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DOSSIER : Débattre... Iniatives inspirantes, spectacles ateliers philo : comment donner la parole aux enfants.

> Le film Les Héritiers de Marie-Castille Mention Schaar (en haut) s’inspire d’une histoire vraie ; en dessous, un atelier des Parques.

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ÉCOUTER, S’EXPRIMER, C’EST PARTICIPER !

Prendre parole, savoir écouter l’autre, se forger ses opinions... C’est essentiel pour grandir en tant que citoyen, trouver sa place dans la cité. Et cela s’apprend. Ici et là, des expériences sont tentées pour former les enfants au débat, leur permettre de s’exprimer. Petit tour d’horizon.

Par Maïa Bouteillet et Orianne Charpentier

Atelier philo / 23 mars

LES MAUX DES MOTS

Avec les Apprentis philosophes au Collège des Bernardins, on réfléchit en famille sur la question de la parole et de la violence.

Patricia Strauss, ancienne professeure de philosophie et directrice éditoriale de la collection « Les petits Platons », anime chaque mois, depuis la rentrée, des rendez-vous philo au Collège des Bernardins. Durant une heure, parents, enfants, ados réfléchissent et s’expriment autour de questions existentielles – sur le bonheur, l’amour, le temps… Et, en ce 23 mars, ils débattront notamment sur le thème « La parole nous protège-t-elle de la violence ? ». Un sujet assez complexe, où l’on explorera la dimension des mots comme parade à la violence physique, mais aussi comme possibles vecteurs d’une violence invisible – bref, une façon de mettre des mots sur les maux des mots. n O.C.

uLes Apprentis philosophes. A partir de 8 ans. Le mer 23 mars à 15h. Tarif : 8€, sur réservation. Collège des Bernardins, 20, rue de Poissy, Paris XXe. M° Maubert-Mutualité. Collegedesbernardins.fr.

© D é CL i C t héâtre t homas r affo U x

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> En haut, un match d’impro de la compagnie Déclic à Trappes. Ci-dessous, un atelier pour penser aux Bernardins.

ÉCOUTER, S’EXPRIMER, C’EST PARTICIPER !

Association

INCLURE TOUT LE MONDE

Une association active sur tous les fronts pour faire entendre la parole des enfants.

A la Poterne des peupliers, à l’Académie du climat ou à la Recyclerie, mais aussi à Gentilly et bientôt (en mars) dans un nouveau lieu, du côté de la BNF, et même à Sète, les Parques se déploient pour créer des événements et proposer des ateliers alternatifs dans le but de valoriser les idées des enfants et leur créativité, faire entendre leur parole et les responsabiliser. Les Super Brigades vertes et les P’tits Héros du quotidien comptent parmi leurs actions les plus régulières. Mais aussi pour créer du lien entre les habitants par l’art, la culture et la nature… Les Parques ? Une association fondée il y a dix ans par Julie Dumont, du côté des Olympiades où cette jeune artiste entreprenante a grandi, qui accompagne le budget participatif de Paris dans bon nombre d’arrondissements et qui prend son plein essor depuis peu avec dix salariés. Qu’il s’agisse de végétaliser des pieds d’immeubles, de cuisine, d’écriture ou de pratique artistique, et même de balades botaniques, ce qui intéresse Julie Dumont, qui a l’air d’avoir huit bras au lieu de deux comme les personnes ordinaires, c’est de révéler aux gens leur pouvoir d’agir, leurs talents, de leur donner confiance, singulièrement aux enfants. Chaque activité est coconstruite avec les participants de façon à inclure tout le monde. Julie Dumont, qui est une ancienne dyslexique, a toujours sous le coude des idées parallèles pour embarquer ceux qui ne s’adaptent pas à la proposition du moment. A chaque fois, elle enregistre, elle filme, elle garde des traces pour restituer à la fin une sorte de journal des enfants… A suivre. n M.B.

u Les-parques.com.

D r

> Intronisation des nouveaux représentants à Romainville.

Conseil municipal

LES INTÉRESSER À L’IDÉE DU COLLECTIF

le conseil citoyen des enfants reprend à Romainville.

