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UNE éGLISE LAÏQUE ET FESTIVE Salle des fêtes / hébergements / réhabilation d’anciennes cales sèches 5000 m2 / Bordeaux / France / 2015
Un nouveau territoire Le projet s’inscrit dans la ville comme la ponctuation d’une promenade culturelle longeant l’empreinte des bassins à flots. Cette halte prend la forme d’un nouveau territoire autonome et silencieux, en rupture avec le tumulte de son environnement. Ce nouveau lieu singulier et préservé de l’agitation du quartier offre un temps de respiration propice à la célébration. L’enceinte protectrice de ce bastion propose néanmoins des porosités, préservant la continuité d’un parcours initiatique.
Un lieu des possibles Le projet instaure un cadre pérenne délimitant un lieu des possibles. En adéquation avec la configuration du site, le programme de l’église laïque est scindé en deux pôles indépendants. Le premier pôle, dédié à l’hébergement, colonise le vide protecteur d’une des formes de radoub. Le second, dédié à la célébration, propose un négatif aérien de l’autre creusement. L’espace intermédiaire prend la forme d’une agora consacrée aux activités extérieures.
Une métaphore spatiale La mise en forme du projet présente une combinaison d’espaces inspirés du vocabulaire architectural de différents types d’édifices religieux. La relecture de ces formes archétypales est combinée à des références à l’usage historique du lieu. L’espace majeur de célébration est constitué d’une nef en creux surplombée d’une coque en béton retournée. Ce volume tubulaire généreux est bordé de minces bas-côtés offrant plus d’intimité. La séquence d’entrée est scénarisée par le passage sur une passerelle au dessus de l’eau des bassins puis par la traversée d’une salle hypostyle. Enfin, le dispositif est flanqué d’une succession de chapelles à ciel ouvert. L’espace d’hébergements est pensé comme une halle hybride. Ce bâtiment calme en facade s’assimile à un épaississement d’une des parois de la forme de radoub coiffé d’un miroir d’eau. Dans un souci de fluidité, l’espace intérieur peut être fractionné en chambres ou totalement ouvert afin d’accueillir de nouveaux usages durant la journée. L’ensemble se matérialise à la facon d’une sculpture de béton brut.
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UN nouvel élysée bâtiment gouvernemental / bureaux / espace public / excavation d’une place publique 20 000 m2 / bordeaux / France / 2016
Ancrage Le projet prend la forme d’un creux rectangulaire franc sur la surface préalablement aplanie de la place. La proportion de cette excavation est similaire à celle du vide urbain et s’inscrit au centre de celui-ci pour proposer une mise en abîme spatiale de la place des Quinconces. Le bâtiment furtif s’organise en périphérie de ce creusement et devient socle de l’espace public. Ce palais silencieux n’est perceptible qu’aux abords du vide. Un mat élancé pavoisé d’un drapeau surgit en son centre. Cet unique signe ostentatoire devient une ponctuation fédératrice de la ville.
Perennité L’écriture architecturale se veut simple et calme. Le bâtiment est composé d’une trame de portiques soutenant une épaisse dalle accueillant la place publique. Les parois du creux sont flanquées d’une colonnade régulière proposant un rythme resserré de minces lames de béton. Cette relecture du modèle archétypale du temple instaure une continuité historique et un dialogue avec l’ordonnancement du site. Le péristyle intérieur est secondé par une coursive à l’air libre à la facon d’un monastère. Un bassin recouvrant l’ensemble de la surface du vide, démultiplie et abstrait par le reflet ce système structurel rigoureux
Ouverture La composition du palais de béton se développe le long d’un axe au centre de la place. Quatre entrées disposées aux angles délimitent le périmètre de l’espace public minéral. La circulation s’organise autour du centre marqué par le drapeau. Le premier sous-sol accueil les fonctions utilitaires et semi-public. Chaque partie est composée de vastes espaces libres offrant une multiplicité d’usages possibles. Les sous-espaces prennent la forme de creusements dans la paroi de soutènement. Les lieux décisionnels prennent place sous la surface protectrice du bassin percé du drapeau. Par des systèmes d’ouvertures ajustables, le bâtiment peut moduler son rapport à l’extérieur selon les saisons. Il propose ainsi une lecture hybride de la limite dedans/dehors.
Slence Afin de rompre avec le modèle établi de la « maison du roi », les appartements du président sont transférés dans un des hôtels particuliers bordant la place des Quinconces.
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UN terroir paradoxal école de taille de pierres / place publique / bains / observatoires 18 000 m2 / saint-émilion / France / 2016
Est-il possible d’envisager une expérience touristique durable, où l’expérience immédiate du terroir est complétée par une transmission des savoirs locaux ?
