Violence et démocratie, Habiter le même monde.

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Habiter le même monde Violences à l’école et violences d’école Toulon 2017

Jacques Pain

Paris Ouest Nanterre La Défense jacques-pain.fr http://www.jacques-pain.fr/jpwp/habiter-le-meme-monde-colloque-detoulon-2017/


(1) La « violence » ? Renvois étymologiques : de « l’usage de la force » aux « atteintes »

Les prismes culturels Comparaison n’est pas raison Le test d’existence Les 4 positions réactionnelles à la violence La place de la parole


Définir la violence… Violence pour sa part, pourrait de prime abord sembler clair. L’étymologie nous renvoie “ l’usage de la force ” ; l’usage de la force physique ; l’usage “ physique ” de la force. La violence est une culture, avec ses rites, ses rituels, ses normes, ses figures, une culture proprement humaine où le désir “ dénature ” l’agression, pour mieux détruire. La violence est une atteinte consciente de l’autre, au-delà de l’éthodéfense spécifique : elle tend toujours socialement vers la destruction, consciemment, ou inconsciemment. La violence est une pathologie de l’agressivité.


Définir la violence… •Reprenant des définitions anglo-saxonnes, je dirais que “ la violence, c’est de l’abus de pouvoir, à l’école, à la maison, au travail ”, ou plus radicalement, que “ la violence, c’est l’abus, sous toutes ses formes et en tout lieu ” (Pain, 1998). •Nous entendrons par violences des actions ou des attitudes violentes, ou ressenties comme violentes, c'est-à-dire usant directement, ou indirectement, de la force, de la contrainte, ou les permettant. Ou encore des actions ou des attitudes, ouvertes ou diffuses, de “ malmenances institutionnelles ” (Pain, 1987, 1992, 1997, 1999) •Nous pouvons dès lors approcher “ l’institution ”, l’enseignement, comme le travail social, ou encore l’entreprise. Il restera en revanche à situer, décrire, dater, arrêter, les violences elles-mêmes, une par une, lieu par lieu, en leur espace et en leur temps propre. •


Une échelle pour comprendre: des violences « habituelles »… Pour une échelle de référence


‌aux violences institutionnelles


Mythologie de la première rencontre Le tiers, quel qu’il soit, et nous ne sommes en rien dans l’Œdipe, modèle culturel beaucoup plus tardif et élaboré, est impensable. À partir de cette expérience princeps nous voyons s’organiser la matrice de

la

rencontre

fondamentale

originaire :

•- C’est une épreuve angoissante, qui produit un prototype de comportement cherchant à forcer la relation par la séduction ou la menace, pour ensuite l’installer comme capture. La confrontation violente n’autorise pas l’indifférence. •- Lorsque l’épreuve et l’angoisse suscitées par une situation de confrontation sont trop fortes, un comportement de sécurité est mis en place, ayant pour objectif vital une relation de capture. •- Nous entrons alors dans la négociation de la « violence foncière » subjective (Bergeret), avec toutes les variations et démultiplications que la culture et la maturation du sujet permettront.


Les 4 positions contre-violentes


Une pédagogie de la parole Les rôles et statuts, L’argent, pour quoi faire?

Les réunions Quoi de neuf Entretiens Conseil Bilan Météo

La Parole

des métiers?

Les activités, les ateliers Les Lois, les règles La famille


(2) Pour une pédagogie humaine et démocratique L’école et l’éducation, violences « symboliques »

La contrainte, « degré zéro » de la loi Du désir à l’assignation : éduquer est un paradoxe Le triangle fou du pédagogue Les pédagogies « institutionnelles », des pédagogies constituantes »

Les 4 L, des Lieux, des Limites, des Lois, un Langage commun Apprendre, une mission humaine