C’est le 16 mars que les nouveaux ambassadeurs du conseil citoyen des enfants de Romainville exposeront leurs propositions pour leur école ou leur quartier. Intronisés le 19 janvier, dans leurs nouvelles responsabilités, les représentants ont été désignés par tirage au sort, soient une fille et un garçon par niveau et par école. S’ils sont tous volontaires, ils ne sont pas élus ; ce qui permet à des enfants discrets, donc peut-être moins habiles à faire campagne, d’endosser aussi des responsabilités. C’est pourquoi ils sont appelés « ambassadeurs ». Les enfants peuvent participer dès la grande section de maternelle et siègent pour un an après avoir signé la charte d’engagement. Trois séances réunissent le conseil en entier. Lors de la dernière, le 13 avril, ils découvriront les propositions retenues par les élus. La période la plus intense est celle où ils débattent dans leur école, avec leurs camarades, pour élaborer des propositions. Elue aux affaires scolaires, Elodie Girardet explique : «Ils apprennent à exprimer leurs idées mais surtout à écouter les autres… Il s’agit de les intéresser à l’idée du collectif. » L’adjointe note que « la plupart sont déjà dans une démarche altruiste, les débats ce n’est pas juste on veut des frites à la cantine. Ce qui émerge le plus c’est comment ramener de la verdure dans les cours d’école ». Les ambassadeurs se réunissent d’abord par niveau «pour que la réflexion des grands n’efface pas celle des petits. Les maternelles sont autant légitimes que les autres». Pour se préparer, chaque groupe participe à des ateliers de réflexion, menés par des animateurs formés par la Maison de la philo. L’année prochaine, un conseil municipal des jeunes (pour les collégiens) sera mis en place pour la première fois. n M.B.

uConseil citoyen des enfants. Ville-romainville.fr. Evénement / Jusqu’au 25 février

LES MOTS POUR LE DIRE

Aux Métallos, avec Frédéric Ferrer, on explore l’abécédaire d’un monde nouveau.

Acteur et metteur en scène, Frédéric Ferrer a aussi la particularité d’être agrégé de géographie. Au fil de son Atlas de l’anthropocène, un projet qui se décline sous forme de conférences sérieuses et néanmoins fantaisistes – A la recherche des canards perdus, Wow, De la morue… –, il explore en tous sens, à travers différentes thématiques, l’évolution de notre monde à l’heure du changement climatique et nous aide ainsi à le penser. A la Maison des Métallos où il s’installe durant un mois, on découvrira la dernière en date, Cartographie 7 : Le Problème lapin, et ce que ce petit animal doux comme un doudou raconte des limites de notre monde. Chaque soir aussi, avant le spectacle, Frédéric Ferrer et son équipe détaillent de A à Z l’Abécédaire d’un nouveau monde, à savoir, chaque soir, un autre mot fraîchement entré dans notre langue et ce que son apparition raconte de nos mutations. On peut d’ailleurs s’en mêler : si vous-même avez eu besoin d’inventer un nouveau mot pour répondre à une situation inédite, vous êtes attendu à l’accueil avec votre « nov’mot » et son mode d’emploi sur un Post-it à épingler sur un panneau participatif… L’abécédaire complet sera révélé le 25 février lors de la fiesta finale, Before le Z. n M.B.

u CoOP Frédéric Ferrer. A partir de 12 ans. Jusqu’au 25 février (détail du programme en ligne). Maison des Métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris XIe. M° Couronnes. Maisondesmetallos.paris.

> Le problème lapin, à voir aux Métallos.

> L’exercice de l’impro est loin d’être évident : les participants n’ont que quelques secondes pour élaborer leur scène avant de la présenter.

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Lieu / Toute l’année LE DÉCLIC DE L’IMPRO

Cela fait déjà trente ans que la compagnie Déclic Théâtre initie les enfants et ados de Trappes et de Saint-Quentin-en-Yvelines à l’art du match d’improvisation théâtrale. Avec pour mots d’ordre écoute, parité et solidarité.

