expressions 11

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gratuit

expressions

interview

Éric Fottorino p. 8 à 11

dossier

Les festivals passent à la caisse p. 12 à 16

carte blanche à

Daniel Nouraud p. 31 à 33

nº11 / Octobre / Novembre 2009

un magazine à l’ouest 1


Antichambre

pizza aufeu debois

L’académie rochelaise de la cuisine italienne et méditerranéenne 1 & 3 rue Thiers, 17000 La Rochelle - T 05 46 41 07 03 - F 05 46 41 07 10


Edito

expressions nº11 04 Bref…

nicolas giacometti 08

À Denis

07 L’opinion de Julien Chauvet

ire, écouter, regarder peuvent n’être que des « actes passifs ». S’ils mobilisent une part de notre esprit, c’est sans toujours faire appel à nos facultés créatrices. Jusqu’à présent, Expressions se plaçait lui aussi en spectateur, attentif mais détaché de la vie artistique. Aujourd’hui nous changeons de cap. Sur beaucoup de points : la maquette, le format, les styles d’écriture (interview, opinion, brèves de société) et le champ géographique (la région Poitou-Charentes désormais). Mais la vraie nouveauté est ailleurs, dans l’ouverture de nos colonnes aux artistes – la carte blanche –, qu’ils soient photographes, peintres, écrivains, danseurs ou musiciens, etc. Nous offrons trois pages à ces créateurs pour qu’ils se les approprient, qu’ils les utilisent comme un terrain d’expérimentation. Trois pages sur 36, c’est peu. Peut-être est-ce vaguement proportionnel au temps que chacun d’entre nous passe à inventer plutôt qu’à répéter. Je l’ignore. Ce que je sais, en revanche, c’est que des hommes se lèvent avec en tête l’idée que leur vie leur appartient, qu’elle peut s’achever à chaque instant et qu’il est nécessaire de lui donner une substance et de la faire partager. Pour empêcher que leur œuvre ne se dissolve dans la détresse générale, nous les soutiendrons donc. •

08 Interview d’Éric Fottorino

L

14 Dossier Le financement des festivals 17 Rochefort Andreas Dettloff 18 Les musées d’art et d’histoire de La Rochelle 19 Agenda 14

24 Sculpture Dominique Pouchain 25 Poitiers Maisons d’édition BD 27 Littérature Éric Holder 28 Édition Popville

18

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29 Cinéma Dragon Retour de flamme ? 30 Portrait Jano Hanela blanche à 31 Carte Daniel Nouraud 34 Internet

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Téléchargez le magazine sur www.magazine-expressions.com

35 Design Le design graphique français 37 Livres / Disques / Dvds

Expressions – 36, rue Beltrémieux, BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 – Fax. 05 46 00 08 12 email : redaction@magazine-expressions.com / Site : www.magazine-expressions.com Directeur de la publication : Pierrick Zelenay / Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti Ont collaboré à ce numéro : Julien Chauvet, Gilles Diment, Jacky Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, João Garcia, Philippe Guerry, Dany Huc, Olivier Jaricot, Pierre Labardant, Élian Monteiro Da Silva, Philippe Thieyre / Carte blanche à Daniel Nouraud / Date de parution : Octobre 2009 ISSN : 1960-1050 Photographe : Julien Chauvet / Maquette et mise en page : Antichambre Communication / Impression : IRO - ZI rue Pasteur - Périgny / Service commercial : François Fottorino 05 46 43 19 20 Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 10 500 exemplaires


rue mœurs

© sophie griffon

bref...

peinture

© vincent ruffin

Le réel, recomposé à la truelle et au couteau

I

l a fallu que son ami Didier Guerandelle le prenne par la main pour que Vincent Ruffin se décide à exposer à La Rochelle où il réside depuis dix ans. Une bonne idée puisque le public avait perdu sa trace depuis les toiles exposées au Clos des Cimaises, explosions d’aplats massifs de couleurs, tout en volumes, plongée brusque et sensuelle dans la matière même de la peinture. Changement de cap prometteur cet automne : il revisitera le thème du portrait à l’Atelier Bletterie et ira jusqu’à donner sa vision du quartier de La Pallice à la galerie Xin Art… • C.F-L. L’Atelier Bletterie, 30 sept. - 24 oct. 2009 Xin Art Galerie, 05 - 31 déc. 2009

rochefort

La bêtise est-elle soluble dans l’eau de mer ?

I

nscrite sur les panneaux, l’appellation Rochefort-sur-Mer distingue la ville de Charente-Maritime de ses nombreuses cités homonymes réparties sur tout le territoire français. Cela risque de changer car des touristes, sans doute alléchés par les prix des locations, se plaignent de ne pas y voir la mer. Mais supprimer « sur-Mer » n’équivaudrait-il pas à donner une victoire morale à la stupidité, à l’inculture et à l’irresponsabilité individuelle de gens incapables de lire une carte ou trop habitués à recevoir passivement des informations sans les vérifier ? Désolant. • P.T.

le sens de l’absurde

La taxe carbone vue de Rochefort-sur-Mer

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a taxe carbone est instaurée pour freiner les déplacements dans un but écologique. Toutefois, dans sa volonté de réduction forcenée du nombre des fonctionnaires, l’État centralise. Ainsi, une partie du centre des impôts de Rochefort a été déplacée à Royan et le tribunal va disparaître au profit de La Rochelle ; ailleurs, les maternités, les hôpitaux, les écoles se concentrent. Parallèlement, les petites gares ont fermé depuis longtemps. Quelqu’un a-t-il déjà effectué le voyage Rochefort-Royan en train ? Une gageure interminable ! Le Rochefortais qui y sera contraint devra utiliser sa voiture et paiera l’impôt à la fois sur l’essence et sur la pollution qu’il est obligé de créer. Magistral. • P.T. 4 expressions

com-hic

Polémique gastéropode

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e slogan annonce que « la Charente a des ailes ! ». On s’attend donc à découvrir une envolée d’oiseaux ou, à défaut, de papillons sur le nouveau logo du département. Une réplique graphique aux mouettes de la Charente-Maritime. Mais il n’y a point de volatile dans cette marmite. Uniquement un escargot ailé, symbole de « la légèreté, le mouvement et la vitesse », laissant un sillage de bave dans lequel les opposants de toute carapace s’engouffrent pour dénoncer la qualité de la création et le budget de sa réalisation. • P.L.


rue mœurs

© DR

orlan

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’exposition-événement de l’été à La Rochelle ? Celle de Foulquier peut-être ?… Non, c’est Orlan qui a eu droit à l’appellation accrocheuse – et efficace à en croire son succès en termes de visites. Pourquoi pas puisque, après ses frasques chirurgicales dans les années 90, cette artiste a acquis une belle envergure. Et que l’accrochage de ses Selfhybridations se justifiait au musée du Nouveau-Monde. Sauf que la déception est là : trois petites salles en lisière du musée, quasi sans explications, avec un téléviseur hoquetant des bribes de textes sibyllins… C’est un peu juste

La Rochelle

Rentrée en danse

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a saison démarre au Centre chorégraphique national de La Rochelle. Rendez-vous avec la Cie Accrorap les 29 et 30 septembre pour Douar (chap. Fromentin) et, les 6 et 7 octobre, pour Anokha (La Coursive). Le 14 octobre, deux compagnies hip hop, Ziya Azazi et Zahrbat, dans le cadre des Éclats chorégraphiques (chap. Fromentin). Le 31 octobre, Le temps qui danse, Cie Aktuel Force (chap. Fromentin). D’autre part, les 6 et 20 novembre et le 17 décembre, répétitions publiques et rencontres avec les compagnies en résidence, à la chapelle Fromentin. • D.H.

L

e marché de Rochefort est des plus beaux, si ce n’est le plus beau de la région, et, comme sur tous les marchés, les commerçants qu’ils soient producteurs ou détaillants essayent d’attirer le futur client en haussant la voix un ton au-dessus du voisin, pratique traditionnelle si l’on peut dire. Récemment, remettant à jour un vieux décret (il y a toujours un vieux décret qui traîne), la mairie a décidé de faire baisser le volume des vociférations à la grande hilarité des habitués du lieu. Chut ! Tout doit être sous contrôle. Amusant, non ! • P.T.

P

our ceux qui rechignent à se lancer dans l’équidée sauvage proposée par l’office du tourisme, il est désormais possible de visiter La Rochelle autrement qu’en calèche. D’étranges « expériences touristiques » à mener au moyen de kits remis dans des « lieux partenaires » et en compagnie d’autres volontaires, ressortissants rochelais ou touristes de passage. Un tourisme participatif qui va impliquer, voire contraindre, l’Homo touristicus. Une dose de mystère. Un brin d’excitation. Le plaisir retrouvé. • P.L. www.experiences-touristiques.fr

Exposition Orlan, Selhybridations, musée du Nouveau-Monde, dates : trop tard ! Transgression/Transfiguration, Orlan et Paul Virilio, éditions L’une et L’autre.

Crier, vociférer, hurler, brailler, beugler… à Rochefort-sur-Mer

© david fugère

Rup-ici-ella

pour induire un dialogue avec les autres œuvres et la réflexion promise – pourtant présente dans le joli échange édité à l’occasion. Un petit effort pour l’année prchaine ? • C.F-L.

marché de dupes

www.ccnlarochelle.com

touristes !

© orlan

Du grand concept d’Expo-événement

les francos

Magma, encore plus grand

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lash-back sur le concert de Magma le 13 juillet aux Francos. La grande salle de La Coursive remplie par trois générations, 2 h 30 de concert, sans pause, plusieurs standing ovations soulevant le public d’un même élan, trois rappels, le dernier amenant Vander à l’avant-scène pour un chant a cappella, un « cante jondo » kobaïen. Et puis « le » son Magma, l’architecture musicale puissante ouvrant toujours plus haut, jusqu’à l’éther de chœurs célestes, sous le feu roulant ou apaisé de la batterie, le cœur du générateur. Tout simplement magistral, magnifique. Et à jamais intemporel. • D.H.

Magma en concert au Moulin du Roc à Niort le vendredi 23 octobre à 20h30

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IMPRESSION NUMÉRIQUE

GRAND FORMAT Pour être vu de loin, il faut

voir les choses en grand !

Nombreux supports d’impression : Papier couché ou photo Bâche PVC M1 Toile tissée M1 STAND Toile Écologique M1 Coton M1 ÉCOLOGIQUE Drop - Canvas Affiches, posters, plans, banderoles, bâches PVC, Transparent signalétique, kakémonos, stands, enrouleurs, Vinyle adhésif marquage au sol, PLV, collage sur PVC ou métal, Papier peint...

Nouveau

Plastification à froid mate ou brillante ...

Une équipe de

Photographes

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Marie Stuart une figure romantique ?

17 octobre 2009 18 janvier 2010

BarBe Bleue

Texte de Christian Caro Par le ThéâTre amazone

Cie laurenCe andreini

17 et 18 déc. 14h et 19h 19 déc. 19h - 20 déc. 17h EspacE culturEl dE la VillE dE la rochEllE

Musée des Beaux-arts de La rocheLLe 28, rue Gargoulleau 17000 La Rochelle

Tél. : 05 46 41 64 65

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rue râle

Opinion Julien Chauvet*

Derrière les images D

ans l’acte de photographier, de cadrer une portion de l’espace et de le morceler, un champ se dérobe aux yeux du lecteur : le hors-champ. L’image du réel photographié n’inclut pas ce qui se passe à côté du cadre. Délibérément, la photographie ne montre rien d’autre que ce qui est contenu dans la fenêtre. Si le processus de fabrication, l’angle de vue, « l’objet » photographié ou l’arrière-plan apportent des éléments de compréhension à la lecture de l’image, certaines informations clés en sont absentes. Elles se situent hors-champ, de nature parfois comportementales ou sonores, et sont l’œuvre du photographe ou du photographié. Observez le photographe photo­ graphiant. Surtout les jours d’hystérie médiatique, lors de l’université d’été du PS ou du festival de la fiction TV. Prenez soin de contempler la gestuelle et d’écouter les propos de mes « confrères ». Vous interpréterez mieux les réactions parfois virulentes de certaines personnes face à de soi-disant photographes de presse. Car le horschamp est l’espace privilégié par une poignée de photographes médiocres, humainement affligeants. La vulgarité de leur discours, du style « allez, Laura, fais-moi le sourire coquin que tu fais à ton mec au lit », révèle leur bassesse. Et annihile la déontologie irréprochable du plus grand nombre de photographes.

