PAYSAGE ETPRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE
VILLE -NATURE
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ROY PERRINE SOUS LA DIRECTION DE
BERNARD DAVASSE
TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDES DE LA FORMATION PAYSAGE - NOVEMBRE 2013 ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D'ARCHITECTURE ET DE PAYSAGE DE BORDEAUX
»
DURABLE -
ROY PERRINE TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDES DE LA FORMATION PAYSAGE MEMOIRE SOUTENU LE 19 NOVEMBRE 2013
MEMBRES DU JURY BERNARD DAVASSE
( DIRECTEUR D'ETUDES ), GEOGRAPHE ET ENSEIGNANT A L'ENSAPBX
MAYTE BANZO, GEOGRAPHE & MAITRE DE CONFERENCES, UMR 5185 ADES CNRS - UNIV. BORDEAUX 3
CATHERINE CLOUP, MASTER OF LANDSCAPE ARCHITECTURE, UNIVERSITY OF BRITISH COLUMBIA, VANCOUVER, CANADA
ALISE MEURIS, INGENIEURE DE TECHNIQUE DE L'HORTICULTURE ET DU PAYSAGE, PAYSAGISTE DPLG ET ENSEIGNANTE A L'ENSAPBX
VALERIE ROCHE, PAYSAGISTE DPLG, DIRECTRICE ENVIRONNEMENT ET CADRE DE VIE A LA MAIRIE DE PESSAC
« Du jour où j'ai connu le paysan, tout bucolique m'a paru mensonge » - Jules RENARD -
AVANT-PROPOS
Arrivée en 2005 dans la « grande ville » de Bordeaux, dynamique, mouvante, en pleine restructuration avec l'achèvement du tram, l'aménagement des quais et le Grand Projet de Ville pour 2030, j'ai été fascinée par la richesse architecturale, le dynamisme culturel, et la diversité sociale. Mais je ne peux me détacher de mon origine rurale, de mon hameau auvergnat, à mi‑versant des Mont du Forez dans le Puy de Dôme. De ce passé à la campagne, je garde des souvenirs bucoliques de vent dans les blés, de fenaisons parfumées et de sousbois parcourus de ruisseaux. Dans cette agglomération débordante de vie, je m'étonne de retrouver parfois ces ambiances au détour d'une rue : coquelicots sur le bitume des trottoirs, avoine et centaurées en pieds d'immeubles, vignes au coeur du campus et haies champêtres en lisière de quartiers pavillonnaires. Ces ponts jetés entre deux mondes que j'opposais a priori ont inspiré mon Travail Personnel de Fin d'Etudes.
SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE I. NATURES EN VILLE
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INTRODUCTION DE PARTIE 1/ NATURE, AGRICULTURE ET INTERDEPENDANCES AVEC LA VILLE
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a. D'un clivage ville / campagne à une agriculture urbaine b. Nature en ville : de quoi parle-t-on ? c. Espaces naturels versus espaces agricoles
2/ RESURGENCE DE LA NATURE DANS L'AMENAGEMENT DE LA VILLE DE BORDEAUX
a. Une politique d'« espaces verts » et de protection des espaces non bâtis peu performante b. Le paysage, support d'un projet de territoire c. La place de l'agriculture dans les politiques de la ville
20 25 28
31 31 34 39
CONCLUSION DE PARTIE
48
II. UNE METROPOLE A LA CROISEE DE PAYSAGES MULTIPLES
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INTRODUCTION DE PARTIE 1/ DE LA VILLE MARCHANDE A LA METROPOLE REGIONALE
52 55
a. Une ville commerciale entre fleuve et vignobles b. Une ville et un territoire interdépendants c. Un siècle d'étalement urbain
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2/ DES GRANDS PAYSAGES VARIES
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a. b. c. d.
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Le plateau sableux forestier des Landes de Gascogne Les terrasses graveleuses viticoles La vallée fluvio-marine palustre de la Garonne et affluents Le plateau et coteau calcaire de l'Entre-deux-Mers
CONCLUSION DE PARTIE
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III. DES QUARTIERS, DES PAYSAGES ET DES PRATIQUES
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INTRODUCTION DE PARTIE 1/ SINGULARITES DES PAYSAGES DE FRANGES
78 80
a. La « coulée verte » de Mérignac et Pessac b. Le palu de Bouliac et Latresne c. La mosaïque agricole d'Yvrac et Sainte-Eulalie
82 88 94
2/ REGARDS ET PRATIQUES : LA DEMARCHE D'ENQUETE SOCIALE
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a. Méthodologie des entretiens 99 b. Panel des personnes interrogées 102 c. Résultats 103
3/ A LA CROISEE DES QUARTIERS, DES PRATIQUES ET DES ATTENTES : LES ENJEUX DU PROJET DE PAYSAGE CONCLUSION DE PARTIE
107 110
IV. UN RENOUVEAU AGRICOLE VERS UNE VILLE DURABLE
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INTRODUCTION DE PARTIE 1/ ENVIRONNEMENT, ECONOMIE ET SOLIDARITE SOCIALE : L'AGRICULTURE COMME VECTEUR DU DEVELOPPEMENT DURABLE DE LA VILLE DE BORDEAUX
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a. Développer une agriculture innovante dans les espaces non construits périphériques b. Conforter la trame verte et bleue au contact de l'agglomération pour renforcer les liens entre ville et nature c. Améliorer les porosités et les contacts entre les espaces urbains et les espaces périphériques
116 117 118 119
2/ METTRE EN OEUVRE DES PRATIQUES AGRICOLES INNOVANTES DANS LES ESPACES URBAINS OU PERI‑URBAINS
a. Thématiques d'approche à l'échelle de l'agglomération b. et dans des situations plus ciblées c. accompagnées par une mission de sensibilisation et de communication
3/ PROPOSITIONS D'ACTIONS
Fiche n°1 : Accueillir les citadins dans le Parc Agricole des Vallées du Peugue et des Ontines Fiche n°2 : Aménager une entrée privilégiée depuis le centre urbain Fiche n°3 : Dynamiser l'activité agricole dans le bocage humide Fiche n°4 : Créer un lieu d'échanges : la Maison des Terroirs Fiche n°5 : Accompagner un projet original sur l'Ile d'Arcins Fiche n° 6 : Reconnaître la qualité exceptionnelle des paysages du coeur de l'Entre - deux - Mers Fiche n°7 : Habiter la lisière entre ville et campagne Fiche n°8 : Renouer avec des pratiques agricoles disparues Fiche n°9 : Faire découvrir et connaître les paysages agricoles
CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE ANNEXES REMERCIEMENTS
121 121 122 122
125 126 130 132 136 138 140 142 144 146
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INTRODUCTION Le document présenté ici est l'aboutissement d'un Travail Personnel de Fin d'Études réalisé en vue de l'obtention du diplôme de Paysagiste DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement), délivré par l'école nationale supérieure d'architecture et de paysage de Bordeaux (ensapBx).
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La problématique sur laquelle j'ai travaillé a émergé d'une réflexion sur mon parcours personnel et professionnel. Ayant grandi dans un milieu rural et vivant actuellement dans la métropole bordelaise, ma volonté première a été d'imaginer un travail me permettant de rapprocher ces deux mondes. La question de la place de l'agriculture dans la ville s'est imposée à moi. Ce travail, intitulé « Paysage et pratiques agricoles dans la métropole bordelaise. Vers une « ville‑nature » durable », porte ainsi sur le questionnement problématique suivant : Comment pouvons-nous aujourd'hui articuler deux pans le plus souvent séparés de notre compréhension des lieux et des paysages, celui de l'urbain et du rural ? Quelle place réserver à l'agriculture dans ce que l'on appelle aujourd'hui la « nature en ville » ? À quelles conditions les pratiques agricoles peuvent-elles se maintenir ou se développer dans les espaces non bâtis des secteurs urbains et péri-urbains ? En quoi ces pratiques peuventelles être porteuses, d'une façon conjointe, d'une meilleure prise en compte de l'environnement et d'une amélioration de la qualité du cadre de vie quotidien des citadins, tout en permettant une réorientation de la production agricole vers des modes plus raisonnés ? Peut-on voir là une piste ouverte vers un projet de développement durable d'une métropole de l'importance de Bordeaux ? PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
La métropole bordelaise est située à la croisée de paysages très divers, entre forêt des Landes de Gascogne, vallée fluviale de la Garonne et plateau calcaire de l'Entre-deux-Mers. La cité s'est d'abord construite en rive gauche de la Garonne, au contact même du fleuve. Elle s'est ensuite développée au fil des siècles sur les différents territoires formés par ces systèmes paysagers. Cette évolution engendre aujourd'hui des situations paysagères particulières, dans lesquelles le tissu urbain rencontre l'espace rural de différentes manières. Des dialogues et des tensions apparaissent entre ces deux mondes, à la fois étroitement liés et parfois en conflits. J'ai d'abord mis en oeuvre une analyse paysagère des espaces non bâtis dans les territoires urbains et péri-urbains sur le terrain même. Cette analyse se décline à différentes échelles, depuis l'ensemble de l'agglomération jusqu'à l'identification de situations représentatives. Une recherche bibliographique vient compléter et amender les données empiriques récoltées in situ, afin de cerner les évolutions historiques et les dynamiques actuelles. Cette connaissance experte, élaborée grâce à la démarche paysagère, est ensuite confrontée aux regards des habitants et des acteurs du territoire. Une enquête sociale permet de faire émerger les enjeux socio-spatiaux qui sont catalysés dans ces espaces entre ville et campagne. Une stratégie d'actions, déclinée elle aussi depuis l'échelle globale jusqu'à l'échelle locale, est ensuite formulée pour proposer des actions visant à répondre au mieux aux différents enjeux mis au jour.
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Le travail est présenté ici en quatre temps. La première partie a pour objectif de cerner les contextes social, politique et culturel dans lesquels les concepts de « nature en ville » et d'« agriculture urbaine » sont mobilisés. Pour ce faire, nous verrons comment ces deux notions sont apparues et ont évolué au fil du temps. Nous nous intéresserons aux contenus et aux interprétations qu'elles recouvrent, ainsi qu'aux pratiques agricoles auxquelles elles font références. Ensuite, à travers une analyse des politiques urbaines menées dans l'agglomération depuis le milieu du XXème siècle, nous verrons comment a évolué la question de la « nature » dans l'aménagement de la ville de Bordeaux et quelle place a été accordée à l'activité agricole. La seconde partie porte sur la compréhension des paysages de la métropole bordelaise. Retracer les grandes étapes de l'évolution historique de la ville et ses abords, de l'apparition du commerce portuaire jusqu'au développement d'une métropole régionale, permet de cerner les dynamiques qui ont abouti aux paysages actuels et de distinguer les héritages qui influencent le territoire aujourd'hui. L'objet de la troisième partie est de caractériser les paysages des espaces agricoles situés entre ville et campagne. Il s'est agi d'identifier les potentialités et problèmes rencontrés. L'analyse est détaillée et développée dans trois secteurs d'étude, considérés comme caractéristiques de situations paysagères, agricoles et urbaines représentatives. À l'échelle de ces secteurs, des entretiens ont été menés. Ils permettent de confronter les potentialités et faiblesses soulevées aux regards et PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
aux pratiques des habitants et acteurs qui vivent et agissent dans ces territoires. Cette confrontation entre, d'un côté, le regard expert du paysagiste et, de l'autre, les pratiques, les projets et les attentes des populations permet de proposer un ensemble d'enjeux auxquels les propositions d'action doivent répondre. Enfin, le dernier chapitre de ce mémoire est constitué d'un ensemble de réponses visant à proposer des modalités d'action aux enjeux soulevés précédemment. Ainsi, une stratégie globale, concernant l'ensemble de l'agglomération, est élaborée autour de la question de l'agriculture et du rôle qu'elle doit jouer dans le projet métropolitain. Cette stratégie est ensuite déclinée en fiches-actions qui détaillent les formes locales que peut prendre cette stratégie globale.
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NATURES ENVILLE
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La « nature dans la ville » est aujourd'hui le prétexte de nombreux projets d'aménagement urbain ou de projets de paysage dans le tissu urbain. Faire en sorte qu'il y ait plus de « nature dans la ville » fait figure d'objectif à atteindre. À la racine de ce phénomène se trouve une « nature » diverse, présentant d'une part une dimension affective et culturelle, et d'autre part une réalité objective, qui est l'objet d'étude de l'écologie scientifique. A travers les âges et les sociétés, le concept même de « nature » n'est pas immuable, et la prise en compte de la « nature » dans l'aménagement de la ville a pris au cours du temps des formes différentes. Dans un premier temps, nous verrons comment cette notion de « nature » est née, et nous étudierons ses liens avec la ville et avec l'espace rural. Il est indispensable de cerner les interdépendances entre ces trois notions, qui ont co‑évolué et s'entrecroisent largement. Ce retour sur les fondements du concept de « nature en ville » permet de mieux cerner quelles sont les problématiques abordées aujourd'hui. Bien qu'omniprésente dans les discours, cette notion est ouverte à de nombreuses interprétations et peut sembler nébuleuse. En effet, différents degrés de naturalité peuvent être identifiés dans les espaces considérés comme naturels, et ces derniers sont en réalité souvent des espaces de production agricole. Cette partition entre les deux notions n'est pas toujours clairement faite. PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
Dans un second temps, nous nous intéresserons à l'évolution des discours et politiques de la « nature » dans l'agglomération de Bordeaux. Dans quelle mesure la coexistence et la promiscuité entre espaces urbains et espaces naturels ont-t-elles été prises en compte dans les projets de développement de la ville successifs ? Cette première interrogation en induit d'autres, portant sur la prise en compte dans les projets des espaces non construits attenants à la ville et sur l'efficience des mesures mises en place pour assurer leur devenir. Le paysage, porteur de qualité du cadre de vie, croise également le chemin des politiques territoriales. Il est saisi par les acteurs institutionnels et devient le support de propositions d'avenir pour l'agglomération. Dans cette superposition de visions politiques, quelle est la place de l'agriculture ? Comment les pratiques agricoles qui ont autrefois dessiné les territoires non urbains, et qui aujourd'hui encore dessinent certains territoires considérés comme naturels, sont-elles prises en compte ? Ainsi, cette première partie a pour objet d'esquisser le contexte conceptuel et les discours politiques dans lesquels les problématiques de « nature en ville » et « d'agriculture urbaine » sont abordées.
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NATURE, AGRICULTURE ET INTERDEPENDANCES AVEC LA VILLE a. D'un clivage ville / campagne à une agriculture urbaine Selon Augustin Berque, « la nature précède la culture » : la nature remonte au big-bang, mais les sociétés n'ont pas toujours eu une conscience de la Nature. La condition indispensable pour l'apparition de cette conscience se situe dans un rapport entre l'Homme et une vision de la Nature. Ainsi cette notion, en Occident, a connu une évolution lente, intimement liée au mode de vie urbain et à ses changements au cours des âges.
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L'agriculture a été inventée il y a 8 000 ans par les premiers Hommes sédentaires. Ces premiers agriculteurs apprivoisent la nature, dont ils apprennent à cultiver les richesses pour assurer une meilleure stabilité des ressources et une plus grande sécurité alimentaire. Ainsi, les plantes et animaux sauvages utilisés jusque là par les sociétés de chasseurs‑cueilleurs nomades sont transformés en cultures et élevages, permettant la sédentarisation des populations. Toujours, selon Augustin Berque, le concept occidental de Nature n'apparaît que 7 000 ans plus tard, chez certains philosophes grecs urbains. Selon eux, cette Nature se définit en opposition à l'espace artificiel des villes. C'est le contraste entre, d'un côté, un monde fortement artificialisé et anthropisé, l'espace des cités, et de l'autre un monde extérieur encore soumis largement aux dynamiques naturelles, qui offre les conditions de l'apparition du concept de Nature. Mais la campagne n'est déjà plus « naturelle » au sens strict, puisque les sociétés la modèlent selon ses besoins pour produire des denrées alimentaires. Il ne faut pas oublier que dans agriculture, il y a « culture » : les premiers agriculteurs « cultivent » le territoire et l'artificialisent en partie. Toutefois, ce clivage entre ville et campagne s'installe dans les sociétés d'Europe Occidentale, et les remparts des cités matérialisent une limite physique entre ces deux mondes. Durant des siècles, ce partage du territoire entre d'un côté l'espace urbain, considéré comme le monde de la vie sociale et culturelle, et de l'autre côté le monde « extérieur », peu sûr et sauvage de la campagne. Ces deux mondes sont toutefois étroitement liés, puisque l'agriculture située en périphérie assure pour une bonne part l'approvisionnement des villes en denrées alimentaires.
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L'espace urbain de la vie et de la culture sociale s'oppose ainsi désormais à un espace extérieur largement artificialisé par l'agriculture. Cependant, la notion de Nature est toujours associée à cette opposition à la ville. Une confusion s'installe alors entre nature et campagne : malgré la disparition des remparts, les espaces hors des villes restent souvent considérés comme naturels et sont par amalgame appelés comme tels par les urbanistes en dépit des pratiques agricoles qui y ont lieu. Hors des murs des cités, le monde rural évolue. Les espaces agricoles sont soumis à une exploitation de plus en plus intense. L'époque contemporaine marque un tournant dans l'agriculture : les systèmes de production sont mécanisés pour améliorer les rendements et le confort des exploitants. La superficie des exploitations augmente, tandis que le nombre d'actifs agricoles diminue et que les parcelles non mécanisables ou difficiles d'accès sont délaissées. Parallèlement, une politique nationale de spécialisation des régions agricoles favorise le déclin des polycultures vivrières. L'agriculture paysanne et de proximité laisse place à une agriculture spécialisée, mécanisée et industrialisée. Le développement et l'étalement des surfaces urbanisées tendent à repousser l'agriculture de plus en plus loin au-dehors des villes. À partir des années 1960, les préoccupations environnementales se sont progressivement imposés dans le champ politique, et les États, sous l'impulsion de conventions internationales, ont progressivement mis en place des stratégies nationales et des plans d'action sectoriels en faveur de la biodiversité. Au niveau local, la modernisation agricole entraîne l'abandon de terres autrefois cultivées (en montagne ou aux abords des villes). Ces terres sont reconquises par les dynamiques naturelles, ce qui est dans un premier temps considéré par les écologistes comme un événement favorable à la préservation de la biodiversité. Mais aux abords des villes l'enfrichement est surtout perçu par les citadins comme une désertification et un recul de l'emprise humaine. Il entraîne également une perte de qualité de cadre de vie, tandis qu'une diminution de la biodiversité est souvent observé dans ces milieux évolutifs. Parallèlement, l'apparition dans les années 1980 de l'agriculture biologique répond à des exigences croissantes, nationales et européennes, d'une meilleure prise en compte de l'environnement dans les processus de production.
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Au tournant du XXIème siècle, la conscience grandissante du coût environnemental d'un approvisionnement alimentaire mondialisé crée les conditions d'un retour aux productions locales et redonne de la valeur aux produits identitaires et dont l'origine géographique est connue. Les circuits de proximité se développent autour des pôles de vie, et s'organisent autour de points de vente et de structures comme les AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) et les marchés de producteurs. Les agriculteurs élargissent leurs compétences et proposent des activités pédagogiques et de loisirs gravitant autour de leurs exploitations (accueil à la ferme, gîtes ruraux, fermes pédagogiques ... ). On voit également se développer une agriculture hors cadre économique, une agriculture « de plaisance » : potagers, cultures sur balcons et terrasses, jardins familiaux et partagés ... Au-delà d'une simple mode, cet essor de pratiques parallèles traduit une véritable demande de qualité de la part des urbains. 22
Le concept d'agriculture urbaine est finalement récent, et apparaît dans ce contexte de flou autour de la notion de nature et de méconnaissance du monde agricole. Deux phénomènes déclenchent son essor dans les sociétés urbaines d'Europe Occidentale : d'un côté, une volonté de « retour à la nature » et, de l'autre, une forte demande de qualité et de proximité des productions alimentaires. Ainsi, la réactivation et la réintroduction de pratiques agricoles - qui sont considérées dans la société actuelle comme une expression des processus naturels même s'ils sont largement maîtrisés - dans l'espace urbain apparaît comme une réponse possible à ces préoccupations. La volonté de prendre en compte la dimension environnementale, mais aussi la demande sociale dans les processus d'urbanisation pour construire des villes plus « durables » peut s'appuyer sur ces pratiques agricoles.
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Chasseurs-cueilleurs Nomades
Naissance de l’agriculture Premiers hommes sédentaires La sédentarisation va de pair avec l’invention de l’agriculture Les premiers agriculteurs apprivoisent et cultivent la nature
- 250 000 av. JC
VIème millénaire av. J.C.
Apparition du concept de « nature » Philosophes Grecs Les philosophes Grecs urbains définissent les premiers le concept de « nature » en opposition à l’espace artificiel de la ville
VIème s. av. JC
« Partage » des territoires entre ville et campagne Sociétés d’Europe Occidentale Le rempart qui ceint la ville marque sa limite avec l’espace rural alentours Cette opposition entre ville et campagne s’ancre dans les sociétés durant des siècles
Industrialisation et spécialisation de l’agriculture Agriculteurs modernes La spécialisation des productions agricoles et la mécanisation de pratiques favorisent un recul des terres cultivées à l’écart des villes et le délaissement des parcelles enclavées
Début du XXème S.
Apparition d’un courant de libération de la nature Sous l’impulsion de naturalistes Un amalgame entre nature et campagne, installé déjà depuis de longues décennies, tend à favoriser un certain déni des pratiques agricoles dans les espaces ruraux.
Milieu du XXème S.
Développement des circuits courts Autour des pôles de vie Les agriculteurs qui souhaitent valoriser leurs produits localement et retrouver un contact avec les consommateurs s’organisent en AMAP. Les citadins soucieux de la qualité des produits qu’ils consomment se fournissent localement
Fin du XXème S.
Retour de la nature en ville Sociétés urbaines contemporaines Aménager des villes durables, tenant compte de la dimension environnementale dans les processus d’urbanisation
XXIème S.
