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O r g a n e c e n t r a l d u Pa r t i C o m m u n i s t e d e s O u v r i e r s d e F r a n c e w w w . p c o f . n e t Mensuel n°503 : Janvier 2010

Prochaine parution : le 09 Février 2010

2€

Copenhague : le capitalisme mis en accusation Ils étaient 100 000 dans les rues de Copenhague

Régionales 2010 : lancement des listes “Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologistes et citoyennes” M 01993 - 503 - F: 2,00 E

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13 janvier 11H à la Gare d’Amiens : Solidarité avec les Contis.

21 janvier : Journée d’action dans la fonction publique.

24 janvier à Paris : Manifestation Afghanistan. Retrait des troupes de l’OTAN !

30 janvier : Manifestation des enseignants. “Prolétaires de tous les pays unissez-vous !”


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Editorial

Avis de mobilisations sociales Coté finances, tout va bien, ou presque, puisque le petit émirat de Dubaï a frôlé la faillite, tout comme la Grèce, au coeur même de l'UE ! Coté industrie, certains n'ont pas à se plaindre. Le secteur automobile, entre autres, vient de réaliser une année de profits "exceptionnels"… Il en va tout autrement du "marché du travail". 378 000 postes de travail ont disparu en 2009. Dans l'industrie, 269 000 emplois ont été supprimés en deux ans, soit une baisse de près de 8 % des effectifs. 90 000 emplois ont été perdus depuis juillet 2009 et 63 000 autres devraient disparaître d'ici juillet 2010. Le bâtiment est également touché (55 000 emplois perdus en 2009, disparition de 24 000 autres prévue pour le premier semestre 2010). Ce à quoi il faut rajouter la chute vertigineuse de l'intérim, compté à part dans les statistiques de l'Insee. Mais aussi celle des emplois dans le commerce et l'hôtellerie-restauration (malgré la baisse de la TVA !). Sarkozy et un certain nombre de ses pairs ont beaucoup gesticulé sur la moralisation du système et la mise en place de nouvelles régulations. Comme ils l'ont fait sur la question du climat, avec les mêmes résultats. Mais la société qu'ils nous formatent est une société chaotique où tout est sacrifié au profit à court terme : la planète, la grande majorité de sa population et tous les avancées sociales et démocratiques acquises par la classe ouvrière et les peuples. Leurs étrennes 2010, c'est la guerre impérialiste, les renforts en Afghanistan demandés par le prix Nobel de la paix, le changement de statut de la Poste, la libéralisation du transport ferroviaire, des coupes sombres à n'en plus finir dans les effectifs de la Fonction publique, une école avec de moins en moins d'enseignants et de moins en moins de formation à l'esprit critique, une curie annoncée contre le système de retraite, des soins de moins en moins accessibles, des institutions de moins en moins démocratiques, et des fichiers qui se croisent et se recroisent… Merci quand même à R. Bachelot, qui pense aux pauvres, puisqu'elle offre aux SDF une des ces 94 000 doses de vaccins dont le gouvernement ne sait plus que faire ! Sarkozy et son gouvernement, ne connaissent pas que des succès. Commis voyageurs de l'industrie nucléaire, ils n'ont pas réussi à vendre l'EPR à Abu Dhabi. La politique qu'ils imposent, au service exclusif de quelques grands monopolistes, fait des victimes dans toutes les couches de la population et crée de nombreuses résistances. Jusqu'aux chefs de services hospitaliers, pour un certains nombres encartés à droite, qui menacent de démissionner de leurs fonctions au sein de l'AP-HP. Les remous causés dans l'Hémicycle par la réforme de la taxe professionnelle, le retoquage de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel montrent qu'il ne lui est plus toujours aussi facile d'imposer sa politique. Le président, toutefois, comme il l'a affirmé dans ses vœux, ne renoncera pas à ses contre reformes.

Mais sur tous les fronts où il attaque, des résistances se développent. En métropole, comme en Guadeloupe… Dans notre pays, comme en Espagne ou en Amérique latine, comme partout où l'impérialisme et le capital veulent faire le coup de force et continuer à imposer leurs réformes néolibérales, la classe ouvrière et le peuple sont debout. En dépit des pressions économiques, du chantage, des tentatives de corruption, de la criminalisation des luttes et de la répression. Debout, comme les 6000 travailleurs sans papiers qui tiennent bon dans la grève. Debout, comme les Conti, les Moulinex, les dockers,… Décidés à ne pas se faire une raison de la privatisation des services publics. Refusant un aménagement du territoire qui met face à face zones sinistrées et "pôles d'excellence". Déterminés à ne pas rentrer dans le jeu d'un débat réactionnaire sur "l'identité" nationale… Ces luttes sont nécessaires. Elles sont indispensables tout comme la solidarité que nous devons organiser et le tous ensemble dans la rue auquel nous devons travailler, chaque fois que c'est possible. Des rendez-vous existent déjà comme la journée du 21 janvier contre les suppressions de postes dans la Fonction publique, ou celle du 24 janvier contre l'intervention impérialiste de l'Otan en Afghanistan ("Aucun renfort français !"). Et il y en aura certainement beaucoup d'autres au cours de cette année. De nombreux militants syndicaux et associatifs y travaillent en tout cas ! Mais ces luttes ne trouveront un nouveau souffle et des débouchés que si elles s'inscrivent dans une perspective politique. Les attentes sont immenses parmi les travailleurs, les jeunes, les habitants des quartiers, parmi ceux qui s'inquiètent de la dérive anti-démocratique de notre société, de la part des peuples du monde qui subissent la politique réactionnaire et agressive que nous combattons… L'enjeu majeur des élections régionales qui auront lieu en mars prochain, s'inscrit dans ce contexte. Il s'agit bien sur, d'infliger une défaire politique à la droite. De lui enlever des moyens de nuire, de l'empêcher de sous traiter sa politique réactionnaire dans les régions. Mais il s'agit aussi de redonner espoir, de créer une dynamique politique en affirmant de façon visible et convaincante l'existence de forces porteuses d'un objectif de transformation sociale, en rupture claire avec le néolibéralisme, le social-libéralisme et l'écolo-libéralisme. Pour cela, l'unité des forces qui se revendiquent de cet objectif est nécessaire. Cette unité ne va pas de soi. C'est un combat contre le poids de l'électoralisme et la recherche de postes à tout prix, contre le sectarisme et les prétentions hégémoniques…Mais c'est un combat que nous ne pouvons pas ne pas mener. Notre parti s'y engage parce que, comme nous l'avons affirmé lors de notre intervention au meeting du 10 janvier des listes "Ensemble", "ce sera sans nul doute un pas important dans la construction d'une véritable alternative de rupture avec ce système."

ABONNEZ-VOUS POUR 3 NUMÉROS GRATUITS Pour cela, il vous suffit de remplir ce bon et de nous le renvoyer à notre adresse nationale ou de le remettre à un de nos militants. Nom : Adresse : Adresse

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Nos vœux pour 2010 Chers amis, chers camarades L’année qui vient de s’achever aura été intense, en combats, en affrontements, entre les forces de progrès et celles de la réaction. Sarkozy s’est heurté à des résistances sur tous les fronts de sa politique néolibérale et il a dû reculer sur certaines de ses contre-réformes. La solidarité aura été une arme pour les travailleurs qui se battent pour refuser de payer la crise du capital. Les résistances à la politique réactionnaire, de division sur des bases racistes, de criminalisation de la contestation sociale, se sont développées et se sont enracinées. A la politique impérialiste de tensions, de déstabilisation et de guerre à laquelle participe Sarkozy, les hommes et les femmes, les jeunes de notre pays opposent la solidarité entre les peuples. Gouvernement et patronat ont cru que la crise sèmerait la peur et la résignation. La réponse des travailleurs et des masses populaires, ce sont les 6 000 travailleurs sans papiers en grève pour leur régularisation, pour prendre toute leur place dans le combat de leurs frères de classe, les mobilisations contre les licenciements, les fermetures d’usines, pour les salaires, contre la course à la productivité, pour la défense de l’hôpital public et le système de santé solidaire, pour la défense du service public de La Poste… Ces combats se poursuivront et s’amplifieront en 2010. Ce sont les vœux que nous formulons, des vœux synonymes d’engagement. Notre parti, qui vient de fêter ses trente années de combat, continuera à travailler avec détermination à la construction d’une alternative politique de rupture avec ce système qui a fait son temps, une alternative unitaire qui s’appuie sur les mobilisations et qui ouvre la voie à la transformation sociale à laquelle aspirent toujours plus de femmes et d’hommes, en France et dans le monde.

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Politique

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Rétrospective sociale et politique 2009 Le bilan de Sarkozy à mi-parcours e décompte est hallucinant : 1 222 annonces et promesses faites depuis 2007 ! Certes, le président en campagne permanente n’hésite pas à redire quelquefois les mêmes choses, mais il prend des décisions et, selon les calculs réalisés par un institut, c’est dans le domaine économique que son interventionnisme est le plus grand et où le taux de “réalisation“ est le plus élevé. Cela ne minimise en rien l’importance des contre-réformes réactionnaires qu’il a impulsées dans le domaine politique, institutionnelle, dans celui de la remise en cause des libertés démocratiques, dans celui de la culture, etc. La centralisation des pouvoirs et le caractère de plus en plus présidentiel du régime, le poids, les moyens donnés aux organes de contrôle, de surveillance et de répression et la fusion “police-gendarmerie“ placée sous le contrôle du chef de l’Etat, sont des machines de guerre contre la contestation sociale. Les contre-réformes dans le domaine judiciaire, dont toutes ne sont pas

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encore achevées, renforcent encore le pouvoir de l’exécutif. Et que dire de la politique en matière d’immigration qui a largement puisé dans l’arsenal de l’extrême droite et qui aboutit à cette infâme “débat“ sur l’identité nationale qui banalise le racisme, exacerbe les divisions et le repli. Dans le domaine idéologique, Sarkozy a renforcé le poids de la religion dans la société et l’Etat, et plus particulièrement celle professée par le pape qui veut canoniser Pie XII, celui qui a béni les chars fascistes durant la Deuxième Guerre mondiale. Ce ne sont pas seulement des discours, mais aussi des décisions concrètes, comme celle consistant à donner plus de moyens aux établissements d’enseignement confessionnels. Mais arrêtons-nous au domaine économique. Le président du pouvoir d’achat a été celui qui a garanti celui des plus riches. Le “bouclier fiscal“, les mesures en faveur de la “transmission du patrimoine“ permettent aux plus riches de s’enrichir encore et de

contribuer toujours moins à la fiscalité. Les entreprises du CAC 40 ne paient que 8 % en moyenne sur leurs bénéfices, au lieu des 33,3 % officiels ! Elles ne font “qu’appliquer la loi“ et savent utiliser toutes les exonérations qu’elle prévoit, sans oublier le mécanisme des “prix de transferts“, autrement dit “les prix auxquels les filiales d’une même entreprise s’échangent des biens et des services“ (Alternatives économiques de janvier 2009). Certes, ce n’est pas Sarkozy qui a introduit ces “facilités“, mais sa politique les a développées. La mesure de défiscalisation des heures supplémentaires n’aura bénéficié qu’aux entreprises, tout comme le cadeau de la baisse de la TVA sur la restauration. Les réformes du marché du travail n’ont pas pu aller aussi loin qu’il l’aurait souhaité, notamment avec son projet avorté, pour le moment, de contrat unique d’embauche. Mais le bilan est sans appel : 3,8 millions de

chômeurs inscrits à Pôle Emploi. La faute à la crise, se défendent Sarkozy et ses ministres, en prétendant que, grâce à leur politique, ils ont réduit son impact. Mais le travail le dimanche, l’incitation au recours aux heures supplémentaires, la politique de suppression massive d’emplois dans la fonction publique, et les “aides“ accordées aux entreprises qui licencient en masse depuis des mois… n’ont fait qu’amplifier le chômage. La prochaine réforme annoncée, celle des retraites, veut obliger les travailleurs et travailleuses à travailler plus longtemps, cotiser plus et toucher moins de retraite. Le bilan à mi-parcours est bon pour le capital. Il est catastrophique pour les travailleurs. Sarkozy a annoncé son intention non seulement de poursuivre, mais de faire de son bilan un des arguments de la prochaine campagne pour les régionales. Nous relevons le défi : ce sera en réalité un argument pour battre la droite. #

Le film des mobilisations et des résistances ’année 2009 avait commencé par les manifestations massives pour dire “nous ne paierons pas votre crise“. Elle avait également été marquée par la sale guerre d’agression et de destruction lancée par Israël contre la population de Gaza. Bachelot, qui avait engagé la réforme hospitalière, se heurtait déjà à la mobilisation des personnels de santé et des usagers pour la défense de l’hôpital public et du système de santé solidaire. La jeunesse étudiante et les lycéens reprenaient la rue contre les conséquences de l’application de la LRU. Quant à Besson, nommé à la place d’Hortefeux, il n’allait pas tarder à montrer qu’il voulait aller plus loin que son prédécesseur dans la politique réactionnaire vis-à-vis des immigrés. Les peuples des colonies ont fait irruption en force, paralysant des semaines entières l’économie des îles. Les revendications salariales, de baisse des prix scandaleusement plus élevés qu’en métropole, la dénonciation des mécanismes de dépendance politique et économique étaient portées par des mouvements très massifs constitués d’une multitude d’organisations. Le mot d’ordre “non à la profitation“ a franchi les océans, mobilisant une colonie après l’autre et venant renforcer la dénonciation du capitalisme dans les mobilisations ouvrières en métropole. La lutte de classe s’est radicalisée, les

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grèves avec occupation et séquestration de patrons licencieurs et de leurs cadres se sont multipliées, en réponse aux annonces de suppressions d’emplois et de fermetures d’usines. Caterpillar, Continental, Goodyear, Cellatex, Molex, Newfabris… sont les maillons de la chaîne ouvrière du refus de payer la crise du capital. Certaines luttes obtiendront d’importantes compensations salariales pour les licenciés, d’autres, moins nombreuses, imposeront la non-fermeture, mais toutes posent la question de la nécessité de lutter tous ensemble contre cette politique de licenciements, entraînant des fermetures de sous-traitants en cascade et transformant des régions entières en déserts industriels et économiques. L’idée de la nécessité de se coordonner et de s’épauler fait son chemin. Notre mot d’ordre “interdiction des licenciements dans les groupes et les soustraitants“ a commencé à se populariser. En avril, à Strasbourg, ville en état de siège, des milliers de manifestants, venus de toute la France et de nombreux pays, exigeront la dissolution de l’Otan, le retrait de la France de cette organisation guerrière au service de l’impérialisme et le retrait des troupes de l’Otan d’Afghanistan. Notre mot d’ordre, “Nous ne paierons pas votre crise, nous ne paierons pas vos guerres, dissolution de l’Otan“ rassemblera plusieurs forces politiques.

