EL MACHETE

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La cité des temples

El Peten ! La mer forestière. D’écume verte infinie, mouvante, roulante, puissante au sol, sous la carlingue du bimoteur Aviateca, sauterelle malingre ; sur le silence des pierres perdues, pierres pendues et dressées sur les siècles, pierres plantées de paroles muettes, soleils pris d’âge. El Tiempo. Le temps, têtes blocs, assises contre les nuages, vêtues d’arbres incroyables. Ah, les nommer toutes, ces racines debout. Plantes masquées, lianes nouées grises et sèches, accrochées au ciel, enroulées pétales géantes ; arbres de hautes dominances, cèdres espagnols et flamboyants, sacrés ; acajous, sapotiers ; eau de liane ; et deux cent quatre-vingt-cinq oiseaux de vertige tissé ; hérons bleus et blancs ; faucons, et perroquets rouges ; oies sauvages ; urubus, vautours élégants ; et colibris, comme mouches peintes. Le pays du jaguar et du serpent, ces maîtres du Golfe du Mexique, royaume des orchidées. L’avion collait à la jungle, craquant sous le vent, frappé à chaque instant de sursauts terribles. Oh, oh, des appareils de l’Aviateca, il en tombe un sur deux. Raoul : goguenard… Il y avait une dizaine de passagers. Ils s’étaient décidés très vite, sur une suggestion de Géo. Paulin et lui avaient mis à profit le receso pour filer sur Puerto Barrios et Livingston. La façade guatémaltèque du Golfe du Honduras. Retour par Zacapa et Chiquimula. Ils avaient


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