages de grande faune adaptés, en particulier pour les nouvelles infrastructures. La fréquentation de certains sites de brame pourrait être encadrée (écotourisme).

Le cerf élaphe est une espèce chassable dont les attributions, en quantité et en qualité, sont fixées chaque année par des plans de

Le saviez-vous ? • Le faon est le jeune de moins de 6 mois. Il devient hère entre 6 mois et un an. Ses premiers bois poussent à un an, il ne porte alors qu'une paire de cors, c'est un daguet. Les bois tombent chaque année en mars et repoussent en 130 jours environ. Ils se ramifient un peu plus chaque année, puis lorsque le cerf vieillit, cette croissance ralentit : le cerf “ravale”. Lors de leur croissance les bois sont recouverts d'un velours* très richement irrigué qui se dessèche et part en lambeaux en juin. Dans les pays de l'Est, on attribue aux cors encore recouverts de leur velours des propriétés médicinales rajeunissantes.

154 - Regard sur quelques espèces


Le solitaire Le

solitaire (Colias palaneo) figure parmi la soixantaine d’espèces de papillons de jour signalée à Villaroger. Il existe 6 espèces du genre Colias en France. Le dessus des ailes de tous les mâles présentent une coloration allant du jaune vif à l’orange foncé. Cette coloration contraste avec une marge noire, plus ou moins marquée et plus ou moins large. Les femelles sont généralement plus pâles. Trois espèces sont connues à Villaroger : le fluoré (Colias alfacariensis) dont la coloration générale est jaune vif, le candide (Colias phicomone) qui présente une couleur jaune pâle largement tachetée de gris, et le solitaire. dessus des ailes blanchâtre à grisâtre (jaunâtre chez le mâle) bordé d’une marge noire, large et ininterrompue

Michel Savourey

revers des ailes jaune verdâtre

aile postérieure marquée d’un point blanc en son centre Le solitaire, femelle

dessus des ailes jaune vif marge noire avec des taches jaunes Jeannette Chavoutier

tache orange vif sur l’aile postérieure

Le fluoré, mâle

Écologie

Le

solitaire fréquente les landes et les prairies humides entre 600 et 2 600 m d’altitude, généralement à proximité de boisements. Le solitaire est un papillon au vol puissant. La période de vol, correspondant à la période de reproduction, a lieu entre juin et août. La femelle pond des œufs sur la face supérieure d’arbrisseaux, comme la myrtille (Vaccinium myrtillus) et

l’airelle des marais (Vaccinium uliginosum). L’éclosion de ces œufs a lieu, soit quelques jours après la ponte (en ce cas la croissance de la larve est interrompue par une période de repos hivernal), soit au printemps de l’année suivante. La larve est une chenille veloutée, verte, barrée d’une bande longitudinale jaune sur les côtés. Cette chenille atteint 35 mm au maximum de sa croissance, aux mois de mai et juin.

Regard sur quelques espèces - 155

Fiche-espèce n°10

Sommaire


PNV – Marie-Geneviève Bourgeois

Accouplement de solitaires

Répartition géographique et intérêts biologiques

Protection et propositions de gestion

L’aire de répartition du solitaire est large et

Depuis

1993, le solitaire fait partie des papillons protégés en France. Le prélèvement, la capture et la destruction des œufs, des chenilles et des adultes sont interdits. Le suivi des populations, afin de mieux connaître l’espèce dans notre département (effectif, localités), est une mesure fondamentale pour mieux appréhender d’éventuels projets de modification des milieux de vie du solitaire.

surtout septentrionale. Elle s’étend du Canada et de l’Alaska, jusqu’en Sibérie et au Japon, en passant par le centre et le nord de l’Europe. En France le solitaire est un papillon sédentaire, localisé et considéré comme une relique glaciaire*. Il est connu dans les Alpes, où il est abondant, également dans le Jura, où il forme de petites populations isolées. Le solitaire a été observé en de nombreuses localités savoyardes de montagne, entre 1 500 à 2 500 m d’altitude. Il survole tous les secteurs de landes à Villaroger.

Menaces

La dégradation et la diminution de ses habitats*, comme le drainage des milieux humides, sont les premiers facteurs de

PNV – Philippe Benoît

Fiche-espèce n°10

régression de cette espèce. Le solitaire a ainsi disparu de nombreuses localités de basse altitude en Europe. En Savoie, ce papillon se maintient dans les zones de montagne, où son milieu de vie, plus difficile d’accès, est l’objet de moins de modification. Toutefois tout projet d’aménagement, tel que la création de pistes de ski, reste une menace pour cette espèce fragile.