Deux équipes, vêtues de maillots de hockey, se rencontrent sur « Nos ateliers commencent à partir de 9 ans. A cet âge, ce sont souvent une patinoire. Mais au lieu de crosses et de palets, ils ont… des les parents qui décident d’inscrire leurs enfants, parce qu’eux-mêmes, mots. Car il s’agit en fait d’un match d’improvisation théâtrale, ados, ont suivi nos ateliers. Certains enfants sont exubérants, d’autres discipline née au Québec dans les années 1970, où se mêlent les très timides, on voit vraiment leur évolution, comment l’impro les fait codes du théâtre et du sport. Et c’est elle qu’enseigne, depuis près grandir et les révèle. » de trente ans, le Déclic Théâtre, une véritable institution à Trappes Activité artistique avant tout, l’improvisation théâtrale offre auset à Saint-Quentin, d’autant plus connue que certains des jeunes si l’occasion de se constituer une solide culture générale, tout qui l’ont fréquentée s’appellent Jamel Debbouze ou Sophia Aram. en développant la solidarité entre les participants : « On joue en L’exercice du match d’impro est loin d’être équipe. Et plus encore, on ne joue pas une évident : les équipes (trois filles et trois garçons) se voient attribuer un thème, une caté- « On voit vraiment leur équipe contre l’autre, on joue une équipe avec l’autre. Car, pour proposer une imgorie, une durée. Elles n’ont que quelques se- évolution, l’impro les fait provisation commune, il faut construire condes pour élaborer une scène, et c’est ensuite le public qui vote pour l’improvisation qui l’a le grandir et les révèle» ensemble, c’est un échange. L’improvisation nécessite d’accepter les propositions plus convaincu. de l’autre, parce que c’est la seule manière « Un des premiers principes, explique Géraldine Orquéra, directrice d’avancer. Et bien sûr, il y a tout ce qui se passe en dehors du match, du Déclic Théâtre, c’est que pour improviser il faut savoir écouter. Nous le fait de monter tous ensemble la patinoire, l’idée qu’on participe à travaillons énormément sur ce point dans nos ateliers. En plus d’exercices un projet commun… D’une certaine manière, c’est aussi un apprentispour développer la confiance, le sens de la repartie, pour apprendre à sage de la citoyenneté. » Un apprentissage complété par une autre créer un personnage ou construire une histoire dans l’urgence... L’im- activité de Déclic Théâtre, la radio Marmite FM, animée par des provisation, ça ne s’improvise pas. » Le secret du Déclic Théatre, c’est jeunes qui proposent des chroniques de spectacles et des minide suivre les enfants de l’école primaire jusqu’à la fin de l’adolescence, débats de société, avec des ateliers où ils peuvent apprendre à avec aussi bien des ateliers hors temps scolaire que des interventions rédiger ou à prendre la parole. n O.C. dans les collèges et les lycées (la compagnie organise un championnat u Plus d’infos sur les pages Facebook de « Déclic Théâtre » et Marmite FM. Et d’impro intercollèges autour de Trappes et Saint-Quentin-en-Yvelines). pour écouter Marmite FM, rendez-vous sur Marmitefm.fr.

© P a UL ine L e G off – L es P L atea U x s a UV a G es

> En prévision de la fin d’un monde et de la création d’un nouveau : les acteurs et Pauline Sales, derrière en noir.

Spectacle / 28 mars-6 avril LE SENS DU COLLECTIF

Quand les enfants prennent la parole, ça donne matière à réflexion.

Trois enfants en conflit qui finissent par s’accorder… Tel pourrait être un résumé large, pour ne pas trop en dire, de la nouvelle pièce de Pauline Sales En prévision de la fin du monde et de la création d’un nouveau. Donc Madison, Sofia (11 ans) et Ethan (10 ans) n’ont pas le même point de vue sur les choses. Pour faire comprendre le sien, Madison emploie les grands moyens, quitte à bousculer Sofia, la maire du conseil municipal des enfants, trop tempérée à ses yeux. Ethan, lui, c’est le gentil, le comique de la bande. Son projet, pour mettre tout le monde d’accord, et aussi pour rencontrer les filles de 6e, c’est d’organiser une boum. Ils n’ont pas le même point de vue, mais finalement tous les trois sont animés par le sens du collectif. Se mettre à la place de l’autre, dialoguer, coopérer, telles sont les questions soulevées par cette pièce qui n’oublie pas d’être drôle. Après la création d’une petite forme que les trois acteurs ont jouée devant plusieurs classes du Val-de-Marne, Pauline Sales crée la version pour salle de théâtre aux Plateaux sauvages, lieu du XXe qui avait déjà accueilli Normalito. Voilà qui alimentera les débats en famille. n M.B.

u En prévision de la fin du monde… A partir de 10 ans. Du 28 mars au 6 avril, à 19h, mer à 14h. Tarif : tarification responsable, au choix de 5 à 30€. Les Plateaux sauvages, 5, rue des Plâtrières, Paris XXe. M° Ménilmontant, Gambetta. Lesplateauxsauvages.fr.

