Chez les poules, réhabilitation expérimentale en milieu rural

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chez les poules

UNE DÉMARCHE DE RÉHABILITATION EXPÉRIMENTALE EN MILIEU RURAL CONCOURS IMPACT 2022

« Désormais, la plus haute, la plus belle performance que devra réaliser l'humanité sera de répondre à ses besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. »

Pierre Rahbi, La sobriété heureuse.

chez les poules

3 sommaire

P. 4 Chez les poules

P.8 Une terre de production et de savoir-faire

P.10 La découverte de Saint-Cierge-la-Serre

P.12 Une démarche expérimentale

P.14 Organiser par les interfaces

P.18 Valoriser la circulation

P.20 Se positionner entre inertie et isolation

P.23 Penser le réemploi

P.24 Concevoir en lien au territoire

P.26 Renouer avec la richesse du sol

P.28 Vers une frugalité heureuse et créative

P.29 Bibliographie

chez les poules

Le projet “chez les poules” propose différents niveaux de pensées et d’actions. Il s’appuie premièrement sur une volonté de réhabilitation portée par une famille, habitante de Saint-Cierge-la-Serre. La demande et les besoins sont alors premièrement d’ordre privé. La visite et l'arpentage du site permettent ensuite d'appréhender les besoins à l’échelle locale ainsi que les ressources disponibles sur place afin d’inscrire le projet dans une démarche de frugalité heureuse. Enfin une considération territoriale permet d’imaginer la multiplication de cette démarche à d’autres localités. Le projet de réhabilitation “chez les poules” est ainsi pensé comme une démarche pilote permettant la réalisation d’une expérimentation multipliable à l'échelle du village de Saint-Cierge-la-Serre ainsi qu’à l’échelle territoriale pour d’autres localités touchées par des problématiques similaires.

De plus, la simplicité du nom de ce projet provient des habitants actuels de cette maison de village. En effet une quinzaine de poules veillent aujourd’hui sur les murs de granite qui composent l’édifice et entretiennent les espaces extérieurs de leurs picorements quotidiens. Le dit édifice “chez les poules” donne alors l’authenticité de son nom au projet…

4
La Voulte sur Rhône Saint-Cierge-la-Serre
drôme
leRhône l’Eyrieux ardèche 0 500 1000 2000 4000

interstices entre public et privé

facade rue existante

réhausse de la toiture en 2004

voute rdc existante

une terre de production et de savoir-faire

Le sol de ces terres détient l’épaisseur des histoires des paysans et des habitants de ce territoire. À ces histoires de vie, se mêlent la sueur du travail qu’il soit dans les champs ou à la mine. La présence du site minier abandonné rappelle les années d’exploitations des profondeurs de la commune. De plus, l’agriculture, toujours présente aujourd’hui, a veillé durant des décennies au maintien de la population à Saint-Cierge-la-Serre, ainsi qu’à l’entretien des terres cultivées, laissant la forêt aux limites des hameaux.

Des savoir-faire constructifs: L’exploration du site de la mine permet de comprendre les techniques constructives utilisées au début du siècle avec les matériaux trouvés, entre autres, sur site. Afin d’exploiter les filons de minerai de zinc des bâtiments d’exploitation, des réseaux hydrauliques et des logements pour mineurs ont été construits en granite et briques. Les murs de ces derniers sont toujours debout plus de cent ans après. C’est en partie ces techniques constructives que l’on retrouve au cœur du village de Saint-Cierge-la-Serre. L’édifice auquel nous nous intéressons présente des murs de granite avec un appareillage de mortier ainsi que des voûtes en pierre dans les parties existantes destinées aux caves. Dans la perspective du projet, la question des cultures constructives locales reste ainsi une problématique centrale pour la conservation du patrimoine bâti du village.

Des savoir-faire agricoles: Ensuite, les savoir-faire agricoles sont enracinés dans la culture locale et sont les points d’ancrage primaires du développement de la commune. Bien que la transformation des activités agricoles au XXème siècle ait appauvri la diversité des cultures, quelques traces persistent des différents vergers qui jalonnaient le pied des serres (crète montagneuse étroite) du village. En effet, abricots, pêches, prunes, vignes, cerises, châtaignes et lavande faisaient partie de la diversité des productions agricoles locales. Aujourd’hui cette diversité s’est appauvrie, notamment dûe à la baisse du nombre d’exploitations et d’exploitants sur la commune. Sur 38 exploitations agricoles présentes en 1988, seules 12 sont encore présentes en 20101. Cette baisse significative marque également un appauvrissement des denrées agricoles présentes sur la commune et donc un approvisionnement de la population plus lointain.

