Des crèches sur la ville Opportunités architecturales pour dynamiser les vides urbains
Pauline Cazalas
- Rapport de Projet de Fin d’Études -
Des crèches sur la ville
Opportunités architecturales pour dynamiser les vides urbains
//////////////////////////////////////////////////// Pauline Cazalas - ENSAPVS //////////////////////////////////////// Rapport de PFE - ‘Territoire d’exception’ /////////////////////////////////// Tuteurs : Bruno Pantz & Bertrand de Lascoups ////////////////////////////////////////////////////////// Session février 2013
Préambule d’enfance Souvenir d’un lieu - Pauline 2 ans : ‘C’était un endroit gigantesque perdu en pleine forêt, il fallait escalader l’écorce d’un arbre sans fin pour arriver au sommet d’un château de glace, celui-ci avait de petites ouvertures pour surveiller les fées wapitis. Un interminable pont de lianes permettait de traverser la cascade de poudre lumineuse afin d’atteindre l’étang de billes de lave. J’adorais me balader dans ce repère.’ Retour sur ce lieu - Pauline 17 ans : ‘Le hall aux couleurs neutres de la crèche municipale, où j’allais souvent étant petite, n’a plus vraiment la même allure d’aventure que j’ai pu connaître auparavant. Un banal mobilier pont en bois clair traverse la pièce, c’est cette aire de jeu placée en plein milieu du hall qui a servi de support à mes histoires fantastiques. Cette structure est composée d’une simple montée type mur d’escalade en pente douce, d’un filet pour traverser, d’une mini cabane avec un hublot et d’une piscine à balles, rien à voir avec la grandeur de mon souvenir!’ N’a-t-on jamais ressenti une légère déception quant on redécouvre les choses et les espaces de notre enfance, en tant qu’adulte on arrive à percevoir les proportions réelles pour finalement se dire que ce n’était pas si grand que ça ! Telle une envie d’étudier un espace qui mèle deux échelles de perception, la petite enfance a été le point de départ de ma réflexion. Un projet de fin d’études qui s’aventure dans un univers de découverte spatiale et sociale oscillant entre l’imaginaire et la réalité.
Introduction
10
1. Le MANQUE
réinventer les possibilités de la ville 1.1. La crèche, un service en manque de places 1.1.1. Qu’est-ce qu’une crèche aujourd’hui ? 1.1.2. Les facteurs du manque 1.1.3. Multiplier les crèches
1.2. Paris, un territoire en manque d’espaces 1.2.1. Qu’est-ce que Paris aujourd’hui ? 1.2.2. Les facteurs du manque 1.2.3. Repenser la ville
17 17 27 35 45 45 51 57
2. Le VIDE URBAIN
espace d’implantation des crèches 2.1. Le vide, une nouvelle ressource de possibilités
2.1.1. Description du vide urbain 2.1.2. Sélection urbaine
69 69 81
2.2. Des crèches sur la ville, une nouvelle alternative
91
91
2.2.1. Architecture et petite enfance 2.2.2. Un programme en adéquation avec le vide urbain
99
3. Le KIT
mode d’emploi d’un lieu d’éveil 3.1. Le concept du ‘Kit d’éveil urbain’
107
3.2. Scénarios d’expérimentation
113
Bibliographie
120
10
Introduction Bercé par les ‘il était une fois ...’, ce projet de fin d’étude remet sa couche culotte pour entrer dans le monde des tout-petits. C’est autour de l’espace d’une crèche que cette réflexion s’est positionnée, un programme de la petite enfance plutôt qu’un site en guise de sujet : ‘Vous dites : c’est fatiguant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : parce qu’il faut se mettre à leur niveau, se baisser, s’incliner, se courber, se faire petit. Là, vous avez tort. Ce n’est pas ce qui fatigue le plus. C’est plutôt le fait d’être obligé de s’élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. De s’étirer, de s’allonger, de se hisser sur la pointe des pieds. Pour ne pas les blesser.’ Prologue de Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit, éd. Robert Laffont, 2006.
Un équipement d’accueil pour les enfants de moins de 3 ans est un véritable atout dans notre société, il offre un service de proximité aux parents qui travaillent et apporte une meilleure préparation à la vie en collectivité pour le tout-petit. Aujourd’hui, l’accès à ce lieu est souvent synonyme de longue galère pour les parents avec le faible espoir d’obtenir une place en crèche pour leur bambin. Une pénurie ? Un baby boom ?
11
Le diplôme servant à expérimenter une nouvelle approche architecturale, ce projet ne se cantonne pas à la création d’un édifice unique sur une parcelle donnée mais tente de développer une solution plus globale face à ce problème qui touche le secteur de la petite enfance. Un ‘kit’ est proposé comme réponse à ce manque, c’est-à-dire que le PFE amène la notion de ‘multiplication’ pour construire de nouvelles crèches, créant ainsi une rapide homogénéité de l’offre sur le territoire. Avec 85 % de la population française qui est citadine, les villes se révélent être un contexte idéal pour poser la question du manque de places en crèche. Matière dense et en perpétuelle mutation, Paris sera notre terrain d’étude. Un travail à petite échelle sera de rigueur face à la pénurie de territoires urbains encore vierges de toute construction. La réalité du manque d’espaces au sol vient s’ajouter au déficit de crèches, formulant ainsi la problématique : Comment implanter de nouvelles crèches dans un tissu urbain dense et saturé ? Dans la même démarche de densification favorisée par les politiques urbaines actuelles, le PFE se tourne vers une réponse qui repense la ville sur la ville. C’est en cela que le projet suggère des petites structures d’accueil pour la petite enfance qui viendraient utiliser ponctuellement une certaine typologie de vides urbains. Une implantation qui correspond à la notion de multiplication évoqué par le ‘kit’, puisque les vides urbains sont nombreux, diversifiés, inexploités et présents dans toutes les villes. Telle une réflexion globale sur les espaces inutilisés, cet exercice vise à dynamiser le vide en pensant la ville dense, la ville verticale, la ville en trois dimensions. L’architecte Françoise-Hélène Jourda nous l’expose dans un texte sur la densification de la ville française : ‘Les densifier pour créer des villes ‘mixtes’, qui ne séparent plus les fonctions d’habitat, de travail, de loisir. (...) Nos cités ne doivent plus être conçues en plan mais en coupes. C’est son épaisseur qu’il nous faut travailler depuis le sous-sol jusqu’aux toitures.’ www.jourda-architectes.fr
12
La proposition de ce diplôme suggère donc d’implanter les crèches sur la ville, telles des petites opportunités architecturales qui viennent dynamiser les vides urbains. En première partie, nous aborderons la notion du manque qui s’avère être double pour le projet, la compréhension des manques de crèches et d’espaces est nécessaire afin de se questionner sur la manière de réinventer les possibilités de la ville. Puis nous plongerons dans la description du vide urbain au cours de la deuxième partie, afin d’analyser cet espace d’implantation quelque peu inhabituel pour les futures crèches parisiennes. Le mode d’emploi du ‘kit’ sera proposé en fin de ce rapport pour assimiler cette nouvelle façon de vivre autrement la ville.
13
1.
Le Manque
RĂŠinventer les possibilitĂŠs de la ville
14
MANQUE : n. m. Absence ou grave insuffisance ressentie de quelqu’un ou quelque chose qui laisse une impression de vide.
17
1.1. La crèche, un service en manque de places 1.1.1. Qu’est-ce qu’une crèche aujourd’hui ? > Contexte socio-historique Pour comprendre la définition d’une crèche, il faut se pencher sur le contexte socio-historique de la création de ce lieu dédié aux tout-petits. Apparues au cours du 19ème siècle, les premières crèches affichent un fort contraste à tout point de vue avec celles que nos enfants fréquentent actuellement. La grande différence est liée au changement brutal du statut de l’enfant au cours des années, bouleversant ainsi totalement l’espace, la fonction et les objectifs de l’équipement. En résumé, l’attitude globale vis-à-vis du tout-petit a basculé de l’indifférence totale à un intérêt excessif. On perçoit cet écart de comportement envers l’enfant en décryptant le moment d’un change à deux périodes différentes : - Au 19ème siècle : La berceuse 1 prend l’enfant, le déshabille, le plonge dans l’eau, le lave, le sort de la bassine, l’essuie, le rhabille et le remet dans son lit. La berceuse travaille par mécanisme, elle éxécute une tâche, elle ne lui parle pas et encore moins instaure une relation avec le tout-petit. - Aujourd’hui : La puéricultrice va chercher l’enfant en le prévenant de ce qu’elle va faire. Elle effectue avec attention et tendresse les gestes ‘techniques’ tout en lui expliquant chaque 1. Berceuse : ancien terme pour désigner le personnel de crèche.
18
Le Manque
(1) AVANT - Ambiance intérieure d’une crèche au 19°siècle - (s) http://amertume.over-blog.com
(2) APRÈS - Ambiance intérieure de la crèche collective de Lomme - (s) http://www.ville-lomme.fr
Réinventer les possibilités de la ville
étape afin de le rassurer. Cette comparaison révèle le peu d’intérêt des adultes envers le tout-petit durant une longue période, il est considéré comme un être à part et le personnel de crèche lui inflige un profond désintérêt. La terminologie du petit enfant confirme cet état d’esprit car le latin infans signifie ‘celui qui ne parle pas’ et de ce fait la société ne le prenait véritablement en compte qu’à partir du moment où il avait démontré son aptitude à survivre et à être autonome, c’est-à-dire vers l’âge de 6-7 ans. C’est le 20ème siècle qui a donné un véritable statut au tout-petit et a donc encouragé le personnel de crèche à créer une réelle relation entre l’adulte et l’enfant, actuellement l’enfant est considéré comme une personne à part entière.
<<
L’évolution du comportement envers le tout petit a contribué à modifier l’espace de vie dans les crèches, tant au niveau de l’aménagement que de son fonctionnement. On observe ce décalage lorsque l’on confronte deux photographies de crèche sur leurs ambiances intérieures, l’une prise dans les années 1900 (1) et l’autre capturée récemment (2) : - Ambiance : (1) Une simple pièce très sobre et rangée ‘au carré’, où l’on devine la modeste fenêtre qui apporte de la lumière naturelle à cet espace aseptisé. (2) Un vaste espace très coloré et lumineux avec sa large baie vitrée, les nombreux objets éparpillés en un joyeux fouilli amène de la fantaisie au lieu. - Le personnel : (1) Les berceuses portent une blouse de travail uniforme qui donnent la sensation de détachement par rapport à l’enfant. (2) Les puéricultrices portent des habits de tous les jours comme pourraient être habillés les parents des petits, il n’y a pas de différenciation. - Activités : (1) Les enfants restent toute la journée dans leurs lits ou par terre dans un parc, il n’y a aucun jouets ou jeux proposés pour les divertir. Le mobilier bien aligné est à hauteur d’adulte et seul le minimum est présent dans la pièce tel qu’un lit, une fiche sur l’enfant encadrée, une chaise et une table à langer. (2) La diversité du mobilier et une multitude de jouets
19
20
Le Manque
organise l’espace en plusieurs petits sous-espaces et offre ainsi de nombreuses possibilités à l’enfant pour jouer en toute liberté. Le mobilier est à hauteur des tout-petits. Ce face à face montre l’évolution des crèches en faveur de l’enfant au fil des années, modifiant ainsi totalement le fonctionnement des espaces de vie, aujourd’hui ces lieux sont dédiés et adaptés aux besoins des plus petits. Le secteur de la petite enfance a pris conscience du bienfait de l’accompagnement de l’enfant dans son épanouissement, c’est en cela que les établissements sont passés d’un mode de ‘garde’ à un mode ‘d’accueil’. Afin de comprendre ce virage dans l’histoire de la petite enfance, on se questionne sur les événements qui ont permis cette évolution (Cf. Frise chronologique - page 22 et 23). La crèche est une invention française et plus précisèment parisienne, fondée en novembre 1844 par Firmin Marbeau qui était l’adjoint au maire du 1er arrondissement. Créée dans un contexte de grande misère sociale où la mortalité infantile était très élévée, cette nouvelle institution visait à lutter contre la pauvreté. Monsieur Marbeau avait constaté l’existence d’une lacune entre la société de charité maternelle, qui secourait la mère au moment de l’accouchement, et la salle d’asile 2. Durant cette période intermédiaire, l’ouvrière ne trouvait aucun lieu pour l’aider à nourrir et élever son enfant elle-même, l’obligeant à choisir fatalement entre garder son bébé et vivre d’aumônes ou l’abandonner pour gagner sa vie. C’est pour palier à cette situation que s’est ouverte cette première garderie ‘améliorée’ proposant aux mères contre une faible participation financière, un local salubre avec les soins de base nécessaires à l’enfant (manger, boire et dormir). Les crèches connaissent un essor remarquable grâce à cette initiative et le concept s’exporte en province ainsi qu’en Belgique, Hollande, Italie et à Constantinople. Mais cette prise en charge du tout-petit contribue plus à être une action sociale plutôt qu’un espace propice aux jeux et à la fantaisie, puisqu’on ignore encore à cette époque tout ce que peut ressentir un enfant en bas âge du fait de l’absence 2. Salle d’asile : prémice de l’école maternelle d’aujourd’hui.
