CASA DA MUSICA - Porto2001

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MONTEIRO DE SOUSA PEDRO - TFE - ISACF LA CAMBRE - 2003

CHRONIQUE D’UN PROJET ACONTEXTUEL

CASA DA MUSICA - PORTO 2001



Remerciements à Mr Hubert Lionnez, promoteur de ce travail de fin d’études, pour ses conseils et sa confiance à Mr Vincent Brunetta, Mr Jean-Didier Bergilez, pour leurs conseils et soutien à Tomé Andrade de Sousa, Pedro Sa Nabais , Ana De Moura Martins , Nicolas Michielsen , Laurent Bourdain (Chewie)


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PONT D. LUIS - OUVERTURE PORTO 2001


TABLE DES MATIERES 1- INTRODUCTION - 8 A- AVANT-PROPOS - 8

2- EVOLUTION URBAINE DE PORTO - 20 A - INTRODUCTION - 20 B - HISTORIQUE - 26 C - PORTO PATRIMOINE CULTUREL DE L'HUMANITÉ - 38

3- LA COHABITATION AVEC ROTTERDAM - 44 4- COMPETITION URBAINE - 54 5- CASA DA MUSICA - 72 A - INTRODUCTION - 72 B - LE CONCOURS - 76 C - PRE PROJET - Y2K - 82 INTRODUCTION - 76 Y2K - 84 SWITCH " CASA DA MÚSICA " - 88

D - LE PROJET - 92 GRAND AUDITOIRE PETIT AUDITOIRE ESPACE DE CYBER-MUSIQUE SERVICES ÉDUCATIFS CENTRE DE DOCUMENTATION RESTAURANTS ET BARS PARKING

E - FORMES URBAINES - 102 F - CONTEXTE ET " CASA DA MÚSICA " - 112 F - POLÉMIQUES - CHRONIQUE - 126

PROJET DÉNATURÉ - 126 "CASA DA MÚSICA " CLASSÉE - 130 SIZA ET LA " CASA DA MÚSICA " - 1 3 4 LE POINT DE VUE - 142

G - BILAN PROVISOIRE " CASA DA MUSICA " - 146

6- BIBLIOGRAPHIE - 149

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VUE SE DO PORTO


VOYAGEUR

"...le voyageur est sur la place de la cathédrale et regarde la ville. C'est le matin de bonne heur e. Il est venu ici choisir son chemin, décider d'un itinéraire. La cathédrale est encore fer mée. Le palais épiscopal semble absent. Un air froid arrive du fleuve. Le voyageur a calculé son temps et ses pas, il a tracé mentalement un arc de cercle dont le centre est cette place et il s'est aperçu que tout ce qu'il voulait voir à Porto s'y trouvais enclos. D'habitude il ne se soucie pas autant de rigueur et il enfreindra probablement cette première décision. Au fond il accepte les principes de base qui prescrivent de prêter attention à l'ancien et au pittoresque et de dédaigner tout ce qui est moderne et banal. Voyager ainsi dans les villes finit par être une discipline aussi conser vatrice que de visiter les musées…. " 1

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- José Saramago, Pérégrinations portugaises, Seuil, 2003 - p 118

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PONT D LUIS I


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ESTACAO DE CAMPANHA - PORTO


1- Introduction - Avant-Propos "Tradition is a challenge to innovation" - Alvaro Siza

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"Where there is nothing, everything is possible. Where there is architecture, nothing (else) is possible." - Rem Koolhaas 3

Porto a été dans le cours de l'année 2001 Capitale Culturelle de l'Europe, et ce en partenariat avec la ville de Rotterdam. Cet événement est, pourrait-on dire, la suite logique de l'exposition universelle de Lisbonne de 1998. Celle-ci a clairement illustré la décision prise par le Portugal d'arriver à une projection européenne plus forte. Avec la constr uction d'infrastr uctures modernes et la promotion d'événements à caractère culturel, nous devinons la nette volonté de la ville et du pays tout entier de vouloir s'affir mer en tant que nation participant activement, et efficacement, à la constr uction d'un patrimoine culturel européen. Après des analyses extrêmement positives sur son évolution post-expo, le Portugal tout entier donne suite à sa politique de divulgation culturelle, de développement interne, avec l'événement que représente Porto 2001 et en 2004 comme organisateur du Championnat d'Europe de football.

2 - El Croquis n°95 ,Alvaro Siza 1995-1999 3 - L'Architecture d'aujourd'hui, no. 238, april 1985

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ESTACAO DO ORIENTE - SANTIAGO CALATRAVA - LISBONNE


10 A l'inverse de l'Expo 98 qui se déroula sur une zone spécifique de Lisbonne, Porto a entrepris des travaux dans une grande partie de son étendue. Porto 2001 est un exemple significatif pour diverses raisons. Il profite de cette initiative pour faire disparaître une grande partie de ses quartiers insalubres, rénover les bâtiments existants, proposer des développements urbanistiques dans un contexte topog raphique difficile, moderniser ses moyens de communications en créant à Porto un métro de superficie. Il entame,enfin, la constr uction de nouveaux bâtiments à vocation culturelle, inexistants jusqu'alors, tels la " Casa da Música " de Koolhaas, le " Museu de Serralves " 4 de l'architecte Alvaro Siza, la nouvelle bibliothèque " Almeida Garret " réalisée, elle, par l'architecte José Manuel Soares et dans lequel l’architecture occupe une place tres importante La Casa da Música est dans ce mémoire le fil conducteur, car elle pose bon nombre de questions sur les villes d'aujourd'hui. Les notions de patrimoine, de contexte, de respect du lieu sont ici posées. L'élection de Porto comme capitale européenne de la culture a eu lieu le 28 mai 1998. Ce fut une victoire serrée pour acquérir ce titre vu la concurrence d' autres villes européennes. Le périple commença en 1997 à Maastricht, endroit ou fut présentée la candidature.

4 - Premier musée d'art contemporain du Portugal, œuvre de Alvaro Siza


AFFICHE PORTO 2001


12 La fête de Porto comme capitale culturelle de l'Europe, c'est dans cet état d'esprit qu'elle a été entrevue, a débuté le 13 janvier 2001 et fut une année riche en événements culturels. Les nombreux spectacles qui y ont été organisés durant cette période devaient être, en quelque sorte, une for me de préparation aux festivités de Porto 2001, qui laisseraient leurs marques dans la vie quotidienne des " portuenses " 5 . Une des volontés des responsables était que le titre capitale culturelle puisse résister au happening, et ce, bien au delà des festivités. Un des plus grands défis a été et reste encore de gérer une dynamique nouvelle dans la vie culturelle, et dans l'architecture, de créer des bases neuves qui se propagent au-delà de 2001. Des marques qui sont visibles dans la vie culturelle, dans l'architecture, dans les espaces rénovés, dans les r ues, les places et les jardins et dans les équipements culturels conquis pour la ville, avec comme point d'ancre la Maison de la Musique (Casa da Música). Ceux-ci doivent apporter une amélioration qualitative de la vie des habitants et des navetteurs de Porto et de sa région. Toute cette démarche qui va plus loin que le simple événement devra sans doute placer la ville de Porto en bonne place dans la liste des villes culturelles d'Europe qui valent la peine d'être vues.

5 - Nom donné aux habitants de Porto connus aussi comme " tripeiros "


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14 Cet événement serait parfait si on ne gardait pas l'impression que l'on a attendu l'Expo 98, Porto 2001 et même le futur Euro 2004 pour faire en quelques mois ou quelques années ce qui n'a pas été fait au long de toutes ces années dans le pays. Les politiciens agissent de façon non coordonnée, par intérêt, suivant des logiques propres et suivant des combats souvent intestins La seule chose qui est certaine c'est qu'ils se battaient lors du début de l'événement pour donner leur nom à une avenue, un stade. Néanmoins, en 2001, il n'y avait que des décharges bien anonymes. Les citoyens oubliaient la citoyenneté. En 2001 Porto était une ville de boue, de trous, véritable chaos urbain et sans vision de son avenir qui, maintenant, s'ouvre à de nouvelles perspectives. Ce mémoire se propose d'introduire historiquement la ville afin de comprendre l'importance que ce tissu urbain pouvait avoir à une certaine époque ; décrire la mentalité particulière des " Portuenses ", dans lequel on perçoit ce sentiment très fort d'appartenance à une ville et qui ne peut être comparé à la rivalité existante ente Barcelone et Madrid pour des raisons qui seront expliquées plus en avant. Nous sommes ici en présence d'une ville dans laquelle ce qui aujourd'hui est décrié avec passion peut demain être aimé, approprié, avec la même passion et peut-être avec encore plus d'intensité.


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CROQUIS ALVARO SIZA


16 De plus, je ferai de la Casa da Música le point central à travers lequel seront esquissés les points cités plus haut; les questions liées au contexte et à l'appartenance d'un objet comme la " Casa da Música ", qui parait acontextuel, ont suscité de nombreuses critiques au sein des intellectuels et des habitants lors du début de sa constr uction, et encore aujourd'hui au stade presque terminé dans lequel le bâtiment se trouve Le fait de nommer Porto comme capitale européenne de la culture n'est bien entendu pas du au fait que Porto était une ville active culturellement mais bien une ville qui stagnait quelque peu culturellement et qui arrivait, de nos jours, à avoir une culture embourgeoisée sans la fougue et le cœur des temps passés dans lesquels elle était le déclencheur de conflits dans le pays en se battant contre la capitale omniprésente. Une des questions centrales qui poussent à aborder le mémoire par le biais de la Casa da Música est de savoir dans quelle mesure un événement comme celui-ci, avant même d'entrevoir la fin de bon nombre de travaux est le moment auquel l'évolution ou la mutation de la ville s'opère. Je le ferai en questionnant la démarche et le bâtiment mis en place par Rem Koolhaas afin de comprendre ce que celui-ci, par son architecture, apporte de nouveau et dans quelle mesure l'architecture est susceptible de provoquer des changements dans une ville telle que Porto ou l'école de Porto dans laquelle des architectes comme Alvaro Siza et Eduardo Souto de Moura


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18 font office de référence. Le mémoire tentera de saisir ce moment particulier qu'est celui avant la fin de la fin des travaux et qui sans doute ne se serait pas aussi marqué si l'ampleur des travaux sur le territoire, leur durée, et la diversification de ceux-ci n'étaient pas ce qu'elles sont. Le contexte morne de la ville à la fin du siècle dernier et le doute que celle-ci commençait à avoir sur son propre avenir commence à disparaître petit à petit. La confrontation d'architectes comme Alvaro Siza et Rem Koolhaas lance des ponts et crée des liens entre différentes façons de voir la ville, diversifiées, apportant chacune leurs richesses. J'essaierai par le biais de ce mémoire de saisir ce moment avec les limites d'analyse qu'il comporte et le peu de recul que l'on possède encore de cet événement qui est d'or et déjà remarquable par la place qu'a pris l'architecture durant toute cette durée.



2- Evolution Urbaine de Porto A - Introduction Parler de l'évolution historique de Porto dans le cadre de ce mémoire est intéressant dans ce cas-ci, car il peut nous éclairer dans le cadre d'un parallélisme entre Porto et Rotterdam. Il me semble que le projet de Koolhaas et les théories de l'école de Porto basées sur la contextualité du bâtiment sont ici de grande importance pour connaître et comprendre le projet de la " Casa da Música " et le fondement des critiques adressées envers le projet de Koolhaas ainsi que les répercutions que celles-ci peuvent avoir sur la culture urbaine Porto est une ville qui n'a pas connu de changements profonds dans son évolution. A l'inverse de Rotterdam lors de la seconde guerre mondiale, Porto n'a jamais été soumise à une destr uction complète. La démarche d'Alvaro Siza est basée sur cet aspect historique, de ce développement quasi continu qu'a connu Porto. Le vécu, le " background " de Siza et des architectes de l'école de Porto n'est pas du même ordre. La ville de Rotterdam a été totalement détr uite et ne possédait plus après la guerre de bâtiments de référence et on peut comprendre par ce fait un des principes de la démarche de Koolhaas par rapport au contexte morphologique, physique, de la ville.

