gratuit
no8 FĂŠvrier / Mars 2009
Dossier | Les intermittents du spectacle
Le naufrage ? expressions est une publication gratuite et bimestrielle www.magazine-expressions.com
EDITO
SOMMAIRE 06
18
musique
La salle, les concerts… et la coordination
07
La « manière noire » sauce Yagui Druid
19
musique
spectacle vivant
« I have a dream quand même ! »
10
spectacle vivant
Les 30 ans du Petit-Marseille Théâtre militant en actes
11 12
02
dossier
intermittents on - off Le courant ne passe plus ? Suite et fin de notre enquête sur l’engagement de l’État.
littérature
23
photographie
Mon vieux
internet + design
Agenda
Cherchez la petite bête
28
Pelures
Shopping
25
jeune public
Game ouvert
27
musée
Un château pas comme les autres
C’est un petit chapeau noir sur un vélo bien haut perché…
24
14
Lost in translation
17
arts plastiques
Inauguration day
littérature
Winshluss face à son destin
13
21
littérature
Eau de source
arts plastiques
Didier Guérandelle, artiste-machine
gâtechien
09
arts plastiques
Retrouvez le magazine sur www.magazine-expressions.com
portrait
Rocker historique
« Allô ? J’appelle pour la Fuite d’hier soir. Puis-je interviewer le chef des services techniques ? — Patientez, je vous passe le responsable du service communication. » La voix délicate du professionnel se fi t entendre : « Ôtez votre nez de cette affaire. Si vous dénigrez mon travail, je n’achète plus le moindre espace publicitaire dans votre journal. » Hé, tout doux, Bijou. Ici, chaque Fuite ayant sa source, son créateur, je voulus rencontrer l’homme de l’art. Il me dit : « Sans moi, la Fuite n’est rien. Écrivez ce que vous voulez, mais je relirai votre article et vous autoriserai ou non à le publier. » Hum ! Plutôt nerveux tous ces gens. Las, je décidai de contacter le chef des Fuites publiques, responsable en dernier ressort avant le Grand Manitou. Peut-être qu’avec lui… « Quoi ? Vous mettez en doute mon sens dramatique de la Fuite ? Ne remettez plus les pieds dans mon établissement. » Avertissements, menaces… Je restai sourd et publiai mes articles, sans laisser à quiconque le soin de les relire. Sorti de mon cauchemar, leurs voix portaient encore. Qu’avaient-ils voulu com-mu-niquer ? Que ma parole et la leur ne devaient faire qu’une ? J’étais pourtant convaincu que chacun d’eux, au nom de vertueux principes, aurait défendu la liberté et se serait élevé contre la propagande. Mais alors ? Pour échapper à cette mascarade, je me rendormis et fis cette fois un rêve : je pouvais enfin discuter avec le responsable des services techniques… ¬ Nicolas Giacometti
Partenaires Expressions – 36, rue Beltrémieux, BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 – Fax. 05 46 00 08 12 email : redaction@magazine-expressions.com / Site : www.magazine-expressions.com Directeur de la publication : Pierrick Zelenay / Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti / Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Jacky Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, Marilyne Gautronneau, Xavier Guerrin, Philippe Guerry, Jessica Hautdidier, Dany Huc, Pierre Labardant, Martin Masmontet, Élian Monteiro Da Silva, R.G., Philippe Thieyre / Date de parution : Février 2009 / ISSN : 1960-1050 / Photographe : Julien Chauvet / Maquette : Antichambre / Mise en page : Cyril Perus / Illustration de la couverture : Christina Hagerfors / Impression : IRO - ZI rue Pasteur - Périgny / Service commercial : François Fottorino 05 46 43 19 20 / Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 10 000 exemplaires
LeS SPéCiaLiSteS du lundi au vendredi 9h10 - 9h40 au 05 46 50 67 68 France Bleu La Rochelle répond à toutes vos questions de la vie quotidienne.
imprimeur imaginatif
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dossier
Les intermittents entrent en scène En 2003, ils avaient scandaleusement gâché l’été de tous les festivaliers de France, privé de gâteau d’anniversaire la vingtième édition des Francofolies, menacé de mettre à bas notre société de spectacles. Eh bien, figurez-vous que ces clowns d’intermittents s’apprêtent à remettre ça cette année.
L
es intermittents du spectacle sont tous des feignants. Ils ne travaillent que quand ça leur chante et encore… faut voir le travail : brancher trois prises, planter trois clous et pousser trois boutons pour les plus délurés ; déclamer en yaourt des auteurs bulgares à l’heure de nos digestions estivales pour les autres. Ce sont des assistés qui saignent à blanc les caisses de l’Unedic, au prix de fraudes et d’entourloupes qui profitent jusques aux cocus tropicaux de la téléréalité. Et quand d’aventure le MEDEFDT veut récupérer la tirelire, ces gugusses se drapent alors dans les oripeaux trop grands pour eux de l’Art et de la Culture en vouant « l’exception culturelle » française aux gémonies. Trompe-l’œil Voilà quelques vérités bien senties qui méritaient d’être remises en mémoire, parce que vous risquez très sûrement de les réentendre dans les mois à venir, de la bouche des contempteurs nombreux du système actuel d’indemnisation des intermittents, avec ce souci exact de la nuance et de la mesure. La renégociation du régime d’assurance-chômage concernant les artistes et les techniciens du spectacle aura en effet été l’acte manqué de la récente fin d’année. Avec une courbe du chômage dont ferait bien de s’inspirer celle du CAC40, des lycéens en embuscade et la carte « les caisses sont vides » écornée depuis l’automne, il semble que l’Unedic – et à sa présidence le MEDEF – ait trouvé urgent d’attendre plutôt que de prendre le risque de fâcher ces professionnels de l’agit prop que sont ces maudits artistes. Solution provisoire à cette situation transitoire : la convention
À l’heure où les procédures de contrôle et les sanctions pleuvent sur les intermittents, l’examen de leur statut confirme que le spectacle vivant en France est bien une affaire d’État. Ce troisième dossier clôt notre série consacrée au fonctionnement de la création artistique et de sa diffusion dans notre région.
régissant le régime d’indemnisation actuel est prorogée jusqu’au 15 février. Prévaut donc encore pour peu de temps le système issu de la « crise des intermittents » de 2003 : 507 heures travaillées sur une période de dix mois (dix mois et demi pour les artistes) ouvrent droit à des indemnités chômage. Une formule déjà âprement négociée en 2003 et plus restrictive que la précédente, où ce seuil horaire se calculait sur les douze derniers mois. « L’effet immédiat de cette convention a été la volatilisation d’environ 20 000 intermittents sur 100 000, qui ne pouvaient plus assurer un nombre suffisant d’heures sur cette nouvelle période, dénonce Jackie Bosveuil, du Syndicat national des arts vivants du Poitou-Charentes. Cela a complètement
déstabilisé les plus petites compagnies, qui ont plus de mal à lisser leur activité sur l’année. » En 2003, le scénario de la crise s’adossait au le constat du déficit intenable créé par l’explosion de l’offre culturelle et de l’intermittence depuis les années 80, avec une offre de travail qui n’a pas crû au même rythme que le nombre d’arrivants. Plutôt que d’engager une réflexion sur les moyens de juguler, pérenniser et consolider l’emploi culturel, la solution préconisée a été dans le seul sens d’un dégraissage massif des bénéficiaires de ce statut. La mobilisation des intermittents cet hiver au moment des négociations a montré leur détermination à ne pas davantage faire les frais d’une gestion strictement administrative et comptable de ce dossier. Vertueuse suspicion Ainsi, au nom de la lutte contre les « abus », légitimement réclamée par les intermittents eux-mêmes au moment de la crise de 2003, s’est mis en place un dispositif de contrôle contraignant, voire rebutant pour les intermittents et les compagnies qui les emploient. À l’origine, ces contrôles devaient essentiellement viser à empêcher le recours abusif à l’intermittence par les sociétés de production audiovisuelle, lesquelles employaient massivement de façon « permittente » nombre d’artistes et de techniciens que la régularité de leur emploi aurait dû destiner à de classiques contrats à durée indéterminée. L’esprit de ces contrôles a été largement dévoyé : la mise en place d’un « numéro d’objet », sorte de code-barres attribué à chaque nouvelle création, permet surtout de surveiller les attributions de chacun sur une production, suivant une nomenclature très stricte (vous employez un « chef constructeur de décors et structures » et pas simplement un « chef constructeur »). Ce système de petites cases à remplir ne correspond pas aux pratiques en cours sur un plateau. Un des problèmes >
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dossier < est la traque des « liens de subordination » qui peuvent exister sur une production. Il arrive en effet fréquemment dans les petites structures que l’employeur soit aussi employé : un artiste-auteur ou un metteur en scène est bien souvent à l’origine des créations de sa compagnie. Juridiquement il n’en a pas le droit – car payé par cette même structure – et l’Unedic profite de cette faille pour chercher avec parfois beaucoup de zèle l’existence desdits « liens ». Nombre de petites compagnies composent ainsi du mieux possible pour répondre aux critères et éviter toute suspicion de tricherie. « On assiste depuis 2005-2006 à un véritable acharnement de la part de l’Unedic*, qui a mis en place un “audit des fraudes”. Au moindre soupçon, si un intermittent a par exemple le malheur de travailler trop fréquemment pour un même employeur ou déclare des heures d’enseignement artistique sous forme de cachets, son dossier est bloqué et l’activité de la compagnie est intégralement contrôlée sur les trois dernières années. On a assisté comme cela à des redressements absolument abusifs », explique Jackie Bosveuil. 80 % des « petits » employeurs subissent donc directement les effets d’une procédure qui devait viser les 20 % de « gourmands », dont les pratiques salariales sont sans commune mesure avec celles du spectacle vivant. Cette suspicion vertueuse sur la réalité du travail effectué par les techniciens et artistes fait entrevoir une autre menace sur l’intermittence : l’intégration de « l’annexe 8 » (voir encadré), qui régit les conditions d’indemnisation des techniciens, dans le régime général. Si c’est pour l’instant le statu quo qui prévaut, il est probable que la question sera abordée dans les mois à venir. Et si les craintes de la plupart des syndicats non-signataires de l’actuelle convention se confirment, la mise sous le boisseau des techniciens contribuera essentiellement à venir gonfler les effectifs des boîtes d’intérim (pour les plus gentils) et du RSA (pour les autres). Et ce sera le début de la fin de ce statut original de l’intermittence. Sale temps pour la culture Une réflexion sur la nature de l’emploi culturel est menée dans ce sens par des collectifs et syndicats d’intermittents et d’employeurs non-signataires de la convention de 2003. Elle étudie l’originalité et la validité d’un statut du « travail discontinu » qui parvient à combiner flexibilité des temps de travail sur le long terme et maintien des droits sociaux – statut
i
507 : objectif dérisoire pour certains artistes, inatteignable pour d’autres… le nombre d’heures n’est pas le nombre d’or.
