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La lettre du

Laboratoire des idées des Yvelines Fédération Socialiste des Yvelines Octobre 2010 De 80 000 candidats il y a 50 ans à 640 000 aujourd’hui (2 tiers d’une classe d’âge contre 13%), l’évolution du nombre d’inscrits à l’épreuve du baccalauréat suffit à démontrer la démocratisation de l’école en France. En ouvrant son école à tous ses enfants, la République a souhaité faire de tous ses jeunes des citoyens, égaux devant elle. Cependant, chaque année, 150 000 jeunes sortent du système éducatif sans qualification. L’espoir d’un progrès social disparait pour tous ceux dont le diplôme ne permet plus de trouver un emploi stable. De nombreux élèves sont orientés, par échec scolaire et non par projet personnel, vers des filières dont le trait marquant est de les dévaloriser, de les juger « mauvais » et « coupables » de leur sort. 5 millions de français souffrent d’illettrisme ou de difficultés à lire et écrire, rendant plus que discutable leur statut de citoyens égaux. La question de l’échec scolaire et de l’accès à l’éducation intéresse la notion d’égalité tant le poids de l’origine socioculturelle ou géographique de l’enfant est déterminant pour son succès scolaire et sa future insertion sociale. Cette analyse est pourtant aujourd’hui contestée. En témoigne la réduction des mécanismes de soutien tels les RASED. En témoignent également ces propos du ministre Brice Hortefeux qui semblent décrypter les logiques gouvernementales à l’œuvre : "je trouve qu'on a trop parlé de l'échec de l'école plutôt que de celui de l'élève qui ne travaille pas assez" (*). La lutte contre l’échec scolaire est-elle devenue un combat du passé, démodé, rétrograde ? Est-ce un investissement inefficace, une « niche sociale » inutile, dont le réalisme imposerait de se défaire ? Bref, en faiton trop pour offrir à la jeunesse l’égalité devant l’éducation ? Sur le terrain, de nombreux acteurs locaux agissent pourtant en faveur de l’éducation. Ils œuvrent pour une éducation qui, sans négliger le rôle central de l’école mais sans se limiter au système scolaire, soit accessible à tous les jeunes, leur assure une formation ouvrant des perspectives professionnelles et sociales, leur permette de s’accomplir en tant que citoyens, les encourage et les accompagne dans leurs parcours. Dans le cadre de ses travaux sur l’éducation et l’égalité, le Laboratoire des idées de la Fédération Socialiste des Yvelines a interrogé des acteurs éducatifs du département. Des contributions qui enrichissent le débat. Sébastien DURAND, Secrétaire fédéral au Laboratoire des idées Email : lab.idees@parti-socialiste-78.fr (*) Le Monde, daté des 22 et 23 août 2010


DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DES MAISONS DES JEUNES ET DE LA CULTURE, GILLES LE BAIL INSISTE SUR L’APPORT DES MOUVEMENTS ASSOCIATIFS POUR L’ÉDUCATION DE LA JEUNESSE. PARCE QUE L’ENFANT SE CONSTRUIT À PARTIR DE PLUSIEURS PERSPECTIVES, SON DÉVELOPPEMENT DOIT S’APPUYER SUR LA DIVERSITÉ DES LIEUX D’ÉDUCATION. Pourquoi aurait-on besoin de l’action des associatifs pour accompagner les enfants alors que l’éducation nationale, pour l’essentiel, assure déjà la fonction d’éducation ? GILLES LE BAIL : Il existe plusieurs lieux éducatifs et une multitude d’acteurs éducatifs. Les champs sont nombreux, il y a au moins ceux de l’éducation à l’école, ceux de l’éducation populaire et ceux de l’éducation spécialisée. Depuis la seconde guerre mondiale il existait en France un consensus sur la priorité que représentait la question éducative dans notre pays. Historiquement, l’école républicaine joue un rôle majeur, car elle a aidé à la construction de notre nation portant un idéal de valeurs. Ce rôle majeur a éclipsé l’action des autres acteurs éducatifs, que peuvent être les associations d’éducation populaire dont les MJC. Ainsi l’une des nécessités est de mieux reconnaitre la diversité des acteurs éducatifs. Les associations d’éducation populaire proposent le plus généralement des situations d’apprentissage de compétences reposant non sur un enseignement mais sur la pratique et l’expérience. Dans ces situations le jeune est acteur, et construit son engagement,

Gilles LE BAIL Délégué général de la FFMJC

sa citoyenneté. Etre acteur, participer, prendre des responsabilités confortent le jeune dans son insertion sociale et professionnelle et l’accompagne dans

son émancipation. C’est aussi pour cela que les MJC se sont engagées dans l’accueil des jeunes au travers du service civique.