Réinventer les possibilités de la ville
de langage qui laisse croire à une intelligence réduite. La première modification pour la petite enfance fait suite au progrès de la médecine à la fin du 19ème siècle, qui rendent prioritaires l’hygiène dans les crèches afin d’éviter la mortalité enfantine car les premiers établissements n’ont en rien diminué ce fléau. La crèche devient publique sous la tutelle des hôpitaux, les objectifs sanitaires rendent le lieu complètement hermétique au reste du monde allant jusqu’à interdire l’accès aux parents. La loi Ferry 3 de 1882 a engendré petit à petit dans les mentalités le détachement du monde de l’enfance de celui des adultes, cette prise en compte de l’enfant a fait émerger une nouvelle discipline : la psychologie de l’enfant. S’ensuit à cela de nombreuses recherches sur le développement du tout-petit, exemple les travaux du psychologue Jean Piaget en 1923 sur la génèse des fonctions cognitives de l’enfant qui affirme que ‘le bébé est un petit humain doué d’intelligence’ 4. Aux alentours de mai-68, ces nouvelles connaissances sur l’enfant et le désir de changer les rapports parents-enfants ne s’accordent plus avec l’hygiènisme excessif des hôpitaux qui dévalorisent considérablement l’image de la crèche auprès des familles. Cette période sera la plus importante révolution qui fabriquera les lieux d’accueil que l’on fréquente actuellement, en effet la volonté de créer une structure encadrée par un personnel qualifié et spécialisé dans la petite enfance donnera naissance à la puériculture. La maîtrise de la fécondité avec la loi Neuwirth 5 en 1927 et le boom économique des Trente Glorieuses a propulsé littéralement l’enfant au centre de la famille et de la société, le tout-petit qui naît est désormais le fruit désiré d’un projet parental. Au 20ème siècle, l’enfant est enfin perçu comme une personne en devenir que les adultes doivent accompagner dans sa construction. Les établissements de la petite enfance suivent cette volonté en incluant la problématique ‘psychologique’ du bébé au niveau de son éveil et de sa socialisation. Les crèches deviennent ainsi des structures d’accueil centrées sur le respect de l’enfant, grâce à des espaces fonctionnels et 3. Loi Ferry : les enfants de la classe populaire échappent au monde du travail grâce à l’école qui devient obligatoire. 4. Ouvrage Jean Piaget - Le langage et la pensée chez l’enfant - 1923. 5. Loi Neuwirth : autorise l’accès à la contraception orale.
21
Le Manque
1844
1874
Création de la 1ère crèche
Loi Roussel
Firmin Marbeau, magistrat catholique Chaillot - Paris
1ère loi sur la protection sanitaire des enfants de - 2 ans
1862 Premier décret
Personnel
Secteur
Statut
Surveillance de l’hygiène des crèches Napoléon III
CATHOLIQUE (Charité)
LAÏQUE (État)
Institution conservatrice REFUSE les mères célibataires
Conseil Municipal de Paris subventionne les crèches
PRIVÉ
RELIGIEUSES BERCEUSES Direction : Aristocratie et Noblesse
Objectifs
MORALISATION DE LA CLASSE OUVRIÈRE
Difficultés
22
« Secourir, l’enfant, sa mère, sa famille, par le travail, sans humiliation et MORALISER en secourant. » Devise de la Société des crèches
ÉVITER LES CONFLITS SOCIAUX, en éduquant les parents pauvres par le biais de l’enfant placé en crèche.
MORTALITÉ INFANTILE on n’arrive pas à améliorer l’état de santé des enfants
Réinventer les possibilités de la ville
1970 - 1980 Première Révolution
La crèche rouvre ses portes aux parents Bouleversement des objectifs
1945
2003
Création de la PMI
Conférence de la famille
Protection Maternelle et Infantile Cause nationale
Ouverture des crèches au secteur privé Diversité de l’offre d’accueil
PUBLIC
+
INFIRMIÈRES AIDES SOIGNANTES
NAISSANCE DE LA PUÉRICULTURE
Direction : Hôpital
Personnel spécialisé dans la petite enfance
COURANT HYGIÈNISTE LUTTER CONTRE LA MORTALITÉ, guérir et soigner les enfants grâce au modèle hospitalier. L’hygiène social s’inscrit dans la protection de l’enfance.
FERMETURE Les crèches ferment les portes aux parents sous prétexte de l’hygiène
PÉDAGOGISATION CONNAISSANCES SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT, bouleverse les missions de la crèche car l’enfant est reconnu comme une personne. La crèche devient un espace fonctionnel et adapté au petit sous la surveillance spécialiste des adultes. Au fur et à mesure on inclut les activités d’éveil.
FORTE DEMANDE de places en crèche Frise Chronologique sur la création des crèches - (s) réalisé par l’auteur.
23
24
Le Manque
BUT LUCRATIF
BUT NON LUCRATIF
C. privée
C. parentale
C. municipale micro C.
(tous ces locaux sont soumis aux mêmes réglementations)
C. associative
Positionnement du PFE
C. d’entreprise
C. familiale PRIVÉ
PUBLIC
Les variations du terme de la ‘crèche’ - (s) réalisé par l’auteur.
Réinventer les possibilités de la ville
spécifiquement adaptés au monde du petit. Pour conclure sur ce bref rappel historique, on retiendra la grande différence entre les débuts où seuls les besoins physiques étaient considérés et aujourd’hui où le personnel de crèche s’occupe autant des besoins psychologiques, psycho-moteurs, relationnels que physiques de l’enfant. > Diversité de la crèche Comme définition, la crèche est un équipement collectif destiné aux enfants âgés de 2 mois à 3 ans afin de répondre aux besoins des parents et de la société. Autrement dit, ce service permet aux adultes de concilier travail et vie de famille, tout en offrant à leurs bambins un lieu de socialisation et d’éveil propice à leurs premiers apprentissages. C’est en cela que la crèche est un espace où coexiste une relation privilégiée de confiance et de sécurité entre le tout-petit, les parents et le personnel.
<<
Le terme de ‘crèche’ englobe toutefois plusieurs types d’établissements, chacun d’entre eux a sa particularité mais tous se rejoignent sur la fonction principale d’accueillir les jeunes enfants : - la crèche collective ‘municipale’ : elle peut être aussi intercommunale ou départementale, c’est une initiative politique du service public. Financée par les collectivités territoriales et subventionnée par la CAF 6, elle n’a pas de but lucratif. Les horaires d’ouvertures sont identiques à tout le réseau de 7h à 18h30. - la crèche collective ‘associative’ : gérée par une association qui souhaite apporter à la petite enfance une idée innovante (exemple avec les horaires décalés 9h-21h ou certaines en continu 24h/24). Soutenue financièrement par les pouvoirs publics et souvent par une entreprise qui en échange réserve un certain nombre de places pour ses employés. Cette crèche n’a ni de fonds ni de but lucratif. - la crèche collective ‘d’entreprise’ : intégrée à une entreprise 6. CAF : Caisse d’Allocations Familiales - prend en charge les prestations légales des bénéficiares et développe une action locale.
25
26
Le Manque
privée qui souhaite offrir un service à ses salariés au sein même de ses locaux. Financée par l’entreprise elle-même et subventionnée par l’État, elle a un but lucratif. Couramment, sa mise en place est confiée à un prestataire qui s’occupe de la réalisation et du fonctionnement. - la crèche collective ‘privée’ : gérée par une société privée qui souhaite faire du profit. Ces crèches pour la plupart non conventionnées par la CAF proposent un accueil à un tarif librement choisi par elle-même, souvent plus cher que les crèches ‘classiques’. - la crèche collective ‘parentale’ : initiative associative qui regroupe plusieurs parents et une aide professionnelle de la petite enfance. Les familles assurent la partie administrative et des heures de garde en alternance. - la ‘micro-crèche’ : établissement expérimental de petite taille accueillant au maximum 10 enfants qui bénéficie de conditions dérogatoires plus souples pour ces locaux. Créée afin de diversifier l’offre, elle vise à offrir un service en zone rurale lorsqu’il n’y a pas assez d’enfants ou en zones urbaines lorsque le prix du foncier ne permet pas d’ouvrir de grandes structures. - la crèche ‘familiale’ : regroupement administratif d’assistantes maternelles qui travaillent à domicile. De façon ponctuelle, elles se rencontrent dans un relais, pour échanger sur leur métier avec une directrice, les enfants y découvrent aussi la vie en collectivité. Initiative publique n’ayant pas vraiment de similitude, à part son nom, avec les autres crèches qui sont elles dites ‘collectives’ c’est-à-dire que tous les enfants sont accueillis au même endroit. Cette réflexion aborde une vision de la crèche dans sa globalité, et c’est pourquoi ce PFE présente une opportunité architecturale qui puisse être utilisée par l’ensemble des variations énumérées précédemment, excepté les crèches familiales.
Réinventer les possibilités de la ville
1.1.2. Les facteurs du manque > Constat Victime de son succès, la crèche est devenue un doux rêve inaccessible pour la majorité des jeunes parents. Obtenir une place en crèche a toujours été la question qui fâche, celle qui amène le stress et les cheveux blancs, celle qui revient juste après les premiers gazouillis, retour à la réalité qui va garder bébé ? « Je n’ai toujours aucune solution d’accueil pour mon bébé ! Naïvement, je pensais que, dans l’Essonne, ce serait plus facile qu’à Paris. Je me trompais. À la mairie, on m’a annoncé qu’il y avait 120 places en crèche pour 500 dossiers. Les assistantes maternelles ? Ce sont elles qui nous sélectionnent. Je viens de demander à ma gardienne d’immeuble si elle connaissait du monde. C’est ma dernière chance… » évoque Cathy paniquée, 33 ans et enceinte de sept mois 7. « Alors que j’aurais dû profiter de ma grossesse pour me reposer, j’ai couru partout comme une folle. Le jour de mon accouchement, j’avais même rendez-vous avec une nounou… Au final, j’ai décroché une place en crèche, un soulagement ! » témoigne Marie-Lorraine, 31 ans maman d’Augustin 7. Aujourd’hui ces témoignages sont très récurrents voir quasi inévitables, ils pointent du doigt la difficulté à accèder à un accueil pour le jeune enfant. On estime ce manque à hauteur de 400 000 berceaux 8 repartis dans toute la France, un chiffre important et qui ne cesse d’augmenter. Pour illustrer cette pénurie cela correspond à l’ensemble de la population toulousaine puisque la ville comptabilise 390 301 habitants à son recensement de 2011. Néanmoins des efforts politiques ont été tentés afin de remédier à ce déficit, en 2003 les crèches se sont ouvertes au domaine privé dans le but de diversifier l’offre. Cette initiative est assez contestée, le fait d’avoir comme priorité le profit inquiète les professionnels de la petite 7. Article Web Elle - Garde d’enfants : la grande débrouille - rédigé par Julia Dion 12.11.12 - www.elle.fr. 8. ArticleWeb TerraFemina - Crèche : il manque encore 400 000 places - interview Sylvain Forestier, président de la Fédération Française des entreprises de Crèches FFEC - 17.11.2012.
27
28
Le Manque
Collectif ‘Crèchequisepasse’ - (s) Photographie Coralie Manant - Figaro Madame - 16.10.12.
Réinventer les possibilités de la ville
enfance qui redoutent que la rentabilité de ces structures ne se fasse aux dépens de la qualité de l’accompagnement. En dépit de ces craintes, il faut noter l’ampleur de ce projet car actuellement 1 place sur 2 se trouve dans une crèche privée.
<<
La récente actualité ravive ce manque, la dérive judiciaire avec l’histoire des crèches clandestines à Marseille montre les conséquences directes du déséquilibre important entre l’offre et les besoins. Mais aussi des actions symboliques des collectifs de parents qui veulent faire réagir le gouvernement, en improvisant une crèche éphémère devant le ministère de la Famille en octobre dernier, ils revendiquent un service national pour leurs enfants car aujourd’hui 9 bébés sur 10 sont refusés en crèche publique. Malgré ces tentatives, cela ne suffit pas et aujourd’hui on estime que seulement 13 % des enfants de moins de 3 ans ont une place en crèche. > Les raisons multiples Pourquoi est-il aussi difficile de trouver une place en crèche ? Il faut noter avant tout que plusieurs éléments sont à l’origine de ce phénomène de manque, et c’est en cela que le problème se trouve complexe à résoudre rapidement. Tout d’abord, des facteurs sociologiques expliquent le changement de nos modes de vies, bouleversant ainsi considérablement nos besoins actuels. - La généralisation du travail féminin : Depuis une cinquantaine d’années, le travail des femmes s’est démocratisé, de ce fait, la crèche est devenue un nouveau besoin pour la famille. Dans les années 50 la femme n’a qu’un seul rôle, celui de femme au foyer, elle s’occupe de ses enfants pendant que l’homme est au travail. L’amélioration des droits de la femme dans les années 60 l’a faite évoluer vers son indépendance, elle s’émancipe sur plusieurs plans dont l’autonomie professionnelle ce qui ne lui permet plus de garder ses enfants. - Une population citadine : Aujourd’hui, 80 % de la popula-
29
30
Le Manque
*
Généralisation travail féminin
1950’s
*
2012
Population citadine
POPULATION RURALE
*
POPULATION URBAINE
Forte démographie Nbre moyen d’enfants par femme 2,10
Où
?
Où
Où? Où?
?
2,00 1,90
30 000
naissances par an
30 00030 00030 000
1,80
naissances par naissances an par naissances an par an
1,70 1,60 années 1991
*
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
Meilleure socialisation
la crèche
FERMETURE
OUVERTURE
Facteurs sociologiques du manque de places en crèche - (s) Réalisé par l’auteur
Réinventer les possibilités de la ville
tion française habite en ville, cette conséquence est liée au processus d’urbanisation de nos territoires. Entre 1999 et 2007, la population citadine a augmenté de 3,7 millions et celle vivant en milieu rural a diminué de 400 000, cela n’est pas seulement dû aux migrations de personnes mais aussi à l’absorption de communes rurales par l’espace urbain 9. La tendance observée est l’arrivée de plus en plus d’habitants sur un même territoire, les villes grossisent et la demande de services augmente perpétuellement notamment celle concernant les crèches. - Forte croissance démographie : Une natalité assez exceptionnelle avec un taux de fécondité des françaises de 2,01 enfants par femme en 2011, qui nous positionne comme les leaders européens. Le baby-boom de l’an 2000 a fait croire aux démographes à un effet de mode temporaire, mais la croissance continue et on compte 835 000 naissances par an en France ce qui représente 2,5 millions d’enfants de moins de 3 ans 10. Actuellement il y a donc beaucoup plus de petits à faire garder. - Socialisation du tout-petit : La fréquentation de la crèche pour un enfant offre un réel bénéfice sur son épanouissement et son ouverture à la vie en collectivité. « Le petit qui entre à la maternelle, en venant de la crèche est mieux préparé à son autonomie, à sa socialisation et à son adaptation scolaire » explique Suzy Cohen, écrivain et chercheuse pour le monde de la petite enfance. Cet aspect véhicule une bonne image sur le rôle de la crèche ce qui augmente les demandes envers ce choix d’accueil. Enfin, des facteurs économiques et spécifiques viennent s’ajouter à la longue liste des difficultés. Il ne faut pas oublier qu’ouvrir une nouvelle crèche n’est pas si simple. - Coût du fonctionnement : La création et principalement le fonctionnement quotidien de cet équipement demande des investissements lourds. Les charges de personnel constituent le premier poste de dépense, avec une moyenne de 57 %. Le prix moyen d’un berceau en France est de 13 000 euros, sachant que les collectivités territoriales ont moins de moyens 9. Article Web Centre d’observation de la société - Plus des trois quarts des français vivent en ville - source chiffres INSEE - 19.09.2011 - www.observationsociete.fr. 10. Source Eurostat - Office statistique de la Commission Européenne.