Ainsi se façonne l’image, avec des stars grimaçantes ou accomplissant ce doigt d’honneur, mérité, aux photographes. C’est l’image que le con-frère retiendra de son photo-call, photographie qui se retrouvera en Une d’un magazine people, non légendée mais titrée « Elle pète un câble ». Car derrière la fenêtre se profilent des intentions stratégiques, commerciales et crapuleuses que l’on ne voit pas. Que l’on n’entend pas. Apprenez également à mieux connaître vos stars préférées. Celles qui vous font chanter sous la douche et vibrer sous la couette à paillettes. Car le hors-champ est aussi cet espace de communication où l’artiste aménage ses conditions et impose son veto. Quelques chanteurs se sont vu pousser des ailes de midinettes et de censeurs certains soirs d’été. Le « beau » Raphaël exige d’être photographié du côté de son profil droit. Quant à Bénabar, si friand de discours sur les libertés, il restreint la présence des photographes aux seuls accrédités pour le compte d’un quotidien. Indépendants et reporters d’agences, dehors. La photographie se construit inévita­ blement avec le hors-champ. Si l’image ne ment pas en soi, on ment sur l’image. À vous d’être vigilant à sa lecture, afin de déjouer ce qui peut se tramer derrière les images. • * photographe Danse, exposition de Julien Chauvet à l’Astrolabe, La Rochelle, du 7 au 23 octobre 2009

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rue du monde

interview éric fottorino

« J’ai appris à aimer ce Monde en noir et gris... » Éric Fottorino est un grimpeur. Fondu de cyclisme, il a des courses et des cols dans les cuisses. Il a aussi connu l’ascension au journal Le Monde. Entré à la rédaction en 1986, il est devenu président du groupe La Vie-Le Monde en 2008. Son Tourmalet.

D

epuis 1991 il écrit. Des romans, des essais. Et depuis toujours il passe ses vacances dans la maison familiale, près de La Rochelle. Ville d’adoption d’un fils adopté. En épousant Michel Fottorino, sa mère a donné un père à Éric, alors âgé de 9 ans. Aujourd’hui, il le place au cœur de L’homme qui m’aimait tout bas*, son dernier récit, écrit comme un lien pour retisser le fil d’une vie, tenter de donner sens au suicide de ce père, en 2008, sur un parking de La Rochelle. Expressions : Éric Fottorino, les premières phrases de ce livre claquent comme une détonation, les dernières comme une forme d’échec. L’écriture permet-elle malgré tout de trouver la paix ? Éric Fottorino : Dans ce cas précis de la mort brutale de mon père, elle permet d’accepter mieux sa disparition, sans pour autant la comprendre. Lorsque j’ai écrit, c’est que je ne pouvais pas parler. Les mots et les sentiments bouillonnaient en moi, sans que je sois capable de les exprimer oralement à quiconque. L’écriture m’a secouru, m’a permis d’effectuer ce passage particulier qui fait qu’un être aimé et vivant devient un être regretté et mort. Ce père, c’est lui qui vous a soufflé la passion du sport cycliste… C’est lui aussi qui vous a discrètement fait découvrir Le Monde, n’est-ce pas ? Quand j’ai mis un terme à mes activités cyclistes en 1979, j’ai entrepris des études de droit à La Rochelle.

À cette époque je m’intéressais peu à l’actualité. Ma culture politique et économique laissait vraiment à désirer. Un matin, mon père a posé ce journal sur une chaise de la cuisine, tout en se gardant bien de le lire. Il préférait Le Canard enchaîné ! Sur le coup je n’ai pas réalisé qu’il m’ouvrait là une voie d’une richesse insoupçonnée. Je trouvais ce journal impressionnant, un peu hermétique. Il a fallu entrer dans cette mine d’encre, et j’ai appris à aimer ce Monde en noir et gris… Quels souvenirs gardez-vous de La Rochelle à l’époque ? Le souvenir de la lumière, une lumière éclatante qui me faisait cligner des yeux dès les premiers jours du printemps. Je me souviens aussi d’une journée ville morte, avec entre les deux tours une immense banderole : La Rochelle, ville assiégée, 6 000 chômeurs. Nous étions nombreux à défiler derrière Michel Crépeau, le manteau sombre pris dans son écharpe tricolore. On fermait des chantiers navals, les concurrents coréens étaient moins chers. La mondialisation ne date pas d’aujourd’hui. Vous n’êtes pas un Parisien de plus qui passe l’été entre Rochelle et Ré. À Esnandes, vous retrouvez la maison familiale. Le lieu et le temps d’ouvrir cette année le chantier d’un nouveau récit ?... Non, je n’ai pas écrit. Le livre sur mon père m’a laissé vide et dans une certaine interrogation. J’écris depuis vingt ans et chacun de mes livres a été marqué par sa >

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rue du monde

< présence. Je me suis même demandé si j’allais écrire encore. Je crois que oui, mais il faut attendre. J’aime ces moments d’indétermination, où tout est encore possible. J’aimerais écrire un roman autour du temps qui passe... Mais Proust l’a fait tellement bien ! Il me semble que la vie est courte, au fond, et que l’écriture aide à la ralentir. Vous allez de toute façon, une nouvelle fois, vous trouver devant une page blanche. C’est un peu l’attaque d’un col, non ? Quelle sorte de vélo enfourchez-vous au moment d’écrire ? La page blanche, ça m’excite. Si c’est un col, alors c’est la descente, la plongée à tombeau ouvert. Pas vraiment d’angoisse. Une fois que c’est commencé, le plus difficile est de s’arrêter, décider que c’est fini. Un seul livre ne peut pas tout accueillir de nos sentiments. Il faut en garder sous la pédale… Et quelle sorte de vélo avez-vous enfourché en 2001 en vous engageant avec Le Monde dans le Grand Prix du Midi Libre. Un petit vélo qui n’avait cessé de tourner dans ma tête. Les années passaient, mes rêves de Tour de France se dissipaient. Puis j’ai forcé une opportunité : disputer le Midi Libre, courir avec les pros. J’ai été accueilli à La Française des Jeux. Passé la période d’adaptation et 5 000 km d’entraînement, ils disaient que j’étais membre de l’équipe ! Vous aviez abandonné la compétition 20 ans plus tôt, dressant le constat d’un sport corrompu et, là, vous disiez « Porter une idée plus haute que soi »... Oui, c’était vouloir affirmer modestement que le sport cycliste reste magnifique par le dépassement de soi qu’il suppose, à condition de respecter une certaine éthique. L’enjeu de cette épreuve était en effet de montrer que, bien entraîné, dans les limites de ce qui est permis à un cycliste, je pouvais rouler à vive allure, à 40 ans, sans recourir à des stimulants. Le monde, justement, continue de tourner... même lorsque vous êtes en vacances. Début août, votre journal allait publier un sondage sur les dix ans de règne de Mohamed VI en association avec le magazine marocain TelQuel. Le roi a exercé sa censure. Comment avez-vous réagi ? Cette initiative était de nature à montrer la volonté d’ouverture de la monarchie marocaine. Pour justifier cette interdiction, les autorités ont considéré que la Monarchie ne saurait être « mise en équation ». Je regrette profondément que TelQuel ait été saisi et

pilonné. On ne voit cela que dans les États autoritaires voire dictatoriaux. Depuis Esnandes, j’ai écrit un éditorial à la Une du Monde pour dénoncer l’illégalité du procédé. C’est une dangereuse dérive du pouvoir sur la liberté de la presse. Mais cela se passe au Maroc, sous une monarchie. Et en république, en France ? Certes c’est une monarchie, mais elle prétend partager les valeurs de l’Europe. Sans doute le roi sait-il mieux ce que peut accepter son peuple, quand il dit qu’il avance au rythme du Maroc, qui n’est bien sûr pas le nôtre. Au Monde nous sommes particulièrement sensibles au respect des libertés individuelles, d’une justice équitable. Je n’ai pas souvenir de semblables actions récentes dans notre pays. Mais je n’oublie pas que des écoutes officieuses et toutefois bien réelles ont été conduites en France sous un gouvernement de gauche. Le Monde a subi des crises au long de sa vie. Vous avez fait face à la dernière dès votre arrivée à la présidence : suppressions d’emplois, vente d’actifs déficitaires, tensions entre l’édition papier et l’édition électronique. Des décisions pénibles, contestées, ont été prises. Quel est à présent votre projet pour le quotidien ? La tâche est difficile. Il s’agit à la fois de redresser un journal déficitaire depuis des années, bien qu’il soit une véritable institution dans notre pays, et de réinventer un modèle économique de presse sur tous les supports de la modernité, au papier s’ajoutant le web et le mobile, en attendant certainement d’autres formes de dématérialisation. Mon ambition est de transformer encore Le Monde pour qu’il soit plus que jamais un journal de son époque, capable de l’éclairer, de la faire comprendre, voire de la faire aimer, c’est-à-dire de l’expliquer pour la rendre moins anxiogène. Le Monde est associé au partage du savoir, de la connaissance, de la réflexion. Êtes-vous un président, un écrivain, un cycliste, un homme heureux ? La question du bonheur est toujours relative. C’est un peu comme le ciel de Charente-Maritime, nuages, éclaircies, grand soleil et un peu de pluie. Toujours de la lumière vive, une lumière vitale. Je suis heureux de façon contrastée, cyclique, avec des états qui changent au fil des heures et des jours… • Propos recueillis par Élian Monteiro Da Silva * Gallimard, 2009.

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à la rue

dossier le financement des festivals

… des lieux, des artistes et des gros sous Chaque année en France, plus de 2 200 festivals fleurissent, de tout genre et de tout style – la région Poitou-Charentes étant bien pourvue en ce domaine avec 300 événements dont 72 de musiques actuelles.

N

ous nous sommes intéressés à quatre rendez-vous musicaux dont la renommée dépasse les frontières régionales et qui entament chaque année une exténuante course aux budgets et à leur équilibre comptable : les Francofolies de La Rochelle, Blues Passion de Cognac, la Garden Nef Party d’Angoulême et Rochefort-en-Accords à Rochefort-sur-Mer.

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inancements publics F et politique culturelle Les Francofolies ont été créées en 1985 par Jean-Louis Foulquier avec le soutien indéfectible de Michel Crépeau, le maire de l’époque. Aujourd’hui elles sont devenues, et de loin, le festival le plus populaire (80 000 entrées en cinq jours) et au plus gros budget. Géré par la société Morgane dirigée par Gérard Pont, celui-ci s’élève en 2009 à 4 100 000 € dont 30 % (soit 1 230 000 €) proviennent des dotations de la Région, du Département et de la Ville,


dans la rue

Francofolies, Blues Passion, Garden Nef Party et Rochefort-en-Accords : un même entrain… des résultats contrastés.