Faut-il considérer l’action de l’école républicaine comme insuffisante ? Une personne se construit, à la fois tout au long de sa vie, et à partir de situations et d’acteurs divers. Pour les jeunes, mais aussi pour les adultes, c’est cette diversité des possibilités éducatives qu’il faut valoriser. Cette diversité nécessite

construction de soi, à son équilibre et à son ouverture vers les autres et la société. Il faudra dans l’avenir repenser les temps de vie et notamment mieux articuler le temps libre avec le temps scolaire et d’apprentissage et le temps professionnel.

Quel regard portez-vous sur le système éducatif ? Répond t-il aux attentes sociales ? Insistons sur le fait que la personne, jeune ou adulte, porte en elle des espérances de progrès et de bien être pour son futur. Les jeunes particulièrement ont une énergie et une volonté pour s’engager, pour créer des richesses et pour développer des solidarités. Pour être acteur de notre société, il faut acquérir des compétences, des

« Une des nécessités est de mieux reconnaitre la diversité des acteurs éducatifs. d’être abordée sous l’angle de la complémentarité et non de la concurrence. C’est vrai qu’il peut y avoir des tensions de légitimité entre les acteurs. Mais les partenariats doivent être renforcés, il faut également que se généralise les lieux où tous les acteurs éducatifs se rencontrent. L’échelon communal et/ou intercommunal peut être un bon niveau de territoire pour cela. Comprenons bien qu’il y a le temps scolaire et le temps hors scolaire. Les associations d’éducation populaire, comme les MJC, interviennent principalement au cours du temps hors scolaire. Qu’est-ce qui constitue la journée d’un enfant ou d’un adolescent ? C’est à partir de la mise à plat de l’organisation de ces temps que l’on pourra mieux comprendre la complémentarité de l’action des acteurs éducatifs. Au-delà des temps d’enseignement scolaire, le jeune par son engagement au travers d’une association de jeunesse et d’éducation populaire est confronté à des situations d’action collective. La pratique d’un loisir, sportif, culturel ou une pratique artistique est un espace éducatif nécessaire à la

savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Même si mettre en évidence le plaisir d’apprendre est essentiel, l’enseignement est aussi une contrainte. Cette contrainte est renforcée par le système de notation qui est « violent » pour certains jeunes et plus encore pour ceux qui sont en difficulté. Les jeunes acceptaient l’enseignement, tant qu’il y avait pour eux une garantie d’insertion sociale et professionnelle dans la société. Le parcours à l’école était une condition pour avoir un emploi, fonder une famille, devenir propriétaire de son logement. Nous ne sommes plus dans une société du progrès social pour le plus grand nombre. Les jeunes ont de plus en plus de difficulté à trouver un emploi. Ils subissent des discriminations à l’embauche, liées à l’origine de leurs parents ou grands parents, à leur sexe ou à leur lieu d’habitation. Il nous faut répondre aux jeunes : A quoi sert-il de se battre, d’étudier pour obtenir un diplôme si celui-ci ne permet pas de devenir un citoyen autonome ? Eduquer, c’est aussi donner une perspective. C’est la perspective qui

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donne du sens à l’éducation. Quelles perspectives proposons-nous ? Ce manque met en difficulté l’école républicaine, mais aussi tous les acteurs de l’éducation populaire.

