gratuit
expressions
un magazine à l’ouest nº20
juillet + août 2011
spécial art contemporain
Artothèques alexandre bohn Biennale de Melle Dan Graham
Djamel Kokene Emmanuel Bernardoux L'Espinoa Gigacircus
Jean Clair Pascal Sémur Paul Ardenne Pierrick Sorin
Supplément gratuit au journal SUD OUEST du 6 juillet 2011 disponible sur les lieux de ventes des communes référencées en page 3.
expressions un magazine à l’ouest
nº20 / juillet + août 2011
© Pierrick Sorin
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édito
Le même et l’autre
06 05
10
17
© Djamel Kokene
15
Paul Ardenne © Sébastien Roy
04 Opinion Philippe Thieyre + Brèves 05 INTERVIEW Alexandre Bohn 06 portrait Pierrick Sorin + Artothèques 07 melle Biennale d’art
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contemporain
+
collectif
Gigacircus
exposition Dan Graham + baignes
10 carte blanche Djamel Kokene 12 agenda 15 Théorie Expérimenter en coprésence 16 portrait Emmanuel Bernardoux 17 enseignement L’art à l’école + portrait Paul Ardenne + Littérature Jean Clair 18 Internet + L’Espinoa
exhausteurs
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nicolas giacometti
ans les années 50, l’historien HenriIrénée Marrou a développé l’idée que l’Histoire pouvait être conçue comme la « rencontre d’autrui ». D’un autrui qui serait bien plus proche de nous – une sorte d’autre moi-même – que d’un Martien. Quelqu’un qui serait différent, mais pas suffisamment pour nous empêcher d’essayer de le comprendre. Un autre dont on doit s’approcher en le considérant comme un même, puis s’en éloigner pour éviter de lui attribuer trop hâtivement nos pensées, quitte à être contre lui (mais en restant toujours dans la même « contrée »). C’est ce balancement, mise à distance/rapprochement, ce flux/reflux qui donne à la pensée de Marrou sa richesse. Transposons cette idée à l’art contemporain, résultat d’une activité humaine par essence. Cela nécessite de considérer l’artiste comme un « témoin », qui produit des « documents », laisse des traces. (Pour tisser un peu plus le lien, rappelons que Histor, en grec, signifie « témoin ».) Un témoin un peu particulier cependant, puisqu’il fait aussi un travail d’historien du présent – c’est-à-dire qu’il interroge les traces laissées autour de lui par d’autres – dont on ne perçoit que difficilement l’analyse, trop collés que nous sommes à l’époque que nous-mêmes vivons. Il met en lumière ce que nous ne voyons pas et qui est pourtant sous nos yeux. Il crée un arrêt sur image et dilate le temps, pour montrer quelque chose qui nous paraît autre. Il nous montre l’autre comme une variation du même. Considéré ainsi, l’artiste quitte son costume mythifié de marginal, d’homme hors champs. Il nous aide à penser le présent, au risque de se tromper, de s’égarer et nous avec. Lui-même, en tant qu’être, nous pouvons désormais le voir comme un même, un autre moi-même. Les deux termes se complètent, ne s’opposent pas, et permettent de comprendre un sujet, un objet, dans sa totalité. Ainsi les œuvres, que l’on perçoit souvent – ou qui se revendiquent – comme des actes de rébellion, que l’on reçoit comme des claques ou sans les comprendre, sont à considérer comme des témoignages, des documents, des analyses ; toujours interrogeables donc, mais des traces tout de même, que nous le voulions ou non. Que l’art soit dit jetable, génial, éphémère, inconséquent, inutilement indispensable… il dit toujours une part de ce que nous sommes et de l’état de nos relations, entre nous et au monde. Dans ce numéro, vous lirez des articles qui vous paraîtront même ou autre, car on n’imagine pas une Histoire non totalitaire où tous les témoins auraient vu et compris la même chose. •
parution du prochain numéro mercredi 7 septembre Dpt 17 Aigrefeuille-d'Aunis / Andilly / Angoulins / Arces / Archiac / Archingeay / Ardillières / Ars-en-Ré / Arvert / Asnières-la-Giraud / Aulnay / Aumagne / Authon-Ébéon / Aytré / Balanzac / Ballans / Ballon / Beaugeay / Beauvais-sur-Matha / Bernay St-Martin / Berneuil / Beurlay / Bignay / Blanzac-les-Matha / Bords / Bougneau / Bouhet / Bourcefranc-le-Chapus / Bourgneuf / Boutenac-Touvent / Breuil-Magné / Breuillet / Brie-sous-Mortagne / Brizambourg / Burie / Bussac-sur-Charente / Cabariot / Chaillevette / Champagne / Champagnolles / Chaniers / Charron / Châtelaillon-Plage / Chérac / Chermignac / Chives / Ciré-d’Aunis / Clavette / Clion / Consac / Corme-Écluse / Corme-Royal / Courçon / Cozes / Cram-Chaban / Crazannes / Cresse / Croix-Chapeau / Dampierre-sur-Boutonne / Damvix / Dœuil-sur-le-Mignon / Dolus-d’Oléron / Dompierre-sur-Charente / Dompierre-sur-Mer / Échillais / Écoyeux / Épargnes / Esnandes / Étaules / Ferrières / Fontaine-Chalendray / Fontaines-d’Ozillac / Fontcouverte / Fouras / Geay / Gémozac / Germignac / Grézac / Guitinières / Haimps / Hiers-Brouage / Île-d’Aix / Jarnac-Champagne / Jonzac / L’Éguille / L’Houmeau / La Brée-les-Bains / La Brousse / La Chapelle-des-Pots / La Couarde-sur-Mer / La Flotte / La Grève-sur-Mignon / La Jard / La Jarne / La Jarrie / La Laigne / La Rochelle / La Ronde / La Tremblade / La Vallée / Lagord / Landes / Landrais / Le Bois-Plage-en-Ré / Le Château-d’Oléron / Le Chay / Le Douhet / Le Grand-Village-Plage / Le Gua / Le Thou / Léoville / Les Églises-d’Argenteuil / Les Gonds / Les Nouillers / Les Portes-en-Ré / Les Touches-de-Périgny / Loire-les-Marais / Loire-sur-Nie / Loix / Longèves / Lonzac / Lorignac / Loulay / Lussant / Macqueville / Marans / Marennes / Marignac / Marsais / Marsilly / Matha / Mazeray / Médis / Meschers-sur-Gironde / Meursac / Meux / Migron / Mirambeau / Moëze / Montils / Mornac-sur-Seudre / Mortagne-sur-Gironde / Muron / Nancras / Néré / Nieul-le-Virouil / Nieul-lès-Saintes / Nieul-sur-Mer / Nieulle-sur-Seudre / Nuaillé-d’Aunis / Ozillac / Paillé / Pérignac / Périgny / Pisany / Plassac / Pons / Pont-l’Abbé-d’Arnoult / Port-d’Envaux / Port-des-Barques / Préguillac / Prignac / Puilboreau / Rétaud / Rioux / Rivedoux-Plage / Rochefort / Rouffiac / Royan / Sablonceaux / Saintes / Salignac-sur-Charente / Salles-sur-Mer / Saujon / Semoussac / Semussac / Siecq / Sonnac / Soubise / Soubran / St-Agnant / St-André-de-Lidon / St-Augustin / St-Bonnet-sur-Gironde / St-Bris-des-Bois / St-Césaire / St-Christophe / St-Ciers-Champagne / St-Ciers-du-Taillon / St-Clément-des-Baleines / St-Denis-d’Oléron / St-Denis-du-Pin / St-Dizant-du-Gua / St-Félix / St-Fort-sur-Gironde / St-Genis-de-Saintonge / St-Georges-Antignac / St-Georges-d’Oléron / St-Georges-de-Didonne / St-Georges-des-Côteaux / St-Georges-du-Bois / St-Germain-de-Lusignan / St-Germain-de-Marencennes / St-Hilaire-de-Villefranche / St-Hilaire-la-Palud / St-Hippolyte / St-Jean-d’Angély / St-Jean-d’Angle / St-Jean-de-Liversay / St-Juliende-l’Escap / St-Just-Luzac / St-Laurent-de-la-Prée / St-Léger / St-Loup / St-Maigrin / St-Mard / St-Martin-de-Ré / St-Médard-d’Aunis / St-Nazaire-sur-Charente / St-Ouen-d’Aunis / St-Palais-sur-Mer / St-Pardoult / St-Pierre-d’Oléron / St-Pierre-de-Juillers / St-Porchaire / St-Rogatien / St-Romain-de-Benet / St-Sauvant / St-Sauveur-d’Aunis / St-Savinien / St-Seurin-de-Palenne / St-Sever-de-Saintonge / St-Simon-de-Bordes / St-Simon-de-Pellouaille / St-Sulpice-de-Royan / St-Thomas-de-Conac / St-Trojan-les-Bains / St-Vivien / St-Xandre / Ste-Gemme / Ste-Lheurine / Ste-Marie-de-dRé / Ste-Même / Ste-Soulle / Surgères / Taillebourg / Taugon / Tesson / Thaims / Thairé / Thénac / Thors / Tonnay-Boutonne / Tonnay-Charente / Trizay / Tugeras-St-Maurice / Vandré / Varaize / Vaux-sur-Mer / Vergne / Vérines / Villedoux / Villeneuve-la-Comtesse / Vouhé / Dpt 16 Agris / Aigre / Ambleville / Anais / Angoulême / Ars / Asnières-sur-Nouère / Aubeterre-sur-Dronne / Baignes-Ste-Radegonde / Balzac / Barbezieux St-Hilaire / Bardenac / Blanzac-Porcheresse / Bourg-Charente / Boutiers-St-Trojan / Bréville / Brie / Brossac / Chabanais / Chalais / Champagne-Mouton / Champniers / Charras / Chasseneuil-sur-Bonnieure / Chateaubernard / Chateauneuf-sur-Charente / Chazelles / Cherves-Châtelars / Cherves-Richemont / Cognac / Condéon / Confolens / Deviat / Dignac / Douzat / Étagnac / Exideuil / Fléac / Fontclaireau / Garat / Genac / Gensac-la-Pallue / Genté / Gondeville / Gond-Pontouvre / Gourville / Guimps / Hiersac / Houlette / Jarnac / Juillac-le-Coq / L’Isle-d’Espagnac / La Couronne / La Rochefoucauld / Les Métairies / Lesterps / Lignières-Sonneville / Linars / Louzac-St-André / Magnac-sur-Touvre / Mansle / Marcillac-Lanville / Marthon / Massignac / Mérignac / Montbron / Montembœuf / Montignac-Charente / Montmoreau-St-Cybard / Mornac / Mouthiers-sur-Boëme / Nanteuil-en-Vallée / Nercillac / Nersac / Pranzac / Puymoyen / Rouillac / Roullet-St-Estèphe / RoumazieresLoubert / Ruelle-sur-Touvre / Ruffec / Salles-d’Angles / Segonzac / Sers / Sigogne / Sireuil / Soyaux / St-Amant-de-Boixe / St-Amant-de-Graves / St-Angeau / St-Bonnet / St-Claud / St-Cybardeaux / St-Fort-sur-le-Né / St-Genis-d’Hiersac / St-Laurent-de-Céris / St-Laurent-de-Cognac / St-Léger / St-Même-les-Carrières / St-Michel / St-Romain / St-Saturnin / St-Sornin / St-Sulpice-de-Cognac / St-Yrieix-sur-Charente / Ste-Sévère / Vars / Verrières / Verteuil-sur-Charente / Villebois-Lavalette / Villefagnan / Villognon / Vœuil-et-Giget / Xambes / Dpt 79 Mauzé-sur-le-Mignon / Niort (distribution commerces) / Dpt 85 Damvix / L’Île-d’Elle ... et dans des lieux de culture de Charente, Charente-Maritime et Deux-Sèvres.