31
32
Le Manque
écart s’explique, en partie, par l’implantation territoriale des structures gérées par les entreprises de crèches. les-ci se situent principalement dans les régions, les départements et dans les communes où le coût du cier est le plus important (Ile de France, Lyon, Marseille notamment). Ci-dessous un tableau de synthèse de la partition du coût annuel de fonctionnement d’une place dans une structure gérée par une entreprise de crèches 2010 (données prévisionnelles) :
10% Coût de personnel tie, par l’implantation territoriale des structures gérées par les entreprises de crèches. Cet écart s’explique, en partie, par l’implantation territoriale des extérieurs alementServices dans les régions, les25% départements et Celles-ci dans les se communes où le coût du dans les régions, les dép Coût annuel situent principalement 57% fonctionnement (Ile de France,Autres Lyon, Marseille notamment). Ci-dessous un tableau de synthèse foncier est ledeplus important (Ilede delaFrance, Lyon, Marseille nota 8% d’une place en 2010 de fonctionnement d’une place dans une structure gérée par une entreprise de crèches répartition du coût annuel de fonctionnement d’une place dans Achats elles) : Source Cnaf, Sias Afc, 2010. en 2010 (données prévisionnelles) :
yeur :
Données prévisionnelles entreprises de crèches.
charges de personnel constituent le premier poste de dépense, elles représentent en moyenne 57%. La Coût de personnel artition des coûts de fonctionnement est très variable. Lorsque les frais liés au foncier (notamment le loyer) sont us, il est fréquent que les frais de personnel représentent 70 % du coût de revient.
10%
25%
aen cas de cif
57%
8% Participation familiale
Coût Services annuelextérieurs de fonctionnement 17% Autres d’une place en 2010 17%
10% 25%
57%
8%
Pour une entreprise Achats éligible au Cif, Source Cnaf, Sias Afc, 2010. 24% 25% la répartition des coûts Cif Données prévisionnelles entreprises de crèches. peut être schématisée 17% Déductibilité des charges suit : constituent le premier postecomme de dépense, elles Les représentent en personnel moyenne 57%. La charges de constituent le premier poste de d (S) Ministère de la Famille - Guide crèches et entreprises - nov 2011. Psu (Caf/Msa)
net est entreprise evant deCoûtrégimes ctionnement très variable. Lorsque les frais liésrépartition au foncier des (notamment loyer) sont est très variable. Lorsqu coûts delefonctionnement frais de personnel représentent 70 % du coût de revient. ténus, il est fréquent que les frais de personnel représentent 70 %
L’entreprise contribue à hauteur de 17 % du prix de revient hors taxe et si elle n’atteint pas le plafond du Cif.
èche municipale, Le coût annuel brut au berceau pour l’employeur (incluant l’amortissement de l’investissement et les coûts adeen10cas de(notamment cif de gestion d’un opérateur) peut f luctuer dans une fourchette large, 000 € en Province)
17%
à 20 000 € et plus, puisque différentes variables peuvent l’impacter : coût du foncier, nombre de berceaux,
de fonctionnement, structure de l’équipe, etc. e horaires ou communauté Participation familiale 17% Pour un établissement dont leentreprise coût de fonctionnement annuel est de 15 551 € par place, après déduction des Pour une s par le conseil
aides existantes (Psu et participations familiales), le coût annuel brut employeur au berceau est de 7 931 €. Psu (Caf/Msa) Le reste à charge annuel pour l’entreprise est de 2 656 € soit 220 € par mois. Il est là aussi important de faire un budget de fonctionnement prévisionnel sur mesure pendant l’étude de Cif faisabilité.
éligible au Cif, la répartition des coûts e aux besoinspeut desêtre schématisée arges ipation parentale àd’un cej aen cas de signature comme suit :
24%
25%
17%
Déductibilité des charges
Participation familiale
Pour une entreprise éligible au Cif, la répartition des coû peut être schématisé comme suit :
ésente 66% du coût 12% Coût net entreprise Psu (Caf/Msa) 25% el). Par cette prise 6% Cej (Caf/Msa) eancement coût payé par les annuel 12% 22% ne place en 2010 avec Cej unes enfants. Cette e à hauteur de 17 % du prix de revient hors taxe et si elleL’entreprise n’atteint pascontribue le plafond Cif. de 17 % du prix de revie Entreprise àdu hauteur 24% signée entre ument berceau pour l’employeur (incluant l’amortissement de etaulesberceau coûts pour l’employeur (incluan Lel’investissement coût annuel brut Participation commune e Cnaf, Sias Afc, 2010. ateur) peut f luctuer (notamment en Province) ées prévisionnelles entreprises de crèches. dans une fourchette large, de 10 000 de€gestion d’un opérateur) peut f luctuer dans une fourch
Réinventer les possibilités de la ville
financiers pour assurer ce service, cela ralenti amplement la création de nouvelles crèches. - Personnel en sous-effectif : Le secteur souffre d’importantes difficultés de recrutement car il y a une véritable pénurie de main-d’oeuvre. Les professionnels de la petite enfance étant dans l’obligation d’être diplômés, beaucoup de crèches ne peuvent accueillir le nombre d’enfants pour lequel elles sont agréées faute de personnel suffisant pour ne pas être dans l’illégalité. - Diminution des possibilités d’implantation : Le manque de locaux représente un véritable frein, de nombreux bailleurs rechignent à l’idée de louer sachant qu’ils ne récupéreront pas la destination d’origine de leur bien à l’expiration du bail. Par ailleurs, les réglementations attachées aux crèches sont contraignantes et assez strictes notamment lorsqu’il s’agit de locaux situés en ville. De plus, il n’est pas toujours aisé de trouver des locaux dans les villes denses avec un jardin pour les enfants. L’ensemble de ces points joue en défaveur de la croissance des crèches, ce qui engendre une offre insuffissante aujourd’hui en matière d’accueil des enfants de moins de 3 ans. > Relativiser le manque de crèches En comparant la situation française avec celle de l’Allemagne, on constate que nos voisins ne possèdent quasiment pas de système social pour aider les familles avec des enfants en bas âge. Pas de cantine, pas de périscolaire et surtout pas de moyen de garde avant 6 ans, la femme allemande qui sort de ses études doit souvent choisir entre poursuivre sa vie professionnelle ou faire des enfants. En France on n’a pas la même pression qu’en Allemagne puisqu’il existe quand même un éventail important qui permet aux ménages français de concilier vie professionnelle et vie familiale. « Par ailleurs, je voudrais dire que l’on se plaint beaucoup en France de ce manque de crèches, mais malgré tout il existe beaucoup d’autres solutions de
33
34
Le Manque
garde pour son bébé. » explique Sophie Romillat, journaliste 11. Afin de compléter cette comparaison, un petit aperçu de ce qui se pratique dans le monde : - En Australie, les crèches encadrées par des éducateurs de la petite enfance ne sont pas très repandues, en revanche les garderies se comptent par milliers. - En Italie, les crèches très peu nombreuses sont plus ou moins l’unique mode de garde. Les nounous agréées n’existent pas et de ce fait les mamies sont très sollicitées. Souvent, l’arrivée d’un bébé impose l’arrêt de travail. - En Finlande, la garde des enfants se fait essentiellement par les crèches qui y sont très développées. En matière de service à la petite enfance, la France se place cependant en 3ème position grâce à son système parmi les 34 pays de l’OCDE 12, ex-aequo avec le Danemark, la Finlande et la Norvège, et derrière la Suède et l’Islande. L’objectif du PFE est de répondre à la problématique du manque de crèches par l’architecture. L’approche de la réponse par ce domaine permet d’améliorer ce déséquilibre en apportant une innovation, un nouveau regard sur un des facteurs énumérés précédemment : celui de la diminution des possibilités d’implantation dans nos villes. C’est-à-dire que l’on cherche à compenser ce manque de locaux et d’espaces pour développer de nouvelles crèches.
11. Émission télévisée Envoyé spécial - reportage : Le boom des crèches privées - France 2 - diffusé le 18.10.2012. 12. OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques - organisation internationale d’études économiques qui a un rôle d’assemblée consultative.
Réinventer les possibilités de la ville
1.1.3. Multiplier les crèches > Autres alternatives Face à cette pénurie de places en crèche, les parents s’adaptent et se tournent vers d’autres solutions pour leur enfant en bas âge afin de ne pas stopper leur carrière professionnelle. Quelles sont ces autres alternatives ? Il existe en France plusieurs autres services d’accueil payants qui se divisent entre la garde collective ou la garde individualisée. En se débrouillant avec leur entourage, certains parents trouvent des solutions gratuites pour veiller sur leur petit. On constate que le mode d’accueil des jeunes enfants dépend en grande partie de la situation familiale : Mères de famille monoparentale ayant un emploi
Couple où seul le père a un emploi
Couple où les deux personnes ont un emploi
Services de garde RÉMUNÉRÉS
50 %
6%
61 %
Garde collective (crèche, garderie, multi-accueil ...)
31 %
2%
20 %
Garde individualisée (assistante maternelle, garde à domicile
19 %
4%
41 %
Autres modes de garde
50 %
94 %
39 %
Famille, voisins, amis
44 %
4%
21 %
Mode de garde principal
Père
-
1%
6%
Mère
6%
89 %
12 %
Mode de garde principal des jeunes enfants pendant le temps de travail des parents (s) Insee Première n°1132 - avril 2007.
La crèche collective, l’assistante maternelle agréée, les grandsparents et la garde à domicile sont les 4 principaux modes de garde pour les petits de moins de 3 ans en France : - L’assistante maternelle agréée aussi nommée ‘Nounou’ est une professionnelle qui assure la garde de 1 à 3 enfants à son domicile. Elle peut aussi faire partie d’une crèche familiale. - Les grands-parents qui habitent à proximité offrent un avan-
35
Assistante Maternelle ‘Nounou’
Garde d’enfant à domicile une personne est directement employée par les parents afin de garder leur enfant à leur domicile. On parle de garde partagée lorsqu’il y a plusieurs enfants dans la famille.
une professionnelle qui assure Leest Manque la garde de 1 à 3 enfants à son domicile.
36
Elle peut aussi faire partie d’une crèche familiale (établissement qui emploie plusieurs assistances maternelles agréées)
Crèche collective PAYANT
HOME
HOME
Les différents MODE D’ACCUEIL des - 3 ans Crèches collectives
Grands-parents Faire garder son enfant par la famille.
Municipales ou associatives, elles reçoivent des enfants agés de 2 mois et demi à 3 ans sous la responsabilité d’un HOME personnel qualifié.
Assistante maternelle PAYANT Mode de garde PAYANT
Garde d’enfant à domicile une personne est directement employée par les parents afin de garder leur enfant à leur domicile. HOME HOME On parle de garde partagée lorsqu’il y a plusieurs enfants dans la famille.
HOME
Assistante Maternelle ‘Nounou’ est une professionnelle qui assure la garde de 1 à 3 enfants à son domicile. Elle peut aussi faire partie d’une crèche familiale (établissement qui emploie plusieurs assistances maternelles agréées) HOME
Grands-parents GRATUIT
FAMILY
Faire garder son enfant par la famille.
HOME
2- La crèche d’entre de quoi parle-t-on c Garde à domicile HOME
Parents
Crèches collectives Assistants maternels agréés Municipales ou associatives, elles reçoivent des enfants Mode de garde PAYANT HOME 5% 4% agés de 2 mois et demi à 3 ans sous la responsabilité d’un Crèches 9% personnel qualifié. Mode de garde GRATUIT Garde d’enfant à domicile Grands-parents ou autres membres une personne est directement afin de laemployée famille par les parents Les différents modes d’accueil des moins 3 ans - (S) de garder leur enfant à leur domicile. observatoire national de la petite enfance, l’accueil du jeune enfant en 2009, On parle de garde partagée lorsqu’il y a plusieurs Autres modes de gardesenfants dans la famille.
27%
PAYANT
Grands-parents Surla le terrain, les projets de crèches d’entre Faire garder son enfant par famille.
correspondre au mieux aux besoins des en opportunités offertes par le territoire.
Réalisé par l’auteur.
P24
Parents Répartition des enfants de moins e 3 ans selon le mode de garde Assistants maternels agréés % Parents 5% rincipal adopté par les parents en Crèches 9% des enfants de moins emaine entre 8h etRépartition 19h Assistants maternels agréés de 3 ans dont les deux parents Grands-parents ou autres membres 18% FAMILY complet selon HOME travaillent à temps Crèches le de la famille cueil du jeune enfant enprincipal 2009,enP24 mode de garde semaine Autres modes de gardes Grands-parents ou autres membres entre 8h et 19h Grands-parents de la famille Faire garder son enfant par la famille. 3% 2%
Gardes à domicile
de garde et d’acceuil des jeunes enfants 2007
18% aternels ode de gardeagréés dans lequel l’enfant passe63% le plus de son temps du lundi au vendredi entre 8h et 19h. in, baby-sitter ou autre personne extérieure à la famille, jardin d’enfants, école4% 5% ou établissement spécialisé.