La problématique de maintien des savoir-faire et productions agricoles locales concerne également le projet, puisque la parcelle de l’édifice présente par exemple un espace de prairie. Ce dernier pourrait donner l’opportunité de réintroduire l’agriculture en cœur de village et relancer certaines dynamiques locales.

1selon le recensement Général Agricole de 2010, dans Portrait agricole de territoire en 2016

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les anciens vergers logement des travailleurs de la minebâtiment de la mine

la découverte de Saint-Cierge-la-Serre

L’arpentage permit de comprendre la difficulté d’accès de ce petit village d’Ardèche situé à 550m d’altitude, au-dessus de la vallée du Rhône. De par les routes sinueuses qui y mènent, l’accessibilité des 250 habitants de Saint-Cierge-la-Serre reste un paramètre source de certaines réticences pour de nouveaux habitants. De plus, l’effectif de la population ne permet la présence que d’une seule classe à l’école communale. En revanche une activité économique persiste au cœur des habitations: le café restaurant. Point de rencontre des habitants, ce dernier participe au lien social de la population et entretient ce cycle de vie rurale entre activité agricole, travail, habitat, école et lien social.

À la fin des années 1960, dans les milieux ruraux des Cévennes et de France « les fermés de polyculture et d’élevage cèdent la place aux exploitations agricoles en monoculture...»1 tel que l’exprime Pierre Rabhi. Ce changement d’organisation de production entraîne à la fois une exploitation des sols pour la culture permise par la mécanisation des activités, un appauvrissement de la diversité des cultures mais également la diminution d’une population rurale organisée autour de l’agriculture.

C’est le résultat de ces bouleversements que nous constatons aujourd’hui sur la commune de Saint-Cierge-la-Serre où une partie des habitations du centre bourg n’est plus occupée. En prenant le prétexte de la réhabilitation d’une maison de ce village des plateaux ardéchois, il s’agit de repenser le logement en milieu rural en revenant à une logique de pluriactivité sur le site même du logement. La pluriactivité des fermes d’antan accueillant logement intergénérationnel, lieu de production, lieu de transformation des récoltes, lieu de stockage des productions et lieu d’élevage, est ainsi actualisée avec les besoins de la population contemporaine du village. Il s’agit ensuite de proposer des modalités de réhabilitation ancrées dans ce contexte et dans les manières de vivre rurales actuelles.

1 RABHI Pierre. La sobriété heureuse Pierre Rabhi, p.31
10

vacance

Edifice non habité

Chez les poules

0 10 20 40 80 Temple Ecole

Restaurant / Café Mairie

la

une démarche expérimentale

Dans sa conception, le projet s’appuie sur différents niveaux d’interprétation.

D’une part, par la présence de l’existant de l’habitation, le projet s’ancre dans les savoir-faire constructifs locaux: à savoir les murs de moellons de granite assemblés par un mortier, l’usage du bois pour les menuiseries, les linteaux, les planchers.

D’autre part, les composantes climatiques locales sont à prendre en compte dans la conception de cette expérimentation de réhabilitation. Ainsi la récupération des eaux de pluie alimentant la parcelle naturelle, le confort thermique d’hiver et d’été sont des paramètres à intégrer à la conception afin de rendre viable ces habitations. Malgré une température moyenne de 25°c en été1, le réchauffement climatique nous pousse à penser un confort d’été complétant le confort d’hiver, avec une température moyenne de 5°C durant les périodes hivernales.

Le projet de réhabilitation “chez les poules” engagerait ainsi un premier changement au cœur de ce village ardéchois. La vacance de certains édifices du village nous permettent d’envisager la multiplication de ce modèle à l’échelle communale puis à une échelle plus élargie aux villages alentours connaissant les mêmes problématiques d’abandon de leur patrimoine.