Le rôle des associations est-il reconnu par l’école ? L’éducation nationale reconnait, nationalement, certains acteurs associatifs, par exemple les associations complémentaires de l’école. Cependant localement, avec les écoles et au travers des projets d’établissements, se sont développés des partenariats avec d’autres acteurs associations, dont les MJC. On le voit, par exemple, sur des partenariats pour accueillir des enfants, ou par la mise à disposition d’animateurs pour intervenir dans le champ de l’éducation culturelle et artistique. Ces expériences existent mais elles sont encore très insuffisantes notamment dans les zones rurales ou dans les quartiers dits « sensibles ». On comprend bien que l’action éducative des associations est encore trop souvent minorée. Que se passe t-il pour le jeune après 16h30 s’il n’y a pas d’associations qui organisent, le plus souvent avec le soutien de la collectivité, des accueils, des loisirs ou des aides au devoir ? Un autre phénomène est l’arrivée d’opérateurs lucratifs qui font de l’éducation une activité marchande. Pour les aides aux devoirs, l’association garantit la mixité des personnes accueillies alors qu’un opérateur lucratif provoque une sélection entre ceux qui peuvent rémunérer cette prestation et ceux qui ne le peuvent pas. C’est un facteur d’inégalité. Au-delà de ces exemples, la pratique culturelle et artistique a une forte dimension éducative. Très nombreux sont les enfants ou les adolescents qui trouvent dans la pratique du théâtre, d’un instrument de musique, ou de la peinture un moyen d’expression qu’ils n’ont pu développer à l’intérieur de l’école. Ceux-ci peuvent avoir un fort impact sur l’estime de soi et la confiance qui seront nécessaires aux jeunes pour s’insérer et s’émanciper. Un jeune qui s’engage dans une

association va acquérir des compétences qui lui seront nécessaires dans sa vie professionnelle ou dans sa vie d’adulte. S’il est trésorier, il devra établir un budget et une comptabilité, s’il est administrateur il devra prendre la parole en public, apprendre à argumenter, mais aussi à mieux comprendre son environnement, les acteurs qui y agissent et plus généralement le fonctionnement démocratique de notre société. Le cadre scolaire est très normé, par son enseignement, sa structuration, son système de notation. Ce qui ne permet pas de développer ce type d’expérience avec les jeunes.

Vous dites la pratique insuffisante. Quels sont les freins à son développement ? Il faut, entre l’école et les associations, préciser les conditions pour travailler ensemble. Les responsabilités sont multiples, parfois plus celles des acteurs que des institutions, parce que cela peut mettre en jeu des habitudes de fonctionnement ou simplement la sensation de remise en cause, voire de légitimité de celui qui incarne l’autorité éducative. On ne peut décréter le travail ensemble, il faut en créer les conditions. Cela demande du temps pour que les

cours l’après-midi, puis pratiquera en fin de journée une activité artistique ou sportive. Les acteurs sont multiples au fur et à mesure du parcours du jeune et ils travaillent rarement ensemble. Y a-t-il une cohérence éducative ? Si le jeune est en difficulté comment construire un accompagnement adapté ?

Y a-t-il aussi un manque de moyens ? Bien sûr que nous avons besoin en France de moyens pour accompagner les jeunes dans leur émancipation. C’est une priorité, c’est un engagement pour l’avenir de notre société. Cependant, ce n’est pas toujours une question de moyens. Dans les exemples cités plus haut, on voit que l’on peut faire évoluer les pratiques éducatives par des rencontres entre les acteurs, un cadre institutionnel de fonctionnement prenant mieux en compte les partenariats éducatifs ou en redéfinissant des priorités. Le maire peut aussi proposer à tous les acteurs éducatifs de se mettre autour de la même table. Les associations ont besoin de moyens pour jouer leur rôle éducatif luttant contre l’inégalité. La réforme des collectivités, liée à la réforme de la taxe professionnelle, va mettre à mal l’autonomie fiscale des associations d’éducation populaire.