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b. Nature en ville : de quoi parle-t-on ? La « Nature en ville » est fréquemment invoquée, mais ce qu'elle recouvre reste incertain. Entre la vision naturaliste d'un monde physique épargné par les activités humaines du XVIIème siècle et la vision plutôt hybride d'une co-évolution Homme-Nature qui émerge à la fin du XXème siècle, les discours et points de vue divergent. Quelle place est accordée à la Nature dans l'espace urbain, et dans les discours des aménageurs ? C'est vers la fin du XIXème siècle, dans le contexte de la recomposition haussmannienne des villes, que la question de la Nature dans l'espace urbain est officiellement abordée. La gestion et l'intérêt des espaces verts urbains ne sont pas encore définis, mais ils répondent déjà à la préoccupation d'améliorer l'ordre et la santé publique. Il est question à cette époque d'une Nature totalement maîtrisée et domestiquée, qui s'exprime dans les alignements d'arbres et les premiers jardins publics. Au début du XXème siècle, alors que Tony Garnier développe les plans d'une cité idéale basée sur le concept de zonage fonctionnel, l'anglais E. Howard propose un modèle de cité-jardin construite à la périphérie des villes. Ces cités sont entourées de terres agricoles, où chaque famille pourrait habiter dans une maison au milieu d'un jardin. À ces époques, l'ouverture de parcs et de jardins publics et la construction de boulevards plantés d'arbres sont considérées comme des équipements publics importants propres à embellir la ville et à améliorer l'hygiène et le sort moral des citadins, à une période de profonds bouleversements des modes de vie. A partir de 1945, la surface des espaces verts ne cesse d'augmenter et leur gestion se rationalise. La ville s'entoure d'une ceinture verte à l'intérieur de laquelle des bases de loisirs sont programmées pour répondre aux besoins de détente des citadins. On parle alors de « béton vert » : gazons, parterres, haies de toutes sortes envahissent les villes et, armés de produits phytosanitaires, on cultive une « Nature » qui ne présente aucun intérêt en termes de biodiversité. Dès les années 1990, sous l'impulsion de préoccupations écologiques, la « Nature dans la ville » est pensée différemment. Des notions fortes voient le jour - comme la gestion différenciée, dont le concept est formulé dès 1993, et plus récemment l'écologie urbaine, née en 2000 - qui prônent une nouvelle gestion, plus écologique
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et favorisant la flore spontanée ainsi qu'une végétation locale adaptée au sol et au climat. De nouveaux acteurs entrent en jeu ( politiques, urbanistes, sociologues, ingénieurs ) et travaillent ensemble pour « repenser la ville », l'objectif principal étant de protéger la biodiversité menacée par l'expansion des villes. Les espaces verts urbains ne sont plus seulement créés par souci d'esthétisme et d'hygiénisme ou de loisirs. La « Nature dans la ville » est également un indicateur de la qualité de vie urbaine, calculée sur la base de ratios de m2 d'espaces verts par habitant. Paradoxalement, les citadins trouvent peu d'intérêts aux espaces non construits occupés par la flore et la faune spontanées, alors qu'ils sont un sujet largement revendiqué par les naturalistes, paysagistes et écologues.
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De nos jours encore, le terme de « Nature dans la ville » est soumis à différentes interprétations et n'est pas clairement défini. On peut voir apparaître une distinction entre nature (bois, forêts, absence de pollution) et nature en ville (parcs, fleurissements, espaces extérieurs aux bâtiments). Cette différence de points de vue amène à se demander s'il est vraiment question de nature lorsqu'on parle des parcs et jardins, et de la flore et de la faune au sein des villes. Ainsi, si au XVIIème siècle la Nature désigne le monde physique et tout ce qui n'est pas altéré par l'Homme, la fin du XXème siècle voit apparaître une conscience de la co-évolution de la nature et des sociétés. Cette notion est alors appréhendée sous l'angle d'une relation symbiotique entre les éléments naturels et la vie humaine. Toutefois, la nature maîtrisée par la société perd ses caractères innés et devient une nature « hybride » co-construite par les interactions entre les processus biophysiques et les pratiques sociales. On peut différencier plusieurs approches de la nature en ville. L'approche rationnelle et scientifique tend à considérer les actions de l'Homme comme néfastes et perturbatrices de l'organisation naturelle. Cette vision fait écho à l'approche protectionniste des premiers naturalistes et peine à voir dans les dynamiques naturelles en ville une quelconque expression de la Nature. L'approche historique voit dans la maîtrise de la nature un reflet des courants de pensée à une époque donnée. Ainsi, les périodes de monarchie, puis du romantisme, ont organisé les éléments de la nature autour des châteaux et des lieux de pouvoir politique. La nature est alors une création sociale, philosophique et politique. Depuis quelques décennies apparaît une approche sociale et utilitaire de la nature. Elle reflète alors notre façon de penser et de concevoir le monde dans l'aménagement des espaces publics et privés,
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et est source d'activités et de loisirs « verts » comme la randonnée, et d'activités pédagogiques et culturelles qui gravitent autour de la notion de biodiversité. Ainsi, la nature en ville relève plutôt de la mise en scène et des usages, et est soumise à de nombreux filtres : culturels, politiques et esthétiques. Le concept de Nature, à fortiori en ville, apparaît toujours aussi difficile à qualifier. La disparité dans le contenu des discours semble être nourrie par la complexité à définir ce qu'est réellement la Nature. On peut rencontrer autant de discours que de personnes interrogées, car cette question peut être abordée de différentes manières, et le terme de « Nature » englobe d'autres concepts ( environnement, écosystème, paysage ) eux-même porteurs de nombreuses interprétations. Toutefois, une volonté de réglementation s'est instaurée, basée sur les bienfaits de la présence de la Nature en ville tels que la qualité de vie, la diminution des effets d'îlots de chaleur, l'augmentation et l'enrichissement de la biodiversité. C'est en ce sens que sont apparus des textes réglementaires, comme les lois Grenelle et l'obligation de respecter la trame verte et bleue dans les projets d'aménagement, qui encadrent juridiquement la prise en compte de la Nature en ville. Aujourd'hui, le message véhiculé par la Nature en ville est également publicitaire, éducatif, voire moralisateur. L'évolution du concept marque le passage d'un engagement écologique à l'échelle locale à une instrumentalisation de la Nature à visée de marketing. Même si les intérêts de la présence de la nature en ville sont établis, il se cache derrière eux une réalité économique où la Nature devient un argument de vente et d'attractivité. Compte tenu de la valeur marchande du moindre mètre carré, la nature en milieu urbain est délimitée, contenue, valorisée et utilisée. Les questions du vivant dans la ville posent des problèmes complexes. L'écologie est soumise au regard de la politique, de l'économie, de la technique, et du social. C'est la prise en compte de l'interaction et de la hiérarchisation de tous ces systèmes qui permet de repenser les différentes façons de gérer la Nature dans la ville.
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c. Espaces naturels versus espaces agricoles Il faut intégrer en premier lieu que les espaces naturels au sens strict n'existent pas - ou plus - dans le monde occidental contemporain. En effet, l'exploration et l'exploitation du territoire dans son ensemble par les sociétés successives, et son anthropisation, sont une réalité. Lorsque l'on parle d'espaces naturels, il faut entendre espaces où les activités humaines ne sont pas ou peu visibles, éclipsées par des dynamiques naturelles fortes. Ainsi, d'anciennes terres de cultures, ou même d'anciens espaces d'habitat abandonnés, où la friche et la forêt se développent et occultent les anciennes activités humaines, peuvent être considérés comme des espaces « naturels ».
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Les espaces naturels les plus reconnus sont les espaces protégés des Parcs Nationaux et les Réserves Naturelles, où les activités humaines sont strictement encadrées. Plus largement, les espaces où les dynamiques naturelles sont sensibles malgré l'anthropisation sont souvent associés à une idée de « naturel » : forêts, montagnes et espaces ruraux en général. Les parcs et jardins en ville sont parfois considérés comme des espaces de nature. Ces derniers sont en réalité totalement artificiels et créés par l'Homme, mais composés d'éléments naturels ( arbres, herbe ... ), ce qui suffit à créer le trouble dans les perceptions des personnes n'ayant pas de culture naturaliste. Les écologues se sont également penchés récemment sur une nature urbaine jusqu'alors peu connue, qui correspond aux dynamiques naturelles qui s'expriment dans les espaces artificialisés : flore pionnière dans les interstices, délaissés enfrichés, faune spontanée. C'est une nature ponctuelle et bien souvent marginale. A proximité des villes, la grande majorité des espaces considérés comme naturels sont en réalité des espaces de production agricole. Agriculture, arboriculture, viticulture et sylviculture entretiennent champs, prés, vergers, vignes et forêts. Les haies bocagères, fossés de drainage et d'irrigation et chemins ruraux qui structurent nos campagnes sont également liés aux nécessités agricoles et à l'utilisation du territoire par les agriculteurs. L'agriculture a ainsi façonné les paysages par ses espaces de production mais aussi à travers les éléments annexes de contrôle de l'hydrologie, de séparations de parcelles, de voies d'accès et d'entretien.
Suite à l'industrialisation et à la spécialisation de l'agriculture, de nombreuses
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parcelles agricoles ont été abandonnées. Les terres non mécanisables ou difficiles d'accès ont été délaissées au profit d'une intensification sur les espaces où la rentabilité agricole était meilleure et le travail plus facile. Cette intensification a d'une part été le moteur d'une banalisation des paysages agricoles, avec l'arrachage des haies et la destruction des murets pour créer des parcelles plus grandes et plus facilement exploitables mécaniquement. D'autre part, la friche a gagné sur les parcelles abandonnées et colonisées par les plantes pionnières. Cet enfrichement est le témoin d'un retour au naturel des terres agricoles délaissées. Les espaces agricoles proches des villes sont depuis quelques décennies soumis à une spéculation foncière qui favorise là aussi leur enfrichement. Les propriétaires fonciers espèrent influencer les politiques de développement urbain, et en particulier les projections d'étalement de l'habitat, en abandonnant des parcelles en périphérie des centres de vie. Ces mêmes propriétaires souhaitent que ces parcelles deviennent constructibles, leur permettant ainsi de les revendre à un prix bien supérieur à celui des terres agricoles, et de leur apporter un revenu supplémentaire. Ces espaces, qui ne présentent pas de difficulté particulière d'exploitation, souffrent de cette spéculation, qui empêche le maintien des pratiques agricoles et favorise un effacement des paysages agraires. L'enfrichement, qui est le signe d'un abandon et d'un retour au naturel des terres agricoles, est en réalité étroitement lié à la spéculation foncière dans les périphéries urbaines et ne dépend pas des mêmes dynamiques que dans les campagnes plus reculées. S'installent alors des espaces de nature à proximité des villes, en lieu et place des productions vivrières d'autrefois. Ces espaces naturels sont plébiscités par les citadins, qui recherchent cette nature à proximité de la ville pour leurs loisirs. L'essor des pratiques récréatives dans ces espaces entérine un changement de destination des sols, qui accentue l'amalgame entre nature et campagne dans l'esprit des usagers. Ainsi, la vision de la campagne par les citadins ne correspond plus aujourd'hui à la réalité de la production agricole. Les populations urbaines s'imaginent des espaces calmes, sans aucun bruit, où la présence de l'Homme reste discrète. Les citadins qui s'installent en périphérie des villes cherchent à se rapprocher de cet idéal et se heurtent souvent à la réalité du monde agricole : bruits, odeurs, bâtiments d'exploitation qui ne correspondent plus aujourd'hui aux représentations qu'ils en ont. Des conflits résultent de ce décalage entre représentations et réalité, et entravent les agriculteurs dans leurs activités professionnelles.
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Ainsi, espaces naturels et espaces agricoles se superposent à différents degrés, depuis les protections de biodiversité jusqu'aux cultures. L'évolution des pratiques agricoles, conjointement à une volonté de retour à la nature des populations urbaines, a renforcé un contresens qui tend à exclure l'activité humaine des espaces ruraux. En résultent un décalage entre les attentes de Nature et les nécessités de l'agriculture, et des conflits entre représentations et usages. Les définitions de la naturalité restent floues, et ces espaces sont tiraillés entre une volonté de sanctuarisation de la Nature, des impératifs économiques de production et un besoin d'activités récréatives à l'usage des citadins.
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RESURGENCE DE LA NATURE DANS L'AMENAGEMENT DE LA VILLE DE BORDEAUX a. Une politique d'« espaces verts » et de protection des espaces non bâtis peu performante A partir des années 1960, une politique des espaces verts, héritée des conceptions hygiénistes, se met en place à Bordeaux. Les acteurs politiques insèrent l'offre d'espaces verts dans les orientations d'aménagement de la ville. Les ratios de m2 d'espaces non construits par habitant deviennent un outil pour calculer la qualité du cadre de vie dans l'agglomération. En 1973, une étude du Centre national d'Etudes techniques et de Recherches technologiques pour l'Agriculture, la Formation et l'Equipement Rural (CERAFER) annonce une perte de 3 à 4% des terres agricoles par an, soit 500 ha de terres artificialisées chaque année autour de l'agglomération de Bordeaux. En réponse, les politiques affirment une volonté de maintien des espaces non construits, qui se traduit par un projet de ceinture verte autour de Bordeaux, complétée par des coulées vertes intra-urbaines. L'objectif annoncé est de maintenir les espaces agricoles, forestiers et naturels à proximité de la ville. Ce projet s'appuie sur un recensement complet des espaces non bâtis dans l'agglomération. Ce recensement révèle une carence en espaces verts comparativement à d'autres grandes agglomérations. Une volonté de rééquilibrage est affirmée, mais les projections mises en place sont d'ordre quantitatives et ne prennent pas en compte les aspects qualitatifs des espaces concernés. Le constat a posteriori est celui d'un échec de cette politique. Les outils mis à la disposition des collectivités, à cette époque principalement les documents d'urbanisme, n'ont pas été utilisés avec assez d'efficience pour répondre aux ambitions du projet et pérenniser les espaces non bâtis. La pression urbaine est restée forte, et a dominé les volontés de protection dans le développement effectif de la ville. Parallèlement, dès 1973, le premier Schéma Directeur d'Aménagement Urbain (SDAU) de Bordeaux est élaboré sous la conduite de l'Etat. Ce document est approuvé en 1980, mais il est très rapidement mis en révision. En effet, toute l'étude est fondée sur des éléments antérieurs au choc pétrolier, et ne correspond pas aux nouvelles réalités économiques locales. Le contenu du document montre une évolution dans la conception des espaces non bâtis : les espaces verts sont de moins en moins évoqués, remplacés par une notion de plus en plus présente d'espaces naturels. Une certaine qualité dans ces espaces est prise en compte : les parkings par exemple ne sont plus comptabilisés dans cette catégorie. Les préoccupations se concentrent en particulier à l'ouest de l'agglomération, où la déforestation est rapide et laisse place à une ville de plus en plus étalée. On
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voit alors apparaître les premiers discours sur la gestion de la frange urbaine et la limite à l'étalement urbain. Le SDAU confirme la volonté de préserver les espaces non construits périphériques et sept coulées vertes sont identifiées et cartographiées par l'Agence d'URBAnisme (A'URBA) en 1976. Ce document réaffirme la vocation des coupures d'urbanisation : « Les coulées vertes ou coupures vertes répondent au désir de préserver les espaces naturels qui subsistent entre les axes routiers actuels et le long des axes routiers futurs, afin d'éviter que l'urbanisation ne se poursuive en tache d'huile et n'aboutisse à une énorme concentration minérale » - Document de l'A'URBA, 1976 Une nouvelle fois, le constat sur l'action menée est très mitigé. Les coulées vertes relèvent de dispositifs de protections des espaces (Sites inscrits et classés, Espaces Boisés Classés) et pourtant il est prévu d'y construire les grands équipements nécessaires au développement métropolitain, tels que le campus universitaire, des hôpitaux, des lycées et des espaces de loisirs. De plus, le SDAU de l'époque laisse la possibilité d'installer des îlots d'habitat de faible densité. Ainsi, les coulées vertes pensées autour de la notion d'espaces libres et identifiées comme des espaces non bâtis à préserver de l'urbanisation sont au final grignotées par l'étalement de la ville, sous l'impulsion du document même qui visait à les protéger. Un premier bilan pessimiste est dressé à la fin des années 1980, dans lequel on retrouve la déception vis à vis de la mise en application du SDAU : « Avant même de s'attacher à mesurer les décalages par rapport à cette profession de foi, le problème se pose beaucoup plus en terme de philosophie : prétendre que la protection de l'environnement sera le souci majeur en dépit du développement économique et démographique, alors que le pari n'a pas été tenu en l'absence desdits développements, est une hypocrisie qui ne peut permettre d'aborder sereinement la mise en oeuvre de la révision du Schéma Directeur. La prise en considération de l'environnement est un paramètre à intégrer dans toute perspective d'aménagement, mais il ne doit pas être une tarte à la crème ; les espaces naturels que l'on souhaite conserver doivent être affectés et gérés, ce qui est loin d'être le cas des coulées vertes du SDAU, avec pour conséquence leur grignotage permanent. » - J.-C. Bernard, Les options du SDAU et la réalité, 1990. Le SDAU n'a pas tenu les engagements annoncés. Une part minoritaire des coulées vertes a résisté à l'urbanisation, et ce maintien est moins lié à des volontés politiques fortes qu'à des risques (inondations, éboulements) limitant la constructibilité. En 1990, l'A'URBA fait l'évaluation du SDAU, qui quantifie, spatialise et confirme cet échec.
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Carte des coulées vertes urbaines, SDAU de 1980
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b. Le paysage, support d'un projet de territoire
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La Loi Paysage de 1993 marque un tournant dans les politiques paysagères, à Bordeaux comme ailleurs. Le paysage n'est plus seulement considéré dans les espaces remarquables et protégés, mais il devient incontournable au quotidien et les paysages ordinaires sont également pris en compte. Les caractéristiques morphologiques et identitaires des grands paysages sont réaffirmées dans les projets. C'est dans ce nouveau cadre législatif, et inspiré par la politique nationale des Atlas des Paysages, que le SDAU est mis en révision au début de l'année 1996. Un document intitulé « Connaissance et valorisation des paysages de Gironde » est élaboré par le cabinet Folléa-Gautier dans le cadre de l'Atlas des Paysages de la Gironde. Ce document marque le passage d'une approche fonctionnaliste des espaces verts à une vision plus transversale de l'espace. Cette approche caractérise des unités de paysage à une échelle élargie du territoire autour de l'agglomération. L'amélioration du cadre de vie revêt une importance grandissante dans le choix de localisation des habitants et des technopôles. A la fin des années 1990, l'agglomération s'engage dans une politique de renouvellement urbain, inspirée par une vision écologique du territoire. Le projet métropolitain vise à reconstruire un lien entre ville et nature et à réintégrer dans la trame urbaine les espaces délaissés et interstitiels. La loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) du 13 décembre 2000 vient confirmer cette nouvelle vocation des espaces non bâtis en ville. Axée sur la protection de l'environnement dans l'intérêt général, cette nouvelle législation confère aux espaces ouverts, friches et interstices urbains un statut d'espaces à protéger. La ville doit alors se reconstruire sur elle-même sans porter atteinte à ces espaces. Cette loi modifie également le cadre des documents d'urbanisme, et les SDAU sont remplacés par les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT). L'étude des projets d'évolution des villes sont désormais étudiés à l'échelle de vastes territoires correspondant à l'aire d'influence de la ville : l'aire urbaine. Là où le SDAU suggérait une destination générale des sols, le SCoT favorise l'émergence de projets de territoire selon une démarche transversale, basée sur la complémentarité entre urbanisme, déplacements, activités économiques, espaces ruraux et environnement. Lorsque le SDAU de l'Aire Métropolitaine Bordelaise est approuvé en 2001, il répond aux nouvelles préconisations de la loi SRU mais ne constitue pas un SCoT
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Extrait de la carte de synthèse des orientations paysagères pour le SDAU de 2001, B. Folléa, 1999
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puisqu'il a été mis en révision avant cette loi. Toutefois, un effort de convergence a été fourni et le document propose un projet de développement dans le respect des spécificités de chacun des territoires qui constituent l'Aire Métropolitaine Bordelaise. Il comporte un chapitre entier consacré aux orientations paysagères.
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L'A'URBA confie à l'agence FoIléa et Gautier la réalisation d'un document qui a pour objet de proposer des orientations au futur SDAU. Ce document est constitué d'une part d'une cartographie de ce qui est appelé « charpente paysagère » de l'agglomération, largement inspirée du travail réalisé pour l'Atlas des Paysages de la Gironde, et d'autre part de représentations graphiques qui illustrent clairement des propositions en matière d'améliorations de la qualité paysagère des espaces péri‑urbains. Cette cartographie reflète une politique qui se veut fondée sur une caractérisation paysagère de ces espaces péri-urbains. Deux objectifs sont mis en avant : d'une part caractériser et délimiter les territoires aux paysages remarquables, et d'autre part permettre de définir des modes d'urbanisation qualitatifs intégrant ces paysages dans les propositions d'aménagement de l'espace urbain et des voiries. Le concept de coulées vertes clairement délimitées et dans lesquelles les espaces naturels et agricoles sont quantifiés a laissé place à des orientations moins précises sur le plan de la localisation et plus interprétatives. Le paysage sert ici de catalyseur au projet métropolitain. Cette façon de réfléchir à la ville et à ses différents espaces non‑bâtis est reprise dans les documents d'urbanisme comme le Plan d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) du Plan Local d'Urbanisme (PLU) communautaire élaboré en 2006 : « Il est proposé de révéler, à partir de cet important potentiel nature, un système de parcs d'agglomération où s'enchaînent à différentes échelles les vastes parcs urbains d'agglomération, les grandes emprises naturelles périphériques, jusqu'aux réserves agricoles et sylvicoles, et jusqu'au coeur des espaces urbains, les jardins et squares de ville. » - PADD du PLU, 2006 Ce document d'urbanisme, qui doit être conforme aux préconisations du SDAU ou du SCoT, décline les orientations de la charpente paysagère de l'aire métropolitaine bordelaise. Au-delà du paysage urbain bâti, les espaces ouverts font l'objet d'une attention particulière et les « espaces verts » hérités des années 1960 sont réinterprétés en « système de parcs » mis en réseau à travers le maillage urbain. Il ne s'agit pas seulement de protéger les espaces naturels ou à valeur environnementale, mais aussi de favoriser des continuités dans la trame des espaces
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Carte de la charpente paysagère, SDAU, 2001
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non construits qui s'insèrent au coeur de la ville et qui sont susceptibles participer au cadre de vie des habitants ou de faire office d'espaces de loisirs.
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de
On voit apparaître en réponse au manque d'efficience des politiques d'espaces verts des années 1960-1970 une nouvelle démarche plus transversale qui s'appuie largement sur les paysages pour dessiner un projet territorial qualitatif. Mais ce revirement n'est pas uniquement lié à des enjeux de qualité. Le rôle prépondérant accordé au paysage répond également à une réticence des acteurs institutionnels vis à vis des mesures de protection souvent contraignantes. L'approche paysagère leur offre un espace libre d'interprétation et ne permet pas de légiférer vraiment concrètement contre des projets qui contribueraient à artificialiser de nouvelles parcelles. « L'approche paysagère, sans remettre en cause la poursuite de l'étalement urbain, offre l'image consensuelle d'une agglomération unifiée dans un environnement de qualité. » (Prost, 2004) Cette approche se réclame également du développement durable en ce qu'elle répond aux exigences de cadre de vie, de lien social, d'attractivité économique et de respect de l'environnement. L'habitant est replacé au centre des préoccupations, et des projets présentant différents niveaux de temporalités sont élaborés.