Cette démarche pilote permettrait une nouvelle attractivité à ces zones géographiques plus reculées et l’accès à une pluriactivité sur le site même du logement afin de compléter l’habitat actuellement proposé.

1 Données météorologiques de la commune de 1922 à 2022

COMMANDE PRIVÉE MULTIPLICATION DE LA DÉMARCHE DÉMARCHE PILOTE
BESOINS LOCAUX
Christine et sa famille Baisse du nombre d’exploitant agricoles Savoirs faire locaux Restaurant/Bar communal Constructions abandonnées
Polyusages de l’habitation Matériaux biosourcés Savoirs vivre Nouvel population Villages Voisins T1 T2 T3 T4 12
0 500250 1000 2000stratégie de mise en action du patrimoine vacant

organiser par les interfaces

La proposition vise à questionner l’habitat existant aujourd’hui délaissé en proposant des spatialités adaptées aux modes de vie rurales, à la vie en famille et s’engageant à réduire les déplacements pendulaires que connaissent les habitants pour accéder aux commerces, services et emplois.

Le logement, de par sa configuration et son organisation devient l’interface de vie entre le milieu public de la rue, le milieu privé de l’habitation et le milieu agricole de la parcelle à l’est. La réciprocité de ce mouvement est aussi valable dans l’acheminement des productions du verger proposé vers l’espace intérieur, muni d’un cellier afin de conserver ces aliments.

Dans leur organisation longitudinale, les espaces de séjour et de cuisine relient visuellement la rue à l’espace cultivé à l’arrière du logement. Cet échange visuel permet aussi de penser le rez-de-chaussée de la réhabilitation comme un espace social, ouvert à un cercle plus important que celui de la famille, notamment par la présence du bureau, lieu de travail proposé au cœur du logement. Le séjour, s’ouvrant en double hauteur et se positionnant entre le cellier et l’extérieur permettrait l’ouverture d’un espace d’échange entre voisins et habitants du village. Aussi lié à l’espace extérieur, l’atelier de travail appropriable prend place dans une ancienne cave et ajoute quant à lui une plus value spatiale pour les activités manuelles. Les doubles hauteurs de l’entrée et du séjour permettent également une connexion visuelle sur ces espaces depuis l’étage. Ce dernier s’organise enfin d’une manière plus intime. Un foyer familial central dessert les quatre chambres de la maison. Ce foyer, symbolisé par la présence d’un poêle à bois dans l’ancienne cheminée, propose un lieu de détente, plus centré sur le noyau familial.

0 10.5 2 4élévation sur rue 14

la nouvelle parcelle habitée / cultivée

0 42 8 16
0 10.5 2 4 rez de chaussée

Ainsi de la même manière que l’on est passé de fermes à des exploitations agricoles, il s’agirait de revenir d’un habitat dortoir à un habitat où la vie s’organise autour des pièces qui la composent dans une relation constante à la vie sociale du village par ces espaces d’interface.

0 10.5 2 4étage

valoriser les circulations

L’organisation des circulations découle ensuite de la force de ces interfaces. Ainsi si les interfaces suivent un axe de la rue au jardin en passant par l’espace social du logement, c’est dans cet axe que s’organise la circulation traversant des habitants. Les matérialités présentes sur les murs extérieurs sont inchangées, en revanche les murs périphériques sont recouverts d’un enduit chaux-chanvre sur leur surface intérieure. Cette distinction à tout d’abord une portée thermique, afin de préserver l’inertie des pierres existantes mais confère également un aspect nouveau aux parois pour cet usage transformé. La configuration de l’étage et ses vides sur l’entrée, fait ensuite du foyer familial un point de centralisation des circulations, des espaces les plus intimes aux espaces les plus sociaux. De plus, cet espace interprète les terrasses d’entrée des habitations actuelles du village et qui ont ce rôle d’interface entre la rue et les espaces privés.