L’Europe des monopoles, des banquiers et de la réaction, l’Europe championne du néolibéralisme, sera lourdement sanctionnée lors des élections européennes de juin. Le succès relatif des listes “Europe-écologie“ traduira la montée des préoccupations de certaines couches sociales en matière d’environnement, sur fond de réchauffement climatique entraînant des catastrophes meurtrières. Une grande bataille politique et idéologique s’engage entre, d’une part, les forces réactionnaires, le patronat, Sarkozy et les chantres du “nucléaire propre“, qui voient dans l’écolo-libéralisme une possibilité de marchés pour les entreprises et une machine à faire payer les travailleurs et, d’autre part, les peuples et les forces progressistes qui accusent le capitalisme et qui veulent faire payer les monopoles pollueurs et les grandes puissances impérialistes. Le combat contre la politique de privatisation des derniers services encore publics n’a pas cessé. Il s’est traduit par des mobilisations associant syndicats, usagers, associations, partis politiques, comme on l’a vu autour du référendum contre la privatisation de la Poste. Une mobilisation qui rappelait les “collectifs pour le Non“ qui avaient animé la campagne contre le traité constitutionnel européen. Les suicides chez France Télécom ont mis en lumière les méthodes de gestion par le stress et la déstabilisation per-

manente, notamment des travailleurs sous statut public, qui règnent dans les grandes entreprises qui sont passées du secteur public au privé. Dans la foulée, les travailleurs de Pôle Emploi ont dénoncé les conditions de travail de plus en plus dures dans un contexte d’explosion du chômage et son corollaire, l’explosion de la misère sociale. En octobre, les travailleurs sans papiers, avec la CGT, ont relancé un vaste mouvement de grève pour leur régularisation. Ce “deuxième acte“ a été soutenu par onze organisations, syndicats et associations, qui se sont adressées au Premier ministre, au ministre du Travail, pour que des critères clairs, applicables partout et permettant la régularisation la plus large des travailleurs et travailleuses sans papiers, soient actés et appliqués. Début d’année 2010, ils et elles sont 6 000 à être toujours en grève. C’est aussi à partir de septembre que les partis et organisations politiques qui se réclament de la gauche de transformation sociale ont commencé à discuter de la possibilité de mener campagne ensemble pour les régionales, pour présenter une alternative au libéralisme et au social-libéralisme. Ce processus qui est en cours aussi bien au plan national que dans les régions, peut devenir, s’il se concrétise, une des bonnes nouvelles de ce début d’année 2010. #

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Régionales 2010 Lancement des listes “ensemble” pour les régions à gauche La Forge Janvier 2010

Nous reproduisons l’intervention du camarade Christian Pierrel, porte-parole de notre parti, au meeting de lancement de la campagne nationale “Ensemble pour des régions à gauche“.

Notre camarade à la tribune du meeting

Chers amis, chers camarades. Elles sont grandes, nos attentes, à nous, les organisations de la gauche de transformation sociale. Elles sont immenses, les attentes de notre peuple, des travailleurs, des habitants des quartiers populaires, des jeunes. Elles sont à la hauteur des coups portés par cette droite arrogante, qui veut écraser, diviser. Elles sont à la hauteur de la soif de changement qui nous anime tous. Je les ai senties, ces attentes, chez les travailleurs sans papiers, qui ne votent pas, qui mènent une lutte courageuse et déterminée : ils se battent pour eux, pour arracher des droits, pour pouvoir prendre toute leur place dans le combat contre le capital. C’est pourquoi, ils se battent pour l’ensemble des travailleurs. Ces attentes, ce sont aussi celles de tous les fronts de résistance qui se sont développés depuis le premier jour où Sarkozy a pris les manettes ; ce sont des attentes qui s’expriment dans la rue, dans les usines, dans les entreprises publiques et privées, dans

les quartiers. Ces attentes, ce sont aussi celles des peuples du monde, notamment ceux d’Afrique qui subissent et combattent la politique que nous combattons ici. Ces attentes, nous devons y répondre, nous les organisations de la gauche de transformation sociale, et nous devons y répondre ensemble. Cette gauche, c’est la vraie gauche, celle qui se bat, celle qui ne se plie pas, celle qui ne renonce pas. Elle doit s’unir et se battre ensemble et c’est ce que nous avons commencé à faire dans cette alliance, “Ensemble pour des régions à gauche“. L’unité est un combat de tous les jours. C’est certainement la première rupture que nous devons faire nous, entre nous : c’est celle de l’unité, du travailler et de lutter ensemble pour gagner ensemble. Notre ennemi, c’est Sarkozy bien sûr. Mais nous avons aussi à combattre le social-libéralisme qui renonce à transformer la société et à rompre avec le capitalisme. Mais c’est aussi l’écolo-libéralisme qui

est une roue de secours d’un système en crise profonde. Ce que nous devons aussi combattre, c’est l’abstention dans les milieux populaires, dans la classe ouvrière, chez les jeunes. Mais pour cela, il faut un langage clair, il faut un langage de rupture. C’est l’enjeu de cette campagne pour les régionales : il faut que nous arrivions à lier l’ambition de la rupture nationale et la rupture dans les régions, à travers des propositions concrètes. Ces propositions, nous allons les élaborer avec les acteurs du mouvement social, avec les travailleurs en lutte, ceux qui sont ici et tous ceux qui se battent dans les entreprises, avec les habitants des quartiers populaires, avec ceux des campagnes qui sont laissées à l’abandon. L’unité de la gauche de transformation sociale est indispensable. Toutes ses composantes ne sont pas là. Mais cela a déjà été possible : rappelonsnous ce que nous sommes arrivés à faire lors de la campagne contre le traité constitutionnel européen, pour

la victoire du “non“ de gauche à cette constitution néolibérale. Sarkozy nous a volé la victoire, mais pas notre volonté à travailler à cette unité, à la base, entre organisations, et toujours dans la lutte. Alors, pour ces régionales, il ne s’agit pas pour nous de faire un tour de piste. Il s’agit d’un vrai combat pour gagner. Ça a déjà commencé et ça commence ici, avec ce meeting. Sarkozy a dit qu’il allait mettre son bilan dans la campagne. Tant mieux ! Ce sera plus facile de le dénoncer et de battre la droite. Nous savons bien qu’il y a un deuxième tour et, qu’au deuxième tour, il faudra compter avec le PS et Europe écologie. Plus nous serons forts, plus les listes “Ensemble pour des régions à gauche“ auront de voix et d’élus, plus nous pèserons. Notre parti est déterminé à y aller, avec toutes les forces qui composent cette alliance, pour travailler au succès de cette campagne. Ce sera sans nul doute un pas important dans la construction d’une véritable alternative de rupture avec ce système.

Succès du meeting du 10 janvier 4 000 personnes ont répondu à l’appel des organisateurs du meeting de lancement de la campagne ”Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologiques et citoyennes”. La salle du Palais des Congrès était pleine et les participants ont écouté la vingtaine d’interventions, de représentants de luttes en cours, comme celle des travailleurs sans papiers, du combat des syndicalistes d’Edf-Grdf contre la répression qui frappe des travailleurs et des syndicalistes coupables d’avoir fait grève pour défendre le service public, des mobilisations contre la destruction du système de santé, la remise en cause des centres IVG… entrecoupées par les interventions des responsables des partis et organisations faisant partie de l’alliance

“Ensemble pour des régions à gauche”. Aujourd’hui, la quasi-totalité des têtes de liste régionales ont été réparties entre les trois composantes du “Front de gauche”. Des négociations sont encore en cours, notamment sur les têtes de listes départementales et les candidatures en position éligible. Le travail sur le programme a bien avancé.

Le bloc des logos des organisations de l’alliance “Ensemble...”

Notre parti présente des candidats en Ile de France (3), en Alsace, en région Centre, en Rhône-Alpes et en Aquitaine, dans le cadre de l’alliance “Ensemble”. Ce seront les candidats du PCOF, mais le parti appellera à soutenir partout les listes ”Ensemble”, même là où il ne présente pas luimême de candidat.

Cette campagne sera intense. Nous nous y engageons de façon déterminée, en ayant toujours le souci de faire le lien entre le mouvement de lutte, le mouvement social et les discussions, débats, actions de mobilisation dans le cadre de la campagne. Ce sont les milieux ouvriers et populaires que nous voulons gagner, non pas

dans le seul objectif d’aller voter, mais en les rendant partie prenante de la bataille politique pour la construction d’un front politique de résistance et de rupture avec le néolibéralisme, le social-libéralisme et l’écolo-libéralisme. C’est dire si, pour nous, les enjeux vont bien au-delà de la dimension électorale.


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La pandémie libérale, plus grave que le H1N1 Face à la crise, Sarkozy et son gouvernement ont prétendu revaloriser le rôle de l’Etat. Ce dernier est intervenu massivement pour renflouer les banques et injecter de l’argent dans l’industrie. Le scandale de la grippe A est, de ce point de vue, un véritable “laboratoire” de cette politique qui abdique toute considération d’intérêt public. Il a transformé la ministre de la Santé en ministre de l’industrie pharmaceutique. Qui va payer les quelque 800 millions que l’Etat lui a offerts et les quelque 2,5 milliards d’euros de la campagne de vaccination dépensés pour lui ouvrir un marché ? Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, que l’Etat n’ait pas d’autre solution que de faire payer les usagers, la population des zones rurales et des quartiers populaires, les victimes du chômage de masse, les demandeurs d’emplois en fin de droits (850 000 ont épuisé leurs droits en 2009, plus d’un million en 2010), les assurés sociaux et les allocataires... La traque aux “fraudeurs” est le complément de cette politique qui frappe également durement les personnels des services publics et sociaux. Du Pôle Emploi aux Caf, en passant par l’Hôpital, la Poste ou l’Ecole, tous les organismes publics sont au bord de l’explosion. Enquêtes auprès des personnels, questionnaires et négociations sur le stress ne résoudront rien s’il n’y a pas de rupture avec la logique libérale de saccage des services publics.

Des “étrennes” au goût amer La loi de finances 2010 ainsi que la loi de financement de la Sécurité sociale 2010 ont été définitivement adoptées par le Parlement. D’autres mesures, tout aussi anti-sociales sont entrées en vigueur au 1er janvier. Les objectifs clairement avoués sont de nous faire payer la crise et les déficits.

Pas de cadeau fiscal pour les foyers modestes ! Pour la deuxième année consécutive, la prime pour l’emploi n’a pas été revalorisée. L’exonération fiscale partielle des indemnités de départ volontaire à la retraite (hors plan de sauvegarde de l’emploi) a été supprimée et les indemnités journalières accident du travail seront désormais imposées à hauteur de 50 %.

De pseudo mesures en faveur des jeunes ! A la pauvreté qui s’étend parmi les jeunes de moins de 25 ans, le gouvernement répond par… la création d’un fonds d’appui aux expérimentations en faveur des jeunes ! Dans des conditions qui devront être fixées par décret, mais que l’on sait déjà très restrictives, le bénéfice du RSA sera étendu aux moins de 25 ans qui ont déjà travaillé.

La réforme des majorations de retraite des mères de famille est entérinée C’est le “hors-d’œuvre” avant l’ouverture des discussions cette année sur une nouvelle réforme en profondeur du système des retraites. En application des réformes précédentes, la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein est passée à 162 trimestres au 1er janvier

Une nouvelle dégradation du pouvoir d’achat et des protections sociales Le SMIC n’a augmenté que de 0,5 % au 1er janvier, les prestations familiales n’ont pas été revalorisées, mais le forfait hospitalier est passé de 16 à 18 euros. Etranglées par cette politique de déremboursement des soins par l’assurance maladie, les mutuelles compensent par d’importantes hausses de tarifs et par des restrictions de prises en charge.

Tarifs publics et énergie L’invalidation de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel diffère, pour l’instant, les hausses prévues des carburants, du fuel et du gaz. Mais les tarifs TGV ont augmenté de près de 2 % en moyenne.

H1N1 : Très bonnes affaires pour les labos millions de vaccins commandés. A peine 5 millions utilisés ! Le manque de confiance dans le matraquage officiel et dans le dispositif mis en place, la polémique qui gonflait et le mécontentement des professionnels de santé ont obligé le gouvernement à de brutales volte-face, en autorisant brusquement, par exemple, la vaccination par les médecins de ville. Le coût financier de cette campagne de vaccination qui a fait “flop” sera très lourd pour les assurés sociaux. Le coût politique le sera également pour Roselyne Bachelot et le gouvernement qui veulent justifier à tout prix leur ligne de conduite.