doublement hérité, pour ses grands principes, de 1936 (création du régime salarié intermittent à employeurs multiples pour les techniciens et cadres du cinéma) et de 1969 (les artistes interprètes sont intégrés au régime d’intermittent, puis les techniciens du spectacle vivant). La production d’un « spectacle », quel qu’il soit, obéit en effet à des rythmes (temps longs de la création et des répétitions, rush des montages/ démontages, filages et représentations… mais également « non-emploi » entre deux productions) qui ne sont pas ceux d’autres métiers. Une inconnue de taille dans cette réflexion reste la place que l’État est prêt à assumer dans le financement de cette politique de l’emploi culturel. S’il est un point sur lequel Unedic, employeurs et intermittents peuvent s’accorder, c’est en effet que l’Unedic – qui subventionne de fait une très large partie de la vie culturelle
dossier française – n’a pas à pallier le retrait de l’État dans ce domaine. Une des clés du débat passe probablement par une politique de renforcement de l’emploi permanent. Et s’il faut pousser les gros employeurs de l’audiovisuel à s’engager dans des pratiques plus vertueuses, l’État pour sa part ne pourra pas faire l’économie d’un positionnement clair sur les moyens qu’il entend donner à sa politique culturelle. Liquidation d’héritage : tout doit disparaître Mais quand la « politique de civilisation » a pour seul projet de « liquider les héritages », ce sont d’autres arguments que l’on entend, au détour de rapports commandités par le ministère de la Culture : la situation des intermittents se serait assainie, ils travailleraient moins, gagneraient plus qu’avant, bref, commencez à entraîner vos oreilles, on ne va pas tarder à nous ressortir que les intermittents sont des pri-vi-lé-giés et que leur obstination à vouloir préserver leurs acquis va faire exploser les caisses de l’Unedic, mettra un terme à la solidarité interprofessionnelle et obligera à la création de caisses patronales. Une rhétorique très politique, à replacer dans le contexte plus large du désengagement culturel de l’État, qui passe mal chez les intermittents et leurs employeurs : « Une des pierres sur lesquelles achoppent les “réformateurs”, ce sont les intérêts communs des employeurs et des intermittents. Nos propositions ne vont évidemment pas dans le sens que le gouvernement et l’Unedic voudraient nous voir prendre. Les employeurs sont souvent des artistes eux-mêmes et tout le monde travaille dans une logique d’offre culturelle, conclut Jackie Bosveuil. Les intermittents ne sont pas disposés à revivre 2003. Le mouvement est plus désespéré, la situation plus explosive. On peut s’attendre à une radicalisation. » La bonne nouvelle en somme, c’est que nous serons bientôt conviés au réjouissant spectacle de l’abolition des privilèges. Et comme avec les clowns il y a toujours des surprises, il ne serait pas étonnant que les tartes à la crème volent dans un autre sens que celui annoncé au programme. ¬ Texte : Philippe Guerry ¬ Illustrations : Christina Hagerfors * Nous avons sollicité un entretien auprès de l’Unedic pour discuter de ces questions mais aucune suite n’a été donnée à notre demande.
Précisions sur les termes
intermittent : CDDiste du spectacle
S
du spectacle l’artiste lyrique, dramatique, chorégraphique, de variétés, le musicien, le chansonnier, l’artiste de complément, le chef d’orchestre, l’arrangeur orchestrateur et, pour l’exécution matérielle de sa conception artistique, le metteur en scène. L’annexe 8 est réservée aux ouvriers et techniciens. Le nombre d’heures qu’ils ont à effectuer est identique, mais la durée pour y parvenir est de 304 jours. La liste des professions comprises dans cette annexe est beaucoup plus étendue. On y trouve par exemple le régisseur général, la costumière, l’administrateur de production, l’assistant à la mise en scène, le maquilleur et, plus étonnant, le mécanicien, le maçon ou même le métallier. Quand un intermittent répond à ces exigences, il peut percevoir une indemnité de l’Assedic pour les périodes chômées entre deux contrats. Le cachet est un mode de rémunération forfaitaire versée à un artiste pour sa prestation (répétition, enregistrement ou représentation). À la différence du technicien qui, lui, doit être payé en fonction du temps réellement travaillé, l’artiste payé au cachet perçoit une rémunération indépendante du nombre d’heures qu’il effectue. Les cachets sont convertis ensuite par l’Assedic en heures de travail pour calculer l’allocation chômage correspondante. Un cachet isolé est égal à 12 heures pour une période de travail inférieure à 5 jours. Un cachet groupé équivaut à 8 heures pour une période supérieure ou égale à 5 jours. ¬ R.G.
i, dans l’usage, on assimile le statut d’intermittent à un mode spécifique d’indemnisation par les Assedic, la position d’intermittent ne dépend pas de cette accessibilité. Un intermittent du spectacle est une personne qui alterne des périodes d’emploi et de chômage pour des entreprises du spectacle. Son statut, c’est artiste ou technicien du spectacle, sa profession, musicien ou régisseur par exemple. Les productions des entreprises de cinéma, télévision, théâtre ou autres spectacles étant limitées dans le temps, celles-ci passent des contrats (par l’intermédiaire de CCD d’usage) avec leurs salariés pour des périodes définies. Cette situation spéciLes chiffres en Poitou-Charentes fique de succession de contrats a amené les En décembre 2006, on comptait 2 391 demandeurs partenaires sociaux, au d’emploi dans les professions du spectacle, soit sein de l’Unedic, à améune augmentation de 2,6 % par rapport à 2005. Les nager un dispositif parprofessionnels du spectacle inscrits à l’ANPE en Poitouticulier – les annexes 8 Charentes représentent 2,45 % des demandeurs d’emploi et 10 de la convention (1,7 % au niveau national). Parmi eux, 1 459 (dont 53 % de l’assurance chôrelevant des métiers artistiques) étaient indemnisés mage – régissant leurs au titre des annexes 8 et 10 de l’assurance chômage. droits d’indemnités au Hormis en 2004, où on a enregistré une baisse de chômage via une Caisse 9,5 % consécutive à l’onde de choc de 2003, le nombre interprofessionnelle de d’intermittents indemnisés augmente régulièrement. solidarité. Avec une croissance de 16,6 % depuis 2003, le Ainsi, les artistes du spectacle comptait 835 établissements employeurs spectacle qui dépenrécurrents en 2005. La Charente-Maritime concentre dent de l’annexe 10 1/3 des établissements employeurs. 3 948 employeurs sont tenus de travailler occasionnels ont effectué au moins une déclaration au 507 heures sur une pécours de l’année 2006 auprès du GUSO*. /R.G. riode de 319 jours pour * Le Guichet unique spectacle occasionnel permet de simplifier les acquérir « le statut d’indémarches administratives d’embauche à toutes les personnes termittent ». Sont consimorales ou physiques qui n’ont pas pour objet le spectacle vivant. dérés comme artistes / Source : « L’emploi dans le spectacle » par l’ARSV.
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musique
Entrée façade nord
© « Construire » (Patrick Bouchain, Loïc Julienne)
Façade sud
Musiques actuelles
La salle, les concerts… et la coordination régionale L ’actualité du projet de salle à La Pallice (La Rochelle) En charge du projet musiques actuelles à la CDA, Nathalie Dupuy nous confirme d’abord que le nom de la salle sera choisi après une action/concertation menée auprès des habitants du quartier par les Anges Rebelles, troupe de théâtre de rue récemment installée à La Pallice. Le projet architectural de Patrick Bouchain, qui a notamment conçu le théâtre Zingaro à Aubervilliers et le Lieu Unique à Nantes, a été présenté fin novembre en conseil communautaire. Comme prévu, l’accès se fera par la rue au moyen de passerelles et les trois plateaux de 1 000 m2 chacun offri-
La salle rock devient réalité… sur le papier. Elle occupera les locaux d’un ancien hangar à grains dans la zone portuaire de La Pallice.
ront des studios de répétitions, des espaces collectifs, des bars, etc. La salle elle-même, d’une contenance modulable de mille spectateurs maximum, se situera au dernier étage qui sera recouvert d’une toiture en forme de toile. Rappelons que le coût total de l’opération est estimé à 6 millions d’euros*, pris en charge par le département pour 10 %, la région 10 % également, l’État pour 20 %, le reste par la CDA sans tenir compte d’éventuels investisseurs privés. La compétence de la CDA s’arrêtant aux équipements lourds, incluant les appareillages son et lumières, une délégation de service public sera confiée à une association chargée de gérer l’ensemble. Ce choix ainsi que celui du directeur devrait intervenir assez rapidement, en tout cas avant le début des travaux. Si cette fois-ci il n’y a pas de recours après la réception des candidatures des entreprises en janvier, l’ouverture des plis en février et la décision finale en avril, les travaux pourraient démarrer dans la foulée et se terminer à l’été 2010 pour une ouverture à l’automne. eux saisons de concerts à la maison D Georges-Brassens (Aytré) En attendant la mise en service de la nouvelle salle si ardemment désirée, c’est reparti pour deux saisons de programmation XLR à la maison GeorgesBrassens, avec une allocation de 125 000 euros pour 14 dates en 2008/2009 et 2009/2010. Après un calcul simple, on s’aperçoit que XLR perçoit 8 900 euros par date, au lieu de 10 000 la saison passée. La salle nécessitant plus de 4 000 euros d’investissements techniques à chaque fois, un concert revient tout compris aux alentours de 13-14 000 euros. Le prix des places ne pouvant excéder 20 euros (sans compter les réductions étudiants et autres pass culture), il faut un minimum de 300 entrées (sur une jauge de 500 places maximum) et un bon débit de bières pour équilibrer les comptes, d’où la difficulté d’une programmation aventureuse, hors des tournées balisées, d’autant qu’il semble qu’en général les élus soient plus sensibles au taux de remplissage qu’à la qualité ou à l’originalité d’une prestation. Cela dit, l’association a réussi à concocter un bon et éclectique programme pour le premier trimestre 2009, qui, s’il existe encore une logique en musique, devrait satisfaire tout le monde. rogrammation XLR à Aytré P 31 janvier metal avec Sons of Senoka, Dagoba et Sidilarsen ; 12 février, autour d’Asyl et de son nouveau disque avec
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rogrammation de la Poudrière P à Rochefort 27 janvier, Marc Perrone ; 7 février, Strups X et Vörse ; 14 mars, les Trotskids et Baxter ; 20 mars, Housse de Racket et Carabine. Sans oublier aux Fourriers : Sophia Domancich (Hatfield & The North, Elton Dean, John Greaves) avec Simon Goubert (Magma) + Frédéric Couderc quartet le 6 février ; Christophe Bell’Oeil le 11 février. Constatons que les fans de punk rock pourront attaquer à fond le week-end du 13/14 mars avec les Wampas et se finir à la bière sans alcool devant les Trotskids. A priori, la coordination sera aux abonnés absents la semaine suivante. oncertation territoriale des scènes de C musiques actuelles en Poitou-Charentes Le secteur des musiques actuelles, contrairement à celui du théâtre ou de la musique classique, par exemple, manque à la fois d’une véritable reconnaissance institutionnelle et, en conséquence, d’un soutien public efficace. En septembre est parue une plaquette du Pôle régional** dressant un premier état des lieux, incluant des salles de concert, des studios, des festivals. Autant de structures qui n’emploient la plupart du temps que deux ou trois personnes dont une bonne partie de salariés précaires sur le point de disparaître. Pour donner une impulsion et entériner une véritable politique publique à tous les échelons (État, région, villes…), des concertations entre villes se mettent en place progressivement. Aujourd’hui Rochefort, Niort et Cognac y ont adhéré, Saintes et La Rochelle en discutent avec comme finalité de coordonner, de mettre en adéquation aussi bien les programmations que les résidences et les moyens de promotion. Le projet n’en est pour l’instant que dans sa phase de recensement. À suivre donc. ¬¬ Philippe Thieyre * La somme de 3,5 millions d’euros citée dans le no 5 s’appliquait à la part de la CDA. ** www.pole-musiques.com
XLR : 06 81 04 47 63 www.myspace.com/xlr17 La Poudrière : 05 46 82 67 77/ 06 18 86 78 31 www.lapoudriere-rochefort.net La Coupe d’Or/Les Fourriers : 05 46 82 15 15 www.theatre-coupedor.com
© Ojos Cromaticos
Daniel Darc ; 14 février, Coup d’Marron et Debout sur le Zinc ; 13 mars, les Wampas et gâtechien ; 20 mars, La Phaze.