« On peut faire évoluer les pratiques éducatives

par des rencontres entre les acteurs, un cadre institutionnel de fonctionnement prenant mieux en compte les partenariats éducatifs ou en redéfinissant des priorités.

acteurs se connaissent, de l’énergie et de la volonté. Sur certaines communes, les acteurs éducatifs ne se connaissent pas ou ne se croisent jamais alors qu’ils suivent et accompagnent les mêmes jeunes. Examinons la journée d’un enfant de primaire : Il commence le matin par rencontrer un animateur dans le cadre d’un accueil périscolaire, puis va suivre son enseignant toute la matinée, le midi il sera pris en charge par un personnel de cantine, il retourne en

Les MJC sont très inquiètes des effets de ces réformes, notamment par la suppression de la clause de compétence générale, par la fin des financements croisés prévue pour 2014 et par le gel des dotations de l’Etat aux collectivités. Les inégalités pourraient se creuser, inégalités entre les territoires, entre les générations, entre les jeunes d’une même génération au sein même du champ éducatif alors qu’il représente une garantir de cohésion sociale et de progrès social. ●

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ALORS

QUE LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES DÉLÈGUENT LARGEMENT LEUR PROJET ÉDUCATIF A DES SOCIÉTÉS PRIVÉES,

« L’ÉDUCATION DE TOUS NOS ENFANTS DOIT RESTER UN PROJET RÉPUBLICAIN PORTÉ PAR UNE NATION » RAPPELLE PHILIPPE PASCAL, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION DES YVELINES DE LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT. Malgré quelques initiatives médiatiques, les efforts de l’Etat pour favoriser la réussite scolaire et l’égalité des enfants face à l’école semblent marquer le pas. Le combat contre l’échec scolaire est-il gagné ? Philippe PASCAL : On semble s’accommoder d’une école publique faite pour la moitié des élèves alors que le constat est connu : 150 000 jeunes sortent par exemple tous les ans de l’école sans diplôme ou qualification reconnue, c’est-à-dire 20% d’une classe d’âge. Pour de nombreux enfants, l’école n’est plus la voie privilégiée d’évolution sociale ou d’apprentissage culturel ou civique. Enseignants et des personnels perdent également confiance en leur institution.

L’école républicaine peut-elle seule assurer cette fonction d’éducation de la jeunesse ? La réponse est non, bien entendu. Ce sont souvent les associations sur le plan local qui apportent une réponse éducative, les collectivités territoriales restant des donneurs d’ordre. Ces mêmes collectivités, n’ayant souvent pas de projet éducatif local, comme les centres de loisirs ou de vacances, les classes de découvertes ou l’accompagnement scolaire, font des appels d’offre et restent

Quelles seraient les actions à entreprendre pour favoriser l’égalité dans nos territoires ? Sur notre département, nous pourrions être un laboratoire sur certains territoires acquis aux valeurs de progrès. Et ainsi réfléchir

« Sur notre département,

nous pourrions être un laboratoire sur certains territoires acquis aux valeurs de progrès.

principalement sur un plan économique. Rares sont celles qui élaborent un appel à projet avec une L’Education Nationale est-elle réflexion éducative et envisagent un responsable de cette situation ? vrai partenariat avec l’association L’éducation ne peut pas se locale ou départementale. Et l’on restreindre qu’à la question des voit de plus en plus des groupes apprentissages scolaires, et privés répondre à des marchés pour nationaux. Les missions de ce la gestion de centres de loisirs. ministère sont à redéfinir surtout De même, la suppression des depuis la mise effective de la RASED dans le 1er degré favorise décentralisation qui peut créer des les orthophonistes. Les sociétés inégalités de territoire. On le voit privées du style Académia, sous avec la gratuité des livres scolaires couvert de réduction d’impôts avec au lycée dans certaines régions ou les chèques emplois services, les tableaux numériques dans les proposent leurs services aux élèves en difficultés ou bien Philippe PASCAL simplement de l’aide aux Secrétaire Général devoirs. Ligue de l’enseignement, Fédération des Yvelines

collèges dans certains départements. Le rôle régalien de l’Etat devrait lisser les inégalités d’une collectivité à une autre. Ce constat est flagrant sur notre département au regard des communes.

de l’échec scolaire ou bien du décrochage scolaire, l’Education Nationale comme les collectivités territoriales font appel à eux. Quelques exemples : La Ligue 78 portent deux internats d’excellence, 9 classes relais et 4 ateliers relais. Elle a été pionnière dans la médiation « école famille » et le développement des ateliers et classes relais. Elle réfléchit également à la question du logement des jeunes, Mme la Préfète nous ayant confié une mission départementale sur cette question.

Quelle est alors la place des acteurs éducatifs ?