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CROQUIS ALVARO SIZA MUSEE DE SERRALVES


22 Quand Alvaro Siza a été chargé du projet destiné à abriter le seul musée d'art contemporain du Portugal, le musée de Serralves, il affir mait qu'il devrait dessiner ce musée à partir d'une attitude extrêmement respectueuse par rapport au site de la maison de Serralves duquel le musée fait partie. Il a tenté un autre type de rapport bien entendu que celui proposé par Koolhaas pour la Casa da Música. Il a tenté de provoquer le dialogue architectonique har monieux entre deux bâtiments qui marquent deux époques bien différentes,la maison de Serralves représentant l'époque où l'industrie textile était à son paroxysme dans cette région. Quand la décision a été prise, personne n'imaginait que le projet de Siza se transfor merait en un point de chute inévitable pour beaucoup de portugais et d'étrangers. La ville, par le bâtiment et par les œuvres exposées venait de placer Porto dans le circuit mondial de l'art contemporain.


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ALVARO SIZA - MUSEE DE SERRALVES



CARTE PORTO XVIII SIECLE


26 B - Historique Porto a été bâti sur les plaines granitiques qui dominent la vallée du Douro et qui au début étaient accessibles au point où arrivait un petit fleuve. En ce point, les Romains fondèrent une ville qui portait le nom de " PortusCale. " La population primitive était protégée par une muraille (Cerca Velha) sur le haut d'un mont (Pena ventosa) qui dominait la vallée sur laquelle se trouve maintenant la " Sé ". Cette ville médiévale commence au 17ème siècle à se développer en dehors de ses murailles où la " Torre dos Clérigos " constr uite en 1763 demeure encore aujourd'hui comme un des symboles de la ville et un point de repère de celle-ci. En 1710, la ville comptait trois communes intra-muros (Sé, São Nicolau et Vitoria) et 4 extra-muros (Miragaia, Sto Ildefonso, Massarelos et Cedofeita). Ceci nous indique que la ville se développait bien au-delà de ses murailles. Il se bâtit des édifices publics : Hôpital Sto Antonio (1770), l'ancien théâtre São João, la Casa Pia. C'est alors que commence à se tracer des voiries extra-muros qui, au fur et à mesure, se sont peuplées de constr uctions, se convertissant alors en de nouvelles r ues.


CARTE PORTO XX SIECLE



PONT D. MARIA PIA


30 Le 19ème siècle est d'une grande richesse commerciale, la ville s'étendait déjà bien au-delà des alentours du port fluvial. La nouvelle " Alfândega " dont la rénovation a été faite par Eduardo Souto de Moura et surtout le dispar u " Palácio de Cristal " 6 , siège en 1865 de l'exposition internationale de l'industrie, témoignent de l'importance de la ville. Avec la destr uction des murailles au début du 19ème siècle, la ville se propageait jusqu'à l'est, à partir de la place " da Batalha " vers les alentours du " Bonfim " et la station ferroviaire du Nord. En 1877 la ligne Porto Lisbonne arrive à Porto (bien qu'a Gaia elle y soit arrivée en 1864). Ceci résulte de l'achèvement du pont ferroviaire " D. Maria " 7 . Dans un même temps, une autre ligne ferroviaire de voie étroite, Porto Povoa do Varzim, est inaugurée en 1875 avec le ter minus situé à proximité de la rotonde de Boavista ou se dresse aujourd'hui la " Casa da Música ". Comme réfor mes importantes de la deuxième moitié du 19ème siècle, il y a sans aucun doute le tracé des nouvelles r ues da Alfândega (1867) et Mouzinho de SIlveira. Cette dernière est extrêmement importante car elle fait a connexion entre le bas de la ville (Baixa) avec la partie haute de la ville dans laquelle on trouve la place D. Pedro, qui est le centre civique de la ville. En profitant de ces infrastr uctures mises en place s'est constr uit le marché en str ucture métallique qui est connu aujourd'hui comme " Mercado Ferreira Borges " (1888). 6 - Siège de l'exposition internationale de l'industrie en 1865 7 - Pont créé par Gustave Eiffel et inauguré en novembre 1877


PORTO - TISSU ACTUEL


32 En 1895 a été dessinée ce qu on appelle " a circunvalação " qui est encore aujourd'hui la marque de la fin de la municipalité de Porto et qui se présente comme notre petite ceinture br uxelloise. Dans la rotonde de Boavista naissait l'avenue du même nom qui lie aujourd'hui la rotonde au port industriel de Leixões et qui a fait partie de l'inter vention appelée Le parcours atlantique réalisée par l'architecte Sola Morales, auteur d'un projet dont l'inter vention se situe au niveau du Parque da Cidade. Le Porto des premières décennies du vingtième siècle for mait un quadrilatère délimité au sud par le fleuve Douro, à l'Ouest par le Palácio de Cristal et la rotonde de Boavista et à l'est la gare de Campanhã et le Bonfim. En dehors de ce noyau dur de la ville il n'y avait encore que quelques habitations dispersées ici et là près des principaux tracés de chemins de fer. Les principales transfor mations ont eu lieu à l'intérieur même de la ville. Le nouveau théâtre S. João, Le marché du Bolhão (1914) et la refor mulation des espaces les plus congestionnés du centre urbain : La place D. Pedro, mais aussi et surtout l'Avenue dos Aliados (Barry Parker, 1916) qui avait comme rôle d'être le centre de la ville et l'endroit représentatif de la ville entourée par des bâtiments dessinés par les grands architectes du moment pour être couronnée par la maison Communale sur sa partie haute.


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GARY PPARKER AVENIDA DOS ALIADOS - 1916


34 Dans les années 30, commence l'urbanisation du tronçon entre l'Avenida da Boavista et la Foz : L'avenue Marechal Gomes da Costa est devenue la résidence de la bourgeoisie industrielle de Porto qui y édifie d'importantes battisses. Une d'elles est la maison de Serralves avec laquelle cohabite aujourd'hui le Museu de Serralves de l'architecte Alvaro Siza. Elle sert aujourd'hui donc comme fondation et possède des jardins de grande renommée. En 1939 se dessine le nouveau ter minal ferroviaire : la station de Trindade, aujourd'hui désafectée et dont l'architecte Souto de Moura s'occupe aujourd'hui de la constr uction de la station de métro du même nom. Cette station avait à l'époque comme qualité principale de posséder une plus grande centralité et dont une partie de la traversée se passait en tunnelDans les années 40, la politique d'habitation sociale se matérialise sous for me de blocs et non plus sous la for me d'habitations individuelles. Parallèlement commence une vaste opération qui vise à l'assainissement de l'habitation typique des zones les plus anciennes de la ville. Celles-ci sont équipées d'eau courante et dans certains cas détr uites et soumises à une nouvelle urbanisation.


MERCADO FERREIRA BORGES


36 Le " Planos de Melhoras " 8 en 1956 était un décret de loi du gouvernement qui finançait des bâtiments destinés à l'habitation sociale. Le plus caractéristique de ces bâtiments est le " bairro do Car valhido ". L'effet de ce décret s'est fait sentir dans la destr uction de plus de 4500 bâtiments dégradés ou insalubres tels le marché au poisson, et le marché do Anjo. Dans les années 50 apparaissent des jeunes architectes (F. Távora, A. Siza, J.C. Loureiro) qui vont projeter des édifices qui vont laisser une empreinte dans la ville. Entre temps l'avenue de Boavista se convertit en un grand axe d'expansion de la ville vers l'ouest. Si dès les années 40 elle était devenue la zone de prédilection de la bourgeoisie comme lieu de résidence, dans les années 70 elle devint le lieu préféré des hôtels de luxe et autres Shoppings-Center devenant ainsi une artère de consommation où un architecte comme Rem Kollhaas pose la Casa da Música. Le vide de la fin de l'avenue se transfor me alors en une grande zone verte : Le Parque da Cidade, et ce, pendant que le voisin Matosinhos accueille toutes sortes d'usines desser vant le port. La zone entre le Palacio de Cristal et la " Pasteleira " devient alors le pôle universitaire de la ville. Les dernières années vont voir naître le nouveau pont ferroviaire au dessus du Douro et le pont du Freixo qui complète la VCI 9 qui est en somme un ring

8 -Plan d'améliorations pour la ville 9 -Via de Cintura Interna


ESTACAO DE S. BENTO


38 faisant le tour de la ville tout en continuant l'assainissement des zones d'habitations les plus défavorisées et les plus dégradées. Alors que le Portugal entre temps est devenu membre de la

Communauté

Européenne 10 , les années 90 ont vu l'apparition d'un vaste plan de régénération des espaces dégradés du centre qui avaient aussi comme motif la proche organisation de Porto 2001 Captale culturelle de l'Europe . C - Porto Patrimoine Culturel de L' Humanité " Tant comme ville, tant comme réalisation de l'homme, le centre historique de Porto constitue une œuvre de premier ordre, témoin du génie créatif de l'humanité. Les intérêts commerciaux, agricoles convergent ici pour abriter une population capable de constr uire la ville. Le résultat qui en découle est une œuvre d'art unique, de grande valeur esthétique. " Ces paroles sans équivoques ont été prononcées à Mérida en 1996 lors d'une réunion d'experts pour le patrimoine mondial de l'Unesco (Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture). La déclaration qui a été annoncée publiquement le 4 décembre 1996 par le comité des experts de ce département des Nations Unies décide de classer le spécifique centre historique de la ville et quelques zones adjacentes, hébergeant un total de 96 sites et monuments.

10 - Le Portugal est rentré à la CEE le Ier Janvier 1986 en même temps que l'Espagne



40 Tous les sites et monuments, avec comme exception le " Mosteiro da Serra do Pilar " à Vila Nova de Gaia, à côté de l'extrémité sud du pont " D. Luis ", s'implantent tous dans la zone urbaine de Porto. Il s'agit d'un vaste, riche et diversifié ensemble patrimonial qui illustre l'histoire de la ville au long des siècles. Depuis le petit bourg encerclé par sa muraille déjà existant avant même la naissance du Portugal, la ville n'a cessé de croître, non seulement urbanistiquement ,puisque les composants artistiques et culturels y ont toujours été privilégiés. Tout de même, on entend - à raison - dire que seule une stagnation dans la rénovation urbanistique, surtout dans la zone primitive, a per mis que la base historique demeure un bloc har monieux et d'incontestable valeur architecturale en plus d'un milieu social spécifique. La conscience de cette richesse est orienté sur la préser vation, la récupération et la restauration des monuments et lieux du noyau original du bourg ont per mis de rendre possible ce qui est aujourd'hui Patrimoine Mondial de L'humanité. Les richesses patrimoniales ne se confinent pas au versant " Ribeirinha " dominée par la " Sé " et aux quelques zones adjacentes. Des édifices vétustes et d'une évidente valeur

artistique se propagent partout dans la ville, avec

l'église romantique de " Cedofeita " et la maison de Serralves qui peuvent être cités comme des exemples significatifs.



42 Dans une telle configuration et par rapport à l'architecture généralement produite au sein de la ville de Porto, et comme expliqué par rapport au vécu de Rem Koolhaas dans une ville telle que Rotterdam, le projet de la " Casa da Música " met de côté, dans sa conception, cette idée classique de patrimoine et innove par ce fait. Ce n’est pas une approche courante que d'entrevoir l'architecture d'une façon, qui est elle, beaucoup plus continue et peut expliquer sans doute beaucoup des critiques proférées à l'encontre du bâtiment de Koolhaas.