La myrtille, une plante nourricière de la chenille du solitaire

Le saviez-vous ? • Le solitaire fait partie de la famille des piéridés. Le nom de cette famille provient d’une légende grecque : les neuf filles de Piéros et d’Evippé, les Piérides, défièrent les Muses au cours d’un concours de chant. Vaincues, elles furent transformées en divers oiseaux, comme les pies. Les couleurs dominantes des piéridés, noir et blanc, rappellent les couleurs de cet oiseau. • Contrairement aux autres papillons du même genre, le solitaire ouvre volontiers ses ailes pour se chauffer au soleil. • La chenille du solitaire se nourrit la nuit, tandis qu’elle reste cachée au cours de la journée.

156 - Regard sur quelques espèces


La rousserolle verderolle La rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) appartient à la famille des sylvidés, représentée à Villaroger par cinq autres espèces : la fauvette à tête noire, la fauvette babillarde, la fauvette des jardins, le pouillot véloce et le pouillot de Bonelli. Tous ces passereaux sont de bons chanteurs et tous recherchent le couvert végétal offert par la forêt, le bosquet ou la végétation haute. Adoptant des formes et des teintes similaires, ces espèces se différencient surtout par leur chant et par le type milieu qu’elles occupent (milieu humide, forêt, lande…).

bec fin

Bios – P. Goutet

ailes et dos gris brunâtre avec parfois des nuances olivâtres

gorge, poitrine et ventre clairs Rousserolle verderolle

Écologie

La

rousserolle verderolle fréquente la végétation épaisse et fraîche formée de grandes herbacées et d’arbrisseaux. En Vanoise il s’agit d’aulnaies vertes, de mégaphorbiaies*, de ripisylves* et de prairies grasses à hautes herbes que la rousserolle trouve le plus souvent à l’étage subalpin, et plus largement, entre 800 et 2 200 m d’altitude. Cette végétation lui offre les sites de nidification et la nourriture dont elle a besoin : petits insectes (mouches, libellules, papillons, etc) et araignées. Son nid forme une coupe confectionnée à partir

d’herbes sèches, et dont le fond est tapissé de racines. Il est “amarré” à des tiges environnantes à l’aide d’herbes sèches. La saison de reproduction commence dès son retour d’Afrique, vers la mi-mai. La ponte unique se compose de 4 à 5 œufs bleu clair couvés par le mâle et la femelle pendant 10 à 14 jours. Les jeunes quittent le nid à l’âge de 10 à 11 jours. Oiseau exclusivement insectivore, la rousserolle verderolle quitte l’Europe en septembre pour rejoindre le sud-est de l’Afrique. Ce voyage de quelques milliers de kilomètres la situe dans la catégorie des oiseaux migrateurs transsahariens.

Regard sur quelques espèces - 157

Fiche-espèce n°11

Sommaire


conditions nécessaires à la rousserolle verderolle : présence d’insectes et sites de nidification propices (bosquets, haies). À Villaroger, la situation de cette espèce est stable et son milieu de vie n’est pas menacée.

La rousserolle verderolle est nicheuse dans un territoire situé au nord-est de l’Europe, et limité par une diagonale allant de la Manche à la mer Adriatique. En France, l’espèce se trouve donc à la limite sud-ouest de son aire de répartition. En 2003, l’effectif national de couples nicheurs est estimé entre 1 000 et 10 000, répartis en deux populations : une population de plaine, allant de la Normandie au territoire de Belfort, et une population d’altitude présente dans le Jura et les Alpes du Nord. En Vanoise, l’espèce occupe tous les milieux qui lui sont favorables, avec une présence deux fois plus importante en Maurienne qu’en Tarentaise. La surface importante d’aulnaies vertes et de mégaphorbiaies*, se traduit par une présence marquée de la rousserolle verderolle à Villaroger. L’espèce peut être entendue aux mois de juin et de juillet depuis le parking du Chantel à la Gurraz. Elle occupe notamment les aulnaies vertes dominant les villages de la Savinaz et de la Gurraz.

Protection et propositions de gestion

La

rousserole verderolle est une espèce protégée en France. À Villaroger, l’espèce ne nécessite pas de mesures de protection particulières, si ce n’est le suivi régulier de sa présence.

Menaces

Les populations qui fréquentent les milieux traditionnellement exploités par l’homme, comme les marais et les prairies à hautes herbes, sont les plus menacées. Ayant subis l’intensification agricole et le remembrement, ces milieux n’offrent plus les

Bios – C. Balcaen

Fiche-espèce n°11

Répartition géographique et intérêts biologiques

La fauvette des jardins, une espèce voisine de la rousserolle verderolle

Le saviez-vous ? • La rousserolle verderolle se distingue par la variété et la virtuosité de son chant. Ce chant est souvent émis de l'aube à la tombée du jour. Très plein, il est interrompu seulement par de courtes pauses, et se compose d’un pot-pourri d’imitations d’autres chants de petits passereaux (merle, mésange, grive, pouillot, linotte, hirondelle, etc).