L’éducation est devenue un marché ouvert au privé. La priorité de ce gouvernement n’est pas qu’économique mais aussi un retour aux valeurs chrétiennes. Les acteurs éducatifs principalement associatifs sont souvent innovants dans leur pratique et sur la question

et mettre en place un projet éducatif innovant : Sur les questions de la parentalité, de l’accompagnement à la scolarité, apprendre autrement, la journée de l’enfant et ce fameux serpent de mer que sont les rythmes scolaires. Il faut repenser la prévention générale et la prévention spécialisée. L’apprentissage ne peut pas seulement être financé par les conseils régionaux et organisé par le monde de l’entreprise voire même les syndicats patronaux suivant ses besoins du moment sans aucune perspective à long terme. Personne ne pose la question des élèves sortant de SEGPA sans aucune qualification ni diplôme, par contre l’Etat se pose la question de la suppression de ces sections dédiées aux élèves rencontrant de graves difficultés d’apprentissage. On a abandonné l’idée d’apprendre tout au long de la vie. L’état envisage de supprimer les budgets en direction des chantiers d’insertion et chantiers école. L’éducation de tous nos enfants doit rester un projet républicain porté ● par une nation.

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DÉNONÇANT UNE PENSÉE COMPTABLE DE L’EDUCATION NATIONALE, BÉATRICE LONGAYGUE, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA FÉDÉRATION FCPE DES YVELINES, EN APPELLE À DAVANTAGE D’INVESTISSEMENT DANS LE SYSTEME ÉDUCATIF. La lutte contre l'échec scolaire passe-t-elle par plus d'égalité ?

quant à sa capacité à présenter une orientation choisie, notamment vers les différentes filières technologiques. Sans compter la diminution du nombre de conseillers d’orientation… C’est encore le cas avec des enseignant-stagiaires à plein temps, ayant eu 2 jours de formation à la pédagogie, n’ayant pas toujours de tuteur désigné, et avec des temps de formation durant l’année qui laissent présager des absences non remplacées. De même, la gestion des remplacements est presque impossible dans certaines matières, telles les mathématiques, l’allemand, les sciences de la vie et de la terre (SVT), etc.

élèves et leurs familles sont en effet diverses et nombreuses : Béatrice LONGAYGUE : En 1870, Ce sont par exemple 32 élèves par classe de maternelle sur certaines Jules Ferry défiait ses pairs « avec écoles des Yvelines, avec pour l’inégalité d’éducation d’avoir jamais certains enfants un accueil l’égalité des droits, qui est l’essence périscolaire matin et soir de la même de la démocratie ». En 2010, grande section à la fin du cycle 3, nous sommes toujours face à des avec bruit et fatigue pour les enfants inégalités d’éducation. et les enseignants. C’est aussi la suppression progressive du RASED au Béatrice LONGAYGUE Secrétaire Générale profit de l’aide de la FCPE, personnalisée, qui rend la Fédération des Yvelines journée de classe bien Cette énumération fait apparaître longue, mais également de des inégalités diffuses mais stage de remise à niveau sur fortes. Est-ce la conséquence de le temps des vacances. la pensée comptable que vous Nous retrouvons ces évoquez ? Le ministère de l’Education inégalités dans l’enseignement des La liste des inégalités n’est pas Nationale a mis en place, ces langues, où l’anglais est enseigné de exhaustive mais un pays qui réduit dernières années, des dispositifs liés façon pratiquement systématique en les dépenses de son système aux notions d’égalité des chances et cycle 3 dans les Yvelines, faute éducatif ne peut, sans attendre un de discrimination positive afin de d’avoir mis en place d’autres choix miracle, lutter efficacement contre prouver ses efforts de réduction des possibles ce qui est dommageable l’échec scolaire. inégalités : Réseaux Ambitions pour les enfants dyslexiques, et où Réussite, accompagnement éducatif, les langues plus rares ne sont Là où les efforts sont accentués et charte d’engagement des entreprises proposées qu’à Versailles ou Saintles moyens mis en place afin de au service de l’Égalité des chances Germain. réduire ces inégalités, on peut parler dans l’Éducation… Mais dans le même temps il a programmé la Tout est pensé de façon comptable réduction des postes des RASED, avec l’incapacité à considérer voire leur suppression, l’enfant au centre du système éducatif l’externalisation des missions en oubliant l’obligation de résultat. d’orientation, la réduction des postes d’enseignants, la libéralisation de la carte scolaire en collège… de lutte contre l’échec scolaire. Ce Au collège, la désectorisation sont souvent des choix votés lors Tout est pensé de façon comptable stigmatise certains établissements, des conseils d’administration des pour alléger le budget de entraîne une augmentation du EPLE (*) pour favoriser un niveau l’éducation, avec l’incapacité à nombre de postes sur deux, voire de classe : classes à thème pour les considérer l’enfant au centre du trois établissements. Elle rend plus 6e dans certains collèges, classes à système éducatif en oubliant complexe le travail de ces effectif inférieur à 25 élèves pour l’obligation de résultat : enseignants, avec du temps de certains niveaux dans d’autres accompagner l’enfant de la transport supplémentaire, et abaisse établissements, heures en demimaternelle à la réussite d’une le nombre d’adultes présents de groupes mis en place, travail de formation qualifiante ou d’un façon « permanente » dans un transversalité par les équipes diplôme menant au premier emploi. établissement. pédagogiques, travail différencié… ● Il y a donc moins d’investisLes inégalités sont également sement de l’Etat mais des présentes au lycée, avec 36 élèves (*) EPLE, établissements publics locaux inégalités encore très présentes ? par classe… La réforme semble ne d'enseignement : collèges, lycées Les inégalités de traitement et de pas prendre en compte l’ensemble d'enseignement général et technologique ou moyens et donc de vécu pour les professionnel, etc. du public, laissant plus qu’un doute