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gâtechien D
ix ans maintenant que Laurent Paradot (basse – Cognac) et Florian Belaud (batterie – La Rochelle) sont amis. Des potes. Le genre de relations où, lorsqu’on est musiciens, jouer ensemble est simplement une évidence. Depuis 2002, ils forment le couple « gâtechien » (sans majuscule et avec un accent circonflexe) et ont enchaîné près de 300 concerts, partout en Europe. Ils préfèrent « couple » à duo, pour tout ce que ça implique d’échanges et de complicité. Techniquement, ce sont deux dingues, souvent qualifiés de virtuoses. Mais l’intérêt de voir et d’entendre gâtechien est ailleurs : affranchis de la pure technique instrumentale, ils inventent un langage, une grammaire musicale qui leur est propre et laissent toujours place à l’imprévu. Le téléphone de Laurent sonne pendant qu’il joue ? Il le colle sur les cordes de sa basse et utilise la sonnerie comme
1970
base mélodique d’un morceau de bravoure au bottleneck. Quand ils en parlent, ils ne voient pas leur travail comme une recherche expérimentale : juste le plaisir de jouer ensemble et d’inventer. Et la clé du son de gâtechien est là, dans ce mélange d’énergie brute, de son vintage, de grooves inspirés et de liberté foutraque. 2009 sera l’année gâtechien, avec de grandes dates (une première partie des Wampas, à La Rochelle le 13 mars…) et, surtout, la sortie de leur quatrième album, judicieusement intitulé Quatre. Enregistré à la Nef par Mez, le disque produit par Ted Niceley (l’homme derrière le son des meilleurs Fugazi ou Noir Désir, excusez du peu) et mixé à New York par Eli Janney (Girls Against Boys) devrait sortir dans les premiers mois de 2009. ¬¬ Martin Masmontet
le triolet un club
www.myspace.com/gatechien
2009
Les petits riens qui font la différence
Pas de top 50, une musique très branchée pour noctambules de tous âges, dans un décor de miroirs, laque laiton. Un étage repensé dans un décor d’inox, de cuir et sculptures. Ouvert à partir du mardi au dimanche. A partir du jeudi ouverture du Triolet à l’étage avec salon fumeur. Discothèque de 23h à 5h du matin
8 rue des Carmes. La Rochelle Tél. 06 17 92 40 50
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carré amelot
espace culturel de la ville de la rochelle
2008 +2009
Vendredi 13 février 2009 à 19h00 Création théâtrale et plastique
L’écume des jours
Tai Kahano une pirogue des
îles Marquises
de Boris Vian Par la Cie La Bouée
Mise en scène : Béatrice de la Boulaye A la plume de Boris, Béatrice associe avec justesse jazz, bruitage et dessin animé dans une relecture pleine de fraîcheur et de virtuosité.
Réservations 05 46 51 14 70
10 bis rue Amelot - BP 309 - 17013 La Rochelle Cedex 01 www.carre-amelot.net - contact@carre-amelot.net Licences d’entrepreneur de spectacles 1-13 32 54, 2-13 32 55, 3-13 32 56
est au Muséum de La
Rochelle !
28 rue Albert 1er - la Rochelle - 05 46 41 18 25 www.museum-larochelle.fr
spectacle vivant La Rochelle
« I have a dream quand même ! » Quelques rendez-vous à noter Le 5 février, Larry Crockett Quartet (blues) ; les 6, 7 et 8 février, Testament provisoire de et par Manuel Pratt ; les 13, 14 et 15 février, Topick (one-man-show) ; les 13 et 14 mars, Chevals de et par Bernard Azimuth et Jacques Bourgaux ; les 20, 21 et 22 mars, Décalage immédiat – L’itinéraire d’un Noir allumé avec Éric Blanc ; les 27, 28 et 29 mars, Couscous aux lardons, comédie de Mathieu et Aïcha Lebrun. De quoi attendre et espérer « les beaux jours », ceux dont on rêve…
… C’est ainsi que Marc Bassler, fondateur et pierre angulaire du café-théâtre L’Azile, titre l’édito de programmation de ce premier trimestre ; et il poursuit : « À L’Azile on rêve toujours d’une solidarité au long cours, d’une fraternité qui nous permettrait de continuer à travailler, à diffuser, à créer des spectacles de qualité. »
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êver d’une vie plus juste, plus solidaire… et un tout petit peu plus joyeuse ! Dans son domaine Marc Bassler poursuit cet horizon en fuite. « I have a dream », l’antienne utopiste reprend du service en ces temps de misère et d’insupportable cynisme ; et si elle est parole légitime chez Martin L. K., Barack O. ou chez tout être de générosité et d’espoir, elle se transforme en couleuvre quand elle sert une rhétorique malhonnête…
Le nom ne dit pas tout À L’Azile, le rêve et l’espoir sont nécessaires. Sans cela, comment porter cette « culture pour le plaisir » revendiquée par toute une équipe confrontée aux difficultés matérielles. Depuis huit ans L’Azile résiste « comme une petite
L’Azile 29, rue Debussy – La Rochelle www.lazile.org Réservations : 05 46 00 19 19
boutique de quartier, commente Marc Bassler, sur laquelle personne n’a misé un kopeck à sa naissance. L’initiative associative a plutôt vu le jour en milieu hostile […] on a mouillé la chemise, sacrifié les salaires, parié sur le temps et fait brûler des cierges à Jean-Baptiste Poquelin, colmaté les fuites et les soupirs […]. Depuis trois ans, l’association reçoit quelques subventions, couvrant à quelque chose près les loyers de l’année. La Ville de La Rochelle a confirmé son appui récemment en prenant en charge la restauration et l’amélioration du plafond technique. Reste que, comme toutes les structures culturelles, L’Azile n’est pas rentable à 100 %, que le souci de consolider les emplois est permanent et la gestion des salaires acrobatique ! L’esprit associatif et militant est primordial ainsi que le réseau de ressources créé par de nombreux bénévoles et les 3 500 adhérents. » La vocation première de L’Azile est le développement de toute action sociale et/ou culturelle qui favorise la démocratisation du spectacle vivant. Estampillé « café-théâtre », parrainé par le trublion Romain Bouteille, L’Azile propose, à l’année, une soixantaine de spectacles professionnels qui drainent quelque 6 000 spectateurs. Ils viennent y rencontrer chanson et blues, comédie, humour et rire un brin provocateurs comme antidotes au politiquement correct plus que jamais envahissant. L’Azile est aussi un lieu de formation de l’acteur et une compagnie pratiquant la prévention (alcool, suicide…) par le théâtre avec une quarantaine d’interventions par an sur six départements. ¬¬ Dany Huc
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© Carine Boeuf
spectacle vivant Rochefort
Les 30 ans du Petit-Marseille Depuis trois décennies, les Rochefortais ont pris l’habitude d’apprécier les créations du théâtre du Petit-Marseille dans les anciens bains douches du cours Roy-Bry. © Gilles Lajennec
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ette troupe, qui revendique son statut d’amateur, s’est formée dans le quartier du Petit-Marseille à Rochefort en 1978 sous l’impulsion d’un enseignant en arts plastiques, Jean-Pierre Chalot. Toujours à la tête de l’association, ce dernier cumule les fonctions de directeur, de scénographe, de metteur en scène, de chargé de la sécurité et, occasionnellement, d’auteur. La polyvalence est d’ailleurs un maître mot pour la vingtaine d’acteurs et de techniciens. En 1980, ils investissent et aménagent d’anciens bains douches désaffectés, prêtés par la mairie, y construisant eux-mêmes une scène de belle dimension et des gradins pouvant recevoir une cinquantaine de spectateurs. Toutefois ces locaux originaux, aujourd’hui affectés exclusivement à cette troupe après d’âpres discussions, résistent mal aux conditions climatiques extrêmes, d’où ses mises en veille hivernale et estivale. Depuis 1978, vingt créations, choisies dans un répertoire classique et
moderne, défini comme celui d’un théâtre populaire exigeant par Jean-Pierre Chalot, ont été montées. Travaillées sur une année au minimum, elles sont jouées pendant deux ou trois saisons de mars à juin, et de septembre à novembre. Le budget global de 10 000 euros par an, dont la moitié est dévolue à la réalisation du spectacle lui-même, s’équilibre par la vente des billets (entre 6 et 9 euros) à un public fidèle et par les subventions de la ville et du département. Au printemps 2009, vous pourrez ainsi découvrir Les Acteurs de bonne foi de Marivaux du 13 au 15 et du 19 au 20 mars puis du 7 au 9 et du 15 au 17 mai. Sont aussi proposés des stages d’initiation aux techniques du comédien à partir du 9 mars. ¬¬ Philippe Thieyre
Petit-Marseille Rochefort Infos : 05 46 99 56 39 05 46 84 12 13
Saintes
Théâtre militant en actes L’Arc en ciel Théâtre Poitou-Charentes, installé à Saintes depuis 2002, met en œuvre du 24 février au 1er mars la deuxième édition de l’événement Dire le monde selon la méthode du « théâtre-forum » d’Augusto Boal.
M
etteur en scène brésilien, lui-même exilé en France jusqu’en 1986, Augusto Boal a développé le « théâtre de l’opprimé » avec les habitants des quartiers pauvres de Rio, avec tous les sans-grade, et leur a donné la parole dans son théâtreforum. Pédagogie politique, psychothérapie, anticipation des situations problématiques, jeu pour acteurs et non-acteurs, c’est tout cela le théâtre-forum. L’esprit de L’Arc en ciel Théâtre est là, du théâtre pour débattre de la citoyenneté dans la participation et la recherche de solutions actives. Dire le monde, cette année, intègre la thématique « Accueillir l’autre » qui sera débattue durant les quatre premiers jours. On réfléchit, et c’est pas triste ! Des soirées-spectacles sont au programme : Le Procès
l’arc en ciel théâtre poitou-charentes Infos : 05 46 91 98 79 www.direlemonde.org
du militantisme, par la compagnie Jolie Môme (théâtre) ; Caravane 55, un documentaire sur des Roms menacés d’expulsion par un préfet mais défendus efficacement par le maire de la ville qui les a gardés ; le samedi 28, grande fête populaire (spectacles de rue, crieur public, concours-déconnade…) ; et pour la dernière soirée, musique ! Trois groupes sont programmés : Les Ramoneurs de Menhirs (punk-trad. breton), Euroshima (punk-rock) et Joke (rock). Les tarifs sont en accord avec l’esprit : en journée tout est en accès libre et gratuit, les spectacles en soirée pour 2 euros, entrée concert des 3 groupes pour 10 euros. Les partenaires de l’événement sont nombreux (parmi eux, le Collectif des sans-papiers et Amnesty International). La première édition en 2007 avait rassemblé 2 000 personnes, ce qui autorise un bon pronostic pour cette année 2009. ¬¬ Dany Huc
littérature
« Je veux parler une fois encore des vieux greniers et de leurs paysages au long cours*. »
Eau de source Dans son nouveau recueil de nouvelles, Un jour nous partirons**, Georges Bonnet suit le chemin, simple, de personnages ordinaires, servant leur humilité par une absence d’effets qui les rend extraordinaires.