Interview

« Les laisser penser »

En prévision de la fin du monde et de la création d’un nouveauest une pièce inspirée de la parole des enfants imaginée par Paulines Sales.

Autrice et metteuse en scène, Pauline Sales a imaginé une pièce autour des enfants et la politique, dans le cadre d’une commande des Théâtrales Charles Dullin, festival de création dans le Val-de-Marne.

Quel a été le point de départ de votre spectacle ?

Dans le cadre de ma résidence d’écriture dans le Val-de-Marne, j’ai assisté à une séance du conseil municipal des enfants de Chevilly-Larue, où des enfants de CM2 et de 6e élus par leurs camarades travaillent en commission, encadrés par des adultes bénévoles qui, pour certains, avaient été élus. Les enfants avaient des idées pertinentes, étonnantes, drôles, certaines difficiles à mettre à exécution. J’ai été étonnée de voir comme, en tant qu’adultes, on les ramène systématiquement au réel ou à ce qu’on nomme comme tel. Je crois qu’il y a un défaut d’écoute des adultes, qui se réapproprient la parole des enfants avec leur propre point de vue. C’est difficile de les laisser s’exprimer, les laisser penser, leur donner le temps, ne pas les cadrer, accepter de se laisser modifier.

Dans la pièce, les trois protagonistes ont plein d’idées. Quelles sont celles qui ont retenu l’attention des enfants et ados devant lesquels vous avez joué ? Le RMEE, le « revenu minimum d’existence pour enfants », est vraiment une mesure phare pour beaucoup. Un jeune garçon nous a dit : « Avec ça, d’abord, j’achèterai à manger et ensuite des jeux. » Autre mesure importante à leurs yeux, le « droit à disposer de son corps d’enfant » : dans la pièce on peut supposer que Madison a été abusée bien que ce ne soit jamais énoncé clairement, mais il n’y a pas besoin de formuler explicitement les choses pour qu’ils les entendent, ils ont une écoute très fine, ultrasensible… Le « droit à choisir ses

parents » a aussi beaucoup de succès ; dans la pièce, les parents existent par petites touches. Pour les enfants, c’était très important de savoir, de reconstituer l’histoire familiale de chacun des personnages.

Vous avez travaillé avec une classe de 6e. Qu’en est-il ressorti ?

Quand nous avons commencé les interviews, avec Perrine Malinge, nous pensions que la parole serait difficile à venir. Or, les enfants avaient une certaine aisance et même un besoin de s’exprimer. L’objet micro a joué de manière très positive, comme si le fait que ce soit enregistré donnait de la valeur à leur parole. Je leur ai aussi demandé d’inventer des mesures, et ils ont écrit des choses très belles : obligation d’écouter son enfant pour mieux comprendre ses choix ; droit à ne pas se sentir seul ; droit à avoir la parole en classe sans se faire écraser par d’autres gens ; obligation d’obtenir un consentement avant de faire quelque chose ; obligation d’être reconnaissant envers la nature ; obligation de jouer, en étant enfant il faut jouer…

A travers ces mesures, c’est la notion de respect qui prime. Est-ce ce qui leur manque ?

Oui, c’est vrai, je n’y avais pas pensé de cette façon, mais vous avez raison, respect et écoute. Que leur parole ait de la valeur.

Dans la pièce, il y a tout un jeu autour du mot « demain », l’un dit que c’est un verbe, l’autre un nom… Au-delà du fait que c’est drôle, que voulez-vous raconter avec ça ?

On remet souvent tout à demain. C’est comme ça dans le quotidien mais aussi pour des enjeux d’importance, comme la crise climatique. Les trois enfants de la pièce souhaitent que leurs mesures soient mises à exécution dès le lendemain. Naïveté ou au contraire sens de l’urgence ? C’est assez illogique pour les enfants. On exige beaucoup d’eux, et, concernant la survie de la planète, nous, les adultes, remettons à demain. Dans la pièce, les enfants utilisent inconsciemment la forme du discours politique, en employant un effet de répétition du même mot qu’ils souhaitent mettre en exergue, mais ils se trompent sur sa nature.

Votre pièce montre aussi que, très jeune (dès 10 ans), on peut avoir des idées, et qu’il faut arrêter de prendre les enfants pour des écervelés…

Il faudrait écouter les enfants encore bien plus tôt, dès qu’ils ont la parole. Ils ont une grande conscience du monde et vivent, pour beaucoup d’entre eux, dans des réalités sociales et/ou familiales pas si évidentes, qui affûtent leur sens de l’observation. Ils ont une véritable capacité à appréhender ce demain justement, qui les attend. On parle de plus en plus des très jeunes qui ressentent une anxiété profonde face à la crise écologique. On peut comprendre que l’idée même de futur ne soit pas si simple pour elles et eux.