ERASMUS BRIDGE - BEN VAN BERKEL


3- La cohabitation avec Rotterdam

" La programmation de " 2001 " est prisonnière de l'idée naïve du multiculturalisme soixante-huitard, cherchant à concilier tous les types de culture, ce qui résulte en un mélange pauvre, comme l'a démontré par ailleurs la cérémonie d'inauguration. " C'est avec ces mots que Paulo Cunha Silva, programmateur dans le domaine culturel pour les disciplines de la pensée, de la science et de l'articulation avec Rotterdam a commenté les problèmes d'articulation des projets entre les deux villes capitales culturelles. En effet ce qui devait être un point fort de " 2001 " - l'articulation avec Rotterdam - a été, on peut le dire, réduite à un seul projet culturel d'opéra dont la musique était d'un compositeur portugais et les paroles d'un auteur hollandais. En 1998, la Commission Européenne avait pourtant pris la décision inédite, en plus d'accorder un budget plus large, de commencer à nommer 2 villes au lieu d'une seule pour justement faciliter ces interéchanges. Por to et Rotterdam ont donc été en quelque sorte mariées arbitrairement après un procès de sélection qui a traîné en longueur.Les deux villes se sont ainsi vu obligées de partager et d'interconnecter la programmation de l'événement. C'est alors que s'est ouvert le chemin à une expérience de liaison inter villes, plus profonde que celles à laquelle nous sommes habitués.

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PANORAMA ROTTERDAM


46 Celles-ci ont partagé au moins autant de ressemblances que de différences. Ce sont deux cités dans lesquelles l'eau a une importance notable vu qu'elles sont toutes deux bâties près d'un fleuve, bien que Porto se situe à l'embouchure maritime de son fleuve et que Rotterdam soit située plus en amont. De plus, ce sont deux villes qui maintiennent de grandes rivalités vis-à-vis de leur capitale respectives, condamnées à vivre dans l'ombre de Lisbonne et d'Amsterdam. Si ces ressemblances les rapprochent c'est dans les différences profondes qu'on aurait pu parier afin de lancer un inter échange innovateur. Porto est une vieille ville qui possède un patrimoine, un héritage historique de grande richesse. Rotterdam fut pratiquement détr uite lors des bombardements allemands durant la seconde guerre mondiale. Reconstr uite, elle possède maintenant un patrimoine architectural contemporain de grande valeur. La programmation de Rotterdam reflète la nécessité d'offrir une plus grande diffusion à la, déjà puissante, école d'architecture de la ville. En cela elle se rapproche de Porto qui possède elle aussi à son tour des architectes comme Alvaro Siza et Eduardo Souto de Moura 11 étroitement liés à l'école d'architecture de Porto Rotterdam n'avait pas l'urgence de Porto à être requalifiée et c'est en partie pour cela que Rotterdam 2001 a investi la plupart des fonds qui étaient à sa disposition, presque exclusivement, en programmation culturelle pure sans que l'architecture y occupe une place prépondérante 11 - Luiz Trigueiro, Eduardo Souto de Moura, Blau editions


WPC CONTROL - ROTTERDAM


48 Pendant que le problème principal de Porto était de se refaire une image de ville culturelle qui avait été étouffée par toute l'époque salazariste et qui avait retiré la ville, entre autres, des circuits de circulation de l'art et de la culture européenne, le problème de Rotterdam ne se situait pas au niveau de l'offre. En effet, Rotterdam est habituée à une abondante sollicitation d'événements artistiques. Les habitants ont même donné un avis critique par rapport aux investissements, attendu que les coûts leurs semblaient trop élevés pour ce qui était de la production artistique. Cependant le commissaire hollandais Bert Von Meug gelen croyait que l'événement serait décisif afin de tester de nouvelles for mes de solutions pour les échanges multiculturels. C'est qu'à Rotterdam vivent plus de 160 nationalités différentes. Le slogan de la capitale était " Rotterdam, ce sont plusieurs villes " et le thème était basé ici sur le livre d'Italo Calvino " Les Villes Invisibles ". Chaque culture est une ville et la question posée par Rotterdam était de savoir si la ville possède encore une identité propre ou bien si celle-ci est la même que toutes les autres. Il y a plus de 300 initiatives qui cherchent à répondre à la question dans la programmation - " Qui sommes-nous, D'où venons-nous et vers où allons-nous ". L'exposition phare de Rotterdam a été dans toute l'exposition dédiée au peintre hollandais Jérôme Bosch (1450-1510). En hollande, nombreux ont été les détracteurs qui ont accusé le Commissaire Van Meg gelen de renfer mer la ville sur elle-même au lieu de la présenter à



50 l'extérieur. Une des conséquences est la façon pour le moins frileuse avec laquelle les hollandais ont accueillis les propositions d'articulation avec Porto. Elles ont toutes été refusées à l'exception d'un seul opéra. Paulo Cunha e Silva a rejeté toute responsabilité dans l'échec évident de l'articulation avec la ville de Rotterdam et a proposé des différents types de liaisons : Une liaison au niveau de la mémoire. Le Portugal et la Hollande ont été tous deux des colonisateurs du Brésil. Il avait été proposé de faire une exposition d'art contemporain brésilien des derniers 30 ans. Les colonisateurs chercheraient à mettre en avant l'œil du colonisé. L'exposition s'est réalisée mais sans la participation de la Hollande… Une Liaison symbolique. Le plus grand symbole de Rotterdam est Erasme et son " Eloge de la folie ". Il a alors été proposé de développer une série de perfor mances réalisées par des artistes de Porto au sein de l'hôpital psychiatrique " Conde Ferreira ". La proposition d'articulation qui était proposée aux hollandais était de prendre un symbole de la ville de Porto, le livre " Amour et perdition " de Camilo Castelo Branco et de le travailler au sein d'une prison. La plus grande peur de l'homme - devenir fou - et son plus grand souhait - l'amour - seraient ainsi articulés dans une série d'initiatives pour déconstr uire la liaison amour/folie. Une Liaison populaire : Le football est un des spectacles les plus populaires tant à Porto qu'a Rotterdam. La proposition de Cunha da Silva consistait dans la réalisation de deux matchs amicaux entre les deux équipes de la


KUNSTHAL - ROTTERDAM - REM KOOLHAAS


52 ville, à savoir le FC Porto et le Feyennoord. Les traditionnels panneaux publicitaires bordant le stade et contournant le terrain de jeu seraient remplacés par des vers poétique transfor mant le match en une perfor mance artistique. Une liaison virtuelle : A travers une technologie de téléconférence mise à disposition par des opérateurs de chaque ville, les habitants de Porto et de Rotterdam pourraient se montrer leur ville dans les cafés, hôpitaux églises ou places. Les hollandais ont rejeté le projet en prétextant un manque de contenu. Un des projets qui a été réalisé consistait dans le changement du nom et de toute la signalétique et les noms des commerces d'une r ue de Porto en hollandais. La même chose a été faite à Rotterdam ou une r ue se transfor me en r ue portugaise.Le centre portugais de photographie a reçu une exposition de photographies de photographes hollandais mais il n'a pas été possible de réaliser un événement similaire chez son pendant hollandais - Les Archives photographiques de Rotterdam - une exposition de photographes portugais. Il a été réalisé enfin une exposition sur la manière dont les écrivains portugais voyaient la hollandeLa présence hollandaise s'est ainsi avérée disproportionnée. Par de la le fait que Rem Koolhaas est chargé de faire la " Casa da Música, l'allusion à Rotterdam s'est étendue dans les plus divers domaines avec une superficialité qui démontre le peu de volonté de part et d'autre de constr uire des liens solides entre ces deux villes.


AVENIDA SANTA CATARINA


4- Compétition Inter-urbaine La plupart des pays connaissent une rivalité entre leurs deux plus grandes villes. Cette rivalité se caractérise souvent par l'existence d'anecdotes caricaturales sur "l'autre ", de fanatisme footballistique, de luttes de pouvoir politique, d'antagonismes Nord-sud, etc. La rivalité existant entre Lisbonne et Porto ne peut pas être classée comme une rivalité classique, mais doit être analysée à la lumière de l'évolution de chacune de ces villes, dans le cadre de l'Histoire portugaise. Tout d'abord on ne peut oublier que le sentiment national au Portugal, dans l'entièreté de son territoire, est très fortement établi. C'est sans doute le fr uit d'une existence de près de 900 ans en tant que pays indépendant (seulement 60 ans d'occupation espagnole (1580-1640), vrai Etat-Nation où aux frontières stabilisées correspond une langue identitaire. Il ne s'agit donc pas d'une rivalité comparable à celle de l'Espagne voisine ou derrière la division MadridBarcelone, s'exprime un sentiment national divergent avec des langues différentes. Porto et sa ville miroir, Gaia furent la première capitale d'une entité appelée le " Comté Portucalais " qui précéda la création du Portugal en 1143. Se furent donc ces deux villes qui donnèrent le nom au pays qui essayait d'échapper au contrôle de Castille et Léon au XIIème siècle. Etant à la naissance du sentiment national portugais, Porto ne pouvait naturellement pas par après se créer un autre sentiment national qui l'opposerait à Lisbonne.

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QUAI EXPO 98 - LISBONNE


56 Ce n'est qu'après la conquête de Lisbonne aux maures que celle-ci devint la capitale portugaise. Lisbonne ancienne ville romaine, idéalement placée à l'estuaire du Tage, devint grâce à l'épopée des découvertes, une grande ville européenne, un centre de commerce et de trafic d'esclaves attirant nombre d'étrangers. Au XVIème siècle, 30% de la population lisboète était d'origine africaine fr uit des esclaves forcés à venir en métropole mais aussi fr uit de la politique de métissage du Royaume portugais, qui peu doué démographiquement, comprit rapidement que pour réussir à dominer un empire, il fallait se mélanger avec les populations locales. Lisbonne était donc au XVIème siècle une ville cosmopolite, ouverte vers l'Atlantique où les différentes cultures se mélangèrent et attirant nombre de personnes qui vivaient des immenses revenus que le commerce des épices, des êtres humains, de l'or et des diamants apportaient. Quant à Porto, la ville resta importante, autonome du pouvoir central, ayant comme suzerain son évêque, mais ne profitant pas autant que sa rivale du Sud de la mine d'or des découvertes. Porto s'ouvrît moins, se spécialisa dans la production et le commerce de certains biens particuliers, tels le vin et les textiles, et commença à avoir un rapport privilégié avec l'Angleterre, partenaire du commerce de ces produits.Son évêque, comme tout seigneur féodal, avait un large pouvoir de décision et le Roi lui-même, devait avoir son autorisation pour pouvoir séjourner à Porto. En outre, il privilégia le développement économique de la ville, et ainsi se constitua une nouvelle classe sociale, la


BIBLIOTECA ALMEIDA GARRETT


58 bourgeoisie. Bourgeoisie, très proche des anglais, qui tirait ses revenus de son propre travail et qui avait pour la cour de Lisbonne un certain mépris. Ce fut sans doute à cette époque que naquît le sentiment chez certains " portuenses ", que c'était à Porto que l'on travaillait, et qu'à Lisbonne la vie était plus facile et futile, tournant autour de la Cour, profitant du positionnement stratégique des centres de décision et gaspillant les deniers publics. Ce sentiment se manifeste encore aujourd'hui et en schématisant on pourrait le transposer vers l'actuel tissu de PME de Porto et la grande majorité de la Fonction Publique et les grandes Institutions portugaises établies à Lisbonne. Au XIXème, c'est tout naturellement que l'on voit la bourgeoisie de Porto défendre les idées libérales face aux tentations absolutistes des différents monarques, mais particulièrement de D. Miguel lors d'une guerre civile et fratricide (opposant deux frères, D. Miguel et D. Pedro) entre libéraux et absolutistes. Porto consolida alors sa position de villes d'idées progressistes, pariant sur l'ouverture économique et politique, toujours d'inspiration anglo-saxonne. Le XXème siècle portugais est dominé par le régime de Salazar qui s'étend de 1926 à 1974. Dictature corporatiste, se basant sur l'idée anachronique d'un Grand Empire Portugais s'étendant de l'Asie (Macau et Timor) à l'Afrique (Angola, Mozambique, Guinée, Cap-Vert et St Tomé). Ce régime empêcha le