18
0 10.5 2 4 élévation sur jardin

Les matérialités laissées brutes tel que le mur à l’arrière de l’escalier intérieur rappellent le lien constant à l’existant. En effet, il est d’autant plus important pour ce nouvel élément de circulation vertical de se démarquer puisqu’il se positionne en symétrie par rapport à l’ancien escalier d’accès en granite. Ce dernier est conservé, d’une part pour sa qualité symbolique qu’il présente et dans une volonté de préservation des strates constructives de l’édifice. Dans ce nouvel usage, son utilisation pourra être conservée ou accueillir des plantes en pots ou autres éléments d’ornement… Enfin le nouvel escalier met en scène ces différentes strates de construction, présentant de bas en haut un espace de rangement constitué de bois, l’escalier, le mur en granite existant, la hauteur d’extension isolée et enduite puis la toiture isolée. La circulation des habitants est finalement un élément de mise en scène entre matérialité et lien social.

coupe cuisine et séjour
0 10.5 2 4

se positionner entre inertie et isolation

Par les matériaux employés, la mise en œuvre du projet vise le confort des habitants que ce soit pour une vie familiale, pour travailler depuis le foyer, ou encore maintenir une relation constante à la terre et aux produits que cette dernière peut offrir. Le projet met en place différents systèmes mêlant géothermie et matériaux biosourcés. Le sol apporte d’abord, par l’usage d’une pompe à chaleur sol/eau et d’un système de plancher chauffant, une source de chaleur en hiver et de fraîcheur en été grâce à la stabilité thermique du sol. L’utilisation d’un plancher chauffant en bois à l’étage permet l’usage de matériaux disponibles en local et biosourcés. La chape hydraulique au rezde-chaussée est quant à elle composée d’un système plus traditionnel instaurant un nouveau sol sur la terre battue existante.

Les murs sont actuellement composés pour la plupart de deux hauteurs distinctes, le granite sur quarante centimètres d’épaisseurs et les moellons de vingt centimètres, trace de la surélévation récente de la maison. Le projet propose d’enduire le granite à l’aide d’un enduit de chaux et chanvre, assurant la régulation de l’inertie de la pierre tout en ayant une finition intérieure terre permettant d’éviter qu’une sensation de froid ne provienne des parois. Une autre composition concerne les parties bâties en moellons. Ces derniers sont complétés par une isolation thermique à base de fibre de bois, maintenue par une ossature en bois. Un panneau de bois en surface intérieure nous permet enfin la pose d’une finition sur le mur. Ces deux parois aux compositions différentes permettent de garder une trace des périodes de construction de l’édifice et d’intégrer un système lumineux sur la différence d’épaisseur entre les deux parois.

Pour compléter cette structure, la toiture existante composée de pannes, de chevrons, de liteaux et de tuiles est réutilisée mais complétée afin de répondre au nouvel usage. La sous face de cette structure est complétée par le même système que les hauteurs de parpaings, formant ainsi un couvert isolant capable de protéger les espaces intérieurs en période de climat plus «rude».

Pour l’aménagement intérieur, le choix de cloisons en ossature bois permet de pouvoir varier les parements sur les parois intérieurs des différents espaces.

Enfin, l’importance de la provenance des matériaux utilisés est centrale dans les choix réalisés pour la réhabilitation. D’une part afin de réduire le bilan carbone de leur acheminement sur le site mais aussi dans la démarche de multiplication de ce prototype de réhabilitation à d’autres édifices géographiquement proches. De plus, le caractère local du projet permet d’envisager l’engagement des artisans locaux dans ces nouvelles pratiques afin de renouveler les manières de construire et réhabiliter d’une échelle locale à l’échelle territoriale.