A
vant d’ouvrir un livre, on s’attarde sur la couverture… Cette photo fut prise par Jean Dieuzaide, ce grand photographe qui disait : « […] les gens de la terre, je n’oublie pas tout ce que je leur dois… Rencontrer un paysan ou un berger, c’est une grande leçon. » Georges Bonnet puise son inspiration à la même source, dans ses souvenirs d’enfance passée au cœur de la Saintonge (il est né à Pons en 1919). La nostalgie n’est pourtant pas son fonds de commerce et, bien que la campagne soit très présente dans son œuvre, il n’écrit pas de romans de terroir. Un style limpide pour une écriture modeste, un décor sans éclat mais quelle luminosité ! à hauteur d’homme Au fil de Un jour nous partirons, tous les âges de la vie alternent, des frémissements de l’enfance aux émois de l’adolescence, puis la solitude, la vieillesse et le crépuscule. La nouvelle qui donne son nom au recueil est d’une extrême concision, le panel d’impressions et de sentiments qu’elle fait naître chez le lecteur est sans fin. Un homme et une femme, lui plus âgé qu’elle, pénètrent dans un bâtiment vétuste au sortir d’un village : une gare. Ils paraissent usés, leur valise semble lourde. Le guichet est fermé, la salle d’attente déserte : « Côte à côte ils détaillèrent sur les murs des affi ches souvent vidées de leurs couleurs qui invitaient à de merveilleux voyages. » Le quai est désolé, ils sont seuls postés face à la voie ferrée : « Une lampe tempête au verre brisé était posée contre une casquette
Bibliographie sommaire Poésie La tête en ses jardins, éd. Promesse, 1965 Dans une autre saison, éd. Folle avoine, 1993 Tout bien pesé, éd. Le Dé bleu, 1996 Romans Un si bel été, Flammarion, 2000 Un bref moment de bonheur, Flammarion, 2004 Les yeux des chiens ont toujours soif, Le temps qu’il fait, 2006
de chef de gare, sur le rebord d’une fenêtre. » Tout est immobile. Des wagons de marchandises abandonnés sur une voie de garage, même la pendule ne marque plus le temps. Parfois, l’homme entend quelque bruit au loin. Enfant, « en longeant les rails, sans le dire à tes parents, tu courais jusque la gare proche. Caché derrière un arbre, tu contemplais, sous la verrière noircie, le quai jonché d’escarbilles, les wagons à l’arrêt, tu t’enivrais des odeurs de vapeur et de charbon, tu enviais les voyageurs entourés de sacs et de valises, tu les imaginais en partance pour le bout du monde. » On pense au merveilleux roman d’André Dhôtel, Le pays où l’on n’arrive jamais, qu’il faut relire tous les dix ans, promesse d’un voyage toujours différent… Une autre nouvelle. « Son œil unique sourit à la face du monde », où nous faisons la connaissance d’un ancien pilier de rugby, un tendre à la gueule de brute, qui aime la littérature, la musique et le chinon. Puis une autre. « Un dimanche perdu », peut-être la part la plus autobiographique, nous conte la journée d’un enfant à la campagne ; lever aux aurores pour les travaux à la ferme, puis, vélo enfourché, 18 kilomètres à travers la campagne saintongeaise pour une rencontre de foot, et retour à temps pour aider à soigner les bêtes. Sans faire de bruit Georges Bonnet est un jeune romancier. Son premier roman, Un si bel été, a paru en 2000, il avait 81 ans. Ancien professeur d’éducation physique, il commença à écrire de la poésie à l’âge de 45 ans ; une quinzaine de recueils seront publiés. En 2006, les éditions Le temps qu’il fait éditent son troisième roman, Les yeux des chiens ont toujours soif, qui tire sa force de la banalité du quotidien ; la rencontre tardive de deux septuagénaires, Émile et Louise, peine à donner naissance à un ultime amour. De trompe-l’œil, l’atmosphère désuète de ce roman s’avère être un véritable arrache cœur. Il vit aujourd’hui à Poitiers. Comme son œuvre, il est discret et modeste. ¬ Jacky Flenoir * Un ciel à hauteur d’homme, éditions L’Escampette, 2006. ** Le temps qu’il fait, 2008.
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littérature
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esdames et messieurs les jurés, la pénible histoire du jeune Pinocchio – qui se répand ces jours-ci dans une manière d’album bling-bling – est malheureusement symptomatique des dérives esthétique et morale d’une génération d’artistes œuvrant sans scrupule dans ce milieu autocomplaisant de la bande dessinée. Alors que la littérature de jeunesse et les studios Disney réunis étaient parvenus, au prix de bons soins résilients, à extraire de ce pantin de bois quelque substance aux vertus édifiantes, voilà qu’un énergumène s’érige en nouveau père putatif et entreprend la transcription infidèle du récit de Collodi, plongeant sur près de deux cents pages la marionnette, tarée déjà d’une éducation misérable, dans les limbes marécageuses du sexe, de la drogue et des musiques amplifiées. « Cachant mal un rictus sous une barbe hirsute, masquant des yeux chafouins sous des montures épaisses, dissimulant le chagrin maternel sous le pseudonyme de Winshluss, Vincent Paronnaud – qui n’a pas répondu, mesdames et messieurs les jurés, aux convocations de la cour –, tôt parti du berceau rochelais où il aurait pu faire carrière dans la chanson populaire francophone, a probablement perdu précocement tout sens commun. En guise de mentor, on l’a vu fréquenter des éditeurs alternatifs – autoproclamés indépendants au prétexte qu’ils remplissent eux-mêmes leur demande de RMI – et s’acoquiner dans des fanzines obscurs, qui connaîtront les sorts prévisibles qu’ils eurent la morgue de se choisir pour titre. Ainsi de la revue Ferraille, qui recueillera les primes pages de l’éducation de notre pauvre Pinocchio. Regardez à quelles avilissantes pantalonnades ce Winshluss a livré le champi : violenté, torturé, saoulé, battu… rien ne manque à ce tableau d’infamie de la déchéance illustrée. « Entendez que ce Winshluss n’en est pas à sa première atteinte aux bonnes mœurs. En leur temps, d’autres personnages de papier eurent à subir sous la plume grinçante du prévenu des outrages réprouvés par les codes élémentaires de bonne conduite tels qu’ils devraient prévaloir dans les publications destinées à la jeunesse si le ministère public faisait correctement son travail : >
Bande dessinée
Winshluss face à son destin
© Winshluss / Les Requins Marteaux
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littérature souvenons-nous du petit Pat Boon, ballotté dans des milieux interlopes, souvenons-nous de Wizz et Buzz, victimes malgré eux de la violence narrative de ce cerveau malade… Déjà ce spectacle navrant d’une jeunesse abandonnée à d’illusoires modèles dépravés qui ne leur offrent pour avenir qu’ivresses, vomissures et rires gras. Ainsi vont les personnages de monsieur Winshluss, titubant l’œil vitreux dans des caniveaux tordus. « Passerait encore qu’il ne sévisse que dans la seule “bande dessinée” : les jeunes de notre pays ne lisent heureusement plus et surtout pas de la bande dessinée indépendante. L’outrance a fait son temps et le spectacle renouvelé de la décrépitude morale à l’œuvre dans les productions de monsieur Winshluss leur reste ainsi étranger. Mais il a entrepris depuis longtemps déjà d’imposer ses talents au monde du cinéma et de l’animation. On l’a vu dans des tuxedo mal taillés venir rafler au bras de plantureuses Iraniennes tout ce que le 7e art offre de doré – un prix à Cannes, deux Césars à Paname, et presque un Oscar à Hollywood. Et l’insatiable appétit du bonhomme l’amène à pousser toujours plus avant cette quête du toquant dans de nouvelles adaptations animées : après Persepolis, c’est désormais Poulet aux prunes de la sus-désignée Satrapi et Smart Monkey – qu’il commit lui-même – qu’il entreprend de nous infliger dans les multiplexes. Et c’est un frisson qui nous secoue l’échine quand on suppute qu’il produira cela avec l’assentiment de culturelles éminences qui se pâment depuis quelques mandatures déjà pour tout ce qui peut contribuer à nous éloigner du Beau et du Bon. Aussi vous ne serez pas surpris d’apprendre que ce Winshluss, dont je viens pourtant de vous dresser le plus juste portrait, est actuellement célébré sur les rives de Charente, où s’entassent les adorateurs aveugles des couleurs qui dépassent. « Mesdames et messieurs les jurés, je vous demande de considérer que ce Winshluss est dangereux pour nos enfants, pour la société et pour lui-même et d’ordonner un internement d’office, sans tambour ni trompette ni plume ni crayon ni fleurs ni couronnes. » ¬¬ Philippe Guerry * Pinocchio, éd. Les Requins Marteaux, 30 € * Exposition Winshluss, Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, du 29 janvier au 1er février 2009. http://www.bdangouleme.com
Bande dessinée
Lost in translation Tintin en québécois… à quand en patouê saintonjhouê ?
Y
aura-t-il des volées de poutine, maringouin, crosseur, niaiseux (ou pire, tabarnak !) dans la barbe de ce bachi-bouzouk d’Haddock ? On le craint et ne l’espère pas au Québec, visé par Casterman comme le prochain territoire à conquérir après l’Occitanie, la Bretonnie, la Basquie, la Catalanie où Tintin s’en va causer en langues régionales jusqu’à buller en picard tournaisien dans les phylactères des Dupondt : je dirais même mieux, du picourdien tarnais ! De part et d’autre de la mer océane, 2008 fut l’année des célébrations du 400e de Québec. La Rochelle a pris une belle part dans cette aventure transatlantique et transculturelle à racines et langue communes. Or voici que l’éditeur du reporter le plus houppé de Belgique a choisi cette année-là et le Salon du livre de Montréal pour annoncer la parution (2010) d’un Coke en stock en français du Québec (sic). En Québéquie, ça a jeté un froid sur la première neige. Le quotidien Le Devoir a précédé l’émotion d’un grand nombre de francophones. Le « français du Québec » ne serait donc pas le français de France mais un cousin finalement plus proche, au rayon des éditions, d’un patois du Poitou – on est tout fébrile à l’idée d’un Tintin en Amérique traduit vers le « patouê saintonjhouê ».
Sapristi, Milou ! qu’en pensentils de l’autre côté d’ici, à 5 000 km de La Pallice ? Tristan Demers, bédéiste montréalais auteur du célèbre Gargouille, publiera bientôt un livre sur « Hergé au Québec ». Il explique le frisson provoqué par Casterman : « Nous représentons une spécificité linguistique. Nous sommes des Nord-Américains par- lant français et donc encore en recherche identitaire. Toutes nos susceptibilités ne sont pas justifiées, mais elles sont explicables. Tintin fait partie de notre imaginaire collectif, il a été pour nous la source francophone de la BD. » Voilà pour dire que l’on ne tient pas à l’entendre revenir en Belle Province avec des t’sais sur la langue, tsé ! « Casterman ne va-t-il pas folkloriser le Québec ? Je suis à la fois curieux et sceptique. À mon avis ça n’apporte rien, estime Demers. Enfant, je lisais déjà Tintin en québécois, avec mon accent. » Oh my God ! ce Coke en stock est déjà un collector. Mais il n’amusera que les maudits français.
¬¬ De notre correspondant à Montréal : Élian Monteiro Da Silva Nous remercions la librairie Mille Sabords !.. (rue du Palais à La Rochelle) de nous avoir prêté le capitaine Haddock.