Autres modes de gardes Gardes à domicile
Répartition des enfants de moins de 3 ans dont les deux parents 37% Mode de garde GRATUIT travaillent à temps complet selondes le pouvoirs es crèchemembres par les entreprises, en associant les efforts des employeurs à ceux ts de ou autres 18% renforcer cette dynamique de progrès social. mode de garde principal en semaine entre 8h et 19h Mode de garde PAYANT
9%
27%
dent, les entreprises se sont emparées de ces différentes mesures. Il est difficile de connaître de gardes berceaux ainsi financés mais en octobre 2009, la Cnaf dénombrait 9000 berceaux environ. La icile fs et de gestion négociée entre Cnaf, pour Sources : Drees, enquête : Modes de garde etl’Etat d’acceuilet deslajeunes enfants 2007 la période 2009-2012, prévoit la création France Métropolitaine diées Champ aux :enfants de salariés d’entreprises d’ici 2012.
des solutions à géomét
2- La crè de quoi p pour ces regroupements. Le cas le plus simp
Mode de garde PAYANT
aLa crèche mono-entreprise. aLa crèche inter-entreprises ou inter-entrepr
Mode de garde GRATUIT
Gardes à domicile
4%
FAMILY
37%
18%
10%
Mode de garde GRATUIT
Garde d’enfant à domicile une personne est directement employée par les parents afin de garder leur enfant à leur domicile. On parle de garde partagée lorsqu’il y a plusieurs enfants dans la famille.
al de la petiteGrands-parents enfance, l’accueil du jeune enfant en 2009, P24
e moins e garde arents en
FAMILY
4%
37%
dans son ensemble, en reportant directement Sur le terrain, les pr collectif par exemple. correspondre au mi opportunités offertes « nous avons décidé de profiter d’une Les horaires d’accueil, de 6 heures à 20 horaires décalés. L’emplacement de la str Pour l’entreprise, c’est à la fois un avantage aLa crèche mono-en
des solu
2- La crèche d’entrepri a de quoi parle-t-on conc
27%
La crèche inter-en pour ces regroupe aLa réservation de berceauxdans dans une ou plus son ensemble Parents Sur le terrain, les projets de crèches collectif d’entreprise re par exemp « Lesaux enfants de nos salariés sont actue correspondre au mieux besoins des entreprise Assistants maternels agréés souplesse, adaptabilité et confort serv « nousde avons opportunités offertes par le territoire. L’offre réseau favorise une Les meilleure adad horaires Crèches accueillies à proximité du lieuhoraires de travail, du décal Grands-parents ou autres membres est un élément de différenciation essentiel et « Pour l’entreprise de la famille places d’une crèche à l’autre. L’accueil des en
des solutions à géométrie v
a a
Autres modesLa de gardes crèche
mono-entreprise.
inter-entreprises ou inter-entreprises etLebc Bruno aetLadocteur réservation de pour ces regroupements. Le cas le plus simple est de « Lesà enfants dans son ensemble, en reportant directement chaqu souplesse, ad Parents collectif par exemple. L’offre réseau e s’est depuis années en faveur en deassociant la parentalité, conscient de s aReVa enfants deengagé moins La création de places de plusieurs crèche par les entreprises, les efforts des employeurs ceux des pouvoirs (S) Ministère de la Famille - Guide crèches et àentreprises - nov 2011. accueillies à pro bilité de l’entreprise d’apporter descette solutions concrètes matière de conciliation entre la Assistants maternels agréés publics, permet de renforcer dynamique deen progrès social. es deux parents « nous avons décidé de profiter d’une opportu est un élément de d nelle et la vie personnelle. aujourd’hui avec 9 crèches en France, 2 en allemagne, près de Les horaires d’accueil, de 6 heures à d’une 20 heures, Crèches mpsinitiatives complet selon le des en faveur les desentreprises cesu, conciergeries ou autresdeservices à la personne, places crèch Après unlocales début prudent, se sont emparées ces différentes mesures. Il est difficile de connaître de le voir que de lafinancés parentalité esten une réalité2009, palpable et mesurable horaires décalés. L’emplacement de la structure, nombre exact de berceaux ainsi mais octobre la Cnaf dénombrait 9000 berceaux environ. La eersprincipal enl’accompagnement semaine Grands-parents ou autres membres s. création l’entreprise, c’est à la fois un avantage fiscal e h convention d’objectifs et de gestion négociée entre l’Etat et la Cnaf, pour la période 2009-2012, prévoit laPour Note : Mode de garde principal : Mode de garde dans lequel l’enfant passe le plus de son temps du lundi au vendredi entre 8h et 19h. Autres modes de gardes : ami, voisin, baby-sitter ou autre personne extérieure à la famille, jardin d’enfants, école ou établissement spécialisé.
de la famille de 10 000 places dédiées aux enfants de salariés d’entreprises d’ici 2012.
La crèche Gardes à domicile
Réinventer les possibilités de la ville
tage à tout point de vue pour les jeunes parents. - La garde à domicile ne nécessite pas obligatoirement de qualification dans le domaine de la petite enfance, et c’est en cela qu’elle se distingue de l’assistante maternelle. Les parents emploient donc une personne pour venir s’occuper du bébé chez eux. On parle de garde partagée lorsqu’il y a plusieurs enfants dans la famille.
<<
Actuellement, l’assistante maternelle est le service le plus répandu sur l’hexagone, mais ce n’est pas la solution financière la plus économe. Derrière la gratuité des grands-parents, on retrouve les crèches collectives publiques ou associatives qui affichent les tarifs les plus attractifs vis-à-vis de l’ensemble des services de garde rémunérés. Le coût minime s’ajoute au bénéfice de socialisation qu’apporte ce lieu collectif au toutpetit, pour projeter la crèche comme l’institution ‘phare’ de la petite enfance. Pourtant, elle peine à s’imposer comme le mode d’accueil le plus utilisé, faute d’une offre qui ne s’élève pas à la hauteur de la forte demande. C’est ainsi que paradoxalement, très peu d’enfants de moins de 3 ans fréquentent ce type d’établissement sur notre territoire. Cet éventail de possibilités permet aux familles de s’adapter face au manque de places en crèche. Cependant la diversité de l’offre de la petite enfance n’est pas la seule réponse, il existe d’autres alternatives à inventer en adaptant l’accueil lui-même. Comment ? Sans toucher aux objectifs premiers et au fonctionnement interne de l’équipement, il est possible de transformer l’usage d’une institution déjà existante en l’ajustant à nos modes de vies actuels et donc à nos nouveaux besoins. Un exemple concret nous prouve qu’il y a bien d’autres formes d’adaptation possibles afin d’augmenter l’offre de la petite enfance, c’est la halte-garderie itinérante. > Référence : La halte-garderie itinérante Ce concept novateur offre une solution originale de garde
37
Le Manque
1 se
e
ain
em
s e 1
in ma
HALTE-GARDERIE
HALTE-GARDERIE ITINÉRANTE ITINÉRANTE
+
Salle communale
Salle communale
jouets / matériels
jouets / matériels
Cuisine d’appoint
Cuisine d’appoint
Biberonnerie
Poste de change Biberonnerie
Toilettes Poste de change
Lit d’appoint Toilettes
Principe au sein d’un regroupement de communes - (S) Réalisé par l’auteur.
Lit d’appoint
38
+
Moyens techniques d’une halte-garderie itinérante - (S) Réalisé par l’auteur.
Halte-garderie itinérante en région Bretagne - (S) www.loustic-bian.fr.
Réinventer les possibilités de la ville
d’enfants en milieu rural. Ce lieu mobile prend la forme d’un camping-car ou d’un mini-bus spécialement aménagé. Tout comme un camp de base pour les tout-petits, il permet de transporter le matériel de puériculture et durant la journée il offre un espace de cuisine, un coin lange et quelques lits d’appoints. Une salle communale est mise à disposition pour installer une véritable aire de jeux et d’éveil, celle-ci sera de nouveau disponible le soir même pour les associations ou autres réunions. À chaque jour de la semaine correspond un village, la halte-garderie se déplace suivant un planning défini en fonction des besoins des habitants de la communauté de communes. Ceci permet de limiter les déplacements des familles et surtout de ne pas favoriser une commune au détriment d’une autre en construisant une structure fixe. Complétant les services d’accueil existants, cette halte-garderie flexible présente l’avantage d’être aussi évolutive et donc de pouvoir s’adapter aux mutations de ce territoire péri-urbain. Le maire de la commune de Saint-Martin-du-Tertre, Roger Dufour, avait songé à ouvrir une crèche mais la solution itinérante était la seule financièrement supportable. Il s’explique « C’est simple le coût du fonctionnement c’est 5 euros par habitants de la communauté de communes et pour la crèche il fallait compter 4 fois plus, sans compter l’investissement. Pour la solution mobile, il n’y a pas d’investissements puisqu’on utilise les bâtiments déjà existants. » 13. Mutualiser les moyens de garde est une formule idéale pour les petites communes et cette solution connait un véritable succès dans toute la France. D’une simple expérimentation la halte-garderie itinérante est devenue une nouvelle manière d’accueillir les jeunes enfants en milieu rural et périurbain. Cet exemple nous démontre que grâce à une simple adaptation il est possible de créer de nouveaux lieux pour la petite enfance sans les dénaturer. Apporter la notion d’adaptabilité par le domaine de l’architecture dans le but d’ouvrir de nouvelles opportunités pour ce secteur, voici la démarche de ce 13. Journal télévisé France 3 - région Ile-de-France - diffusé en septembre 2008.
39
40
Le Manque
projet de fin d’études. > Multiplier par de petites structures Avec un territoire français très largement citadin, la ville se révèle être la typologie idéale pour poser la problématique du manque de places en crèche. Un milieu urbain comme lieu d’exploration pour faire ressortir une adaptation innovante qui permettra d’augmenter le nombre de crèches. « Aucune réflexion sur la ville ne peut faire l‘économie de son regard et de son talent pour rendre visible ce qui est caché. » 14 Plus précisèment, Paris est la ville qui servira d’exemple concret pour expérimenter ce projet. Pourquoi choisir la capitale ? Pour sa proximité d’étude, mais surtout car elle présente la particularité d’être dense voir saturée et donc de n’avoir en apparence quasiment aucunes opportunités à offrir. Dans un contexte qui s’oriente vers la densification afin d’effacer les politiques antérieures d’étalement urbain, où trouver de l’espace pour ces nouvelles crèches ? Bien que Paris possède l’offre la plus abondante de l’hexagone, avec un taux d’accueil de 40 % contre 15 % pour le reste de la France, celle-ci n’échappe pas au phénomène de pénurie de berceaux. En effet, sur 75 000 petits parisiens de moins de 3 ans, seulement 31 000 peuvent aujourd’hui être accueillis en crèche 15. Grâce aux initiatives de Bertrand Delanoë, maire de Paris, plus de 2 000 places supplémentaires ont été créées depuis 2001. Mais cela ne suffit pas à répondre à la forte demande, de plus la ville se heurte à un véritable problème de foncier, notamment dans les arrondissements centraux. Ce qui rejoint directement le facteur du manque évoqué dans la partie précédente : la diminution des possibilités d’implantation dans nos villes. Le prix démesuré des mètres carrés à Paris est à prendre en compte dans ce PFE, l’espace au sol se fait rare et coûte très cher. 14. Ouvrage Élisabeth Pélegrin-Genel - Une autre ville sinon rien - éd. La Découverte - 2012 - page 18. 15. Article Journal 20 minutes - Les crèches en pleine croissance - paru le 01.02.12.
Réinventer les possibilités de la ville
Sur ce point, un travail à petite échelle sera de rigueur. Le projet prend parti de réduire l’effectif des nouvelles crèches, c’est-à-dire qu’habituellement la moyenne des structures existantes est de 60 enfants, ici on propose des petits équipements de 10 à 30 enfants. Cela permet d’ouvrir le champ des possibilités puisqu’on diminue l’emprise spatiale.
C
C C C C
C C C C
C C C C
C C C C
Diviser pour mieux se MULTIPLIER En réalisant l’inventaire des crèches collectives subventionnées par la mairie de Paris, on comptabilise actuellement 350 structures intra-muros dont 263 municipales et 87 associatives (Cf. Maquette - page 42 et 43). La stratégie n’est pas de se concentrer uniquement sur les endroits où il y a des manques et de concevoir un lieu de la petite enfance sur une parcelle trouvée, mais bien au contraire d’avoir une réflexion beaucoup plus large et plus globale sur la ville. Agir par la multiplication de petites structures permet de diversifier l’offre sur les différents quartiers et ainsi d’enrichir la mixité programmatique de la cité. Depuis peu, on entend parler ‘d’acupunture urbaine’ pour qualifier cette recherche de localisations ponctuées dans un tissu urbain existant afin de le dynamiser par de petits projets adaptés. Paris a-t-elle la possibilité d’accueillir de nouvelles crèches ?
41
42
Le Manque
Maquette - Localisation des 350 crèches parisiennes (S) réalisée par l’auteur.
RĂŠinventer les possibilitĂŠs de la ville
43
44
45
1.2. Paris, un territoire en manque d’espaces 1.2.1. Qu’est-ce que Paris aujourd’hui ? > Description Tout le monde connait Paris, même sans y avoir mis les pieds, les images diffusées par nos différents médias offrent régulièrement un vaste panel d’horizons sur cette ‘ville Lumière’. C’est pourquoi, simplement une rapide analyse pointant les éléments utiles à la réflexion du PFE sera présentée. Une ville, une capitale, une métropole, Paris est notre espace d’expérimentation. Ce territoire est souvent un doux rêve pour de nombreuses personnes, perçu comme LA ville où il faut être, ce phénomène illustre l’importance de l’attractivité parisienne. Le cabinet PriceWaterhouseCoopers (PWC) réalise une étude annuelle ‘Cities of Opportunity’ qui se finalise par un classement des villes mondiales les plus attractives. En 2012, sur 27 grandes agglomérations, Paris se place en 4ème position derrière New York, Londres et Toronto 16. Trois éléments clés expliquent ce bon résultat : - Les transports en commun - Paris se distingue pour sa qualité de vie notamment grâce à son réseau largement étendu et diversifié. Ce foisonnement de l’offre des transports ajouté à sa localisation stratégique aux portes du continent la propulse comme étant la ville européenne la plus accessible et le carre16. Article Web Libération - Paris, quatrième ville la plus attractive au monde - publié le 11.10.2012 - www. liberation.fr.
46
Le Manque
Paris - ville Lumière : ville rêvée - (s) Photographie Thierry Beauvir - www.fotocommunity.fr - 2008.