Magazine Expressions – 254, avenue Carnot — BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 www.performances-pub.fr Site : www.magazine-expressions.com / email : redaction@magazine-expressions.com Directeur de la publication : Pierrick Zelenay Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti Direction artistique : João Garcia Ont collaboré à ce numéro : Aline Chambras, Gilles Diment, Jacky Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, Philippe Guerry, Dany Huc, Pierre Labardant, Élian Monteiro, Pascal Sémur, Philippe Thieyre
Carte blanche à Djamel Kokene Illustrations de couverture, pages 7 et 15 : João Garcia et Pascal Sémur Photographe : Marie Monteiro Maquette et mise en pages : Antichambre Communication Impression : Sapeso Service commercial : Performances 05 46 43 19 20 Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 31 000 exemplaires Date de parution : juillet 2011 / ISSN : 1960-1050
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expressions un magazine à l’ouest
opinion
L’art contemporain : l’art d’interpréter et de représenter le moment présent ou simple label pour mieux vendre des œuvres ?
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bref... l'abrègement à bioussac
Land-art Sex and
rebobiner et playback
Ô vidéo
sex and rock’n’roll P
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Philippe Thieyre
ans l’expression « art contemporain », c’est le terme « contemporain » qui indiscutablement suscite le plus d’interrogation. Toute œuvre réalisée de nos jours est-elle contemporaine puisque, étymologiquement, c’est le sens même du mot ? Ainsi, des marines, des aquarelles, des paysages, les sculptures monumentales d’Anish Kapoor et des installations de vidéastes mériteraient donc tous ce qualificatif. Globalement, la réponse est positive. En effet, montrer le monde tel qu’il est ressenti, tel qu’il se transforme et l’interpréter, c’est ce qui confère à l’art son caractère « contemporain », que les techniques et les matériaux utilisés soient traditionnels ou à la pointe de l’innovation, que soient maniés des pinceaux, des burins, des fers à souder, des caméras vidéo, des téléphones portables, des logiciels, peu importe. C’est un art, par essence en mouvement, qui ne peut pas être figé dans une définition restrictive d’autant que notre regard de consommateur d’art, ancré dans le temps présent quelles que soient nos conceptions et nos préférences, est, lui aussi, en perpétuelle évolution. En revanche, il ne s’agit pas de parler de modernité, une expression qui résulte d’un jugement a posteriori, ni d’avantgarde, presque toujours autoproclamée. De même, les critères esthétiques, toujours discutables, ne peuvent pas non plus entrer en ligne de compte. Une œuvre peut être d’une immense médiocrité ou d’une sublime beauté, d’une réalisation mécanique ou d’une intensité rare, cela ne lui enlèvera ni ne lui donnera son label d’œuvre contemporaine. D’ailleurs, on a parfois l’impression que le plus important réside dans l’obtention dudit label, sorte de sésame ouvrant les portes des institutions officielles dont la reconnaissance, par ricochet, permet de faire monter le prix des œuvres. Plus que toute autre catégorie artistique, l’art contemporain est l’objet de spéculations à grande échelle et d'une production qui fonctionne concomitamment. Ce système s’applique aussi bien aux artistes émergents qu’aux noms déjà reconnus. Ici, la limite entre battage médiatique à des fins commerciales et hommage sincère aux talents d’un artiste, entre actions privées et publiques, semble parfois indistincte, comme l’a montré, fin 2008, l’ambiguïté de l’exposition de Jeff Koons, un artiste soutenu par l’industriel François Pinault, au château de Versailles, dirigé par Jean-Jacques Aillagon, ancien conseiller du même François Pinault. Mais ne cherchons pas un calcul mercantile, là où n’affleurent probablement que de simples coïncidences, et conservons un regard ouvert sur un art contemporain qui prend, pour notre plaisir, au fil des années, des formes de plus en plus multiples et complexes. •
performance phallique
Andy Goldworthy © DR
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e land-art est apparu au milieu des années 60. Il traduisait à la fois un refus des artistes de se laisser mettre en boîte dans les musées et les galeries et une sensibilité écologique qui amenaient les créateurs à intervenir directement sur le paysage et à composer leurs œuvres in situ à partir des éléments naturels. Des œuvres éphémères par principe, à l’écart des lieux de diffusion traditionnels et difficiles à découvrir au-delà du temps de leur création. L’idée des propriétaires du château de l’Abrègement à Bioussac (16) de proposer à quatre artistes – Andy Goldworthy, Joël Shapiro, Antony Gormley, Christian Lapie – de créer à partir des bois morts laissés par la tempête de 1999 des œuvres monumentales présentées de manière pérenne dans le parc du château confère donc à ce lieu privé, accessible sur rendez-vous, un statut singulier de musée à ciel ouvert. • P.G. Parc et jardin de l’Abrègement, Bioussac (à côté de Ruffec) Renseignements au 05 45 31 84 73.
publibrève
Un salon version Promenarts
n air de stupre a envahi la salle. Et, dans l’instant, l’assemblée s’est offerte. Le 3 juin, Piero Ilov, le bouillonnant leader du groupe Jack of Heart, avait mis un slip propre pour honorer la scène de la Sirène de sa présence gesticulante. Un concert qui est venu violenter La Rochelle de ses secousses psychédéliques. Un chanteur qui est venu chahuter le public de ses poses extatiques. Et puis, au terme d’une performance phallique, la musique s’est arrêtée. Et de se frotter l’artiste a cessé. Il ne reste que nos yeux pour pleurer. 96 larmes. • P.L www.myspace.com/jackofheart
expositions
40 fois les bâches de Véronique
arce que n’importe quel objet usuel posé dans un musée est censé devenir une œuvre d’art ; parce qu’une chose montrée une fois n’intéresse personne mais fait sens dès lors qu’elle l’est répétée mille, l’art contemporain croit en l’immanquable vidéo passée en boucle sur écran TV. Moins elle en dit – « économie de moyens » et « radicalité » sont vocabulaire courant –, plus elle est goûtée par le commissaire d’expo et le critique qui en a perdu le sens. Le public se lasse, passe et zappe… s’il n’est tenté par le happening : écouter le bruit que produirait tel écran en traversée de fenêtre. Récemment, une école des Beaux-Arts exposait à l’espace Art contemporain de La Rochelle les travaux de ses diplômés promis aux FRAC. Vieux-jeu-nes gens recyclant à peine les postures de leurs maîtres 50 ans plus tôt : Nam June Paik (1963) ou néo-Dada. Une audacieuse vidéo sans fin ni son montrait une jeune fille pliant du linge. Au même mois de mai, Monumenta ouvrait le Grand Palais au Léviathan organique et gonflé d’Anish Kapoor. Radical et économe, lui, en baratin et vidéo. Quand l’œuvre suffit. • E.M.
«J
e veux être vue », dit-elle. À cette fin, surgie dans des années 80 bouillonnantes et colorées, drapée dans un art iconoclaste et ludique, armée de ciseaux et de plastiques en tout genre, la plasticienne rochelaise Véronique Selleret sature et vivifie l’espace. Invitée cet été dans le nouvel espace du cloître des Dames-Blanches, elle y déroule pas moins de 40 figures sur bâches, découpe, désarticule signes et trames pour faire grincer des hommes hérissons, un Mao à tête de canigou et des femmes oiseaux. Le défilé hypnotique propose même des résurgences à la galerie Xin Art toute proche. Enfant, sa mère lui demandait toujours : « Alors, tu t’es bien amusée ? » Il faut croire que oui. • C.F.L.
la rochelle
Rupella, souviens-toi !
© Jean-Louis Foulquier « Camarade »
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éjà à la tête de cinq galeries, chevauchant les continents mais bien implantées ici-bas, à La Rochesur-Yon et sur l’île de Ré, l’équipe de Promenarts cherchait un nouveau moyen de promouvoir ses coups de cœur. Un salon viendra donc compléter la panoplie en présentant plus de quarante artistes de leur catalogue et des nouveaux venus, qu’ils soient australiens, français… et même rétais puisque Jean-Louis Foulquier sera présent. Ce sera éclectique et gratuit, pour une traversée artistique contemporaine dans le gymnase de Bois-Plage-en-Ré.
Exposition « And the winner is… » , 1er juillet au 17 août 2011 au cloître des Dames-Blanches, quai Maubec, La Rochelle.
Salon Arts île de Ré, 1 au 4 septembre '11 www.salons-horsdesmurs.com www.promenarts.com
Exposition « Pop in », 9 juillet au 6 août 2011, Galerie Xin Art, 3 bis place de la fourche, La Rochelle.
© Dora Stanczel
D And the winner is... © Véronique Selleret
veroniqueselleret.jimdo.com
ora Stanczel est une plasticienne qui a décidé de stimuler la mémoire collective de La Rochelle. À travers son projet intitulé MémoRandom, cette artiste se lance dans la cartographie des faits marquants de l’histoire locale grâce un site Internet, une installation sonore (mise en place en collaboration avec l’École européenne de l’image de Poitiers) et des applications destinées aux téléphones portables. L’objectif de ce dispositif est de créer des occasions d’échanges interactifs avec la population pour recueillir et archiver des informations. Vaste chantier. • P.L. www.artdora.net
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« Les œuvres contemporaines sont des offres d’altérité »
interview alexandre bohn
Propos recueillis par Philippe Guerry Depuis près de trente ans que les Frac existent, comment leurs missions ont-elles évoluées ? Leurs missions fondamentales – constituer une collection et diffuser les démarches artistiques contemporaines auprès des publics régionaux – se sont approfondies. Les tutelles sont de plus en plus sensibles à la question de la conservation et aux conditions matérielles de la présentation des collections. L’accent est donc mis depuis quelque temps sur les infrastructures, mais pour autant les Frac n’ont pas vocation à être des musées. Ce ne serait pas pertinent. On a une compétence régionale, l’accent est donc surtout mis sur la diffusion des œuvres, en relation étroite avec les collectivités, l’Éducation nationale, les établissements culturels. Dans chacun de nos partenariats, nous essayons donc de proposer les meilleures conditions de rencontre entre les œuvres et les visiteurs. Les actions de médiation sont pour nous fondamentales. Notre configuration originale, bipolaire, Angoulême-Linazay, doit nous permettre d’accomplir au mieux ces missions. Nous travaillons à trouver une complémentarité intéressante entre les deux sites. Comment caractériseriez-vous la collection du Frac Poitou-Charentes ? La collection du Frac PoitouCharentes propose un éclectisme intéressant. Ce n’est cependant pas une collection hors-sol ; par exemple, elle n’est pas insensible à la réflexion régionale autour de l’image. La question de l’économie des images, de leur circulation, de leur statut est un axe fort de cette collection. Depuis mon arrivée, j’ai en outre invité les membres du comité technique d’acquisition – que j’ai en charge de faire nommer par le conseil d’administration – à engager une réflexion sur la manière dont les artistes négocient leur place dans la société, au-delà du champ strictement artistique. De biennales en salons, le marché de l’art s’est énormément diversifié depuis trente ans. Comment les Frac ont-ils suivi certaines tendances, disons, inflationnistes ? Au moment de la création des Frac, un des objectifs politiques était le soutien au marché de l’art français.
ministère de la Culture et de la Communication, qui fusionne au sein d’une seule Direction générale de la création artistique le spectacle vivant (80 % du budget selon le ministère) et les arts plastiques (20 %) dans le cadre de la RGPP* ne me semble pas de bon augure pour l’art contemporain. Reste à espérer que, sur le terrain, le rôle de financeur public et d’expertise des Directions régionales des affaires culturelles ne soit pas trop dégradé.