Les rĂŠseaux du savoir sont multiples

Rimbaud Einstein


André Breton au Lycée Chaptal « Je suis hostile à toute entreprise tendant à me réduire à l’« élève » que j’ai pu être. En cet enfant passablement hagard puisque encore inconscient de ses propres raisons d’être et à coup sûr traqué (de par l’appareil coercitif mis en œuvre conjointement par les parents et le personnel enseignant) je ne me reconnais quelque peu que sur le plan affectif, où mes réactions d’alors étaient, par nécessité, sérieusement gardées pour moi. Je vois mal, par conséquent, ce qu’on pourrait trouver de valable dans mes « copies » scolaires ou dans la manière dont, sans goût, j’ai pu affronter telle ou telle compétition. Quant à ces vers, perdus dans un pauvre journal d’écolier, comme ceux qui leur seraient contemporains ou antérieurs je les tiens pour des balbutiements et souhaite qu’on en épargne la lecture à qui veut bien s’intéresser à moi. Passant avant-hier devant le bâtiment Chaptal – quitte de la vue en plongée qu’on a sur l’enchevêtrement de ces rails dont Mallarmé confiait que pas un jour ils ne lui avaient fait grâce de la tentation de se jeter du pont sur la voie – j’ai constaté avec quelque surprise que les travaux de nettoyage ne lui avaient pour moi rien enlevé de son opacité. Je souhaite, Monsieur, que l’intérieur vous soit plus clair et que vous l’éclairiez pour ceux qui vous écoutent » André Cf. Oury F., Pain J., Chronique de l’école caserne, Maspero 1973, réédition Vigneux, Matrice.

Breton


Le triangle fou du pĂŠdagogue


L’Institution Les 4 L d’une société humaine : •Des Lieux définis, à vivre •Des Limites, claires, communes •Des Lois, simples, essentielles •Font un Langage « social » Des Lieux, des Limites, des Lois, partagées, permettent un Langage commun. L’intelligence se porte mieux en sécurité.


L’institution « humaine » Cf une position « idéale » : Ouverte

Sur l’extérieur (Interventions, formations, activités…)

Collective mais inter- subjective

des instances collectives, des réponses individuelles

Revendiquant l’analyse institutionnelle Bilans, debriefings, analyse de situations


Quelles pédagogies ? Apprendre oui mais comment ? "Enfant momentanément en difficulté ». C’est une expression de Françoise Dolto. Dire qu'un enfant est momentanément en difficulté ce n'est pas seulement faire preuve de prudence. C'est, dans un premier temps, se donner les moyens de chercher avec lui (et les autres) ce qui ne va pas mais surtout ce qui va bien; c'est affirmer sa confiance, a priori, dans les moyens de cet enfant. Dans un second temps, permettre que se développe son désir de s'en sortir à partir de ce qu'on a mis place pour l'y aider. « On ne se moque pas ». On ne se moque pas rappelle qu'on n'a pas le droit de faire un sujet de plaisanterie du physique, des comportements d'une personne (même si l'on sait que la moquerie peut être un des travers familiers de l'enfance). La scolarité, une activité parmi d'autres. Toute l'organisation de l'école a pour but d'offrir à chacun un éventail aussi large que possible de lieux de parole, d'activités, donc des occasions de réussite, à partir desquels pour chaque enfant, rien ne sera plus pareil et notamment les situations d'apprentissage Chercher dans quel domaine un enfant est le plus "doué", lui permettre de le développer à satiété et constater qu'alors, il a progressé partout. Ecole de La Neuville


Conclure : la violence, tiers inclus

La non violence par la violence une voie difficile


Dé-programmer la violence ? Nous voyons trois grandes modalités de contrôle de la violence en institution, qui sont des contrôles voire des préventions : •La sublimation, c’est-à-dire une traduction, une équivalence, jusqu’au faux semblant. Ainsi, raconter, se raconter des histoires ; les écrire ou les faire écrire et illustrer, publier, même en petit groupe ; jouer (de) ses problèmes. Cf « se faire un film ». •La métabolisation, c’est-à-dire une assimilation arrangée en grandeur identitaire institutionnalisée. Cf les « sociodrames » en institution.

•La mise en scène des symptômes. Cf le « théâtre » d’institution.



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