DIALOGUE Le projet propose plusieurs interventions singulières au contact du patrimoine médiéval. Le bâtiment majeur, l’école de taille de pierre, se situe au dessus d’une ancienne carrière souterraine. Il prend la forme d’un volume simple s’inscrivant dans la topographie en continuité des murs de soutènement existants. En englobant la base du donjon celuici libère un panorama sur la ville basse. La toiture devient place du marché et lieu d’exposition en plein air de sculptures. La tour devient l’entrée de la carrière souterraine où deux imposantes salles de travail et d’exposition sont creusées dans la masse.
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BLANC SUR NOIR Bordeaux, cité faite de pierres et de ruelles étroites, allongée de part et d’autre de son fleuve, a cessé de se reposer depuis qu’on l’appelle métropole. La fabrique de la ville, autrefois séculaire, devient alors instantanée. Cette croissance frénétique soulève la question de l’identité du territoire. Au cœur des constructions neuves demeurent des vestiges silencieux du passé industriel. Perdus dans ce mouvement à grande vitesse, les habitants ne disposent plus de symboles dans lesquels ils peuvent s’identifier. Ils se rattachent ainsi à ces géants de fer et de béton, témoins de l’histoire du lieu. Ces édifices à l’allure souvent rouillé qui n’avaient pas vocation à devenir patrimoine, se retrouvent alors sacralisés par une société en quête de références communes. Cette nouvelle forme de monuments, générique par nature, se voit sanctuarisée par la collectivité. Regardés de loin, sans jamais leur accorder une véritable valeur d’usage, ces édifices sont plongés dans un profond sommeil. Dans la ville de Bordeaux, trois de ces vestiges industriels sont endormis. Implantés au Sud et au Nord de la ville, ces sites partagent un socle commun, celui de la Garonne.
L’enjeu est de redonner un sens à ces lieux, chacun, en quête d’identité. Il s’agit de questionner autrement le projet urbain, en le liant intimement au projet d’architecture. L’idée ici, est de permettre l’exploration architecturale, non pas au travers d’un programme, mais par l’espace. La confiance que l’on accorde à ce dernier, parce qu’il est capable de susciter des émotions et de révéler l’environnement de par sa matérialité et sa forme, s’impose dans ce projet comme une manière d’appliquer l’architecture. On cherche ainsi à retrouver un rapport plus proche et plus intime entre l’individu et ce qui l’entoure grâce à l’architecture. Le projet vise à comprendre comment une intervention ponctuelle, localisée et respectueuse des contraintes imposées par son site, peut transformer la perception et l’essence du lieu. Cette intervention cherche donc à singulariser ces objets industriels génériques devenus patrimoine sans réelle légitimité. En explorant ce type d’approche, cela pourrait engendrer de nouvelles pratiques, inattendues et spontanées, afin de réactiver une certaine forme de vivre ensemble.
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N°I LE JEU réhabilitation d’une passerelle ferroviaire / espace public 2 000 m2 / bordeaux / France / 2016
C’est ici qu’on entre dans la partie sud de la ville. Avant, seulement quelques cabanes de pécheurs marchent sur l’eau avec des échasses. Une ligne horizontale qui portait autrefois sur ses épaules de nombreux trains, se dessine au-dessus du fleuve. Aujourd’hui délaissé, ce monument de fer qui répond au grand nom d’Eiffel, semble dénué d’intérêt, fatigué et solitaire. Disproportionnellement horizontale cette statue apparaît comme un gratte-ciel allongé et déserté. Quand Rem Koolhaas propose à l’autre bout de la ville pour le pont Jean-Jacques-Bosc une dalle de 549 mètres de long et 44 mètres de large sur laquelle on peut faire tout et n’importe quoi, notre attitude se revendique comme étant aux antipodes de celle-ci. Notre intervention tente de réactiver la mémoire de ce lieu, par l’intime, le petit infiniment grand. Deux lames de béton de 17 mètre de haut scindent littéralement la passerelle en 3 espaces d’une largeur de 3 mètres. La traversée devient alors un événement, une ascension étroite. Comprimé entre deux plaques qui par leur monumentalité suscitent chez le spectateur qui le parcourt un sentiment d’insécurité, de fragilité, le spectateur prend conscience de sa nature profonde. Plus on évolue dans l’espace plus le rapport au ciel devient clair, les 17mètres de haut se transforment petit à petit en 2 mètres, et les structures de la passerelle qui embrochaient nos deux lames disparaissent peu à peu sous le béton sur lequel on marche. La transition entre ces deux moments symétriques se fait alors sur la structure supérieure de la passerelle au dessus du vide, laissant le courant navigué avec force et vigueur sous nos pieds, comme acte ultime de courage et d’engagement. En mettant en scène le poids des lourdes plaques comme une épreuve de force dramatique imposée au fer de la passerelle, l’idée est de transposer en qualité plastique le poids, les masses, la pesanteur, vers l’orientation, le déroulement et l’horizon.
