LE MAL-LOGEMENT
des réfugiés Syriens au Liban
Pascale Fares
MR. Denis BOCQUET Memoire UEM 212 2015-2016 ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE-ENSAS
Je tiens à remercier en premier lieu mon professeur Mr Denis Bocquet de m’avoir encadré, orienté, aidé, et conseillé tout au long de la rédaction de mon mémoire. J’adresse de plus mes sincères remerciements à Josephine Iskandar, journaliste Libanaise qui a partagé ses connaissances sur le sujet avec moi, Yehia Daher, maire du village de Qeroun pour avoir accepté de me rencontrer et de répondre à mes questions, et Mayssam Tannous, pour son soutien et son aide dans la réalisation de ce mémoire. Toutes les photos présentes dans ce mémoire sont prises par moi-même, à l’exception des photos présentant une autre source dans la légende-
SOMMAIRE INTRODUCTION PARTIE I : Les réfugiés Syriens au Liban CHAPITRE 1 La guerre en Syrie et ses conséquences sur les pays voisins 1.1
Les réfugiés dans les pays voisins (Turquie,Jordanie,Irak ...)
1.2 Les réfugiés en Europe (Allemagne,Grèce,Suède ...)
CHAPITRE 2 La mémoire Libanaise et la situation actuelle des réfugiés Syriens au Liban
05 07 10
13
2.1
La mémoire Libanaise
14
2.2
Les réfugiés représentent 25% de la population Libanaise
15
CHAPITRE 3 Les conséquences sur l’économie et la societé Libanaise 3.1
Conséquence sociale, économique, politique
3.2 Enquête : L’opinion publique Libanaise, sous l’effet des différentes phases de l’occupation Syrienne
CHAPITRE 4 Les actions mises en place pour les refugiés
17 18 21
23
4.1
Plan du gouvernement Libanais
23
4.2
Organisation non gouvernementale
25
4.3 Entretien avec les responsables d’une association internationale en charge des logements pour les réfugiés Syriens
27
PARTIE II : Typologies d’habitation et mal-logement CHAPITRE 1 Répartition dans le pays (villes et villages)
31
1.1 Dispersion sur le territoire
33
1.2 Les quatre zones les plus concentrées en réfugiés
36
CHAPITRE 2 Types d’habitation 2.1
41
Les formes particulières d’habitat
a- Habitat mobile dans les interstices du territoire
43
a.1- Installation sur des terrains vides dans des tentes a.1.1 Qeraoun village de sud de Liban a.1.2 Arsal village de vallée du Bekaa
44
a.2- Dans les rues a.2.1 A proximité des poubelles a.2.2 Sous les ponts
57
b- Abris de fortune:
61
b.1- Sur les toitures dans des zones industrielles b.1- Batiment typique Libanais b.1- Batiment en cours de construction
62 64 66
c- Réhabilitation des batiments et changement d’usages:
69
c.1- Dans une école c.2- Dans une usine
70 73
d- Les bidonvilles et les banlieues: d.1- Etat urbain a Beyrouth d.2- Al Naba’a
75 76 77
e- Les réfugiés chez les réfugiés e.1-Causes de rassembement des réfugiés Palestiniens et Syriens. e.2- Accès aux logements et aux services e.3- Nahr el Bared
82
f- Sous locations et locations :
91
f.1- Sous location Garages, usines.... f.2- Location dans des appartements et des hotels
92
2.2 Enquête expérimentale et études sur les status des personnes dans chaque type d’habitation
CHAPITRE 3 Exemple de quelques pays d’Europe: Allemagne ...
83 85 86
94
97
99
3.1 Les différentes typologies de logements des réfugiés Syriens en Allemagne
100
3.2 Des prototypes de logements proposés par des entreprises internationales ou des architectes
105
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES SIGLES HCR OIR
Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
ONG
Organisation non gouvernementale
ONU
Organisation des Nations unies
PDI
Personnes déplacées à l’intérieur
PAM
Programme Alimentaire Mondial
UNREF
Fonds des Nations Unies pour les réfugiés
PNUD
Projet des Nations unies pour le développement
UN-Habitat
United Nations Human Settlements Programme
UNICEF
United Nations International Children’s Emergency Fund
UNRWA
United Nations Relief and Works Agency for Palestinian Refugees in the Near East
FMI
Fonds Monétaire International
DSR
Détermination du statut de réfugié
OIM
Organisation internationale des migrations
OIR
Organisation internationale pour les réfugiés
SDN
Société des Nations
UE
Union européenne
Organisation internationale pour les réfugiés
INTRODUCTION
L
’ampleur que prennent les conflits de nos jours nous invite à étudier de plus près leurs causes ainsi que leurs conséquences afin de parvenir à des solutions. Les conflits (que l’on peut aussi bien qualifier de guerres) que subissent de nombreux pays actuellement, tuent violemment et de manières différentes aussi bien des civils que des militaires. Ils entrainent de même une aggravation des maladies, et une augmentation des taux de criminalité dans les pays touchés et entraînent surtout des migrations massives vers différents pays. Contrairement au nombre de morts qui reste aussi démesuré qu’imprécis, il est aujourd’hui bien plus facile d’obtenir des données comparables au plan international sur les personnes émigrantes. Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui collecte et publie des données mondiales a répertorié en 2006 un nombre frappant de 33 millions de personnes ayant migrées à travers le monde. Ces personnes sont définies selon trois grandes catégories : près de 10 millions de réfugiés, 13 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays (PDI) et 10 millions de personnes avec de différentes situations (demandeurs d’asile, réfugiés de retour/PDI et apatrides).
1
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Plus de quatre ans après le début de la crise devenue guerre, fuyant la guerre civile Syrienne, de nombreux Syriens trouvent refuge au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Irak et en Algérie, atteignant un total de plus deux millions d’expatriés. Le petit voisin de la Syrie est actuellement le pays qui accueille le plus de réfugiés Syriens, soit 38% des réfugiés de la région. Une masse qui pèse lourd et met à mal le pays du Cèdre qui demeure dans un état de guerre permanent. L’une des principales conséquences du conflit Syrien sur le Liban est démographique: plus de 1500000 réfugiés syriens (selon le gouvernement Libanais, ils atteindront les 2 000 000 d’ici à la fin de l’année), 52 000 réfugiés Palestiniens supplémentaires (s’ajoutant aux centaines de milliers de réfugiés Palestiniens déjà présents sur le territoire Libanais avant la crise Syrienne) et quelques 40 000 Libanais qui vivaient jusqu’alors en Syrie et qui ont donc été contraints de revenir au Liban.
Le plus grand problème pour les réfugiés demeurant à présent au Liban serait, déjà aujourd’hui et subsisterait surement dans les plusieurs mois à venir, le logement. Alors que des actions « collectives » sont actuellement en cours pour tenter de remédier à ou
du moins amoindrir ce problème, les besoins en logement de ces familles devraient plus souvent être gérés de façon bien plus individuelle. Cependant, le cas par cas ajoute encore plus à la complexité du problème, d’autant plus que les réfugiés Syriens sont dispersés dans des régions étendues au nord du Liban, dans la plaine de la Bekaa et en milieux urbains. Jusqu’à présent, beaucoup de nouveaux arrivants ont trouvé un hébergement soit au sein de familles d’accueil (principalement au nord du Liban, où les liens familiaux sont plus étroits entre les Syriens et lesLibanais), soit dans des appartements ou des chambres qu’ils louent, soit dans des centres d’hébergements collectifs commedes écoles. Une minorité d’entre eux est hébergée sous des tentes ou dans des abris de fortune. Alors que la crise Syrienne entre dans sa seconde année, de nombreuses familles qui avaient voulu accueillir de nouveaux réfugiés n’ont à présent plus de chambres disponibles et ont désormais dépassé leur capacité d’accueil. Le marché de la location immobilière dans certaines municipalités est devenue bien plus que saturée, et il est pratiquement impossible aujourd’hui de trouver des appartements à louer.
Les loyers ont tous augmenté parfois même multipliés par quatre dans certaines régions de la plaine de la Bekaa. Une majorité de Syriens sans emploi se trouvent face à une accumulation effrayante de dettes, pendant que d’autres risquent l’éviction de leur logement. Le Liban est désormais dans une situation incontestablement délicate, et principalement alarmante. “Nous ne sommes plus capables d’assumer ce fardeau tous seuls (...). Nous avons dépassé les limites”, avait pour sa partlancé le ministre libanais des Affaires sociales, Rachid Derbés. Le HCR et ses partenaires internationaux, conjointement avec les autorités locales et les ONG, font leur possible pour trouver de nouveaux logements pour les réfugiés notamment en identifiant et réhabilitant des centres d’hébergement collectifs (souvent des bâtiments publics abandonnés). Le HCR discute des alternatives avec chaque famille cherchant un logement et l’agence en charge explore toutes autres solutions avec les autorités locales et nationales.
Cependant, la question ou les questions qui se posent encore aujourd’hui restent les suivantes:
2
Qu’en est-il de l’avenir? Comment cette situation va-t-elle évoluer? Le Liban serait-il encore capable d’accueillir des refugiés Syriens? Possèderont-ils de quoi s’abriter et dormir dans un espace presque saturé? Existera-t-il, plus de deux ans après le début du conflit, un sentiment de rejet de la population Libanaise vis-à-vis des réfugiés? Les organisations gouvernementales et non gouvernementales devraient-elles et seraient-elles capable de s’adapter à ce grand défi ? Et surtout, les réfugiés auront-ils un jour la possibilité de retourner en Syrie? Ou leur cas serait-il plutôt semblable à celui des réfugiés Palestiniens, qui habitent encore après tant d’années dans les camps qui leurs sont attribués au Liban? Le choix de cette recherche s’est porté sur ce sujet et s’intéressera à décrire dans une première partie la situation actuelle des refugiés Syriens au Liban ainsi que la dispersion des refugiés et les typologies d’habitat dans le pays. Dans un second temps, des entretiens avec des personnes responsables au sein des entreprises gouvernementales et non gouvernementales, et avec des refugiés prendront également place dans le but de répondre à toutes ces questions.
Ce mémoire est consacré à une étude des typologies des formes d’habitations provisoires mises en place pour les réfugiés Syriens.
3
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
PARTIE I LES REFUGIES SYRIENS AU LIBAN
I
CHAPITRE 1 LA GUERRE EN SYRIE ET SES CONSEQUENCES SUR LES PAYS VOISINS
Le Moyen-Orient, zone politiquement et socialement instable
depuis des décennies, se voit de nouveau soumis à une guerre en Syrie en 2011. Alors que les manifestations se propagent dans tous les pays pour contester le pouvoir de Bachar Al-Assad, les conflits qui ont suivi ne sont pas limités aux frontières de la Syrie, et la guerre civile ne cesse d’impacter et de soumettre les pays voisins à de fortes tensions.
Un migrant, une migrante se déplace d’un pays à
un autre, généralement en quête de travail même si d’autres raisons peuvent l’y pousser, comme la volontéde retrouver des membres de sa famille. Certains migrants se déplacent de leur propre gré, d’autres y sont forcés en raison de difficultés économiques ou autres. Un migrant peut être en situation régulière dans un pays lorsqu’il possède un permis de travail et de résidence, ou en situation irrégulière lorsque les autorités du pays où il souhaite vivre et travailler ne l’y autorisent pas.1 Un demandeur d’asile, une demandeuse d’asile est une personne qui a quitté son pays enquête d’une protection internationale mais qui n’a pas encore obtenu le statut de réfugié.2
Droits de l’homme dispose : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays». La notion de refugié, différemment d’un migrant ou d’un demandeur d’asile, désigne la personne ayant quitté son pays d’origine pour des raisons politiques, religieuses, raciales, ou suite a une guerre 3 afin d’éviter ses dangers. Cette personne, ne bénéficie pas dans le pays où elle réside, du même statut que les populations autochtones, dont elle n’a pas acquis la nationalité. Le refugié demande alors auprès des communautés internationales des droits de protection, que 4 son gouvernement ne peut plus lui assurer.
Figure 1: Rapport de l’UNHCR - “Tendances mondiales 2013” 1 https://www.amnesty.org/fr/what-we-do/people-on-the-move/ -Définition- Qu’est-ce qu’un migrant ?- “Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de 7 millions de personnes qui prennent l’injustice comme une affaire personnelle.” 2 https://www.amnesty.org/fr/what-we-do/people-on-the-move/ -Définition- Qu’est-ce qu’un demandeur d’asile ? 3 Larousse Francais -Définition - réfugié, réfugiée 4 Article - La tâche du HCR se limite alors à vérifier que les Etats respectent les standards internationaux de protection des réfugiés -page 6- LE HCR SUR LE TERRAIN.
6
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR dans l’espace francophone) a pour but de défendre les droits et la sécurité des réfugiés. Cette organisation onusienne estime que fin 2006, il y avait 8 661 994 réfugiés dans le monde.5
1.1 LES REFUGIES SYRIENS DANS LES PAYS VOISINS Au 20 février 2014, on comptait plus de 2 500 000 réfugiés Syriens du ressort du HCR dans les pays limitrophes de la Syrie. Le Liban arrive ainsi largement en première position avec près de 6 935 000 réfugiés relevant du HCR, représentant 37% des réfugiés dans les pays limitrophes. Les plupart des autres sont hébergés en Turquie et en Jordanie et peu d’autres en Egypte et en Irak.
conséquence, les migrations vers les pays voisins ont explosé: En avril 2013 on comptait déja 455 515 réfugiés au Liban, 448 310 en Jordanie, 322 845 en Turquie, 143 117 en Irak et 62 037 en Turquie.8
Le Haut-Commissariat aux Nations Unies pour les réfugiés (HCR) publiait vendredi 19 avril 2013 un rapport dramatique sur la situation Syrienne: 1 441 891 personnes (soit environ 7 % de la population) ont dû quitter le pays pour les Etats voisins, depuis le début de la guerre civile en 7 janvier 2012. Un chiffre qui risque de tripler d’ici la fin de l’année, si l’avancement dans la résolution du conflit reste à l’état actuel, ce qui aggravera davantage encore les conséquences au niveau humain, sanitaire, social, ou encore économique. Ce bilan mettait particulièrement en exergue les conditions de vie à l’intérieur du pays, devenues inacceptables pour les habitants: les exactions contre les populations civiles sont nombreuses (meurtres, viols, arrestations arbitraires....), les bâtiments sont détruits, tandis que les forces de Bachar Al-Assad, président Syrien bloquent fréquemment les secours apportés par l’aide internationale sur le territoire Syrien. En
Figure 2: Diagramme de répartition des refugiés Syriens dans le Moyent-Orient
5 https://fr.wikipedia.org/ wiki/Réfugié - article - Réfugié -UNHCR Appel Global 2007 - Première partie - Populations relevant de la compétence de l’UNHCR [archive] 6 http://www.arcenciel.org/2014/03/la-crise-des-refugies-syriens-au-liban.html -La crise des réfugiés syriens au Liban - Enregistrés ou en attente d’enregistrement. 7 Le dernier enregistrement du UNHCR le 02 decembre 2015 -UNHCR: 2.1 million Syriens registré en Egypt, Iraq, Jordanie et Liban, 1.9 million Syriens registré par le Governement Turque -Source - UNHCR, Government of Turkey 8 Article -La situation actuelle des réfugiés syriens -page1- source http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php
7
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
1.2 LES IMPACTS SUR CES PAYS Après le Liban, la Turquie et la Jordanie sont les deux pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés Syriens. Pour cela, nous allons nous attarder sur ces deux pays et étudier les problèmes qu’ils affrontent ainsi que les différents impactes qu’ont eut ces afflux sur l’économie et la vie sociale de ces pays.9 a- En Turquie : 10
Le pays était bien préparé pour la situation d’urgence grâce à son expérience dans la préparation et la réponse aux désastres. La culture turque et ses valeurs poussent les citoyens à aider et partagerce qu’ils peuvent avec leurs voisins sans discrimination envers l’origine ethnique ou religieuse. Cette solidarité est réellement tangible. De plus, 11 l’Union Turques des Municipalités a mobilisé des ressources et fournit un soutien pour la coordination à ses membres lors de cette crise. Le gouvernement turc a construit et gère 17 12 camps de réfugiés adjacents à huit villes ; et enregistre également les réfugiés urbains. La priorité est donnée aux blessés, personnes âgées, femmes enceintes et aux enfants. Les camps sont généralement bien organisés et offrent de nombreux services mais cela varie d’un camp à un autre. Les élus locaux disent qu’ils « surmontent ce fardeau » grâce au soutien du gouvernement central, notamment dans les zones situées le long de la frontière où les réfugiés ont décidé de s’installer de façon indépendante et dans les municipalités adjacentes aux 17 camps. Au niveau local, étant donné que la situation des réfugiés se détériore, les autorité mettent en place des centres de ressources afin
d’enregistrer et de diriger les réfugiés des collectivités vers les services qui leur sont proposés comme des refuges, de la nourriture, des habits, des produits médicaux et les services d’éducation. Les autorités locales et les ONG aident à fournir ces services. Cependant, il y a un besoin pressant d’ambulances, de camions pompiers, de camions-bennes et de véhicules de transport. Les officiels turcs sentent que les autres pays ne payent pas suffisamment attention à la crise syrienne alors que « c’est de la responsabilité de tous d’arrêter la guerre ». Plus de cinquante délégations ont visité les camps, mais très peu de 13 soutien a suivi.
b-En Jordanie : Alors que la Jordanie est déjà un pays à bas revenu, équilibrant son budget grâce aux EtatsUnis et aux Etats du Golf, elle fait difficilement face à la situation et les autorités s’inquiètent de l’impact économique à la suite de la crise des réfugiés. L’essence et le prix des loyers ont 14 augmenté et la concurrence pour l’emploi, l’éducation et les services de santé mettent à rude épreuve l’hospitalité jordanienne, notamment avec un nombre de réfugiés toujours plus grand.
09 D’apres le diagramme de répartition des refugiés Syriens dans le Moyent-Orient du figure 2 fournis par UNHCR montre que la Turquie et la Jordanie sont les deux pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés Syriens après le Liban 10 Impact sur la Turquie : 1-Turkey and Syrian Refugees: The Limits of HospitalityOsman Bahadır Dinçer, Vittoria Federici, Elizabeth Ferris, Sema Karaca, Kemal Kirişci, Elif Özmenek Çarmıklı, International Strategic Research Organization (USAK), 2013, 43 pages 2-SYRIAN REFUGEES IN TURKEY The Long Road Ahead By Ahmet İçduygu April 2015, Transtlantic Council on Migrations, 23p. 11 L’Union des municipalités de Turquie : C’est une association bien établie qui comporte 100 employés et 2900 membres qui jouent le rôle d’assistants dans l’accueil des réfugiés urbains et facilitent le soutien inter municipal. 12 Article-Les municipalités en première ligne- Rapport de mission et recommandations, Mai 2013- chapitre 2 - Les camps de réfugiés en turquie 13 Quelque soutien on été reçu par des hommes d’affaire libanais ont donné 96 000$ pour les tentes, la Norvège a versé 1 650 000$ et il lui a été demandé de verser plus de fonds mais aucune réponse n’a été donnée. 14Article-Les municipalités en première ligne- Rapport de mission et recommandations, Mai 2013- chapitre 3 - Les camps de réfugiés en Jordanie
8
Le nombre de Syriens en Jordanie est estimé à presque 500 000. Jusqu’ici, les Jordaniens sont restés sympathiques envers les Syriens, mais la population se demande si les problèmes économiques ne vont pas se transformer en tensions politiques. De nombreux réfugiés ont choisi de ne pas s’enregistrer pour un placement dans un camp, mais de vivre en zone urbaine, ce qui pèse sur les finances jordaniennes. Initialement, les réfugiés arrivaient à trouver par eux-mêmes un logement mais lorsque leur nombre a explosé l’étédernier, la Jordanie a 15 ouvert un camp à Al Za’atari et a déclaré que les futurs réfugiés devraient vivre dans des camps organisés. Les conditions dans ces tentes sont sinistres. Situé dans une région venteuse, sur des terres poussiéreuses et stériles où les températures peuvent être très basses ou très hautes, le camp d’Al Za’atari a été le terrain de manifestations de réfugiés se plaignant des conditions de vie. En mars 2013, le camp accueillait 25 000 familles, soit 100 000 personnes. En termes de population, Al Za’atari est la quatrième communauté la plus grande de Jordanie. Comme le camp atteint sa capacité maximale, le gouvernement jordanien prévoit l’ouverture de nouveaux camps. Les besoins les plus pressants concernent l’eau, la gestion des déchets et des sanitaires, les médicaments et les services médicaux, la sécurité et, globalement, l’amélioration de la gestion du camp et des services. UNHCR aimerait passer d’un modèle basé sur l’offre à un modèle basé sur la demande des réfugiés et dans cette optique, aimerait 16 accueillir des spécialistes des gouvernements locaux pour améliorer l’administration du camp, la gestion et les services.
Cela comprend la réalisation d’un système d’eau soutenable, d’un réel système de gestion des déchets, la planification locale, le zonage, un système de licences, la mise en place et le maintien d’un recensement civil et d’un système de cadastre, et une plus grande participation des réfugiés à travers l’élection d’un conseil du camp et de comités d’hommes et de femmes. Les gouvernements locaux affectés par l’afflux de Syriens sont sous un stress immense et font face à une augmentation de leur dette. Les organisations non gouvernementales aident les réfugiés, mais elles semblent aveugles face aux problèmes des municipalités. 17
Les besoins des municipalités sont multiples : aide financière et soutien budgétaire, gestion des déchets (compresseurs, camions, poubelles), eau potable (savoir-faire technique, puits, réservoirs d’eau), assistance aux collectivités d’accueil (pour « supporter les supporters »), des programmes de soutien psychologique et des stratégies de communication afin d’atteindre et d’impliquer les réfugiés. Comme en Turquie, de nombreuses délégations étrangères sont venues mais très peu de promesses d’assistance se sont matérialisées.
15 Le camp Al Za’atari accueillait 100 000 réfugiés. Le camp est géré par le HCR en coopération avec le gouvernement jordanien. 16 C’est-à-dire 2 ou 3 experts sur des problématiques comme la planification, l’urbanisme, l’octroi de licences, le recensement, la participation publique ainsi que l’eau, l’hygiène et l’assainissement. 17 Voici Ghazi al Kofahi, directeur de la municipalité d’Irbid exprime la situation difficile des municipalités : « Préparer votre maison pour l’arrivée d’un bébé est suffisamment difficile. Maintenant imaginez préparer votre maison pour l’arrivée de milliers de Syriens ».
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
1.3 LES REFUGIES SYRIENS EN EUROPE
L’année 2015 enregistre un afflux record de réfugiés en Europe, dont la majorité sont 18 des ressortissants syriens. Avec 81.000 demandes en 2014, la Suède est le pays le plus demandé proportionnellement à sa population. En 2014, l’Allemagne a enregistré 203.000 demandes et rien qu’au 1er trimestre 2015, elle a accueilli 73.000 personnes (40% du total). Début septembre, plus de 2000 migrants sont encore arrivés en Bavière en seulement 24h, un record. Et bien d’autres pays envisagent encore d’accueillir davantage de migrants. Depuis le début de l’année, plus de 115.000 migrants dont de nombreux réfugiés syriens ou érythréens sont par ailleurs arrivés par la mer en Italie, et le double en Grèce, selon le dernier bilan des autorités. La différence, souligne Slate, est que la majorité de ceux qui parviennent en Grèce “continuent leur voyage direction la Macédoine et la Serbie”. Même chose pour l’Italie où, sur 170.000 réfugiés arrivés en 2014, seulement 63.000 ont déposé une demande d’asile rappelle “France Info”. D’autres pays connaissent aussi un afflux massif, comme les Balkans et la Hongrie (32.000 demandes accordées, soit 18% du total européen), qui restent aussi surtout des lieux d’entrée dans l’UE et dans l’espace Schengen pour les migrants. Cependant, nombreux sont ceux qui se plaignent des conditions de vie sur place et des mauvais traitements. De même, pour mettre fin a ces afflux, le premier ministre hongrois Viktor Orban a fait installer une clôture avec la frontière serbe.
Pour comprendre le phénomène qui a connu 19 une accélération soudaine, MR Yves Pascouau, directeur du programme de migration et diversité à l’European Policy Centre, à Bruxelles, et chercheur associé à l’Institut Jacques Delors à Paris, spécialiste des questions d’immigration, d’asile et d’intégration, repond aux question de cet afflux massif et soudain des réfugiés syriens vers l’Union européenne. Il explique ainsi le conflit syrien qui ne connaît pas de répit. La très grande majorité des réfugiés retrouvés dans la rue du jour au lendemain, s’est installée dans les pays voisins comme la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Irak le plus rapidement possible dans le seul but de sauver leur vie et Ils y ont trouvé des conditions de vie temporairement acceptables (même si la majorité d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté). Cependant, ayant compris que la situation en Syrie ne s’arrangera pas de si tot, et face à la saturation de ces pays submergés et dépourvus d’aide, (comme le Liban dont la population a augmenté de plus de 25 % à cause de cet afflux) et à la dégradation des conditions d’accueil, un grand nombre de ces réfugiés a décidé de vivre ailleurs, tous à la recherche d’un peu de dignité et de protection (juridique, hébergement, etc.). Cela les a donc poussé à demander refuge au sein de l’Union européenne, où certains pays comme l’Allemagne ont assoupli les conditions d’asile pour les Syriens. L’ouverture d’une porte terrestre vers l’Union européenne, celle des Balkans occidentaux via la Turquie et la Grèce, a aussi énormément accéléré le mouvement migratoire depuis la fin 2014 étant à la fois moins coûteuse et moins dangereuse.
18 Comme il est apparu dans le journal “Le Huffington post” en association avec le groupe “Le monde” - Migrants: pourquoi l’Allemagne et la Suède sont devenues des terres promises- Maxime Bourdier - Publié le 06/09/2015 19 Le reportage France 24 interroge Yves Pascouau, directeur du programme migration et diversité à l’European Policy Centre, à Bruxelles, et chercheur associé à l’Institut Jacques Delors à Paris, spécialiste des questions d’immigration, d’asile et d’intégration, publié le 07/09/2015
10
S’agit-il dans leur cas d’un exode temporaire ou d’une migration définitive ? MR Yves Pascouau explique que les réfugiés Syriens sont aujourd’hui conscients de la dégradation de la situation de leur pays, et de la destruction de leurs maisons et logements. La plupart sont partis pour s’installer durablement dans leur pays d’accueil et ne rentreront surement pas avant la fin du conflit. Ils vont par ailleurs bénéficier d’un titre de séjour valable entre 5 et 10 ans. Il faut donc commencer à préparer l’avenir, et à penser à leur intégration en évaluant leurs compétences et en reconnaissant leurs diplômes. Ces personnes se retrouvent en Europe pour reconstruire leur vie et non pour être assistés.
Nombre de demandes (2014)
Par million d’habitants
81 325
Suede
42 775
Hongrie
28 065
Autriche
23 770
202 815 22 850 24 535 64 625
8 365 4 337 3 282
Suisse
2 890
Allemagne
2 513
Belgique Pays-bas Italie
2 016 1 454 1 060
64 310
France
972
31 945
R.Uni
494
Figure 3: Schéma représentatif des demandes d’asile des réfugiés Syriens en Europe (Eurostat 2014)
20
L’Allemagne et la Suède, comme nous avons pu le constater, sont devenues des terres promises visées par les réfugiés. Ces deux pays répondent aux critères de protection et de vie souhaités et se sont de plus montrés les plus ouverts ces derniers mois. Ci dessous, nous allons étudier le developement de ces deux pays afin de tenter d’expliquer cette ouverture envers les migrants.
a- En Allemagne : Suite aux annonces de la chancelière Allemande Angela Merkel, qui a assoupli les conditions d’asile pour les Syriens, un nombre record de 104,460 21 demandeurs d’asile sont arrivés en Allemagne au mois d’Août. Ce qui représente un total cumulé pour les huit premiers mois de l’année 2015, 413 535 de réfugiés. Et cela ne représente que le début puisque l’Allemagne s’attend encore à accueillir un total de 800.000 réfugiés et de migrants, cette année, un nombre quatre fois supérieur à celui de 2014. 22 Selon une estimation récente du Conseil central des musulmans en Allemagne, au moins 80% des réfugiés entrants / migrants sont musulmans, et les demandeurs d’asile sont majoritairement des hommes. Sur les 411,567 réfugiés / migrants qui sont entrés dans l’Union européenne par la mer jusqu’à présent cette année, 72% été des hommes, 13% de femmes et 15% des enfants, 23 selon les calculs de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Les informations sur le sexe des personnes arrivant par voie terrestre n’est pas encore disponible. Mais comment expliquer une attitude si ouverte de la part de l’Allemagne, quand ses voisins européens sont bien plus méfiants?