Alexandre Bohn dirige le fonds régional d’art contemporain (Frac) Poitou-Charentes, à Angoulême, depuis septembre 2007. Il arrive après trois années de crise, au moment où la Région – cotutelle avec l’État – prend la décision contestée d’installer les quelque huit cents œuvres de la collection à Linazay (86), en pleine campagne. Les contextes économiques et politiques changeants – à toutes les échelles – obligent à penser différemment les missions des fonds régionaux.
Les Frac étaient alors considérés comme de gros collectionneurs avec un gros pouvoir d’achat. Ce n’est plus le cas. On n’a pas les moyens de collectionneurs privés ou des fondations, mais on n’a pas non plus la même vocation. On achète des œuvres qui ne sont pas plus chères que celles des petits maîtres régionalistes, qui ont leur économie locale et vendent de jolis tableaux aux professions libérales, mais on fait finalement un travail de veille et de prospection très fin, pour des œuvres que l’on considère importantes, en termes théoriques et historiques, au niveau international. Justement, l’échelon régional reste-t-il pertinent ? Ce serait évidemment une erreur de logique d’agréger les collections des Frac. En revanche, on porte de plus en plus un regard croisé sur
il ne faudrait pas que certains « coups » artistiques cachent l’indigence du soutien politique à l’art contemporain au plus haut niveau de l’État l’ensemble de ces collections. On se rend compte qu’un travail de mise en perspective pourrait permettre d’envisager différemment certaines questions actuelles comme l’inaliénabilité des collections publiques. Les échanges d’œuvres, les prêts, les dépôts de collection à collection au niveau interrégional et donc national se développent. Malheureusement, à un autre échelon politique, ce n’est pas dans ce sens qu’est comprise la mutualisation. La réforme du
Dans cette mise en concurrence des formes culturelles, qu’est-ce que l’art contemporain a à faire valoir ? Son aspect expérimental et novateur. L’art doit pouvoir continuer à développer des formes alternatives, des formes paradoxalement libres des contingences du marché, en termes de format, de typicité, de production. Les œuvres permettent une régénération du regard porté sur le monde. Ce sont des alternatives renouvelées par rapport à l’histoire de leur discipline, par rapport à d’autres formes culturelles qui apparaissent sous forme commerciale. Ce sont des offres d’altérité dans un monde où le citoyen est considéré comme un consommateur, où le libre arbitre est sans cesse menacé par le bombardement continuel de formes autoritaires, de produits de consommation, d’objets médiatiques, qui laissent peu de place à une pensée libre. De ce point de vue-là, il ne faudrait pas que certains « coups » artistiques cachent l’indigence du soutien politique à l’art contemporain au plus haut niveau de l’État. La promotion de formes artistiques spectaculaires est à double tranchant. Anish Kapoor au Grand Palais, c’est sans doute extraordinaire, mais quand, ensuite, dans les régions, on présente des œuvres conceptuelles, ou un peu intimes, des œuvres qui résistent à la puissance de feu de l’industrie du spectacle, il y a de l’incompréhension. C’est ce que l’on reproche parfois à l’art contemporain : une modestie formelle et technique des œuvres, qui ne font pas le poids face à la déco flashy des plateaux télé, face au cinéma 3D, face à certaines formes architecturales contemporaines spectaculaires. Il y a une esthétique de l’art contemporain dans la discrétion, la retenue, l’introspection, l’infiltration. • * Révision générale des politiques publiques.
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N’importe qui peut s’offrir un Ernest Pignon-Ernest au-dessus de son canapé. Pour deux mois maximum certes, mais il est possible d’en redemander ! Revue des artothèques de La Rochelle et Angoulême, entre qualité et présence mal connue.
Artothèques
Un Tinguely dans le salon ?
Catherine Fourmental-Lam L’art contemporain, voyageur tel un livre Nées dans l’agitation des années 80 grâce à une aide du ministère de la Culture, les premières artothèques se sont construites sur une utopie : emprunter une œuvre aussi facilement qu’un livre, inventer une nouvelle relation, intime, à l’art contemporain. Dans les faits, c’est une réalité : à La Rochelle (presque trente ans plus tard) 789 œuvres, 950 à Angoulême, peuvent être mises en circulation gratuitement ou pour 12 euros. Évidemment, sauf pour Angoulême qui achète parfois des dessins, il s’agit exclusivement d’estampes, parfois de photos. Ces originaux dits multiples datant de 1945 à nos jours sont gravés, sérigraphiés, imprimés avec soin par l’artiste, signés et numérotés. L’âme de l’artiste est là tandis que for-
mat et coût permettent un prêt sans dommage. Environ 800 pièces, dans chaque lieu, sortent et reviennent chaque année. Est-ce pourtant naturel d’accueillir une œuvre contemporaine chez soi, faire l’effort de la déplacer, peutêtre même avoir la douleur de s’en séparer ? Le public, pas toujours
vidéo
Tel qu’en lui-même le théâtre le change Jusque-là, Pierrick Sorin « produisait » des vidéos en solitaire, des autofilmages où il questionnait sur un mode potache et métaphysique les grands problèmes, la vie, la création, le manque de sommeil – et le but dans tout ça… ? Dans sa pièce de théâtre 22h13, il met en scène sa vie, son œuvre, ses secrets de fabrication, ses ruminations et illuminations… Une journée dans l’antre et les affres d’un artiste.
S
Dany Huc
ur scène, donc, un atelier un peu bordélique, papiers froissés au sol, instruments divers peu identifiables, cameras, peinture… Michel Levrai, l’artiste, incarné (c’est le mot qui convient) par le comédien Nicolas Sansier, avatar confondant de Pierrick Sorin, commence un ménage foutraque… s’assoit devant une caméra, son visage s’incruste sur l’écran bleu en fond de scène, et il explique avec un petit air contrit pourquoi « ranger, nettoyer est nécessaire pour maîtriser ce monde difficile, effacer les traces du temps, des erreurs et des fautes… ces activités manuelles me calment et m’angoissent, tous ces gestes refaits… » Pourquoi, soudain, est-ce légèrement poignant ? On est entrés dans le monde de Pierrick Sorin… on
© Pierrick Sorin
va le suivre du lever au coucher, suspendus à ses gestes, à ses mots, à ses silences, orchestrant un inquiet et hilarant opéra où vont se télescoper images réelles et virtuelles, combinées, multipliées via un dispositif technologique et bidouilleur, des expériences saugrenues réalisées à vue, elles aussi reprises par les cameras et projetées sur les écrans – crachage de
« Petites sœurs des FRAC » S. Noël-Girard
connaisseur, doit être éclairé, en tout cas volontaire. C’est aux artothèques d’attirer le chaland. Leurs structures, dépendant désormais du bon vouloir des communes, sont variées et développent donc chacune à sa façon, avec des moyens limités, l’indispensable médiation. Au sein de l’association angoumoisine Acapa, Mireille
liquides rouge et vert sur une vitre, jetés de peinture multicolore sur le sol, cheminée virtuelle où « brûler des objets symboliques, des livres sur l’art dégénéré »… témoins de cette activité fébrile, en apparence décousue par le trop-plein. Et au long de cette journée, des personnages apparaissent importunément à l’écran, un psy sur canapé qui lui conseille de prendre une femme de ménage, deux assureurs qui lui proposent placements… L’irruption aussi des messages sur son répondeur, une journaliste de Elle qui veut absolument un rendez-vous, un faiseur de conférences « contre l’abandon des valeurs », le comptable au sujet de la déclaration de TVA, une nana « sur un projet d’exhibition sujet art process »… Devant l’assaillant, Michel Levrai laisse filer ses pensées sur les acheteurs, les relations dénuées d’humanité, la commande, ce qu’elle implique, la possible vacuité de l’art et comment retrouver « l’émotion de la loco à La Ciotat ». Comme l’émotion qu’il souffle dans cette vidéo où il fait un play-back sur une chansonnette improvisée et chantée par lui, enfant. Michel Levrai, l’artiste solitaire et torturé qui ne s’épargne pas, a soudain le visage de cet enfant, il sourit ! et il dit au revoir de la main… Pourquoi soudain est-ce légèrement poignant ? Sous l’autodérision, les interrogations, les doutes, les folles expériences, Pierrick Sorin se collette avec une autre réalité, celle du « marché », des contraintes, des discours et des impostures artistiques, laissant sourdre une poésie des commencements. • en savoir plus http://2009-2010.theatredurondpoint. fr/saison/temps_fort.cfm
Duret bataille – « au moins je suis libre comme l’air ! » – pour faire perdurer ateliers, résidences, expositions, autant de projets qui rejaillissent sur l’artothèque et qui permettent une action importante en écoles et entreprises. À La Rochelle l’artothèque, lovée depuis 1998 dans son bel espace de la médiathèque Michel-Crépeau et soutenue sans faille à ce titre par la communauté d’agglomération, développe des actions plus mesurées de découverte de son riche fonds. À côté de la ruche du coin BD, le secteur est calme, d’où une campagne qui rappellera cet automne aux visiteurs que si des cadres sont savamment posés contre le mur, c’est bien pour être embarqués. Dans les limites des œuvres sur papier « Petites sœurs des Frac », d’après Sabine Noël-Girard à La Rochelle, les artothèques se donnent aussi un rôle d’aide à la création. Sauf qu’à la différence de leurs grandes sœurs, elles misent sur des acquisitions plus abordables au grand public, visant finalement une petite partie de l’art contemporain, celui qui peut s’encadrer. Et qu’on peut encadrer ? Sabine Noël-Girard constate : « Tout le monde ne grave pas tout le temps sur papier. » Le travail se perd… et s’il est peut-être temps pour les artothèques de passer à d’autres médias, Mireille Duret conclut : « Les vidéos ? À la génération prochaine peut-être ! » Qu’importe, c’est déjà ça. • en savoir plus artotheque-angouleme.fr artotheques-adra.com
architecture
Faut-il détruire l’hôpital de Rochefort ?
A
philippe thieyre
bandonné depuis l’ouverture récente d’une nouvelle structure à Béligon, l’hôpital civil Saint-Charles se présente sous la forme d’une grande barre colorée, inaugurée en 1972, caractéristique de l’architecture utilitariste de son époque et, bien entendu, truffée d’amiante. L’architecte, Marc Quentin, admirateur de Le Corbusier, avait dû composer avec les modes et les contraintes économiques de la France pompidolienne qui n’avait que peu de respect pour les concepts de patrimoine et d’harmonie. À l’évidence, sa hauteur et son volume détonnent dans le paysage urbain. Quelques Rochefortais voudraient toutefois conserver le bâtiment en le rénovant, selon le principe qu’il faudrait tout sauvegarder pour témoigner de l’évolution architecturale des villes. Cette position est tout à fait respectable, mais, puisque la mairie elle-même revendique une architecture cohérente du centre-ville associée à différents labels d’art et d’histoire impliquant des contraintes pour ses habitants, il semblerait plus logique d’harmoniser à nouveau cet espace avec l’ensemble urbain. Quant à l’architecte de la Ville, il semble plus préoccupé par la défense de sa corporation* que par la cohérence des projets. À suivre. •
* Voir les travaux récents du collège PierreLoti dans Expressions no 18.
