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RÉPERTOIRE TYPOLOGIQUE DES OPÉRATIONS TOME 1 EUROPE - MOYEN-ORIENT - ASIE AMERIQUE CENTRALE - CARAIBES
de Doctrine C D E F d'Centre Emploi des Forces Recherche et Retour d'Expérience DREX Division
RÉPERTOIRE TYPOLOGIQUE DES OPÉRATIONS
T.1 EUROPE - MOYEN-ORIENT - ASIE AMÉRIQUE CENTRALE - CARAÏBES
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
CENTRE DE DOCTRINE D’EMPLOI DES FORCES Le Général
SOMMAIRE SOMMAIRE EPAULARD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
BEYROUTH - LIBAN (AOÛT - SEPTEMBRE 1982)
DIODON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
BEYROUTH - LIBAN (SEPTEMBRE 1982 - MARS 1984)
CARRELET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
BEYROUTH - LIBAN (MARS - AVRIL 1984)
BUSIRIS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
EMIRATS ARABES UNIS (AOÛT 1990 - AVRIL 1991)
DAGUET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
KOWEIT (AOÛT 1990 - MAI 1991)
LIBAGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
IRAK (AVRIL - JUILLET 1991)
MIPRENUC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
CAMBODGE (NOVEMBRE 1991 - MARS 1992)
APRONUC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
CAMBODGE (MAI 1992 - DÉCEMBRE 1993)
PECARI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
LIBAN (DÉCEMBRE 1998 - FÉVRIER 1999)
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MAMET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
TURQUIE (AOÛT 1999 - SEPTEMBRE 1999)
FORPRONU/FPNU. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
EX-YOUGOSLAVIE (MARS 1992 - DÉCEMBRE 1995)
IFOR/SALAMANDRE 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
BOSNIE HERZEGOVINE (1995-1996)
HARMONIUM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
ALBANIE, TIRANA, DURRËS (MARS 1997)
ALBA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
ALBANIE (AVRIL - AOÛT 1997)
K.V.M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
KOSOVO (NOVEMBRE 1998 - MARS 1999)
TRIDENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
MACEDOINE (NOVEMBRE 1998 - JUIN 1999)
ALLIED HARBOUR/TRIDENT HUMANITAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
ALBANIE (AVRIL - AOÛT 1999)
CERES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
ERYM (AOÛT - OCTOBRE 2001)
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MINERVE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
MACEDOINE (OCTOBRE 2001 - MARS 2003)
CONCORDIA - ALTAÏR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
ARYM (31 MARS - 15 DÉCEMBRE 2003)
PAULINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
HAÏTI (SEPTEMBRE 1994)
CORMORAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
AMERIQUE CENTRALE (NOVEMBRE 1998)
SANTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
TIMOR-EST (SEPTEMBRE 1999 - JANVIER 2000)
ATNUTO / UNTAET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
TIMOR ORIENTAL (JANVIER 2000 - JANVIER 2001)
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
MATÉRIELS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
DÉFINITIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
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EPAULARD BEYROUTH - LIBAN (AOÛT - SEPTEMBRE 1982)
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I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type d’opération Interposition. Evacuation de ressortissants (étrangers).
1-2 Mandat Fixé à un mois, le mandat comportait trois missions : 1°) Effectuer en sûreté l’évacuation dans la dignité des Palestiniens de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) des camps palestiniens de Beyrouth, menacés par l’armée israélienne qui assiège la capitale du Liban (opération « Paix pour la Galilée »), et avec eux, celle de leur leader, Yasser Arafat. 2°) Assurer la sécurité physique des autres habitants de Beyrouth. 3°) Favoriser la restauration de la souveraineté et de l’autorité du gouvernement libanais.
1-3 Durée de l’opération Trois semaines, du 21 août au 13 septembre 1982.
1-4 Zones ou pays concernés Beyrouth, Liban.
1-5 Situation géopolitique Le 6 juin 1982, en réaction aux actions de harcèlement des formations palestiniennes à partir du Liban, Israël envahit ce territoire. L’armée libanaise, désorganisée suite à la récente guerre civile (1975/1976 et 1978), ne peut pas opposer de résistance notable. Le 11 juin, la France décide d’évacuer ses ressortissants (début de l’opération OLIFANT). 1.872 personnes sont évacuées entre le 11 et le 20 juin 1982. Les combats se poursuivant au Liban, les camps palestiniens de Beyrouth et de la région se trouvent encerclés par les Israéliens, laissant présager une catastrophe humanitaire majeure. Avec l’approbation du conseil de sécurité de l’ONU et après négociations avec le commandement israélien, une opération est décidée pour assurer en sûreté le départ des Palestiniens de l’OLP du Liban. Y participent la France, les Etats Unis, l’Italie et la Grande Bretagne. Côté français, c’est l’opération (armée de terre) EPAULARD qui bénéficie des moyens de la marine nationale de l’opération OLIFANT.
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1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention EPAULARD est la participation de l’armée de terre française à la Force d’interposition à Beyrouth (FIB), force multinationale constituée à la demande des autorités libanaises et palestiniennes, selon un plan négocié par le médiateur américain Philip Habib. Elle est accompagnée de la mission navale OLIFANT qui a débuté le 11/06/82 par une évacuation de ressortissants français et d’autres pays occidentaux.
Règles d’engagement Légitime défense au sens strict.
Organisation du commandement Le commandant de l’opération dépend directement du chef d’état-major des armées (CEMA). Il mène son action en liaison avec la représentation diplomatique française auprès de laquelle est établi son poste de commandement (PC). Toutefois, pour des raisons techniques, la liaison avec le Centre opérationnel interarmées (COIA) exige souvent l’emploi de moyens de la marine nationale (bâtiments au large de Beyrouth) ou de la Force intérimaire des nations unies au Liban (FINUL) à Naqoura.
Moyens engagés Effectifs moyens par armée Armée de terre : 865. Marine : EPAULARD bénéficie du soutien de la mission navale OLIPHANT qui, à cette date, inclut la totalité du Groupe aéronaval du porteavions Foch ainsi qu’un transport de chaland de débarquement (TCD) et deux engins de débarquement d’infanterie et de chars (EDIC). Corps d’appartenance 2ème REP ; 3ème RPIMa ; 17ème RGP ; RICM ; 1er BPCS ; 9ème RCS. Matériels majeurs 188 véhicules dont 43 jeeps, 34 véhicules légers de reconnaissance et d’appui (VLRA) , 20 automitrailleuses légères (AML), engins du génie.
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II - CHRONOLOGIE
2-1 Planification Après que le Conseil de Sécurité de l’ONU ait repoussé, le 24 juin 1982 (vote négatif américain) une proposition française demandant l’évacuation de toutes les troupes étrangères du Liban, et en raison même de l’insistance française, les Etats-Unis chargent l’ancien secrétaire d’Etat Philip Habib, de mener des négociations qui aboutissent, le 29 juillet, à un accord général sur le plan d’évacuation des combattants de l’OLP de Beyrouth. En France, le 2ème REP et le 3ème RPIMa sont en alerte dans leurs garnisons respectives. La Marine nationale a en permanence des bâtiments au large de la côte libanaise. Des officiers français (COL Coullon), américains et italiens sont à Beyrouth pour étudier avec l’armée libanaise les modalités pratiques du déploiement de la Force d’interposition. Sur insistance de Yasser Arafat, et malgré les réticences israéliennes, le détachement français est déployé en premier. Finalement, le plan Habib est adopté par toutes les parties le 18 août 1982. Au niveau des unités, la préparation de l’opération a bénéficié d’une assez longue période d’attente (mise en alerte le 3 août, déclenchement le 18) qui a permis d’améliorer la préparation tactique des personnels et des matériels, mais qui s’est aussi accompagnée de multiples changements et remaniements créateurs d’incertitude et de confusion qu’une meilleure concertation entre les niveaux français de conception et d’exécution aurait sans doute permis d’éviter.
2-2 Montée en puissance L’acheminement du 1er échelon (REGFRANCE I = 2ème REP) s’est fait par voie aérienne militaire (VAM) (2 rotations de 3 C 160 et un DC8, et une rotation d’un Boeing 747 cargo affrété) de Corse jusqu’à Larnaka (Chypre), puis par bâtiment de débarquement de chars (BDC) de Larnaka à Beyrouth, de façon parfaitement organisée. A noter que le transit par BDC à charge maximum, avec un minimum de mer formée, ne doit pas excéder 24 heures pour ne pas handicaper sensiblement la capacité opérationnelle des unités transportées. L’acheminement du 2ème échelon (REGFRANCE II), incluant des éléments originaires de sept formations et garnisons différentes, a été beaucoup plus complexe et a nécessité l’emploi de quatre modes de transport différents, avec rupture de charge entre chaque - Voie ferrée (VF) ; VAM (10 C 160) ; BDC ; cargo civil affrété - ce qui, avec les atermoiements évoqués ci-dessus, n’a pas facilité son déploiement.
2-3 Phases de déploiement - Modes d’action (ou Idée de manœuvre) : il importait de montrer sa force et sa détermination pour ne pas avoir à s’en servir et d’être disposé à discuter autant que nécessaire avec les parties en présence pour les faire renoncer aux actions violentes. - Opérations menées • 1ère phase (21 au 25 août) : en coopération avec l’armée libanaise, tenir le port de Beyrouth. Cela consiste, pour le 2ème REP (REGFRANCE I), d’abord à « relever » les unités israéliennes occupant l’enceinte portuaire, en faisant preuve de diplomatie et de fermeté, et de déployer un rideau de sécurité
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dissuasif pour permettre le transit en sûreté des convois de combattants palestiniens. En concertation avec toutes les parties, la recherche du renseignement est menée activement en dehors des limites de l’enceinte portuaire. Cette phase n’a pas donné lieu à incidents sinon quelques tirs d’armes légère d’infanterie (ALI) et 4 blessés légers par balles perdues. Le 25 août, les Américains prennent la relève des Français sur le port. • 2ème phase (25 au 31 août) : le détachement français, complété par l’arrivée de son 2ème échelon (REGFRANCE II), se déploie avec l’armée libanaise en centre ville, le long de la ligne de démarcation inter factions (la « ligne verte »). L’implantation des rideaux d’interposition, notamment aux points de franchissement par les convois palestiniens, se fait sans difficulté, hormis l’omniprésence de mines et pièges non répertoriés (3 blessés) et des tirs incontrôlés d’ALI (2 blessés par balles perdues). Le 30 août, les derniers Palestiniens évacués, dont le Président Yasser Arafat, transitent sans incident par le port de Beyrouth. • 3ème phase (1er au 13 septembre) : elle consiste à aider l’armée libanaise à prendre le contrôle de Beyrouth Ouest. En outre et concrètement, cette aide se matérialise par la neutralisation de mines, pièges et explosifs, et le dégagement d’avenues. L’action quotidienne consiste à faire établir des contacts entre les différentes parties concernées et à aider les protagonistes à trouver des solutions de conciliation.
2-4 Désengagement Commencé le 11 septembre, il s’achève le 13 à 17 h 30, exactement dans les délais, malgré les incidents du 12 au cours desquels, un convoi de la section du génie, pris entre les feux d’éléments de deux factions de la gauche libanaise et de l’armée régulière, est partiellement détruit (3 blessés). La récupération des éléments de l’opération EPAULARD s’effectue majoritairement le 13, par transbordement au moyen des 8 hélicoptères Super Frelon du groupe aérien du Foch, du port de Beyrouth aux bâtiments de la Marine Nationale (le Foch, l’Orage, la Dives) au large. Cette action nécessite 300 rotations d’hélicoptères, les personnels montant dans les soutes des appareils et les matériels étant hélitreuillés, sans accident ni même incidents notables sinon la dispersion des personnels et des matériels entre plusieurs navires. Cette dispersion a rendu impossible tout réengagement immédiat, comme cela avait été envisagé dans la nuit du 14 au 15, suite à l’assassinat du Président libanais Béchir Gemayel.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération 1ère phase : le port 2ème phase : la ligne verte 3ème phase : Beyrouth Ouest.
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IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel - Evacuation en toute sécurité et dans la dignité de 14.040 combattants palestiniens, conformément à la volonté politique nationale (et internationale). - Aide efficace apportée à l’armée nationale libanaise, non seulement dans sa mission tactique (reprise du contrôle de Beyrouth Ouest) ou technique (déminage), mais surtout au plan psychologique, pour retrouver sa fierté et découvrir des modes d’action appropriés à une situation risquant de retomber dans la violence au moindre prétexte. - 20 tonnes de mines, explosifs et projectiles divers détruits ; - près de 100 tonnes de munitions et explosifs divers remis à l’armée libanaise ; - 4.000 m3 de terre et matériaux charriés.
4-2 Pertes humaines 12 blessés légers.
4-3 Pertes matérielles 5 véhicules et 2 remorques (dont munitions) détruits
4-4 Enseignements tirés - Le manque de concertation et de coordination entre les divers niveaux de responsabilité et entre les divers commandements contributeurs de la force a été souligné aux § 2-1 et 2-2. Des réunions de coordination à laquelle doivent participer tous les acteurs et en particulier le commandant de la force (COMFOR) doivent être conduites au plus tôt après décision de constitution de la Force et chaque fois qu’un changement doit intervenir. - Une telle concertation serait aussi nécessaire pour préparer le rembarquement, celui-ci ayant été plutôt acrobatique, malgré son excellent déroulement dû aux prouesses des responsables sur place de la Marine Nationale et à la souplesse et à la réactivité des unités rembarquées. En particulier, tous les commandants de formation terre devraient disposer des données de base caractérisant le « poids logistique » de leur formation, aussi bien à usage maritime que pour le transport aérien tactique. - La multiplication du nombre d’unités composant un tel détachement nuit à sa cohésion.
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- Le choix d’une troupe très disciplinée et bien entraînée aux actions de combat (comme la Légion Etrangère) est aussi gage de réussite pour une « mission de non-combat », mais sous forte menace de prise à partie, directe et indirecte. - Dans un tel environnement, et malgré la présence d’AML mortier et canon, il aurait été souhaitable pour les compagnies d’infanterie de disposer de quelques armements collectifs plus dissuasifs : canons de 20 ou mitrailleuse 12,7 mm sur VLRA, mortiers de 81 mm ou de 120 mm, postes de tir anti-char (AC) Milan.
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DIODON BEYROUTH - LIBAN (SEPTEMBRE 1982 - MARS 1984)
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DIODON
I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type d’opération Interposition. Soutien de la paix. Appui à une armée amie pour rétablir la sécurité sur son territoire.
1-2 Mandat Selon les termes des lettres diplomatiques échangées, le 1er octobre 1982, entre les gouvernements libanais et français, il s’agit de « s’interposer dans des points où la Force sera mise en place et apporter son soutien au gouvernement libanais et à ses armées pour restaurer sa souveraineté à Beyrouth et à ses alentours, pour assurer ainsi la sécurité des personnes dans la région». Cet accord entre les deux gouvernements intervient dans le cadre plus vaste de la résolution 521 (07/82) du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant le retrait de l’armée israélienne du Liban et proposant le déploiement d’une force multinationale « pour aider le gouvernement libanais à assurer l’entière protection de la population civile à Beyrouth et aux alentours »
1-3 Durée de l’opération Du 21 septembre 1982 au 31 mars 1984 (un an et demi).
1-4 Zones ou pays concernés Ville de Beyrouth (Liban). Larnaka (Chypre) pour les transits.
1-5 Situation géopolitique L’opération EPAULARD se déroule du 21 août au 13 septembre 1982. Le 14 septembre à 22 h 45, le Président libanais, récemment élu (en août), Béchir Gemayel est assassiné. Le 15, les Israéliens envahissent Beyrouth ouest et le 17 commence le massacre des Palestiniens réfugiés dans les camps de Sabra et Chatila. La communauté internationale s’émeut de ces exactions et craint une reprise des affrontements sanglants intercommunautaires et/ou la mainmise sur le Liban par la Syrie qui maintient dans la Bekaa une force, déployée officiellement pour mettre fin à la guerre civile, la Force Arabe de Dissuasion (FAD). Le 21 septembre, M. Amine Gemayel est élu à la présidence de la république et confirme l’appel des autorités libanaises à la FMSB.
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DIODON
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention DIODON est la participation française à la « Force multinationale de sécurité de Beyrouth (FMSB) » composée, en outre, de contingents américain, britannique et italien. Cette force a été déployée suite aux massacres de réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, perpétrés le 17 septembre 1982, peu avant le début du retrait (partiel) du Liban de l’armée israélienne (l’invasion remonte au 06/06/82), et pour faire face aux troubles civils ayant accompagné ce retrait et faisant suite à l’assassinat du Président libanais Béchir Gemayel (14/09/82). DIODON fait suite à l’opération EPAULARD « Force d’interposition à Beyrouth (FIB) » (21/08/82 - 13/09/82) qui permis l’évacuation du Liban des Palestiniens de l’OLP encerclés dans Beyrouth. Elle est accompagnée de la mission navale OLIFANT (qui a débuté le 11/06/82 par une évacuation de ressortissants).
Règles d’engagement L’emploi des armes est limité à la légitime défense, sauf nécessité absolue pour remplir la mission d’appui aux forces nationales libanaises. Les contingents étrangers doivent toujours être accompagnés de responsables de l’armée libanaise. Dans leur rôle d’interposition, ils doivent faire preuve de la plus stricte neutralité.
Organisation du commandement Localement, la FMSB reçoit ses orientations politiques et directives générales d’un Comité politique présidé par le Président libanais et comprenant les ambassadeurs des pays contributeurs. Ses missions lui sont précisées par un Comité militaire présidé par un général libanais et regroupant les commandants des détachements nationaux. Au plan national, le commandant opérationnel (COMOPS) DIODON est le commandant des éléments français (COMELEF) de Beyrouth, et dépend directement de l’état-major des armées (EMA) pour les missions opérationnelles. Il dispose de l’attaché de défense à Beyrouth à titre de conseiller. En l’absence de liaison satellite, il doit parfois être fait appel à un relais constitué par un bâtiment à la mer (à l’instar de l’opération EPAULARD) ou le PC de la Force intérimaire des nations unies au Liban (FINUL) à Naqoura. L’Ambassadeur de France à Beyrouth est l’autorité d’emploi locale.
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DIODON
Moyens engagés • DIODON I (septembre 82 - janvier 83) : Etat-major (EM) ; 2 états-majors tactiques (EMT) , 2 compagnies de commandement et des services (CCS) ; 5 compagnies (Cies) portées (à 108) ; 1 compagnie d’éclairage et d’appui (CEA) ; 1 escadron (Esc) d’automitrailleuse légère (AML) ; 1 compagnie génie ; 1 détachement de soutien incluant une antenne chirurgicale; régiment français (REGFRANCE - ) de la FINUL. • DIODON II (janvier - mai 83) : même composition. Renforcé à/c 14 février par 1 Cie. et 1 Esc. AML. • DIODON III (mai - octobre 83) : EM ; 2 EMT, 2 CCS ; 5 Cies portées (à 138) ; 2 CEA ; 3 Esc d’AML ; 1 Cie Génie ; 1 détachement de soutien. • DIODON IV (octobre 83 - janvier 84) : EM ; 3 EMT, 3 CCS ; 2 Cies sur véhicule de l’avant blindé (VAB) ; 4 Cies portées (renforcées Milan et section mortier lourd [SML]) ; 2 Esc. AML ; 1 Cie Génie renforcée ; 1 commando marine ; 1 batterie d’artillerie ; 1 détachement de soutien. Renforcement en fin de séjour par 1 Esc. de gendarmes auxiliaires et un détachement de guerre électronique. • DIODON V (janvier - mai 84) : EM ; groupement opérationnel mixte à 1 EMT, 1 section d’éclairage et de renseignement (SER), 1 section d’appuis, 2 Cies d’infanterie, 2 Esc AML ; groupement des renforts à 1 Cie Génie, 1 batterie d’artillerie (155 mm), 1 Esc de Gendarmerie, 1 commando marine ; 1 détachement de soutien. - Effectifs moyens par armée De 1.100 (DIODON I) à 2.000 personnels (DIODON III & IV), dont 482 venant de la FINUL (sauf DIODON V), ~ 80 Commandos Marine (à/c DIODON III) et 125 gendarmes (à/c DIODON IV). - Corps d’appartenance (tous mandats confondus) EM/11° DP , Groupement aéroporté (GAP) ; 3° RPIMa ; 8° RPIMa ; 2° RIMa ; 1° RHP ; 17° RGP ; 1° BPCS. 21° RIMa ; RICM ; EM 9° DIMa ; 11° RAMa (Cies de marche) ; 3° RIMa ; 59° Cie de Génie ; 9° RCS ; EM 31° Brigade ; 2° REI ; 1°REC ; 1° RE. 6° RIP ; 7° RPCS ; 12° RA ; 501° RCC ; Commando Marine «Treppel». - Matériels majeurs De 20 à 50 AML (DIODON III) ; 3 à 8 mortiers (Mo) 120 mm ; 6 à 12 canons 20 mm ; 4 à 8 postes anti-chars (AC) MILAN ; 30 VAB et 6 canons 155 mm (DIODON IV et V).
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DIODON
II - CHRONOLOGIE
2-1 Planification Le 13 septembre 1982, le détachement français EPAULARD quitte Beyrouth avec le groupe aéronaval du porte-avions (PA) Foch (opération OLIFANT) ; le 18, le Foch est à Toulon. Suite aux contacts pris avec le gouvernement libanais et l’ONU à New York, le 20 septembre 1982, le Président Mitterrand annonce le retour de la France à Beyrouth. Le 26 septembre, le régiment français de la FINUL (moins une compagnie = 482 personnels) est remis sous commandement national pour participer à la FMSB.
2-2 Montée en puissance DIODON I a été acheminé de France en quatre détachements, à compter du 21 septembre 1982. Det 1 (Commandement ; 1 Cie + Génie) : voie aérienne militaire (VAM) DC8 personnels (PAX) et Cargo (2 rotations) + 10 C 160 de Toulouse à Larnaka (Chypre). Transfert par bâtiment de débarquement de chars (BDC) Argens de Larnaka à Beyrouth. Mise en place terminée le 23/09 au soir. Det 2 (Reliquat EM et Génie ; 2 Cies) : PA Foch, appareillage de Toulon le 23/09 ; débarquement à Beyrouth le 27/09 matin (par rotations d’hélicoptères). Det 3 (118 véhicules ; matériels lourds ; 12 convoyeurs) : cargo affrété, appareillage de Toulon le 23/09 ; arrivée à Beyrouth le 27/09 au soir. Det 4 (2 Cies ; reliquat escadron et divers) : VAM DC8 PAX et cargo, et 5 C160, départ le 24/09 pour Larnaka ; arrivée à Beyrouth par bâtiment de débarquement de chars (BDC) Argens le 25/09 au soir. REGFRANCE/FINUL (moins une compagnie) : arrivée à Beyrouth le 29/09/82. La relève par DIODON II s’est effectuée par VAM (précurseurs le 10 janvier 83 ; gros du 20 au 24 janvier) au départ de Nantes, et par transport de chalands de débarquement (TCD) au départ de Brest le 9 janvier (arrivée à Beyrouth le 22 janvier). Les rotations retour assuraient le rapatriement sur Toulouse des unités relevées. Le 4 février, mise en place par VAM affrétée d’une compagnie supplémentaire. Acheminement par voie maritime militaire (VMM) d’un escadron supplémentaire (embarquement à Toulon le 6 février ; débarquement à Beyrouth le 14). Pour DIODON III, précurseurs, le 19 mai (VAM). Gros des forces : terminé le 2 juin par VAM (30 mai au 2 juin) et VMM (2 TCD - départ de Toulon le 25 mai ; arrivée à Beyrouth le 2 juin). La mise en place de DIODON IV s’est faite du 17/09 au 01/10/1983 dans des conditions analogues. Celle de DIODON V a eu lieu du 19 janvier 84 au 30 février 84 avec poser de toutes les VAM à Larnaka et transit Larnaka - Beyrouth par TCD et BDC.
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DIODON
2-3 Phases de déploiement Modes d’action Occupation de points stratégiques, patrouilles mixtes franco-libanaises, gardes statiques et postes d’observation, contrôle de l’accès aux points stratégiques désignés (toujours en présence de représentants de l’autorité locale) ; en cas de besoin, interposition physique pour prévenir et/ou faire cesser les affrontements et les exactions.
Opérations menées DIODON I : déminage par le Génie des camps de Sabra et Chatila. Contrôle de zone et recherche d’armes aux environs du camp de Sabra et dans la région de Chiyah. DIODON II : Sur demande du Commandement libanais (14 février 83), la FMSB doit se déployer, conjointement avec l’armée libanaise, dans le « grand Beyrouth ». Avec l’accord de l’EMA, les unités DIODON occupent les trois postes assignés le 16 février à 13 h 00. A compter du 22 février 12 h 30, selon les vœux des autorités libanaises, des patrouilles sont effectuées dans l’est du Nahr Beyrouth. A la suite des attentats subis par le détachement les 29 janvier et 2 février, son renforcement est décidé et effectif le 14 février. Pour améliorer la sécurité de la Force, un regroupement des postes de niveau section a été réalisé. Les renforts reçus permettent la constitution d’une réserve d’intervention. DIODON III : Poursuit la mission de DIODON II. Une demande du général de brigade (GBR) Coullon de renforcement en moyens blindés et en aviation légère de l’armée de terre (ALAT) pour accompagner une extension de la zone d’action aux hauteurs dominant Beyrouth à l’Est afin d’améliorer la sécurité en ville, n’est pas suivie d’effet. L’armée libanaise accroît son activité en ville, sans concertation avec la FMSB, et il s’ensuit des incidents voire affrontements, comme le 15 juillet, avec des réfugiés chiites et kurdes, dans la zone de la milice Amal (secteur français). La Force se trouve ainsi prise entre deux feux, sans être directement visée. La mission d’appui à l’armée libanaise apparaît alors caduque dans les faits, celle-ci entreprenant des missions de maintien de l’ordre, contestées par une partie de la population, missions par ailleurs explicitement exclues du mandat de la FMSB. Cependant l’attitude de la population devient moins favorable à la Force. DIODON IV : Son déploiement est marqué par une intensification des bombardements sur la ville, les unités françaises étant directement visées (22 septembre 83). En rétorsion, un raid de Super Etendards est mené le 23 contre des batteries d’artillerie hostiles dans le Chouf. Le mois suivant, les postes et patrouilles français sont l’objet de harcèlements et agressions de tous genres (une dizaine).
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Le point culminant en est l’attentat au camion suicide contre le poste Drakkar (23 octobre - 58 tués), opération conjuguée avec la destruction du QG américain. Trois semaines de calme suivent, jusqu’au raid des Super Etendards sur Baalbeck, qui est suivi par 46 attaques en 58 jours et la destruction par camion - bombe du poste Frégate, le 21 décembre (1 tué, 24 blessés français ; 14 morts, 66 blessés libanais). Un calme relatif règne ensuite jusqu’à la relève de janvier 1984. La population a perdu confiance en la FMSB. DIODON V : Les camps palestiniens passent sous la responsabilité de la FINUL, ce qui permet de resserrer le dispositif, avec effort particulier sur la sécurité passive. La transition à l’ONU s’organise.
2-4 Désengagement Le désengagement de DIODON correspond à l’opération CARRELET qui se déroule du 24 mars au 8 avril 1984. Il a lieu d’une part, par voie maritime du 24 au 31 mars, à destination de Larnaka et/ou Toulon, puis à/c du 6 avril (cargo affrété de Larnaka à Toulon), et d’autre part, par VAM, du 31 mars au 2 avril, au départ de Larnaka. Le 30 mars 84 à 08 h 15 (locales), toutes les positions ont été évacuées ; les personnels et les véhicules restants sont regroupés au port en sûreté et sont embarqués par TCD et engins de débarquement d’infanterie et de chars (EDIC) à destination de Larnaka.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Initialement : PC et EM du commandement des éléments français (COMELEF) ; 1er EMT ; à la Résidence des Pins (Ambassade de France). 2ème EMT : entre le camp de Chabra et la mer. Génie : au centre culturel français. Soutien : hippodrome et port de Beyrouth. Une soixantaine de postes sont tenus par les effectifs d’un groupe à une section. DIODON III a vu un resserrement du dispositif avec 6 îlots principaux : les camps palestiniens ; l’ambassade ; la Résidence et le Bois des Pins ; la chancellerie ; le port ; le carrefour Tell Zaatar ; les axes de liaison, avec 40 postes occupés. Après l’attentat de Drakkar (23 octobre 83), le dispositif se resserre sur une trentaine de postes pour se réduire à quinze postes de section fin janvier 84 avec évacuation des camps palestiniens, quatre îlots restant : Résidence, chancellerie, port, Tell Zaatar.
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DIODON
IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Initialement (DIODON I et II), la mission de paix a été assurée en ville avec une efficacité réelle (réduction drastique des affrontements entre factions dans la zone française) mais limitée, dans la mesure où elle n’a pas pu empêcher les bombardements et attentats terroristes. A partir de DIODON III et surtout DIODON IV, les priorités de la Force ont dû s’orienter vers sa propre protection, tout en maintenant sa présence auprès de la population. Néanmoins, il faut noter le succès enregistré dans la réorganisation et l’instruction de l’armée libanaise effectuées à partir de DIODON IV.
4-2 Pertes humaines 90 tués ; 130 blessés.
4-3 Pertes matérielles Non répertoriées.
4-4 Enseignements tirés 4-41 - Se déclenchant inopinément dans la foulée d’EPAULARD, DIODON a démontré la capacité des armées à déployer d’emblée une nouvelle force de plus de 1.000 hommes à 3.000 km de la métropole en moins de 8 jours. 4-42 - La FMSB s’est trouvée confrontée à des attaques terroristes en zone urbaine, au milieu d’une population qu’elle était censée protéger. Les parades sont d’abord trouvées dans des mesures de protection passives et d’aménagement du terrain (rôle prépondérant du Génie, mais en volume insuffisant). Ensuite, ce sont les mesures de sûreté visant à obtenir le renseignement adéquat : patrouilles à proximité des objectifs possibles et dans la profondeur, mais surtout contacts (devant être fructueux) avec les autorités et responsables locaux ainsi que les unités voisines, dans toute une zone d’intérêt qui dépasse de beaucoup la zone d’action. Outre les risques physiques encourus par les personnels cherchant ce renseignement, les risques d’intoxication / désinformation, voire de compromission ont été réels. 4-43 - Le plus frustrant est que les modes d’action de riposte possibles sont très limités voire inexistants : le mandat de la Force excluait toute action de rétorsion armée ; la décision de riposter est d’ordre politique du plus haut niveau ; encore faut-il avoir des objectifs crédibles identifiés. 4-44 - L’opération DIODON a mis aussi en lumière l’importance de la désinformation par voie de presse. L’exploitation de l’opération sur Baalbeck au détriment de la Force en est une illustration dramatique, Français, Américains et Israéliens étant confondus dans une même action n’ayant
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DIODON
prétendument causé que des victimes civiles libanaises. L’opération militaire doit être assortie d’une opération d’information basée sur une estimation même pessimiste de la désinformation pouvant être conduite par l’adversaire. 4-45 - La coopération entre la force navale OLIFANT, présente au large, et la force terrestre DIODON s’est révélée d’une importance capitale pour le déroulement de l’opération, par l’exécution de missions très diverses : transit maritime, relais transmission, évacuation sanitaire (EVASAN), appui feu canon et air-sol, appui guerre électronique, et même relaxation des personnels très éprouvés par les conditions de vie à terre et d’exécution de leurs missions.
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CARRELET BEYROUTH - LIBAN (MARS - AVRIL 1984)
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CARRELET
I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1 - Type d’opération Retrait du Liban de la composante française de la Force Multinationale de Sécurité de Beyrouth (FMSB - DIODON V).
2 - Mandat Désengager et rapatrier la Force conduisant l’opération DIODON V dans des délais imposés très contraints (désengagement en six jours) et avec la plus grande discrétion dans la préparation (secret absolu jusqu’au moment même du désengagement).
3 - Durée de l’opération Deux semaines, du 24 mars au 8 avril 1984.
4 - Zones ou pays concernés Beyrouth (Liban) ; Larnaka (Chypre) ; Toulon (France).
5 - Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention A la date de prise de décision politique de désengagement de la Force DIODON (début mars 84), et plus précisément, lorsque cette décision a été communiquée au commandant des éléments français (COMELEF), le 20 mars 1984, le contingent français est le seul de la FMSB restant au Liban après le départ des contingents italien, américain et britannique. Un calme précaire règne à Beyrouth où les factions sont séparées par la « ligne verte » que continue de contrôler le détachement DIODON V. Mais l’hostilité des Libanais est devenue sensible à l’égard d’une force qui n’a répondu aux aspirations d’aucune faction ni pleinement à celles du gouvernement. La transition de la FMSB à l’ONU s’organise. Au cours du désengagement, un accord formel de cessez-le-feu intervient qui permet au contingent français d’être honoré, à l’occasion de son départ, au cours d’une prise d’armes présidée par les plus hautes autorités du pays.
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CARRELET
Règles d’engagement Légitime défense.
Organisation du commandement Sous l’autorité du chef d’état-major des armées (CEMA), l’opération est dirigée par l’Amiral commandant la Combat Task Force 452 (CTF 452) et le groupe aéronaval (opération OLIFANT). Le COMELEF DIODON devient adjoint à l’amiral CTF 452 pour CARRELET.
Moyens engagés La force DIODON V, qui se désengage par elle-même. Les moyens marine de l’opération OLIFANT. Renforts en individuels du détachement de transit interarmées maritime (DTIM), du Centre opérationnel de l’armée de terre (COAT), de l’état-major de la marine (EMM) et de la Préfecture maritime, en majorité à bord des bâtiments de la CTF 452 et au port de débarquement à Toulon, ponctuellement, sur le port de Beyrouth et à Larnaka. Effectifs moyens par armée Terre : ~ 1.500 Marine : équipages de la CTF 452 (opération OLIFANT). Corps d’appartenance Cf. fiche DIODON. Matériels majeurs Cf. fiche DIODON.
II - CHRONOLOGIE
2-1 Planification Menée conjointement par l’état-major (EM) CTF 452, le bureau logistique (B. Log) DIODON, le groupe amphibie de la Rance (Combat Task Group : CTG 452.4) et des représentants du DTIM, en des délais très courts (21 au 24 mars). Des réunions quotidiennes de recalage permettent la conduite « à vue ».
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CARRELET
2-2 Montée en puissance Pour des raisons politiques, la décision de retrait et ses modalités ne doivent pas pouvoir être même soupçonnées par les parties en présence avant le début d’exécution. Seul le COMELEF a été informé le 20 mars ; tous ses subordonnés (sauf ceux préparant l’opération à bord du porte-avions) ne seront informés que le 24 (en même temps que l’annonce officielle par voie diplomatique et à la presse). Il s’en est suivi une certaine impression d’improvisation voire de confusion.
2-3 Phases de déploiement Il est imposé d’effectuer le retrait du Liban en six jours maximum, débutant dès le lendemain de l’annonce, soit le 25 mars. Toutes les parties en présence veulent prendre le contrôle des points stratégiques que les Français vont devoir abandonner (Armée libanaise, Forces libanaises PSP, Milice AMAL…) Les contacts pris par le COMELEF du 25 au 28 permettent aux unités françaises d’organiser leur relève par les Forces de Sécurité Intérieures Libanaises avec un minimum de sérénité. Cela n’empêche pas les harcèlements comme ceux des 24 et 25 mars qui occasionnent 13 blessés et détériorent de nombreux véhicules. L’accord formel de cessez-le-feu est conclu le 28. Comme difficultés pour la bonne exécution du désengagement, le COMELEF souligne un certain nombre de points dont les principaux sont : - insuffisance du nombre de containers disponibles, malgré l’utilisation de ceux installés en protection sur les emplacements de combat et qu’il a fallu récupérer ; - insuffisance de moyens (matériels et personnels) de levage et de manutention sur le port de Beyrouth ; - incertitudes quant aux capacités d’emport de matériel des moyens navals mis à disposition et en particulier du cargo Esterel, attendu à Larnaka. Néanmoins, et conformément aux ordres, le 30 mars 1984 à 08h15 locales, toutes les positions sont évacuées. Dans la journée, tous les éléments de DIODON sont embarqués, les derniers sur TCD (transport de chalands de débarquement) et engins de débarquement d’infanterie et de chars (EDIC). Ils font route les uns vers Toulon directement (groupe aéronaval) et les autres vers Larnaka (groupe amphibie). Les derniers embarquent à compter du 6 avril sur le cargo affrété Esterel, à destination de Toulon (arrivée le 8). Les personnels non indispensables pour le convoyage sont rapatriés par voie aérienne militaire (VAM) Larnaka-Toulon entre le 31 mars et le 2 avril.
2-4 Désengagement Les conditions dans lesquelles le matériel a été débarqué et présenté pour reversement ont fait l’objet de nombreuses critiques. Le COMELEF souligne cinq points : - tout ce qui est logistique du niveau supérieur à l’unité élémentaire a dû être chargé sur les bâtiments en fonction de leur capacité d’emport disponible ; - les unités elles-mêmes arrivaient directement de leurs emplacements de combat et embarquaient sur les navires désignés, lesquels n’étaient pas forcément ceux où était
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CARRELET
embarquée la logistique de leur régiment d’autant qu’une partie devait être chargée sur l’Esterel, après transport de Beyrouth à Larnaka sur des bâtiments de la Marine, et que la capacité réelle d’emport de l’Esterel était mal connue : - enfin, l’attaque brutale des 24-25 mars et les opérations de harcèlement subies pendant le décrochage avaient endommagé nombre de véhicules et donc perturbé la régularité du chargement ; - par ailleurs les commandements et chefferies territoriaux à l’arrivée s’étaient assez peu mobilisés pour permettre un accueil organisé d’une Force dont le repli s’était fait sous le signe de l’urgence.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Déploiement initial : sur la «ligne verte» et le port de Beyrouth. Embarquement au port de Beyrouth. Transit (partiel) par Larnaka (port et aéroport). Débarquement à Toulon (arsenal et aéroport).
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CARRELET
IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Rapatriement de la totalité des personnels et matériels de l’opération DIODON V comprenant notamment le fret suivant : - 126 containers MICK 7 - 47 containers Marine 3,5 m3 - 41 containers 9 m3 - 195 palettes de munitions - 35 palettes diverses - 100 caisses diverses banalisées 1 m3
4-2 Pertes humaines Font partie du bilan DIODON.
4-3 Pertes matérielles 75 véhicules plus ou moins gravement endommagés ont été identifiés au débarquement à Toulon.