20 Pascal Brice, directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), souligne par ailleurs que Suède et Allemagne sont “deux pays où des communautés syriennes sont installées de longue date, en particuliers des Kurdes syriens”. Dès le début de la guerre en Syrie, les deux Etats ont offert une protection aux réfugiés fuyant le conflit, note l’ONG Human Rights Watch. 21Article -Valeurs actuelles- Plus de 104 000 clandestins sont arrivés en Allemagne au mois d’août -Publié Mercredi 02 Septembre 2015 22Conseil central des musulmans en Allemagne (Zentralrat der Muslime in Deutschland, ZMD) 23 Article -Epidémie de viols en Allemagne- Posté le 23 septembre 2015 par Marie Bethanie | Catégorie(s): Immigration , Pays : Allemagne
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
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1-L’Allemagne a besoin des migrants : Le taux de naissance en Allemagne est l’un des plus bas au monde, la moyenne d’âge de sa population augmente, et les projections démographiques prédisent que le pays comptera environ 10 millions d’habitants de 25 moins en 2060. Une situation qui fait aussi redouter une pénurie de main d’œuvre : 1,8 million de travailleurs manquants dès 2020, estime l’institut Prognos. Aujourd’hui, ils cherchent par exemple 140 000 ingénieurs, programmateurs et techniciens, selon la fédération des employeurs BDA. “Si nous arrivons à les intégrer rapidement dans le marché du travail, nous aiderons les réfugiés, et nous nous aiderons nous-mêmes”, affirme le président de la fédération des industries allemandes. Avant même l’arrivée des réfugiés Syriens, l’Allemagne a connu un boom de l’immigration ces dernières années, et comme l’a annoncé Angela Merkel, parallèlement à l’afflux de réfugiés, l’Allemagne propose une plus grande ouverture économique aux migrants en provenance des Balkans. 2-Son économie est suffisamment forte pour les accueillir: Si le ministre de l’économie allemand, Sigmar Gabriel, est si confiant dans la capacité de son pays à accueillir plus de réfugiés que ses voisins, c’est parce que l’Allemagne “est économiquement un pays fort”, a-t-il expliqué. Tous les indicateurs sont positifs, et la croissance existe, même si elle était un peu plus faible qu’attendu au deuxième trimestre (+0,4%). Le taux de chômage a légèrement augmenté en août, mais ne s’élève qu’à 6,4%, selon les chiffres officiels. Eurostat donne même un chiffre bien plus bas, 4,7% en juillet, le taux le plus faible de la zone euro.
b- En Suède : Depuis le mois de septembre, la Suède autorise tout Syrien arrivé sur son territoire à s’y installer. Depuis deux ans, 18 000 Syriens sont arrivés dans le pays. Cependant, avec ses 9,5 millions d’habitants, la Suède a de la peine à accueillir autant de réfugiés dans ses structures d’accueil. En Europe, seule l’Allemagne, huit fois plus peuplée, en a accueilli plus. « Avec cette politique, la Suède donne le bon exemple, juge Markku Aikomus, porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés en Suède. Il fallait qu’un pays franchisse le pas en autorisant les Syriens à 26 s’installer sans condition. » Le gouvernement suédois s’emploie désormais à convaincre les autres pays de pratiquer la même politique. Car, avec 9,5 millions d’habitants, ce petit pays voit sa capacité d’accueil au bord de la saturation. L’Agence des migrations dispose au total de 6 000 appartements pouvant accueillir 25 000 personnes. Une capacité largement insuffisante, qui oblige l’Agence à louer aujourd’hui 18 000 places en hôtels et en camps. La Suède s’attend aujourd’hui à recevoir cette année près de 50 000 demandeurs d’asile. En théorie, les migrants sont hébergés le temps que la procédure d’asile aboutisse, donc trois ou quatre mois. Mais l’Agence est obligée de loger les réfugiés plusieurs mois supplémentaires, en attendant qu’un appartement privé se libère quelque part en Suède pour accueillir la famille. Une fois sortis du système de l’Agence des migrations, l’État aide les réfugiés à trouver un travail et les municipalités se chargent de faciliter l’intégration en donnant des cours de suédois et en scolarisant les enfants.
24 La situation actuelle en Allemagne: Svenja Marie Linnemann, Wenn Informationen ins Leere laufen – Die Rolle von Informationsmaßnahmen bei der Neueinrichtung von Flüchtlingsnotunterkünften und deren Perzeption in ‚Third Places‘ am Beispiel traditioneller Moabiter Kiezkneipen“, Mémoire de Master, Humboldt Universität Berlin, 2015. 25 Article- Francetvinfo.fr -Pourquoi l’Allemagne a choisi de s’ouvrir aux réfugiés - Louis Boy - publié le 09/09/2015 - L’Allemagne a besoin des migrants. 26 Article- la-croix- En Suède, la nouvelle vie des Syriens, loin de la guerre- Rémy Pigaglio - publié le 16/10/13
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Arméniens
1915
Palestiniens
1948
I
CHAPITRE 2 LA MEMOIRE LIBANAISE ET LA SITUATION ACTUELLE
Le Liban, ayant ouvert ses portes aux réfugiés depuis
1915 a l’arrivée des Arméniens survivants du génocide Arménien, se voit aujourd’hui face à un nouvel afflux de réfugiés. Cependant, les conditions diffèrent, et face à l’arrivée des réfugiés Syriens 2011. Le surpeuplement du pays entraine des difficultés et des tensions croissantes à tous les niveaux, économique, politique, et social.
Syriens
2011
2.1 LA MEMOIRE LIBANAISE L’histoire du Liban comme pays d’accueil ne commence pas en 2011 avec le début de la guerre en Syrie, mais bien avant. Les réfugiés existent au Liban depuis les années 1915 avec l’arrivée des survivants du génocide des 27 Arméniens de 1915 ayant survécu à la marche de la mort dans Deir El Zor (Syrie) après l’effondrement de l’empire Ottoman, et les années 40 lors de la création de l’état d’Israël, lorsque les Palestiniens ont fui les combats et ont été chassés de leurs terres par les forces Israéliennes et dont plus de 60% se sont répartis entre le Liban, la Jordanie et la Syrie. Dès leur installation, deux discours sur les réfugiés se développent en parallèle au sein de la classe politique libanaise : d’une part, les réfugiés Palestiniens sont conçus comme des « voisins » malheureux qu’il convient d’assister et accueillir en période de difficulté. D’autre part, ces personnes sont perçues comme sales, dangereuses et comme une source potentielle de troubles dans un pays qui se conçoit déjà comme en équilibre précaire. En effet les Palestiniens qui habitent dans 28 les camps concus pour les réfugiés sont essentiellement ceux qui n’ont aucun autre moyen de survivre ailleurs, et donc issus des groupes les plus fragiles de la population Palestinienne. Le récit « pacifié » de la guerre 29 civile, après la paix du traité de Taëf en 1990, l’OLP et aux Palestiniens uniquement, confirme cette double vision du réfugié : en état de besoin et devant être assisté, il est également conçu comme une source de troubles politiques, de violence et de “dumping” social.
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Il ne faut pas oublier à ce titre que la Révolution du Cèdre » de 2005 a été réalisée essentiellement en réaction à l’occupation du pays par l’armée syrienne et à la mise sous coupe réglée de son 31 monde politique par le régime du Baath. Les deux coalitions se partageant le pouvoir depuis cette période, les mouvements dits du 8 et du 14 mars, se sont d’ailleurs focalisées à l’époque sur leur soutien ou non au régime – et ni au peuple – Syrien, avec des Forces Libanaises et le Courant du Futur de feu le président Hariri (14 mars), et de l’autre le parti dit « chiite » du Hezbollah et le Courant Patriotique Libre (« chrétien ») de Michel Aoun. Occupant pour certains,allié valorisé pour d’autres, la figure du « syrien » est également associée depuis l’époque à celle des nombreux travailleurs immigrés venant réaliser au Liban des tâches essentiellement non-qualifiées : construction, agriculture, etc. C’est dans cet ensemble de cadres discursifs que l’arrivée des réfugiés Syriens prend place, s’inscrivant ainsi dans les mythologies politiques du pays du Cèdre. Cela dit, entre l’histoire des réfugiés en 1915 et la situation actuelle qui commence en 2011, avec l’afflux des refugiés Syriens, on apercoit une différence très marquante. Les Arméniens ayant survecu au génocide sont aujourd’hui considérés comme des 32 Libanais et s’intègrent au pays. Malheureusement, du au surpeuplement du Liban, et aux problèmes engendrés, les réfugiés Syriens n’y trouvent pas leur place, et malgres le desir de les aider, les Libanais se trouvent obligés à les rejetter. Dans la partie suivante nous allons élaborer la situation actuelle de ces réfugiés au Liban.
27 L arrivé des arménien au Liban 1915 GREENSHIELDS, T. H. (2013). The settlement of Armenian refugees in Syria and Lebanon, 1915—39. Change and Development in the Middle East (Routledge Revivals): Essays in Honour of WB Fisher, 233-241. 28 Livre -LES RÉFUGIÉS PALESTINIENS DU LIBAN-Mohamed Kamel Doraï- Chapitre II. L’espace des camps et des groupements Palestiniens au Liban 29 L’accord de Taëf est un traité inter-libanais, signé le 22 octobre 1989, destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise qui dure depuis 1975. Il est présenté comme une tentative de restauration de la paix par un cessez-le-feu et par la réconciliation nationale. Pour certains, l’accord de Taëf consolide la présence syrienne en sol libanais; la Syrie exercera en effet un contrôle serré sur le Liban jusqu’en 2000. 30 Evolution de la politique libanaise: Ref 1-Meier, D. (2015). Popular Mobilizations in Lebanon: From Anti-System to Sectarian Claims. Democracy and Security, 11(2), 176-189. Ref 2-Hermez, S. (2015). When the state is (n) ever present: on cynicism and political mobilization in Lebanon. Journal of the Royal Anthropological Institute, 21(3), 507-523. 31 La révolution du Cèdre désigne les différentes actions qui ont lieu au Liban après l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafiq Hariri le 14 février 2005. Lors de ces évènements, une grande part des Libanais s’opposent à la présence syrienne au Liban qui dure depuis 1975 et à l’influence qu’elle exerce dans la politique nationale libanaise. 32 Beyrouth, la capitale du Liban, est la ville où cohabitent plusieurs communautés, aux religions et rites différents, et dont les Arméniens ne font pas exception. Anjar, le seul village arménien au Liban, est situé à l’est du pays. Beyrouth est considérée comme la ville principale, où fleurissent les activités professionnelles des Arméniens du Liban, ainsi que leurs lieux d’habitat.
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2.2 LES REFUGIES REPRESENTENT 25% DE LA POPULATION LIBANAISE Les réfugiés qui arrivent au Liban n’en sont pas à leur premier exode. Ils ont pour la plupart déjà dû se déplacer plusieurs fois d’une région à l’autre de la Syrie pour fuir les conflits. Ils ont perdu ou vendu tous leurs biens et dépensé leurs économies. Se réfugier au Liban est leur dernier choix, leur ultime solution de survie. Une fois qu’ils seront enregistrés auprès du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR), ils pourront bénéficier d’une assistance régulière. Mais en attendant, ils n’ont rien. Cependant, les ONG font de leur mieux pour localiser et identifier les nouveaux arrivants, et leur distribuent des articles indispensables à leur survie: matelas, couvertures, ustensiles de cuisine, articles d’hygiène, couches pour les bébés, et aussi de la nourriture non périssable comme des lentilles, de l’huile, des biscuits, etc., fournis par le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
Les réfugiés représentent à présent plus de 25 % 33 de la population Libanaise et le Liban, qui abrite aujourd’hui plus d’un million cinq cent mille réfugiés syriens et compte un réfugié pour trois habitants, ce qui représente la plus forte densité de réfugiés au monde , a donc annoncé la fermeture de ses frontières terrestres avec la Syrie. « En avril 2012, il y avait 18 000 réfugiés syriens au Liban ; en avril 2013, ils étaient 356 000 et actuellement, en avril 2014, un million », avait résumé António Guterres, le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Les réfugiés Syriens, placés majoritairement dans des camps, sont confrontés à des conditions très difficiles, tout d’abord au niveau médical ainsi qu’au niveau sanitaire. Aux maladies liées au conflit, tels les traumatismes psychologiques et blessures, s’ajoutent des maladies chroniques et contagieuses. Deux problèmes majeurs se posent: le financement insuffisant limite tout d’abord l’accès à un service médical performant, d’autre part, les besoins de plus en plus importants exercent une forte pression sur les services de santé des pays d’accueil. La situation sanitaire reste quant à elle mitigée, les taux de mortalité et de malnutrition aigüe restant relativement moyens.
Figure 4: L’évolution de l’arrivée des Syriens entre avril 2011 et avril 2014. (HCR)
Voici de plus quelques chiffres évoqués par les Nations unies, relatifs à l’impact de l’afflux 34 des réfugiés Syriens sur le Liban :
33 Article- “le monde.proche-orient” - Au Liban, les réfugiés syriens représentent 25 % de la population - Le Monde.fr avec AFP- Publié le 03.04.2014 34 Article - lorient le jour -Réfugiés syriens au Liban : “Nous sentons l’odeur d’un grand complot”, affirme Aoun -05 Décembre 2015 - Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, avait estimé que “la crise des réfugiés syriens a accentué la pression sur les institutions libanaises”
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
350 000 enfants non scolarisées alors que les écoles publiques comptent 300 000 enfants. Le pays compte 1 421 campements champignons de réfugiés Syriens. Il y a plus de 61 % de pauvres au Liban depuis 2011. Les déchets ont augmenté de 40 % dans les municipalités. Le Liban compte 50 % de plus de main-d’œuvre depuis 2011. Près de 92 % des eaux usées ne sont pas traitées et se jettent dans les cours d’eau, 55 % des réfugiés Syriens enregistrés auprès du HCR ont contracté des dettes au Liban et 82 % d’entre eux paient un loyer. Le poids des réfugiés syriens et l’impact de leur présence se font surtout sentir au nord 35 du Liban, notamment à Akkar et dans la Békaa. L’accueil massif de réfugiés pèse également lourdement sur les finances publiques du pays, qu’il s’agisse des hôpitaux, des écoles ou des services publics. Leur accès strictement réglementé au marché du travail alimente de fait le secteur informel et provoque de fortes tensions avec les Libanais. 36 D’après le FMI, le chômage a “quasiment doublé” depuis le début de la crise Syrienne et frappe désormais 20 % de la population active, tandis que la croissance économique de 2 % est
bien inférieure au niveau avant le début de la révolution. Ces menaces pesant sur l’avenir du Liban ont amené les autorités à infléchir leur politique pour limiter l’entrée des réfugiés Syriens, qui se sont vu imposer en début d’année 2015 une obligation de visas et un durcissement des mesures d’entrée à la frontière. Des procédures coûteuses de renouvellement de séjour ont également été imposées. Déjà fragilisés sur le plan 37 économique, les réfugiés Syriens du Liban ont souffert en juillet de la décision du Programme alimentaire mondial de réduire de moitié son aide mensuelle à 13,50 dollars (12 euros) par personne, en raison du manque d’aide internationale. 38 Tous les jours, des files de voitures, de camionnettes et de camions convergent vers les frontières du Liban. À bord, des familles Syriennes qui fuient les violences dans leur pays s’entassent comme elles peuvent au milieu d’un amoncellement d’affaires, de valises et de matelas. Tel est le spectacle quotidien aux deux postes frontiers officiels, au nord et à l’est du Liban.
Figure 5: Réfugiés Syriens dans la ville de la Bekaa
Figure 6: Poste frontalier de Masnaa au Liban . Daily Star
35Homs, est une ville et un centre industriel et économique syrien de haute importance en raison de sa situation géographique au centre du pays, alors que les frontières de son district touchent le Liban explique la présence d’un grand nombre des réfugiés syriens dans la Bekaa (nord-est du Liban) et dans l’Akkar (nord) 36 FMI (Fonds Monétaire International) a vocation à surveiller les déséquilibres des échanges économiques entre les pays, matérialisés par la balance des paiements. 37 Pour ce pays pauvre en ressources, surendetté et à court d’argent, le grand point d’interrogation concerne ses capacités à trouver des solutions pour gérer l’impact de ce drame, qui exerce une pression économique et sociale pratiquement insoutenable sur les communautés d’accueil. 38 Article- Banque mondiale -Le Liban subit de plein fouet les retombées économiques et sociales du conflit syrien - 24 septembre 2013
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I
CHAPITRE 3 LES CONSEQUENCES SUR LE MARCHE GENERAL
Avec l’arrivée des réfugiés Syriens en masse au
Liban, le pays se voit arrivé à saturation, et se trouve incapable de subvenir aux besoins même de son propre peuple. Désemparé et démuni, le Liban fait face à des dilemmes, et son surpeuplement entraine des difficultés et des difficultés et des tensions croissantes à tous les niveaux: économique, politique, et social.
Plus de 1,4 million de Syriens ont fui la guerre
qui ravage leur pays depuis 4 ans pour se réfugier au Liban, qui est ainsi devenu le premier pays d’accueil. Face à cet afflux, contrairement à la Jordanie et la Turquie, le Liban n’a pas mis en place de camps pour les réfugiés par peur que leur situation ne devienne permanente. Le nombre croissant de réfugiés ainsi que le manque d’implication de l’état Libanais a laissé les populations se reposer sur les marchés immobiliers locaux et sur le développement de l’habitat informel, selon (et parfois en dépit de) la bonne volonté des propriétaires locaux. Cela entraine un manque de services de base qui concernent surtout la santé, le logement et l’éducation, et on observe aussi une saturation des infrastructures de premières nécessités comme les ressources hydrauliques, les canalisations, et les égouts. Résultat: les services ainsi que les infrastructures de première nécessité sont saturés, générant un manque à la fois chez les réfugiés Syriens et aussi chez les habitants Libanais. Le marché du travail a davantage été déstabilisé au Liban avec l’arrivée des réfugiés, et selon la Banque mondiale, le chômage aurait doublé en 2014 en raison de la concurrence de la main39 d’œuvre Syrienne. Le responsable du bureau de 40 Care Liban pour la région de Tripoli, Vakhtang Piranishvili, explique que tout le monde dans la région cherche du travail, Syriens comme Libanais.
Cependant, les réfugiés Syriens qui ont obtenu le visa de travail ont grossi le nombre de demandeurs d’emploi et ont causé une baisse lourde dans le prix de la main-d’oeuvre. Cela ne veut pas pour autant dire que la vie devient moins cher, bien au contraire. 41 Certains quartiers comme Bourj Hammoud ou Furn el-Chebbak, des quartiers très populaires, connaissent des augmentations de loyers exorbitantes : un appartement pour trois personnes, loué en 2010 à $900 par mois dans ce dernier quartier, se louait en 2014 environs 1500$.42 Enfin, à ces dangers, s’ajoute la montée des tensions avec les populations locales : pris comme boucs-émissaires, les réfugiés sont victimes régulièrement de violences et d’agressions. L’organisation Human Rights 43 Watch témoignait ainsi début octobre que plus de 45 municipalités avaient mis en place, sans justification réelle, des couvre-feux envers les « personnes étrangères » résidant sur leur territoire, suite aux affrontements et aux attaques de cet été, et dans certains cas soutenu la création de groupes d’autodéfense locaux : « Ils font des rondes en voitures et quand ils trouvent un Syrien, s’il va voir quelqu’un et qu’ils le connaissent, ça va. Mais s’ils ne savent pas ce qu’il fait, ce n’est pas bon. […] S’ils ne savent pas où il va, ils le battent », témoignait récemment un habitant dans le Daily Star.
39 L’afflux de réfugiés a créé beaucoup de travail à bas coût, et impacté les familles libanaises. C’est selon Vakhtang Piranishvili l’un des facteurs qui contribuent à créer de la tension entre les communautés. 40 Organisation internationale, CARE AU LIBAN effectue des distributions de kits hivernaux dans les régions du Mont Liban et de Tripoli : fuel via un système de cartes bancaires, matelas isolants et couvertures, kits abris (clous, planches et des bâches) pour permettre aux réfugiés de mieux s’équiper contre le froid, et améliore également l’accès à l’eau et à l’assainissement de 7000 personnes au travers de réparations d’infrastructures, de distributions de matériel d’assainissement et de formations en santé et hygiène. 41 Bourj Hammoud appartient aux bidonville de Beyrouth dont la population résidente est composée respectivement d’Arméniens. Leur quartier est considéré par les Libanais de souche comme socialement dévalorisé et il ne viendrait à l’idée de personne d’emménager là. Bien que, dans ce quartier, caractérisés par une grande activité économique. 42 Article- Opinion-internationale- Le Liban déstabilisé par l’afflux de réfugiés syriens- Alexis Ghosn - mardi 3 mars 2015 43 Human Rights Watch (HRW) est une organisation non gouvernementale internationale qui se donne pour mission de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
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3.1.1 CONSEQUENCE SOCIALE Durant la période 2012-2014, on estime l’incidence budgétaire du conflit syrien sur la santé, l’éducation et la protection sociale entre 308 et 340 millions de dollars, alors que 1,4 à 1,6 milliard de dollars (3 à 3,4 pourcent du PIB) seront nécessaires pour revenir à une situation de stabilisationautrement dit, rétablir l’accès et la qualité de ces services à leur niveau d’avant le 44 conflit. Il faudra également 166 à 242 millions de dollars pour créer des emplois à court terme. Selon les estimations, le conflit syrien a une incidence profondément néfaste sur la pauvreté, les moyens de subsistance, la santé et les conditions de vie des Libanais. En 2014, quelque 170 000 Libanais supplémentaires auraient basculé dans la pauvreté (en plus du million qui vivait déjà en dessous du seuil de pauvreté). De plus, 220 000 à 324 000 Libanais supplémentaires se retrouvent au chômage, surtout des jeunes non qualifiés, doublant ainsi le taux de chômage qui s’établirait à plus de 20 pourcent. L’arrivée des réfugiés Syriens perturbe davantage le secteur des services sociaux publics déjà fragilisé, alors même que les tensions sociales s’intensifient entre réfugiés et Libanais. La hausse de la demande de services de santé générée par le conflit syrien grève le système de santé Libanais. Les retombées du conflit Syrien sur le système de santé libanais se manifestent 45 comme suit : 1-Une demande accrue des services de santé. 2-Une accumulation des impayés du ministère de la Santé publique (MOPH) auprès des hôpitaux sous contrat.
3-Un déficit de professionnels de la santé comme les médecins spécialistes et les infirmiers. 4- Une flambée des maladies transmissibles (la prévalence de la rougeole a par exemple augmenté entre 2012 et 2013, passant de 9 à 1 456 cas) et l’apparition de nouvelles maladies comme la leishmaniose (420) cas. 5-Augmentation de risques d’épidémies de maladies d’origine hydrique, de rougeole et de tuberculose, entre autres. L ’encombrement, le manque d’installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et d’autres conditions ambiantes déplorables augmentent également les risques d’infection, ainsi que l’apparition de poux et de gale parmi les réfugiés. En décembre 2012 uniquement, 40 pourcent des consultations de santé primaire concernaient des réfugiés syriens. De plus, la forte demande de soins hospitaliers créé des encombrements dans les hôpitaux et entrave l’accès aux soins, avec pour conséquences une pression financière sur le secteur hospitalier, le renchérissement des coûts et des pénuries de médicaments. À moyen et à long terme, l’impact du report des soins de santé pourrait se traduire par l’élévation du niveau général de morbidité, particulièrement chez les personnes vulnérables. L’impact budgétaire est estimé quant à lui à 38 millions de dollars en 2013 et plus de 55 millions de dollars en 2014. Le coût des soins de santé nécessaires pour ramener le système à ses niveaux d’accès et de qualité d’avant l’arrivée des réfugiés est estimé à 177 millions de dollars en 2013 et 260 millions de dollars en 2014.sous contrat.
44 Source : Calculs et prévision de la Banque mondiale. 45 Document fournis par Banque mondiale- Liban: Impact Économique et Social du Conflit Syrien Résumé Analytique - Septembre 2013- page 10 - Durant la période 2012-2014, on estime l’incidence budgétaire du conflit syrien sur la santé, l’éducation et la protection.....
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
L’accroissement de la demande de services d’éducation par les enfants des réfugiés Syriens entraîne une majoration des coûts budgétaires, et affecte négativement la qualité de l’enseignement public en génèrant un besoin considérable d’éducation non formelle. Les écoles publiques n’accueillaient que 30 pourcent du nombre total d’élèves au Liban, et s’occupaient surtout d’enfants de milieux socioéconomiques modestes. Depuis le début du conflit syrien et l’arrivée des réfugiés Syriens au Liban, le ministère de l’éducation et de l’Enseignement supérieur (MEHE) a ouvert son réseau d’écoles primaires aux réfugiés. En 2012, 40 000 enfants réfugiés fréquentaient les écoles publiques, pour un coût budgétaire de 29 millions de dollars. Les bailleurs de fonds par ailleurs ont apporté 24 millions de dollars à travers des institutions onusiennes pour financer des coûts additionnels que le ministère aurait dû supporter autrement. Ces coûts budgétaires continuent toutefois à augmenter : en 2014, environ 150 000 enfants Syriens étaient scolarisés. Ce dernier chiffre représente 57 pourcent des élèves des écoles publiques au Liban. Par conséquent, les besoins de stabilisation du ministère de l’éducation s’élèvent à 183 millions de dollars en 2013 et varient entre 348 et 434 millions de dollars en 2014. Ces montants ne prennent toutefois pas en compte les 65 pourcent de réfugiés qui ne peuvent pas accéder à des écoles de type classique, créant de ce fait un besoin considérable d’éducation non formelle.
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3.1.2 CONSEQUENCE ECONOMIQUE
Sur le plan économique, le Liban situé au voisinage des conflits a réellement freiné les échanges commerciaux et quasiment réduit 47 à zéro les flux des touristes. De nombreuses sociétés libanaises qui étaient implantées en Syrie ont été contraintes de suspendre leurs activités. Le coût de la vie a brusquement augmenté au Liban, et le manque de stabilité politique n’a pas non plus facilité la découverte de nouveaux puits en hydrocarbures en Méditerranée orientale. En 2012, la crise syrienne a pris une tout autre dimension, le tourisme au Liban ayant fortement diminué, fait écrouler toute l’économie Libanaise. Les investissements dans l’ensemble de la région ont baissé de plus de 30 %, les investisseurs sont frileux, notamment dans le marché de l’immobilier avec une baisse nette de 28 % de l’activité. De même, pour l’activité bancaire Libanaise en Syrie qui se retrouve freiné alors que le secteur bancaire est un élément indispensable à l’économie d’un pays. 48 Selon un rapport de Bank Audi « bien que le Liban ait été affecté par les troubles régionaux, de telles répercussions ont été contrebalancées par des effets compensatoires parallèles ». Ainsi par exemple, pour le tourisme bien que le nombre de voyageurs venant de pays arabes ait largement diminué cela est compensé par l’arrivée d’expatriés libanais constatant une augmentation de la fréquentation de l’aéroport de Beyrouth qui a enregistré une progression de plus de 21.5% par rapport à l’année dernière. Les échanges commerciaux ont largement 49 diminué, en tout cas pour ce qui est des échanges
46 La régression de l’économie libanaise: http://www.jadaliyya.com/pages/index/23250/the-diaspora-debt-and-dollarization_unraveling-leb 47 Article- geolinks - Les conséquences de la révolution syrienne sur le Liban - Impact economique , L’économie libanaise est caractérisée par un important secteur du commerce et est très exposée de la Syrie, non seulement en raison de son rôle comme partenaire commercial, mais aussi parce qu’un volume considérable du commerce libanais transite par la Syrie, et que la déstabilisation de la Syrie menace les exportations de services libanais, particulièrement le tourisme – le nombre de visiteurs internationaux n’a cessé de décroître depuis 2010. 48 Bank Audi S.A.L. est la plus grande banque du Liban en termes de dépôts de clients et un actif total . 49 le solde de la balance commerciale du Liban et de la Syrie était estimé en 2009 à moins de 4% de la somme de leur PIB. Ce chiffre intègre la contrebande, qui selon les estimations constitue la moitié des échanges commerciaux entre les deux pays. Ce ratio est faible si on le compare au commerce entre pays européens qui représente 66% de leur PIB ou même au commerce entre pays arabes qui s’établit à 10% du PIB. En dehors du commerce, les échanges entre la Syrie et le Liban sont dominés par les transferts financiers. En novembre 2010, les dépôts bancaires des Syriens dans les banques libanaises atteignaient 21 milliards de dollars.