à parts à peu près égales, et de la DRAC à un niveau moindre, la tendance étant de ce côté à la réduction des budgets. Notons que l’apport de la Région représente 10 % du montant total du budget (402 000 € exactement), c’est-à-dire l’aide maximale qui peut être accordée par la collectivité à un festival. En comparaison, Blues Passion à Cognac, une association sous la direction de Michel Rolland, est encore jeune (naissance en 1994) et opère dans un registre moins grand public – le blues et la musique afroaméricaine –, mais bénéficie de l’attrait, de l’apport financier et de la logistique des maisons de cognac. Cette année, 1 600 000 € ont été dépensés pour accueillir les artistes et 20 000 spectateurs payants pendant six jours. L’aide publique s’élève à 336 000 € (21 %) dont la majeure partie provient de la Ville (plus de 190 000 €), le reste (146 000€) étant pris en charge par la Région et le Département. Depuis sa création en 2006, malgré ou à cause de têtes d’affiche comme Placebo, Iggy Pop ou Franz Ferdinand, la Garden Nef Party – sous l’égide de l’association Dingo-La Nef, avec comme directeur Jean-Louis Menanteau, et de la société coproductrice O’Spectacles – est toujours déficitaire, situation généralisée des festivals français lors de leurs premières éditions. En 2009, le budget total avoisine 1 100 000 € HT dont 16,5 % d’apports de la Région, de la Ville et de l’Agglomération à parts égales (environ 50 000 € chacune), et du Département dont la subvention a diminué de plus de la moitié entre 2008 et 2009, passant de 44 000 à 20 000 €. Au bas de l’échelle budgétaire, Rocheforten-Accords, créé grâce à un accord entre le maire de Rochefort Bernard Grasset et Ségolène Royal, est depuis sa deuxième édition en 2006 un festival directement géré par la Ville, dirigé par son directeur des affaires culturelles Jean-Luc Parouty. Une > un magazine à l’ouest 13


à la rue

< exception dans le paysage des festivals. D’un budget d’à peu près 120 000 € HT, les contributions publiques constituent l’essentiel, la Région apportant 25 000 €, le Département 7 000 € et la Ville 50 000 €. Rappelons que trois de ces festivals sont urbains (La Rochelle, Cognac et Rochefort), se déroulant même en centre-ville, le quatrième (Angoulême) prenant place en proche périphérie. Les différentes mairies leur apportent des contributions logistiques indispensables, n’apparaissant pourtant pas dans les bilans. Il s’agit en particulier de la mise à disposition de lieux de concert, de leur aménagement (à La Rochelle, le parking Saint-Jean-d’Acre est ainsi recouvert d’une couche de béton détruite après les Francofolies), de l’intervention de personnels municipaux ou encore d’une participation à la diffusion de la communication de l’événement. À titre d’exemple, pour l’édition 2009 de la Garden Nef Party, la valorisation de l’aide technique apportée par la Ville d’Angou­ lême s’élève à 60 000 €. Recherche logo désespérément En plus des subventions, les producteurs doivent recourir aux financements privés pour constituer un budget suffisant et se prémunir au mieux des aléas de la billetterie. Fortes de leurs 25 ans d’expérience, les Francofolies disposent d’une équipe étoffée, disponible toute l’année et rompue à la recherche de partenaires. Elles sont de loin les plus efficaces pour démarcher et gérer les clients privés investissant dans des opérations de communication et de relations publiques. Lors de l’édition 2009, le total des investissements privés s’élève à 1 230 000 €, soit 30 % du budget total. Cet argent provient majoritairement des « annonceurs-titre » du festival, qui bénéficient d’une forte exposition dans la campagne média, leurs logos étant présents sur tous les supports (affiches, flyers, scènes…), mais aussi du Club Entreprises, qui permet aux sociétés locales d’offrir des avantages VIP à leurs collaborateurs et clients. À noter que, comme sur la plupart des événements, les recettes des bars et du merchandising (entre 7 et 10 %) s’ajoutent aux partenariats dans la ligne budgétaire des financements privés. Avec 30 % du budget issus de fonds privés (l’équivalent de 480 000 €), le Blues Passion 14 expressions

de Cognac tire lui aussi son épingle du jeu. Le festival représente une belle occasion pour les producteurs de cognac de faire leur promotion auprès des amateurs de blues, qui dépensent sans rechigner leurs « devises » lors de leur séjour en Charente. Mais ces sponsors, s’ils participent incontestablement à la bonne santé financière du festival, ne sont pas toujours du goût de certains artistes, qui ne souhaitent pas être associés à une affiche alcoolisée. Pour les événements à l’existence plus récente, face à la concurrence des 72 festivals de musiques actuelles en PoitouCharentes, la conquête de financements privés est plus ardue. Après quatre éditions, la Garden Nef Party d’Angoulême ne peut compter que sur un apport modeste d’environ 280 000 € HT (25 % du budget total en 2009) qui se répartit ainsi : 54 000 € HT (4,9 % des recettes) de la part de partenaires, 160 000 € HT (14,5 %, pourcentage très impressionnant !) provenant des bars et 66 000 € HT (6 %) de recettes « annexes » (merchandising, exposants, campings…). Un chiffre qui, s’il est insuffisant pour que l’équipe de la Garden puisse travailler en toute sérénité, permet aux spectateurs de ne pas se sentir trop oppressés par la communication des partenaires. Le Petit Poucet de notre quatuor souffre lui aussi d’un déficit certain d’aides privées. Et pour cause. Rochefort-en-Accords, avec son statut de « festival municipal », évolue sur la corde raide, tant l’argent public est difficile à concilier avec des financements privés. Lâché par le centre E. Leclerc (pour un montant de 4 500 €), le festival affiche en 2009 une liste de partenaires exclusivement centrée sur les échanges et les aides logistiques (les médias en particulier), non pourvoyeurs de contributions financières directes. Un handicap certain pour installer et structurer durablement le festival. Artistique : l’envolée des cachets Tous les producteurs sont unanimes : les budgets artistiques ont explosé ces dernières années. On sait déjà que les têtes d’affiche anglo-saxonnes ont pratiquement doublé leurs prix en moins de dix ans, et les Français suivent la même voie, même si l’augmentation est moins spectaculaire (plus de 50 % quand même). D’autant que, comme l’indique Maryz Bessaguet, responsable de la communication des Francos, les discussions ne se font

La motivation du public n’est pas suffisante pour assurer l’équilibre financier des festivals.


dans la rue

Petit comparatif des forces en présence Francofolies 7 scènes dont la grande scène Saint-Jean-d’Acre 400 personnes rémunérées, peu ou pas de bénévoles (dès le début, Jean-Louis Foulquier a tenu à ce que tous les intervenants soient payés) 80 000 spectateurs en 5 jours 900 000 € de budget technique Blues Passion 5 scènes dont une à Jarnac 300 personnes dont 100 intermittents et 200 bénévoles 20 000 entrées en 5 jours 480 000 € de budget technique Garden Nef Party 2 scènes sur le même site de la Ferme des Valettes 900 personnes dont 300 professionnels (intermittents et staff des groupes), 300 bénévoles et 300 mises à disposition par les différents services municipaux. 19 000 spectateurs en 2 jours 270 000 € de budget technique (dont hébergement) Rochefort-en-Accords 8 scènes dont le Pont transbordeur et le Clos La Pérouse 65 personnes dont 20 salariés intermittents (technique) et 45 bénévoles 5 000 spectateurs en 3 jours 30 000 € de budget technique

plus uniquement avec les tourneurs, mais aussi avec les producteurs dont les protégés désirent de plus en plus proposer des spectacles conceptuels aux décors souvent coûteux. À La Rochelle, Gérard Pont, aidé par Kevin Douvillez et Delphine Lagache pour les Francos Juniors, décide de la programmation et mène les négociations avec les agents des artistes. En 2009, 1 000 000 €* ont été dévolus à l’artistique. D’ailleurs, les prix d’entrée sur la scène de Saint-Jeand’Acre, entre 29 et 37 €, varient fort logiquement en fonction de l’accumulation des différents cachets. Même situation à Cognac où il en coûtait, par exemple, 49 € pour voir BB King (payé 110 000 € avec toute son équipe, mais qui a fait le plein avec près de 6 500 spectateurs), 32 € pour l’affiche Susan Tedeschi/Charlie Winston et seulement 24 € pour James Hunter. Dans la ville des alambics, Michel Rolland prend seul la responsabilité de la programmation, se rendant plusieurs fois par an aux États-Unis, notamment à la Nouvelle-Orléans et à Chicago, et au Canada pour rechercher ses futurs invités. Toutes scènes confondues, le coût de l’artistique est estimé à 600 000 €. À Angoulême, la direction artistique est exercée conjointement par JeanLouis Menanteau et le tourneur angevin Christophe Doudou Davy (Radical Production) dans une optique rock, avec quelques détours par l’électro. Cette année, l’enveloppe a été légèrement revue à la baisse, mais demeure consistante avec 600 000 € HT (la moitié du budget). Enfin, à Rochefort, la mairie a attribué un peu plus de 28 000 € (montant inchangé par rapport à 2008) au programmateur Karel Beer pour prendre en charge les cachets et les déplacements de la vingtaine de musiciens, contactés directement, qui touchent tous la même rétribution. éalités d’aujourd’hui, décisions R de demain, rêves de toujours Au final, seules les Francofolies parviennent à afficher un résultat positif en 2009. Du côté de Cognac, le Blues Passion est légèrement déficitaire suite à la prestation annulée (en cours de remboursement) pour cause d’orage de James Hunter et à l’audience décevante (3 000 spectateurs) du concert de Raphael Saadiq, pourtant > un magazine à l’ouest 15


à la rue

Préférence régionale

D

’aucuns prétendent que le dynamisme d’un territoire se mesure à son offre culturelle. Si l’information était confirmée, force serait de constater qu’en la matière notre belle région compterait parmi les leaders nationaux. Le PoitouCharentes s’est en effet autoproclamé « Région aux 300 festivals », se targuant pour 2008 d’une fréquentation dépassant les 300 000 entrées payantes sur les différents événements. Un atout dont le conseil régional se gargarise dans un clip diffusé sur son site Internet. Pourtant, si l’institution tire à elle la couverture de l’événementiel, elle n’apporte pas pour autant une aide à tous les festivals locaux et seules 37 manifestations (à peine plus de 10 %), dont 13 festivals de musiques actuelles (sur 72 !), ont été déclarées « d’intérêt régional ». Dans ce contexte 16 expressions

très concurrentiel, nos quatre festivals répondent aux critères de recevabilité. Les Francofolies et le Blues Passion entrent dans la catégorie des festivals à « rayonnement national et international », tandis que la Garden Nef Party apporte une « assise régionale fédérant des initiatives et des acteurs autour d’une esthétique particulière » et Rochefort-en-Accords est « reconnu en tant qu’acteur structurant de développement culturel de son territoire ». Ne communiquant pas pour l’heure sur de nouveaux critères d’attribution, la Région a cependant récemment annoncé son intention d’augmenter son soutien aux manifestations et aux scènes de musiques actuelles. La question se pose donc de savoir qui, parmi les festivals « installés » ou les événements récents, bénéficiera le plus de ces nouvelles aides ? •

< excellent. À Angoulême, les déficits chroniques de la Garden Nef Party – les pertes de cette édition ayant ont été endossées par le producteur O’Spectacles – amènent les organisateurs à réfléchir à de nouveaux dispositifs. Ils envisagent de créer une structure indépendante de l’association Dingo-La Nef (déjà en charge en gestion de la salle de musiques actuelles d’Angoulême), uniquement dédiée à l’organisation du festival, afin d’en simplifier le fonctionnement et de « rassurer » les investisseurs tant publics que privés. Pour détendre l’atmosphère, et parce que les chiffres ne sont pas l’unique reflet d’un festival, nous avons recueilli les désirs artistiques de nos interlocuteurs et leurs envies de programmation pour les éditions à venir. Aux Francos, Maryz Bessaguet imagine Noir Désir au pied des tours. Michel Rolland aimerait accueillir à Blues Passion Éric Clapton (difficile depuis qu’il est en froid avec l’alcool), ZZ Top, Bob Dylan, Ben Harper ou Tom Waits. Jean-Louis Menanteau et Davy envisagent volontiers la venue des Arctic Monkeys, Queens of The Stone Age, Strokes, Sonic Youth et autres PJ Harvey sur le beau site de la Ferme des Valettes à Angoulême. À Rochefort, on verrait bien Robert Wyatt, David Gilmour, Phil Manzanera, Robert Plant, Josh Homme, Chris Goss, Beth Gibbons et Jack White apparaître en lettres d’or sur l’affiche de Rochefort-en-Accords. Les rêves sont tenaces et servent encore de moteurs à ces entreprises ! • * Tous ces chiffres sont hors hébergement et restauration. Sujet à quatre mains joué par Philippe Thieyre (interviews Francofolies et Blues Passion) et Pierre Labardant (Garden Nef Party et Rochefort-en-Accords). Merci pour leur disponibilité à Maryz Bessaguet et Laurence Guinot-Bourg (Francofolies), Michel Rolland (Blues Passion), Jean-Louis Menanteau et Charlotte Donnadieu (Garden Nef Party), Jean-Luc Parouty (Rochefort-en-Accords) et Anne Loussouarn (Pôle régional des musiques actuelles). Pour suivre l’actualité des quatre festivals : www.francofolies.fr www.bluespassions.com www.gardennefparty.com www.rochefort-en-accords.fr


rue pture

rochefort andreas dettloff

Loti , un jeune marié sous rayons

A

Peut-on réduire une île à son image idylique et marchande ?

ndreas Dettloff est capable de tatouer Mickey à la manière d’un chef maori et de le glisser dans l’alignement des statues de l’île de Pâques. Il a aussi fleurdelisé un crâne, assurant qu’il s’agit de la tête emperruquée de Louis XVI. Il prétend de même avoir retrouvé (et restitué par voie postale à sa famille) le crâne de Gauguin. Autant de réinterprétations des figures ou symboles de nos sociétés croisant le sacré et le profane, la farce et le réel, dans un perpétuel désir d’« ailleurs ».