PrOPOs reCueillis Par Maïa BOuteillet

Lieu

Une maison pour penser

C’est un lieu extraordinaire à Romainville, où l’on peut faire de la philo sur le pouce, mais aussi revenir pour partager des questions.

« Respecter la personne qui parle… ne pas se moquer… l’écouter… On a le droit de s’exprimer, de se questionner, de s’amuser et de philosopher. » Telles sont quelques-unes des règles d’or inscrites en lettres enfantines à l’entrée de la Maison de la philo. Impulsée par la chercheuse Johanna Hawken en 2017, et soutenue par la ville de Romainville, la Maison de la philo se développe désormais avec cinq salariés. Le lieu est ouvert à tous, on peut y lire, emprunter des livres, préparer son bac ou même suivre, au débotté, un « accueil libre philo sur le pouce » (4-18 ans). S’inscrire en « Eveil philo » (4- 6 ans), au « Rendez-vous des petits philosophes » (6-11 ans) ou, depuis peu, au « Club des jeunes penseurs » (12-16 ans). Pour les adultes, il y a le « Café philo ». On signe pour un trimestre au moins car, précise Johanna Hawken, «il y a une continuité d’une séance à l’autre, on pose des rituels, on développe une pratique philosophique dans laquelle les enfants peuvent même devenir habiles. La thématique, on la construit à partir de ce qu’on perçoit chez eux. En philosophie, on ne fait pas le tour d’une question, la réflexion s’élabore au fur et à mesure, cela exige du temps ».

>Chaque enfant trouve sa place à la Maison de la philo.

© m aison D e L a P hi L o

La Maison de la philo forme aussi tous les animateurs des écoles de la ville et pilote les ateliers de réflexion du conseil citoyen des enfants. Aux beaux jours, l’équipe de Johanna Hawken anime aussi des soirées philo en pied d’immeuble avec des jeux type chamboule-tout pour déconstruire les préjugés. Combien de temps dure un instant ? C’est le type de question que Johanna aime bien lancer pour ouvrir la discussion. Il reste des places. n M.B.

uMaison de la philo. A partir de 4 ans. Du mar au sam de 14h à 18h. 28, av. Paul-Vaillant-Couturier, Romainville (93). Maisondelaphilo-romainville.org.

Cinéma

TROIS FILMS QUI INVITENT À RÉFLECHIR

Le cinéma, à travers des documentaires mais aussi des films de fiction, s’est intéressé à ces expériences initiatiques qui font grandir les jeunes. Voici trois films particulièrement marquants, accessibles en ligne en VOD.

© m y box P ro DUC tions è Les Héritiers, de Marie-Castille Mention-Schaar, avec Ariane Ascaride. Au lycée Léon-Blum de Créteil, une professeure décide de faire participer ses élèves, plutôt peu enthousiastes au départ, au concours national d’histoire de la Résistance : le début de tout un parcours lumineux, ponctué d’échanges et de rencontres mémorables, durant lequel peu à peu les jeunes deviennent acteurs de leur découverte de l’Histoire et s’en trouvent transformés.

u A partir de 12 ans.

è A voix haute, de Stéphane de Freitas. Beau documentaire où l’on suit l’évolution d’étudiants de l’université de Saint-Denis qui participent au concours d’éloquence Eloquentia. On les voit se trouver et se révéler, avec l’aide d’avocats et d’artistes, à chaque nouvelle prise de parole. Comme s’ils trouvaient en eux, au fil des mots, des chemins inédits.

u A partir de 13 ans.

© UGC D istrib U tion

© J o U r 2 f ête èDouce France. Dans les pas de trois lycéens qui enquêtent sur le projet d’EuropaCity, le documentaire Douce France, de Geoffrey Couanon, montre comment la pensée vient à l’épreuve du terrain. Amina, Samy et Jennyfer rencontrent les responsables du projet, des agriculteurs, des habitants, des opposants, des élus et vont jusqu’à l’Assemblée nationale. On les voit évoluer dans leur réflexion, prendre conscience, débattre. C’est passionnant !

u A partir de 11 ans.

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