Réinventer les possibilités de la ville
four qui attire les touristes du monde entier. - L’activité économique : Paris est une puissance économique puisqu’elle occupe le 2ème rang mondial derrière Pékin. Notre capitale emploie en volume plus de personnes en finance et services intellectuels aux entreprises que Londres ou New York. Par ailleurs, elle bénéficie de nombreux projets d’investissements directs en provenance de l’étranger. - Le système éducatif : Avec ses 300 000 étudiants, toutes filières confondues, Paris s’érige au 3ème rang mondial en terme de capital intellectuel et d’innovation grâce à la force de son système éducatif global. De plus, elle constitue le premier pôle français d’enseignement supérieur et de recherche. En faisant partie du top 5 des capitales mondiales, Paris confirme le puissant pouvoir de l’image qu’elle véhicule aujourd’hui. Cependant cette attractivité induit inévitablement une forte croissance démographique, on compte plus de 10 millions d’habitants sur la métropole parisienne. On se pose alors la question des limites de la ville, où s’arrête l’emprise expérimentale pour ce PFE ? La délimitation de notre parisienne s’avère plutôt difficile voir à redéfinir complètement, aujourd’hui de nombreux acteurs de la ville font le pari d’essayer de réunir la banlieue à son coeur. Pour notre étude, on se contente de rester sur la définition administrative de la cité, c’est-à-dire le Paris intra-muros avec ses quelques 2 millions d’habitants. > Haute densité Explorer la densité parisienne pour savoir à quelle typologie de tissu urbain nous avons à faire, « car si la ville est un paysage, c’est un paysage habité » 17. Qu’est-ce que la densité ? C’est une mesure couramment utilisée pour définir un territoire urbanisé en nombre d’habitants à l’hectare ou au kilomètre carré. Cependant, il faut être vigilant sur ces chiffres car dénués de contexte ils peuvent s’avérer trompeurs. La densité 17. Ouvrage Philippe Panerai - Paris Métropole : formes et échelles du Grand-Paris - éd. de la Villette - 2008 page 19.
47
48
Le Manque
PARIS 105 k
2 257
COMPARAISON : même superficie 2 257 981 hab.
509 861 hab. PARIS
COPENHAGUE
Rome 2 761 477 hab
PARIS 105 km2
PARIS PARIS 105 kms2105 kms2
COPE 88 km
COPENHAGUE superficie 88 km
509 8
2 257 9812habitants 257 981 habitants 2
1 285 kms2
2 kms
COMPARAISON : même nombre d’habitants 2 257 981 hab.
2 761 477 hab.
COMPARAISON PARIS et COPENHAGUE à superficie égale COPENHAGUE COPENHAGUE échelle 2 Kms 88 kms2 88 kms2
PARIS
ROME
PARIS 105 km2 COMPARAISON COMPARAISON PARIS et COPENHAGUE PARIS et COPENHAGUE à superficie égale à superficie égale échelle 2 Kms échelle 2 Kms
509 861 habitants 509 861 habitants
Rome 2 761 477 h Rome 2 761 471 superficie
ROME 1 285 km2
Paris 2 257 981 hab superficie 105 kms2
10 kms
Comparatif de la densité parisienne - (S) Réalisé par l’auteur.
superfic
Réinventer les possibilités de la ville
prend toute sa dimension lorsqu’on la rapporte à la nature et à l’étendue des espaces auxquels elle s’applique. De ce fait, Paris montre de larges variations suivant le cadrage choisi pour le calcul de sa densité : Île-de-France 971 hab. / km2 Agglomération parisienne 3 600 hab. / km2 Paris (avec les bois) 20 980 hab. / km2 Paris (quartiers centraux) 42 300 hab. / km2
<<
Notre capitale est l’une des plus denses d’Europe avec un Paris-centre qui accueille un peu plus de 2 millions de personnes. Afin de mieux comprendre cette haute densité, on réalise une brève comparaison avec d’autres aires urbaines européennes au niveau de sa superficie puis de sa démographie. En l’illustrant sur ces deux points, on décrypte ainsi simplement la typologie de son tissu urbain : Paris a une forte concentration de population sur un territoire très restreint. Une expérience confirme la petitesse de sa taille urbaine, on peut traverser la ville à pieds en moins de 2 heures ! En ce qui concerne sa morphologie, la grande majorité du bâti sont des immeubles collectifs qui s’élèvent sur une moyenne de 6 à 7 étages. En dehors de l’emprise spatiale de ces constructions, quasiment aucun espace privé n’occupe le sol parisien, on retrouve seulement l’espace public (voiries, places, parcs ... etc) et du semicollectif représenté par les cours d’immeubles. L’objectif est de se rendre compte de la densité de l’existant déjà bâti, afin de comprendre la faible marge de manoeuvre possible sur ce territoire complexe. Ceci renforce l’idée, évoquée en amont, de travailler les crèches à petite échelle sur la ville existante. Avant on bâtissait les villes pour se défendre contre un possible ennemi extérieur en utilisant les fortifications militaires, plus les constructions étaient imposantes et infranchissables et plus la ville affichait son pouvoir. À l’opposé d’une cité défensive et fermée, la ville d’aujourd’hui est pensée pour être attractive et ouverte vers l’extérieur. Pour être captivante, elle se munit
49
50
Le Manque
des différents médias afin de vanter ses atouts urbains, plus sa communication est foisonnante et attrayante et plus la ville diffuse sa force par rapport aux autres. Conséquence directe de cette stratégie d’attractivité urbaine, nos villes contemporaines deviennent de plus en plus denses et concentrées. Paris dispose actuellement de très peu de réserves foncières, le prix démesuré du mètre carré parisien évoque aussi cette rareté des espaces libres. Le constat pour l’exercice du PFE est que notre capitale intramuros manque cruellement d’espaces au sol pour s’agrandir. On se pose alors la question : Comment Paris en est-elle arrivée à cette pénurie ?
Réinventer les possibilités de la ville
1.2.2. Les facteurs du manque Le manque d’espaces citadins disponibles n’est pas une situation nouvelle bien au contraire, seulement depuis peu une prise de conscience est apparue et a changé la donne en bouleversant les habitudes d’accroissement de nos villes. > L’étalement urbain Paris, comme toutes autres villes, est une matière en perpétuelle mutation qui se confronte sans cesse à l’arrivée croissante des générations successives, de plus en plus de nouveaux habitants en demande de logements et d’équipements sur un même territoire. Nos espaces urbains ont toujours connu ce phénomène de manque, avant quant il n’y avait plus de place à un endroit on allait un peu plus loin en extérieur pour s’agrandir. La ‘magie’ des moyens de communication qui réduit considérablement les distances géographiques a longtemps conforté ce choix d’urbanisation. L’étalement urbain était la solution lorsqu’un territoire n’offrait plus de terrains vierges pour accueillir ces nouveaux arrivants :
Principe de l’étalement urbain - (s) réalisé par l’auteur.
Il désigne le phénomène de développement des surfaces urbanisées en périphérie des grandes villes. La particularité de cet étalement est la densité du bâti qui est d’autant plus faible lorsque l’on s’éloigne du coeur des villes, cela est dû au caractère pavillionnaire de cette urbanisation. Mais aujourd’hui, les politiques urbaines prennent conscience de l’important impact négatif de cette consommation massive et rapide de notre territoire. C’est pour cela que lutter contre l’étalement urbain est
51
52
Le Manque
30 km
Emprise spatiale URBANISÉE - (S) Réalisé par l’auteur.
Réinventer les possibilités de la ville
un des objectifs de la loi du 3 août 2009 relative au Grenelle de l’environnement, autrement dit on tente actuellement de conserver les espaces naturels et agricoles en périphérie des villes en favorisant la démarche de densification urbaine. Conséquence de cette décision, aujourd’hui on perçoit fortement en ville ce manque d’espaces libres au sol pour créer de nouvelles extensions, avant ce même manque existait mais on le résorbait facilement par l’étalement urbain. > Les autres raisons Pourquoi est-il aussi difficile de trouver un espace disponible dans Paris ? Cette situation de pénurie s’explique notamment par d’autres éléments liés à son histoire et à l’évolution des besoins de sa population.
<<
Tout d’abord, la morphologie de notre capitale reflète son histoire et justifie sa très haute densité, comme constaté dans la partie précèdente. Paris est sur un territoire étriqué qui déborde, ce large décalage est visible lorsque l’on compare la limite administrative de la ville et l’emprise spatiale de son urbanisation. Philippe Panerai, architecte-urbaniste et chercheur, décrit très justement cette situation. « Au cours du dernier siècle, Paris a dépassé ses limites pour former une agglomération où se rassemblent des territoires divers coupés par des infrastructures de transports et des forêts, où les parties habitées coexistent avec des zones agricoles, des pôles d’emplois, des secteurs naturels, des plate-formes logistiques. Le centre ancien, la Ville de Paris, ne représente plus que 5 % du territoire urbanisé et doit composer avec d’autres centralités. (...) L’ensemble dessine une vaste nébuleuse, organisée selon la figure de la constellation, caractérisée par une augmentation exponentielle des dimensions, des distances et des temps de parcours. » 18. La création de notre capitale a suivi un cycle répétitif pour se construire, la ville s’est élargie par anneaux successifs pour donner la structure actuelle d’un plan radioconcentrique, c’est-à-dire où les voies 18. Ouvrage Philippe Panerai - Paris Métropole : formes et échelles du Grand-Paris - éd. de la Villette - 2008 page 11.
53
54
Le Manque
5 4 3
2
6 1
1. Rempart Philippe Auguste (1190 - 1209) 2. Rempart Charles V (1371 - 1380) 3. Extension Louis XIII (1610 - 1643) 4. Mur des fermiers généraux (1785 - 1792) 5. Fortifications de Thiers (1840 - 1920) 6. Limite actuelle (depuis 1940) Limite réellement perçue : périphérique (1973)
Évolution de l’emprise spatiale ADMINISTRATIVE - (S) Réalisé par l’auteur.
Réinventer les possibilités de la ville
rayonnent en étoile à partir d’un centre et sont reliées entre elles par des artères circulaires. Le moteur de cette croissance a toujours été le même : être une capitale. « Avec quelques siècles de recul, les choses paraissent si simples, (...) la ville s’accroît régulièrement, incorpore ses faubourgs, construit une nouvelle enceinte, marque une pause et recommence. » 19
<<
Mais depuis plus de 70 ans, la problématique de Paris a stoppé l’évolution de sa forme urbaine laissant ainsi s’échapper la progression croissante de son urbanisation. La conséquence de cet arrêt des processus d’extension de la ville est l’écart qui s’est formé entre Paris et sa banlieue. Le périphérique est l’infrastructure qui sépare physiquement le coeur du reste de son agglomération, cette sensation de frontière amène des inégalités qui persistent car avec le temps elles s’amplifient lorsqu’il n’y a aucune démarche d’unification et d’identité commune. De ce fait beaucoup de personnes ne veulent pas s’installer hors du Paris intra-muros, cette mentalité accentue la demande d’espaces pour vivre et donc consomme les faibles ressources foncières. Le changement sociologique est un autre facteur de ce manque. Avec l’attractivité accrue vers notre capitale, il y a de plus en plus de citadins mais en même temps Paris est le département français qui compte le plus faible nombre moyen d’habitants par ménage (1,88) 20. Ceci s’explique notamment par l’augmentation des célibataires en une dizaine année, aujourd’hui 1 parisien sur 2 vit seul 21. On a donc besoin de plus en plus d’espaces qu’avant, jadis la majorité des appartements en ville abritaient toute une famille et leurs domestiques, aujourd’hui un logement est occupé par une seule personne. La volonté des citadins d’accèder à un meilleur confort de vie les poussent également à vouloir de plus en plus de surface pour vivre, les offres immobilières d’appartements se font rares et les demandes explosent. Paris n’étant plus adaptée aux nouveaux 19. Ouvrage Philippe Panerai - Paris Métropole : formes et échelles du Grand-Paris - éd. de la Villette - 2008 page 47. 20. Article Web Ville de Paris - Plus de 2 millions de parisiens - 30.06.2010 - www.paris.fr. 21. Article Web Le Figaro - De plus en plus de célibataires parmi les 18-34 ans - 28.08.2009 - www.lefigaro.fr.
55
56
Le Manque
modes de vie des citadins, la pénurie ressentie est plus importante.
CONSOMMATION des disponibilités existantes
L’ouverture récente de la réflexion sur le devenir du Grand Paris a fait bouger les choses, elle tend à améliorer l’identité de l’agglomération en l’adaptant à nos nouveaux modes de vie et en l’élevant à l’image d’une métropole internationale qu’elle représente. Suivant cette démarche, l’objectif du PFE est de questionner Paris dans sa globalité autour d’une programmation de petits équipements de crèches. Gommer le manque d’espaces au sol en utilisant les opportunités offertes par le tissu urbain déjà existant afin de créer de nouvelles possibilités d’extension de nos villes. Cet exercice vise à expérimenter un nouveau regard sur la densification urbaine en proposant une adaptation.
Réinventer les possibilités de la ville
1.2.3. Repenser la ville Il est quasiment impossible de trouver une parcelle vide dans Paris, ou alors financièrement inabordable lorsqu’on a enfin déniché cette pépite. Mais ce constat est à relativiser car c’est bien le manque d’espaces au sol qui fait défaut à notre capitale et non pas les alternatives d’expansion de la ville. C’està-dire qu’il est possible d’utiliser d’autres moyens pour palier à cette pénurie et les acteurs de la ville nous le prouvent en privilégiant la densification urbaine dans leur politique de développement. > Densification urbaine À l’époque actuelle du développement durable, la notion de ville qui s’étend n’a plus bonne réputation et c’est pourquoi l’étalement urbain est entièrement requestionné. La densification urbaine, comme solution, est un concept qui consiste à faire vivre davantage de population sur un même territoire. Cette réponse implique d’inventer de nouvelles manières de construire sur notre ville, de la compacter, de l’épaissir, de l’agrandir :
Principe de la densification urbaine - (s) réalisé par l’auteur.
« Densifier c’est aussi conforter les centres existants et remodeler les territoires, rapprocher les habitants des transports et des services pour faciliter leur vie quotidienne, développer les qualités urbaines de l’agglomération et confimer Paris dans son rôle de capitale à l’échelle de la mondialisation. » 22 22. Ouvrage Philippe Panerai - Paris Métropole : formes et échelles du Grand-Paris - éd. de la Villette - 2008 page 20.
57
58
Le Manque
Ville futuriste - (s) image extraite du film Total recall : mémoires programmées - réalisé par Lens Wiseman - 2012.
> Ville du futur ? Les villes utopistes proposées par les histoires de science-fiction sont intéressantes car elles illustrent souvent un territoire dense et compact. Cette vision, volontairement sombre et parfois inhumaine de l’avenir, évoque d’une façon extrême la densification urbaine puisqu’on retrouve une ville nouvelle construite sur l’ancienne qui paraît obsolète. L’une étant au-dessus de l’autre sans utiliser le tissu existant, les deux entités se détachent distinctement. À l’opposé de ce scénario, l’objectif actuel est de densifier nos villes en se servant de l’espace déjà bâti afin de composer une identité et une unité urbaine commune.