158 - Regard sur quelques espèces


La vipère aspic La

vipère aspic (Vipera aspis), comme tous les serpents, est un vertébré à température variable. Les vipères se distinguent facilement des couleuvres par leur taille inférieure à 85 cm, la présence de petites écailles sur le dessus de la tête, et leur pupille verticale (pupille ronde chez les couleuvres). De plus, alors que les couleuvres n’ont pas de crochets à l’exception d’une espèce en France (la couleuvre de Montpellier, dont les crochets sont au fond de la gueule), les vipères possèdent des crochets venimeux situés sur l’avant de leur mâchoire. Malgré ces différences, la vipère, peut être confondue avec la coronelle lisse (Coronella austriaca), une petite couleuvre inoffensive présente à Villaroger.

Corps trapu (de 20 à 70 cm) Mâle plus gros que la femelle

queue courte couleur très variée : fond gris clair, gris jaunâtre, brun rouge, orangé ou anthracite, marqué par une marbrure dorsale sombre au dessin également variable tête nettement distincte du corps, aplatie et triangulaire museau tronqué et retroussé bande foncée de l’œil au cou

PNV – Philippe Benoît

PNV – Joël Blanchemain

oeil à pupille fixe verticale

Vipère aspic

Vipère aspic

queue longue tête arrondie, dans le prolongement du corps œil à pupille ronde

Philippe Freydier

bandeau foncée du museau à l’arrière de la tête Coronelle lisse

Regard sur quelques espèces - 159

Fiche-espèce n°12

Sommaire


La

vipère aspic est un reptile que l’on rencontre depuis la zone collinéenne jusqu’aux régions montagneuses (jusqu’à 2 500 m d’altitude dans les Alpes). Elle fréquente les pentes sèches et ensoleillées, en mosaïque avec des rocailles et des broussailles, abritées des vents froids. En été, on peut aussi la trouver dans les endroits humides et même en bordure de l’eau. Elle est également capable de traverser de petits cours d’eau. Elle est active de jour comme de nuit, suivant le temps et la saison. Elle se nourrit à 98 % de micromammifères (campagnols, mulots, etc), parfois de lézards et de petits oiseaux qu’elle tue avec son venin. Elle peut hiberner durant six mois selon la rigueur hivernale. L’accouplement a lieu en mai. La femelle met au monde six à treize vipéreaux entre fin août et septembre. La vipère aspic fait partie des espèces ovovivipares, c’est à dire qu’elle ne pond pas d’œufs, mais donne naissance à des jeunes déjà bien formés. À Villaroger, elle est présente dans toutes les zones présentant la mosaïque de milieux “landes, pelouses et rochers”.

Répartition géographique et intérêts biologiques

La

vipère aspic possède une aire de répartition limitée en Europe : nord-est de l’Espagne, centre et sud de la France, Suisse, Italie et Sicile. En France, c’est la plus commune et la plus abondante des vipères, avec la vipère péliade, une espèce qui lui ressemble, mais dont l’aire de répartition se localise dans le nord de la France. La vipère aspic compte parmi les reptiles les plus répandus en Savoie. À Villaroger, la vipère est bien présente dans le secteur du refuge de la Martin, sous le refuge de Turia et aux environs de Cousset.

Menaces

La

vipère aspic n’est pas menacée actuellement en France. Cependant, l’arrachage de haies, la disparition de pierriers et de ronciers, peut localement entraîner sa disparition. Elle peut être ponctuellement exterminée aux abords de certains villages, par méconnaissance et exagération du danger réel qu’elle

PNV – Christophe Gotti

Fiche-espèce n°12

Écologie

Vipère aspic, forme mélanique

160 - Regard sur quelques espèces


Protection et propositions de gestion

La

vipère aspic bénéficie en France d’une protection légale partielle, sa capture et sa détention, sa mutilation, sa naturalisation, son transport, de même que l’achat et la vente sont interdits. L’espèce n’étant pas particulièrement menacée, aucune gestion particulière n’est à préconiser. En revanche, il serait utile de procéder à une campagne de sensibilisation visant à mieux faire connaître l’espèce. Il faudrait également informer sur le véritable danger de son venin et la réaction à avoir en cas de morsure.

Le saviez-vous ? • Comme tous les serpents, la vipère réagit aux ondes sonores transmises par le sol. C’est un animal craintif, elle fuit l’homme, et tout autre danger venant du sol, en se déplaçant lentement à la recherche d’un abri. Elle adopte un comportement défensif seulement lorsqu’elle se sent menacée, allant jusqu’à mordre. • Le mélanisme est une adaptation liée à l’altitude et développée par différentes espèces animales. Ainsi des individus de vipère aspic prennent une forme totalement sombre, une couleur beaucoup plus performante pour absorber l’énergie lumineuse, énergie cruciale pour les animaux à sang froid. • Une rumeur tenace fait état de “lâchers de vipères” par hélicoptères. Dans le cas de la vipère aspic, cela serait totalement inutile compte-tenu de son abondance. Cette rumeur, sans aucun fondement, prend peut-être son origine dans le fait qu'habituellement discrète, la vipère l’est beaucoup moins au moment de l'accouplement. Il arrive alors de rencontrer plusieurs vipères dans un même endroit. Ces fameux lâchers de vipères, à Villaroger comme ailleurs, n'existent que dans l'imagination de certains.