MANIFESTATIONS DEVANT LA GARE DE SAINT BENTO


60 développement du pays et provoqua un retard important dans la plupart des paramètres socioéconomiques du pays. Lisbonne, capitale d'un pseudo empire multi continental, bénéficia d'importants travaux publics, créant certaines infrastr uctures modernes. Porto fut clairement discriminé pendant toute la période salazariste en matière d'investissement public. Cette discrimination alimenta le sentiment anti-pouvoir central, et provoqua un certain repli sur soi de la ville. Avec l'avènement de la démocratie en 1974, la création d'un pouvoir local (les municipes) fort, donna à Porto l'occasion de récupérer le temps perdu. L'apogée de cette dynamique fut sans doute le choix de Porto comme capitale culturelle européenne en 2001 avec tous les grands travaux entrepris lors de cette occasion. Historiquement ville d'idées libérales, Porto est paradoxalement une ville plus fer mée vers l'extérieur, où les classes sociales se mélangent moins, où les clubs fer més de notables anglophiles côtoient les marchés de vendeuses populaires sans se toucher. Ville d'une ambiance plus feutrée qu'à Lisbonne fr uit aussi de son climat différent, Porto est une ville au bord d'une rivière et de la mer avec beaucoup de passages vers Gaia mais qui reste avec le dos tourné vers l'eau. On sent chez les " portuenses " une fierté de leur ville, phénomène qui n'existe presque pas à Lisbonne. Les " lisboètes " 12 viennent souvent d'ailleurs, ont laissé leurs racines dans les villages ou les villes de l'intérieur où ils sont nés. De là vient peut-être leur plus grande méfiance à l'égard de 12 - Nom donné aux habitants de Lisbonne



62 l'autre que l'on croise dans la r ue. Les gens de Porto sont généralement plus ouverts, plus près à aider autr ui, plus solidaires et moins prétentieux. Aujourd'hui même si ces éléments subsistent encore par des résidus qui restent toujours présents dans les mentalités, cette rivalité n'est plus prédominante. Elle s'exprime de façon globale, à toutes les villes, par rapport à l'offre que celles-ci proposent. La localisation des entreprises, les équipements, les initiatives culturelles ont pris une importance grandissante. Au point de vue économique, les entreprises ont tendance à s'implanter dans un milieu urbain ayant un potentiel créatif afin de garder ses employés et en quelque sorte les fidéliser comme une marque peut le faire. Les équipements d'utilité publique sont des accélérateurs de ce développement urbain et font de la ville une marque ou un label qui représente un investissement financier de la part des autorités vu que les investissements possibles en dépendent aussi. " …Le phénomène s'est propagé à l'ensemble des villes depuis que les multinationales ont la capacité de déplacer leur production et leur distribution dans le monde entier. Ce marché autour de l'implantation économique devient de plus en plus petit dans une économie de plus en plus grande. La mondialisation et la métropolisation font donc que les villes participent à une vaste compétition économique, scientifique et culturelle. Le profil économique d'une



64 ville était traditionnellement lié à des métiers ou des branches économiques bien spécifiques. Or cet antécédent de spécialisation urbaine a l'avantage que les villes ne doivent pas se perdre dans des analyses extensives à la recherche de leurs concurrents direct dans la guerre des villes " 13 Dans ce type d'évolution urbaine, il est intéressant de remarquer que le star système peut occuper une place prépondérante dans le choix de tel ou tel bâtiment ou de tel ou tel architecte. il existe bien un star système dans le monde,fer mé, de l'architecture. Ce qui est inquiétant, c'est que ce star système d'architectes est finalement poussé à produire bien souvent de l'architecture image, ou pour prendre un mot plus en vogue chez nous, de l'architecture métaphore. Le cas de la Casa da Música pourrait être exposé à toutes ces critiques puisqu'il est l'œuvre d'une star. Le processus contemporain qui tend à rendre la ville un spectacle est indissociable des stratégies de marketing urbain qui cherchent à construire une nouvelle image pour la ville afin que celle-ci jouisse d'une place de choix au niveau international. Dans cette nouvelle logique de consommation culturelle urbaine, les grandes vedettes sont les grands équipements culturels, les musées et leurs architectures monumentales - de plus en plus spectaculaires. Ces bâtiments deviennent alors des mégaprojets urbains insérés dans de nouveaux plans stratégiques. La culture et la ville sont ainsi devenues, mais ne l'ont-elles pas toujours été, une sorte de marchandise qui est manipulée comme une image de marque 13 - Wellner, Mathieu, Leitbild, Mémoire La Cambre, 1999, p.6



66 S'inscrivant en faux contre l'idée que Koolhaas profite des circonstances pour réclamer des honoraires trop élevés, Bur mester 14 affir me acheter au " meilleur prix ", "l'une des meilleures œuvres du genre au niveau mondial, conçue par l'un des meilleurs architectes du moment ". Il insiste sur le fait que la Casa da Música va constituer l'un des phares de la cité, et per mettre la requalification de toute la zone urbaine environnante au détriment des détracteurs qui invoquent des politiques de marketing urbain et de star système "Architects, for the first time in several decades, are being solicited for their power to physically articulate new visions." 15 Dans un contexte de marketing urbain et de star système la première chose intéressante au sujet de la nouvelle salle de concert d'OMA à Porto est sa capacité d'exister sans être là. Ceci est dû, principalement je pense, au radicalisme apparent du projet et à un effort médiatique énor me, les mots Casa da Musica" sont maintenant dans toutes les bouches. Cependant, il n'y a pas que ces mots qui sont populaires. Aujourd'hui, le citoyen ordinaire est en mesure de voir ou projeter l'image du futur bâtiment encore en constr uction. A Porto, chacun sait ce qui se produira, chacun sait la for me du nouvel "objet", et chacun a une opinion à son sujet, bien que l'espace public environnant ne soit pas encore perceptible du aux barrières qui for ment l'enceinte du chantier. Il y a quelques endroits, comme Berlin, où l'on peut sentir un poten14 - Directeur Casa da Música et compositeur de renommée 15 - Rem Koolhaas, "Rem Koolhaas, Post-Nationalist Architect", The New York Times, 1994



68 tiel élevé, ou la présence, d'une architecture qui n'existe plus (comme le mur) ou qui n'a jamais existé (comme la tour de verre de Mies Van der Rohe). Dans quelques autres endroits, ce potentiel apparaît dans une idée de future architecture. Par conséquent Porto est témoin d'un état intéressant de pré-architecture. La Pré-architecture se produit quand le potentiel et la présence d'un bâtiment apparaissent et agissent avant l'existence physique du bâtiment ellemême. Ce que nous pouvons voir à Porto est que le bâtiment n'est pas encore là, mais que les gens se comportent comme si il s'y trouvait d'or et déjà. La force pré-architecturale de ce bâtiment est augmentée par de diverses autres raisons. Ces raisons vont de la simplicité et droiture de sa for me, au radicalisme de son concept, et à tous les efforts médiatiques qui sont mis en place autour de lui. Nous devons également prendre en compte le contexte dans lequel il apparaît (l'événement 2001 partout dans la ville de Porto), l'emplacement, emprisonné dans toute son histoire, et principalement le vide impressionnant créé par le chantier de constr uction d'un tel bâtiment. Ce que nous avons maintenant est un énor me trou, au centre de la ville, dans un endroit, qui a toujours été plein ou entouré de quelque chose. Maintenant son vide est plus fort. Les notions d'OMA du Bigness 16 prévoient un bâtiment amoral et acontextuel. Il y a cependant une prolongation à cette idée : le chantier de la Casa da Música contient les mêmes critères de l'imposition par la taille avant l'existence du bâtiment lui-même. la Pré-architecture est une architecture d'esprit, elle exige et augmente l'imag16 - Rem Koolhaas,New York Délire, éditions Parenthèses, 2002, isbn 2863640879 - Version fr, sortie originalle en 1978 en anglais



70 ination et la créativité. Elle traite d'autre part la mémoire et l'imaginaire collectif. Tous les bâtiments ne sont pas susceptibles de réaliser la pré-architecture. Il y a des bâtiments, qui sont toujours anonymes, d'autres dont l'importance commence seulement quand ils sont constr uits, d'autres qui prennent seulement une signification après. En ce qui concerne la Casa da Música, sa signification a déjà commencé et, agissant avec le futur bâtiment. La signification de l'ancien dépôt de trams est encore grande pour beaucoup de gens aujourd'hui ce à quoi la nouvelle Casa da Música devra faire face. Et c'est exactement la disparition du constr uit précédent dans cet emplacement, qui fait du projet d'OMA un bâtiment si polémique et contribue pour sa réalisation de la pré-architecture.


ENTREE CASA DA MUSICA


5 - Casa da Musica A - Introduction La " Casa da Música " est l'œuvre emblématique de Porto 2001. Elle constitue pour la ville un événement exceptionnel coïncidant avec l'événement Capitale Culturelle. Cela a été une occasion unique pour introduire un signe de nouveauté et de générer débat sur les nouvelles for mes expressives de l'architecture. A l'instar de la façon rapide avec laquelle le projet a été choisi n'a pas correspondu la préparation du système productif pour respecter un programme économique et constr uctif qui est loin du quotidien des entreprises locales. La " Casa da Música " est le premier bâtiment au Portugal qui a comme fonction de se dédier exclusivement à la présentation publique de différents types de musique. Il est destiné à abriter l'Orchestre Nationale de Porto, Le Remix 17 " Casa da Música ", Le noyau du futur orchestre de jeunes et le studio d'opéra. En ter mes for mels, le bâtiment se présente sous la for me d'un polyèdre asymétrique, étrange à la typologie et à la str ucture urbaines, dans lequel une salle de spectacles rencontre par la vision de la sculpture de Marques da Silva sa relation avec la ville La Casa da Música est munie d'un grand auditoire de 1300 places, constr uit avec touts les soins possibles afin d'offrir à la salle une acoustique irréprochable. Elle est destinée à la présentation de grands concerts symphoniques, chorales symphoniques et autres spectacles musicaux. Le petit 17 - Le Remix Orquestra a l'objectif de fournir régulièrement aux jeunes musiciens l'expérience d'une pratique professionnelle au sein d'un orquestre

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CHANTIER CASA DA MUSICA


74 auditoire est une salle polyvalente de 300 places destinée au jazz, aux conférences et réce ptions futures. Le bâtiment comprend en outre une phonothèque, une vidéothèque, un centre de documentation et une bibliothèque.Une des particularités, en plus de sa position dans la ville et son esthétique, est le fait que la salle ne possède pas de fosse per manente destinée à accueillir un orchestre. C'est une question qui a été énor mément débattue entre tous les éléments tout au long de la conception du projet. L'option a été de ne pas multiplier les "équipements déjà présents dans la ville. La fosse du Colisée, bâtiment emblématique de Porto, a vu sa surface récemment doublée et est donc préparée pour les orchestres symphoniques ainsi que pour les grandes productions d'Opéra. Les responsables de la " Casa da Música " ont donc décidé de ne pas investir une partie des fonds destinés à la constr uction de ce bâtiment déjà emblématique dans la réalisation de cette fosse, vu que celui-ci est destiné à accueillir des concerts symphoniques pour lesquels encore aucune salle ne répond à ces mêmes critères acoustiques. Une chose est certaine, c'est un projet polémique, notamment à cause de son caractère acontextuel , ne possédant ni de site, ni d'échelle propre mais d'un grand impact, d'une part grâce à la notoriété 18 de l'architecte Rem Koolhaas, et d'autre part à cause de la brèche que ce projet ouvre dans le type d'expression for melle de ce langage connu comme " l'école de Porto ".