«

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METTRE L’ÉDUCATION AU CŒUR DES POLITIQUES MUNICIPALES, C’EST L’AMBITION DE LA COMMUNE DE GUYANCOURT (YVELINES) QUI DÉVELOPPE DEPUIS UNE DIZAINE D’ANNÉES DES OUTILS AU SERVICE DE L’ENFANCE ET DE LA JEUNESSE. NATHALIE HATTONASENSI ET MARIE-CHRISTINE LE TARNEC, ADJOINTES AU MAIRE, APPORTENT UN ÉCLAIRAGE SUR LES ACTIONS DE LA VILLE. Guyancourt a mis en place une politique scolaire et périscolaire ambitieuse. Pouvez-vous nous en dire plus ? Marie-Christine LE TARNEC : Guyancourt a signé en 2006 avec l'UNICEF et l'Association des Maires de France la charte « Ville amie de l'enfance », ce label illustre l'effort continu des municipalités successives en direction de l'enfance et de l'éducation. Les familles et les jeunes bénéficient sur le territoire de Guyancourt d'une offre éducative complète de la crèche, avec 500 berceaux pour la petite enfance, à l'université. Cela s'est traduit par une volonté politique forte, inspirée par les concepts d'éducation populaire, de faire que chaque temps de l'enfance et de la jeunesse soit éducatif.

extrêmement fermes : D’une part l’accessibilité de tous à tous les services publics locaux, d’autre part la promotion de la mixité sociale, avec une politique d'habitat équilibrée, qui permet la mixité scolaire.

Une fois la volonté affichée et les critères figés, comment les mettez-vous en œuvre ? M-C LT : Pour appliquer ces principes, nous avons depuis plus de 20 ans mis en place des actions marquantes : - Le choix de la scolarisation des enfants dès 2 ans pour les familles qui le souhaitent. Les enfants sont inscrits par ordre d'arrivée et non par priorités d'âges ;

- Une limitation absolue de 28 enfants par classe en maternelle alors que la norme académique est de 32,5 par Nathalie HATTON-ASENSI classe ; Adjointe au Maire de Guyancourt en charge de la petite enfance et de l'école des parents

- La mise en place d’un quotient familial, aucune famille ne payant le coût réel de l’activité ; - La restauration scolaire sans prise en compte de l'activité des parents ;

Marie-Christine LE TARNEC Adjointe au Maire de Guyancourt en charge de l'enfance, du scolaire et du périscolaire

Ainsi les activités périscolaires ne sont pas envisagées seulement comme un service à l'égard des familles mais comprises dans un projet pédagogique fort, impliquant des investissements municipaux très importants. Nathalie HATTON-ASENSI : Notre politique est fondée dès l'origine sur des principes

- Une anticipation de la carte scolaire qui nous permet de faire des projections précises des futurs effectifs scolaires un an avant la rentrée et même de se projeter plusieurs années en aval pour adapter nos moyens et le cas échéant préparer et accompagner au mieux avec l’ensemble de nos partenaires une ouverture ou une fermeture d'école.