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N°II LE rite initiatique réhabilitation de silos à grains / espace public 11 000 m2 / bordeaux / France / 2016
C’est ici que le courant s’apaise, que l’eau du fleuve apparaît moins violente. Plusieurs éléments de l’industrialisation portuaire apparaissent, des traces de rails, une grue rouillée dont les jambes ont l’air de trembler, et huit cylindres collés côte-à-cote comme s’ils se serraient les coudes en faisant front en cas d’assaut. Personne n’ose les déranger, perturber leur sommeil. Aujourd’hui seulement contempler de l’extérieur on a du mal à les prendre au sérieux sans savoir ce qu’ils ont réellement dans le ventre. Ce projet est le temps de l’intériorité, de la célébration qui devient rite initiatique. L’idée est de créer une tour jumelle en béton, ni plus arrogante, ni plus modeste, mais tout aussi impressionnante du haut de ses 25 mètres. Le tout posé sur un socle carré qui devient prétexte à l’appropriation et à la contemplation. Identiques, jouant de leur stabilité réelle, de leur élancement visuel, et de leur poids écrasant, les cylindres dominent le passant, l’intimident. Puissants, protecteurs et menacants, ils interrogent les notions d’équilibre, de gravité et d’espace. Ce lieu est un espace public hybride et contrôlé car caractérisé par son coté clos couvert. Il constitue donc un lieu d’éveil mais aussi un lieu de partage ou l’on vient célébrer certains moments de la vie. Son rapport à la collectivité est donc différent des deux autres projets puisqu’il nécessite un contrôle et une certaine forme de responsabilité. L’entrée se fait par le dessous, un espace dont on sent le poids écrasant des silos situés juste au-dessus de nous. L’espace est dénudé sombre et isolé, rythmé de pilastres en béton positionnés dans l’espace à la facon d’un temple. C’est le lieu où l’on se retrouve, où l’on partage. Le chemin initiatique, nous amène à nous élever et nous pousse à gravir les marches pour arriver dans la seconde salle. La nef centrale, placée en plein cœur des cylindres en béton, notre perception se confronte au monumental. L’espace de 18 mètres de haut devient celui où l’on célèbre, le lieu du spirituel dont les huit cercles de lumière en zénithale apparaissent comme un message presque divin, d’espoir, de croyance. L’ascension continue pour finalement arriver au deux dernière salle, l’angoisse disparaît, la lumière caresse notre visage comme pour nous féliciter, et bordeaux nous ouvre ses bras avec une vue panoramique sur toute la cité. Alors que dans la sculpture classique le spectateur tourne autour de l’œuvre et peut l’appréhender entièrement, ici il se promène au milieu de l’œuvre, à l’intérieur et à l’extérieur. L’espace se transforme de facon inattendue au fur et à mesure que le visiteur les parcours et en fait le tour, en créant une sensation, vertigineuse et inoubliable, d’espace en mouvement.
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N°III LA contemplation réhabilitation d’une plate-forme portuaire / espace public 10 000 m2 / bordeaux / France / 2016
C’est ici qu’on sort dans la partie Nord de la ville. Le bruit tumultueux de la métropole et son mouvement perpétuel laisse place à un lieu plus sauvage, plus calme. Les quais bétonnés se transforment en berges marécageuses. Le rapport à la Garonne et alors encore différent, moins accessible, plus hostile. Au loin on apercoit quatre poteaux rouillés, à l’aspect massif, ancré fermement dans le sol. Comme une présence fantomatique qui hante cette partie du fleuve. Si sa perception change suivant les marées, sa position, elle, ne bouge jamais. Reclus derrière une nature qui a clairement repris ses droits, ce vestige industriel laisse parler ces monuments à la peau clinquante et aux courbes arrondies qui se dressent à coté de lui. L’idée est ici de créer une place sur l’eau, un lieu des possibles qui redéfini le rapport horizontal au fleuve. Une dalle carrée de 100m2 est placée sur une trame de poteaux d’une section de 50 cm2. Les poteaux se démultiplient, transpercent la dalle et s’élèvent vers le ciel comme une ode à la mémoire d’un vestige silencieux et immobile. Elémentaire. La répétition frénétique et réglée, l’ordre, la grille, la trame, c’est cette culture de la division géométrique de l’espace qui lui donne sens. Au moment où la production architecturale se contorsionne et se plie, se maquille et s’habille pour légitimer son droit de cité, ce projet revendique un certain ordre et assume la dimension physique et intrinsèquement violente de l’architecture La géométrie, la rigueur de la trame, un certain classicisme dans les règles de composition, valent mieux qu’une architecture qui arrondit les angles. Qui courbe l’échine. Là, les verticales s’affirment, le rythme s’accélère, la répétition devient frénétique, et l’architecture disparaît. Le poteau devient alors un projet en soit, on se l’approprie, on s’en sert pour former des morceaux d’architecture. En se promenant à travers ces poteaux de béton, le visiteur fait une expérience unique. Plus qu’un choc esthétique, une véritable confrontation avec sa propre finitude, sa place dans le monde, sa corporalité. Derrière cette volonté de ne pas dissimuler le fait architectural, de le rendre disponible à la vue de tous, il y a la conviction sincère que la survenance architecturale constitue toujours un événement. Une fête.
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