18 - Référence à laCompétition interurbaine,star système développé au chapitre précédent


VUE DE LA CASA DA MUSICA SUR PORTO ET SUR LA NOUVELLE STATION DE METRO DE SOUTO DE MOURA


76 B - Le concours Le Projet de concours de la Casa da Música s'est déroulé dans des conditions quelques peu tortueuses et se base sur la " théorie " très portugaise du " on verra… " Remontons au début : Il a tout d'abord fallut nommer une Société Anonyme de capitaux publics destinée à gérer les activités de Porto 2001. Cette commission déposa son rapport en 1998 et la constitution de la " PORTO 2001 SA " fut officialisée en décembre de la même année. Cette société a été constituée avec un capital de 200.000.000 € dont 99% furent pris en charge par l'état. En 1999 la société Porto 2001 ne faisait pas la moindre idée de ce que serait, ni comment serait conçu, l édifice qui viendrait à abriter la " Casa da Música ". Le mode selon lequel celle-ci fonctionnerait était, lui aussi, méconnu. Dans un premier temps, l'ambition de la société Porto 2001 ne passait que par la rénovation de la petite salle du cinéma " Batalha " et du théâtre " Águia Douro ". Comme l'affir maient les autorités responsables, la Casa da Música aurait du être constr uite dans le centre ville et donc les deux salles de ce vieux cinéma étaient l'emplacement idéal à sa constr uction


MONUMENT FAISANT FACE A LA CASA DA MUSICA SUR LA ROTONDE DE LA BOAVISTA


78 Au vu de cela, l'architecte Agostinho Ricca, par ailleurs un grand adversaire du bâtiment de Koolhaas, décida de proposer un projet sans parallèle à celui possible dans le " cinéma Batalha " et qui se situait tout près de l'emplacement actuel de la Casa da Música, c'est à dire le " Parque da Cidade ". Ce projet voulait par son implantation donner un côté plus poétique à la bâtisse en profitant des lacs et du paysage du plus grand parc artificiel de Porto, qui lui aussi fait partie du programme de rénovation urbaine de Porto 2001 et dont le projet a été réalisé par l'architecte espagnol Sola-Morales Comme le Projet de l'architecte Ricca a été médiatisé, la société Porto 2001 se rendit compte d'un certain nombre de choses qui lui firent prendre la décision de mettre sur pied un concours entre architectes ayant déjà une expérience sur un terrain de la rotonde de la Boavista qui était autrefois le dépôt des trams de Porto. Là où cela se complique, c'est quand la société Porto 2001 décida de rejeter tous les architectes portugais qui se présentèrent pour le concours et qualifie immédiatement, ou plutôt invite, sept architectes étrangers donnant ainsi une image négative des architectes portugais pour ce qui est de mener à bien un tel projet. Reprenant ainsi une bonne partie du programme de Ricca, la société reçu des sept candidats retenus uniquement trois projets.


FACADE ARRIERE CASA DA MUSICA


80 Il y a donc au départ sept noms qui font deviner la volonté d'inscrire la Casa da Música dans le " routard " de l'architecture. Ce sont des architectes au top du panorama international et il y avait la claire intention d'enlever les ouvrages de l'école de Porto comme unique point de chute des visites architectoniques de la ville. Ce sont donc des architectes comme Dominique Perrault, Rafael Moneo, Rafael Viñoly, Rrem Koolhaas, Nor man Foster, Peter Zumthor, Toyo Ito qui ont été sélectionnés dans un total de 26 candidats. De ces sept architectes, la sélection s'est quasiment faite à la photo-finish due à la présence de noms de renommée mondiale Comme il serait évident, après le choix du projet de Koolhaas, une exposition des autres projets était attendue afin de les montrer à la population et aux personnes intéressées de savoir quels étaient les différentes idées proposées pour le terrain.Il n'en a été rien. La société Porto 2001 garda les projets bien rangés et personne ne put voir les deux autres projets étant ainsi obligé de juger le projet sans comparaison possible.


MAISON Y2K - ROTTERDAM - NON CONSTRUIT


82 C - Pré Projet - Y2K Introduction Le développement de cette petite maison conçue par " Oma " 19 est extrêmement relevante puisque celle-ci est devenue la base de la conception de la " Casa da Música ". C'est tout d'abord une démonstration du processus de conception architectural tel qu'il peut être envisagé par Rem Koolhaas. Comment un projet qui est, à la base, une maison de petite taille peut devenir un complexe de 12 étages et de plus de 40 mètres de haut. " Il y a ici une confrontation dialectique et per manente entre d'un côté le processus de recherche for melle et de l'autre le processus qui vise a remplir et enrichir la for me de sa fonction…C'est un processus bien étrange qui mélange de la psychologie à une sorte d'investigation scientifique, et bien sûr beaucoup de ce que je pourrais seulement décrire comme de l'opportunisme. " 20

19 - Bureau de Rem Koolhaas : http://www.oma.nl - office for metropolitan architecture 20 - Propos reccueillis dans la revue A+U : OMA@work.a+u - mai 2000 - Koolhaas Rem


Y2K PLANS


84 Y2K Cette maison arrive juste après la maison que Oma a faite à Bordeaux. Koolhaas veut revenir ici à une maison basée sur un concept plus simple que celui de la maison à Bordeaux. Le client mis l'accent sur 3 choses importantes et, d'une certaine façon décourageantes et négatives, mais qui sont devenues des sources d'inspiration dans l'élaboration du projet. Tout d'abord le client haïssait le désordre. Une autre déclaration fut son anxiété à propos du problème Y2K. Les clients ne voulaient rien faire dans la maison avant le passage à l'an 2000, lorsqu'ils seraient sûrs qu'il n'y avait plus rien à craindre. La dernière volonté concernait les membres de sa famille, car il voulait être auprès d'eux, mais pas toujours avec eux. La maison devrait être en partie une maison dans laquelle ils pourraient être tous ensemble, mais aussi un endroit où ils pourraient tous habiter séparément. L'idée du projet est que tout ce qui est nécessaire dans une maison entoure un unique espace qui ressemble presque à un tunnel, et qui est l'espace dans lequel la famille peut se retrouver si elle le souhaite. Tout le reste est comme un élément externe ou comme un corps où tous les organes se retrouvent à l'extérieur et la peau se porte à l'intérieur devenant une façon adéquate pour développer les différentes possibilités et les demandes particulières de ce client.


MAISON Y2K ZONE JOUR


86 Afin de convaincre le client, Rem Koolhaas expliqua que toute la maison était comme un grand espace de rangement lui per mettant de cacher tout le désordre qu'il pourrait y avoir. Il y aurait cependant, excavé dans cet élément de rangement, toutes les autres parties importantes de la maison. Il y aurait un salon, son 'département' à lui et son département à elle. De cette façon, la maison consisterait en des espaces complètement vides et abstraits, et des espaces complètement solides et mystérieux qui contiennent du désordre, des déchets, des ser vices et autres besoins. " La maison est un espace de rangement, et nous pouvons en sortir le salon, un patio, son espace " à lui " et " à elle ", et voilà : c'est spatialement intéressant parce que vous avez des transparences et des perspectives à travers tout l'espace. "

21 - Rem Koolhas dans AMC, septembre 2000, n°109


MAISON Y2K ZONE JOUR MAQUETTE


88 Switch " Casa da Musica " Lorsque Rem Koolhaas a rencontré pour la dernière fois le client, il lui a simplement dit que c'était sa dernière proposition et qu'il ne ferait plus l'effort d'essayer de le convaincre, et que si il demeurait insatisfait, il valait peut-être mieux abandonner le projet. On pouvait constater la capacité qu'a la maison d'être simultanément une vraie maison mais aussi un rassemblement de conditions tranchées. Dans une dernière itération, ils ont nommé la maison Y2K.Entre ce moment et le moment ou l'invitation de participer au concours de la maison de la musique a été for malisée, Koolhaas a fait un voyage au Nigeria qui est connu pour être dans une situation de détresse très grande. Malgré tout, Koolhaas en revint avec l'idée qu'il y régnait une grande créativité et une grande efficacité associée à un système de sur vie extrêmement bien organisé. " Deux semaines au Nigeria changèrent complètement mes perspectives. Lorsque je suis revenu au Pays-Bas, j'étais euphorique, et intolérant envers tout ce qui n'était pas direct, efficace et beau. " 22 Lorsque Ils furent invités à participer à un concours pour la constr uction d'un espace de concerts pour Porto l'invitation paraissait assez inhabituelle, car le projet devait être réalisé en 3 semaines, et le bâtiment devrait être constr uit en 2 ans, ce qui en d'autres mots, sont des conditions d'urgence totale. Avec ce nouveau sentiment d'efficacité, Koolhaas a simplement pensé qu'il pourrait utiliser le concept qu'il avait développé pour la maison, mais cette fois en l'ap22 - Propos reccueillis dans la revue A+U : OMA@work.a+u - mai 2000


SHOE BOX


90 pliquant à une salle de concerts. Ce qui avait apparemment été spécifiquement créé dans un but pouvait donc soudainement et de façon opportuniste se transfor mer en quelque chose de complètement différent. Comme le dit Koolhaas, plus le bureau y pensait - car à ce moment là le visuel devient la force dominante -, plus cela devenait tentant de simplement changer d'échelle et d'utiliser la recherche préalable comme une for me d'urgence, et peut-être qu'en fait cela pourrait être excitant de le faire de la sorte. " …Si vous faites une salle de concerts, il y a toujours la tyrannie de la boîte à chaussures, qui est supposément la for me idéale pour son acoustique, et ici nous avions une boîte à chaussures vide, où le négatif d'une boîte à chaussures, perforant le volume comme un tunnel. Pendant les dernières 20 années les architectes ont essayé de rendre la boîte à chaussures intéressante, et ici la boîte à chaussures rendait le projet intéressant. C'était une opportunité incroyable que d'avoir en même temps la boîte à chaussures et que d'être donc acoustiquement correct et néanmoins que d'être architecturalement fascinant... …Cela est for mel sans toutefois être complètement déter miné par les éléments existants. Ici vous voyez le rapport entre la grande salle et la plus petite salle. La toiture est utilisée en tant que Restaurant avec un secteur de visionnement. Ce qui était incroyablement chanceux dans l'entièreté de ce processus qui dura 4 mois était que l'ouverture de cette vue per mettait cette étrange alchimie d'une maison se transfor mant en espace de concert, de façon à gérer les problèmes les plus classiques des espaces de concert" 23 23 - Propos reccueillis dans la revue A+U : OMA@work.a+u - mai 2000



92 D - Le Projet "Where to innovate in a case of traditional typolog y like a Concert hall" Rem Koolhaas

Le projet de la "Casa da Música" est la mise en évidence sans aucun doute d'une série de paradoxes qui sont souvent usurpés tels que les liens entre tradition/innovation, culture locale/culture internationale, contexte/intégration et la notion de patrimoine. Celles-ci, par leur importance au sein de la ville de Porto participent de façon forte à la mise en valeur de la "Casa da Música "en tant qu'objet singulier au sein de la ville. Son intégration physique n'est pas ici évidente mais les paramètres de dialogue du bâtiment sont ici tenus en compte alors qu'ils sont souvent délaissés dans un bâtiment classique. En effet les bâtiments publics classiques se préoccupent quelques fois plus de l'intégration physique au détriment des interactions par rapport à la ville que leur fonction peut leur procurer. Au lieu de contrarier cette tendance, la " Casa da Música " se concentre sur le lien entre la salle de concerts et le public. La grande majorité des institutions faisant partie du projet n'est adressée qu'à une infime partie des personnes pouvant se retrouver sur le site. De plus la plupart des gens ne connaissent généralement que l'extérieur de ce type de bâtiments souvent d'aspect austères et her métiques pour mettre en avant une puissance institutionnelle.