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S. Domancich & S. Goubert Asyl – D. Darc – John & Jehn XLR Musiques actuelles Soirée partagée Salle des Fourriers – Rochefort Maison Georges Brassens – Aytré 06 81 04 47 63 20h30 – 05 46 82 15 15
L’Arche de Noé Cie La Boite Noire Le Palace – Surgères 16h – 05 46 07 00 00
La vie devant soi D’après Romain Gary Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 32
Barbe Bleue Titus raconte « assez bien » L’Atlantique – Niort 21h – 05 49 24 50 68
Un petit bal de rien du tout Cie Les Zanimos Moulin du Roc – Niort 05 49 77 32 32
Variations autour de la viole(s) La Péniche Opéra Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15
1res concertations musiques actuelles Pôle régional musiques actuelles Poitou-Charentes Niort A partir de 9h30 – 05 49 55 37 99
Slamalamer Slam Café des 2 Tours – LR 20h
Yannick Jaulin Conte musical et familial La Maline – La Couarde 14h & 19h - 05 46 29 93 53
Debout sur le Zinc XLR Musiques actuelles Maison G. Brassens – Aytré 06 81 04 47 63
Soirée avec Magie à la grenadine Le voyage de Tai Kahano Conférence par H. Guiot Cie Pestacle, Ass. Grand Large Muséum d’Histoire Naturelle - LR Maison de quartier – Aytré 05 46 41 18 25 20h30 – 05 46 30 19 41
Le parcours des humiliés Cie Caboch’art Collège Mendès France – LR 05 46 67 47 67
Ne suis-je pas ton frère ? Projection doc de D. Roten Hall de l’Astrolabe – LR 18h30 – 05 46 67 47 67
Les salades amoureuses bibliothéâtre Méd. Villeneuve-les-Sallines 18h – 05 46 51 14 70
Yaël Hassan rencontre – Ecrivains en 17 Méd. Villeneuve-les-Salines 18h – 05 46 44 01 27
Strup X Concert La Poudrière – Roch. 05 46 87 24 96
Nuit Erik Satie Texte de Satie La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Yann VDB + T. Metaireau Humoristes Théâtre St martin – LR 20h30 – 05 46 07 08 92
L’Enseigneur Dopage Théâtre la Passerelle La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53
Ici et Ailleurs Kader Attou et la Compagnie Accr La Coursive – LR 05 46 41 17 75
Thomas Pitiot Concert Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00
Figures de rencontres Cie de la trace Maison G. Brassens – Aytré 15h – 05 46 45 38 78
Les caméléons d’Achille Achille Tonic La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
S. Llado + A. Cosson Humoriste Théâtre St martin – LR 20h30 – 05 46 07 08 92
S’il pleut vous ramasserez mon linge K Bleu.fr Théâtre Cie Fouic Théâtre Gérard Potier Moulin du Roc – Niort Le Palace – Surgères Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 30 20h30 – 05 46 07 00 00 20h30 - 05 49 77 32 30
The Cavaliers + The Mean Things Barbarella – LR 21h
Un temps d’ouverture Festif Kader Attou et la Compagnie Accr Chapelle Fromentin – LR 05 46 41 17 75
Mariana Ramos Concert Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 32
Des cailloux dans le ciel De et par Brigitte Agulhon Théâtre des Jacobins – LR 05 46 41 89 35
Matt Elliot Concert L’Eclusier – Niort 20h
Alice Russell Concert CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45
Derniers remords avant l’oubli De J-L Lagarce – Mise en scène R. Dana Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15
L’écume des jours De B. Vian – Cie La Bouée Carré Amelot – LR 19h – 05 46 51 14 70
Don Giovanni Y. Oïda - D. Stern La Coursive – LR 05 46 51 54 02
Mistaken Element + Sons of Senoka + Exeria CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45
Tero Saarinen Company Danse La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Jean-Luc Coudray Rencontre - Ecrivains en 17 Corderie Royale – Rochefort 18h30 – 05 46 82 66 00
O Edo Sukeroku Taiko Christophe Bell œil La Vraie fiancée Concert Olivier Py Les tambours de Tokyo La Maline – La Couarde La Poudrière – Roch. Théâtre Verdière – LR 05 46 87 24 96 10h & 14h30 – 05 46 51 54 02 21h - 05 46 29 93 53
Le jour se lève, Léopold Mise en scène M. Didym Théâtre Verdière – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Zu Co Le 16
Rencontre avec S. Abdulkahar & R. Fharan Arts Plastiques Centre intermondes – LR 18h30
Soirée classique : 3 programmes Musique classique La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53
Voyages aux origines de la musique Théâtre & Musique La Poudrière – Rochefort 05 46 87 24 96
The Dodoz + Neimo + At Home Concerts Espace Culturel Leclerc – Niort 20h30
Le monde à Lambert Musique trad’québecoise Hall de l’Astrolabe – LR 19h - 05 46 67 47 67
Citizen Ben Photographies de Benjamin Caillaud Bibliothèque Universitaire Rue du loup marin – LR Tai Kahano Une pirogue des îles Marquises Salle d’exposition temporaire du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle 28, rue Albert 1er – 05 46 41 91 27 Domus Chrystele Lerisse Expo photos Espace Art Contemporain LR 05 46 34 76 55 La liberté a un visage Expo sur l’histoire de l’esclavage et le commerce triangulaire L’Astrolabe LR 05 46 67 47 67 Matières brutes Le bois, la pierre, le métal La porte bleue 56 rue Saint Jean – Niort – 05 49 17 92 00 Waouh Expo collective d’illustrateurs Association l’atelier Bletterie Rue Bletterie – LR 01
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Pink Turtle Pop in swing La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53
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Moi qui marche Cie Aia La Maline – La Couarde 05 46 29 93 53
4 e Salon du livre de poésie 10 éditeurs – 12 poètes Salle de l’Oratoire – LR 14h à 19h – 05 46 34 11 63
Chantier des francos Musique Théâtre Verdière – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Tour de Contes Asso. Les Amuses-Gueules Maison G. Brassens – Aytré 15h – 05 46 45 38 78
Andy Elmer & Benat Achiary Musique Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15
Les Hurlements d’Léo Concert CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45
Semaine Internationale des Femmes La Rochelle pour Elles Salle de l’Oratoire – La Rochelle 06 62 80 34 65
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Blanche Neige Angelin Preljocaj La Coursive – LR 05 46 51 54 02
Slamalamer Slam Café des 2 Tours – LR 20h
Ubu roi D’après A. Jarry – Mise en scène J-J Faure Echillais 20h30 - 05 46 82 15 15
Imanga et le taxi-brousse Musiques du monde Carré Amelot – LR 05 46 51 14 70
Imbert – Imbert 1re partie : Dylan Malidor La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53
Festival au Fil du Conte avec Contes pur beurre Maison G. Brassens – Aytré 15h – 05 46 45 38 78
Fatals Picards + Bonamia Concerts Espace Culturel Leclerc – Niort 20h30
The Elderberries + firecrackers CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45
The Craftmen + Deltahead + Bud Mc Muffin CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45
Scène ouverte Rétaise Rubajazz, Les gens d’ici… La Maline – La Couarde 20h - 05 46 29 93 53
Housse de Racket Concert La Poudrière – Roch. 05 46 87 24 96
Anis + Shinri Concerts Espace Leclerc – Niort 20h30
La Ville Davy Sicard + Simon Nwambeben Mise en scène : M. Paquiem Théâtre Verdière – LR CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45 05 46 51 54 02
J. Pernoo & j. Ducros Musique La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Le concert fantastique Concert Musée d’Agesci – Niort 20h30 – 05 49 78 71 71
Zoon (volet 1) Toufick Oudrhiri Idrissi Salle des Fourriers – Rochefort 19h – 05 46 82 15 15
Scène ouverte Slam Animée par Frangélik Salle Jacobins – Saintes 21h
Bernard Joyet Avec N. Miravette au piano Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00
Cap sur Israël Le cabaret de la contemporaine Ciné passion 17 Les Grands Jafoins La Maline – La Couarde Bar des Fourriers – Rochefort 21h - 05 46 29 93 53 19h & 22h - 05 46 82 15 15
Oud ! + Le Chantier Soirée patagée Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15
U a disparu Cie du Semeur La Maline – La Couarde 10h &14h - 05 46 29 93 53
Jacky Terrasson Trio Jazz La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Tribute to Sonny Rollins C d’Accord ensemble instru. CDA Maison G. Brassens – Aytré 20h30 – 05 46 45 38 78
Stuck in the sound + Phospho Concerts Espace Culturel Leclerc – Niort 20h30
J. De Jessus-Bergey & H. Tibouchi Rencontre - Ecrivains en 17 Corderie Royale – Rochefort 18h30 – 05 46 82 66 00
Ils habitent la Goutte-d’Or Laurence Février La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Baxter & les Trotskids Punck Rock La Poudrière – Rochefort 05 46 87 24 96
Nuit Magique Conférence Musée d’Agesci – Niort 20h30 – 05 49 78 72 00
Rock & BD par Chester Conférence Médiathèque – Rochefort 05 46 87 24 96
Kaleo Leïdo Cirque Moulin du Roc – Niort 19h & 21h – 05 49 78 71 71
Buffet des conteurs Asso. Les Amuses-Gueules Maison G. Brassens – Aytré 12h – 05 46 45 38 78
Cristina Branco Musique du monde - Fado La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Rossini, Respighi, Hurel, Stravinski Orchestre Poitou-Charentes Gymnase de la Vieille Forme – Rochefort 20h30 - 05 46 82 15 15
Je ne suis pas un numero Ludor Citrik Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15
DJ Moule + Loo & Placido Concert gratuit pour les Abonnés CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45
L’Argent Ciné Concert La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02
Amour à Mère Cie A Petit Pas Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00
Daniel Challe Expo photos Carré Amelot LR 05 46 51 14 70 La vie en rose Installations de F. Petrovitch Espace Art Contemporain LR 05 46 34 76 55 yagui druid Gravure Astrolabe Avenue de Dublin – LR 05 46 67 47 67 Un photographe, une île, trois visions Olivier Dreyfus La Maline La Couarde – 05 46 29 93 53 04
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Olivier Suire Verley & Etienne 6 au 27 juin - Xin Art galerie à la Rochelle
Sous les pavés… La Rue 20/06 de 14h à la nuit - Niort
Place de la Fourche quartier St NIcolas. Tél. 06 78 70 52 66
15 ans que la Fanfare LE SNOB existe ! Pour célébrer cet anniversiares : pas moins de 23 Cies, plus de 26 spectacles… Ces artistes sont pour la plupart des préxurseurs dans leurs domaines, des personnalités qui ont fait évoluer le paysage international des arts de la rue.
C’est un évenement pour La Rochelle d’accueillir les œuvres d’Olivier Suire Verley : la dernière exposition remonte à 1982, et c’est la première fois qu’Etienne expose dans notre ville
Gratuit - tout le programme sur : www.fanfarelesnob.com
Dédicace-Crisse Mercredi 01/07 de 14h à 19h - librairie Mille Sabords
Jurgen Lingl - Rebetez 3 au 25 juillet - Xin Art galerie à la Rochelle
A l'occasion de la sortie du tome 4 d'Atalante, Crisse dédicacera ses albums le mercredi 1er juillet de 14h à 19 h à la librairie Mille Sabords. Prolifique dessinateur de BD, Crisse a également signé des oeuvres telles que Luuna, Kookaburra ou L'Epée de Cristal.
D'une extraordinaire énergie, le sculpteur du réel travaille le bois à la tronconneuse : il donne ainsi vie et chair à ces sujets.