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c. La place de l'agriculture dans les politiques de la ville En 2007, le SDAU est mis en révision pour être transformé en SCoT. L'objectif affiché est de prendre en compte la croissance démographique et l'attractivité forte du territoire, mais aussi de répondre à de nouvelles directives européennes soumettant les SCoT à une évaluation environnementale. Un rapport d'étude intitulé « Mise en oeuvre et évaluation du SCoT de l'aire métropolitaine bordelaise, sensibilité des activités agricoles et sylvicoles au regard de la proximité urbaine » est réalisé par l'A'URBA. Ce rapport traite de la pression urbaine et foncière sur les exploitations agricoles à proximité de la ville et des effets négatifs sur ces espaces agricoles. Les effets de la cohabitation entre fonctions agricoles et urbaines sont souvent préjudiciables aux activités agricoles et désorganisent les espaces de production. La déprise qui s'ensuit provoque des phénomènes d'enfrichement qui accélèrent encore l'abandon des terres et la déstructuration des paysages. Mais il est également question des effets bénéfiques qui peuvent être induits par ces situations, comme par exemple la réciprocité économique (vente directe) et la diversification des espaces agricoles (accueil à la ferme, loisirs) qui permettent de tisser des liens entre agriculteurs et citadins. Le projet de Parc Intercommunal des Jalles, entamé en 2007 également, est le premier projet d'échelle métropolitaine à s'articuler autour du maintien de l'agriculture. Elaboré sous l'impulsion de la Direction du Développement Durable et de l'Ecologie Urbaine de la CUB, le projet s'étend sur 8 communes dans la vallée maraîchère du nord de Bordeaux. Suite à une phase expérimentale d'un an, un programme d'action est mis en place pour renforcer et pérenniser la vocation agricole du secteur. Ce projet est emblématique des nouvelles orientations politiques, tenant compte des dimensions sociale et économique des espaces non construits. En mars 2010, à la demande de la CUB, M. Quèvremont, ingénieur général des ponts, des eaux et forêts, est mandaté par le Ministère de l'Agriculture pour une mission d'appui à l'élaboration d'un projet en faveur de l'agriculture périurbaine et des milieux naturels. Cette mission a pour objet de donner un nouvel élan au Parc Intercommunal des Jalles. Ce rapport décrit la situation agricole dans la CUB et fait les constats suivants : le nombre d'agriculteurs est en baisse, le maraîchage devient relictuel et marginalisé sur le territoire. Les circuits courts se développent sous l'impulsion des AMAP, mais la vente directe reste minoritaire dans
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l'approvisionnement en produits frais de l'agglomération, notamment en raison d'un manque de points de vente et de circuits attractifs. La crise viticole tend à rendre les appellations dites « génériques » moins résistantes à la pression foncière, et les superficies viticoles diminuent. D'une manière générale, le foncier agricole est peu tonique et la majorité des ventes se fait à des non agriculteurs. La gêne réciproque entre les activités agricoles et les habitants péri-urbains est évoquée, et la création d'espaces tampons devient nécessaire du fait de la proximité des zones habitées. La déstructuration des territoires agricoles est également mise en cause. Les restructurations agricoles deviennent de plus en plus compliquées, et en cas de départ d'un exploitant (retraite, arrêt de l'activité) les exploitations restantes ne sont pas aptes à entretenir l'ensemble des espaces abandonnés. Enfin, les propriétaires fonciers ne croient pas en la capacité des pouvoirs publics à maintenir à long terme les interdictions de construire dans les zones jusque là préservées par des risques d'inondations, qui ont permis le maintien de nombreuses terres agricoles le long de la vallée de la Garonne et de ses affluents. Ce rapport met également en évidence la richesse écologique de la vallée de la Garonne, et la protection des berges est qualifiée d'enjeu majeur à l'échelle de l'agglomération. La première priorité, selon M. Quèvremont, est de protéger l'agriculture existante par diverses actions, dont la plus notable est la mise en place d'un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Péri-urbains (PPEANP) sur le secteur du Parc des Jalles. Une meilleure valorisation et l'intégration des espaces naturels périphériques dans le projet urbain sont indispensables, et une meilleure prise en compte de la trame verte et bleue est également demandée. Le projet de PPEANP dans le Parc des Jalles se concrétise en 2011, affirmant une protection des espaces naturels et agricoles de la zone vis à vis de l'urbanisation. Le constat du manque d'une structure compétente sur les questions de « nature » dans les études menées par la CUB abouti en 2011 à la création de la Direction de la Nature. C'est cette entité qui sera dès lors chargée des études sur les espaces naturels et agricoles de la Communauté Urbaine. C'est sous l'impulsion de cette jeune administration qu'est lancé en 2012 le projet des 55 000 ha pour la nature. Ce projet est imaginé en écho au concours 50 000 logements le long des axes de transports en commun, qui vise à élaborer des stratégies de densification des ville-centres de l'agglomération. Le concours des 55 000 ha vise à élaborer un projet de développement communautaire qui tienne mieux compte des espaces naturels et agricoles, qui occupent tout de même 50%
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Carte du Parc intercommunal des Jalles, charte paysagère et environnementale, 2008
Carte du périmètre du PPEANP du Parc des Jalles, rapport de la commission d'enquête, 2011
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du territoire et dont l'avenir reste incertain face à la pression de développement de l'agglomération. La volonté affichée de ce concours est de « dépasser l'opposition entre ville et nature », de « valoriser sous des formes revisitées notre patrimoine naturel tout en démontrant la pertinence du non-bâti » (cahier 55 000 ha pour la nature, CUB, 2012).
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La phase du dialogue compétitif, durant laquelle cinq équipes ont pu confronter leurs approches du territoire, a abouti en juillet 2013 à une restitution publique du travail accompli pendant un an. Des sites expérimentaux doivent être choisis avant la fin de l'année 2013 pour formuler des propositions d'actions répondant aux cinq lots thématiques qui ressortent de cette réflexion : la nature comme catalyseur de la ville dense ; quelles valeurs pour conforter un véritable statut des grands territoires Nature ? Quels usages pour des zones inondables et des zones humides fonctionnelles en ville ? L'identité du territoire peut-elle émerger de la définition des trames verte et bleue ? Et enfin gérer le temps de la nature sur les friches et les espaces en mutation. L'ensemble de ces thématiques souligne l'importance des espaces non bâtis, placés au coeur de la réflexion. Les documents encadrant l'urbanisme sont en perpétuelle réévaluation, et le cadre d'action des projets change rapidement. Le SCoT de l'aire métropolitaine bordelaise est actuellement en révision, de même que le PLU de la CUB. Le projet de SCoT révisé a été arrêté le 11 juillet 2013, et il est soumis à enquête publique du 5 novembre au 4 décembre 2013. Suivant les nouvelles applications du Grenelle II, l'étude prend largement en compte les paysages et la place de la nature dans le projet métropolitain, tout en fixant des objectifs chiffrés dans le Document d'Orientations et d'Objectifs (DOO). Un chapitre entier est consacré aux rapports entre la métropole et les paysages, et aux liens entre ville et nature. L'agriculture est abordée sous un angle patrimonial et le parti pris est celui de la pérennisation et de la valorisation. L'accent est mis sur les répercussions économiques de l'agriculture dans la vie locale (métiers secondaires de la mécanique, des fournitures etc...), sur l'importance du maintien des activités agricoles dans l'entretien des paysages ouverts, et sur les possibilités offertes par la diversification des exploitations en direction des offres de loisirs. Un soutien au monde agricole est envisagé, particulièrement orienté vers les pratiques responsables et les milieux fragiles, et le développement des circuits courts est favorisé.
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Deux éléments mentionnés.
majeurs
que
l'on
retrouve
dans
ce
document
doivent
être
En premier lieu, on y trouve un ensemble de cartographies de la trame verte des paysages et la trame bleue. Ces cartes déclinent à l'échelle de l'agglomération le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE). Le document dresse ainsi un inventaire de la richesse et de la diversité des milieux et contient une dimension de projet exprimée à travers des orientations claires (préserver, protéger, maintenir, valoriser ... ). Des espaces considérés comme des « continuités naturelles majeures » ceinturent la partie occidentale de l'agglomération, sans prolongement à l'intérieur de celle‑ci au‑delà de la frontière dessinée par la rocade. Par contre, dans la partie orientale de l'agglomération, aucune continuité majeure n'est identifiée. La trame verte proposé au niveau du territoire de la rive droite se caractérise par une accumulation de paysages variés à valoriser (lit majeur, vallons, paysages agricoles ... ). Sur cette rive, des continuités paysagères et écologiques à « étudier » sont matérialisées le long des berges de Garonne et du fil des coteaux. En second lieu, y est proposée une cartographie de « sites de projets nature » développant la dimension projectuelle du SCoT. Cette carte esquisse une « couronne verte » autour de l'agglomération, composée d'un chapelet de projets de valorisation de l'espace agricole et de différents milieux considérés comme agricoles, sylvicoles ou naturels. Cette carte propose 28 sites de projets, classés dans trois grands types de paysages : environs des fleuves et des Jalles, plateau sableux landais et Entre‑deux‑mers. Pour chacune de ces trois entrées géographiques sont ensuite déclinées des orientations d'action axées sur des activités récréatives, pédagogiques et de loisirs (paysages du plateau sableux et des Jalles), et sur les biens et les services agricoles (paysages de l'Entre-deux-mers). Le PLU de la CUB est quant à lui en révision générale depuis le 24 septembre 2010. Ce document d'urbanisme doit aujourd'hui s'aligner sur les préconisations du SCoT et tenir compte de l'évolution de la législation depuis la première version de 2006. Il doit ainsi respecter un certain nombre d'obligations, qui vont très probablement être renforcées par la future loi ALUR (ou loi Duflot, en cours de discussions au Sénat et probablement votée en 2014 ). Cette dernière a pour objectifs la limitation de la consommation d'espaces, et un renforcement des protections des espaces agricoles et naturels.
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L'objectif annoncé de cette révision du PLU tient également de la prise en compte des modifications à apporter au cadre juridique pour y intégrer les grands projets urbains comme les 50 000 logements le long des axes de transports en commun, ou les 55 000 ha pour la nature. La révision de ce document est un espace de négociation perpétuelle entre la mise en conformité avec les dispositions prévues par le SCoT, le grand projet métropolitain et la liberté laissée aux projets communaux. Ainsi, la transcription des orientations globales dans le PLU communautaire dépend des volontés politiques à différentes échelles. Le SCoT tient un rôle de guide mais impose difficilement des limites géographiques précises, ni ne donne de solutions concrètes aux municipalités pour mettre en oeuvre le projet. Il reste une part interprétative que chaque commune peut développer et préciser ou non en fonction de sa volonté propre. 44
On observe donc que si dès 1973 des préoccupations sont apparues face à une disparition de terres agricoles, la question de l'agriculture est restée absente des discours et actions menées durant quatre décennies, et elle n'est réapparue clairement qu'en 2007 avec le projet du Parc Intercommunal des Jalles. De plus, même si la problématique agricole apparaît dans les discours et volontés des aménageurs, elle reste assez discrète, voire absente, dans les aménagements emblématiques réalisés ces 10 dernières années (quais de Bordeaux, Parc des berges de Garonne en rive droite, Grand Projet de Villes et Parc des Coteaux, éco-site du Bourgailh ... ). La prise en compte de l'environnement et de l'intérêt des espaces non construits s'esquisse déjà depuis plusieurs années, mais la mise en place d'un projet de territoire à l'échelle métropolitaine, qui ajoute à la complexité de l'espace urbain celle des espaces non construits périphériques, reste extrêmement compliquée et demande du temps.
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Carte « La métropole Nature », SCoT de l'aire métropolitaine bordelaise, A'URBA, 2013
Carte sites de projets nature, DOO du SCoT p.64-65, A'URBA, 2013
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Des centres de vie aux périphéries urbaines, le concept de « nature dans la ville » prend une place de plus en plus importante dans les discours des aménageurs, mais suscite également de nombreux débats autour des notions qu'elle recouvre. Depuis l'apparition des premiers espaces verts urbains jusqu'aux conceptions actuelles basées sur une co-évolution de la nature et des sociétés et favorisant une vision utilitaire des espaces non construits, différents courants se succèdent, et parfois s'affrontent. Mais l'amélioration de la biodiversité dans les milieux très artificiels des villes est devenue un enjeu politique, et des réglementations encadrent aujourd'hui la prise en compte de la nature dans les projets d'aménagement urbains.
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Hors des villes, les espaces ruraux pâtissent d'une confusion entre nature et ruralité, qui affecte les usages et les représentations des populations. Les territoires péri-urbains sont tiraillés entre protection des espaces naturels et valorisation agricole des terres, auxquelles s'ajoutent des attentes de loisirs et de cadre de vie de la part des citadins. La spéculation foncière ajoute encore à la complexité des dynamiques qui régissent ces espaces, et favorise un déclin des activités agricoles qui entretiennent les paysages ruraux en périphérie des villes. Quant au concept d'agriculture urbaine, il est récent et apparaît dans un contexte à la fois mouvant et flou autour des notions de nature et de campagne d'une part, et de mutations du monde agricole d'autre part. Deux phénomènes déclenchent son essor dans les sociétés urbaines d'Europe occidentale : d'un côté, une volonté de « retour à la nature », qui apparaît en réponse à une prise de conscience de la faible valeur environnementale des villes. Parallèlement une forte demande de qualité et de proximité des productions alimentaires tend à favoriser les productions locales et plus qualitatives.
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L'agglomération de Bordeaux a vu cette volonté de réintroduction de la nature prendre une part de plus en plus importante dans la conception des projets métropolitains. Mais la politique d'espaces verts héritée des courants hygiénistes, peu qualitative, qui a dominé dans les années 1960-1970, a été finalement peu efficace pour répondre aux enjeux de protection des espaces naturels et agricoles. L'étalement urbain a ralenti mais ne s'est pas arrêté, continuant à grignoter les espaces périphériques. Les premiers projets de territoire inspirés de l'approche paysagère ont également été critiqués et ont connu des manques, notamment liés à des représentations cartographiques peu précises. Mais c'est tout de même cette approche qui est aujourd'hui encore utilisée, enrichie et améliorée par les retours d'expériences. En effet, la transversalité de l'approche ainsi menée permet de répondre aux enjeux à la fois sociaux, économiques et environnementaux du développement durable. Tout au long du XXème siècle, la place de l'agriculture dans les politiques territoriales reste précaire. Si les premiers projets de protection sont engagés pour répondre à une perte de terres agricoles, cet enjeu va être abordé de manière très marginale et secondaire dans les projets durant près de quarante ans. C'est seulement depuis le milieu des années 2000, avec la création du Parc des Jalles, que cette thématique est affirmée comme un enjeu majeur de valorisation des espaces non construits. Aujourd'hui, la révision du SCoT tout juste achevée et celle en cours du PLU promettent une meilleure prise en compte des richesses des espaces non construits en périphérie urbaine. Ces documents esquissent des projets de territoires intégrant et associant la nature et l'agriculture au projet urbain dans une vision d'ensemble harmonieuse et équilibrée.
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PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
METROPOLE PAYSAGES MULTIPLES
UNE A LA CROISEE DE
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Bordeaux, cinquième « aire urbaine » de France, offre une grande diversité de faciès urbains et paysagers. Au-delà de la ville de pierre et de la ceinture des boulevards, la périphérie entre en contact avec des paysages d'une grande variété. La première question posée ici est celle de la durée et des évolutions historiques : comment cette ville marchande, port de commerce implanté en bord de Garonne, a pu se développer, s'étendre et devenir la métropole régionale que l'on connaît aujourd'hui ? L'histoire de la ville s'est écrite à travers les liens qu'elle a tissés avec les territoires qu'elle a dominés ou avec lesquels elle a été en contact. Les interdépendances entre ville et campagne constituent une histoire faite d'ententes et de compromis, mais aussi de soumissions et d'antagonismes, et c'est la compréhension de cette histoire qui permet d'apprécier la situation actuelle dans toute sa complexité. L'étude de cartographies de diverses époques, croisée à des recherches bibliographiques, permettent d'esquisser les grandes étapes de cette évolution : on y trouve de nombreux indices utiles à la compréhension de l'évolution du territoire de l'agglomération.
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Le développement urbain s'est imposé, durant le XXème siècle, comme la figure régulatrice du territoire. Les espaces issus de l'ancienne couronne agricole de productions nourricières et de la culture spéculative de la vigne situés autour de la ville ont été relayés au rang de « réserves foncières ». Le second objet de cette partie sera de caractériser les paysages de ces grands espaces périphériques, et de comprendre comment ils participent à la richesse paysagère de l'agglomération de Bordeaux, et aux cadres de vie de qualité qu'elle offre à ses habitants. A travers l'exploration des grands systèmes paysagers accueillant la ville et ses extensions, nous dresserons un « état des lieux » de ces situations paysagères périphériques.
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DE LA VILLE MARCHANDE A LA METROPOLE REGIONALE a. Une ville commerciale entre fleuve et vignobles L'estuaire de la Gironde et les eaux profondes de la Garonne ont permis très tôt à des navires commerciaux venus de l'océan de s'avancer à l'intérieur des terres, et un commerce longues distances s'est installé. L'activité portuaire a catalysé le développement de la ville autour d'un méandre de la Garonne, sur une terrasse alluviale qui permettait de construire habitations et équipements au plus près de l'eau tout en restant hors de portée des crues. Dès le Moyen-Age, la vigne est plantée autour de la cité sur les terrasses de graves et dans certains palus. Cette orientation viticole de la ville est liée à la mise en place d'un lien commercial, l'union anglo-gasconne, qui assure un quasi-monopole du marché vinicole à destination de l'Angleterre. Dans le courant du XVIIIème siècle, la ville a développé le commerce maritime jusqu'à devenir le premier port français. Deux atouts ont été exploités : d'une part un arrière‑pays riche producteur de vins réputés, mais également de prunes, liège, miel et pastels. D'autre part, la ville avait depuis longtemps tissé des liens privilégiés avec des pays d'Europe du nord, notamment Angleterre, mais aussi Hollande, Prusse, Suède et Danemark. Ces avantages ont facilité le développement du commerce colonial. Des navires partaient de Bordeaux remplis de denrées alimentaires et de produits manufacturés, en direction des Antilles, et en revenaient remplis de productions coloniales, comme le sucre. Une partie était revendue sur place, mais la majorité des produits étaient ensuite réacheminés vers les pays d'Europe du nord. Suite à la guerre de succession d'Autriche et à la guerre de Sept Ans il a fallu mobiliser rapidement et à moindres frais de la main d'oeuvre pour relancer la production dans les colonies, c'est alors que Bordeaux s'est lancé, tardivement mais activement, dans le commerce négrier. La ville s'est enrichie lors de cette période coloniale, ce qui a contribué à la grande qualité architecturale des constructions de cette époque. Le territoire autour de la ville est alors largement recouvert de vignobles, du fait de la renommée, déjà internationale à l'époque, des vins de Bordeaux. En raison des grandes quantités commercialisées, toutes les terres favorables à la culture de la vigne sont exploitées pour celle-ci, depuis les terrasses alluviales
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supérieures aux sols drainés jusqu'aux terres marécageuses des palus. Les domaines viticoles prospèrent et entretiennent soigneusement les paysages. Les propriétaires de châteaux font réaliser des parcs arborés, souvent plantés de cèdres, séquoias et platanes, qui signalent leur réussite sociale et leur prospérité économique. Mais au-delà de la culture monospécifique de la vigne, la viticulture exploite toutes les ressources disponibles et dessine des espaces de production variés. En effet, les domaines possèdent également des cultures complémentaires qui fournissent à la fois la nourriture des propriétaires et employés, et les matériaux nécessaires à l'exploitation de la vigne. Ainsi, des potagers, des prairies et des bosquets ou petits boisements sont souvent associés aux châteaux, apportant les légumes, la viande, le gibier et le bois de chauffage au domaine, mais aussi le bois des piquets et les animaux de trait pour l'entretien des parcelles viticoles. 56
Prairies dans les zones humides en bord de rivière Petit bois Château implanté à proximité de l'eau Potagers Labours Vignes
Le domaine de La Chastaigne, extrait de l'Atlas de Trudaine, seconde moitié du XVIIIème siècle
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Le territoire de Bordeaux au XVIIIème siècle. Source : carte de Cassini.
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b. Une ville et un territoire interdépendants
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L'importance grandissante du port de Bordeaux a contribué à la renommée de la ville et à sa croissance au XVIIIème siècle. Le XIXème siècle quant à lui va être marqué par l'arrivée du chemin de fer et la construction du pont de pierre. Les voies ferrées permettent de drainer un important flux de marchandises, qui se détournent progressivement de la voie fluviale. La vitrine des quais devient un espace peu fréquentable, strictement dédié au négoce et au commerce, et la ville tourne peu à peu le dos au fleuve, dont elle est séparée physiquement par l'alignement des hangars de stockage. La construction du pont de pierre dans le prolongement de la route de Paris, facilite les traversées de la Garonne. Dès sa mise en place en 1822, la rive droite se trouve tout à coup rapprochée de la rive gauche déjà fortement urbanisée. Désenclavée, elle s'ouvre à l'urbanisation. La construction de la gare d'Orléans et de la gare de l'Etat affirment une vocation industrielle pour cette rive droite de la Garonne. L'habitat et l'industrie s'y développent dans un premier temps hors des zones marécageuses, le long des routes construites en surélévation. Des noyaux d'habitations se développent en pied de coteau, sur des cônes de déjections plus stables que les terres de palus, sortes d'«annexes» des villages du coteau que sont Floirac et Cenon. L'augmentation de la population crée un besoin d'approvisionnement en produits frais de plus en plus élevé qui va dicter une intensification des productions sur les terres proches de la ville. Dans les zones où la vigne est peu productive ou donne des fruits de moins bonne qualité, ce sont aux besoins alimentaires de la cité qu'il faut répondre. Pour satisfaire cette importante demande alimentaire, les terres inondables au nord de l'agglomération sont quadrillées d'un réseau dense de canaux de drainage qui permet de rendre ces terrains fertiles. Des légumes et céréales y sont cultivés pour nourrir les Bordelais, et cette zone devient le grenier de la cité. La palu inondable en rive droite commence également à être drainée, et d'une manière générale on observe une volonté d'assécher les terrains humides, difficiles à exploiter et réputés insalubres et vecteurs de maladies. Les paysages viticoles restent dominants dans les zones plus hautes et hors des crues, sur le pourtour sud et ouest de la ville, mais aussi sur le plateau de l'Entre-deux-Mers, où la culture de la vigne se fait sur de plus petites parcelles, entrecoupées de prairies et boisements dans les nombreux vallons creusés par les affluents de la Garonne et de la Dordogne.
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Le territoire de Bordeaux au XIXème siècle. Source : carte d'Etat Major
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c. Un siècle d'étalement urbain Durant le XXème siècle, la banalisation de l'automobile a favorisé un éloignement entre lieu de résidence et lieu de travail. Le développement et la modernisation des axes de circulation ont permis de développer l'habitat plus loin des centres urbains. C'est ce phénomène qui est le premier responsable de l'étalement urbain qui a largement grignoté les terres proches des villes, au détriment de l'exploitation agricole qui y avait lieu précédemment.