GRAND AUDITOIRE


94 Ce projet a été pensé en ayant pour base un bloc solide duquel on serait venu retirer les auditoires et les espaces publics, se transfor mant ainsi en un objet tourné vers la rotonde de Boavista et donc vers la ville. Le bâtiment exerce ainsi une interaction beaucoup plus directe avec la ville et quelque part communique avec celle-ci du à son rapport visuel de l'intérieur même du bâtiment Grand Auditoire Il est le cœur de la " Casa da Música " et possède une capacité de 1238 places et comprend tous les équipements nécessaires à l'enregistrement et aux transmissions de spectacles dans des conditions idéales. Les façades avant et arrière sont vitrées per mettant le lien visuel entre les spectacles. Ces murs vitrés s'agencent d'une part derrière l'espace de scène en une double peau de verre et per mettent la transparence à la base de la conception du projet. La salle en déclivité est composée de deux balcons pouvant accueillir 26 personnes.La scène, elle, avec une capacité de 120 musiciens se divise en plusieurs sections équipées d'ascenseurs per mettant un accès direct des musiciens entre les loges et la scène sans croiser de public. Elle peut de plus être agrandie par l'enlèvement des trois premières rangées per mettant ainsi la création d'une fosse si le spectacle le nécessite. La partie supérieure de la scène est elle prévue pour accueillir un groupe de chœurs pouvant se composer jusqu'à 143 personnes.




COUPE CASA DA MUSICA


96 Petit Auditoire Il est bien entendu le complément du grand auditoire. Il possède une surface de 320 m² pour une capacité de 300 personnes. Il est lui aussi de for me rectangulaire pour posséder une perfor mance acoustique de haut niveau. Le sol dépour vu de chaises fixes per mettant donnant ainsi la possibilité à la scène et aux spectateurs de prendre les positions les plus diverses Espace de Cyber-Musique Cet espace sera destiné à la présentation et à l'installation de projets multimédia dans les domaines de la musique électronique et des arts visuels et des nouvelles technologies.Il ser vira de plus à développer des projets de recherche que la " Casa da Música " mènera conjointement avec d'autres institutions. Les studios que celui-ci abrite sont les premiers du Portugal à appartenir au domaine public et seront donc disponibles à tous les artistes qui prétendront développer des projets nécessitant la technologie infor matique dans la création musicale.Il aura comme rôle de promouvoir et de stimuler la production musicale.


ESPACE RESTAURANT DERNIER ETAGE


98 Services educatifs Cette partie du bâtiment sera destinée à accueillir tous les projets éducatifs tels que des workshops, baby-sitting et bien entendu les programmes en parallèle avec les concerts. Tout comme dans les autres espaces, il sera muni de téléviseurs per mettant d'accompagner les différentes activités en cours dans le bâtiment, centre de documentationEspace d'investigation et de recherche permettant la consultation de tous les enregistrements, ouvrages de référence servant d'outil non seulement aux artistes présents mais aussi à toute personne désirant en savoir plu sur tout ce qui attrait a la musique Restaurants et bars Le restaurant est situé dans la couverture et occupe une surface totale de 510 m² pour une capacité totale de 250 personnes. Il inclura en plus du barn, une esplanade extérieure tournée vers la rotonde la Boavista d'une surface de 110 m². En complément du restaurant, la " Casa da Música " disposera de multiples bars, des commerces d'appui au différentes salles et un café séparer de la maison qui est situé sur la place.


CONSTRUCTION DES PARKINGS


100 Parking Vu la localisation urbaine de la " Casa da Música " en pleine Rotonde de la Boavista, la création d'un parking ne pouvait pas être un élément complémentaire. Il a été en fait une priorité dans la conception du bâtiment autour duquel s'organise un espace de 28400 m² distribués sur trois niveaux souterrains avec une capacité de 661 véhicules. La conception de cet espace a obéi à quatre critères fondamentaux : Fluidité de circulation dans les accès par un traçage simple et des places de parking revues à la hausse afin de permettre des une manoeuvre plus aisée des conducteurs Remplissage autonome des nécessités de parking dans la zone et ce même quand le bâtiment sera fermé ; optimisation de la circulation, des accès et des conditions de stationnement pour les personnes à mobilité réduite. De cette façon quatre voitures peuvent accéder simultanément par les deux entrées et les deux sorties, servies chacune par deux voies de circulation. On pourra dès lors accéder au parc par la Rue 5 de Outubro et par l'Avenue da Boavista. L'Entrée de celle-ci amène directement au niveau -2 facilitant ainsi la circulation à l'intérieur du parking. Le public quant à lui disposera de trois escaliers d'accès et un ascenseur autonome extérieur à la place embrassant la " Casa da Música " en plus des trois ascenseurs donnant accès directement à l'intérieur du bâtiment. A côté des ascenseurs se situent les places destinées à accueillir les voitures des personnes handicapées ou à mobilité réduite.


PONT D LUIS I


102 E - Formes Urbaines "Our old ideas about space have exploded. In their place comes a sur prising rang e of domains that will define our future." 26 Rem Koolhaas Il y a quelques années, Rem Koolhaas, en se référant au case-study relatifs aux még alopoles africaines et asiatiques, affir mait que dans un futur proche l'homme laisserait en ar rière ces actuels conce pts et modes de compréhension de la ville, laissant ainsi entrevoir la disparition d'une distinction nette entre le paysag e naturel et le paysag e urbain. Toutes deux coexisteraient dans une har monie presque parfaite, à travers la répétition de situations où le constr uit, en tant que produit de l'action humaine se trouvera en toute place, quelque soit le type de suppor t physique, s'insérant presque par juxtaposition et en mode diffus, entre les paysag es plus sauvag es, c'est-à-dire entre les lieux qui se considèrent soustraits à la propre inf luence de la civilisation. Ceci peut nous amener à conclure que même si l'imposition du constr uit comme la somme d'éléments étrang ers, ces paysag es pour raient rester intacts. Les relations entre le constr uit et la nature dans le non urbain pour raient se traduire comme des for mes urbaines implantées, comme des obser vatoires, parfaitement autonomes et neutres relativement à leur environnement.



104 C'est par rappor t à cet environnement qu'elles contrasteraient, ponctuant le paysag e de telle façon qu'elles ne puissent plus être perçues comme des paysag es naturels. En reg ardant autour de nous, nous constatons que ces " villes invisibles ", comme les nomme Koolhaas, ne sont pas très éloignées de la réalité des der nières décennies, notamment dans les endroits ou la nature s'est humanisée, bénéficiée par l'ar tificialisation des espaces. Cette vision de la ville ne connait plus la densité, l'homogénéité et les périmètres clairs qui caractérisaient la ville historique telle qu'elle nou apparaissait auparavant. La continuité sera toujours faite de discontinuités. C'est pourquoi le dessin des reseaux qui manquent pour avoir la ville étendue, ne peut pas se faire par la somme de l'addition d'élément singuliers. A l'instant ou surgissent des problèmes de puis le prog ramme jusqu'au projet, on exig e aussi de ce type de vision et d'ouvrag e qu'il donnent une str ucture, une maille de suppor t, aux tissus constr uits et fragmentés qui puissent for mer de nouvelles condensation qui les complète et qui les qualifient. Cette façon de voir la ville doit asseoir le dessin et la constr uction des systèmes mis en place ou théorisés qui lient et requalifient les zones les plus urbaines. Sans l'ambition de restr ucturer les espaces, élargis à travers les éléments de continuité des nouvelles dimensions ( et vitesse de l'espace public, la ville métropole émerg ente sera condamnée à la re production d'un dualisme "ville de prestig e/ville générique", continu-



106 ant cette der nière sinon à être considérée comme la ville sans qualités, sans espaces et sans système propre; La stratégie ne peut pas consister à mettre de côté la par tie de requalification de la ville héritée et de ses espaces les plus centraux mais bien d'agir en par rallèle en favorisant ou en renforcant des centralités complémentaires pour pouvoir faire aussi du dehors de la ville une ville avec des méthodes différentes parce que les processus urbanistiques et les modes de vie sont eux aussi devenus différents. Il faut de plus savoir ce qui restera et ce qui chang era dans le propre espace public. Le rôle que l'espace collectif, qui est améné a re presenter au niveau symbolique, consiste à rendre reconnaissable une imag e qui puisse durer dans le temps, à par tir d'un système de par ties complémentaires, pour le plus diversifiées qu'elles soient et pour aussi peu og anisées qu'elles soient. Plus qu'un g rand dessin, il s'agit plus d'un méta-dessin qui peut répondre à cette ambition qui ne sera pas crédible ni viable si il n'accompagne pas les prog rammes par rallèles de dévellopement des activités et avec une justesse au niveau de la cohésion sociale


ZONES D”INTERVENTION PORTO 2001


108 Extrait d'inter view avec Stefano Boeri Multitudes : " Au-delà des présentations des chaos urbains de la ville diffuse ou émergente, comment développer un autre concept de ville englobant les anciennes et nouvelles for mes ? Peux tu notamment développer les expériences cumulatives, parfois invisibles, qui nouent à présent urbanisme et sociopolitique ? " Stefano Boeri : " L'espace européen se présente comme un palimpseste (pour reprendre la belle métaphore d'Andrée Corboz). Comme un processus tendanciellement cumulatif. Mais cela ne doit pas nous empêcher de voir les br usques transfigurations, les disparitions, les destr uctions qui ne cessent d'advenir sur nos territoires. Ni le fait que cette propension à l'accumulation se produit au travers d'événements parfois traumatiques, comme la superposition ponctuelle d'espaces non synchrones, l'englobement d'un lieu ancien par un lieu " nouveau " glissé dans ses interstices, l'hybridation d'une str ucture au contact d'énergies imprévues : événements constituant les indices ponctuels et visibles de la forte congestion affectant l'espace européen. Le fait est qu'aujourd'hui le " grain " si fin des énergies de mutation, leur nature souvent individualiste et immatérielle, leur pulvérisation tendancielle, leur faible cohésion (je parle souvent d'une " multitude de petits tressaillements dispersés dans l'espace, solitaires et pourtant écrasés les uns contre les autres " qui font vibrer le territoire européen), tout cela ne produit pas de grands processus cumulatifs (grands au sens d' " étendus "). Mais ils produisent pourtant une véritable " vibration diffuse ". Les nouveaux " faits urbains " du territoire européen



110 sont souvent moléculaires et presque imperceptibles en tant que faits singuliers, ne serait-ce que parce qu'ils sont difficiles à représenter avec les techniques habituelles de la cartographie et de la statistique, comme dans le cas des nouvelles for mes envahissantes du commerce - le junkspace dont parle Rem Koolhaas - ou des nouvelles typologies de la résidence unifamiliale. Ce sont des innovations irreprésentables, et donc invisibles. Et pourtant leur densité est si forte, et leur capacité de pénétration et d'infiltration dans les niches de la ville existante est si extraordinaire (ce qui les rend plus visibles dans les aires raréfiées de la périphérie suburbaine, sans être moins efficaces et agissantes dans les zones historiques de la ville compacte) qu'il faut vraiment avoir un regard obtus et nostalgique pour ne pas s'apercevoir que " tout change ". Qu'une nouvelle ville existe déjà. À l'intérieur des espaces de la ville européenne existante, et non pas " à leur place ", " au-dessus " ou " à côté " d'eux. Je crois que l'un des aspects les plus intéressants de la recherche urbaine contemporaine (l'obsession fertile pour cette production d'enquêtes multidirectionnelles que j'ai appelée " Atlas éclectique ") tient à cette capacité de voir et de dévoiler - à travers un paradigme indiciaire - l'émergence asystématique d'une nouvelle condition urbaine. L'importance prise à mes yeux par certaines expériences artistiques contemporaines s'explique justement par leur capacité de mettre en scène l'apparition imprévue et " latérale " de la nouvelle condition urbaine dans la vie quotidienne. La dernière exposition de Kassel (Documenta X), dirigée en 1997 par Catherine David et Jean-François Chevrier, a été de ce point de vue un événement de très grande portée. " 27