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avec la Syrie notamment pour les échanges de marchandises par voies terrestres. Cela est compensé par l’arrivée de nouvelles voies commerciales vers d’autres pays ce qui a permis au Liban de connaitre une forte progression sur le total de ses exportations. Les retombées du conflit syrien exacerbent les difficultés sur un marché du travail déjà sous pression, et entraînent une hausse du chômage ainsi que le renforcement de secteurs informels. L’infrastructure du pays (l’eau et l’assainissement, les services municipaux, l’électricité et le transport pour les besoins du présent rapport), qui était déjà sérieusement mise à mal, n’était pas préparée à faire face à une utilisation accrue résultant de l’augmentation considérable du nombre de réfugiés. Peinant déjà avant la crise à établir un équilibre entre l’augmentation des approvisionnements et la gestion de la demande, les réseaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement doivent désormais faire face à une demande additionnelle d’eau estimée 50 à 26,1 millions de m3/an. L’accroissement soudain et rapide de la demande et de l’utilisation des systèmes de gestion des déchets solides et des services municipaux par les réfugiés syriens entraîne une baisse tangible du niveau et de la qualité des prestations. Les collectivités locales et les municipalités Libanaises dépendent largement des transferts de l’administration centrale, ont une base étroite de recettes locales et des besoins d’investissement accumulés qui dépassent de loin les ressources disponibles. La production de déchets solides a doublé dans plusieurs localités, contribuant à la contamination des eaux souterraines, la pollution des ressources en eau et la propagation de maladies d’origine hydrique. Quand à l’électricité, même avant le déclenchement de la crise syrienne, ce secteur au Liban avait une capacité insuffisante, et un déficit d’efficacité qui entrainaient
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des coupures trèsfréquentes d’éléctricité. Avec l’afflux des réfugiés, des pertes encore plus importantes et des carences en termes d’infrastructures qui se traduisaient par un manque de fiabilité, des niveaux d’approvisionnement insuffisants ont considérablement augmenté et les carences sont plus présentes que jamais, et cela dans tous les secteurs. Dans les régions accueillant un nombre important de réfugiés comme Akkar, Zahle et Ba’albeck, le trafic aurait plus que doublé sur les axes routiers, suscitant des accidents et une dégradation rapide du réseau. D’une manière générale, le réseau de transport libanais est dans un état médiocre et délabré et a dépassé le seuil de saturation, particulièrement dans la zone du Grand Beyrouth. Si la crise Syrienne n’a pas eu d’impact budgétaire direct sur les dépenses de l’État dans le secteur du transport, ses retombées sont néanmoins les suivantes : 1-l’accroissement de l’usure de la route et du réseau de transport . 2-l’augmentation substantielle du volume du trafic entraînant des embouteillages . Dans la zone du Grand Beyrouth,le trafic voit une augmentation de plus de 25 %, ce qui réduit les vitesses et rallonge la durée des voyages d’environ 30 % aux heures de pointe. Les services de transport de transit ont rétréci de plus de 65 % à la faveur de la crise, notamment le camionnage Libanais. Afin de rétablir les performances du secteur de transport à leurs niveaux d’avant-crise, il aurait fallu investir entre 246 et 525 millions de dollars durant la période 2013-2014.52 Ces investissements peuvent être regroupés dans les catégories suivantes : 1- préservation du patrimoine, dont entretien accru des routes. 2- augmentation des capacités, notamment par la reconstruction, l’élargissement et l’expansion du réseau . 3-Solutions de transport public comme le transport de masse.
50 Document fournis par Banque mondiale- Liban: Impact Économique et Social du Conflit Syrien Résumé Analytique - Septembre 2013- page 12 - Peinant déjà avant la crise à établir un équilibre entre l’augmentation des approvisionnements et la gestion de la demande, les réseaux d’approvisionnement en eau.... 51 Electricité et territoires: un regard sur la crise libanaise ref 1-Eric Verdeil, 2009, Revue Tiers Monde, 198-2, p.421-436 ref 2-Verdeil, E. Beirut, metropolis of darkness-The politics of urban electricity grid. In RGS-IBG Annual International Conference 2013. 52 Article- geolinks - Les conséquences de la révolution syrienne sur le Liban - Impact politique
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
3.1.3 CONSEQUENCE POLITIQUE Depuis plusieurs mois, le nord du Liban connaît un regain de violences entre la majorité sunnite, hostile à Damas, et la population alaouite, dont est issu le président syrien Bachar Al-Assad. De nombreux affrontements laissent craindre un 53 débordement du conflit Syrien au Liban. L’ancien Président du Liban, Michel Sleiman parlait d’impact négatif de la crise syrienne sur le Liban, et disait clairement que cette crise risquait d’avoir des conséquences sur l’entente nationale. Ce qui est actuellement le cas. D’un point de vue interne, l’ancien président Libanais parlait de multiplication des incidents transfrontaliers avec la Syrie comme les rapts et le banditisme, que l’on voit de plus en plus aujourd’hui. Selon lui, la situation est effrayante, dangereuse, il y a des risques de dérapage. Cette situation divise les populations. La stratégie de Michel Sleiman consistait à tenir le Liban éloigné des bouleversements syriens pour minimiser les répercussions possible au 48 Liban. Il disait ne vouloir simplement pas voir la crise syrienne se répercuter sur le Liban.
3.2 ENQUETE : L’opinion publique libanaise, sous l’effet des différentes phases de l’occupation syrienne. Le sondage54 soumet des affirmations stéréotypées aux personnes interrogées et révèle ainsi que la crise syrienne a permis de compléter cette double perception avec l’image du « Syrien-paria ». D’un point de vue économique, 93 % des Libanais interrogés considèrent que les Syriens pèsent sur les ressources énergétiques du Liban. 98 % pensent qu’ils volent le travail des Libanais, et 63 % considèrent qu’ils sont aidés financièrement de manière injuste. Selon le rapport, certains réfugiés se permettent de proposer leur travail en dessous des prix du marché. Le risque d’insécurité politique : le spectre de l’expérience
palestinienne. 64 % des Libanais considèrent les Syriens comme une menace pour la sécurité nationale et la stabilité. Si 51 % attendent de l’État libanais qu’il établisse des camps de réfugiés, 70 % veulent que ces camps soient gérés par les Nations-Unies et 72 % refusent que les réfugiés Syriens rejoignent les camps palestiniens. Mais si les Libanais ne veulent plus continuer à porter le coût des réfugiés déjà présents en contrôlant leur entrée sur le territoire, ils ne veulent pas pour autant les laisser à leur sort. 95% des Libanais interrogés préféreraient donc que la communauté internationale supporte le coût économique du logement des réfugiés. 71 % affirment craindre un conflit communautaire et 67 % une nouvelle guerre civile. Ainsi, une majorité de Libanais imaginent que si les tensions sociales s’aggravent, la crise de 1975 pourrait se reproduire. L’arrivée massive de réfugiés syriens fait écho à l’expérience des réfugiés palestiniens qui, d’un statut temporaire de réfugiés, ont utilisé le Liban comme base arrière de la lutte pour la libération de leur pays et sont devenus des acteurs centraux du jeu politique de la guerre civile, au point de remettre en cause d’un certain consensus politique et économique entre communautés sunnite et chrétienne. Si l’équilibre actuel des forces politiques libanaises n’est plus défini uniquement en termes d’opposition chrétiens-musulmans, la question du soutien ou non au régime baassiste divise depuis février 2005 les deux grands coalitions, « 8 mars » et « 14 mars ». Le sentiment d’insécurité exprimé par les sondés dans l’étude est surtout liée aux événements politiques et moins à la petite criminalité qui touche pourtant plus largement la population dans son quotidien. Ces affirmations sont en lien direct avec le résultat suivant : 89 % des Libanais sont contre une libre entrée des Syriens dans leur pays et 98 % sont d’accord pour renforcer les contrôles policiers à la frontière.
53 les conséquences politiques créent une instabilité frappante à l‘intérieure du Liban, qui résulte en des évènements comme le double attentat sanglant commis le 10 octobre 2015 dans un quartier géré par le Hezbollah au sud de Beyrouth, et qui a été revendiqué par l’organisation de l’État islamique. Le Liban, qui se trouve sur leur chemin, a toujours été victime de son environnement géopolitique et appartient à une région qui est empoisonnée par trois phénomènes incessants ; d’une part les tensions entre chiites et sunnites qui ne cessent d’accroitre et sont ravitaillées par les tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, d’autre part un djihadisme de plus en plus radical qui se repend dans toute la région, et enfin un despotisme en Syrie et un sectarisme en Irak qui alimentent tous les extrémismes déjà présents dans les alentours. 54 Les carnets de l’Ifpo- Perceptions libanaises des réfugiés syriens au Liban- Par JEAN-BAPTISTE PESQUET- 31/01/2014 - Cette enquête d’opinion réalisée entre le 15 et le 21 mai 2013 a le mérite de récolter de nombreuses données socio-économiques dans une étude conduite à l’échelle nationale.
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I
CHAPITRE 4 LES ACTIONS MISES EN PLACE POUR LES REFUGIES
Face au manque d’actions prises par le gouvernement
Libanais, les associations et organisations nationales et internationales mettent en place des plans d’aide et de soutien afin de pouvoir subvenir aux besoins des réfugiés. Insuffisantes, ces aides permettent au moins aux réfugiés de survivre et de garder espoir pour un meilleur lendemain.
4.1 PLAN DU GOUVERNEMENT LIBANAIS Le gouvernement Libanais, décidé à ne pas mettre en place de solution à long terme pour les réfugiés Syriens, a aussi pris des mesures pour les encourager à rentrer dans leur pays, notamment endéclarant que ceux étant en situation irrégulière seraient désormais exemptés des 200 dollars de résidence par an et par personne s’ils repassent par la Syrie. Cependant, le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) a envoyé un SMS aux réfugiés pour leur préciser que, en suivant cette procédure, ils risquaient de se trouver bloqués en Syrie pour une durée minimum de six mois. Seuls des “cas humanitaires extrêmes” feront désormais exception aux yeux du gouvernement libanais. Le flou demeure cependant sur la définition d’extreme, et le gouvernement n’a pas communiqué de critères. Ces imprécisions caractérisent l’ensemble des décisions concernant les Syriens annoncées par le ministère des Affaires sociales libanais. En effet, l’accès restreint aux frontières n’est qu’une des nombreuses mesures annoncées pour 55 réduire leur nombre sur le territoire libanais. Peu de voix se sont levées contre ces décisions parmi les organisations de défense des droits de l’homme et la communauté internationale. “Certains pays ont essayé de nous convaincre de ne pas prendre ces mesures, mais pas autant qu’avant”, ajoute Hala el-Heloun du ministère des Affaires sociales. Depuis mai 2014, malgré
la décision de l’Etat libanais de ne plus accueillir de réfugiés, le nombre de familles syriennes continue de croître au Liban. Pour pallier à cette situation, le pays a décidé depuis le 5 56 janvier 2015 de limiter l’ouverture de ses frontières en imposant des visas aux Syriens. Cette mesure a pour objectif de démanteler les réseaux clandestins de passeurs qui aident, contre de l’argent, les réfugiés à entrer au Liban , elle permettrait également de régler la question de l’implantation déguisée. Le gouvernement assure en parallèle qu’il n’expulsera personne déjà présent au Liban. “Seuls 123 000 Syriens ont eu l’asile en Europe, ils ont bien conscience que leurs pays n’auraient pas pu en accueillir autant que le Liban.” Le manque de financement des donateurs est aussi une raison majeure : en 2014, 38 % seulement de la somme annoncée dans l’appel d’offres lancé par le gouvernement libanais, les ONG et les agences des Nations unies travaillant avec les réfugiés a été versée.
Le gouvernement libanais refuse strictement d’agir pour loger les réfugiés !! Le gouvernement libanais tire la sonnette d’alarme depuis des mois en avertissant la communauté internationale qu’il ne parvient plus à faire face à l’arrivée massive des Syriens. Le 57 ministre des Affaire sociales avait même déclaré
55 REPORTAGE -Les portes du Liban se ferment pour les Syriens - Par Thomas Abgrall, Correspondant à Beyrouth - 22 octobre 2014 56 Khalil Jebara, conseiller du ministre de l’intérieur du Liban, a tenté de la justifier par le danger que représenteraient pour son pays de nouvelles arrivées : « Nous respectons nos obligations internationales, nous n’expulserons personne et il y a aura des exceptions humanitaires. (…) Mais il est grand temps de réguler l’entrée des Syriens (…). Leur présence entraîne un lourd fardeau sécuritaire, économique et social, une pression que les infrastructures ne peuvent plus supporter. » 57 Article- Proche-Orient – Publié le 05 janvier à 22:52 – Le Liban impose des visas aux Syriens pour limiter l’afflux de réfugiés
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que son pays “ne reçoit plus officiellement les déplacés syriens”, sauf exceptionnellement pour des “raisons humanitaires”. Le porte-parole du HCR a souligné que depuis le changement de politique libanaise en 2014, le Haut Commissariat a enregistré une chute de plus de 50 % du nombre de réfugiés syriens enregistrés. Le gouvernement Libanais a refusé de construire des camps de réfugiés car il craint le syndrome 58 palestinien : l’installation durable d’une population étrangère qui déstabilise le pays. Les réfugiés vivent pour la plupart dans des conditions misérables : plusieurs familles s’entassent dans des appartements sordides ou dans des garages pour des loyers exorbitants. Un quart des réfugiés vivent dans des camps de fortunes dans la périphérie des villes ou aux milieux des champs. Le Liban n’est pas en mesure de supporter les coûts d’hébergement des réfugiés, estimés à plus d’un quart de la 59 population du pays. De plus, les réfugiés sont soumis à de rudes épreuves du fait du coût de la vie au Liban, de la hausse des loyers, et la diminution des offres d’emplois dans le secteur de la construction en raison de la contraction de la croissance économique libanaise.60
4.2 LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES. Ces organisations non-gouvernementales pallient en l’occurrence à ce que l’administration ne fait pas. Lorsque l’UNHCR dit que « L’hospitalité exceptionnelle du Liban sera mise à rude épreuve », il faut distinguer l’hospitalité des Libanais et l’hospitalité officielle choisie par legouvernement. En plus de la politique
vis-à-vis des réfugiés, le gouvernement tient également à adopter une posture politique de neutralité totale par rapport au conflit en Syrie. La « réponse humanitaire » se fait donc principalement en coordination entre l’ONU, l’UNHCR, les ONG locales et internationales et le gouvernement qui est depuis peu, investi. Les ONG sont aussi nombreuses qu’hétérogènes dans leur degré d’engagement, leur niveau de formation, leur expertise, et donc leur efficacité. Le HCR assure une coopération étroite dans tous ces secteurs et offre des services en matière de gestion des informations à tous les partenaires impliqués dans la réponse, notamment un grand nombre d’ONG internationales et nationales. En 2012, la communauté internationale a versé 161 millions de dollars au Liban.En 2013, elle a contribué avec un peu plus d’un milliard de dollars, mais le volume de l’aide n’a pas augmenté malgré l’augmentation du nombre de réfugiés. Au contraire, l’aide a régressé en 2014 pour atteindre 874 millions de dollars. La présence de plus en plus importante d’institutions et d’ONG internationales qui ont 61 ouvert des bureaux à Beyrouth assure qu’il y aura toujours des fonds qui seront versés. Elles auront un rôle à jouer dans ce plan libanais afin de trouver une réponse à la crise. Ce sont en fait ces institutions et des ONG locales et internationales qui travailleront sur le terrain, conjointement avec 250 municipalités qui bénéficieront de ce plan. Ces institutions mettront en place des projets en renforçant le rôle des collectivités locales. Le Plan régional de l’année 2015 pour les
58 En avril 2013, le Président libanais a réitéré son appel à l’ONU pour que des camps de réfugiés soient ins-tallés à l’intérieur de la Syrie, sous les auspices des Nations Unies 38, unappel repris par les dirigeants des partis politiques maronites » -source: Interview – Lebanon needs Arab aid to help with Syria influx – PM »,13/03/2013, www.trust.org/alertnet/news/interview-lebanon-needs-arab-aid-to-help-with-syria-influx-pm/ 59 En janvier2013, le gouvernement libanais a demandé 370 millions de dollars d’aide pour les réfugiés à la conférence des donateurs auKoweït. La demande fut ensuite réévaluée à la hausse et ajoutée au dernier appel humanitaire de l’ONU pour un total de 6,5 milliards de dollars. 60 Artivle - VIOLENCE ET DÉPLACEMENT:LA CRISE DES RÉFUGIÉS SYRIENS AU LIBAN - Are J. K NUDSEN - La politique libanaise de la frontière ouverte, de l’absence de camps etde l’accueil de toutes les catégories de Syriens est la conséquence des divi-sions internes du pays, des relations bilatérales avec la Syrie et de la nonratification des conventions internationales concernant les réfugiés. Le faitde refuser les camps ne constitue pas un geste humanitaire, ce n’est que lerésultat de profondes divisions politiques. Les parlementaires libanais sontdivisés sur la Syrie, avec d’un côté un bloc politique soutenant le régimed’Assad (le 8 mars) et de l’autre (le 14 mars) la Coalition Nationale Syrienne(CNS). Le groupe d’opposition le plus important, le Hezbollah, a rejetél’établissement de camps. Les Libanais ont d’abord accueillis les réfugiésdans leurs maisons, mais l’ambiance a rapidement changé et une partie dela population les considère désormais comme un fardeau.
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
réfugiés et la résilience (3RP) constituera le principal forum permettant aux partenaires de planifer et de coordonner la réponse concernant les réfugiés et d’en rendre compte. 62 Le HCR et le PNUD soutiendront le gouvernement et les relations avec tous Organisme
les donateurs, notamment les donateurs non traditionnels et privés, continueront d’être privilégiées. Le HCR continuera d’étendre ses partenariats avec les partenaires locaux et collaborera étroitement avec le ministère de l’intérieur. Type d’aide
International Organization for Migration (IOM) : Réhabilitation d’abris et Agit avec ses partenaires de la communauté internationale construction de maisons pour : aider à répondre aux défis croissants opérationnels préfabriquées dans la Bekaa. de la gestion des migrations, avancer la compréhension desquestions de migration, encourager le développement social et économique à travers la migration, soutenir la dignité humaine et le bien-être des migrants.
Source Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Produits alimentaires, articles non alimentaires et services de santé.
Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Layan : établi en 2012 avec l’objectif de fournir une aide Fourniture et réhabilitation humanitaire aux réfugiés syriens dans le nord du Liban d’abris, services de santé, et produits alimentaires.
Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Lebanese Red Cross (LRC) : membre de la Croix- Service volontaire et centres Rouge internationale et a été créée en 1946. médico-sociaux et de premiers secours.
Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Muslim Aid (MA) :Agence britannique musulmane de Articles alimentaires et non secours et de développement , guidée par les enseigne- alimentaires. ments de l’Islam, s’efforce de lutter contre la pauvreté
Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Mercy Corps (MC) :Agence mondiale qui vise à aider les Elaboration d’une intervenengagés dans les situations de transition qui ont vécu un tion psychosociale pour les choc quelconque : catastrophe naturelle, effondrement enfants réfugiés dans la Bekaa. économique ou conflit . Remise en état et construction Norwegian Refugee Council(NRC) : a joué un rôle d’abris pour les réfugiés actif au Liban depuis juillet 2006, fournissant protection et Syriens dans le Nord et la assistance humanitaire aux réfugiés et déplacées a l’intérieur. Bekaa.
Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Islamic Relief (IR)
Liste de tous les partenaires de l’ HCR
Figure 7: Tableau présentant quelques associations nationales et internationales à diffèrents buts d’aide.
61 Article -L’ orient le jour- Pour gérer la crise des réfugiés syriens, des fonds et une bonne gestion du dossier sont nécessaires - Patricia KHODER - Samedi 05 Décembre 2015 62 Document offert par UNHCR - APPEL GLOBAL 2015 LIBAN -http://www.unhcr.fr/54905599a.pdf
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4.3 Questions destinées à une association internationale en charge des logements pour les réfugiés Syriens au Liban :
“Solidarités International”
Fondée par Alain Boinet et présidé par Edouard Lagourgue, Solidarités International est une organisation à but non lucratif et a ouvert sa mission au Liban en Mars 2013. Ses activités visent à améliorer les conditions de vie des réfugiés Syriens au nord du Liban, qui reçoit un tiers des personnes qui fuient la Syrie, et de réduire les risques concernant leur santé 63 auxquels ils sont confrontés . 1- Quelles ont été les premières démarches et actions mises en place pour les réfugiés dès leur entrée sur le territoire Libanais? L’ équipe mobile de Solidarités International identifie rapidement les nouveaux arrivants à travers un réseau de points relais dans les collectivités locales, les camps improvisés et les abris collectifs. Après avoir évalué les besoins spécifiques à chaque ménage, Solidarités International fournit aux familles un colis d’articles non alimentaires comprenant matelas, couvertures, ustensiles de cuisine, kit d’hygiène et kit pour bébé le cas échéant, et des colis de nourriture financés par le PAM. 2-Quel autre type d’aide votre association a-t-elle offert à ces réfugiés mal-logés? Dans le but d’améliorer les conditions de vie des réfugiés syriens, Solidarités International fournit également une assistance en abris aux personnes vivant dans des habitats insalubres (immeubles en construction, entrepôts, chantiers, etc.). Nos équipes distribuent des kits d’abris contenant des matériaux de base et des outils permettant aux familles de se protéger de la pluie et du froid. L’organisation met également en œuvre des
réhabilitation directe de logements collectifs et de camps informels pour répondre aux besoins ne pouvant pas être couverts par les kits. 3- Quel est le budget que vous proposez aux réfugiés Syriens ? Ce budget est-il susceptible de changer à long terme ? Solidarités International fournit une assistance aux ménages les plus vulnérables via un programme de transfert d’argent inconditionnel. Cette activité permet de répondre aux besoins de base de 450 ménages extrêmement vulnérables, pour la partie financée par la DG-ECHO, et de 500 autres familles, grâce à un financement de DfID (Coopération anglaise) à travers un consortium de 6 ONGs qui couvrent ainsi l’ensemble du pays. 4- Quels sont les logements mis à disposition à court terme ? En attendant de leur trouver un logement, Solidarités International place les réfugiés dans des locaux avec d’autres familles, ou dans des tentes provisoirement mises en places. Ces abris sont cependant bien évidemment surpeuplés et nous faisons de notre mieux pour les installer ailleurs au plus vite. 5-Avez-vous déjà prévu un plan pour le long terme au cas où leur situation deviendrait la même que celle des palestiniens ? Si oui, quels seront les points à revoir ? Malheureusement, il est difficile de mettre en place un plan à long terme sans l’accord et le soutien du gouvernement. Il est cependant évident que la situation des réfugiés aux Liban ne viendra pas à termes avant très longtemps et Solidarités International ainsi que d’autres organisations et associations commencent déja à prévoir des abris ainsi que des aides et des donations afin de pouvoir subvenir aux besoins croissants des réfugiés Syriens.
63 Solidarites International - web: www.solidarites.org Contacté Rachel Erskine, chargée de communication des missions, répond aux questions par email - email: rerskine@solidarites.org
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Ayant eu un aperçu de l’état des réfugiés Syriens au Liban et dans les autres pays d’accueils, ayant compris l’état d’âme et les différentes difficultés surmontées par ces réfugiés et par ces pays, et ayant suivi un bout de l’histoire du Liban en tant que pays de refuge, nous pouvons à présent nous diriger vers l’aspect plus technique, et tout aussi important, concernant le logement de ces réfugiés. Cette première partie nous permet donc de mieux comprendre certains choix et actions mises en place au Liban, et de globalement mieux comprendre la deuxième partie de ce mémoire, consacrée à l’étude plus poussée des typologies d’habitation, et des abris et refuges mis en place pour les réfugiés Syriens au Liban.
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PARTIE II TYPOLOGIES D’HABITATION ET MAL-LOGEMENT
II Le
CHAPITRE 1 DISPERSION DANS LE PAYS “VILLE ET VILLAGE”
Liban, aujourd’hui le pays hôte du plus grand nombre de réfugiés Syriens dans la région, présente quatre zones dans lesquelles on trouve une forte concentration de réfugiés, ce qui mène à de nombreux conflits, surtout liés aux différences politiques, et aussi à l’aggravation des conditions économiques.
Le Liban, situé sur les côtes orientales de la
Méditerranée est encadré au Nord et à l’Est par la Syrie et au Sud par l’Israël. Ce pays est l’un des plus petits du monde, et malgré sa taille modeste, il comporte des zones géographiques extrêmement diverses. Le relief du Liban est formé à l’Ouest par une chaîne de montagnes: les monts Liban, et à l’Est par une seconde chaîne de montagnes, parallèle 64 à la première: l’Anti-Liban, adossée à la Syrie. Sa position géopolitique met le Liban à la charnière de trois continents: l’Europe, l’Asie et l’Afrique formant ainsi un passage entre l’Occident et le Monde Arabe. Le Liban, à plusieurs reprises envahis par des peuples venus de près ou de loin, ainsi que par des nomades qui remontaient à la péninsule Arabique, a vu ses villes se faire rasées et détruites maintes fois. Du fait également de sa configuration, le Liban, pays de montagnes, a accueilli les réfugiées de nombreuses contrées, et ces peuples ont laissés des empreintes architecturales, ainsi que de nombreux apports culturels et religieux importants. Le Liban est entré dans sa quatrième année en tant que pays hôte du plus grand nombre de réfugiés Syriens dans la région, et toutes les zones géographiques avec une forte concentration de réfugiés Syriens au Liban partagent à la fois une marginalité, un sous-développement, et une faiblesse alarmante des infrastructures.
Les réfugiés Syriens vivent avec de différents niveaux de conditions juridiques et politiques, de sécurité et de protection, de liberté et de mobilité, de l’accès aux services d’aide et de secours, de l’accès au travail, des conditions socio-économiques, et des prix des biens et des loyers, tous dépendants de leurs implantations géographiques. Ces différences géographiques sont d’une importance éminente qui n’affecte pas seulement les réfugiés Syriens et leurs communautés d’accueil, mais aussi les politiques générales des réfugiés ainsi que les programmes d’aide qui leur est dédié.
Ce chapitre présente les variations sur le sujet en analysant, en premier lieu, les différences entre les communautésd’accueil et, en examinant d’une autre part les différences entre les règlements géographiques. Deux parties essentielles sont développées dans ce chapitre. La première montrera les différents raisonnements de la dispersion des réfugiées d’une ville à l’autre selon leur opinion politique, économique, ou religieuse. Dans la deuxième partie, il s’agira d’une description de quatre zones dans lesquelles se trouve une grande concentration de réfugiés: Sud-Liban, Mont-Liban, Nord-Liban, et la Vallée de la Bekaa.
64 Articles détaillés : Géographie du Liban et Villes du Liban - site: https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ographie_du_Liban
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1.1 DISPERSION DANS LE TERRAIN La situation de la sécurité dans certaines régions du Liban, en particulier dans les régions du Nord et des frontières, est volatile et les incidents restreignent régulièrement l’accès. Les répercussions du conflit Syrien sur les affaires intérieures du Liban et de la région se ressentent directement sur les conditions de vie des communautés libanaises et des réfugiés syriens dans le pays. En outre, le déclin économique lié à la détérioration de la sécurité et le conflit syrien affecte les possibilités de moyens de subsistance dans les différents domaines d’hébergement. Il convient notemment de noter ici que l’économie Libanaise est traditionnellement caractérisée par le chômage de longue durée. Même en période de prospérité économique, le Liban n’était pas en mesure de produire suffisamment 65 d’emplois pour sa propre population. La situation politique et socio-économique des réfugiés syriens au Liban varie considérablement entre les différents districts géographiques. En conséquence, une évaluation des besoins dans un milieu spécifique n’est pas représentatif de celui d’ailleurs. Tout d’abord, les structures de gouvernance ne sont pas harmonisées dans toutes les régions du Liban. Outre le fait que le gouvernement Libanais est dans une impasse, depuis Mars 2013, l’inefficacité des structures et des services mis en place a conduit à la prolifération des acteurs locaux qui fournissent des services à la population (exemple le plus récurrent: les générateurs d’électricité). En tant que tel, les droits primaires dans certaines zones (entre autre: eau et éléctricité) est entrepris pardes groupes
politiques ou des réseaux tribunaux. La capacité inégale des centres de développement social (SDC) est gérée par le ministère des affaires sociales dans tout le Liban, leur situation financière est très variable ainsi et leurs ressources (financières ou humaines) sont un autre exemple du manque d’implication de l’État, en particulier en ce qui concerne les prestations de services sociaux et la réduction du 66 taux de pauvreté. Les différentes structures de gouvernance locales sont en contradiction par rapport à chaque zone du Liban et influencent la possibilité d’évaluation des besoins efficaces ainsi que l’apport d’assistance.
a-La concurrence dans le monde d’emploi se différentie d’une ville à l’autre En outre, le Liban montre des inégalités régionales importantes en termes d’accès aux services publics, à l’emploi et aux 67 infrastructures. Le Nord du Liban et la Bekaa, sont les principales destinations des réfugiés syriens au Liban, et sont caractérisés par la pauvreté et le sous-développement. Beaucoup de réfugiés syriens se sont installés dans ces régions historiquement marginalisées du Liban et sont placés en concurrence directe avec des familles Libanaises en difficulté, au niveau des ressources et des emplois.
65 Banque mondiale, Février 2013 66 World Bank, Economic and Social Impact assessment of the Syrian Conflict, 20 September 2013 67 ATLAS DU LIBAN -Territoires et société- Chapitre 6 : La société : niveaux de vie, équipements et infrastructures.