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Dès le début du siècle, le bâti s'étend autour des zones anciennement habitées et la ville dense rejoint la première couronne des faubourgs de Caudéran et du Bouscat au nord-ouest. La trame rayonnante des axes routiers, qui permet de rejoindre le centre de Bordeaux aux principales villes extérieures, est complétée par la ceinture des boulevards en rive gauche. En rive droite, les premiers quartiers denses apparaissent dans le secteur marécageux de La Benauge. En effet, les techniques modernes de construction offrent désormais la possibilité de construire sur ces terrains instables, et on voit la ville s'étendre de l'autre côté de la Garonne, à proximité du pont de pierre et de la route de Paris. La proximité de l'océan attire à Bordeaux les équipements militaires liés à la marine, dont les Bassins à Flots sont les premiers représentants, suivis durant la seconde guerre mondiale par la base sous-marine. Ces équipements militaires signent la fin de l'époque commerciale du port de la Lune.
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Le territoire de Bordeaux en 1924. Source : Photographie aérienne de l'IGN
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Jusqu'au choc pétrolier des années 1980, l'étalement de la ville est rapide et colonise les espaces périphériques. L'activité viticole perdure, mais les autres activités agricoles, comme l'élevage et le maraîchage, périclitent. En effet, la globalisation des échanges, rendue possible par la modernisation des moyens de transport, favorise le déclin des productions locales. Les produits frais peuvent dorénavant être acheminés depuis des espaces de productions plus lointains, et il n'est plus ressenti comme nécessaire d'exploiter un maximum des terres localement. Cet étalement s'est toutefois ralenti ces dernières décennies, suite à une prise de conscience des dégâts occasionnés par l'artificialisation des sols d'une part, et des contraintes d'équipements liées à une perte de densité des villes d'autre part. Cette tendance, affirmée dans la loi SRU de 2000, vise à reconstruire la ville sur elle-même et à limiter strictement l'étalement urbain. 62
Depuis 1995, des grands chantiers de restauration urbaine ont été entrepris, et le centre de Bordeaux s'est réouvert sur la Garonne, grâce à la destruction des hangars et à l'aménagement des quais en promenade urbaine de premier plan. La ville s'est tournée à nouveau vers le fleuve qui lui a apporté durant plusieurs siècles richesse et renommée.
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Le territoire de Bordeaux en 1960. Source : carte IGN de 1960
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DES GRANDS PAYSAGES VARIES La ville de Bordeaux est postée à la rencontre de systèmes paysagers d'une grande diversité. Le plateau sableux des Landes de Gascogne à l'ouest, et plateau et coteaux calcaires de l'Entre-deux-Mers à l'est encadrent la vallée alluviale de la Garonne et de ses affluents, formée des terrasses alluviales et de marécages. Cette situation exceptionnelle offre à la ville un cadre unique composé de paysages multiples que nous allons décrire dans les pages suivantes.
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Les grands systèmes paysagers de l'agglomération de Bordeaux
Coupe des grands systèmes paysagers de l'agglomération de Bordeaux
a. Le plateau sableux forestier des Landes de Gascogne Le sol de ce plateau est principalement composé de sables portés par les vents d'ouest depuis le littoral océanique. Il s'étend à l'est jusqu'aux terrasses supérieures de la vallée alluviale de la Garonne, à proximité de Bordeaux. L'ensemble de ce plateau est très largement dominé par des plantations de pins maritimes ( Pinus pinaster ), qui constituent la plus grande forêt de production européenne : la forêt des Landes de Gascogne, qui s'étend sur près de 950 000 hectares. On y trouve une mosaïque de parcelles privées, avec des variations paysagères entre les coupes rases, les jeunes plantations et les peuplements matures. 66
Des cultures productivistes récentes (maïs, carotte, fleurs,... ) ouvrent ponctuellement de grandes clairières dans cette forêt. Ces cultures dessinent des formes géométriques liées à l'utilisation de rampes d'arrosage sur pivot. L'habitat y est traditionnellement isolé, comme dans la forme locale de l'airial, ou parfois regroupé en hameaux ou en petits bourgs. Plus récemment se sont développées des extensions urbaines de type lotissement pavillonnaire, notamment à proximité de la capitale régionale de Bordeaux, et le long des axes de circulation routière.
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Vue satellite de la forêt de production landaise
Sol du plateau sableux des Landes de Gascogne
Chemin d'exploitation et ambiance forestière
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Coupe rase et peuplement âgé en arrière plan
Jeune peuplement de
Pinus pinaster
Arbres matures et lisière diversifiée en bord de chemin
Grandes cultures en clairière dans la forêt
L'airial, habitat traditionnel dans les Landes de Gascogne
Lotissement d'habitat pavillonnaire en lisière de forêt
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b. Les terrasses graveleuses viticoles Les sables transportés par le vent d'ouest viennent recouvrir les terrasses graveleuses viticoles supérieures de la vallée de la Garonne, créant un sol très drainant, favorable à l'exploitation de la vigne. Ces terrasses présentent donc les paysages ouverts du terroir viticole des graves. Des parcelles de vignes soigneusement entretenues couvrent la majeure partie de cet espace, accompagnées de prairies et de boisements.
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On retrouve fréquemment des alignements de platanes, ou des essences horticoles importées comme des cèdres ou des séquoias. Ces arbres repères signalent l'emplacement du château dans la mer de vignes, et symbolisaient aux XVIIème et XVIIIème siècles la richesse et la prospérité du propriétaire du domaine. Les périphéries urbaines de Bordeaux se sont largement répandues sur ces terrasses, et on peut rencontrer des faciès urbains variés, depuis les grands ensembles d'immeubles jusqu'aux extensions contemporaines peu denses.
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Vue satellite des terrasses viticoles
Les sols de graves recouverts de sables fins
Les vignes soigneusement entretenues sont omniprésentes
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Le cèdre : arbre repère dans les parcs des châteaux
Le parc du château, reflet du prestige depuis le XVIIème siècle
Alignement de platanes soulignant l'allée principale
Les portails monumentaux : marqueurs de la propriété viticole
Le Domaine de Haut-Brion, encerclé par l'étalement de Bordeaux, jouxte les cités universitaires et l'habitat pavillonnaire
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c. La vallée fluvio-marine palustre de la Garonne et affluents Les terrasses constituées de graves, ont été formées par les lits successifs de la Garonne, et dessinent une vallée en pente douce et très progressive en rive gauche du fleuve. Des limons laissés par le fleuve rendent ces terres riches et fertiles, mais la proximité de l'eau combinée à la faible altitude engendrent des inondations fréquentes.
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La plaine fluvio-marine palustre de la Garonne et de ses affluents est ainsi dominée par un paysage humide, à la rencontre entre vallée alluviale et domaine maritime. Les jalles au nord et les esteys au sud, affluents perpendiculaires au lit de la Garonne forment des deltas propices aux marais à l'arrière du bourrelet alluvial. Ces terres sont drainées par un maillage dense de fossés centenaires, délimitant des parcelles de prairies et de cultures maraîchères. La ripisylve dense de bords de Garonne ferme les vues, tandis que le bocage lâche du palu, la zone marécageuse, s'ouvre sur des prairies humides encadrées de haies. Le bourrelet alluvial est traditionnellement habité de manière linéaire, sous la forme de domaines faisant face au fleuve. Des fermes d'exploitations isolées sont parfois implantées sur des buttes. De grandes zones d'activités et extensions urbaines récentes sont présentes autour de Bordeaux, des bourgs préexistants et le long des routes.
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Vue satellite des palus de la vallée de la Garonne
Le sol limoneux gorgé d'eau du palu
Prairies humides encadrées de haies bocagères
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Ripisylve dense sur les berges de Garonne
Marais de Bruges
Jalles et esteys : des affluents perpendiculaires à la Garonne
Maraîchage dans le Parc des Jalles au nord de l'agglomération
Extensions urbaines à Floirac
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d. Le plateau et coteau calcaire de l'Entre-deux-Mers En rive droite de la vallée, un coteau escarpé marque la limite avec le plateau calcaire vallonné de l'Entre-deux-Mers, traversé et découpé par de nombreux affluents de la Garonne et de la Dordogne. La roche calcaire confère aux sols, là encore, des propriétés favorables à la culture de la vigne, et on y retrouve des domaines de grande renommée. Le relief découpé impose un parcellaire plus petit, et dessine une mosaïque de petites parcelles de cultures, d'élevage et de boisements sur une toile de fond viticole.
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Les châteaux viticoles sont situés en points hauts et se répondent visuellement. Ils sont entourés de parcs arborés, souvent plantés de cèdres, et de parcelles de vignes soigneusement entretenues. Des extensions urbaines récentes sont présentes autour des bourgs anciens et le long des routes.
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Vue satellite du plateau de l'Entre‑deux‑Mers
Roche calcaire affleurante dans l'Entre-deux-Mers
Relief vallonné
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Château en point haut, dominant son vignoble
Silhouettes caractéristiques du cèdre et des séquoias
Cohabitation de prairies, d'élevage et de l'activité viticole
Parcelles de vignes soigneusement entretenues
Un habitat récent peu dense crée un mitage du plateau
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Les paysages qui entourent l'agglomération de Bordeaux sont hérités d'une longue tradition viticole. Les terroirs favorables à la culture de la vigne ont été largement plantés de vignobles, et les grands vins qui en sont extraits offrent à la ville une renommée internationale dès le XVIIème siècle. Ce commerce du vin et des produits de l'arrière‑pays avec les pays d'Europe du nord, puis le commerce colonial au XVIIIème siècle, enrichissent la ville et une architecture de grande qualité se développe autour du port de la Lune. Le territoire proche, qui permet la culture et l'élevage des produits alimentaires de la cité, est strictement régi et entretenu par les pratiques agricoles. Mais avec la modernisation et la globalisation des échanges commerciaux, la ville se détourne progressivement des espaces de cultures de proximité et tourne le dos à son territoire. L'étalement urbain rapide du XXème siècle colonise les terres périphériques, et l'agriculture est repoussée en marge de la ville.
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Ce n'est que récemment qu'une volonté de renouer les liens entre ville et nature réapparaît, avec la réouverture de la ville sur le fleuve et l'aménagement des quais de la Garonne. Mais ce retour au territoire implique de prendre en compte la diversité des situations rencontrées. La ville de Bordeaux est située à un endroit très singulier, à la croisée de paysages multiples qui offrent un cadre très diversifié. Depuis les paysages forestiers du plateau des Landes de Gascogne à l'ouest, jusqu'aux vallons découpés de l'Entre-deux-Mers à l'est, en passant par les anciennes terrasses alluviales aux paysages viticoles et les zones humides de la vallée de la Garonne, la ville croise et rencontre des paysages très diversifiés, qui offrent une riche palette d'ambiances à deux pas de la ville.
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quartiers, DESPAYSAGES ET DESPRATIQUES DES
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La rencontre entre la ville étalée de Bordeaux et la diversité des paysages bordelais crée des situations singulières aux franges de l'agglomération. Ces singularités s'expriment particulièrement dans les espaces non construits. Ce sont à celles‑ci que nous allons nous intéresser en priorité dans cette partie. Comment cette promiscuité entre ville et campagne engendre‑t‑elle des paysages spécifiques ? Quels dialogues s'établissent entre les espaces de la vie urbaine et les espaces de production agricole aux franges de l'agglomération ? Quelle forme d'activité agricole trouve‑t‑on dans ces espaces ? Trois quartiers apparaissant comme caractéristiques des paysages de frange et des enjeux que l'on y rencontrent ont été retenus : la « coulée verte » entre Mérignac et Pessac, le « palu inondable » de Bouliac et Latresne et la mosaïque agricole d'Yvrac et de SainteEulalie. Les trois situations paysagères correspondantes à ces trois quartiers seront dépeintes, afin de connaître les éléments qui les constituent et de comprendre quelles dynamiques spécifiques entrent en jeu dans ces « entre‑deux ».
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Cette connaissance basée sur la dimension matérielle des paysages n'est pas la seule façon de comprendre ces situations. En effet, le paysage se trouve à l'interface entre un territoire et des personnes qui l'habitent ou le fréquentent, qui se l'approprient ou qui y projettent des sentiments d'appartenance. Il est constitué d'éléments physiques et palpables, mais aussi d'éléments immatériels traduisant la façon dont chacun appréhende les composantes paysagères et leurs dynamiques. Ainsi, la première approche, extérieure et experte, sera ensuite croisée aux regards et aux pratiques des habitants, usagers et acteurs qui ont pu être rencontrés à l'occasion de l'enquête sociale menée sur ces quartiers. Quelles sont les différentes façons de percevoir les situations paysagères de ces quartiers ? De quelles pratiques sont‑ils le lieu ? Quels éléments ou aspects de la vie du lieu sont les plus appréciés ? Quelles sont les attentes et les projets d'avenir qui y sont catalysés, notamment dans le domaine de l'activité agricole ? C'est à partir d'une approche à la croisée entre la dimension matérielle des paysages, les regards qui y sont portés et les pratiques dont ils sont l'objet que nous chercherons à répondre à ces interrogations.
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SINGULARITES DES PAYSAGES DE FRANGES La confrontation du bâti et des paysages périphériques crée des situations singulières. Trois secteurs d'étude plus précis, choisis dans des configurations différentes, sont décrits ici. Le premier secteur est celui de la « coulée verte » de Mérignac et Pessac, située entre les ruisseaux du Peugue au sud et des Ontines au nord. A cheval entre le plateau sableux landais et les terrasses graveleuses viticoles, ce quartier offre des espaces de loisirs nombreux et variés, où les citadins affluent le week-end et en période de vacances. La transition entre la forêt de pins et les vignobles se fait de manière progressive à travers des prairies d'élevage et des grands bois publics péri‑urbains. L'étalement de l'agglomération vers l'ouest qui a eu lieu tout au long du XXème siècle se traduit ici par une confrontation entre les espaces de production agricole et des quartiers d'habitat pavillonnaire. Des zones d'activités récentes ont également porté préjudice à la cohérence du parcellaire agricole, qui se retrouve mité et désorganisé. 80
Le second espace étudié se trouve dans les terres inondables du palu, en rive droite de la Garonne, sur les communes de Bouliac et Latresne. Les grandes prairies humides sont quadrillées d'un réseau de fossés de drainage dense, qui draine les eaux depuis le coteau vers la Garonne. Un bocage lâche organise le parcellaire, traversé de part en part par des lignes à haute tension. Les chemins vicinaux qui traversent le territoire sont littéralement coupés par la route principale, et le manque d'entretien les rend souvent inaccessibles. Ces zones, soumises à un risque d'inondations majeur, subissent peu la pression foncière, mais la reprise des exploitations vieillissantes est peu dynamique. Ce quartier, très proche et facilement accessible depuis le centre de Bordeaux, n'est pas valorisé, et peu de projets semblent émerger. Le dernier quartier se situe sur le plateau de l'Entre‑deux‑Mers, entre Yvrac et Sainte-Eulalie. La mosaïque de petites parcelles de prairies, boisements et vignes est ici empreinte de noblesse. Les paysages variés sont particulièrement qualitatifs, portés par des exploitations viticoles renommées. Mais cet espace aux ambiances particulièrement agréables est totalement méconnu. En effet, il est ceint sur toute la partie ouest et sud par des voiries à forte circulation (voie ferrée, rocade, autoroutes A10 et N89) et les accès sont rares et confidentiels. La qualité de vie y est très appréciée et revendiquée par les politiques en place, qui souhaitent maintenir cette « campagne aux portes de la ville ». Mais hormis la classification en AOC des vignes, aucun projet concret de protection ou de valorisation à long terme de cet espace n'est à l'ordre du jour. La réputation en hausse de la rive droite de l'agglomération augmente encore la pression foncière sur ce quartier.
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Localisation des quartiers étudiés
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a. La « coulée verte » de Mérignac et Pessac Cette «coulée verte» est caractérisée par une succession d'espaces non construits, partiellement hérités de la politique des espaces verts menée à l'échelle de l'agglomération dans les années 1960. Mais cette politique, qui avait pour objectif de préserver une étendue plus importante et d'un seul tenant, a été peu efficace. Aujourd'hui, on retrouve un habitat diffus de type pavillonnaire entremêlé aux espaces de production agricole et aux boisements. Il s'agit d'un secteur de transition entre la forêt des Landes de Gascogne et les terrasses viticoles. Une typologie très variée d'espaces y est repérable.
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A l'ouest, la pinède est pratiquement toujours visible en arrière-plan, entre les maisons, au-delà des prairies ou au bout des perspectives créées par les axes routiers. Cette proximité de la forêt des Landes est palpable et crée un véritable écrin forestier à l'ensemble du quartier. On y trouve une exploitation agricole laitière, le GAEC de Tartifume. Elle offre des paysages ouverts de prairies de fauche et de pâturages, complétés par des parcelles de maïs utilisé localement en complément comme nourriture pour les vaches. Cette complémentarité des ressources fourragères crée une mosaïque large de parcelles, où les ambiances varient au fil des saisons et des activités agricoles : les semis du printemps se transforment l'été venu en champs de maïs, les herbes hautes fauchées ponctuent les prairies de ballots de foin dès la fin du mois d'août. L'automne accueille les travaux de récolte des céréales, tandis que l'hiver, lorsque
Pinède en arrière-plan d'un secteur habité
Les vaches laitières pâturent à proximité d'un champ de maïs
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les bêtes sont à l'étable, les agriculteurs labourent les champs en vue des semis à venir.
Haie de chênes dense séparant la prairie de la route
Des haies bocagères, composées de feuillus comme les chênes, les frênes et parfois les robiniers, viennent ceinturer les espaces prairiaux et encadrent les vues. Hormis le ronronnement de la rocade, la proximité de la ville reste ici particulièrement discrète. La ferme de Tartifume est la dernière exploitation professionnelle en activité dans cette partie de l'agglomération. On peut encore observer la présence de quelques vaches pâturant à proximité de la route de Saint-Jean d'Illac, appartenant à des agriculteurs aujourd'hui retraités.
Réseau de drainage bien visible et entretenu
Ce sont des élevages, pensions de chevaux, et centres équestres, liés aux activités de loisirs, qui entretiennent une grande partie des prairies rencontrées. D'autres éléments à caractère rural sont également entretenus par ces activités d'élevage équin, ou parfois par les habitants du quartier lorsque ces éléments délimitent une parcelle habitée. Ainsi, les fossés et les haies, hérités de la structure agricole traditionnelle, sont encore clairement perceptibles et structurent les espaces.
L'alignement de peupliers marque la présence d'un fil d'eau à l'arrière de la prairie
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A l'est, les domaines de Picque‑Caillou et de Luchey ont su résister à la pression foncière. Appartenant au vignoble AOC de Pessac‑Léognan, leur production viticole apporte une forte valeur ajoutée à la terre qui leur permet de perdurer face à la spéculation immobilière.
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Ces vignobles s'étalent ainsi aux portes de la ville, à l'intérieur de la ceinture de la rocade et à deux pas du tramway. Leurs vignes, soigneusement entretenues en toutes saisons, offrent des paysages changeants : les ceps rigoureusement taillés chaque hiver se couvrent au printemps et en été d'une véritable mer de feuillages d'un vert tendre. A la fin de l'été, les grappes de raisins mûres sont récoltées par des saisonniers venus en grand nombre pour participer aux vendanges.
Le domaine de Picque-Caillou : vignes soigneusement taillées, château et parc arboré.
Les piquets, traditionnellement en bois de robinier, créent des perspectives et guident le regard à travers les vignes. Des arbres ornementaux tels que platanes, cèdres et séquoias, typiques des parcs de châteaux, offrent des silhouettes facilement reconnaissables dans l'étendue des vignes.
Les silhouettes des séquoias et un platane centenaire évoquent le parc d'un ancien domaine
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La silhouette caractéristique du belvédère de la forêt du Bourgailh
Le bois du Buck : chemins de promenade et espaces sportifs
Un nouveau refuge péri-urbain : Le tronc creux, inauguré cet été dans le bois du Bourgailh
Sentier le long du Peugue, reliant le ruisseau et l'habitat
Les espaces boisés publics accueillent les citadins dans des ambiances forestières variées, depuis la pinède sèche dans certains secteurs de la forêt du Bourgailh, jusqu'aux sous‑bois de feuillus dans le bois des Sources du Peugue, en passant par les espaces sportifs du Burck. Un large public de citadins profite ici d'une offre diversifiée d'espaces de loisirs (zoo, golf, plusieurs stades, parcours sportifs et de découverte,...). De grands espaces font l'objet de projets : un parc animalier ultra‑moderne est à l'étude à deux pas du zoo actuel, et l'ancienne décharge communautaire qui constitue la colline du Bourgailh, réhabilitée et plantée de la plus grande collection d'éricacées en Europe, doit ouvrir au public en 2030. Ce quartier est délimité par deux ruisseaux : le Peugue au sud et les Ontines au nord. Ces ruisseaux, qui traversent indifféremment les espaces agricoles et les quartiers d'habitat, offrent un lien et une transversalité sur l'ensemble du secteur. Les voies de desserte routière sont souvent étroites et bordées de haies et de fossés, ce qui accentue le caractère rural du quartier. Mais la route de Saint‑Jean d'Illac crée une coupure, et occasionne des difficultés à traverser entre la partie nord et la partie sud.
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DYNAMIQUES : Ce premier quartier correspond à la « coulée verte » ouest de l'agglomération, qui a été partiellement préservée de l'urbanisation, mais où une ville « diluée » s'est répandue entre les années 1970 et 1990. L'activité agricole y a connu un large déclin : une seule exploitation professionnelle d'élevage est encore en activité, le reste des espaces non construits étant souvent utilisés pour des activités de loisirs. Les domaines viticoles de l'extrémité orientale présentent une bonne stabilité du fait de leur renommée et de la forte valeur ajoutée des vins produits. L'ensemble est porté par une dynamique liée aux activités de loisirs. Une volonté forte de ne pas bâtir ces espaces est affirmée dans les discours issus des politiques urbaines quelle qu'en soit l'échelle (SCoT de l'aire métropolitaine bordelaise, PLU communautaire, municipalités), mais aucun projet global de valorisation n'émerge réellement. La spéculation immobilière est fortement perceptible. Elle est en partie responsable de l'échec d'un projet de création de Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Péri‑urbains (PPEANP) mené en 2012 et abandonné au début de l'année 2013.