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biennale de melle jardin de résistance
Melle, petite cité à la grande biennale 3 200 habitants, dont une célèbre administrée, un patrimoine de prestige… et une biennale d’art contemporain. Cet été, la cinquième édition porte un titre slogan volontiers ambitieux : « Habiter la Terre : du battement de cœur à l’emportement du monde ». La réalité est-elle à la hauteur ? Catherine Fourmental-Lam Échapper aux murs Le grand saut s’effectue en 2003 : la municipalité de Melle confie à Dominique Truco, énergique chargée de mission à la ville de Poitiers, la relève du festival d’art « Romanes ». Ce sera une biennale internationale, « un centre d’art, mais sans les murs », que la commissaire va construire sur le long terme, sa direction ayant toujours été reconduite. Du décloisonnement donc : cette année 24 artistes, grands noms et jeunes pousses, s’y complètent, drainés par un carnet d’adresses, une curiosité et un talent de persuasion affûtés. Les disciplines y dialoguent, du philosophe Paul Virilio à l’écrivain François Bon, en passant par les nombreux plasticiens, jusqu’à
la chorégraphe Claire Servant. Les œuvres sont pensées dans les églises, les places, l’arboretum et les boutiques, « mais surtout pas dans les vitrines ! », tandis que l’équipe municipale contribue activement à la préparation. Le budget, conséquent pour la commune, la région et le département, reste très loin derrière celui d’autres biennales (Lyon, Nantes ou Bordeaux) et demande des arrangements, comme
Melle veut agiter un art contemporain sorti de sa tour d’ivoire, conçu comme le meilleur outil pour affronter nos préoccupations environnementales, sociales et politiques les plus pressantes
collectif gigacircus
Su(rv)ivre, quelques pistes Le collectif Gigacircus, dont le cœur bat à Villefagnan, en Charente, met ses pas dans ceux des migrants du monde entier. Une quête à la croisée de l’ethnographie, de l’art numérique et de l’installation vidéo.
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Philippe Guerry
récisons tout d’abord : Gigacircus n’est pas un cirque. Dans sa forme la plus élémentaire, Gigacircus se compose d’une ethnologue et d’un scénographe qui marchent dans les pas d’autres marcheurs, et filment des pèlerins pour Compostelle, des nomades mongols, des candidats mexicains au rêve américain qui suivent un passeur le long de la frontière en se délestant de leur vie passée. « Nous nous intéressons à toutes les formes de mobilités humaines, tout particulièrement aux façons dont la survie de certains hommes dépend de ces mobilités », annonce Sylvie Marchand, qui est à l’initiative des projets menés par le collectif depuis une quinzaine d’années. « Mais notre positionnement n’est pas journalistique
ou documentaire, ni même seulement ethnographique, nous voulons replacer le spectateur dans les cheminements, physiques et mentaux, de ceux que nous avons suivis. » Engagement physique, engagement politique Les propositions artistiques qui découlent de ce travail de terrain s’accompagnent d’une recherche scénographique poussée, menée par Lionel Camburet. Elles prennent ensuite forme avec les autres membres du collectif – une équipe à géométrie variable de sept à huit personnes, programmeurs, infographistes, preneurs de sons… – et aboutissent à des installations multimédia où le spectateur, cerné d’images projetées dans lesquelles il doit lui-même se mouvoir, reçoit et ressent la présence de
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miser sur l’accueil de chaque artiste par le maire… Et les Mellois sont appelés à participer à cette effervescence, qui en donnant une chaussure, qui en prêtant une main, gestes qui seront pérennisés dans les installations. Dominique Truco fait de la modeste taille de la ville le fer de lance de son grand œuvre : « Ce que je fais ici, je ne pourrais pas le faire ailleurs. » Et déambuler C’est « une ville qui est faite pour l’humain », selon l’expression de Gilles Clément, figure tutélaire de la biennale qui revient cette année compléter son Jardin de résistance. Au point de permettre de poser les problèmes de l’humanité tout entière ? De « L’art d’être au monde », « Être arbre, être nature », chaque biennale a brandi avec un brin d’emphase une problématique existentielle. Melle veut agiter un art contemporain sorti de sa tour d’ivoire, conçu comme le meilleur outil pour affronter nos préoccupations environnementales, sociales et politiques les plus pressantes. Cette fois-ci, avec « Habiter la Terre », c’est la place de l’homme dans une planète en pleine surchauffe qui se trouve questionnée. Alors, certes, des stars de l’art contemporain, comme Christian Boltanski avec ses poignantes Archives du cœur, Claude Levêque et son magistral Hymne, y redéploient des installations qu’ils ont déjà conçues ailleurs. Mais y avait-on la chance de déambuler de l’une à l’autre, dans une cité aussi charmante, sachant que la marche fait avancer l’esprit autant que les pas ? • en savoir plus Du 25 juin au 18 septembre. www.biennale-melle.fr
cet autre, lointain et mouvant. « Dans l’art numérique, on est parfois dans un formalisme un peu creux, commence Lionel. Nous, nous ne craignons pas de dire que notre travail est engagé, complète Sylvie. Après avoir suivi, Lionel et moi, les migrants mexicains pendant six mois, nous ne voulions pas donner la parole aux milices fascisantes de l’autre côté. » « AnthropoArt » Cette œuvre de vidéaste, immersive, interactive, monumentale, constitue aux yeux de Sylvie et Lionel « une nouvelle forme d’écriture de l’anthropologie visuelle ». Une démarche résolue qui les place de leur propre aveu à la marge – à moins que ce ne soit à l’avant-garde ? à moins que ce ne soit au point de rencontre ? – des arts numériques et des sciences humaines. Un entre-deux cohérent : « Nos installations invitent au dialogue, qui est l’aboutissement de notre travail de terrain et de notre travail d’équipe. » De Marseille à Montpellier, d’Annecy à La Rochelle (récemment à l’Astrolabe pour AmeXica sKin) ou Poitiers (au Confort moderne), ils s’installent ainsi aussi bien dans les centres d’art contemporain, les festivals de rue ou les festivals de films latino-américains. Gigacircus n’est pas un cirque, certes. Leur travail relève cependant bien de l’art de la piste, suivie ou brouillée. • en savoir plus www.gigacircus.net
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Diffusion en milieu rural
exposition Dan Graham
La bonne mine 3B
Rien n’est réel, tout est réel…
Installée au cœur du bourg de Baignes, dans le SudCharente, depuis 2005, la salle d’exposition de l’Espinoa s’est lancé un pari audacieux : faire vivre une programmation éclectique et ambitieuse en matière d’art contemporain, loin de l’agitation des centres urbains.
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Aline Chambras
iché dans une ruelle pavée de la petite ville de Baignes (1 300 habitants), l’Espinoa a fêté en 2010 ses six ans d’existence et une progression notable de sa fréquentation : d’environ 1 000 entrées il y trois ans, on est passé aujourd’hui à 2 000. « On existe toujours, et de plus en plus », s’enthousiasme Patrick Gauneau, vice-président en charge des affaires culturelles à la communauté de communes des 3B (Baignes, Barbezieux, Brossac) dont dépend l’Espinoa – contraction d’« espi », qui signifie clairière en patois saintongeais, et de « noa », nom d’un cépage interdit en France depuis 1935 parce qu’il produisait un vin accusé de rendre fou. « En 2004, le maire de Baignes prévoyait de faire de cet espace alors à l’abandon un musée d’arts et traditions populaires, explique Patrick Gauneau, mais, très vite, alors que la communauté de communes mettait sur pied les prémices de son action culturelle, nous avons préféré privilégier les arts visuels et plastiques et avons choisi de dédier l’Espinoa à leur découverte, avec comme philosophie de ne pas devenir une vitrine pour des artistes locaux, mais de vraiment œuvrer pour la diffusion de l’art contemporain. » La gageure n’a pas toujours été facile à tenir, aussi certaines ambitions ont-elles été revues à la baisse : « Nous avons fait quelques adaptations en inscrivant à la programmation des concerts ou du théâtre », précise Johan-Hilel Hamel, responsable du service culturel à la communauté de communes des 3B. « Mais nous avons réussi à tenir la barre, non seulement en accueillant de vraies pointures de l’art contemporain, mais surtout en attirant le public. » Car, et cela les responsables de l’Espinoa l’ont vite compris, s’offrir une belle programmation ne suffit pas pour faire vivre un lieu dédié à l’art contemporain dans une bourgade. « En amont de chaque exposition, nous allons à la rencontre des publics, notamment des scolaires via des ateliers ou des personnes en difficulté grâce à un partenariat établi avec le centre socioculturel du Barbezilien », souligne Johan-Hilel Hamel. Effectivement, pour Patrick Gauneau, « sans ce travail de sensibilisation et de médiation, ça ne peut pas marcher ». Pour la saison prochaine, le programme est déjà bouclé : en septembre, c’est l’artiste Guillaumit qui exposera ses « tables à dessin ». Et en juin 2012, le photographe Kristof Guez proposera une exposition réalisée en partenariat avec le Pac’Bô, l’école d’art implantée à côté de Dignac, au sud d’Angoulême. Une amorce de travail en réseau qui témoigne de la volonté d’action de l’Espinoa comme de l’avenir prometteur de la diffusion de l’art contemporain en milieu rural. • en savoir plus www.espinoa.com - 05 45 98 39 74 www.pacbo.fr - 05 45 25 36 40
La quête du réel et de ses possibles métamorphoses, la place – centrale – du spectateur, sont des permanences dans les expériences artistiques menées par Dan Graham depuis les années 60. Le ludique Kaleidoscope/Doubled – une commande publique – installé depuis octobre 2010 sur le parvis de la médiathèque de La Rochelle est un concentré de ses recherches et réalisations foisonnantes dont on peut avoir, cet été, un autre aperçu avec l’exposition1 « Anamorphoses et jeux de miroirs ».
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Dany Huc
e plus souvent les œuvres d’art sont intouchables, elles sont fragiles et altérables, seul le regard peut les recevoir, clé de l’adhésion ou du rejet, de la réflexion, des émotions qu’elles font naître. Celui qui regarde est à distance de l’œuvre, hors d’elle, deux espaces balisés qu’il faut virtuellement réunir pour que la rencontre ait lieu. Dan Graham, dès ses premiers travaux, questionne cet « art de galerie ». Sa courte carrière de galeriste, à New York, lui donne l’opportunité de rencontrer des artistes (Dan Flavin, Sol Lewitt…) qui définiront l’art minimal, l’art conceptuel et le land-art. Sa galerie fermée pour absence de ventes, Dan Graham se retrouve sur le carreau, sans moyens d’existence et retourne vivre chez ses parents dans le New Jersey. Ses premières armes seront, dans cette impasse économique, modestes : un appareil photo bon marché (un Instamatic) pour réaliser des diaporamas parodiques de cette vogue, puis des images de la vie quotidienne des banlieues américaines avec ses théories de pavillons formatés. Creusant plus loin, il publie ses travaux dans divers magazines (Art Magazine, Harper’s Bazaar…), écrit des critiques rock, passion musicale qui ne l’a pas quitté, un univers où les concerts, les espaces scéniques tiennent de la performance et l’inspirent (fond de scène en miroirs pour Sonic Youth, par exemple). Vont suivre des expérimentations via la vidéo cap-
tant la performance, donnant corps à ce « passé immédiat » qui le fascine toujours. Étrange en ce miroir Au cours des années 70, il va réaliser de nombreuses installations mêlant caméras et miroirs, préfiguration du futur cycle des pavillons et affirmation de la participation du spectateur. En 1984, comme une digression à ses travaux d’expérimentation, il livre une vidéo, Rock My Religion2, mêlant le rock, la contre-culture et la « mise en scène » des pratiques religieuses des Shakers, et après ça se focalise essentiellement sur la conception et la réalisation de pavillons, structures légères où il explore, non sans humour, le dedans-dehors, voir et être vu, la perception juste décalée du spectateur… Kaleidoscope/Doubled est un des fruits de ces expérimentations, de cette route prolifique et diablement cohérente parcourue par un autodidacte ayant acquis peu à peu une renommée internationale. Une reconnaissance qui a mis quelque trente ans à venir, malgré ses expériences et projets incessants. Il dit sans fausse modestie qu’il n’est pas un artiste professionnel, que pendant des années il n’était qu’un échec artistique… mais il n’a jamais lâché, assumant sa position non conforme aux attentes traditionnelles. Chez Dan Graham, l’homme et l’artiste se confondent, comme en témoigne Yannick Miloux, directeur du Frac Limousin et commissaire de l’exposition3 : « Il a trouvé son che-
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La commande publique, une longue route L’œuvre d’art dans l’espace public est un geste politique, une relation forte avec le spectateur, le lieu et son histoire, c’est un partage des charges et des retombées positives. La procédure est longue et complexe… Pour faire court : la commune, souhaitant une œuvre d’artiste contemporain, constitue un comité de réflexion et de pilotage qui va solliciter l’État pour sa participation financière et son expertise artistique. L’œuvre doit être conçue en tenant compte de son environnement social et architectural ; le comité définit un programme artistique qu’il estime adapté au contexte et sélectionne l’artiste ; il fait évoluer le projet, a valeur de conseil auprès de la commune et il établit le cahier des charges. Le projet est alors présenté en conseil municipal et un protocole d’accord est signé avec la DRAC (ministère de la Culture) ; l’artiste reçoit un contrat d’études de faisabilité et un plan de financement, il réalise les études et les maquettes : tout doit être prévu et résolu (problèmes techniques, conservation, maintenance etc.). Avant la réalisation, l’œuvre est expliquée au public au cours de rencontres et débats avec les comités de quartier et par des actions de communication. Mais, parfois, il suffit de quelques citoyens fâcheux pour que le projet global, et réalisé, soit amputé… Dan Graham, pour Kaleidoscope/ Doubled, avait conçu un environnement de verdure et de calme avec quatre îlots d’arbres… qu’il a fallu arracher en partie car leur – future – croissance allait priver les plaignants de leur vue « imprenable » sur la mer et les tours… La destinée des commandes publiques est parfois bousculée par d’individuelles et capricieuses raisons. • D.H.
min tout seul, observateur fin et précis, multipliant les expériences dans une relation au monde utopique et humaniste, mêlant culture et réalité quotidienne, respectueux de la nature, des parcs et des jardins, attentif aux enfants et aux arbres, c’est un sage à l’écoute… » • 1. À l’espace Art contemporain, au musée des Beaux-Arts et à la Médiathèque Michel-Crépeau de La Rochelle, jusqu’au 21 septembre 2011. 2. Projection du film Rock My Religion, présenté par Yannick Miloux, 16 septembre à 18 heures, médiathèque Michel-Crépeau. 3. Avec Annick Notter, directrice des musées d’Art et d’Histoire de La Rochelle, assistée de Doria Ardiet, responsable de l’espace Art contemporain.
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expressions
un magazine à l’ouest
carte blanche à djamel kokene
Djamel Kokene est né en 1968, à Ain El Hammam, Algérie.
Photo : Djamel Kokene
Ligne de fuite, sculpture, 2010 Sphère en barbelé rasoir anti-franchissement, galvanisé à chaud Ø 170 – Ex. 1/3 Courtesy de l’artiste et de la Galerie Anne de Villepoix, Paris 2010
un magazine à l’ouest expressions
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expressions un magazine à l’ouest
25 27 au 20 11
août
Beefheart
musique
7e édition
Des Demoiselles à Captain
Spectacles
Festival imprévisible & inattendu
expositions
5 rue des Géraniums - LA ROCHELLE Tél. : 05 46 56 80 50
Littérature
jeune public
audiovisuel
divers
agenda JUIL+AOÛT
Envoyez vos informations à agenda@magazine-expressions.com
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www.rochefort-en-accords.fr Office de Tourisme Rochefort Océan 05 46 99 08 60 Photo : DR / Design : Antichambre
JUILLET mercredi 06 ■ Parures préhistoriques à partir de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ cognac Blues Passion Festival musique Cognac 05 45 36 11 81 jusqu’au 09 juillet ■ Festival au villagE Festival Arts de la rue Brioux-su-Boutonne festivalauvillage@free.fr jusqu’au 09 juillet ■ Festival international du film de la rochelle 39e edition La Rochelle 05 46 52 28 96 jusqu’au 10 juillet ■ Terre de danse La danse sous toutes ses formes Pays du bocage bressuirais 05 49 65 10 27 jusqu’au 10 juillet ■ Off Modern Exposition collective Galerie de l’Espace Diderot – Poitiers 05 49 46 08 08 jusqu’au 16 juillet ■ Sébastien Vela Lopez et Yvonnette Hoareau Compagnie Mira CCN Chapelle Fromentin – La Rochelle 05 46 41 17 75 jusqu’au 16 juillet ■ Les Nouvelles Métamorphoses L’Orangerie La Mothe-Saint-Héray contact@nouvellesmetamorphoses.fr jusqu’au 17 juillet ■ Jacques Astoule Galerie Art Espace 83 La Rochelle 06 148 148 81 jusqu’au 17 juillet ■ Festival ludique international de Parthenay Une ville entière transformée en un immense plateau de jeux de 30 000m2 Parthenay 05 49 94 24 20 jusqu’au 17 juillet ■ Marc Perez Peintre – Sculpteur – Graveur Le clos des cimaises St Georges du Bois 05 46 43 23 08 jusqu’au 18 juillet ■ Expostion Kama Sutra 50 positions d’architecture Maison de l’architecture – Poitiers 05 49 42 89 79 jusqu’au 29 juillet ■ No Global Tour Santiago Sierra Centre d’art contemporain Rurart Rouillé 05 49 43 62 59 jusqu’au 31 juillet ■ Robert Doisneau, vous ici ? Salle Robert-Doisneau Saint-Sauvant 05 49 89 07 52 jusqu’au 10 août ■ De la neige en été Exposition collective Le Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 jusqu’au 21 aout ■ Niort Plage Parc du Pré-Leroy Niort 05 49 24 35 44 jusqu’au 28 aout ■ Objet orange identifié Céline Abond Maison du tourisme Lusignan 05 49 89 07 52 jusqu’au 31 août ■ Découvrir le littoral de Poitou-Charentes Espace de culture océane du littoral et de l’environnement Port des Minimes – La Rochelle 05 46 50 30 30 jusqu’au 31 août ■ Exposition collective Sam Szafran (estampes), Carole Benkazen (estampes) et Virginie Fubrmann (sculpture) Centre d’art contemporain – Châtellerault 05 49 93 03 12 jusqu’au 31 août ■ l'univers du cargo Photos de Karim Amrani Restaurant Le Cargo Les Minimes - La Rochelle jusqu’au 31 août ■ Biennale Internationale d’Art Contemporain de Melle Habiter la Terre : du battement de cœur à l’emportement du monde Ville de Melle 05 46 27 00 23 jusqu’au 18 septembre ■ Dan Graham Anamorphoses et jeux de miroir Musée des Beaux-Arts, Médiathèque Michel-Crépeau et à l’Espace Art Contemporain – La Rochelle 05 46 41 46 50 jusqu’au 21 septembre
■ Chercher la vie. Migrants en Guyane Photographies de Frédéric Piantoni Cité internationale de la bande dessinée et de l’image Angoulême 05 45 38 65 65 jusqu’au 02 octobre ■ Le nombril du Monde Jardin d’histoires Pougné-Hérisson 05 49 64 19 19 jusqu’au 02 octobre ■ Bestes, Bestiaux & Bestioles Château d’Oiron Oiron 05 49 96 51 25 ■ Déconstruction de Laurent Millet Le Moulin du Roc – Niort 05 49 77 32 30 jusqu’au 22 octobre ■ Cela va sans dire, travail in situ Daniel Buren Cenre d’art la Chapelle Jeanne d’Arc – Thouars 05 49 66 02 25 ■ Renouveau Réalisme FRAC Poitou-Charentes 63 boulevard Besson Bey – Angoulême 05 45 92 87 01 jusqu’au 04 décembre ■ Pourquoi j’ai mangé mon chien ? Une archéologie des animaux Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 31 décembre ■ Mémoire Matières animales et Art contemporain Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 31 décembre JEUDI 07 ■ Céramique à partir de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Bagad du Moulin vert Tradition bretonne Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 20h30 ■ Red Cardell Rock celtique Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 21h45 VENDREDI 08 ■ Festival international de guitarE Musique classique La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 ■ Les oreilles en éventail Festival des musiques insolites Saintes 05 46 92 34 26 jusqu’au 10 juillet ■ Le chant du dire-dire au festival Off d’Avignon Compagnie du Théâtre de l’Esquif Théâtre l’Alizé – Avignon 05 49 69 07 93 jusqu’au 31 juillet
■ Figurez-vous Estampes de l’ACAPA Artothèque – Angoulême 05 45 81 24 68 jusqu’au 27 août lundi 11 juillet ■ Musique préhistorique à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ À la recherche de l’Idiot Festival Sites en Scène Château de la Roche Courbon St Porchaire 05 46 31 72 21 jusqu’au 21 juillet MARDI 12 juillet ■ À la rencontre des animaux d’hier et d’aujourd’hui à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Eliane Radigue & Carol Robinson Musique contemporaine La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ L’alimentation au Néolithique Démonstration de technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 17 juillet ■ Les Francofolies Festival musique La Rochelle 05 46 50 55 77 jusqu’au 16 juillet ■ Atouts Arts Musiques actuelles Thouars 05 49 66 24 24 jusqu’au 16 juillet mercredi 13 ■ Deviens archéologue à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Milonga Bal argentin La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Festival international d’Art et de Pyrotechnie Festival Sites en Scène Centre ville et lac – St Palais-sur-Mer 05 46 31 72 21 jusqu’au 20 juillet jeudi 14 ■ Mer et lumière Festival Sites en Scène Face au fort Vauban - Fouras 05 46 31 72 21 vendredi 15 ■ Mme Raymonde ExagÈre Chansons rétro et théâtre La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 ■ Peinture pariétale à partir de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Aca Seca & Alter Quintet Musique latine La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71
21 et 22 juillet ■ FeStiVAl RéSONANCeS 2011 Les « Priz d’Art », spectacles d’art de la rue, place Colbert, fin d’après-midi : Fanfaraï, Chabatz d’entrar, Barolosolo, Toron Blues. Les « Concerts sur la pelouse », site de la Corderie Royale en soirée : Mor Karbasi, Fanfaraï, Rajery, Mélissa Laveaux Rochefort (17) - Gratuit Renseignement : 06 25 08 19 31 www.festival-resonances.com
■ Drôles de Mômes Arts de la rue Château Montendre 06 76 35 96 74 jusqu'au 10 juillet samedi 09 ■ “Ô!!! Feux…” Festival Sites en Scène Pôle mécanique de la HauteSaintonge – La Genétouze 05 46 31 72 21 ■ Musiques et danse du monde Folklore, musiques actuelles Airvault 05 49 64 73 10 jusqu’au 14 juillet ■ Festival des enfants du monde Musiques et danses folkloriques Saint-Maixent-l’École 05 49 05 54 05 jusqu’au 15 juillet
■ Les Fous-cavés déambulent 10e édition Port-d’Envaux 06 08 23 18 56 jusqu'au 16 juillet ■ Festival de Saintes Abbaye aux Dames – Saintes 05 46 97 48 30 jusqu’au 23 juillet samedi 16 ■ Caboch’art sur la Route Festival Les Nuits Romanes Église Saint Jean-Baptiste – Ronsenac 05 46 27 52 49 ■ Décrocher la lune Festival Sites en Scène Les quais – Tonnay-Charente 05 46 31 72 21 ■ Drôles de rue Festival Sites en Scène Cœur de ville et château - Jonzac 05 46 31 72 21 jusqu’au 17 juillet
■ Un violon sur le sable Festival Sites en Scène Plage - Royan 05 46 31 72 21 jusqu'au 29 juillet ■ de Bouche à Oreille Nouvelles musiques traditionnelles Parthenay 05 49 94 90 70 jusqu’au 30 juillet mardi 26 ■ Habitats préhistoriques à paritr de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 mercredi 27 ■ Céramologie à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Atelier musical de Touraine Odyssée musicale La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71
29 et 30 juillet ■ Festival « au Fil du son » Pour sa 8e édition le festival « Au Fil du Son » vous propose une programmation exceptionnelle. Les 29 et 30 juillet prochains seront animés par un savant mélange de groupes locaux et internationaux avec en apothéose Patrice, Les Ogres de Barback, High Tone, et Les Hurlements d’Léo, ainsi que de très bonnes surprises musicales... Civray (86) - Rens. : 06 89 89 47 67 - www.lachmiseverte.com
mardi 19 ■ Ferme les yeux… Conte poétique et musical La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 ■ Animaux symboliques à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Les Neveux de Rameaux Musique baroque, voix et luth La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ 24e festival Musique en Ré Festival Sites en Scène Île de Ré 05 46 31 72 21 jusqu’au 28 juillet mecredi 20 ■ Cristine Harpe classique et électronique La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ ArtenetrA Académie internationale de musique Pays Mellois 05 49 28 29 68 jusqu’au 6 août jeudi 21 ■ Princes sans Rire Cour du musée Ernest Cognacq St Martin-de-Ré 05 46 27 52 49 ■ Création de bijoux et outils préhistoriques en étain à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Milonga Bal argentin La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ DJ Moule Orchestra Mix rock électro Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 21h ■ Mister Valaire Electro Jazz Hip-hop Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 22h ■ Résonances Festival Sites en Scène Place Colbert et Corderie royale Rochefort 05 46 31 72 21 jusqu'au 22 juillet ■ Boulevard du Jazz Jazz, balade musicale, revue décalée… Melle 05 49 07 72 69 jusqu’au 23 juillet vendredi 22 ■ O Carmen Opéra clownesque La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 samedi 23 ■ avant la Mère Denis Festival Sites en Scène Autour de la mairie - Surgères 05 46 31 72 21 jusqu'au 25 juillet lundi 25 ■ Glory Gospel Singers From USA La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53
JEUDI 28 ■ Caboch’art sur la Route Spectacle La Capitainerie sur l’Îlot St Martin de Ré 05 46 27 52 49 ■ Visages de pierre à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Carte blanche à la cie La Cavale Danse contemporaine La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Jumpin’ to the west side Blues Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 21h ■ bo Weavil Blues Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 ■ Marc Jolivet Fête 40 ans de scène ! La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 jusqu'au 29 juillet ■ La Fête du Cognac Musique et dégustation Les quais – Cognac 05 45 81 21 05 jusqu'au 29 juillet vendredi 29 ■ Yankele Musique klezmer La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Vases zoomorphes en céramique Démonstration de technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 10 août ■ Au fil du son Concert Civray 06 89 89 47 67 samedi 30 ■ Pedro Soler & Gaspar Claus Flamenco et violoncelle La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71
AOÛT MARDI 02 ■ Théâtre en l’Abbaye Festival Sites en Scène Abbaye royale – St Jean-d’Angely 05 46 31 72 21 jusqu'au 4 août ■ Festi’Vaux Musiques actuelles Théâtre de Verdure – Vaux-sur-Mer 05 46 23 53 00 jusqu'au 4 août ■ Filage, cordage Démonstration technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 19 août
Mercredi 03 ■ Parure préhistorique à partir de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Ensemble mené par Gionata Sgambaro Musique classique aux éclats contemporains La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 jusqu'au 4 août jeudi 04 ■ Bernard Allison Blues, rock, funk La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 ■ Le Diable aux Cordes Place de la République St Martin-de-Ré 05 46 27 52 49 ■ Deviens archéologue – Musique préhistorique à partir de 7-8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ My Secretary Pop-Rock-Indie Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 21h ■ Djak French pop Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 – 22h30 vendredi 05 ■ Soirées flutes du monde Musique du monde, d’hier et d’aujourd’hui La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Festival Humour et eau sale Festival Sites en Scène Centre ville et plage St-Georges-de-Didonne 05 46 31 72 21 jusqu'au 7 août dimanche 07 ■ Chansons françaises autour du monde Festival Sites en Scène Le Port – La Flotte-en-Ré 05 46 31 72 21 ■ Festival de l’Abbaye de fontdouce Festival Sites en Scène Abbaye de fontdouce St Bris-des-Bois 05 46 31 72 21 lundi 08 ■ “Autour de Julie”, swing Folies et le Jazz Salé Festival Sites en Scène citadelle et place de la République – Le Château d’Oléron 05 46 31 72 21 jusqu'au 11 août ■ Archéozoologie à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 mardi 09 ■ DJ set Ouverture gratuite La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Métallurgie du cuivre Démonstration de technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 24 août ■ Moynaq, Ouzbékistan Anne Leroy Le Pilori – Niort 05 49 78 79 88 mercredi 10 ■ Préhistochef à partir de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jeudi 11 ■ Quand les animaux tombent le masque à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Caboch’Art sur la Route La Capitainerie sur l’Îlot St Martin de Ré 05 46 27 52 49 ■ Ombres Danse contemporaine La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Old up steady Rocksteady Jardins du Moulin du Roc - Niort 05 49 78 79 88 – 21h ■ Jaqee soul Reggae Jardins Moulin du Roc - Niort 05 49 78 79 88 – 22h vendredi 12 ■ Alexis Cardenas & Recoveco Musique colombienne, vénézuélienne et brésilienne La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 samedi 13 ■ Linea Tigre Grand ensemble tango traditionnel La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ 13 à table Pierre-Alexandre Rémy, Grégory Markovic, Andy Guérif Île d’Aix 06 18 20 56 73 jusqu’au 20 août ■ Vannerie Démonstration technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 27 août
■ Tribal Elek festival Festival de didgeridoo et musiques actuelles Étang des rosée - Genouillé 06 70 00 50 74 jusqu'au 14 août dimanche 14 ■ Eclad’Esnandes Festival Sites en Scène Eglise fortifiée Saint-Martin Esnandes 05 46 31 72 21 jusqu'au 15 août ■ Musiques et feux au donjon Festival Sites en Scène Centre ville et Donjon - Pons 05 46 31 72 21 jusqu'au 15 août mardi 16 ■ Céramique à partir de 6 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ L’alimentation au Néolithique Démonstration de technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 20 août mercredi 17 ■ Infiné classique et électronique La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 jusqu'au 18 août jeudi 18 ■ Peinture pariétale à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Moon pallas Rock électro Jardins du Moulin du Roc Niort 05 49 78 79 88 – 21h ■ Fortune Pop électro Jardins du Moulin du Roc Niort 05 49 78 79 88 – 22h30 vendredi 19 ■ Bachar Mar-Khalifé + Murcof & anti-VJ Musique La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 Sur un aire de barouf Stade municipal Pons 06 60 67 20 06 jusqu'au 21 août ■ Les soirées Jazz en Ré Parking de la Courtine St Martin de Ré 06 64 06 15 12 lundi 22 ■ Animaux symboliques à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 mercredi 24 ■ Archéozoologue à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Atelier musical de Touraine Voix, flute et musique électronique La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 ■ Lumières du baroque Ensemble Mensa Sonora Celles-sur-Belle 05 46 00 13 33 jusqu’au 28 août JEUDI 25 ■ Rock balkanique Transbal Express et La caravanne passe Jardins du Moulin du Roc – Niort 05 49 78 79 88 ■ Rochefort en accords Festival imprévisible et inattendu avec Benoit Moerlen, Bertrand Belin, Bruno Bertrand, Declan de Barra, Emmanuelle Parrenin, Eric Drew Feldman, Eric Longsworth, Essra Mohawk, Fabrice Barré, François Billard, Gary Lucas, Hélène Labarrière, Innes Sibun, Karen Mantler, Laurie Hall, Leonard Le Cloarec, Martin Stone, Morris Tepper, Napoleon Murphy Brock, Nicolas Genest, Nicolas Mingot, Roy Estrada (Orejon), Seb Martel, Sébastien Llado, Serge Teyssot-Gay, Vic Moan Rochefort 05 46 99 08 60 jusqu'au 27 août ■ Appel à candidature Résidence pour jeunes photographes Niort 06 82 11 05 26 jusqu’au 10 septembre ■ Vanneries préhistoriques à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 vendredi 26 ■ Resistencia ! Musique salsa La carrière de Normandoux – Tercé 01 42 71 59 71 mardi 30 ■ Le vêtement préhistorique à partir de 7 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 mercredi 31 ■ Laine, plume, os ? Pour quoi faire ? à partir de 8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13
«l’abus d’alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération»
■ Contes en chemins Contes dans des sites insolites 14 communes en Val de Sèvres 05 49 06 07 50 jusqu’au 25 juillet ■ Taille de silex Démonstration de technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 07 août LUNDI 18 ■ Laine, plumes, os ? Pour quoi faire ? – Tissage à partir de 7-8 ans Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 ■ Travail de l’os Démonstration de technique primitive Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13 jusqu’au 31 juillet
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théorie chemin de traverse
Expérimenter en coprésence
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pascal sémur
epuis les années 20, accompagnés des théories de Marcel Duchamps et par l’évolution des technologies, les champs d’action et les formes de l’art se sont démultipliés (vidéos, performances, objets). Si ces nouvelles pratiques semblent approuvées par le marché de l’art, l’objet à forte valeur ajoutée tend à supplanter la production de sens autour des usages de l’art. En 1988, dans Art et multitudes1, Toni Negri décrivait l’ennui qu’avait produit sur lui la visite de la biennale de Venise – « Nous en étions sortis perplexes, étonnés d’un tel vide d’innovation formelle » – et concluait que nous en arrivions à la « fin d’une culture expressive ». Dès les années 70, Joseph Beuys, puis Félix Guattari et d’autres avaient commencé à s’interroger sur la question de l’écologie de la création et de sa surproduction. Depuis, la carrière des artistes est devenue l’« ultime modèle du libéralisme2 » : indépendant, rémunéré au projet, autogestionnaire de sa carrière.
Une multitude à l’œuvre Certains artistes, accompagnés par des théoriciens et des chercheurs de différentes disciplines, concentrent leur réflexion sur la façon de proposer d’autres expériences, tout en continuant à exister sur la scène artistique. Par celles-ci, entendons plutôt « singularité » qu’excentricité. Devant la massification des pratiques artistiques, ils doivent repenser la fonction de l’artiste, recréer des pratiques qui prennent en compte l’usager de l’art, et inventer des écosystèmes économiques pour perdurer. L’œuvre n’est plus le résultat d’un auteur mais celui d’une « multitude », au sens où création et fabrication résultent de compétences et de savoirs assemblés et partagés. Les œuvres prennent leurs sens dans l’expérience et dans le récit. Inachevées, elles viennent se frotter aux monuments de certitudes écha-
faudés par d’autres. Elles sont parfois convoquées dans les manifestations artistiques, tout en restant plus confidentielles par leur nature même, et font des allers-retours entre des lieux dits « expérimentaux » et l’institution. Il s’agit de créer un mouvement allant d’une esthétique de l’objet vers une « esthétique des passages3 » et des rencontres, pour que l’art devienne un territoire de coprésence entre acteurs, spectateurs, lieux et proposition. Social, politique, artistique En 2009, lors de la « Force de l’art 02 » au Grand Palais, étaient invités, entre autres, les « Protocoles méta », initiés par Jean-Paul Thibeau. Les Protocoles méta est un projet de groupe, d’expérimentation sociale, politique et artistique. Il ne s’agit plus d’arriver dans une exposition avec des œuvres préfabriquées mais d’utiliser les disponibilités du lieu, des compétences humaines, pour produire de la pensée et de l’action. La forme d’intervention choisie est souvent le congrès ou le collège. Ces sessions s’articulent selon trois phases : expérimentation, élaboration de propositions, et réalisation du ou des projets. « L’art expérimental fonde, invente, s’approprie et combine les critères, les moyens avec lesquels il va produire sa situation, son expérience, ses formes. L’art est toujours une configuration provisoire de positions, d’idées et de formes : c’est un champ d’expérimentation esthétique et politique de l’existence. » (Jean-Paul Thibeau, 2005). Bien sûr, il existe des transversalités entre ces expérimentations et les formes plus classiques de pratique artistique. Elles ne sont pas isolées de l’histoire de l’art. Elles s’approprient pleinement des pensées artistiques antérieures comme celle d’Allan Kaprow : « Expérimenter, c’est
imaginer quelque chose qui n’a jamais été réalisé auparavant, par une méthode jamais utilisée auparavant, dont le résultat serait imprévu. » On peut évidemment s’interroger sur une esthétique qui ne devient plus que théorique, puisque petit à petit elle ne produit plus d’objet. Mais l'enjeu est justement que cette esthétique intègre les quotidiens, qu’elle soit la matière même de notre existence. Sans cela, l’art ne concernera plus qu’une poignée de spécialistes accompagnés par des consommateurs regardant le spectacle de cette discipline pourrissante, car trop connivente avec le monde qui l’entoure, mais qui pour autant « croit constamment » le « tenir sous la menace d’une révolution4 ». Le chantier de la culture ne peut plus être réservé qu’à certains. Il doit être partagé pour retrouver du souffle, là où, épuisés, nous cheminons sans conviction à l’intérieur d’allées d’objets bien ordonnés dans des cubes blancs. • 1. Toni Negri, Art et multitude, Neuf lettres sur l’art, Atelier / Epel, 2005. 2. Luc Boltanski, Le Nouvel Esprit du capitalisme, Gallimard, 1999. 3. Abdellah Karroum, « La “coprésence”, fondement de la rencontre », in revue Recherche Esthétique, 2006. 4. Francesco Masci, Superstitions, éditions Allia, 2005.
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emmanuel bernardoux Peintre/réalisateur
Un dieu, un chien, un rock…
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Élian Monteiro
rois, au nombre de sa fratrie ; trois, fausses couches de sa mère avant que de venir au monde ; trois, lettres BKN sur les panneaux de Brooklyn idem à celles d’Emmanuel né BenKemouN ; trois, au nom du père qui n’est pas celui du fils. Amen. À mort ce père en mars dernier, troisième mois de l’an. Parti sans laisser d’adresse quand Emmanuel BKN devenu Bernardoux fêtait trois ans d’âge. Ça commence à faire beaucoup, tous ces 3. Sans père ni repère, la trinité a marqué sa vie, son œuvre. Il n’est pas religieux mais spirituel, Emmanuel : « […] fasciné par la Bible et ce que l’on y trouve de violence, de soumission, d’abandon. C’est Star Wars ! ils se fritent tous tout le temps. »
Des profondeurs de la peau Sa peinture sera donc de chair, de sang, de sexe avec psaume 129 (130) en filigrane de la toile et en tatouage sur sa poitrine : De profundis clamavi ad te, Domine1. Et sur chaque bras un blue tattoo encore : Dog à gauche ; God à droite. Croisez-les et les chiens et les dieux se mêleront. L’instinct et l’esprit, à la lutte en quête de lumière et d’équilibre. Voilà à quoi l’être Ber-
nardoux se résume. À contre-courant du flot verbal qu’en général génère l’art contemporain, lui est un discret. Son discours c’est : je m’enferme et je travaille. Des heures, des jours, de longues semaines. Ici, à La Rochelle où il vit. À New York où il va, à Melbourne d’où il vient. La charge symbolique qu’il porte (des chiffres, des lettres : chez lui 11/ eleven s’épelle Hell-Heaven), ce n’est pas de l’ésotérisme de comptoir. C’est le ferment dont Bernardoux nourrit son œuvre : la trinité ou le double M de Mickey Mouse, de Maria-Magdalena, d’eMManuel sont pourvoyeurs d’images. « Tout ça forme un puzzle géant dont je ne connais pas l’aboutissement, seulement les connexions entre différents moyens que j’expérimente. » Il y a la peinture – bruit abstrait fort en geste, couleur, matière d’où jaillit la délicate apparition d’un seul trait parfait à la pointe d’un stylo : forme humaine, corps, sexe, visage et plage de blanc comme une place laissée à l’autre. Il y a aussi la photo qui bouge – ou la vidéo qui s’arrête. Time-lapse, stopmotion. 700 clichés font 3 minutes de film, séquentiel écho à sa peinture où se mêlent encore Dieu et le chien (invisible l’un et l’autre) sur fond de rock2.
En résidence à New York, puis à Melbourne, Emmanuel a tourné des films pour un, deux personnages ; des films pour une ville pas sage comme une image et pour la lente vitesse de ses nuages. Il écrit et dessine avant de mettre en boîte. Et s’il n’y a pas de ville, pas d’autre personnage, c’est lui-même qu’il place au centre d’un cercle tracé dans son atelier rochelais. Lui qu’il filme rasant ses cheveux. C’est violent et beau à tomber les nôtres. • 1. Des profondeurs je criai vers toi, Seigneur. 2. Écouter Tool, APC, Thom Yorke.
en savoir plus Voir ses œuvres à La Rochelle : après une expo qui s’est terminée en juin au centre Intermondes, Bernardoux sera à La Fabrique, 22 rue Bletterie, jusqu’au 30 septembre et à la galerie Brigitte Ruffin - Art Espace, av. du 11-Novembre du 15 septembre au 1er octobre. Voir ses films sur www.maulbox.com et le clip réalisé pour le groupe 49 Swimming Pools sur www.myspace.com/49swimmingpools
l'’instinct et l’esprit, à la lutte en quête de lumière et d’équilibre. Voilà à quoi l’être Bernardoux se résume
New York, Melbourne, Montréal… Hors du cercle On sait à peu près comment sont traités les artistes contemporains en France : couronnes tressées à certaines catégories d’entre eux pour des raisons pas toujours accessibles au public ; absence d’intérêt pour une grande majorité. L’exemple d’Emmanuel Bernardoux montre que d’autres pays considèrent autrement les artistes, d’où qu’ils viennent. Suivant le flot de matière grise française à l’export, nombreux sont ceux qui s’exilent dans des capitales (Berlin, Tokyo, Londres, New York) plus excitantes en matière de création que Paris, vers où les regards convergent pour seulement livrer un constat : France n’est plus ce qu’elle fut. En 2009, Emmanuel Bernardoux a vendu son appartement et quelques toiles. Il en a roulé d’autres sous son bras. Direction New York où il s’installe pour 100 jours en résidence dans une « factory » de Brooklyn. Dans le même temps il a déroulé quelques toiles de sous son bras. Deux propriétaires de galeries y ont été très sensibles et l’exposent depuis. Parole d’artiste qui ne reste pas dans son village en attendant que le FRAC du coin daigne adresser un signe à ses œuvres : « J’aime chercher, trouver de nouveaux trucs pour avancer, dit-il. Chercher c’est voyager, quitter un pays assoupi dans ses certitudes artistiques, ses institutions qui remâchent les mêmes schémas conceptuels. Aux États-Unis, ils s’en foutent de ton pedigree. Les galeries qui m’exposent m’ont demandé à voir ce que je fais, pas d’où je viens. » En 2011, il s’en est allé à Melbourne, soutenu par l’université locale et l’Institut français avec atelier, appart’ puis expo. Il y retournera en octobre pour un projet d’œuvre visuelle qui accompagnera la musique du compositeur contemporain David Chisholm. « Le système anglo-saxon (en Amérique du Nord comme en Australie) c’est des privés mais qui te donnent ta chance… et accueillants et gentils avec ça ! En France j’ai envoyé des dossiers par centaines à des galeries. Personne ne répond. » Idem du côté des institutions : « Il faut être dans le cercle, on voit toujours les mêmes et le même genre de choses. » Hors cercle, il attend ses papiers pour gagner le Canada en famille et s’installer à Montréal où il a déjà voyagé et exposé, au cœur du célèbre édifice Belgo, haut lieu de l’art montréalais. • E.M.
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Enseignement
L’art de comprendre l’art… une option
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Élian Monteiro
maginerait-on le français, les maths réduits à l’heure hebdomadaire ou l’anglais aussi « optionnel » que l’approche des arts quand il semble pourtant indispensable à la compréhension d’un monde globalisé ? À raison d’une heure/semaine au collège, c’est tarif réduit. Au lycée, la réforme a vécu sa première année : elle a institué l’obligation pour les élèves de participer à un « enseignement d’exploration ». Mais la séquence Histoire de l’art/ Patrimoine est au choix parmi douze autres – fait-elle le poids avec l’éco-
nomie ou le latin ?… Les galeries ne se rempliront pas encore des couches populaires que l’art contemporain n’a jamais vraiment atteintes. À quoi bon d’ailleurs, si le public n’a pas l’outil pour faire la part des choses entre un art labellisé, officiel, prêt à consommer et la démarche d’un artiste indépendant. Une nécessité Patrick Sembel, professeur d’histoire de l’art au lycée Dautet de La Rochelle, a en charge l’Exploration Patrimoine. Le mot peut donner à lire « conservatisme » – il suffit de se promener sur quelques sites Internet de lycées pour
voir qu’explorer se résume à visiter la cathédrale du coin. « J’ai d’abord eu une réaction de défiance. Dans les faits je me suis trompé. Il y a beaucoup de liberté. » Il l’a prise en tout cas, saisissant ses élèves dans leur siècle – halles de l’Encan ou verres de Dan Graham. Tous n’ont pas la chance de l’avoir rencontré lui ou celle d’habiter une ville. Où les inégalités territoriales se manifestent, une œuvre se résume souvent à la photographie de l’œuvre. Et se rendre à Berlin, grand foyer d’art contemporain, requiert un budget que les lycées n’ont pas. À propos d’Allemagne et autres voisins (Italie), on y paraît mieux éduqué à l’art, plus élevé en sensibilité aux artistes de son époque. Ne parlons pas de pays nordiques (Suède) où l’art fait partie sans discussion (ni « option ») d’une scolarité bien comprise. En France, malgré textes et réformes, il n’est pas encore une discipline de l’Éducation nationale. Patrick Sembel a pourtant vu des déclics chez certains élèves. « L’art contemporain est une nécessité, une clé de compréhension de leur époque. » Mais elle n’ouvre pas aussi directement les portes de l’emploi ou du revenu que la connaissance d’une langue étrangère ou des hoquets du CAC40. « Nos sociétés ont une conception utilitariste de l’enseignement », rappellet-il. Or l’art ne sert a priori à rien. Reste à adhérer à l’optimisme de l’enseignant. Il apprend à décrypter, donne de l’autonomie dans la réflexion, affûte le sens critique de ses élèves. Et pense malgré tout « qu’entre ce que produisent l’école et des événements comme Monumenta, se forme un groupe de gens qui s’intéresseront à l’art contemporain ». •
paul ardenne commissaire d'exposition
Ardenne for curator Paul Ardenne est l’auteur de nombreux essais consacrés à la création contemporaine, enseignant et critique d’art. Un parcours semé d’œuvres, qui l’a amené à croiser le chemin de personnalités aussi déterminantes qu’Ami Barak, curator* de notoriété internationale, et à rejoindre au gré des demandes le cénacle des commissaires d’expositions. Son regard sur ce métier d’organisateur de foires culturelles est tranchant.
P
Pierre Labardant
aul Ardenne revendique avant tout sa qualité d’auteur. « La meilleure exposition, c’est un livre. » L’écrit reste, alors que l’accrochage passe. La présentation physique de l’art contemporain génère toujours des frustrations. « Le manque de moyens, la difficulté d’accès aux œuvres, les formalités administratives ou la susceptibilité de certains artistes » sont autant d’obstacles à l’exhaustivité et à la qualité culturelle. Et contrairement à l’activité solitaire qu’est l’écriture, les expositions provoquent la ronde de nombreux intervenants, qui crée un cycle de responsabilités et oblige à rendre des comptes. « Ça me
dérange ! » Des contraintes objectives qui confortent Paul Ardenne dans ses engagements : « J’ai toujours privilégié la pensée sur le spectacle. » Depuis son apparition, dans les années 80, à l’époque de l’irruption du postmodernisme, la vocation de coordinateur d’exposition a connu un lent et inéluctable glissement vers la « spectacularisation ». C’est aujourd’hui un métier auquel on se forme dans le cadre de Masters universitaires et qui privilégie l’« effet » au détriment de la réflexion. Car il faut absolument « savoir vendre une exposition ». Le niveau de qualité des expositions actuelles révèle l’« état moral de la société ». Ce travail a perdu beaucoup de sa liberté. Il faut éviter de montrer la violence, la pornographie
et les images stigmatisantes. Le commissaire d’exposition doit désormais se placer dans une « perspective autocensurale » pour ne pas faire courir de risques médiatiques ou financiers à ses commanditaires. « C’est une situation que j’ai connue récemment à l’occasion de l’exposition "Ailleurs", organisée à l’espace culturel LouisVuitton, dont l’accès se faisait par leur magasin des Champs-Élysées. » Le culturel tend à devenir une activité à connotation marchande, brimant l’audace, « une distraction, au même titre que le shopping ». En proposant moins de divergence de points de vue, l’exposition d’art contemporain serait-elle désormais « une valeur pauvre » ? • * Ce mot anglais désigne à la fois le conservateur en charge d’une collection et le commissaire d’exposition.
Après « Ailleurs », l’exposition organisée à Paris à l’espace culturel Louis-Vuitton, de février à mai 2011, et « Wani », en collaboration avec Marie Maertens, en avril-mai 2011 à la Fondation Ricard, à Paris également, Paul Ardenne devrait être commissaire d’exposition du Printemps de Septembre 2012, le festival de création contemporaine de Toulouse.
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littérature
De la culture du culte, au culte de la culture 1
Jacky Flenoir La Grande Expo Il faut créer l’événement, persuader le public que cette occasion unique ne se reproduira pas. De quoi s’agit-il, d’un aller-retour sur la lune ? Non pas, mais de la multiplication des grandes expositions, celles que l’on doit absolument voir : comment, vous n’avez pas vu l’expo Monet* ?! Diantre, mais redescendez sur terre ! À croire qu’aujourd’hui, l’intérêt d’une expo se mesure plus au nombre d’entrées qu’à la qualité et la cohérence des œuvres exposées. Estce la meilleure façon de contempler la peinture ? Selon l’écrivain Jean Clair, « le plaisir de visiter un musée a fini par succomber à la fatigue de son exercice2 ». Au coude à coude, une file d’attente interminable, la promiscuité, l’impossibilité de rester immobile devant un tableau sans sentir sur sa nuque un souffle d’agacement, ou gêner le photographe amateur (d’art). « Abattoirs culturels » À quoi servent les musées aujourd’hui ? Oubliées leurs valeurs identitaires, culturelles et politiques, ils ne seraient plus, selon Maurice Blanchot, que « le préambule à des temps obscurs, où l’art aura cessé d’exercer ses fonctions3 ». Ou, poursuivant la pensée plus radicale de Jean Clair, un absurde alignement de tableaux. La culture supplantée par le culturel ? En effet, prétendre ouvrir à tout le monde les portes des musées, sans donner la possibilité d’apprendre et de comprendre ce qu’on y voit, relèverait du plus pur mépris. (Pour Jean Clair, contrairement à l’Allemagne ou l’Italie, la France n’a pas d’enseignement de l’histoire de l’art.) Tout comme un illettré qui peut survoler sans inquiétude un texte truffé de fautes d’orthographe, que comprend celui qui déambule parmi des œuvres d’art sans posséder les « clés » de la connaissance ? Foire d’art contemporain Les musées sont devenus des lieux de lancement pour l’art contemporain, ils doivent ouvrir leur espace à la création « vivante ». Ces « lieux de mémoires tentent de suivre une cure de rajeunissement en imposant, contre tout bon sens, l’idée que les créations les plus audacieuses, les plus choquantes […] s’inscrivent sous la griffe distinctive d’“art contemporain” dans l’histoire des chefs-d’œuvre d’autrefois4 ». Et contrairement aux avant-gardes du xxe siècle, les artistes aujourd’hui ne rêvent que d’entrer aux musées. D’autant plus que leurs créations deviennent souvent objet de spéculation, à rendement élevé. Cet « art des traders », contre lequel Jean Clair s’insurge, c’est le cri d’un désenchanté, mais non d’un indigné, tant l’on sent, inaltérable, l’amour des beaux-arts chez ce passionné du Beau. • 1. Jean Clair, L’Hiver de la culture, Flammarion, 2011. 2. Malaise dans les musées, Flammarion, 2007. Jean Clair est aussi conservateur de musée, historien de l’art et académicien. 3. L’Amitié, Gallimard, 1971. 4. L’Hiver de la culture, op. cit.
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expressions un magazine à l’ouest
internet
exhausteurs
pierre labardant
livres, disques, films...
www.thejohnnycashproject.com
Dessine-moi un Johnny
livre
livre
Steven Heller, Kevin Reagan
livre
Volker Kutscher
Disque à forte vocation artistique
La mort muette S euil P oliciers
T aschen
On n’enterre pas l’homme en noir facilement. Le Johnny Cash Project en donne la preuve par le web. Ce site participatif propose aux internautes de créer une grande galerie d’illustrations et de donner vie à un clip posthume de la chanson Ain’t No Grave (titre du dernier album studio du chanteur). Aujourd’hui, 250 000 personnes, en provenance de 172 pays du monde, ont rendu hommage à l’artiste en créant un « living portrait » de l’homme et de son œuvre. Un univers graphique teinté de noirceur, de mort, de résurrection et d’esprits supérieurs. Une bête numérique en perpétuelle mutation. •
www.tv5.org/TV5Site/cultures/cultures_du_ monde.php
L’art selon Otto Timidement, la chaîne TV5 Monde se penche sur la création contemporaine en diffusant des vidéos consacrées à des artistes ou à des expositions. Ces sujets d’une minute sont présentés par Otto, personnage de gardien de musée interprété par Tom Novembre. Au terme d’un générique à l’humour désopil-afflige-ant (étrangement accompagné du germanophone et daté titre Der Kommissar de Falco), l’Otto-crate impose son interprétation du message délivré par l’œuvre aux néophytes internautes en ponctuant ses interventions d’un « Tâchez d’y penser ». Une opinion qui n’engage que lui. •
www.rosab.net
Rosa Rosa Rosab
L’éditeur Taschen consacre un livre en édition limitée à Alex Steinweiss, l’homme qui a décidé de faire du disque une nouvelle forme d’art graphique. Engagé comme directeur artistique de Columbia Records en 1940, ce jeune homme talentueux a un jour décidé de remplacer les banales pochettes de couleur marron par des couvertures accrocheuses, à la typographie audacieuse et aux illustrations résolument modernes. De cette invention est né un standard. Un ravissement pour l’oreille du mélomane. Un délice pour l’œil du collectionneur. • P.L.
cd
En mars 1930, dans un Berlin en proie aux conflits entre communistes et nazis, une actrice est assassinée dans les prestigieux studios de Babelsberg, à cette époque charnière pour le cinéma qui voit s’affronter les défenseurs d’un art cinématographique pur, celui du muet où l’expression remplace les mots, et les partisans enflammés du progrès technique qui prônent l’avènement du parlant. Cette deuxième enquête, touffue, complexe et rythmée, du commissaire Rath démontre surtout que la qualité des polars allemands n’a rien à envier à celle de leurs confrères scandinaves. • P.T.
The Steve Miller Band R oadrunner R ecords
D’une dérive l’autre ou la tentation du twin fin L es
L’art de la pochette de disques commence à être reconnu officiellement par les musées et les galeries de premier plan. Parmi les graphistes les plus inventifs et les plus innovants, figure, depuis les années 70, le collectif Hipgnosis, célèbre, entre autres, pour son travail avec Pink Floyd. Storm Thorgerson, un de ses fondateurs, continuant son œuvre sous le nom de Stormstudios, a réalisé, après Bingo ! en 2010, la pochette de ce dernier album de Steve Miller qui, par ailleurs, ravira tous les fans d’un blues juteux et dynamique à souhait, revisitant les classiques du genre.• P.T.
What’s Welsh For Zen, une autobiographie de John Cale Au
diable
V auvert
Le pianiste chanteur bassiste violoniste John Cale est des hommes les plus importants de l’histoire du rock. Cofondateur du Velvet Underground, auteur de disques mémorables et extrêmement influents, il est aussi un producteur extraordinaire qui a guidé les premiers pas des Stooges, de Patti Smith, de Nico, des Modern Lovers, de Squeeze etc. Quant à cette autobiographie, parue en 1999 en anglais, c’est une véritable œuvre d’art en elle-même, dont la superbe mise en pages alterne collages, dessins, photographies tout en conservant une grande lisibilité au texte. Indispensable.• P.T.
CD + vinyle
vinyle
Let Your Hair Down
John Cale & Victor Bockris
Herman Dune
Strange Moosic G um /C ity S lang /F ortuna P op
disques en rotin réunis
Arnaud Maguet a créé le label de musique « Les disques en rotin réunis » pour pouvoir diffuser les disques qui servent de bande-son à ses expositions et promouvoir les groupes de sa mouvance. Son travail artistique est avant tout centré sur la subculture des années 50 à 70, en particulier la musique et l’esthétique Garage. Sa dernière production est un vinyle 7” tiré à 300 exemplaires, dont les faces A et B ont servi d’hymnes à l’exposition surfoïde « D’une dérive l’autre ou la tentation du twin fin ». Wipe out ! • P.L.
Herman Dune nous donne une bonne raison d’arrêter de télécharger. En sortant un album intitulé « Strange Moosic » dont les déclinaisons CD et vinyle sont au carrefour du livre photo, du recueil d’illustrations et, accessoirement, de la musique de qualité, le duo folk-coricosuédois doit redonner du baume au cœur aux disquaires indépendants. D’autant que le ramage est à la hauteur du plumage. Les compositions du groupe se montrent primesautières et propices aux élans. Une vraie moosic d’été ! • P.L.
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Rosa B. est un magazine exclusivement diffusé sur Internet. Créé par deux institutions artistiques bordelaises, le CAPC et l’école des Beaux-Arts, ce support décline à chaque édition un thème particulier (l’édition, la typographie…) en présentant, à travers le regard d’un rédacteur en chef de circonstance, des contributions textuelles, graphiques ou audiovisuelles. Il se révèle en tant qu’espace de réflexion et d’échange sur les pratiques culturelles du moment. Un miroir de son époque, riche et loufoque comme la vie de Rosa Bonheur, l’artiste née à Bordeaux, dont le site tire son nom. •
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