N H-A : Tout ceci fonctionne parce que les Guyancourtois et la ville animent un combat militant permanent pour l'enfance, avec une

municipalité très réactive et qui entretient des liens forts avec les enseignants et les fédérations de parents d'élèves. Pour accompagner au mieux les familles, une École des parents a été créée par la ville. Lieu d’information et de partage, cette structure permet d’accompagner les parents de la naissance à la majorité de leurs enfants voire bien au-delà. Guyancourt a fait figure de pionnière lorsqu’elle a créé ce service innovant en 2001.

« L’accessibilité de tous, à tous les services publics locaux, la promotion de la mixité sociale.

Vous mettez de nombreux outils à disposition des familles, mais est-ce bien le rôle d’une commune aujourd’hui ? N H-A : Les compétences strictes des communes sont finalement assez limitées. Elles pourraient choisir de ne pas organiser la restauration scolaire ou des activités périscolaires. Mais le choix a été fait depuis longtemps d'investir dans l'enfance et dans l'éducation et de s'impliquer avec un volontarisme politique appuyé. La ville s'est notamment battue pour que l'Université de Versailles-SaintQuentin s'implante sur son territoire quand les autres communes de l'agglomération la refusaient. Dans notre volonté que les étudiants soient dans la ville, nous avons également soutenu les projets d'implantation de résidences universitaires. La ville doit continuellement convaincre pour sauvegarder son choix en faveur de la scolarisation des deux ans et les nombreux bras de fer pour les ouvertures de classes entre la commune et l'Inspection académique démontrent cette implication. M-C LT : L’école est gratuite et à Guyancourt cela est vrai car c’est la ville qui offre les fournitures scolaires aux familles. Au-delà, nous soutenons l’ensemble des familles à travers la mise en place du quotient

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familial et en maintenant la prime de rentrée scolaire aux enfants de demandeurs d’emploi. Nous savons que les structures pour les enfants porteurs de handicap sont déficientes aujourd’hui. Il s’agit d’une mission qui incombe à l'État et aux départements. La municipalité, elle, s’est engagée pour permettre un accueil de qualité à ses enfants en allant en delà de ses compétences obligatoires à travers l’accueil de 4 classes d’intégration scolaire et l’ouverture d’un centre de loisirs adapté avec une association.

Guyancourtois dans les associations à travers le bénévolat et l’entraide, cela démontre l’intérêt des habitants pour leur ville. Leurs encouragements nous invitent à continuer dans ce sens. Évidemment des marges de progressions existent encore mais limitées par nos moyens financiers : nous n'avons qu'une ATSEM pour deux classes en maternelle, l’obligation légale étant d'une par école, et les taux d'encadrement pour la restauration mériteraient d'être renforcés.

« Les activités périscolaires ne sont pas envisagées

seulement comme un service à l'égard des familles mais comprises dans un projet pédagogique fort, impliquant des investissements municipaux très importants.

La commune développe des actions éducatives depuis 20 ans maintenant. Quel bilan faitesvous aujourd’hui ?

Vous évoquez les ressources budgétaires. Vos activités sontelles impactées par les réformes des collectivités territoriales ?