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
Lig ne
Aéroport international de Mérignac
de
tra m
A
Les Ontines
Projet de plaine des sports
Prairies de petite taille dédiées à l'élevage de loisirs (chevaux)
Mosaïque large de prairies et champs de maïs
Domaines viticoles de Picque Caillou et de Luchey
Bois du Burck
Route de Saint Je an d'Illac
Centre équestre
Stade et parcours sportif
Projet SAVE : parc animalier
Mixité entre habitat boisements et prairies
es Voi es ré fer
Colline du Bourgailh : Ouverture au public horizon 2030 Château Haut-Brion
Zoo de Pessac
Eco-site de la forêt du Bourgailh
Golf
Haies champêtres
Fossés de drainage Stade Centre équestre
Prairies larges ouvertes sur la forêt de pins
Le
Bois des sources du Peugue
Parcours sportif
Les paysages de la «coulée verte» de Mérignac et Pessac
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POTENTIALITÉS : + La proximité du tram et des espaces habités offre des accès privilégiés aux paysages agricoles de l'ouest de l'agglomération, et les nombreuses activités de loisirs drainent un large public. + La diversité des productions agricoles crée des nuances d'ambiances et des qualités d'espaces variées qui participent à un cadre de vie agréable pour les habitants. + Les espaces non construits participent à la trame verte, en transition entre la ville et le réservoir de biodiversité de la forêt des Landes de Gascogne FAIBLESSES : - Cet espace très étiré est par endroits mité par une périphérie diluée, qui en diminue la lisibilité. L'ensemble manque de cohérence et d'un projet de valorisation global. - L'élevage professionnel est devenu marginal et a disparu en intra-rocade
b. Le palu de Bouliac et Latresne Ce second secteur correspond au fond plat et inondable de la vallée alluviale, en rive droite de la Garonne. Ces terres sont inconstructibles : leur vocation est de servir de bassin d'étalement des eaux en amont de Bordeaux pour protéger la ville en cas de fortes précipitations. Exclusivement vouée à la production agricole depuis des siècles, cet espace est aujourd'hui imprégné des composantes paysagères des territoires d'élevage. L'omniprésence de l'eau sous diverses formes y apporte une richesse environnementale propre aux zones humides.
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C'est donc un paysage de grandes prairies inondables, au sol gorgé d'eau, dédiées à l'élevage bovin qui règne sur le palu. Ces terres riches en limons très fertiles, où pousse une herbe dense, servaient autrefois de pâturages d'été pour les exploitations agricoles du plateau et du coteau, où la ressource fourragère est plus sèche et moins riche. Les parcelles de grande taille sont délimitées par un bocage de frênes, chênes et petits fruitiers, lâche et vieillissant. Un réseau de fossés draine les eaux depuis le coteau vers la Garonne. Parfois ouvertes sur les espaces enherbés, parfois fermées le long des chemins, les vues sont en permanence encadrées par les haies. L'effet de filtre créé par cette succession d'alignements plus ou moins denses d'arbres et d'arbustes offre une diversité de points de vue sans cesse renouvelée.
Prairie humide encadrée de haies et de fossés de drainage
Les filtres successifs créés par les haies champêtres
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Des perspectives immenses s'ouvrent dans cet espace sans relief, particulièrement le long de l'ancienne voie ferrée. Cet axe, traversant du nord au sud le palu depuis Bouliac jusqu'à Latresne, et rejoignant ensuite le plateau, permet de parcourir à pied ou à vélo ce paysage de bocage humide.
Sentier de promenade le long de l'ancienne voie ferrée
La route fragmente l'espace et rompt les continuités
Ces ambiances fraîches et champêtres, sont situées à seulement 20 minutes à vélo du centre de Bordeaux grâce à la piste cyclable qui longe les berges de la Garonne. Mais ces espaces de grande qualité cohabitent avec des parcelles enfrichées, notamment dans la partie sud du palu. La construction d'une route en remblais, reliant Bordeaux à Langon, dans le déni total des anciens tracés de chemins, a enclavé un certain nombre de parcelles situées entre cet axe de circulation et la Garonne. Cette route marque aujourd'hui une rupture presque infranchissable dans l'espace du palu. Les anciens chemins transversaux, devenus inutiles, ont été abandonnés et ne sont plus accessibles ou se terminent en cul-de-sac. Les traversées sont impossibles en dehors des infrastructures routières récentes.
Enfrichement d'une parcelle en bord de route
Des parcelles situées au coeur du palu sont également sous-pâturées, et l'activité agricole semble en déclin.
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Quelques prairies sont utilisées pour l'élevage équin de loisirs, ce qui semble confirmer une certaine déprise des agriculteurs sur le secteur. Des jardins familiaux sont installés au coeur d'une grande parcelle enherbée sur la commune de Bouliac. Découpé en petites locations équipées chacune d'un cabanon, cet espace est peu densément exploité et offre encore de nombreuses possibilités d'évolution. 90
Élevage / pension de chevaux dans un secteur habité
Jardins familiaux à Bouliac
L'accès depuis Bordeaux se fait à travers des zones d'activités peu valorisantes, à l'aménagement banalisant, qui ne reflètent pas réellement la richesse et la qualité des paysages du palu. Du côté de la Garonne, un habitat linéaire de très belle facture s'étend le long du bourrelet de rive, hors d'eau sauf en cas d'évènements exceptionnels (tempête de 1999 par exemple).
Zone d'activités de Lartigot, à Latresne
Ces demeures bourgeoises s'ouvraient autrefois sur le fleuve, qui était leur voie d'accès principale. L'arrivée des routes les a fait se retourner vers l'intérieur des terres, mais les anciens portails en pierres de taille témoignent encore de cette époque.
Belle demeure bourgeoise sur le bourrelet de rive
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Suite à ce détournement de l'habitat envers le fleuve, les berges de Garonne ont été de moins en moins entretenues et la ripisylve s'est épaissie. Les vues se sont fermées, et seuls les accès aux carrelets, qui sont traditionnellement des cabanes de pêcheurs sur pilotis construites sur les berges du fleuve, offrent des vues lointaines vers la rive gauche, l'Ile d'Arcins et Bordeaux.
Vue sur l'Ile d'Arcins depuis le ponton d'embarquement
Habitat groupé à l'entrée d'un vallon secondaire, et pavillons récents étalés dans le palu
L'Ile d'Arcins est un lambeau de terre de 6 km de long par 2 km de large qui émerge des eaux du fleuve face au palu de Bouliac et Latresne. Ancienne propriété de l'INRA, cet ancien verger expérimental a été fortement endommagé par la tempête de 1999. Des espèces intéressantes de pommiers, résistants à certaines maladies, y ont été expérimentés et sont encore visibles sur l'île. Cet espace est aujourd'hui une propriété privée, dont le propriétaire souhaite ouvrir l'accès au public. Une navette fluviale a été installée dans ce but, mais l'accueil du public reste très occasionnel. A l'est des espaces prairiaux, le coteau boisé crée un arrière-plan aux vues lointaines. Les centres de vie, traditionnellement groupés en pied de coteau hors de la zone inondable, se sont étalés durant le XXème siècle le long des routes sous la forme d'un tissu pavillonnaire banalisant.
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DYNAMIQUES : Ce second quartier est situé en bord de Garonne, en amont de Bordeaux, dans un secteur stratégique pour la gestion du risque d'inondations. Les prairies anciennement utilisées comme ressource fourragère en complémentarité des ressources du coteau et du plateau sont aujourd'hui le siège d'un élevage bovin sédentaire peu dynamique. Le vieillissement des agriculteurs et l'absence de successeurs familiaux rendent l'avenir des exploitations incertain. La biodiversité liée à la présence de haies et d'espaces enherbés est riche, mais la fragilité de la situation agricole actuelle et à venir, ainsi que le délaissement des haies qui risque de s'accélérer, conduisent à une déstructuration du bocage. Cela amenuise tant l'intérêt environnemental que la lisibilité des paysages. La pression foncière est faible du fait de l'inondabilité, et donc de l'inconstructibilité, des terres. Les municipalités de Bouliac et Latresne sont conscientes de l'intérêt paysager et environnemental de ces espaces humides. toutefois, les contraintes techniques, liées aux restrictions réglementaires applicables à cette zone inondable et à la présence d'une zone Natura 2 000 le long des berges de la Garonne, sont un frein à l'émergence de projets de valorisation.
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Zone d'activités
Réseau dense de fossés de drainage
Coteau boisé d an rr nt tte o P Mi s oi ç an r F Habitat linéaire de demeures bourgeoises sur le bourrelet alluvial
Grandes prairies humides
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Ile d'Arcins
Bocage lâche et déstructuré
+ Un lieu unique et insolite : l'Ile d'Arcins + Grands espaces de production agricole participant à la richesse environnementale, avec des échanges possibles entre le palu et le coteau
Ripisylve dense Vignes de palu
Habitat groupé en pied de coteau, au niveau d'un vallon secondaire
La Pimpine
Zone d'activités
Centre équestre
Le Rébédech
Dépérissement des haies entraîne une diminution de l'intérêt environnemental et une perte de la lisibilité du bocage - Rupture des transversalités liée à l'infrastructure routière
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FAIBLESSES : - Manque de dynamisme du foncier agricole et vieillissement des producteurs dessinent un avenir incertain
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POTENTIALITÉS : + Espaces ouverts aux ambiances champêtres aux portes de la ville, facilement accessibles par la piste cyclable des berges de Garonne
Les paysages du palu de Bouliac et Latresne
c. La mosaïque agricole d'Yvrac et Sainte-Eulalie Le dernier quartier étudié est situé sur le plateau de l'Entre‑deux‑Mers. L'espace est délimité au nord par l'autoroute A10, au sud par la N89 et à l'ouest par le relief du coteau et la rocade de Bordeaux. Tout proche de la ville, mais enclavé et physiquement séparé de celle-ci par les axes de desserte routière, cet espace a gardé un caractère très agricole aux portes de l'agglomération. Le relief vallonné offre des points de vue divers. Cette variabilité rare dans l'agglomération, plus largement étendue vers les secteurs plats de l'ouest de la Garonne, constitue un cadre de vie agréable.
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Le paysage est d'une grande variété et d'une grande qualité, composé de petites parcelles de prairies, boisements et vignes soigneusement entretenues. La présence de châteaux en points hauts et de domaines viticoles donnent un certain «cachet» à l'ensemble. Des élevages bovins entretiennent les prairies qui cohabitent avec les vignes.
Prairie fauchée et vignes taillées s'étalent entre des boisements qui soulignent les courbes du relief
Les vaches pâturent autour des bâtiments d'exploitations, et les prairies plus lointaines sont fauchées pour assurer la réserve en fourrage de l'hiver. Quelques parcelles sont enfrichées, mais ce phénomène reste très ponctuel. Il est localisé sur des petites parcelles en lisière des centres de vie.
Vue pittoresque sur la ferme familiale de Monsieur
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M.
Le soin accordé à l'entretien de l'espace est lié à une certaine culture de l'esthétique du monde viticole. L'aspect soigné des parcelles est une fierté et les viticulteurs jugent mutuellement la qualité de leur travail sur l'entretien des parcelles.
La silhouette des châteaux et des parcs sur les reliefs
Cette importance accordée à l'aspect visuel est très présente, et les domaines affichent leur prospérité à travers le parc qui entoure le château. La présence historique de domaines viticoles est liée à un important patrimoine bâti : des châteaux, mais aussi une abbaye et des corps de ferme en pierres de taille.
Dans un style revisité, une allée de palmiers mène jusqu'au château Laffitte
Elevage de cervidés dans le parc du domaine de Mirefleurs
Cette mosaïque agricole est préservée de l'urbanisation grâce à sa situation enclavée, mais aussi grâce à la volonté des municipalités de préserver le caractère campagnard de leurs territoires. La politique de la Communauté Urbaine de Bordeaux ne répond pas aux mêmes enjeux d'accueil de populations, et les conflits entre ces deux mondes sont palpables.
D'anciens châteaux, rattrapés par les lotissements d'habi‑ tation, sans terres et clôturés, ont été résidentialisés
On trouve en lisière de cette mosaïque riche et diversifiée, des quartiers d'habitat pavillonnaire, centrés sur eux‑mêmes et sans lien avec ce cadre agricole.
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DYNAMIQUES : L'espace agricole est aujourd'hui préservé car il est enclavé par le relief du coteau et les infrastructures routières. Les accès confidentiels et les paysages champêtres en font un lieu à part, hors de la ville. Mais la préservation de ces caractères n'est pas simple pour des communes de petite taille qui jouxtent la Communauté Urbaine de Bordeaux et subissent une pression foncière très forte. En effet, la proximité de l'agglomération, les prix attractifs et le cadre de vie d'une grande qualité entraînent une hausse des demandes de logements, surtout depuis que la rive droite de la ville se développe et gagne en renommée. Malgré tout, les municipalités d'Yvrac et de Sainte-Eulalie revendiquent leur aspect « nature » ou « agricole ». Elles souhaitent limiter leur croissance démographique. Mais les élus locaux n'ont pas toujours la force de conviction, les outils ou une vision du territoire à long terme qui leur permettrait de concrétiser ces volontés. Aucune argumentation réellement convaincante n'est portée sur les espaces qui ne sont pas contraints par une inconstructibilité due à leur classement AOC et l'on n'est pas assuré qu'ils ne seront pas urbanisés à moyen ou long terme.
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Coteau boisé
Le G ua
Châteaux «résidentialisés» sans vignoble
Château entouré d'un parc arboré en situation haute
Abbaye
A1 0
Bo Vo rd ie ea fe ux rr - ée Pa ri s Mosaïque de petites parcelles de boisements, prairies et vignes
Prairies et pâtures d'élevage bovin
Stade
Aérodrome
Vignes soigneusement entretenues
POTENTIALITÉS : + Une mosaïque agricole de très belle qualité composée de prairies, vignes et boisements, et qui offre une diversité intéressante de paysages + L'enclavement conjoint à une politique urbaine qualitative a permis de préserver cet espace de l'urbanisation. L'accès difficile en fait un lieu confidentiel et crée une ambiance «à part» + Le classement en AOC des parcelles viticoles garantit la stabilité du terroir viticole
Expressions paysagères de la richesse devant les châteaux renommés
Alternance de paysages ouverts et fermés depuis les voies de circulation
N89
Centre équestre
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Les paysages de la mosaïque viticole d'Yvrac et Sainte-Eulalie
FAIBLESSES : - Comme dans les précédents secteurs, l'élevage qui maintient les espaces prairiaux est en déclin et peu dynamique - Les difficultés d'accès ont entraîné une certaine méconnaissance de ce site, pourtant de grande qualité et aux portes de la ville - Un changement de volonté politique pourrait porter atteinte à l'intégrité des paysages jusqu'ici préservés
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REGARDS ET PRATIQUES : LA DEMARCHE D'ENQUETE SOCIALE Le paysage se trouve à l'interface entre la réalité physique d'un territoire et le regard des personnes qui l'habitent ou le fréquentent. Ainsi, la réalité physique décrite précédemment, et qui a permis de révéler des enjeux spatiaux, n'est qu'une partie des enjeux paysagers, et elle est incomplète tant que la dimension sociale du lieu n'est pas intégrée à l'étude. La participation des populations à l'élaboration des projets est devenue une priorité. En effet, la question du paysage dans les politiques publiques en France et en Europe a évolué dans la première décennie du XXIème siècle. La Convention Européenne du Paysage, signée à Florence en 2000 et mise en application en France depuis 2006, conduit les acteurs publics à s'intéresser aux paysages ordinaires qui constituent le cadre de vie quotidien des populations, et les oblige également à intégrer les habitants dans les prises de décisions. C'est pourquoi j'ai souhaité, dans le cadre de ce Travail Personnel de Fin d'Études, porter mon attention sur les regards et les pratiques des personnes actrices à un titre ou à un autre des lieux étudiés. L'objectif de cette approche socio-spatiale est de saisir les pratiques qui ont cours dans ces quartiers, les différentes approches et manières de saisir l'espace, ainsi que les attentes et projets d'avenir qui s'expriment dans les périphéries agricoles. C'est de cette double approche, entre regard expert du paysagiste et prise en compte de l'avis des populations habitantes, que pourront, me semble-t-il, émerger des enjeux vraiment pertinents. Je souhaite que cette vision «habitante» des lieux serve de catalyseur au fondement d'un réel projet de paysage. J'ai donc choisi de mener une démarche d'enquête sociale auprès des usagers habitants et acteurs des trois quartiers agricoles périphériques.
a. Méthodologie des entretiens La méthode utilisée a été élaborée en lien avec différents travaux de recherche et d'expérimentation récents, notamment les travaux de Jacqueline Candau concernant l'évaluation des paysages, d'Eva Bigando sur la démarche d'enquête dans les paysages du quotidien, et Dominique Henry sur les représentations paysagères des agriculteurs pyrénéens. La connaissance approfondie du territoire, élaborée précédemment, permet de le découvrir dans sa réalité physique, ses dynamiques territoriales et son contexte culturel. Cette découverte est primordiale pour construire une vision la plus exhaustive
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possible des quartiers agricoles périphériques dans toute leur diversité paysagère. Ce socle de connaissances peut servir de référence objective aux entretiens et au décryptage des discours recueillis. La méthode d'enquêtes semi-directives permet de provoquer une discussion, orientée autour de questions thématiques. Le fil conducteur est modulable en fonction de la réactivité de la personne interrogée. La souplesse du dispositif permet d'aborder des aspects divers. La personne interviewée garde une grande liberté d'expression, ce qui enrichit considérablement le champ des sujets abordés par rapport à une enquête plus fermée.
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La première étape consiste à élaborer un groupe de personnes ressources à rencontrer. J'ai choisi d'axer mes rencontres autour des acteurs institutionnels, des agriculteurs et des usagers «habitants» des quartiers. Ces trois catégories permettent d'appréhender des regards et des pratiques variés et complémentaires. Les entretiens sont enregistrés à l'aide d'un dictaphone, afin de limiter la prise de notes. Libéré de celle-ci, il est alors plus facile de se placer dans une position d'écoute attentive, et de rester disponible pour discuter et réagir aux propos de la personne interviewée. Après une première prise de contact par téléphone ou mail pour convenir d'un rendez-vous, la rencontre se fait dans un lieu choisi librement par l'enquêté, de préférence sur les lieux dans lesquels il vit ou qu'il pratique. Des extraits de carte IGN au 1/25 000ème sont utilisés comme support à la discussion. Des feutres sont également disponibles pour crayonner directement sur la carte, ce qui libère la parole et permet de garder une trace « spatialisée » des propos recueillis. Les entretiens sont menés à l'aide de trois guides (en annexes), un pour chacune des catégories rencontrées, qui permettent de donner un fil conducteur aux conversations. Ces guides serviront de cadre de référence pour comparer le contenu des discours. Ces guides sont préparés en amont, et les thématiques qui doivent être abordées apprises à l'avance. Le guide n'est là que pour relancer la discussion, mais il faut éviter de mettre la personne en situation d'interrogatoire, qui limite le
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sentiment de confiance et peut générer des blocages. Chaque guide synthétise les objectifs des entretiens avec la catégorie concernée, qui sont variables de l'une à l'autre. L'échelle du territoire sur lequel va porter la discussion est précisée, depuis l'échelle de l'agglomération pour certains acteurs institutionnels, jusqu'à une échelle "habitante" pour les usagers non acteurs. Les problématiques abordées sont ensuite recensées, abordées sous l'angle de la question paysagère et agricole, du regard porté sur le lieu, des pratiques socio‑spatiales et des attentes pour l'avenir. Les questions sont rédigées en évitant toute formulation qui puisse orienter le discours de la personne enquêtée. En effet, des questions trop orientées guident la personne dans une certaine direction, qui peut ne pas correspondre à sa pensée propre. Des modes de pensée ou des propos originaux pourraient être écartés lors de la discussion, occasionnant une homogénéisation et une moins grande pertinence des discours. A cet effet, des mots clés comme paysage, agriculture, campagne, nature, sont volontairement bannis des questions avant que la personne interviewée ne les prononce. Les acteurs institutionnels sont des personnes travaillant dans des administrations ayant un rôle dans la prise de décisions ou les projets menés à différentes échelles, depuis l'échelle départementale jusqu'aux collectivités locales. Les agriculteurs ont un rôle d'acteurs dans les quartiers à travers leurs pratiques agricoles. Ils ont un pouvoir de décisions à l'échelle locale par l'usage qu'ils font des parcelles agricoles et l'entretien des espaces qui y sont liés, comme les chemins d'exploitation, les haies et les fossés, qui participent aux paysages. Les habitants et usagers des lieux ont une approche différente et complémentaire. Leurs pratiques et leurs représentations des espaces agricoles périphériques reflètent une vision sociale qu'il est important de prendre en considération. Sur la base de ces trois catégories, j'ai constitué un panel de personnes à contacter, qui sont représentatives d'une diversité de postures et de points de vue sur les trois quartiers étudiés.
Sur une vingtaine de personnes sollicitées 15 entretiens ont pu être réalisés.
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b. Panel des personnes interrogées :
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Acteurs institutionnels : - Stéphanie PRIVAT, chargée de missions au Conseil Général de la Gironde, qui travaille notamment sur les projets de Périmètres de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Péri-urbains (PPEANP) - Alain DE FRAMOND, chargé de missions sur l'agriculture à la Direction de la Nature de la CUB - Laurent CLUZEL, directeur des Services Techniques adjoint à l'urbanisme de la ville de Bouliac - Valérie ROCHE, paysagiste et Directrice Environnement et Cadre de Vie de la Ville de PESSAC, rencontrée en présence de Stéphane CAILLAUD, de la Direction de l'Aménagement urbain de la ville de Pessac - Mathieu BERNARD, Chargé d'études, service planifications et perspectives à la mairie de Mérignac - Hubert LAPORTE, maire de Sainte-Eulalie - Claude CARTY, maire d'Yvrac Agriculteurs : - Georges GANNE, éleveur de vaches limousines à Latresne - René DUBOURG, éleveur laitier à Pessac - Karine MARCHAND, employée d'une exploitation laitière à Sainte-Eulalie Habitants : - Monsieur F.N., habitant à Sainte-Eulalie - Monsieur et madame B., randonneurs à Sainte-Eulalie - Madame C.L., pension de chevaux à Mérignac - La famille L., promeneurs au bois du Burck - Monsieur E.B., joggeur à Bouliac
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c. Résultats
Les entretiens ainsi menés sont ensuite analysés pour décrypter les différents discours. Les principaux résultats qui s'en dégagent sont les suivants : Feuille1 Projets et action menées
Département
Regard
Stéphanie Privat
Note des conflits et des blocages entre agriculteurs, propriétaires et habitants dans les démarches de PPEANP, et regrette la longueur de ces procédures. Menées sur plusieurs années, il est difficile de mobiliser les populations jusqu'à l'aboutissement des projets. Pourtant, selon elle, c'est cette implication des populations qui est la clé de la réussite des projets de protection et de valorisation. Les conflits lui semblent exacerbés en milieu urbain, du fait de la proximité et de l'inévitable cohabitation entre agriculteurs et citadins, qui ne partagent pas toujours les mêmes valeurs Elle mentionne une modification du « profil moyen » des agriculteurs : de plus en plus de jeunes agriculteurs souhaitent s'installer hors cadre familial. Les démarches administratives habituelles et les aides sont mal adaptées aux demandes de ces nouvelles populations agricoles. Elle note également un essoufflement des AMAPs, lié notamment au manque de liberté des consommateurs et aux aléas des intempéries, mais cela ne remet pas en cause sa conviction que les circuits courts doivent être favorisés et développés.