27 - La spécificité des villes européennes contre la ville générique -Entretien avec Thierry Baudoin et Michèle Collin


CONCEPT NIVEAU REZ


112 F - Contexte

et " Casa da Musica "

Si un nouvel urbanisme est possible, dit Koolhaas, il ne s'agira plus de la disposition d'objets plus ou moins per manents, mais de l'irrigation des territoires. Il ne cherchera plus des configurations stables, mais la création de Champs qui générèrent des processus qui résistent à la cristallisation en des for mes définitives; non pas par l'imposition de limites, mais par la suppression de frontières; non par l'identification d'éléments, mais par la découverte d'hybrides; En n'étant plus obsédé par la ville, mais par la manipulation de l'infrastr ucture pour de multiples intensifications et diversifications, courtscircuits et redistributions - la réinvention de l'espace urbain. La Casa da Música ne fait bien entendu pas l'éloge de la théorie de rénovation de la ville mais bien celle de sa transfor mation sur des bases différentes que celles qui ont fait la manière avec laquelle elle nous apparaît aujourd'hui. Ce qui est le plus saisissant à l'étape du gros œuvre est la logique avec laquelle des éléments de programme se lient autour de la salle de concert, les frottements spatiaux entre la for me et le contenu, et la clarté str ucturelle qui rend la salle de concerts indépendante des murs externes inclinés. Le rapport entre la Casa da Música et son environnement direct a été simplifié par le fait que la for me du bâtiment a été établie à l'avance. D'une part il y a une perspective monumentale, d'une autre la façon avec laquelle elle a été perforée de l'extérieur vers intérieur et, de l'autre encore, l'encadrement spatial de l'intérieur


SITUATION CASA DA MUSICA


114 vers l'extérieur. En conséquence, la réalité environnante peut pénétrer le bâtiment et, réciproquement, la culture émane du bâtiment vers la ville qui l'entoure. Le projet de Koolhaas est novateur pour la ville de Porto dans bien des principes que celui-ci a mis en pratique. C'est de plus sur l'idée qu'il ne tient pas compte du contexte qu'il a le plus été critiqué. Il ne travaille plus sur un îlot fer mé avec une cour intérieure, mais le projet se situe sur une place presque intimiste qui laisse dégager et respirer tous les alentours du bâtiment, sans barrières. Les trottoirs et les accès ne sont plus qu'un. Il ne s'agit plus ici de travailler de façon segmentaire l'îlot mais de redonner au public ce qui dans le projet est public, sans obstacles à franchir. L'îlot, si on peu encore l'appeler ainsi, a une intention qui est de redonner à la ville son espace public, sans frontières, et ne profite plus uniquement à la simple fonction du bâtiment. Et c'est bien là une des polémiques du bâtiment qui pour le moment ne possède pas encore ce dégagement et cette perception de per méabilité étant donné que le contour du terrain est toujours bordé des panneaux de chantiers. Dans une certaine mesure, ceux-ci reproduisent le schéma d'un bâtiment public que l'on voit, mais que l'on ne peut atteindre qu'en traversant un obstacle ou encore le bâtiment lui-même. Le projet de Rafael Viñoly est un exemple de ceci ; Il est sans doute le contre propos de la Casa da Música proposée par Koolhaas. Il a comme objectif clair la tenue en compte du territoire environnant et proposant lui aussi un espace extérieur qui se situe elle à l'emplace-


CURIEUX DEVANT LE CHANTIER DE LA CASA DA MUSICA



SITUATION PROJET RAFAEL VINOLY


116 ment du bâtiment de Koolhaas laissant une per méabilité. Malgré tout, la vocation publique est entravée par le franchissement de la circonférence du bâtiment per mettant d'avoir quelques doutes sur la vraie préoccupation au niveau d'un espace publique pour la ville. De plus la conception du bâtiment est subdivisée fonctionnellement et ne représente pas ici un bloc regroupant toutes les fonctions nécessaires. Sans critiquer cette façon de constr uire. Le texte fourni pour le concours et le projet lui-même se situe aux antipodes des préoccupations de Koolhaas. " La mission du projet est de favoriser et intégrer l'expérience artistique et sociale de la musique avec la vie urbaine de la ville de Porto. La conception fournit une présence visuelle forte pour le nouveau centre tout en respectant la balance humaine des r ues et des bâtiments environnants. Ce complexe intègre les deux espaces d'exécution, l'espace public, un restaurant et les espaces de soutien sur un emplacement curieusement for mé. Les r ues encadrant l'emplacement rayonnent d'une grande place publique ronde aménagée en parc qui sert de centre visuel et civique du projet. La conception essaye de sortir cet espace public dans le complexe en plaçant l'entrée principale directement à travers des voies internes de la place et d'une cour ouverte qui sort l'espace public disponible dans une clôture protégée contre le br uit et le trafic. La cour peut également ser vir de rendez-vous à de petites exécutions extérieures. Le centre du projet se constitue de deux espaces d'intérieur de perfor mance. Le plus grand des deux est conçu pour les orchestres symphoniques et a les


MAQUETTE CONCOURS RAFAEL VINOLY


CROQUIS RAFAEL VINOLY


ROTONDE DE LA BOAVISTA

BANQUE

PLAN DE SITUATION CASA DA MUSICA


120 chambres de réverbération remplies d'eau commandées par un système étendu de cloisons fonctionnelles qui créent un espace de flexibilité acoustique étendue. La petite salle, d'autre part, est caractérisée par un degré élevé de flexibilité spatiale. Des arrangements d'allocation des places peuvent être changés pour adapter à la danse, au drame et à l'exécution musicale. Le complexe inclut également les espaces au détail sur la cour publique, un restaurant et un café, des salles de répétition, plusieurs espaces beaucoup plus petits de considérant, des équipements d'enregistrement et des bureaux administratifs. " 28 Cette façon de créer un bâtiment est complètement novatrice à Porto et dans encore beaucoup de pays. La zone d'influence de celui-ci ne se limite plus à son segment mais for me en quelque sorte une tache d'huile qui se propage dans les alentours non pas en niant le contexte mais en l'enrichissant de sa présence. Cette tâche d'huile a beaucoup moins de chances de se faire en prenant un projet qui effectivement respecte une trame urbaine respectant le contexte physique, possédant des limites physiques. En effet dans la plupart de ces types de bâtiment à Porto ,même si effectivement le rapport à ce contexte urbain,sous entendu continu, est effectivement présent, une fois que l'on a franchi le seuil de l'entrée on perd tout rapport à ce contexte. Néanmoins, par rapport à un bâtiment classique, il est essentiel de noter que la Casa da Música bénéficie d'un statut d'objet isolé qui lui per met de posséder plusieurs faces actives et parcourables.

28 - Texte proposé par le bureau de Rafael Viñoly pour le concours " Casa da Música "


VUE GRAND AUDITOIRE SUR LES ARRIERES


122 Koolhaas fait le constat que l'architecture s'inscrit dans un paradoxe. Elle produit une for me et un objet définitif correspondant aux besoins d'un moment, pour un monde caractérisé, par l'instabilité et l'accélération des changements culturels et économiques. Exemple de cette distorsion : l'aéroport intercontinental qui dégénère en chaos, les idées initiales étant détournées par l'évolution des activités et de nouvelles circulations très complexes. Les architectes ont beaucoup de peine, estime Koolhaas à répondre au processus de modernisation, préoccupés qu'ils sont de poser un objet idéal dans le paysage. A l'architecture, oeuvre d'art, de beauté for melle, Koolhaas oppose une architecture " générique " qui prend en compte les transfor mations de civilisation et veut créer, dans la cité, les conditions de leur accomplissement, sans référence à un modèle. Je pense que ce contexte ne se compose pas uniquement de ce paramètre physique et que Koolhaas a su dans ce projet mettre en place les composants complémentaires du contexte qui sont ce que la ville apporte au bâtiment mais aussi ce que celui-ci peut lui apporter. La notion d'image, de poésie d'interaction est ici omniprésente. Le bâtiment communique avec la ville. Le grand auditoire est très novateur pour cette raison de per méabilité. Nous ne sommes plus ici en présence d'une salle qui se veut un clos réser vé aux personnes qui viennent écouter un concert. Les deux façades avant et arrière sont cette transparence mise en place par Koolhaas ou la ville participe de



124 décor et de contexte poétique, de la mise en situation qui serait forcément extrêmement différente si on n'avait pas entre la sculpture de Marques da Silva qui est le symbole des morts durant la guerre coloniale. Il a su saisir les traits de l'histoire de la ville en y amenant les personnes de façon intuitive. Il y a ici non pas " un point de r upture " comme le dit Koolhaas mais bien " un point de rencontre entre deux modèles de ville capables de coexister ", c'est-à-dire que cette architecture n'est pas une architecture destr uctrice, qu'elle n'est pas incompatible avec une autre vision de la ville. Le bâtiment est une vraie découverte de la ville offrant des vues ciblées au fur et à mesure qu'on le parcourt sur des points non visibles de celle-ci, précisément à cause de la dite continuité urbaine faite d'accès et de limites. C'est un vrai projet de niveau européen, tenant compte du contexte dans lequel il évolue.


GRAFFITTI SUR LES MURS DE PORTO


126 F - Polémiques - chronique La " Casa da Música ", depuis que le projet a été tourné public, n'a cessé de susciter les plus diverses réactions et ce que soit au niveau des notables comme au niveau des habitants de la ville pour qui celle-ci incarne la destr uction de la ville et l'implantation acontextuelle. Il est intéressant de remarquer que Porto possède 5 méga " Shopping Center ", dont un très proche de la Casa da Música. Il est encore plus significatif de remarquer que dans le cas de ces constr uctions, rares sont ceux qui ont parlé de la destr uction de la ville de Porto et de la contextualité de leur implantation. Dans ces cas précis il n'a été que très rarement,et jamais à la même échelle pour ce qui est des réactions, de destr uctions urbaines mais bien d'infrastr uctures nécessaires au fonctionnement la ville. Projet dénaturé La Casa da Música pourrait se retrouver encerclée au niveau de sa façade arrière par un grand bâtiment de sept étages, de surface vitrée, projeté par l'atelier de l'architecte Ginestal Machado 29 pour loger le siège de la Banque Portugaise du Commerce et placer le bâtiment de cette banque hors du contexte de la Casa da Música. C'est un scénario qui a indigné Rem Koolhaas qui, dans des déclarations au journal O PÚBLICO, a défendu que le bâtiment conçu par APEL "ignore complètement et dramatiquement les intentions de la Casa da Música". 29 - Bureau APEL,Architecture, Planification, Ingénierie


CASA DA MUSICA ET ESQUISSE BATIMENT ARRIERE


128 Ce sera "un vrai désastre" si cette banque est constr uite, a dit Koolhaas, ajoutant : "Je crois sincèrement que si ce projet se réalise, il ira exposer au ridicule la ville même de Porto." Ginestal Machado répond par la même monnaie, assurant que le bâtiment créé par son équipe "va dignifier la zone" et en sug gérant que " peut-être estce la Casa da Música qui ne devrait pas être sur ce site". Il affir me avoir de la "dignité, de la déontologie et du curriculum vitae" pour pouvoir se prononcer sur le sujet en retournant l'accusation : " Je ne sais pas si le projet du Koolhaas ne va pas exposer Porto au ridicule…. " Ginestal Machado rappelle que l'architecte hollandais a participé par vídeoconférence à une réunion qui s'est tenue à la maison communale de Porto, et que, à cette occasion, après avoir eu connaissance de ce nouveau projet, a sug géré que l'idéal était de continuer la conversation à Rotterdam. Machado a refusé, considérant l'invitation injurieuse et a rajouté que c'était aux techniciens et décideurs de la ville de décider et non Koolhaas. Pour Carrilho da Graça, qui comme les autres architectes connaît seulement les contours du nouveau bâtiment de Ginestal Machado,"la cr uauté de la confrontation est presque épouvantable", ajoutant qu'il y a certaines limites qui ne peuvent pas être franchies. Carrilho da Graça rappelle qu'il y a un grand consensusc oncernant la qualité même du projet de Koolhaas : " J'ai déjà visité l'oeuvre et cela me fait de la peine qu'un résultat aussi intéressant soit mis aux oubliettes. Le concept de patrimoine c'est cela. Allons-nous hypothéquer une valeur avant que celle-ci soit née ? "....