M-C LT : Les familles et les jeunes sont plutôt satisfaits de l'implication municipale pour l'enfance et l'éducation. Quand les familles arrivent à Guyancourt, elles souhaitent y rester. Les jeunes qui y ont grandi veulent pouvoir s'y installer. Lorsque nous voyons aujourd’hui l’investissement des

N H-A : En tant que telle, la réforme des collectivités territoriales n'impacte pas directement notre politique de l'enfance. Nous sommes touchés comme toutes les collectivités par les difficultés financières nées des désengagements multiples de l'État dans ses politiques de droit

> L'initiative Ville amie des enfants Avec « pour objectif de promouvoir l’application des droits des enfants dans les villes », près de 200 communes de France ont répondu à l’appel de l’UNICEF France et de l’association des Maires de France (AMF). Les villes membres du réseau créé en 2002 s’engagent notamment à « rendre leur ville toujours plus accueillante et accessible aux enfants et aux jeunes » et à « promouvoir l’éducation des enfants et des jeunes au civisme et leur insertion dans la vie de la cité ». Plus d’information sur : www.villesamiesdesenfants.com

> NODER la grille NODER (NOrme DÉpartementale de Référence) est un outil d’aide à la décision d’ouverture ou de fermeture de classe par l’inspecteur d’académie. Pour les Yvelines, une ouverture de classe peut ainsi être déclenchée audelà d’une moyenne de 32,5 enfants par classe pour la maternelle et de 25 à 27,5 (selon le nombre de classes) pour l’école élémentaire. Pour les zones d’éducation prioritaire la moyenne est ramenée à 25 enfants. Inversement, une moyenne d’enfants par classe, est définie pour décider d’une suppression de classe :

commun et par l'insécurité créée sur les finances locales avec la réforme de la taxe professionnelle, de la dotation de solidarité urbaine, le gel de la dotation générale de fonctionnement, etc. C'est surtout d'une absence de prise en compte du travail des collectivités dont nous souffrons de manière plus marquée depuis 2007 : de nombreuses mesures souvent idéologiques ont été décidées sans concertation et dans la précipitation. La mise en place de l'aide personnalisée a perturbé notre système d'études aménagées et d'accueil périscolaire qui participait du projet pédagogique global de la ville. Le Service Minimum d'Accueil, que nous avons refusé d'appliquer, a échoué politiquement car il n'a pas réussi à dresser les parents contre la municipalité, mais l'incertitude juridique reste réelle. Enfin il existe également une limite au désengagement de l'État que nous ne pourrons compenser éternellement : nous nous inquiétons de la réorientation des financements de la CAF vers le privé, et dans nos crèches l'État souhaite favoriser la quantité plutôt que la qualité. De même nous n'accepterions pas que le gouvernement mette fin à la sectorisation dans le Primaire comme il l'a fait pour le Secondaire. ● 32 enfants maximum par classe en moyenne pour l’école maternelle et de 9 à 25 (selon le nombre de classes) pour l’école élémentaire. Les moyennes sont fixées respectivement à 25 et 24 enfants pour les ZEP. > Classes d’intégration scolaire Les CLIS sont des classes dédiées à l’accueil d’élèves en situation de handicap. Elles ont un effectif limité à 12 enfants âgés de 6 à 12 ans (mais parfois plus jeunes), et s’insèrent en principe dans des écoles ordinaires, où les enfants peuvent suivre un parcours scolaire classique.

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_____ LES RENCONTRES DU LAB DES YVELINES _____ Le laboratoire des idées de la Fédération Socialiste des Yvelines vous invite à une rencontre-débat Sur le thème

« Education : des territoires au service de l’égalité » Le mardi 16 novembre 2010, 20h30, À la salle des fêtes de Conflans-Sainte-Honorine, (Place Romagné, près de la gare de Conflans-Sainte-Honorine) Introduction Estelle RODES, Première Secrétaire Fédérale, Fédération Socialiste des Yvelines Avec la participation de Pierre FRAUDEAU, Président de la FCPE des Yvelines (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves) ; Sandrine GRANDGAMBE, Conseillère municipale de Montigny-le-Bretonneux, Conseillère régionale d’Île-de-France, Enseignante ; Gilles LE BAIL, Délégué général de la FFMJC (Fédération Française des Maisons des Jeunes et de la Culture) ; Christophe PARIS, Directeur général de l’AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville).

NOUS CONTACTER Fédération Socialiste des Yvelines 47 rue Aristide Briand - 78130 Les Mureaux Site www.ps78.net - email fede78@parti-socialiste.fr Laboratoire des idées 78 email lab.idees@parti-socialiste-78.fr

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