CUB
Pratiques
Alain De Framond
Il regrette, en général comme localement, que des terres de bonne Participe actuellement, au sein de la Direction de la Nature de la qualité pour la production agricole aient été urbanisées. CUB, à un projet visant à améliorer l'accessibilité du Parc des Jalles. A travers l'exemple du Parc des Jalles, il exprime les enjeux sociaux Il a également participé au projet de PPEANP de Mérignac et Pessac. qui apparaissent lors de la création d'un parc agricole en milieu péri- Selon lui, c'est la pression foncière, de la part des particuliers mais urbain : conflits d'usages, manque de communication entre les aussi des entreprises, qui a fait échouer le projet. différentes populations concernées …. Il est actuellement impliqué dans un projet de réintroduction des Il note un certain paradoxe, récurrent au sein des populations pratiques agricoles raisonnées sur le territoire sensible de la presqu'ile agricoles : certains souhaitent protéger et pérenniser l'activité, tandis d'Ambès, en partenariat avec la Chambre d'Agriculture. que d'autres luttent contre la sanctuarisation, souvent en lien avec Il est aussi impliqué dans le développement des circuits courts. une volonté de vendre des parcelles en terrains à bâtir. La Direction de la Nature mène en ce moment le projet des 55 000 Il exprime un certain désarroi face au manque d'originalité dans les ha de Nature pour la ville, visant à recréer des liens entre espaces propositions de valorisation des espaces non construits, qui naturels et agricoles et espaces urbains. s'expriment souvent, en dépit des fortes potentialités de ces espaces, Collabore également avec la FRCIVAM qui a pour vocation de développer par des projets de golfs. des actions en milieu rural, dont le projet AMAPs. Dans le cadre de ce partenariat, 30 AMAPs sont actuellement en fonctionnement sur le territoire de la CUB, et les « marchés fermiers », journées de vente de produits locaux regroupés sur un site d'exploitation, ont été créés. Plus généralement, la Direction de la Nature tente de prendre en compte la dimension écologique dans ses projets, et de mettre en place une trame verte et bleue sur le territoire communautaire.
« Coulée verte » de Mérignac et Pessac
Personne enquêtée
Mathieu Bernard
Il évoque des promenades le long de la Il mentionne une certaine inquiétude des habitants, un souci de coulée verte, sans s'étendre sur ce préserver leur cadre de vie. Pour lui, l'attractivité de la ville tient à sujet. son aspect résidentiel « vert ». Selon lui, il y a deux mouvements qui s'expriment dans les populations : certains souhaitent protéger le moindre « espace vert », tandis que d'autres, souvent des propriétaires de grandes parcelles, souhaitent que les terrains s'ouvrent à l'urbanisation. Il évoque également un paradoxe récurrent chez les propriétaires habitants, qui sont venus s'installer dans ce secteur pour bénéficier d'une certaine tranquillité à l'écart de la ville, et qui aujourd'hui souhaitent pouvoir densifier leur quartier (avec l'espoir de pouvoir revendre une partie de leur parcelle en terrain à bâtir). La « coulée verte » lui semble être un secteur stratégique à l'échelle de l'agglomération, puisque c'est l'endroit où les espaces naturels viennent s'enfoncer au plus près du coeur de l'agglomération. Il évoque un « patrimoine agricole » et insiste sur l'intérêt de préserver les parcelles non construites intra-urbaines. Mais la proximité de la commune de Saint-Jean d'Illac, qui mène une politique de développement économique à proximité de l'aéroport de Mérignac, pose pour lui des problèmes de continuités en dehors de la CUB pour le projet de protection de la « coulée verte » Selon lui, la proximité d'activités industrielles est un frein à l'installation d'activités agricoles, notamment à cause de la pollution des sols.
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Travaille, au sein du Conseil Général, sur les projets de PPEANP du département (PPEANP du Parc des Jalles, et projet de PPEANP de Mérignac/Pessac, abandonné début 2013), ainsi que sur le développement du réseau AMAPs. Le Conseil général mène également des actions en faveur du développement des filières courtes dans les administrations, par la réalisation d'appels d'offres ciblés et ouverts aux producteurs locaux.
Arrivé récemment dans la municipalité, il n'a pas participé activement au projet de PPEANP. Mais son contenu lui semble intéressant, et il est réinterprété à l'occasion de la révision du PLU. Le zonage de la « coulée verte » devrait correspondre aux attentes formulées dans l'étude du PPEANP. Il porte à ce sujet un intérêt particulier aux nouveaux outils qui peuvent être mobilisés dans les documents d'urbanisme (Grenelle 2). Notamment, de nouveaux zonages lui paraissent être des alternatives intéressantes entre la protection intégrale et l'ouverture à la construction (exemple du zonage NhMO qui correspond à une « gestion du bâti existant » dans des espaces inconstructibles agricoles et naturels). Un projet de base de loisirs est en cours sur une parcelle au nord de la route de Saint-Jean d'Illac. A travers la mise en place d'une charte paysagère, la municipalité s'oriente vers une politique d'accessibilité aux « espaces verts » pour tous les Mérignacais.
Attentes et vision d'avenir Elle a la volonté de continuer les actions en faveur du développement des circuits courts. Elle souhaite trouver des moyens d'inciter les agriculteurs à créer des groupements d'employeurs, afin de salarier des personnes pour gérer les livraisons, l'animation et la gestion des circuits de vente.
Son souhait est que l'environnement soit mieux pris en compte dans les projets, en collaboration avec les différents acteurs et de manière cohérente. Une priorité exprimée est celle de la délimitation de la trame verte et bleue, intégrant des critères qualitatifs dans le choix, la protection et la valorisation des espaces naturels. Un site particulier est évoqué : l'île d'Arcins. Le passé de l'île, qui a appartenu à l'INRA, lui inspire un avenir orienté vers l'agriculture.
Dans un avenir proche, il souhaite que la « coulée verte » de Mérignac et Pessac soit choisie comme site expérimental dans le projet des 55 000 ha pour la Nature, avec pour objectif de faire émerger des outils de valorisation des espaces non construits. Les attentes de la municipalité pour l'avenir portent en priorité sur la limitation de l'étalement urbain, et l'amélioration du réseau de transports en commun, qui lui semble saturé.. D'autre part, il estime que les projets immobiliers actuels font trop peu référence à l'architecture traditionnelle locale, et il lui semble préférable que d'autres formes de densité (exemple maisons mitoyennes) soient plus souvent étudiées.
« Coulée verte » de Mérignac et Pessac
Feuille1 Valérie Roche
Sans évoquer ses pratiques personnelles, elle mentionne des pratiques de promenade visibles dans les secteurs forestiers de la commune (ramassage de champignons, randonnée). Elle ne considère pas les parcelles des exploitations agricoles comme des espaces de promenade. Selon elle, les habitants attendent plutôt des espaces aménagés (bancs etc...), et ils pratiquent plutôt les parcs. Par contre, l'activité équestre semble très présente et dynamique sur l'ensemble du territoire des communes de Pessac et Mérignac.
René Dubourg
Eleveur bovin, il a constitué un GAEC Selon lui, la proximité de la ville apporte des désagréments, dont les avec sa soeur et sa fille dans conflits de voisinage. Les relations sont parfois tendues : les voisins l'exploitation qu'il a hérité de ses s'ignorent entre eux, ils pénètrent dans les parcelles sans demander parents. Il emploie 3 salariés et l'accord de l'agriculteur, ne saluent pas les exploitants, … Il estime accueille 3 apprentis. Ils élèvent que l'image du monde agricole est faussée, que les citadins, et parfois ensemble 250 vaches laitières sur 200 à les aménageurs, considèrent les agriculteurs comme des 250 ha, avec une partie répartie sur sa « péquenauds » et les traitent avec mépris. propriété et une partie des terres louées à des propriétaires. L'exploitation est constituée de prairies, permanentes ou temporaires, réparties en « parcours » pour les vaches et prairies de fauche. Ils cultivent des plantes fourragères (herbe, maïs) en rotation. Ils élèvent également quelques brebis, hors circuits commerciaux, et accueillent des chevaux en pension.
Madame C.L.
Elle a recueilli quelques chevaux âgés destinés à l'abattoir, et les élève sur des terrains loués.
Elle remarque une résidentialisation des terres, avec la construction de quartiers d'habitat pavillonnaire sur d'anciennes terres agricoles. Elle apprécie le côté campagne du secteur, la présence d'espaces de prairies ouverts et d'une végétation importante. Elle a choisi ce secteur pour ses chevaux en partie pour la proximité du centre équestre et d'autres chevaux dans les prairies proches.
Elle aimerait que le secteur reste tel quel, mais craint que l'étalement urbain continue et finisse par « combler les vides ». Elle aimerait que ces espaces soient protégés, mais pense que les communes ne peuvent pas réellement faire grand chose pour empêcher le développement de l'habitat.
Famille L.
Jeune couple avec deux enfants, rencontrés lors d'une promenade dominicale dans le bois du Burck, ils aiment se promener dans ce bois, et profiter des aménagements et équipements : terrains de jeux, sentiers de promenade, agrès de musculation dispersés dans le parc.
Ils apprécient la variété des équipements et la diversité des espaces, avec forêt, clairières, espaces de jeux pour tous les âges. Ne portent pas réellement de regard sur l'évolution du quartier, mais notent que « c'est très vert » et semblent apprécier. Ils remarquent également que la route de St Jean d'Illac est quand même plus soigneusement végétalisée que la plupart des grands axes routiers de l'agglomération, et ils apprécient son ouverture sur des prairies.
Ils souhaitent continuer à pouvoir profiter d'espaces « naturels » tout près de leur lieu de résidence (quartier du Burck),. Il semble qu'ils aient des difficultés à formuler des attentes ou des projections pour le quartier
Elle émet un constat d'échec de la politique de « coulée verte » menée dans les années 60 à 80 : la possibilité de construire un habitat peu dense a conduit à un mitage de l'espace, qui avait pourtant pour vocation première de rester inconstruit. Une ville étalée s'est répandue dans les zones les plus lâches, qui ont été progressivement grignotées par la ville. La proximité de la ville est abordée sous l'angle des contraintes : conflits entre agriculteurs et habitants, pressions des propriétaires fonciers pour faire passer les terrains en constructible, etc... Son ressenti sur le projet avorté du PPEANP est que l'étude ne comportait pas de volet projectuel suffisant pour permettre aux municipalités d'argumenter et de défendre le projet auprès des populations. Selon elle, l'activité agricole sur la commune est plutôt représentée par la viticulture, avec 5 domaines sur le territoire communal.
A participé à l'élaboration du projet de PPEANP, qui a été abandonné début 2013. Dans cet entretien, les difficultés techniques qui ont ralenti le projet et qui ont poussé à revoir les ambitions à la baisse, ont essoufflé le projet. Ce projet avait pour objectifs de sédentariser l'activité agricole à long terme, en s'assurant qu'elle ne soit pas soumise à la pression foncière, et d'autre part de la valoriser par l'accueil du public. Le bois des sources du Peugue a été acheté il y a plusieurs années par la municipalité pour empêcher son urbanisation. Il a été classé ENS, et les subventions ont été utilisées pour la valorisation et l'accueil du public (centre équestre, parcours sportif, centre de loisirs). Mentionne à plusieurs reprises « l'article L123.1.5-7 », qui offre des possibilités d'aménagement dans les espaces non construits. Suite à l'étude de la charte paysagère, le classement en EBC a été remis en cause, car c'est un outil contraignant (aucun aménagement, très strict). Ce nouvel outil L123.1.5-7 est plus permissif (possibilités d'implantation de mobilier) tout en protégeant de la construction. Participe à l'étude de faisabilité d'un verger de 3 ha de cueillette dans une parcelle communale du bois des sources du Peugue, en partenariat avec une exploitante qui souhaite créer cette activité, et développer autour de ce verger l'accueil du public et l'animation. La municipalité participe aussi à un projet de verger partagé avec l'association Les Jardiniers de France sur un terrain communal, et en partenariat avec le Conservatoire régional végétal. La municipalité réfléchit actuellement avec l'A'URBA à la mise en place d'indices de biodiversité
Sa volonté première est de préserver sans sanctuariser. Elle souhaite donc que des activités puissent venir s'intégrer dans les espaces naturels sans les dénaturer. Selon elle, le développement de telles activités reste dépendant des projets privés, car cela coûterait trop cher à la municipalité d'acheter, gérer et entretenir de tels espaces. Elle remarque que la densification se fait aujourd'hui de manière beaucoup plus naturelle que par le passé, ce qui est positif.
En 2011, il a ouvert son exploitation au public à l'occasion des Journées du Patrimoine, et réitère l'opération en 2013. Le GAEC participe régulièrement à des journées pédagogiques sur l'éco-site du Bourgailh, lors desquelles ils collaborent parfois avec la Ferme Mobile. Sa fille a souhaité diversifier la production. Elle utilise une partie du lait pour fabriquer des produits transformés (beurre, crème, yaourts, fromages, glaces, desserts cuisinés,...), vendus ensuite sur les marchés locaux et directement à la ferme. Il a souhaité intégrer une AMAP, mais du fait qu'il emploie des salariés sa structure a été considérée comme trop importante pour intégrer le réseau. Il fait partie de la Compagnie Fermière, et participe au Drive Fermier.
Pour lui, il n'est pas question de changer les pratiques en faveur d'une agriculture bio, à cause des contraintes réglementaires et des faibles revenus dégagés par la vente de lait bio par rapport au lait traditionnel. Il souhaiterait que la production agricole en général dégage de meilleures rémunérations pour que l'activité ait un avenir plus sûr et que les exploitants se sentent en sécurité.
Mosaïque agricole de SainteEulalie et Yvrac
Palu de Bouliac et Latresne
Feuille1 Laurent CLUZEL
Sans entrer dans la description de ses L'inondabilité de la plaine fluviale est très présente dans son discours pratiques personnelles, il mentionne une : 80% du secteur de la plaine correspond au champ d'extension de la forte utilisation des chemins de Garonne. Il évoque un durcissement du PPRI suite aux tempêtes qui promenade, mais plutôt sur le plateau, se sont succédées en France au début des années 2010, et par où ils sont balisés, que dans le palu. précaution face au changement climatique. Le groupe Imm'auchan (filiale du groupe Auchan) est propriétaire de nombreux terrains dans le palu de Bouliac. Le PLU n'autorise pas de constructions sur ces terrains, mais le groupe continue à entretenir les terres, notamment par la location de prairies à un éleveur bovin. Selon lui, cet entretien avait pour objectif initial de garder les terrains dans des conditions optimales pour d'éventuelles constructions, mais il a finalement perduré au fil des années et malgré l'inconstructibilité. Il parle avec fierté de la vue qui s'étend sur le palu depuis le parc de l'église. Cette vue dégagée offre un tapis de prés sillonnés de haies, avec en arrière-plan une partie de la ville en rive gauche de la Garonne. Selon lui, la plaine se décompose en deux parties : entre la rocade et Floirac, destinée au développement d'activités, mais la partie hors rocade restera naturelle. Il décrit l'habitat comme étant rare dans le fond de vallée, seulement développé en marge, le long des routes.
Georges Ganne
Eleveur de vaches à viande, il possède 200 vaches allaitantes et des broutards, sur environs 150 ha. Il a participé à l'aménagement de fossés et talus dans l'espace du palu, et veille à leur entretien.
Il relève des changements dans les paysages du palu depuis ses A l'approche de la retraite, il n'envisage pas de changements dans ses Il arrive en fin de carrière, et aucune débuts en tant qu'agriculteur : l'entretien des haies et fossés est de pratiques agricoles. reprise familiale n'est envisagée. Selon moins en moins pratiqué, certaines parcelles s'enfrichent ou changent lui, les conditions de travail dans le de destination (élevage de chevaux ponctuellement). Les constructions monde agricole deviennent de plus en se sont développées le long de la route de Langon, ainsi que les zones plus difficiles, tant sur le plan commerciales. financier que sur le plan social. Il a des difficultés à envisager l'avenir de son exploitation et plus généralement du palu.
Monsieur E.B.
Habitant d'un hameau en bord de route, je l'ai rencontré lors de son jogging, le long du tracé de l'ancienne voie ferrée. Il pratique régulièrement la course à pied, particulièrement le long de cet axe traversant, et se promène parfois en famille en empruntant les chemins.
Il apprécie le cadre champêtre, les vues sur les prairies, le rythme des saisons, tout en étant à proximité de Bordeaux, où il travaille. Il a choisi de vivre à cet endroit pour le calme et la tranquilité. Il regrette que des maisons se construisent en bords de route, à proximité de la rocade, au nord. Il craint que la ville « gagne » sur la campagne et s'étende dans la plaine. Il connaît pourtant le risque d'inondation et l'impossibilité de construire puisqu'il souhaitait agrandir son habitation et a renoncé au vu des règlements qui lui ont semblé « compliqués ».
Claude CARTY
Au premier abord, il ne mentionne que la viticulture, mais au fil de la discussion il parle également de quelques exploitations d'élevage bovin.. Selon lui, les gens se promènent beaucoup sur le territoire communal : les vignes offrent de nombreux chemins facilement accessibles pour se promener. Il note également la présence régulière de randonneurs, et de cyclistes. Plus personnellement, il pratique peu l'espace communal, il préfère aller dans des secteurs propices à la chasse (palombe, bécasse).
Il décrit de manière récurrente Yvrac comme une « commune verte ». La municipalité limite l'accueil de nouvelles populations, il souhaite ne pas accueillir trop de monde pour préserver le caractère champêtre du lieu. Il ressent fortement la pression foncière qui émane de la proximité de la CUB. Il relève une forte demande de personnes souhaitant « profiter de la quiétude du lieu ». Selon lui, les paysages sont essentiellement composés de vignes, il décrit les prairies comme peu nombreuses et marginales.
Des projets de valorisation pour la zone inondable sont cherchés, en partenariat mairie – CUB, mais les contraintes techniques qui peuvent s'appliquer à l'aménagement de sentiers, stationnements et équipements semblent freiner les perspectives. Qualifie Bouliac de « petit village », volonté de conserver cet aspect campagnard. Il évoque un projet de « golf pastoral » qui aurait été envisagé, mais ce projet ne correspond pas à ses attentes. Municipalité a mis en place des balisages de sentiers de promenade, souhait exprimé de prolonger ce réseau dans la plaine. Etude faunistique et floristique en cours pour mettre en valeur ce patrimoine en lien avec les chemins de randonnée. Le PPRI est actuellement en révision, et d'ici 2 ans un nouveau périmètre devrait s'appliquer.
Il souhaite trouver des perspectives de valorisation de la plaine inondable, respectueuses de l'environnement. Selon lui, l'élevage peut être une bonne solution, mais seulement accompagné d'une mise en valeur et accessible au public. Il mentionne le dérèglement climatique, qui tend à durcir les documents d'urbanisme (PPRI) et souhaite que cet élément soit intégré aux projets. L'identité de « village » est défendue depuis des années par la municipalité, l'objectif est de la préserver. Selon lui, à l'échelle de la CUB, il serait intéressant de proposer des sentiers dans le palu.
Son discours comporte deux facettes : d'un côté il souhaite que ce soit plus facile de construire pour pouvoir réaliser son projet d'extension, mais de l'autre il ne veut pas que d'autres puissent venir s'installer... Il ne semble pas conscient du lien entre la protection et la contrainte. Concernant les chemins, il souhaite qu'ils restent accessibles, mais craint qu'un éventuel balisage les rende trop visibles et que leur fréquentation augmente, entraînant des nuisances.
A propos du SCoT, il mentionne la sanctuarisation des vignes grâce aux appellations (AOC). Cela lui semble être un bon outil pour protéger les terres viticoles et pour éviter l'étalement de la ville. Toutefois, il laisse entrevoir une application au « cas par cas » de cette politique : il permet des changements de situations ponctuelles (exemple d'un exploitant qui a pris sa retraite, qui a arraché sa vigne, selon lui pas la peine de sanctuariser).
Il envisage de passer du POS à un PLU pour se mettre en conformité avec le SCoT qui vient d'être arrêté. Sa volonté première est de perpétuer la tradition communale en n'augmentant pas les impôts locaux. Par contre, malgré sa volonté forte de « rester verts », il ne formule aucun projet agricole.
Mosaïque agricole de Sainte-Eulalie et Yvrac
Feuille1 Hubert LAPORTE
Il note la présence d'activités agricoles variées sur le territoire communal : viticulture, élevage, maraîchage (une exploitation qui fait des fraises, des produits transformés, accueil d'écoles etc...) Il mentionne également la présence de chevaux et d'activités équestres.
Pour lui, la limite CUB / hors CUB est palpable, car les deux entités (CUB, municipalité) n'ont pas les mêmes priorités en termes de développement et d'accueil de populations. Il insiste sur le caractère rural de sa commune, et exprime à plusieurs reprises l'intérêt de cette ruralité dans le cadre de vie de ses concitoyens.
Karine Marchand
Elle élève des bovins : salariée d'un exploitation laitière, elle s'installe en parallèle pour faire du veau élevé sous la mère à Ambarès. L'exploitation sur laquelle elle travaille à Sainte-Eulalie fonctionne sur un parcellaire très découpé et réparti sur plusieurs communes. Elle considère les pratiques d'entretien des espaces en ville comme des pratiques agricoles dans le sens où c'est du matériel agricole qui est utilisé. Elle pratique peu le territoire en dehors de son activité professionnelle.
Elle évoque des conflits d'usages avec les riverains (bruits, odeurs, visuel du tunnel pour les vaches qui est visible depuis la terrasse des habitants), et également avec les chasseurs, notamment par rapport à l'usage des chemins et le respect des clôtures. Fait le lien avec la position péri-urbaine Elle ne connaît pas bien le territoire, cette année elle a fait les foins pour son employeur, et cela lui a permis de découvrir les paysages alentour. Selon elle la proximité de l'autoroute et plus largement de l'agglomération apporte des avantages (facilités pour les livraisons, nombreux vétérinaires à disposition)
Elle n'envisage pas la possibilité de passer en bio, car, selon elle, la proximité des axes de circulation et de parcelles viticoles abondamment traitées sont contradictoires avec la production certifiée bio.
Monsieur F.N.
Il est installé à Sainte-Eulalie, à l'écart du bourg, sur un terrain familial. Il a toujours vécu sur cette commune. Il pratique le territoire par la promenade, profite des espaces extérieurs de son habitation, fait du vélo. Il croise beaucoup de promeneurs à proximité de chez lui, et parle de la présence d'un centre équestre.. Il entretient ses espaces extérieurs, et le linéaire entre sa clôture et le fossé en bord de route.