Partageant avec Dettloff un intérêt pour l’art océanien, le musée d’Art et d’Histoire a invité le plasticien à évoquer Pierre Loti en sa période polynésienne, celle des clichés d’époque où il pose en jupe traditionnelle – mais, par le jeu du photomontage, on lui voit en main une cannette de boisson gazeuse américaine. Andreas Dettloff vit à Papeete. Les deux hommes se sont « rencontrés » là, tout près de l’endroit où Loti lui-même, en rêve et en livre, connut la douce Rarahu. À qui profite le crâne ? L’exposition a deux entrées : l’une est rétrospective (Carte mer, Grand colon colonisé...) ; l’autre révèle les plus récentes recherches de l’artiste sur ce « rose » Loti, ainsi joliment nommé par la reine Pomaré lorsqu’elle vit accoster le jeune officier de marine. Un nom de fleur, de romancier, un nom de roman d’abord. Dettloff plonge dans son premier, le Mariage de Loti : il en ressort tenant la robe des noces de Rarahu, les assiettes offertes par Pomaré aux motifs qui décoiffent – un pétomane, un champignon de Paris né des jeux nucléaires de Mururoa, sans doute. S’il veut parler aux explorateurs qui s’en sont emparés et aux musées d’Occident qui ont du mal à les restituer, Dettloff sculpte des crânes rituels… à la gloire de Coca ou de Colgate ! Il ne juge pas, il pose la question : peut-on détourner la tradition à des fins commerciales ? Peut-on réduire une île à son image idyllique et marchande ? Le crâne le plus imposant de la série (cf. photo ci-contre), Dettloff l’a réalisé en résidence durant le mois de juin qui a précédé l’inauguration de cette installation titrée « À l’artiste polynésien inconnu ». Ici il joue à brouiller les pistes et les identités. Dans Né sous X, il observe la radiographie de son propre corps présenté comme étant celui de Loti, avec un fait saillant comme un os : le squelette est marqué de tattoos marquisiens, preuve que Loti et Dettloff, l’un charentais-maritime, l’autre allemand d’origine, sont tahitiens de l’intérieur. « Avec Internet, des termes comme artiste français, allemand, chinois où polynésien font-ils encore sens ? Ne sommes-nous pas tous des artistes d’origine inconnue, nés sous X ? » se demande le plasticien. À vérifier jusqu’au 31 décembre. • Élian Monteiro Da Silva un magazine à l’ouest 17


rue pella

la rochelle les musées d’art et d’histoire

Dépoussiérage

Les musées – ces demeures que nous avons offertes aux muses pour qu’elles poursuivent leurs rêveries d’harmonie, leurs dialogues intemporels – nous parlent de nous, humains d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui.

L

a définition officielle donnée en 1946 par l’ICOM (organisation internationale des musées et professionnels des musées) précise la mission de ces lieux : « Au service de la société, ouverts au public, ils conservent, étudient, exposent et transmettent le patrimoine de l’humanité à des fins d’étude, d’éducation et de délectation »… Des lustres que nous avons exilé de notre vocabulaire courant ce mot « délectation », un brin désuet, mais qui parle bien de ce bonheur, de ce grand plaisir artistique, épidermique même, que l’on peut éprouver dans un musée. La démarche d’Annick Notter, conservatrice en chef des trois musées d’art et d’histoire de La Rochelle (Orbigny, NouveauMonde et Beaux-Arts) en poste depuis 21 mois, fait avancer de front tout ce qui peut ouvrir, apporter plus de convivialité. Le résultat global de fréquentation pour la saison 2008/2009 : une augmentation de 16,77 % du public enfants (4 867 entrées) et de 16 % du public adulte (29 022 entrées). 18 expressions

Le jeune public trouve dans les trois musées un accueil et des propositions à sa taille : visites thématiques, ateliers d’approche des sujets, concerts, ateliers musique du monde etc. Et cet été, pour les enfants qui ne partaient pas en vacances, le service culturel et pédagogique des musées a organisé et offert une journée complète « découverte ateliers ». Au cœur du sujet Accrochages, acquisitions, restaurations, expos temporaires créent une perpétuelle activité. Au musée des Beaux-Arts, un nouvel accrochage a lieu tous les six mois ; ce sont les vingt employés des trois musées qui ont fait le choix des œuvres pour le deuxième réaccrochage, et les œuvres pour le troisième, en novembre, seront choisies par les élèves du lycée Dautet. Après l’expo temporaire sur l’histoire du Grand Siège de La Rochelle, place sera faite à partir du 17 octobre à Marie Stuart, sa vie, son destin (musée de Beaux-Arts) et un nouveau cycle de conférences est proposé un lundi sur deux. Cette vie qui traverse les trois musées finira bien par avoir raison de l’image poussiéreuse que certains s’en font, mais c’est un travail de longue haleine. Laissons à ce sujet la conclusion à Annick Notter : « Il y a encore beaucoup à faire, des choses à changer, à améliorer ; la communication est à revoir pour plus de présence, par exemple la très belle expo d’Orlan n’a pas eu tout le public qu’elle méritait !… L’accueil des scolaires est à élargir également… et il n’y a pas d’accès pour les handicapés, mais ça va venir ! » • Dany Huc + Guide du musée du Nouveau-Monde (nlle éd.) La Traite rochelaise - J.M. Deveau Le Siège de La Rochelle - De Vaux de Foletier Catalogue expo faïences rochelaises Fromentin - Barbara Wright Plus d’infos : Beaux-Arts : 05 46 41 46 50 Orbigny : 05 46 41 18 83 Nouveau-Monde : 05 46 41 64 65 www.ville-larochelle.fr


agenda octobre + novembre 2009

Envoyez vos informations à agenda@magazine-expressions.com

Musique

Expositions

Spectacles

Littérature

Jeune public

OCT

audiovisuel

dimanche 04 ■ Vibrations + Visions Ouverture de saison du Carré Amelot avec K. Attou Carré Amelot - La Rochelle 05 46 51 14 70

jeudi 01 ■ « 7 » à La Rochelle Photographie plasticienne Chapelle des Dames-Blanches La Rochelle - 11h - 19h Jusqu’au 04 octobre

mardi 06

■ Empreintes du temps, Écriture d’espace Gwenn Le Pape Tonnellerie de Brouage 05 16 97 13 94 Jusqu’au 01 novembre

■ Chantier Naval Claudie-Catherine Landy Théâtre Toujours à l’Horizon La Rochelle - 05 46 42 05 58 Jusqu’au 11 octobre

■ D’ici on pourrait croire que la vue est imprenable Rémy Hysbergue FRAC Poitou-Charentes Angoulême - 05 45 92 87 01 Jusqu’au 12 décembre

■ Anokha Kader Attou La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00

■ Rentrée des créateurs Les artisans exposent leur vision de l’an 2010 Pôle rég. métiers d’art - Niort 05 49 17 92 00 Jusqu’au 7 novembre ■ Luvy Fleurs, natures mortes, marines et cubisme Espace Expressions Macif-Smip Niort - Entrée libre Jusqu’au 17 novembre ■ J’en parle à ma fenêtre Marie-Rose Lortet Musée B. d’Agesci - Niort 05 49 78 72 04 Jusqu’au 18 octobre ■ Donation Ouvrad Exposition peinture Donjon - Niort Jusqu’au 30 novembre ■ Rencontre de la jeune photographie internationale Invité A. Rafaël Minkkinen Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 Jusqu’au 25 octobre ■ Nova Fuzz Concert Jazz Bar du marché - Niort - 20h 05 49 08 26 07

■ Anokha Kader Attou La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00

merdcredi 07 mercredi 07 ■ danse Exposition de photos de Julien Chauvet, dans le cadre des Essais Chorégraphiques 2009. L’ Astrolabe - Vernissage le jeudi 8 à 18h30 Exposition jusqu’au 23 octobre 05 46 67 47 67

■ Le vélo = liberté, égalité, fraternité ! Lectures par V. Descamps Médiathèque - LR - 17h30 05 46 45 71 49 ■ Danse Photos de Julien Chauvet L ’Astrolabe - La Rochelle 05 46 67 47 67 Jusqu’au 23 octobre

■ Comment réussir un bon Couscous De Fellag, avec Bruno Ricci Fourriers - Rochefort - 20h30 05 46 82 15 15

■ Pourquoi j’ai mangé mon père Théâtre Petit Th. Jean-Richard - Niort 06 37 39 60 10

jeudi 08

■ Apéros volubilis Cie Volubilis Moulin du Roc - Niort - 18h 05 49 77 32 32

samedi 03

■ Awek Concert Blues L ’Azile - La Rochelle - 21h09 05 46 00 19 19

vendredi 02 ■ Comment réussir un bon Couscous De Fellag, avec Bruno Ricci Fourriers - Rochefort - 20h30 05 46 82 15 15 ■ Buridane + Camel A + Guillaume Ledoux Concert La Poudrière - Rochefort - 20h30 05 46 82 67 77 ■ La littérature américaine contemporaine Conf. Pierre-Yves Pétillon Médiathèque - LR - 18h30 05 46 45 71 49

■ Pourquoi j’ai mangé mon père Théâtre Petit Th. Jean-Richard - Niort 06 37 39 60 10 ■ Puppetmastaz + Maniacs Hip hop électro Espace Leclerc - Niort - 20h30 05 49 17 39 17

■ Lee Nevak Jazz indo-manouche Patronage laïque - 20h30 Niort - 05 49 17 06 11

■ Napalm Death + The Washingtonians + Vernissage 30 ans de Fanzines à poitiers Concert et vernissage Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08

■ Danse et musique Tang’ochos Patronage laïque - 20h30 Niort - 05 49 17 06 11

■ Collectif AOC Cirques Chapiteau Stade Rouge Rochefort - 05 46 82 15 15 Jusqu’au 10 octobre

■ De New-York à Paris : 1001 comédies musicales C. C. Création Dompierre Salle F. Rieux - Dompierre 05 46 68 19 22

■ Jazz combo box + Jurassik funk Funk jazz Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45

Divers

■ Un bol de Ribes 5 textes de J-M. Ribes Tréteau des 2 tours - LR 05 46 41 89 35 Jusqu’au 11 octobre vendredi 09 ■ jazz combo box Jazz L’Entr’Acte - Niort - 22h 05 49 26 31 07 ■ Le son du K + Pateras + Fax / Antoine Chessex + Robin for laser Show + Pivixki Concert Le Confort Moderne- Poitiers 05 49 46 08 08 ■ Atelier du Regard Par Julie Salgues L ’Astrolabe - La Rochelle 05 46 67 47 67 ■ AntÓnio Zambujo Fado La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Izai + The Dodoz + Neïmo Punk rock Esp. Leclerc - Niort - 20h30 05 49 17 39 17 ■ Le Cercle des désespérés Comédie L ’Azile - La Rochelle 05 46 00 19 19 Jusqu’au 11 octobre ■ Trois grands-mères prennent le large Jazz Patronage laïque - 20h30 Niort - 05 49 17 06 11 samedi 10 ■ Le vélo = liberté, égalité, fraternité ! « Les triplettes de Belleville » Médiathèque - LR - 14h30 05 46 45 71 49 dimanche 11 ■ Jazz entre les 2 tours Festival de jazz La Rochelle - 05 46 27 11 19 Jusqu’au 17 octobre ■ Shannon Wright + Jeremy Jay + Jil is lucky Concert Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08


agenda

Musique lundi 12 ■ Marduk + Vader + Fleshgod apocalypse + The Ordher Black metal Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45 ■ Britanicus Texte de Racine - mise en scène Laurence Andreini Fabrique du Vélodrome La Rochelle - 05 46 27 12 12 Jusqu’au 17 octobre mardi 13 ■ La vie devant soi De Romain Gary - mise en scène Didier Long La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Une maison de poupée Texte d’Ibsen Moulin du Roc - Niort - 20h30 05 49 77 32 32 ■ Les Coréades Musique classique Parc Expos - Niort - 20h30 05 49 78 71 10 mercredi 14 ■ La vie devant soi De Romain Gary - mise en scène Didier Long La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Une maison de poupée Texte d’Ibsen Moulin du Roc - Niort - 20h30 05 49 77 32 32 ■ Les Coréades Musique classique Parc Expos - Niort - 20h30 05 49 78 71 10 ■ Madame de Sade Texte Yukio Mishima mise en scène J. Vincey La Coursive - La Rochelle 05 46 51 54 00 Jusqu'au 17 octobre ■ Le bain Éclats chorégraphiques Cie Les Baigneurs L ’Astrolabe - LR - 19h 05 46 67 47 67 ■ What did you say ? Éclats chorégraphiques Cie Zahrbat Chapelle Fromentin - LR - 21h 05 46 00 00 46 ■ Dervish in progress Éclats chorégraphiques Cie Ziya Azazi Chapelle Fromentin - LR - 21h 05 46 00 00 46 ■ Une danseuse dans la Bibliothèque Éclats chorégraphiques Cie Fanfare Blême Médiathèque - LR 05 46 45 71 71

Expositions

■ Passeurs de monde(s) Rencontres littéraires Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes 05 49 88 80 29 Jusqu’au 23 octobre jeudi 15 ■ Le P.A.R.D.I Éclats chorégraphiques Cie Volubilis L’ A4 - St Jean d’Y - 20h30 05 46 59 40 40 ■ Duo Marie Carrié Jazz et chansons Bar du marché - Niort - 20h 05 49 08 26 07 vendredi 16 ■ L’Orchestre de chambre de Stuttgard Musique classique Moulin du Roc - Niort - 20h30 05 49 77 32 32 ■ The Vienna Chamber Orchestra Jurek Dybal La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Tableaux décadrés Éclats chorégraphiques Cie Herman Diephuis Hôtel Hèbre de St Clément Rochefort - 19h/20h/21h 05 46 82 15 15 ■ Fleur de Sel Cie Fleurs de peau Chansons & marionnettes Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70 ■ Un bol de Ribes 5 textes de J.-M. Ribes Tréteau des 2 tours - LR 05 46 41 89 35 Jusqu’au 18 octobre ■ Les droits des hommes courbes De et par Romain Bouteille L ’Azile - LR - 05 46 00 19 19 Jusqu’au 18 octobre

Spectacles

■ Les Squames Spectacle de rue Autour des halles - Niort - Matin ■ Magie à la grenadine Par la Cie Pest’acles Médiathèque - LR - 16h 05 46 45 71 49 ■ Cirque passion Par la Cie Volteface Médiathèque - LR - 16h 05 46 45 71 49 dimanche 18 ■ After le circuit « Toot » Musique improvisée Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08 lundi 19 ■ List’ic éclats chorégraphiques Collectif CdansC C. Beaulieu - Poitiers - 20h30 05 49 44 80 40 ■ Contremoi / Ali Cie Les Hommes penchés / Cie MPTA La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 mardi 20 ■ Contremoi / Ali Cie Les Hommes penchés / Cie MPTA La Coursive - LR - 19h00 05 46 51 54 00 ■ Mickey (3d) + Cécile Hercule Chanson Esp. Leclerc - Niort - 20h30 05 49 17 39 17 ■ Entracte éclats chorégraphiques Josef Nadj - A. Szelevényi Moulin du Roc - Niort - 20h30 05 49 77 32 32

Littérature

■ Gratdjo Jazz manouche - Café concert Camji - Niort - 19h 05 49 17 50 45 ■ Duel/Olivier Mellano Ciné-concert Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08 ■ Travailler, c’est trop dur ? Concert par les Jeunesses Musicales de France Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70 ■ Les rencontres Vidéo Association M’as-tu vu ? Courts métrages de jeunes réal. 06 67 47 85 88 Jusqu’au 25 octobre vendredi 23 ■ Travailler, c’est trop dur ? Jeunesses Musicales France Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70 ■ Ron Carter Jazz Concert jazz La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Magma Hard rock Moulin du Roc - Niort - 20h30 05 49 77 32 32 ■ Microfilm + Tanen Concert Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08 samedi 24 ■ Samuel Numan + Maloyaz World Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45 ■ Rue libre Arts de la rue Niort - 15h

samedi 17

■ Le grand C Cie XY La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00

■ Fleur de Sel Cie Fleurs de peau Chansons & marionnettes Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70

mercredi 21 ■ Le grand C Cie XY La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00

■ Le Circuit Festival itinérant en centre-ville Poitiers Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08

■ Tout ira bien Voix, piano et violoncelle avec Alex Beaupain Fourriers - Rochefort - 20h30 05 46 82 15 15

■ Revenge + Heaven’s Colt Concert Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08

■ Marie Stuart, une figure romantique Exposition temporaire Musée des Beaux-Arts - LR 05 46 41 46 50 Jusqu’au 18 janvier 2010

■ Dans ces z’eaux là éclats chorégraphiques Cie Immanence Théâtre de Bressuire - 20h45 05 49 74 46 30 jeudi 22

■ Mystères des fonds marins Par le musée vivant du roman d’aventure L ’Astrolabe - LR - 05 46 67 47 67 Jusqu’au 20 novembre

■ Dalila et Samson, par exemple éclats chorégraphiques Cie Herman Diephuis Théâtre de la Coupe d’Or Rochefort - 20h30 05 46 82 15 15

■ Guerilla poubelle + Charly fiasco + Nina’school Kill your elite tour 2009 Concert La Poudrière - Rochefort 05 46 82 67 77

■ 25 Festival International du film ornithologique Association Mainate Ménigoute (79) 05 49 69 90 09 Jusqu’au 1 novembre

lundi 26 ■ En marchant sur le fond de l’Océan Atelier de rue/Mireuil L ’Astrolabe - LR - 05 46 67 47 67 Jusqu’au 30 octobre mardi 27

e

jeudi 29 ■ Sliimy + Archimède Pop Esp. Leclerc - Niort - 20h30 05 49 17 39 17 ■ Le Clezio Conf. par Marina Salles Médiathèque - LR - 20h 05 46 45 71 49 samedi 31 ■ Il était une fois Roussia Théâtre de l’Alchimiste Médiathèque - LR - 16h 05 46 45 71 49

nov mercredi 04 ■ Callligrammes fête ses 25 ans Rencontre - éditions Zulma Centre Intermondes - LR 05 46 41 52 48 jeudi 05 ■ Marcel Kanche Chanson Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 ■ Raoul James Thierrée La Coursive - LR - 05 46 51 54 00 Jusqu’au 8 novembre vendredi 06 ■ Chapeau melon et ronds-de-cuir De Courteline L ’Azile - La Rochelle - 21h09 05 46 00 19 19 ■ Promenades La nouvelle compagnie Patronage laïque - 20h Niort - 05 49 17 06 11 ■ « Si Sydnet Bechet m’était conté » Avec le « Retro Jazz Band » Espace Encan - La Rochelle 05 46 45 90 90 ■ mémoire de papillon Cie GBEC avec Kader Attou Chapelle Fromentin, Centre chorégraphique national - LR 05 46 00 00 46 samedi 07 ■ Chapeau melon et ronds-de-cuir De Courteline L ’Azile - La Rochelle - 21h09 05 46 00 19 19 ■ Promenades La nouvelle compagnie Patronage laïque - 20h Niort - 05 49 17 06 11 ■ Hair Police + Papier Tigre Concert Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08


agenda

Jeune public

audiovisuel

Divers

■ Belmondo Frères « Hymne au soleil » La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Emel Mathlouthi Musique du monde Théâtre St Martin - LR - 20h30 05 46 67 47 67 mardi 17 ■ Festival OFNI #7 Nyktalop Mélodie Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08 ■ Les garçons et Guillaume, à table de et avec G. Galienne Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 lundi 09

■e escales documentaires 9 Festival international du documentaire de création de La Rochelle - co-réalisation Carré Amelot Carré Amelot - La Rochelle www.escalesdocumentaires.org - 05 46 42 34 16 Jusqu’au 15 novembre

■ Partage de midi De Paul Claudel Par Yves Beaunesne La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Il était une fois… Racines De Asso. Takama Mizik Créol - Par S. Mamadou La Fabrique du Vélodrome - LR 05 46 27 12 12 Jusqu’au 20 novembre

■ Mudweiser + 7 weeks + Loading Data Concert rock stoner Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45

jeudi 12

mercredi 18

■ Pauline Croze Concert variété XLR - Aytré - LR - 20h30 06 81 04 47 63

lundi 09

vendredi 13

■ Les garçons et Guillaume, à table De et avec G. Galienne Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32

■ Carte blanche à la Martigale J. Rouger et P. Ingueneau Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 Jusqu’au 15 novembre

■ Voyage musical en Europe Chœur de chambre de l’Abbaye aux Dames Gymnase de la Vieille Forme Rochefort - 20h30 05 46 82 15 15

■ 9e Festival International du documentaire de création de La Rochelle Escales documentaires / partenariat Carré Amelot Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70 Jusqu’au 15 novembre mardi 10 ■ Pâtacrêp Cie Choc Trio L’Estran (Marennes) 05 46 82 15 15 ■ Zoopsie Comedi D. Boivin & D. Rebaud La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00

■ Beat Assailant Concert hip hop électro XLR - Aytré - LR - 20h30 06 81 04 47 63 ■ Mago mentalista Compagnie Les Décatalogués L ’Astrolabe - LR - 20h30 05 46 67 47 67 ■ Kochise + Rab Concert punk/rock Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45 ■ Les Malpolis Chroniqueurs joyeux du désordre établi L ’Azile - LR 05 46 00 19 19

■ Carte blanche à Jean-marie Dallet Exposition interactive Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70 Jusqu’au 14 novembre

samedi 14

mercredi 11

■ Les Malpolis Chroniqueurs joyeux du désordre établi L ’Azile - La Rochelle 05 46 00 19 19

■ Zoopsie Comedi D. Boivin & D. Rebaud La Coursive - LR - 17h00 05 46 51 54 00

■ Peter Von Poehl & Revolver Concert pop XLR - Aytré - LR - 20h30 06 81 04 47 63

■ Partage de midi De Paul Claudel Par Yves Beaunesne La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Requiem de Mozart Indigo Production Espace encan - La Rochelle 05 46 45 90 90 jeudi 19 ■ Roberto Fonseca quartet Jazz Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 ■ Les musiques nomades de Lo’Jo La Poudrière Rochefort - 20h30 05 46 82 67 77 ■ Java + La Pompe Moderne Le Confort Moderne Poitiers - 05 49 46 08 08 ■ Festival du film d’aventure Ass. Latittude Sport Espace Encan - La Rochelle 09 60 16 05 27 Jusqu’au 21 novembre vendredi 20 ■ Arts Atlantic Salon d’art contemporain Espace Encan - La Rochelle 05 46 45 90 90 Jusqu’au 22 octobre


agenda

■ Karpatt + Fabien Bœuf Chanson/Slam Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45 ■ Les siècles François-Xavier Roth La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Claire Denamur Chanson Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 ■ Passez au salon Fête de la science Muséum d’Histoire Nat. - LR 05 46 45 87 74 ■ Petit Pierre De Suzanne Lebeau & Cie Carré Amelot - LR 05 46 51 14 70 samedi 21 ■ Passez au salon Fête de la science Muséum d’Histoire Nat. - LR 05 46 45 87 74 ■ The Pains of Being Pure at Heart + Pull (solo) Concert Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08 ■ Laurent Violet : la tuerie de l’année De et par Laurent Violet L ’Azile - La Rochelle 05 46 00 19 19 Jusqu’au 22 novembre lundi 23 ■ Staff Benda Bilili World/République démocratique du Congo Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08 mardi 24 ■ appris par corps Cie Un loup pour l'homme T.A.P. - Poitiers - 20h30 05 49 39 29 29 Jusqu'au 26 novembre ■ Berry Concert La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Black Joe Lewis & The Honeybears + Soul Power Rythm and Blues + Documentaire Le Confort Moderne - Poitiers 05 49 46 08 08

jeudi 26

Contacts utiles

■ Beaucoup de bruit pour rien De W. Shakespeare par Philippe Person Salle des Fourriers - Rochefort 05 46 82 15 15

angoulême

■ Cabaret poésie Poésie L ’Astrolabe - LR - 17h30 05 46 67 47 67 ■ La première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules De Philippe Delerm par Marc Rivière La Coursive - LR 05 46 51 54 00 Jusqu’au 28 novembre ■ Housse de Racket Concert La Poudrière - Rochefort - 20h30 05 46 82 67 77 vendredi 27 ■ christophe Concert T.A.P. - Poitiers - 20h30 05 49 39 29 29 ■ Beaucoup de bruit pour rien De W. Shakespeare par Philippe Person Salle des Fourriers - Rochefort 05 46 82 15 15 ■ Cabaret poésie Poésie L ’Astrolabe - La Rochelle 17h30 05 46 67 47 67 ■ Syllogismes auriculaires Étienne Saur - soirée proposé par Delta P Carré Amelot - La Rochelle 05 46 51 14 70 ■ Che… Malombo Danse Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32 ■ Sociedade Masculina Chorégraphies pour 7 danseurs (Brésil) La Coursive - LR - 20h30 05 46 51 54 00 ■ Oldelaf & Monsieur D + Poquito Senor Chansons rigolotes Camji - Niort - 21h 05 49 17 50 45

■ Branford Marsalis quartet Jazz Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32

■ ça s’en va et ça revient De Pierre Cabanis L ’Azile - La Rochelle 05 46 00 19 19 Jusqu’au 29 novembre

mardi 24

lundi 30

■ des gens R. Depardon - Z. Breitman Théâtre d’Angoulême - 20h30 05 45 38 61 62 Jusqu’au 27 novembre

■ 19 août 1936 : Mort d’un poète Théâtre Moulin du Roc - Niort 05 49 77 32 32

théâtre d’angoulême www.theatre-angouleme.org 05 45 38 61 51 la nef www.dingo-lanef.com 05 45 25 97 00 FRAC poitou-charentes www.frac-poitou-charentes.org 05 45 92 87 01 niort moulin du roc www.moulinduroc.asso.fr 05 49 77 32 32 camji www.camji.com 05 49 17 50 45 poitiers le confort moderne www.confort-moderne.fr 05 49 46 08 08 théâtre et auditorium de poitiers (tap) www.tap-poitiers.com 05 49 39 29 29 rochefort théâtre de la coupe d’or www.theatre-coupedor.com 05 46 82 15 15 la poudrière www.lapoudriere.com 05 46 82 67 77 la rochelle L ’Astrolabe www.astrolabe-larochelle.com 05 46 67 47 67 L ’Azile www.lazile.org 05 46 00 19 19 carré amelot www.carre-amelot.net 05 46 51 14 70 La coursive www.la-coursive.com 05 46 51 54 00 Théâtre toujours à l’horizon www.theatretoujoursalhorizon.net 05 46 42 05 58 Centre Chorégraphique National de la rochelle www.ccnlarochelle.com 05 46 00 00 46 tréteau des 2 tours www.treteau2tours.over-blog.com 05 46 41 89 35

Chambre Funéraire Pompes Funèbres Gassuau

24h/24

7j/7

médiathèque michel-crépeau www.ville-larochelle.fr 05 46 45 71 49 la fabrique du vélodrome lafabriqueduvelodrome.unblog.fr 05 46 27 12 12 les éclats chorégraphiques www.leseclats.com 05 46 43 28 82 XLR www.myspace.com/xlr17 06 81 04 47 63

ZA Les Ratonnières (à côté du Château d’eau de La Jarrie) 17220 Saint Médard d’Aunis. Tél. 05 46 35 90 50


Les Champs de l’impossible - ARh-K Du 19 septembre au 4 octobre 2009, tous les jours de 11h à 19h Chapelle des Dames-Blanches, Quai Maubec - La Rochelle Festival des Autres Images #1 Rencontre de Photographie Plasticienne - « 7 » Présenté par ARh-K Rens. : 06 23 87 20 40 - 06 17 30 74 06 - www.arh-k.com

Chantier Naval de Jean-Paul Quéinnec Du 6 au 11 Octobre - Théâtre Toujours à l’Horizon - La Pallice Une femme rêve la mise en scène de «Chantier naval», une autre pièce écrite par l’auteur. Cette pièce, elle la jouerait chez elle, toute seule. Le tapis du salon pourrait être le chantier naval, la table basse tiendrait lieu de falaise et les plis du rideau de passerelle. (...) Comment faire rentrer tout un univers, des kilomètres de route, de mer, dans un tout petit appartement ? Renseignements : 05 46 42 05 58

Collectif AOC – Nouvelle création 08, 09, 10 octobre – Chapiteau Stade Rouge à Rochefort L’événement cirque de la rentrée ! Pour la première fois en Charente-Maritime, voici la crème du nouveau cirque ! 8 circassiens et 1 musicien. Au sol ou dans les airs avec trampoline, corde lisse, trapèze, trappe explosive, jaillit une poésie inattendue et spectaculaire ! Renseignements : 05 46 82 15 15 –www.theatre-coupedor.com

Ziya Azazi - Eclats chorégraphiques Le 13 octobre à 18h30 à Villeneuve-les-Salines et le 14 octobre à 21h au Centre chorégraphique national. En résidence au Centre Intermondes, le chorégraphe turc ZIYA AZAZI interviendra dans le cadre des Éclats chorégraphiques lors d’une soirée partagée au Centre chorégraphique national et à Villeneuve-les-Salines, place du 14 Juillet. Information : 05 46 43 28 82.

Britannicus de Racine. Mise en scène Laurence Andreini À La Fabrique du Vélodrome 4 rue du vélodrome à La Rochelle Du lundi 9 au samedi 14 novembre 2009 à 20h30, mardi 10 et jeudi 12 à 14h Réservations au 05 46 27 12 12 ou info.lafabrique@sfr.fr En tournée dans la région à partir du 5 novembre jusqu’en Février 2010. Pour plus d’infos, consultez le site de la cie, www.theatreamazone.com

Mago Mentalista - Compagnie les Décatalogués Vendredi 13 novembre à 20h30 à l’Astrolabe Théâtre d’humour et mentalisme. Un spectacle qui interroge facétieusement l’humain et qui nous amène dans un univers où le spectateur arrive à mettre en doute ses propres perceptions. Tarifs : 8 euros - réduit 5 euros - 4 euros avec le Pass’culture L’Astrolabe 05 46 67 47 67


rue minant

sculpture pouchain

© DR

Les rondeurs et l’épure

Il est, paraît-il, un coin de la Drôme où de grandes bêtes, amusées et placides, naissent de blocs d’argile… Qu’importe si c’est un peu loin, l’artiste potier Dominique Pouchain amènera ses bestioles au salon Arts Atlantic de La Rochelle en novembre, histoire de faire souffler un vent de poésie parmi les stands chamarrés de la biennale.

N

é dans un fameux pays de potiers, Dieulefit, d’un père non moins fameux céramiste, quelle lourde hérédité ! Mais à 17 ans, que faire ? Par nécessité, Dominique Pouchain reprend l’atelier de poterie utilitaire délaissé par son père Jacques. Étonné, il se révèle conquis, bercé par la caresse de la terre, les menus gestes du façonneur. Il adopte l’acte, s’y rompt, mais n’y trouve pas encore tout à fait sa place. Une créativité en sommeil le chatouille sans doute : dans son four, des petits êtres qui n’ont plus rien d’utile s’installent discrètement. Le pas est franchi au début des années 90 : celui qui s’assume désormais « potier 24 expressions

et artiste » va utiliser les nombreuses techniques acquises pour bâtir par assemblage – jusqu’à douze pièces – un bestiaire ludique et tendre. Basées sur trois formes simples, le cône, l’œuf, et la boule, ses sculptures de terre font naître quelques animaux emblématiques, au nombre limité. Le traitement, il le dit lui-même, est « daté ». La ligne graphique est héritée des années 50, le travail de déconstructionreconstruction des formes des années 60 : non pas l’utopie d’une révolution artistique, mais la volonté de continuer le rêve. Il tourne dans la répétition du même, histoire de parfaire la ligne. La prouesse technique, les grands volumes notamment, pose l’existence sans faille de ses animaux. Ils sont solidement juchés, emplis de rondeurs sensuelles et apaisantes, et nous jaugent tendrement, la tête de côté parfois, un peu étonnés, interrogateurs. Héritiers des animaux de la crèche, dans notre monde devenu prosaïque, ils humanisent une nature rendue fragile. Et si, parfois, une bergère rassemble ses moutons, une cavalière monte une licorne, les personnages ne viennent qu’accompagner les bêtes maîtresses. Le retour à un noir caractéristique resserre encore cette présence archaïque. Pas de fioritures mais un travail précis et expérimenté. L’émaillage blanc souligne parfois les courbes, la terre chamottée absorbe ou diffuse la lumière, le grattage étudié vient singulariser chaque pièce. Aujourd’hui, Dominique Pouchain poursuit son travail du bronze, veut utiliser du grès pour permettre à ses animaux de rester au jardin. N’est-ce pas leur meilleure place ? • Catherine Fourmental-Lam + Galerie Glineur, place de l’église, St-Martin-de-Ré - galerieglineur.com Arts Atlantic, Espace Encan, La Rochelle, 20-21-22 novembre 2009 - arts-atlantic.com


rue bens

édition bande dessinée

oh Yeong Jin

Le journal de Monsieur Oh en Corée du Nord

tome 2

une vie avec LES MOOMINS,

Poitiers n’est pas la capitale mondiale de la bande dessinée. Même pas la capitale régionale. Tout juste la préfecture. Le rayonnement proche de sa consœur angoumoisine ne l’empêche cependant pas d’accueillir en son sein quelques maisons d’édition pointues.

Juhani Tolvanen

Tove et Lars Jansson

Poitiers, le dessin par la bande

Juhani Tolvanen

Tove et Lars JanssoN une vie avec les

L’ H I S T O R I Q U E D E L A B AN D E D E SS I N E E M o o M I N

FLBLB, Le Lézard Noir, Hoochie Coochie, des indépendants de talent.

O

n pourrait ignorer leur adresse. Les croire parisiennes, peu importe. « Ah non, les origines et la genèse, ça suffit comme ça », râle d’emblée Grégory Jarry, cofondateur des éditions FLBLB, quand on s’enquiert du pourquoi de leur présence dans la capitale mondiale du Poitou-Charentes. « C’est une succession de hasards qui a fait que Thomas Dupuis, Rémi Lucas et moi avons créé FLBLB ici. Et c’était il y a 13 ans. » Depuis, en effet, le fanzine des débuts a pris la forme d’une maison d’édition qui emploie 5 personnes mais également d’une librairie, le Feu rouge, et d’ateliers d’écriture. « Nos influences ont plus à voir avec le cinéma et le cinéma d’animation qu’avec la seule bande dessinée, explique Grégory Jarry, ou alors il faut chercher du côté des éditions du Square. » FLBLB explore en effet sans exclusive les genres et les supports : romans-photos, flip-books, imagiers ou romans graphiques. En 2010, la maison d’édition s’engagera plus franchement encore sur ces sentiers peu explorés en proposant la réédition de romans-photos des années 70 et 80. « Nous sommes

pratiquement l’un des seuls éditeurs à réellement explorer ce domaine méconnu. » On aimerait qu’un vague déterminisme explique les raisons du tropisme poitevin mais nib’, même les perdreaux des éditions Hoochie Coochie, remarqués pour leur Turkey Comix et débarqués de Paris en juillet dernier, confirment l’absolue contingence du lieu : « On a hésité entre Nantes et Poitiers pour s’installer. Finalement, on s’est dit que l’on retrouverait ici des gens que l’on connaît et que l’on aime bien : FLBLB, mais aussi la Famille digitale, qui édite du documentaire vidéo, et la Fanzinothèque. » Quelques mètres carrés en plus pour travailler, la proximité des imprimeurs vendéens mais, au final, un rapprochement par affinités qui déborde donc la bande dessinée et qui marque peut-être la véritable originalité de cette édition poitevine. Le Lézard Noir, autre maison basée depuis 2004 à Poitiers, propose aussi de s’aventurer sur des sentiers peu balisés, ceux du manga d’auteurs ou de l’édition photo. Sans restriction non plus puisque c’est pour un album jeunesse, Moomin et les Brigands, qu’il a reçu récemment les honneurs du festival d’Angoulême, catégorie Patrimoine. Et d’ailleurs, Angoulême ? « Angou­ lême ? Connais pas » semblent presque dire de conserve les Poitevins. S’ils ne nient pas des contacts personnels avec tel ou tel auteur – et s’ils émargent probablement aux mêmes guichets régionaux –, ils affirment cependant ne pas tirer profit de la proximité relative avec la capitale. Mondiale, évidemment. • Philippe Guerry + FLBLB, www.flblb.com Le Lézard Noir, www.lezardnoir.org Hoochie Coochie, www.thehoochiecoochie.com

un magazine à l’ouest 25



pas rue

littérature éric Holder

Géographie des sentiments

P

our un Charentais, le Médoc est une terre lointaine. « La pierre de Gironde prend les soirs de juillet une teinte de miel. L’ombre s’alanguit au pied des ceps. La pointe de Grave ressemble alors à la Navarre » : observation de poète connaissant plus la géographie des sentiments que l’atlas routier… Je ne suis jamais allé en Médoc. Oh, il m’est bien arrivé parfois de longer la Gironde en compagnie de H. ; SaintGeorges-de-Didonne, Meschers et ses grottes (ville où naquit feu ma grandmère paternelle, le 12 octobre 1903), puis Talmont (trop de monde, on s’en va), puis toujours la D146 jusqu’à Blaye et enfin, élan étant pris, direction Bordeaux. Pour flâner en Saintonge, cette route est idéale. Mais jamais l’idée ne m’a effleuré de traverser par le sud cette Gironde, et de remonter de l’autre côté. J’aurais alors l’impression de pénétrer un immense cul-de-sac, avec au bout le bac (pour quel débouché ?). Et cette géographie capricieuse : a-t-on déjà vu pays situant sa haute région en bas et sa basse en haut ?

Un dilettante en Médoc « J’aurais le sentiment de rater mon existence si je n’habitais pas près de l’océan. » C’est cette phrase que D., la compagne d’Éric Holder, prononce un jour de grisaille sur une route de la Marne. Après avoir écumé le littoral atlantique, ils se décident pour le Médoc. « L’Europe s’arrêtait à Royan. Le bac qui y assure une liaison signe notre éloignement*. » Ici commence pour l’écrivain une lente approche du territoire. Le Médoc présente un rivage propice au naufrage ; le Médoquin, quant à lui, n’a pas forcément les bras ouverts pour accueillir le nouvel arrivant. Ce sont toujours les vagues les plus promptes à donner des grandes claques dans le dos du p’tit nouveau ; cela peut le surprendre, voire lui être fatal si, en plus d’avoir été assommé, un courant de baïne lui scie les pattes (la planète aussi fait le tri sélectif…). Holder découvre que les rites d’initiation et la rencontre des autochtones peuvent se solder par un coup de pied au cul, mais rapidement l’écrivain appréhende l’âme de ce pays chevillé à sa terre flottante et livre de très belles pages sur les subtilités de la langue locale. De rades en rencontres, il pose son regard de poète du quotidien. Il prend son temps, sa paresse est féconde. Sa plume trempe dans la légèreté et la grâce, c’est un écrivain du regard. De loin on dirait une île, de près, c’est un livre savoureux. L’été prochain, je passe le bac. • Jacky Flenoir * Extrait de La Baïne, Seuil, 2007. + E. Holder, De loin on dirait une île, Le Dilettante, 2008 Quelques autres publications des éditions du Dilettante à ne pas manquer : G. Hyvernaud, La Peau et les Os (réédition 1993, paru aux éditions du Scorpion en 1949) : Chefd’œuvre trop méconnu, une prose incisive. A. Blanchard, Entre chien et loup (1989) : maître dissident de la critique littéraire. H. Calet, Poussières de la route (2002) : écrivain du regard, peut-être le meilleur chroniqueur de l’après-guerre. F. Chouraqui, Jacob Stein (2002) : désopilant.

un magazine à l’ouest 27


rue in

édition popville

La ville, mode d’en plis

Popville est un livre-objet, un livre animé, un « pop-up ». Un étonnant traité d’urbanisme pour enfants, où une ville se construit, en volume et sous vos yeux, page après page.

A

u centre de la première page, il y a une jeune illustratrice, Anouck Boisrobert. Elle habite La Rochelle et son père, architecte des bâtiments de France, lui fait découvrir La Pelle mécanique de Jörg Müller, une histoire de ville qui se construit page après page. « S’il y a une filiation, elle est probablement là », confie-t-elle. Une page se tourne pour Anouck, elle est à l’école Estienne. Une autre encore, aux Arts-Déco de Strasbourg. Elle y rencontre Louis Rigaud, futur co-auteur. Ils y rencontrent Laurent Seys, qui les initiera à l’art du pop-up et leur demandera d’en faire un projet d’étude. « Nous avons réalisé la première maquette en une semaine. Dès le début, il y avait cette idée que le volume central, une église, serait le noyau qui ne bouge pas à mesure que l’on feuillette le livre. » Une page se tourne pour Anouck et Louis. Ils proposent leur projet d’étude, City, un pop-up qui raconte l’histoire d’une ville qui se construit page après page, au salon du livre de jeunesse de Montreuil. Sophie Giraud, des éditions Hélium, accroche immédiatement. « C’était un travail très abouti, raconte-t-elle enthousiaste, pour lequel il nous a simplement fallu tenir compte de petites contraintes d’édition. » Anouck et Louis retravaillent leurs pages avec le graphiste Gérard Lo Monaco ; on réduit le grammage, on refait les plans de la ville, on pense ses plis. Joy Sorman écrit un texte qui accompagnera l’ouvrage. 28 expressions

Si les premiers livres « à système » datent du xvie siècle, c’est dans les années 1960/70 qu’ils sont devenus très populaires aux États-Unis.

Une page se tourne, Sophie Giraud présente Popville, le nouveau nom de City, à la foire du livre de Bologne. Elle convainc sans peine un éditeur espagnol. Un allemand. Un italien. Un hollandais. Un américain. « C’est allé très très vite. Il ne s’est pas passé deux ans entre le travail d’Anouck et Louis et cette sortie. Nous allons l’éditer à 50 000 exemplaires dans six pays. C’est un très gros tirage, nécessaire du fait des coûts de fabrication d’un livre animé. Nous n’avons plus ces savoir-faire en Europe, il nous a fallu trouver un imprimeur en Thaïlande, où l’on a conservé cette technique du papier plié. Certaines pages ont même nécessité un assemblage à la main. » Popville, ex-City, le projet d’étude d’Anouck et Louis, un pop-up qui raconte l’histoire d’une ville qui se construit page après page est désormais complètement ouvert. Au centre de la page, il y a une jeune illustratrice. • Philippe Guerry Popville, éd. Hélium, sortie le 7 octobre, 14,90 €


rue stine

la rochelle politique culturelle

«Arrête ton cinéma ! » Le Dragon, cinéma de toujours, précurseur en son temps, était devenu un lieu en sursis pour n’avoir pas su bien vieillir face à la concurrence méga locale. C’est ce monument fragile que la Ville a sauvé d’une mort inéluctable pour 3,2 millions d’euros.

U

n achat qui devrait clore enfin plusieurs années de tractations mais ce n’est pas si sûr, la cote de ce cinéma à rafraîchir (des sols aux plafonds jusque dans les cabines de projection) semblant bien plus aléatoire que l’image que l’on se fait d’un bien immobilier sur le port de La Rochelle, comme un caillou dans la chaussure d’un budget municipal.

La Ville, dont l’effort est bien évidemment louable, avait-elle le choix sous peine, dès l’annonce du clap de fin du Dragon, de voir migrer le Festival international du film et celui de la fiction TV pour manque de salles ? Le calcul fut fait et la décision prise : elle sera propriétaire des murs, du fond mais n’assurera pas la gestion du futur Dragon. Plusieurs hypothèses se présentent : Proposer cette exploitation, par exemple, à une société qui aurait été éconduite lors du choix du repreneur d’un autre cinéma local, à un réseau indépendant ou autre circuit privé (au risque de voir hurler à la concurrence déloyale les salles existantes). Un exploitant qui devra aussi s’accommoder d’une contrainte majeure : la part de temps accordée aux festivals sans autre implication que celle de la location du lieu. Une vitrine alléchante mais qui pourrait ne pas cadrer avec une logique purement commerciale. Une réflexion d’une autre envergure y verrait la création d’un pôle dédié au 7e art en plein cœur de la ville ; un point d’ancrage aux énergies locales œuvrant autour de l’image, avec moins de salles mais mieux équipées, consacré aussi à la vidéo, aux ciné-concerts, aux nouvelles technologies visuelles, ainsi qu’un relais à l’année des festivals accueillis. Une de ces salles pourrait devenir un second écran pour La Coursive qui se bagarre depuis toujours pour un certain cinéma malgré un écran unique. L’achat du Dragon devrait par contre sonner la fin du fragile Dragon Plus (à la charge de la mairie depuis déjà plusieurs années), celui-ci n’entrant pas dans le plan de salles des festivals. Sa vente permettrait, sans heurts, de libérer une enveloppe non négligeable pour la réhabilitation de son aîné. Le Dragon, espace en devenir ou futur serpent de mer d’une cité trop généreuse, les choses devraient se décanter d’ici 2010, pour commencer, peut-être, à voir un peu plus clair en ces salles obscures. • Olivier Jaricot

un magazine à l’ouest 29


rue brique

dix ans aux États-Unis, puis revient sur le sol français à la fin des années 90. Malgré de multiples collaborations, Jano ne s’attache à aucune formation. Ni à aucun style. Une ouverture qui l’a mené du rock dit « hard » de Trust à l’improvisation avec Sauce et à la « haute énergie » de son nouveau projet WTF (Watt The Fuck) avec lequel il s’apprête à « prendre la route début 2010 ».

portrait jano hanela

Crever la peau Certains posent leurs valises. D’autres jettent l’ancre. Jano Hanela, lui, a choisi d’abattre ses baguettes. Invité du festival Rochefort-enAccords en août, le batteur historique du groupe Trust est venu imposer son tempo en bord de Charente, trente ans après « Antisocial ».

J

ano Hanela a commencé la batterie par hasard. Au détour de rencontres à l’adolescence. « J’étais qu’un nerd à lunettes. Je ne connaissais rien à la musique. Et puis un mec qui partait à l’armée m’a proposé de louer sa batterie orange pailleté. » Et 1, et 2, et 1, 2, 3 ! Emporté par le rythme, il tombe sur Bernie Bonvoisin et rejoint Trust, jeune formation qui agite singulièrement la scène française à l’aube des années 80. Sur les deux premiers albums du groupe, Trust et Répression, Jano impose un son. Deux petits tours et puis s’en va. Il exerce « mille ou pas de métier », s’exilant pendant plus de

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If the kids are united then « we’ll never be divided* » Jano, de son propre aveu, écoute peu de musique. Il aime avant tout jouer. Comme aux premiers jours. Comme en cette veille du festival Rochefort-en-Accords, quand il accepte de s’installer derrière les fûts d’un groupe de teenagers issu de la Rock School du conservatoire pour les aider à « trouver leur tempo ». Grand écart entre le dinosaure arborant un T-shirt des Rolling Stones et les juniors échevelés confits dans leurs slims. La magie du binaire pousse les jeunes dans des retranchements de rythme qui font résonner plus haut leur hymne d’un jour : « On est partis en tournée et on a vraiment déchiré. » « Je crache à la gueule de tout ce système » C’est ainsi que, porté par la batterie cinglante de Jano, le titre « Préfabriqués » ouvre le premier album de Trust. Un francparler dont Jano Hanela ne s’est jamais départi. Ses mots frappent toujours, secs comme son jeu de baguettes. Pour peser ses propos, il tapote l’épaule ou l’avant-bras de ses interlocuteurs. Autant de beats pour marteler ses opinions et marquer une passion intacte pour la chose politique ou la musique. Des convictions qui datent de ses années Trust, lorsque le groupe dénonçait l’exploitation des travailleurs, les dérives de l’État policier ou la honte de l’univers carcéral. Celles de ses années rock, perpétuelles, qui le rendent « super excité » à l’idée de monter sur scène. Et lui font voir du « pathétique » dans la reformation de ses anciens compagnons de Trust... • Pierre Labardant * Trente ans déjà depuis que le groupe Sham 69, fer de lance du mouvement Oï, a scandé cette hymne à la jeunesse libre.


carte blanche à daniel nouraud

Terraquæ

« Quel est ce point de vue ? Qui se tient ainsi tapi entre l’eau et la terre, entre le jour et la nuit ? Pas

un homme rationnel et technique d’aujourd’hui. Plutôt quelqu’un qui aurait une mémoire très ancienne

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carte blanche à daniel nouraud

de l’espèce. Qui aurait conservé, tapie dans un coin de son cervelet, la mémoire du premier organisme, au

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cours de l’évolution, qui s’est hissé hors de l’eau pour tenter de vivre dans l’air, mais un air encore aqueux, dans un

monde où l’eau était encore mêlée au limon originel. » Alain Bergala


carte blanche à daniel nouraud

+ www.danielnouraud.com

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Rues‘ t.i.c.

internet

De l’histoire d’une technologie qui permet, au choix, de découvrir le monde, de se divertir ou de fouiner chez son voisin. Petit survol de sites remarquables en quelques lignes et clics. Sélection de Pierre Labardant

www.wearephoenix.com

Tu montes chéri ?

© kleinefenn

Drôle d’ambiance sur le site du talentueux groupe français Phoenix, « famous » aux States bien avant d’être reconnu par son public national. Néon clignotant de motel, orgie de liens vers les communautés en ligne et informations réduites à une ode à la gloire du boys band. Et ce rapport aux dollars ? Gagner de l’argent grâce à une boutique de produits dérivés très fournie, pourquoi pas ? Mais quelle utilité d’intituler une rubrique « Banque de France » ? Welcome online, cochons de payeurs ! •

www.art-home-electrolux.net

Manger perché

Comme la pie posée sur une branche, prête à fondre sur les bijoux de la dame, l’espace Nomiya est juché sur le toit du Palais de Tokyo à Paris, disposé à avaler les visiteurs. Né du partenariat entre ce haut lieu de l’art contemporain et une marque d’électroménager, ce projet baptisé Art Home fait culminer les talents de l’artiste Laurent Grasso et du « directeur culinaire » Gilles Stassart à l’occasion d’ateliers, de déjeuners et de dîners. Des sensations de haute volée uniquement accessibles par Internet. •

http://jaffiche.fr

Poster ses affiches

© Geoffrey dorne

La pertinence des opinions s’efface souvent derrière la lourdeur de la rhétorique. Nombreux sont les blogs pour nous le rappeler tant la circonlocution est reine au pays des auteurs internet. jaffiche.fr prend le contre-pied. Les formules portent. Les illustrations marquent. Des affiches créées par l’auteur du site et par des contributeurs. Un bel exercice de graphistes et d’illustrateurs qui mettent en ligne leurs billets d’humeur et permettent aux internautes de les colporter. •

Mieux qu’Expressions c’est Expressions chez vous Pour vous abonner il suffit de nous envoyer ce coupon avec un chèque correspondant aux frais de port pour les 4 prochains numéros, soit 7€. Nom : _________________________________________________ Prénom : _________________________________________________ Adresse : _________________________________________________ _________________________________________________ C.P. : _________________________________________________ Téléphone : _________________________________________________ www.magazine-expressions.com

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rue doyer

design

© vincent perrottet & Anette Lenz

© M/M

© vincent perrottet

© mathias schweizer

L’hyperbole de Véronique

«A

dmettons-le. Les Français ne se sont jamais sérieusement intéressés à la fonctionnalité des arts graphiques. Des circonstances historiques […] justifient la préférence des Français pour un mode d’expression figuratif. […] Encore aujourd’hui, pour faire des études de design dans une grande école d’art, il est exigé du candidat qu’il sache dessiner. » L’auteur de ce texte, Véronique Vienne, américaine (française d’origine), profite d’un voyage au festival de l’affiche de Chaumont1 pour se livrer à un rapide état des lieux du graphisme en France. Au risque d’être à mon tour réducteur, voici un résumé… et un commentaire de son article2.

Celui-ci a pour titre « Design graphique français : des mots contradictoires ? » et, règles journalistiques obligent, son premier paragraphe y répond de façon provocante. Puis on apprend que l’article fait l’éloge du graphisme en France. Qu’en raison de circonstances historiques liées à la censure des livres par l’Église catholique pendant la Contre-réforme (??), les graphistes français ont su se tenir à distance des tendances commerciales-o-mondialisées qui ont contaminé ceux du reste du monde. Et que, en comparant les travaux des uns et des autres (comme à Chaumont), ceux des Français constituent une exception, plus libres des contraintes commerciales que ceux de leurs pairs. Pour illustrer son propos, Véronique Vienne cite M/M3, Vincent Perrottet4 ou Mathias Schweizer5, des graphistes exceptionnels qui représentent une veine plus poétique que narrative, et dont le langage est unique. Le résultat, ce sont des pièces (posters, dépliants, brochures, etc.) qui font naître une relation profonde avec leur public, une relation basée sur l’interrogation, la découverte, la connivence. Partant de ces exemples, il est difficile de ne pas partager le point de vue de l’auteur de l’article. Quelques questions méritent pourtant d’être posées : comment Véronique Vienne a-t-elle pu saisir l’esprit graphique de la France en s’attardant sur le travail d’une poignée de graphistes ? N’est-il pas exagéré d’aller à Chaumont (on n’y trouve que des affiches, présélectionnées par des graphistes) pour s’étendre sur ces exemples singuliers et en tirer des conclusions générales ? Les graphistes exceptionnels sont-ils une exclusivité française ? Pour évaluer le graphisme français, s’il en existe un, les enseignes de magasins, les catalogues, les logos institutionnels, les journaux ou les magazines ne sont-ils pas plus représentatifs ? Si Véronique Vienne avait levé plus souvent la tête sur le chemin de Chaumont et observé les images qui nous entourent quotidiennement, son texte eût vraisemblablement été différent. João Garcia 1. www.ville-chaumont.fr/festival-affiches 2. « French Graphic Design: A Contradiction in Terms? », Juillet 2009 (www.aiga.org) 3. www.mmparis.com 4. http://vincentperrottet.com 5. www.rolax.org (site de son label)

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1970

2009

le triolet un club

Les petits riens qui font la différence

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Pas de top 50, une musique très branchée pour noctambules de tous âges, dans un décor de miroirs, laque laiton. Un étage repensé dans un décor d’inox, de cuir et sculptures. Ouvert à partir du mardi au dimanche. A partir du jeudi ouverture du Triolet à l’étage avec salon fumeur. Discothèque de 23h à 5h du matin

8 rue des Carmes. La Rochelle Tél. 06 17 92 40 50


rue broc

livre

livre

disque

disques

Pierre Mikaïloff

Jean-Michel Marchetti

Dominique A

Magma

Éd. Æncrages & Co

Cinq7 Wagram

Seventh Record/ Chant du Monde

Bashung Vertige de la vie

Robert Wyatt Anthologie du projet MW

La musique/ La matière

Studio ZÜND

Éditions Alphée Comme il se doit, les biographies d’Alain Bashung vont pulluler dans les mois à venir. Celle-ci est tout à fait recommandable : claire, directe, accessible, facile à lire et vivante. Elle propose en outre une discographie exhaustive. Au final, Pierre Mikaïloff s’adresse aussi bien au novice qui veut découvrir l’univers torturé du chanteur qu’à celui qui le suit depuis ses premiers succès. • P.T.

Le sous-titre est très explicite : 80 chansons de Robert Wyatt & Alfreda Benge traduites et illustrées par JeanMichel Marchetti. Cette anthologie rassemble les cinq volumes édités précédemment (avec des variantes en ce qui concerne les illustrations des volumes d’origine), le tout pour la modique somme de 19,90 euros. Vénéré par un grand nombre de musiciens, Robert Wyatt, ancien batteur de Soft Machine, est une des grandes voix d’un rock singulier, mélangé de jazz et de world. Sa femme, Alfie, signe une partie des paroles et toutes les pochettes de ses disques. Marchetti, lui, publie des livres à petits tirages imprimés sur des machines à l’ancienne

et façonnés artisanalement. De magnifiques objets en eux-mêmes qui conviennent parfaitement à l’univers atypique et intemporel du chanteur. En prime est offert un CD regroupant sept chansons dont six de Pascal Comelade et un entretien avec Robert. Encore disponible, l’édition originale du volume 5 est consacrée à quinze poèmes d’Alfie agrémentés de superbes dessins. • P.T.

Il a seulement fait un passage lors des très belles Fitzcarraldo Sessions aux Francofolies, mais on ne se lasse pas d’écouter ce disque aux arrangements minimalistes qui mettent en évidence la voix et les textes d’un chanteur émouvant se démarquant sans peine de la banalité actuelle d’une variété française aseptisée et émolliente. • P.T.

Économisez pour vous offrir un voyage unique et fascinant. Absolument extraordinaire lors de son concert des Francofolies, Magma a sorti il y a quelques mois un coffret regroupant ses neuf albums studio (pas tant que ça en 40 ans de carrière) accompagnés d’un double CD d’inédits. Le dépaysement est garanti à l’écoute de cette prodigieuse machine rythmique. En attendant le prochain disque prévu pour la fin de l’année. • P.T.

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rue broc

disque

disque

dvd

dvd

dvds

Omar Kent Dykes

Derek Trucks Band

Pete Riski

Ingmar Bergman

Du Bava en veux-tu en voilà

avec D. Carradine et L. Ullman Carlotta Films

Après avoir été le chef opérateur du superbe Les Vampires (1956) – dont il réalisa aussi quelques scènes –, Bava tourna un petit joyau du film d’aventure en 1966 : Duel au couteau, un film inventif et nerveux pour le rythme et d’une remarquable épaisseur psychologique pour les personnages. Enfin, même si on peut reprocher beaucoup de choses à La Baie sanglante, notamment sa réalisation, il faut bien dire que de la même façon qu’il avait créé le giallo, Bava inventait ici le premier slasher du cinéma. • G.D.

Big Town Playboy

Already Free Sony

Ruf Du blues chaloupé et sensuel pour accompagner les virées nocturnes dans les bars texans. Les guitaristes Jimmie Vaughn et Lazy Lester apportent leurs contributions stylées et Lou Ann Barton sa sensualité à fleur de voix. Chaudement recommandé. • P.T.

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Malheureusement, il n’avait pas suivi sa femme (Susan Tedeschi) à Cognac. Derek Trucks, guitariste attitré des Allman Brothers, est un musicien étonnant et virtuose qui aime plus que tout mélanger les genres musicaux, ouvrant son blues vers la world music avec un brio quasiment inégalé. • P.T.

Dark Floors avec S. Bennett, N. Huntley et le groupe Lordi. Éd. D’Vision Connu pour avoir remporté le concours de l’Eurovision en 2006, le groupe scandinave Lordi se lance dans le cinéma. Loin de vouloir se démarquer de son image décalée, le groupe se présente tel que sur scène (maquillé en monstres hideux), dans un film angoissant, au scénario brillant mêlant adroitement mondes parallèles et monstres issus de nulle part. D’une mise en scène fluide et à l’excellente interprétation (préférer la vo-st), Dark Floors devrait rassembler les fans du groupe et les amateurs de sensations fortes. • G.D.

L’œuf du serpent

Œuvre atypique dans la filmographie d’Ingmar Bergman, elle fut mal accueillie en son temps. Pourtant, si le film surprend, on y retrouve tous les thèmes chers à l’auteur et notamment sa recherche de la peur de l’être, de son devenir et de ses capacités dans l’horreur et la paranoïa. Terrifiant, voire dérangeant, L’Œuf du serpent est une œuvre forte et pessimiste qui prend, aujourd’hui, des allures plus proches de la réalité ambiante que de la parabole que réalisa l’auteur. • G.D.


iro


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