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juste titre comment, pourquoi, Des questions se et sous quelles pressions les autorités sanitaires ont pu surposent sur évaluer à ce point l’impact de la l’indépendance de pandémie. Qui avait intérêt à créer la psychose ? Pourquoi la l’OMS et sur la campagne de vaccination a-telle été conduite ainsi ? crédibilité des autorités sanitaires Nous revendiquons des Etats. une politique de Après le traumatisme du sida, le santé publique scandale du sang contaminé, et l’incurie patente lors de la cani- fondée sur l’intécule de 2003, le gouvernement a voulu faire savoir qu’on en fait rêt général et non jamais trop pour la santé sur le publique. Le principe de précaution a été mis en avant et l’acti- profit des trusts visme de Roselyne Bachelot a été mis en scène. Mais aujour- pharmaceutiques. d’hui, beaucoup se demandent à


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Le doute, en effet, n’est plus

permis quant à la finalité économique de la campagne de vaccination contre la grippe A. Quelle aubaine, en pleine crise économique, d’avoir pu relancer à ce niveau les profits des grands laboratoires pharmaceutiques ! Un marché de 712 milliards d’euros pour 94 millions de doses de vaccins a été passé avec SanofiPasteur, GlaxoSmithkline et Novartis. Le gouvernement a annoncé qu’il résiliait la commande de 50 millions de doses. Mais les actionnaires de ces trois firmes n’ont vraiment aucune raison de se faire du souci. Pour compenser, l’Etat se serait, en effet, engagé à leur commander ses prochains vaccins et à leur verser des arrhes sur les livraisons futures. Roche non plus, n’a pas à s’inquiéter. Il a du Tamiflu en stocks. Qu’à cela ne tienne ! Après avoir enjoint les médecins généralistes à limiter les prescriptions d’antiviraux, la Direction Générale de la Santé les pousse à présent à les prescrire à tour de bras. En d’autres termes, les magnats de l’industrie pharmaceutique n’ont rien à envier aux constructeurs et équipementiers automobiles. Le “coup de pouce” que leur a apporté l’Etat ne fait pas dans la demimesure ! Rien à voir, en tout cas, avec les quelques dizaines d’euros de revenu supplémentaire apporté par le RSA aux travailleurs pauvres pour passer le cap de la crise !

Défendre la santé publique et refuser de payer la note ! Cette affaire de la grippe A montre où nous conduit la privatisation de la recherche et de la production des biens d’intérêt général. Elle nous a fait également entrevoir où pourrait nous amener la liquidation du service public de santé. Les queues des familles durant des heures dans la rue, la désorganisation consécutive à la prise en mains de la campagne de vaccination par le ministère de l’Intérieur, avec la sollicitation des médecins militaires, sont un avant-goût de ce que l’Etat libéral réserve à ceux qui n’auront pas les moyens de se soigner par euxmêmes. Sans parler de risques d’une telle vaccination “à la chaîne”, sans connaissance du dossier médical ! Ce nouvel épisode du mariage dramatique entre santé publique et santé du Capital, confirme l’urgence de rompre avec la logique libérale qui fait de la santé une marchandise et du soin un marché. #

Les services publics au bord de l’explosion Nous avons souvent évoqué dans nos colonnes la situation du Pôle Emploi, issu de la fusion d’un service d’Etat, l’ANPE, et d’un organisme paritaire chargé de service public, l’ASSEDIC. Nous évoquons également dans cette édition la situation dans les bureaux de poste et les centres de traitement du courrier. Partout une même constante, la dégradation conjointe du service au public et des conditions de travail des personnels. Il faut ajouter la situation explosive dans les hôpitaux publics et le service public d’éducation. Les CAF sont dans une situation

identique. La brutale aggravation de la situation économique et sociale, qui augmente le nombre des allocataires et l’urgence de leurs besoins, arrive après des dizaines d’années de pressions sur les effectifs. Les programmes informatiques ne suivent plus le rythme des réformes et des évolutions législatives. La mise en place du RSA se conjugue avec une intensification des contrôles via, en particulier, les échanges de données avec les Impôts et le Pôle Emploi. Dans ce contexte, l’effet ciseau entre les charges de travail qui augmentent et les moyens humains qui diminuent a des

effets dramatiques à tous les nivaux. Combien de temps les personnels supporteront-ils les changements permanents d’organisation, les heures supplémentaires à n’en plus finir, les pressions sur la productivité et le malaise face à la détresse ou à la colère des allocataires ? Combien de temps ces derniers accepteront-ils des délais de traitement de leur dossier qui se comptent parfois en mois alors que, pour une partie importante d’entre eux, les prestations sociales sont la principale, voire l’unique, source de revenu ? #

La Poste

Non à la privatisation ! Défense du service public ! “Bougez avec La Poste” ! Ce slogan publicitaire a pour les travailleurs de ce secteur une désastreuse résonance ! En effet, le changement de statut de La Poste, imposé au personnel et à l’ensemble des usagers par le gouvernement est bien un pas vers la privatisation de l’entreprise, contrairement aux dires de Jean-Paul Bailly. Le personnel sait ce que valent les engagements de ce dernier. Officiellement, la Direction annonce un sureffectif de près de 3 000 salariés. Dans la revue Capital du mois de janvier, dans la rubrique Actualité, Sandrine Trouvelot donne le ton en estimant le nombre de poste inutiles à 35 500 ! Tous les services seraient concernés (exemple : 15 000 emplois dans les bureaux de poste, 10 000 emplois à la distribution, 6 00 dans le tri du courrier, etc.). Ceci annonce la couleur : pour gagner en productivité, La Poste doit supprimer beaucoup de positions de travail. Les usagers, surtout ceux des milieux populaires qui font la queue au bureau de Poste ou qui reçoivent leur courrier avec retard, ont, tout comme le personnel, du souci à se faire sur l’avenir du service public, déjà bien mis à mal. La journaliste, pour illustrer ses propos, parle du Centre de traitement du courrier d’Issy-les-Moulineaux. Elle déclare : “Dans le vieux centre de tri d’Issy-les-Moulineaux, par exemple, dont l’activité a été partiellement déplacée sur deux sites plus productifs (Wissous et Nanterre), 170 employés sur 450 ont officiellement vu leur poste supprimé en mars. Quinze d’entre eux

attendent pourtant toujours d’être mutés ailleurs…” Il faut savoir que, dans sa politique de réduction des effectifs et de modernisation du tri, La Poste met en place des plates-formes industrielles et commerciales (PIC) regroupant du courrier au-delà d’un département. Dans les Hauts de Seine, l’ouverture de

la PIC de Villeneuve-la-Garenne est prévue pour juillet 2011, ainsi que la fermeture du centre de tri d’Issy-lesMoulineaux (alors que Jean-Paul Bailly avait promis aucune fermeture totale des centres de tri départementaux, encore une promesse non tenue). Le centre de tri de Nanterre est également impacté par la création de la PIC. Effectivement, au mois de mars, le

centre de tri d’Issy-les-Moulineaux a bien perdu une partie de son trafic mais les brigades du matin ont été supprimées, le personnel reclassé soit à la PIC de Wissous ou au centre de tri de Nanterre ou dans des bureaux de Poste, la direction profitant de la situation pour combler des postes de facteur à découvert (la distribution est victime d’un grand turn-over, dû aux très mauvaises conditions de travail). Depuis le mois de mars, les conditions de travail se sont considérablement dégradées au CTC d’Issyles-Moulineaux. Nous n’avons aucun temps creux, la productivité est au maximum avec une pénibilité accrue (position debout, beaucoup de manipulations de charges lourdes). Le directeur d’établissement montre du doigt les collègues en arrêt maladie, essayant de les rendre responsables de la pénibilité accrue du travail pour l’ensemble du personnel ; il prétend savoir mieux qu’un médecin qui est vraiment malade et qui simule, entraînant la démission du médecin de prévention. Les problèmes d’effectifs et de conditions de travail se détériorent, suite aux suppressions d’effectifs (30 000 ces dernières années), mais pour nos dirigeants ce n’est qu’un début et il n’est bien sûr pas question de proposer au personnel de La Poste un substantiel programme de préretraite à 55 ans ! # Correspondance


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Société

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Fichier unique de la Sécu

Big Brother surveille les pauvres ! ouclier fiscal pour les riches, traque à la fraude chez les pauvres. Dans la logique libérale, il est admis une fois pour toutes que ce sont eux qui doivent faire les frais du “trou” de la Sécu et des déficits publics. Subventions “les yeux fermés pour les banques et les grandes entreprises, exonérations de cotisations pour les employeurs, passe-droits pour les initiés et législations sur mesure pour les “amis du président”, mais suspicion a priori et fichage préventif pour les classes dangereuses ! Celles qui ne savent pas éduquer leurs mouflets et qui, c’est bien connu, ont, dans leurs gènes, l’arnaque aux assurances sociales. Leur portrait robot : le faux chômeur, le fainéant, le parent isolé, le bénéficiaire du RSA...

“Répertoire national commun de la protection sociale” (RNCPS) dont l’instauration avait été votée en 2006. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un nouveau fichier, mais plutôt d’une vaste interconnexion de différents fichiers. “Sécurisé” par de multiples contrôles (des millions de personnes d’origine étrangère ont été sommées de fournir des extraits d’acte de naissance), le NIR (communément appelé numéro de Sécurité sociale) devient un identifiant commun pour tous les organismes sociaux et certaines administrations. On explique qu’il s’agit de simplifier les démarches : plus besoin de faire de déclaration de revenus à la CAF, les données sont directement injectées à partir des fichiers des Impôts ! Mais le véritable motif est la “lutte contre la fraude”.

Le 16 décembre, le Journal Officiel a publié le décret relatif au

Ce partage de données personnelles entre services administratifs et

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sociaux s’est institué progressivement depuis plusieurs années, mais un pas de plus est franchi avec le RNCPS. Il répertorie nom, prénoms, date de naissances et numéro de Sécurité sociale, adresse et prestations perçues (nature et date de début et de fin de droit). L’accès à ces données est ouvert aux CPAM, CAF, URSSAF, CRAM…, mais aussi aux collectivités territoriales (CCAS, services sociaux des départements et des régions). Cette mise en fiche systématique des bénéficiaires de prestations sociales, et en particulier des plus pauvres, s’inscrit dans l’air du temps. La mise en place du RSA a institué la saisie informatique d’un questionnaire sur la situation sociale, familiale et professionnelle des bénéficiaires du RSA “socle” (ceux qui ne travaillent pas). Ce qui relevait antérieurement du travail social et du rapport confidentiel

entre le travailleur social et son interlocuteur relève à présent de la collecte administrative et informatisée des données personnelles. Les administrateurs CGT de la Caisse nationale d’allocations familiales et de nombreux travailleurs sociaux, qui refusent cette dérive, s’élèvent contre cette logique de surveillance des bénéficiaires de prestations sociales. On n’ose en effet imaginer l’usage qui pourrait être fait de tels outils. D’autant que les garde-fous de la CNIL, qui prétend qu’il ne s’agit que d’une “aide” à l’examen des droits, sont, une fois de plus, dérisoires. Ce ne sont pas les classes laborieuses qui sont les “classes dangereuses”, mais l’ordre social capitaliste qui induit la paupérisation d’une partie toujours plus importante de la population et les politiques libérales qui ont fait exploser les inégalités. #

Education Education nationale

Poursuite du démembrement, poursuite des luttes e 21 janvier, les personnels de l’Education nationale seront à nouveau en grève, dans le cadre de la journée d’action de la Fonction Publique et, le 30 janvier, une manifestation nationale est organisée à Paris à l’appel de plusieurs syndicats. Réformes régressives et suppression massive des postes sont toujours les motifs de colère des personnels, et si les chiffres des grévistes lors de la journée du 24 novembre étaient moins importants que lors de journées précédentes, c’est plus à mettre à l’actif du découragement et de l’absence de perspectives car le mécontentement et la colère sont bien réels ! Prenons l’exemple de la réforme de la formation des maîtres qui, rappelonsle, supprime la formation en IUFM au profit de deux années de Master dans lesquelles est intégré le concours : deux années marathon pendant lesquelles il faudra préparer le concours tout en passant les épreuves universitaires de master avec, au milieu, des stages en responsabilité dans des classes en immersion totale et sans préparation. Rarement on aura vu une réforme soulever autant d’opposition contre elle : de la Conférence des présidents d’universités qui ont appe-

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lé ouvertement à une “journée d’action“ le 7 décembre, jusqu’aux plus hautes instances, comme par exemple le CNESER qui a adopté une motion contre cette réforme : “En rendant

enseignants, et plus largement au devenir des jeunes et de la société. Tout changement dans le dispositif de formation des enseignants doit être porteur de progrès et non de régres-

Manifestation à Caen le 15 décembre notamment contre la réforme des IUFM

leurs derniers arbitrages contre l’avis de tous les acteurs concernés (enseignants-chercheurs, enseignants, étudiants, lycéens, parents, ...) et en présentant aujourd’hui en CNESER une circulaire dite de cadrage des masters, le gouvernement persévère dans sa stratégie du passage en force. C’est inacceptable au regard des enjeux liés à la formation et au recrutement des

sions“. Les voix sont de plus en plus importantes pour dénoncer cette réforme qui accentuera la sélection sociale des enseignants (suppression de l’année de stage rémunérée mais un statut d’étudiant, avec uniquement des stages rémunérés comme des vacations) et placera les futurs professeurs dans des classes, sans formation, dans

des stages en responsabilité, qui serviront aussi de moyens d’enseignement (remplacement, par exemple) Cette réforme permettra aussi de constituer un vivier de personnes ayant obtenu le Master 2 mais n’ayant pas le concours : il est à craindre que se constitue ainsi une nouvelle catégorie de contractuels qui postuleront directement auprès des établissements. A terme, ce serait le système à l’anglo-saxonne ! On peut craindre dès lors des menaces sur les concours. Mais le gouvernement continue dans son entreprise de démolition en poursuivant les réformes et en réduisant les moyens. Ainsi, le lycée Darius Milhaud, où vient de se produire un fait divers tragique avec la mort d’un jeune poignardé par un de ses camarades, ne comptait que 12 postes de vie scolaire pour 1 600 élèves. A la fin du mois de janvier, les établissements recevront la prévision de leurs moyens en heures d’enseignement. On verra alors les premières conséquences en termes de suppressions de postes et de moyens, de la réforme de l’enseignement professionnel. Cela coïncidera avec les mobilisations prévues du 21 et du 30 janvier. De nouvelles luttes en perspective donc. #

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Refusons le chantage Au capital de Après une année 2009 marquée surtout par des luttes des travailleurs de la filière automobile, parmi les premiers à être touchés par la crise et qui ont su gagner le soutien du peuple et faire payer au capital le prix le plus fort, celui de la dignité, 2010 commence avec des luttes pour les salaires et contre les licenciements qui gagnent de nouveaux secteurs. Le refus du chantage patronal “emploi contre salaire”, la volonté de faire payer sa crise au capital gagnent du terrain.

Appel contre la criminalisation du mouvement social : Nous sommes tous des Conti ! La CGT Continental de Clairoix, le collectif contre les patrons voyous et licencieurs appellent à une manifestation de soutien le mercredi 13 janvier à 11h à la gare d’Amiens pour que la cour d’appel prononce la relaxe des militants syndicaux condamnés pour faits d’occupation d’une sous-préfecture : “Tous ensemble, tous mobilisés pour exiger la relaxe de ceux qui se sont battus pour s’opposer aux licenciements et pour le droit à la vie de tous leurs camarades… une vengeance contre la lutte des 1 120 travailleurs“. La classe ouvrière est en légitime défense et, dans le boxe des accusés, c’est le patronat qui devrait comparaître pour lui faire payer les dégâts sur des vies brisées et une région sinistrée. Les tenants de la crimina-

lisation du mouvement social cherchent une jurisprudence pour introduire dans ce procès “la responsabilité pénale collective“, le retour à une loi Anti-casseurs abrogée en 1982. Nombre de partis et mouvements de gauche se mobilisent et poursuivent la solidarité financière.

Moulinex Cormelles-le-Royal, Bayeux, Falaise Les 594 ex-Moulinex, une majorité d’ouvrières, ont obtenu une victoire qui a récompensé leur ténacité en s’organisant dans la CGT et une association, après la liquidation du groupe en 2001. Sur une contestation du motif économique et du plan antisocial déposée en 2005, la cour d’appel condamne le liquidateur judiciaire, donc l’AGS qui garantit les salaires, à verser 11,6 millions d’euros, soit une indemnité ramenée dans une fourchette de 15 à 20 000 euros. Le MEDEF pousse des cris d’orfraie alors qu’il veut une réforme réduisant à peau de chagrin ces dommages et intérêts, voire par la rupture conventionnelle échapper à toute condamnation.

Hymer France Cernay (Haut-Rhin) Coup de colère des 190 ouvriers de cette entreprise du groupe allemand spécialisé dans l’équipement du véhicule de loisir. S’ils ont mis le feu à des productions, c’est que depuis plus d’un mois ils sont sans nouvelle du groupe allemand (3 200 salariés), aux abonnés absents après avoir déposé le bilan. Le délégué CFDT dénonce une mise en faillite du site pour toucher les primes de relocalisation en Allemagne. Des actions sur Stuttgart sont envisagées.

Continental Sarreguemines Le dernier site de pneu Conti s’est mis en grève illimitée contre la réduction des pauses de 30 minutes et le travailler plus des équipes VSD avec 313 heures de plus par an, 135 gratuites pour les équipes de semaine pour un même salaire. Le 30 novembre, le patron a dû s’asseoir dessus et signer un protocole de fin de conflit avec une garantie de 4 ans sans plan de sauvegarde.

Pimkies (Nord) groupe de Mulliez Après une grève illimitée de 17 jours contre 190 licenciements au siège avec fermeture des entrepôts de Wasquehal et Neuville-enFerrain, les ouvrières de Pimkie ont obtenu une première victoire emblématique ; elles ont réussi à faire cracher au bassinet une grande fortune, celle des Mulliez. Elles ont gagné la prime extralégale appliquée dans le groupe chez Xanaka et qu’on entendait leur refuser : 20 000 euros plus 2 400 par année d’ancienneté contre 15 000 et 700 euros imposés. La bataille se poursuit avec détermination contre les projets et motifs des licenciements.

Grève des Dockers Le 4 janvier, les ports de Marseille, Le Havre, Bordeaux, La Rochelle, Dunkerque, Nantes et Rouen ont été bloqués par la grève massive des dockers. Leur colère est à la mesure de l’arnaque de la réforme portuaire signée en mai 2008 qui livrait l’ensemble de la manutention à des sociétés privées contre une promesse gouvernementale de gains de compétitivité avec 15 000 emplois à la clef par les vertus du capital privé. Aujourd’hui, le climat des négociations de l’accord-cadre est au gel, comme confinées dans un container frigorifique, alors que “les activités dites déficitaires“, fourguées à ces sociétés dans le cadre d’une mise en concurrence internationale sur le transport par container, peuvent faire craindre le pire pour les dockers.

Aubert et Duval Imphy (Nièvre) La lutte des 3 882 ouvriers des usines du secteur métallurgique du groupe Eramet, avec le syndicat CGT, contre les 750 licenciements a fini par payer. La cour d’appel de Bourges a accordé 1,3 milliard d’euros de dommages et intérêts, disant que la difficulté économique alléguée devait se juger au regard des moyens du groupe pour éviter les licenciements. Celui-ci a dû jeter l’éponge et, suprême humiliation, réintégrer le délégué CGT dans l’entreprise. #

4e mois de pour les Le mouvement de grève des travailleuses et des travailleurs sans papiers entrent dans son quatrième mois. La grève lancée le 12 octobre 2009, perdure. ans le dernier numéro de notre journal, nous en avions retracé les principales étapes suite à la lettre du 1er octobre en direction du Premier ministre, signée par la Cgt, la Cfdt, Solidaires, l’Unsa, la Fsu, la Ldh, la Cimade, Resf, Femmes Egalité, Droits Devant !!, Autremonde. En ce début d’année, de piquets de grève en évacuations, de manifestations en réunions de délégués, les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes mettent de plus en plus l’accent sur leurs conditions de travailleurs surexploités, parce que sans droits, parce que sans papiers. Surexploités depuis des années, ils avaient fini par intégrer leurs conditions de travail et de salaire comme étant “normales”. Intrinsèquement attachées à leur personne, de façon définitive en quelque sorte, et ce, quelle qu’aurait pu être l’évolution de leur statut. “La grève libère”, comme l’a dit un des délégués lors d’une assemblée générale. Et effectivement, chacun et chacune intervenant, qui devant les médias, qui dans une réunion de soutien, voire et y compris devant ses propres camarades, n’a de mots assez forts aujourd’hui pour dénoncer les conditions de travail auxquelles il était soumis parce que sans papiers. Insensiblement, ce mouvement de travailleurs sans papiers,passe à celui d’un mouvement de travailleurs qui luttent pour leurs droits de travailleurs. Et qui s’assume comme

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Les mobili entité organisatrice des transports en Ile-de-France (le Stif) impose aux entreprises publiques, Ratp et Sncf, la gestion conjointe de l’exploitation sur leurs lignes communes A et B. Cette réorganisation appelée “interopérabilité“ consiste à ce que tous les conducteurs de ces deux entreprises soient en mesure de conduire sur l’ensemble du réseau. La régularité du trafic devrait,

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emploi contre salaire ! payer sa crise ! grève travailleurs sans papiers tel. La régularisation administrative devenant le moyen pour en finir avec cette condition de sous-prolétaires, bon à trimer sur les chantiers, dans les cuisines, devant les magasins comme agents de sécurité, à nettoyer des mètres et des mètres carrés de bureau ou à servir de nounou chez des particuliers… Le mouvement s’ancre chaque jour un peu plus dans la réalité sociale et économique du pays. Le nombre de travailleurs engagés démontre l’ampleur de cette réalité, confirmée par le fait que 2 100 entreprises sont touchées par ce mouvement de grève. Et combien de travailleurs n’ont pas encore rejoint le mouvement, espérant que les grévistes réussissent à débloquer la situation, leur situation ? Comme il est souvent dit maintenant dans les prises de paroles : la question de la régularisation des travailleurs sans papiers est posée et à résoudre. Toute une partie du patronat n’en peut plus de cette situation. La machine est grippée. Le chantier prend du retard, ceux qui ont été appelés en remplacement des grévistes connaissent moins bien le boulot sur le chantier, ou sont moins performants dans les opérations de nettoyage des locaux, sans parler de leur capacité à rester devant les fourneaux avec tout le savoir-faire accumulé au fil des ans… Et puis il y a maintenant la crainte de les voir débarquer, travailleurs sans papiers / cégétistes, ensemble, s’installer dans la boîte, pour combien de temps ? Sans compter avec la mauvaise publicité qui ne manquera pas de se répandre de façon plus ou moins insidieuse quand ce n’est pas directement par voie de presse ou au journal de 20 heures… Et

ces centaines et ces centaines d’intérimaires qui déboulent on ne sait d’où,

en préfecture pour déposer leurs dossiers. Tous ces travailleurs en grève

Conférence de presse à l’occasion de la “galette solidaire” des artistes et personnalités avec les sans-papiers en grève.

qui, sans crier gare, investissent telle ou telle agence et qui ne partent qu’avec une assignation du tribunal portée par un huissier dûment accompagné d’une escouade de CRS… Le 28 décembre, c’est une ancienne responsable du Medef et animatrice du cercle patronal l’Ethic, qui s’est fendue d’une tribune dans Les Echos pour dénoncer l’hypocrisie ambiante (de la part de certains patrons et du gouvernement) dans la gestion du dossier. La circulaire du Ministère de l’Immigration du 24 novembre 2009, publiée pour pousser une partie des grévistes à abandonner la grève et aller déposer un dossier au guichet des étrangers à la préfecture, a fait long feu. Il faut que la justice s’en mêle pour, par exemple à l’occasion d’une procédure d’évacuation, obliger les grévistes à passer par la case guichet

sont têtus. Ils exigent toujours une circulaire pour permettre une régularisation des travailleurs sans papiers avec des critères objectifs qui en finissent avec l’arbitraire préfectoral. Pas question de déposer des dossiers en Préfecture. Tout au plus continuer de mettre la pression sur les patrons pour qu’ils signent les documents administratifs (cerfa), les engageant dans le processus de régularisation. La carte Besson étant abattue, le mouvement intégrant de plus en plus le fait que la régularisation administrative va enfin permettre d’en finir avec les conditions de travailleurs surexploités, le 30 décembre 2009, 2 000 d’entre eux se sont rassemblés sous les fenêtres du ministre du Travail pour appuyer la demande de rendez-vous déposée par les onze organisations et associations qui soutiennent le mouvement.

www.travailleurssanspapiers.org Dons par chèque à l’ordre Solidarité sans papiers à adresser à : CGT - Service comptabilité, 263 rue de Paris 93100 Montreuil Si aucune mesure de régularisation administrative n’intervient pour ces travailleurs, grévistes ou non, la société française admet qu’elle offre en pâture au patronat pour ses usines, ses chantiers, devant ses fourneaux, dans l’aide à la personne… des milliers de femmes et d’hommes réduits au rang “d’esclaves modernes”, surexploités parce que sans droit ! Non seulement l’opinion publique soutient cette grève, mais les mathématiques sont avec les grévistes ! Et depuis le 6 janvier 2010, une partie des artistes et un certain nombre de personnalités aussi. Ce mardi soir, par un froid à couper au couteau, ils étaient très nombreux à avoir fait le déplacement pour partager un bout de galette avec les grévistes, dans ce nouveau lieu de grève où sont regroupés les travailleurs du bâtiment qui ont été évacués de la tour First à la Défense et de la Chambre patronale des travaux publics. Les paroles d’encouragement et de soutien de Josiane Balasko, de Juliette Binoche, de Cali, de Lilian Thuram ou de Patrice Pelloux… résonnent encore dans le cœur de ces femmes et de ces hommes qui ont tout lâché pour retrouver leur dignité. Avec la semaine qui s’ouvre, d’autres initiatives et mobilisations sont en préparation. Même si pour le mouvement, il n’est pas très facile de trouver de nouvelles marques en ce début d’année, quatrième mois de grève, après cette période des fêtes si particulière et ce froid qui n’en finit pas… Le moral reste élevé et la détermination totale, chez les grévistes comme chez les onze organisations syndicales et associations. #

sations de fin d’année dans le RER selon elles, être de ce fait améliorée ! En fait, la mise en œuvre de cette réorganisation, effective sur la ligne B depuis le 9 novembre, a permis aux deux entreprises, suite à la fusion des effectifs, une réduction de postes de plus de 30 conducteurs. Soit un gain de productivité de près de 20 %. La formation pour obtenir la certification permettant de rouler sur des

réseaux soumis à une réglementation et des critères de contrôles médicaux européens très stricts depuis 2003 a aussi été facteur du mécontentement. Le 9 novembre, au moment même où est mise en œuvre cette “interopérabilité“ sur la ligne B, les conducteurs des lignes A et B déposent ensemble un préavis de grève afin de faire reconnaître les dégradations des

conditions de travail dues à l’évolutions du trafic voyageurs depuis une quinzaine d’année sur le réseau RER. Ensemble, ils réclament une augmentation de leur salaire de 120 euros pour tous. Ce 9 novembre, le RER est paralysé ! Le lendemain, la ligne B reconduit le mouvement et arrache, après cinq jours d’une grève très suivie à l’appel de la CGT, FO et Sud, la

pérennité d’une prime de 70 euros et l’attribution de 20 points sur le salaire statutaire d’ici le 1er juin prochain, soit 120 euros. Du 30 novembre au 1er décembre, la direction est contrainte de négocier une revalorisation de la qualification des conductrices et conducteurs du RER A, la ligne la plus fréquentée du réseau, qui dessert notamment

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des grands centres commerciaux (les Halles), des centres d’affaires (La Défense)... Face à l’intransigeance de la direction pour l’intégration dans le salaire d’une partie fixe d’une prime liée à la régularité du trafic, l’intersyndicale Cgt, Cfdt, FO, Sud et Unsa dépose un préavis de grève reconductible à compter du 1er décembre. Face à un mouvement de grève massif, la direction a tout fait pour mettre en œuvre une stratégie de déstabilisation et de division du mouvement en organisant un service minimum aux heures de pointe, faisant appel à du personnel d’encadrement. A travers certains médias, elle a aussi tout tenté pour monter l’opinion publique et les usagers contre les grévistes. Cela n’a pas marché ! Les usagers, entassés dans les rames, victimes des pannes, retards, suppressions de trains quotidiennes, savent que ce ne sont pas

les grèves qui sont responsables de ces graves dysfonctionnements, mais le manque de trains, le manque de maintenance des équipements qui provoquent ces incidents à répétition. Après 6 jours de grève, la direction ne veut négocier qu’une prime qui pourrait s’élever à 80 euros liée à la régularité des trains imposés par le Stif, à savoir que, chaque jour, circulent 30 trains par heure. Les conducteurs ont vite fait les comptes. Vu qu’il ne passe en moyenne que 26 trains, la prime ne pourrait s’élever au mieux qu’à 67 euros. Si l’on y ajoute les 3 points de salaire en plus soit 18 euros, on est loin des 120 euros pour tous ! La grève est reconduite et la reprise ne sera effective que le 26 décembre. La direction de la RATP a voulu régler la question des retards en instaurant “une prime de régularité“ ! Comme si une prime pour les

conducteurs pouvait pallier le délabrement des équipements, le manque de trains, d’effectifs suffisants,... 17 jours de conflit dur face à une direction et un gouvernement qui a tout mis en œuvre pour ne rien céder de plus. Durant ces 17 jours, les conducteurs de la ligne A ont tenu dans un réel isolement de leur mouvement. Aucune information en direction des syndiqués des autres secteurs de l’entreprise, sauf ce qui a pu être pris en main par quelques sections syndicales comme à la maintenance par exemple. A aucun moment il n’a été envisagé par les différentes organisations syndicales de travailler à un élargissement de la mobilisation à la Ratp, alors que dans tous les secteurs le mécontentement est grand face à la course à la productivité, au blocage des salaires, à la réorganisation du travail synonyme partout de sup-

pressions de postes et d’aggravation des conditions de travail qui se répercutent sur les conditions de transport des usagers. C’est cet intérêt commun, entre travailleurs des transports publics et usagers qu’il faut mettre en évidence et populariser. La question de la politique des transports va être une question centrale dans les prochaines élections régionales. En effet, les régions ont de grandes compétences dans ce domaine, du fait notamment du désengagement financier de L’Etat. Les priorités doivent être la desserte des quartiers populaires, la gratuité des transports pour les chômeurs et les précaires, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Il faut également revenir sur la politique de privatisation des transports publics. # Correspondance Cellule 2e Congrès

49e Congrès de la Cgt

Un congrès de transition e véritable enjeu de ce congrès a été la mise sur rails de la future réforme des structures qui devrait intervenir au cinquantième congrès confédéral (2012). Quatre des sept résolutions proposées aux votes des délégués avaient directement trait à cette question. Ces résolutions sur la “maison Cgt” faisaient suite à celles sur la réforme des cotisations adoptée au 48e, après le loupé de la direction confédérale au 47e congrès. Contrairement au 47e congrès sur cette question des finances, à Nantes, la direction confédérale n’a pas voulu passer en force. À partir de toute une série d’aphorismes, renvoyant à des points de vue plus ou moins partagés sur le fonctionnement ou sur les difficultés de fonctionnement de l’organisation, une série de résolutions engageant une démarche avec des échéances à mi-mandat et devant déboucher au cinquantième congrès par des modifications statutaires ont été soumises au vote des congressistes et adoptées.

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Un édifice Cgt “redessiné” Les résolutions engagent maintenant la Cgt dans “une démarche de transformation de l’organisation, cohérente, coordonnée et diversifiée”. Au centre de cette “transformation” le syndicat d’entreprise qui, s’il est toujours défini comme “l’organisation de base de la Cgt”, est mis à la question pour savoir quel doit être son “périmètre”. Qui de l’entreprise, de la localité, du département, du bassin d’emploi ou de la filière professionnelle ? Sans préjuger des débats futurs, ni de leur finalité, force est de constater

qu’en posant le débat en ces termes, l’objectif recherché est d’arriver à ce que, dans les têtes des militants, la structuration syndicale proprement dite puisse être comprise comme pouvant être déconnectée de l’entreprise pour permettre d’intégrer celle de “territoire”. “Si l’entreprise ne peut plus constituer l’assise unique des syndicats, cela demande de donner toute sa place à la dimension territoriale dans la reconquête du salariat” (article III-103 de la troisième résolution). Et chacun sait que, dans la Cgt, le “territoire” qui compte de plus en plus, c’est celui de la région. Pas simplement pour des questions de gros sous, mais aussi parce que cette structuration territoriale tend à devenir la structuration administrative et politique de “base” de la décentralisation dans le cadre de l’Union européenne. Avec le réformisme, la perspective de transformation sociale ayant toujours tendance à s’éloigner le plus possible dans le temps et dans l’espace, il faut faire en sorte que les structures suivent ! “La reconquête du salariat” sur la base de structure de proximité est aussi un argument mis en avant par la direction confédérale pour appuyer cette profonde transformation en gestation de l’ensemble des structures. C’est étonnant quand on sait qu’aucune autre organisation syndicale ne peut s’enorgueillir, comme la Cgt, d’avoir un “réseau” de plus de huit cent Unions locales ! Certes, il a des “déserts syndicaux” dans tout ce maillage. Mais la redéfinition des “périmètres” des syndicats n’entraînera pas un accroissement ipso facto du nombre de syndiqués, y compris avec quelques moyens supplémentaires. Par contre, les transferts de syn-

diqués de telle structure à telle autre structure, qui auront lieu immanquablement, vont entraîner crispations et conflits. Et ce n’est pas la commission prévue à cet effet à ce 49e congrès qui va contribuer à apaiser les tensions.

Beaucoup de frustration mais aussi de combativité chez les congressistes Le nombre de syndiqués, s’il est une véritable question, ne peut pas être séparé de celle de la ligne. La véritable question est de savoir, au bout du compte, quelle ligne développe le syndicat. Autrement dit, est-ce que l’organisation pousse au développement des contradictions de classe pour permettre des avancées, mêmes limitées, dans la satisfaction des revendications des travailleurs ? Ou est-ce que l’organisation se limite à un espèce de “statu quo” pour des accords type “gagnantgagnant”, dont tout un chacun connaît par avance, et par expérience, le caractère factice et démobilisateur. C’est en fait cette interrogation qui est montée très fort lors de nombreuses interventions de délégués à ce 49e congrès, indépendamment de la surdramatisation et surmédiatisation entretenue autour de la candidature au poste de secrétaire général de Delannoy, métallurgiste du Nord. Dans son intervention, le délégué de Molex, comme tant d’autres, a dit beaucoup de choses très justes sur la période et, en particulier, il a dénoncé la situation qui est faite aujourd’hui aux militants Cgt “qui gèrent comme ils le peuvent les luttes face à un patronat au pouvoir presque sans limites”.

Cette accusation, tout à fait fondée, fait écho à toutes les critiques sur la gestion, cette fois-ci par la direction confédérale, du mouvement du premier semestre 2009 pour refuser de payer la crise. Et ce n’est pas la réouverture du dossier des retraites en 2010 qui est de nature à rassurer. Même s’il est présenté comme LE dossier revendicatif de l’année qui s’ouvre. La montée à la tribune d’une délégation d’une trentaine de militants et de travailleurs sans papiers, en grève depuis le 12 octobre pour arracher une circulaire de régularisation administrative, a été par contre un moment fort du congrès. Quelques aigris n’y ont vu qu’une énième tentative de la direction confédérale pour redorer son blason et faire diversion, oubliant qu’avec cette délégation c’étaient aussi 6 000 travailleurs en grève depuis deux mois qui étaient ovationnés par l’ensemble du congrès debout, de la commission exécutive sortante au plus jeune congressiste. Le syndicat, et en particulier la Cgt, est vue aujourd’hui par un grand nombre de travailleurs comme un des derniers remparts, si ce n’est le rempart, qui peut encore protéger de l’offensive libérale en cours, à laquelle viennent s’ajouter les effets dévastateurs de la crise. Tous ces militants et militantes ainsi que celles et ceux qui intègrent aujourd’hui les sections et syndicats d’entreprises attendent des perspectives, non seulement de lutte, mais de luttes qui rassemblent, qui arrivent à se coordonner pour permettre à la classe ouvrière, aux travailleurs avec leurs syndicats de peser dans la situation actuelle. La chose n’est pas facile, mais Bernard Thibault ne décide pas de tout. #


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Réforme des lycées

Non à la dévalorisation de l’Histoire ! a réforme des lycées, promise par Sarkozy et initiée par Darcos, est en voie de finalisation par les services de Luc Chatel ; elle devrait commencer à s’appliquer à la rentrée 2010. Parmi les nouveaux mauvais coups portés à l’enseignement, il est une mesure qui a soulevé l’indignation de l’immense majorité des enseignants, des historiens et de nombreux intellectuels : la suppression de l’Histoire et de la Géographie en tant que matières obligatoires en Terminale scientifique. Pour tenter de prévenir une prévisible levée de boucliers, le ministre propose 2 heures de cours facultatifs par semaine. Qui va assurer ces cours ? Où va-t-on les placer dans l’emploi du temps ? Il ne s’agit là que d’un pisaller qui n’a trompé personne sur la finalité de la réforme. Cette finalité s’inscrit dans la politique constante et affirmée maintes fois par Sarkozy et son gouvernement : réaliser des économies dans l’Éducation nationale, supprimer des postes, “dégraisser le mammouth” comme l’avait dit en son temps Claude Allègre, ministre de l’Éducation de Jospin. Ne renouveler qu’un départ sur deux de fonctionnaires à la retraite ne leur suffit pas. Ils s’en prennent maintenant aux horaires de toutes les matières. Qu’on en juge : aujourd’hui ,les élèves de 1ère et de Terminale scientifique bénéficient de 2h30 de cours par semaine en histoire-géographie. Avec la réforme, les élèves de 1ère cumuleraient 4 heures d’enseignement. Autrement dit, il faudrait ingurgiter en un an et à raison de 4 heures par semaine des programmes très lourds enseignés auparavant sur deux ans à raison de 2h30 par semaine. Le compte n’y est pas. Pour justifier cette mesure, le ministère prétend qu’il faudrait éviter que les “purs” scientifiques ne soient handicapés par “l’excessive généralité de la série S”. Cet argument ne tient pas debout car on pourrait dire la même chose pour les élèves de 1ère S... à cause de la réforme. D’ailleurs, le ministre qui prétend favoriser les scientifiques n’est pas à une contradiction près. Selon l’Association des professeurs de Mathématiques, il faut prévoir, avec la réforme, une diminution importante et non justifiée des enseignements scientifiques : perte de 1 heure en Science et Vie de la Terre (SVT), de 1h30 en Physique-Chimie, de 1 heure en Mathématiques, tout cela en 1ère S. D’autres coupes sombres sont annoncées dans les sections ES dès la seconde. Pour bien montrer qu’il a accompli sa mission, Luc Chatel avoue sans vergogne : ”J’ai veillé à ce qu’on ne taille pas dans une seule discipline.” Il s’agit bien de suppressions massives

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d’heures d’enseignement et donc de postes de professeurs que les justifications pseudo pédagogiques ont bien du mal à masquer. Mais au-delà de cet aspect comptable il en existe un autre, tout aussi inquiétant, et qui tient à la nature même de l’Histoire et de la Géographie. Chacun s’accorde à reconnaître à ces disciplines dites d’éveil un rôle majeur dans la formation du citoyen. Par la connaissance et l’explication des événements du passé, par la description et la discussion autour des grands enjeux du monde actuel, elles permettent aux jeunes de se construire un système de valeurs, de critères et de références pour mieux comprendre le monde actuel et y trouver leur place. Elles développent l’esprit critique et aident à combattre les comportements moutonniers, réducteurs et irrationnels. Prétendre traiter en un an, en classe de 1ère S, les vastes programmes d’histoire-géographie étudiés aujourd’hui en 2 ans relève de la gageure sauf à survoler les problèmes, à dresser un inventaire d’événements sans hiérarchie des valeurs, à passer d’une étape à une autre, d’un problème à l’autre sans prendre le temps d’étudier les liens entre eux, sans possibilité de creuser des questions majeures qui structurent aujourd’hui la pensée et l’action individuelle et collective. En “chargeant la mule” en 1ère S, on tend inévitablement vers cette histoire-géographie catalogue qui expose mais ne donne pas les moyens de comprendre et d’agir, vers une sorte de self-service où chacun peut faire son marché et s’approprier tel fait ou tel personnage et leur faire dire n’importe quoi. Cette conception-là est chère à Sarkozy qui ne manque jamais une occasion d’invoquer les mânes de Jaurès, de Léon Blum, de Guy Môquet et, récemment, du grand historien Marc Bloch, victime de la barbarie nazie, pour tenter de faire passer sa politique réactionnaire. Cela porte un nom : c’est du révisionnisme et il s’appuie toujours sur l’ignorance, la méconnaissance et la déformation des faits. Priver les élèves de Terminale S d’un enseignement d’histoire-géographie c’est contribuer à les empêcher de s’interroger sur la finalité de leurs métiers à venir et de développer leur sens critique sur la nature et les buts de leurs recherches futures. Voilà qui en dit long sur le genre de scientifiques que ce pouvoir voudrait avoir à sa botte. Aujourd’hui, Sarkozy et son gouvernement pataugent lamentablement dans un débat sur l’identité nationale dont personne, à part eux et le FN, ne voyaient et ne voient toujours pas la nécessité. Ce faisant, ils ont

réveillé les vieux démons du racisme, de la haine de l’autre, de l’étranger, de l’immigré, de l’Arabe... Comme il est écrit très justement dans une des pétitions signées par de nombreux enseignants, historiens et intellectuels, la suppression de l’histoire-géographie en Terminale S risque “de priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires.” Le 10 décembre, la réforme des lycées a obtenu le feu vert du Conseil Supérieur de l’Éducation. En même temps, le mouvement de protestation existe même si des tendances à la résignation s’y font sentir.

Parce qu’elle entraîne de nouvelles suppressions de postes, parce qu’elle tend à dévaloriser Histoire et Géographie, de même que les sciences sociales, en tant que disciplines formatrices de l’esprit critique et de l’esprit scientifique, cette mesure, comme l’ensemble de la réforme, doit être combattue. Il est indispensable d’élargir la mobilisation et de mener le débat dans les lycées, dans les syndicats enseignants, dans les associations de parents d’élèves et auprès de tous ceux qui défendent un enseignement disposant de moyens, capable de former une jeunesse qui contribue à construire un avenir de progrès social, de fraternité et de paix entre les peuples. #

Camus et l’indépendance de l’Algérie crivain, auteur de théâtre, moraliste, bonne conscience de la littérature, Camus fut constamment confronté à la mauvaise conscience de Sartre. Comment ne pas, aujourd’hui comme hier, les opposer ? Certains les distinguent en raison de leur origine, populaire pour Camus, bourgeoise pour Sartre. Mais si le mérite revient à Sartre de n’avoir jamais cessé de trahir la sienne, Camus, lui, n’a pas servi sa classe. Bien qu’il ait affirmé que la littérature ce n’est pas “servir ceux qui font l’histoire, mais ceux qui la subissent“, c’est Jean Genet, le sartrien, qui dans ses romans et œuvres théâtrales arrache les masques du racisme, de l’anticolonialisme, des prisons, de l’homosexualité ; Camus reste sur l’Aventin. C’est là, dira-t-on, appréciation littéraire. Le moraliste ? Abordons la lancinante interrogation sur sa position pendant la lutte de libération du peuple Algérien. Né en Algérie, sa mère est algérienne, il dénonce avec force, en 1945, dans le journal Combat, les massacres de Sétif. Il est ce que l’on dénomme un libéral, un de ceux qui sont favorables à une évolution de la situation coloniale. Quand la tension devient extrême entre ceux qui défendent la cause nationale algérienne et ceux qui défendent les privilèges du colonialisme, il se veut audessus de la mêlée. En 1957, consécration suprême, Camus reçoit le prix Nobel de littérature ; dans ce moment, se déroule la bataille d’Alger, les parachustistes au pouvoir, pour la population algérienne, ce sont les pires heures de la répression. Mais, lors de la remise du

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prix, dans le discours qu’il prononce, Camus n’a aucun mot pour ceux qui “subissent l’histoire“. Interpellé à ce sujet, condamnant le recours par le FLN à la lutte armée et aux attentats (une cause juste employant à ses yeux des moyens injustes), il répond par une phrase pleine d’ambiguïté : “Si j’ai un jour à choisir entre la justice et ma mère, je choisis ma mère audessus de la justice.“ Camus veut bien que le système colonial change, il le souhaite même, mais cela doit se faire selon le bon vouloir des libéraux ; quand l’autre, le colonisé, use à son tour de la violence pour s’opposer à la violence coloniale et réaliser son aspiration à l’indépendance, pour Camus quelque chose “au-dessus de la justice“, il lui dénie ce droit. Cette déclaration suscite une polémique qui perdure plus de cinquante ans après, l’image du moraliste est atteinte, mais l’ambiguïté de la phase autorise de multiples interprétations. Sauf que, trois mois après cette déclaration, le gouvernement décide la saisie du livre d’Henri Alleg, La Question. Protestant contre cette saisie, Jean-Paul Sartre, cette mauvaise conscience des “Justes”, et trois prix Nobel de littérature, André Malraux, Roger Martin du Gard et François Mauriac, signent une Adresse solennelle au président de la République demandant de mettre fin à l’usage de la torture en Algérie. Camus refuse de signer l’Appel ! L’équivoque est levée, refuser le droit aux Algériens de se révolter, c’est simplement choisir son camp, celui du maintien de l’ordre colonial, mais en refusant de condamner la “justice de la torture“, le moraliste tombe de son piédestal. # Nils Andersson

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Copenhague : “Changer e sommet de l’Onu sur le changement climatique s’est achevé à Copenhague sur un échec prévisible par rapport aux objectifs annoncés. La seule bonne nouvelle, c’est l’ampleur et le succès des mobilisations de masse qui ont essayé de peser sur les débats et les négociations entre chefs d’Etat et de gouvernements des 191 pays présents. Le fait politique important, c’est le lien établi par la grande masse des manifestants, à Copenhague et dans

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plusieurs villes du monde, entre les exigences en matière de préservation de l’environnement et la mise en accusation du capitalisme en tant que principal responsable des dégâts environnementaux et la dénonciation des grandes puissances qui veulent préserver leur hégémonie en imposant des contraintes aux économies des autres pays, notamment ceux qu’ils considèrent comme leurs principaux rivaux potentiels, la Chine et l’Inde en particulier.

Cette dénonciation du capitalisme et de l’impérialisme s’est fait entendre y compris dans la conférence officielle, à travers des interventions de certains chefs d’Etat (Evo Morales et Hugo Chavez). Les peuples des pays d’Afrique et ceux des îles et archipels menacés de disparition par la montée des eaux sont les premiers perdants de l’absence d’engagements concrets des plus grands pollueurs de la planète. Pour ces pays, les promesses “d’aides

financières“ sont infimes comparativement aux conséquences économiques, sociales, humaines… du réchauffement climatique dont ils ne sont pas responsables. Les représentants des grandes puissances impérialistes se sont efforcés de faire retomber sur la Chine et l’Inde, et plus généralement sur les pays dits émergents, la responsabilité de l’absence d’engagements concrets en matière de réduction d’émissions des gaz à effet de serre. Si Obama

USA n’envisagent qu’une baisse de 4 % ! Obama se réfugie derrière l’opposition du Sénat (qui doit ratifier tous les accords internationaux) pour refuser tout engagement, considéré par les grands patrons US comme une remise en cause de la libre concurrence. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, Obama se comporte en représentant déterminé des intérêts de l’oligarchie US.

Evo Morales, le président triomphalement réélu de la Bolivie, et Hugo Chavez se sont mis à l’écoute des dizaines de milliers de manifestants, reprenant leurs mots d’ordre ; “si le climat était une banque, ils l’auraient depuis longtemps sauvé” a lancé Chavez, tandis que Morales fustigeait le capitalisme, en tant que principal responsable de la destruction de l’environnement.

Les engagements Protocole de Kyoto 1986, négocié lors des Conférences. Couvre la période 2008-12. Réduction des émissions de 6 gaz à effet de serre (GES), dont le CO2 représente 50 % Diminution de la quantité des GES, par rapport à la quantité produite en 1990. - 6 % en moyenne, avec - 8 % pour l'UE ; - 6 % pour le Japon ; 0 % pour la France ; - 21 % pour l’Allemagne… (chiffres en 2004). Les

USA n'ont pas ratifié les engagements concrets. Les pays signataires représentent 30 % des émissions de GES : la Chine, l’Inde et le Brésil devraient émettre 40 % des GES dans les prochaines années.

Copenhague ne prend aucun engagement chiffré Le texte qui n’a été signé que par une trentaine de pays, dont la France et l’UE, ne prend aucun engagement chiffré en matière de réduction. L’objectif de diminution de 50 % d’ici 2050 est passé à la trappe. La seule mention chiffrée concerne l’élévation maximum de la température : + 2°. La référence même au protocole de Kyoto a disparu. Le texte fait confiance à la bonne volonté des Etats. Une des images qui restera sera certainement celle de ce groupe de chefs d’Etat, avec Merkel, Obama, Lula, Sarkozy…, discutant en très petit comité pour imposer un texte insi-

pide qui ne les engage à rien. Obama et Sarkozy ont essayé de faire porter la responsabilité de ce qui est un fiasco politique et médiatique aux dirigeants chinois, en leur reprochant de ne pas prendre d’engagements chiffrés de réduction. Ces derniers avaient beau jeu de leur faire remarquer qu’ils n’étaient pas à égalité avec les grandes puissances industrielles. Obama a fait du contrôle de la mise en œuvre des engagements de réduction son cheval de bataille. Les dirigeants chinois y ont vu, non sans raison, une tentative de l’impérialisme US de mettre leur économie sous contrôle.

Protocole de Kyoto Marché de droits d’émission de carbone Sous la pression des USA, suivis par plusieurs de leurs alliés, l’idée de “droits à polluer” mis et vendus sur les marchés s’est imposée. C’est une conception typiquement néolibérale : les différentes formes et causes de pollution contribuant à l’effet de

serre sont des marchandises. Ce sont les lois du marché qui doivent “réguler” cette question. La responsabilité antérieure des puissances industrielles est totalement évacuée ; les plus riches peuvent payer le droit de polluer.

Copenhague ne remet pas en cause ce marché.

Texte de Copenhague Aide à la lutte contre la déforestation Partant de l’idée que les forêts sont des puits de carbone, les entreprises et les pays industrialisés qui investissent dans les pays forestiers pour diminuer la déforestation, achètent des “crédits carbone” à ces pays, pour compenser leurs émissions de GES

dans leur propre pays. Sarkozy veut réunir les Etats des grands bassins forestiers, notamment africains, comme celui du Congo, pour organiser ce vaste marché de plusieurs milliards de dollars.

Positions et demandes formulées par les pays du Sud Les Etats du Sud, regroupés dans le G77 (mais qui représente en fait quelque 130 pays dits en voie de développement), demandaient la reconduite du protocole de Kyoto, seul texte international qui fixe des chiffres de réduction aux pays les plus industrialisés. Les îles et les archipels ont défendu un maximum de + 1,5° de la température de la planète, en mettant en avant le risque de disparition pure et simple de nombreuses îles et archipels, conséquence de la montée des eaux.

Si les gouvernements des pays d’Afrique ont soutenu cette exigence, le chef de la délégation, l’Éthiopien Meles Zenawi, l’a abandonnée. Beaucoup ont vu là la main de Sarkozy, qui a rencontré M. Zenawi à Paris, pour essayer de constituer un “front“ France-Afrique ! Les Etats du G77 demandaient également un engagement formel de la part des grandes puissances industrielles de réduire de 25 à 40 % leurs émissions de GES d’ici 2020. Aucun engagement n’a été pris. Les

Aide financière aux pays les plus pauvres, victimes des conséquences du changement climatique C’est une des grandes attentesde de ce sommet. Une “enveloppe” d’une dizaine de milliards de dollars est prévue pour les pays les plus pauvres, entre 2010 et 2012. Cela ressemble à une aumône pour prévenir les effets des catastrophes climatiques, notam-

ment dans le domaine agricole. Le terme de “réfugiés climatiques” est repris par les experts de l’ONU, qui estiment à 200 millions le nombre de personnes qui vont être déplacées d’ici 2050 (ils étaient déjà 20 millions en 2008).

Positions et demandes formulées par les pays du Sud La grande majorité des Etats pauvres attendaient davantage dans ce domaine.

Il est question de plusieurs centaines de milliards de dollars nécessaires.


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le système, pas le climat” était bien décidé à ne s’engager sur pratiquement rien, tous les dirigeants des grandes puissances ont participé à l’entreprise de diabolisation de la Chine, exigeant de ses dirigeants qu’ils prennent des engagements qui brident le développement économique de leur pays. Il est évident que la grande bourgeoisie chinoise n’allait pas accepter un tel diktat, d’autant qu’elle peut s’estimer en position de force vis-à-vis de l’impérialisme US, dont elle finance le déficit abyssal,

via l’achat des bons du trésor US et parce qu’elle possède d’énormes quantités de dollars. Sarkozy n’a pas manqué de se livrer à ses gesticulations habituelles pour passer pour le président le plus écolo de la planète. En réalité, il a participé comme les autres à l’enterrement de l’esprit du protocole de Kyoto (qui contenait des objectifs chiffrés de réduction d’émissions de GES applicables aux grandes puissances indus-

trielles), il a poussé certains dirigeants africains à se désolidariser des exigences des petits pays insulaires et il a essayé de les éloigner de la Chine, un des principaux rivaux de l’impérialisme français dans plusieurs pays d’Afrique pour le contrôle des matières premières, des ressources pétrolières, forestières et aquifères. Les questions environnementales, les pollutions à grande échelle et la surexploitation des ressources naturelles sont des questions importantes qui

De nos camarades du Parti Communiste des Ouvriers du Danemark (APK)

Durant le sommet de Copenhague urant le sommet de l’ONU, les 7 et 8 décembre à Copenhague, l’action de la police a pleinement illustré le phénomène qu’a analysé la dernière Conférence Internationale de Partis et Organisations Marxistes-Léninistes (voir notre précédent numéro), à savoir que les Etats impérialistes sont en train de devenir des Etats policiers. La ville a été rebaptisée “COP-enhagen” (jeu de mot avec “COP” qui signifie policier en anglais - ndlr). Le sommet qui était censé “sauver la planète” s’est soldé par un échec retentissant. Les USA ne voulaient pas d’un accord et le président danois du sommet a suivi les directives de l’administration Obama. Ce dernier a conclu un accord avec quelques pays, faisant fi du forum des Nations unies et de ses mécanismes de discussion. Les exigences des pays en voie de développement ont été complètement ignorées. Quelque 2 000 manifestants paci-

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fiques ont été arrêtés et toutes les manifestations ont été attaquées à coups de gaz lacrymogènes, de gaz au poivre, de charges de policiers avec des chiens. Les procédures judiciaires visent exclusivement les manifestants et les responsables d’Action Justice pour le Climat, accusés d’avoir fomenté des troubles, et des activistes de Greenpeace qui, en dépit des mesures de sécurité draconienne, étaient parvenus à entrer dans la salle de banquet qui s’est tenu au Parlement sous la présidence de la reine du Danemark et qui ont déployé une banderole “les politiciens bavardent, messieurs les dirigeants, agissez !“ Les activistes de Greenpeace étaient toujours emprisonnés, au moins jusqu’au début de janvier. Un large mouvement international de solidarité s’est construit pour soutenir les personnes arrêtées et toutes celles qui sont poursuivies. Le 9 décembre, l’initiative antiguerre “Stop à la guerre contre le

terrorisme” a organisé un sit-in devant l’ambassade des USA à Copenhague, pour protester contre l’attribution du prix Nobel de la Paix à Barack Obama, le lendemain à Oslo. Dans son intervention, notre camarade Troels Riis Larsen, porte-parole de cette initiative et de notre parti, le Parti Communiste des Ouvriers du Danemark (APK) a exprimé nos positions, y compris sur le Sommet de l’Onu. Notre parti avait, en effet, fait connaître sa politique sur la question du climat et des questions de l’environnement avant le sommet. Tout au long du sommet, nous avons couvert les événements à travers un site web spécialement dédié (http://fremad.org:klima/ qui montre les manifestations et les protestations contre la répression policière, ainsi que les attaques violentes de la police (voir notamment : http://www.youtube.com/user/ KPnetTV). #

mobilisent largement, en particulier de grands secteurs de la jeunesse des pays capitalistes, mais aussi les mouvements qui luttent contre le pillage impérialiste. Copenhague marque un pas important dans la prise de conscience de la nécessité d’inscrire ces combats dans le combat global contre la logique du système capitaliste et contre les politiques de domination des grandespuissances. #

Le Conseil constitutionnel invalide la taxe carbone De retour de Copenhague, Sarkozy a essuyé le désaveu du Conseil constitutionnel qui l’empêche de mettre en œuvre la grande “révolution“ de la taxe carbone. Il n’avait pas hésité à la comparer à l’abolition de la peine de mort ! Constatant que “93 % des émissions de dioxyde d’origine industrielle, hors carburant, seront totalement exonérées de contribution carbone“, le Conseil constitutionnel a conclu à la “rupture caractérisée de l’égalité devant les charges publiques“, ce qui a rendu le texte de loi anticonstitutionnel. Refusant de perdre la face, Sarkozy s’est empressé d’annoncer qu’une nouvelle mouture serait prête dans les plus brefs délais. Le Medef est tout de suite monté au créneau pour crier à “la double peine“ qui risque de frapper les industries polluantes, et pour exiger que les secteurs exposés à la concurrence internationale soient exemptés. Personne ne se plaindra de ce revers infligé par le Conseil constitutionnel à Sarkozy, mais cela ne doit pas occulter le caractère réactionnaire de cet impôt qui pèsera sur les classes populaires. Notre opposition à cette taxe reste entière, même si certains secteurs de l’industrie seront finalement mis à contribution.

Espagne : analyse du Parti Communiste d’Espagne (Marxiste-Léniniste)

Sur la mobilisation générale du 12 décembre et ses conséquences Un succès de la mobilisation La mobilisation générale du 12 décembre, convoquée par CCOO (Commissions Ouvrières) et l’UGT (Union Générale du Travail), a été un succès, d’autant plus si l’on prend en compte le climat d’atonie politique générale du pays et le sabotage conscient et organisé du secteur fidalguiste (1). (...) Il n’y a pas de meilleure preuve de l’importance du rendez-vous du

samedi 12 décembre 2009 et de son succès, que les efforts démesurés des organes de presse et de la propagande de l’oligarchie pour minimiser sa portée et son caractère massif. (...) Le samedi 12 décembre, malgré la crainte et la frustration de beaucoup de travailleurs, ce qui s’explique par l’abandon de la gauche politique institutionnelle, des dizaines de milliers (plus de 200 000, d’après les syndicats organisateurs) ont répondu à la mobilisation. Leur présence massive montre la force que détient encore la

classe travailleuse espagnole, ceci malgré la majorité de ses dirigeants syndicaux et politiques, qui ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités.

Le rôle néfaste du gauchisme Pathétique et clarificatrice a été l’attitude de certains syndicats aristocratiques et de forces radicales opportunistes qui s’autoproclament “commu-

nistes”. Pendant les jours précédant la mobilisation, ils se sont répandus en appels à son boycott, en brandissant leur manuel de syndicalistes de la frustration et de l’impuissance. Loin de travailler pour l’unité des travailleurs, ils s’appliquèrent à lancer leurs attaques contre les syndicats de masse, allant jusqu’à distribuer un “manifeste” dans lequel ils appelaient à ignorer l’appel à la mobilisation générale. Suite p. 14

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suite de la p. 13 (...) Elle est très commode, dans le fond, l’attitude de ces mystiques syndicalistes, qui cachent leur impuissance et leur incapacité derrière un profond sectarisme, si éloigné des masses qu’il leur évite de se mouiller dans la politique du réel, de prendre des engagements et d’établir des priorités ! Le problème, c’est que ce “purisme” petit-bourgeois renforce objectivement la dispersion et la faiblesse du prolétariat espagnol ; il doit donc être combattu sans répit. La mobilisation du 12 décembre est la meilleure preuve que, au jour d’aujourd’hui, nous insistons là-dessus, les syndicats de masses sont les seules organisations capables de mobiliser notre classe ; et particulièrement CCOO, dont la présence écrasante était plus qu’évidente dans les rues de Madrid. La fausse note a été l’œuvre des dirigeants syndicaux, dont les discours finaux furent en général grandiloquents et manquant de nerf comme de contenu ; à tel point que de nombreux cadres syndicaux firent remarquer que le contenu politique le plus fort avait été l’œuvre du présentateur : José Miguel Monzon (2), dit “Le Grand Wyoming”, qui fit une présentation subtile, avec des références politiques très incisives contre la politique droitière patronale et politique et leur “patriotisme de pacotille”. Quelques pointilleux ont signalé l’absence de slogans et de consignes générales ; mais cela n’est pas étonnant et n’enlève rien à l’importance politique de la mobilisation générale. D’autre part, l’absence de direction et d’orientations est visible depuis longtemps dans le ton général des manifestations où les sifflets et les pétards ont remplacé les slogans. Quand la politique est absente, le bruit est tout ce qui reste pour exprimer la colère et la haine de classe contre l’exploitation et la misère. En résumé, la “liturgie” de la mobilisation ouvrière répond à la situation concrète, comme il est logique. Et retrouver la combativité des manifestations prolétariennes d’il y a longtemps ne pourra se faire sans récupérer en chemin la combativité politique de ses organisations de lutte.

Garder l’initiative (...) Nous l’avons dit dans notre appel à l’assistance : si nous perdons l’initiative, les conséquences pourront être très dures, car l’assurance acquise par l’oligarchie industrielle et financière, et par la droite qui articule politiquement leurs intérêts, leur aurait permis de ne trouver aucune limite à l’heure d’attaquer le prolétariat. Dans les jours qui viennent vont se mettre en place plusieurs tables de négociations. Cela signifie-t-il que les syndicats délaissent définitivement le

chemin de la mobilisation pour parier sur le pacte social, en abandonnant les propositions du 12 décembre ? De fait, les syndicats trouvent leurs principales finalités dans la négociation, mais la situation actuelle oblige CCOO à assumer un rôle politique qui place sa direction dans une situation “incommode” : craintive face à la plus que probable radicalisation du conflit de classe alors que se confirme la continuité de la crise et l’aggravation de ses conséquences pour les travailleurs ; et consciente, en même temps, que l’on exige d’elle une plus grande fermeté face au patronat et au gouvernement. Les dirigeants syndicaux savent que l’afflux massif à la mobilisation les oblige à une plus grande fermeté. Toxo (3) lui-même affirmait : “Nous sommes conscients du conflit social, aujourd’hui exprimé dans une confrontation ouverte d’idées et d’alternatives, et qui a sa source dans l’origine, le développement et l’issue de la crise. Un conflit que nous souhaitons canaliser à travers le dialogue et la négociation pour arriver à des accords. Si le gouvernement, les organisations patronales ou certaines institutions économiques imaginaient profiter de la crise, en suggérant ou proposant d’utiliser l’occasion pour supprimer des acquis, le conflit social serait d’une nature très différente de notre mobilisation de Madrid le 12 décembre. Nous voulons croire que cela ne sera pas nécessaire…” D’autre part, si Zapatero va se garder de ne porter aucune attaque directe aux intérêts populaires tant que durera le semestre de présidence commune de l’UE, les déclarations non démenties de sa ministre de l’Economie, Elena Salgado, et d’autres “illustres économistes” ultra réactionnaires de son parti, ou proches de lui : Solbes, Almunia, MAFO (4), etc., proposant de retarder l’âge de la retraite ou bien de nouvelles réformes pour faciliter les licenciements, préparent un prochain changement de visage de Zapatero. Ce sera de la rhétorique populiste et une attitude complaisante avec la droite à la fermeté réactionnaire contre les travailleurs. Même si ces derniers jours la CEOE (5) paraît rester au second plan, du fait des nombreux problèmes de gestion d’entreprises de son représentant Diaz Ferran et, surtout, de la rupture des relations avec la CEPYME (6), les mentors politiques de la droite vont redoubler la pression pour que soient mener à bien les réformes antipopulaires qu’exige depuis plusieurs mois l’oligarchie. (...) Ces quatre dernières semaines, la crise à Dubaï, la baisse du Dollar face à l’Euro et l’aggravation de la dette publique de la Grèce, l’Irlande et l’Espagne, ont provoqué chacun des soubresauts dans les circuits financiers internationaux. Les espoirs de

l’économie capitaliste semblent s’effacer avant d’être complètement nés et la majorité des indicateurs signalent un plus grand approfondissement de la crise en Espagne ces prochains mois. Les choses étant ce qu’elles sont, les éléments sont là pour une recrudescence de la lutte de classes. La première manche a montré la force du prolétariat. Mais ses ennemis sont forts et bien que tous, dans leurs discours devant les travailleurs, ont menacé le patronat et le gouvernement d’une plus grande détermination s’ils continuaient à ignorer leurs revendications, il reste encore à vérifier la disposition des dirigeants syn-

politiques pour la rendre possible et efficace. Avec leur attitude irrationnelle et irresponsable, ni les dirigeants “radical opportunistes”, ni les réformistes (et encore moins les dirigeants sociaux-libéraux du PSOE) ne sont en position de diriger de façon adéquate la lutte des prochains mois. La conclusion s’impose d’elle-même : il faut renforcer les syndicats de masses, regrouper en leur sein les travailleurs et travailler efficacement pour l’unité. Mais ça ne sera pas encore suffisant car, sans direction politique, sans objectifs généraux clairs,

Sur la banderole de tête : “Qu’ils ne profitent pas de la crise”

dicaux à faire face à leurs responsabilités. Nous savons tous (les dirigeants syndicaux également) que l’oligarchie n’est pas disposée à développer un authentique dialogue social, ni à entreprendre la négociation collective dans une attitude constructive. L’oligarchie veut la reddition sans conditions du prolétariat et de ses organisations ; il faudra donc plus qu’une rhétorique creuse pour éviter une perte générale de droits.

Le travail des communistes Bien que la grève générale ne soit pas un objectif en soi, elle va être nécessaire à court terme. Dans une conjoncture comme celle d’aujourd’hui, avec une extrême faiblesse de la gauche, sans une direction politique adéquate qui puisse orienter son développement dans un sens progressiste, elle pourrait aboutir à renforcer la position de la droite si elle n’est pas dûment préparée. Mais, après le succès de la manifestation du 12 décembre, si la mobilisation du prolétariat continue de se développer et gagne en combativité, les conditions seraient créées pour la grève générale et pour une avancée dans la prise de conscience politique des secteurs les plus conscients du prolétariat. C’est pour cela que nous devons impulser la mobilisation, et surtout les conditions

les victoires seront toujours partielles et limitées. C’est cela, le travail principal des communistes : apporter la politique aux syndicats, politiser les luttes du prolétariat durant les prochains mois, poser clairement devant les dirigeants des organisations syndicales et de masses qu’il n’est pas possible d’assurer une victoire durable contre l’oligarchie sans orienter de façon décidée la lutte contre le régime monarchique qui permet sa domination politique.# Article transmis par le Parti Communiste d’Espane (MarxisteLéniniste), traduit par nos soins. site ; www.pceml.info Notes (1) Ancien secrétaire général des Commissions Ouvrières (CCOO) de 2000 à 2008, caractérisé par le caractère de plus en plus droitier de ses positions. (2) Humoriste et présentateur d’émissions de télévision satyriques, surtout contre les médias eux-mêmes et le monde politique. (3) Ignacio Fernandez Toxo, actuel secrétaire général des Commissions Ouvrières (CCOO). (4) Le MEDEF espagnol. (5) CEPYME : Organisation patronale des petites et moyennes entreprises. (6) MAFO est l’acronyme de Miguel Angel Fernandez Ordonez, inefficace et ultraréactionnaire Gouverneur de la Banque d’Espagne.


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International Les guerres “justes” du prix Nobel de la paix e 10 décembre, Barak Obama est allé chercher le prix Nobel de la paix, à Oslo. Conscient de l’incongruité de la situation - les USA mènent deux guerres, en Irak et en Afghanistan, des opérations militaires au Pakistan et s’apprêtent à en mener d’autres au Yémen - Obama s’est lancé dans un discours sur les "guerres justes” contre le Mal “qui existe” et a exhorté ses alliés à les suivre dans la guerre contre le terrorisme. Ce n’est certes pas la première fois que cette assemblée décerne un prix Nobel de la paix à un fauteur de guerre : il y a eu Kissinger, en 1973, alors que des avions US déversaient des milliers de bombes sur le Viêtnam et que ces mêmes USA venaient de soutenir le putsch militaire des généraux fascistes au Chili. Begin, en 1978, qui avait le sang de Palestiniens sur les mains… Mais c’est sans doute la pre-

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mière fois que ce prix est attribué à un chef d’un Etat en guerre qui a si peu fait pour arrêter les guerres dans lesquelles les troupes de son pays sont engagées. Certains continuent à dire qu’il faut le “soutenir” pour qu’il tienne tête aux généraux, aux représentants du lobby militaro-industriel… C’est oublier qu’il a été mis à la tête de l’Etat pour mener la politique de l’oligarchie US qui avait besoin de quelqu’un qui fasse passer la politique de sauvetage des banques et entreprises privées par les fonds publics et qui devait sortir l’impérialisme US de son isolement international, conséquence des années Bush. Ce qu’il faut soutenir, ce sont les forces qui luttent, aux USA, pour refuser que les travailleurs et les masses populaires paient la facture et celles qui luttent pour le retrait des troupes US des différents terrains de guerre.

La tentative d’attentat attribué à un groupe lié à Al Qaida a braqué les projecteurs sur le Yémen, où les forces spéciales US veulent intervenir. Cette extension de la zone de guerre s’inscrit dans l’engrenage de la “guerre contre le terrorisme” dans laquelle Obama s’est inscrit avec force. Même si Sarkozy ne manque pas de lancer des critiques à l’adresse d’Obama, il n’en demeure pas moins qu’il a engagé les armées françaises dans cette même guerre. Lors de ses vœux aux Armées, il a notamment réaffirmé cet engagement : “(…) lorsque les circonstances l’exigent, mon devoir de chef des armées est de maintenir nos soldats à leur poste, comme c’est le cas aujourd’hui en Afghanistan, où les conditions du retrait ne sont pas réunies. Nous devons continuer à aider les Afghans jusqu’à ce qu’ils soient en mesure d’assumer seuls leur sécurité

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et leur développement, dans le cadre d’un pays souverain, stable, en paix, acteur du dialogue international. C’est pour cela que nos soldats sont présents en Surobi et en Kapisa, aux côtés de l’armée afghane. C’est pour cela que nous venons d’envoyer des gendarmes qui contribueront à la formation de la police afghane.” Il ne faut pas oublier qu’une base militaire française a été ouverte au Qatar, en face des côtes du Yémen. La manifestation du 25 janvier prochain sera l’occasion de dénoncer cette politique et d’exprimer notre solidarité avec toutes les forces qui, dans le monde, luttent pour le retrait des troupes impérialistes d’Afghanistan, contre l’Otan, instrument de guerre contre les peuples, pour la solidarité internationale.#

Marche de la Liberté pour Gaza

Un échec transformé en succès l y a tout juste un an, le 27 décembre 2008, Israël lançait l’une de ses plus meurtrières offensives contre la bande de Gaza, sous prétexte de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas. Depuis la fin de l’offensive, Israël maintient son blocus illégal sur quasiment tout, ne laissant passer que quelques camions de ravitaillement de l’agence de l’ONU et d’Ong internationales.

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Sur le plan économique, le blocus d’Israël a eu pour contrepartie l’instauration d’un vaste trafic entre l’Egypte et la bande de Gaza, via plus d’un millier de tunnels souterrains sous la frontière égypto-gazaouie. Dans le cadre de ses accords avec Israël, l’Egypte a fermé sa frontière aux Palestiniens, sous prétexte d’empêcher l’arrivée d’armes. Aujourd’hui, elle lance la construction d’un mur métallique enfoui de plusieurs mètres pour tenter de couper les sources de ravitaillement aux Gazaouis et elle n’a pas hésité à tirer sur une manifestation de Palestiniens protestant contre cette décision. Soumis à une véritable punition collective, en violation flagrante du droit international, le peuple palestinien cherche par tous les moyens à desserrer cet étau avec le soutien des organisations de solidarité. L’initiative de la “Marche de la liberté pour Gaza“, prise par un certain

nombre d’organisations au niveau international, s’inscrivait dans cet objectif : dénoncer le blocus et la politique israélienne vis-à-vis du peuple palestinien et obliger la communauté internationale à poser des actes concrets et non de simples protestations. Cette marche était prévue du 27 décembre au 4 janvier. Les Marcheurs devaient partir du Caire et passer la frontière égyptienne pour se rendre dans la bande de Gaza, visiter les lieux les plus touchés lors de l’offensive israélienne et apporter la solidarité politique et matérielle de leurs peuples respectifs. Mais celle-ci n’a pu se tenir dans les conditions prévues. En effet, dès leur arrivée au Caire, les délégations se sont retrouvées littéralement encerclées et empêchées par les forces de police égyptiennes de mener à bien leur mission, les autobus qui arrivaient à partir se retrouvant bloqués 80 km plus loin et devant rebrousser chemin. Les démarches menées tant en Egypte que dans les pays d’origine des marcheurs, au niveau des ambassades, de l’Union européenne et des diverses instances politiques n’ont pas abouti. Les délégations de France ont demandé à plusieurs reprises à l’ambassade de France au Caire d’appuyer leur demande de se rendre à Gaza auprès des autorités égyptiennes mais les réponses dilatoires se sont succédé

jusqu’au 1er janvier. Au niveau de l’Union européenne, il n’y a eu que des promesses verbales sans véritable engagement politique. Après une semaine de démarches et demandes infructueuses, les dernières actions des Marcheurs ont eu lieu le 1er janvier au Caire. Pour se dédouaner à bon compte, les autorités égyptiennes ont finalement, sur pression de l’ambassade US, autorisé quelque 80 personnes, principalement américaines, à se rendre à Gaza dans une démarche humanitaire, ce qui n’était absolument pas l’objectif de la Marche. Cette manœuvre dilatoire a d’ailleurs été très clairement dénoncée par les coordonnateurs palestiniens de la Marche. Tout au long de cette semaine, des initiatives collectives ont rassemblé des centaines de Marcheurs aux cris de “Free Gaza“ afin d’affirmer leur détermination à demander la levée du siège et la fin de l’impunité des criminels de guerre israéliens : manifestation près du Nil, rassemblements en soutien à la grève de la faim menée en solidarité avec Gaza, ainsi qu’aux journalistes et juristes égyptiens engagés dans le soutien au peuple palestinien de Gaza… Le 31 décembre, la police égyptienne est intervenue contre des marcheurs à coups de pieds et de poings, blessant une jeune marcheuse de Rennes.

En Israël, le 31 décembre, quelque 2 000 manifestants, pacifistes israéliens, Palestiniens d’Israël et Internationaux ont marché jusqu’au point de passage d’Erez pour exiger la levée du blocus et de l’occupation. De l’autre côté de la frontière, se tenait la manifestation des Palestiniens et du petit groupe autorisé à rentrer dans Gaza. En France, des rassemblements de plusieurs centaines de personnes se sont tenus en soutien aux Marcheurs et pour exiger l’intervention du gouvernement français dans plusieurs villes : Paris, Lille, Bordeaux, Rennes, Nantes, Nancy, Marseille, Nîmes, Quimper, Chambéry, Reims, ClermontFerrand, Apt, Romans, Montélimar, Thionville… Cette Marche avortée constitue néanmoins un succès par l’ampleur de la mobilisation (1 400 marcheurs venus de 43 pays différents, des milliers d’autres mobilisés dans les différents pays soutenant cette Marche), son caractère offensif et le message politique qu’elle entendait faire passer. La couverture médiatique a été importante, notamment en France, ce qui a permis de faire connaître plus largement la situation du peuple palestinien, la réalité du blocus et de l’occupation israélienne et la duplicité du gouvernement français et de l’Union européenne. #

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International

Iran

Un régime fragilisé éjà, les obsèques de l’ayatollah Montazeri avaient donné lieu, le 21 décembre et les jours suivants, dans plusieurs villes du pays, notamment à Ispahan, à des manifestations hostiles au gouvernement. Ces manifestations avaient été réprimées et elles ont été suivies, à chaque fois, d’arrestations. Mais le 27 décembre, lors des fêtes de l’Achoura, l’opposition avait appelé à manifester. A Téhéran, bien sûr, mais aussi à Chiraz, Ispahan, Quasvin, Tabriz, Najafabad, Qom,... des manifestations ont eu lieu, vio-

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plus largement que la jeunesse universitaire. D’après les éléments d’information dont on peut disposer, il semble que des éléments des couches populaires faisaient également partie de ces manifestations. Cela signifie-t-il que le pouvoir est à bout et qu’un changement de régime est proche en Iran ? Même si, comme certaines sources l’affirment, des oppositions se manifestent au sein des forces de répression, les contre-manifestations organisées par le régime rassemblent encore du monde ; mais surtout, si

peuple iranien pour s’affirmer et défendre les intérêts d’un clan religieux qui s’est approprié les richesses du pays. Le régime essaie de diviser le peuple en traitant les opposants d’agents de l’impérialisme américain. S’il est vrai que l’impérialisme occidental aimerait un pouvoir iranien plus conciliant et plus coopérant, s’il est vrai qu’il joue des contradictions et appuient certaines forces réformatrices, il est faux et réactionnaire de confondre le combat de la jeunesse et du peuple iranien pour les libertés démocratiques avec les

manœuvres de l’impérialisme. Car ce combat est juste et il doit être soutenu. Cette lutte doit être liée au combat pour défendre l’indépendance nationale de l’Iran, pour que ses richesses reviennent au peuple iranien, qu’elles soient au service d’un développement économique et social au service de la classe ouvrière et du peuple. Le régime a certes encore des réserves mais quelque chose a changé en Iran. Solidarité avec la lutte démocratique et anti-impérialiste du peuple iranien ! #

Afghanistan Aucun renfort français !

Mobilisation massive à Téhéran

lemment réprimées par le régime. Les pasdarans et bassidjis se sont livrés en plus des arrestations en masse à des assassinats ciblés. Lors de ces affrontements, les manifestants ont allumé de nombreux incendies pour se protéger des gaz lacrymogènes et ralentir les assauts des policiers auxquels ils jetaient des pierres, érigeant parfois des barricades. Des véhicules et motos de police ont été incendiés par les manifestants qui scandaient “mort au dictateur”. Les opposants ont parfois débordé les forces de l’ordre en dépit des gaz lacrymogènes et des tirs d’avertissement, et malgré l’aide de nombreux policiers en civils et bassidjis qui poursuivaient et frappaient les manifestants jusque dans les rues voisines. Si ces manifestations de l’opposition font suite à celles du mois de juin qui protestaient contre la fraude électorale suite à la réélection de Ahmadinejad, les protestations de décembre marquent une radicalisation et un élargissement. Radicalisation, car lors de ces affrontements, les manifestants se sont battus et se sont opposés de façon violente aux forces de répression. Élargissement, car cette opposition s’est exprimée non seulement dans la capitale mais également dans plusieurs villes du pays et a rassemblé

la base ouvrière et populaire du régime n’est plus aussi solide, elle n’a pas encore basculé de manière significative du côté d’une opposition active. L’opposition qui s’exprime est encore pour le moment plus ou moins canalisée par les chefs religieux dits “réformateurs“, qui ont des contradictions avec le “guide suprême“ et le gouvernement actuel. Les Moussavi et autres anciens dignitaires du régime veulent un simple aménagement ; leur opposition reste dans le cadre de la constitution d’une république islamique et c’est bien dans ce cadre qu’ils voudraient la contenir. D’ailleurs, cette radicalisation de la contestation les effraie et c’est pour cette raison qu’ils font des propositions au gouvernement pour résoudre la crise. Ainsi, quelques jours après les affrontements, Moussavi, dont le neveu a été liquidé en guise d’avertissement, proposait un plan en cinq points et appelait ses partisans au calme. Le gouvernement iranien, fort des richesses du pays et notamment de son pétrole, joue des contradictions impérialistes ; il s’appuie sur la Russie, la Chine, contre les USA et les puissances occidentales pour s’affirmer comme puissance régionale. Le régime joue également sur les justes sentiments nationaux du

L’Otan a déjà décidé de répondre favorablement à la demande de Barak Obama d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan. Le président Sarkozy a prévu d’annoncer lors de la Conférence de Londres du 28 janvier les détails de la contribution française. Alors que, dans un sondage paru début décembre, 82 % des sondés s’opposent à l’envoi de nouveaux soldats français, nous exigeons du président Nicolas Sarkozy qu’il renonce à toute augmentation des troupes en Afghanistan, qu’il s’agisse de forces spéciales, de troupes régulières ou d’instructeurs militaires. La fuite en avant militaire décidée par Barack Obama, soutenue par l’Otan et saluée par le président Nicolas Sarkozy, ne peut qu’aggraver la situation dramatique du peuple afghan et déstabiliser encore plus la région. Nous condamnons le cynisme honteux du gouvernement français qui, dans le même temps, soutient l’escalade militaire et renvoie des réfugiés afghans dans un pays en guerre. Cette sale guerre est une impasse. Dans un pays détruit par 30 années d’occupations étrangères et de guerres civiles, la reconstruction de l’Afghanistan sera difficile. Cela passera par une aide civile et financière de la part des pays qui participent ou cautionnent cette guerre et cette occupation, en réparation des dommages infligés au pays et à ses habitants. Cela exige en premier lieu l’arrêt des opérations militaires et le retrait des troupes de l’Otan afin de rendre au peuple afghan son indépendance et les clés de la reconstruction du pays. Nous refusons que le gouvernement français, qui justifie les plans de licenciements et les attaques sur nos services publics au nom de la crise, utilise des centaines de millions d’euros pour l’occupation militaire de l’Afghanistan. Nous refusons que le manque d’avenir donné à la jeunesse soit utilisé comme argument pour l’enrôler dans l’armée pour défendre des intérêts qui ne sont ni les siens ni ceux du peuple afghan. Nous appelons à faire des 23 et 24 janvier des journées de mobilisation populaire dans toutes les villes de France pour exiger du gouvernement qu’il renonce à envoyer ne serait-ce qu’un soldat supplémentaire en Afghanistan et pour exprimer notre solidarité avec le peuple afghan, en premier lieu avec ceux et celles qui se sont réfugiés dans notre pays. Nous appelons notamment à participer à la manifestation qui aura lieu à Paris le dimanche 24 janvier. Nous sommes solidaires des mobilisations qui auront lieu autour de la Conférence du 28 janvier, au Royaume-Uni et dans de nombreux pays. Premiers signataires : Agir Contre la Guerre (ACG), ARAC, ATTAC-France, Collectif des Iraniens contre la guerre, Collectif Faty KOUMBA, Association des libertés, droits de l’homme et non-violence, Europe solidaire sans frontières (ESSF), FSU, Cedetim, Mouvement de la Paix, les Alternatifs, les Verts, LIFPL, M’PEP, MRAP, NPA, Organisation de Femmes Egalité, PCF, PCOF, PG, Réseau Féministe “Ruptures”, Union Pacifiste, Union syndicale Solidaires.

Dir. publication C. Pierrel - Imprimerie Expressions2, 10 bis rue Bisson 75020 Paris - Commission paritaire - 0413P865753- N°ISSN 0242-3332


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