4-4 Enseignements tirés Les exigences politiques, pour compréhensibles qu’elles soient, ont constitué des contraintes à la limite du possible pour l’opération. - Le secret absolu exigé jusqu’au dernier moment n’a permis d’avertir les exécutants qu’au moment même de l’exécution, rendant toute préparation intellectuelle et a fortiori matérielle impossible. Ce secret a même entravé la bonne marche de la préparation du repli au niveau national, ce qui s’est traduit par une insuffisance de moyens en matériels et personnels spécialisés mis en place, notamment sur le port de Beyrouth et à Larnaka. Il explique également le peu d’attention porté par les autorités nationales territoriales à cette opération et a handicapé le bon déroulement de la phase débarquement. - Les délais excessivement réduits consentis pour les opérations de décrochage et de relève ont sans doute nui encore plus aux opérations de repli. Mais, si un cessez-le-feu formel n’avait pas pu être conclu, comme cela a été le cas, grâce aux efforts militaires et diplomatiques des responsables français et libanais, les conséquences auraient pu être bien pires : d’une part, la sécurité de la Force pendant son transit de ses positions de combat aux points d’embarquement aurait été rendue précaire ; et d’autre part, l’évacuation de chaque poste aurait donné lieu à une reprise généralisée des violences que l’engagement de la FMSB / DIODON avait quand même réussi à réduire dans des proportions considérables.
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CARRELET
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BUSIRIS ÉMIRATS ARABES UNIS (AOÛT 1990 - AVRIL 1991)
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BUSIRIS
I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type d’opération Assistance et mise à disposition d’unités organiques de l’armée de terre et de l’armée de l’air aux Emirats Arabes Unis (EAU) avec lesquels la France a signé un accord.
1-2 Mandat Les éléments des forces armées françaises déployés sur le territoire des EAU auront tout d’abord des missions d’entraînement et d’assistance technique, notamment dans le domaine de la défense aérienne. Ils pourront également mener des actions opérationnelles, de caractère strictement défensif, qu’il s’agisse de défense aérienne ou de reconnaissance et de contrôle des frontières.
1-3 Durée de l’opération Août 1990 - avril 1991
1-4 Zones ou pays concernés Emirats Arabes Unis; Moyen Orient
1-5 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Face à l’évolution très dangereuse de la situation dans la région du Golfe, l’Etat des EAU a donné son accord pour accueillir des forces arabes et amies sur son territoire. Dans ce contexte, la France a décidé d’envoyer un escadron de reconnaissance et d’investigation de l’armée de terre, des unités de défense aérienne (systèmes CROTALE et MISTRAL) et des techniciens de maintenance des Mirage 2000 dont sont dotés les forces armées des Emirats.
Règles d’engagement L’emploi des armes est limité à la légitime défense.
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BUSIRIS
Organisation du commandement Les forces françaises sont mises à la disposition des forces des EAU par décision du gouvernement français qui délègue à cette fin le contrôle opérationnel aux autorités responsables des EAU. Le commandant des éléments français (COMELEF) de BUSIRIS est directement subordonné au chef d’état-major des armées (CEMA).
Moyens engagés Les effectifs mis en œuvre lors de BUSIRIS évolueront tout au long de l’opération. Ils atteindront un pic de l’ordre de 350 hommes puis se réduiront progressivement jusqu’au désengagement, en avril 1991. Les chiffres donnés ci-dessous sont ceux du début de l’opération: Effectifs moyens par armée Armée de terre : 245 Armée de l’air : 100 Divers/gendarmerie/santé Corps d’appartenance Armée de terre : 1er RHP, 35ème RAP (RASIT), 11ème RAMa, 68ème RA, 28ème RT (station INMARSAT), 14 RPCS, 41ème RT (station SYRACUSE) ème
Matériels majeurs 43 véhicules légers tout terrain (VLTT) P4 ; 21 véhicules légers de reconnaissance et d’appui (VLRA) ; 12 postes de tir anti-char (AC) MILAN ; 1 groupe RASIT ; 1 station radio télétype TRCT2 équipée 7 kW Une section sol-air très courte portée (SATCP)-MISTRAL et une équipe radar ŒIL NOIR
II - CHRONOLOGIE
2-1 Planification La planification a été réalisée par l’état-major des armées (EMA)
2-2 Montée en puissance A partir du 26 août et jusqu’au 2 septembre 1990, arrivée des premiers éléments par voie aérienne (350 hommes). Mise en place du COMELEF le 7 septembre. Retrait en octobre du radar RASIT (35ème RAP).
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BUSIRIS
2-3 Phases de déploiement Jusqu’au 09 janvier 1991 : A partir de cette date, départ du 1er RHP qui rejoint le dispositif DAGUET, via le territoire du Qatar. Le président de la République ayant décidé l’engagement offensif des unités françaises dans les opérations militaires ayant pour but la libération du Koweït, l’ensemble des moyens de défense sol-air alloués à l’opération BUSIRIS passe sous contrôle opérationnel émirati.
2-4 Désengagement Entre le 13 et le 26 mars 1991 : Désengagement successif de l’unité MISTRAL, puis du TRCT2, enfin de l’escadron de défense sol-air CROTALE. Compte tenu de l’évolution politique et des succès remportés en Arabie Saoudite, les dernières forces françaises se désengagent à partir du 18 avril. Le 20 avril l’opération BUSIRIS est achevée.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Un élément de commandement réduit est stationné sur la base aérienne de Al Bateen (sortie Sud-Est d’Abou Dhabi). La section MISTRAL est déployée sur la base aérienne de Al Dhafra (25 km Ouest d’Abu Dhabi). Les deux sections CROTALE sont déployées sur le site de Djebel Ali (20 km au Sud-Ouest de Dubaï). Le détachement du 1er RHP - un élément de commandement, deux pelotons MILAN, deux pelotons d’éclairage - est stationné à Al Hamra (260 km à l’Ouest d’Abu Dhabi), intégré au sein d’un régiment d’infanterie émirati qui a pour mission de surveiller la frontière Sud-Ouest avec l’Arabie Saoudite.
3-2
Cartographie
Les troupes françaises disposent d’une cartographie satisfaisante.
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IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Le bilan de l’opération s’est avéré très positif. L’assistance technique MIRAGE 2000 a permis aux forces aériennes émiraties de mieux maîtriser et apprécier leur équipement. Les instructeurs CROTALE ainsi que les experts en guerre électronique ont, dès le départ, été appréciés. Les sections CROTALE et MISTRAL ont été intégrées au dispositif antiaérien avec une totale efficacité. Enfin l’escadron du 1er RHP, a dans un premier temps, par sa seule présence, joué un rôle psychologique important. Ultérieurement son utilité est apparue moindre (peu de recrues à instruire durant la période qui a précédé l’offensive, capacité limitée de défense en raison de son équipement léger, diminution des risques de conflit sur le territoire même des EAU). Son intégration dans le dispositif DAGUET a toutefois été grandement facilitée par la connaissance et l’acclimatation au contexte géographique qui avaient été acquises lors de son séjour aux EAU.
4-2 Pertes humaines Néant.
4-3 Pertes matérielles Non connues.
4-4 Enseignements tirés - Ce type de déploiement a mis en relief la responsabilité du gouvernement des EAU quant aux actions engagées et aux conséquences qui en découlent, vis à vis des personnes et des biens se trouvant sur le territoire des EAU comme vis à vis des pays tiers. Il en est de même pour les conséquences éventuelles de l’intervention des assistants techniques détachés par l’armée de l’air française pour les MIRAGE 2000 des émirats. - Pour assurer l’information et la coordination à tous les niveaux de la chaîne opérationnelle émiratie, la structure suivante a été mise en place et a donné toute satisfaction : des officiers de liaison français dans le CO émirati (OLDA = officier de liaison de défense aérienne) et des officiers système d’arme français dans les cellules tactiques (CETAC) émiraties lorsqu’elles existaient. En raison des distances très importantes entre chaque entité, la chaîne de défense nucléaire biologique chimique (NBC) a dû être totalement autonome au sein de chacune d’elles. - Il faut, afin de bâtir à l’avenir des systèmes cohérents de défense antiaérienne, que les unités ayant la même vocation disposent de matériels de transmissions communs ou tout au moins aux fréquences compatibles. - Il est nécessaire de prévoir, pour des opérations impliquant des prises d’alerte de longue durée, une équipe de pièce supplémentaire afin que les personnels puissent bénéficier du temps de repos indispensables et de l’instruction minimum.
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- L’importance de la couverture médiatique de la crise en zone arabo-persique a justifié un effort significatif vis à vis de la presse. Le rôle et l’action de l’officier de presse demeurent prépondérants pour ce volet de la mission. - Pour ce qui concerne le domaine «Matériel» : • La mise en place de VLRA - ambulance, sans climatisation, s’est révélé préjudiciable à son efficacité et ne permettait pas d’envisager son utilisation pour le transport de blessés graves sur de longues distances. • L’escadron a connu quelques difficultés de mouvement sur les sols sableux, en particulier pour les VLTT P4. L’équipement préalable avec des pneumatiques «sable» et le montage d’un kit de refroidissement étaient recommandés.
V - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
5-1 Généralités Trois types de menaces étaient susceptibles de concerner les EAU : - d’abord, une menace terrestre; compte tenu de l’éloignement du Koweït et des dispositifs déployés, le risque d’action terrestre à l’encontre des EAU était estimé faible. En revanche, des actions de commandos parachutés étaient envisageables. - ensuite, une menace terroriste: son caractère permanent était souligné. Des actions terroristes pouvaient être conduites contre les dispositifs émiratis mais aussi français sur le territoire des EAU. - enfin, la menace aérienne et chimique était la plus préoccupante. La voie aérienne pouvait être le vecteur privilégié d’une attaque chimique contre les EAU dés lors qu’ils étaient hors de portée des missiles sol-sol irakiens et que l’Irak disposait d’une soixantaine d’avions d’assaut ravitaillables, de TU 16 et de TU 22 capables d’emporter des bombes classiques ainsi que des bombes chimiques. Pour ce qui concerne les forces armées de Dubaï et Abu Dhabi, ces dernières présentent des différences d’organisation, de recrutement, d’état d’esprit ; de plus une rivalité certaine demeure. Le COMELEF BUSIRIS a su en tenir compte tout au long de l’opération.
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DAGUET (AOÛT
KOWEIT 1990 - MAI 1991)
IRAQ
IRAN
warbah ‘Abdali Bubiyan Qasr as Sabiyah Al Jahrah Ash Shuwaykh
K U WA I T
Mina’ al Ahmadi Ash Shu’aybah Mina’ Abd Allah
Persian Gulf Qaruh
SAUDI ARABIA 0 0
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Mina’ Su’ud Qasr Al Wafrah
Umm al Maradim
50 km 25
50 ml
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DAGUET
I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type d’opération Intervention au sein d’une coalition multinationale, la France est chargée de couvrir l’aile ouest de l’offensive visant à libérer le Koweït. Conflit de “haute intensité“, bien que la brièveté de la phase aéroterrestre (100 heures) et la faible résistance irakienne puissent le faire considérer comme un conflit de “moyenne intensité“.
1-2 Mandat Le déploiement des forces de la Coalition (17 pays, 700.000 hommes menés par les Etats-Unis) est légitimé par l’ONU. Entre août 1990 et mars 1991, douze résolutions des Nations Unies définissent le cadre des phases successives de cette intervention, baptisée d’abord «DESERT SHIELD» puis «DESERT STORM».
1-3 Durée de l’opération Août 1990 - mai 1991. Seule l’action offensive de la division française dite «DAGUET», du 21 au 28 février 1991, fait l’objet de cette fiche.
1-4 Zones ou pays concernés Arabie Saoudite, Koweït, Emirats Arabes Unis, Irak.
1-5 Situation Géopolitique Le conflit entre l’Irak et le Koweït trouve son origine dans : - le refus de l’Irak de reconnaître l’indépendance du Koweït, lequel a fait partie du «vilayet» de Bassora dans l’empire ottoman ; - l’existence d’un contentieux territorial sur les îles de Warbah et de Boûbiyane situées dans l’estuaire du Tigre et de l’Euphrate ; - l’exploitation du champ pétrolifère de Roumallah par le Koweït à la frontière entre les deux pays (2,4 milliards de $ réclamés en compensation du pétrole «volé» depuis 1980); - la dette extérieure de l’Irak suite à la guerre contre l’Iran ; - la politique pétrolière du Koweït et des Emirats accusés de ne pas respecter les quotas pétroliers, et par là de faire chuter les cours du pétrole, privant l’Irak d’une partie des revenus attendus ; - la crise économique que traverse l’Irak en 1990 (endettement, chômage accéléré par la démobilisation de 200.000 soldats, baisse brutale du débit de l’Euphrate et diminution
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concomitante de la superficie des terres ensemencées à la suite de la mise en eau du barrage Atatürk en Turquie) ; - volonté américaine de garder le contrôle des ressources pétrolières ; - volonté occidentale de maintenir l’équilibre existant (Irak, Iran, Syrie) menacé par les ambitions de Saddam Hussein ; - la crainte de voir l’Irak disposer de l’arme nucléaire et d’en faire usage contre Israël. Fin juillet 1990, alors que les tensions sont à leur paroxysme entre les deux pays, Madame April Glaspie, ambassadrice américaine à Bagdad, déclare le 25 juillet à Saddam Hussein que les USA n’ont pas l’intention d’intervenir dans le différend, ni de déclencher une guerre économique contre l’Irak. Le 27 juillet, l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) réunie à Genève accepte une augmentation de 3 $ du cours du baril de pétrole. Le même jour, la Maison Blanche diffuse des photos prises par satellite montrant des concentrations de troupes irakiennes à la frontière. De nombreuses missions de médiations arabes interviennent. Le 31 juillet, après l’échec d’Arafat auprès de l’émir du Koweït pour que ce dernier verse 10 milliards de $ à l’Irak pour Roumallah et réduire la dette iraquienne, des discussions iraquo-koweïtiennes ont lieu à Djeddah en vue de l’ouverture d’entretiens bilatéraux à Bagdad. Le 1er août, les pourparlers sont rompus. La délégation iraquienne quitte Djeddah sous le prétexte que le Koweït n’a pas fait de nouvelles propositions.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention 2 août 1990, l’Irak envahit le Koweït. La résolution 660 du Conseil de Sécurité de l’ONU exige le «retrait immédiat et inconditionnel» des forces irakiennes. En dépit d’une forte mobilisation diplomatique internationale, Saddam Hussein maintient ses troupes au Koweït. Une coalition arabooccidentale se déploie en Arabie Saoudite. Le 25 août, la résolution 665 autorise l’usage de la force pour faire respecter l’embargo imposé dès le 6 août à l’Irak. Le 14 septembre, la décision est prise par le Président de la République de déclencher l’opération DAGUET. La résolution 678 (29 novembre) autorise l’emploi de la force et de tous les moyens nécessaires pour libérer le Koweït et fixe l’ultimatum au 15 janvier 1991. L’offensive aérienne débute le 17 janvier 1991.
Règles d’engagement La mission s’inscrit dans le cadre des Nations Unies autorisant l’emploi de tous les moyens pour libérer le Koweït.
Moyens engagés Le dispositif DAGUET a été constitué à partir d’éléments légers de la force d’action rapide (FAR) et d’éléments blindés de la 1ère Armée. Cependant, jusqu’à la phase offensive, toute l’armée de terre a été par ailleurs sollicitée pour ce qui concerne les matériels et les personnels, en particulier les engagés volontaires de l’armée de terre (EVAT). Le déploiement dans le Golfe représente pour l’armée de terre un véritable changement d’échelle, auquel elle n’était plus habituée depuis 1962 (fin de la guerre d’Algérie).
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Effectifs moyens par armée Terre : 12.448 Air : 1.780 Marine : P.M Corps d’appartenance Au début de l’opération, les unités déployées appartiennent majoritairement à la FAR : 6èmeDLB, 4ème DAM, 11ème DP, 9ème DIMa. Au fur et à mesure de la montée en puissance du dispositif DAGUET, toute l’armée de terre est impliquée. (Cf. organigramme en annexe). Matériels majeurs Terre : - 60 hélicoptères antichar équipés de missiles HOT (portée 4.000 m) ; - 24 véhicules de l’avant blindés antichar équipés de missiles HOT ; - 190 véhicules de l’avant blindés transport de troupe ; - 88 postes de tir antichar Milan (portée 1.900 m) ; - 39 canons de 20 mm ; - 44 chars AMX 30 B2 (canon de 105 mm) ; - 96 AMX 10 roues canon (canon de 105 mm) ; - 12 engins roues canon (canon de 90 mm) ; - 18 canons de 155 mm TR F1 (portée 24 km) ; - 18 mortiers de 120 mm (portée 13 km) ; - 26 postes de tir antiaérien Mistral ; - 6 postes de tir antiaérien Stinger ; - 4 hélicoptères de manœuvre poste de commandement ;
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- 14 hélicoptères appui protection ; - 25 hélicoptères de manœuvre ; - 14 hélicoptères de manœuvre santé ; Air : 12 Mirage 2000, 24 Jaguar, 4 Mirage F1 CR, 1 C 130 G, 2 HM SA 330, 3 unités de tir Crotale, 2 unités d’acquisition Crotale, 7 C 160 et 5 KC 135 FR
II - CHRONOLOGIE
2-1 Planification : août 1990 - septembre 1990 - décembre 1990 La volonté politique de la France de contrôler l’emploi de ses forces est très active. L’implication du commandement national dans la manœuvre tactique est totale. La planification opérationnelle, qui a été conduite en amont de la phase d’engagement terrestre, s’est efforcée de se rapprocher du modèle américain, en particulier pour en faciliter la compréhension par les unités du XVIIIème CA (US) placées sous le contrôle opérationnel français, mais également pour faciliter les échanges avec l’état-major de ce corps.
2-2 Montée en puissance : fin septembre 1990 - début décembre 1991 Phase défensive, les forces françaises sont aux ordres du prince Khaled Ben Sultan, chef d’étatmajor (CEM) saoudien. Fin septembre : mise en place de moyens légers de reconnaissance et de combat, à base d’infanterie, de blindés, d’hélicoptères et de leurs soutiens. La DLB et son PC se trouvent à 450 km de Ryad, au camp Khaled (CRK) ; la totalité de la base arrière du groupement de soutien logistique (GSL) se trouve à Yambu. Début décembre : mise en place de cinq régiments de combat, de moyens de transmissions et de guerre électronique ainsi que d’un fort détachement logistique (santé)
2-3 Phases de déploiement : janvier - février 1991 Engagement offensif de la division, du 24 au 28 février, sous contrôle opérationnel du XVIIIème corps aéroporté US. Deux brigades US sont mises sous contrôle opérationnel français (2ème brigade de la 82ème division aéroportée et 18ème brigade d’artillerie). Dispositif de couverture entre l’Euphrate et la frontière face au nord et à l’ouest. Relève par le VIIème corps US et retrait d’Irak le 25 mars. Mise en place d’un détachement français à Koweït-city (28 février jusqu’au 15 mai).
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2-4 Désengagement : 18 mars jusqu’au mois de mai 1991 Etalé sur deux mois et effectué prioritairement par voie maritime.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération La conception générale de la manœuvre repose sur une attaque se développant sur deux axes parallèles, exploitant les capacités de deux groupements de forces, capables d’agir simultanément mais également de manière indépendante et sans souci d’alignement. Groupement Est : chargé de l’effort contre le môle de résistance “Rochambeau“ : - 2 régiments autonomes, le 4ème RD et le 3ème Rima ; - 1 brigade d’infanterie américaine, la 2 / 82 ; - 1 brigade d’artillerie américaine - 1 groupement génie composé du 6ème REG et du 27ème bataillon du génie américain ; Groupement Ouest : chargé de la conquête d’As-Salman : - un groupement à 3 régiments de mêlée appuyés par deux régiments d’artillerie dont un américain. - 40 hélicoptères antichar pour couvrir la manœuvre face à une intervention irakienne venant de l’Euphrate.
3-2 Cartographie Ce volet n’a pas posé problème. Des milliers de cartes, récemment mises à jour, sont livrées par la métropole. Les unités françaises bénéficient en outre de cartes américaines au 1/50.000 représentant le dispositif ennemi
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IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel La division DAGUET a démontré lors de sa montée en puissance, puis au cours de son engagement, de remarquables qualités de souplesse, d’adaptation et d’efficacité pour la totalité des moyens de l’armée de terre concernés. Elle a été capable, après sa mise en place à CRK : - de se porter vers une zone de déploiement et d’attente (ZDA) située à près de 200 km au nord, - d’effectuer, dans la plus totale discrétion, un mouvement de débordement de 300 km sur son ouest pour occuper ses bases de départ - de s’emparer, après moins de 48 heures de combat, des objectifs qui lui avaient été assignés, à 160 km à l’intérieur du territoire irakien, grâce à un large manœuvre d’enveloppement terrestre combinant vitesse, surprise et puissance. La division a reçu une mission adaptée à ses capacités ainsi qu’à ses modes d’action, dont les éléments reçus en renforcements ont su s’approprier. Articulée autour de la 6ème DLB, renforcée par des éléments de la FAR et du Corps Blindé Mécanisé, unique grande unité de ce type sur le théâtre, elle s’est avérée une force originale (le couple «engin blindé léger - hélicoptère»), de taille ramassée, mais avec des capacités spécifiques. Elle a confirmé qu’elle avait non seulement sa place au sein d’un dispositif allié, mais qu’elle était totalement apte à jouer un rôle essentiel, ce qui s’est avéré fondamental au cours de la phase offensive. Cette grande unité a su mettre à profit son exceptionnelle mobilité ainsi que le caractère composite de ses équipements pour maintenir un rythme soutenu, en dépit de l’inaptitude de certains de ses matériels à participer au combat de nuit. Elle a été en mesure d’adapter ses structures en cours d’action en fonction du terrain, de l’ennemi et de la mission et, au final, de manœuvrer largement l’ennemi statique qui lui était opposé. Au cours de cette dernière action, cette grande unité a détruit 18 chars, 18 blindés légers, 73 pièces d’artillerie, 59 véhicules divers et 18 bunkers. Elle a capturé plus de 3.000 soldats irakiens et récupéré une très importante quantité de matériels divers.
4-2 Pertes humaines Deux morts. 33 blessés.
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4-3 Pertes matérielles Pas de perte au combat.
4-4 Enseignements tirés Opérationnels Les enseignements de l’opération DAGUET sont à l’origine d’une réflexion de grande ampleur qui donne à l’armée de terre1 sa configuration du début du XXIème siècle. Il faut retenir de ce conflit : l’importance du renseignement, de l’observation et des télécommunications ; le caractère aéroterrestre de la bataille ; la mobilité ; la puissance du feu (prédominance du feu sur le choc) ; la protection ; la continuité du combat ; la cohérence de l’armement et la médiatisation. Sept facteurs principaux doivent être gardés en permanence à l’esprit, quel que soit le type de conflit : - une logistique particulièrement puissante et efficace, en dépit des conditions difficiles de sa mise en œuvre ; - une très bonne connaissance de l’ennemi, obtenue non seulement par l’observation terrestre et aérienne mais aussi par l’observation satellitaire ; - une préparation de l’action extrêmement rigoureuse, à tous les niveaux, facilitée par les délais significatifs dont a pu bénéficier la division avant la phase offensive proprement dite ; - une souplesse et une faculté d’adaptation qui ont permis de changer instantanément le rythme de la manœuvre sans poser de difficulté d’exécution ; - un style d’action «enlevé» où la manœuvre a retrouvé toute sa primauté avec de larges débordements d’unités blindées extrêmement mobiles, appuyées par des feux puissants, éclairées au plus loin par les hélicoptères pour créer la surprise et favoriser la désorganisation de l’ennemi ; - une coopération interarmes et interarmées qui s’est imposée au fil des jours et a pu être poussée jusqu’au niveau de l’unité élémentaire ; - un outil de combat servi par des cadres et des soldats professionnels nantis de qualités morales, techniques et physiques indéniables.
Logistique En dépit des nombreuses difficultés auxquelles s’est heurtée la logistique DAGUET, celle-ci constitue une réussite. La préparation à l’engagement a nécessité l’envoi sur le théâtre d’environ 18.000 tonnes de ressources et matériels divers, dont 13.000 tonnes de munitions, soit 30 jours de combat à taux moyen (le carburant, l’eau et les vivres étaient fournis par la nation hôte). La base divisionnaire ainsi que le GSL «avant» étaient centrés sur CRK, alimentés par un flux logistique en provenance de la base aéroportuaire de Yambu (1.200 km). Dés le déclenchement des opérations aériennes, la division 1
«…on peut considérer que les nouveaux états-majors opérationnels (CFAT, EMF, brigades) ou déployés en opérations (DMNSE, BMN) que nous connaissons aujourd’hui sont les héritiers de cette expérience unique et couronnée de succès qu’a été l’engagement de la division DAGUET en IRAK». GDI J.F. DURAND (ancien chef d’état-major de la division DAGUET).
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DAGUET, suivie du GSL, a fait un bond de 300 km vers la frontière irakienne (Rahfa). Cette opération a impliqué 150 véhicules de transport logistique avec remorque (VTLR) entre la plate forme de CRK et Rahfa. Simultanément s’est poursuivie la remise à niveau de CRK à partir des ressources débarquées à Yambu, soit à 1.500 km de la zone d’engagement. Lors de la phase offensive, les moyens logistiques, bien adaptés mais considérablement sollicités, ont permis d’engager la division dans les meilleures conditions. La projection ainsi que le désengagement du théâtre confirmeront la nécessité d’une zone de regroupement et d’attente (ZRA). La ZRA de Miramas a montré dans ce contexte tout son intérêt, avec ses espaces, un dépôt de munitions, ses terminaux voie ferrée (VF), la proximité des autoroutes, de la base aérienne d’Istres, des ports de Marseille et de Toulon. Des travaux d’adaptation seront réalisés par la suite. Ces succès ne doit cependant pas occulter que cette logistique, sous-évaluée au début de l’opération, a bénéficié d’une période de cinq mois avant l’offensive pour se mettre à niveau, que la nation hôte a apporté son concours, que des équipements ont souvent été réalisés ou adaptés dans l’urgence (surblindage des engins blindés), que notre capacité de transport tactique s’est révélée déficitaire et enfin que l’ensemble des ressources de l’armée de terre a été mis à contribution pour faire face aux demandes en personnels ainsi qu’en matériels.
Bilan La création de nouveaux organismes2, la professionnalisation, l’effort d’interopérabilité, la prise en compte des médias, la poursuite et la justesse de certains programmes d’équipements [ radar HORIZON, aérodyne léger télépiloté (ALT)], la mise en place de nouveaux concepts logistiques, constituent quelques-uns des effets directs ou indirects issus de l’engagement des forces françaises dans ce premier conflit post guerre froide.
2
DRM (direction du renseignement militaire), DAS (délégation aux affaires stratégiques), EMIA (état-major interarmées [de planification opérationnelle]), COIA (centre opérationnel interarmées), COS (commandemnt des opérations spéciales)
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LIBAGE (AVRIL -
IRAK JUILLET
1991)
Buhayrat ath Tharthër
Tig ris
E u ph rates
Buhayrat ath Razäzah
Shatt al Arab
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I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Opération d’aide humanitaire en zone de forte insécurité.
1-2 Mandat L’opération, décidée en interallié, sans mandat explicite de l’ONU, s’inscrit toutefois dans le cadre de la Résolution 688 (5 avril 1991) du Conseil de Sécurité de l’ONU qui exige de l’Irak l’arrêt de la répression contre les Kurdes et la liberté de passage pour l’aide humanitaire à leur profit, et qui lance un appel à tous les états membres pour qu’ils participent à cette assistance humanitaire. La mission est triple : - aider et participer à l’acheminement de l’aide humanitaire ; - protéger les populations kurdes du nord de l’Irak contre les forces armées irakiennes; - favoriser le retour en Irak des Kurdes réfugiés en Turquie.
1-3 Durée Trois mois, du 15 avril au 20 juillet 1991 (le détachement aérien est sur place début avril et les derniers éléments terrestres n’ont quitté la zone que le 4 août).
1-4 Zones ou pays concernés Irak (Nord). Turquie (Sud-est). (# «Kurdistan»)
1-5 Situation géopolitique Le 5 mars 1991, profitant de la fin des opérations alliées en Irak (TEMPÊTE DU DESERT), les Kurdes du nord de l’Irak se rebellent une fois de plus contre le régime de Saddam Hussein. La répression est brutale et les populations fuient vers les montagnes formant la frontière entre la Turquie et l’Irak, dans des conditions de misère extrême (plusieurs centaines de milliers de réfugiés). Le 2 avril, la France saisit l’ONU au nom du «devoir d’ingérence humanitaire». L’ONU accède à cette demande par le vote de la résolution 688 (5 avril 1991) qui exige de l’Irak l’arrêt de la répression et lance un appel à toutes les organisations humanitaires et aux états membres de l’ONU pour porter assistance aux Kurdes irakiens. Les Alliés, dans le sud de la Turquie, poussés par les Américains, étaient déjà décidés à intervenir.
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1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française à l’opération multinationale interalliée «PROVIDE COMFORT», sous commandement américain, déclenchée moins d’un mois après la fin de l’opération «TEMPETE du DESERT» contre l’Irak. Avec 2.100 personnels, la France est la 3ème nation contributrice sur onze nations participantes, derrière les Etats Unis (11.500) et le Royaume Uni (3.985), et devant l’Italie (1.170), les Pays Bas (1.015) et l’Espagne (590).
Règles d’engagement Non écrites et restées confidentielles, ce sont en fait celles du temps de paix, en France.
Organisation du commandement Le Général Le Page a été désigné par le chef d’état-major des armées (CEMA), Commandant des Forces Françaises (COMFOR) de l’opération LIBAGE. A ce titre, il dispose d’un état-major (EM) français et est en relation directe avec le centre opérationnel interarmées (COIA). Il assume les responsabilités du commandement organique de tous les éléments français et assure le respect des positions françaises par le Commandant interarmées de l’opération «PROVIDE COMFORT» (COM CJTF = Combined Joint Task Force), auprès de qui il a détaché des officiers de liaison. Le secteur français, quand il est établi, passe aux ordres du général de brigade (GBR) Prévost qui dispose d’un EM de brigade. Il a le commandement direct de tous les éléments (terre) français et a, sous contrôle tactique (TACON), des éléments américains, anglais, italiens, espagnols et belges. Il est sous contrôle opérationnel (OPCON) du Général (US) commandant la Joint Task Force (JTF) B.
Moyens engagés Etat-major du Commandant des forces COMFOR (poste de commandement (PC) principal et avancé) ; état-major du Commandant de secteur français (Est). Un bataillon d’infanterie parachutiste : Unité de commandement et de soutien (UCS), commandos de recherche et d’action dans la profondeur (CRAP), 3 compagnies (Cies) motorisées et 1 CAC (-)(compagnie antichar). - Un hôpital militaire de campagne (HMC) - Une antenne chirurgicale aéroportée (ACA) - Une antenne médico-chirurgicale aéroportée (AMA) - Deux détachements génie (aide au déploiement et combat/déminage)
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- Un détachement ALAT (DETALAT) - Un groupement logistique - Un détachement Air - Une équipe de transit maritime - Détachements étrangers : Equipes de «Civil Affairs» US - Equipes de reconnaissance lointaine italiennes et britanniques - Eléments médicaux espagnols (+ 1 section d’infanterie parachutiste) et belges - Renforcements à la demande : jusqu’à une compagnie (US) mécanisée / héliportée (CH 47 et/ou UH 60) incluant 2 groupes de mortiers et une section AC Tow. - Appuis hélicoptère d’attaque (HA) : 12 Apache. CAS (close air support/ appui aérien rapproché) et reconnaissance (selon planification). Effectifs moyens par armée Armée de terre : 1.560 Armée de l’air : 100 Marine : 3 Service de santé : 460 Corps d’appartenance EM 11ème DP. 3ème RPIMa. UISC 1. 17ème RGP. 9ème RCP. 8ème RPIMa. EM 27ème DA. 7ème RPCS. BL FAR. 4ème DAM. 4ème RHCM. COTAM. BOMAP. Matériels majeurs Terre : véhicules légers tout terrain (VLTT) P4 ; véhicules légers de reconnaissance et d’appui (VLRA) ; véhicules de transport logistique (VTL) et camions divers. Engins du génie. Matériels des HMC, ACA et AMA. 4 HA Gazelle. 6 hélicoptères de manœuvre (HM) AS 532 Cougar. Air : 5 (puis 2) transports tactiques C 160 Transall.
II - CHRONOLOGIE
2-1 Planification Décidée début avril 1991 en interalliés et déclenchée dès le 6 avril, l’opération «PROVIDE COMFORT» / LIBAGE est exécutée selon une planification de circonstance. Le 16 avril, le COMFOR arrive à Incirlik (Turquie) avec une mission de reconnaissance. Il prend alors contact avec les représentants de l’ONU et les représentants diplomatiques et gouvernementaux français, ainsi qu’avec le COM CJTF et son état major. Les reconnaissances permettent d’évaluer l’ampleur de la tâche et de déterminer les moyens initialement nécessaires. Ce n’est que fin avril qu’est décidée la création en Irak, de la zone de sécurité (100 km X 50 km) au sud de la frontière turco-irakienne, dans laquelle la France a la responsabilité du secteur Est.
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2-2 Montée en puissance Le détachement air (DETAIR) est sur place début avril 91. Le COMFOR et les précurseurs arrivent à Incirlik le 16. Deux compagnies para, le DETALAT, l’ACA et l’AMA sont déployés entre le 20 et le 26 avril, par voie aérienne (les SA 352 Cougar en autonome). Les autres éléments français de LIBAGE se déploient entre le 2 et le 10 mai, dès que la répartition des zones entre les participants à PROVIDE COMFORT est définitive.
2-3 Phases de déploiement Modes d’action (ou Idée de manœuvre). Il s’agit, simultanément, de contrôler la zone en forçant les unités irakiennes au repli et de déployer les relais humanitaires (RH) devant accueillir, d’une part les réfugiés et d’autre part les livraisons d’aide humanitaire. Opérations menées - Dès le 8 avril 91, les aérolargages humanitaires commencent sur les zones connues de regroupement des réfugiés kurdes. Ils continueront jusqu’au 29 avril. Pour les opérations aéroterrestres, le COMFOR distingue 5 phases. • 18 avril-1er mai - Premiers secours d’urgence. Alors qu’un embryon de base logistique avancée se met en place à Silopi (Turquie) pour être opérationnelle le 29, les éléments français effectuent une reconnaissance en Irak et déploient le relais humanitaire n° 1 (RH 1) à Qasrok (AMA + ACA, opérationnelles le 25 avril). Simultanément, l’évacuation de Zakho par les Irakiens est réalisée, l’action humanitaire peut commencer et les reconnaissances sont envoyées plus à l’Est. - 2-15 mai - Extension de la zone de sécurité. La décision étant prise d’établir la zone de sécurité au sud de la frontière, les éléments français participent, à compter du 2 mai, sous TACON britannique, et avec appui américain (hélicoptères d’attaque (HA) et appui aérien rapproché (CAS) à une reconnaissance en force vers l’Est, destinée à repousser la garde présidentielle irakienne, qui oppose une vive résistance. Le 6 mai, le PC et les éléments français se déploient à Sirsenk où doit s’installer un détachement de soutien logistique ; le reste de la zone Est est enlevée par une opération combinée aéroterrestre sous commandement français. Entre le 6 et le 11 mai, les éléments français arrivant en renfort occupent cette région (Shiladiza, Suriyah, Deralok) qui passe sous responsabilité française, les éléments alliés passant sous TACON français. Le RH 2, incluant
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l’ACA, est déployé à Shiladiza avec le PC de secteur tandis que l’HMC se déploie à Zakho, avec des éléments de transport et de logistique au sein d’un plus important dispositif interallié. - 15 mai-8 juin - Stabilisation. A partir de Qasrok (RH 1 - AMA), de Zakho (DETLOG (détachement logistique) - HMC), de Sirsenk (DETLOG - DETALAT) et de Shiladiza (RH 2 - ACA), les forces françaises prodiguent assistance médicale et chirurgicale, transport et distribution de vivres et matériels de première nécessité, aide aux mouvements (et parfois transport) des réfugiés retournant en Irak, tout en aménageant les sites d’implantation des unités et des réfugiés, y compris le déminage et la dépollution d’urgence ; tout cela en étroite coopération avec l’UNHCR, les «Civil Affairs» (US) et de nombreuses organisations gouvernementales et non gouvernementales (ONG) ; elles contribuent à la sûreté contre un éventuel retour irakien. Le 28 mai, un détachement médical belge se déploie au RH 2 ; une relève progressive commence. - 8-26 juin - Transfert des responsabilités humanitaires. Le dispositif humanitaire est progressivement démonté, la responsabilité passant aux organismes civils et à l’ONU. Les troupes alliées assurent toujours la sécurité sur zone, d’autant que les discussions entre les diverses factions kurdes et les Irakiens ont du mal à aboutir. Les forces françaises restantes disposent, au besoin, d’unités mécanisées américaines mises à la demande, sous TACON, ou d’appuis d’hélicoptères Apache.
2-4 Désengagement La majeure partie du dispositif santé et logistique est rapatrié entre le 13 et le 18 juin, ainsi que les PC et 2 compagnies moto. Le 30 juin, la troisième compagnie est repliée ; le 19 juillet, le DETALAT et la dernière compagnie. L’UCS et la CAC (-) du 8ème RPIMa restent jusqu’au 4 août. Le repli combine hélitransport jusqu’en Turquie (Silopi, Incirlik et/ou Iskenderun). Voie aérienne militaire (VAM) pour les personnels vers la métropole et embarquement sur transport chalands de débarquement (TCD) à Iskenderun pour les matériels lourds.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
Dispositif de l’opération : cf carte
IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel - 2.100 tonnes de fret et 50.000 litres de carburant distribués au titre de l’aide humanitaire. - 12.386 consultations, 7.700 vaccinations, 2.500 journées d’hospitalisation ; 80 actes chirurgicaux - Transit de 98.000 réfugiés (dont 4.700 transportés)
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4-2 Pertes humaines Néant 4-3 Pertes matérielles Non précisées. 4-4 Enseignements tirés - L’ambiguïté et la complexité de la situation politico-diplomatique et l’ampleur de la tâche humanitaire auraient amplement justifié la désignation d’un conseiller diplomatique auprès du COMFOR, comme ce fut le cas pour le délégué à l’aide humanitaire. Des contacts diplomatiques préalables se sont révélés indispensables pour fixer des modalités d’actions communes. L’efficacité prouvée du mode d’action français a donné une bonne image de la force LIBAGE, malgré l’attitude dubitative initiale américano-britannique. Enfin, s’agissant d’une opération interalliée, il s’avère nécessaire d’harmoniser les règles d’engagement entre les nations participantes et, au niveau national, de bien les préciser et de s’assurer qu’elles soient connues de tous. - Le volet sécurité était essentiel pour la mission humanitaire (menace possible irakienne, mais aussi nécessité de se faire respecter par les combattants kurdes). La force française a pu heureusement bénéficier des appuis et renforcements alliés car sa composition n’aurait pas permis des actions de force. - Le renseignement, et sa transmission, avaient un rôle primordial pour que le dispositif soit en permanence adapté aux besoins en temps, lieu, nature et volume. Une certaine redondance des moyens couvrant l’Irak et la Turquie a permis que les décisions adéquates soient prises en temps voulu et pour que le dispositif puisse être adapté en permanence avec souplesse. - La manœuvre logistique, responsabilité strictement nationale, particulièrement complexe du fait de l’éloignement de la métropole, des élongations sur le théâtre d’opération, de l’imbrication des dispositifs alliés et de la nature évolutive du dispositif et de la mission humanitaire, a été parfaitement maîtrisée. La constitution, en France, de modules logistiques conteneurisés, répertoriés en fonction des utilisations prévues, immédiatement prêts à l’emploi, apporterait une réelle simplification. Par ailleurs, l’attribution au COMFOR d’un budget lui permettant de faire face aux situations d’urgence (logistiques et/ou humanitaires) accroîtrait sa souplesse de réaction et permettrait de faire des économies. - Compte tenu de la particularité de la mission, les structures d’état-major ont dû être adaptées, le bureau logistique étant très renforcé et des cellules humanitaires devant agir aussi bien au sein du bureau opérations que du bureau logistique et du bureau affaires civiles. L’expérience a aussi montré la nécessité qu’il y aurait de disposer d’unités «Affaires civiles», comparables à ce qui existe dans l’armée US. - La légèreté des structures du Service de santé nécessite de leur adjoindre des personnels toutes armes pour leur déploiement et leur protection, et du personnel plus spécialisé (génie en particulier) pour leur installation et leur soutien. Ces besoins devraient être identifiés et planifiés dès avant l’opération.
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THÉÂTRE D’OPÉRATIONS
DISPOSITIF OPS ALLIE EN IRAK DU NORD
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MIPRENUC CAMBODGE (NOVEMBRE 1991 - MARS 1992)
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MIPRENUC
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Contrôle d’un cessez le feu, maintien de la paix et préparation de la reconstruction politique du Cambodge.
1-2 Mandat La Mission Préparatoire des Nations Unies au Cambodge (MIPRENUC, ou UNAMIC en anglais) est créée par la résolution 717 du Conseil de Sécurité (16 octobre 1991) pour aider au maintien du cessez le feu conclu entre les quatre parties protagonistes, promouvoir et faciliter la communication entre ces ex-belligérants, alerter les populations sur le danger des mines et préparer l’installation de l’Autorité Provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC). La résolution 728 du 8 janvier 1992 élargit le mandat à la formation de démineurs cambodgiens et au début des activités de déminage.
1-3 Durée de l’opération Quatre mois, du 15 novembre 1991 au 15 mars 1992.
1-4 Zones ou pays concernés Cambodge. (De façon marginale, Vietnam et Thaïlande).
1-5 Situation géopolitique Le royaume khmer du Cambodge a dû de tout temps faire face aux convoitises de ses voisins siamois au nord ouest (Thaïlande) et annamites au sud-est (Vietnam). Le protectorat français instauré en 1863 et l’institution de l’Union Indochinoise en 1887 sauvegardent l’existence du pacifique Royaume du Cambodge et permet son développement et sa modernisation. Par contre, ils favorisent l’installation de fonctionnaires d’origine vietnamienne, formés en France. Le Cambodge réussit à rester à l’écart de la Guerre d’Indochine (1945 – 1954) et recouvre sa pleine indépendance le 9 novembre 1953. Sous la direction du Prince Norodom Sihanouk, d’abord Roi du Cambodge puis chef du gouvernement, le Cambodge se veut non-aligné. L’intervention américaine ayant conduit les Nord Vietnamiens à faire passer la piste Ho Chi Minh par le Cambodge, l’influence viêt côngh s’accroît, sans réaction de la part du pouvoir en place qui bénéficie des nombreux trafics induits. Le 18 mars 1970, un sursaut nationaliste pousse le Général Lon Nol, alors premier ministre, à renverser le Prince Sihanouk qui se réfugie à Pékin.
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MIPRENUC
Lon Nol s’aligne alors sur les Américains et entreprend de chasser les Vietnamiens, communistes, ce qui déclenche la guérilla conduite par le parti communiste khmer (les Khmers rouges) avec le soutien des Nord-vietnamiens et de la Chine. La brutalité des interventions américaines et sudvietnamiennes au Cambodge lui aliène définitivement la population. A l’effondrement du régime de Saïgon, les Khmers rouges prennent le pouvoir à Phnom Penh, le 17 avril 1975. Inspirés et soutenus par la Chine, les Khmers rouges mènent une politique d’élimination des élites conduisant à un génocide faisant de l’ordre de deux millions de victimes et des centaines de milliers de réfugiés, notamment en Thaïlande ; ils plongent le pays dans une misère sans précédent. Pour contrer l’influence de Pékin, Moscou favorise et soutient une offensive militaire du Vietnam qui s’empare de Phnom Penh (1979), y instaure une République Populaire et une Armée Populaire et y laisse d’importantes troupes d’occupation. Ce régime, inféodé de fait à Moscou, n’est pas reconnu par la communauté internationale qui soutient plutôt la coalition, suscitée par Pékin, des Khmers rouges, des Sihanoukistes et des nationalistes. C’est le début d’une guerre civile à quatre qui va durer onze ans et qui accroît encore les souffrances d’une population désormais résignée au malheur ; elle multiplie la dispersion de mines de tous types et le nombre de leurs victimes. C’est aussi l’occasion pour quelques uns de s’enrichir, certains, grâce aux trafics de pierres et de bois précieux, surtout avec la Thaïlande, d’autres du fait de leur position officielle, administrative ou politique. Les changements géopolitiques de la fin des années 80 amènent les protagonistes (URSS, Chine, Vietnam, Thaïlande [au sein de l’association des nations du sud-est asiatique (ASEAN)], non-alignés, ONU) à rechercher une solution pacifique, par le biais de conférences internationales, qui seront coprésidées par l’Indonésie et la France (à la demande explicite du Prince Sihanouk) à partir de 1990. Elles aboutiront aux accords de Paris du 23 octobre 1991.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française à une opération multinationale de soutien de la paix, de l’ONU, la France fournissant également le commandant de la force militaire. Le 26 août 1991, dans la phase finale des négociations devant aboutir à la fin de vingt ans de conflits au Cambodge, dont onze ans de guerre civile, l’ONU est sollicitée par les parties en présence pour envoyer une mission d’observation et de conciliation afin de « maintenir l’élan du processus de paix ». L’ONU approuve cette demande et décide que cette mission (MIPRENUC) sera déployée dès signature des accords définitifs. Le 23 octobre 1991 sont signés les Accords de Paris sur l’établissement d’une paix durable au Cambodge, qui engagent les quatre factions en lutte : le Front uni pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (FUNCIPEC) du Prince Norodom Sihanouk, le Parti pour un Kampuchéa démocratique (PKD) khmer rouge, le Front de libération nationale du peuple Khmer (FLNPK) républicain nationaliste et le Gouvernement de la République populaire du Cambodge soutenu par le Vietnam. Ces accords prévoient notamment que les quatre parties sus mentionnées, réunies au sein du Conseil National Suprême (CNS) présidé par N. Sihanouk, délégueront à l’ONU, pour une période transitoire, tous les pouvoirs nécessaires pour organiser des élections générales et former un nouveau gouvernement ; ce sera le rôle de l’APRONUC.
Règles d’engagement Limitées strictement à la légitime défense.
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MIPRENUC
Organisation du commandement Le Commandant des éléments français de la MIPRENUC (COMELEF), le Général Loridon, est également le commandant des éléments militaires de la mission ONU. En tant que COMELEF, il dépend directement du chef d’état-major des armées (CEMA) ; au titre ONU, il est sous les ordres de M. Ataul Karim (Bangladesh), agent de liaison principal du Secrétaire Permanent, auprès de la MIPRENUC. Au profit de l’Ambassade de France en cours de création, il doit faciliter les liaisons avec les organismes ONU et les rétablir avec les factions khmères, et préparer la mise en place d’un attaché de défense. Il a sous ses ordres un peu plus d’un millier de personnels, répartis entre : - une unité de transmissions (40 australiens), - une cinquantaine d’équipes d’observation et de liaison, - le groupe d’alerte au danger de mines (ultérieurement, le détachement d’instruction et de déminage), - l’unité chargée du soutien aérien.
Moyens engagés Participation à l’état major du Général Loridon Une unité chargée du soutien aérien et du contrôle aérien ; Un détachement d’instruction au déminage.
Effectifs moyens Au 15 mars 1992 (fin de la Mission) la participation française s’élève à 202 personnels (~1/3 Air ; 2/3 Terre) Corps d’appartenance Air : commandement du transport aérien militaire (COTAM); commandement air des forces de défense aérienne (CAFDA). Terre : 4ème DAM: 4ème RHCM, 9ème RSAM, 1er RI. 17ème RGP (avec renforts 6ème REG & 2ème RG). Matériels majeurs Terre : 25 véhicules (véhicules légers tout terrain [VLTT] P4. Camions GBC 8 KT). 6 hélicoptères de manœuvre (HM) Puma. Air : 2 puis 3 C 160 et matériels associés.
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MIPRENUC
II – CHRONOLOGIE
2-1 Opérations menées La composante aérienne a assuré toutes les missions de liaison, reconnaissance et transport tactique au profit de la Force ainsi que le contrôle aérien à Phnom Penh. Le détachement génie a entrepris sa mission d’abord de sensibilisation, puis d’instruction et de déminage.
2-2 Désengagement Il n’y a pas de désengagement : les éléments français de la MIPRENUC s’intègrent sans transition dans la force militaire de l’APRONUC.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération L’état-major et la composante soutien aérien sont à Phnom-Penh. La composante génie (instruction et déminage) est à Sisophon et Bantey-Meanrit.
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Malgré des moyens notoirement insuffisants, la MIPRENUC a réussi à établir des contacts avec toutes les parties en présence et à préparer concrètement le déploiement de l’APRONUC. Les résultats en ce qui concerne l’application du cessez le feu sont plus difficiles à apprécier compte tenu du petit nombre d’observateurs. La sensibilisation au danger des mines est aussi très partielle; la formation des démineurs et le déminage ont effectivement commencé et pourront être poursuivis dans de bonnes conditions par l’APRONUC et au-delà.
4-2 Pertes humaines Néant
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MIPRENUC
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Non connus
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APRONUC (MAI
CAMBODGE 1992 - DÉCEMBRE 1993)
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APRONUC
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type d’opération Opération de soutien de la paix. Organisation et soutien d’un processus électoral visant à la reconstruction politique du Cambodge.
1-2 Mandat Résolution 718 (31/10/91) du Conseil de Sécurité de l’ONU approuvant les Accords de Paris du 23/10/91 sur « le règlement politique d’ensemble du conflit du Cambodge » et créant l’Autorité Provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC) à compter du 15 mars 1992 [UNTAC en anglais]. Résolution 745 (28/02/92) fixant les principales missions de la composante militaire de l’APRONUC : - contrôle du retrait de toutes les forces étrangères avec armes et équipement ; - localisation et sécurisation des dépôts d’armes, munitions et explosifs ; - supervision du cessez le feu, regroupement, désarmement et démobilisation des factions armées ; - assistance / formation en matière de déminage. Résolution 783 (13/10/92) confirmant les élections pour le mois de mai 93. Soutien militaire requis. L’aide à apporter à certains organismes (Haut comité des nations unies aux réfugiés [UNHCR] et comité international de la croix rouge [CICR] en particulier) se surajoute automatiquement aux tâches explicitement fixées. L’aide humanitaire est une initiative française.
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APRONUC
1-3 Durée de l’opération 18 mois (fin mai 1992 à début décembre 1993). La participation française à la Mission Préparatoire des Nations Unies au Cambodge (15/11/1991 - 15/03/1992) est restée sur place et a été intégré à l’APRONUC.
1-4 Zones ou pays concernés Cambodge, Thaïlande et Vietnam.
1-5 Evolution de la situation géopolitique A la signature des Accords de Paris (23/10/91), la population cambodgienne sort de plus de 20 ans de conflits avec agressions extérieures et guerre civile, génocide, oppression et famine, qui ont causé entre deux et trois millions de morts (entre un quart et un tiers de la population) et plus de 350.000 réfugiés et déplacés ; l’économie qui, en 1970, était des plus florissantes, est totalement ruinée ; la quasi totalité de l’infrastructure routière et économique ainsi que les hôpitaux, les écoles, etc. sont détruits ou gravement endommagés ; des millions de mines et engins explosifs sont dispersés dans tout le pays. Les quatre parties signataires des Accords disposent alors des forces politiques et militaires suivantes : - Gouvernementaux (RPK = République populaire du Kampuchéa) : Hun Sen, premier ministre en place. Effectifs militaires : 58.000 hommes des Forces armées populaires cambodgiennes. - Sihanoukistes (FUNCIPEC = Front uni pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif) : Prince Norodom Sihanouk, chef politique ; 7.000 combattants [ANKI]. - Nationalistes (républicains) (FLNPK = Front de libération nationale du peuple Khmer) : Son San, président du FLNPK. 3.000 combattants. - Khmers rouges [KR](PKD = Parti pour un Kampuchéa démocratique). Leaders : Pol Pot, Son Sen, Kieu Sampan, Ieng Sary. L’ANKD (Armée nationale du Kampuchéa démocratique) ne compte plus que 12.000 à 15.000 combattants disposant d’un certain nombre d’armes lourdes (chars, obusiers, mortiers). (En 1973, ils étaient estimés à 200.000 hommes). (Les forces d’occupation vietnamiennes, fortes de 50.000 hommes à la mise en place du gouvernement de RPK en 1975, sont supposées avoir quitté le pays dès avant le déploiement de l’APRONUC.)
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française à la composante militaire d’une opération multinationale sous commandement ONU. L’APRONUC comporte 8 composantes dont une militaire et une de « Police Civile » à laquelle la France participe avec des militaires de la Gendarmerie. Les effectifs ont atteint 22.000 personnes originaires de 60 nations, dont 16.000 militaires fournis par 47 pays (9 à 10 % de Français).
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La guerre civile est formellement terminée. Le gouvernement communiste pro-vietnamien reste en place avec son administration et son armée populaire, sauf dans les zones sous contrôle des Khmers rouges. Une administration onusienne parallèle se met en place.
Règles d’engagement Usage de la force strictement limité à la légitime défense. L’insistance est mise sur l’obligation d’absolue impartialité entre toutes les factions.
Organisation du commandement L’APRONUC est sous l’autorité du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies (UNSGSR). Le Commandant de la Force militaire est un général australien. La France fournit son Général adjoint. Le commandement organique est assumé par un colonel désigné comme commandant des éléments français (COMELEF), muni des instructions du chef d’état-major des armées (CEMA). Lui seul a liaison directe avec l’état-major des armées (EMA). Il est en même temps chef du bureau « INFOMIL » de la force. Il dispose aussi d’un état-major franco-français pris sur la substance de la contribution française à la Force.
Moyens engagés Participation à l’état-major (EM) de la Force, EM COMELEF et Commandement du détachement interarmées. - 1 bataillon d’infanterie à 5 compagnies (Cies) motorisées, 1 compagnie de commandement d’appui et des services (CCAS) (incluant 1 section de mortier (Mo) de 81mm et 1 antenne médico-chirurgicale aéroportée [AMCA]) et 1 Cie génie (combat). - Elément de transport air incluant un détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT), avions cargo tactiques et contrôle aérien. - Observateurs (UNMOs : united nations military observers) au niveau de la Force. - Détachement d’instruction au déminage, inclus dans la composante génie de la Force. - 1 Cie de travaux du génie, travaillant au niveau de la Force. - Détachements logistiques. - Prévôté (au profit des éléments français) et police militaire (au profit de la force multinationale). - Elément Gendarmerie (140 personnels) inclus dans la composante CIVPOL (police civile). Effectifs moyens par armée* Armée de terre : 1.180 (dont 60% d’appelés volontaires pour les opérations extérieures). Armée de l’air : 140. Gendarmerie : 155.
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Marine : 2 (UNMOs). (*dispositif initial)
Corps d’appartenance BATINF (bataillon d’infanterie) 1er mandat (11ème DP) : 3ème RPIMa, 6ème RPIMa, 8ème RPIMa, 1er RCP, 17ème RGP, 14ème RPCS, 35ème RAP BATINF 2ème mandat (6ème DLB) : 1er REC, 2ème REI, 6ème REG, 6ème RCS, 68ème RA. BATINF 3ème mandat (11ème DP et CMD Rennes) : 1er RCP, 6ème RPIMa, 41ème RI, 17ème RGP, 14ème RPCS. DETALAT (4° DAM) : 4ème RHCM, 9ème RSAM, 1er RI. Génie : 17ème RGP, 6ème REG, 2ème RG, 6ème RG. Logistique : SEA, SSA, RLA, BOMAP. Armée de l’Air : équipages et environnement technique du commandement du transport aérien militaire (COTAM) et du commandement air des forces de défense aérienne (CAFDA). Matériels majeurs Terre : - véhicules légers tout terrain (VLTT) P4 (62 au BATINF) ; véhicule de l’avant blindé (VAB) (20) ; camions GBC 8 KT (140 + 5 camions citerne tactique de 5 m3 [CCT]). Mitrailleuses 12,7 mm ; mortier (Mo) de 81mm - Matériels génie combat et franchissement léger. - Matériels génie de travaux lourds. - 6 hélicoptère de manœuvre (HM) SA 330 Puma et environnement piste. Air : - 3 C160 Transall et leur environnement. - Moyens de contrôle aérien. - Moyens de transit.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Conduite à New York en l’absence de représentants français qualifiés, elle est restée très longtemps incertaine notamment pour l’affectation de la zone de responsabilité du bataillon. Toutefois une réunion préparatoire a pu être tenue à New York avec des représentants du BATINF 1er mandat du 6 au 10 avril 1992.
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2-2 Montée en puissance et projection L’appartenance des unités composant chaque bataillon à la même division (11ème DP et 6ème DLB) a facilité leur mise sur pied. La 4ème DAM a assuré les relèves du DETALAT, déjà sur le territoire (exMIPRENUC). Pour le 1er BATINF, les précurseurs ont fait mouvement le 27 avril. Acheminement des gros : - Voie maritime : chargement à Toulon du 30/04 au 1/05 (2 navires).Transit jusqu’en Thaïlande (27 mai). - Voie aérienne : trois rotations de DC 8, une de B 747, plus une rotation de DC 8 cargo à destination de la Thaïlande du 22 au 27 mai. Le bataillon s’y retrouve au complet (personnels et matériels). Acheminement sur Sihanoukville (Cambodge) par voie maritime (27 au 31 mai) [2 ferries et 2 roll on roll off/RO-RO].
2-3 Phases de déploiement BATINF Mode d’action Déploiement des unités au niveau section ou groupe au plus près des populations, avec capacité d’intervention mutuelle au profit des voisins et réserve d’intervention blindée et/ou héliportée au niveau bataillon. Modes d’action dynamiques privilégiés afin de gagner et conserver l’initiative. Opérations menées - Juin – octobre 92. Déploiement du 1er BATINF dans les secteurs 6 et 4 (sept sites par secteur) puis (fin juillet) dans le seul secteur 6 (jusqu’à 17 sites occupés). Prise de contact avec les factions (Khmers rouge et Armée populaire) et la population. Les Khmers rouges refusent globalement de se regrouper et désarmer, prétextant le non-retrait des troupes vietnamiennes et la partialité de l’APRONUC en faveur du gouvernement de Phnom Penh. Par voie de conséquence, les gouvernementaux en font autant et s’en prennent à l’APRONUC pour son manque de fermeté vis à vis des Khmers rouges. Les contacts sont plus fructueux avec la population et permettent de la rassurer en lui expliquant le rôle et les objectifs de l’APRONUC. A son profit aussi, l’aide humanitaire spontanée puis organisée se développe. Le déminage d’urgence, la réparation des routes, des pistes et des ponts sont entrepris. Dès qu’une violation du cessez-le-feu est signalée, une intervention rapide s’efforce de régler le problème. L’effort est mis sur les axes : les RN 4, 3 et 36. A partir de la mi-septembre, détérioration de la situation, en particulier dans la partie sud-est du secteur, avec prise à partie des éléments de l’APRONUC (hélicoptères y compris) ; racket et banditisme le long des axes ; actions d’intimidation, aussi bien par les gouvernementaux que par les Khmers rouges, à l’égard des villageois et contre les permanences des partis politiques. Des actions d’interposition doivent être menées. - 2 novembre 92 : début de la phase d’enregistrement sur les listes électorales. Du fait du climat de tension constaté et de l’inanité des efforts de démobilisation, toute l’activité du bataillon se concentre alors sur la protection et le soutien des 106 équipes de la composante électorale de l’APRONUC et
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la protection des activités politiques (meetings, permanences…) des partis autorisés. Le centre de gravité du bataillon se déplace vers l’est (Région Kampot – Takéo) où se trouve la majorité des Khmers rouges (500) décidés à saboter le processus électoral. Les incidents sont aussi le fait des gouvernementaux. - 16 novembre – 7 décembre 92 : relève par le 2ème BATINF. Même dispositif, même mission. - Décembre 92 – février 93 : Un calme précaire est revenu et les conditions de vie des villageois continuent de s’améliorer. La quasi totalité des électeurs potentiels, exception faite des habitants des quelques petites zones rendues impénétrables par les Khmers rouges, ont été enregistrés. - Février - mai 1993 : soutien logistique (manutention, transport, installation, démontage…) et protection de la préparation et du déroulement des élections (23-29 mai). Peu d’incidents notoires sauf une attaque menée par une centaine de Khmers rouges dans l’est du secteur. - 20 mai – 14 juin 93 : relève par le 3ème BATINF. - 14 juin - 14 juillet 93. victoire électorale des sihanoukistes (Résolution 840 du 15/06/1993) et formation d’un gouvernement intérimaire de coalition, qui se désintéresse de l’APRONUC et réciproquement. Les bataillons ont alors mission de continuer d’assurer la sécurité dans leurs secteurs, avec effort sur la protection des installations, équipements et personnels de l’APRONUC. - 15 juillet – 22 octobre 93 : le bataillon français reçoit mission d’assurer la sécurité du retrait des composantes de l’APRONUC quittant le Cambodge par le sud, avec effort sur l’axe Phnom Penh – Sihanoukville. Le bataillon se redéploie d’une part en resserrant son dispositif sur les axes et les ports d’embarquement, et d’autre part en l’étendant vers le nord est, jusqu’à la capitale. Les activités principales consistent en escorte des convois routiers et ferrés de l’ONU. Plusieurs missions d’interposition entre Khmers rouges et forces gouvernementales sont menées à hauteur des principaux axes.
Les UNMOs Répartis sur tout le territoire en équipes multinationales, non armés, leur rôle principal est de surveiller l’application du cessez le feu et enquêter en cas de violation. Dans leurs actions de routine, ils sont une précieuse source d’information sur les factions, le terrain, les autorités locales, et la population.
Les gendarmes de la CIVPOL Leurs dispositif et activités s’apparentent beaucoup à ceux des UNMOs. Ils doivent enquêter sur des infractions de droit commun et aux droits de l’homme, et former les futurs policiers cambodgiens. Les résultats obtenus et la conscience professionnelle des gendarmes français sont hors de proportion avec ceux de la plupart des membres des autres pays contributeurs.
Détachement Génie – Travaux (Zone d’action : voir carte). Ses missions d’aide à la mobilité se sont traduites par le rétablissement et le maintien des principaux itinéraires au départ de Phnom Penh (RN 1, 3, 4, 5, 6) y compris la réfection de ponts sur les affluents du Tonlé Sap et le déminage des abords. Au titre de l’aide au déploiement, les activités ont inclus la réhabilitation et la protection d’infrastructures servant aux diverses composantes de l’APRONUC ainsi que la réalisation d’aires de poser d’hélicoptères.
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Détachement génie Instruction – Déminage Constitué de 40 cadres, implanté dans le secteur sensible de Sisophon depuis le mandat de la MIPRENUC, il forme des cadres et des équipes de déminage cambodgiens et procède à la dépollution du secteur assigné. En outre, il sensibilise la population au danger des mines. L’excellence du détachement est prouvée par son bilan (70% des résultats de l’APRONUC pour 30% des effectifs). Ses procédures ont été adoptées au niveau de toute la Force et par les cambodgiens à son départ.
Détachement air Réparti entre Phnom Penh et Battambang, il assure les missions de liaison et transport et le contrôle aérien au profit de la Force depuis la MIPRENUC. En particulier, les SA 330 français, ayant seuls des équipages qualifiés JVN, assurent toutes les évacuation sanitaire (EVASAN) de nuit et par mauvaise visibilité.
Désengagement Au préalable, la France mène une mission d’évaluation pour déterminer les matériels à laisser sur place ou céder au Cambodge (au titre de l’assistance militaire), ceux à réformer et détruire sur place, et ceux à ramener en métropole. Dès que la mission de protection du retrait de l’APRONUC a été achevée (22 octobre 1993), le contingent français s’est désengagé en trois phases : 1°) Regroupement des éléments sur deux sites de transit : le Bataillon à Sihanoukville, tous les autres éléments à Phnom Penh. Une base de transit interarmées est mise en place à Sihanoukville pour chargement des matériels du bataillon en vue de leur rapatriement par voie maritime. 2°) Regroupement de tous les personnels à Phnom Penh (transport du bataillon par avions C130 et hélicoptères MI 8 de l’ONU).
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3°) Retour des personnels sur la métropole par moyens aériens ONU et civils (cinq rotations du 2 novembre au 3 décembre 1993 avec escale en Thaïlande). Acheminement des matériels par rouliers au départ de Sihanoukville pour Toulon. Redistribution aux unités détentrices par voie ferrée.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Cf. Carte
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Pour l’APRONUC en général Le succès du processus électoral et l’instauration d’un régime politique stable (même si inattendu, voire inespéré) permettent de proclamer le succès de la mission ONU et de conduire son démontage dans les délais prescrits, malgré la non réalisation d’un certain nombre d’autres objectifs. Le rapatriement des réfugiés et déplacés a été réalisé (dont 77.000 en provenance de zones Khmers rouges, avec le soutien actif de la composante militaire) grâce à l’efficacité des efforts de la composante UNHCR de l’APRONUC. Toutefois le reclassement économique de ces personnes a été très partiel. La reconstruction économique du pays dans son ensemble n’est pas envisageable : l’insécurité et les visées et intérêts divergents de plusieurs nations compromettent tout effort dans ce domaine tandis que corruption et trafics continuent, dilapidant les principales richesses disponibles du pays. L’instauration d’un climat de paix et de liberté est toute relative ; des zones entières (réduites) demeurent encore aux mains des Khmers rouges et l’administration héritée de la République populaire reste souvent en place, avec ses excès, son clientélisme et sa puissance financière. Si la Force militaire n’a pas eu la capacité de remplir sa mission spécifique, son engagement décisif à leur profit a permis à certaines composantes civiles de l’APRONUC de réussir la leur (élections ; retour des réfugiés). Le volet humanitaire n’était pas prévu dans le mandat. L’action dans ce domaine du contingent français a été l’aspect le plus positif de son engagement auprès des populations.
Pour la composante militaire de l’APRONUC Le bilan est mitigé. En ce qui concerne le regroupement, le désarmement et la démobilisation des factions, du fait de la non participation des Khmers rouges et du refus consécutif de l’Armée populaire à se plier à ces obligations, la mission n’est pas remplie. Les milices des deux autres factions ont
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disparu, de même que les forces vietnamiennes, sans qu’il ait été possible de vérifier formellement le retrait de ces dernières. L’instruction sur les mines est dispensée conformément à la mission (3.000 démineurs khmers formés) et le déminage a commencé (mais la durée des opérations est estimée à dix ans au moins). En fin de mandat, les conditions sont réunies pour reconstituer une armée nationale (royale) cambodgienne. L’engagement total de la force militaire de l’APRONUC en soutien (et même parfois en remplacement) de la composante électorale civile de l’ONU a été le facteur déterminant du succès du processus électoral (inscription sur les listes et scrutin proprement dit).
Pour la participation militaire française - Sécurisation inégale de la zone d’action (Secteur 6) et notamment des axes routiers, VF et fluviaux. - Démobilisation d’environ 1.200 combattants (~10% de ce qui était prévu). - Relève et destruction de plus de 30.000 mines et engins explosifs; 363 ha de terres rendues à la culture. - Inscription sur les listes électorales de la quasi totalité du corps électoral du secteur 6. - Protection du processus électoral avec 90% de participation sur 270 sites. - Reconstruction de 163 ponts et 154 km de routes. - Reconstruction de l’hôpital de Sihanoukville, de 5 autres dispensaires et d’une dizaine d’écoles. - Action humanitaire : 40.294 consultations médicales gratuites ; 461 actes chirurgicaux ; 100 heures par mois d’enseignement médical ; 20 heures par mois d’enseignement du français.
4-2 Pertes humaines 6 morts (accidents, dont deux par mine) 34 blessés ou malades sérieux dont 18 ayant dû faire l’objet d’un rapatriement sanitaire (RAPASAN) (2 brûlés, 2 accidents par armes à feu, 10 accidents de circulation, 3 malades graves, 1 dentaire)
4-3 Pertes matérielles Non mentionnées
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4-4 Enseignements tirés
1°) Commandement français Deux structures existaient : le COMELEF d’une part et un « détachement interarmées » supposé encadrer les éléments français non subordonnés au bataillon. Cette organisation rend difficile l’exercice du commandement. Elle n’est pas prévue par l’ONU pour cette opération. Les effectifs de cette structure sont pris dans l’enveloppe ONU ce qui pénalise les éléments sur lesquels ils sont pris. Les activités de ces personnels ont parfois fait double emploi avec celles accomplies dans le cadre ONU. Il s’agit de définir précisément les tâches que doivent accomplir de tels éléments pour satisfaire les besoins spécifiques des contingents français, d’en limiter les effectifs et de les faire désigner hors enveloppe. 2°) Préparation Au départ des premiers éléments, l’information donnée sur la situation, la mission et les conditions de son exécution ont été très incomplètes voire erronées. En cours de mission, les exécutants ont eu conscience de ne pas savoir quelle était la position française vis à vis de ce conflit. 3°) Renseignement L’ONU ne veut connaître que l’«information» mais pas le renseignement. Or les éléments militaires ont besoin de renseignements pour monter leurs opérations, ainsi que l’EMA pour contrôler l’emploi des forces mises à disposition de l’ONU. Cela justifie amplement la constitution d’une cellule «Renseignements» française auprès du COMELEF, malgré les inconvénients évoqués au § 1. 4°) Logistique La France a superposé une logistique nationale à la logistique ONU, considérée comme trop lente et procédurière. Cette façon de faire a entraîné des surcoûts non négligeables et une imbrication de procédures peu productives. Certains matériels (engins de travaux publics) plus performants et faciles à mettre en œuvre par de non spécialistes auraient pu être obtenus de l’ONU. 5°) Humanitaire Le volet humanitaire ne faisait pas partie du mandat de l’APRONUC. Il s’est révélé incontournable sur le terrain (du point de vue français) et a été accompli en plus de la mission prescrite, avec des moyens relevant de la débrouillardise et des bonnes relations personnelles entretenues avec des organisations non gouvernementales (ONG). Une participation française de niveau adéquat, à New York, lors de la définition des tâches de l’APRONUC aurait sans doute, entre autres, permis de formaliser ce rôle qui, dans bien des cas, a été le plus positif de l’engagement, et a contribué à gagner la confiance des populations de toutes tendances (ou influences) politiques.
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APRONUC
SECTEUR 6 ET SECTEUR 4 (JUSQU’À FIN JUILLET) BATINF 1
ZONE D’ACTION
CIE. GÉNIE
TRAVAUX
APRONUC
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APRONUC
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PECARI (DÉCEMBRE
LIBAN 1998 - FÉVRIER 1999)
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PECARI
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Assistance militaire technique (AMT).
1-2 Mandat Dépollution totale des abords de l’ambassade de France à Beyrouth. Instruction générale sur les procédures MINEX – NEDEX (neutralisation, enlèvement et destruction des explosifs) au profit de cadres de l’armée libanaise.
1-3 Durée de l’opération Deux mois, du 8 décembre 1998 au 12 février 1999.
1-4 Zones ou pays concernés Liban; Beyrouth.
1-5 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention La dépollution des emprises de terrain dépendant de l’ambassade de France répondait à un besoin national, même si une section de génie libanaise y a également participé. La formation des cadres libanais résulte d’un accord bilatéral découlant d’une demande exprimée auprès de l’attaché de défense.
Moyens engagés Un détachement de dépollution à 32 personnels, dont deux équipes cynotechniques. Un détachement d’instruction opérationnel en déminage et dépollution à 7 personnels, dont deux spécialistes en plongée et travaux subaquatiques. Effectifs moyens par armée Armée de Terre : 39.
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PECARI
Corps d’appartenance 17ème RGP. 1er REG. Matériels majeurs Moyens spécifiques déminage et instruction. Motorisation / transport assuré par l’armée libanaise.
II - CHRONOLOGIE
2-1 Phases de déploiement La dépollution a porté sur une superficie de 1.750m2. 200 m3 de gravats ont été évacués avec l’assistance de l’armée libanaise. Une section libanaise a étendu la zone d’action en périphérie, en liaison avec le détachement français, sans relever de munitions dangereuses, mais permettant d’affirmer que la totalité de la zone est sûre. Le détachement français a retiré 19 engins explosifs de l’emprise et les a neutralisés. Le détachement d’instruction a appliqué le programme établi conjointement avec l’état major libanais, sur la base des programmes de l’Ecole du génie d’Angers.
2-2 Désengagement Groupé, par voie aérienne au départ de Beyrouth.
III - DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Détachement de dépollution : hébergé à l’Ecole militaire de Fayadiye, près de l’ambassade de France, où se trouve le chantier. Détachement d’instruction : caserne de Hammama (25 km est de Beyrouth).
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PECARI
IV - BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel - Après deux mois de travail, il est garanti que les zones françaises de Mar Takla sont désormais totalement exemptes d’engins explosifs et par conséquent ne présentent plus aucun danger pour leurs occupants ni pour la population. - Les 25 stagiaires désignés par les autorités libanaises ont parfaitement acquis les qualifications requises et ont été reconnus aptes à remplir les missions MINEX, NEDEX et subaquatiques, selon leurs spécialités respectives.
4-2 Pertes humaines 2 blessés légers (soignés sur place, n’ayant pas nécessité d’évacuation).
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés - Cette mission a constitué pour les participants (y compris les chiens), une période privilégiée d’entraînement en vraie grandeur. Pour les instructeurs, ce fut une expérience concrète d’autant plus enrichissante que de nombreux stagiaires ne parlaient pas (ou très mal) le français. - Il a permis de valider certaines procédures et certaines méthodes d’instruction qui n’avaient été jusqu’alors que théoriques. - Cette expérience a permis de renforcer les liens d’estime et d’amitié entre les armées française et libanaise, cette dernière pouvant être encore intéressée par des coopérations du style des détachements d’instruction opérationnelle (DIO).
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PECARI
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MAMET (AOÛT
TURQUIE 1999 - SEPTEMBRE 1999)
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MAMET
I - PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Humanitaire : Recherche de personnes ensevelies, assistance médicale
1-2 Mandat National
1-3 Durée de l’opération 17 août au 20 septembre 1999
1-4 Zones ou pays concernés Turquie du Nord : villes de Gölçük, Izmit, Adapazari
1-5 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Séisme d’une intensité de 7,4 sur l’échelle de Richter (estimation de Strasbourg) le 17 août à 2 heures du matin. 15.000 morts, 40.000 blessés, 200.000 sans-abri. Secousses sismiques résiduelles pendant plusieurs jours et pluies diluviennes de saison (6 jours, boue) ; approvisionnement irrégulier en eau courante, alimentation électrique aléatoire ; 30 à 32 degrés de température.
Moyens engagés 6 équipes cynophiles spécialisées dans la recherche de personnes 12 tonnes de matériel de sauvetage déblaiement 1 antenne chirurgicale projetable 1 section d’hospitalisation
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MAMET
Effectifs moyens par armée UIISC 7 (Unité d’intervention de la sécurité civile) : 6 officiers, 13 sous-officiers, 38 militaires du rang, UIISC 1 : 2 officiers, 4 sous-officiers, 19 militaires du rang Service de santé des armées (SSA): 43 Corps d’appartenance SSA (Service de santé des armées) : 7ème ACP (antenne chirurgicale parachutiste) Matériels majeurs 4 véhicules légers tout terrain (VLTT), 5 poids lourds (PL), 3 moyens polyvalents du génie (MPG), 2 camions tribenne, 1 tracteur chargeur, 1 tracteur forestier
II – CHRONOLOGIE
2-2 Montée en puissance 17/08/99 : transport de l’UIISC par 1 Airbus de l’Armée de l’Air (65 hommes, 6 chiens, 10 tonnes de fret), 18/08/99 : transport de l’UIISC par 1 DC8 et 1 C160 en deux rotations (71 hommes, 8 chiens, 12 tonnes de fret), 22/08/99 : transport de l’antenne chirurgicale aérotransportable (ACA) par 3C160, 1C130 et 1C135 en 4 rotations (43 militaires),
2-3 Phases de déploiement Le 17 août à 23h30 le DICA (détachement d’intervention catastrophe aéromobile) se pose en Turquie, deux heures plus tard il est à pied d’œuvre à Yalova avec 63 sauveteurs (6 officiers, 13 sousofficiers, 44 militaires du rang) et 8 chiens. 21 août 1999 : Implantation de l’ACA à Akyazi, 50.000 habitants, à 20 km à l’est d’Adapazari . 28/08/99 : Relève du détachement de sécurité civile par un détachement d’appui médical (20 personnes + fret) 31/08/99 et 31/08/99 : Ravitaillement ACA par 1 rotation de C160 ou de Casa
2-4 Désengagement 25/08/99 : Retour du détachement principal de sécurité civile en 1 rotation d’Airbus (146 personnes, 14 chiens)
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MAMET
20/09/99 : Rapatriement de l’ACA et acheminement de fret humanitaire en 4 rotations de 1C135, 2C160, 1C130.
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Bilan recherche : en 6 jours, 120 reconnaissances, 40 chantiers effectifs de 3 à 19 heures de travail, extraction de 11 survivants dont un bébé de 3 mois (repéré à 4 mètres de profondeur sous 3 plaques de béton) Bilan médical : Consultations : 1.208, Radiographies : 837; Anesthésies générales : 71; Interventions chirurgicales : 137; Hospitalisations : 132 .
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Rapidité d’intervention de l’aide immédiate des UIISC : présente sur place le soir même du sinistre. Capacité d’adaptation de l’antenne chirurgicale, seule équipe militaire étrangère sur place.
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MAMET
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FORPRONU/FPNU EX-YOUGOSLAVIE (MARS 1992 - DÉCEMBRE 1995)
0 0
20
40 km 20
Sava
Prijedor Bihac‘
D an u be
CROATIA
40 ml
Bosanski Brod
Republika Srpska
Brcko
Banja Luka
Tuzla
SERB. AND MONT.
Zenica
SARAJEVO
CROATIA
Federation of Bosnia and Herzegovina
Republika Srpska
Gorazde
Mostar SERBIA AND MONTENEGRO
Adriatic Sea
CROATIA ALB.
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FORPRONU / FPNU
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Maintien de la paix puis imposition de la paix. Interposition. Appui à l’aide humanitaire.
1-2 Mandat Fin 1991, saisi par la France, le Royaume Uni et la Belgique, le Conseil de sécurité de l’ONU approuve les efforts européens pour apporter une solution à la crise yougoslave et accède à leur demande d’envoyer une force de maintien de la paix. Les principales résolutions qui ont régi cette mission sont listées ci-dessous. La Résolution 743 [21/02/1992] du Conseil de Sécurité de l’ONU crée trois «zones protégées» en Croatie et autorise le déploiement de 14.000 casques bleus (la FORPRONU: force de protection des nations unies) dans ces zones pour faire respecter le cessez-le-feu entre Serbes et Croates, obtenu par la mission ONU de Cyrus Vance, le 2 janvier 1992. La FORPRONU doit : - vérifier la démilitarisation des zones protégées (ZPNU) ; - en contrôler les accès ; - en cas de besoin, s’interposer entre les factions. La Résolution 761 [29/06/92] met l’aérodrome de Sarajevo sous contrôle ONU (suite à sa réouverture obtenue par le voyage du Président Mitterrand le 28 juin). La Résolution 764 [13/07/92] autorise le déploiement de forces supplémentaires pour assurer la protection et le fonctionnement de l’aéroport de Sarajevo pris, à nouveau, sous les tirs serbes. La Résolution 776 [14/09/92] autorise le déploiement de 6.000 casques bleus de la FORPRONU en Bosnie Herzégovine (BiH) pour protéger les convois humanitaires. La Résolution 779 [06/10/92] étend le mandat de la FORPRONU au contrôle du retrait de l’armée fédérale yougoslave de Croatie. La Résolution 824 [06/05/93] crée les «zones de sécurité» en BiH : Sarajevo, Tuzla, Gorazde, Bihac, Zepa et Srebrenica, dont la protection est assurée par le renforcement de la FORPRONU autorisé par la Résolution 844 [18/06/93]. De nombreuses résolutions successives prorogent les mandats de la FORPRONU et l’autorisent à se renforcer en effectifs et en armement lourd. Son déploiement s’étend à la Macédoine (la FORDEPRENU : force de prévention de l’ONU en Macédoine/ UNPREDEP : united nations prevention force). Par la Résolution 931 [31/03/95], les appellations sont modifiées comme suit : - la FORPRONU correspond aux seuls contingents ONU en BiH ; - est crée l’ONURC, Opération des Nations Unies pour le rétablissement de la confiance en Croatie ; La FPNU (Force de paix des Nations Unies) englobe la FORPRONU, l’ONURC, la FORDEPRENU, puis la Brigade multinationale/Force de réaction rapide (BMN/FRR) créée par la Résolution 998 [15/06/95].
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FORPRONU / FPNU
La FPNU et la FORPRONU céderont la place à l’implementation force (IFOR) le 20 décembre 1995, après ratification des accords de Dayton (21/11/1995).
1-3 Durée de l’opération Près de quatre ans, de mars 1992 au 20 décembre 1995.
1-4 Zones ou pays concernés Pays de l’ex-Yougoslavie, en particulier : Croatie ; Bosnie Herzégovine.
1-5 Situation géopolitique Après la mort de Tito (1980) et avec l’effondrement du communisme (1989), la stabilité de la Fédération Yougoslave est mise à mal par le réveil des nationalismes, en particulier slovènes et croates, qui se heurtent à la puissance qui se voudrait hégémonique, des Serbes. Du fait de son homogénéité ethnique, de son éloignement de Belgrade et des pressions de la Communauté économique européenne (CEE), la Slovénie obtient rapidement et sans trop de mal son indépendance (septembre 1991). Dans le cadre de ses efforts diplomatiques, la CEE instaure une mission d’observation et de médiation devant veiller à l’application des accords obtenus entre les parties (ECMM : european communauty monitoring mission/ mission de contrôle de la communauté europénne). Ses efforts se tournent alors vers la Croatie. Celle-ci se proclame indépendante à la même date, mais les minorités serbes (11% de la population) des Krajinas et de Slavonie Ouest et Est se rebellent, forment une République sécessionniste [RSK] (20% du territoire croate) et demandent leur rattachement à la Serbie. L’armée fédérale yougoslave, à majorité serbe, prend fait et cause pour la RSK et ravage la Croatie alors que les minorités Croates vivant sur les territoires revendiqué par la RSK sont opprimées et/ou chassées. L’Allemagne milite en faveur d’une reconnaissance unilatérale urgente de la Croatie, alors que la France préférerait aboutir à un accord négocié ; la CEE en tant que telle, multiplie, avec plus ou moins de succès, ses tentatives de médiation et ses membres font appel à l’ONU. Le 3 janvier 1992, Mr. Cyrus Vance, représentant du Secrétaire Général de l’ONU, obtient un cessez le feu et fait adopter son plan (instauration des FPNU) qui doit être mis en œuvre par la FORPRONU. En Bosnie Herzégovine, des élections, en décembre 1990, ont aussi consacré la victoire des partis nationalistes : musulmans (Bosniaques), bosno serbes et bosno croates. Jusqu’en octobre 1991, ces trois partis administrent conjointement la Bosnie et tentent de sauvegarder l’entité fédérale yougoslave (encouragés en cela par certains pays de la CEE). Les sécessions réussies, et reconnues par la CEE, de la Slovénie et de la Croatie incitent les bosniaques à revendiquer aussi leur indépendance. C’est chose faite le 15 octobre 1991 et, en réaction, les Serbes de Bosnie (32% de la population) demandent leur rattachement, les uns à la RSK, d’autres à la Serbie. Finalement, ils proclament aussi une république autonome, la Republika Srpska, en janvier 1992. Chaque parti revendique Sarajevo comme capitale et les affrontements commencent partout, les Croates de Bosnie (18% de la population) s’étant entendus avec les Serbes pour un partage ethnique du pays (République d’Herceg Bosna, pratiquement unie à la Croatie, proclamée le 3/07/92). La situation de Sarajevo (450.000 habitants des trois ethnies) est la plus
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FORPRONU / FPNU
critique ; elle est soumise au blocus et aux bombardements des Serbes. Le 4 mai 1992, le gouvernement bosniaque demande l’intervention de l’ONU, mais ce n’est que fin juin, après le voyage du Président Mitterrand à Sarajevo, que les Casques bleus y sont déployés pour rouvrir, protéger et faire fonctionner l’aéroport et assurer l’acheminement de l’aide humanitaire. 1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française à une force multinationale de soutien de la paix, sous commandement ONU. D’un effectif initial de 10.000 personnels, dont 2.200 Français, en avril 1992, cette force inclura jusqu’à 37 nations et comptera près de 45.000 hommes de juillet à septembre 1995 (7.100 Français).
Règles d’engagement Initialement, strictement limitées à la légitime défense, seules les armes individuelles et celles d’un calibre inférieur à 12,7mm ont été autorisées (Chapitre V de la Charte). Par la résolution 770 [13 août 1992] le recours à la force est autorisé pour la protection des convois humanitaires en Bosnie Herzégovine seulement (Chapitre VII). La Résolution 807 [19 février 1993] demande que les troupes de l’ONU soient dotées d’armements lourds pour renforcer leur sécurité. A compter de juin 1993, l’emploi de la force est autorisé, y compris les frappes aériennes (OTAN), contre toute menace contre les « zones de sécurité » et toute obstruction délibérée à la liberté de circuler (Résolution 836 [4 juin 1993]). A partir d’avril 1993, l’emploi de la force aérienne est autorisé en appui rapproché défensif (Résolution 836 [04/06]) puis en frappes offensives (Résolution 844 [18/06/93])
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FORPRONU / FPNU
La Résolution 998 [15 juin 1995] prévoit l’engagement d’une Force de réaction rapide (FRR) au profit de la FORPRONU, pour lui permettre de remplir sa mission et renforcer sa sécurité. Les Serbes de Bosnie sont l’adversaire désigné de la Force.
Organisation du commandement Commandement ONU Les Bataillons d’infanterie (BATINF) dépendent d’un commandant de secteur, lui-même dépendant d’un commandement de la FORPRONU / FPNU. Le Bataillon de soutien logistique (BSL) dépend directement du poste de commandement (PC) de la FORPRONU (puis FPNU). Le Bataillon du génie (BATGEN) et le Détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) dépendent du BiH Command (ultérieurement FORPRONU). Commandement national Un officier général est désigné par le chef d’état-major des armées (CEMA) comme commandant du contingent français (CCFR) ; il assume le commandement organique de tous les personnels français déployés sur le théâtre ; son état-major (EM) remplit les fonctions administratives et logistiques non prises en compte par l’ONU et assure la fonction «renseignement» au profit des autorités nationales (dans l’ONU, il n’y a qu’une fonction «information»). Le CCFR n’a été reconnu formellement par l’ONU qu’à compter d’avril 1994.
Moyens engagés Participation à l’EM FORPRONU (FPNU à/c avril 95) [au prorata des effectifs], au BiH Command (FORPRONU à/c avril 95) et à l’EM de secteur Sarajevo. Etat major CCFR. Participation aux équipes d’observateurs de l’ONU (UNMOs) et à la mission de la Communauté européenne (European Community Monitoring Mission = ECMM). 1 (avril à octobre 1992) à 5 (avril à juin 1994) bataillons type ONU à 3 compagnies (Cies) motorisées (2 au BATINF 5), 1 escadron (Esc) blindé et 1 Cie Génie. (Le BATINF 1 avait 5 Cies motorisée et 1 Cie Génie). Bataillon de soutien logistique de la Force (BSL) Bataillon Génie [BATGEN] (à/c décembre 1992), ayant une compagnie Belge de travaux lourds sous OPCON (contrôle opérationnel), (09/93) et renforcé d’une compagnie du Génie de l’Air à/c mars 1995. Détachement ALAT [DETALAT] (à/c novembre 92) Détachement d’aérodrome [DETAIR] (Sarajevo) (à/c juin 1992) Groupement interarmes (Task Force BRAVO) de la FRR (à/c juin 1995), incluant : 3 Cies d’infanterie sur véhicule de l’avant blindé (VAB), 1 Escadron d’AMX 10 RC ; 1 compagnie d’éclairage et d’appui (CEA) ; 1 groupe d’artillerie à 8 canons Au F1 (GA8) ; 1 DETALAT
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FORPRONU / FPNU
Effectif moyen par armée Armée de terre : de 2.000 à 7.000. Armée de l’air : de~100 à ~250. L’armée de l’air participe par ailleurs aux missions de défense aérienne et appui reconnaissance et feu dans le cadre de l’opération «DENY FLIGHT» / CRECERELLE. Marine : participe au contrôle de l’espace maritime et l’application de l’embargo dans le cadre des opérations SHARP FENCE (UEO – 1991) et SHARP GUARD (OTAN/UEO – à/c 07/06/1993). Corps d’appartenance DETALAT / Split : 3ème, 6ème & 7ème RHC. EM 11ème DP ; 6ème DLB ; 9ème DIMa. Matériels majeurs Terre : en moyenne, par bataillon, 30 véhicules légers tout terrain (VLTT) P4, 70 véhicules de l’avant blindé (VAB), 30 véhicules blindés léger (VBL), 12 engins roue canon (ERC 90 Sagaie), 8 postes anti-char (AC) Milan, 4mortier (Mo) 81mm, 6 moyens polyvalent du génie (MPG). Au DETALAT : 6 hélicoptère appui protection/anti-char (HAP/HAC) Gazelle ; 4 hélicoptères de manœuvre (HM) SA 330 Puma. A la FRR : 70 VAB ; 25 AMX 10 RC ; 12 Mo 120mm ; 8 postes AC Milan ; 8 Canons AuF1 ; 8 MPG ; 8 HAP/HAC Gazelle ; 7 HM SA 330 Puma dont 1 PC et 2 médicalisés.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Menée à l’Etat major ONU à New York, puis, en fonction de l’évolution de la situation, à la cellule planification du bureau opérations de l’EM FORPRONU à Zagreb. Sous la direction du centre opérationnel de l’armée de terre (COAT), les grands commandements (force d’action rapide [FAR] et 3ème corps d’armée [3ème C.A.]) fournissaient la contribution nationale demandée et les relèves d’unités et d’individuels.
2-2 Montée en puissance Les BATINF sont constitués à partir d’un régiment renforcé prioritairement par d’autres corps de la même division. Ils suivent tous un camp de cohésion peu de temps avant leur départ. Leur déploiement prend en moyenne 8 rotations (vols ONU) s’étalant sur une quinzaine de jours (précurseurs exclus).
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FORPRONU / FPNU
2-3 Phases de déploiement Opérations menées BATINF 1 - Krajina : Dès janvier 1993, une offensive Croate, ayant réduit à néant l’application du Plan Vance, l’action du bataillon s’est réduite au contrôle des frontières et lignes de séparation. Sa présence sécurise un peu les populations. A partir de septembre 1993, en Secteur Nord, son action a été primordiale pour assurer la sécurité sur l’axe logistique et humanitaire reliant Zagreb à Bihac et au reste de la Bosnie (dont Sarajevo). BATINF 3 – Bihac : Outre son action de protection des convois humanitaires et logistiques dans le nord de la poche de Bihac, sa présence a été suffisamment dissuasive pour empêcher les Serbes ou le dissident bosniaque Fikret Abdic de s’emparer de Bihac. BATINF 2 –Sarajevo-aéroport et piste Igman : Ayant accompli 8 mandats à partir de juillet 1992, ce bataillon a assuré en permanence la sécurité des installations et des opérations de l’aéroport (y compris conférences internationales et/ou points de presse) ainsi que des axes logistiques y aboutissant. Présent sur une ligne de confrontation particulièrement sensible, sa mission d’interposition lui imposait de tenir des positions dans les zones revendiquées par les deux belligérants (serbes et bosniaques). BATINF 4 – Sarajevo-ville. Contrôlant une zone peuplée de 350.000 habitants bosniaques, serbes et croates, tenue par l’armée bosniaque et entourée par les forces serbes, il devait au mieux limiter les affrontements entre belligérants et permettre un minimum de liberté de mouvement et de sécurité aux habitants. Cette tâche particulière incluait la neutralisation des «snipers». Il protégeait en permanence l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire. Il assurait aussi la garde de points de regroupements d’armes lourdes serbes. C’est dans ce contexte qu’ont lieu deux événements majeurs : entre le 25/05/95 et le 14/06/95, prise en otage («boucliers humains») par les Serbes des personnels de ces postes isolés, en représailles de frappes aériennes de l’OTAN ; le 27/05/95, attaque et prise par les Serbes du poste de contrôle du pont de Vrbanja et contre-attaque française (appuyée par les blindés) permettant de le récupérer au prix de pertes importantes chez l’adversaire (mais 2 tués et 17 blessés au BATINF 4). BATINF 5 – Mont Igman : déployé à partir d’avril 1994, occupant 22 positions dans une zone montagneuse (1.100 à 2.066 m d’altitude), ce bataillon occupait d’une part les lignes de démarcation / confrontation entre les entités bosniaques et serbes, et d’autre part assurait la sécurité des seuls accès terrestres à Sarajevo à partir du reste de la Bosnie, interdisant par sa présence son total encerclement. Il a permis finalement le déploiement de la BMN en position particulièrement favorable pour être à même de remplir ses missions d’interventions feux et/ou blindées. A noter l’héliportage sur le mont Igman, en juin 1995, de 6 Mo 120mm de la mission BALBUZARD (brigade en alerte en métropole). BATGEN – Kakanj. Sa mission principale est l’ouverture et le rétablissement d’itinéraires au profit des convois de la FORPRONU. Il apporte également un appui d’aide au déploiement (protection) aux bataillons de Sarajevo. Enfin, il remplit une mission humanitaire permanente en contribuant à fournir de l’énergie électrique aux populations. BSL – Pleso. Il assure en permanence le ravitaillement de tous les bataillons sur tout le théâtre (vivres, carburant, médicaments, pièces de rechange) et la gestion des stocks correspondants. A mesure de l’évolution de la situation en Croatie et en Bosnie, ses missions sur Sarajevo en particulier sont devenues prioritaires tout en étant particulièrement sensibles. DETALAT – Split : Assurant reconnaissance et liaisons en ambiance fréquemment hostile (38 prises à partie depuis le sol), il a effectué en outre 207 missions EVASAN au profit de la Force ou d’actions humanitaires. Le 8 juin 1995, il a assuré l’hélitransport de la section de mortiers lourds du détachement BALBUZARD sur le mont Igman.
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FORPRONU / FPNU
DETAIR – Sarajevo-aéroport : A partir de juin 1992, a assuré toutes les opérations d’aéroport et participé à sa sécurité conjointement avec le BATINF 2. BMN / FRR : Le déploiement et l’action de ses moyens feux (en particulier les canons de 155 Au F1) sur le Mont Igman à partir d’août 1995 ont été déterminants pour obtenir des Serbes le respect des zones de sécurité bosniaques et le retrait de leurs armes lourdes des zones d’exclusion.
2-4 Désengagement Il s’est fait dans le cadre des relèves planifiées au COAT et a été conduit par les grands commandements de l’Armée de terre (FAR et 3ème C.A.), certains bataillons n’étant pas relevés. Pour les autres, ils sont passés de la FPNU / FORPRONU à l’IFOR avec, parfois, changement d’implantation et de dispositif, à partir de novembre 1995.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Cf. carte
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel - Compte tenu de la résolution des divers belligérants et des règles d’engagement, la mission initiale de maintien de la paix ne pouvait être que ponctuellement remplie, où et quand les parties en présence y consentaient. La longue liste de résolutions de l’ONU durcissant de plus en plus ses positions a seule pu aboutir au cessez le feu définitif scellé par les accords de Dayton. Il aura fallu 4 ans de présence active de la Force puis d’action militaire brutale avec participation de l’OTAN, pour imposer cette paix. - Au plan humanitaire, la présence de la FORPRONU, même si elle n’a pas pu empêcher tous les drames et toutes les exactions de la part des diverses parties en présence, a réduit considérablement les souffrances des populations et permis un acheminement convenable de l’aide humanitaire.
4-2 Pertes humaines 53 morts dont 22 par faits de guerre (14 à Sarajevo). 568 blessés, dont 234 par faits de guerre (164 à Sarajevo).
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FORPRONU / FPNU
4-3 Pertes matérielles Information non disponible. A noter que ces pertes, comme l’amortissement des matériels nationaux déployés donnent lieu à un remboursement par l’ONU.
4-4 Enseignements tirés - Adéquation des moyens aux missions. La constitution initiale de la Force reposait sur le postulat d’une acceptation de son mandat par toutes les parties en présence. Il s’est avéré dès le début qu’aucun des belligérants n’entendait le respecter. Il s’en est suivi une succession de résolutions visant à renforcer les effectifs et les moyens ; mais compte tenu des délais de prise de décision puis de mise en place, même en ce qui concerne les missions d’appui aérien, la Force a toujours eu un temps de retard sur les belligérants. Pour les individus, la légitime défense est restée toujours la règle. Concernant les unités françaises, il semblerait nécessaire de définir plus précisément les missions dans les limites du possible en fonction des moyens accordés ; les risques qui ont été pris, consciemment ou inconsciemment, ont souvent été à la limite de l’admissible. Même pour une mission de soutien de la paix, il est indispensable que le Commandant de la Force dispose de moyens suffisants (capacités militaires et règles d’engagement) pour prendre l’ascendant sur les ex-belligérants. Cela ne veut pas dire qu’il doive les utiliser en totalité et en permanence, mais, si leur effet dissuasif vient à manquer, il doit pouvoir le faire avec détermination et discernement en vue des objectifs politico-militaires à atteindre (à condition qu’ils soient communs aux principaux membres de la Force). - Commandement. La chaîne commandement ONU est connue pour sa lourdeur et son manque de réactivité. Le commandement organique via le CCFR, donnait par contre toute satisfaction. Le problème a résidé dans la reconnaissance officielle tardive du CCFR par l’ONU, ce qui en a réduit l’efficacité. - Renseignement. L’éthique ONU comme la diversité des contingents nationaux (en aptitudes et en orientations politiques) interdisait à la Force de disposer d’une capacité «renseignement», l’information» (par définition brute et ouverte) étant seule admise. L’organisation du CCFR a permis de pallier cette carence majeure pour des opérations militaires, au bénéfice des Hautes autorités nationales. Par contre, les besoins en renseignements des bataillons n’ont été satisfaits que de manière très partielle. - Dispositif. Adaptés au contrôle de zone ou imposés par la mission (contrôle de dépôts), les dispositifs d’unité ont souvent comporté des postes isolés et donc vulnérables. Dans ces conditions, une capacité d’intervention avec des moyens suffisamment puissants est indispensable. Seule la FRR a finalement répondu à ce besoin. Cette remarque s’applique aussi aux éléments et convois disposant souvent d’une escorte trop légère pour forcer les points de blocage imposés par les belligérants.
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FORPRONU / FPNU
LA
CHAÎNE FRANÇAISE DU COMMANDEMENT
LA CHAINE FRANÇAISE DU COMMANDEMENT
ONU New York
AUTORITES POLITIQUES
Mission militaire Française près de lʼONU
EMA
EMAT COAT / CCY
COLA / CCY
FORCE
CCFR
CONTINGENTS FRANÇAIS Chaîne politique nationale
Chaîne militaire ONU
Chaîne militaire nationale (ops)
Chaîne militaire organique (org)
L’ ORGANISATION DU CCFR LʻORGANISATION DU CCFR GENERAL CCFR CABINET
CHANCELLERIE
ADJOINT CCFR CEM
B1 PERSONNEL
B2 INFORMATION
DICAT
OSA
Officier de liaison
PSR
PREVOTE
B3 OPERATIONS
DIRSAN
S/CHEF LOGISTIQUE
TRANSIT AIR
TRANSMISSIONS
COMMAT
TRANSIT TERRE
SIC
COMPTABILITE ONU
111
FORPRONU / FPNU
DISPOSITIF INITIAL FORPRONU (1992)
ITINÉRAIRES CONVOIS (BSL ET/OU HUMANITAIRES) VERS SARAJEVO
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FORPRONU / FPNU
DISPOSITIF FINAL DE LA FPNU
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IFOR/SALAMANDRE 1 BOSNIE HERZÉGOVINE (DÉCEMBRE 1995 - DÉCEMBRE 1996)
0 0
20
40 km 20
Sava
Prijedor Bihac‘
D an u be
CROATIA
40 ml
Bosanski Brod
Republika Srpska
Brcko
Banja Luka
Tuzla
SERB. AND MONT.
Zenica
SARAJEVO
CROATIA
Republika Srpska
Federation of Bosnia and Herzegovina
Gorazde
Mostar SERBIA AND MONTENEGRO
Adriatic Sea
CROATIA ALB.
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IFOR SALAMANDRE 1
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Maintien de la paix.
1-2 Mandat La Résolution 1031 du Conseil de Sécurité de l’ONU (15/12/1995) appuie l’Accord de paix de Dayton (21/11/1995) ratifié à la conférence de Paris (14/12/1995) et approuve notamment la création d’une force internationale de mise en œuvre de la paix (« Implementation Force » = IFOR), sous commandement OTAN (opération FIRM ENDEAVOUR) pour appliquer le volet militaire de l’Accord de paix : - respect continu de l’accord de cessation des hostilités et retrait des troupes étrangères ; - retrait des forces des ex-belligérants de la zone de séparation le long de la ligne de cessez le feu ; - puis séparation de leurs forces de part et d’autre de la ligne de démarcation inter entités convenue (IEBL)1; - au besoin, assurer les conditions de sécurité nécessaires pour les activités des autres acteurs de l’Accord de paix ( united nations high comitte refugees/ haut comité des nations unies aux réfugiés [UNHCR], organisation pour la sécurité et la coopération en europe [OSCE], comité international de la croix rouge [CICR] et autres organisations humanitaires...) et pour le retour des réfugiés et personnes déplacées, y compris l’aide au déminage.
1-3 Durée de l’opération Un an (décembre 1995 à décembre 1996).
1-4 Zones ou pays concernés Bosnie-Herzégovine. Croatie. (Hongrie).
1-5 Situation géopolitique Suite aux interventions militaires de l’OTAN en appui de la force de protection des nations unies (FORPRONU) (frappes aériennes et d’artillerie sur les forces serbes de Bosnie) entre août et novembre 1995, les effets de l’embargo sur les armes et le carburant se faisant aussi sentir, les parties en conflit en ex-Yougoslavie (Croatie, Bosnie, République Fédérale de Yougoslavie représentant aussi les Serbes 1
Inter Entities Boundary Line
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IFOR SALAMANDRE 1
de Bosnie) sont parvenues sous la pression américaine à un accord de paix à Dayton (USA) le 21 novembre 1995. Cet accord prévoit en particulier une répartition du territoire de la Bosnie-Herzégovine entre une entité serbe (« Republika Srpska » = RS) et la Fédération croato-musulmane («La Fédération ») de Bosnie, délimitée par une ligne de démarcation inter-entités (IEBL), dans le cadre d’une République de Bosnie-Herzégovine (BiH) unitaire dont la constitution restait à approuver et à mettre en œuvre (volet politico-électoral à charge de l’OSCE). Le volet militaire de l’Accord comportait plusieurs phases successives et/ou simultanées : - retrait des forces à 2 km de part et d’autre de la ligne de cessez le feu pour le 19 janvier 1996 ; - retrait des forces à 2 km de l’IEBL (là où elle ne coïncidait pas avec la ligne de cessez le feu) pour le 3 février 1996, traçage de l’IEBL sur toute sa longueur, notamment, dans la zone de la division multinationale sud-est (DMNSE) , l’enclave et l’accès à Gorazde et autour de Sarajevo; réoccupation de la zone attribuée par le bénéficiaire à/c 18 avril ; - regroupement équilibré des armes lourdes et des troupes des ex-belligérants dans les lieux convenus pour le 18 avril au plus tard ; destruction et démobilisation des volumes excédentaires.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française (opération SALAMANDRE – 7.500 personnels) à une force multinationale sous mandat ONU et commandement OTAN dans la continuité de sa participation à la FORPRONU (transfer of authority [TOA] le 19/12/95). L’IFOR comptera jusqu’à 60.000 personnels, fournis par 33 pays dont 15 membres de l’OTAN.
Règles d’engagement Elles sont conformes au chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Mention particulière est faite sur l’obligation d’impartialité de l’IFOR.
Organisation du commandement Niveau OTAN. Sous l’autorité de SACEUR ( supreme allied commander Europe/MonsBelgique), l’Amiral (US) AFSOUTH (allied forces southern Europe/Naples) est désigné comme commandant de l’opération [COMIFOR] ; il dispose d’un poste de commandement
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IFOR SALAMANDRE 1
interarmées de théâtre (PCIAT) à Sarajevo. Outre ses moyens propres (NAVSOUTH et AIRSOUTH), il a sous ses ordres l’ARRC2 (déployé en Bosnie-Herzégovine), un état-major logistique en Croatie (C-SPT), et un Commandement spécifique des Opérations Spéciales (SOCSOUTH). L’ARRC engerbe trois divisions multinationales (DMN) : Nord, sous commandement américain (avec base logistique en Hongrie) ; Sud Ouest, sous commandement britannique ; Sud Est (DMNSE / Division SALAMANDRE, Mostar) sous commandement français ; ces deux DMN ont des éléments logistiques nationaux en Croatie, à Split (GB) et Ploce (FR). Niveau français. Le chef d’état-major des armées (CEMA) exerce le commandement opérationnel de toutes les forces françaises engagées sur le théâtre. Il est représenté auprès du COMIFOR par un officier général - le Commandement (commandant) des éléments français (COMFRANCE) – adjoint au COMIFOR (D.COMIFOR)3. Il dispose, en tant que COMFRANCE, d’un état major particulier réduit, à Sarajevo, et d’un Général «adjoint France» auprès du COMARRC. La majorité des responsabilités du commandement organique sont attribuées au général commandant la DMNSE. Outre ses éléments organiques divisionnaires (EOD [FR]), la DMNSE comporte initialement deux brigades françaises, une brigade sous commandement espagnol (de l’ex-FORPRONU) et une brigade sous commandement italien.
Moyens engagés Participation aux états-majors interalliés (IFOR, ARRC, C-SPT) et EM/COMFRANCE. USN = Détachements RENS/13ème RDP ; Direction du renseignement militaire (DRM) ; Commandement des opérations spéciales COS ; guerre électronique (GUERELEC) ; gendarmerie (GEND). 1 état-major (EM) de division et 2 EM de brigade [Sarajevo, Mostar] (une seule brigade [Sarajevo/Rajlovac] à/c de juin 1996) 3 bataillons d’infanterie (BATINF 2 et 4 [Sarajevo] et 6 [Mostar/Vrapcici] de l’ex-FORPRONU) 1 régiment de commandement et de soutien (RCS) 1 bataillon du génie (BATGEN) [Rajlovac] ; 1 (puis 2) Escadron(s) d’éclairage divisionnaire. 1 groupement d’artillerie (GA 8, provenant de l’ex-FRR) 2 détachements Air (DetAir) [Sarajevo et Mostar] ; 1 Détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) [Ploce] La Base logistique et de transit de Ploce (Croatie) [Ploce French Command=PFC] et son bataillon de soutien. Participation aux opérations aériennes avec 14 avions d’arme et leur environnement (en Italie), et aux opérations navales avec une frégate et un aviso en Adriatique. (En début d’opération, tout le Groupe aéronaval [GAN] est en Adriatique). Participation étrangère à la DMNSE : Brigade espagnole et brigade italienne (fin janvier 1996). Bataillons marocain, portugais (fin janvier 96), ukrainien, égyptien (mai 96) et une compagnie jordanienne (forces spéciales). 2 3
Allied Rapid Reaction Corps Deputy Commander IFOR
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IFOR SALAMANDRE 1
Effectif moyen par armée (FR) Armée de terre et services communs : 7.180 Armée de l’air (DETAIR) : 320 Etrangers (DMNSE) : ~ 9.000 Corps d’appartenance 6ème DLB ; 7ème DB ; EM/FAR ; 11ème DP ; 4ème DAM ; EM 3ème CA. Matériels majeurs 24 blindés engins roue canon (ERC 90) et 12 blindés roue canon AMX 10 RC. ~120 véhicules de l’avant blindé (VAB). ~100 véhicules blindés légers (VBL). 12 Mortiers (Mo) de 120 mm. Postes de tir anti-char (AC) Milan. 8 canons AUF 1 de 155 mm. 10 hélicoptères appui protection/anti-char (HAP/HAC) ; 10 hélicoptères de manœuvre (HM).
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification La France a participé à toutes les étapes de la planification. L’état-major des armées (EMA) a fait envoyer une équipe de l’état-major interarmées (de planification opérationnelle) (EMIA) auprès de SHAPE (Supreme headquarters allied powers in Europe/ à Mons) dès les mois de mai/juin 1995 pour le développement des plans 40.104 / 60.104. Le relais a ensuite été assuré par le renforcement de la mission militaire française (MMF) auprès d’AFSOUTH (Naples) [plan 40.105] et la désignation des personnels à insérer dans les PC IFOR. Parallèlement, l’état-major de l’armée de terre (EMAT) a désigné la force d’action rapide (FAR) pour participer à la planification de niveau opératif terre à l’EM ARRC à Rheindahlen. La planification tactique a cependant connu des difficultés certaines du fait de la faiblesse en effectifs de l’EM (6ème DLB) désigné pour la DMNSE dont une partie était déjà déployée en Bosnie.
2-2 Montée en puissance Elle s’est faite à partir des éléments de l’ex-FORPRONU déjà sur le théâtre, avec redéploiement partiel. Le commandement du secteur Sarajevo (Général de brigade [GBR] Zeller) devient EM brigade BRAVO, en gardant sous ses ordres les BATINF 2 (Aéroport de Sarajevo) et 4 (Sarajevo Ouest) et prenant sous contrôle opérationnel (OPCON) le bataillon ukrainien. Les éléments français de la Brigade multinationale / Force de réaction rapide de la FORPRONU (GBR Soubirou), viennent constituer la brigade ALPHA à Mostar, avec le BATINF 6 sur l’axe Mostar - Sarajevo et un bataillon marocain venant remplacer le BATINF 5 (en instance de rapatriement) sur le Mont Igman. Les autres éléments (GA 8 et DETALAT) sont inclus dans les EOD de la DMNSE, ainsi que le BATGEN.
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IFOR SALAMANDRE 1
La brigade espagnole (Mostar/Medjugorje) est déjà en place. Elle est transférée de la FORPRONU à l’IFOR lors du TOA (transfert of authority). La brigade italienne est déployée fin janvier 1996, avec le bataillon portugais. Le RCS, venant majoritairement de Zagreb/Pleso, est déployé partie sur Sarajevo, où s’installe aussi initialement l’EM/DMNSE, partie sur Mostar, avant que la totalité (EM + RCS) ne soit regroupée à Mostar. Courant juin, la brigade ALPHA est dissoute, le BATINF 6 passant aux ordres de la brigade BRAVO, rebaptisée brigade Centre, et le bataillon marocain étant inclus dans les EOD.
2-3 Phases de déploiement
Idée de manœuvre Rétablir au plus tôt et au mieux la confiance entre les factions et vis à vis de la Force, par des contacts fréquents et impartiaux aux trois niveaux (division, brigade, bataillon), sur une base territoriale, et toujours en sûreté. Maintenir la liberté de mouvement par des actions à la fois statiques et dynamiques, permanentes sur les principaux axes et aléatoires dans toute la zone, des réserves d’intervention blindée étant disponibles dans tous les secteurs de brigade (ainsi que la menace des feux d’artillerie ou de mortiers). En permanence, faire effort en matière de renseignement, principalement de source humaine, dans les domaines non seulement militaire mais aussi politique, économique, psychologique et/ou religieux.
Opérations menées Dans un premier temps, et compte tenu des difficultés résultant des conditions de montée en puissance et de la rigueur du climat hivernal, l’effort est mis sur le rétablissement et le contrôle de la liberté de mouvements sur l’axe principal Ploce – Mostar - Sarajevo ainsi que vers la poche croate de Kiseljak et l’enclave de Gorazde (création ex-nihil d’une piste carrossable à double sens par le génie). La vérification systématique de la zone de séparation sur la ligne de cessez le feu n’a donné lieu qu’à de rares constatations d’infractions immédiatement relevées et sanctionnées. De même, la vérification des dépôts d’armes et de munitions a permis d’en confisquer et détruire une importante quantité sans opposition des factions. Plusieurs opérations des forces spéciales ont été menées dans le secteur de la division à la recherche de criminels de guerre et pour démanteler un camp d’entraînement d’islamistes. Dans un deuxième temps, il s’est agi de surveiller et conduire l’évacuation des zones devant passer du contrôle d’une entité à une autre. Dans le secteur de la DMNSE, il s’agissait essentiellement de
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IFOR SALAMANDRE 1
faubourgs de Sarajevo et diverses localités proches, peuplés de Serbes, qui étaient attribués à la Fédération, ainsi que des hauteurs Est de Mostar. Ces hauteurs étaient déjà désertées par leurs occupants militaires comme civils. Pour la région de Sarajevo, l’évacuation des militaires serbes restants s’est faite sans résistance de leur part, le rapport de forces ne leur en laissant d’ailleurs aucune possibilité. Mais, comme prévisible, et malgré les assurances que tentait de donner l’IFOR, la majorité de la population serbe (94 %) a aussi évacué la zone. La relative facilité d’exécution des opérations au contact, sur le terrain, ne doit pas occulter les difficultés rencontrées au niveau des plus hauts responsables militaires des factions (Commissions Militaires Mixtes). Chaque retrait, contact, inspection étaient discutés pied à pied pour s’assurer que la partie adverse était traitée de la même façon, ce qui exigeait des efforts très contraignants de la part des responsables de l’IFOR. Dès que les conditions climatiques l’ont permis, l’effort a porté sur le tracé et le marquage de l’IEBL et la surveillance de ses accès (génie protégé par la valeur d’une section à une compagnie d’infanterie). Le calme perdurant et le désarmement et la démobilisation des factions se poursuivant, le dispositif a été progressivement allégé (artillerie, blindés, HAC). Seuls les mines (près de l’IEBL), la circulation routière, et l’activité mafieuse (région Mostar) représentaient de véritables menaces pour la DMNSE. A partir des mois de juin/juillet, il est apparu clairement que les moyens militaires de l’IFOR allaient être indispensables pour assurer le bon déroulement des élections fixées au 14 septembre 1996 (30 juin à Mostar). Il s’est agi alors de reconnaître les emplacements des bureaux de vote, participer au transport de tout le matériel nécessaire, établir les plans pour assurer la protection des opérations électorales et des personnels (OSCE, ONU, observateurs neutres…) devant y jouer un rôle, et les appliquer. Les élections s’étant déroulées sans incident majeur (y compris à Mostar, grâce à une présence très dissuasive des unités de la DMNSE), les résultats ont entériné le partage définitif entre les trois entités : bosniaques, bosno serbes et bosno croates. Ce résultat était prévisible après avoir constaté l’inutilité des efforts faits, à Mostar notamment et dans d’autres lieux de la zone de la DMNSE, pour inciter les personnes déplacées serbes et croates à revenir en zone bosniaque, ou, au contraire, des bosniaques de Mostar-Est à revenir à Mostar-Ouest (contrôlé par les Croates) en particulier. Dès le mois d’octobre 1996, a commencé la phase de transition de l’IFOR vers la «follow on force», qui devait être la SFOR (stabilisation force), par réduction des effectifs et ré articulation des états-majors et des forces.
2-4 Désengagement Il s’est fait conformément aux directives du schéma directeur de l’EMIA (15/06/96) et aux recommandations du « Mémento provisoire sur le désengagement des unités » élaboré par l’EMAT, adaptées aux conditions locales. Il s’est appuyé sur la zone de regroupement et d’attente (ZRA) de Mostar-Ortijes aménagée par le BATGEN dès le mois de juin, une grande partie du financement ayant été obtenu de l’OTAN. Calendrier - Octobre 1996 : retrait du BATINF 2 non relevé en fin de mandat. - Novembre : désengagement du GA 8 et de l’EED 2. Allégement de l’EM DMNSE. - Décembre : désengagement du bataillon français de soutien (Ploce) et d’une partie du RCS et du BATGEN.
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IFOR SALAMANDRE 1
- Janvier 97 : désengagement de la section Milan de l’EED 1 et du reste du BATGEN. - Février–mars 97 : désengagement de la section CL 289 (drône), du BATINF 4 et de l’EM Brigade Centre. Le reste des effectifs restait au sein de la SFOR. Les matériels étaient embarqués par voie maritime (rouliers affrétés) à Ploce après convoyage routier de Mostar à Ploce. Les personnels rejoignaient la métropole par VAM ou gros porteurs affrétés, à partir de Mostar, Sarajevo ou Dubrovnik.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Cf. cartes
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel L’application des aspects militaires des accords de Dayton a été un succès total. Le soutien du processus électoral également, avec mention particulière, en ce qui concerne la DMNSE, du secteur particulièrement sensible de Mostar. Quelques actions humanitaires d’initiative locale ont été conduites (dont assistance sanitaire). Pour la participation française, l’action civilo-militaire (ACM) conduite s’apparente plus à l’humanitaire qu’au politico-économique, comme c’était le cas pour les principaux autres pays participant à l’IFOR.
4-2 Pertes humaines 3 morts (mine, accident par arme à feu, suicide) ; 4 blessés (sniper, accident de circulation (2), mine).
4-3 Pertes matérielles Néant.
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IFOR SALAMANDRE 1
4-4 Enseignements tirés Généralités Le succès de l’IFOR (que l’on pourrait opposer, mais à tort, aux échecs relatifs de la FORPRONU) s’explique par les considérations suivantes : - un mandat clair et bien défini dans le temps et l’espace, incluant des tâches essentiellement militaires mais permettant d’apporter un soutien, parfois indispensable, à des tâches civiles non prévues dans le mandat ; - une «sur-capacité» par rapport aux ex-belligérants, d’ailleurs gagnés par la lassitude, permettant à l’IFOR de s’imposer d’emblée en tout temps et tous lieux ; - une chaîne de commandement unifiée et rigoureuse, que les divergences d’intérêts nationaux (surtout entre Américains et Britanniques) n’ont pas pu perturber notablement ; - une organisation et un équipement des forces et des organes de commandement performants (du moins pour les principaux contributeurs) et en volumes suffisants.
Participation aux états-majors OTAN Le nombre et le niveau des personnels nationaux affectés aux EM alliés ne sont pas forcément gage d’influence et de rayonnement nationaux. C’est dans la durée, et éventuellement à l’occasion des relèves, que l’on peut identifier les postes réellement importants. Mais cela dépend aussi de la personnalité du titulaire : compétence en matières linguistique (anglais) et de travail d’état major (OTAN), dévouement à la tâche, aptitude à se rendre indispensable et à tisser un réseau relationnel efficace (pas forcément hiérarchique mais national et multinational).
COMFRANCE Dans une telle opération multinationale, où la France n’est pas pays pilote, les principales fonctions du COMFRANCE peuvent être définies comme suit : - s’assurer que l’emploi des forces françaises est conforme aux directives nationales ; - assurer l’information adéquate du haut commandement national (niveau stratégique) ; - préserver les intérêts non spécifiquement militaires (type ACM) que la France peut avoir sur le théâtre ; - faire diffuser l’information, interne et externe, sur l’action conduite par la France dans cette opération ; - gérer au mieux des intérêts nationaux les personnels insérés dans les EM interalliés (sachant que le principal des fonctions organiques et logistiques devait être dévolu à l’EM/DMNSE). La position du COMFRANCE comme D.COMIFOR et la composition de son EM particulier satisfaisaient à ces exigences. Cela n’a pas empêché certaines lacunes de perdurer, en particulier l’affectation d’un conseiller politique (jamais réalisé) et d’un conseiller juridique (affecté tardivement).
Renseignement Cette opération a permis de valider le concept de cellule nationale de renseignement (National Intelligence Cell = NIC) au sein de l’EM IFOR. Mais si les NIC permettent de mettre en commun le renseignement d’origine nationale intéressant l’opération, les renseignements vraiment sensibles ne
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s’échangent que sur une base bilatérale. D’autre part, l’existence de la NIC au niveau IFOR ne peut pas dispenser de la constitution d’une cellule «synthèse – évaluation» au niveau du COMFRANCE. Les performances du niveau opératif ne doivent pas cacher certaines insuffisance du niveau tactique découlant souvent d’une méconnaissance des capacités des divers capteurs (humains comme techniques) par les utilisateurs (chefs interarmes, mais aussi spécialistes renseignement du niveau tactique).
Communication Pour être efficace, la communication doit s’appuyer sur une chaîne allant du COMFRANCE jusqu’aux unités sur le terrain, en partant de directives nationales claires et périodiquement actualisées. Dans le cadre de l’IFOR, la France était très en retard sur ses principaux alliés.
Affaires civilo-militaires La montée en puissance de la cellule ACM et du «G5 extension» du COMFRANCE, les actions, souvent d’initiative, des unités sur le terrain (bataillons, unités génie, commissariat, service de santé…), documentées par le G5/Div. et coordonnées au niveau des brigades, ont permis d’établir les bases d’un concept et d’une doctrine ACM qui manquaient au départ. Des orientations politico économiques du niveau national sont apparues souhaitables.
Logistique L’absence de Commandement (commandant) du soutien (COMSOUT) au niveau COMFRANCE et de base de théâtre a fortement alourdi la logistique de la DMNSE, d’autant que la base de transit maritime de Ploce (Croatie) ne dépendait pas du G4 Div. mais du C-SPT (IFOR) jusqu’au 15 octobre 1996. La multiplication et la juxtaposition des NSE (National support elements) des divers contingents étrangers, la logistique étant responsabilité nationale, ajoutaient à la complexité. Un des obstacles était que la zone divisionnaire ne s’étendait qu’à la Bosnie. Lorsque le soutien pouvait être multinational et transfrontalier (exemples remarquables : ravitaillement en carburant où le service des essences des armées (SEA) était pilote, soutien médical y compris pour les évacuations sanitaires (EVASAN), circulation et transport banalisé, transit air), le soutien par la division devenait très performant. Toutefois, le soutien (administratif et plus généralement du commissariat de l’amée de terre [CAT]) des personnels isolés, surtout hors zone divisionnaire, a toujours posé problème. La problématique de la logistique de cette opération avec la confusion née des responsabilités données en la matière à la DMNSE, a conduit l’EMA à rédiger l’Instruction 2000 distinguant les chaînes nationales et multinationales, avec la constitution d’une structure de soutien nationale clairement identifiée (ADCONFRANCE/COMSOUT…).
Transition ONU – OTAN Le choix de transférer les EM et unités sur place de la FORPRONU à l’IFOR, pour intellectuellement satisfaisant qu’il fût, n’en a pas moins entraîné des inconvénients majeurs en ce qui concerne la liquidation des comptabilités ONU, cause de surcoûts et d’activités connexes jusqu’en juin 1996.
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IFOR SALAMANDRE 1
Pour le désengagement, la constitution d’un centre opérationnel (CO) de désengagement et l’activation de la ZRA de Mostar se sont montrées d’une très grande pertinence. Les opérations, malgré leur complexité et leur relative improvisation du fait des incertitudes levées tardivement concernant le «post-IFOR», se sont déroulées dans l’ordre et la sérénité, et dans les délais et conditions impartis. Cela est dû au fait que la planification avait eu lieu dès le mois de juin avec diverses variantes, et que la majorité des personnels d’encadrement et d’exécution (RCS, BATGEN) comme des unités à désengager étaient français (même si des unités étrangères en ont aussi bénéficié). Des renforts temporaires en spécialistes avaient en outre été mis en place par l’EMA et l’EMAT. Un contexte multinational plus étendu pourrait remettre en cause cette efficacité.
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HARMONIUM ALBANIE, TIRANA, DURRËS (MARS 1997)
SERBIA AND MONTENEGRO
CRO
Shkoder Maja e Korabit
Shëngjin
Adriatic Sea
TIRANA
MACEDONIA
Durrës Elbasan
Korçë Vlorë ITALY
Strait of Otranto
GREECE Sarandë
Ionian Sea
0 0
20
40 km 20
40 ml
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HARMONIUM
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Evacuation de ressortissants.
1-2 Mandat Opération française qui s’est déroulée dans un contexte international. Une opération similaire est conduite simultanément par les Américains et les Italiens qui évacuent leurs ressortissants.
1-3 Durée de l’opération 14 mars au 18 mars 1997
1-4 Zones ou pays concernés Albanie ; Tirana ; Durrës
1-5 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Début 1997, une violente crise secoue l’Albanie où plusieurs villes sont en proie à des émeutes et des pillages. L’armée albanaise est en totale décomposition. Seul subsiste un noyau dur, constitué par la brigade des forces spéciales (environ 4.000 hommes). Des bandes armées - souvent d’origine mafieuse - se livrent à des exactions et entretiennent un climat d’insécurité particulièrement prégnant. En raison de l’aggravation de la situation à Tirana, les Etats-Unis et l’Italie ont décidé l’évacuation de leurs ressortissants. La France envisage de participer à cette évacuation sous commandement et contrôle national.
Règles d’engagement Règles spécifiques inconnues à la date de rédaction de cette fiche.
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HARMONIUM
Organisation du commandement Le dispositif est sous contrôle opérationnel (OPCON) du détachement air (DETAIR) BRINDISI du 14 au 17 mars 1997. Le commandant en chef des forces françaises pour la méditerranée (CECMED) exerce le contrôle opérationnel de la frégate Germinal. L’attaché de défense (AD) Tirana assure la coordination entre les éléments mis à terre et les ressortissants. La confirmation du décollage est donnée par le centre opérationnel interarmées (COIA).
Moyens engagés 2 hélicoptères Cougar (mis en place à partir de Ploce par la division multinationale sud-est (DMNSE) 3 hélicoptères SA 330 Puma CSAR1 (mis en place à Brindisi) 1 frégate (Germinal) avec, à son bord, un Cougar du groupe école d’application des officiers de la marine (GEAOM) 10 commandos de l’Air 11 commandos parachutistes mis en place par la DMNSE Effectif moyen par armée Armée de terre : 20 Armée de l’air : 20 Marine : 110 Tous sont des personnels de carrière ou sous contrat Corps d’appartenance Commandement des opérations spéciales (COS) Matériels majeurs Confère ci-dessus
1
Combat Search And Rescue
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HARMONIUM
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Menée à partir du 12 mars par le COIA, en liaison avec la DMNSE et la mission militaire française (MMF) /Naples. Un officier de liaison est mis en place auprès de la VIème flotte US.
2-2 Montée en puissance Mise en place de tous les moyens aériens le 13 sur Brindisi. Simultanément déroutement de la frégate Germinal pour rallier les côtes albanaises avec un Cougar du GEAOM et un renfort santé.
2-3 Phases de déploiement Vendredi 14 mars : décollage des hélicoptères de Brindisi à 11h20, départ du convoi de ressortissants à évacuer à 10 heures locales, pour un enlever à 11heures. Regroupement des ressortissants sur un point à 2 kilomètres au sud de Durrës. Protection de la zone par le groupe de commandos parachutistes. Décollage de la première vague à 12h30 et poser à Brindisi à 13h15 : 88 pax évacués. Décollage de la deuxième vague à 15h00 et poser à Brindisi à 17 heures : 18 pax évacués et retour du commando.
2-4 Désengagement L’opération s’est déroulée conformément à la planification le 14 mars. Retour de tous les éléments engagés le 16.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération A Brindisi, les hélicoptères Cougar et SA 330 Puma En Adriatique, à la limite des eaux territoriales de l’Albanie, la frégate Germinal Groupe de commandos parachutistes de la DMNSE et commando de l’Air.
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HARMONIUM
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel La parfaite coordination des différentes composantes terre, air, mer regroupées à Brindisi dans des délais rapprochés associée à l’excellente gestion des mouvements entre la capitale et la zone d’embarquement, ainsi que le contrôle de cette zone, a permis un déroulement nominal de l’opération. Une centaine de ressortissants, français et étrangers, a été évacué sans dommage d’Albanie.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Deux enseignements ont été tirés de cette opération : - la nécessité de former les personnels pour agir dans un contexte de maîtrise d’une foule à comportement difficile - l’armement des hélicoptères SA 330 Puma en mission d’appui protection doit être repensé. NOTA : La connaissance de l’Albanie, acquise à l’occasion de cette opération, facilitera la préparation de l’opération ALBA qui suivra quelques mois plus tard.
V – RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
5-1 Généralités Centrée autour de l’agglomération de Durrës (complexe portuaire et deuxième ville d’Albanie), la récupération des ressortissants se situait sur une plage, à 2 km au sud de cette ville. Le réseau routier principal, de faible densité, est vétuste, le réseau routier secondaire reste peu carrossable voire impraticable. Les déplacements en véhicule hors des axes sont malaisés sinon impossibles. A Durrës, les activités économiques sont essentiellement focalisées autour du complexe portuaire.
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HARMONIUM
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ALBA ALBANIE (AVRIL - AOÛT 1997)
SERBIA AND MONTENEGRO
CRO
Shkoder Maja e Korabit
Shëngjin
Adriatic Sea
TIRANA
MACEDONIA
Durrës Elbasan
Korçë Vlorë ITALY
Strait of Otranto
GREECE Sarandë
Ionian Sea
0 0
20
40 km 20
40 ml
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ALBA
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type d’opération Dominante humanitaire et soutien d’un processus électoral.
1-2 Mandat Résolutions N° 1.101 (28/03/97) et 1.114 (19/06/97) du Conseil de Sécurité des Nations Unies : mise en place temporaire, en Albanie, d’une Force multinationale de protection (FMP) afin de faciliter l’acheminement en sûreté de l’aide humanitaire et de créer le climat de sécurité nécessaire aux missions des organisations internationales.
1-3 Durée de l’opération Trois mois et demi : du 15 avril au 3 août 1997.
1-4 Zones ou pays concernés Albanie. (Italie)
1-5 Situation géopolitique République Populaire Socialiste depuis le 11 janvier 1946, l’Albanie subit, sous la présidence d’Enver Hoxia, un régime de type stalinien qui n’est bientôt plus soutenu que par la Chine communiste. L’Albanie se trouve alors complètement coupée du reste du monde et de l’Europe en particulier. En 1990, le pluralisme politique réapparaît. Des élections libres ont lieu en 1991. M. Bérisha est le premier président non communiste du pays (avril 1992). Il ouvre l’Albanie aux influences occidentales et s’efforce d’en moderniser l’économie. L’armée et les autres forces de sécurité, totalement déconsidérées par leur adhésion au pouvoir antérieur, perdent leur influence et leur efficacité, d’autant qu’elles se trouvent financièrement asphyxiées par la politique du nouveau pouvoir. Chacun tâche de veiller à sa propre sécurité et des milices voient le jour. En janvier 1997, la faillite frauduleuse de sociétés d’épargne pyramidales cause la ruine de nombreux Albanais, provoquant des émeutes dans tout le pays, le pillage des dépôts militaires et une crise politique majeure aggravée par la crise économique résultante. Un climat de guerre civile s’instaure, l’opposition étant relativement coordonnée dans le Sud et relevant plus du racket et du grand banditisme dans le Nord. Il en résulte un afflux de migrants à destination principalement de l’Italie, une détérioration des relations économiques avec ce pays et avec la Grèce, et des inquiétudes sérieuses pour la stabilité des pays voisins.
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ALBA
Les autorités nationales albanaises font appel aux organismes internationaux, notamment européens et à l’ONU. L’Europe en tant que telle (Union européenne [UE] et/ou Union de l’Europe occidentale [UEO]) ne veut pas s’engager. L’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) répond favorablement aux demandes albanaises sous réserve d’un accord du Conseil de Sécurité. L’Italie de son côté se déclare prête à aider l’Albanie, mais une intervention nationale ne peut être autorisée. Par solidarité européenne et avec l’Italie, la France s’associe à cette démarche, suivie par l’Espagne et la Belgique; la Roumanie et la Slovénie voient là une opportunité pour s’intégrer à l’Europe. Le Danemark et l’Autriche se sentent tenues par leurs engagements diplomatiques vis à vis de l’OSCE. La Grèce y voit une occasion de défendre ses intérêts frontaliers et les Turcs entendent «marquer» les Grecs dans un pays qui a fait partie de l’Empire Ottoman jusqu’en 1912.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation militaire française (940 personnels) à une force multinationale (effectifs : 7.230 ; 10 pays majoritairement européens), dirigée par l’Italie, nation pilote (3.800 hommes), sous mandat ONU. Le volet électoral devait être supervisé par l’OSCE ; l’UEO interviendra ultérieurement pour aider à reconstituer les forces de police albanaises.
Règles d’engagement Conformément au chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
Organisation du commandement Un Comité directeur, co-présidé par l’Italie et la France, (niveau ambassadeurs) réunit les représentants des états participant à la FMP, et assure la direction et le contrôle politique de l’opération ALBA. Le commandant de l’opération (COPER) est le chef d’état-major des armées (CEMA) italien. L’Italie fournit aussi le commandant de la Force (COMANFOR). La France fournit son adjoint (DCF = Deputy COMANFOR) qui est en même temps le commandant des éléments français (COMFRANCE). Comme tous les bataillons nationaux, le bataillon français dépend directement de l’état-major ALBA. Il a sous contrôle opérationnel un escadron de reconnaissance danois.
Moyens engagés Participation à l’état major ALBA (20) Etat major COMFRANCE (50) Elément transit Air (5)
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ALBA
Bataillon (BAT) France (866) à 2 compagnies sur véhicule de l’avant blindé (VAB), 1 escadron d’engins blindés AMX 10 RC , et une compagnie logistique incluant notamment une antenne chirurgicale aéroportée (ACA) et un hélicoptère de manœuvre (HM) SA 330 pour les évacuation sanitaires (EVASAN). Effectif moyen par armée (FR) Armée de terre : 872 Armée de l’air : 10 Marine : 4 Service de santé : 35 Gendarmerie : 20 Corps d’appartenance 2ème RIMa. RICM. 9ème RCS. Individuels fournis par 90 formations de toutes armes et armées. Matériels majeurs Terre : ~100 véhicules légers tout terrain (VLTT) P4. 33 véhicules blindés légers (VBL). 40 VAB. 12 AMX 10RC. 1 HM SA 330 Puma. ~100 poids lourds (PL) divers.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Au départ, l’Italie avait planifié une opération nationale qu’elle avait modifiée pour intégrer d’autres participants. Cette planification a été présentée le 24 mars 1997, à Rome, à la suite de quoi, une équipe de l’état-major interarmées (de planification opérationnelle) (EMIA) a été détachée à Rome et la planification profondément remaniée, en particulier dans un souci de plus grande rigueur et de conformité au mandat ONU. Au début, la France, qui fournissait le plus gros contingent après l’Italie, estimait avoir un rôle majeur à jouer. Après examen plus approfondi de la situation, l’état-major des armées (EMA) opta pour une contribution répondant plus à un souci de visibilité qu’à une ambition de partager les responsabilités. Il en a résulté l’ordre d’opérations N° 1 en date du 13 avril 1997.
2-2 Montée en puissance La mise sur pied de la force ALBA a commencé le 31 mars 1997. La force d’action rapide (FAR) a chargé la 9ème DIMa de mettre sur pied le contingent ALBA, et le 2ème RIMa a été désigné comme corps support. La zone de regroupement et d’attente (ZRA) de Miramas a été activée le 8 avril et presque tous les personnels y ont été regroupés. L’acheminement s’est effectué par voie maritime : Détachement précurseur par Batral du 8 au 12 avril, 1er échelon par transport chaland débarquement (TCD) du 11 au 15 avril,
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ALBA
2ème échelon par ferry du 16 au 18 avril, Reliquat de containers par RoRo (roll on roll off) arrivant à Durrès le 21 avril 97.
2-3 Phases de déploiement Les tâches étaient réparties, entre gardes et protection statiques (3 implantations), intervention et escortes, avec rotation entre les unités, tout en assurant une activité dynamique de renseignement et de présence.
Opérations menées Pendant toute la durée de l’opération, garde et protection des installations des organisations non gouvernementale (ONG) et de leurs activités dans la zone portuaire de Durrès ; protection de la zone vie du bataillon et du relais radio (Compagnies (Cies) VAB et escadron AMX 10RC). Sûreté éloignée et rapprochée de ces installations par multiplication des patrouilles dans et autour de Durrès (gendarmerie, Section d’éclairage et de renseignements [SER], escadron danois). Reconnaissances périodiques de l’axe Durrès - Tirana. Escortes, à la demande, sur tous les axes au départ de Durrès (convois humanitaires, véhicules OSCE ou officiels divers). Pour les élections, à partir du 15 mai, recherche et recueil de renseignements d’ambiance. A partir du 1er juin, reconnaissance des points d’implantation des bureaux de vote (321) et autres installations ; escorte des équipes électorales de l’OSCE (4) et des contrôleurs de diverses nations (60). Les 29 juin (1er tour) et 6 juillet (2ème tour) protection des principaux sites électoraux par déploiement d’observateurs et mise en alerte de sections/pelotons d’intervention.
2-4 Désengagement Les opérations de démontage et reconditionnement se sont déroulées entre le 18 et le 26 juillet, le principal des chargements sur RoRo et TCD ayant lieu les 25 et 26. Les mouvements (personnels, matériels et containers) se sont étalés du 27 au 31 juillet, les personnels rejoignant leurs garnisons au plus tôt, sans passer par la ZRA de Miramas.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération (Cf. carte schématique en annexe). La zone de responsabilité du bataillon français (BATFRA) (légèrement agrandie pour les élections) comprenait essentiellement l’agglomération de Durrès et la route Durrès – Tirana (cette ville exclue).
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ALBA
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Protection de la manutention et du stockage de 6.740 tonnes d’aide humanitaire dans le port de Durrès. Escorte de convois : 227 véhicules ; 4.050 tonnes d’aide humanitaire dans toute la zone. Protection de la distribution de 124 tonnes de lots alimentaires et de médicaments à Durrès même. Transit sécurisé de 572 véhicules légers ONG et officiels.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés COMFRANCE Dans cette opération, où les motivations nationales étaient très dissemblables et où une réelle incertitude régnait quant aux conditions d’exécution du mandat et à la compréhension pratique de ce mandat, le COMFRANCE devait être en situation de sauvegarder les positions et options politiques et stratégiques nationales, sans entrer en conflit avec la nation cadre. La position d’adjoint au Commandant de la Force répondait à ce souci. L’état major du COMFRANCE comprenait les cellules indispensables pour assurer ses fonctions propres. Toutefois les effectifs (50) paraissaient quelque peu surévalués.
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ALBA
Renseignement L’appréciation de situation au départ était fortement influencée par les visées politiques italiennes. Dans un tel cas, où les intérêts des divers membres de la coalition divergent, une capacité renseignement strictement nationale est indispensable. Dès l’arrivée, mais surtout à l’approche des élections, ce renseignement devait avoir une connotation politique certaine. La très large implication de la Gendarmerie dans la collecte de cette information a été un atout majeur.
Logistique La logistique du bataillon avait été calculée pour tenir compte de la situation supposée sur le théâtre. Elle a donc couvert amplement tous les besoins. Dans un souci d’économie, quand le théâtre d’opération est aussi proche, certains moyens pourraient être gardés en alerte et n’être déployés que si leur nécessité se trouve confirmée. Pour le déploiement, l’activation de la ZRA de Miramas a montré son efficacité indéniable et cette procédure doit être généralisée.
Commandement multinational L’application qui a été faite du concept de nation cadre n’a pas été sans révéler quelques lacunes. En particulier, il faut parvenir au compromis le plus satisfaisant entre la volonté de disposer de la structure la plus efficace possible et celle d’assurer une équitable participation de tous les pays, sachant que quelques principes doivent être intangibles tels que l’unicité du commandement, sa permanence et l’interopérabilité.
Affaires civilo-militaires L’ambition de la France dans cette opération semblait être surtout de démontrer, outre sa solidarité vis à vis de l’Italie, la capacité du «pilier européen» à conduire une action face à une crise locale, sans avoir identifié d’intérêts nationaux précis. Or le caractère humanitaire de ces activités attirait la sympathie des locaux pour ceux qui la menaient ; il aurait été facile de la prolonger dans des domaines de coopération plus concrets, économiques, culturels et même militaires, à condition que cette éventualité ait été envisagée dès le début de l’engagement (comme l’avait fait l’Italie en particulier).
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ALBA
IMPLANTATION
DES CONTINGENTS NATIONAUX
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K.V.M. (NOVEMBRE
HUNGARY
KOSOVO 1998 - MARS 1999)
0
Subotica
40
0
80 km 40
80 ml
Vojvodina
CROATIA
Zrenjanin Novi Sad
ROMANIA
Pancevo
B E L G R A D E Smederevo BOSNIE AND HERZEGOVINA
Bor
Kragujevac
SERBIA
Uzice Novi Pazar
MONTENEGRO CRO.
Tivat Podgorica Kotor Bar
ALBANIA
Nis
Pristina
BUL.
Kosovo
Priznen MACEDONIA
Adriatic Sea
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K.V.M.
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Vérification de l’application d’un accord de cessez-le feu.
1-2 Mandat Il découle des résolutions 1.199 (23/09/98) et 1.203 (24/10/98) du Conseil de Sécurité de l’ONU et des accords particuliers de l’organisation pour la sécurité et la coopération en europe (OSCE) – République Fédérale de Yougoslavie (RFY) du 16 octobre 1998. Il consistait à « vérifier » (dans le sens fort anglo-saxon du terme = « to verify ») le respect des termes de l’accord : - liberté d’action de la mission internationale de « vérification » ; - respect du cessez le feu par les forces armées et la police yougoslaves et cessation de leurs activités ; - respect des droits de l’homme et distribution de l’aide humanitaire.
1-3 Durée de l’opération Quatre mois, du 14 novembre 1998 au 20 mars 1999.
1-4 Zones ou pays concernés Province serbe du Kosovo. Kumanovo (en ex-République Yougoslave de Macédoine = ERYM)
1-5 Situation géopolitique Au printemps 1998, dans la province serbe du Kosovo, les Kosovars albanophones (80% de la population) entament un mouvement de protestation contre les représentants du pouvoir de Belgrade dans le but de voir rétabli le régime d’autonomie interne d’avant 1992. Les extrémistes de l’armée de libération du Kosovo (UCK) mènent des actions violentes qui entraînent des réactions brutales de la part des forces de l’ordre serbo-yougoslaves. Une importante proportion de l’armée s’y déploie, sans résultat décisif, malgré la brutalité des actions répressives. La communauté internationale s’en émeut et, en octobre 1998, sous la pression des Etats-Unis, des accords sont passés entre Belgrade et l’OSCE d’une part, et avec l’OTAN d’autre part, prévoyant l’arrêt des violences et de la répression, le retrait des forces armées serbo-yougoslaves du Kosovo, le déploiement d’une mission terrestre de vérification sous l’égide de l’OSCE, la KVM, et simultanément, la vérification aérienne de ces retraits par l’OTAN (opération EAGLE EYE). Au cas où la situation viendrait à se détériorer, sur proposition de la France
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K.V.M.
approuvée par l’OTAN, une force d’extraction (FE) sous commandement OTAN est déployée en Macédoine (ERYM) pour assurer le retrait en sûreté de la KVM (Opération TRIDENT/FE). En février – mars 1999, les négociations se poursuivent à Rambouillet sous l’égide du « groupe de contact » (Allemagne, France, Italie, Grande Bretagne, Etats Unis, Russie) pour parvenir à un accord entre le gouvernement de Belgrade et les représentants de la communauté albanophone du Kosovo. Les exigences américaines, reflet de leur parti pris en faveur des extrémistes de l’UCK, se heurtent à l’intransigeance du gouvernement de Belgrade, et font échouer les négociations. Ce dénouement a été préparé par la fourniture de rapports non objectifs et partisans de la part du commandement (britannique et américain) de la KVM. Celui-ci décide d’ailleurs, de sa propre initiative et malgré l’avis contraire des Français, de quitter le Kosovo le 20 mars 1999. A partir du 24 mars commencent les frappes aériennes de l’OTAN sur des objectifs serbes au Kosovo et sur la Serbie ; elles vont durer jusqu’au 10 juin.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française à une mission multinationale, sous l’égide de l’OSCE. Les membres militaires de cette mission sont non armés et sous statut diplomatique. La France fournit 122 personnels, dont 50 militaires d’active des trois armées, (état major et observateurs) sur un total de 2.000.
Règles d’engagement Sans objet.
Organisation du commandement Les personnels désignés le sont au titre de l’état-major des armées (EMA). Sur le terrain, ils dépendent du French Senior Officer, le général de brigade (GBR) Avenel, qui est lui-même en liaison directe avec le Centre opérationnel interarmées (COIA). La mission dans son ensemble dépend de l’OSCE/Centre de prévention des conflits. Elle est dirigée par un diplomate américain, W.G. Walker (Head of Mission = HoM) au quartier général (QG) à Pristina. Le GBR Avenel dépend de l’Ambassadeur Keller, chef du département Relations internationales et (théoriquement) le principal adjoint du HoM. En tant que chef de la division « Verification standards », le GBR Avenel aurait dû avoir un rôle transverse de coordination de tous les départements. Mais le chef véritable, qui conduit toutes les activités de la KVM et oriente les compte-rendus en liaison directe avec l’ambassadeur Walker, est le général britannique Drewienkiewicz, chef du département Opérations, qui a constitué son état major restreint anglo-américain à sa convenance (et à celle de l’ambassadeur Walker). A Kumanovo (ERYM) se trouve un état-major OTAN subordonné à AFSOUTH (allied forces southern Europe/Naples), le KVCC (ou KVM Coordination Center), destiné à coordonner, si besoin est, l’intervention des forces de l’opération TRIDENT/Force d’Extraction avec les composantes de la KVM en vue d’assurer la sauvegarde de ces dernières.
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K.V.M.
Moyens engagés Désignation d’individuels. Effectifs moyens par armée 50 des trois armées et de la Gendarmerie. Corps d’appartenance Non précisés dans les documents de référence. Matériels majeurs Véhicules tous chemins et moyens radio et téléphoniques performants fournis par l’OSCE.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Dès la création de la KVM en octobre 98, la France a envoyé à Vienne, à l’OSCE, une équipe de l’état-major interarmées (EMIA) chargée de participer à la planification de la montée en puissance de la KVM. En fait, le concept d’opération a été élaboré en 20 jours par un état-major réduit, dirigé par le général (GB) Drewienskiewicz. Celui-ci a gagné Pristina le 15 novembre avec son état-major (britannique) réduit, dont les principaux chefs de division. Les français sont alors revenus à Paris sans avoir pu discuter de la répartition des postes de responsabilité au sein de la mission.
2-2 Montée en puissance Parallèlement, un autre groupe de 16 Français a été envoyé au Kosovo, à Mitrovica, le 14 novembre, dans le cadre de la mission diplomatique, en qualité d’observateurs ; ils dépendent alors de l’Ambassadeur de France à Belgrade et non de la KVM, au titre de la « French KDOM » (= Kosovo Diplomatic Observation Mission). Toutefois, la France a intégré la French KDOM à la KVM, dès activation de celle-ci, ce qui n’a pas été le cas pour toutes les nations : la US KDOM est restée strictement américaine ; la British KDOM a une double subordination : officiellement à l’OSCE/KVM, mais dans les faits et prioritairement, à ses autorités nationales. Les premiers Français affectés à l’état-major (EM) KVM arrivent à Pristina le 24 novembre 1998 et sont affectés à des postes subalternes (7 au total). L’arrivée du reste de la contribution française (EM et vérificateurs) s’étale jusqu’au 15 mars 1999 du fait des tracasseries mises par les britanniques et les américains pour leur faire accorder l’accréditation OSCE à Vienne (Centre de prévention des conflits) où la France n’a aucun représentant. Ainsi, le Général Avenel, « French Senior Officer » et chef de la division « Standards de vérification » est envoyé à Pristina dès le 24 novembre 1998 mais son accréditation n’a été accordée que le 10 décembre.
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K.V.M.
2-3 Phases de déploiement Les vérificateurs français se sont tout naturellement retrouvés en majorité dans les équipes dépendant du centre régional de Mitrovica (RC2) et des centres de coordination CC 22, CC 23 et CC 24. Disposant de véhicules et de moyens radio performants, ils quadrillent leur zone, enquêtant sur les incidents signalés, en empêchant sans doute beaucoup par leur présence, servant d’intermédiaires pour les négociations entre irrédentistes kosovars (UCK) et forces serbes, et rendant compte systématiquement des conditions d’application des dispositions de l’accord de Belgrade, conformément aux termes de leur mandat. Cependant, les résultats positifs obtenus sont occultés par l’opacité du fonctionnement de l’étatmajor de la KVM, par le refus de prendre en compte les avis des représentants des nations non anglosaxonnes (conseillers politiques Russe, Suisse, Grec, Norvégien et Français) et par les relations particulières et privilégiées établies au niveau HoM et Département des opérations avec l’UCK. Seuls remontent au niveau des chancelleries intéressées des rapports officiels remaniés, édulcorés et orientés, tandis que les difficultés et/ou échecs rencontrés sont montés en épingle.
2-4 Désengagement L’échec des négociations de Rambouillet (février-mars 1999) découlant de la position américaine ainsi que les allégations des membres américains et britanniques de la KVM comme quoi la mission devient impossible à remplir et donc inutile, entraîne son évacuation précipitée. Celle-ci se fait par la route et sans incident, en direction de la République de Macédoine voisine, le 20 mars 1999. Elle y est accueillie, selon les directives du KVCC de Kumanovo, par les unités de l’opération Trident / FE.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Cf. carte
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel - Le déploiement actif et dense des « vérificateurs » sur le terrain a permis de multiplier les liaisons et les contacts (même indirects) entre parties, contribuant ainsi à faire baisser la tension, stabiliser localement la situation et éviter des dérives dommageables au processus de pacification. - Leur présence a joué un rôle dissuasif à l’égard de certains extrémistes. - La KVM a obtenu à plusieurs reprises :
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K.V.M.
- l’arrêt des affrontements, notamment dans la région de Pudojevo ; - la libération d’otages ; - la restitution de corps, comme à Gracak ; - le retour d’un grand nombre de personnes déplacées ; - la distribution en sécurité de l’aide humanitaire.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés - La France n’a pas pu obtenir de poste d’influence correspondant au volume de sa contribution à la mission faute d’avoir, à l’OSCE/Vienne (Centre de prévention des conflits), de représentant intégré ayant l’étiquette KVM. - Même (et peut-être surtout) dans une mission internationale sous couverture diplomatique, une nation voulant avoir quelque influence ne peut pas se passer d’une chaîne de renseignement nationale, ce qu’avaient conservé les Américains (la US KDOM n’était pas intégrée) et les Britanniques, par le biais de l’état-major restreint du Général Drewienkievicz, en liaison avec la British KDOM. - Pour ce type de mission, la qualification des personnels en langue anglaise est d’une importance primordiale et ne correspond pas forcément avec celle consacrée par les degrés de langue.
155
K.V.M.
KVM ORGANISATION Amb WG Walker Head of Mission
Executive committee All DHoM + Exec Sec.
M. Philips MA & Exec. Sec. Personnal Asst. ADC Reports Co-ord
RC 1 Prizren
Fusion Cell.
Press & Public information
Spokesperson
Political Advisor
Legal Advisor
Dep HoM G. Kessler Police
Dep HoM V. Ivanovsky Political Internal
RC 3 Pec
Interpreter
RC 4 Gnjilane
RC 5 Pristina
KVM IC
Public inform.
Dep HoM B. Nygaard Chief of Staff
Principal Dep HoM G. Keller Political External
Dep HoM J. Drewienkiewicz Operations
Dep HoM B. Borchardt Democratic Development
Police
Relations with Locals
Admin/logistic
Relations w/FRY External
Sit Center
Human Rights
Admin. justice
Reconstruction
Comms/IT
Relations with International Org
Plans
Democratization
Personnel
Strategic Policy Planning
Analysis
Elections
Security
Verification standards
Mines
Medical
Humanitarian Co-ordinator
Geo / Maps
HQ commdt
Liaison Officer FRY
VOB
Liaison Officer KVCC
Training
156
RC 2 Mitrovica
General AVENEL
Institution Building
Col SAINT-MACARY
Department
Division
TRIDENT MACÉDOINE (NOVEMBRE 1998 - JUIN 1999)
0
20
0
40 km 20
40 ml
YUGOSLAVIA BULGARIA Kumanovo
Golem Korab
Gostivar
S KO P J E Stip Veles ar rd Va
Tetovo
Kicevo Prilep Lake Ohrid
ALBANIA
Lake Prespa
Strumica Lake Doiran
Bitola
GREECE
Aegean Sea
157
TRIDENT
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Protection d’une mission de soutien de la paix. Aide humanitaire (ponctuelle et inopinée).
1-2 Mandat Intervention éventuelle d’une force de l’OTAN en vue d’extraire les équipes sous statut diplomatique de la KVM (Kosovo Verification Mission – 2.000 personnels dont 122 français) envoyées par l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) suite aux accords de Belgrade (16/10/1998), appuyés par l’ONU [Résolutions 1.199 (23/09/98) et 1.203 (24/10/98) du Conseil de Sécurité]. L’OTAN est également chargée d’une mission de vérification par la voie des airs du retrait des forces yougoslaves et du non recours à la force par les parties en présence au Kosovo (accord de Belgrade du 15/10/98) [opération EAGLE EYE].
1-3 Durée de l’opération Six mois, du 27 novembre 1998 à début juin 1999.
1-4 Zones ou pays concernés Ancienne (ou Ex-) République Yougoslave de Macédoine (ARYM ou ERYM) [Sigle anglo-saxon : FYROM = Former Yugoslav Republic of Macedonia]. Grèce : port de Thessalonique et itinéraire à partir de Thessalonique vers Skopje. Province serbe du Kosovo.
1-5 Situation géopolitique Au printemps 1998, dans la province serbe du Kosovo, les Kosovars albanophones (80% de la population) entament un mouvement de protestation contre les représentants du pouvoir de Belgrade dans le but de voir rétabli le régime d’autonomie interne d’avant 1992. Les extrémistes de l’armée de libération du Kosovo (UCK) mènent des actions violentes qui entraînent des réactions brutales de la part des forces de l’ordre serbo-yougoslaves. Une importante proportion de l’armée s’y déploie, sans résultat décisif, malgré la brutalité des actions répressives. La communauté internationale s’en émeut et, en octobre 1998, sous la pression des Etats Unis, des accords sont passés entre Belgrade et l’OSCE d’une part et avec l’OTAN d’autre part, prévoyant l’arrêt des violences et de la répression, le retrait des forces armées serbo-yougoslaves du Kosovo et le déploiement d’une mission terrestre de vérification (KVM) sous l’égide de l’OSCE, non armée et sous statut diplomatique (novembre 1998 – mars 1999). En même temps, l’OTAN procède à la vérification aérienne de ces retraits (opération EAGLE EYE).
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TRIDENT
Au cas où la situation serait venue à se détériorer, sur proposition de la France approuvée par l’OTAN, une force d’extraction (FE) sous commandement OTAN est déployée en Macédoine (ERYM) pour assurer le retrait en sûreté de la KVM. En février – mars 1999, les négociations se poursuivent à Rambouillet sous l’égide du « groupe de contact » (Allemagne, France, Italie, Grande Bretagne, Etats Unis, Russie) pour parvenir à un accord entre le gouvernement de Belgrade et les représentants de la communauté albanophone du Kosovo. Les exigences américaines, reflet de leur parti pris en faveur des extrémistes de l’UCK, se heurtent à l’intransigeance du gouvernement de Belgrade et font capoter les négociations. Ce dénouement a été préparé par la fourniture de rapports non objectifs et partisans de la part du commandement (britannique et américain) de la KVM. Celui-ci décide d’ailleurs, de sa propre initiative et malgré l’opposition des Français, de quitter le Kosovo le 20 mars 1999. A partir du 24 mars commencent les frappes aériennes de l’OTAN sur des objectifs serbes au Kosovo et sur la Serbie ; elles vont durer jusqu’au 10 juin. Elles provoquent, début avril, un exode massif de réfugiés kosovars vers l’ERYM et l’Albanie. Du 6 au 10 juin 1999, sous l’égide du commandement de la brigade française, des négociations sont menées sur la base de Kumanovo entre représentants des forces serbes au Kosovo et l’OTAN ; elles aboutissent à un accord prévoyant le retrait des Serbes du Kosovo, l’arrêt des frappes aériennes de l’OTAN et l’investissement pacifique du Kosovo par les unités terrestres de l’OTAN.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Pour la première fois, la France est nation cadre (Lead Nation) d’une opération OTAN, l’opération «JOINT GUARANTOR» ; TRIDENT/FE [FE = Force d’extraction] est la participation française à cette opération à laquelle prennent part 10 pays, pour des effectifs totaux initiaux de ~1.800 personnels militaires (principaux contributeurs : France, Allemagne, Grande Bretagne, Pays Bas, Italie ; individuels fournis par : Canada, Turquie, Grèce, Belgique ; les Etats Unis, bien que faisant partie de l’opération, gardent leurs personnels [forces spéciales et équivalent] sous commandement national). «TRIDENT» est le nom donné à l’ensemble de la participation militaire française dans la crise du Kosovo (KVM, FE, EAGLE EYE [TRIDENT/EE] en Italie, Humanitaire en ERYM et en Albanie). La Force d’extraction (FE) multinationale, dont la France est nation cadre, donnera naissance, le 31/03/99, à la French Framework Brigade (FFB)
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TRIDENT
Règles d’engagement Selon le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
Organisation du commandement Chaîne OTAN Le commandant de la Force d’Extraction reçoit ses ordres de SACEUR (supreme allied commander Europe/Mons-Belgique) via COM.AFSOUTH (allied forces southern Europe/Naples). Son PC est colocalisé, à Kumanovo (ERYM), avec le PC OTAN de la KVCC [KVM Coordination Center/Centre de coordination de la mission de vérification au Kosovo]. Il a sous contrôle opérationnel (OPCON) les unités fournies par les divers contingents étrangers. Chaîne nationale Le Général (FR) commandant la Force d’Extraction est désigné comme REPFRANCE (représentant de la France) pour toute l’opération TRIDENT. A ce titre, il dépend directement du chef d’état-major des armées (CEMA); il est en liaison directe avec l’état-major des armées/ centre opérationnel interarmées (EMA / COIA). Le soutien de la Force est assuré par une structure de soutien nationale aux ordres de l’ADCONFRANCE (administrative controler). Celui-ci, désigné par le CEMA, est investi du commandement organique par délégation du REPFRANCE, sur tous les éléments français sur le théâtre, et exerce le contrôle opérationnel des unités de soutien national (NSE : national support element). Il rend compte directement au COIA et à l’état-major de l’armée de terre (EMAT). Evolution Lorsque, fin mars 1999, les nations participantes déploient en ERYM des unités supplémentaires en vue d’investir le Kosovo, l’OTAN constitue une nouvelle force à cinq brigades, dont le commandement est assuré par un poste de commandement (PC) mis sur pied par l’ARRC (Allied Rapid Reaction Corps -GB). La FFB, issue de la FE, est la brigade française de cette force qui deviendra la K.FOR.
Moyens engagés initialement « Noyau dur » (3/4) de l’état-major (EM) de la Force d’extraction. Compagnie SIC / TRS. (Système d’information et de communication/ transmission) Bataillon de commandement et des services (BCS) : 1 unité de commandement et de logistique (UCL) ; 1 Compagnie Logistique (soutien multinational) ; 1 Compagnie Soutien national (sous contrôle opérationnel [OPCON] de l’ ADCONFRANCE) 1 bataillon interarmes (BIA) : 1 compagnie de commandement d’appui logistique (CCAL) ; 1 Compagnie d’infanterie motorisée ; 1 détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) (avec soutien intégré). 1 élément de génie d’aide au déploiement (initialement 1 Compagnie, réduite ensuite à 1 cellule) Détachement de transit au port de Thessalonique. Détachement air (DetAir) à l’aéroport de Petrovec. Détachement du service des essences des armées (SEA) (Petrovec et Kumanovo)
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TRIDENT
Groupe médico-chirugical à Kumanovo (rattaché à la compagnie Logistique). - Décembre 1998 : Renforcement par un détachement de renseignement équipé de Crécerelle (aérodyne léger télépiloté). - Début avril 1999 : Renforcement du détachement par des drones CL 289 et un hélicoptèreradar Horizon. A/c du 08/04/99, le BIA comprend 1 CCAL (dont 1 Section de mortier (Mo) de 120mm), 3 Compagnies sur véhicule de l’avant blindé (VAB), 1 Escadron AMX 10 RC ; 1 Compagnie du Génie ; 1 DETALAT. Effectif moyen par armée Initialement, la Force d’Extraction comporte 875 militaires français. Fin février 1999, elle compte 1.171 français (dont 15% seulement de logisticiens) sur un total de 2.466 militaires alliés. Ultérieurement, les effectifs français seront renforcés jusqu’à atteindre ~1.200 hommes pour le Bataillon interarmes et ~1.400 pour les éléments d’EM, de commandement et de soutien. Corps d’appartenance EMF de Nantes ; CFLT ; unités de la 4ème DAM et de la 11ème DP (14ème RPCS, 8ème RPIMa, 3ème RHC, ème 4 RHCM, 17ème RGP, 1er RHP, 35ème RAP) ; 1er REC ; 7ème RA ; 5ème RG ; 601ème RCR Matériels majeurs (initialement) Terre : 500 matériels terrestres dont 29 blindés (véhicule blindé léger [VBL] et VAB) – [1.400 pour la FFB dont ~100 blindés] Hélicoptères : 8 hélicoptères de manœuvre (HM) (2 médicalisés) ; 2 hélicoptères légers (H)L ; 2 hélicoptères appui protection (HAP).
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Début juillet 1998, le commandement de la force d’action terrestre (CFAT), en liaison avec le commandement de la force logistique terrestre (CFLT), tous deux en cours de montée en puissance, a entrepris l’étude consistant, pour la chaîne des forces, à afficher ses capacités et ses limites à engager une force terrestre professionnalisée dans une opération de maintien de la paix, en tant que nation cadre sous organisation OTAN (planification « froide »). Fort de ces résultats, et du fait de la volonté politique affichée par le Gouvernement français, le GPPO (Groupe pluridisciplinaire de planification opérationnelle) a participé, à Naples, du 8 au 12 novembre, à la planification d’AFSOUTH (allied forces southern Europe/Naples) avec une équipe pluridisciplinaire de cinq spécialistes (OPLAN 40411). Les vues françaises ont pu être prises en considération concernant en particulier la subordination directe de la FE à AFSOUTH (et non à la KVCC), la coordination 3D, la communication opérationnelle et l’indépendance logistique de la Force. La planification « chaude » se poursuivait en parallèle au CFAT.
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TRIDENT
2-2 Montée en puissance Projection précipitée en Macédoine (ERYM) d’un 1er échelon en détachement avancé le 19 novembre 1998. 27 novembre - 7 décembre 1998 : état-major (EM) et premiers éléments de combat). 12/12/98 : 59 rotations d’aéronefs militaires acheminent à Skopje–Petrovec 453 militaires et 648 tonnes de fret. 15/12/98 : 2 bâtiments débarquent à Thessalonique 160 hommes et 128 véhicules. Le 2ème échelon sera acheminé aussi par voie maritime (3 RoRo affrétés) et VAM (voie aérienne militaire: 2 rotations de DC8).
2-3 Phases de déploiement Modes d’action (ou Idée de manœuvre) Forte présence dissuasive à la frontière Sud du Kosovo pour garantir la sécurité des vérificateurs de la KVM. En mesure, sur court préavis, de récupérer et mettre en lieu sûr une ou plusieurs équipes menacées au Kosovo, par des actions des forces terrestres et/ou aéroterrestres, puis se désengager avec repli en ERYM.
Opérations menées Le cas ne s’étant pas présenté, la Force d’extraction n’a jamais eu à intervenir au Kosovo. Jusqu’au 20 mars 1999, ses activités se sont concentrées sur l’entraînement aux opérations d’extraction éventuelle, en national et en interallié, le cas de la prise en otage d’une équipe de vérificateurs étant exclu pour la FE car du ressort des seules unités des Forces spéciales nationales. Fin février 99 : renforcement rapide de la FE dans l’éventualité d’une action dynamique au Kosovo. 20/03/99 : repli de la KVM du Kosovo en Macédoine (sur initiative anglo-américaine, malgré l’opposition française). La FE prend alors une posture défensive face aux frontières avec le Kosovo et adopte un dispositif de dispersion opérationnelle pour pallier les risques de possible rétorsion de la part des forces aériennes serbo-yougoslaves. 24/03/99 : début des frappes aériennes OTAN sur les forces serbes au Kosovo et plus généralement sur la Serbie (elles dureront jusqu’au 10 juin). La Force d’extraction n’ayant plus de raison d’être, elle est réorganisée en vue d’une intervention offensive au Kosovo, chaque contingent national reprenant son autonomie pour constituer une nouvelle brigade. 31/03/99 : la partie française de la Force d’extraction devient « French Framework Brigade » (FFB). La FFB, renforcée en moyens de Renseignement dans la profondeur (CL 289, Crécerelle et Horizon), participe au dispositif défensif d’ensemble interallié. 5 au 17 avril 1999 : (TRIDENT HUMANITAIRE) prise en compte dans l’urgence d’une situation humanitaire inopinée (afflux de 12.000 réfugiés du Kosovo ; installation du camp de Stenkovac, au nord de Skopje), jusqu’à ce que le Haut comité des nations unies aux réfugiés (UNHCR: united nations high comitte refugees) et les organisations non gouvernementales (ONG), aidées par la Sécurité civile
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TRIDENT
française, puissent contrôler la situation. Au 15 avril, 420 tonnes d’aide humanitaire ont été acheminées par VAM (49 rotations) et transport de chalands de débarquement (TCD) de France à Skopje et distribuées à Stenkovac. La Force doit, en même temps, faire face à une montée importante de l’insécurité de la part de la population locale et accueillir les éléments de force qui vont donner naissance à la brigade française qui entrera au Kosovo.
2-4 Désengagement Le 12 juin 99, suite à la signature à Kumanovo des accords de cessez le feu avec le Serbes, la FFB devient sans transition la Brigade Leclerc (brigade multinationale [BMN] ALPHA) de la K.FOR (Kosovo Force : opération TRIDENT / K.FOR), aux ordres d’un EM OTAN constitué par l’ARRC (Allied Rapid Reaction Corps [5 brigades multinationales ; 5 nations cadres : France, Grande Bretagne, Etats Unis, Allemagne, Italie]).
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération EM et PC de la Force d’extraction : Kumanovo, ainsi que la majorité du contingent français (BCS et BIA). ADCONFRANCE : près de Kumanovo. Détachement du SEA et DETAIR (qui formeront l’embryon de la Base de soutien à vocation interarmées [BSVIA] créée officiellement début août 2000) à Petrovec (15 km SE de Skopje). Détachement Renseignement hélicoptère-radar Horizon : Petrovec. Contingents néerlandais, italien et britannique : Petrovec. Contingent allemand à Tetovo.
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TRIDENT
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Sauf activités d’entraînement (excepté le tir aux armes collectives) : néant. Au plan politico-militaire, la France a démontré, à la hiérarchie OTAN en particulier, son aptitude à assumer la responsabilité de nation cadre (lead nation) d’une force multinationale chargée d’une opération OTAN, depuis sa constitution jusqu’à sa dissolution, y compris le commandement et les liaisons (les SIC), ainsi que l’administration et le soutien logistique (hors prérogatives nationales) [mention particulière, en tant que «role specialist nation», pour le ravitaillement en carburant et pour le soutien santé. 12.000 réfugiés secourus en l’espace de quelques jours (mise à l’abri, distribution de nourriture, soins médicaux, aide psychologique).
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Planification Les rôles et responsabilités respectifs des divers niveaux (EMIA [Etat-major interarmées de planification opérationnelle] , COIA, COAT [Centre opérationnel de l’armée de terre], CFAT, CFLT, état-major de force [EMF]…), en planification « chaude », ont mérité d’être clarifiés ; une meilleure coordination entre COIA, COAT et CFAT aurait évité certaines incohérences dans la génération de forces et une certaine confusion dans les reconnaissances ; l’EMF doit pouvoir participer aux travaux le concernant avec un effectif suffisant et stable. L’expérience (ou la formation) des personnels en procédures OTAN doit être améliorée (quantité et qualité) et la documentation doit exister et être accessible.
Logistique - Le soutien logistique d’une force projetée exige l’envoi d’emblée d’un volume minimal de moyens matériels et humains pour assurer les fonctions pluridisciplinaires de soutien indispensables et permettre une montée en puissance de toutes les fonctions logistiques ; le volume final, pour pouvoir répondre efficacement aux besoins, peut être évalué à 30% du volume total de la force car une projection de forces correspond à un important effort logistique.
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TRIDENT
- Ce ne peut être réalisé que par l’association des logisticiens à la planification de l’opération, avec clarification des rôles et responsabilités des divers centres décisionnels militaires (EMA, COAT, CFAT, CFLT), y compris lors des renforcements, et émission à temps des directives, ordres et instructions fixant l’organisation et les responsabilités et prérogatives en matières administrative et logistique (REPFRANCE/ COMFORCE, G4-FORCE, COMSOUT, ADCONFRANCE). - Des normes de maintenance en opérations doivent être définies, distinctes de celles en usage en garnison, notamment en ce qui concerne l’allocation en pièces de rechanges et la capacité à effectuer certaines opérations. La remarque est également valable pour l’allocation de munitions dites d’instruction. - Un nombre suffisant de personnels doit être formé aux procédures administratives et comptables OTAN et/ou ONU d’une part pour renforcer la crédibilité de la France en tant que nation cadre, et aussi d’autre part, pour pouvoir tirer profit des ressources que ces organisations mettent à disposition des pays contributeurs. Une certaine harmonisation des procédures nationales avec celles de l’OTAN serait en même temps souhaitable en allant dans le même sens (définition des UF et «jours de combat» par exemple).
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ALLIED HARBOUR/ TRIDENT HUMANITAIRE ALBANIE (AVRIL - AOÛT 1999)
SERBIA AND MONTENEGRO
CRO
Shkoder Maja e Korabit
Shëngjin
Adriatic Sea
TIRANA
MACEDONIA
Durrës Elbasan
Korçë Vlorë ITALY
Strait of Otranto
GREECE Sarandë
Ionian Sea
0 0
20
40 km 20
40 ml
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ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Humanitaire.
1-2 Mandat Apporter une assistance humanitaire aux réfugiés kosovars en Albanie, en soutien et en coordination avec le Haut comité des nations unies aux réfugiés (UNHCR) et avec le gouvernement albanais. L’OTAN répond à une demande du gouvernement albanais.
1-3 Durée de l’opération Quatre mois, du 17 avril au 13 août 1999.
1-4 Zones ou pays concernés Albanie. (Province serbe du Kosovo).
1-5 Situation géopolitique Le début des opérations aériennes de l’OTAN contre les forces serbes et les infrastructures au Kosovo et plus généralement dans toute la Serbie (24 mars 1999), provoque un exode massif de Kosovars albanophones vers les pays voisins, la République de Macédoine et surtout l’Albanie (près de 500.000 réfugiés). Cet afflux sature et désorganise rapidement les capacités du gouvernement albanais, bien qu’aidé par l’UNHCR et de nombreuses organisations gouvernementales et non gouvernementales impliquées. A la demande du gouvernement albanais, l’OTAN décide d’envoyer une force militaire pour lui apporter tout le soutien désirable et l’aider à coordonner ses efforts avec ceux des autres acteurs de l’aide humanitaire. C’est l’opération « ALLIED HARBOUR ».
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française à l’opération OTAN « ALLIED HARBOUR » menée par l’AFOR (Albanian Force) qui rassemble 25 nations (8.000 personnels militaires). Avec 1.000 hommes, la France est le deuxième pays contributeur après l’Italie ; elle est nation cadre pour une force du volume d’une brigade
169
ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
(Task Force South [TFS] – 2.000 hommes) à laquelle participent également des Danois, des Allemands, des Grecs, des Turcs et des Emiratis. La majeure partie des éléments américains déployés en Albanie (4.500 personnels) reste sous commandement national (dont la Task Force Hawk à base d’hélicoptères Apaches).
Règles d’engagement Au moment du déploiement, elles ne sont pas encore promulguées. Emploi des armes strictement limité à la légitime défense. Les variations d’interprétation de la notion de « légitime défense » selon les nationalités ont amené quelques incohérences dans l’exécution des missions par les différents contingents, y compris au sein de la TFS. De même, les règles de comportement fixées par le COMAFOR (commandant de l’AFOR) et adaptées au caractère humanitaire de la mission, ont parfois été outrepassées par des contingents mettant l’accent sur la protection des personnels.
Organisation du commandement Le Colonel français, commandant la Task Force South (TFS, multinationale) de l’AFOR, est en même temps REPFRANCE (représentant France), ADCONFRANCE (administrative controler) et commandant du bataillon français. En tant que REPFRANCE, il dépend directement du chef d’étatmajor des armées (CEMA). Comme ADCONFRANCE, il dépend également du centre opérationnel de l’armée de terre (COAT). En tant que COMFORCE (commandant la TFS), il est aux ordres du COMAFOR. Il a sous contrôle opérationnel (OPCON) les divers contingents étrangers de la TFS et reçoit sous contrôle tactique (TACON) certains éléments ayant temporairement des missions dans sa zone.
Moyens engagés Participation (« augmentees ») à l’état-major de l’AFOR (constitué sur la base de l’état-major (EM) de l’ACE (Allied command Europe) Mobile Force (Land) [AMF(L) : Allied command europe mobile force (L)]) Etat-major de la TFS et commandement du bataillon français (Elbasan) 1 Compagnie SIC (Système d’information et de communication) ; 1 escadron d’éclairage et d’investigation (EEI) ; 2 Compagnies du Génie (aide au déploiement et travaux). (Elbasan) Détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) ; détachement air (DETAIR) ; élément de transit (Aérodrome de Tirana et port de Durrës) [gardés sous commandement national]. Eléments logistiques [élément de soutien national/ national support élément (NSE) (Elbasan) et détachements essence et santé (Aérodrome de Tirana)]. Effectif moyen par armée (FR) Armée de terre et services communs : 817 Armée de l’air : 139 Gendarmerie : 20
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ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
Corps d’appartenance 9ème Brigade Légère Blindée de Marine. ème 6 RG. 5ème RG. Matériels majeurs 68 véhicules légers tout terrain (VLTT) ; 26 véhicules blindés légers (VBL) ; 18 véhicules de l’avant blindé (VAB) ; ~160 poids lourds (PL) ; ~25 engins du génie ; 3 hélicoptères de manœuvre (HM) SA 330 Puma.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification L’Opération « ALLIED HARBOUR » a fait l’objet des plans 10.414 (approuvé par le conseil de l’atlantique nord/ North atlantic council [N.A.C] le 16/04/1999) et 31.414 d’AFSOUTH pour aboutir à l’édition d’un ordre d’opération d’AMF(L) – AFOR en date du 24 avril. Parallèlement, le CFAT a émis le SUPPLAN 99 le 22 avril 1999. Le concept prévoit initialement une répartition des tâches par fonctions. Des pressions politiques amènent à effectuer une répartition territoriale (zone nord à l’Italie, zone sud à la France) avec des pôles autonomes (port de Durrës, enclave de Vlorë, situation particulière de Tirana), et des unités chargées de missions particulières (transport, intervention, police militaire, circulation, construction de camps …) Lorsqu’au mois de juin 1999 le Kosovo est passé sous contrôle de l’OTAN, l’OPLAN (opérational plan/ plan d’opération ) 10.413 a été émis. Il prévoit le retour organisé des réfugiés kosovars dans leur pays. Leur retour spontané et autonome, autant qu’anarchique, rend ce dernier plan caduc avant même le début de son exécution.
2-2 Montée en puissance 25 avril 1999 : arrivée de la cellule d’aide à l’engagement et au déploiement (CAED) à Tirana. 26 et 27 avril : reconnaissances (Durrës, Tirana, Elbasan) 28 avril : arrivée du transport de chalands de débarquement (TCD) Ouragan à Durrës. 29 et 30 avril : arrivée des VAM (voie aérienne militaire) et acheminement par VR (voie routière) sur Elbasan (bus civils pris sous contrat). 30 avril et 1er mai : arrivée des cargos affrétés. Acheminement sur Elbasan. A/c 3 mai : installation à Tirana Airport et à Elbasan (avec l’aide des moyens d’une unité de la protection civile déjà engagée sur le théâtre).
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ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
2-3 Phases de déploiement Modes d’action Il s’agit d’apporter dans l’urgence une aide et un soutien efficaces au gouvernement albanais et à l’UNHCR (et au delà à des dizaines d’organisations non gouvernementales [ONG]) pour les aider à faire face au problème des réfugiés kosovars, et non de se substituer à eux. Opérations menées (contingent français seulement) - Missions de reconnaissance et de contrôle de zone (sur 5.000 km d’itinéraires ; 45 camps, incluant le recensement de 45.000 réfugiés) et relevés topographiques correspondants. - 140 missions d’escorte (pour ces deux actions, 200.000 km parcourus). - Aménagement (travaux génie) de 8 camps de réfugiés et du camp de la TFS (camp militaire albanais de Krastë) [au total, 100.000 m3 de matériaux déplacés ; 10.000 heures d’engins]. - Transport et distribution de 20.000 colis humanitaires ainsi que de 80.000 litres de lait (4.000 tonnes transportées, 100.000 km parcourus) aux réfugiés et aux Albanais les hébergeant. - Patrouilles de surveillance et de sécurité aux alentours des principaux camps. Seules les unités françaises y ont participé du fait de l’interprétation restrictives des ROE (règles d’engagement/ rules of engagement) par les autres contingents, de leur éloignement et/ou des directives nationales reçues de leurs autorités traduisant la politique particulière suivie par leur pays dans cette opération. Ainsi, les Grecs se sont occupés exclusivement d’un camp aménagé par leurs nationaux près du lac d’Ohrid ; de même les Turcs pour un camp géré par le Croissant Rouge turc près d’Elbasan et les Allemands à Kucové. Les Danois ont bien coopéré avec les français à Elbasan, mais leur interprétation des ROEs leur interdisait toute mission de sécurité. - 1.259 interventions médicales ou chirurgicales ont été prodiguées au profit des réfugiés et de la population, ce qui représente un tiers des activités des formations médicales déployées. - Finalement, 3.500 réfugiés ont été transportés, entre le 5 et le 15 juillet, dans le but de les rapatrier (sur environ 150.000 au total en zone sud).
2-4 Désengagement Un centre opérationnel de désengagement (COD) a été constitué le 4 août 1999, co-localisé avec le poste de commandement (PC) TFS et aux ordres du COMTFS. Il a permis un recensement précis des matériels et leur remise en état en tant que de besoin, une partie étant reversée à la Kosovo Force (KFOR) (convois routiers vers Kumanovo, jusqu’au 14 août) et le reste rapatrié par voie maritime (1 TCD, 2 RoRo [Roll off roll on] affrétés) au départ de Durrës (14 août). Les personnels, autres que les convoyeurs, ont été rapatriés par VAM au départ de Tirana (10 rotations entre le 5 et le 13 août).
172
ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération (Cf. § 1-6 s/§ moyens engagés + carte).
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Cf. § 2-3 s/§ opérations menées.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Organisation du commandement Le cumul des fonctions de REPFRANCE, ADCONFRANCE, COMTFS et Commandant du bataillon français peut se justifier du fait de la nature et de la faible ampleur de l’opération. Toutefois cela exige un aménagement de l’état-major et la désignation d’officiers adjoints et chef d’état-major (CEM) (français) pas toujours aisément identifiables dans un environnement multinational. La détermination de deux niveaux de commandement (niveau brigade correspondant à COMTFS et niveau bataillon français) serait plus adéquate, même si cela doit entraîner la création de quelques postes supplémentaires au tableau d’effectifs et de dotation (TED).
Déploiement / désengagement Le caractère d’urgence et l’imprécision du déploiement comme du désengagement du contingent français ont justifié pleinement la constitution d’une CAED et d’un C.O.D. Leur mise en place plus précoce aurait encore renforcé leur efficacité. Leur constitution doit être évolutive en volume comme dans le temps ; en outre, il ne faut déployer et conserver que les cellules nécessaires dans le moment voulu.
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ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
Renseignement Apparemment chasse gardée des anglo-américains, cette fonction est restée confidentielle au niveau de l’AFOR au point que l’affectation d’une FRENIC (French National Intelligence Cell) à ce niveau a été refusée. L’échange d’information par le système OTAN CRONOS, outre une spécialisation des personnels qui a été fort succincte, s’est heurté à un problème de saturation et de pannes techniques. Il importe donc que le REPFRANCE dispose de moyens propres, d’une part pour sa manœuvre et d’autre part pour l’information du commandement national, en particulier dans ce genre d’opération où chaque contingent national joue un rôle au profit de ses intérêts nationaux, aussi important (si ce n’est plus) que la mission qui lui est confiée dans le cadre de l’opération multinationale.
Communication Les constatations précédentes s’appliquent de la même façon au domaine de la communication, d’autant plus que l’opération a entraîné une médiatisation hors du commun.
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ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
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ALLIED HARBOUR / TRIDENT HUMANITAIRE
TRIDENT
IMPLANTATION
ELBASAN 1
FR
FR
FR
FR
FR
FR HQ SPT
NSE
HUMANITAIRE
DE LA
«TASK FORCE SOUTH» TIRANA AIRPORT FR
FR
EAU
FR
DA
NSE
DA
APOD
FR/GE
FR
POGRADEC EAU
GR
NSE
ELBASAN 2 CAMP TURC
KUCOVE TU
NSE
176
NSE
GE
CERES (AOÛT -
0
20
0
ERYM OCTOBRE
2001)
40 km 20
40 ml
YUGOSLAVIA BULGARIA Kumanovo
Golem Korab
Gostivar
S KO P J E Stip Veles ar rd Va
Tetovo
Kicevo Prilep Lake Ohrid
ALBANIA
Lake Prespa
Strumica Lake Doiran
Bitola
GREECE
Aegean Sea
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CÉRES
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Soutien de la paix.
1-2 Mandat Procéder à un désarmement « passif » des para-militaires albano-macédoniens de l’armée de libération (UCK-M), convenu par l’accord cadre signé à Skopje le 13 août 2001 entre le gouvernement macédonien et les responsables de l’UCK-M, sous les auspices de l’UE (M. Léotard) et de l’OTAN (M. Pardew), et avec le soutien de l’ONU [Résolutions 1.345 (21/03/2001) et 1.371 (26/09/2001) du Conseil de Sécurité].
1-3 Durée de l’opération Du 17 août 2001 (précurseurs) à la mi octobre 2001 (redéploiement pour MINERVE / AMBER FOX et vers la K-FOR), pour une opération militaire fixée à 30 jours, du 27 août au 26 septembre.
1-4 Zones ou pays concernés Ancienne (ou Ex-) République Yougoslave de Macédoine (ARYM ou ERYM ; sigle anglo saxon : FYROM [Former Yugoslav Republic Of Macedonia]). Grèce (Port de Thessalonique et itinéraire vers Skopje, jusqu’à la frontière macédonienne).
1-5 Situation géopolitique L’ « ex-république yougoslave de Macédoine » (ERYM) a acquis son indépendance en 1992. Lors des événements de Bosnie Herzégovine, sa sécurité a été assurée par une présence ONU dissuasive (FORDEPRENU : force de prévention de l’ONU en Macédoine) jusqu’en 1999. Pourtant, début 2001, par contagion avec les événements survenus dans la province serbe du Kosovo et en Albanie, la forte minorité albanophone des provinces nord et nord-ouest du pays s’est révoltée contre le pouvoir central, (à dominante slave) de Skopje. Les groupes armés de l’UCK-M (M pour Macédoine) ont mené des actions de guérillas contre lesquelles l’armée de la République de Macédoine (ARM), déployée en masse dans ces provinces, s’est révélée peu efficace. L’Union Européenne et l’OTAN ont mené des initiatives pour ramener la paix et ont abouti à la conclusion d’un accord cadre à Skopje (13 août 2001) devant permettre un désengagement de l’armée macédonienne en contrepartie d’un désarmement volontaire (partiel) de l’UCK-M. L’opération ESSENTIAL HARVEST / CERES devait récupérer ces armes abandonnées par la rébellion albanophone. Parallèlement, des négociations se sont poursuives à Ohrid pour aboutir à un règlement politique de la crise (reconnaissance de la langue albanaise, élections libres, gouvernement d’union nationale, retour à l’état de droit …).
179
CÉRES
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Dans le cadre de l’opération OTAN « ESSENTIAL HARVEST », la France assume le commandement d’un bataillon multinational franco-germano-espagnol. Ce bataillon est l’un des quatre composant la « Task Force Harvest (TFH) brigade » sous commandement britannique (1 Bon. Grec, 1 Bon. GB et 1 Bon. Italien).
Règles d’engagement Fixées par le SUPLAN (plan supplétif / SUPPORT PLAN) français à l’OPLAN (opérational plan/ plan d’opération ) 10416 de l’OTAN, elles permettent le recours à la force, y compris létale si elle est proportionnée à la menace, pour assurer la protection de la force et l’accomplissement de la mission.
Organisation du commandement OTAN Le bataillon multinational sous commandement français est aux ordres du COM.TFH, lui même dépendant de CINCSOUTH (Commander in chief allied forces southern Europe/ Naples) via le commandement arrière de la KFOR, également désigné commandant de l’opération ESSENTIAL HARVEST. Français Le commandant de bataillon est désigné comme REPFRANCE (représentant France) et, à ce titre, dépend directement du chef d’état-major des armées/ centre opérationnel interarmées (CEMA / COIA). Au plan logistique, il dépend de l’ADCONFRANCE (administrative controler) TRIDENT-KFOR.
Moyens engagés Français Bataillon comprenant 1 compagnie de commandement d’appui logistique (CCAL) et 2 compagnies d’infanterie sur véhicules de l’avant blindé (VAB), dont le soutien est assuré (hors mission CERES) par la base de soutien à vocation interarmées (BSVIA) de la KFOR à Petrovec. Etrangers 2 Compagnies d’infanterie motorisées allemandes ; 1 Compagnie d’infanterie motorisée espagnole. Effectif moyen par armée Français, Armée de terre : 545 Etrangers : Allemands 230 ; Espagnols 122 (et leurs éléments de soutien nationaux (NSE/ national support element) respectifs à Erebino et Petrovec). Corps d’appartenance 2ème REI et 1 Section du 1er REG.
180
CÉRES
Matériels majeurs 35 véhicules légers tout terrain (VLTT) P4 ; 21 véhicules blindés légers (VBL) ; 49 VAB ; 23 poids lourds (PL) TRM 4000 ; 2 camions citerne tactique de 5 m3 (CCT) ; 4 moyens polyvalents du génie (MPG).
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification L’opération ESSENTIAL HARVEST a fait l’objet de l’OPLAN 1041 d’AFSOUTH, complété par un SUPLAN français pour CERES. L’engagement de la TFH a été planifié par le commandement britannique, avec la participation d’équipes de planification françaises (à Colchester puis Skopje), notamment pour déterminer l’implantation du bataillon (« Piper Camp » au nord de Skopje).
2-2 Montée en puissance Des reconnaissances ont eu lieu courant juillet et début août 2001. Les véhicules et matériels lourds ont été mis en place en zone de regroupement et d’attente (ZRA) de Miramas dès le 12 juillet pour être acheminés par voie maritime militaire pour le 22 août en deux bordées successives. Après le harpon, les précurseurs (reliquat poste de commandement [PC] + une compagnie) sont mis en place le 17 août par voie aérienne militaire (VAM). Le reliquat, avec les matériels lourds, arrive par voie maritime militaire (VMM) via Thessalonique, puis voie routière (VR), le 22.
2-3 Phases de déploiement Modes d’action Contrôle de zone avec un volume de force puissamment dissuasif autour du site de collecte des armements, de ses accès et de l’itinéraire de retrait, accompagné d’une action de liaison active auprès des parties en conflit et d’information au profit de la population.
Opérations menées Trois opérations de collecte d’armement, dont la première dès le 27 août (puis le 12 et le 20 septembre). Surveillance d’itinéraires et patrouilles dans la zone nord-est de Skopje après le 20 septembre.
181
CÉRES
Désengagement L’opération ESSENTIAL HARVEST a pris fin officiellement le 26 septembre 2001. Il a fallu attendre trois semaines pour définir les missions suivantes des unités françaises de la TFH : une compagnie est restée sur place pour participer à l’opération OTAN AMBER FOX / MINERVE (FR) ; le reste des unités a rejoint la KFOR, opération TRIDENT, à Novo Selo. Tous les mouvements se sont faits par route avec matériels organiques.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-2 Dispositif de l’opération Le bataillon est cantonné, groupé, au Piper Camp (faubourg nord de Skopje) ; il est susceptible d’être employé par compagnie ou en totalité dans toute la zone d’opération.
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Le bataillon a recueilli 984 armes diverses (plus 1 char T 55 et 1 missile sol-air) sur les 3.875 recueillies par la TFH (le mandat était de 3.500). Ses véhicules ont parcouru plus de 144.000 km avec une DTO de 96%.
4-2 Pertes humaines 2 rapatriements sanitaires (RAPASAN) pour maladies.
4-3 Pertes matérielles Néant
182
CÉRES
4-4 Enseignements tirés Multinationalité Il y a un seuil à ne pas dépasser et il semble que ce soit celui du bataillon. Malgré des ROEs (règles d’engagement/rules of engagement) et SOPs (instructions permanentes/Standard operating procedures) communes, les procédures nationales ne sont pas encore suffisamment harmonisées, ce qui a créé des différences de réactivité selon les compagnies. Ainsi, les compagnies allemandes devaient souvent demander des directives complémentaires à leur état-major national, alors que les Espagnols pouvaient agir comme les Français.
Commandement Lorsqu’un ADCONFRANCE doit être chargé du soutien d’une opération autre que celle pour laquelle il a été désigné initialement, l’échelon supérieur de commandement devrait préciser de façon plus rigoureuse les relations devant exister entre le REPFRANCE et cet ADCONFRANCE.
ZONE D’OPÉRATIONS
183
MINERVE MACÉDOINE (OCTOBRE 2001 - MARS 2003)
0
20
0
40 km 20
40 ml
YUGOSLAVIA BULGARIA Kumanovo
Golem Korab
Gostivar
S KO P J E Stip Veles ar rd Va
Tetovo
Kicevo Prilep Lake Ohrid
ALBANIA
Lake Prespa
Strumica Lake Doiran
Bitola
GREECE
Aegean Sea
185
MINERVE
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Opération de soutien de la paix.
1-2 Mandat Intervenant à la demande du gouvernement macédonien et avec un surcroît de légitimité apporté par la résolution 1371 (26/09/2001) du Conseil de Sécurité de l’ONU, l’OTAN (SACEUR : supreme allied commander Europe/Mons-Belgique ) a reçu mission d’informer la communauté internationale sur la situation dans l’«Ancienne (ou Ex-) République Yougoslave de Macédoine» (ARYM ou ERYM), suite aux accords d’Ohrid (août 2001), et d’assurer la sécurité (jusqu’au 15/12/2002) et le soutien des observateurs (EUMM : european union monitoring mission) et contrôleurs de l’organisation pour la sécurité et la coopération en europe (OSCE) chargés de veiller à l’application de ces accords destinés à garantir la stabilité dans le pays et la région.
1-3 Durée de l’opération Un an et demi, du 27 octobre 2001 au 31 mars 2003.
1-4 Zones ou pays concernés « Ancienne (ou Ex-) République Yougoslave de Macédoine » = ARYM ou ERYM [FYROM selon le sigle anglo-saxon]. Marginalement, la Grèce et la province serbe du Kosovo.
1-5 Situation géopolitique Indépendante depuis 1992, l’ARYM (ou ERYM) voit sa stabilité menacée par la présence d’une forte minorité albanophone, potentiellement séparatiste, et le développement d’une économie de type mafieux. La présence internationale y a été quasiment ininterrompue depuis 1993 (ONU, puis OTAN, maintenant Union Européenne [UE]). Malgré tout, en 2001, un conflit éclate entre albano-macédoniens (ceux-ci soutenus par les Albanais et les Kosovars de l’autre côté des frontières) et slavo-macédoniens, qui détiennent le pouvoir à Skopje. Les violences sont particulièrement graves dans l’ouest et le nordouest du pays, près des frontières avec l’Albanie et la province serbe du Kosovo, où l’armée de la République de Macédoine (ARM) est déployée pour tenter de rétablir l’ordre. Sous la pression de la communauté internationale et en particulier de l’Union Européenne, les responsables des deux communautés parviennent à un accord à Ohrid en août 2001. Cet accord prévoit l’arrêt des violences réciproques, le rétablissement d’un état de droit dans les régions touchées par la crise accompagné du retrait de l’ARM, l’organisation d’élections législatives et la formation d’un gouvernement d’unité nationale. L’UE et l’OSCE déploient des observateurs de l’EUMM et des contrôleurs, que l’OTAN doit soutenir et protéger au besoin, tout en renseignant la communauté internationale (Opération AMBER FOX).
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MINERVE
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention L’opération MINERVE constitue la participation française à l’opération AMBER FOX de l’OTAN (ALLIED HARMONY à/c 16/12/2002), au sein de la TASK FORCE FOX (TFF), force multinationale de 1.100 personnels militaires fournis par 11 nations OTAN. A partir du 16 décembre 2002, la TFF est dissoute ; 17 pays OTAN participent à ALLIED HARMONY pour un effectif restant d’environ 600 personnels.
Règles d’engagement Emploi des armes pour la légitime défense de soi même et d’autrui, en tir de sommation et dans le cadre de la force minimum raisonnablement nécessaire à l’exécution de la mission. L’appréhension de personnes agressant un membre de la Force ou s’introduisant dans une zone interdite par la TFF est autorisée.
Organisation du commandement Niveau OTAN L’opération AMBER FOX est commandée par le NATO HQ (quartier général de l’OTAN) de Skopje (NHQS) qui dépend de SACEUR (Mons – BE) via CINCSOUTH (Commander in chief allied forces southern Europe/ Naples – IT). La composante française est sous contrôle opérationnel (OPCON) du COM TFF, seul subordonné du NHQS (à/c 16/12/2002, COM TFF fusionne avec NHQS). Niveau français Le chef d’état-major des armées (CEMA) est représenté sur le théâtre par le REPFRANCE (représentant France) qui a la fonction d’adjoint au COM TFF. Il a liaison directe avec le centre opérationnel interarmées (COIA) [puis pré-CPCO : centre de planification et de conduite opérationnelle] cellule Yougoslavie. Au plan logistique, le détachement MINERVE dépend de l’ADCONFRANCE (administrative controler) de l’opération TRIDENT au Kosovo (mais la base interarmées de théâtre [BSVIA] est à Petrovec – près de Skopje - en ARYM).
Moyens engagés - Participation aux états-majors (EM) du NHQS et TFF ; cellule Renseignement nationale (hors TFF) [FR NIC: French national intelligence center]. - 5 équipes de liaison-contacts (ELC) [sur un total de 33 à la TFF, puis de 26, dont 4 «lourdes», pour ALLIED HARMONY], chargées en permanence de collecter le renseignement, notamment au profit des contrôleurs et observateurs de la communauté internationale sur la situation sécuritaire dans leur zone, et de leur apporter le soutien et l’appui nécessaires en tant que de besoin. - Jusqu’au 15/12/02 : 1 compagnie motorisée d’«extraction» [sur les trois de la TFF], au profit de ces observateurs (en cas d’environnement, manifestation, foule...hostiles), à l’exclusion de prise en otages.
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MINERVE
Effectif moyen par armée Français, Armée de terre : 220 et à/c du 16/12/02 : 53 Corps d’appartenance GCP 11 ; URH 27 ; 2ème REI. Matériels majeurs Terre : ~15 véhicules légers tout terrain (VLTT) P4 ; ~10 véhicules blindés légers (VBL) ; ~20 véhicules de l’avant blindé (VAB) (jusqu’au 15/12/2002).
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification L’opération AMBER FOX a fait l’objet de l’OPLAN (opérational plan/ plan d’opération ) 10417 du 26 septembre 2001 de SACEUR, dont sont déduits les OPLANs 40417 de CINCSOUTH (28/09/2001) et 60417 (4/10/2001) de l’EM AMBER FOX. Pour la participation française, l’état-major interarmées (de planification opérationnelle) (EMIA) a rédigé un SUPLAN (support plan (plan supplétif) à l’OPLAN 10417, définissant le volume et la composition du contingent national MINERVE, reprenant la mission de l’OPLAN et les règles d’engagement, et fixant la subordination : OPCON de la TFF.
2-2 Montée en puissance La compagnie d’extraction était sur place, réaffectée à MINERVE après l’opération CERES. Déploiement et relèves se font par l’axe Thessalonique (GR) – Petrovec – Tetovo ; les relèves se faisant avec matériels majeurs.
2-3 Phases de déploiement Idée de manœuvre Assurer une présence dynamique permanente dans la zone d’action, rassurante pour la population locale et dissuasive pour les éléments éventuellement hostiles, en appui des personnels de l’EUMM et de l’OSCE, en mesure de renseigner en permanence sur la situation générale et sans délai sur tout incident.
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MINERVE
Opérations menées - De jour comme de nuit, les équipes de liaison et de contact (ELC) exécutent des patrouilles dans leur zone d’action, au départ d’Erebino (près de Tetovo), en prenant contact avec les autorités locales et la population. Elles escortent à la demande, les équipes de l’EUMM et de l’OSCE et/ou interviennent sur tout lieu d’incident, à leur demande ou d’initiative. Ayant une parfaite connaissance de leur zone, elles préparent (jusqu’au 15 décembre 2002) d’éventuelles interventions d’une compagnie d’extraction (pas forcément la compagnie française). - La compagnie d’extraction, n’ayant jamais eu à intervenir en action réelle, a eu comme principale activité d’acquérir une parfaite connaissance de sa zone de responsabilité par des reconnaissances terrain, en liaison avec les ELC, et de s’entraîner à des actions d’extraction de niveau section à compagnie. Cet entraînement inclut des exercices d’héliportage (hélicoptères CH 47 mis à disposition par la KFOR), le tir aux armes individuelles et collectives (canon de 20 mm des VAB), des exercices d’alerte hebdomadaires et des exercices multinationaux périodiques dirigés par la TFF. - L’assistance des éléments de la TFF a été particulièrement sollicitée par les organismes internationaux lors de retraits de l’ARM (dans le nord de Tetovo pour la partie française) et l’implantation subséquente de postes de police, et lors des élections du 15 septembre 2002, qui se sont déroulées d’ailleurs dans le calme et, au dire des observateurs, en toute équité.
2-4 Désengagement La dernière compagnie MINERVE a quitté le territoire mi décembre 2002, comme pour une relève. Les autres éléments (EM et ELC) se sont intégrés, en tant qu’opération ALTAÏR, dans la force de l’Union Européenne (EUFOR) qui a relevé l’OTAN le 31 mars 2003 (opération CONCORDIA).
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Etats-majors à Skopje. Détachement de liaisons-contacts, initialement dans une installation militaire macédonienne d’Erebino (près de Tetovo) ; après le 15 décembre 2002, en milieu civil région Tetovo. Compagnie d’extraction : camp de Petrovec (colocalisée avec la BSVIA).
190
MINERVE
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Les objectifs que l’OTAN s’était fixé ont été atteints : contribution à la stabilité de l’ARYM et de la région par l’appui et le soutien apportés aux membres de l’EUMM et de l’OSCE faisant appliquer les accords d’Orhid, jusque et y compris la tenue d’élections législatives et la formation d’un gouvernement stable et reconnu par tous (3 octobre 2002). Les affrontements entre albanomacédoniens et slavo-macédoniens ont en effet cessé dans l’ex-zone de crise et la police régulière a pu remplacer la majorité des unités de l’ARM. La reconstruction a pu commencer, même si beaucoup reste à faire. Il reste aussi à lutter contre les trafics de toute nature, dont celui des armes, qui ont pris une ampleur considérable, ce qui n’était d’ailleurs pas dans le mandat de la TFF.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Les défauts majeurs relevés portent sur : - la connaissance insuffisante des procédures OTAN, même si la qualification linguistique a été considérée comme suffisante. - l’inadaptation ou le manque de qualification de certains personnels désignés pour occuper des postes Renseignement. - le fonctionnement défectueux du service du courrier (surtout comparé à celui des Alliés). Ont donné pleine satisfaction : - la coopération internationale au sein de la Force comme dans son environnement. - le recueil et l’exploitation du renseignement «montant». - le soutien logistique national. - le concept de relève avec matériels majeurs.
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MINERVE
DÉPLOIEMENT DE LA
TASK
(BATAILLON
192
ET
FORCE
ELC)
«FOX»
CONCORDIA - ALTAÏR1 (31
0
MARS
20
0
ARYM - 15 DÉCEMBRE 2003)
40 km 20
40 ml
YUGOSLAVIA BULGARIA Kumanovo
Golem Korab
Gostivar
S KO P J E Stip Veles ar rd Va
Tetovo
Kicevo Prilep Lake Ohrid
ALBANIA
1
Lake Prespa
Strumica Lake Doiran
Bitola
GREECE
Aegean Sea
ALTAÏR est le nom donné à la contribution française à l’opération CONCORDIA.
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CONCORDIA ALTAÏR
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Opération multinationale de maintien de la paix en ARYM (Ancienne République Yougoslave de Macédoine). Cette opération s’inscrit dans le spectre bas des missions de Petersberg2 confiées à l’Union de l’Europe occidentale (UEO) en 1992 et reprises dans le traité d’Amsterdam en 1999 qui définit la Politique Etrangère de Sécurité Commune (PESC). La PESC traite des questions relatives à la sécurité dont la Politique Européenne de Sécurité et de Défense (PESD) dans la perspective de mise en oeuvre d’une défense commune.
1-2 Mandat Le 18 mars 2003, le Conseil de l’Europe approuve l’OPLAN (opérational plan/ plan d’opération) pour la conduite de l’opération CONCORDIA en ARYM sous le commandement de l’Union Européenne (UE). Le 31 mars 2003, la force européenne (EUFOR) succède à la force de l’OTAN. L’EUFOR a pour mission de maintenir la paix en ARYM en vue de contribuer à la mise en œuvre des accords d’Ohrid3. La participation de la France à cette opération est baptisée ALTAÏR.
1-3 Durée de l’opération L’opération CONCORDIA/ALTAÏR a débuté le 31 mars 2003 (date du transfert d’autorité entre l’OTAN et l’UE) et la fin du mandat initialement fixée au 30 septembre a été étendue jusqu’au 15 décembre 2003.
1-4 Zones ou pays concernés L’ARYM (Ancienne République Yougoslave de Macédoine).
2
La déclaration de Petersberg, élaborée par les ministres des affaires étrangères et de la défense de l’UEO à Bonn le 19 juin 1992, définit entre autres la participation des unités militaires de l’UEO dans le cadre de missions humanitaires ou d’évacuation de ressortissants, de missions de maintien de la paix ou de missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris des opérations de rétablissement de la paix. 3 Ohrid : les accords dits « d’Ohrid » ont été signés le 13 août 2001 par une coalition gouvernementale qui s’est engagée à tout mettre en œuvre pour le règlement pacifique du conflit. Ces accords fixent notamment une série de mesures pour favoriser le développement de la société civile dans le respect de l’identité ethnique et des intérêts de tous les citoyens macédoniens.
195
CONCORDIA ALTAÏR
1-5 Evolution de la situation géopolitique En janvier 2001, les radicaux Albanais, partisans d’une grande Albanie, font éclater leur mécontentement vis à vis de la politique discriminatoire du pays et se regroupent au sein d’une armée de libération nationale des Albanais de Macédoine (UCKM). La guérilla se lance dans une rébellion pour affronter les forces gouvernementales dans le nord du pays. Le gouvernement de Macédoine réagit en lançant une vaste offensive militaire cautionnée par l’OTAN et les pays européens, qui craignent une propagation du conflit. Au terme de six mois d’affrontements, sous la pression de l’Union Européenne, un accord est signé à Ohrid le 13 août 2001. Par ailleurs, l’entrée en vigueur de l’accord est conditionnée par le désarmement des rebelles Albanais par l’OTAN. L’intervention de la communauté internationale s’effectue dans un contexte évolutif : - A partir du 22 août 2001, l’OTAN déploie un contingent de 3.500 soldats ayant pour mandat de procéder au désarmement de la guérilla albanaise dans le cadre de l’opération ESSENTIAL HARVEST. - Le 27 septembre 2001, l’opération de l’OTAN, AMBER FOX, prend le relais de l’opération ESSENTIAL HARVEST. La participation française à AMBER FOX s’intègre à la Task Force Fox (TFF) et prend le nom d’opération MINERVE (MINERVE consiste d’une part à déployer une compagnie française au sein de la TFF (3 compagnies d’extraction : IT, GE, FR) et des éléments de PC (J2, J3, J5, PIO [Public information office]), sous commandement de l’OTAN et contrôle opérationnel du commandant de l’opération AMBER FOX, et d’autre part à fournir un soutien spécifique aux observateurs internationaux en ARYM, afin de contribuer au retour de la stabilité dans le pays). - A partir du 16 décembre 2002, l’opération ALLIED HARMONY succède à l’opération AMBER FOX. Elle a pour but de contribuer à la démarche globale de la communauté internationale en faveur de la stabilité en ARYM. L’OTAN n’assure plus la sécurité des observateurs de la communauté internationale. La participation de la France s’inscrit toujours dans l’opération MINERVE. - Le 31 mars 2003, le transfert d’autorité de la mission en ARYM est effectué au profit de l’UE avec l’opération CONCORDIA dont le mandat est prolongé jusqu’au 15 décembre (initialement fixé au 30 septembre). Il s’agit de la première opération militaire conduite par l’UE qui met sur pied une force militaire baptisée EUFOR. La participation de la France s’identifie désormais sous le nom de l’opération ALTAÏR qui succède à l’opération MINERVE. La plupart des équipes de liaison, déjà en place sont maintenues dans cette opération. L’OTAN maintient néanmoins un dispositif militaire allégé, en charge du conseil et du soutien de l’armée macédonienne.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Le conflit en IRAK (opération IRAQI FREEDOM conduite par la coalition américano-britannique) a précipité la décision politique du transfert d’autorité de l’OTAN à l’UE. Le 17 mars 2003, le Conseil de l’Atlantique Nord a donc décidé de mettre fin au mandat de sa force en ARYM le 31 mars 2003. L’UE, en cours d’édification sur le plan militaire, doit alors montrer sa capacité à conduire une opération. Le sur engagement des Etats-Unis et de la Grande Bretagne en IRAK en fournit l’occasion.
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CONCORDIA ALTAÏR
L’UE engage la conduite de l’opération CONCORDIA dans la continuité de l’opération ALLIED HARMONY, tandis que l’OTAN conserve la mission de conseil et de soutien de l’armée macédonienne. Lorsque l’EUFOR se déploie en ARYM, un calme relatif domine dans la région. A tout le moins, un climat d’insécurité demeure, entretenu par le crime organisé, les activités mafieuses, les rivalités interethniques et le mécontentement des jeunes et des plus désœuvrés. Les organisations non gouvernementales (ONG) se désengagent progressivement.
Règles d’engagement Les règles d’engagement sont détaillées dans l’annexe E de l’OPLAN du commandement de l’Union Européenne. Elles ont fait l’objet de restrictions nationales en rapport avec le droit pénal français en rappelant le principe de la légitime défense.
Moyens engagés Au 31 mars 2003, la force déployée est constituée d’un état-major et des éléments suivants : - 22 équipes légères de liaison4, dont 3 armées par la France ; - 8 équipes lourdes de liaison5, en deux sections, dont une armée par la France ; - 1 section de protection d’état-major (Grèce) ; - 2 équipes EOD (Elément opérationnel de dépollution)-(Autriche, Italie) ; - 1 détachement aéromobile à 3 appareils (liaison, reconnaissance, évacuation médicale [MEDEVAC]) - (Belgique, Grèce). Effectif moyen par armée La participation s’élève à 400 hommes (dont environ 175 Français) provenant de 26 nations, dont 14 non-membres de l’UE. Au cours du mandat de l’EUROFOR, du 1er octobre jusqu’au 15 décembre 2003, la participation française (la France n’étant plus nation cadre) est ramenée à 113 militaires. Corps d’appartenance (déploiement initial de la participation française à la date du 31 mars 2003) L’état-major est armé principalement par l’état-major de force 1 (EMF 1). Les effectifs français (environ 175) sont répartis comme suit : - dans l’EUFHQ (European Union Force Headquarter: PC de la force européenne) (53) à Skopje, 4 5
LFTL : (Light Field Liaison Team), équipes légères de liaison HFLT : (Heavy Field Liaison Team), équipes lourdes de liaison
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CONCORDIA ALTAÏR
- au sein du NHQS (Nato Headquarter SKOPJE: quartier général de l’OTAN à SKOPJE) (11) à Skopje, - dans la cellule REPFRANCE (22) à Skopje, - dans le détachement système d’information et de communication (SIC) (22) à Skopje, - dans le détachement de liaison renseignement (DL RENS) (5) à Petrovec, - dans les équipes légères de liaison (17) du détachement de Tetovo, armées successivement par l’unité de recherche humaine (URH) du 93ème RAM, le groupe de commando parachutiste (GCP) du 35ème RAP et le 61ème RA, - dans les équipes lourdes de liaison (35) du détachement de Lesok, armées successivement par le 1er RI, le 110ème RI et le 21ème RIMa, - dans le détachement RENABEC (transmission) (8) de Skopje avec un relais à Popova Sapska (Nord de Tetovo) et à la BSVIA (Base de soutien à vocation interarmées en renfort) (2) à Petrovec. Matériels majeurs Véhicules de l’avant blindé (VAB), véhicules blindés légers (VBL), véhicules légers tout terrain (VLTT) P4.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Le 17 janvier 2003, l’EMF 1 prend en compte les éléments de planification au commandement de la force d’action terrestre (CFAT). Le 5 février, lors de la 1ère réunion de planification au centre de planification et de conduite opérationnelle (CPCO), l’EMF 1 est officiellement désigné pour armer l’EM de l’EUFOR. Du 16 au 18 février, le GDI MARAL effectue une reconnaissance en ARYM. Le 25 février à Bruxelles se déroule la « manning conference ». Le 26 février à Mons, l’OPLAN CONCORDIA est présenté au DSACEUR (deputy supreme allied commander Europe/MonsBelgique : commandant de l’opération). Le 18 mars 2003, le Conseil de l’Europe approuve l’OPLAN pour la conduite de l’opération CONCORDIA en ARYM sous le commandement de l’Union Européenne, la France est désignée nation cadre.
2-2 Montée en puissance Dès le 1er mars, un élément précurseur (SIC et soutien) est déployé en ARYM. Le gros du dispositif français est mis en place en deux rotations, les 20 et 25 mars.
2-3 Phases de déploiement L’EUFOR relève la force de l’OTAN. Le TOA (transfer of authority) entre l’OTAN et l’EUFOR (EMF 1 - France, nation cadre) est réalisé le 31 mars 2003. Le 30 septembre 2003, l’EUROFOR (groupe de nations cadres) relève l’EMF 1 à la tête de l’EUFOR.
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CONCORDIA ALTAÏR
2-4 Désengagement Le terme de l’opération CONCORDIA/ALTAÏR a été fixé au 15 décembre 2003. A partir de cette date et succédant à la force militaire, l’Union Européenne fait déployer une force de police européenne dans le cadre de l’opération PROXIMA6, avec un effectif de 200 policiers et gendarmes (dont 40 Français). Le mandat de cette force de police est fixé pour un an et sa mission consiste à conseiller et à entraîner la police macédonienne selon les normes européennes.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Le commandant de l’EUFOR (COMEUFOR) est installé à Skopje avec son état-major (EUFHQ). Pour remplir sa mission, il a notamment sous ses ordres 3 chefs de secteur (Tetovo, Skopje et Kumanovo) chargés de coordonner l’action des équipes de liaison déployées dans la région . Le REPFRANCE est inséré dans l’EUFHQ, Director Of Staff (DOS) avec l’EMF 1, puis Assistant Chief of staff for Operations (ACOS) avec l’EUROFOR. La logistique du détachement français est assurée à partir du dispositif de soutien du contingent français de la KFOR et implanté à la base de soutien à vocation interarmées (BSVIA) de Petrovec.
6
La décision d’engager une force de police a été prise par le conseil des ministres des affaires étrangères à Bruxelles le 29 septembre 2003.
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CONCORDIA ALTAÏR
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel La mission de l’opération CONCORDIA a été fixée par le Conseil de l’Europe (OPLAN of operation CONCORDIA ; EU military engagement in the Former Yugoslav Republic of Macedonia approuvé le 18 mars 2003). La mission a consisté à la poursuite de la mise en œuvre des accords d’Ohrid et à veiller au maintien de la stabilité dans le pays. Elle a comporté trois volets principaux : - le recueil d’informations, - la manifestation d’une présence militaire dissuasive, - le soutien aux observateurs de la communauté internationale. Au bilan, cette opération a revêtu un caractère essentiellement symbolique car elle n’a été marquée par aucun événement militaire significatif sur le terrain et parce qu’elle n’a engagé, dans un environnement sécuritaire permissif, qu’un volume de forces réduit, dont la mission première n’était pas de combattre. Répondant moins à un besoin militaire que politique, l’UE se présentait pour la première fois en tant qu’organisation déterminée et capable de conduire une opération militaire. Celleci, certes mesurée dans ses effets sur le terrain, mais importante sur le plan politique, doit permettre d’ajuster et d’éprouver des structures et des procédures européennes nécessaires pour permettre à l’UE d’assurer ce nouveau type responsabilité.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Avec CONCORDIA, les institutions européennes ont pu prendre conscience de la problématique globale de la gestion des crises et s’organiser pour assurer des responsabilités conformément au rôle que l’UE veut jouer. Les enseignements de cette opération pourraient faciliter la relève de l’OTAN par l’UE en Bosnie-Herzégovine. La mise à exécution quasi immédiate du transfert d’autorité (10 jours de délai) a généré les principales difficultés suivantes : directives tardives, installation immobilière non réglée avant l’arrivée de la force, moyens de la force incomplets, procédures européennes inexistantes. Le dispositif a donc été ajusté petit à petit. La montée en puissance et le fonctionnement de l’EUFOR a bénéficié du soutien de l’OTAN (« Berlin-Plus7 ») demeurée en ARYM (télématique, procédures logistiques…). 7
Les accords dits de « Berlin-Plus » fixent le cadre de coopération entre l’UE et l’OTAN. Ceci permet à l’UE d’avoir recours à des moyens et à des capacités de l’OTAN, y compris sa structure de commandement, ses capacités de planification, sa logistique, ou ses renseignements.
200
CONCORDIA ALTAÏR
D’une façon générale, les procédures adoptées par l’UE ont été celles de l’OTAN. La prise d’autonomie vis à vis de l’OTAN s’est effectuée progressivement et les relations UE/FHQ/OTAN se sont clarifiées tout au long du mandat.
Organisation – commandement - L’organisation du commandement a posé des difficultés au démarrage de l’opération car des mêmes autorités exerçaient des responsabilités à la fois dans la chaîne de commandement OTAN et dans la chaîne UE (dual hatted). Cette dualité, découlait des accords de « Berlin-Plus ». En l’occurrence, AFSOUTH (allied forces southern Europe/Naples) s’est imposé dans le commandement opératif qui revenait théoriquement à l’EU OHQ (discret dans son rôle de commandant de l’opération [COPER]). Il faut donc privilégier le lien direct de commandement entre le COPER et le commandement de la force (COMANFOR), ou au minimum clarifier les rôles de chacun. - Dans l’organisation et la montée en puissance de l’état-major, le rôle de la nation cadre est déterminant (gage de cohérence et d’efficacité). - Lors des reconnaissances préliminaires, chaque fonction opérationnelle (voire sous-fonction pour la logistique) doit pouvoir être représentée par un expert. - Le cadre juridique doit être défini en étroite liaison avec les juristes, et diffusé à la force avant son déploiement.
Renseignement La fonction renseignement doit disposer de moyens humains et techniques suffisants et adaptés. Elle doit pouvoir en coordonner l’emploi pour optimiser la transmission et l’exploitation des informations et fournir au chef les moyens d’une autonomie de décision.
Télématique L’Union Européenne ne dispose pas en propre des équipements pour armer et maîtriser des réseaux et assurer sa pleine autonomie. Il lui faudra donc encore, soit recourir au soutien de l’OTAN, et accepter les restrictions et le contrôle qui peuvent s’imposer à elle (« Berlin-Plus »), soit s’appuyer sur une nation cadre. Par ailleurs, lors de la préparation d’une mission, il faut prendre en compte la protection climatique des réseaux et prévoir notamment des dispositifs portatifs de climatisation.
Logistique Le soutien logistique de l’EUFOR s’est appuyé sur les moyens nationaux déployés en ARYM dans le cadre du dispositif de la KFOR et des facilités offertes par l’OTAN, (BSVIA de Petrovec pour les Français). Le soutien national français de la KFOR a fortement contribué au soutien de l’EUFOR. La France a bien joué son rôle de nation cadre. Les procédures logistiques appliquées sont celles de l’OTAN. Les préfinancements nécessaires doivent être pris en compte par l’UE. Le soutien médical doit satisfaire aux exigences opérationnelles et être suffisamment dimensionné pour répondre rapidement à tous les types de situations.
201
CONCORDIA ALTAÏR
Communication Compte tenu du rôle croissant de la communication dans le cadre des opérations, il est essentiel que les spécialistes de la fonction soient associés d’emblée aux travaux de planification, et tout au long du processus de montée en puissance jusqu’à l’engagement.
Actions civilo militaires (ACM) Dès la phase de planification d’une opération si courte soit-elle, il est impératif de réfléchir sur les opérations ACM à engager avec les spécialistes et acteurs de la fonction (cellule ACM, financement, …).
V – RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
5-1 Généralités Données générales sur la Macédoine : Capitale : SKOPJE Président de l’ARYM : Boris TRJKOVSKI, président élu au suffrage universel en novembre 1999 pour un mandat de 5 ans. Superficie : 26000 km2 Population : 2 millions d’habitants (recensement décembre 2003 : Albanais = 25.17%, Macédoniens = 64.68%)
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CONCORDIA ALTAÏR
ORGANISATION
DE LA FORCE
NIC
EUFHQ SIGNALS DETACHMENT
SECURITY
SUPPORT
22 LFLT
CHAINE
8 HFLT
AVIATION SUPPORT
EOD
DE COMMANDEMENT DE L’UNION
MEDIC
EUROPÉENNE
EN
ARYM
MONS
SHAPE
DSACEUR
COPER
EU OHQ
NAPLES
AFSOUTH
EUCE
COS
JFC
SKOPJE
COMEUFOR KFOR
EU FHQ
RSUE
NHQS coordination
co-localisation
FORCE
203
CONCORDIA ALTAÏR
DISPOSITIF
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MILITAIRE EN
ARYM
PAULINE HAÏTI (SEPTEMBRE 1994)
North Atlantic Ocean CUBA
Île de la Tortue Windward Passage
Gonaïves
Carribean Sea
Golfe de le Gonâve Île de le Gonâve
Navassa Island (u.s.)
Cap Haïtien
Port-de-Paix
Jérémie
Canal du Sud
SaintMarc
Hinche
Verrettes
P O RT - AU PRINCE
Miragoâne
Hispaniola DOM REP.
Jacmel
Les Cayes
Carribean Sea 0 0
50 km 50 ml
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PAULINE
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Evacuation de ressortissants.
1-2 Mandat Ce mandat s’inscrit dans le cadre d’une évacuation, décidée par le Ministère des affaires étrangères, des ressortissants français et de la communauté économique européenne (CEE), stationnés sur le territoire de la république d’Haïti.
1-3 Durée de l’opération 15 septembre – 27 septembre 1994
1-4 Zones ou pays concernés Haïti
1-5 Situation géopolitique Au terme d’une longue période d’agitation et d’une succession de coups d’Etat, le père JeanBertrand Aristide est élu président de la République en décembre 1990, avec plus de 67 % de voix. Un coup d’Etat militaire (Général Cédras) le renverse fin septembre 1991, et l’Assemblée nationale le destitue. Début 1992, l’ONU décide l’envoi d’observateurs (Mission des Nations Unies en Haïti : MINUHA I), puis juin 1992, la mise en place d’un embargo sur le pétrole et les armes, étendu le 20 mai 1994 à tous les produits commerciaux. De nombreux Haïtiens tentent de quitter le pays, mais les Etats-Unis leur refusent l’asile politique. Le 31 juillet, l’ONU autorise les Etats-Unis à intervenir militairement et adopte, le 2 août 1994, la résolution 940 visant à chasser les putschistes qui se sont emparés du pouvoir, rétablir le président Aristide (retour le 15 octobre) et restaurer la démocratie. 21.000 soldats Américains débarquent pour désarmer les milices et rétablir l’ordre. Une forte insécurité règne en particulier à Port-au-Prince, ville de 1,5 millions d’habitants où circule un fort volume d’armes individuelles. Les forces armées d’Haïti (FAD’H) sont à la veille de leur dissolution (fin 1994). La police nationale passera sous le contrôle du ministère de la justice en décembre 1994. Elle est forte de 5.500 hommes dont beaucoup d’anciens militaires. Elle est réputée peu fiable et corrompue.
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PAULINE
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Parallèlement aux mesures internationales diligentées à la fois par les USA visant à déployer une force multinationale et par l’ONU visant à déployer une seconde mission des Nations Unies à Haïti (MINUHA II), la France se tient prête à déclencher, à partir du 16 septembre, le plan PAULINE destiné à mettre en œuvre une opération d’évacuation de ressortissants français et européens.
Règles d’engagement L’emploi des armes est fondé sur la riposte en cas de légitime défense.
Organisation du commandement Le commandement supérieur (COMSUP) Fort de France assure le contrôle opérationnel.
Moyens engagés 630 hommes Effectif moyen par armée Armée de terre : 240 Armée de l’air : 70 Marine : 320 Corps d’appartenance commando marine du COS (commandement des opérations spéciales) 33ème RIMa, 41ème BIMa, 41ème RT, 28ème RT. Une compagnie de combat du 3ème REI en alerte. Matériels majeurs 4 avions C 160, 4 hélicoptères de manœuvre (HM) SA 330 PUMA, 2 hélicoptères léger (HL) (tous Armée de l’Air) Frégate «Ventôse»’, bâtiment de soutien mobile (BSM) «Rhône», batral «Francis Garnier».
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PAULINE
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Le schéma directeur du plan PAULINE est régulièrement mis à jour par les Forces Armées aux Antilles (FAA). La planification de l’opération est nominale. Le pré positionnement des personnes et des forces débute le 15 septembre et se poursuit jusqu’au 23 septembre. Départ d’un détachement de liaison (DL/COMSUP) à Norfolk.
2-2 Montée en puissance Tous les éléments des FAA concernés par PAULINE sont mis en alerte à 24 heures. La frégate Ventôse appareille le 17 septembre, avec un élément du COS à son bord. Elle est sur la zone d’opérations le 18 soir. Le 18 septembre, appareillage du BSM Rhône avec une équipe de mécaniciens, du matériel et dix véhicules.
2-3 Phases de déploiement Le 21, arrivée du Rhône en zone d’opération. Arrivée le 21, à Port au Prince, du DL/COMSUP auprès des Américains, en provenance de Norfolk. L’opération s’est limitée à ce pré positionnement car aucune évacuation n’a été décidée. Le 22, premier contact phonie du Ventôse avec le bâtiment US Mount Whitney. Le 23, transfert d’un DL sur le Mount Whitney.
2-4 Désengagement 25 septembre, le Ventôse et Rhône quittent la zone d’opérations. La situation se normalisant en Haïti la fin de l’opération est fixée le 26 septembre. Le 27 septembre les deux bâtiments arrivent à Fort de France.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Un DL/COMSUP à Norfolk. La frégate Ventôse et le BSM Rhône sont déployés en zone d’opération. Les unités terre articulées autour du commandement tactique terrestre (COMTACTER) n’ont pas été déployées.
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PAULINE
IV – BILAN DE L’OPÉRATION 4-1 Opérationnel L’opération PAULINE prévoyait l’évacuation, si nécessaire, de près de 1.120 ressortissants français et 880 ressortissants européens, sauf américains et britanniques pris en charge par les forces américaines si leurs vies étaient menacées, soit en cas d’aggravation de la situation en Haïti, soit en cas de réaction face à un débarquement américain. Cette opération n’a pas été déclenchée et seule la phase «préparation» a été conduite. Compte tenu de l’implication avec les Américains, il s’est avéré indispensable d’adapter le plan français au leur et de prévoir une coordination en cas de déclenchement. La planification finale a été menée par la mission militaire française (MMF) à Norfolk, en liaison avec CINC (Commander in Chief) USACOM.
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés Compte tenu de la participation effective des forces armées, qui est restée très faible, les enseignements restent limités. On pourra retenir toutefois : - La nécessité d’identifier, de façon claire le commandement US interlocuteur de la partie française (outre USACOM, il y avait trois autres commandements spécifiques pour cette opération). - L’inconvénient de poursuivre, conjointement à cette planification, des objectifs politiques différents. Pour les USA l’objectif principal était le débarquement à Haïti et non l’évacuation de ressortissants, simple option du plan. Notre intégration dans le dispositif a été laborieuse. Cette divergence de vue a eu des conséquences sur le plan militaire avec les difficultés rencontrées pour joindre les bons interlocuteurs et mener à bien la coordination de la planification des opérations. La France ne participait pas à la force multinationale. Cette absence excluait donc, aux yeux des Américains, la nécessité d’un DL. Après intervention diplomatique, ce DL a pu être positionné à Portau-Prince le 21 septembre, après le débarquement. Sa place appropriée aurait été auprès du commandant de l’opération générale (CJTF1 180). 1
Combined Joint Task Force
210
PAULINE
Il s’avère important de maintenir aux Antilles quelques officiers capables de dialoguer avec les Américains et de maintenir des contacts avec USACOM. Le pré positionnement des unités des trois armées est adapté à ce type d’opération et ne nécessite qu’un renforcement de faible ampleur, principalement en moyens aériens rapidement projetables. Enfin, une refonte de ce plan PAULINE a été réalisée à la lumière des enseignements tirés de cette opération.
V – RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
5-1 Généralités La république d’Haïti occupe la partie occidentale de l’île d’Haïti. Le relief haïtien est particulièrement mouvementé, et culmine à 2.680 mètres. La forêt, en raison du déboisement anarchique, ne subsiste qu’en de rares endroits. Haïti possède 150 km de frontières terrestres avec la République Dominicaine et 5.500 km de côtes (Atlantique et Caraïbes). Climat tropical doux avec de fortes pluies en mai et octobre. Ce relief et ce climat, liés à un réseau routier peu fiable, interdisent pratiquement partout une circulation routière normale, une utilisation sans restriction des moyens aériens, la mise en place aisée des moyens maritimes. L’économie est essentiellement agricole. Les cultures commerciales : canne à sucre et produits dérivés (sucre, rhum), banane, café sont exportées principalement vers les Etats-Unis. Haïti compte environ sept millions d’habitants2, dont 95% de noirs, descendants d’esclaves africains et 5% de mulâtres. Environ 70% d’analphabètes. Le français et le créole sont les langues officielles. Prés de 80% de la population pratique le culte vaudou bien que la religion catholique soit la religion officielle. La distance par rapport aux Antilles françaises est de 1.200 km.
2
Dont 3.000 ressortissants étrangers, parmi les quels 1.200 Français et double nationaux.
211
PAULINE
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PAULINE
213
PAULINE
ORGANISATION
214
DU COMMANDEMENT
CORMORAN AMÉRIQUE CENTRALE (NOVEMBRE 1998)
Caribbean Sea SWAN ISLANDS
BELIZE
Puerto Castilla
Puerto Cortez Tela GUAT.
Santa Rosa de Copan
San Pedro Sula
Comayagua Danli San Lorenzo Choluteca
Golfo de Fonseca
NICARAGUA
North Pacific Ocean 50
100 km 50
Juticalpa
T E G U C I G A L PA
EL SALVADOR
0
Puerto Lempira
Lago de Yojos
Cerro Las Minas
0
La Ceiba
Lago de Nicaragua
100 ml
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CORMORAN
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Assistance humanitaire après passage du cyclone MITCH
1-2 Mandat National, dans un cadre international
1-3 Durée de l’opération Du 6 au 27 novembre 1998
1-4 Zones ou pays concernés Amérique centrale (Guatemala, Honduras, Nicaragua)
1-5 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Dans les derniers jours d’octobre 1998, le passage du cyclone MITCH sur les pays d’Amérique centrale a entraîné la mort ou la disparition de plus de 20.000 personnes et créé des dégâts matériels considérables. La France a envoyé un détachement pour participer aux secours aux populations.
Règles d’engagement Sans objet (pas d’armement)
Moyens engagés 1 compagnie du génie du 1er RSMA renforcée à 6/13/65 1 sous-officier spécialiste nucléaire biologique chimique (NBC) 1 détachement MINEX (mines explosifs ) à 5/6/2
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CORMORAN
Effectifs moyens par armée Terre : 106 (non compris le détachement de la Sécurité Civile Mer : Batral Francis Garnier et porte-hélicoptères (PH) Jeanne d’Arc Air : avions de transport Corps d’appartenance 1er RSMA EDNBC 6ème REG Matériels majeurs 4 véhicules légers tout terrain (VLTT), 5 poids lours (PL), 3 engins polyvalent du génie (EPG), 2 camions tri benne, 1 tracteur chargeur, 1 tracteur forestier
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Missions générales (ORDOPE 2/ ordre d’opération 2) : - participer au rétablissement de la mobilité sur certaines voies de communication routières, notamment au Guatemala, - délivrer aux populations sinistrées une aide humanitaire en provenance de métropole et de Fort de France, - apporter une aide médicale aux populations, - poursuivre les opérations d’évaluation de la situation en matière de pollution due à la réapparition ou au déplacement de mines, afin d’être en mesure de définir un plan de dépollution, - participer, en liaison avec le détachement de la sécurité civile français du Honduras, aux recherches de pollution des eaux.
2-2 Montée en puissance 1er novembre : mise en alerte de moyens aériens et transport d’une équipe de la sécurité civile 3 novembre : déclenchement de l’opération Cormoran
2-3 Phases de déploiement Transport du détachement MINEX par voie aérienne (VA) Transport de la compagnie service militaire adapté (SMA) par voie maritime (VM)-(Francis Garnier)
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CORMORAN
2-4 Désengagement Fin de l’opération le 26/11/98 à 15h00Z
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Sans objet.
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Valorisation du SMA et mise à disposition de la compétence française en déminage et en prévention chimique. Bilan activité du RSMA (régiment SMA) : rétablissement d’une piste de 12 kilomètres dans l’arrière-pays de Puerto Barrios, réparation du réseau de distribution d’eau dans une commune de l’arrière-pays. Coût : 1.220 Hommes/Jour, 2,05 MF, Spécialiste NBC : détection par Appareil portatif de contrôle de la contamination (AP2C) de produits organophosphorés (insecticides) dans les zones inondées du Honduras.
4-2 Pertes humaines 1 personnel SMA évacué le 19/11 (actes de violence, dans des conditions non précisées)
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés - La sécurité civile n’avait pas été prévenue de l’arrivée du détachement EOD (Elément opérationnel de dépollution [MINEX]), l’attaché de défense (AD) de Managua n’ayant pas été destinataire du message de mise en place. Il semble que dans cette opération, les éléments de sécurité civile ont eu
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CORMORAN
une action indépendante, alors que leurs personnels sont mis à la disposition du Ministère de l’Intérieur par l’armée de terre. Même s’ils dépendent d’un autre département ministériel, il est indispensable que leurs actions soient suivies et coordonnées par une autorité unique, et que leurs détachements soient destinataires des informations et ordres. - La cellule MINEX a dû faire venir du matériel supplémentaire : lot d’essai des sols et télémètre à prévoir dans de telles circonstances. - Le statut des personnels du SMA ne permet pas de les engager à l’étranger sans un acte de volontariat (instruction 419/DEF/EMA/OL/2 du 2/9/95). - Le Guatemala a dû fournir des remorques pour transporter le matériel génie du SMA, - Dans des pays touchés par des guerres, prendre en compte que les inondations peuvent emporter sur de longues distances les mines posées autour des ponts, du fait de leur flottabilité importante due à leur enveloppe plastique (origine soviétique), et venir polluer des zones initialement saines dans le pays lui-même ou dans le pays voisin (ici, le Honduras avec 2 morts et 5 adolescents blessés), - L’absence d’hélicoptères (nicaraguayens ou français) a limité l’action du détachement MINEX, qui n’a pas pu faire de reconnaissances aériennes.
V – RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
5-1 Généralités Proximité des Antilles françaises, présence sur zone du groupement naval école de la Marine nationale (PH Jeanne d’Arc). Existence d’attachés de défense accrédités pour un pays voisin : Panama pour le Honduras, Mexique pour le Guatemala et le Nicaragua.
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CORMORAN
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SANTAL TIMOR ORIENTAL (SEPTEMBRE 1999 - JANVIER 2000)
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SANTAL
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Humanitaire, à dominante santé et logistique (transport aérien et maritime).
1-2 Mandat Résolution 1246 du Conseil de Sécurité des Nations Unies mettant en place, le 11 juin 1999, l’UNAMET (United Nations Administration Mission in East Timor) chargée d’organiser et de superviser le scrutin d’autodétermination des populations du Timor Oriental. Résolution 1264 (15 septembre 1999) établissant une Force internationale, INTERFET (International Forces in East Timor), chargée de protéger et soutenir l’UNAMET, restaurer la sécurité au Timor Oriental et faciliter les opérations d’assistance humanitaire. Résolution 1272 (25 octobre 1999) instituant l’UNTAET (United Nations Transitional Administration in East Timor) qui fait suite à l’UNAMET avec tous les pouvoirs (exécutif, législatif, administratif et judiciaire) jusqu’à constitution d’un pouvoir national au Timor Oriental.
1-3 Durée de l’opération Du 17 septembre 1999 au 18 janvier 2000 (quatre mois).
1-4 Zones ou pays concernés Timor Oriental («Timor Leste»). Ile de Timor. Indonésie. Australie. Nouvelle Calédonie.
1-5 Situation géopolitique Colonie portugaise depuis 1586, le Timor Oriental, accède à l’indépendance en 1975. Mais une guerre civile sanglante entre partisans de l’indépendance et partisans du rattachement à l’Indonésie (dont fait partie le Timor Occidental, ex colonie hollandaise) entraîne l’invasion et l’annexion par l’Indonésie. L’ONU demande le retrait indonésien tandis que résistance nationale et représailles indonésiennes causent des dizaines de milliers de morts. La population locale est internée dans des camps, ou cherche refuge à l’Ouest, les cultures sont dévastées par des défoliants et la guerre civile (milices locales soutenues par l’armée indonésienne contre le mouvement de résistance de Xanama Gusmao) fait rage de 1982 à 1991, puis de façon plus sporadique jusqu’en 1999. L’oppression indonésienne, outre les quatre cent cinquante mille victimes qu’elle a directement ou indirectement1 causées, a maintenu la population dans l’illettrisme et la misère, exception faite des membres des milices à la dévotion du pouvoir de Djakarta. 1
Grande famine de 1982, à l’origine de plus de 250.000 victimes.
225
SANTAL
La mort de Suharto débloque en partie la situation, le nouveau régime acceptant la tenue du référendum réclamé par l’ONU (août 1999) et supervisé par ses observateurs, les membres de l’UNAMET. Le vote ayant été massivement en faveur de l’indépendance, les milices soutenues (officieusement) par l’armée indonésienne font régner la terreur, accroissent les destructions et les déplacements de population et obligent l’UNAMET et la plupart des étrangers à fuir. 80% de la population est déplacée et/ou sans moyen de subsistance L’ONU décide alors l’envoi d’une force d’intervention, l’INTERFET sous commandement australien, avec une double mission, sécuritaire et humanitaire. Nombre de pro indonésiens préfèrent alors émigrer au Timor Occidental avec ce qui reste des unités indonésiennes.
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention Participation française interarmées à l’INTERFET, force multinationale (une dizaine de pays) mandatée par l’ONU, sous commandement unifié australien (opération STABILIZE). L’environnement se caractérise par un vide juridique du fait de l’inexistence d’une autorité légitime, établie ou reconnue par la France sur ce territoire, et par une grande incertitude sur le degré d’insécurité pouvant régner localement.
Règles d’engagement Légitime défense.
Organisation du commandement Le commandant des forces terrestres (COMTERRE) Nouméa a été désigné par le chef d’état-major des armées (CEMA) comme REPFRANCE / ADCONFRANCE (Représentant France/»Administrative Controler») auprès du général australien commandant l’INTERFET (COMINTERFET). A ce titre, il est chargé du soutien des éléments déployés sur le théâtre, à l’exception des éléments embarqués de la marine, et dispose d’un détachement de soutien au Timor, et d’une base arrière en Australie. Au titre de REPFRANCE, il est en liaison directe avec l’état-major des armées (EMA). Pour le soutien logistique, il dépend du commandement supérieur (COMSUP) de Nouméa (Nouvelle Calédonie), l’armée de terre étant désignée «armée pilote du soutien de l’opération». Le détachement santé et le groupement (air) de transport opérationnel (GTO) sont placés sous contrôle opérationnel (OPCON) d’INTERFET. La composante marine est sous OPCON d’ALPACI, tout en pouvant être mis sous contrôle tactique (TACON) conditionnel d’INTERFET. Moyens engagés 1 Poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) 1 antenne chirurgicale aérotransportable (ACA) renforcée 1 détachement de soutien terre (DETSOUT) 1 groupement (air) de transport opérationnel (GTO) et son environnement
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SANTAL
Eléments de la direction du renseignement militaire (DRM), du commandement des opérations spéciales (COS) et de Gendarmerie (prévôté) 1 détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT embarqué sur le transport de chalands de débarquement [TCD] et son environnement) Dispositif naval incluant une frégate et un TCD (remplacés fin novembre par un Batral) [Une compagnie d’infanterie est placée en alerte à 24 heures à Nouméa.] Effectifs moyens par armée SANTAL 1, jusqu’à début décembre 1999 Armée de terre : 190 (+ 130 = compagnie d’alerte à Nouméa) Armée de l’air : 60 (trois avions de transport tactique [ATT]) Marine : 360 (principalement, équipages d’une frégate et d’un TCD) Service de santé : 30 (ACA renforcée) SANTAL 2, décembre 1999 – janvier 2000 : Armée de terre : 60 (départ du COS et du DETALAT ; allégement du dispositif) Armée de l’air : 20 (un seul ATT) Marine : 60 (équipage du seul BATRAL) Service de santé : 20 (départ des équipes chirurgicales) Corps d’appartenance Etat major interarmées des Forces Armées en Nouvelle Calédonie (FANC). RIMaPacifique. COS. ème 4 DAM. BL FAR. Matériels majeurs Terre : 12 véhicules légers tout terrain (VLTT) P4. 9 véhicules de l’avant blindé (VAB). 5 camionnettes (de type SUMB et véhicule léger de reconnaissance et d’appui [VLRA]). 15 camions divers. 4 hélicoptères de manœuvre (HM) SA 330 Puma (dont 1 COS).1 ACA + Module hospitalisation 50 lits. Mer : 1 TCD. 1 Frégate de surveillance. 1 BATRAL à/c du 02/12/99. Air : 3 transports tactiques C 130. 1 C 130 à/c décembre 1999.
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification Elle a été menée entièrement par l’Australie, avec participation d’une équipe britannique. La participation française a été tardive. A partir du 12 septembre 1999, 4 officiers des FANC sont venus à Sidney pour préparer l’insertion de la participation française à l’opération. L’équipe de planification de l’Etat-major interarmées (EMIA), lorsqu’elle a disposé de toutes les informations nécessaires, a rejoint Darwin le 18 septembre, alors que la planification était achevée, d’où une certaine divergence de vue, l’INTERFET mettant plus l’accent sur l’aspect sécurité et la France sur le volet humanitaire.
227
SANTAL
2-2 Montée en puissance La frégate de surveillance Vendémiaire était sur zone dès le 16 septembre (appareillage de Nouméa le 11). Le 17 septembre, un harpon du PCIAT s’installe à Darwin, puis, le 22 à Dili. Le 19, les éléments terre, santé arrivent à Darwin. Le GTO est opérationnel à Darwin le 21 septembre et commence le déploiement des éléments de SANTAL 1 sur Dili. A noter que le déploiement stratégique [Métropole - Darwin] a exigé, outre l’emploi d’un DC8 de l’armée de l’air, l’affrètement d’un Antonov 124. Le 25, le PCIAT est déployé à Dili et le 27, l’ACA et le DETSOUT y sont opérationnels. Le TCD Sirocco, qui a appareillé de Toulon le 17 septembre, est sur zone le 16 octobre, avec le complément de matériel lourd et les derniers éléments opérationnels de SANTAL (ALAT, COS).
2-3 Phases de déploiement Idée de manœuvre Les objectifs de la France étaient d’une part, de manifester sa solidarité avec un peuple particulièrement éprouvé (Timorais) et avec une nation européenne amie se sentant très concernée, le Portugal, et d’autre part, de faire reconnaître la place, le rôle et les capacités des forces françaises dans cette région, notamment vis à vis des Australiens. Opérations menées Dès l’acheminement des forces terminé, le GTO a procédé à des largages de fret humanitaire sur le Timor Oriental. A noter que la France a été la seule nation à procéder à une telle opération. A compter du 27/09/99, le détachement médical commence ses activités (visites et consultations médicales, hospitalisations, soins, distributions de médicaments, surveillance de l’hygiène et des conditions sanitaires) au profit de la population de la ville de Dili et des alentours, du personnel de la force, de l’ONU et des organisations non gouvernementales (ONG). L’activité étant surtout médicale et des capacités chirurgicales suffisantes étant assurées par les autres hôpitaux déployés concurremment (australien, portugais et du comité international de la croix rouge (CICR), les équipes chirurgicales sont rapatriées en fin de SANTAL 1. Les moyens air et marine (TCD disposant en outre des HM de l’ALAT embarqués, puis BATRAL) assurent, à la demande, les missions de transport commandées par INTERFET à son profit et au profit des organismes humanitaires agréés (préavis souvent très courts et planification quasi inexistante de la part des ONG), incluant des débarquements sur plage après reconnaissance des sites possibles. La présence active et dissuasive du détachement SANTAL dans la ville de Dili, avec les contacts liés au quotidien avec les responsables locaux et la population, a contribué au maintien du calme et de la sécurité dans toute la partie de la ville concernée.
228
SANTAL
2-4 Désengagement L’allégement du dispositif a commencé dès la mi novembre, avec le départ des éléments COS et d’un C130. Il a continué fin novembre avec le départ du TCD et des éléments embarqués, et début décembre avec le retrait d’un autre C 130 et la relève par SANTAL 2. Le désengagement de SANTAL 2 a été préparé dès le 1er janvier 2000, avec transfert progressif des responsabilités, surtout au plan santé, vers les hôpitaux restants (CICR et portugais). Un effort particulier a été consenti pour assurer le suivi de la transition entre INTERFET et UNTAET (United Nations Transitional Administration of East Timor) qui lui fait suite. Trois officiers français restent pour être insérés dans l’état major de la force de maintien de la paix d’UNTAET, au bureau des affaires civilo militaires. Les rapatriements se sont fait par voie aérienne via Darwin (dernière rotation le 18 janvier 2000), à destination de Nouméa ou de la métropole et par voie maritime directe vers Nouméa ou Toulon.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Dispositif naval à Dili ou au large de l’île de Timor. Groupement (air) de transport opérationnel à Darwin. PCIAT, Détachement médical et détachement de soutien à Dili.
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel Sur le plan médical, près de 6.500 consultations et 2.500 journées d’hospitalisation. Transport intra-théâtre : 190 sorties air au profit d’INTERFET. Près de 7.000 tonnes transportées par voie maritime pour INTERFET. Très bonne image donnée des forces françaises, reconnue par le commandement australien, les autorités transitoires du Timor Oriental et les représentants de l’ONU.
4-2 Pertes humaines Néant
229
SANTAL
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés - La disponibilité et l’emploi de forces pré-positionnées avec du personnel compétent en ce qui concerne la connaissance du théâtre et de l’environnement (ici, les FANC), se sont à nouveau révélés un atout majeur. - Un soutien efficace de la nation hôte (l’Australie pour la base de Darwin) est aussi un facteur déterminant. L’absence d’accord préalable franco-australien a été palliée par la bonne volonté et le bon sens réciproque. La présence d’un conseiller juridique dès le début de l’opération auprès du REPFRANCE aurait été utile, d’autant que sur le territoire timorais, aucune autorité légale n’étant reconnue, aucun SOFA (Status of forces agreement) n’avait pu être conclu. - L’armée de Terre a été désignée comme armée pilote du soutien pour toute l’opération. L’expérience a montré la nécessité d’harmoniser les règles et procédures administratives, financières utilisées par les commissariats des armées. - La planification hâtive, le déploiement effectué dans l’urgence et une certaine méconnaissance des conditions réelles de l’opération auraient justifié l’emploi d’un centre opération (CO) d’aide au déploiement, ses éléments étant mis en place et quittant le théâtre en tant que de besoin. Les conditions du désengagement par contre, n’ont pas justifié l’envoi d’un CO de désengagement. - L’allégement des moyens air était sans doute logique dans le cadre de l’allégement global du dispositif SANTAL. Cependant la réduction de ces moyens à un seul C 130 a pénalisé nettement la force lorsque des pannes ont amené cette capacité à zéro. Aucun moyen de remplacement n’existait. Dans le domaine du transport stratégique, la nécessité d’affréter un Antonov a encore souligné les insuffisances en ce domaine. - Compte tenu d’un certain flottement au départ sur les conditions de soutien d’un détachement santé (ACA renforcée) par un élément de l’armée de terre (infanterie de marine), il convient de définir les effectifs nécessaires et les fiches de tâches (tout ceci pouvant être évolutif) dès la phase de planification. Dans les conditions où ces détachements devaient s’installer, on ne pouvait pas faire l’économie de certaines spécialités d’aide au déploiement et au stationnement, et d’administration et finances. Pour la composition du détachement santé, il ne peut s’agir d’une ACA seule, mais d’une structure médico-chirurgicale incluant toutes les fonctions médicales, hospitalières, de laboratoire et vétérinaires. - Organisation du commandement : la complexité de la chaîne de commandement a entraîné certaines duplications de demandes de la part des composantes, du REPFRANCE et du COMSUP Nouméa. Le maintien des moyens de la marine sous OPCON d’ALPACI a causé des retards et des incompréhensions qui auraient été évités s’ils avaient été sous l’autorité (commandement tactique [TACOM] par exemple) du REPFRANCE, qu’il aurait alors fallu renforcer d’une cellule mer avec moyens transmissions adaptés.
230
SANTAL
V – RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES
5-1 Généralités Timor Oriental : 14.874 km², 826.000 habitants en 1995, climat tropical, sols volcaniques et montagneux, cultures de produits tropicaux (café, sagou, …).
SANTAL
231
SANTAL
232
ATNUTO / UNTAET TIMOR ORIENTAL (JANVIER 2000 - JANVIER 2001)
233
ATNUTO / UNTAET
I – PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’OPÉRATION
1-1 Type Humanitaire
1-2 Mandat Donné pour un an (renouvelable) par la résolution 1272 (25/10/1999) du Conseil de sécurité de l’ONU. L’ATNUTO (Administration temporaire des Nations Unies au Timor Oriental1 : - doit assurer la sécurité, le maintien de l’ordre et le respect des lois ; - aider à la mise en place de l’administration, des services civils et sociaux, et d’un pouvoir politique au Timor Oriental par le biais d’élections générales (prévues en août 2001) ; - coordonner et délivrer l’aide alimentaire. Les officiers français insérés ont par ailleurs une mission spécifique de renseignement au profit des autorités françaises sur le développement de la situation au Timor Oriental.
1-3 Durée de l’opération Un an, du 13 /01/00 au 15/01/01(concernant la participation française)
1-4 Zones ou pays concernés Dili, capitale du Timor Oriental.
1-5 Situation géopolitique Le Timor Oriental, comme toutes les ex-colonies portugaises, accède théoriquement à l’indépendance en 1974. Malgré les exigences de l’ONU, l’Indonésie l’annexe et il s’ensuit une guerre civile sanglante qui se termine, en 1999, par la tenue d’un référendum supervisé par l’ONU (MANUTO/UNAMET) qui plébiscite l’indépendance. Il s’ensuit une période de violences perpétrées par des pro-indonésiens contre les indépendantistes, auxquelles met fin le déploiement d’une force d’intervention de l’ONU, l’INTERFET, à laquelle la France participe (opération SANTAL). Ces drames successifs ont causé le déracinement de centaines de milliers de personnes, réfugiés ou déplacés (estimation : 750.000 déplacés et réfugiés sur une population totale de 800.000 habitants).
1
UNTAET en langue anglaise
235
ATNUTO / UNTAET
1-6 Caractéristiques de l’opération Contexte de l’intervention En raison du démontage de l’opération SANTAL, il est décidé d’insérer trois officiers français à l’état-major de la Force de maintien de la paix (PKF = Peace Keeping Force) de l’ATNUTO. La PKF, constituée de représentants de 25 nations, comporte un état-major à Dili (190 personnels) et 10 bataillons toutes armes (TTA) qui, avec le soutien de la Force et un appui génie considérable, représentent 7.850 hommes. L’ATNUTO comporte par ailleurs : - une composante politique (civile), GPA (Governance and Public Administration) ; - un volet humanitaire, HAER (Humanitarian Assistance and Emergency Rehabilitation).
Règles d’engagement Etablies sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, elles autorisent l’emploi d’armes létales et nonlétales pour assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel de la Force ainsi que des personnes soumises à des agressions. Cet emploi de la force doit toutefois être maintenu au niveau minimum d’engagement nécessaire et limité dans la durée.
Organisation du commandement Les 3 officiers insérés sont sous commandement opérationnel de l’état-major des armées (EMA) et sous contrôle opérationnel du commandant de l’ATNUTO.
Moyens engagés Trois officiers insérés à l’EM PKF : 1 officier supérieur (Terre) à la cellule plans ; 1 officier subalterne (Terre), officier de quart au centre opération (CO) ; 1 officier subalterne (Air) à la cellule action civilo-militaire (ACM), en charge du secteur ouest. Relève au bout de 6 mois. Matériels majeurs une valise INMARSAT un ordinateur + modem + logiciel de chiffrement de la direction du renseignement militaire (DRM) un téléphone portable hérité de SANTAL/INTERFET.
236
ATNUTO / UNTAET
II – CHRONOLOGIE
2-1 Planification L’ordre d’opération de l’ATNUTO a été soumis à l’approbation du Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix à l’ONU le 30 décembre 1999. Approuvé le 10 janvier 2000 (ainsi que les régles d’engagement [ROEs]), il est transmis au PC de la Force et aux unités qui y participent, le 21.
2-2 Montée en puissance Deux officiers ont été mis en place à titre d’individuels par la voie aérienne militaire dédiée à l’opération SANTAL (Istres-Colombo-Darwin-Dili : 3 jours) ; leur accueil a été assuré au sein du Poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) de l’opération SANTAL, avant son démontage (18/01/2000). Le troisième a rejoint deux semaines plus tard par voie aérienne civile (VAC) jusqu’à Darwin puis vol ONU Darwin – Dili. La relève à six mois s’est effectuée par VAC.
2-3 Phases de déploiement Ces officiers ont eu à traiter, en ambiance multinationale, de la planification et de la conduite des opérations de retour des réfugiés et personnes déplacées. L’officier de quart, par ailleurs, assurait le suivi de la situation, en mesure de réagir aux événements dépassant les capacités des bataillons. Leurs interlocuteurs étaient, à titre d’exécutants, les officiers ACM des divers bataillons ; ils travaillaient également en liaison étroite avec leurs homologues civils de l’HAER.
2-4 Désengagement Retour individuel par voie aérienne en fin de mission.
III – DISPOSITIF / DÉPLOIEMENT
3-1 Dispositif de l’opération Cf carte
237
ATNUTO / UNTAET
IV – BILAN DE L’OPÉRATION
4-1 Opérationnel [Pendant la durée de la présence française] Contribution au retour d’environ 180.000 réfugiés sur les 250.000 ayant fui le pays. (Proportion non précisée du retour des 500.000 déplacés intérieurs).
4-2 Pertes humaines Néant
4-3 Pertes matérielles Néant
4-4 Enseignements tirés - La pauvreté des moyens dont étaient dotés les officiers français, par comparaison avec leurs homologues des autres nations, n’était pas à la hauteur de l’estime (justifiée) en laquelle était tenu le détachement français pour son professionnalisme et son dévouement (absence de véhicule ; absence de ligne budgétaire à disposition du détachement ; vétusté des équipements informatiques et téléphoniques, en particulier). - La contribution française, limitée et cantonnée à des postes subalternes, n’a pas été jugée par l’EMA comme offrant une lisibilité appréciable aussi bien vis à vis des Timorais que des responsables de l’ONU. Ce qui explique la décision de retrait après le deuxième mandat de six mois. - L’impossibilité pour la France d’obtenir des postes « stratégiques », dont pourtant, sur l’insistance de M. de Mello, on lui avait fait miroiter l’offre, semble être la conséquence de la rivalité (victorieuse) de l’Australie qui ne veut pas voir contester son rôle de puissance régionale dominante. - Considérations administratives : l’ONU envisage la mise à disposition des personnels pour une durée d’un an. Elle prend à sa charge financière la mise en place et le rapatriement des individuels dans ces limites. La France, fixant les séjours à six mois, doit prendre à sa charge la relève intermédiaire. Mais elle doit ne pas se pénaliser en oubliant de faire valoir ses droits pour la mise en place initiale et la relève finale.
238
SECTEUR ATNUTO
ATNUTO / UNTAET
239
ATNUTO / UNTAET
ORGANISATION
DU BUREAU
ACM (DÉBUT 2000)
DCOS
DEPUTY
CMDR Lesi (Fidji) LTCOL Chung (Singapour) LTCOL Kim (Corée) MAJ Jerns (Danemark)
SECTION OPS/PLAN
CELLULE LIAISON TECHNIQUE Officier du Génie * Officier Logistique * * A mettre en place
240
COL Mark Koh (Adjoint au chef d’état-major Activités Civilo-Militaires, Singapour)
CMDR Flornes (Adjoint, Norvège)
SECTION ADMIN
CELLULE SECTEUR EST/CENTRAL MAJ Bang (Corée) SSG Sam Teo (Singapour)
WO2 Shearman (Australie) SGT Michael (Kenya)
CELLULE SECTEUR OUEST/OECUSSI MAJ Osama (Egypte) CPT Locatelli (France
GLOSSAIRE
GLOSSAIRE
A AC
anti-char
AP
anti-personnel
ACA
antenne chirurgicale aéroportée
ACE
allied command Europe
ACM
action civilo-militaire
ACOS
assistant chief of staff for operations
ACP
antenne chirurgicale parachutiste
AD
attaché de défense
ADCONFRANCE
administrative controler
AFOR
albanian Force
AFSOUTH
allied forces southern Europe/Naples
ALAT
aviation légère de l’armée de terre
ALI
arme légère d’infanterie
ALT
aérodyne léger télépiloté
AMA
antenne médicale aéroportée
AMCA
antenne médico-chirurgicale aéroportée
AMF(L)
allied command europe mobile force (Land)
AML
automitrailleuse légère
AMT
assistance militaire technique
ANKD
armée nationale du Kampuchéa démocratique
AP2C
appareil portatif de contrôle de la contamination
ARM
armée de la République de Macédoine
ARRC
allied rapid reaction corps
ASEAN
association des nations du sud-est asiatique
ATNUTO (UNTAET en anglais)
administration temporaire des Nations Unies au Timor Oriental
ATT
avion de transport tactique
AVAE
appelé volontaire action extérieure
241
GLOSSAIRE
B BATFRANCE
bataillon français
BATGEN
bataillon du génie
BATINF
bataillon d’infanterie
BCS
bataillon de commandement et des services
BIA
bataillon interarmes
BiH
Bosnie Herzégovine
BL
brigade logistique
BLBMa
brigade légère blindée de marine
BMN
brigade multinationale
BOMAP
base opérationnelle mobile aéroportée
BPCS
bataillon parachutiste de commandement et des services
BSL
bataillon de soutien logistique
BSM
bâtiment de soutien mobile
BSVIA
base de soutien à vocation interarmées
C C.A
corps d’armée
COL
colonel
CAC
compagnie antichar
CAED
cellule d’aide à l’engagement et au déploiement
CAFDA
commandement air des forces de défense aérienne
CAS
appui aérien rapproché (close air support)
CAT
commissariat de l’armée de terre
CC
centre de coordination
CCAL
compagnie de commandement d’appui logistique
CCAS
compagnie de commandement d’appui et des services
CCFR
commandant du contingent français
CCT
camion citerne tactique de 5 m3
CEA
compagnie d’éclairage et d’appui
CECMED
commandant en chef des forces françaises pour la méditerranée
CEE
communauté économique européenne
CBA
chef de bataillon
242
GLOSSAIRE
CEM
chef d’état-major
CEMA
chef d’état-major des armées
CETAC
cellule tactique
CFAT
commandement de la force d’action terrestre
CFLT
commandement de la force logistique terrestre
CICR
comité international de la croix rouge
CIE
compagnie (Cie)
CINC
commander in chief
CINCSOUTH
commander in chief allied forces southern Europe/ Naples
CIVPOL
police civile
CJTF
combined joint task force
CMD
circonscription militaire de défense
CO
centre opérationnel
COAT
centre opérationnel de l’armée de terre
COD
centre opérationnel de désengagement
COIA
centre opérationnel interarmées
COMANFOR
commandant de la force
COMELEF
commandant des éléments français
COMFOR
commandant des forces françaises
COMFRANCE
commandement (commandant) des éléments français
COMSOUT
commandement (commandant) du soutien
COMSUP
commandement supérieur
COMTACTER/MAR/AIR
commandement (commandant) tactique terrestre, maritime aérienne
COMTERRE
commandement (commandant) des forces terrestres
COPER
commandant de l’opération
COS
commandement des opérations spéciales
COTAM
commandement du transport aérien militaire
CPCO
centre de planification et de conduite opérationnelle]
CRAP
commandos de recherche et d’action dans la profondeur
CSAR
combat search and rescue
CTF
combat task force
CTG
combat task group
243
GLOSSAIRE
D DA
division alpine
DAM
division aéromobile
DAS
délégation aux affaires stratégiques
DB
division blindée
DETAIR
détachement air
DETALAT
détachement de l’aviation légère de l’armée de terre
DETLOG
détachement logistique
DETSOUT
détachement de soutien terre
DICA
détachement d’intervention catastrophe aéromobile
DIMa
division d’infanterie de marine
DIO
détachement d’instruction opérationnelle
DL
détachement de liaison
DLB
division légère blindée
DMNSE
division multinationale sud-est
DOS
director of staff
DP
division parachutiste
DRM
direction du renseignement militaire
E ECMM
european communauty monitoring mission/ mission de contrôle de la communauté europénne
EDNBC
école de défense NBC
ELC
équipe de liaison et de contact
EUMM
european union monitoring mission
EUFHQ
european union force headquarter : PC de la force européenne
ESC
escadron
EDIC
engin de débarquement d’infanterie et de chars
EEI
escadron d’éclairage et d’investigation
EPG
engin polyvalent du génie
EMA
état-major des armées
EMAT
état-major de l’armée de terre
EM
état-major
244
GLOSSAIRE
EMF
état-major de force
EMIA
état-major interarmées
EOD
élément organique divisionnaire
EOD
explosive ordnance disposal (NEDEX)
ERC 90
engin roue canon de 90mm
ERYM
ex-République Yougoslave de Macédoine (FYROM = Former Yugoslav Republic of Macedonia)
EUFOR
European force (Force de l’Union européenne)
EVAT
engagé volontaire de l’armée de terre
EVASAN
évacuation sanitaire
F FAA
forces armées aux Antilles
FAD’H
forces armées d’Haïti
FAG
forces armées en Guyane
FANC
forces armées en Nouvelle Calédonie
FAR
force d’action rapide
FE
force d’extraction
FFB
french framework brigade
FLNPK
front de libération nationale du peuple Khmer
FMP
force multinationale de protection
FORDEPRENU
force de prévention de l’ONU en Macédoine
FORPRONU
force de protection des nations unies
FPNU
force de paix des Nations Unies
FRENIC
french national intelligence cell
FRR
force de réaction rapide
FUNCIPEC
front uni pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif
245
GLOSSAIRE
G GPPO
groupe pluridisciplinaire de planification opérationnelle
GUERELEC
guerre électronique
GEND
gendarmerie
GAN
groupe aéronaval
GAP
groupement aéroporté
GA8
groupe d’artillerie à 8 canons
GCP
groupement de commandos parachutistes
GSL
groupement de soutien logistique
GTO
groupement (air) de transport opérationnel
GEAOM
groupe école d’application des officiers de la marine
GBR
général de brigade
GPA
governance and public administration
H HA
hélicoptère d’attaque
HAC
hélicoptère anti-char
HAER
humanitarian assistance and emergency rehabilitation
HAP
hélicoptère appui protection
HL
hélicoptère léger
HM
hélicoptère de manœuvre
HMC
hôpital militaire de campagne
HoM
head of mission
I IEBL
inter entities boundary line/ligne de démarcation inter-entités
IFOR
implementation force
INTERFET
international forces in east timor
246
GLOSSAIRE
K KDOM
Kosovo diplomatic observation mission
KVCC
KVM Coordination Center (centre de coordination de la mission de vérification au Kosovo)
KVM (MVK)
Kosovo verification mission (mission de vérification au Kosovo)
L LCL
lieutenant-colonel
M MA
mode d’action
MA
modulation d’amplitude
MF
modulation de fréquence
MEDEVAC
évacuation médicale
MINEX
mines explosifs
MINUHA
mission des Nations Unies en Haïti
MMF
mission militaire française
Mo
mortier
MPG
moyen polyvalent du génie
N N.A.C
conseil de l’atlantique nord/ north atlantic council
NBC
nucléaire biologique chimique
NEDEX
neutralisation, enlèvement et destruction des explosifs
NHQS
Nato Headquarter SKOPJE (quartier général de l’OTAN à SKOPJE)
NIC
National Intelligence Cell / cellule nationale de renseignement
NSE
National support elements (unités de soutien national)
247
GLOSSAIRE
O OLDA
officier de liaison de défense aérienne
OLFA
officier de liaison des forces aériennes
ONG
organisation non gouvernementale
ONU
organisation des nations unies
ONURC
opération des Nations Unies pour le rétablissement de la confiance en Croatie
OPCOM
commandement opérationnel
OPCON
contrôle opérationnel
OPEP
organisation des pays exportateurs de pétrole
OPLAN
opérational plan/ plan d’opération
ORDOPE
ordre d’opération
OSCE
organisation pour la sécurité et la coopération en Europe
OTAN
organisation du traité de l’atlantique nord
P PC
poste de commandement
PAX
personnels
PCIAT
poste de commandement interarmées de théâtre
PESC
politique étrangère de sécurité commune
PH
porte-hélicoptères
PIO
public information office
PKD
parti pour un Kampuchéa démocratique
PKF
peace keeping force
PL
poids lourd
Q QG
quartier général
QRF
quick reaction force
248
GLOSSAIRE
R RA
régiment d’artillerie
RAMa
régiment d’artillerie de marine
RAP
régiment d’artillerie parachutiste
RAPASAN
rapatriement sanitaire
RASIT
radar de surveillance des intervalles du terrain
RCC
régiment de chars de combat
RCP
régiment de chasseurs parachutistes
RCR
régiment de circulation routière
RCS
régiment de commandement et de soutien
RE
régiment étranger
REC
régiment étranger de cavalerie
REG
régiment étranger du génie
REGFRANCE
régiment français
REI
régiment étranger d’infanterie
ROHUM
renseignement d’origine humaine
ROEM
renseignement d’origine électromagnétique
RENS
renseignement
REP
régiment étranger de parachutistes
REPFRANCE
représentant France
RFY
République Fédérale de Yougoslavie
RG
régiment du génie
RGP
régiment du génie parachutiste
RH
relais humanitaire
RHC
régiment d’hélicoptère de combat
RHCM
régiment d’hélicoptère de combat et de manœuvre
RHP
régiment de hussards parachutistes
RI
régiment d’infanterie
RITA
réseau intégré de transmission automatique
RICM
régiment infanterie chars de marine
RIMa
régiment d’infanterie de marine
RIMaP
régiment d’infanterie de marine du Pacifique.
RIP
régiment d’infanterie parachutiste
RLA
régiment de livraison par air
ROE
règles d’engagement/ rules of engagement
249
GLOSSAIRE
RO-RO
roll off roll on
RPCS
régiment parachutiste de commandement et de soutien
RPIMa
régiment parachutiste d’infanterie de marine
RS
Republika Srpska
RSAM
régiment de soutien aeromobile
RSMA
régiment de service militaire adapté
RT
régiment de transmissions
S SACEUR
supreme allied commander Europe/Mons-Belgique
SATCP
section sol-air très courte portée
SEA
service des essences des armées
SER
section d’éclairage et de renseignement
SFOR
stabilisation force
SHAPE
supreme headquarters allied power in Europe/ à Mons
SIC
système d’information et de communication
SMA
service militaire adapté
SOFA
status of forces agreement
Son
section
SOPs
standard operating procedures/ instructions permanentes
SSA
service de santé des armées
SUPPLAN – SUPLAN
support plan (plan de rechange)
T TACOM
commandement tactique (tactical command)
TACON
contrôle tactique (tactical control)
TCD
transport de chalands de débarquement
TED
tableau d’effectifs et de dotation
TFF
task force fox
TFH
task force harvest
TFS
task force south
TOA
transfer of authority
250
GLOSSAIRE
TRS
transmission
U UCK
armée de libération du Kosovo
UCK-M
armée de libération nationale des Albanais de Macédoine
UCL
unité de commandement et de logistique
UCS
unité de commandement et de soutien
UE
union européenne
UEO
union de l’Europe occidentale
UIISC
unité d’intervention de la sécurité civile
UNAMET
united nations administration mission in east Timor
UNHCR
united nations high comitte refugees)/haut comité des nations unies aux réfugiés
UNMOs
united nations military observers
UNPREDEP
united nations prevention force
UNSGSR
représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies
UNTAET
united nations transitional administration in east Timor
URH
unité de recherche humaine
V VA
voie aérienne
VAB
véhicule de l’avant blindé
VAC
voie aérienne civile
VAM
voie aérienne militaire
VBL
véhicule blindé léger
VF
voie ferrée
VLRA
véhicule léger de reconnaissance et d’appui
VLTT
véhicule léger tout terrain
VMM
voie maritime militaire
VR
voie routière
VTLR
véhicule de transport logistique avec remorque
251
GLOSSAIRE
Z ZDA
zone de déploiement et d’attente
ZPNU
zone protégée des nations unies
ZRA
zone de regroupement et d’attente
252
MATÉRIELS
MATÉRIELS
AML
automitrailleuse légère (canon 90mm ou 60mm)
AMX 10 RC
AMX 10 roues canon (canon de 105 mm)
AMX 30 B2
char AMX 30 B2 (canon de 105 mm)
C130
avion de transport tactique (ATT)
CCT
camion citerne tactique de 5 m3
ERC 90 «Sagaie»
engin roues canon (canon de 90 mm)
GBC 8KT
PL (poids lourd)
HL
hélicoptère léger Gazelle
HM SA 330
hélicoptère de manœuvre Puma
HOT
missiles antichar HOT (portée 4.000 m) (équipe hélicoptère et véhicule de l’avant blindé)
MILAN
poste de tir antichar Milan (portée 1.900 m)
MISTRAL
poste de tir antiaérien
Mo
mortier (81mm ou 120mm)
STINGER
poste de tir antiaérien (US)
TRF1
canon tracté de 155 mm TR F1 (portée 24 km)
TRCT1
radioteletype (telex) de moyenne puissance
VAB
véhicule de l’avant blindé (transport de troupe)
VBL
véhicule blindé léger
VLRA
véhicule léger de reconnaissance et d’appui
VLTT P4
véhicule léger tout terrain P4
VTLR
véhicule de transport logistique avec remorque
253
DÉFINITIONS
DÉFINITIONS
ADCONFRANCE (ASIA - Adjoint Soutien Interarmées): Par délégation du CEMA, l’ASIA est chargé de l’administration de la force projetée sur un théâtre d’opération national dans les domaines de la logistique, de l’administration et des finances. Il a des responsabilités organiques vis-à-vis des formations de la force. Il traite directement avec les états-majors d’armée pour les questions d’ordre administratif et logistique et est en liaison permanente avec le CFLT et les directions de service . La Base logistique interarmées de théâtre (BLIAT) et la Base logistique terrestre (BLT), selon le cas, lui sont subordonnées pour la coordination de leurs actions.
COPER commandant de l’opération (operation commander): Autorité militaire désignée pour assurer la conduite ou la direction générale de l’ensemble d’une opération. Il est responsable devant l’autorité politique. Il assure normalement le commandement opérationnel des forces multinationales mises à sa disposition à partir d’un poste de commandement situé dans un des pays participants. Il dispose d’un état-major interarmées, éventuellement multinational, dit «état-major de l’opération». Pour une opération purement nationale, le commandant de l’opération est le chef d’état-major des armées qui exerce son commandement à partir du COIA.
COMTACTER/MAR/AIR commandant d’une force terrestre, maritime aérienne (commander of a land, maritime or air force) : Autorité désignée par le chef d’état-major de l’armée considérée pour conduire, au niveau tactique, les engagements de la force terrestre, maritime ou aérienne, engagée sur un théâtre d’opérations, en vue de l’accomplissement des missions confiées par l’autorité interarmées de théâtre. Il peut assurer, par délégation du COMTHEATRE, le contrôle opérationnel d’un ensemble de forces interarmées pour l’accomplissement de missions ou de tâches particulières.
COMTACTER commandement tactique terre (land tactical command ) : Autorité désignée par le CEMAT pour assurer le commandement de la force opérationnelle terrestre engagée sur un théâtre d’opérations. Il est responsable de la conduite des engagements terrestres au niveau tactique. Il peut assurer, par délégation du COMTHEATRE, le contrôle opérationnel d’un ensemble de forces interarmées pour une mission particulière
OPCOM commandement opérationnel operational command : Pouvoir donné à un commandant pour assigner des missions ou des tâches particulières à des commandants subordonnés, pour déployer des unités, pour réassigner des forces, conserver ou déléguer le contrôle opérationnel ou tactique comme il le juge nécessaire. Il ne comprend pas en soi d’autorité sur le plan administratif ni de responsabilités d’ordre logistique. Un commandement opérationnel peut être, soit permanent, soit de circonstance.
254
DÉFINITIONS
OPCON contrôle opérationnel : Autorité conférée à un commandant, par un commandant opérationnel : a - de donner des ordres aux forces qui lui sont affectées, de telle sorte qu’il puisse accomplir les missions ou tâches particulières, habituellement limitées géographiquement ou dans le temps; b - de déployer les unités concernées; c - de conserver ou de déléguer le contrôle tactique de ces unités. L’autorité chargée du contrôle opérationnel n’a pas le pouvoir d’utiliser séparément les éléments constitutifs des unités concernées, pas plus qu’il n’inclut en soi le contrôle administratif ou logistique. Le contrôle opérationnel est une délégation limitée du commandement opérationnel. En particulier, ne sont pas déléguées : d - la définition de la mission; e - l’affectation des moyens
REPFRANCE représentant de la France (France Representative) : Autorité désignée par le chef d’état-major des armées pour assurer la responsabilité des éléments français participant à une opération sous commandement multinational. Le REPFRANCE est placé soit auprès du commandant de l’opération soit, plus généralement, auprès du commandant de la force Il veille à la conformité de l’emploi des forces françaises aux options nationales, et assure sur ces forces des responsabilités nationales notamment dans les domaines logistique, administratif et disciplinaire. Il peut être chargé de toute mission particulière concernant les forces françaises. Il est secondé par un responsable de la logistique nationale appelé ADCONFRANCE. Plus haute autorité militaire française de l’état-major du commandant de l’opération (COPER) ou du commandant de la force (COMANFOR) dans une opération multinationale. Désignée pour représenter le CEMA, sa mission est de s’assurer de la conformité de l’emploi des forces françaises avec les directives nationales. Anciennement désigné par «commandant des éléments français» (COMELEF).
SUPPLAN – SUPLAN plan de rechange (support plan) : Plan directement lié à un plan de circonstance ou à un plan d’opérations, qui porte sur un vaste ensemble de domaines fonctionnels, un domaine particulier ou qui est axé sur une mission ou une tâche, et qui détaille la planification ne pouvant être incluse dans le plan d’origine. Notion OTAN.
TACOM commandement tactique (tactical command) : Autorité déléguée à un commandant pour attribuer des tâches aux forces placées sous son commandement, en vue de l’accomplissement de la mission ordonnée par l’autorité supérieure. Celle -ci peut conserver ou déléguer le contrôle tactique.
TACON contrôle tactique : Comprend la direction et le contrôle détaillés, normalement limités au plan local, des mouvements ou manoeuvres nécessaires pour exécuter les missions ou les tâches assignées. Le contrôle tactique est, en règle générale, une délégation limitée du commandement tactique à un subordonné pour une tâche spécifique et une durée limitée.
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