Terrains autour de chez lui se sont construits dans les dernières décennies, regrette que les vignes aient en partie disparues. Connaît le projet de relogement de la cité Ruault, mais a du mal à accepter le côté « cosmopolite » de la population qui est relogée. Il craint que l'ensemble du territoire soit urbanisé au détriment des vignes, il craint que la proximité de la CUB engendre un développement urbain intense. Evoque le projet de LGV, selon lui va faire diminuer la qualité de vie. Les réglements de PLU, la densité, les prix du foncier … sont des éléments qui rendent difficile l'installation des jeunes. Il est globalement assez nostalgique de « l'ancien temps » Fermeture des chemins, cloisonnement des parcelles (haies), perte du lien social qui pouvait exister.
Il souhaite que le cadre de vie reste préservé, mais il semble un peu pessimiste
Ils connaissent ce territoire depuis longtemps (habitants), et sont conscients d'une pression foncière liés à la proximité de l'agglomération, mais ils apprécient le cadre resté champêtre, et l'ambiance un peu « à part » de la ville. Ils parlent beaucoup des paysages de vignes, mais peu de l'élevage. La viticulture est plus représentative pour eux du territoire. Ils font quasiment abstraction de l'élevage bovin et des pensions de chevaux. Ils apprécient de trouver un réseau de chemins piétons, pas ouverts à la circulation, où ils peuvent pratiquer la marche en toute tranquillité, et l'accessibilité des vignes, souvent non clôturées et traversées par des chemins d'exploitation qu'ils empruntent
« Surtout, que ça reste comme ça ! » Ils souhaitent que rien ne bouge, sauf éventuellement pour planter plus de vignes.
Monsieur & Ce couple de retraités pratique la Madame B. marche nordique sur la commune de Sainte-Eulalie et les communes adjacentes.
La municipalité a lancé très tôt la réalisation de son PLU (2011), dans une volonté de suivre les dispositions des lois Grenelle (densification, limiter étalement urbain, autosuffisance alimentaire).Dans cet esprit, le maintien de l'agriculture sur le territoire communal lui apparaît comme primordial. A cette occasion, toutes les parcelles non construites sont passées en zone agricole. Tous les terrains agricoles sont actuellement entretenus par des agriculteurs, sinon ils ont été mutés en zonage naturel. Il a profité de l'étude du SCoT pour mettre en application sa volonté de protection des espaces non construits : il a fait réduire les zones constructibles, augmenté les EBC et les AOC pour sanctuariser les sols, et a élargi les périmètres d'inconstructibilité autour des lignes à haute tension. Au cours de cette procédure, la municipalité de SainteEulalie s'est opposée aux volontés d'accueil de populations de la CUB, et a réaffirmé sa volonté de préserver la ruralité du territoire. Un unique projet de construction de logements est en cours : la démolition de la cité Ruault (copropriété la plus paupérisée d'Aquitaine) et relogement des populations dans le tissu urbain existant, projet mené en lien avec un véritable projet urbain : école, voiries, … . Cette politique de préservation du patrimoine naturel, agricole et paysager est menée avec exemplarité et sans exceptions.
Il affirme la volonté de continuer à mener une politique de préservation des activités agricoles et viticoles, sans céder aux pression foncières, et avec comme slogan « préserver la ruralité et le cadre de vie »
A LA CROISEE DES QUARTIERS, DES PRATIQUES ET DES ATTENTES : LES ENJEUX DU PROJET DE PAYSAGE - Parole d'acteur -
On travaille sur la valorisation de certains espaces sur le plan agricole, avec l'idée quand même importante, voire même essentielle à mon avis, de l'autosuffisance alimentaire de l'agglo. On veut devenir une agglomération millionnaire, c'est à dire avec un million d'habitants. Aujourd'hui on en a 700 000. Mais si on regarde la production locale, c'est à dire départementale, on peut pas mourir même une seule journée les habitants de la CUB. C'est quand même un problème de sécurité alimentaire, au sens occidental du terme. Alain De Framond, Direction de la Nature de la CUB - Parole d'agriculteur -
Nous ici, c'est une mentalité de ville, les gens ils vous ignorent complètement. Vous passez trois fois devant chez eux, vous leur dites bonjour trois fois, et trois fois ils vous regardent comme une bête curieuse, donc la quatrième fois vous dites plus rien. [...] Si ils viennent et qu'ils parlent... mais vous en avez ils arrivent et ils se promènent comme si c'était un terrain public, donc on leur explique que c'est pas un terrain communal et que si ils veulent se promener le golf c'est à côté. René Dubourg, GAEC de Tartifume
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- Parole d'habitant -
La campagne, c'est de moins en moins ça, parce que tout ça, là, ça s'est construit. Tous ces pavillons, avant c'était des prairies et de la forêt Madame C.L., pension de chevaux à Mérignac
- Parole d'acteur -
On empêchera pas, si il y a une petite parcelle en lisière, de construire une maison. Mais l'idée c'est de pas aller s'installer là, au milieu d'espaces non construits. Pour conserver des espaces naturels qui n'ont pas une valeur environnementale très forte, il faut leur donner un usage. Mathieu Bernard, service planification et aménagement à la mairie de Mérignac
TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDES DE LA FORMATION PAYSAGE - NOVEMBRE 2013 - ENSAPBX
- Parole d'acteur -
L'idée, c'était de dire, bon OK, c'est inconstructible. C'est quand même un espace d'exception, qui est situé à côté d'une grande métropole, qui est un espaces vert, un espace qui est en lien avec le fleuve, c'est quand même un patrimoine important le fleuve au niveau de la région. Donc l'idée qui est née [...] globalement ces fonciers qui sont gelés par rapport au risque d'inondation, qu'est-ce qu'on en fait ? Parce que, à terme, ça risque de devenir des friches. Donc l'idée est venue de là, de dire que ce patrimoine naturel essayons de travailler pour le mettre en valeur. C'est un endroit stratégique de l'agglomération, porte de l'Entre-deux-Mers, donc essayons de voir ce qu'on peut en faire. Laurent Cluzel, direction des services techniques de Bouliac
- Parole d'habitant -
Ce chemin là, c'est bien, c'est tout droit. C'est l'ancien chemin de fer vous savez. Du coup c'est tout droit, on peut courir, ou venir se promener en famille le dimanche Monsieur E.B., joggeur à Bouliac - Parole d'acteur -
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L'île d'Arcins, c'était à l'INRA avant. On verrait bien ... remettre un peu d'agriculture là. Alain De Framond, Direction de la Nature de la CUB
- Parole d'agriculteur -
Oh, vous savez, les jeunes ... on leur souhaite pas la vie qu'on a eue. C'est difficile, et les jeunes aujourd'hui ils veulent pas vivre comme ça. Et nous non plus on veut pas qu'ils fassent la même chose que nous ... C'est difficile ... George Ganne, éleveur bovin
- Parole d'agriculteur -
Quelqu'un qui est déjà installé, même en zone rouge du PPRI, il peut rajouter jusqu'à 800m2. Moi si je m'installe je crée une nouvelle activité. Du coup je peux rien construire parce que c'est protégé. Sauf sur pilotis, mais c'est impossible à financer. Karine Marchand, éleveuse de veau sous la mère
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
- Parole d'acteur -
Si vous voulez, il y a une frontière CUB / hors CUB. Toutes ces communes, elles sont dans la CUB, et donc elles répondent aux objectifs de la CUB. En termes d'accueil de populations, c'est pas du tout les mêmes objectifs. Hubert Laporte, maire de Sainte-Eulalie
- Parole d'habitant -
Honnêtement, faut pas être sectaire, mais les gens de la ville qui arrivent à la campagne, y'en a certains ils sont pas préparés. Ils ont pas l'état d'esprit. Moi j'avais un coq, il a fallu que je m'en sépare. Ces gens là il y en a certains, si j'étais un peu plus virulent, je leur dirais « vous méritez pas d'habiter là ». Monsieur F.N., retraité à Sainte-Eulalie
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- Parole d'agriculteur -
- Parole d'acteur -
Ce qui caractérise Yvrac, c'est cet esprit « commune verte ». On a pas le désir de s'agrandir plus. Claude Carty, maire d'Yvrac
On a cette problématique-là quand on est en zone péri-urbaine et qu'on est agriculteur, on a ce soucis de voisinage, et avec les chasseurs. Par rapport au voisinage [...] il peut y avoir les odeurs, le bruit... Mais dans l'autre sens aussi, ça c'est le truc du citadin d'aller donner à manger aux animaux sans demander. Ils demanderaient encore... Mais ils réalisent pas les dangers. Y'avait une dame, tous les dimanches elle achetait des profiteroles pour donner à mon poney. Karine Marchand, éleveuse de veau sous la mère
TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDES DE LA FORMATION PAYSAGE - NOVEMBRE 2013 - ENSAPBX
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L'étude comparative de ces trois quartiers, choisis en lisière de la ville et dans des systèmes paysagers différents, nous permet de faire émerger des situations variées. Des potentialités et des faiblesses particulières à chacune des ces trois situations apparaissent. Le quartier de la « coulée verte » de Mérignac et Pessac est composé d'espaces non construits très étirés à l'intérieur de l'espace urbain. Ces paysages constituent une transition entre le massif forestier des Landes de Gascogne et les domaines viticoles intra‑urbains. Ils sont soumis à une forte pression urbaine. L'activité agricole y est marginalisée, on y trouve de nombreuses prairies dévolues à des élevages de loisirs. C'est le secteur des activités récréatives et de loisirs, qui semblent offrir de nombreuses opportunités. Le palu de Bouliac et Latresne, en grande partie inondable, est quant à lui peu soumis à la pression foncière. Mais l'activité agricole y est déclinante et manque de dynamisme, dans un contexte de vieillissement des actifs agricoles. Malgré des potentialités exceptionnelles en termes de qualité des terres agricoles, de richesses environnementales et d'espaces de loisirs, aucun projet de valorisation n'émerge dans cet espace à forte valeur patrimoniale.
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
Enfin, la mosaïque agricole d'Yvrac et Sainte‑Eulalie offre des paysages viticoles et d'élevage exceptionnels, préservés par un certain enclavement par rapport à l'agglomération. Les municipalités en place tiennent à préserver le caractère rural de cet espace par des politiques d'aménagement et de développement urbain exemplaires. Toutefois, les populations locales, qui revendiquent cette « ruralité aux portes de la ville » semblent inquiètes quant au devenir de leur cadre de vie. Parallèlement, l'enquête sociale a permis de faire émerger un certain nombre d'enjeux locaux. Les dialogues semblent difficiles entre le monde agricole et le monde urbain. Le manque de connaissances et de reconnaissance des populations citadines envers les pratiques agricoles sont souvent source de conflits. Mais les agriculteurs sont aussi réticents à accueillir les citadins, et limitent l'accessibilité des lieux. A l'interface entre le regard expert du paysagiste et les enjeux socio-spatiaux issus de l'enquête sociale apparaissent des problématiques paysagères variées. Il s'agit, dans le contexte d'une démarche de projet de paysage, de répondre à ces problématiques, tout en prenant en considération la complexité des discours portés par les agriculteurs, les acteurs des territoires et les populations « habitantes ».
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PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
UN RENOUVEAU
AGRICOLE VERS UNE VILLE durable
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A l'interface entre le territoire et la société apparaissent les enjeux paysagers. Une fois ces enjeux mis au jour, l'objectif est de proposer une stratégie d'actions qui puisse répondre aux problématiques soulevées. Ainsi, ce dernier chapitre s'intéresse aux propositions d'actions qui peuvent être formulées, à différentes échelles du territoire. En premier lieu, nous nous intéressons à trois thématiques correspondant aux trois volets du développement durable : environnement, économie et société. Ces trois axes de réflexion permettent de formuler les intentions d'un projet territorial orienté vers une meilleure durabilité de l'ensemble de l'agglomération. Dans un second temps, il est question de proposer une stratégie orientée qui réponde à ces intentions globales. Cette stratégie est plus particulièrement développée dans trois secteurs de l'agglomération qui semblent stratégiques en ce que les enjeux environnementaux, économiques et sociaux s'y rejoignent, s'y croisent et s'y superposent. Les propositions d'actions formulées sont déclinées à différentes échelles : une stratégie globale est proposée, déclinée par la suite en actions localisées, soutenues par une mission de communication et de sensibilisation.
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
Enfin, certaines propositions d'actions sont détaillées et précisées dans la dernière partie. Ces fiches permettent de mettre en perspective le projet territorial global à travers des actions concrètes localisées. Ces actions détaillées peuvent être thématiques, étendues à l'échelle du territoire de l'agglomération bordelaise ou localisées sur un lieu représentatif d'une dynamique ou d'une situation particulière. Elles se présentent sous forme de fiches-actions qui mettent en parallèle le site, le contexte d'intervention, les objectifs à atteindre, les moyens employés et les partenaires à mobiliser pour mettre en oeuvre ces actions.
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ENVIRONNEMENT, ECONOMIE ET SOLIDARITE SOCIALE : L'AGRICULTURE COMME VECTEUR DU DEVELOPPEMENT DURABLE DE LA VILLE DE BORDEAUX Le développement durable, fait figure d'objectif à atteindre dans les projets actuels d'aménagement et de développement des territoires. Cette vision d'un développement raisonné s'articule à la rencontre entre trois piliers qui sont l'environnement, la société et l'économie. La prise en compte équitable de ces trois facteurs permet, dans cette théorie, d'assurer un développement qui ne mette pas en péril les ressources économiques, écologiques et de qualité de vie des générations à venir. Ces trois piliers de la « durabilité » de l'agglomération transparaissent dans les activités agricoles, qui produisent des richesses, des biens et des services (économie), tout en participant directement au maintien de la trame verte et bleue (environnement) et à la qualité du cadre de vie des citadins en périphérie urbaine (société). 116
Ce schéma a été présenté et diffusé par A. Villain (Géologue), en 1993. Il reprend les grands thèmes développées lors de la préparation de la conférence mondiale de Rio (juin 1992). D'autres y ajoutent deux axes: temps, et espace pour introduire la notion d'effets différés dans l'espace‑temps. source : Site UVED (Université Virtuelle Environnement et Développement durable)
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
a. Développer une agriculture innovante dans les espaces non construits périphériques
Vallée maraîchère valorisée
Élevage peu dynamique dans des prairies humides et marais
VALORISER et FAIRE CONNAITRE la mosaïque agricole de grande qualité paysagère Secteur viticole enclavé
DEVELOPPER et DIVERSIFIER l'activité agricole, et la REINTRODUIRE à l'intérieur de la ceinture de la rocade
Prairies et activités d'élevage marginalisées
DYNAMISER et PERENNISER l'activité agricole Activité d'élevage en perte de dynamisme dans un bocage humide Pôle viti-vinicole dynamique
Sites de projets agricoles, sylvicoles ou naturels du SCoT
b. Conforter la trame verte et bleue au contact de l'agglomération pour renforcer les liens entre ville et nature
Réservoir de biodiversité : Milieu bocager
PERMETTRE des continuités nord-sud le long de la vallée de la Garonne et des coteaux
Grand parc urbain : Parc des Jalles
Grand parc urbain : Parc des Coteaux
PRESERVER et CONFORTER le corridors intra-urbain majeur au fil des coteaux
PROLONGER les corridors écologiques au contact des espaces ouverts urbains
Réservoir de biodiversité : Forêt des Landes de Gascogne
Continuité naturelle majeure du SCoT Liaison écologique à créer ou préserver (SCoT)
c. Améliorer les porosités et les contacts entre les espaces urbains et les espaces périphériques
Zone inondable PROTEGER l'espace viti‑vinicole face à la pression foncière
Périphérie : ville diffuse
Coteau escarpé Coeur d'agglomération : ville dense
Zone inondable
Centres urbains : bourgs historiques Extensions urbaines récentes peu denses : habitat de type pavillonnaire Frange urbaine stable liée à une inconstructibilité Frange urbaine potentiellement instable
STABILISER les franges urbaines et PERMETTRE des interrelations entre ville et périphérie agricole
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PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
METTRE EN OEUVRE DES PRATIQUES AGRICOLES INNOVANTES DANS LES ESPACES URBAINS OU PERI‑URBAINS
L'agglomération bordelaise est située à la croisée de systèmes paysagers variés en constante évolution. Mais le développement urbain galopant du XXème siècle s'est déroulé dans le déni des particularités paysagères des espaces périphériques. Depuis quelques années, une volonté de préserver des secteurs non encore construits et de retisser les liens entre ville et nature émerge. Elle tend à renverser le rapport de forces établi entre espace bâti et espace non bâti, et à imaginer des modes de développement de la ville plus raisonnés, fondés sur les qualités paysagères des lieux, ainsi que sur les pratiques socio-spatiales dont ils sont l'objet. L'objectif de cette stratégie est de renverser la perception des espaces non bâtis péri‑urbains et d'affirmer leurs qualités paysagère, économique, environnementale et sociale. C'est en considérant ces aspects que la ville pourra se tourner vers ces espaces, non pour les conquérir, mais pour se développer en harmonie avec eux et bénéficier des atouts qu'ils peuvent apporter à l'agglomération. Y maintenir ou y favoriser des formes d'agriculture innovantes, visant à articuler le développement économique avec la reproduction des ressources naturelles dans le long terme, dans un souci de bénéfice équitable pour l'ensemble de la société et des groupes sociaux qui la composent, semble un moyen permettant d'assurer ce développement. Cette stratégie s'articule à différentes échelles, autour de thématiques globales, déclinées ensuite en actions localisées, visant à faire de l'agriculture un élément essentiel dans les espaces périphériques de l'agglomération de Bordeaux. Chacune des actions proposées compose avec les préoccupations et les attentes liées à différents domaines tels que l'agriculture, le cadre de vie, les loisirs et la biodiversité, en mettant l'accent sur l'importance du développement de pratiques agricoles innovantes.
Thématiques d'approche à l'échelle de l'agglomération : - Prendre en compte dans les projets d'aménagement et de valorisation les caractéristiques des grands systèmes paysagers de l'agglomération, porteurs de pratiques agricoles spécifiques - S'appuyer sur les espaces agricoles péri-urbains pour renforcer et enrichir la trame verte autour de l'agglomération et en lien avec les espaces de biodiversité urbains - Affirmer l'agriculture comme enjeu majeur de la métropole à travers la création de grands Parcs Agricoles périphériques ; préserver et étendre les espaces agricoles péri-urbains au titre de leurs valeurs économiques, environnementales et paysagères en mettant en place des pratiques agricoles innovantes ; initier et accompagner une diversification de l'activité agricole, orientée vers les activités pédagogiques et récréatives - Renforcer les liens entre espaces agricoles et espace urbain, et des échanges entre producteurs et citadins en améliorant l'accessibilité et en développant les circuits de proximité.
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et dans des situations plus ciblées : - Développer et diversifier les pratiques agricoles à l'ouest de l'agglomération par la création du Parc des vallées du Peugue et des Ontines, un Parc Agricole à vocation pédagogique et récréative. - Pérenniser et dynamiser l'activité agricole dans les palus en amont de Bordeaux, pour préserver les paysages du bocage humide, par la mise en place d'un Périmètre de Protection des Espaces Naturels et Agricoles Péri-urbains - Reconnaître et protéger la qualité paysagère exceptionnelle de la mosaïque agricole du nord-ouest du coeur de l'Entre-deux-Mers, au contact direct de l'agglomération, par un classement en Zone Agricole Protégée - Renouer avec la pratique de la transhumance entre le coteau et le palu, et participer à la réouverture et au maintien d'espaces agricoles dans un corridor écologique intra-urbain majeur 122
accompagnées par une mission de sensibilisation et de communication : - Associer systématiquement les agriculteurs comme acteurs des paysages aux projets de valorisation et/ou d'aménagement des espaces non bâtis périphériques, à travers des démarches participatives - Créer des lieux de débat et de communication entre agriculteurs, usagers et acteurs institutionnels par l'organisation de soirées apéro-conférences autour de thématiques agricoles, paysagères et environnementales - Proposer des interfaces d'échanges entre producteurs et consommateurs à travers des points de vente, de restauration, de découverte des produits locaux - Donner l'exemple et privilégier les productions locales et les circuits de proximité dans les services de restauration des établissements publics (écoles, hôpitaux, administrations) - Fédérer l'animation du Parc Agricole des Vallées du Peugue et des Ontines autour de la structure préexistante de l'écosite du Bourgailh, et développer les missions pédagogiques en lien avec les agriculteurs locaux auprès des écoles et centres de loisirs - Créer un événementiel sur la thématique agricole : organiser une biennale des paysages du Bordelais, en alternance avec Panoramas, qui offre la possibilité de visiter les exploitations en compagnie de l'exploitant, avec accueil et restauration à la ferme, vente directe des produits fermiers, possibilité d'intégrer une dimension plus artistique de mise en valeur des sites d'exploitation et des patrimoines agricoles PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
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PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
PROPOSITIONS D'ACTIONS Feuille1 Développer et diversifier les pratiques Développer et favoriser l'activité agricole dans les espaces prairiaux de l'ouest agricoles à l'ouest de l'agglomération par de l'agglomération la création du Parc des Vallées du Peugue Renforcer les continuités écologiques entre la forêt des Landes de Gascogne et et des Ontines, un parc agricole à les espaces de biodiversité urbains vocation pédagogique et récréative Impulser et accompagner une diversification de l'activité agricole en direction de l'accueil du public citadin Etirer le Parc jusqu'au contact du tramway, et matérialiser une entrée reflétant son identité agricole Mettre en réseau et compléter les circulations douces existantes pour garantir l'accessibilité à l'ensemble des espaces ouverts agricoles Permettre des traversées au niveau de la route de Saint-Jean d'Illac et de la rocade Profiter du projet d'accueil touristique du parc animalier SAVE pour proposer des formes d'hébergement entre ville et campagne Pérenniser et dynamiser l'activité agricole dans les palus en amont de Bordeaux, pour préserver les paysages du bocage humide, par la mise en place d'un Périmètre de Protection des Espaces Naturels et Agricoles Péri-urbains
Inciter et accompagner les projets d'installation de jeunes exploitants pouvant pérenniser les paysages agricoles Anticiper la remise en culture des parcelles enfrichées dans la mesure où cela participe à une meilleure lisibilité de l'espace agricole Redessiner et redensifier la trame du bocage Installer une maison des terroirs, lieu d'échanges et de rencontres entre producteurs et consommateurs en bord de Garonne. Impulser un projet original autour d'une activité agricole innovante : un verger en cueillette libre sur l'Ile d'Arcins Requalifier l'accès le long des berges de la Garonne depuis le centre-ville Retrouver la transversalité historique du paysage agricole du palu, et ménager des traversées au niveau de la route de Langon
Reconnaître et protéger la qualité paysagère exceptionnelle de la mosaïque agricole du nord-ouest du coeur de l'Entre-deux-Mers, au contact direct de l'agglomération, par un classement en Zone Agricole Protégée
Améliorer l'accessibilité et la connaissance de cet espace agricole par le balisage de sentiers de découverte pédagogiques et thématiques
Renouer avec la pratique de la transhumance entre le coteau et la palu, et participer à la réouverture et au maintien d'espaces agricoles dans un corridor écologique Intra-urbain majeur
Mettre en place une itinérance permettant la réouverture de milieux et l'entretien des espaces ouverts le long des coteaux et dans le palu
Saisir le projet de relogement des populations de la cité Ruault sur la commune de Sainte-Eulalie pour proposer une nouvelle manière d'habiter la lisière entre ville et campagne
Créer un siège d'exploitation dans le vallon secondaire du ruisseau de Jacotte, en bordure de rocade à Floirac, et installer un troupeau intercommunal, encadré par un berger communautaire
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ACCUEILLIR LES CITADINS DANS LE PARC AGRICOLE DES VALLEES DIVERSIFIER L'ACTIVITE AGRICOLE EN DIRECTION DE L'ACCUEIL DU PUBLIC ET DES LOISIRS LOCALISATION
Orienter les agriculteurs l'accueil du public
vers
CONTEXTE
126
Dans cette partie occidentale de l'agglomération, des espaces non construits hérités de la politique des « coulées vertes » subsistent, mais l'activité agricole y est déclinante et la pression foncière forte. L'étirement du parc à l'intérieur de la ceinture de la rocade crée des zones de contact avec des secteurs d'habitat. Cette promiscuité entre espaces agricoles et espaces résidentiels offrent des accès privilégiés pour les citadins souhaitant profiter d'ambiances champêtres.