20

1. Tuiles terre cuite

2. Liteaux 4cm

3. Tasseaux de ventilation 4cm

4. Pare pluie 2mm

5. Chevrons 6cm

6. Panne porteuse 20cm

7. Isolant fibre de bois insufflé 30cm

8. Frein vapeur 2mm

9. Lattage et contre lattage 2,5+2,5 cm

10. Panneaux de bois + enduit 2cm

1 2

1. Parpaing béton 20cm

2. Ossature verticale 16cm

3. Isolation fibre de bois 16cm

4. Plaque de bois 1,5cm

5. Finition 0.5cm

6. Mur porteur granite et mortier de ciment 40cm

1 2

3 4 5 6 7 8 9 10 toiture mur

6

7. Gobetis enduit chaux/eau/sable 5/7mm

8. 1er corps d’enduit chaux/chanvre/eau 2,5cm

9. 2ème corps d’enduit chaux/chanvre/eau 2cm

10. Finition enduit de terre 1cm

3 4 5
7 8 9 10

1 2 3 4 5

1. Revêtement de sol parquet 2cm

2. Plancher chauffant 2cm

3. Isolant fibre de bois 5cm + solives bois

4. Sable 0.5cm

5. Sol de pierre existant

dalle rdc

1 2 3 4 5

cloison bois

1 2 3 4 5

1. Finition 0.5cm

2. Panneaux de bois 1cm

3. Isolant fibre de bois 10cm + ossature bois

4. Panneaux de bois cm

5. Bardage bois 1.5cm

1. Revêtement de sol 2cm

2. Chappe hydraulique 3cm

3. Isolant 5cm

4. Chappe de ravoirage 5cm

5. Sol de pierre existant

0 10.5 2 4 coupe confort thermique
plancher r+1 hiver été

penser le rémploi

Les lieux que nous ciblons regorgent souvent de bric à brac que l’on pourrait aussi considérer comme de véritables ressourceries. Utilisé comme débarras depuis des années, l’édifice visé par la réhabilitation présente ainsi une multitude d’objets à inventorier et qui pourraient être à nouveau utilisés ou détournés dans un nouvel usage. Cette démarche de réemploi permettrait non seulement de sauver de la déchèterie malles, établi, tonneaux, cadres et autres bonbonnes dame-Jeanne en verre mais également d’enrichir le projet des histoires que portent ces objets dans leur usage initial ou dans une reconversion au gré des besoins des habitants.

vue depuis le séjour

23

concevoir en lien au territoire

Engagé par le concours !MPACT à concevoir avec des matériaux biosourcés tout en répondant au label “bâtiment biosourcée” de niveau 3, nous prenons conscience de leurs quantités et qualités. Au sein de la réhabilitation proposée seuls quelques éléments ne sont pas biosourcés, tels que les linteaux en béton (préfabriqués pour une mise en oeuvre plus aisée), la chape du rez-de-chaussée (permettant un chauffage au sol ainsi qu’un nivellement des sols aujourd’hui inégaux), les deux murs en pierre de la salle de bain et les vitrages. Les murs enduits ou isolés font appel au bois, au chanvre, à la chaux et à la terre, tout comme les cloisons et les mobiliers conçus pour la maison. Soit à une diversité de produits et familles de produits de construction biosourcés comme requis par les critères du label: 13 produits de construction biosourcés, 3 familles de produits de construction biosourcés et 1 produits de décoration biosourcés. Les matériaux biosourcés composent plus de 30% de la masse totale du produit final: comme la chaux et le chanvre 50%, la fibre de bois 95%, le bois pour ossature et panneau environ 100%. En plus de cela, les matériaux ont été cherchés au plus proche du site afin d’encourager une filière et des savoirs faire locaux.