Réinventer les possibilités de la ville
59
Architecture of density # 39 - (s) photographie prise par Michael Wolf - Hong Kong - 2003.
> Ville entassée ? La ville compacte ne rime pas forcément avec un remplissage abusif du territoire. Le travail de Michael Wolf montre une réalité démesurée de certaines villes asiatiques, notamment accuentuée grâce aux cadrages choisis qui effacent les repères du sol et du ciel. Le PFE ne vise pas à combler la ville d’une strate homogène, mais d’ajuster l’extension à chaque spécificité des typologies urbaines, des quartiers, des îlots, des parcelles ou des bâtis rencontrés. Tout l’enjeu de la densification urbaine est certes de rendre la ville compacte mais en utilisant le potentiel de l’existant avec parcimonie.
60
Le Manque
> Agir sur la ville La récente consultation internationale du Grand Paris a apporté de la fraîcheur et de l’optimiste à cette vieille dame quelque peu ancrée dans ses traditions conservatrices. Cette réflexion a fait émerger les grands objectifs stratégiques pour l’avenir de notre capitale, dont un qui se révéle être essentiel à la problématique générale : comment développer au sein même de la métropole l’idée d’une ville compacte ? Autrement dit se servir de la notion de compacité afin d’être plus économe des terrains que la ville va utiliser ou réutiliser pour se développer durablement. Les équipes d’architectes ont proposé quatre principes pour construire le futur Grand Paris en l’orientant vers un territoire plus compact : 1 - Utiliser le foncier disponible. 2 - Lier densité, intensité et diffus. 3 - Favoriser la mixité et la proximité. 4 - Inventer de nouvelles typologies. 23 Ces pistes de travail induisent l’utilisation de l’urbanisation existante, aujourd’hui il faut se tourner vers la construction de la ville sur la ville. L’architecte et urbaniste, Élisabeth Pélegrin-Genel, explique la définition de cette vision innovante : « Je n’ai pas réussi à dater précisément cette merveilleuse expression, très poétique, ‘refaire la ville sur la ville’. (...) En tout cas, elle hante, depuis 2000, tous les colloques d’urbanisme. Que signifie-t-elle aujourd’hui ? Elle témoigne d’un nouveau regard sur la cité et son patrimoine, et reconsidère justement ses friches et interstices, avec une plus grande liberté. Il ne s’agit pas de conserver en l’état ou de réhabiliter à grands frais des édifices quelconques, mais plutôt de s’appuyer sur un contexte et une histoire, d’être attentif à la localisation. L’antithèse du syndrome de la table rase ou de la page blanche, le contraire de la fascination romantique pour les ruines. Faire la ville sur la ville, c’est essayer de rester dans les limites, se laisser guider par le déjà-là, ouvrir des possibles, réfléchir à des usages autres. » 24 23. Vidéo Le Moniteur - Grand Paris : Bertrand Lemoine propose de construire la ville sur la ville - 19.12.2011 www.lemoniteur.fr. 24. Ouvrage Élisabeth Pélegrin-Genel - Une autre ville sinon rien - éd. La découverte - 2012 - page 103.
Réinventer les possibilités de la ville
La démarche de densification urbaine, en agissant sur la ville elle-même, ouvre le champ des possibilités. Cette manière de repenser Paris en explorant l’espace déjà bâti permet d’imaginer de nouvelles perspectives pour la fabrication de notre métropole. « La ville est épaisse, dense, creuse, formée de lieux qui s’ils ne sont pas toujours visibles n’en sont pas moins des lieux essentiels. » 25 Le potentiel parisien existe, il suffit de s’adapter en apportant des innovations, de nombreuses opportunités urbaines sont dissimulées un peu partout en attente de futurs projets déclencheurs des nouvelles possibilités sur la ville. Le PFE est à la recherche de ses espaces cachés et inexploités afin d’offrir de nouvelles crèches aux petits parisiens. On propose donc une extension urbaine non pas horizontale mais bien verticale, ce qui implique de changer quelque peu nos habitudes pour vivre la ville autrement.
25. Texte Françoise-Hélène Jourda, architecte - Densification de la ville française - www.jourda-architectes.com.
61
62
?
63
Problématique Comment implanter des nouvelles crèches dans un tissu urbain dense et saturé, tel que Paris ?
> Créer de nouveaux lieux de la petite enfance par la multiplication à petite échelle. > Avoir une proposition globale tant au niveau du programme que de l’implantation. > Regarder sur la ville pour trouver les opportunités d’espaces inexploités. > Expérimenter une adaptation de densification urbaine.
64
2.
Le Vide urbain
Espace dâ&#x20AC;&#x2122;implantation des crèches
66
67
68
VIDE : n. m. Absence de matière dans une zone spatiale.
69
2.1. Le vide, une nouvelle ressource de possibilités 2.1.1. Description du vide urbain > Positionnement urbain du projet Ce PFE propose une multiplication des crèches sur la ville, pour arriver à ce schéma d’implantation global il faut chercher des lieux inexploités et qui ont la particularité d’être parsemés un peu partout dans Paris. L’objectif de ce positionnement urbain est de stimuler l’installation rapide de nouveaux équipements de la petite enfance en offrant un foisonnement de choix abondant en opportunités. « Partir à la recherche d’espaces obéissant à d’autres logiques, d’initiatives à contre-courant, de traquer des innovations spatiales, non pour leur ‘belle architecture’ mais pour les changements sociaux et les nouveaux modes de vie qu’elles génèrent. » 26 Les vides urbains sont représentatifs de cette logique d’implantations qui ponctuent le territoire parisien, ainsi que n’importe quelle autre ville dans le monde, c’est en cela que cette alternative est intéressante. Pourquoi sont-ils omniprésents ? car le vide est une des 4 composantes qui structure chaque ville : 26. Ouvrage Élisabeth Pélegrin-Genel - Une autre ville sinon rien - éd. La Découverte -2012 - page 11.
70
Le Vide urbain
Décomposition morphologique de la ville - (s) réalisé par l’auteur.
Espace d’implantation des crèches
VIDE
réseau viaire, parcs ...
BÂTI
plein urbanisé
LIMITES
hiérarchie administrée : communes, arrondissements, PLU, parcelles
SOL
relief naturel
LA VILLE :
L’assemblage de ces quatre éléments forment le paysage urbain, l’identité de chaque ville est due à des variantes de ce quatuor.
71
72
Le Vide urbain
VIDES PRIVÉS espaces inexploités négatif du bâti > IMPLANTATION
INFRASTRUCTURE (transports) rails, autoroutes > espace PRIVÉ
Différentes typologies de vides urbains - (s) réalisé par l’auteur.
RUE réseau viaire > espace PUBLIC
Espace d’implantation des crèches
PLACE > espace PUBLIC
ÉLÉMENTS NATURELS paysage, relief la Seine > espace PUBLIC
PARC
FRICHE INDUSTRIELLE
végétalisation > espace PUBLIC
lieux abandonnés ruines > espace PRIVÉ
73
74
Le Vide urbain
P
L
TIE
N OTE
e
och
pr : ap
e
rsé
ve ren
Vides privés : négatif d’un îlot - (s) réalisé par l’auteur.
> Pourquoi ne pas choisir les autres vides ? Les friches industrielles se font rares avec le succès de leur reconversion à la mode durant ces dernières années. Les espaces ouverts naturels ou artificiellement végétalisés sont les respirations nécessaires à la qualité de vie des citadins, surtout depuis la démarche de densification urbaine. Il faut les sauvegarder libres de toute construction supplémentaire.
Espace d’implantation des crèches
> Lieux inexploités
<<
L’énumération précédente des typologies de vides présents dans la ville permet d’identifier le vide privé séléctionné comme étant le site d’expérimentation du PFE. Le choix porté sur les vides privés découle du fort potentiel de ces espaces résiduels, la matérialité de ces opportunités résulte de la forme du négatif des constructions existantes, on y découvre : - des dents creuses - des cours communes d’immeubles - des interstices - des jardins privés - des toitures - ... Ces différents décalages sont une importante ressource d’espaces en devenir, car actuellement très peu pris en compte. Par la suite dans ce rapport, on parlera de vides urbains pour évoquer uniquement les vides privés retenus pour le projet. > Territoire d’exception Guidé par le thème général du domaine d’études 2 ‘Territoire d’exception’, le projet présente de nouvelles possibilités pour notre mode de vie citadin, en utilisant des sites à première vue quelconques mais qui révèlent un potentiel insoupçonnable. L’exception peut se trouver là où l’on ne l’attend pas, justement dans les choses que l’on regarde peu, tellement elles sont devenues banales pour nous, trop modestes pour s’évader au pays du remarquable. « exception n. f. - en dehors de ce qui est commun. » 27 Il suffit de lever le nez au hasard d’une rue parisienne pour imaginer les opportunités qui se cachent derrière chaque vide urbain. « La ville se prête, avec grâce, à de multiples détournements éphémères ou permanents. » 28
27. Ouvrage Le petit Robert - dictionnaire. 28. Ouvrage Élisabeth Pélegrin-Genel - Une autre ville sinon rien - éd. La Découverte - 2012 - page 16.
75
76
Le Vide urbain
> Références : Utilisation de lieux improbables L’optimisation du moindre espace libre est une réelle culture au Japon, d’abord par nécessité car le territoire est minime par rapport au nombre conséquent d’habitants, mais aussi grâce à la capacité d’adaptation de la population face à ces situations urbaines assez incroyables pour les occidentaux que nous sommes.
Exemple 1 - (s) Pet architecture guide book : Living sphere vol. 2 Tokyo Institute of Technology Tsukamoto architectural Laboratory & Atelier Bow-wow - 2001.
Espace d’implantation des crèches
Ces deux exemples extrêmes nous prouvent qu’il est possible d’utiliser les vides urbains inexploités même s’ils s’avèrent être inhabituels.
Exemple 2 - (s) Pet architecture guide book : Living sphere vol. 2 Tokyo Institute of Technology Tsukamoto architectural Laboratory & Atelier Bow-wow - 2001.
77
78
Le Vide urbain
> Références : Construire sur la ville Installation conceptuelle pour un festival d’Art : cette construction comporte tout le nécessaire de base d’une habitation. La prouesse de sa finesse montre la possibilité d’intervenir dans les espaces vides formés par la ville, même lorsque ceux-ci sont de l’ordre du micro-foncier et semblent inutilisables.
Keret House, architecte Jakub Szczesny - Varsovie, Pologne - (s) www.kerethouse.com.
Espace d’implantation des crèches
Station thermale installée dans une ancienne brasserie : ce projet transforme un endroit habituellement inexploité, le toit, en un espace privilégié au-dessus de l’agitation citadine. L’utilisation du potentiel des vides urbains ont souvent la particularité de créer des lieux remarquables, notamment par leurs situations au-dessus de la rue, voir même de la ville.
SUR l’existant
Thermalbad, architecte Althammer Hochuli - Zurich, Suisse - (s) www.swiss-architects.com.
79
80
Le Vide urbain
> ‘Tétris’ sur la ville On propose une densification urbaine à la manière du célèbre jeu vidéo ‘Tétris’, c’est-à-dire qu’on intensifie en remplissant les vides tout en tenant compte de la forme de base qui est l’existant. Les nouveaux établissements de la petite enfance viennent ainsi s’intégrer dans la ville mais par le haut, c’est une autre façon d’utiliser la ville.
Principe d’implantation - (s) réalisé par l’auteur.
Cette réponse du PFE est une réflexion globale sur les délaissés urbains, une étude pour dynamiser le vide.
Espace d’implantation des crèches
2.1.2. Sélection urbaine > Méthode Pour expérimenter cette démarche de densification sur la ville, on étudie les vides réels répartis dans le tissu urbain parisien afin de déterminer les 3 sites retenus pour le PFE. Pourquoi en choisir 3 au lieu d’un seul ? Cette stratégie plurielle a pour but de faire découvrir et prendre la mesure de la généreuse multitude de ces espaces. Mais surtout, de convaincre de la faisabilité pour repenser ces vides et ainsi aménager la ville autrement. De plus, au cours de la recherche d’implantations on constate en s’attardant sur la forme générale des vides urbains que l’on retombe systématiquement sur 3 typologies caractéristiques :
la dent creuse
l’interstice
le toit plat
Chacune de ces morphologies représentera un de nos 3 sites de ce projet. Afin d’organiser la recherche des vides urbains dans Paris intra-muros, on découpe par un quadrillage l’ensemble de ce territoire pour ainsi former une grille aléatoire. L’idée étant de sélectionner une zone d’étude dans l’objectif de trouver nos 3 implantations finales (Cf. Découpage de Paris - page 82). Nous choisissons la zone n° 33 qui se localise aux alentours de la Bastille comme lieu de projet pour nos 3 vides urbains.
81
82
Le Vide urbain
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
Découpage de Paris en plusieurs zones d’étude - (s) réalisé par l’auteur.
Espace d’implantation des crèches
83
> Comparaison à l’échelle d’une zone de découpage avec deux autres sites connus en l’Ile-de-France :
Parc d’attraction Disneyland Paris
Marché international Rungis N E O
.