VUE DU GRAND AUDITOIRE VERS LA ROTONDE


130 Fort est de constater que, indépendamment de cette guerre d'architectes, après avoir préalablement pris connaissance du projet de Koolhaas et de son concept de transparence, il n'a pas ici l'autorité de demander à l'architecte de la banque de ne pas dénaturer un projet qui malgré tout, selon moi, ne touche pas à la ville. En effet si on regarde la configuration passée de cet îlot qui servait de dépôt des trams de la ville, la différence fondamentale avec le projet de Koolhaas c'est bien entendu le bâtiment mais en plus le fait que ce " terrain vague " parsemé de rails était encerclé d'un mur qui donnait la fausse impression de suivre le tissu. " Casa da Musica " classée Au delà de la polémique un groupe de personnes possédant de l'influence dans la ville ont proposé le classement du bâtiment de Koolhaas comme patrimoine de la ville. C'est la première fois qu'un bâtiment est proposé au classement avant la fin de sa constr uction et c'est bien la que se situe le problème. Malgré tout, fort est de constater que aucun bâtiment n'a suscité autant d'amour et de haine dans un même temps au sein de la ville, signe d'un réveil culturel et social de celle-ci. L'Institut Portugais du Patrimoine Architectural (IPPAR) dit que, pour l'instant, "le futur bâtiment de la Casa da Música ne réunit pas les conditions pour être soumis à l'ouverture d'un processus de classement, vu que ce processus ne peut être ouvert que lorsque le bâtiment sera ter miné. "



132 La direction de l'IPPAR a répondu ainsi à la possibilité de remplacer le classement de la Maison de la Musique par une zone spéciale de protection, un cas de figure existant quand la demande de classement est introduite. L'hypothèse a été avancée par quelques architectes dans le jour nal O PÚBLICO (27/09/2003), à propos de la constr uction du bâtiment de la responsabilité de Ginestal Machado dans les dos de la Casa da Música Selon le président de l'IPPAR, João Belo Rodeia : "Dans une perspective patrimoniale, il est impossible d'émettre un jugement sur la respective valeur sans que le bâtiment soit conclu et habité". C'est-à-dire que, au sens juridique, la Casa da Música ne fait pas encore partie intégrante du patrimoine architectural portugais et, donc, l'IPPAR n'a pas la possibilité d'agir dans le dit contexte. João Belo Rodeia, qui est aussi critique d'Architecture contemporaine, a affirmé dans son discours, quand il a pris la tête de l'IPPAR, que cette institution va donner une attention spéciale à la contemporanéité et que tout indique que le bâtiment puisse venir à être classé dans l'avenir et que cette valeur patrimoniale, nationale et internationale doive être prise sérieusement en considération en rajoutant : " Au vu des données disponibles et de l'oeuvre en cours, tout indique que ce bâtiment puisse devenir d'indéniable valeur architecturale et socioculturelle dans le contexte national et international. Cette valeur est indissociable, entre autres aspects, de la synthèse entre la forte intention publique, la matérialité globale et le sens urbain, soit local ou territorial " 30 30 - Président de l'IPPAR, João Belo Rodeia - L'Institut Portugais du Patrimoine Architectural



134 Siza et la " Casa da Musica "

Alvaro Siza, un des plus grands représentants de l'architecture portugaise n'était pas un grand admirateur du projet de Koolhaas dans ces premières heures. Avant tout il ne croit pas dans les chiffres du budget prévu pour la constr uction de la " Casa da Música " qui n'ont cessé d'être revus à la hausse. Après est venue la question des délais de constr uction et par rapport à cela il s'est contenté de citer un proverbe portugais qui dit que " vite et bien, peu y arrivent ". Pour rappel la " Casa da Música " devait être ter minée pour avril 2002 et la dernière date prévue est fin 2004. Le plus grand problème pour Siza est sans aucun doute le problème conceptuel. En effet celui-ci se situe aux antipodes de celle de Koolhaas. Siza disait alors que : " La Casa da Música en tombant littéralement sur la rotonde la Boavista détr uit tout ce qui ce trouve dans les alentours immédiats. Toutes les préoccupations urbanistiques et d'intégration au local ont été mises de côté ". Siza ne peut s'empêcher à ce moment précis de voir la Casa da Música comme une mise en pratique de la théorie de la provocation de Koolhaas.Ces paroles ont été prononcées alors que le projet ne sortait pas encore du sol.


MAQUETTE -MADE BY MISTAKE


136 " …Des trois ou quatre projets qui sont appar us dans la dernière ligne droite du concours auquel j'ai eu accès, celui de Koolhaas était sans aucun doute le meilleur. Ce que j'ai dit aussi, c'est que le projet ne respecterait pas les montants annoncés et que les délais étaient trop cours… " " En ce qui concerne l'intégration du projet je préfère attendre la fin des travaux. Il y a beaucoup de façons d'aborder un projet et celui-ci est déjà un fer de lance. Par sa dimension et par sa fonction il est instigateur d'une dynamique. Il est évident que pour faire un projet de ce type il faut faire un objet qui ressorte. C'est tout à fait réussi dans le cas du projet de Koolhaas. Si j'aime ou pas, c'est absolument secondaire. C'est un projet très fort et Il tient sa justification dans cette force et dans son rôle futur dans la ville. Cette force intrinsèque qui ne dépend pas de l'architecture est néanmoins matérialisée par celle-ci et ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de relation. Quelle est la relation possible dans cette zone urbaine, je ne le sais pas…. " 31 " Aujourd'hui il y a un grand débat autour de l'architecture et de la ville. L'option de Koolhaas fait partie d'une de ces options possibles. Je ne suis pas contre. Ce bâtiment assume un grand rôle de par sa signification et par la volonté même de la ville. " 32 L'architecture elle-même, son langage, occupe un rôle culturel qui va au-delà de sa fonction " A partir de la, la réponse ne pouvait être que d'exception et ce de la même façon que personne ne critique le " Palacio do Bispo ", dans le centre, qui n'a rien à voir avec le tissu environnant." 33 31,32,33 - Extrait de l'interview parue dans le journal " O Expresso " le 5 janvier 2002 - alvaro Siza


ENTREE CASA DA MUSICA -MAQUETTE


140 Dans le cas de la " Casa de Música " il y a une r upture qui est créée en ce qui concerne l'architecte, et ce avec tout mon appui… " Aujourd'hui sa vision est tout autre que celle qu il avait au début du projet. Il considère ce projet " une œuvre magnifique, telle qu'elle a été projetée " questionnant plutôt ainsi la constr uction de la banque prévue pour l'arrière du bâtiment. Par rapport à la ville de Porto, Siza n'est pas si élogieux. Il a admis dans une entrevue au quotidien Espagnol "El PAIS" qu'il sent un"dégoût absolu" vu la manière comme la ville de Porto est "en train de se ravager". Pour l'architecte " portuense ", la "ville se défait petit à petit en r uines" et que l'on a perdu des occasions fantastiques " en bâtissant tous les le lieux suburbains de la ville par facilité économique et par une économie de réflexion de la ville pour le moins condamnables. De plus, il déplore, malgré le fait qu'il ait constr uit le musée de Serralves et qu'il ait proposé deux projets pour le centre de la ville, que des noms comme Souto de Moura ou encore Fernando Távora n'aient pas été sollicités dans le cadre de l'année Porto 2001 et de ses travaux.


SIGNALETIQUE CASA DA MUSICA


142 Le Point de vue " La Casa da Musica représente avant tout une affir mation de la ville devant l'Europe. En ayant quelques points de reconnaissance intransmissibles, Porto affir me une position qui vise un secteur bien enraciné dans la plus profonde tradition Européenne, la musique. Cette ville a parié sur un équipement et sur une méthodologie de choix architectural qui confir me une stratégie plus ou moins consciente du rôle de Porto dans le concert des villes, et qui démontre que leurs élites s'identifient avec ce que Porto a de plus profond. Ceci est une de ses principales forces… Avec le choix d'un architecte hollandais pour son plus emblématique bâtiment il faudra de nouveau compter avec le nord. L'architecture de l'école de Porto, elle aussi, se réfère de façon privilégiée avec le Nord de l'Europe alors que Lisbonne a toujours eu elle un penchant pour les italiens. Mais en relation au choix de Mr Rem Koolhaas je dois dire que sa présence à Porto n'a pas été des plus pacifiques. Par là je veux dire que son œuvre en général et celle-ci de Porto en particulier est en train d'influencer et va influencer pendant encore quelques temps les générations d'architectes de Porto qui naturellement cherchent des références fortes et identifiables dans un territoire qui est de plus en plus anonyme qui est celui de l'architecture. Non pas que je crois que l'architecture n'ait pas de noms mais la diversité fait défaut Rogério. " 34 34 - Propos reccueillis sur un blog architecture a l'adresse http://azuleante.blogspot.com/2003_09_01_azuleante_archive.html étant donné l'aspect anonyme de ces pages l'identité ne peut être connue



144 Tous les avis ne sont pas aussi positifs sur la maison de la musique, Ils n'apportent néanmoins que des propos qui viennent d'une méconnaissance du projet final et d'une saturation de la durée des travaux et des coûts qui ne cessent d'être dépassés dans un pays économiquement affaibli. Un des autres commentaires entendus à de maintes reprises est sans doute que les habitants, en tout cas pour certains d'entre eux, ne voient encore le bâtiment que comme un ovni dénaturant partie de leur ville et prennent comme exemple le projet de Siza et son Musée de Serralves comme contre-projet. Celui-ci étant d'or et déjà un succès au niveau de l'acceptation et de a quantité des visites pour les expositions d'art contemporain qui y sont organisées.



146 G - Bilan provisoire

" Casa da Musica "

Porto avec la constr uction de la " Casa da Música " en fer de lance, critique, embrasse son changement, sa mutation, et à partir de maintenant, en est plus que jamais consciente. Le fait d'avoir donner à Porto le titre de capitale culturelle de l'Europe n'a pas été le fait d'une activité culturelle intensive de la part de celle-ci. En effet ce statut est donné aux villes qui ont culturellement peu actives. Il y avait depuis quelques années une for me d'embourgeoisement culturel au sein même de la ville, sans revendications fondées sans vision future de son devenir.Quel meilleur projet que celui de la " Casa da aurait pu per mettre à redonner à Porto l'étincelle qui lui per met de se réaffir mer identitairement, et ce, que ce soit au point de vue national ou bien international. Avec ce contre propos de Koolhaas par rapport à la continuité de l'école de Porto, les schémas habituels de la perception de la ville sont, sinon brisés, bel et bien ébranlés. Aux propos et aux théories de l'école de Porto, forte, nous avons ici la mise en place d'un projet qui à lui seul ne conduit pas à une destr uction de la ville mais force celle-ci à se retourner sur elle-même et à se confronter à de nouveaux défis qui maintenant ne sont plus uniquement que des discussions d'architectes mais aussi ceux de ses habitants.



148 La ville ne pourra plus se glisser dans cette neutralité bienveillante qui fait que celle-ci n'explore pas de nouvelles pistes dans son développement. Ce qu'il se passe, cette émergence d'une nouvelle image, n'est pour moi que la transposition en architecture et donc dans un autre langage de la façon dont les gens se comportent urbainement, de leurs attentes et de leurs actions. Ils participent à leur propre mutation, consciemment de plus en plus, et dorénavant ne vivront plus à Porto mais vivront Porto sous peine alors oui de perdre leur(s) identité(s).


149

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