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Les zones les plus vulnérables sont le Nord, particulièrement pauvre, la Bekaa du Sud 68 et les camps de réfugiés palestiniens à travers tout le pays. La perception quant à l’impact de la présence des réfugiés diffère de manière positive ou négative entre les régions. Il faut noter que, dans certains domaines, tels que Sidon et le Nord Baalbek, les répondants
municipaux n’étaient pas prêts à employer les réfugiés Syriens pour des postes que des Libanais pourraient remplir, même si cela 69 voulait dire payer un salaire plus élevé. Cependant, d’autres rapports soulignent la frustration des communautés d’accueil par rapport aux salaires et à la baisse de la concurrence de l’emploi après l’afflux de réfugiés Syriens. Tripoli
Tripoli
Beyrouth
Beyrouth
Zahleh
Zahleh Sidon
Sidon
Principales religions(estimations)
perimetre des villes-centres banlieues des agglomérations deuxieme couronne de l’agglomération de Beyrouth zones rurales
population de la ville-centre population des agglomérations
Figure 8 : Carte présentant les agglomérations de la population Libanaise en 1997. SOURCE: ACS.
Réfugiés enregistrés au 22 mars 2013 entre 100 et 600 moins de 50
Musulmans
Chrétiens
Sunnites(29%) Chiites (31.5%) Druzes(5.5%)
Maronites,Grecs orthodoxes, grecs catholiques (34%)
Réfugiés depuis le 22 mars 2013 entre 4000 et 8000 moins de 100
Figure 9 : Carte montrant la répartition des réfugiés Syriens au Liban en fonction de leur religion. SOURCES :QULF /2000 PROJECT,COLUMBIA UNVERSITY, UNHCR, LE MONDE
Les deux figures 8 et 9 présentent les villes et les villages au Liban contenant les plus grandes agglomérations de population Libanaise 1997, et parallèlement, les zones ou se trouvent la majorité des réfugiés Syriens, afin de pouvoir faire une comparaison directe entre les deux. 68 Peteet, J. (1996). From refugees to minority: Palestinians in post-war Lebanon. Middle East Report, 27-30. 69 A cause la concurrence dans le monde d’emploi plus, 220 000 à 324 000 Libanais supplémentaires se retrouvent au chômage, surtout des jeunes non qualifiés, doublant ainsi le taux de chômage qui s’établirait à plus de 20 pourcent. Revoir partie I - chapitre 3 - consequence sociale
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b- Dispersion des réfugiés selon leur opinion politique. Les réfugiés syriens s’étaient initialement installés dans les zones où ils se sentaient en sécurité, et notamment la ou leurs opinions politiques sont partagées avec la communauté d’accueil. Depuis 2013, les mouvements de réfugiés Syriens vers d’autres régions ont imposé une pause dans cette tendance du à la saturation des services publics, des logements et des offres d’emplois, particulièrement dans le domaine de l’hôte primaire. En outre, les réfugiés Syriens sont confrontés à des réactions très différentes dans les différentes localités dans lesquelles ils se déplacement et de leurs rencontres sont dans de nombreux cas sous réserve de leurs situation. Des études récentes confirment que le contexte sectaire et politique des zones d’hébergement affecte le niveau de réceptivité envers les réfugiés Syriens. La dimension sectaire affecte également le choix de certaines familles Libanaises, d’acceuillir les familles Syriennes pro-régimes, plus enclins à se déplacervers les régions de Baalbek Hermel. Le Sud semble être quelque peu différent, avec la saturation de d’autres régions Libanaises qui mènent au mouvement des partisans du régime et aussi des rebelles pro-Syriens. Des études notent également que les grandes villes et leurs banlieues, comme Beyrouth ou Sidon, attirent des réfugiés syriens en raison de plus grandes possibilités de travail en particulier dans la construction.
D’autres facteurs, tels que la proximité(zones frontalières) ou la présence de travailleurs migrants syriens influent sur le niveau de l’hospitalité par région.70
c- La différence des hébergements et des salaires d’une ville à l’autre En plus des différences entre les différentes zones d’hébergement, des évaluations ont également souligné les différents besoins élevées au sein de la population syrienne. Les caractéristiques financières de la population réfugiée syrienne sont diverses. Où de nombreux réfugiés syriens sont obligés d’occuper des bâtiments vides ou des pièces dans des appartements parce qu’ils ne peuvent se permettre de payer un loyer, d’autres familles de la classe moyenne syrienne louent et achètent des maisons ou restent dans des hôtels coûteux afin 71 de jouir d’une vie touristique au Liban. Un autre groupe de la population réfugiée syrienne est composé des migrants syriens travaillant au Liban avant le conflit syrien qui ont ramener leurs familles et adapté pour les frais de subsistance de plus en plus importants au Liban. Enfin, de nombreux Syriens ont de la famille au Liban, de la parenté proche ou par le mariage, en particulier dans les communautés frontalières, ce qui leur permet de partager les frais de location avec leurs parents Libanais et de bénéficier de leur réseau 72 professionnel au sein du marché du travail libanais.
70 RESEARCH REPORT -SURVEY ON THE LIVELIHOODS OFSYRIAN REFUGEES INLEBANON - BEIRUT RESEARCH AND INNOVATION CENTER - NOVEMBER 2013 - THE PERSPECTIVE OF THE LEBANESE OFFICIALS - page 37 71 Article - reliefweb - In Lebanon, summer resort an unlikely refuge for Syrians - Karim Talbi - 07/24/2012 72 Article - Interview - Qantara.de - Dialogue with the Islamic World - 12.02.2013 Syrian Refugees in Lebanon - The Heavy Burden of the Open Borders Policy
35
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Cependant, la plupart de la population Syrienne manque de relation et de réseau social au Liban et sont obligés de chercher une nouvelle vie dans le pays. Des études montrent un écart important entre les différentes régions, avec des revenus de réfugiés Syriens allant de moyennes de 86$ dans certaines régions de Akkar à environ 547$ par mois dans certaines zones de Beyrouth. Il existe de fortes différences régionales à cet égard, certaines régions recevant pratiquement plus d’aide par ménage que d’autres, principalement en raison de nombre de personnes par ménage dans ces zones. Les personnes les plus aisées (surtout à Beyrouth) dépensent environ 580$ par mois, tandis que celles ayant moins les moyens (plutot 73 vers Akkar) dépensent en moyenne 359$ par mois.
1.2 LES QUATRE ZONES LES PLUS CONCENTRÉES EN RÉFUGIÉS. a- Sud-Liban : Le Sud-Liban a récemment vu une augmentation 74 de la présence de réfugiés Syriens, avec 102 955 réfugiés syriens enregistrés officiellement par le bureau du HCR à Tyre. La région est considérée 75 comme contrôlée par le ‘Hezbollah’ dans une large mesure, à l’exception de la région de Saïda, qui tombe sous le patronage du Courant du ‘Futur’. Bien que les réfugiés proches du régime Syrien s’y soient déplacés, la concentration traditionnelle de réfugiés Syriens à Sidon a été diversifié par les réfugiés se déplaçant de la Bekaa vers le Sud,
attirés par les hivers plus doux, les loyers moins chers, et les possibilités d’emploi plus courantes liées à l’augmentation des constructions en cours dans la région.76 Le Sud-Liban est également considéré comme l’une des zones les plus “sûres” du Liban, jusqu’à présent exemptée des conflits internes. Le petit nombre d’entreprises Syriennes qui a ouvert à Sidon et à Tyr a été bien accueillie par les chambres de commerce locales, comme elles présentent une concurrence pour les entreprises Palestiniennes plutot qu’avec les entreprises Libanaises. Cependant, les communautés d’accueil sont dits “mal à l’aise” avec le nombre croissant de réfugiés en raison de l’absence de plans de développement économique gouvernementales entraînant une concurrence illégale d’emplois et une augmentation de l’insécurité dans la région. Bien que les programmes répondent aux besoins humains des réfugiés Syriens dans le Sud, les ONG ont noté de grandes différences par rapport à la Bekaa ou au nord du Liban. La structure administrative, la capacité de la société civile, et la situation de sécurité encourage une réponse humanitaire plus efficace et plus intégrée localement que dans d’autres domaines. En outre, des structures d’éducation dans la région ont permis une intégration plus réussie pour les étudiants Syriens que dans la Bekaa, par exemple.
74 RESEARCH REPORT -SURVEY ON THE LIVELIHOODS OFSYRIAN REFUGEES INLEBANON - BEIRUT RESEARCH AND INNOVATION CENTER - NOVEMBER 2013 - THE PERSPECTIVE OF THE LEBANESE OFFICIALS - page 18 75 Hozbollah: ref 1- Harb, M. (2004). La banlieue du Hizb’allah: Images militantes du Beyrouth d’après-guerre. In Annales de la recherche urbaine (No. 96, pp. 53-61). Lavoisier. ref 2- HARB, Mona. Le Hezbollah à Beyrouth, 1985-2005: de la banlieue à la ville. KARTHALA Editions, 2010. ref 3- Harb, M. (2005). Action publique et système politique pluricommunautaire: les mouvements politiques chiites dans le Liban de l’après-guerre (Doctoral dissertation, Aix-Marseille (3) 76 UNHCR, December 12, 2013, Data registration statistics 77 Article -irinnews - Syrian refugees head to Lebanon’s Shia south - 29 janvier 2013
36
b-Mont-Liban et Beyrouth La zone qui englobe le mont Liban et la capitale Beyrouth, a également vu une forte augmentation de réfugiés Syriens enregistrés, s’élevant à 219 532 en Décembre 2013. Le milieu urbain de cette zone d’hébergement est caractérisé par un degré élevé de la diversité socio-politique, allant de la classe supérieure à Achrafiye aux banlieues pauvres de Bourj Hammoud, Tariq al-Jadida, et Dahiye. Avec le fort impact de l’appartenance politique au niveau de la rue, les réfugiés Syriens se sont installés dans les zones urbaines où ils se sentent protégés par des liens sectaires. En outre, la situation économique à Beyrouth attire les réfugiés Syriens les plus riches. Ceci explique aussi pourquoi il s’agit d’une des seules régions où les réfugiés chrétiens semblent le plus à l’aise (le HCR note ce qui représente 4,5% de la population de réfugiés enregistrés à Beyrouth / Mont-Liban). Avec le nouvel afflux de réfugiés syriens, beaucoup ont pu entrer dans le marché du travail avec un capital initial. A Beyrouth et au Mont Liban le gouvernement peut accueillir un nombre plus élevé d’entreprises syriennes informelles, s’élevant à 28,8% du total des entreprises Syriennes établies dans le pays.78 Les travailleurs syriens, travaillant traditionnellement dans les sites de construction de Beyrouth, ont été rejoints par de nouveaux réfugiés syriens plus pauvres, attirés par les possibilités d’emploi plus élevés à Beyrouth et dans les régions avoisinantes. Les zones urbaines ayant une activité économique
demandant un plus grand nombre de travailleurs non qualifiés, comme Dahiye et la banlieue Est (Dora, Burj Hammoud, et Furnel-Chebbak) sont les principales “plaques tournantes” pour les réfugiés Syriens, offrant des conditions de subsistance et d’hébergement appropriés. La région du Mont-Liban se caractérise par les agglomérations urbaines; le fait que les réfugiés Syriens ont trouvé refuge dans des abris et des appartements collectifs a fait qu’il est difficile pour les programmes humanitaires de les cibler.
c-Liban-Nord
79
Liban-Nord, allant de Tripoli à Wadi Khaled, a été a été l’une des premières régions à accueillir des réfugiés Syriens, dès 2011, et la zone accueille actuellement plus de 300 000 réfugiés. Les plus grandes zones d’accueil sont la ville de Tripoli et la région d’Akkar, à Wadi Khaled. Les liens entre les résidents de Wadi Khaled et les Syriens ont toujours été forts, comme beaucoup sont reliés 80 par des liens familiaux et tribaux. Cette relation a néanmoins été mise sous pression dans la dernière année avec l’arrivée de plus de 30 000 réfugiés supplémentaires. La plupart des ménages accueillent aujourd’hui un grand nombre de Syriens. Des sources indiquent qu’il y a aujourd’hui une moyenne de neuf réfugiés vivantavec chaque famille d’accueil locale.
78 Beyrouth : ref1- Fawaz, M. M. (2004). Strategizing for housing: an investigation of the production and regulation of low-income housing in the suburgs of Beirut (Doctoral dissertation, Massachusetts Institute of Technology). ref2- Fawaz, M. (2005). La costruzione di un sobborgo informale: imprenditori e stato a Hayy el Sellom, Beirut, 1950-2000. Storia urbana, numero speciale a cura di Denis Bocquet e Filippo De Pieri. ref3- Carpi, E. (2014). L’ignorata diversità sociale nei sobborghi meridionali di Beirut: dalla guerra di luglio 2006 a oggi. Storia urbana. 79 Schenker, D. (2006). One Year after the Cedar Revolution: the Potential for Sunni-Shiite Conflict in Lebanon. Policy Watch, (1114). 80 Article - Nora Berneis and Julia Bartl, Understanding the heightening Syrian Refugee Crisis and Lebanon’s Political Polarization, Carthage Research and Information Center, June 2013
37
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
De plus, les tensions entre les résidents Libanais et l’armée Syrienne ont eut unimpact sur la sécurité dans le nord du Liban. Il y a eu à plusieurs reprises des rapports concernant des réfugiés Syriens exploités ou humiliés en raison de leurs statut de réfugié. D’autres rapports notent la charge spécifique des réfugiés Syriens qui pèse sur les conditions économiques des communautés d’accueil dans le Nord du Liban, ce qui expliquerai leurs réactions. Le PNUD proposait des programmes traditionnels de développement ciblant les régions pauvres (par exemple en agriculture, dans la gestion des déchets, des systèmes d’eau, ou de l’infrastructure) mais ont été détournés en réponse à l’urgence des situations des réfugiés Syriens. En outre, il est estimé que l’afflux de réfugiés Syriens a provoqué une augmentation des dépenses de la famille Libanaise dans la zone, tandis que leur revenu a diminué à cause de la concurrence perçue par les travailleurs Syriens, entrainant ainsi une détérioration des conditions de sécurité, et aussi, une diminution des activités national) a donné lieu à des préjugés négatifs, en raison de la visibilité de leur présence et la frustration 81 des entrepreneurs Libanais par rapport au déclin économique dans la région.
diversité élevée des motifs politiques et humanitaires de nombreux fournisseurs de services locaux, complique largement la réponse humanitaire et la transparence.
La nature de la situation de sécurité particulièrement dans le Nord a poussé de nombreuses agences à développer leurs programmes afin de répondre aux besoins croissants des réfugiés Syriens, et les ONG ont également signalé que la
Ersal ainsi que de nombreux autres villages Libanais sont de plus en plus considérés comme une menace pour les réfugiés Syriens en raison de leur proximité de a frontière Syrienne, et donc des conflits. A Baalbek par exemple, les
d-Vallée de la Bekaa La vallée de la Bekaa héberge la plus forte concentration du Liban, avec plus de 350 000 réfugiés Syriens qui y vivent actuellement. La proximité de diverses communautés sectaires avec les différentes affiliations politiques a donné lieu à des tensions qui ont ‘victimisés’ plusieurs réfugiés Syriens. La relation étroite entre les Libanais et les Syriens dans cette région remonte à l’époque Ottomane, lorsque la Bekaa était régie par l’Ottoman Wali de Damas. Les relations ont été renforcées pendant la guerre Israélienne de 2006 au Liban, où de nombreux Libanais ont trouvé refuge à Homs (Syrie). Presque en “retour de faveur”, au nord 82 de la Bekaa, la ville de Ersal a reçu plus de 25 000 réfugiés Syriens en moins de deux semaines, à la suite des combats de Qalamoun sur la Syrie au niveau de la frontière. La population Syrienne de plus de 40 000 habitants à Ersal dépasse à présent la population libanaise de 35 000 habitants.
81 RESEARCH REPORT -SURVEY ON THE LIVELIHOODS OFSYRIAN REFUGEES INLEBANON - BEIRUT RESEARCH AND INNOVATION CENTER - NOVEMBER 2013 - THE PERSPECTIVE OF THE LEBANESE OFFICIALS - page 18 82 UNHCR, December 12, 2013, Data registration statistics
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salaires journaliers des travailleurs non qualifiés ont baissé de 20 000 LL, à 15000LL pour enfin atteindre les 10000LL par jour (ce qui correspond à 4 euros environ). Il convient de noter, toutefois, que la réduction des salaires n’est pas seulement déterminée par la nationalité des travailleurs qu’ils soient Syriens ou Libanais, mais surout par leurs employeurs. Ce sont notemment les employeurs Libanais,qui n’emploient que des réfugiés Syriens qui sont à blâmer pour la baisse soudaine des salaires des employés Libanais (qui sont obligés de les baisser pour avoir des chances d’etre embauchés). Selon l’enquête du ministère 83 de l’Economie et du Commerce, 54 % des entreprises Syriennes informelles sont situées dans le Bekaa, et cette région a donc été la première dans laquelle le gouvernement libanais a fait fermer des entreprises Syriennes, et elle reste caractérisée par une mauvaise infrastructure, des zones éloignées, et une structure relativement faible de la société civile locale, surtout par rapport au Sud Liban ou à d’autres zones urbaines du côté du Mont-Liban. Les milliers de réfugiés Syriens qui ne cessent d’augmenter dans cette région depuis la fin 2011 ont trouvé refuge dans les zones urbaines de Baalbek, Zahlé et Taanayel, en raison de la disponibilité d’abris. Cependant, depuis fin 2012, les établissements dotés de tentes ont été mis en place dans divers domaines, et l’augmentation de la visibilité de leur présence croissante ne fait que perturber les habitants. La région de la Bekaa a de plus été durement touchée par la réduction du commerce transfrontalier ce qui a fortement réduit l’économie, et détérioré la sécurité dans de nombreux domaines, et a créé une énorme pression de la part des réfugiés Syriens sur les communautés d’accueil. Cette situation a ainsi poussé de nombreuses autorités locales à être moins réceptives envers l’assistance aux réfugiés ou même de les expulser de la zone. 83 Article -Bilan des relations économiques libano-syriennes - Carine Fernaini - économiesyrie-liban - Commerce : l’accès au marché syrien limité par les obstacles non tarifaires
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Cette carte résume brièvement les derniers sujets évoqués concernant la dispersion des refugiés Syriens et leur concentration dans les quatre zones citées.
Nord du Liban 275,981
5,369
Beiruth 275,338
14,580 Bekaa 355,508
36,175
Enregistrés
Legende Refugiés Syriens enregistrés
Sud du Liban 127,349
Non Enregistrés
1,972
1-500 500-1500 1500-3500 3500-7500
Figure 10: Dispersion des refugiés Syriens au Liban en mai 2014. SOURCE: UNHCR.
7500-14000 14000-37500
Ces difficultés et complications de tous les jours nous mènent à nous poser d’autres questions, telles que celles concernant le changement des types d’habitation d’un village à l’autre, que nous développerons dans la partie suivante.
40
II
CHAPITRE 2 LES DIFFÉRENTS TYPES D’HABITATION
Le chapitre 2 concernant les différents types d’habitations est
basé surtout sur des recherches personnelles et des entretiens que j’ai pu mener avec des familles et des personnes concernées. Dans ce chapitre on étudiera les différents types de logements proposées aux refugies Syriens qui se trouvent contraint à quitter leur pays pour vivre au Liban. Cette partie englobe les aspects extérieurs et intérieurs de ces abris et consiste en une description précise de l’état de ces logements, en allant des tentes mises en place, aux abris de fortunes bâtis dans les rues.
Par rapport à sa population, le Liban accueille
aujourd’hui le plus grand nombre de réfugiés au monde comme le précise Gareth Richards, directeur de l’ONG CARE au Liban. Cependant, malgré ce nombre qui ne cesse d’augmenter, le gouvernement Libanais n’accepte toujours pas de mettre en place des camps officiels, et ce, pour éviter une situation permanente. Ce manque d’implication de l’Etat résulte en un nombre démesuré d’abris non conventionnels et des états de vie infects. Les types d’habitation diffèrent et leur influence sur l’urbanisme au Liban ne passe pas inaperçue.
Entre les bidonvilles, les villages remplis de parpaings ou de tentes, et les rues transformés en espèce de souks du dimanche, l’urbanisme d’une grande partie du Liban se résume aujourd’hui en quelques fils électriques qui servent d’étendoirs à linge, et de planches métalliques qui servent de toits. Néanmoins, afin de pouvoir subvenir aux besoins des réfugiés, de nombreuses associations caritatives ainsi que des familles Libanaise s’unissent pour leur louer ou leur offrir des terrains, des tentes, ou simplement une chambre pour avoir un toit au-dessus de leur tête. Ci-dessous quelques exemples des types d’habitation les plus communs pour les réfugiés Syriens au Liban.
2.1 LES FORMES PARTICULIERES D’HABITAT De nombreuses enquêtes et recherches ont été faites afin d’avoir un aperçu plus précis sur les différents moyens d’abris et d’habitation concernant les refugies Syriens au Liban. Une enquête téléphonique concernant 6000 réfugiés vivant à travers le pays faite en Mars 2014 confirme que la location, ou la sous-location est le moyen le plus fréquent pour les Syriens de trouver abri (97%). Cependant, ces locations mêmes ainsi que tous les types d’habitation et de refuges varient largement comme l’indique le diagramme cidessous :
6%
3% Appartements ou maisons
13%
Autres Garages/boutiques abandonnés
3% 57%
Immeubles non finis Structure d’une chambre
16%
Arrangement informel 2%
Centre collectif
Figure 11 : Dispersion des réfugiés Syriens selon les différents types d’abris en mars 2014. SOURCE: UNHCR
42
LES RECHERCHES DES DIFFÉRENTS TYPES D’HABITATION
Dans la partie concernant les typologies d’habitations des réfugiés j’ai appuyé mes recherches sur de différentes sources et renseignement dans 4 zones différentes du Liban : 1-Nord du Liban: le chapitre qui présente les réfugiés Syriens dans le camp des Palestiniens “Nahr el Bared” à Tripoli. 2-Plaine de la Bekaa : Arsal est l’un des rares villages ayant remplacé les tentes par des mobile-homes. 3-Beyrouth, la capitale du Liban: les études sont reparties sur plusieurs quartiers : Mkaless , une zone industrielle et Nabaa un des bidonvilles de Beyrouth qui développent plusieurs types d’habitation pour les réfugiés Syriens. Ainsi que Jesr el bacha et Ain el Ramani qui sont plutôt des quartiers résidentiels. 4-Sud du Liban : Qaraoun, ville que l’on a développée dans la partie concernant les tentes.
Tripoli au Nord du Liban
Arsal dans la vallée de la Bekaa
Beyrouth
Qaraoun au sud du Liban
Mer Méditerranée
84
L’étroite bande côtière Les montagnes du Liban et de l’anti-Liban La plaine de la Bekaa La Syrie à l’est et au nord
84 wikipedia.org/wiki/Géographie_du_Liban
HABITAT MOBILE Dans les pages qui suivent, nous allons étudier plus en détails ces différentes types d’habitation en allant de l’habitat mobile concernant surtout les tentes et les mobile-homes, aux chambres loués chez des familles Libanaises en passant même par les refugies Syriens qui trouvent refuge chez les refugiés Palestiniens déjà installés au Liban depuis des années.
a.1-Dans les tentes : Il est vrai que la location et sous-location représentent le moyen le plus fréquent pour subvenir aux besoins des refugiés, mais ces locations diffèrent, et grâce à l’éveil du peuple et des associations nationales ou internationales, on retrouve dans de nombreux cas des réfugiés installés dans des tentes offertes mais qui se doivent de louer le terrain sur lequel ils sont implantés, ou au contraire, on leur offre les terrains mais c’est à eux de louer les tentes. Pour les plus chanceux d’entre eux, ce sont les terrains et les tentes qui leur sont offerts. Dans les cas que nous allons explorer, j’ai décidé de procéder par une explication des différentes situations afin de mettre en valeur tous les aspects de ces habitations. Dans un premier temps nous allons nous concentrer sur la plus grande échelle et travailler sur les conséquences des terrains ou se concentrent les abris, sur les villages ou villes dans lesquels ils sont implantés, et réaliser une étude sur le secteur des terrains sur lesquels les logements sont placés par rapport à l’urbanisme de la ville ou du village : Sont-ils situés dans les zones résidentielles ou plutôt dans les banlieues ?
Et finalement nous nous concentrerons sur l’échelle humaine en s’approfondissant sur les conditions de vies des personnes dans ces logements et le nombre de personnes résidants dans le même abri. Le premier cas que nous allons développer représente celui des refugies résidants sur des terrains et dans des logements offerts par des associations caritatives, par des propriétaires ou encore par des mairies qui accepte d’accueillir les réfugiés sur leurs terrains et leur fournis les logements et dans certains cas, tout ce dont ils ont besoin afin d’avoir une vie la plus normale possible. Afin d’appuyer ces thèses, j’ai choisi de rentrer dans les détails et de me concentrer sur une des région Libanaise dans laquelle se trouvent un grand nombre de réfugiés : Qaraoun (région dans le Sud du Liban). Dans cette région on pourra distinguer plusieurs type de dispertions de tentes, et on developpera ainsi une zone dans cette région qui a été construite en béton pour les refugiés.
Nous allons par la suite nous focaliser davantage sur l’influence de ces abris sur les terrains en observant leur emplacement.
46
a.1.1 -Qaraoun : raison, les camps ont été séparés en plusieurs camps, dont deux camps principaux : le camps de “Karm Lowz” (Lowz signifie “amande”) et celui de “Karm Zaytoun” (Zay86 toun signifie “olive”) comptant chacun une s oixantaine de tentes. Plus en s’éloigne de ces camps, et plus les tentes sont dispersées comme on peut l’apercevoir sur l’image ci-dessous. Le maire a de même insisté sur le fait que ces camps soient loin du centre du village (au moins 1 km de distance), et le camps le plus isolé se trouve sur la péripherie du village connu sous le nom de “Mukhayam Jabal”. Ce camps est constitué d’une multitude de constructions en parpaings et porte son nom du à son positionnement géographique (Jabal signifie “montagne”).
A Qaraoun, un petit village situé dans le sud du Liban, on compte aujourd’hui 5000 85 réfugiés Syriens, ce qui représente le même nombre d’habitants Libanais ce qui rend l’étude des typologies des habitats mobiles dans cette région d’autant plus intéressante. La mairie du village est en charge des refugiés et se charge elle-même de les placer et de leur trouver des abris. Lors d’un entretien avec le maire du village, Yehia Daher, il m’explique que la raison pour laquelle il a voulu éviter de mettre tout le monde dans un seul endroit est pour éviter une grosse concentration qui risquerait de transformer Qaraoun en « ville de réfugiés permanente ». Pour cette 13 Camps 1
Camps 2 5 7
CENTRE DU VILLAGE
4 Camps :“karm zeytune” 35
17
Camps : “karm louwz” 6
45
Camps : “Jabal”
13
25
Figure 12 : la dispertion des camps des refugiés dans le village de Qaraoun. SOURCE: MR YEHIA DAHER
85 Article -orientxxi- Ce village libanais de 5000 habitants qui accueille 5000 réfugiés syriens- PIERRE PRIER- Publié le12 JANVIER 2015 86 Information fournis par la municipalitée du Qaraoun
45
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Le village de Qaraoun est situé à 85 km de Beyrouth, dans la vallée de la Bekaa, et est connu pour son lac Qaraoun qui forme un barrage construit dans les années 1960s sur le fleuve Litan.Qaraoun vit surtout de sa terre, son agriculture ainsi que l’argent de sa diaspora. Ses champs agricoles représentent les axes de circulation centrals et l’urbanisme de ce village est entièrement à petite échelle. Les rues ne permettent le passage que d’une seule voiture, les habitants font leurs courses chez le marchand du coin qui ne propose quasiment que des produits frais et locaux, et les batiments sont tous les uns à coté des autres. Plus on s’éloigne de ce petit centre ville, plus les immeubles sont dispersés, jusqu’à arriver à la zone agricole ou l’on trouve de nombreux champs agricoles ainsi que de plus en plus de petites industries.
Camps “ Karm Louwz ” Cette zone est séparée en deux partie par un axe principale. D’une partie on aperçoit une concentration de batiments residentiels, et d’autre les espaces verts agricoles. Ce camps se trouve à 1 km du centre du village (soit 20 minutes à pied), et se trouve à proximité du lac de Qaraoun, dans une zone agricole ou l’on
trouve rarement des batiments residentiels. Les seuls batiments que l’on pouvait apercevoir étaient ceux de deux étages de hauts qui servaient d’usines ou de centres industriels. Cette typologie du terrain mène à une implantation stratégique des camps pour les réfugiés Syriens.
Zone Agricole
Lac Qaraoun
Camps Karm Louwz
Centre du village
Figure 13 : Les axes principaux et secondaires qui mènent au camps “Karm Louwz” - rapport ville/camps
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Certains propriétaires des usines présentes sur les champs agricoles ont proposé au début de la guerre à leurs employés Syriens de rapatrier leur famille et de s’installer dans les usines ou sur les terrains voisins. Cela permettait donc d’offrir un abris aux réfugiés Syriens tout en les plaçant loins du centre du village afin d’éviter tout conflit ou toute situation permanente. La route principale qui mène au village a une largeur de 6m (deux voies de voitures) et rétressit en allant vers les champs agricoles jusqu’à atteindre les 3m de largeur (une seule voie). Les rues secondaires qui mènent vers le camps de Karm Zaytoun ne sont cependant pas aménagées pour les voitures et ne représentent que des simples passages recouverts d’un peu de terre ou de sable afin de faciliter la marche. Dès l’arrivée au camps, on se retrouve devant
Figure 15: Cette image présente la deuxième zone des 45 tentes placées sur deux axes parallèles séparés par un axe de circulation qui permet aux réfugiés d’accéder aux tentes. 5 mètres séparent une tente de l’autre, et la, on trouve des citernes d’eau non potable ainsi que des unités de WC.