S
0
500 m Édition 2012
A
Agen ……………… Alsace……………… Ancienne Bergerie… Angers …………… Antilles …………… Aubrac …………… Auvergne ………… Avignon ……………
B
N IV O VI P VIII O V R VIII O VIII O VI N V
Rue…………… Rue de ……… Rue de la …… Quai de ……… Avenue de…… Rue de la …… Avenue de……
P IV O VII P VII P VI O V O VIII N VI
Cavaillon ………… Chambourcy ……… Charentes ………… Châteaurenard …… Chevilly-Larue……… Circulaire Est ……… Circulaire Nord …… Circulaire Ouest …… Circulaire Sud ……… Cité ………………… Claires ……………… Concarneau ……… Corderie …………… Corse ……………… Côte d’Azur ……… Côte d’Ivoire ……… Croissant……………
Rue de ……… Rue de ……… Avenue des … Rue de ……… Bd de L V - N Boulevard …… Boulevard …… Boulevard …… Boulevard …… Avenue de la Rue des ……… Rue de ……… Rue de la …… Rue de ……… Avenue de la Avenue de la Rue du ………
N IV M V O VII M V VIII N VI L IV P V P VIII N VII P VI P VI N VII P VII M IV O V P VIII
F
Flandre …………… Avenue de…… N VI Fontainebleau……… Avenue de…… O IX Four………………… Rue du ……… Q VII Franche-Comté …… Avenue de…… O VI
G
Gers ……………… Rue du ……… O IX Glacières ………… Rue des ……… R VIII Grenoble ………… Rue de ……… O VII Guynemer ………… Av. Georges … O II
Languedoc ………… Lille ………………… Limousin…………… Lindbergh (Charles) Long Boyau………… Lorient……………… Lorraine …………… Lyon………………… Lyonnais ……………
M
Maraîchers ………… Meuniers…………… Mondétour ………… Montauban………… Montesson ………… Montlhéry ………… Montpellier…………
Rue du ……… Rue de ……… Rue du ……… Rue…………… Rue du ……… Quai de ……… Avenue de…… Rue de ……… Avenue du……
N VIII N VI O VIII P III O VIII P VI M V N VI O IV
Avenue des … Rue des ……… Rue…………… Rue de ……… Rue de ……… Rue de ……… Rue de ………
N IV N VII P V N IV M IV M V N V
Normandie ………… Avenue de…… N VII
O
Orléanais ………… Avenue de l’ … M V
P
Pêcheurs…………… Pépinières ………… Perpignan ………… Planteurs…………… Poitou ……………… Pompe……………… Pont des Halles …… Prouvaires ………… Provence……………
Place des …… Avenue des … Rue de ……… Place des …… Rue du ……… Rue de la …… Rue du ……… Rue des ……… Rue de ………
O V M IV N V R VIII O VII N VIII P IV O VIII P VIII
Échelle d’une zone d’étude - (s) réalisé par l’auteur.
Baltard …………… Bordeaux ………… Bosse ……………… Boulogne…………… Bourgogne ………… Bresse ……………… Bretagne……………
C
Rue d’ ……… Cours ………… Rue de l’ …… Rue d’ ……… Rue des ……… Rue de l’ …… Avenue d’ …… Rue d’ ………
Caducée …………… Rue du ……… M VI Carpentras ………… Rue de ……… N VI
D-E
Déchargeurs ……… Rue des ……… O IX Delta ……………… Boulevard du… P III Europe……………… Avenue de l’ … R VIII
H-I
Halles ……………… Rond-point des N VI Hochard (Paul) …… Rue…………… N III Ile-de-France ……… Quai d’ ……… M IV
J
Jardiniers…………… Rue des ……… L IV Jour………………… Rue du ……… O VIII
L
La Rochelle ………… Rue de ……… Q VI
N
Nantes …………… Rue de ……… M IV Nice ……………… Rue de ……… N IV Nîmes ……………… Rue de ……… O VII
R
Relais ……………… Place du …… Q VII Rennes……………… Rue de ……… O VII République………… Avenue de la M VIII Réunion …………… Rue de la …… R VIII Roses ……………… Rond-Point des N III Rouen ……………… Rue de ……… O VII
S
Saint-Antoine ……… Saint-Hubert ……… Saint-Pol-de-Léon …… Salers ……………… Savoies …………… Séminaire ………… Strasbourg …………
Rue…………… Place ………… Rue de ……… Rue de ……… Avenue des … Rue du ……… Rue de ………
N VII O VIII N IV O VIII O VII N VII O VI
T
Thiais ……………… Rue de ……… N IX Toulouse…………… Rue de ……… O V Tour………………… Rue de la …… N VII Trois Marchés ……… Avenue des … N VI Tropiques ………… Rue des ……… S IX
V
Val-d’Yvette………… Rue de ……… M IV Val-de-Loire………… Quai du ……… N IV Vanne ……………… Rue de la …… P V Viaduc……………… Avenue du…… N V Villette……………… Avenue de la L IV
84
Le Vide urbain
Bastille
Gare de Lyon
> Zone d’étude n°33 Cette méthode est aussi une proposition aux lecteurs, finalement chacun d’entre-nous pourrait prendre n’importe quelle autre zone et s’amuser à faire ressortir toutes les opportunités juste en se baladant. Il n’y a pas d’entourloupe, à cette ‘pêche’ vous ne rentrerez jamais bredouille, alors levez les yeux !
Espace d’implantation des crèches
85
1,6 km
1,6 km
( 256 hectares )
Nous avons réalisé cet exercice sur notre zone d’étude pour démontrer la quantité et la diversité des possibilités. Notre étude recense uniquement sur les vides visibles depuis la rue, grâce à l’outil Google Map (vue aérienne satellite) et Google Street (photographies depuis chaque rue) on a pu identifier les 3 formes de vides recherchés : la dent creuse, le toit plat et l’interstice. Un inventaire répertorie chaque localisation de ces découvertes ainsi que les 3 sites retenus pour l’expérimentation du PFE (Cf. page 88-89).
Le Vide urbain
DENT CREUSE
86
TOIT PLAT
76 rue de Charonne - 75011 Paris
INTERSTICE
19 rue de Prague - 75012 Paris
17 rue Jules César - 75012 Paris
À la recherche des 3 morphologies de vides urbains sur la zone d’étude n°33 (s) photographies extraites de Google Map et Google Street.
Espace d’implantation des crèches
5 rue des Minimes - 75003 Paris
3 rue Rondelet - 75012 Paris
13 rue d’Aligre - 75012 Paris
87
88
Le Vide urbain
TOIT - rue Roquette
DENT CREUSE - rue Legraverend
Espace d’implantation des crèches
3 vides urbains retenus pour le PFE
Emprise foncière des équipements : Opéra Bastille - Hôpitaux - Gare de Lyon - écoles maternelles et élémentaires - collèges et lycées.
INTERSTICE - passage Rauch
Maquette Zone d’étude - Inventaire des 3 typologies de vides urbains (S) réalisée par l’auteur.
89
90
Le Vide urbain
Espace d’implantation des crèches
2.2. Des crèches sur la ville, une nouvelle alternative 2.2.1. Architecture et petite enfance Cette partie ne vise pas à détailler scrupuleusement le développement de l’enfant au cours des premières années de sa vie, car c’est un sujet très vaste et passionnant mais il relève plus du domaine spécialisé des professionnels de la petite enfance. Dans le cadre de ce PFE, on choisit d’aborder les grandes notions générales de ce thème, précisément celles qui parlent de la notion d’espace pour l’éveil du tout-petit. Il est important de les comprendre afin d’adapter la conception architecturale de la crèche aux besoins de ces utilisateurs. > Structuration de l’espace chez l’enfant Pour le tout-petit, la conquête du concept ‘espace’ est lente et progressive. L’espace qui nous entoure, que nous vivons et percevons, nous le construisons. Cette construction se fait du concret vers l’abstrait, du physique au mental et s’enracine dans le domaine perceptif pour se poursuivre sur le plan représentatif. L’enfant se structure peu à peu, d’où ce concept de la naissance jusqu’à l’âge adulte grâce au développement de sa personnalité. L’espace est construit par l’être perceptif, se mouvant, se déplaçant, de sorte qu’il existe des espaces variant selon les âges, les états et les intentions de l’être. Au cours des premières années, c’est par les explorations progressives
91
92
Le Vide urbain
de l’environnement que l’enfant développe la précision, la finesse de perception, l’aptitude à représenter et à se représenter l’espace. L’apprentissage de la perception spatiale chez l’enfant évolue suivant trois stades successifs qui se complètent :
espace VÉCU espace PERÇU espace CONÇU
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 ans
la crèche
Espace VÉCU : ce stade est vécu par le corps en se mouvant, se déplaçant; cet espace actif et parcouru s’organise aussi par des expériences et repérages personnels, par des activités ludiques de construction, de transformation, par un contact ‘biologique’ avec les choses.
Espace PERÇU : ce stade est perçu par les sens; cet espace vu, senti est perceptible sans être éprouvé par le mouvement et la locomotion; l’enfant a pris comme du recul puisqu’il est capable d’appréhender l’espace, qu’il soit réel ou représenté, par le seul contact sensoriel. L’espace perçu s’ouvre à la géographie.
Espace CONÇU : ce stade est conçu par l’esprit en dehors de tout recours au corps et aux sens, cet espace abstrait se conçoit mathématiquement dans la géométrie. Évolution de la perception de l’espace - (s) réalisé par l’auteur.
Espace d’implantation des crèches
Lors de son passage à la crèche le tout-petit se situe principalement au premier stade de l’espace vécu. Il a encore quelque peine à se situer et à situer les choses dans l’espace, de même qu’il éprouve de la difficulté à distinguer la droite et la gauche. Avant 2 ans, le tout-petit découvre progressivement son environnement grâce aux expériences, son outil de perception est son corps. 29 On retient qu’à ce jeune âge, l’enfant explore l’espace afin d’en percevoir les dimensions, la forme, les limites, la disposition des lieux, les obstacles ... et ceci dans le but de pouvoir l’utiliser selon ses besoins. > Relations entre l’enfant et l’espace L’enfant a donc un rapport tout particulier avec l’environnement qui l’entoure, pour lui l’espace est un langage. Ce dialogue est le meilleur moyen de communication du tout-petit qui ne possède pas encore la maîtrise de son corps et de la parole. Grâce à cette relation à l’espace, l’enfant trouve sa manière de s’exprimer et surtout de se découvrir pour grandir. Cette intéraction se caractérise en 4 qualités essentielles : - Sensorielle : C’est avec tous ses sens que l’enfant appréhende le monde : il touche, il sent, il voit, il entend puis il parle. C’est sa façon de découvrir son environnement pour le mémoriser. - Psychomotrice : Ça bouge ! et c’est parce qu’un enfant monte et descend, qu’il court et qu’il saute, lève les bras ou encore s’assied, qu’il forme sa personnalité et que son psychisme se développe. C’est ainsi qu’il apprendra à évaluer une distance ou une hauteur, à franchir un obstacle, à reconnaître un danger. Grâce à cela, il acquiert la maîtrise de son corps et de l’espace, de ce fait, l’environnement est important car il est par excellence la dimension du mouvement. Pour cette qualité, le jeu est ‘moteur’, c’est le corps de l’enfant qui se plie à l’espace. - Symbolique : C’est le domaine de l’imaginaire : imitation, puis appropriation du monde par la représentation symbolique pour enfin arriver à l’abstraction et à la production de 29. Ouvrage Janine Lévy - L’éveil au monde : les trois premières années de la vie - éd. du Seuil - 1980.
93
94
Le Vide urbain
concepts. Par exemple, les objets d’une dînette miniature servent à déduire que ce sont les accessoires réels dont on se sert pour manger. Dans cette qualité, le jeu est ‘symbolique’, l’enfant plie l’espace à ses désirs et en fait un outil pour son jeu. - Relationnelle : L’espace permet toutes sortes de relations avec les autres : se cacher ou être vu, être ensemble ou être séparé; c’est le dialogue et l’intéractivité des enfants entre eux, la relation aux adultes. Un lieu d’accueil permet l’apprentissage de la collectivité, la socialisation, mais aussi des relations individualisées avec les adultes ou les autres enfants. Le jeu de l’enfant devient donc aussi un jeu ou une activité avec l’adulte. 30 Afin de favoriser cette intéraction entre l’espace et le toutpetit, la conception architecturale d’une crèche doit prendre en compte le bénéfice de ses qualités sensorielles, psychomotrices, symboliques et relationnelles. > Crèche : un lieu à deux échelles Cet équipement de la petite enfance à la particularité d’accueillir deux dimensions de perception dans un même espace. C’est la rencontre de ‘l’échelle’, celle du grand par rapport au petit, celle de l’un et de l’autre par rapport à leur environnement. L’échelle de l’enfant par rapport à l’espace est multiple ou encore mobile si l’on considère que sa taille évolue perpétuellement pour atteindre celle d’un adulte. Les dimensions et les proportions du petit enfant sont différentes. Son comportement diffère également ainsi que ses repères, ses références, sa manière de voir et de conceptualiser l’espace et son environnement. L’échelle du tout-petit est mobile dans le temps, à l’opposé de celle de l’adulte qui est bien plus fixe. Ce dernier a atteint sa taille définitive, sa relation à l’espace s’est stabilisée et conceptualisée, ce n’est que bien plus tard en vieillissant que cette échelle à nouveau changera et se restreindra. On se pose alors la question suivante : À quelle échelle doit-on adapter un lieu de la petite enfance ? 30. Revue Techniques et Architecture n°473 - La petite enfance - août/septembre 2004 - page 26.