le paysage de saint cierge la serre
24

Produit

200km

Mably Lavilledieu

25 provenance des matériaux biosourcées

Eymeux Grenoble Saint-Cierge-la-Serre Montelimar

50km 100km

Mirabel et Blacons

calcul du taux d’incorporation de matière biosourcée = 89 kg/m² sdp

Ratio (kg/unité) Quantité Unité Quantité kg Nature bioressource

Bois cloison 1 84,4 m2 84,4 Bois

Ossature bois nn porteuse cloisons + murs + plancher 15 1,75 m3 26,25 Bois

Bois plancher 7,5 72 m2 540 Bois

Bois escalier 30 3,3 m2 99 Bois

Bois toiture 1 145 m2 145 Bois

Isolation fibre de bois toiture 6,4 120 m2 768 Bois

Isolation fibre de bois cloisons 1,9 42,2 m2 80,18 Bois

Isolation fibre de bois murs 5,12 44,5 m2 227,84 Bois

Enduit chaux chanvre 800 16,35 m3 13080 Chaux-chanvre

Enduit finition terre 1000 2,725 m3 2725 Terre

Porte interieur bois 12,5 8 Unité 100 Bois

Porte exterieur bois 17,5 4 m2 70 Bois

Fenetre et porte fenêtre bois 12,5 10 Unité 125 Bois

Main courant bois 15 3 ml 45 Bois

Total de matières biosourcées ajoutés 18115,67 kg

Surface de plancher 202,8 m2

Taux d’incorporation de matière biosourcée 89,32776134 kg/m2 SDP

acteur de son habitat

La force d’action des habitants est mise à contribution dès la conception du projet. En effet, depuis le verger jusqu’au cellier, les habitants deviennent acteurs d’un mode de vie plus ancré aux cultures locales. Dans la formalisation du projet, le cellier prend une place centrale entre les pièces de vie donnant alors de la force au travail de la terre par l’homme. L’architecture nous permet de retrouver une forme de codépendance entre l’environnement de vie de la famille et son logement. Au-delà de la fonction nourricière, la présence des arbres ainsi que d’une noue plantée et du potager proposés dans l’aménagement de la parcelle favorisent l’implantation d’un îlot de fraîcheur en été ainsi que la gestion des eaux de pluie sur la parcelle. Aussi, la complémentarité des différents espaces accompagnant ces nouvelles réhabilitations pourrait permettre d’amorcer certaines coopérations ou échanges entre les habitants du villages et créer un lien social avec comme centralité le logement et les espaces qui l’accompagnent.

gestion de l’eau de pluie et lien à la richesse du sol
26
Haie bocagère

Enfin, c’est dans la démarche d’expérimentation des matériaux que réside la force d’action des habitants. Certains matériaux pourraient par exemple être mis en œuvre par les habitants eux-mêmes. Les enduits chaux-chanvre en sont un bon exemple, les temporalités longues de leur pose pourraient être assumées par les futurs occupants dans une démarche d’autoconstruction.

La somme de ces actions réalisées par les habitants eux-mêmes interprète finalement une partie de la pensée évoquée dans le Manifeste des Colibris et vise une démarche nourrie en locale par l’architecture et ce qu’elle permet de mettre en place: ”Nous pensons donc que l’échelle locale est celle qui permet d’initier de profondes transformations pour protéger les territoires, les écosystèmes, les cultures et favoriser une bascule de notre société.”

Potager Cellier

Noue plantée Cuve d’eau de pluie

vers une frugalité heureuse et créative

Le projet “chez les poules” est finalement la synthèse de différents paramètres à prendre en compte dans nos manières d’habiter et de construire pour se diriger vers une frugalité heureuse.

La démarche expérimentale de cette réhabilitation a tout d’abord une dimension constructive avec l’usage de matériaux biosourcés. Ces derniers sont recherchés en local pour répondre aux problématiques environnementales actuelles ainsi qu’au confort des habitants.

Le projet inclut, par la formalisation de l’architecture, les espaces nécessaires à la vie des habitants, des espaces de travail ainsi qu’un extérieur allant au-delà de la fonction récréative, tous reliés par les interfaces et circulations structurant le projet.

La succession des espaces, leur matérialité, le réemploi des objets existants sont autant d’éléments qui donnent à l’architecture et à ses habitants les qualités de vie nécessaires dans une démarche de frugalité.

Enfin, l’échelle locale et le caractère rural du contexte offrent un cadre d’expérimentation permettant de penser des transformations en locale pour ensemencer de nouvelles manières d’habiter et de construire nos habitats.

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bibliographie

BORNAREL Alain, GAUZIN-MÜLLER Dominique & MADEC Philippe. Manifeste pour une frugalité heureuse et créative, 18 janvier 2018, in site: https://www.frugalite. org/fr/le-manifeste.html.

FRIEDMAN Yona. Comment habiter la terre. L’éclat poche, Paris, 2016, 109 pages.

LE MOUVEMENT DES COLIBRIS. Manifeste des colibris, in site: https://www.coli bris-lemouvement.org/lassociation/notre-manifeste.

POUILLON Fernand. Les pierres sauvages. Points, Paris, 2019, 272 pages.

RABHI Pierre. La sobriété heureuse. Babel essai, Arles, 2013, 164 pages.

Conservatoire botanique national Massif central. Portrait communal: les forêts an ciennes Saint-Cierge-la-Serre.

Communauté d’agglomération de Privas. Rapport agriculture - portrait agricole du territoire. Septembre 2019.

Données météorologique commune. Données de 1922 à 2022.

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