2 3
Usine
une première zone ou l’on voit des dizaines de tentes dispersées à droite et à gauche de la rue. Il n’existe pas de réelle organisation de ces tentes puisque l’on apercevait 5 tentes installées à droite et plus qu’une douzaine de tentes de l’autre coté. Une dizaine de mètres plus loin, on aperçoit une deuxième zone du camps, celle-ci composée de 45 tentes toutes concentrées à gauche.
Le dernier groupe de tentes vers l’extremité de la zone 3 se términe avec une rangée de 25 tentes mises les unes à côté des autres. Tout autour de ces tentes la nature est dominante.
1
Nomination de chaque zone par UNHCR : Zone 1: qty 19 tentes
52237-01-002
Zone 2: qty 45 tentes
52237-01-008
Zone 3: qty 25 tentes
52237-01-008
Figure 14 : Figure explicative de la dispertion des tentes dans le camps du Karm Louwz. Répartis en plusieures zones renomées par l’UNHCR.
47
MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Figure 16 : Cette image présente la dernière zone du camps et l’ambiance dans laquelle se trouvent ces refugiés au milieu des champs agricoles, qui offrent plus de possibilités de travail. Quasiment complètement dépourvue d’habitation, cette zone offre de même une vue ouverte sur les montagnes et sur le lac de Qaraoun.
Plus on se rapproche de ce camps plus on aperçoit les déchets remplir tous les coins des terrains. Les habitants du village se plaignent d’ailleurs assez souvent du fait que les réfugiés “salissent” la ville et l’on voit les poubelles ainsi que les bouteilles en plastique et tous les déchets trainer partout autour des tentes et même plus loin. Les refugiés utilisent aussi leur entourage (les arbres ou les poteaux éléctriques) en y accrochant des fils pour étendre leur linge.
Les bâches (souvent en lin, en coton ou en fibres synthétiques, épais et imperméables) sont fournies par le Haut Comissariat des Nations Unies (UNHCR) aux réfugiés, et les cadres de bois leur permettant de monter leur tente sont parfois même offerts par la ville, ainsi que des panneaux publicitaires en tissus qui ont souvent été démontés et donnés aux réfugiés afin de s’en servir pour pour fabriquer leur tente pour se couvrir ou pour protéger leurs biens.
Figure 18: Les bâches fournies par UNHCR et la mairie. Figure 17 : Ces images expliquent comment les réfugiés profitent de leur entourage et s’en sortent avec les moyens de bords.
Les toilettes sont à l’extérieur des tentes, et afin de préserver un minimum d’hygiène, l’UNHCR a fourni des unités de 1 m2 en aluminium qui servent de WC communs chaque groupe des tentes.
Figure 19/20 : dans la première images les unités des wc offert par UNHCR pour chaque 3 tentes qui contient 8 personnes par tentes 24 des refugiés utilisent le même wc se qui présent la manque hygiènité. Dans la deuxième on trouve à côté de chaque tentes des citerne d’eau pas potable .
Les tentes suivent toutes un même prototype de 8m x 8m constitués d’une structure en bois couverte de textile imperméable et présentant chacune une salle de séjour, une kitchinette, un espace de lavage, ainsi qu’une chambre de nuit pouvant acceuillir jusqu’à 8 personnes. A l’intérieur des tentes on aperçoit une dalle en béton au sol, et une salle de séjour mesurant à peu près 6m par 3m, par laquelle on a accès à une chambre´de nuit pouvant accueillir jusqu’à 8 personnes. De l’autre coté de la salle de séjour, on trouve un petite kitchinette de 2m par 1m ainsi qu’une petite salle d’eau. Pour des raisons hygiéniques, toutes les toilettes ont été installées par l’UNHCR à l’extérieur des tentes dans des unités en aluminium de 1m par 1m. Voici quelques photos qu j’ai prise lors de ma visite au camps qui permettent de mieux décrire la situation a l’intérieure des tentes. On remarque évidemment le manque d’hygiène et
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propreté au sein du camps, et tous les refugiés avec qui j’ai pu discuté souffrent tous des mêmes problèmes; eau froide, manque énorme de besoins personnels, manque d’hygiène et de moyens de réchauffement etc...
Figure 24: Cuisine utilisée par 10 personnes, contituée simplement de trois étagères et un évier.
Figure 21/22 : On aperçoit un lien entre l’intérieur de la tente et l’éxterieure à cause du manque de revêtement au sol. Les tentes ne présentent qu’une simple structure en bois revétue d’un tissus imperméable qui protège à peine les réfugiés des intempérils. Sur la première figure on voit du béton coulé au sol ainsi que quelques tapis. Un simple bout de tissus sépare la chambre de nuit de la chambre de séjour, toutes les deux simplement meublées de quelques matelas au sol.
Figure 23: Chambre de nuit constituée de 8 matelas et un tapis au sol.
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Au début du chapitre, on présente l’étude comme étant divisée en trois cas, et c’est en effet lors de mon entretien avec le maire Yehia Daher qu’il m’a expliqué qu’au début de la guerre Syrienne, on pouvait apercevoir à Qaraoun des différents types d’abris présentés aux réfugiés Syriens. Certains se voyaient louer des terrains mais les associations leur offrait les logements (tentes ou autre), et d’autres qui se voyaient contraints de louer les terrains et les logements aux propriétaires. Avec le temps, le village a décidé d’offrire aux refugiés de l’argent gagné grace à ces mêmes terrains et leur ont mis en place des tentes provisoires. Il est aujourd’hui très rare de trouver encore des familles qui se voient obligées de louer des terrains ou même des logements. Le prochain point développe la partie la plus importante ou les installations dans les banlieues présentent un aspect bien plus permanent, et les logements sont constitués majoritairement de parpaings, créant ainsi une inquiétude chez les habitants du village de Qaraoun.
Camps “ Moukhayam Jabal ” L’entretien avec le maire du village Yehia Daher m’a permis de comprendre que ce projet est en effet un profit pour Qaraoun, et le plan a été délicatement pensé: profiter des aides internationales pour viabiliser ce terrain afin d’éventuellement pouvoir y attirer des investisseurs. D’après le maire, les aides financières dépassant les 1 million de dollars leur a permis d’acheter un grand terrain à quelques kilomètres de Qaraoun, sur une colline venteuse d’où l’on aperçoit le sommet enneigé du Jabal al-Cheikh, la «Montagne du Cheikh», le ‘QG’ des scouts islamiques, qui gèrent la logistique. Pour le maire, la présence des réfugiés Syriens n’est que temporaire : « ils repartiront un jour » confirme-t-il. Là, une quarantaine de familles Syriennes sont abritées dans des logements rudimentaires en parpaings. Tout en discutant, Mr Daher m’a de même expliqué que ces bâtiments serviront par la suite aux scouts musulmans, et leur plan est d’y installer des terrains de sport afin de pouvoir s’y entrainer. Mais pourquoi avoir construit ces baraques dans un endroit complètement isolé du reste du village, au bout d’une piste de montagne où l’on doit grimper en 4x4 ? Le choix de ce terrain n’était lui non-plus pas par hasard, et il a en effet été choisi par le maire afin de construire en absence de l’infrastructure, et sans pour autant commencer des travaux en plein ville. Son plan était donc d’integrer un passage de la partie de la ville presque ‘vierge’ jusqu’au sommet de la montagne afin d’y faire parvenir l’eau. Cela lui permettera également de créer une activité dans une zone entièrement isolée du village, cela bien sur, quand la gerre Syrienne arrivera à bout, et que les réfugiés rentreront dans leur pays, lui permettant ainsi de complètement réhabiliter ce terrain.Dans les photos que j’ai prises ci-dessous, on voit
clairement que le camps est isolé .Cette montagne est complètement dépourvue de toute verdure, on peut aperçevoir aucun arbre sur cette zone du à la typologie du terrain. Et ce n’est qu’à 500m seulement que l’on trouve une déchetterie qui sert au village (on ne l’aperçoit pas sur la photo parcequ’elle se trouve entre deux fallaises). De loin on ne voit pas le camps ‘Mokhayam Jabal’, ce dernier est en effet bien cammouflé dans le site desertique. La route qu’on du prendre pour pouvoir acceder au camps était non seulement dangereuse, mais elle n’était pas nonplus conçues pour les voitures. Arrivés à 50m du camps, on commence à reconnaitre le projet, et plus on se rapproche plus on aperçoit les blocs de béton. L’entrée au camps est accessible en voiture, et il éxiste une autre entrée pour les piétons, située entre un bloc de béton et un mur en pierres de 3m. La figure 26 nous permet de voir un dénivellement, et on apercoit au loin un passage ou les habitants du camps peuvent faire leur prière, il sconsidèrent cet espace comme la mosquée du camps. La vue vers la gauche présente un autre denivelement avec une hauteur de plus de 3m. Sur cette partie, une lignée de deux blocs existent, la première qui sert de logement, et l’autre qui sert d’école de formation en période d’été pour permettre aux enfants de se remettre à niveau avant leur entrée scolaire. En continuant sur cette même route, on passe par un barrage de sécurité mis en place par le village, et on est obligé de laisser la voiture et continuer à pieds. A ce même endroit on aperçoit un puit d’eau qui distribue de l’eau non-potable au camps. On peut alors décrire ce camps en disant qu’il est constitué de quatre lignes parallèles, chacunes composées de deux blocs et d’une ‘mosquée’ à coté d’un container comme on peut le voir sur la figure 27.
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Figure 25 :Vue de loin du camps isolé.
Figure 26 : Vue de l‘intérieur du camps vers l’entourage.
Accessible en voiture Bloc d’habitation une famille/2 unités Mosquée inachevée
Ecole de formation
Bloc d’habitation Installation de sécurité Puits d’eau
Terrain dénivelé
Figure 27 : Schéma explicatif des différents programmes du camps Jabal.
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Terrains en blocs: Alors que ce camps est construit en 4 lignées parallèles, chacune est composée de deux blocs de forme rectangulaire, et ils ont tous les mêmes dimensions: 4m de largeur et 18m de longeur. La majorité de ces blocs sont des logements, et chaque bloc contient 4 unités de 4m x 4m dans laquelle habite une famille de 5 à 7 personnes. Les deux autres blocs rectangulaires à gauche présentent une ecole de 4m x 12m et d’autres logements constitués de 3 unités spécialement concues pour les grands familles de 10 a 12 personne. Le dernier bloc en beton, de 12m x 12m qui était initialement construit pour être utilisé comme logement, sert actuellement de ‘mosquée’ ou les réfugiés peuvent faire leur prière. Sur la toiture de chaque bloc on trouve des citernes d’eau et des antennes pour les televisions ainsi que quelques sorties pour les cheminées. Tous les blocs sont en état brut et ne représentent que des murs en béton coulé, des murs en parpaings non revétus, et un plafond de 15cm aussi en béton coulé.
Figure 28: Entrée principale du camps de 4m de largeur permet le passage d’une voiture.
Figure 29 : La dispertion des citernes d’ eau et les sorties de cheminées sur les toitures de ces blocs. Chaque citerne et chaque sortie appartient a une unité, et le prototype se répète.
Tous les blocs se ressemblent, d’un coté les façades principales constituées d’une série de portes en métal et de fenêtres avec des cadres en métaux qui permettent une entrée de lumière dans chaque unité. La façade arrière longitudinale est aussi composée de petites ouvertures qui permettent l’aération des toilettes.
Figure 30 : La façade principale des blocs avec les portes et fenêtres en metal, toutes recouvertes de textiles afin de se protéger l’intérieur des unités des intempérils.
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Figure 31 : Les réfugiés ont relié deux bocs au niveau -3 par des baches offertes par l’UNHCR pour creer de l ‘ombre et permettre d’avoir une sorte d’espace commun ou ils pourraient se réunir et permettre à leurs enfants de jouer. Ce couloir n’est accessible qu’aux piétons, et au bout de ce couloir on retrouve la mosquée.
Figure 33 : Une seule lampe solaire sert à éclairer le camps le soir.
3 2
Figure 32 : L’école Sonbola donne des cours de formation en été afin de preparer les enfants à la rentrée scolaire. Pendant le reste de l’année, le bloc est vide et ne sert à rien. Les enfants trouvent une difficulté de transport en hiver pour se rendre à l’école du village située à 30 min du camps.
En se concentrant sur l’intérieur des unités , on aperçoit un sejour de 3m x 4m qui se transforme le soir en une chambre à coucher qui peut acceuillir de 6 a 8 personnes. On voit de même, une kitchinette de 2m x 1m, un vestiaire pour ranger les habits, une salle d’eau de 1m x 1m, et au sol (généralement brut et sans revêtement) des simples matelas. Certains réfugiés ont décidé d’eux-mêmes peindre les murs et sols de leurs unités.
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1
1
Sejour et chambre de nuit
2
Kitchinette
3
Salle d’eau
Figure 34 : Schéma explicatif de l’intérieur des unités
Figure 36 : Vue de l‘intérieur vers la fenêtre ou l’on reconnait l’effort fournis par les réfugiés pour créer un environnement familier avec des plantes et de la végétation.
Figure 39: Unité pour une famille allant de 5 à 8 personnes peinte par les refugiés installés. Cette image permet d’avoir un aperçu de l’état de la cuisine ainsi que la disposition des matelas contre le vestiaire.
Figure 37: Dans cette unité qui sert de logement pour 10 à 12 personnes, on peut voir une kitchinette plus large que les autres. Cependant, les réfugiés n’ont pas le droit de peindre les murs de cette unité.
Figure 40: Une planche en bois sert de “vestiaire” sur laquelle les réfugiés accrochent leurs habits. Figure 38: Les détails des installations comme la cheminée ainsi que les fils éléctriques des lampes sont apparents sur le plafond.
Figure 41: Un trou au sol qui sert de WC dans ces toilettes, dépourvues d’un lavabo, mais qui servent aussi de salle de bain.
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Du au manque de sécurité et aux tensions à Arsal, je n’ai pas pu me rendre sur place et visiter le camps. Cependant, il est intéressant de s’attarder sur ce camps parcequ’il présente un autre type d’habitation. Les informations présentées dans cette partie sont donc des informations que j’ai pu avoir par le biais d’entretiens telephoniques avec des personnes sur place, ou encore d’internet.
a.1.2 -Arsal : 87
Plus de 50 000 réfugiés Syriens vivent actuellement à Arsal (80 000 selon certaines ONG présentes sur le terrain), un village qui ne comprend lui-même pas autant de Libanais. Du à ce nombre élevé de réfugiés, et malgré l’accueil de la population et le soutien des ONG, les conditions de vie de ces réfugiés sont de plus en plus horribles dans ce camps et ne s’améliorent pas depuis plus de deux ans. Situé à plus de 1500 mètres d’altitude, Arsal a un climat assez difficile, et les conditions de vie des réfugiés qui s’y trouvent se détériorent davantage en hiver, avec la pluie, la neige et le vent qui compliquent encore plus leur vie. A chaque changement de saison, les ONG ont dû mettre en place de nouvelles tentes et de nouvelles installations pour, au moins, assurer un toit à ces réfugiés.
Figure 42: Le terrain par rapport au village.
Figure 43: Vue sur le camps de Wadi Hamad. Le 14 fevrier 2014.
Construire quelque chose de plus durable devient alors nécessaire. Créer des maisons est cependant hors de question pour les Libanais à Arsal parce que cela signifierait que les réfugiés resteraient ici pour le reste de leur vie (une des plus grandes inquiétudes du peuple Libanais). Des tentes estampillées UNHCR (Haut Commissariat aux Réfugiés pour les Nations Unies) ont été dressées à la va-vite sur un terrain aux abords de la ville. D’où l’idée des mobile-homes. Un grand nombre de maisons en Syrie ont été détruits pendant les bombardements, ce qui signifie que, lorsque la guerre se termine et que les Syriens voudront rentrer chez eux, ils n’auront nul part où aller. Toutefois, les maisons mobiles qu’ils auront acquiert au Liban pourront être joints à leurs voitures et ramenées en Syrie en attendant de pouvoir reconstruire de nouvelles maisons. Ces maisons mobiles sont rassurantes à la fois pour les réfugiés et pour la population locale.
87 Tv5monde - A Arsal, au Liban, 30000 Syriens en détresse - Margaux Bergey - Mise à jour 26.11.2013
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Chaque mobile-home est composée d’une pièce principale, une cuisine et une salle de bains. Un système de plomberie a été mis en place spécifiquement pour chaque maison. Elles donnent également à chaque famille son indépendance et les étrangers ne sont plus contraints à vivre dans la proximité intime avec les autres (situation actuelle des tentes). Les réfugiés ont construit les maisons mobiles eux-mêmes. Ils ont été payés pour leur travail puisque le but du projet est non seulement de leur donner une meilleure qualité de vie, mais aussi de leur donner la possibilité d’avoir une source de revenus. Le nouveau camp comprend également une école en cours de construction par les réfugiés. De plus, d’autres sources de revenus se présentent aux réfugiés Syriens, aussi bien en tant qu’enseignants dans cette école, que jardiniers dans les potagers. L’objectif étant de pourvoir un salaire à au moins une personne dans chaque famille pour faire en sorte que les réfugiés ne soient plus entièrement dépendants de l’aide des ONG. Ce projet ne nécessite non seulement du financement par les donations privées et les ONG, mais aussi de temps. Et souvent, les ONG travaillant dans des situations de réfugiés d’urgence ne peuvent fournir que le strict minimum.
Figure 44: Construction des maisons mobiles
Figure 45: Le nom du nouveau camp: “Nous reviendrons.”
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a.2-Dans les rues : Pour ceux qui se retrouvent sans abri et ne trouvent ni terrains ni tentes dans lesquels s’aménager, ils se tournent vers leur option la plus évidente, s’installer dans les rues. Certains préfèrent même rester dans les rues que louer une tente. Ils se sentent plus libres, moins contraints aux voisinages, et c’est bien sur gratuit, puisqu’ils construisent eux-mêmes des abris avec les moyens de bords.
Figure 46: Le site ou habite le réfugié Syrien, à proximité des poubelles.
a.2.1-A proximité des poubelles Les réfugiés que j’ai rencontré à Beyrouth s’abritent à proximité des poubelles de Nabaa, une ville dans les bidonvilles de Beyrouth, dans laquelle se trouve une grande concentration de réfugiés. Cet homme Syrien par exemple que j’ai rencontré, profite du problème actuel du Liban, et de la situation que confronte les Libanais du à l’accumulation des poubelles dans les rues et au manque d’implication de l’état pour s’en débarasser. Cependant, ces poubelles servent bien aux réfugiés qui se sont créer leurs propres abris à proximité de ces montagnes d’ordures afin d’y trouver des materiaux et des objets en plastique ou métaliques qui pourraient leur servir en les revendant par exemple aux usines de recyclage. Revenons donc à cet homme, qui m’explique qu’en s’installant près de ce qu’il qualifie de “la caserne d’Ali Baba”, il y trouvait de quoi se nourrir et survivre, et installé sous un arbre, il se trouvait en sécurité de la pluie et du soleil, et ne “manquait de rien”. Son petit fauteuil bleu qu’il a aussi trouver dans les poubelles lui sert de lit.
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Figure 47: Aperçu de la fonction des objets trouvés dans les poubelles.
Figure 48: Dans cette photo, on peut voir les boites et objets en plastique que cet homme collectionne dans les poubelles afin de pouvoir les vendre et se faire un peu d’argent.
a.2.2 - Sous les ponts Au Liban, 80% des réfugiés Syriens dans les rues s’installent sous les ponts, notamment à Beyrouth pour deux raisons principales: 1- Le pont donne un sens de sécurité aux réfugiés sans abris, et leur permet de se protéger de certaines intempéries comme la pluie ou même la chaleur ardente du soleil. 2- Pas loin des ponts, on trouve les arrets de bus et de taxi, ce que les refugiés considèrent presque comme une source de revenu puisqu’ils ont plus de chance d’avoir de l’argent en mandiant quand il y a plus de passage.
Figure 49: Famille sous le pont de Nahr el Mout
A 8 km de Nahr el Mout, le Pont de Cola (situé à côté du centre-ville de Beyrouth) représente un point d’intermodalité, et une densité de population, ou tous les transports communs s’arrêtent.
Pont Nahr el Mout
Pont cola
Figure 50: Le pont de Cola représente une station d’ arrêt pour les bus et les taxis.
Figure 49: Carte qui présente les deux ponts principaux ou se trouve une grande concentration de réfugiés, et leur emplacement par rapport à Beyrouth.
La première famille que j’ai rencontré par hasard se trouvait sous le pont de Nahr el Mout qui se situe à la littorale de Beyrouth, et avait elle-même construit son abris avec les moyens de bords. Les cartons remplacent les matelas pour dormir et le trottoir sert d’espace de jeu pour les enfants. Pendant que son mari est au travail, cette femme passe la journée sous le pont en espérant que quelqu’un s’arrête et lui offre de l’argent, de la nourriture, ou n’importe quelle sorte d’aide.
On distingue sur la figure 50 la structure sous le pont qui crée des espaces presque séparés, dans lesquels chaque pilier représente un espace pour une famille.
Figure 51: Sous le pont de Cola, chaque famille s’approprie son propre coin en fonction des piliers.
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La plupart des moyens d’abris, ainsi que les vêtements des réfugiés sont offerts par des passants, ou trouvés dans les poubelles. De plus, les réfugiés s’installent tous les uns à côté des autres afin de préserver leurs liens et de pouvoir s’entre-aider.
Figure 52: Les objets que l’on trouve autour de cet homme sont quasiment tous des donations de personnes qui passent par la, ou alors de récoltes des poubelles.
Figure 53: Ce matelas représente le lit de cet homme ainsi que sa salle de séjour.
Même si leurs maisons sont complètement détruites, certaines familles Syriennes sont prêtes à vivre dans des tentes dans leur propre pays en guerre, surtout dû au fait que la vie est très chère au Liban et il y a une grande différence de pouvoir d’achat, entre les deux pays voisins.
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ABRIS DE FORTUNE: Pour les réfugiés les plus démunis, il existe d’autres moyens de trouver des abris non conventionnels, dont les abris de fortune, ou loger dans des bâtiments inachevés ou délaissés. 80% des réfugiés payent un loyer pour leur abris alors que plus de la moitié de ces réfugiés habitent dans des bâtiments qui ne sont pas censés être habités. Cette partie se divise en trois cas différents d’habitation non conventionnelles; en premier, les logements sur les toits des bâtiments de fortune dans une zone industrielle du Liban, en deuxième dans les bâtiments qui présentent une architecture typiquement Libanaise délaissés, et finalement dans les bâtiments en cours de construction non achevés, et ceux-ci à travers de différentes zones du Liban.
b.1- Sur les toitures dans des zones industrielles.
De 1968 à 1973, une quinzaine de zones industrielles furent créées à Beyrouth par 88 décret dans le Mont Liban. Ces zones industrielles avaient prévu une canalisation pour l’industrialisation beyrouthine le long du fleuve et au débouché du port de Beyrouth. Mkaless, une des banlieues de Beyrouth possédant une zone industrielle importante présente des entreprises de différentes échelles et on y trouve des milliers de réfugiés qui logent et travaillent dans cette région (et ce, même avant la guerre en Syrie). Les réfugiés y logent différemment, et le nombre de réfugiés ayant doublé après le début de la guerre en Syrie, mène au développement de nouveaux types d’abris. Les plus chanceux d’entre ces réfugiés, ceux qui travaillent dans ces industries, ont le plus souvent accès aux
toitures des usines dans lesquelles ils travaillent, qui leur sont offerts par les propriétaires qui leur permettent d’y construire des chambres et des abris. 90% des toitures de ces usines sont occupées par des réfugiés. D’autres, qui n’ont pas la chance ou la possibilité d’y construire une chambre, proposent de payer une certaine somme d’argent au propriétaire de l’usine afin de pouvoir y créer, au moins, un espace ou dormir au sein de l’usine (ce cas est davantage développé dans le chapitre de sous-location). Il est aussi important de noter que certains propriétaires de petites usines ont décider de complètement fermer les usines, et de réhabiliter les locaux en logements à louer aux réfugiés Syriens car ils estiment pouvoir en profiter et avoir de cette sorte plus de revenus. Finalement les réfugiés qui ne trouvent aucun moyen de se loger dans cette zone polluante cherchent des abris dans les banlieues comme Jesr el bacha, Mansourieh, ou Nabaa(que l’on développe dans la partie des bidonvilles). En entrant plus dans les détails concernant les habitations sur les toitures, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec le propriétaire d’une usine située au sud de Mkaless, près d’un fleuve complètement séché. Mr Claude Fares m’a aussi permis de prendre en photos les chambres sur les toitures, et de poser des questions aux réfugiés Syriens qui y habitent. Cette zone grise est entièrement remplie de bâtiments semblables, tous en blocs de béton avec quelques ouvertures, dépourvus d’architecture. Il est clair que la fonction de ces bâtiments importe bien plus aux propriétaires que leur aspect extérieur.
88 Livre- Beyrouth et ses urbanistes: Une ville en plans (1946-1975) - Éric Verdeil- chapitre 2 - L’ETAT LIBANAISE ET L’URBANISME AU TEMPS DE L’INDEPENDANCE
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Mkaless
Figure 54: Carte montrant l’emplacement du Figure 55: Cette figure présente l’emplacement de l’usine, ainsi que les Mkaless sein de Grand Beyrouth. banlieues en arrière plan.
Figure 56: Le bâtiment en béton dans lequel se trouve l’usine ou troisième étage.
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En détaillant davantage le bâtiment de 4 étages, on aperçoit qu’il est constitué de deux usines séparées, d’environ 300 m2 chacune. L’entrée du bâtiment sépare deux blocs reliés par une zone composée d’un escalier est d’un ascenceure manuel. A l’entrée, on aperçoit un mur plein de cables d’éléctricité ainsi que des citernes d’eau posée à coté, ce qui présente un hasard de sécurité, autant pour les employés que pour les propriétaires. En montant les escaliers, on aperçoit des taches d’humidité sur les murs, et au 4ème étage, l’usine de Mr Fares ce qui lui permet d’être le proprietaire de la toiture et avoir le droit d’offrire les chambres au réfugiés malgré que cela est contre le loi.
Figures 57: Plusieurs figures présentent l’état de l’entrée d’un bâtiment - zoom sur les fils éléctriques et les citernes d’eau.
Figure 58: l’ entrée au toiture sépparer par un portail en métal fermer le soir pour isoler les réfugiés.
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Figure 59: L’état des chambres de l’extérieur, un bloc en parpaings et une toiture en métal.
Figure 60: Dormir à l’extérieur en plein air.
Figure 61: Figure qui présente l’intérieur des chambres.
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Le toit est composé de trois chambres de 3m x 3m en parpaing, et le plafond des chambres est composé de tuiles métaliques. Chaque chambre a une capacité de 8 à 10 personnes. Certains hommes célibataires, qui n’ont ni femme, ni familles, dorment en plein air sur des matelas comme on le voit dans la figure 60. Les blocs comprennent une seule chambre sans toilettes, ni kitchinette, qui peut accueillir jusqu’à 8 personnes, qui dorment par terre sur un tapis. Dans certains cas, du au manque de place, ou même à la chaleur, les familles mettent des matelas à l’exterieur et dorment dehors tout en laissant leurs chambres ouvertes pour les aérer.
Figure 62: Vue sur la toiture qui montre que même autour de l’usine, les réfugiés s’installent dans des édifices en architecture Libanaise.
Figure 63: Vue de la toiture de l’usine vers les autres usines pour montrer qu’elles sont toutes habitées par des réfugiés.
b.2- Bâtiment typique Libanais: Au Liban, il n’existe pas de loi concernant la conservation des anciens bâtiments, et l’héritage de Beyrouth se perd malheureusement peu à peu, à cause de la destruction de ces bâtiments. Ce sont des lieux qui portent des traditions et des habitudes qui se détruisent. Le problème n’est pas de perdre les pierres, mais 89 de perdre la mémoire de la capitale du Liban. Les Libanais n’ont pas une longue expérience avec le concept de l’importance de sauvegarder les aspects du patrimoine commun, et c’est la guerre civile qui a relancé cette problématique. Les Libanais se sont trouvés face à plusieurs anciens bâtiments détruits par les bombardements, et en 1997, la direction générale de l’organisation urbaine a mené, sous demande du gouvernement une étude qui a fait prendre conscience qu’il faut sauvegarder et préserver les anciens quartiers ainsi que leurs habitants, leurs professions, et leurs petits magasins. Cette étude a ciblé quatre zones particulière m e nt : Gi m m ay z e h - Ac h r af i e h - S ou r s o k , Bechoura, Qantari, Ein El Mraysi. Elle a demandé à ce qu’on oblige les propriétaires de 520 bâtiments à ne pas changer leurs aspects. En 2007 le gouvernement Libanais a proposé au parlement un projet de loi qui sert a sauvé les anciens bâtiments, qui n’a toujours pas été traité par l’assemblée générale. Les anciens bâtiments du centre-ville ont été conservés et renouvellés, mais plus loin, les architectures Libanaises dans les bidonvilles sont delaissées et oubliées par l’état et le peuple Libanais. Un grand nombre de ces bâtiments sont illégalement appropriés par des réfugiés Syriens qui considèrent ces bâtiments comme un espoir pour eux puisqu’ils n’y payent pas de loyer, et que personne ne les reclame.
Les bâtiments que j’ai visité sont situés dans un quartier à Jesr el Bacha, pas loin de Mkaless, la zone industrielle ou j’ai réalisé les entretiens avec les réfugiés qui dorment sur les toitures. Ce sont d’ailleurs ces mêmes personnes qui m’ont guidé vers ces bâtiments en m’expliquant que généralement, les réfugiés célibataires qui travaillent, n’ont pas de problèmes de dormir dans les usines et dans des conditions misérables, mais ce sont surtout les refugies Syriens qui ont une famille et des enfants qui cherchent a s’installer dans des zones un peu plus “adaptées” mais toujours proches du quartier industriel afin de pouvoir se rendre au travail. Jesr el Bacha fait partie de ces quartiers presque résidentiels ou l’on trouve des anciens bâtiments délaissés, habités par des familles Syriennes. Certaines familles construisent des extensions en béton, et d’autres utilisent les moyens de bords pour créer un environnement plus viable, comme accrocher des tissus ou des panneaux en bois aux ouvertures pour créer de l’ombre.
Figure 64: Un des bâtiment à Jesr el Bacha avec une extension en béton rajoutée sur l’existant.
89 Article -hirondelles de Beyrouth- jeudi 28 janvier 2010 -Les vieilles pierres de Beyrouth en danger -Pour une sauvegarde du patrimoine- Par Hassan Abbas
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Figure 65: Une ouverture couverte par du nylon et des panneaux en bois.
Comme dans tous les cas d’abris de fortune, l’intérieur de ces bâtiments est quasiment vide, et pas du tout viable; les murs et les sols ne sont pas revêtus, les meubles que l’on peut trouver sont des matelas ou des armoires qui ont été donnés, ou trouvés dans les rues et dans les poubelles. Même l’entourage de ces bâtiments est délaissé, et la verdure qui les entoure présente donc aussi un danger aux réfugiés, qui craignent les insectes venimeux ainsi que les serpents qui peuvent s’y trouver.
Figure 66: Les objets ajoutés par les réfugiés ne s’adaptent visiblement pas avec l’architecture Libanaise présente, comme par exemple cette porte en métal.
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Figure 67: L’état à l’intérieur de ces bâtiments: à cause de l’eau, le plafond risque de tomber.
b.3-Bâtiment en cours de construction: En 2010, le secteur de la construction ainsi que le secteur immobilier Libanais a continué de connaître une activité solide, les transactions immobilières ayant augmenté de 12,6% et atteint un pic historique. En effet, les chiffres publiés par l’Ordre des Ingénieurs de Beyrouth et Tripoli révèlent que les permis de construire nouvellement émis ont totalisé 17,6 millions de m² au cours de 2010, soit une croissance de 23% relativement à 2009. En 2015 sur environ 400 immeubles résidentiels en construction à Beyrouth, plus de 95 % de la main-d’œuvre non qualifiée sur les chantiers sont des réfugiés Syriens. Le phénomène n’est pas lié au conflit en Syrie, mais au fait que les entrepreneurs Libanais ont toujours eu recours à cette main-d’œuvre journalière et bon marché, d’autant qu’ils n’avaient jamais eu besoin de la déclarer. Le nombre exact d’ouvriers du bâtiment Syriens au Liban est difficile à estimer, mais les professionnels parlent d’un minimum de 100 000 personnes. Les ouvriers sont actuellement payés à l’heure, 2.5$ et lorsqu’un chantier est suspendu, on ne subit aucun coût.
Leur salaire ne suffit clairement pas à louer des chambres, et les réfugiés cherchent à créer leurs propres espaces de différentes manières, par exemple dans ces mêmes bâtiments en cours 90 de construction. Les photos que j’ai prises dans le quartier de Ain el Remani, qui a subi une élévation de construction de bâtiments résidentiels. En discutant avec le propriétaire d’un des bâtiments en état de construction, Mr Pierre Fadoul m’a expliqué pourquoi il permet aux employés (réfugiés) de dormir dans les chantiers. Premièrement, il considère qu’ils seront plus productifs, puisqu’ils ne s’absenteront pas des chantiers, et ils protègent en même temps les bâtiments et les outils qui y sont. De plus, comme les espaces pour dormir leur sont offerts, les propriétaires utilisent cela comme excuse pour réduire leur salaire, et à l’intérieur, les réfugiés sont différemment
répartis sur plusieurs étages, certains contiennent des matelas au sol, et d’autres des panneaux de bois et des tapis par terre qui servent d’ouverture. Il n’y a pas de toilettes à l’intérieur des bâtiments, les réfugiés sont donc contraints à se déplacer afin d’utiliser des toilettes publiques, et d’attendre que les bâtiments soient en phase plus développée afin qu’ils puissent utiliser les toilettes qui seront installées.
Figure 69: Dans le premier etage instalation dans une chambre limiter par des rideaux
Figure 70: Installations appartements.
dans
les
chambres
des
Figure 68: La phase de construction du bâtiment.
90 Article -L’ orient le jour - La régularisation des ouvriers syriens, un casse-tête pour les entrepreneurs - Sahar AL-ATTAR - 20/02/2015
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REHABILITATION : Cette partie est consacrée à l’étude des cas des réfugiés Syriens qui habitent dans de mauvaise conditions à cause des réhabilitations d’édifices qui n’ont pas éte concus à l’habitation comme des écoles et des usines. Dans certains cas, les réfugiés les plus démunis qui n’ont ni argent pour payer un loyer d’une tente, et qui n’ont pas les forces ni les moyens de se construire eux-mêmes des refuges, se tournent vers leur dernier abri possible, dans des écoles. Il existe deux cas de réhabilitation d’école, les locaux délaissés et réaménagés de façon permanente (tout le long de l’année), et les locaux temporairement réhabilités pour accueillir les réfugiés pendant les vacances scolaires (3 mois en été). En entrant dans les détails, on s’aperçoit que même dans ce cas-là, les familles sont souvent contraintes à payer un loyer à l’école, beaucoup moins cher certes. Les salles de classes servent alors d’abri de fortune pour plusieurs familles et la cour centrale se transforme en lieu de rencontre.
Organisme Schoolhouse - private (abandoned, ground floor only) Tow Schoolhouse - state - owned (collective centre in operation) Tow Schoolhouse - state owned (abandoned) Two Schoolhouse - private (CARITAS Lebanon migrants center) Schoolhouse - private (abandoned college) Two Schoolhouse - state - owned (looted)
Depuis 2013 il est assez rare de trouver des écoles rehabilitées pour les réfugiés, mais il en existe toujours (comme celles présentées dans le tableau ci-dessous). Cependant, le cas que je développe représente une exception puisque le responsable du collège publique Saint Takla à Nabaa a “illégalement” décidé (sans l’accord de l’état) de transformer les salles du dernier étage en logement pour les réfugiés qu’il loue à 350 $ par mois (ce qui équivaut à 320 euros environ). Les deux autres étages de l’ école gardent leurs fonctions habituelles et continuent à servirent de salle de cours. Et le second cas, dans lequel je présente une usine que le propriétaire a décidé d’entièrement réhabiliter en logements pour les réfugiés.
Regions
Ville/Village
Rachaiya
Dahr el Ahmar
Rachaiya - Hasbaiya Rachaiya
Mdoukha - Merj el Zouhour al Aqaba - Ain Atta
Zahleh
Bar Elias
Zahleh
Qabb-Elias
Zahleh
Majdel Anjar
Figure 71: Le tableau ci-dessus présente les écoles rehabilitées en logements pour les réfugiés Syriens, source-UNHCR-2015
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c.1- Dans une école Nabaa, un quartier situé dans la banlieue de Beyrouth, a historiquement accueilli les migrants les plus pauvres de la ville. Composé d’un quartier résidentiel dense, Nabaa comporte des immeubles d’habitations construits principalement dans les années 1950. Au centre du quartier, on retrouve une école entourée par une concentration de bâtiments tous similaires, ce qui leur permet de se “perdre” dans leur entourage. La façade principale de l’école se situe sur une rue de bâtiments residentiels comprenant des commerces situés au rez-de-chaussée, dans lesquels tous les habitants du quartier travaillent. L’école comprend elle-même des magasins camouflés, et permet au quartier de rester “actif ” et aux habitants de rester en mouvement pendant la journée. La deuxième façade se situe sur une rue secondaire, et est légèrement plus dégagée. L’école est constituée de 4 étages qui comporte chacun 3 balcons, ce qui lui donne un aspect de bâtiment résidentiel. Même l’entrée de l’école, composée d’une porte étroite métallique et d’un petit hall de 2m sur 2m, et d’un escalier qui permet d’accéder directement aux classes. Les 4 étages sont similaires et on y retrouve des murs remplis de dessins faits par les étudiants. Le dernier étage est divisé de la même manière que les 3 premiers, mais abritent cependant des réfugiés Syriens, et ont étés aménagés en tant que logement. Les couloirs lumineux offrent une vue sur la cours, et sont remplis de chaussures et de linges étendus devant les portes. En discutant avec les habitants du quartier, j’ai pu comprendre la complexité de la situation de cette école, dont le responsable a refusé de me rencontrer et de me permettre d’acceder à l’intérieur de l’école. Cette école, sencée être publique appartient effectivement à Mr Aoun, qui se permet grace à une protection politique de remplacer
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
le dernier étage par des logements aux réfugiés Syriens et d’en profiter pour gagner 2100 dollars par mois en plus de son salaire. Ce dernier a repartit le dernier étage en 6 unités qui permet chacune d’accueillir 4 à 5 personnes maximum, et chacune louée à 350 dollars par mois. Il est aussi important de noter que Mr Aoun ne permet aux réfugiés ni de sortir ni de recevoir des visiteurs de 9h jusqu’à 15h (les horaires des cours à l’école). A l’intérieur des unités se trouvent une salle de séjour de 3m carré, une chambre de nuit avec un seul lit et des matelas par terre utilisés par les enfants, ainsi qu’une armoire. Tout ce qui se trouve à l’intérieur des unités est en mauvais état, même les murs sont usés, fissurés, et pleins de moisissures, qui entrainent des allergies et des asthmes surtout chez les enfants. Toutes les unités souffrent des mêmes problèmes, surtout concernant le manque d’hygiène dans la cuisine de 2m carré, et des WC d’1m carré.
Figure 72 : Vue de la rue principale de Nabaa sur la façade de l’école.
Figure 73: Vue perpendiculaire à la rue principale.
Figure 74 : vue des apppartements des refugiers sur le cours ou il joue les etudiants de l’ecole
Figure 73 : Couloir qui mène aux classes.
Figure 75 : état a l’interieur des appartements
Figure 73 : Couloir du dernier étage qui mène aux logements des réfugiés.
Figure 76 : Fissures apparentes dans les murs qui présentent à la fois un danger aux réfugiés et aux étudiants.
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c.2- Dans une usine “À partir des années 1950, de jeunes artistes américains investissent des bâtiments industriels abandonnés en plein cœur des villes de New York, Chicago ou San Francisco. Ils disposent ainsi, pour un loyer extrêmement modique, d’une surface importante pouvant servir aussi bien d’atelier que d’espace privé. Il s’agit d’une démarche marginale et souvent illégale car les règlements d’urbanisme de l’époque n’autorisent pas l’aménagement des usines en habitations. Cependant, ces édifices conçus pour répondre à des usages professionnels spécifiques induisent un nouveau rapport à l’habitat : volumes vastes et lumineux, structures constructives laissées apparentes, aménagement minimal. Le 91 phénomène des lofts est né.” Ce paragraphe cite qu’aux Etats-Unis, il est clairement interdit dans les années 1950 de reconvertir et rehabiliter les usines en logements. Au Liban, même sans avoir été réhabilitées, ces usines servent aujourd’hui de logements à des milliers de personnes. Situé à 20m de l’usine qu’on a étudié à Mkaless, se trouve une famille de 12 personnes Syriennens qui loue une usine dans de terribles conditions à 350$ par mois . Cette ancienne usine n’a absolument pas été réhabilitée en logement, mais a simplement subit un changement d’usage, et est restée tel qu’elle. La cause principale qui a poussé le propriétaire à remplacer son usine par des logements pour réfugiés est la crise économique au Liban qui a surtout touché les petites entreprises. Louer son usine aux réfugiés Syriens permet donc au propriétaire d’avoir un revenu plus ou moins fixe, et cela, même si le bâtiment n’est pas du tout en condition. Pour acceder à l’usine, nous entrons par une porte de garage de 5m de largeur (initiallement utile pour transporter la marchandise) qui donne accès à un escalier qui mène à 6 paliers.
Chaque palier présente plusieurs logement pour les familles Syriennes, composées chacun d’une salle de séjour de 10x12m en forme de L, d’une chambre avec 4 à 5 matelas par terre, ainsi qu’une petite télévision, d’une chambre de stockage considérée comme la chambre de nuit des filles (avec des matelas au sol), et de deux étagères mis en place par la famille qui représente pour eux leur cuisine. Il est vrai que cet immeuble ne contient plus les machines présentes lorcequ’il avait toujours sa fonction d’usine, cependant, les murs, les sols, le plafond, ont tous étés affectés et gardent tous une identité particulière à celle des usines. Les matériaux utilisés lorsque l’usine fonctionnait toujours en tant qu’usine, ont démolis les murs et infecté l’espace de substance toxiques dangereuses pour la respiration.
Figure 77 : L’usine située à droite de l’image.
Figure 78: L’entrée de l’usine
91 Article -Insitu Revue des patrimoines - La reconversion des sites et des bâtiments industriels - Reconversions. L’architecture industrielle réinventéeEmmanuelle Real
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Figure 79: A droite de l’entrée on aperçoit trois étagères qui constituent la cuisine.
Figure 80: Ces trois images représentent l’état des murs, du sol et du plafond, tous les trois représentant un danger sanitaire.
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c.2.2 Habitations collectives dans des zones industrielles. Dans le même quartier industriel, à 10 minutes à pieds de l’usine réhabilitée, un batiment dans de trais mauvaises conditions a été reconverti en des logements collectifs pour les réfugiés qui travaillent dans les usines de la région de Mkaless . Le bâtiment de quatres étages qui était composé de plusieurs petites industries présente un rez-de-chaussée dans lequel des usines de fabrication de bois continuent de fonctionner normalement. Les propriétaires de ces usines m’ont déconseillés de rentrer à l’intérieur du bâtiment en expliquant qu’il y avait un grand écart entre nos cultures et celles des communautés qui y vivent et que cela pourrait être dangereux. Au centre de ce bâtiment, on aperçoit un hall remarquable sur trois etages qui mène aux chambres (figure 83). En face de ce bâtiment se trouve un mur (figure 84) dans lequel on voit une ouverture qui mène à l’entrée d’un espaces ou se trouve une serie d’unitées en béton positionnées les unes à coté des autres et qui peut accueillir chacune de 6 à 8 personnes. Ces unitées appartiennent à leur propriétaire qui, faute de moyen, a preferer créer ces blocs en béton bien plus rentables, au lieu de construire un bâtiment sur cette parcelle (grace aux loyers de ces blocs, le propriétaire touche jusqu’à 3000 dollars par mois). Ces 10 unitées se situent tout au long d’un grand mur qui sépare cette parcelle de l’autre. Certains de ces blocs en béton de 4m par 2m présentent une fenetre et d’autres pas. Tous ces blocs informels sont constitués de murs en parpaings et d’un toit métallique. Les salles d’eau et les toilettes (en manque urgent d’hygiène) se trouvent à l’extérieur des unités (figure 87). De plus un terrain de football situé à coté des toilettes est utilisé par les réfugiés qui ne trouvent pas un abris. Ces groupes de réfugiés sont généralement repérés par les montagnes de dechets et ordures qui s’accumulent à ces endroits.
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Figure 81: Le bâtiment dans son entourage
Figure 82: L’état exterieur du bâtiment
Figure 83: Le hall d’entrée qui mène aux appartements.
Figure 84: L’entourage d’un série de chambres collectives.
Figure 87: Les blocs qui servent de salle de bain.
Figure 85: Aperçu du désordre dans l’entourage des unités.
Figure 88: Stade de football à coté des unités dans lequel les réfugiés qui ne trouvent pas de logements dorment.
Figure 86: Vue sur l’état des unités en béton.
Figure 89: Toilettes publiques à coté du stade utilisées par les réfugiés.
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LES BIDONVILLES ET LES BANLIEUX Cette partie est dédiée a une description plus précise de l’état urbain des bidonvilles et des banlieues après l’arrivée des réfugiés Syriens. Concernant les informations présentes, je me suis basée sur un document créé par l’UNHCR (United Nations High Commissioner for Refugees) et l’UN-habitat (United Nations Human Settlements Programme). Alors que les premiers arrivés ont réussi à trouver des abris plus ou moins conventionnels et à prix abordables, ceux qui sont arrivés un peu plus tard ont eu moins de chance et n’ont pu se procurer que des refuges de très pauvre qualité. Après avoir introduit l’état urbain informel deja existant au Liban, nous allons nous concentrer sur le quartier de Al Naba’a, un quartier pauvre de Beyrouth accue illant aujourd’hui un grand nombre de réfugiés Syriens.
d.1- Etat urbain a Beyrouth Avec une pression accrue sur le logement, les 92 marchés informels dans les villes et les zones urbaines deviennent le seul moyen abordable aux familles à faible revenu. Et si ces marché de présentaient qu’un petit pourcentage des logements au Liban, toutes ces zones mal desservies se voient accroitre et ne cessent de s’élargir depuis l’arrivée des premiers migrants ruraux dans les années 50 et les personnes déplacées pendant la guerre civile (1975 à 1990). Les établissements informels se sont développés autour des grandes villes (Beyrouth et Tripoli), généralement en violation de codes de construction et des règlements d’urbanisme, et ont abouti à la catégorisation des quartiers comme quartiers mal construits et zones de taudis, et UN-HABITAT a même estimé en 2010 que du au mouvement des refugies qui se mettait en place, les «bidonvilles» représenteraient bientôt 50% du Liban(ONUHABITAT, 2010).
La majorité des réfugiés demeurant aujourd’hui dans ces quartiers souffrent de logements mal saints, de mauvaise qualité, et gravement hasardeux pour leur santé. L’environnement les conditions des logements sont généralement précaires et hautement variable; certaines structures sont temporaires, d’autres sont des bâtiments permanents (Fawaz, et Peillen,2003) et abritent des réfugiés, des migrants et des travailleurs en provenance d’Egypte, de Syrie, du Sri Lanka, de l’Irak, du Soudan et bien d’autres. La plupart des bâtiments ont de vieilles structures et présentent un niveau élevé d’humidité dans les logements, ainsi qu’un accès inadéquat aux services urbains de base (comme l’eau et l’électricité) et aux infrastructures. Il y a un manque d’aération l’absence d’éclairage naturel rend le tout encore plus hasardeux. Ce manque de services urbains par l’Etat et dans de nombreux cas par les municipalités, entrainent les habitants de ces zones mal-desservies à développer des mécanismes autonomes pour leur permettre d’accéder aux services de base.
d.2- Al Naba’a 93
Al-Naba’a, un quartier situé dans la banlieue de Beyrouth a été construit dans les années 1940 et 1950 dans les environs des banlieues industrielles de la ville et de ses premiers camps de réfugiés (Arméniens) et a toujours accueilli les migrants pauvres de la ville. Les informations de cette section sont basées sur des entretiens avec des familles de réfugiés qui habitent dans le quartier ainsi que des familles Libanaises et des fonctionnaires de la ville. Selon des études effectuées, presque 70% des unités totales de Al Naba’a sont habitées par des réfugiés Syriens. Les 30% restants ont été distribués parmi les citoyens libanais et d’autres migrants.
92 Fawaz, M. (2008). An Unusual Clique of City‐Makers: Social Networks in the Production of a Neighborhood in Beirut (1950–75). International Journal of Urban and Regional Research, 32(3), 565-585. Fawaz, M. (2009). Neoliberal urbanity and the right to the city: a view from Beirut’s periphery. Development and Change, 40(5), 827-852. Deboulet, A., & Fawaz, M. (2011). Contesting the Legitimacy of Urban Restructuring and Highways in Beirut’s Irregular Settlements (pp. 117-151). Indiana University Press. Clerc-Huybrechts, V. (2009). Les quartiers irréguliers de Beyrouth: une histoire des enjeux fonciers et urbanistiques dans la banlieue sud. Presses de l’Ifpo. Livre - The case of Beirut, Lebanon by Mona Fawaz and Isabelle Peillen - Source: CIA factbook 93 Document Publié par: UN-HABITAT / UNHCR - HOUSING, LAND & PROPERTY ISSUES IN LEBANON - IMPLICATIONS OF THE SYRIAN REFUGEE CRISIS - August 2014 -Website: www.unhcr.org - Page 49/61 , tout les informations de ce chapitre prisent de ce document
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De plus, les réfugiés Syriens sont bien plus nombreux que leurs homologues Libanais, avec 6 à 8 Syriens partageant une unité de 1 à 2 chambres, et seulement 2 à 4 Libanais. La concentration des Syriens dans ce quartier est donc encore plus élevé que celui proposé par les chiffres moyens d’occupation d’appartement d’occupation, en particulier près de la mosquée du quartier, ou l’occupation des appartements par les Syriens est de presque 100%. La proximité de Al-Naba’a à Beyrouth et donc aux emplois et aux réseaux de transport, rendent cet endroit encore plus attrayant pour les travailleurs migrants et, plus récemment, les réfugiés. Les effets de cette transformation de la population dans le quartier sont surtout négatifs, même si certains habitants expriment un certain soulagement avec le retour d’une certaine forme de « vie familiale » qui reduit fortement les incidences de combats dans les rues, causées par la forte concentration de travailleurs masculins qui mettait les habitants mal à l’aise et présentait une sorte de menace. Deux des familles Libanaise interrogées étaient
Logement Appartement d’une pièce Appartement de deux pièces
les propriétaires d’immeubles dans le quartier, et expliquaient que les seuls Libanais qui restent ici sont soit propriétaires soient bénéficient du système de « vieux locataires » et gardent des loyers très abordables malgré la hausse des prix ailleurs. Mais tous sont d’accord, ils partiraient de ce quartier a la moindre opportunité présentée, et un grand nombre de propriétaires ne vivent pas dans le quartier et ont progressivement opté pour déléguer la gestion de leurs biens à des agents immobiliers locaux. Cette tendance s’est intensifiée depuis le début de la crise des réfugiés Syriens au Liban et le départ des familles libanaises de la région.
Naba’a
Figure 90: Carte montrant l’emplacement de Naba’a sein de Grand Beyrouth .
Appartement avec services
Pourcentage 65% 15% 13%
Autres
07%
Figure 91: Types de logement a Naba’a - source UN-Habitat
Logement Appartement d’une pièce Appartement de deux pièces Appartement avec services
Loyer moyen $300 $400 $600
Autres
$300
Figure 92: Loyers mensuels - source UN-Habitat
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
De jour en jour, on aperçoit dans le quartier un vieillissement dramatique des infrastructures existantes, les ordures s’empilent aux coins des rues, les enfants jouent en plein milieu des rues, et les voitures ne peuvent presque plus se déplacer du a la forte concentration de piétons, et les décharges d’eaux usées sont fréquemment observées dans les rues. Les immeubles d’habitation ont été construits pour la plupart dans les années 1950 et sont typiquement tous détériorés. En moyenne, ces bâtiments ont cinq étages, souvent construits progressivement sur plusieurs décennies. En effet, de nombreux bâtiments avaient d’abord été développés comme unités de rez-de-chaussée durant les années 1950, et ce sont progressivement étendues avec les étages supplémentaires qui ont été ajoutés dans les années 1960. La plupart de ces bâtiments sont structurellement défectueux et constituent un danger pour leurs occupants. Depuis les années 1990, l’aspect informel de Al Naba’a a augmenté largement, et les appartements de 2-3 pièces existants ont été subdivisés en plusieurs unités à pièce unique où la cuisine et la salle de bains ont été ajoutés, et dans certains cas partagés entre plusieurs familles. De plus, de nombreux propriétaires ont ajouté une chambre ou deux sur le toit de leurs bâtiments, des constructions illégales. La plupart des bâtiments dans Al Naba’a sont en violation des règlements de construction et de zonage et n’ont ni la hauteur ni la taille requises, et ne disposent pas non plus d’un éclairage et d’une ventilation suffisante. Les approbations de construction sont fournies par la force locale de police, des miliciens, ou d’autres acteurs du secteur informel, contre une petite somme, plutôt que par des organismes officiels de planification.
L’unité d’habitation typique loué aujourd’hui par un ménage Syrien dans ce quartier Naba’a ne représente qu’une chambre simple avec une salle de bains et une kitchinette. Sur cinquante résidences, plus de la moitié des ménages occupe une chambre individuelle subdivisée d’un appartement d’origine, tandis que seulement 10% des logements ont gardé leur dimension initiale de 2 à 3 chambres et abritent généralement de ou plusieurs familles. Comme nous l’avons précisé, la taille des ménages Syrien est bien au-dessus du chiffre médian des ménages Libanais, et dans ce contexte, la surpopulation est une préoccupation majeure. Interrogés sur la qualité de leurs logements, les résidents s’abstiennent généralement de se plaindre, et certains expriment même leur satisfaction sur leurs conditions de logement. Cependant, rien qu’une enquête visuelle et rapide reflète la réalité difficile dans laquelle ils vivent, tant en termes de la qualité du logement que de l’infrastructure partagée du quartier. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, les unités sont dans de mauvaises conditions, et la scène typique présente des fissures structurelles ainsi que la peinture écaillée dû à l’humidité, et le manque d’éclairage et de ventilation, en particulier dans les régions centrales du quartier où la concentration de réfugiés est plus élevé (presque 100%). Le niveau de services à Al Naba’a est l’un des plus pauvre de Beyrouth, et bien que ceux relativement mieux lotis sont en mesure de payer pour des services « de qualité supérieure », se permettent d’acheter de l’eau et de l’électricité, tandis que la majorité traite de pannes fréquentes et de coupures systématiques. De plus, du à l’augmentation rapide du volume de déchets solides, la collecte des ordures est devenue un
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Figure 93: Conditions à l’intérieur d’un abri de réfugié a Naba’a - Beyrouth-Liban
défi majeur à travers le pays, et entraine des montagnes de poubelles à tous les coins de rue. Toutefois, les systèmes informels de recyclage qui existent dans le quartier répondent à la demande accrue. Environ 70% des bâtiments situés dans ce quartier sont gérés par des médiateurs ou des agents immobiliers et non par les proprietaires eux-meme, et cela se retourne clairement contre les locataires puisqu’ils qu’il qualifient ces agents de «trop durs » et « politiquement soutenus », ce qui rend evidemment les negociations plus difficiles qu’avec les proprietaires qui sont souvent plus « humains » et « souples ». Inévitablement, les habitants de long terme avec une certaine expérience dans le marché de la location expliquent qu’ils évitent généralement de louer aux agents immobiliers et préfèrent traiter directement avec les propriétaires, et plusieurs cas ont été documentés dans lesquels les résidents à long terme avaient choisi de démenager dans un nouvel appartement pour louer directement auprès du propriétaire, plutôt que d’avoir à faire avec les agents immobiliers.
Dans un cas, le locataire a expliqué qu’il pourrait au moins “supplier” le propriétaire de ne pas augmenter le loyer, quelque chose qu’il ne pourrait pas faire avec un agent immobilier. Cette tendance entraine donc une réduction de la flexibilité à l’égard des paiements et de la capacité à négocier, et les réfugiés sont en conséquence sont dans un état de logement plus vulnérables et la menace d’expulsion est plus susceptible de se produire. Même si ce phénomène n’est pas né du au conflit en Syrie, la forte demande de logements dans le quartier a certainement exacerbé la tendance et a également encouragé les propriétaires Libanais à quitter leurs résidences et louer 94 leurs appartements à des tarifs plus élevés aux réfugiés Syriens, dont la majorité ne dispose ni d’un contrat écrit ni un accord détaillée. En effet, plus de 75% des locataires interrogés ont reconnu qu’ils n’avaient pas de contrat écrit avec l’agent immobilier ou le propriétaire. Et dans certains cas, les locataires ont des contrats, mais ils n’ont presque jamais enregistré à la municipalité. Selon un locataire, «Quand nous avons demandé au propriétaire pour un contrat de location, il nous a dit que nous devrions nous inscrire à la municipalité et payer des impôts. Nous ne pouvons vraiment pas nous permettre de payer plus!» Le loyer typique pour une chambre à Al Naba’a varie de 250 à 300 dollars, en sachant qu’un montant supplémentaire de 50 dollars est généralement payé pour les services, et que le revenu mensuel moyen d’un travailleur Syrien au Liban est de 275 dollars par mois. De nombreux réfugiés Syriens ont exprimé leur sentiment d’insécurité et de stress dû à la crainte d’être incapable de payer le loyer et le harcèlement fréquent des agents immobiliers.
94 Les loyers chère à Beyrouth Bou Akar, H. (2005). Displacement, politics and governance: access to low-income housing in a Beirut suburb (Doctoral dissertation, Massachusetts Institute of Technology).
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
Cependant, les agents expliquent que ce sentiment d’augmentation de loyer n’est en réalité que dû au fait que 75% des ménages sont passés d’un appartement partagé entre travailleurs, » à un appartement partagé entre des familles (qui n’ont chacune qu’un seul revenu). En conséquence, le fardeau du loyer a augmenté de façon spectaculaire pour ces ménages, même si le loyer effectivement payé reste inchangé.
Figure 94: Exemplaire d’un bâtiment a Naba’a - Beyrouth, Liban
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Inversement, les quelques entrevues qui ont été menées avec les familles Libanaises révélent des augmentations sévères dans le prix du loyer malgré la détérioration de la qualité de vie, rendant Al Naba’a un choix de logement relativement indésirable pour ces familles. Cette augmentation de loyer peut être expliquée par le départ des propriétaires qui jusque-là vivaient dans les bâtiments qu’ils préféraient louer à des familles Libanaises, souvent à des taux inférieurs parce qu’ils étaient perçus comme des «voisins souhaitables». Toutefois, la demande croissante semble avoir encouragé ces propriétaires à quitter le quartier et louer leurs appartements à des familles de réfugiés auxquelles ils pourraient exiger des taux plus élevés. L’incapacité de payer le loyer engendre donc le plus grand risque d’expulsion, et non les pratiques sociales ou la nationalité des locataires. Les agents immobiliers en particulier, sont très intolérants au sujet des retards dans le paiement du loyer, et pour l’instant, la stratégie typique pour les réfugiés Syriens pour rendre les loyers plus abordables a été d’augmenter le nombre de familles qui partagent les mêmes locaux. Toutefois, les propriétaires et les agents immobiliers peuvent ensuite utiliser cela pour justifier une augmentation du loyer. Plusieurs locataires ont confirmé qu’ils avaient déjà été expulsés, et estimaient tous qu’il été normal d’être expulsé s’ils ne pouvaient pas payer le loyer, ils ont donc rarement remis en question l’équité de cette situation ou demandé une aide extérieure. La demande accrue de logements favorise clairement les propriétaires, et les réfugiés sont en general bien informés que les propriétaires n’hésiteraient pas à les expulser à défaut de paiement, comme d’autres locataires peuvent être trouvés très rapidement.
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MAL-LOGEMENT des réfugiés Syriens
En conséquence, l’expulsion se fait sans aucune notification écrite préalable et aucun processus officiel. Dans la plupart des cas, le propriétaire émet plusieurs avertissements oraux pendant la durée d’au moins un mois, parfois plus, avant de procéder à l’expulsion.
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LES REFUGIES CHEZ LES REFUGIES : Apres l’étude du document des Réfugiés Palestiniens au Liban par Sherif El Sayed Ali, et « Investigating Grey Areas », un document mis en place par UN HABITAT, on constate que le logement est l’un des problèmes les plus graves touchant les 450 000 réfugiés Palestiniens 95 inscrits au UNRWA au Liban. En effet, les 53 % d’entre eux qui habitent dans les 12 camps de réfugiés officiels à travers le pays souffrent de pauvreté, de surpeuplement et en général, de très mauvaises conditions de logement et un manque d’infrastructures. À la suite de la guerre civile Syrienne de 2011, 60 000 Palestiniens, aux côtés des 2,2 millions de Syriens ont fui le pays en 2013. Les réfugiés Palestiniens représentent aujourd’hui au Liban plus de 10% de la population et sont incapables de réclamer les mêmes droits que les autres étrangers vivant et travaillant au Liban, et la superficie de terrain occupé par les camps de réfugiés officiels qui contiennent 69 écoles dédiés à l’enseignement des enfants Palestiniens, et 27 centres de santé, est restée presque inchangée depuis 1948, malgré une croissance substantielle de la population de ces camps. Les familles de réfugiés se doivent donc souvent de construire des pièces ou étages supplémentaires afin d’accueillir d’autre personnes, et certains foyers abritaient jusqu’à dix personnes dans une seule pièce. La politique du gouvernement Libanais est largement responsable des infrastructures peu convenables ainsi que des mauvaises conditions de logement. Ces camps officiels comprennent quasiment tous des maisons construites en briques et
en béton, ainsi que des routes pavées qui nécessitent un entretien régulier. Cependant, depuis la fin des années 1990, les autorités ont interdit l’entrée de matériaux de construction à l’intérieur de tous les camps dans le sud du Liban, là où les camps sont les plus grands et cela a donc entraîné la détérioration des habitations et de l’infrastructure. Parmi ces 12 camps, j’ai choisi un des camps les plus imposants au Liban afin de le développer davantage et d’étudier son impact sur ses environs : Le camp de Nahr el Bared, situé à Tripoli, une ville acceuillant une des plus grandes concentrations de réfugiés Syriens et confrontant les mêmes problèmes qu’à Beyrouth à l’échelle du camp et de la ville.
e.1-Les principales causes de rassembement des réfugiés Palestiniens et Syriens. Depuis Mars 2011, plusieurs camps et rassemblements dans tous les coins du Liban accueillent un nombre croissant de réfugiés 96 fuyant le conflit en Syrie. Une grande partie de ces familles de réfugiés sont des réfugiés Palestiniens qui vivaient en Syrie, et s’installent donc dans ces camps et rassemblements suivants leurs relations familiales et sociales. Selon une évaluation des besoins menée par l’UNRWA en 2014, environ 29% de ces familles de réfugiés sont hébergés par des parents et amis dans des lieux déjà surpeuplées, tandis que 71% se voient contraints à payer un loyer. La majorité de ces réfugiés vivent dans de mauvaises conditions, et au moins un quart d’entre eux s’abritent dans des logements de très mauvaise qualité et absolument pas conçus pour y résider (ANERA 2013, Mercy Corp 2013).
95 Document - INVESTIGATING GREY AREAS - Access to Basic Urban Services in - the Adjacent Areas of Palestinian Refugee Camps in Lebanon. Website: www.undp.org.lb 96 Document - Profiling Deprivation An Analysis of the Rapid Needs Assessment in Palestinian Gatherings Host Communities in Lebanon.
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La première explication concerne surtout l’histoire des camps de réfugiés Palestiniens dans la région, où de nombreux liens avaient été créés avec les réfugiés Palestiniens se trouvant de l’autre côté des frontières. Comme nous l’avons déjà précisé, 29% des réfugiés Palestiniens de Syrie arrivant au Liban sont hébergés par des amis ou des parents, des réfugiés palestiniens du Liban, qui sont fréquemment soumis à des frais supplémentaires et se voient contraints à partager les ressources limitées existantes sans aides ni soutien de la part du gouvernement 88 Libanais. Cependant, malgré les mauvaises conditions de vie de ces réfugiés, certains préfèrent encore habiter dans ces camps plutôt que se voir contraints à devoir payer un loyer tous les mois, sachant que les conditions les réfugiés locataires ne sont pas forcément meilleures que celles de ceux hébergés chez des amis ou de la famille. La deuxième explication découle des motifs de logements dans la ville et les moyens par lesquels les réfugiés sont arrivés au Liban. Avant même la guerre en Syrie, des centaines de milliers de travailleurs Syriens vivaient et travaillaient au Liban et ne recevaient qu’un salaire très bas. Cela les obligeait donc à trouver des installations et des logements à moindre cout, tout en restant en ville, ce qui comporte donc des établissements informels, y compris des rassemblements, et des camps. Etant donné l’absence des subventions publiques en encore plus, d’une politique encourageant la production de logements abordables, la grande majorité des arrangements et des abris mis en place pour les réfugiés au Liban ont été établis dans un segment informel du marché foncier et du logement. En conséquence, les différents camps ainsi que les rassemblements
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ont été rapidement connectés aux marchés de l’habitation des villes par le biais de la mobilité de ces travailleurs qui allaient souvent se retrouver dans des camps et des colonies indistinctement, tous à la recherche d’un abri près des opportunités d’emploi qu’ils pourraient saisir. La dernière raison que nous allons élaborer concernant l’afflux de réfugiés Palestiniens et Syriens dans les camps déjà existants et surpeuplés est celle des résultats des structures du marché du travail qui ne laisse que très peu de possibilités et d’opportunités aux Palestiniens de générer des revenus stables. En conséquence, les réfugiés Palestiniens habitant déjà dans ces camps n’hésitent pas à saisir la possibilité de générer des revenus grâce à la location de leurs chambres et /ou appartements, même si cela vient au détriment de leurs conditions de vie. Il est donc habituel de voir les résidents de ces quartiers, à chaque opportunité présentés, mettre en place des sortes d’extensions à leurs logements déjà saturés, et à faire usage de bâtiments structurellement défectueux afin de les louer et générer des revenus. Cela résulte évidemment en une détérioration dramatique des conditions de vies des habitants dans ces camps et dans les entourages, particulièrement à Beyrouth. Dans ce contexte, il n’est donc pas surprenant que ces rassemblements et camps aient accueilli un si grand nombre de réfugiés Palestiniens et Syriens en provenance de la Syrie. Une évaluation rapide des besoins avait estimé le nombre total de nouveaux réfugiés en provenance de la Syrie qui s’installent dans les rassemblements mis en place au Liban à 30 000 personnes, dont 87% sont des réfugiés Palestiniens.
La plus grande concentration de réfugiés Palestiniens en provenance de la Syrie se trouve dans les zones de rassemblements situées dans la région de Saida au sud du Liban, avec une estimation de 38,5% du total des réfugiés Palestiniens de Syrie, et une forte concentration autour du camp Ain el Helwe. Ce nombre est suivi de celui de la ville de Tyr avec 21,5% du total, de la Bekaa avec 19%, du Nord du Liban avec 17%, et finalement de Beyrouth avec 4% seulement du total des réfugiés Palestiniens qui ont fui la Syrie pour se réfugier au Liban.
e.2- Accès aux logements et aux services urbains basiques.97
Cette partie présente la situation des rassemblements de réfugiés au Liban au niveau de leurs logements et des abris mis en place, en se concentrant sur les typologies, et conditions de vie tels que les services urbains de base y compris l’eau, l’assainissement et l’hygiène ainsi que les routes et l’électricité. Les résultats et exemples présentés sont tirés principalement à partir du document Investigating Grey Areas, et certaines informations provenant d’autres sources comme des sources locales ou des personnes interrogées. Contrairement aux douze camps officiels au Liban, les rassemblements ne sont pas couverts par les services de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA - United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East en anglais). De même, les municipalités ne sont en général pas en capacité de fournir ces services dans les rassemblements qui entrent dans leur domaine
géographique, et l’absence d’une entité formellement responsable de la fourniture de services, entraine une dégradation des conditions de vie dans les rassemblements palestiniens, qui faisaient déjà face à des conditions de vie précaires avant l’arrivée des réfugiés en provenance de la Syrie. La situation a aggravé avec l’afflux de nouveaux réfugiés en provenance de Syrie; qui engendre un aggravement problèmes majeurs de ces rassemblements qui concernent surtout la surpopulation, l’accès inadéquat à l’eau, les services d’infrastructure déficients, qui sont notamment tous exacerbés par la forte demande des nouveaux arrivants. Ceci vient notamment du résultat naturel du fait que les rassemblements de réfugiés au Liban sont pour la plupart installés dans des espaces inhabitables tels que des garages et des logements inachevés. Malgré les activités mises en place par les communautés des donateurs est la mise en œuvre au niveau de l’aide aux réfugiés en provenance de la Syrie, les fonds pour mettre à niveau les environnements de vie dans lesquels se trouvent rassemblements de réfugiés au Liban restent limitées, et basé sur les résultats de plusieurs enquêtes, il a été possible d’identifier les besoins immédiats des refuges et leur répartition géographique approximative. La plupart des abris et logements des réfugiés nécessite une étanchéisation appropriée, y compris l’installation de portes et de fenêtres, ainsi que dans plusieurs cas, la réparation du toit et des interventions sur les services de l’eau couvrants les installations de toilettes, des chaudières, et des connexions d’égouts ainsi qu’un travail sur le partitionnement interne afin de sécuriser la vie privée et la
97 Document - Profiling Deprivation An Analysis of the Rapid Needs Assessment in Palestinian Gatherings Host Communities in Lebanon-Author: Jad Chaaban, Independent Consultant Contributors: Mona Fawaz, Professor at AUB Lara Batlouni, Researcher Nancy Hilal, Project Manager - UNDP Chapter 1: Introduction -Gatherings in the Current Syria Crisis- page 16 Dahdah, A. (2015). Négocier sa place chez l’autre. Les migrants dans les espaces palestiniens à Beyrouth. Revue européenne des migrations internationales, 30(2), 25-47. Zaki, H. C. A. (2015). Les réfugiés de Syrie dans le camp de Chatila: conflits de légitimité et solidarités entre «nouveaux» et «anciens» réfugiés. Confluences Méditerranée, (1), 49-59.
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protection spécifiquement des abris qui accueillent plus d’une famille avec des enfants, un accès a l’électricité, et finalement, une solution concernant l’excès de déchets solides.
e.3- Nahr el Bared En étudiant le cas du camp de Nahr el Bared Camp situé à quelques kilomètres de Tripoli, au Nord du Liban, on aperçoit son extension qui se fait bien remarquée, autant géographiquement que démographiquement. En effet, cette extension abrite aujourd’hui les familles de 98 refugiées les relativement plus aisées. Cette extension est aujourd’hui reconnue sous le nom du “nouveau camp” comprenait auparavant un quartier que l’on appelait “Mouhajarin” (traduction arabe des Déplacés) car il a été créé durant la guerre civile par les réfugiés palestiniens déplacés d’autres camps au Liban. Ce quartier a été détruit durant le conflit de 2007,99 et est actuellement en cours de reconstitution par le biais d’organisations. Evidemment, tous les quartiers du camp de Nahr el Bared présentent des caractéristiques communes en termes d’accès aux services urbains de base avec les autres camps que nous avons étudiés précédemment. Après la fin du conflit en 2007, l’UNRWA a divisé le camp de Nahr el Bared en cinq secteurs; Un secteur, situé dans les limites municipales de Bhannine, et les quatre autres secteurs situés à l’intérieur des limites municipales de Mohammara. Après avoir obtenu l’autorisation des Forces de l’armée libanaise, L’UNRWA visite le terrain afin d’examiner les principaux domaines et de déterminer et identifier les besoins nécessaires pour loger les habitants.
Figure 95: Camp de Nahr el-Bared - Cette axonométrie représente la reconstruction d’une partie de la zone détruite
La population dans l’extension du camp de Nahr el Bared a récemment doublé de taille en raison de la réinstallation des familles déplacées en provenance du camp même en 2007. Le surpeuplement a entraîné l’aggravation des conditions de vie dans l’extension du camp en raison de la pression exercée sur les services urbains de base et les réseaux d’infrastructure. En outre, certaines familles déplacées vivent dans des garages qui ont été transformés en abris temporaires, tandis que d’autres vivent dans des unités métalliques préfabriquées temporaires appelés Barraksat qui ont été construits par l’UNRWA pour l’hébergement d’urgence des familles déplacées. Afin d’améliorer les conditions de vie dans le camp de Nahr el Bared et son extension, et favoriser la récupération, l’UNRWA a lancé un programme d’urgence dans lequel elle offre actuellement des services éducatifs et de santé dans les écoles nouvellement créées ainsi que des soins de santé dans certains centres de la région. Certains réseaux d’infrastructure ont été
98 Document - INVESTIGATING GREY AREAS - Part Two -Section II: Adjacent Area Surrounding Nahr el Bared Camp (NBC)- page 98/109 99 Le 20 mai 2007, l’armée libanaise lançait une offensive contre un groupuscule islamiste radical, Fatah el Islam, retranché dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el Bared. Nahr el Bared est l’un des plus grands camps du Liban avec 31 000 habitants recensés.
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réhabilités et modernisés par l’UNRWA et d’autres agences des Nations Unies ainsi que des ONG grâce à des contributions de la communauté internationale des donateurs. La gestion et l’état des services urbains de bases l’eau étaient initialement disponibles dans le camp en quantités suffisantes à travers le réseau de l’UNRWA. Les habitants dépendaient en effet de puits et de « châteaux d’eau », établis par l’UNRWA. Cependant, après 1982 et avec l’augmentation du nombre de la population, des ONG ont du intervenir pour la construction de deux nouvelles tours d’eau et d’en remplacer une ancienne, et par la suite, en 1990, l’UNRWA a du remplacé ces deux puits par des puits à plus grande capacité. Plus tard, l’UNRWA a construit de nouvelles lignes primaires et réhabilitée du réseau. Quatre mois avant le conflit, l’ensemble de réseau des eaux usées a été amélioré et réhabilité par des efforts conjoints d’ONGs.
Figure 97: Photo aérienne du quartier “ Sasa’a “ avec les zones adjacentes du camp | AKAA / Abdelnaser Ayi
Figure 98: Photo aérienne, zoom sur le quartier “ Sasa’a” AKAA / Abdelnaser Ayi
Figure 96: Camp de réfugiés de Nahr el -Bared avant la reconstruction | AKAA -Dans le conflit 2007, l’ancien camp a été détruit source www.albared.wordpress.com complètement, bâtiments complètement détruits
Le manque de financement a drastiquement ralenti la reconstruction du camp. On constate deplus beaucoup de corruption dans l’attribution des marchés aux entrepreneurs en bâtiment, souvent lié à des hommes politiques Libanais. En outre les parties reconstruites presentent des défauts de construction, les bâtiments ne respectent pas les normes, les habitants doivent souvent refaire des travaux, pour des problèmes de fuite d’eau par exemple. La superficie moyenne des appartements est réduite, car les rues ont été élargies au détriment de la surface dédiée aux habitations.
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L’UNRWA avait décrété un état d’urgence tant que le camp n’aurait pas été reconstruit. Mais en juillet 2013, la décision a été prise de lever cet état d’urgence, alors que la reconstruction n’est pas terminée. Près de 1000 familles ont par cette décision perdu leurs indemnités. Apres avoir interrogé Nawal Mohamad Hassan, 100 coordinatrice des programmes de Najdeh dans le camp de Nahr el Bared au Nord du Liban, Elle nous donne son témoignage précieux sur la situation des réfugiés Palestiniens dans le camp de Naher el Bared au Liban, qui doivent accueillir désormais d’autres réfugiés en provenance de Syrie. L’arrivée de centaines de milliers de nouveaux réfugiés en provenance de Syrie a-t-elle un impact sur les Palestiniens ? Les réfugiés Syriens au Liban representent aujourd’hui plus d’un million, dans un pays qui ne compte que quatre millions d’habitants. Cette présence a un impact sur l’économie Libanaise, en particulier sur le chômage, car la main d’œuvre Syrienne est meilleure marché. Dans ce contexte d’arrivée massive de nouveaux réfugiés, les discriminations historiques à l’égard des réfugiés Palestiniens ne s’améliorent pas, mais se durcissent. Le nouveau camp de Nahr El Bared, dont la reconstruction est loin d’être terminée, accueille-t-il désormais de nouveaux réfugiés en provenance de Syrie ? Effectivement, nous accueillons désormais un grand nombre de réfugiés palestiniens de Syrie. A Nahr El Bared plus de mille familles sont arrivées. Elles sont logées dans des garages ou des habitations provisoires. Certaines sont
accueillies par de la famille, d’autres doivent louer leur logement. C’est difficile pour elles, car ces familles avaient avant la guerre un bien meilleur niveau de vie qu’ici. La tension est très grande dans notre camp, qui est cerné par des barrages de l’armée libanaise. Nous, habitants du camp, avons le droit de sortir, mais pas les réfugiés palestiniens syriens, qui ne peuvent se déplacer en dehors sans laissez passer. Comparé aux autres réfugiés syriens qui peuvent aller et venir, les réfugiés palestiniens de Syrie subissent une discrimination particulière de la part des autorités libanaises. Ils sont vraiment sous pression, et doivent sans cesse payer pour renouveler leur permis de séjour. Comment s’organisent les aides pour les réfugiés Palestiniens de Syrie ? Les réfugiés Palestiniens de Syrie reçoivent des aides de l’UNRWA, mais de manière non 101 régulière. Avec Najdeh, nous avons créé une cellule d’urgence, pour accueillir les réfugiés à leur arrivée : nous leur fournissons une aide matérielle et, quand nous avons des financements d’ONG européennes, une aide financière. Pour gérer cette aide, nous employons des réfugiés palestiniens de Syrie. Nous faisons aussi en sorte que les réfugiés de Syrie puissent intégrer nos programmes déjà en place dans les camps : soutien psychosocial (surtout que certaines familles sont très traumatisées), jardins d’enfant, formations professionnelles, violences contre les femmes. Nous évitons d’aborder les questions politiques Syriennes, car les Palestiniens de Syrie ne sont pas toujours d’accord entre eux. Nous ne souhaitons pas aggraver les tensions, et travaillons d’abord sur un appui social et psychologique.
100 Article - terre solidaire - Au Liban, les réfugiés palestiniens discriminés - Publié le 23 mai 2014 101 L’EPER a donc mis sur pied un projet d’aide financière directe en collaboration avec son organisation partenaire locale, Najdeh, et avec le soutien financier de la Chaîne du Bonheur. Ce projet est destiné à aider 949 familles de réfugiés syriens et 190 des familles d’accueil palestiniennes. Grâce à ce projet, chaque famille bénéficiaire reçoit un pécule mensuel de 100 dollars et chacune des familles d’accueil une somme de 50 dollars, montants crédités sur une carte de débit.
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Malgrés la volonte des Ongs et les aides fournies par UNRWA les refugiés en provenance de Syrie est particulierement ceux d’ origine Palestiniennes se retrouvent dans des situations bien plus misérables au sein du camp de Nahr el Bared. Les situations déja difficiles des refugiés Palestiniens présentes depuis les années 1948 ne font que de degrader et atteingnent aujourd’huit une misère aussi austère que dangereuse.
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f.1-Sous-location : Il existe plusieurs cas de sous-location, mais les plus fréquents au Liban restent ceux concernant les familles Syriennes qui trouvent refuge dans des hangars, des garages ou même des usines, et se mettent d’accord avec les propriétaires sur les moyens de paiement (certains proposent de travailler pour eux en échange contre un abri, et d’autres se doivent de leur payer un loyer.) L’ usine a Mkaless : Dans la même zone industrielle que j’ai précédemment développée situé à Mkaless, j’ai pu poser des questions à un homme Syrien qui a trouvé refuge dans une usine de bois et qui habite là-bas depuis presque un an. Lors de son arrivée au Liban, il avait initialement trouvé un abri dans un local collectif ou résidaient d’autres réfugiés, et a aussi trouvé du travail dans une usine à proximité. Quelque temps plus tard, son employeur lui a proposé d’habiter dans l’usine même, dans une pièce de 6m2. Voici quelques photos de l’intérieur de l’usine de bois, ainsi que la pièce qu’il loue actuellement. En discutant davantage avec Mohamad, il m’a exprimé sa gratitude en disant qu’il préfère vivre dans ces conditions au lieu de demeurer dans son ancien logement et de payer 250 dollars par mois (tout en sachant que les conditions étaient tout autant misérables.) Etat extérieur : Le bâtiment est situé dans une zone industrielle et est entouré d’autres usines, il n’est pas conforme aux normes d’habitation, n’est pas sécurisé (machines à couper le bois, débris de métal, risque d’incendie…) et ne présente pas de revêtements au mur. L’image 2 nous permet d’apercevoir à l’intérieur de l’usine un sol brut sans revêtement, il n’y a pas de réelle organisation dans l’emplacement des machines ni des matériaux de travail (planches de bois adossées contre le mur : image 2) . Les fenêtres sont petites et très hautes, créant ainsi une ambiance morbide et un faible éclairage (image 2). Les images 3 présentent l’état de la salle dans laquelle loge le refugie Syrien qu’il a lui-même réaménagé utilisant les restes de bois utilisés dans l’usine.
Figure 99 : cette image présente le bâtiment ou se trouve
Figure 100 : intérieur de l’usine en bois
Figure 101 : image présentent l’état de la salle dans laquelle loge le refugie
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f.2-La location: Le garage a Qaraoun : Par la même occasion, j’ai eu la chance de pouvoir visiter Qaraoun, un village où se trouvent plus de 5000 milles refugies qui sont logés dans des tentes. Ayant rencontré le maire, il m’a préciser qu’il existe de nombreux types d’habitation et de sous-location particulièrement dans des usines ou alors, des personnes qui louent des garages ou des boutiques à des familles. Une des familles que j’ai pu visiter loue actuellement un local qui servait auparavant d’un garage. Comme on peut l’apercevoir sur l’image, le store métallique qui sert de porte est complètement rouillé et n’est en aucun cas isolant. De plus, dû au manque d’espace, on aperçoit une accumulation d’objets à l’entrée du local ainsi qu’un fil tendu afin de pouvoir étendre le linge. L’intérieur présente un espace de 6m x 3m vide, ne contenant que quelques matelas au sol offerts par les habitants du village.
Figure 102 : Un garage pour refuge Depuis deux ans, Ahmad, sa femme et ses deux enfants, originaires de la Ghoutta en Syrie, vivent à Qaraoun, dans la région de Bekaa al gharbée au Liban... dans un ancien garage, loué pour 200 dollars par mois.
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Plusieurs réfugiés louaient des appartements lors de leur arrivée au Liban. Toutefois, comme leur vulnérabilité s’est accrue, ils sont de plus en plus nombreux à devoir se résoudre à vivre dans des bâtiments en construction inachevée, des garages, des hangars abandonnés, des chantiers et des tentes dans des sites spontanés. Il reste cependant quelques cas de familles provenant de classe moyenne et riche qui loue ou même achète des résidences dans des quartiers riche du Liban. Les appartements dans les quartiers riches : Au début de la guerre un nombre des refugiés Syriens ont loué des chambres dans des hôtels pensant que la guerre civil ne durera pas longtemps, et d’autres avaient la chance d’avoir des relations avec des familles Libanaises qui les ont accueillis les bras ouverts, pensant aussi que la guerre ne durerait pas. J’ai pu rencontrer un autre homme Syrien qui m’a ouvertement raconté son expérience depuis son arrivée au Liban. Fadi, 38ans vient d’un niveau social moyen et a dû se réfugier au Liban lors du début de la guerre en Syrie. Il emménage donc avec sa femme et ses deux enfants chez son cousin Libanais qui l’a accueilli pensant que ce n’était qu’une situation de quelques semaines. Cependant, lorsque les deux familles ont compris l’importance du conflit, Fadi a du dépenser tout l’argent qu’il avait ramené avec lui de la Syrie afin de scolariser ses enfants, et afin de pouvoir louer un appartement qu’il a trouvé à Antelias, a 15km de Beyrouth, a 700$ par mois, il travaille dans une usine de fabrication de bois, en sachant qu’en Syrie, il était lui-même propriétaire d’une usine, et a tout perdu lors de la guerre.
Les personnes qui avaient loués des chambres d’hôtel ont elles aussi rapidement compris qu’elles n’étaient plus que des simples touristes mais qu’ils étaient maintenant contraints à vivre en dehors de leur pays. En fonction de l’argent que ces personnes ont réussi à ramener de la Syrie, ils ont tous cherché à louer des appartements afin de mener une vie plus ou moins stable malgré les évènements.
Figure 103 : Bahira, 100 ans, a été obligée de fuir vers la capitale libanaise, Beyrouth, a l’ Achrafieh, dans un quartier moyen, d’un loyer de 900$ par mois. source © HCR/A. McConnel
Les Hotels :
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Voici un exemplaire telque Mr Hani Abdel Malek, le gérant d’un luxueux hôtel de Bhamdoun s’attendait à une mauvaise saison lors du début des conflits en Syrie en 2011, comme les riches touristes du Golf « boudaient » le Liban. Bhamdoun, à une trentaine de km à l’est de Beyrouth, est un lieu de villégiature prisé en été par les touristes saoudiens, koweïtiens, émiratis et qataris qui recherchent la douceur des hauteurs de Beyrouth.
Mais le conflit en Syrie, les rumeurs de rapts crapuleux au Liban et les recommandations des monarchies du Golfe à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Liban ont gâché la saison pour les hôtels de la région et de Beyrouth. “Les Syriens l’ont malgré eux sauvée”, résume satisfait le patron d’un hôtel de Bhamdoun. Du jour au lendemain, tout a changé, et des centaines de Syriens ont afflué à son hôtel pour fuir les combats à Damas. Les 82 suites de l’hôtel Al-Safat étaient vides, et Mr Abdel Malek explique « Ces familles sont arrivées, les bras chargés de sacs, et de paquets. Tous Syriens, tous de Damas. Je n’ai pas posé de questions. Pour moi, ce sont des clients, pas des réfugiés ». Dans la soirée, l’hôtel était complet. Partout, de Bhamdoun à Beyrouth, les hôtels ont connu une augmentation de la fréquentation, selon Pierre Achkar, de l’association des propriétaires d’hôtels du Liban. Au total, plus de 30.000 Syriens ont traversé la frontière pour trouver refuge dans des hôtels au Liban. Devant les hôtels et les maisons de location occupés par les réfugiés on aperçoit des voitures immatriculées en Syrie, du étendu sur les balcons, des enfants qui jouent aux cartes dans les rues, et les hommes, réunis dans les lobbys des hôtels, discutent en fumant. Ces familles n’ont pu ramener que le stricte nécessaire avec eux, vêtements pour les enfants, et bijoux de famille qui valent des fortunes. Elles appartiennent toutes à la classe moyenne supérieure ou riche, la bourgeoisie de Damas, divisée entre soutien à la révolution et neutralité. Certains craignent devoir rendre des comptes sur leurs richesses à la faveur d’un changement de régime.
102 Article -L’ obs-monde - Au Liban, les réfugiés syriens remplacent les riches touristes du Golfe - Publié le 24-07-2012
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2.2 Enquête expérimentale et étude sur les statuts des personnes habitants dans différents types d’habitations. 103
Les entretiens que j’ai pu mener avec plus de 60 réfugiés Syriens ont structuré mes études et mes recherches, tout en appuyant mes hypothèses démontrant que 90% des refugiés vivent dans des conditions de vie déplorables et manquent tous de nourriture. Leurs besoins diffèrent cependant en fonction de leur niveau de vie et de leur logement, certains se plaignent des températures trop basses ou trop élevées ou du manque d’isolation, et d’autres craignent que leur toit ne s’effondre sur leur tête. Le discours des refugiés et leurs demandes m’ont permis de répartir cette enquête sur 3 points principaux. Le premier élabore le besoin que tous les réfugiés ont en commun, et dont ils manquent tous, quel que soit leur logement : la nourriture. Les deuxième et troisième point se concentrent plus les besoins plus particuliers et spécifiques qu’ont les refugies en fonction de leur logement et de leur niveau de vie.
Le premier souci dont m’ont fait part tous les réfugiés Syriens que j’ai interrogés, et l’un des seuls qu’ils avaient tous en communs, concernait le manque de nourriture. En effet, 65% des réfugiés Syriens déclare qu’aucun membre de leur famille ne trouve de travail, et malgré les aides de l’ONU qui ne représentent que 19 dollars par personne et par mois, cela ne suffit quasiment jamais à nourrir toute la famille et tous les jours. De plus, 35% des familles qui ont « la chance » d’avoir au moins un des membres qui travaillent, touchent les mêmes aides, en plus des 250 dollars qui représentent en moyenne le salaire. Ces familles-là se considèrent moins en misère que les autres puisqu’ils reçoivent un revenu plus ou moins stable qui leur permet au moins de payer un loyer et de garder un toit au-dessus de leur tête. Les plus chanceux restent bien évidemment les familles dans lesquelles plus d’un membre de la famille travaille et touche un salaire mensuel. Cependant, même les familles à plusieurs revenus, ne cessent d’insister sur le manque de nourriture qui est à leurs yeux le manque principal.
1- Les besoins primordiaux en termes de nourriture.
La conseillère du ministre des Affaires sociales Hala Hélou exprime son inquiétude pour les réfugiés : « La valeur des coupons alimentaires distribués au Liban est passée en juillet de 19 à 13,50 dollars par personne et par mois, vous imaginez un peu la situation d’une famille qui vit avec quelques dizaines de dollars par mois ? »104
a. Les aides provenant des ONGs ne suffisent pas (aux alentours de 19 dollars par personne et par mois.) b. Les enfants de moins de 10 ans sont donc eux aussi poussés à la recherche d’un travail afin de pouvoir nourrir leur famille.
103 Nombre de personnes interrogées: autour de 60 personnes - Date : 1 out jusqua 10 septembre 2015 - Lieus : village Qaraoun au Bekaa, ville Mkaless et Nabaa à Beyrouth 104 Article -L’orient le jour - Un million et demi de réfugiés syriens au Liban, presque le tiers de la population - Rania Raad Tawk - Publié le 10/07/2015
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2-Les conditions des logements. Abris très chers et inabordables pour quasiment tout le monde. Conditions misérables des bâtiments dans lesquels se trouvent les logements. Concernant les changements au niveau des logements, c’est surtout l’augmentation des loyers qui est condamnée, surtout que celle-ci n’est en aucun cas justifiée puisque les conditions de vie ne cessent de se dégrader et ces abris dis de « fortune » sont inacceptables, encore moins à des prix si élevés. Une enquête fournie par le HCR a confirmé que la mobilité est l’une des stratégies d’adaptation les plus importantes pour de nombreux réfugiés et mes propres recherches et enquête démontrent que 25 % des réfugiés que j’ai interrogé ont déclaré qu’ils avaient déménagé au moins une fois, et sur ces personnes interrogées, au moins 45 % ont déclaré que le coût élevé des loyers ont aussi contribué à leur décision de se déplacer a la recherche d’un autre abri. De plus, 35 % des personnes ayant déménagé ont déclaré que leur abri était dans des conditions inacceptables et pour des raisons de santé, de sécurité et d’hygiène, ils ont dû partir à la recherche d’un autre logement, et 20% ont signalé avoir été expulsés par le propriétaire du a des retards de loyer ou à leur incapacité de payer l’augmentation du loyer imposée. Les différents types de logements affectent certes les conditions de vie des refugiés qui y habitent, cependant, elles sont toutes aussi pitoyables les unes que les autres, même si les besoins diffèrent légèrement.
Les personnes qui ont trouvé refuge dans des tentes souffrent par exemple des changements de températures souvent extrêmes (surtout dans la vallée de la Bekaa, ou il fait très chaud ou très froid), et d’autres qui habitent dans des zones industrielles de Beyrouth se trouvent face à des espaces aussi dangereux (ferrailles rouillées apparentes, risque d’effondrement des bâtiments…) que nuisibles à leur santé (émission de gaz dans usines, humidité…). Cependant, n’ayant pas les moyens de trouver mieux, les réfugiés se voient contraints de rester dans les abris qui leurs sont proposés ou de déménager dans d’autres avec des conditions aussi misérables, mais à moindre cout. 3-L’état des infrastructures Le manque d’eau, et surtout d’eau propre. Les coupures d’électricité, et/ou, l’absence totale d’électricité. Les différents types d’habitations (abris de fortune, usines, appartements, tentes….) présentent tous un manque d’infrastructure de base qui résulte en l’absence d’eau et d’électricité. De plus, dû à l’afflux de refugiés syriens au Liban et au manque d’implication du gouvernement, l’augmentation rapide du volume de déchets solides n’a pas pu être gérée à temps.105
105 Article sur les poubelles actualités au Liban - Verdeil, E. (2011). Crise des déchets à Saïda (Liban).
ref 1 http://www.aub.edu.lb/Events/Pages/EventDetails.aspx?ItemId=1976 ref 2 http://www.jadaliyya.com/pages/index/22583/garbage-crisis-exposes-arrogance-and-conflict-amon ref 3 http://www.jadaliyya.com/pages/index/22551/a-perfect-metaphor-the-trash-crisis-in-lebanon_an-
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II
CHAPITRE 3 LES DIFFERENTS TYPOLOGIES DE LOGEMENTS DES REFUGIES SYRIENS EN EUROPE
Dans ce chapitre on étudiera en premier les différents types de logements proposés aux réfugiés Syriens en Allemagne, et les actions mises en place pour les loger, face à ce grand afflux. Cette partie englobe les abris stables et provisoires proposés par l’Etat Allemand et présente une description précise de l’état de ces logements, et présente en deuxième la question du role de l’architecture dans le monde commercial et humanitaire.
3.1 Différents types de logements pour les réfugiés Syriens en Europe: cas de L’ Allemagne. L’Europe peine à faire face à un afflux de migrants politiques et économiques sans précédent. Cet afflux massif des exilés qui fuient leurs pays et tentent de gagner principalement l’Allemagne s’aggrave. Le pays dirigé par Angela Merkel est le pays qui capte le plus de demandes d’asile, il a reçu 130.000 demandes au deuxième trimestre de 2015, soit 38% de l’ensemble des demandes au niveau Européen.106 Mais cette croissance exponentielle du nombre de migrants arrivant en Allemagne commence à préoccuper les autorités en termes de dépenses liées à la Loi sur les prestations sociales des demandeurs d’asile qui ont doublés entre 2010 et 2014 pour atteindre les 1,7 milliard d’euros. A cela, s’ajoutent les 6 milliards d’euros annuels de coûts supplémentaires liés à l’alimentation et au logement des migrants selon le magazine Focus. Et c’est surtout les hébergements qui expliquent cette explosion des coûts. Les foyers d’accueil étant surpeuplés, les municipalités rivalisent de solutions alternatives pour augmenter leurs capacités d’hébergement, l’Allemagne a réquisitionné des casernes, installé des containers d’habitations et monté des tentes. Seules les personnes les plus vulnérables ont la possibilité d’obtenir un abri provisoire.
Partout en Allemagne, des solutions d’urgence se mettent en place : à Berlin, l’aéroport désaffecté de Tempelhof sera prochainement transformé en centre d’urgence, pouvant accueillir jusqu’à un millier de personnes. Des centres d’hébergements condamnés à être fermés pour insalubrité sont remis en service. Un dome gonflable a même été dressé, en pleine ville, équipé de centaines de lits de camp. Les mêmes scènes se rejouent à Munich, Francfort ou Hambourg, les Länder les plus riches et les plus peuplés devant accueillir le plus grand nombre de réfugiés. J’ai choisi de développer les deux grandes villes de Berlin et Munich pour de différentes raisons. En termes de reconversion, de réhabilitation, et de construction de logements, Berlin s’efforce de loger tous les réfugiés dans des conditions les moins déplorables. Les projets intéréssants qui ont été mis en place, comme l’aéroport de Tempelhof, et l’ancien siège de la Stasi, accueillent à présent des logements provisoirs et ces mêmes mesures sont prises à Munich. Cette ville qui accueille le plus grand nombre de réfugiés en Allemagne commence à présent à saturer et n’admet plus d’y rajouter
106 Article - lefigaro - L’Allemagne s’inquiète de l’explosion du coût du logement des migrants - Par Jean-Bernard Litzler - Publié le 25/08/15
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3.1.1 A Berlin Berlin possède six centres d’accueil, une trentaine de foyers, neuf structures d’urgence… Ce n’est pas suffisant. L’installation de conteneurs transformés en hébergements a été envisagée ainsi qu’un 107 gigantesque dôme gonflable à la périphérie de la ville pour abriter des dortoirs. Berlin, comme la plupart des villes allemandes, est débordée par l’afflux de réfugiés. Mais elle n’est pas là plus exposée. 1- Tempelhof La ville de Berlin cherche toutes les solutions possibles pour fournir un hébergement aux nombreux réfugiés qui fuient la guerre, la terreur ou la misère. Elle a déjà décidé de transformer une grande partie de l’ancien aéroport de Tempelhof, construit par les nazis et qui a servi à ravitailler la ville durant le blocus soviétique après la seconde guerre mondiale, en foyer d’accueil d’urgence. Jugé non conforme aux exigences du transport aérien moderne, Tempelhof a été définitivement fermé en octobre 2008, à la suite d’un référendum d’initiative populaire. Un an 108 plus tard, en 2010, il a rouvert ses portes, transformé en parc de quelque 380 hectares. Aujourd’hui, il accueille dans l’un de ses hangars, de 18m de haut, 73 tentes montées par des soldats, des pompiers et des volontaires. Chacune des tentes accueille dix personnes réparties dans cinq lits superposés, des toilettes mobiles ont été ajoutées, celles existantes étant trop peu nombreuses. Faute de douches dans le hangar, les réfugiés doivent être acheminés vers une piscine du quartier pour pouvoir se laver. Cela précise qu’au total, un millier de personnes pourront être hébergées sur place.
Figure 104: Fermé fin 2009, le Tempelhof va ainsi accueillir dans l’un de ses hangars 73 tentes. (Photos AFP)
Figure 105: en 2010, V il a rouvert ses portes, transformé en parc
Figure 106: Ce dernier abrite 830 migrants
107 Article –Débordée, l’Allemagne loge les migrants sous tentes ou dans des containers - PUBLIÉ LE 14/08/2015 - La Voix du Nord avec AFP 108 Article –Lefigaro - Berlin dépassé par l’afflux croissant de réfugiés - Nicolas Barotte - publié le 27 10 2015
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2- L’ancien siège de la Stasi
3- Les logements d’urgence:
Un grand nombre, voire plusieurs centaines des réfugiés sont hébergés dans l’ancien siège de la Stasi, la police politique, le service d’espionnage et contre-espionnage de la 109 République Démocratique Allemande RDA. A terme jusqu’à 900 migrants pourront trouver un toit dans ces locaux. “Ces locaux vont enfin servir à quelque chose d’utile”, a commenté un porte-parole de la Croix-Rouge allemande (DRK), Rüdiger Kunz, cité par le quotidien berlinois. Des lits superposés ont été installés dans les anciens bureaux de la Stasi, où peuvent dormir de deux à six personnes par pièce, selon la même source. Le bâtiment central, qui abrite notamment l’ancien bureau du redouté chef de la police politique, Erich Mielke, demeurera toutefois un musée.
A noter qu’au Sud de Berlin, des ouvriers s’activent également pour achever un ‘‘village de containers’’ empilés sur trois étages et leur façade plutôt chaleureuse, les blocs bleu, vert et jaune des pièces grand jeux de construction les chambres de 15 à 25 m2, serviront d’hébergement à des réfugiés particulièrement vulnérables.110 Dans un autre quartier, c’est un immense dôme gonflable et un plus petit qui ont été installés pour abriter des réfugiés.111
Figure 108 : Ces conteneurs sont mis à disposition pour les réfugiés, à Berlin. Photo Markus Schreiber. AP rfi | A Berlin, un village de conteneurs accueille les réfugiés
Figure 107 : Un bâtiment de l’ancien siège de la Stasi, à Berlin. - Wolfgang Kumm - DPA - AFP
Figure 109-110 : A Berlin, un immense dôme gonflable abrite des migrants - C’est souvent un toit de fortune qui attend de nombreux migrants à leur arrivée en Allemagne (14.08.2015)
109 Article – A Berlin, des réfugiés hébergés dans l’ancien siège de la Stasi - 22/11/2015 - BFMTV 110 Article – A Berlin, un village de conteneurs accueille les réfugiés - Par Catherine Rolland - Diffusion : mardi 5 mai 2015 111 Article – lemonde.fr Dans un foyer de réfugiés de Berlin, l’entraide après les tensions - 04.09.2015 - Par Jean-Baptiste Chastand (Berlin, envoyé spécial)
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3.1.2 A Munich Les réfugiés ne cessent d’affluer en Allemagne. Plus de 12200 sont arrivés à Munich en une seule journée (samedi 12 septembre) et des milliers d’autres devraient arriver le lendemain. Dans la gare centrale de Munich, le stand de premier accueil est installé juste à côté d’un ancien centre de voyageurs, une salle donnant sur les quais. Les réfugiés qui descendent des trains y reçoivent à manger et à boire, avant un bref examen médical. Ils sont ensuite conduits en bus dans les hébergements d’urgence. Mais le principal problème est le manque de lit de camp, il manquait entre 1000 et 5000 hébergements d’urgence. Le chiffre est aussi élevé qu’il fut un record. Devant cet afflux, l’Allemagne a réquisitionné des casernes, installé des containers d’habitations et monté des tentes. Plus de 200 réfugiés ont dû dormir pendant plusieurs nuits au début de l’hiver dans la cour d’une caserne désaffectée. Un peu partout dans le pays poussent des villages de tentes ou de conteneurs pour abriter ces réfugiés souvent traumatisés, lorsque ce ne sont pas des écoles à l’abandon ou des salles de sport qui sont réquisitionnées, suscitant la colère des riverains.
Figure 111: A Munich, durant la nuit, quelques dizaines de demandeurs d’asile ont dû dormir dehors à même le sol sur des matelas.© PHOTO AFP PHILIPP GUELLAND
Figure 112: Des réfugiés installés à table dans un hall à Munich, en Allemagne le 7 septembre 2015. – AFP
1- Camp de Dachau 112
La ville de Dachau, dans le sud-est de l’Allemagne, a décidé de loger les migrants dans un lieu tristement célèbre, l’ancien camp de concentration. Les réfugiés sont logés sur le “herb garden”, situé en face du mémorial,
Figure 113 : 350 réfugiés sont logés en ce moment dans le domaine de l’ancien camp de concentration à Dachau.© AFP
112 Article - L’HUMANITÉ - Des refugiés et des sans-abri à Dachau -JEAN-PAUL PIÉROT - MERCREDI, 23 SEPTEMBRE, 2015 113 Article - À Dachau, Hélène Kohl Allemagne : des réfugiés logés dans une annexe du camp de Dachau - Publié le 24/09/2015
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une sorte de potager que cultivaient les juifs déportés pour nourrir la population allemande. À l’entrée du site, l’inscription “Pensez à comment nous sommes morts ici”, gravée sur une pierre, rappelle que plus de 40 000 personnes sont mortes dans ce camp entre 1939 et 1945. Selon Gabriele Hammermann, la directrice du mémorial du camp de concentration de Dachau, “héberger les réfugiés dans un endroit qui symbolise la torture et la mort” n’est pas un geste très “accueillant”. Le maire de la ville, Florian Hartmann, met en avant “un but social utile”, car, selon lui, les réfugiés ne peuvent pas “avoir des appartements aux tarifs du marché”, explique-t-il. 113 Les autorités locales ont déjà utilisé certaines parties du camp de Dachau pour accueillir des réfugiés après la Seconde Guerre mondiale, rappelle le journal. L’Allemagne est actuellement débordée face à l’afflux massif de migrants. De janvier à septembre, 350.000 réfugiés sont arrivés dans ce pays et leur nombre pourrait atteindre 800.000 d’ici la fin de l’année 2015.
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3.2 Des prototypes de logements proposés par des entreprises internationales ou des architectes 1-Prototypes proposés par l’entreprise Ikea Il y a plus de deux ans, en juin 2013, Ikea lançait alors en Éthiopie son produit expérimental pour des camps de réfugiés : un abri en kit aux allures de maisonnette, montable en quatre heures, durable au moins trois ans – et 20 ans au plus –, pour à peine trois fois le prix d’une tente – environ 1 000 dollars. 114
Les Refugee Housing Units d’Ikea ont été conçus en étroite concertation avec le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
Faute de solutions politiques de sorties de crise, de retour des déplacés et des réfugiés dans leur pays, Ikea prend acte de la durabilité de la précarité et de “l’en campement”.
Figure 114 : Alors que les tentes durent environ 6 mois dans des pays où les conditions climatiques sont difficiles, ces maisons dureraient trois ans. Crédits image : Ikea Foundation
Figure 115 : Prototype d’abris dans un camp de réfugiés d’Erbil (Irak). Crédits image : Better Shelter.org
Ikea a développé un abri en pièces détachées, comprenant des panneaux isolants en mousse polymère, à fixer sur un cadre en métal léger et flexible (photo). Les ‘cabanes’, équipées d’éclairage et de chauffage à énergie solaire, peuvent être montées en moins de quatre heures. Ce projet n’a donc pas été adopté par le gouvernement Libanais de peur que ces réfugiés ne s’installent définitivement au Liban, comme nous l’avions precedemment mentionné dans la première partie de ce mémoire. 115 On se pose à présent des questions par rapport aux entreprises comme Ikea entre l’aspect commercial et humanitaire de leurs aides aux réfugiés Est-ce vraiment le besoin qui les pousse à l’action, ou est-ce l’aspect commercial qui prend le role le plus grand ?
114 Article - Ikea construit des abris pour les réfugiés du monde : n’oublions pas la réalité en Europe -Publié le 31-03-2015 à 19h49 - Par Pierre Henry 115 Article - Retaildetail - Ikea va livrer des maisons en kit pour les réfugiés syriens au Liban - 18/12/2013 - par Karin Bosteels
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1- Prototypes proposés par l’ architecte 116 Shigeru Ban J’ai choisi de développer deux projets humanitaires de l’architecte Shigeru Ban, le premier consiste en un camps de réfugiés mis en place à Rwanda en 1999, lorsque plus de 2 millions de personnes se sont retrouvées sans abris après la guerre civile de 1994. L’UNHCR faisait dons de draps en plastique et des branches d’aluminium afin d’etre utilisé pour construire des abris temporaires. Cependant, les réfugiés de Rwanda revendaient ces batons d’aluminium et utilisaient des bouts de bois pour les structures des abris. Du à la déforestation, un materiel alternatif a été proposé et adopté pour le développement des prototypes d’abris : les tubes en carton. Ces prototypes mis en places ont donc été testé pour leur resistance et durabilité, srutout par rapport à leur cout puisque les tubes en cartons ne coutaient pas grand chose et pouvaient être manufacturés sur place afin de diminuer les couts de transports. En 1998, 50 abris d’urgence on été construits à Rwanda et ont été utilisé pour evaluer le système mis en place.
Figure 116 : les tubes en carton pour l’UNHCR.
Le deuxième projet mis en place par l’architecte Shigeru Ban fut construit à Niigata au Japon en 2004 après un tremblement de terre qui ébranla la ville. Des baches de tissus blancs ont été utilisés pour créer des séparations entre les abris, et les joints ont été construits en plywood. De simples bouts de cartons ont été utilisés pour créer une isolation et permettre l’intimité des familles, même si leur usage n’ était initiallement utile que pour recouvrir le sol. Shigeru Ban s’est inspiré des nids d’abeilles afin de créer ces structures en papiers. Les projets mis en place par Ikea et par l’architecte Shigeru Ban présentent des solutions dans lesquelles des architectes et designers ont essayé de résoudre les problèmes à travers l’art et au moindre cout (Shigeru Ban a utilisé des matériaux recyclés). Cependant, la grande entreprise Ikea se retrouve de nouveau face à l’aspect commercial et cherche à revendre ses prototypes à des couts bien plus élevés que ceux de constructions. Comment l’architecture peut jouer sont role dans le cas catastrophique? Pourquoi de nos jours la commercialité prend la priorité devant l’art?
Figure 117 : séparations entre les abris, © Voluntary Architects’ Network
116 Article – The Humanitarian Works of Shigeru Ban
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CONCLUSION Malgrès les évènements qui font saigner la Syrie, 108 la vision de l’artiste Syrien Tammam Azzam crée une «forme hybride» de la peinture par l’application de divers médias, en arrivant à des interactions entre la surface et la forme qui empruntent et se multiplient comme des compositions évoluent. Matériaux non conventionnels tels que les cordes, pinces à linge, et autres objets trouvés sont utilisés pour créer de la profondeur, la texture et l’espace, parvenir à un équilibre entre les objets ordinaires de frappe et l’étendue du plan de l’image, malgré une tension visible. Après le début du soulèvement en Syrie, Azzam se tourna vers les médias numériques pour créer des composites visuels du conflit qui ont résonné avec les téléspectateurs. Ces œuvres largement diffusées sont informés par son intérêt pour le potentiel interventionniste de la photographie et de l’art de rue numérique formes puissantes et directes de protestation qui sont difficiles à supprimer. Au début de 2013, a fait les manchettes à travers le monde Azzam quand son travail Liberté Graffiti allé virale sur les médias sociaux. Mobiliser l’une des œuvres les plus emblématiques de l’art, Gustav Klimt est Le Baiser, pour protester contre la souffrance du pays, il superpose une image reconnaissable de l’amour sur les murs de Damas déchirée par la guerre. Récemment, il est retourné à la peinture avec étages, une série d’œuvres monumentales qui communiquent l’ampleur de la dévastation connu dans son pays natal à travers des compositions expressionnistes de structures détruites.
Pour exposer l’état actuel de son pays dans le monde, Azzam plonge dans un exercice thérapeutique de reconstruction, étage par étage. 109
Né à Damas en 1980, Tammam Azzam vit et travaille à Dubaï. Il a reçu sa formation de la Faculté des Beaux-Arts, Damas, avec une concentration dans la peinture à l’huile. Récemment, il a participé à des expositions individuelles et collectives à des lieux tels que FUU Street Art Festival, Sarajevo (2015); Dismaland par Banksy, Weston-super-Mare (2015); Fondazione Giorgio Cini, Venise (2015); Abu Dhabi festival (2015); Framer Encadrée dans de Tolhuistuin, Amsterdam (2015); Rush Arts, New York (2014); FotoFest Biennale, Houston (2014); Ayyam Gallery de Londres (2013); la 30e Biennale des arts graphiques, de la Slovénie (2013); Ayyam Gallery Al Quoz, Dubaï (2012, 2009); Ayyam Gallery DIFC, Dubai (2011). Cette fresque ne se contente pas d’être belle, ni d’épouser à merveille le décor chaotique qui lui fait fond – les rectangles et les ronds qui, dans le tableau de Klimt, parsèment la parure dorée des 2 amants révèlent ici les stigmates de la guerre civile. Non, la valeur de cette fresque murale n’est pas qu’esthétique ; elle est d’abord testimoniale. Elle rappelle à notre bon souvenir que le régime syrien est en guerre contre son peuple depuis bientôt 5 ans, et ce dans l’indifférence générale. 50.000 personnes ont été tuées depuis les premières manifestations en mars 2011 contre le régime de Bachar Al-Assad.
117 Article-LE HUFFINGTON POST- Charlotte Montpezat historienne d’art a voulu d’écrire les travaux en rapport avec la guerre en Syrie de l’artiste Tammam Azzam 118 www.novaplanet.com - Une fresque murale, la reproduction d’un tableau tableau de Gustav Klimt
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Figure 118: Une fresque murale, la reproduction d’un tableau viennois à vrai dire. Celle du “Baiser”, célébrissime tableau de Gustav Klimt (1907-1908), graffée par l’artiste Tammam Azzam de l’Ayam Gallery sur un mur syrien déconfit et criblé d’impact de balles.
Comme ces amants perdus dans une étreinte éternelle, la guerre civile perdure en Syrie. Reste à savoir, de l’art ou de la guerre qui aura le dernier mot ?
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Après avoir effectué cette étude, on conclus que avec plus de 1,3 million de réfugiés Syriens à avoir trouvé refuge dans le pays du Cèdre en 2015, l’hospitalité exceptionnelle du Liban et des Libanais est mise à rude épreuve. Ces réfugiés qui représentent plus d’un quart de la population Libanaise vivent dans des conditions de plus en plus précaires, et ils sont, tout comme les Libanais des communautés locales touchées par l’afflux, et deviennent de plus en plus vulnérables en dépit des organisations humanitaires qui essaient toujours d’aider les plus fragiles. Le déplacement des réfugiés s’étend dans la durée et leurs économies s’épuisent, leur vulnérabilité socio-économique augmente et on n’enregistre clairement aucune baisse des besoins humanitaires, et cependant, les aides restent insuffisantes. L’impact de la crise syrienne, notamment en termes d’économie, de démographie, d’instabilité politique, de sécurité, et meme d’urbanisme, continue de s’accentuer dans l’ensemble du Liban et s’aggrave encore plus avec les nouveaux demandeurs d’asile originaires d’Iraq, qui représentent la majorité des nouveaux enregistrements parmi les non-Syriens. Ayant étudié l’impact de cette crise et de l’afflux de réfugiés dans les pays voisins, on a pu constater la gravité du sujet notamment au Liban, déjà politiquement socialement et économiquement fragile. Les exemples que nous avons étudié, en Turquie et en Jordanie, présentent plus de « compassions » envers les réfugiés, surtout concernant
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l’implication de l’Etat au niveau des logements, et cela reflète aussi bien l’état d’esprit de certains pays en Europe, ou on a pu comparer deux pays actuellement relativement actifs concernant la cause des réfugiés Syriens, l’Allemagne et la Suède. Malheureusement, cette implication manque au Liban, et le nombre de réfugiés ayant atteint plus de 25% de la population locale représente la plus forte densité de réfugiés au monde, et le pays a donc été contraint d’annoncer la fermeture de ses frontières terrestres avec la Syrie. L’un des plus grands problèmes que l’on observe aujourd’hui au Liban reste le logement de ces refugies qui se retrouvent sans abris et a la rue du jour au lendemain. Entre les bidonvilles remplis de parpaings ou de tentes, et les rues des villages complètement transformées, l’urbanisme d’une grande partie du Liban se résume aujourd’hui en quelques fils électriques qui servent d’étendoirs à linge, et de planches métalliques qui servent de toits, comme nous l’avons remarqué précédemment. Les actions mises en places pour subvenir aux besoins des réfugiés est certes d’une grande aide, mais n’est cependant pas suffisante du tout, et ne subvient qu’à un quart des besoins primordiaux. Les ONG que nous avons cités dans ce mémoire ainsi que des familles Libanaise s’unissent s’efforcent de trouver des moyens d’aides et de donations afin de pouvoir louer ou offrir des terrains ou des simples abris à ces réfugiés, mais n’atteignent jusqu’à présent pas leurs attentes et espoirs.
Une réelle manifestation de solidarité et de soutien international est cruciale pour le Liban, qui accueille le nombre le plus élevé de réfugiés syriens dans le monde. Sans cela, la capacité du pays de répondre et de résister à la crise syrienne sera sérieusement mise à l’épreuve.
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