Espace d’implantation des crèches
> Un espace adapté à l’échelle du petit L’enfant ne peut percevoir qu’un espace à ses propres dimensions. Celui-ci sera avant tout autre, son corps, puis il s’étendra au monde extérieur, monde que l’enfant vit, transforme et reconstruit à son échelle. Le tout-petit tend donc à limiter l’espace pour le ramener à des dimensions qui lui sont adaptées et accessibles. Le goût des enfants à construire des cabanes, à jouer sous les tables ou dans les recoins est révélateur de cette tendance. Pour résumer, c’est un monde fait pour l’enfant, un cadre à sa taille, du matériel bien conçu, un personnel disponible : c’est en cela que la crèche est un milieu privilégié. Lorsque l’environnement de la crèche est à l’échelle de l’enfant, celui-ci peut découvrir plus facilement et librement l’espace qui l’entoure. En essayant, il constate que c’est à sa hauteur et peut appréhender tout seul l’espace ou partager avec les autres petits. L’enfant fait des choix, des tentatives, il prend des initiatives et aussi des risques mais tout cela en toute sécurité du fait de l’adaptation de l’espace à son échelle. C’est sa façon de grandir et d’acquérir de l’autonomie :
espace adapté à l’enfant : AUTONOMIE
espace adapté à l’adulte : ACCOMPAGNEMENT
95
96
Le Vide urbain
L’association Navir, dirigé par l’architecte Didier Heinz, étudie depuis plus d’une vingtaine d’années les effets de l’architecture et de l’espace bâti sur le développement du jeune enfant : « Un petit enfant n’a pas les mêmes repères que nous. L’enfant essaiera d’utiliser tous les accidents architecturaux selon son envie du moment, son imaginaire. S’il peut se faufiler sous l’escalier il s’en fera une cabane un jour, même si une autre fois ce cocon lui parait effrayant. Parfois, il ressentira très vigoureusement tout ce qui lui donne l’impression d’être clos. La présence de grilles, de barrières peut-être source d’angoisse mais aussi de sécurité. (...) Face à ces comportements ambivalents, la loi de l’alternance, ponctuée de formes qui suscitent imagination et fantaisie, apporte des solutions médianes qui comblent l’attente des petits : action et relaxation, risque et sécurité, socialisation et individualité. L’enfant aime disposer d’espaces à modifier lui-même pour marquer de son empreinte, et établir ainsi ses propres repères tout en développant sa créativité et sa capacité à agir sur son environnement. Déménager, démolir, construire, autant d’activités qui lui permettent d’organiser un univers à son échelle. Le jeu n’est plus traité simplement comme une catégorie isolée d’activités, mais s’inscrit dans la composition même de l’espace. » 31 Pour le tout-petit, pouvoir agir librement, avoir un libre accès à tout, c’est aussi créer un espace qui lui en donne l’opportunité. > Apprentissage du risque Aujourd’hui lorsque l’on aborde l’idée de conception d’une crèche on ne parle plus directement d’espace, mais de normes ou autres réglementations concernant la sécurité. Il y a là peutêtre une mentalité à faire évoluer : « Les nouvelles crèches et écoles maternelles germaniques laissent souvent les professionnels français envieux ou perplexes. Pas de dispositif anti-pince-doigts sur les portes, mais des marches, des galeries, des recoins... Les enfants d’outre-Rhin sont-ils si différents ? Non, mais pédagogues, parents et services administratifs ne voient là-bas aucune raison de surprotéger des enfants qui doivent évoluer ailleurs 31. Revue Techniques et Architecture - Dossier Petite enfance : du projet éducatif à l’architecture - septembre 1994 - page 37.
Espace d’implantation des crèches
dans un environnement ‘normal’. Le contraste est encore plus fort à l’extérieur : arbres fruitiers, écorces sous des structures en bois brut, troncs d’arbres et rochers servant de bancs ou de support d’escalade. (...) Quand le risque est clairement identifiable, les enfants savent adapter leur comportement ! » 32 > Imagination débordante
Tall painting - (s) Oeuvre d’Holton Rower, artiste peintre new-yorkais - 2010.
Dès son plus jeune âge, l’enfant fait preuve d’une curiosité dévorante pour son environnement physique immédiat : il touche, sent, observe, manipule et ... imagine. Sans le développement de son imaginaire, le tout-petit ne pourrait pas s’approprier la notion du réel. Selon Gianni Rodari, poète italien et écrivain pour enfants : « L’imagination, n’est pas une évasion, une fuite, un refuge hors du réel, mais un regard différent sur le réel. » C’est bien grâce à son imagination qu’il sera capable d’inventer ses jeux, de construire ses repères, d’apprivoiser la totalité du monde qui l’entoure. « Pour l’enfant, jouer c’est vivre. » Françoise Dolto Le jeu est un excellent stimulant de l’imaginaire car il fournit à l’enfant autant d’occasions de faire travailler son cerveau, de 32. Revue Écologik n°22 - L’enfant dans la ville - édito rédigé par Dominique Gauzin-Müller - 2011.
97
98
Le Vide urbain
tester ses représentations auprès des adultes et de faire dialoguer ‘monde sensible et monde imaginaire’. Au fil des journées l’enfant alterne perpétuellement entre réel et imaginaire, c’est bien de cette façon qu’il va grandir. Le prolongement des premières activités créatives va nourrir l’imaginaire de l’adolescent et de l’adulte, participer à la construction de soi : tout commence donc avec les berceuses, les contes et les histoires merveilleuses ... Tout doit être mis en oeuvre pour permettre à l’enfant de s’exprimer et d’exercer sa capacité à imaginer des aménagements, de ce fait l’espace architectural d’une crèche, par petites touches justement dosées, doit stimuler le petit pour l’inviter à créer son univers imaginaire. « L’imaginaire enfantin, libre et puissant, n’a pas absolument besoin de décors explicites pour se développer. » 33 Pour conclure sur les enjeux du PFE, un programme de crèche permet la rencontre entre l’échelle des petits et l’échelle des adultes, la qualité de l’espace architectural vise à accompagner le jeune enfant dans cette période essentielle où il construit son identité et les relations avec les autres tout en découvrant le monde qui l’entoure.
33. Propos Agence de paysagistes BASE - Projet : Aire de jeux du Parc de Belleville - Paris - www.baseland.fr.
Espace d’implantation des crèches
2.2.2. Un programme en adéquation avec le vide urbain Le programme architectural d’une crèche a la particularité de se plier parfaitement à la configuration atypique des vides urbains. La proposition de densification urbaine par le haut place le projet dans une position au-dessus de la ville, et c’est cette situation stratégique qui offre de multiples avantages aux futurs lieux de la petite enfance. > Les atouts - Une localisation privilégiée : Située en hauteur, la crèche se retrouve décalée du rythme de la rue, elle est en contact indirect avec son mouvement perpétuel qui est effréné. Cela est propice à créer pour les tout-petits un lieu à leur cadence, celle de l’observation d’un nouvel univers, la ville.
CONTEMPLATION ACTION
Être au-dessus de l’urbanisation existante apporte également plus de luminosité à l’intérieur de la crèche, ce qui est un véritable avantage pour un espace d’accueil de la petite enfance car l’apport de lumière naturelle est un réel besoin. Actuellement les crèches sont trop souvent dirigées vers le rez-dechaussée, qui est l’espace le plus sombre de nos villes.
LUMINEUX OMBRAGÉ
99
100
Le Vide urbain
- La place de l’enfant dans la ville : L’expression exacte serait plutôt la place de l’enfant sur la ville, avec cette démarche de projet on offre aux tout-petits la possibilité d’avoir un regard sur Paris. Aujourd’hui les réalisations pour la petite enfance privilégient la création d’un filtre protecteur de façade entre la rue et la crèche, cela renferme l’équipement sur lui-même et tend à créer une rupture entre la ville et l’enfant. Contrairement à cette idée, le projet s’implante en hauteur par rapport à la rue créant ainsi naturellement une frontière entre les passants et les tout-petits, tout en gardant la notion de protection du lieu qui devient alors ouvert sur la ville sans appréhension.
CRÈCHE
CRÈCHE
Lieu FERMÉ à la ville
Lieu OUVERT sur la ville
- Flexibilité programmatique : Le fonctionnement interne d’une structure standard est divisé en petites unités indépendantes. Celles-ci peuvent donc être dissociées les unes des autres pour s’adapter aux sites de petites tailles et parfois biscornus. Notre programme de crèches est parfaitement en adéquation pour les lieux exigus que nous offre les opportunités urbaines.
ADAPTATION aux vides urbains
Espace d’implantation des crèches
- Un jardin en ville : Être au-dessus d’un bâtiment existant permet de proposer un jardin sur le toit de la crèche, cela offre la possibilité aux enfants d’avoir un espace extérieur pour jouer. Une configuration assez difficile à obtenir lorsque les équipements sont en rez-de-chaussée, car le plus souvent la cour d’immeubles est commune à l’ensemble des résidents.
CRÈCHE
CRÈCHE
Rez-de-chaussée
Au-dessus
> Les obstacles - Les mentalités : Difficile de changer les habitudes quotidiennes, ce PFE propose à travers les crèches une nouvelle manière d’utiliser nos villes. En élevant les structures d’accueil de la petite enfance sur le front bâti existant, on donne à la ville la possibilité d’avoir un dynamisme dans toutes ses dimensions. Une mixité programmatique à la verticale demande une adaptation de nos modes de vie citadins, de penser la ville autrement afin de profiter pleinement du potentiel disponible.
MIXITÉ des services
101
102
Le Vide urbain
- La réglementation : Actuellement il serait difficile de construire ces crèches sans modifier quelques peu les normes rattachées à la ville. Ce PFE propose certes une expérimentation, mais qui se veut la plus concrète possible. Pour changer il faut apporter une innovation, pour innover il faut déroger aux réglementations. La proposition d’implantation atypique du PFE, est bien la clé de notre adaptation spatiale afin de palier aux manques de crèches et d’espaces. Cette solution de créer des nouvelles crèches sur la ville permet donc une nouvelle alternative pour le Paris de demain.
3.
Le Kit
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil
104
106
Kit : n. m. Ensemble de pièces détachées constitutives d’un objet, accompagnées d’un plan de montage donnant à l’acheteur les indications d’assemblages.
107
3.1. Le concept du ‘kit d’éveil urbain’ > Définition La volonté de multiplier les crèches sur la ville a orienté le choix de travailler un ‘kit’ comme étant l’axe générateur de la conception de ce diplôme. Le kit étant propice à la notion de multiplication qui est recherchée comme réponse à la problématique générale. Habituellement prêt-à-monter, ici on adapte ce concept à la pratique architecturale, c’est-à-dire que le kit d’éveil urbain propose une base d’éléments ‘fixes’ et ‘libres’ qui s’adapte en fonction du nombre d’enfants accueillis et de la morphologie du vide d’implantation.
éléments FIXES
éléments LIBRES
KIT
108
Le Kit
Les éléments FIXES sont propres au fonctionnement interne d’une crèche, tels que les dortoirs ou encore les espaces de change. Ils se multiplient selon une configuration standard en fonction du nombre d’enfants accueillis dans l’établissement :
Multiplier X
Les éléments LIBRES correspondent aux espaces de vie des crèches, ceux-ci varient en fonction de chaque morphologie de vides urbains rencontrés. Cela permet d’avoir une identité propre pour chacun des projets tout en étant conçus par le même principe de raisonnement du kit.
COORDINATION par un cahier des charges
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil 109
On choisit le terme de kit aussi pour se différencier du principe du module, car ce diplôme est pensé à l’inverse d’un module standard juxtaposable et combinable à l’infini. On prend le parti pris de travailler au cas par cas les opportunités urbaines offertes par la ville, le kit proposé a pour objectif d’être adaptable et déclinable sur de nombreux vides urbains. Et c’est en cela que cette manière de concevoir est intéressante, puisqu’elle permet d’étudier simultanément les 3 sites choisis autour d’une même idée globale, celle de construire la ville sur la ville. Ce raisonnement vise à prouver que Paris a encore un vaste potentiel pour accueillir les futurs établissements de la petite enfance. Voici un procédé rapide et facile d’application pour les acteurs de la ville : Le Kit d’éveil urbain est une solution architecturale à petite échelle face à un besoin croissant, telle une nouvelle façon de multiplier les crèches sur la ville.
110
Le Kit
> Référence : Sticks, crèche urbaine L’agence parisienne Djuric et Tardio architectes a proposé en juin dernier un concept de micro-crèches temporaires en série. Une analyse critique peut-être pertinente en comparant le PFE à cette référence, afin de bien assimiler le principe du ‘kit d’éveil urbain’.
Ce projet questionne la même problèmatique de la pénurie de berceaux au sein de notre capitale. La réponse architecturale utilise également les vides urbains mais la typologie retenue par l’agence est celle des parcs publics. Suivant la même démarche de multiplication des crèches à petite échelle dans la ville, Sticks est une réalisation temporaire ‘en série’ pour une période maximum de 6 mois en attendant que de nouvelles structures permanentes soient créées (le kit est au contraire une réponse permanente).
(s) www.djuric-tardio.com
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil
La crèche urbaine proposée par Djuric et Tardio est exactement la même dans tous les parcs, on peut alors parler de ‘scultpture architecturale’ (à l’opposé, le kit prend en compte chaque contexte afin de s’intégrer au mieux, chaque crèche aura sa particularité). Cette rapide comparaison souligne qu’avec une seule et même problématique on arrive à des réponses complètement différentes même si l’intention va dans le même sens. Le kit d’éveil urbain travaille donc avec l’existant, il ‘fait avec’, pour l’apprivoiser et le dynamiser grâce à un programme qui accueille de joyeux bambins.
111
112
Le Kit
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil
3.2. Scénarios d’expérimentation > Les 3 vides Les pages suivantes présentent la sélection des opportunités offertes par notre ville parisienne afin d’expérimenter le PFE. En attendant la présentation finale, voici quelques vues pour plonger dans les vides urbains qui accueilleront bientôt de nouvelles crèches.
113
114
Le Kit
la dent creuse
8 rue Legraverend - 75012 Paris
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil
crèche qui accueille 10 enfants : un programme de 100 m2
115
116
Le Kit
le toit plat
88 rue de la Roquette - 75011 Paris
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil
crèche qui accueille 30 enfants : un programme de 300 m2
117
118
Le Kit
lâ&#x20AC;&#x2122;interstice
6 passage Rauch - 75011 Paris
Mode d’emploi d’un lieu d’éveil
crèche qui accueille 20 enfants : un programme de 200 m2
119
120
Bibliographie
LIVRES (L) // Hamelin Éric, Razemon Olivier - La tentation du bitume : Où s’arrêtera l’étalement urbain ? - éditions Rue de l’échiquier - 2012 - 224 pages. (L) // Levy Janine - L’éveil au monde : les trois premières années de la vie éditions du Seuil - 1980 - 154 pages. (L) // Ministère de la Solidarité entre les générations - Guide pratique : L’espace d’accueil de la Petite enfance - édition L’inédite - 2004. (L) // Panerai Philippe - Paris Métropole : formes et échelles du Grand-Paris - éditions de la Villette - 2008 - 246 pages. (L) // Pélegrin-Genel Élisabeth - Une autre ville sinon rien - éditions de La Découverte - 2012 - 216 pages. (L) // Rameau laurence - Le lendemain des crèches : réinventer l’accueil de la petite enfance - éditions Érès - 2009 - 222 pages.
REVUES (R) // AMC Le Moniteur Architecture - Le Grand Pari(s) : consultation internationale sur l’avenir de la métropole parisienne - Paris - 2009. (R) // Architectures à vivre - Hors-série - Vivez sur les toits ! Rénovations, surélévations, réhabilitations, extensions - octobre 2011. (R) // Écologik architecture, ville, société, énergie n° 22- L’enfant dans la ville - août/septembre 2011. (R) // Techniques et architecture n° 473 - Petite enfance - août/septembre 2004.
121
122
Souvenir de la crèche - sortie en ville en novembre 1989.
123
- École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine -