Diapopalmela2017

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Mondialisation: faire de l’école la nécessité du désir.

Déscolariser le décrochage Plutôt bien que mal être à l’école Une école de savoir est une école de vie Désir et démocratie d’apprentissage L’ensemble des données et des textes de référence sont disponibles sur le site suivant et téléchargeable

Site:

jacques-pain.fr

Jacques Pain, professeur Émérite, Nanterre Paris Ouest (2017) http://www.jacques-pain.fr/jpwp/ecole-de-la-foret-palmela-2017/


Le « décrochage », ce qu’en dit l’OCDE (2010) L’indicateur communautaire de « sorties précoces » ou « décrochage scolaire » ou encore « déscolarisés précoces » est le pourcentage de jeunes âgés de 18 à 24 ans qui n’étudient plus et n’ont pas terminé avec succès un enseignement secondaire de second cycle.


Le « décrochage » En France en 2016, 98 000 jeunes quittent l’école sans diplôme chaque année, il y en a eu récemment jusqu’à 120 à 150 000. 2/3 de garçons, 1/3 de filles Ces « sortants précoces » sont 2 fois plus au chômage que les diplômés. Ils sont plus de 5 millions en UE : encore 13 à 14% des 18/24 ans en moyenne, alors que l’objectif européen est de moins de 10% en 2020


Les sorties précoces sont plus fréquentes au sud de l’Europe, qu’au nord et à l’est. La plupart des Etats‐membres du nord et de l’est de l’Union comptent moins de 12 % de sorties précoces (Finlande, Pays bas, Danemark, Suéde..) Au contraire, les sorties précoces sont courantes dans les Etats membres du sud, Malte et l’Espagne (plus de 25 %), le Portugal, l’Italie (18 %). Le taux de la France et de la Belgique de 12 %. La moyenne de l’Union est de 13,5 .


Les raisons Les raisons pour lesquelles les jeunes quittent prématurément l’éducation ou la formation dépendent fortement des individus.

L’abandon scolaire est fortement lié aux difficultés sociales et à un milieu peu instruit. L’abandon scolaire est également influencé par des facteurs éducatifs, des situations individuelles et des conditions socioéconomiques. Et au cœur de ce processus le sentiment personnel de bien être, d’état de santé : « L’engagement des individus dans la vie de la société et leur perception de leur état de santé semble varier selon leur niveau de formation, même après contrôle de l’âge, du sexe et des revenus. Ce constat suggère que l’éducation influe sur ces aspects, car elle améliore les compétences et les facultés, même si l’impact d’autres facteurs en rapport avec les choix éducatifs n’est pas à exclure. »


Le décrochage occasionnel ou définitif avec l’école résulte de processus mettant en jeu des facteurs associés

et pas seulement des facteurs scolaires. On le sait depuis longtemps, en particulier grâce aux modélisations pluri‐factorielles canadiennes. En effet, l’expression des difficultés scolaires du jeune dépend non seulement : des facteurs familiaux, mais aussi : de ses caractéristiques personnelles, : d’un encadrement inadéquat, et : de la mauvaise relation enseignant/jeune. On pourrait dire : Famille,

personnalité, ressources et environnement, qualité enseignante

Ce que nous trouvions pertinent dans ce modèle systémique c’était cette prise en compte croisée des interactions parents‐enfants, enseignants‐élèves, des attitudes des enseignants, et de « l’atmosphère de la classe ».


Les coûts financiers du décrochage sont chiffrés :

au Québec à 500 000 dollars canadiens en France à 230 000 euros par décrocheur, sur la longueur de vie du décrocheur.

Le décrochage est toujours une dépense et un « investissement » à perte


Les recommandations européennes

de 2010 : - Limiter l’orientation précoce par les résultats (filières, classe de niveaux). Gérer le choix de l’école avec équité. Proposer en 2é cycle des alternatives attrayantes, sans voie de garage. Offrir une seconde chance. - Aider systématiquement les retardés, réduire les redoublements. Renforcer les liens école‐famille, pour aider les parents défavorisés à aider leurs enfants à apprendre. Tenir compte de la diversité et des migrants, des minoritaires. - Offrir une solide éducation à tous, dés la petite enfance. Orienter les ressources vers les élèves et les régions qui en ont le plus besoin. Fixer des objectifs chiffrés et concrets en matière d’échec et de décrochage.


Les visages du décrochage : Parle t’on des mêmes choses, dans des cultures différentes? • Les déscolarisés « sociaux » en France Les enfants déclassés en échec, fuyant l’école

• Les amérindiens ou les bushinengués guyanais Les enfants déculturés de l’école française

• Les « restavek » haïtiens Des enfants vendus ou loués petits à des familles

• Les « slumdogs » indiens ou brésiliens Les enfants des bidonvilles

• Les « enfants mendiants » indiens Les « castes » mendiantes

• Les « ikikomori » japonais Les enfants humiliés par l’échec scolaire


Bien et mal être à l’école Le décrochage, la maladie nosocomiale de l’école ? Souffrir pour réussir! Réussir pour souffrir? C’est la chanson des agrégés, certifiés, des « concoureurs », qui panse les plaies et magnifie l’effort et parfois l’humiliation.

Breton, Mallarmé, Balzac, eurent en horreur nos écoles ; comme bien d’autres, Baudelaire, Rimbaud, Prévert… Ils sont célèbres à présent.


Pour une bienveillance scolaire : évaluer la santé mentale de l’école? L’observatoire déontologique de l’enseignement


Bien Mal être à l’école

Observatoire déontologique de l’enseignement

Violence et maltraitance scolaire (JP 2000) Dans le même ordre d’idées, nous nous intéresserons à une maltraitance scolaire structurelle en notant que les établissements ignorent la parole des élèves tout en développant une vie interne déficitaire en relation et en humanité. Cette incurie faite d’agissements aussi bien que de refus d’agir et de négligences se manifeste de deux manières. D’une part, sous une forme extrêmisée avec des atteintes physiques et verbales couvertes par l’indifférence, l’incompétence ou le fatalisme des adultes ; d’autre part, sous une forme insidieuse avec des pratiques inconséquentes et délétères au niveau de l’accueil, de l’écoute des élèves, de la pédagogie et plus généralement de la prise en compte des problèmes de la vie collective.


Ennui et « Ras le bol » à l’école En France de 15 % en sixième à 65 % en troisième des élèves s’ennuient au collège, y compris des enfants de cadres supérieurs ou d’enseignants. De 10 % à 30 % des élèves ne comprennent pas les cours dès le premier trimestre de la sixième. Jusqu’à 10 % voire plus des élèves de sixième n’ont pas de niveau scolaire. De leur côté, les enseignants ne sont pas satisfaits de l’attention à l’école. On n’écoute et on n’entend plus. Il est vrai aussi que les jeunes enseignants ne supportent plus vraiment leurs élèves : une majorité de ces enseignants ne se sent pas bien à l’école, ne se sent plus à sa place, et ne reconnaît pas son public. L’école est dévaluée, déclassée, ne joue plus son rôle de promotion sociale, les classes sont surchargées et mal faites.


La déscolarisation mentale, C’est bien également comme nous le constatons un phénomène de résistance à l’école vécue comme humiliante, et une défense personnelle élémentaire contre l’école. Jean Oury, psychiatre et psychanalyste, montre comment « chimiquement » le désir est un remède à la fatigue et à l’ennui. Montessori parle aussi de ça. Ou Freinet. Si vous arrivez à centrer un enfant sur quelque chose qui soutient son désir, même à cinq ans il va rester quarante minutes sur son travail, il va se fixer sur son travail, il va être fasciné, accroché, arraché, comme nous. Et on peut travailler jusqu’à minuit sans s’endormir, le jour où l’étincelle se produit. La fatigue, c’est une construction psychophysiologique, un mécanisme analogue au stress qui tient de l’écrasement du désir et donc de la mise en danger. Le réveil du désir va activer, dans une certaine mesure, les processus psychophysiologiques.


Un lycée professionnel sensible de 400 élèves (2004) : subir son orientation. « Tout le monde dort jusqu’à midi dans certaines familles ! » 8 à 9 élèves sur 10 sont absents, mais bien sûr en intensité différente. L’établissement compte 39 000 demi‐journées d’absence cette année. Les pourcentages par module vont de 7 % (Primo arrivants) à 40 % (Mécanique). Des élèves peuvent donc dépasser les 200 demijournées d’absence, une division les 3000. On estime les vrais décrocheurs à une trentaine. Certains, le certificat de scolarité remis, disparaissent en début d’année. Il y a une dizaine de « constats d’abandon ». Un élève, majeur, a disparu totalement (Il est en Bosnie). D’autres ne viennent que pour manger. Certains sont là mais ne vont pas en cours. Un élève dort dans une voiture en panne sur un parking.

L’une des CPE distingue pour ce lycée l’absentéisme « économique » – les petits boulots – ; « géographique » ‐ ils habitent loin ; et « de confort » – l’élève se lève et vient au LP à sa guise. La tendance du lycée serait « de confort ».


Ikikomori. Japon, 2006.

Ils sont nombreux, peut être 10% des élèves japonais, à décrocher, mais en silence et radicalement. Humiliés par l’école et leurs résultats, ils se retranchent dans leurs chambres, souvent nourris, sans commentaires, par leurs parents, eux‐mêmes touchés par ce « syndrome d’échec », et ignorés par leurs enseignants et l’école. Ils sont soit devant leurs ordinateurs, soit devant leurs game boys. Ils peuvent y rester un, deux ou trois ans. En 2006, le gouvernement a lancé une campagne d’information, rompant le silence, mais ce fut très dur au Japon d’en parler et de saisir l’ampleur du drame. Des psychiatres japonais évoquent une réaction psychotique, schizophrénique, à la compétition et à la concurrence forcenées à l’école comme à l’entreprise, dans un monde sans parole et sans contestation. La France n’est pas en reste!


Les Pathologies institutionnelles Malmenances : sujétion, non reconnaissance, mépris par défaut… Maltraitances : ségrégation, ironie, catégorisation… Violences : stigmatisation, victimation, harcélement…


Des violences


Aux violences institutionnelles


Apprendre est une activité à haut risque! « La pédagogie "ordinaire" est réglée sur une fréquence psychique, cognitive, du comportement "ordinaire », partagée par le plus grand nombre. Dès qu'un élément n'arrive pas à se glisser dans le pas cadencé de l'école, si le conflit intrapsychique ou « interpsychique » ou « sociopsychique » ou interculturel (conflit de loyauté) dérègle trop l'ensemble classe ; il sera alors évalué, diagnostiqué et l’élève orienté vers d'autres institutions, L'expression de ces conflits peuvent être ou peuvent mettre en avant : des « ratures scolaires », des échecs de socialisation dans le groupe classe, des « dys/compétences », des attentions troublées, des hyperactivités (sauf pour le travail scolaire), des phobies, des contre-productions,…, des somatisations, des provocations, des conduites à haut risque pour les cadres éducatifs ou scolaires, des "clash" à répétition dans la relation à l'adulte et aux autres en général… » Sylvie Canat


Quelles pédagogies ?

Toutes les pédagogies sont dans l’humanité depuis longtemps "Enfant momentanément en difficulté ».

C’est une expression de Françoise Dolto. Dire qu'un enfant est momentanément en difficulté ce n'est pas seulement faire preuve de prudence. C'est, dans un premier temps, se donner les moyens de chercher avec lui (et les autres) ce qui ne va pas mais surtout ce qui va bien; c'est affirmer sa confiance, a priori, dans les moyens de cet enfant. Dans un second temps, permettre que se développe son désir de s'en sortir à partir de ce qu'on a mis place pour l'y aider. « Ce que les enfants retrouvent à la Neuville, c'est le Désir. C'est primordial : tout devient possible dès lors que le sujet investit dans le travail et le langage. Apprentissages, difficultés psychologiques deviennent problèmes secondaires et solubles. » Fernand Oury

« On ne se moque pas ». On ne se moque pas rappelle qu'on n'a pas le droit de faire un sujet de plaisanterie du physique, des comportements d'une personne (même si l'on sait que la moquerie peut être un des travers familiers de l'enfance).

La scolarité, une activité parmi d'autres. Toute l'organisation de l'école a pour but d'offrir à chacun un éventail aussi large que possible de lieux de parole, d'activités, donc des occasions de réussite, à partir desquels pour chaque enfant, rien ne sera plus pareil et notamment les situations d'apprentissage Chercher dans quel domaine un enfant est le plus "doué", lui permettre de le développer à satiété et constater qu'alors, il a progressé partout. L’école devient ainsi un lieu de solidarité et d’échanges, permettant aux enfants (et aux adultes) de s’approprier un langage, une culture, un style de vie

École de La Neuville


Du désir en démocratie Positiver l’Institution, et les personnes

Attention être humain!

Les 4 L : Des Lieux, des Limites, des Lois, permettent un Langage commun; pour (s’)entendre se donner des régles. Le désir de savoir de l’un appelle le désir de savoir de l’autre Commencer par quoi? Par tout à la fois!

Ne rien dire que nous n’ayons fait Une devise « magistrale »


Les rĂŠseaux du savoir sont multiples

Rimbaud

Einstein


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