Regard sur quelques espèces - 161

Fiche-espèce n°12

représente pour les hommes. Comme tous les autres serpents, la vipère aspic est aussi victime de l’écrasement sur les routes. Certaines espèces de couleuvres ont adopté des couleurs ou des comportements de défense similaires à ceux de la vipère. Ainsi la coronelle lisse, inoffensive, peut, tout comme la vipère aspic, subir des actes de destruction sans raison objective. C’est d’ailleurs une espèce protégée. À Villaroger, aucune menace particulière ne semble concerner la vipère aspic.


Annexes

Annexes


Annexes

Sommaire

Lexique [1] d’après le Dictionnaire des Plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Le monde des tourbières et des marais (Manneville et al, 1999) [4] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993) [6] d’après Queyras : un océan il y a 150 millions d’années (Lemoine M. et Tricart P., 1997) [7] d’après Flore de la Suisse. Le nouveau Binz (Aeschmann D. et Burdet H.M., 1989)

oOo

Abroutir [1] En parlant de la faune domestique ou de la faune sauvage : brouter les bourgeons, les pousses, les rameaux, les rameaux feuillés de végétaux ligneux. Un végétal qui a été abrouti a subi “l’abroutissement”. Arctico-alpine [1] Se dit d’une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) [2] Groupement de végétaux aux exigences écologiques proches et constituant des peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes. Atterrissement [2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation de sédiments. Boréo-alpin Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Captage gravitaire Système de captage qui permet de prélever l’eau libre infiltrée dans le sol.

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 165


Annexes

Caulinaire [5] Chez les végétaux, se dit d’une feuille portée par la tige principale. Cembraie [5] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Chaîne alimentaire (ou pyramide alimentaire) [2] Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les herbivores, le dernier par les charognards et les détritivores. Collemboles [4] Insectes du sol, dépourvus d’ailes, capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Circumboréal [2] Qui est propre aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord. Écotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée. Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : - 0 et 900 m pour l’étage collinéen, - 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, - 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, - 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, - 3 000 et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Forêt mixte [5] Forêt composée d’un mélange d’arbres feuillus et d’arbres résineux.

166 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger


Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatique, géologique et géographique originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Inalpage Séjour des bergers et du troupeau aux alpages pendant la saison estivale. Labelle Chez les orchidées, pétale médian spécialisé, plus ou moins différent des deux autres pétales. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides en moyenne montagne, et que caractérisent des herbes de haute taille. Mélézin [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle de l’étage subalpin des Alpes internes, dominée par le mélèze d’Europe. Micrommamifères Ensemble des petits mammifères appartenant aux groupes des insectivores et des rongeurs, et dont le poids varie entre quelques grammes et quelques dizaines de grammes. Il comprend essentiellement les campagnols, les souris, les musaraignes et les taupes. Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pennatifide [5] Se dit d’une feuille pennée découpée en lobes, dont la profondeur atteint environ le milieu du limbe. Pessière [5] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas.

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 167

Annexes

Futaie jardinée [1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine même du terme de futaie. Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes, sont donc de tailles très variées, la futaie est dite jardinée.


Annexes

Plécoptères [4] Ordre d’insectes (à métamorphose incomplète) dont les larves aquatiques vivent dans les cours d’eau bien oxygénés : torrents ou rivières aux eaux pures. Par suite de leurs exigences en oxygène dissous, les larves de plécoptères constituent d’excellents bio-indicateurs de qualité des eaux continentales. Primaire (milieu) : Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Relique ou relicte glaciaire [3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après le réchauffement postglaciaire. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi-naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Tépale [7] Pièce de l’enveloppe florale lorsqu’elle est simple, c’est-à-dire composée d’éléments homogènes, sans distinction de corolle et de calice. Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique. Velours Peau veloutée ou poilue qui recouvrent les bois des cervidés. Le velours apparaît en même temps que pousse les bois. Il sèche et se détache en lambeaux quelques temps après le développement des bois. On dit que l’animal qui perd ce velours “fraye”, il accélère la chute de cette peau en se frottant contre les arbres. Zone briançonnaise [6] Subdivision géologique des Alpes qui faisait partie, durant l’ère secondaire, de la marge continentale européenne de l’océan Téthys, et qui a émergé au cours du début Jurassique.

168 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger


Sommaire

Annexes

Bibliographie AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection … Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. ASPORT M., 1999.- Agriculture et tourisme. Travail d’étude et de recherche. CISM. Université de Savoie, 107 p. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 166 p. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. BRADEL J.-L., 1977.- Sainte Foy – La Gurraz – Villaroger. Vie, art et traditions en HauteTarentaise. 87 p. CHINERY M., 1988.- Insectes de France et d’Europe occidentale. Éd. Arthaud. Paris, France. 320 p. CORA, 2003.- Oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes. CORA Éditeur. 336 p. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p. COSTE H., 1983.- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes. Tome III. 807 p. DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 169


Annexes

DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse, Écologie, Menaces, Espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p. DELFORGE P., 1994.- Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p. DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll. Parc National de la Vanoise. Éd. Édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p. DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p. FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Réserves Naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 225 p. FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p. FRAPNA, 1997.- Atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303 p. GENSAC P., 2000.- Guide écologique de la Vanoise – Itinéraires de randonnée et initiation à l’écologie de montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p. GÉROUDET Paul, 1978.- Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Suisse. 429 p. GRUBER U., 1998.- Guide des serpents d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Éd. Delachaux et Niestlé, les guides du naturaliste. Paris, France. 248 p. KAISER B., 1983.- Morphodynamique périglaciaire en Vanoise. Observations et mesures sur deux formes majeures : talus d’éboulis et glaciers-rocheux. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise. Tome XIII. 304 pp 55-80. KEITH P. & ALLARDI J., 2001.- Atlas des poissons d’eau douce de France. Éd. Muséum National d’Histoire Naturelle, Patrimoines naturels, n°47. 387 p. LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p. LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1 616 p. LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la Vanoise. Tome XXI. 304 p.

170 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger


MATZ G. & WEBER D., 1983.- Guide des amphibiens et reptiles d’Europe. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 292 p. NAULLEAU G. (CNRS), 1984.- Les serpents de France. Revue française d’aquariologie, herpétologie, n°3 & 4. 57 p. OFFICE NATIONAL DES FORETS, 1998.- Premier plan de gestion de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger 1997-2001. Office National des Forêts. 107 p. OFFICE NATIONAL DES FORETS, 2002.- Second plan de gestion de la Réserve naturelle des Hauts de Villaroger 2002-2006. Office National des Forêts. 169 p. OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National de Porquerolles, Ministère de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes. PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998.- Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p. PASCAL-MOUSSELARD A., 1927.- Une commune de la Tarentaise. Villaroger. Imprimeries réunies, Chambéry. 15 p. PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection. Éd. du Muséum d’Histoire Naturelle de Bourges. Dépliant. PRELLI R., 2001.- Les fougères et plantes alliées de France et d’Europe occidentale. Éd. Belin, Paris, France. 431 p. RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’Environnement. Éd. Ediscience international. Paris, France. 822 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / École Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p. RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / École Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p.

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 171

Annexes

LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l’ornithologie en montagne. Parc national de la Vanoise Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p.


Annexes

ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p. ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la Protection des Oiseaux. Paris, France. pp 426-427. ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie. Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p. SCHAER J.-P., VEYRET P., FAVARGER C., DU CHATENET G., HAINARD R., PACCAUD O., 1989.- Guide du naturaliste dans les Alpes. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p. TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p. VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard). 30 p. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.

172 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger


+

1

cortuse de Matthiole

+

2

G

H

G

génépi jaune

1

H

G

génépi vrai

1

G

H

lis martagon

1

lis orangé

2

lycopode des Alpes

+

minuartie de Villars

G G G

1

H G

1

pédiculaire du mont Cenis

G

2

potentille blanc de neige

+ +

2

G

primevère du Piémont

+ +

2

G

pyrole intermédiaire

+

1

saule bleuâtre

1

saxifrage fausse mousse

+

1

rhapontique des Alpes

+

1

stipe penné

1

à feuilles embrassantes trèfle des rochers

G

H

G G

+ +

3

H

G H

1

streptope

Glaciers et névés

Pelouses et combes à neige

H

Rochers et falaises

androsace alpine

G

Eboulis, moraines et glaciers rocheux

1

Landes et landines

Forêts de connifère

Cours d’eau et lacs

Village, hameaux et abords

Les grands types de milieux de Villaroger

Aulnaie verte et mégaphorbiaie

ail victorial

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1

Liste des plantes d’intérêt patrimonial

G G

Légende G : habitat principal à Villaroger H : autre habitat à Villaroger

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 173

Annexes

Sommaire


Annexes

Sommaire

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique) Cette liste mentionne uniquement l’ensemble des espèces citées dans le présent document.

Flore PLANTES SUPÉRIEURES Nom français

Nom scientifique

achillée à grandes feuilles

Achillea macrophylla

achillée musquée

Achillea erba-rotta moschata

adénostyle à feuilles d’alliaire

Adenostyles alliariae

ail victorial

Allium victorialis

airelle à petites folioles

Vaccinium uliginosum

ou a. à petites feuilles

subsp. microphyllum

airelle rouge

Vaccinium vitis-idaea

alchémille à cinq feuilles

Alchemilla pentaphylla

androsace alpine ou a. des Alpes

Androsace alpina

anémone du mont Baldo

Anemone baldensis

anemone

arnica des montagnes

Arnica montana

arnica

athyrium alpestre

Athyrium distentifolium

aulne vert

Alnus viridis

azalée naine ou azalée des Alpes

Loiseleuria procumbens

benoîte des ruisseaux

Geum rivale

benoîte rampante

Geum reptans

botryche lunaire

Botrychium lunaria

bouleau blanc camarine hermaphrodite

Betula pendula

Nom patois

verna verda

biû

Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum

campanule du mont Cenis

Campanula cenisia

capillaire des murailles ou c. rouge

Asplenium trichomanes

colchique

Colchicum sp.

cortuse de Matthiole

Cortusa matthioli

crépide dorée

Crepis aurea

dompte-venin officinal

Vincetoxicum hirundinaria

doradille noire ou capillaire noire

Asplenium adiantum-nigrum

edelweiss = étoile des neiges

Leontopodium alpinum

épervière orangée

Hieracium aurantiacum

épicéa

Picea abies

épinard sauvage ou chénopode bon-Henri

Chenopodium bonus-henricus

campanulâ colchiqué

épinar

fougère femelle

Athyrium filix-femina

fougèra

framboisier

Rubus idaeus

ampouér

174 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger


Fraxinus excelsior

gagée fistuleuse

Gagea fistulosa

génépi (genépi) jaune

Artemisia mutellina

ou g. blanc ou g. femelle

ou A. umbelliformis

génépi (genépi) vrai ou g. noir ou g. mâle

Artemisia genipi

genévrier commun

Juniperus communis

genévrier nain

Juniperus nana

gentiane jaune

Gentiana lutea

fragno ou frogne

genêpi géneïvro ou ginèvro géneïvro nen insanna zauna geranium

géranium des bois

Geranium sylvaticum

gnaphale couché

Gnaphalium supinum

grande prêle ou prêle géante

Equisetum telmateia

grassette des Alpes

Pinguicula alpina

goodyère rampante

Goodyera repens

herniaire des Alpes

Herniaria alpina

joubarbe aranéeuse

Sempervirum arachnoideum

joubarbe des toits

Sempervivum tectorum

joubarba du têt

laitue des Alpes

Cicerbita alpina

laitue

linaire des Alpes

Linaria alpina

lis martagon

Lilium martagon

lis orangé

Lilium croceum

listère en coeur

Listera cordata

luzule blanc de neige

Luzula nivea

lycopode à rameaux d’un an

Lycopodium annotinum

lycopode des Alpes

Diphasiastrum alpinum

mélampyre des bois

Melampyrum sylvaticum

mélèze

Larix decidua

brinze

merisier à grappes

Prunus padus

siri

millepertuis perforé

Hypericum perforatum

minuartie de Villars

Minuartia villarii

murbeckielle pennatifide

Mubeckiella pinnatifida

myrtille

Vaccinium myrtillus

nard raide

Nardus stricta

nigritelle d’Autriche

Nigritella austriaca

nigritelle de Rhellicanus

Nigritella rhellicani

nigritelle du mont Cenis

Nigritella cenisia

noisetier

Coryllus avellana

orchis globuleux

Traunsteinera globosa

ortie dioïque

Urtica dioica

oxalis petite oseille

Oxalis acetosella

parnassie des marais

Parnassia palustris

pâturin des alpes

Poa alpina

pédiculaire du mont Cenis

Pedicularis cenisia

petite pyrole

Pyrola minor

dé bouét

lis martagoun

luzula

luisret

queüdra ou noisètier ourtia

pauna pyrola

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 175

Annexes

frêne commun


Annexes

pigamon à feuilles d’ancolie pin cembro ou arolle polystic en lance potentille blanc de neige primevère du Piémont primevère farineuse pyrole intermédiaire reine des prés ou fausse spirée renoncule des glaciers renouée bistorte renouée du Japon rhapontique des Alpes ou r. scarieux rhododendron ferrugineux rhubarbe des moines ou rumex des Alpes rue des murailles sabline à deux fleurs sapin blanc ou s. pectiné saule bleuâtre saule faux daphné saule herbacé saule noircissant saxifrage à deux fleurs saxifrage fausse mousse saxifrage faux aïzoon sceau de Salomon odorant sceau de Salomon multiflore sceau de Salomon verticillé

Thalictrum aquilegiifolium Pinus cembra Polystichum lonchitis Potentilla nivea Primula pedemontana Primula farinosa Pyrola media Filipendula ulmaria Ranunculus glacialis Polygonum bistorta Reynoutria japonica Stemmacantha rhapontica Rhododendron ferrugineum Rumex alpinus Asplenium ruta-muraria Arenaria biflora Abies alba Salix caesia Salix daphnoides Salix herbacea Salix myrsinifolia Saxifraga biflora Saxifraga muscoides Saxifraga aizoides Polygonatum odoratum Polygonatum multiflorum Polygonatum verticillatum

soldanelle des Alpes

Soldanella alpina

sorbier des oiseleurs streptope à feuilles embrassantes ou sceau de Salomon noueux tofieldie boréale ou t. naine trèfle des Alpes trèfle des rochers trèfle rouge ou t. pourpre trisète dorée ou t. jaunâtre vérâtre blanc ou hellébore blanc

Sorbus aucuparia

176 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger

arolla ou pan potentilla coucouloumâ

bruyé toue

sapin blan

soldanella dé Alpés

Streptopus amplexifolius Tofieldia pusilla Trifolium alpinum Trifolium saxatile Trifolium rubens Trisetum flavescens Veratrum album

treflé ou trillo treflé du rosaï

vararo blan


Annexes

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français azuré du serpolet belle dame damier rouge grand apollon grand collier argenté grand nacré machaon moiré cendré moiré fauve moiré lancéolé némusien ou ariane petit apollon petite tortue solitaire vulcain

Nom scientifique Maculinea arion Vanessa cardui Hypodryas intermedia Parnassius apollo Clossiana euphrosyne Argynnis aglaja Papilio machaon Erebia pandrosa Erebia mnestra Erebia alberganus Lasiommata maera Parnassius phoebus Aglais urticae Colias palaeno Vanessa atalanta

Nom patois bella dama

gran nacrô

pauno apolloun pauna tortua solitairo

INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français criquet bariolé criquet des pâtures criquet jacasseur grande sauterelle verte sauterelle cymbalière

Nom scientifique Arcyptera fusca Chorthippus parallelus Stauroderus scalaris Tettigonia viridissima Tettigonia cantans

Nom patois

gran seuïtet

Faune vertébrée POISSONS Nom français chabot truite arc-en-ciel truite fario ou truite de rivière vairon

Nom scientifique Cottus gobio Oncorhynchus mykiss Salmo trutta fario Phoxinus phoxinus

Nom patois

truita dé révére

AMPHIBIENS Nom français

Nom scientifique

grenouille rousse

Rana temporaria

triton alpestre

Triturus alpestris

Nom patois renoilli rossetta ou rignolli

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 177


Annexes

REPTILES Nom français coronelle lisse lézard des murailles lézard vivipare orvet fragile vipère aspic

Nom scientifique Coronella austriaca Podarcis muralis Lacerta vivipara Anguis fragilis Vipera aspis

Nom patois lèzar

vipéra

OISEAUX Nom français accenteur alpin accenteur mouchet aigle royal alouette des champs autour des palombes bec-croisé des sapins bouvreuil pivoine buse variable cassenoix moucheté chevêchette d’Europe ou chouette chevêchette chocard à bec jaune chouette de Tengmalm ou nyctale de T. cincle plongeur crave à bec rouge

Nom scientifique Prunella collaris Prunella modularis Aquila chrysaetos Alauda arvensis Accipiter gentilis Loxia curvirostra Pyrrhula pyrrhula Buteo buteo Nucifraga caryocatactes

épervier d’Europe

Accipiter nisus

faucon crécerelle faucon pèlerin fauvette à tête noire fauvette babillarde fauvette des jardins gélinotte des bois grand corbeau grimpereau des bois grive draine grive litorne grive musicienne gypaète barbu

Falco tinnunculus Falco peregrinus Sylvia atricapilla Sylvia curruca Sylvia borin Bonasa bonasia Corvus corax Certhia familiaris Turdus viscivorus Turdus pilaris Turdus philomelos Gypaetus barbatus

hirondelle de cheminée ou h. rustique

Hirundo rustica

lagopède alpin ou perdrix des neiges martinet noir merle à plastron mésange boréale mésange charbonnière mésange huppée mésange noire monticole merle de roche

Lagopus mutus Apus apus Turdus torquatus Parus montana Parus major Parus cristatus Parus ater Monticola saxatilis

Nom patois

aglie ou logli

bec creuïja

cassanui

Glaucidium passerinum Pyrrhocorax graculus Aegolius funereus Cinclus cinclus Pyrrhocorax pyrrhocorax

178 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger

civetta

farquet ou mousset

fovetta

gran corbaï griva

irondella dé séména marténet merlô

mézanzi nèri


Montifringilla nivalis Alectoris graeca Dendrocopos major Dryocopus martius Picus viridis Fringilla coelebs Anthus trivialis Lanius collurio Phylloscopus bonelli Phylloscopus collybita Regulus regulus Erithacus rubecula Phoenicurus ochruros Acrocephalus palustris Carduelis flammea Saxicola rubetra Carduelis spinus Tetrao tetrix Tichodroma muraria Oenanthe oenanthe Troglodytes troglodytes

perdri pic nér pic verte

royatel rozi quoa nér

tarin de verné coq dé bruyéri

MAMMIFÈRES Nom français blaireau européen bouquetin des Alpes campagnol des neiges campagnol terrestre campagnol roussâtre cerf élaphe chamois chevreuil écureuil roux fouine hermine lérot lièvre variable

Nom scientifique Meles meles Capra ibex ibex Microtus nivalis Arvicola terrestris Clethryonomis glareolus Cervus elaphus Rupicapra rupicapra rupicapra Capreolus capreolus Sciurus vulgaris Martes foina Mustela erminea Elyomis quercinus Lepus timidus

marmotte alpine ou m. des Alpes

Marmotta marmotta

martre des pins mulot sylvestre musaraigne alpine musaraigne bicolore ou crocidure leucode musaraigne carrelet musaraigne musette ou crocidure des jardins

Martes martes Apodemus sylvaticus Sorex alpinus Crocidura leucodon Sorex araneus

renard roux

Vulpes vulpes

sanglier taupe

Sus scrofa Talpa europea

Nom patois tachoun

sèr samu chevreuil verdache rossetta moseïlà ou fouina hermina zario lévra ou blanson marmautâ ou marmotta martrâ

Crocidura suaveolens reïlnar rozo ou rénord sanglier tarpa ou taupa

Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger - 179

Annexes

niverolle alpine ou pinson des neiges perdrix bartavelle pic épeiche pic noir pic vert pinson des arbres pipit des arbres pipit spioncelle pouillot de Bonelli pouillot véloce roitelet huppé rougegorge familier rougequeue noir rousserolle verderolle sizerin flammé tarier des prés ou traquet tarier tarin des aulnes tétras-lyre ou petit coq de bruyère tichodrome échelette traquet motteux troglodyte mignon


Annexes

Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin, Christine Garin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Avec l’aide d’un groupe de travail : Jean Borrel, Marion Croutaz, Christian Empereur, Gaston Pascal-Mousselard, Albert Revial - Commune de Villaroger • Paul Bois, Lina Clerc - Office national des forêts • Christian Balais, Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Danièle Granger-Cuq - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier, Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Mme Arnaud Mairie de Villaroger • Léa Empereur, Madeleine Empereur - Habitantes de Villaroger • Michel Savourey - entomologiste • Bernard Bal, Manuel Bouron - Miramella • Jean-Yves Vallat - Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-Saint-Maurice Nadège Boulay - GEDA de Haute-Tarentaise • Jean-Pierre Argoud - SATERCE • Alexandre Fillol - Office national des forêts • Philippe Gaudry - Centre régional de la propriété forestière de Savoie • Pierre-Jean Chambard - Direction départementale de l’agriculture et de la forêt. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Villaroger : Christian Balais, Michel Bouche, Marie-Geneviève Bourgeois, Jeannette Chavoutier, Thierry Delahaye, René Delpech, Jean-Paul Ferbayre, Frédéric Fima, Henri Flandin, Irène Girard, Christophe Gotti, Ludovic Imberdis, Régis Jordana, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Mélé, Philippe Pellicier, Véronique Plaige, Jean-Philippe Quittard, René Roche, Clotilde Sagot, Michel Savourey, Jacques Simond, Henri Suret, Robert Talbot, Régis Villibord. Financement : Conseil Général de la Savoie • Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Jérôme Caba, Stéphane Morel, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) • Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise Mise en page intérieure & impression : Kalistene - 5 route de Nanfray - 74960 Cran-Gevrier • contact@kalistene.com • Tél. +33 (0)4 50 69 01 97 Photos : - Première de couverture : Le mont Pourri - PNV - Christian Balais - Quatrième de couverture :

Rousserolle verderolle Bios - P Goutet

Nigritelle noire PNV - Philippe Benoît

Tétras-lyre PNV - Philippe Benoît

Streptope à feuilles embrassantes PNV - Christian Balais

Chamois PNV - Ludovic Imberdis

Lycopode à rameau d’un an PNV - Christian Balais

Cerf élaphe Christian Simon

Génépi noir PNV - Philippe Benoît

Vipère aspic PNV - Joël Blanchemain

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-23-9 Dépôt légal : 1er trimestre 2007

180 - Découvrir le patrimoine naturel de Villaroger


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