22 rue du Palais. LR. 05 46 41 73 73 - 1000-sabords.com/tintin
Place de la Fourche quartier St NIcolas. Tél. 06 78 70 52 66
Résonances 2009 24, 25 et 26/07 - Rochefort
Festivals Eurochestries en Deux Sèvres Du 18 au 23 août 2009
Rendez vous Place Colbert en fin d’après midi pour les «Priz d’Arts» (spectacles de rue) qui répondront aux «Nuits» de musiques du monde festives sur la scène de la Corderie Royale. Au programme : La Famille Goldini, Les Apostrophés, La Cie L’Adret, Les Musiques à Ouïr, Ba Cissoko, Toure Kunda, Mounira Mitchala, Mariana Ramos, Kali !
16 concerts, 120 musiciens, dans les communes de Niort, Moncoutant, La Crèche, Le Vanneau, Beauvoir/Niort, St Symphorien, Chevreux, Lezay, La Richénard, Usseau, Chizé, St-Marc-la-Landes, La Rochenard, St Marc la Lande,Cherveux
Rens. : 05 46 82 15 15 - www.theatre-coupedor.com
Organisation OVNI. 06 11 79 21 38. www.eurochestries.org
musée Deux-Sèvres
Un château pas comme les autres Comme surgi de nulle part à l’est de Thouars, le château d’Oiron recèle de nombreuses surprises en ses murs. L’art contemporain a imprégné l’âme des lieux dans un interminable dédale de vieilles pierres.
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’espace-temps en est tout bouleversé. Démonstration vidéo à l’appui, le cours des choses se dérobe sous nos yeux une fois poussée la porte de ce château colossal. Le seuil de « la chambre de la lune » à peine franchi, nous voici confrontés à une profonde méditation : « Quel est l’imbécile qui a quitté le monde des lumières sans éteindre l’interrupteur ? » Tapissant les murs, les centaines de portraits d’écoliers oironais observent le visiteur, clin d’œil à l’identité locale et vivante du château. Mieux encore, tous les 30 juin, 150 Oironais sont invités à déjeuner au château. Sur la table sont alors dressées les assiettes person-
Château d’Oiron Ouvert de 10 h 30 à 17 h jusqu’au 31 mai, de 10 h 30 à 18 h du 1er juin au 30 septembre. Tarifs : de 5,50 € à 7 €, gratuit pour les moins de 17 ans. Tél. : 05 49 96 51 25 Site : www.oiron.fr
nalisées exposées dans la « salle à manger ». À quelques pas de là, une vaste piste de jeux rayée en noir et blanc augure de la fantaisie de la collection d’art contemporain Curios et Mirabelia. Dans le même esprit, les méduses fluorescentes d’Yves Chaudouët, élément de l’exposition temporaire « Je remonte » concourent à l’originalité des lieux. Incongru et désopilant Le château d’Oiron dévoile ses multiples facettes au fur et à mesure des étages parcourus. Au premier, un décor bord de mer avec étoiles fluorescentes s’impose tout au long d’un interminable couloir, plongé dans la pénombre. Dans un coin, dorures et peintures ornent un appartement d’apparats, soulignant l’aristocratie des lieux. Un trait conventionnel vite estompé par les projections vidéo dont émane une impression de langueur. Résultat des va-et-vient des vagues diffusés et des curieux mobiles maritimes suspendus. Passé les coins, recoins et autres cabinets de curiosité du château, un immense couloir glacial en cours de restauration finit par apparaître. Est-ce le fantôme de Madame de Montespant, la favorite de Louis XIV, qui vient de s’enfuir à travers le miroir tacheté par les années ? Quand soudain, dehors, sous la voûte d’une contre-allée, un arbre mécanique grince. Serpent et chouette en ferraille, perchés sur les branches, prennent vie et signalent qu’une présence a été décelée. L aissez de côté votre raisonnement cartésien Quitter les courants d’air de ce pavillon hanté pour s’évader très loin. Voilà une riche idée. À l’opposé de cette aile, la salle des « 365 brûlures solaires » réchauffe le corps et l’esprit. Ici on ne se lasse pas d’essayer de déchiffrer les énigmatiques clichés climatiques recouvrant la pièce. Si cela ne suffit pas à se tranquilliser, une magnifique pharmacopée bretonne en droite lignée des druides de Brocéliande est à disposition à l’étage. Jeu des sens, de chaudsfroids, d’errances et de mystères, impossible de ressortir de ce château la tête à l’endroit. Laissez de côté votre raisonnement cartésien car, ici, il ne pourra rien pour vous. Que comprendre, en effet, des animaux entreposés dans « la chambre des mutants » ? Un canard empaillé avec une tête de rat, un cygne aux oreilles de lapin… rien qui ne relève des sciences naturelles. À moins que. Les pièces visitées ont-elles servi à d’obscures expériences ? Un coup d’œil furtif jeté par la fenêtre et c’est une immense tasse de thé rose bonbon qui attire l’attention, sous une allée. Entre bizarreries et rêves éveillés, le château d’Oiron sait intriguer. Avec l’insolite pour devise. ¬¬ Marilyne Gautronneau
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arts plastiques
La « manière noire » sauce Yagui Druid N’avez-vous pas déjà croisé un gros engin à cylindres et plateau avec une belle silhouette qui virevolte autour ? Des mains tachées, mais rapides et précises devant le papier fraîchement encré ? C’était Yagui Druid, toujours accompagnée de sa presse, graveuse à part entière.
linoléum, « pour s’amuser » et parce qu’elle veut trouver « un truc à elle ». Résultat : « Si tu sais faire ça, tu peux faire de la gravure. » Le peintre lui apprend les rudiments, et « l’embrouille est partie ». Si bien qu’au moment de quitter Paris, il lui offre sa presse. Morsures acides Installée depuis six ans à La Rochelle avec mari et enfants, elle « cherche tout le temps, mûrit les choses ». Dans son garage de Mireuil, plus d’une dizaine de plaques de zinc sont toujours en cours, prêtes à recevoir le trait de la pointe sèche, la morsure de l’acide, les nappes de vernis. Une plaque peut attendre plusieurs années son dernier peaufinage. Celles déjà tirées sont susceptibles d’être retravaillées. « Plus je travaille, plus je pense que je peux faire mieux. » Les techniques s’enchevêtrent, cette autodidacte les mixe et les réinvente, guettant l’accident heureux : un papier journal laisse une empreinte dans le vernis mou ? Un système se met alors en place, où tissus, pinceaux – tout ce qui traîne – viennent déposer leurs traces. Et les motifs ? Il n’y en a plus, ils ont été dissous dans ces attaques répétées du cuivre ou du zinc : si des têtes évoquant les masques populaires africains pouvaient surgir lors des premiers tirages, aujourd’hui la figure est comme gangrenée par la matière. Et vice versa.
A
près les marchés de Noël, le salon Arts Atlantic où elle a été élue « prix du public », la galerie Bletterie, elle a exposé cet automne dans un hôtel particulier du centre de La Rochelle ouvert rien que pour elle, dans une galerie parisienne… Pourtant, quelle histoire ! Son destin était plutôt de travailler aux champs, voire d’épouser un Blanc et de s’arrêter là. Mais la jeune fille, têtue, n’avait « qu’une idée, aller encore plus loin, loin de l’Afrique », en France de préférence, pays « ami ». Qu’importe si la valise était en carton et les embûches nombreuses. La vie est faite de rencontres : décisive fut celle d’un peintre exilé à Paris, doté d’une vieille presse dans un coin de son atelier. Elle assure n’avoir jamais dessiné auparavant, n’y avoir même jamais pensé : la voilà qui se saoule pourtant de l’atmosphère du lieu, qui s’essaie sur du
Yagui Druid http:// yagui.free.fr yagui@free.fr Exposition du 9 mars au 4 avril à l’Astrolabe, La Rochelle Infos : 05 46 67 47 67
Révélations du berceau Dernièrement, elle a adopté la technique de la manière noire, en substituant à l’usage patient du « berceau » celui de nombreux bains à l’acide. Le noir obtenu est si profond que des formes s’y révèlent, engluées dans la masse. La graveuse creuse, traque les visages, le sens, ne le donne jamais vraiment. Même les bribes de texte sont à l’envers. Parce que, pour celle qui a été abandonnée par sa mère, qui a la « tête d’une Sénégalaise alors qu’elle est née en Côte-d’Ivoire », le visage ne sera jamais donné. Et il est là, en creux dans la plaque, fantomatique sur le papier. Yagui Druid a réussi sa « cuisine ». quatorze ans après sa première exposition, elle le sait maintenant, elle peut converser avec les « vrais » graveurs, ceux qui ont suivi la voie académique. ¬¬ Catherine Fourmental-Lam
arts plastiques
lui-même, n’est pas très à l’aise avec ses semblables. Attraction-répulsion. Tel un homme préhistorique peignant sur les parois de sa caverne les animaux qu’il craint et respecte à la fois, Didier Guérandelle recouvre les murs de son atelier de peintures de ceux qui retiennent son regard, dans la vie ou les magazines. Parler de portraits serait toutefois inexact. Didier ne peint que des corps tronqués. Un sein, un torse, rarement un visage… Des nus, souvent. Petits bouts d’individus dépouillés du superflu, vulnérables, livrés aux regards. Ce travail de dissection, il l’élabore non avec des pinceaux mais avec un torchon, une serpillière, un martinet… Armé de ces outils « qui [lui] ressemblent », il fouette ses toiles, simples feuilles de papier blanc, avec une violence expressionniste, une liberté à la Pollock. Ses dernières séries se conjuguent en noir et blanc « pour éviter la séduction de la couleur ». Car Didier ne cherche pas l’esthétique, mais « à comprendre le processus de création ». Pour cela, il écrit un essai mêlant carnet de bord, portrait et lettres d’amour. Ce livre lui « donnera peut-être des réponses avant d’avoir à poser les questions ».
Didier Guérandelle http://guerandelle.canalblog.com/ guerandelle@gmail.com
Didier Guérandelle, artiste-machine Cet homme est une énigme. Plus on en sait sur lui, moins on saisit le personnage. Car il n’est pas un mais deux. Double artiste, double personnalité, ce Jekyll et Hyde peint depuis près de vingt ans mais questionne toujours son art.
C
améléon changeant de facture selon son humeur, Didier dit une chose puis son contraire et s’amuse à brouiller les pistes. Cette ambiguïté se retrouve dans ses œuvres – de petits formats à l’aquarelle et encre de chine ou des toiles plus importantes à la glycéro. Attraction-répulsion Arrivé à La Rochelle en 2001, Didier Guérandelle réalise alors des peintures de
bâtiments et paysages hauts en couleur. Aujourd’hui, les constructions humaines ont laissé la place aux corps. Car à force de barouder de Prague au Maroc, d’évoluer entre Bordeaux et Lyon, Didier a fait des rencontres. « Ces gens extraordinaires » croisés sur son chemin, il « [s’]en nourrit ». En échange, il les peint. Peut-être une forme d’hommage. Plus sûrement un moyen de se les approprier : Didier, le « gamin à la vie trashos », comme il le reconnaît
Un peu Steve Austin dans l’âme… Alors Didier Guérandelle, artiste romantique torturé par son besoin de création ? Une conclusion trop naïve pour un garçon aussi compliqué. Car, si sensible qu’il soit, Didier cache en lui une part de Steve Austin. Pas pour les trois milliards mais pour le côté bionique. Il se rêverait en effet artiste-machine « peignant sans réflexion, mécaniquement, afin de surprendre [sa] conscience ». À cette fin, il utilise de plus en plus la technologie dans son œuvre : dans ses dernières séries, il projette des photos sur la toile avant d’en copier le tracé et songe à construire une machine qui ferait tout à sa place. Ce Didier-là, neutre et distant face à son travail, se livre un combat sans fin avec son double sensible, le poussant à aller plus loin dans la sobriété. Une façon de s’affranchir de son art et de « casser le processus de peinture nombriliste » qui l’amenait, avant, à peindre toujours « un peu pareil ». Didier l’homme contre le Didier-Machine, le combat promet d’être rude. ¬¬ Jessica Hautdidier Didier Guérandelle a récemment réalisé la décoration intérieure du restaurant Les Enfants terribles à La Rochelle et expose à partir de février au café Les Deux Tours.
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arts plastiques chez les bourgeoises de La Genette, tandis que le fiston apprend au lycée maritime le dur métier de marin, vomit dans le cargo qui sent la vieille huile et la sueur des gros bras tatoués jusqu’aux oreilles. Fiston qui revient, pas fait pour être marin avec des gars qui font « ouah-ouah », le Claude qui va à l’usine comme son papa qui fabrique des voitures au paradis des trois-huit. L’usine de Haute-Savoie, pas faite pour lui qui se retrouve en Italie aux Beaux-Arts. Carrare, la marbrière, ville des esclaves à peine affranchis et de l’anarchie ordonnée, trois ans pour tenir le pinceau et couler le plâtre, un tour au lycée apprendre à tailler la pierre ou du moins commencer à la comprendre, un Claude juché sur un cheval grandeur nature en plâtre armaturé, bras d’honneur donquichotien à l’ordre et la rigueur des examens.
Claude Pereira-Barbas
C’est un petit chapeau noir sur un vélo bien haut perché… …q
ui vous observe de son œil charbon, sourire jocondien, clignement complice de la paupière, un je-nesais-quoi d’on se regarde on se comprend, voici Claude, fils de Barbas, oiseau noir bariolé, habillé comme qui dirait un notaire et pourquoi pas diamantaire à Anvers, bizarre oiseau du Portugal que voici. Papa chez Simca-Périgny-La Rochelle, à l’époque des chantiers navals, papa au tympan défoncé sous sa vareuse de travailleur émigré et parti trop tôt… Maman, comme toutes les Portugaises du monde, femme de ménage
Exposition au bar « Le 20 » à Ars-en-Ré, à partir de mai 2009. La Loterie de la vie, film d’animation, est en cours de réalisation, inspiré par son théâtre d’ombre Inde-séjour, en collaboration avec le plasticiensculpteur rochelais Bruce Krebs. À noter que Claude recherche un producteur…
… qui vous observe par le trou de serrure des bordels Beaux-Arts pas faits pour lui qui s’essaye ailleurs à travailler le fer et manier l’enclume, souder ses premiers personnages taillés dans son costard de dresseur de ragondins, automates qui ressemblent à des prêtres défroqués, qu’on voit aussi dans ses tableaux-fresques en format géant couleur de cirque et de théâtre, antihéros d’une peinture naïve et coloriée qui s’éloigne de son figuratif premier pour aller vers un expressionnisme criard, observatoire un tantinet ironique du monde que Claude voit par le trou de la serrure des bordels. Un paradis de femmes à barbe, de putains emperlousées, d’avaleurs de sabres, de cracheurs de feu et de princes travestis, mafieux en costume trois pièces, filles de cabaret avinées et les hommes au comptoir qui payent rubis sur l’ongle. Claude peint ce qu’il voit pour en faire un pays farfelu dans lequel il se promène tel le Baron de Münchhausen, tranquille, juché sur son grand vélo noir corbeau, s’amusant à peinturlurer la bêtise humaine, la vanité et le grotesque, transposant des situations banales dans un univers onirique et sensuel qui sent la praline chaude et la fête foraine. Sa peinture est comme ses racines, populaire, créant un rapport simple et sans chichis avec son public, écrite comme une joyeuse malédiction que Claude revendique sans pour autant passer par la case « je suis un artiste contemporain qui vous fait du concept et des installations tendance ». Pas de ça chez Pereira-Barbas qui a besoin du trauma et des accidents de la vie pour fabriquer l’émulsion et sortir un trésor de son âme pas noire pour deux sous. ¬ Xavier Guerrin
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photographie
Inauguration day
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e 20 janvier, Barack Hussein Obama et Joe Biden, son colistier, ont prêté serment sur les marches du Capitole à Washington. À l’occasion de cet « Inauguration Day », jurant fidélité à la Constitution, mains droites levées, ils sont devenus président et vice-président des États-Unis d’Amérique. God bless ! L’événement aura sans doute des répercussions mondiales. Mais la première est locale. La bibliothèque universitaire de La Rochelle a verni en ce jour d’investiture une exposition consacrée aux coulisses de l’élection du candidat Obama. Trois mois de campagne résumés en soixante clichés d’un photographe indépendant rochelais. Des grands formats en couleur qui balaient les highlights depuis le discours du démocrate qui se déclare, lors la convention de Denver en août 2008, à la première conférence de presse du président élu à Chicago en novembre. Une ode à la réconciliation du peuple américain à grands coups de flyers distribués par les militants, de hugs prodigués à tous les sympathisants, de stars and stripes hissés haut et de united colors. Un reportage sur cette foule black and white all together priant pour la victoire et explosant d’une joie tout US à la déclaration des résultats. Des images de communion qui arrachent un peu le Nouveau Monde de ses ornières de l’Irak en guerre, de son statut de plus gros pollueur mondial (23 % des émissions carboniques !) et de ses croix en flammes dans quelques obscurs États du Sud. ¬¬ Pierre Labardant
Exposition « Citizen Ben », bibliothèque universitaire de La Rochelle, 20 janvier au 21 février 2009 Contact : www.univ-larochelle.fr
Exposition
Mon vieux
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érôme Clair est en croisade. Depuis Saint-Jacques-de-Compostelle où il a été diplômé d’une école d’art, à travers toute la Galice et jusqu’en Sicile, il tente de sauver une population en danger : les vieux. Il brandit son appareil photo, immortalise ici une épouse de pêcheur, là un gardien d’église, ailleurs un paysan. Tous isolés parmi des contemporains plus soucieux des conflits surgissant à l’autre bout du monde ou des cours fluctuants de Wall Street. Pour les protéger des rides qui creusent leurs visages un peu plus chaque jour ou des canicules qui déciment leurs rangs chaque année, l’artiste a créé une « cage de cristal » dans laquelle il met en scène ses surannés sujets. À la fois une pièce transparente symbole de leur isolement et une bulle translucide rempart face à la maladie et à la mort. Une scénographie ethnographique qui aboutit à la présentation de douze portraits d’anciens en danger sous le titre « Génération isolée » dans la galerie d’essais du Carré Amelot. Jérôme Clair redore donc le blason de ces salauds de jeunes en nous offrant un regard bienveillant sur son prochain âgé et en tentant d’ouvrir les yeux de nos contemporains confits dans leurs années de jouvence insolente. La verdeur au secours de la sénescence. ¬¬ Pierre Labardant
S’essayer dans une galerie Le Carré Amelot, à travers sa galerie d’essais, propose aux photographes de les aider à monter une première exposition. Il leur offre un suivi personnalisé depuis la sélection des images jusqu’à leur présentation au public. Une douzaine de photographies sont ainsi rassemblées pour chacune de ces expositions. Contact : Martine Perdrieau ou Yves Phelippot au 05 46 51 14 82
Exposition « Génération isolée » galerie d’essais du Carré Amelot, La Rochelle, du 8 janvier au 7 mars 2009 Contact : www.carre-amelot.net
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internet + design L’Internet pour découvrir le monde depuis son fauteuil ? Le monde oui, mais aussi le coin de sa rue ! Découvrons ensemble ce qui se passe sur notre écran près d’chez nous. Internet
Cherchez la petite bête
© Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle
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epuis 2007, le muséum d’histoire naturelle de La Rochelle expose dans des espaces réaménagés ses trésors taxidermisés et autres beautés ethnologiques. Rafraîchissant ses bêtes empaillées, il en profite pour faire le ménage sur son web
avec un nouveau site www.museum-larochelle.fr. Il réussit à cette occasion une prouesse : mélanger poussière et technologie. Le site transmet parfaitement la grande ambivalence du lieu, affichant sur la toile des objets sentant fort le renfermé
et des présentations empreintes de modernité. Sur un fond neutre, classique de muséographie, objets aux teintes patinées et animaux aux yeux perdus dans le vague font l’essentiel de la galerie. Les salles sont vides et les jardins désertés. Un air glaçant se dégage des images, même si l’envie – le piment ! – de se promener seul dans les couloirs la nuit vient rapidement. Et pourquoi pas croiser la silhouette fantomatique de l’illustre Alcide d’Orbigny se faufilant sur le parquet ciré ? Les seuls visiteurs des lieux sont tous bloqués dans l’unique film proposé à la rubrique « vidéos », souvenir de l’expédition organisée pour l’inauguration du muséum. Certains faisant guili-guili au menton de la girafe, d’autres risette à la gueule du lion. Les prochains arriveront sans doute sur les rives de la rue Albert 1er à bord de l’embarcation emblème de l’exposition « Le voyage de Tai Kahano, pirogue des îles Marquises » installée jusqu’au 28 juin. Sauf s’ils sont définitivement effrayés à l’écoute de la voix synthétique, saccadée et monocorde, des séquences audio accompagnant les pages du site... ¬¬ Pierre Labardant www.museum-larochelle.fr
Design
Pelures
Original, drôle, graphique 2, politique, mythique 3, artistique, commercial, intelligent 4, spécifiquement prévu pour une situation ou un groupe particuliers, le T-shirt n’aura jamais été un moyen d’expression aussi abordable. Du coup, la différence entre une rue piétonne l’été et la même en hiver est saisissante : d’une multitude d’images de tous les goûts et de tous les genres, parfois presque bruyante, on est projeté dans un silence visuel complet. Plutôt reposant mais vite ennuyeux. Brrrrr. Dehors, il fait bien – 3 °C. C’est peut-être mieux que les autres jours mais, quand même, ça pique. ¬¬ Martin Masmontet
B
rrrrr. Dehors, ça dit – 3 °C. C’est mieux que les autres jours. Le Banania©, la douche, les fringues… Que ça m’énerve de voir mon nouveau T-shirt préféré, là, dans la pile, sachant que je vais me coller deux pulls, une parka et une écharpe avant de me rabattre la capuche sur le nez. Au final : une autre masse sombre dans les rues gelées. C’est vrai, ça m’énerve, il est tellement beau mon nouveau T-shirt préféré. Super image / message / typo / truc 1, bonne couleur, de la sérigraphie de qualité. Typiquement l’achat impulsif sur un magasin en ligne new-yorkais complètement confidentiel. Indispensable. Il faut bien dire qu’il n’a jamais été aussi facile de produire des T-shirts, à l’unité ou en série, petite ou grande – il apparaît partout des gens qui en réalisent et en vendent de terribles, via le web.
© www.threadless.com
1. Rayer les mentions inutiles. Plusieurs choix sont possibles. 2. Cf. www.threadless.com 3. I ♥NY 4. Oui, il existe des T-shirts intelligents, ou qui portent des messages intelligents. Cf. note 2.
jeune public ergonomiquement conçus pour qu’ils appréhendent intuitivement sans la lourdeur névrosante d’un pédagogisme maladroit le maniement des calames modernes (boohbah.com, poissonrouge.com, tibao.com). Là, les plus grands déploient les appétits créatifs que la turbulence démiurgique de leurs jeunes neurones appelle et peuvent librement proposer à une communauté ouverte le fruit passionné de leur imagination (free-rider.fr, crayonphysics.com, lacartoonerie.com). Ailleurs, ce sont les passerelles vers l’ancien monde de papier qui sont tendues pour que l’intelligence littéraire et graphique de ces continents cousins trouve des circulations naturelles (monde-gourmandises.net, www.salonlivre-presse-jeunesse.net/munari/ ou /erlbruch, veer.com/typecity). Une croissance positive.
Les jeux vidéo ont désormais une histoire, des auteurs reconnus, des références et des codes narratifs et esthétiques [...] bref une culture.
Game ouvert Des études scientifiques judicieusement financées le montreraient sans peine : Internet, c’est bon pour les enfants, mangez-en.
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u point de vue des schèmes physiques et spatiaux, la nomenclature symbolique des enfants d’avant Internet était assez strictement contrainte par la manipulation d’items de plastique dont la faible variété de formes (pavés droits, figurines anthropomorphiques) et de couleurs (jaune, rouge, bleu) ne permettait qu’une structuration précaire de leur capacité d’abstraction. Du point de vue de la construction des univers narratifs, la répétition non-distanciée de tropes d’interactions entre Petit Ours Gras et sa maman
(essuyage de la vaisselle) ou son papa (lustrage de la voiture) a indéniablement contribué à figer des référentiels identitaires corporels incomplets. L’enfance, dans ces eaux-là, ne s’épanouit qu’imparfaitement, périclite en grandissant. Une croissance négative*. » Alors qu’un bon jeu sur Internet, c’est nettement plus cool. Tout n’y est que chatoiement, bigarrures et chamarrures. Ici, les plus jeunes enfants trouvent enfin à interagir de manière ludique et variée avec des univers attractifs riches,
You loose, play again Ô évidemment, la vieille garde parentale renâcle bien à l’idée que ses rejetons disposent bientôt d’un éventail culturel bien plus riche que le sien. La résistance tente bien de s’organiser, qui exhibe tantôt les guets-apens de la navigation, tantôt la pauvreté supposée du média. Mais c’est perdu d’avance. Il n’est pas plus dangereux de laisser un enfant seul sur Internet que de lui servir un Pernaut-Ferrari à chaque repas. Internet n’est pas l’ennemi et le pervertisseur de la jeunesse. Et le combat esthétique rejoindra ceux que menèrent en leur temps les contempteurs du cinéma ou de la bande dessinée. Les jeux vidéo ont désormais une histoire, des auteurs reconnus, des références et des codes narratifs et esthétiques, une économie, bref une culture. Il n’est pas trop tard pour s’y préparer, il n’est pas trop tard pour s’y intéresser, il n’est pas trop tard pour s’y former. L’office du tourisme virtuel est chez vous, il a cinq ans, il est devant son écran. Tenez-vous sans bruit derrière sa chaise et regardez-le vous conduire dans un monde moderne. ¬¬ Philippe Guerry * « Internet is good for kids, enjoy it », in Judiciously Financed Scientific Studies, coming soon.
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portrait
Rocker historique Depuis dix ans, l’ancien rédacteur en chef de Rock & Folk, Philippe Paringaux, écrit, traduit et vit à Saint-Martin-de-Ré.
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rume sur Ré et fumée de cigarettes à Saint-Martin. Allure typique de rock critic, cheveux mi-longs, baskets, jeans noirs et étroits, petite veste. Rédacteur en chef historique de Rock & Folk, Philippe Paringaux a grandement contribué à établir cet archétype du journaliste rock. Après avoir découvert le rythme binaire avec Tommy Steele, puis Elvis Presley dans les années 50, écumé les concerts dans les années 60 et s’être ennuyé sur les bancs de Sciences-Po et du CFJ (Centre de formation des journalistes), il entre au journal en 1968. D’abord chroniqueur boulimique, il en devient secrétaire de rédaction, puis, à partir de 1972, rédacteur en chef, un des rouages essentiels de l’ascension du magazine à la fin des années 70 : 200 000 ventes, 200 pages dont 50 de pub, 12 salariés plus les pigistes et une aura incomparable en Europe. Après la chute Dans les années 80, Rock & Folk dorénavant concurrencé sur son terrain par les médias généralistes se pose des questions existentielles et recherche une nouvelle voie qu’il ne trouvera pas : « Avant on parlait de ce qu’on aimait vraiment, après on a parlé de ce qu’on n’aimait pas vraiment. » Paringaux trouve même le temps de prendre en charge pendant quatre ans L’Écho
II
Il y a encore des mecs qui fument en écoutant du rock.
des Savanes. S’ensuit une lente dégringolade jusqu’à la cession du titre en 1990. Il s’en sort plutôt bien financièrement. Ce qui lui laisse le temps de se positionner comme un des meilleurs traducteurs de biographies musicales d’artistes qu’il a longtemps côtoyés : anthologie des Beatles, textes de Bob Dylan, vie de Bob Marley, même si la lassitude s’installe parfois quand, par exemple, il faut traduire une quatrième biographie de Bob Marley. Multicartes Parallèlement, depuis trente ans, il s’est acoquiné au dessinateur Loustal pour produire de magnifiques bandes dessinées, récits aussi sombres que des polars désespérés, notamment Barney et la note bleue en 1987 et Le Sang des voyous en 2006. Il est également fier d’avoir traduit Surf City de Kem Nunn et de voir son propre roman publié deux fois sous deux titres différents, Privé d’amour en 1997 et, après d’importantes modifications, Blues blanc en 2007. Enfin, il participe régulièrement au scénario des documentaires
de Claude Ventura et écrit des textes de chansons, notamment pour Christophe. L’océan et Miles Davis Après son divorce, ce germanopratin viscéral s’installe deux ans à Bordeaux avant de se fixer en 1998 près de l’océan, à SaintMartin : « Je suis resté cinq ans sans retourner à Paris. Ici, il est encore plus facile qu’ailleurs de s’enfermer, de se laisser aller, surtout si on travaille chez soi. En outre, je n’ai pas établi de liens durables hors du boulot avec les anciens journalistes de Rock & Folk. De même avec les musiciens, mais peut-être dans ce cas est-ce dû à un trop grand orgueil. Je n’avais pas envie d’être le Paringaux de Paris aux côtés de mes alter ego de Berlin, de Londres, de New York… Un petit point de référence sur le parcours égocentrique des stars du rock. Étrangement, je n’ai vraiment eu des rapports d’amitié qu’avec Miles Davis, pourtant réputé pour son caractère hautain. Maintenant, j’apprécie de me rendre à Paris comme un touriste. » ¬¬ Philippe Thieyre
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shopping DISQUE
LIVRES
The Garden
Fleshmarket Close Ian Rankin Ed. du Masque Il est toujours bon d’insister sur l’importance d’un écrivain, même s’il a déjà acquis une certaine reconnaissance. Actuellement, peu d’auteurs de roman policier égalent l’Écossais Ian Rankin. Les dernières aventures de l’inspecteur Rebus le démontrent une nouvelle fois : une intrigue principale inscrite dans une problématique brûlante et conflictuelle (cette fois-ci l’immigration), des personnages fortement ancrés dans leurs contextes historiques et sociaux, une écriture dynamique, une bonne dose d’humour et d’excellentes références musicales (John Martyn entre autres). / P.T.
Amis américains : entretiens avec les grands auteurs d’Hollywood Bertrand Tavernier Actes Sud/Institut Lumière Un formidable ouvrage, dans tous les sens du terme, 1 000 pages et des dizaines de photos pour ce recueil d’entretiens avec les fortes personnalités du cinéma américain (John Ford, Jacques Tourneur, John Huston, Budd Boetticher, Elia Kazan) et plus contemporaines comme Robert Altman, Scorsese, Tarantino. Œuvre d’un des meilleurs réalisateurs français, Bertrand Tavernier, une première mouture de ce livre avait été publiée en 1993, mais cette nouvelle édition largement revue et augmentée, tant au niveau des textes que de l’iconographie, est absolument magnifique. /P.T.
Unitopia InsideOut/SPV Pour leur deuxième album, ces sept Australiens nous offrent de longs morceaux entre rock pop et progressif (l’influence de Genesis) traversés de belles mélodies et d’agréables architectures instrumentales sans jamais verser dans la facilité. Les deux chanteurs possèdent des voix chaleureuses et accrocheuses. Certes les textes comme la pochette font plutôt preuve d’une vision heroïc fantasy un peu naïve, mais ce serait plutôt rafraichissant de nos jours. / P.T. NOTULES LIVRESQUES En préambule : il n’y aurait pas de meilleur hommage à rendre à James Crumley, un des meilleurs romanciers américains, mort en septembre, que de lire ses trois chefs-d’œuvre : Fausse piste, La Danse de l’ours et Le Dernier Baiser, tous disponibles en Folio Policier.
RAF Guérilla urbaine en Europe occidentale Anne Steiner & Loïc Debray L’échappée Là aussi, il s’agit d’une version revue et corrigée d’un livre paru en 1987. À partir d’une analyse fouillée des actes et des motivations des membres de la célèbre bande à BaaderMeinhof, les auteurs montrent comment la théorie révolutionnaire confrontée à la violence étatique s’est muée en pratique terroriste dans l’Europe des années 70. À méditer. Elvis Presley Careless Love : au royaume de Graceland (19581977) Peter Guralnick Le Castor Astral Un gros pavé fourmillant de détails comme aiment bien en produire les journalistes américains. Après Last Train To Memphis, le temps de l’innocence (1935-1958), Peter Guralnick raconte la suite des aventures du King Elvis jusqu’à sa mort dans sa propriété très kitsch de Graceland. Turn The Beat Around, l’histoire secrète de la Disco Peter Shapiro Allia À peine moins volumineux que
le précédent, la nouvelle parution de l’excellente collection musicale chez Allia s’intéresse avec lucidité à un genre un peu méprisé (parfois avec raison – voir Claude François –, d’autres fois à tort) dont le strass et les paillettes reviennent à la mode. / P.T. DVDS
I Drink Your Blood & Last House On Dead End Street Si ces films ne sont pas d’une qualité artistique extraordinaire, ils ont le mérite d’avoir ouvert la voie à des cinéastes underground, trash et contestataires. Néo Publishing permet à nombre d’amateurs de découvrir, enfin, ces perles du mauvais goût. Inédits en France depuis leur création, Last House On Dead End Street et I Drink Your Blood représentent à eux deux le sommet du cinéma grindhouse, ces fameuses séries B présentées en double programme. Malsains, étranges, gores et décalés, ces films sont précédés d’une réputation en rien usurpée. Déviances et perversions s’accumulent en crescendo
jusqu’au final sanglant. Créant un climat poisseux et glauque, les réalisateurs s’en donnent à cœur joie dans le spectaculaire et le choquant. Des films à réserver aux amateurs de films cultes qui n’ont pas froid aux yeux. / G.D.
Il était une fois… le western européen Édité chez Dreamland, société aujourd’hui disparue, cet ouvrage faisait la joie des spéculateurs (il frisait d’occasion les 300 €). On trouvait déjà le travail de Jean-François Giré faramineux, tant par sa pertinence que par ses qualités encyclopédiques. Désormais agrémenté de quelque cent pages supplémentaires, il devient tout simplement pharaonique dans une version reliée du plus bel effet. Bazaar & Co, jeune éditeur nouvellement arrivé sur le marché, prend le risque de ressortir ce monument sous un habillage encore plus classieux que l’édition précédente. Indispensable pour les aficionados du western spaghetti et parfait pour ceux que le genre interpelle. / G.D.