Journée de visite à la ferme : exemple de la
balade élevages et paysages au GAEC de Tartifume
OBJECTIFS Impulser et accompagner une agriculture innovante orientée vers l'accueil du public citadin et les activités récréatives et pédagogiques. Enrichir la palette d'activités et d'espaces de loisirs du quartier, en favorisant des projets gravitant autour de thématiques agricoles. Permettre de circuler à l'intérieur du Parc pour mieux en découvrir les différents espaces.
Vente directe, restauration et hébergement à la ferme : des interfaces d'échanges entre producteurs et consommateurs
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
DU PEUGUE ET DES ONTINES FICHE-ACTION 1 Proposer des activités récréatives et pédagogiques Les projets privés (parc animalier SAVE) et les structures déjà présentes dans le quartier (Bourgailh) ou en Gironde (Ferme Mobile) peuvent être mobilisés dans la mise en place d'attractions pédagogiques ou de loisirs autour de la thématique de l'élevage. La création de pôles d'intérêt gravitant autour de cette thématique permet d'attirer un large public familial résidant dans l'agglomération, pour faire vivre ce nouveau Parc Agricole péri‑urbain.
Béarnaise
Poney landais
Activités récréatives existantes et à créer dans le Parc Agricole : - Ferme-musée sur l'éco-site du Bourgailh - Fermes du monde dans le parc animalier SAVE - Interventions pédagogiques de la Ferme Mobile
Création d'une ferme-musée au Bourgailh, en partenariat avec le conservatoire des races d'Aquitaine
Les fermes du monde : une attraction agricole à envisager dans la création du parc animalier SAVE.
Intervention de la Ferme Mobile : rencontre pédagogique entre les enfants et des espèces courantes de la ferme
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Poule gasconne
Porc basque
Noir de Gascogne
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Faciliter l'accessibilité et les déplacements
Jardins partagés
Ferme expérimentale
Parc animalier SAVE - Fermes du monde
Ferme-auberge
Domaines de Picque‑Cailloux et de Luchey - Vente à la propriété
128 GAEC de Tartifume - Accueil à la ferme - Vente de produits fermiers - Collaboration avec le Bourgailh sur des journées pédagogiques
Eco-site du Bourgailh - Journées à thèmes - Collaboration avec la Ferme Mobile et le GAEC de Tartifume - Ferme pédagogique en partenariat avec le Conservatoire de races d'Aquitaine Légende : Pôle d'intérêt existant ou à créer
Verger - Vente directe de fruits et produits transformés - Cueillette libre
Texte
Activité existante
Texte
Projet en cours
Texte
Projet à mettre en place
Piste cyclable existante
Piste cyclable à créer
Promenade piétonne
Traversée à créer
Vue aérienne et projet du Parc Agricole des Vallées du Peugue et des Ontines
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Coupe de principe des circulations douces, route de Saint-Jean d'Illac
Vignes
Voie partagée piétons et cyclistes Flux automobiles séparés par Haie Circulation piétonne accomapgnée de fossés et haies un terre-plein végétalisé champêtre en retrait
Coupe de principe des axes de desserte des quartiers d'habitat
Prairie
Bas‑côtés et fossés enherbés
Route étroite largeur 5,5 m
129
Fossé
Haie champêtre Prairie
OUTILS ET PARTENAIRES - Révision du PLU - Aides à l'installation
Passerelle au-dessus de l'autoroute - Knockke, Belgique
- Communes de Pessac et Mérignac - Chambre d'agriculture - SAFER - Agriculteurs - La Ferme Mobile - Pôle animation de l'éco-site du Bourgailh - Conservatoire des races d'Aquitaine
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AMENAGER UNE ENTREE PRIVILEGIEE DEPUIS LE CENTRE URBAIN ETIRER LE PARC AGRICOLE VERS L'EST JUSQU'AU CONTACT DU TRAMWAY LOCALISATION
Aménager une entrée de Parc reflétant son caractère agricole
CONTEXTE
130
Cet espace agricole très étiré s'insère dans le tissu urbain et la proximité d'une ligne de tramway rejoignant le centre de Bordeaux représente une belle opportunité d'accès pour les populations citadines souhaitant profiter des activités de loisirs proposées dans le projet de Parc Agricole péri-urbain. Plantations de vignes et d'arbres fruitiers palissés pour accompagner les circulations routières et piétonnes, transformation de l'arche de la voie ferrée en treille.
OBJECTIFS Aménager une entrée privilégiée et reconnaissable, facilement accessible depuis le centre de l'agglomération grâce au réseau de transports en commun. Améliorer la visibilité et l'attractivité du parc et attirer un public de citadins nombreux.
La réussite de ce projet de Parc Agricole repose en partie sur son accessibilité et sa visibilité auprès du public citadin. L'aménagement d'une entrée repérable et identifiable est le préalable indispensable pour qu'il fonctionne et bénéficie d'une fréquentation optimale.
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FICHE-ACTION 2
Jardins partagés
Verger public réaménagé et plantations d'arbres fruitiers
Porte d'entrée du Parc Agricole matérialisée par la traversée de la voie ferrée «Parkway» réutilisant le vocabulaire des paysages agricoles
Vignes
Voie partagée piétons et cyclistes
Route de saint-Jean d'Illac traitée en Parkway
Coupe de principe de l'axe traversant du Parc Agricole au niveau du domaine de Luchey
Chemin piéton en retrait
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Jardins partagés
OUTILS ET PARTENAIRES - Commune de Mérignac - CUB
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DYNAMISER L'ACTIVITE AGRICOLE DANS LE BOCAGE HUMIDE CREER UN PERIMETRE DE PROTECTION DES ESPACES AGRICOLES ET NATURELS PERI-URBAINS LOCALISATION
CONTEXTE
132
Cette zone de bocage humide est inconstructible car inondable. L'activité agricole y est déclinante en raison d'un vieillissement des exploitants, et les projets de reprise des exploitations se font attendre. Le manque de dynamisme se ressent dans les paysages : le bocage perd en densité et la trame des haies devient moins lisible. Des friches apparaissent aux marges, et les anciens chemins d'exploitation sont délaissés et se ferment.
Faciliter l'installation agriculteurs
de
jeunes
Impulser une nouvelle dynamique de l'activité agricole dans le palu nécessite de mettre en place des mesures d'aide à l'installation pour des jeunes agriculteurs qui souhaiteraient reprendre des exploitations agricoles. La remise en culture des parcelles enfrichées vise à faciliter l'installation d'exploitants en limitant l'investissement à fournir lors de la reprise des parcelles. AVANT
APRÈS
OBJECTIFS Dynamiser l'activité agricole et faciliter l'installation de jeunes agriculteurs, en favorisant des pratiques respectueuses de l'environnement dans cette zone humide fragile. Redessiner la trame bocagère, pérenniser et entretenir les haies et fossés dans une logique de transversalité depuis le coteau vers la Garonne.
La remise en culture des parcelles enfrichées : un procédé qui facilite l'installation de nouveaux agriculteurs
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
FICHE-ACTION 3
Belvédère de l'église de Bouliac Vue sur le palu et Bordeaux
Ferme de l'île d'Arcins - Verger en cueillette libre - Sentiers de découverte
Maison des terroirs - Vente de produits locaux - Point de retrait drive fermier - Restaurant et guinguette - Apéros-conférences
La création d'un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Péri-urbains ne se limite pas à une protection des terres agricoles. Cette protection doit impérativement être accompagnée d'un projet de valorisation de l'espace. Dans ce secteur de l'agglomération, tout proche du centre de Bordeaux, ce projet de valorisation passe par l'accueil du public citadin proche. C'est pourquoi cette proposition de valorisation de l'espace passe par une meilleure accessibilité, en lien avec la transversalité historique du lieu. Les chemins transversaux sont donc réouverts et entretenus en vue de l'accueil du public. Légende :
Vue aérienne du projet de PPEANP
Prairies
Haies bocagères
Pôle d'intérêt existant ou à créer
Texte
Activité existante
Texte
Projet à mettre en place
Piste cyclable existante
Piste cyclable à créer
Promenade piétonne
Traversée à créer
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Retrouver le fonctionnement transversal du coteau à la Garonne
Traversée de la route de Langon Réouverture de chemin enfrichés
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Bloc-diagramme schématique des circulations dans le palu
AVANT
APRÈS
Création de traversées de la route Bordeaux-Langon dans le prolongement des chemins réaménagés
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
Redessiner une trame bocagère de qualité AVANT Densification de la trame de haies bocagères APRÈS
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Les haies champêtres, caractéristiques des paysages bocagers, sont ici délaissées. Les arbres ne sont plus taillés, certaines haies disparaissent, et la trame du bocage devient moins lisible et moins dense. Ces paysages alternant espaces prairiaux ouverts et couloirs arborés sont très riches sur le plan environnemental car ils offrent une diversité d'habitats intéressants pour la faune. Il est donc important de redessiner cette trame bocagère par la replantation de haies, tant pour la qualité paysagère que pour la biodiversité.
OUTILS ET PARTENAIRES - PPEANP - Remise en culture de parcelles - Aide financière à l'installation - Incitation à la réouverture, puis contrats de passage et d'entretien des chemins - Achat par les communes de chemins cadastrés - Mesures Agro-Environnementales - Couveuse agricole -
Communes de Latresne et Bouliac Chambre d'agriculture Conseil général FRCIVAM
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CREER UN LIEU D'ECHANGES :
LA MAISON DES TERROIRS
ESPACE DE RENCONTRE ENTRE PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS, ET VITRINE DES LOCALISATION Terrasse de la guinguette sur la berge de la Garonne
Stationnements
CONTEXTE
136
Les agriculteurs ressentent un besoin de reconnaissance de leur profession et de leur travail auprès de la société. Parallèlement, une demande de proximité et de qualité des produits alimentaires émerge des populations citadines. Une parcelle délaissée en bord de Garonne, facilement accessible depuis la rocade, semble idéalement située pour rapprocher ces deux mondes qui ne demandent qu'à se rencontrer.
OBJECTIFS Proposer un lieu de rencontres et d'échanges entre les producteurs et les consommateurs citadins, autour de produits locaux de qualité. Favoriser la vente locale et les circuits de proximité, plus valorisants en termes d'image et de valeur marchande pour les producteurs.
Embarcadère vers l'Ile d'Arcins
Flux routier, cyclistes et piétons séparés
Maison des Terroirs Point de vente à l'étage Salle et cuisine du restaurant en rez de chaussée
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PRODUITS LOCAUX
FICHE-ACTION 4
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La Maison des Terroirs : une nouvelle vitrine pour les produits locaux
Boutique à l'étage : Point de vente de produits locaux, point de retrait du drive fermier, espace de rencontre producteurs - consommateurs Restaurant au rez-de-chaussée : Cuisine des produits du terroir et de la boutique. Salle couverte, terrasse sur la Garonne. Guinguette en semaine et menus gastronomiques le week-end, vente à emporter de sandwichs fermiers
OUTILS ET PARTENAIRES - Achat et aménagement de la parcelle -
Commune de Latresne Conseil général Réseau AMAPs de Gironde Drive fermier
Organisation occasionnelle de cafés-débats, d'apéros‑conférences et autres rencontres gustativo‑culturelles autour de thématiques agricoles et de produits fermiers
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ACCOMPAGNER UN PROJET ORIGINAL SUR L'ILE D'ARCINS VERGER EN CUEILLETTE LIBRE ET PROMENADES " NATURE " LOCALISATION
Ponton -belvédère : vue sur Bordeaux
Pointe nord laissée en l'état : découverte de la faune de l'ïle
CONTEXTE
138
L'île d'Arcins, ancien verger expérimental de l'INRA, est aujourd'hui une propriété privée. Le propriétaire souhaite faire découvrir ce lieu unique mais depuis deux ans aucun projet de valorisation n'a été mis en place. De beaux arbres fruitiers, d'espèces intéressantes, sont encore présents sur le site, qui se prête particulièrement bien à l'exploitation fruitière. Laissée à l'abandon durant plusieurs années, cette île constitue un espace de nature tout proche de la ville.
Appontement face à la Maison des Terroirs
Terrasse d'accueil et espace de vente au niveau des bâtiments existants
Vergers de pommiers en cueillette libre
OBJECTIFS S'appuyer sur le passé du lieu pour proposer un projet de valorisation cohérent et original en vue de son ouverture au public. Proposer une activité innovante dans l'agglomération, en lien avec la Maison des Terroirs qui est située juste de l'autre côté du bras de la Garonne.
Sentier piéton le long des berges sauvages
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
FICHE-ACTION 5
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Verger en cueillette libre de l'Ile d'Arcins
Une fois qu'ils ont accosté sur l'Ile d'Arcins, plusieurs choix s'offrent aux visiteurs : Ils peuvent partir à la découverte de la faune et la flore sauvage au fil du sentier des berges, en compagnie d'un animateur, et marquer un temps d'arrêt sur le ponton de la pointe nord pour contempler Bordeaux. Les gourmands iront récolter eux-même leurs fruits certifiés bio, et profiteront de la boutique pour ramener chez eux des produits transformés : confitures, sirops, tartes du jour, pâtes de fruits ... Les plus prévoyants auront acheté leur pique‑nique à la Maison des Terroirs, située juste en face de l'Ile, avant d'embarquer.
OUTILS ET PARTENAIRES - Aide à l'installation - Recherche d'un exploitant -
Commune de Latresne Propriétaire Chambre d'agriculture FRCIVAM
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RECONNAITRE LA QUALITE EXCEPTIONNELLE DES PAYSAGES DU METTRE EN PLACE UNE ZONE AGRICOLE PROTEGEE A SAINTE - EULALIE ET YVRAC LOCALISATION
CONTEXTE
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La présence d'une voie ferrée, des deux autoroutes et de la rocade bordelaise, conjointement au relief du coteau, a créé une enclave agricole aux portes de la ville. Les paysages, composés d'une mosaïque agricole de belle qualité, ont été jusque là préservés de l'étalement urbain par cette position enclavée mais aussi par une politique urbaine qualitative menée par les communes d'Yvrac et Sainte-Eulalie.
OBJECTIFS
Légende :
Reconnaître la qualité paysagère exceptionnelle de cet espace agricole et le protéger pour garantir son maintien Faire connaître et valoriser les paysages du coeur de l'Entre-deux-Mers, tout proches du coeur de l'agglomération.
Périmètre de la ZAP
Domaine viticole
Sentiers thématiques :
La mosaïque agricole (5 km)
De la vigne au verre (5 km)
Entre élevage et forêts (7,5 km)
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COEUR DE L'ENTRE - DEUX - MERS FICHE-ACTION 6 Promenade ombragée le long des vallons boisés
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Vues ouvertes sur les vignes et prairies
OUTILS ET PARTENAIRES - Zone Agricole protégée - Aménagement de sentiers thématiques - Contrats de passage et d'entretien des chemins - Communes d'Yvrac et Sainte-Eulalie - Chambre d'agriculture - Agriculteurs et viticulteurs Panneau explicatif le long d'un sentier thématique
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HABITER LA LISIERE ENTRE VILLE ET CAMPAGNE
SAISIR LE PROJET DE RE-LOGEMENT DE LA CITE RUAULT A SAINTE - EULALIE POUR PROPOSER LOCALISATION
Enveloppe bâtie étroite, suivant les contours de la parcelle et encadrant un espace collectif central
CONTEXTE
142
La cité Ruault, l'une des plus paupérisées d'Aquitaine, située en bord de voie ferrée sur la commune de Sainte‑Eulalie, est sur le point d'être démolie. La municipalité souhaite reloger ses habitants sur le territoire communal, dans un projet de logements qualitatifs, en lisière de la ville.
OBJECTIFS Proposer une forme d'habitat à la fois peu gourmande en espace pour préserver l'espace agricole, et au cadre de vie qualitatif Permettre des porosités entre ville et campagne à travers ce nouveau quartier d'habitat, et la réalisation d'espaces partagés collectifs inspirés du contexte viticole local.
Coeur de vignes préservé et aménagé en jardin collectif
Transparences et passages en direction du jardin et du paysage viticole
Un quartier ouvert sur les paysages viticoles : perspectives et porosités vers les vignes
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
UNE NOUVELLE FORME D'HABITAT
Voirie
Sente piétonne entre les maisons
Jardins à l'arrière des habitations
FICHE-ACTION 7
Chemin public
Vignes partagées : espace collectif au coeur du quartier
Coupe de principe dans le nouveau quartier : des porosités sont préservées pour accéder aux vignes partagées depuis l'espace public
Exemple de vignoble réaménagé en vue l'accueil du public, le Jardin des Vignes à Epernay
OUTILS ET PARTENAIRES - PLU communal - Commune de Sainte-Eulalie
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RENOUER AVEC DES PRATIQUES AGRICOLES DISPARUES REACTIVER LA PRATIQUE DE LA TRANSHUMANCE ENTRE LE COTEAU ET LE PALU LOCALISATION
CONTEXTE
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Les terres sèches du coteau calcaire et la zone inondable du palu fournissent des ressources fourragères complémentaires. Cette complémentarité a été l'objet de pratiques d'élevage itinérant. L'élevage a aujourd'hui déserté le coteau, mais cet espace est resté inconstruit au sein de l'agglomération, formant un corridor écologique de milieux ouverts intra-urbains de grande importance.
Parcours dans le Parc des Coteaux
OBJECTIFS Réactiver cette pratique agricole traditionnelle aujourd'hui disparue et retrouver un lien historique entre les systèmes paysagers du coteau et du palu Permettre à travers l'activité agricole de réouvrir et entretenir les espaces ouverts du coteau, participant à la valorisation de la trame verte et bleue à l'échelle de l'agglomération.
Siège d'exploitation
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
FICHE-ACTION 8
145 La présence du troupeau dans les espaces publics crée une attraction, et une occasion de contact entre public citadin et éleveur professionnel
APRÈS
OUTILS ET PARTENAIRES - Préemption Création d'un communautaire AVANT
L'installation d'un troupeau itinérant permet de réouvrir et d'entretenir ponctuellement des parcelles enherbées
-
poste
CUB Chambre d'agriculture Conseil général SAFER
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de
berger
FAIRE DECOUVRIR ET CONNAITRE LES PAYSAGES AGRICOLES PAR LA CREATION D'UNE BIENNALE DES PAYSAGES DU BORDELAIS LOCALISATION Améliorer la visibilité des secteurs agricoles auprès des citadins
CONTEXTE
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Les dialogues entre l'espace urbain et le monde rural sont parfois difficiles, et les conflits sont récurrents. Depuis la Convention Européenne du Paysage (2 000), de nouveaux outils tels que la concertation et la participation permettent d'améliorer les échanges entre ces catégories de populations et d'atténuer les tensions qui peuvent régner dans les territoires. Les citadins désirent de plus en plus profiter d'ambiances champêtres à proximité des villes, et les agriculteurs quant à eux souffrent d'un manque de reconnaissance de leur profession et de leurs pratiques.
Les Petits Déj' Bio à la ferme sont organisés par des groupements d'agriculteurs bio en Ile-et-Vilaine. Ils permettent de découvrir les coulisses de la ferme, en partageant un petit-déjeuner à base de produits bio locaux
OBJECTIFS S'appuyer sur les méthodes de concertation et de participation pour améliorer le dialogue entre agriculteurs, acteurs institutionnels et habitants. Favoriser les pratiques agricoles à toutes les échelles du territoire, dans un projet d'agglomération durable et partagé. Limiter les conflits entre les usagers et acteurs du territoire.
Dans les fermes du Pays de Wissembourg et du Sud du Palatinat, le festival Fermes en scène est un temps de rencontre et d'échanges entre agriculture et culture
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FICHE-ACTION 9
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Exemples d'oeuvres de Land Art agricole
Promouvoir les productions locales dans les établissements publics
Le Conseil Général du Loir-et-Cher fait la promotion des produits locaux dans les établissements scolaires
Proposition d'ntégration d'une oeuvre d'Elena Paroucheva dans le palu de Bouliac
OUTILS ET PARTENAIRES -
Concertation Participation Communication Sensibilisation Animation Événementiel
-
Conseil général Chambre d'agriculture CUB Eco-site du Bourgailh Agriculteurs Sponsors des filières agro-alimentaires
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CONCLUSION
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Ce travail a été orienté dès le départ vers une question qui me tenait à coeur. Comment deux mondes a priori opposés, celui de la ville et celui de la campagne, peuvent-ils interagir dans une métropole de la taille de Bordeaux ? Au fil de mes recherches, d'autres questionnements ont complété et précisé cette première interrogation. Quelle place l'agriculture peut‑elle occuper dans l'espace urbain ? Comment le concept de « nature en ville » peut-il faire émerger de nouvelles orientations en faveur des activités agricoles ? Quel rôle l'agriculture peut-elle jouer dans un développement « durable » de l'agglomération, c'est à dire dans la prise en compte des facteurs économiques, de la qualité de l'environnement et de la solidarité sociale ? Et enfin, quelles sont les conditions pour que l'agriculture participe pleinement au projet métropolitain ? L'enjeu est de lever l'ambiguïté qui règne sur le concept de « nature en ville » et de faire des espaces non-(encore) construits autre chose qu'un simple décor. Au cours des millénaires, le rapport des sociétés à l'environnement n'a cessé d'évoluer. Avec l'invention de l'agriculture, l'Homme apprivoise ce que l'on considère aujourd'hui comme étant la Nature afin d'améliorer son approvisionnement alimentaire. La croissance économique et démographique qui en découle est à l'origine de la création des villes, lieux de commerce et de commandement. Une dualité naît progressivement dans les représentations entre les espaces urbains symboles de l'artifice et les espaces ruraux considérés comme « naturels » parce que pas ou très peu bâtis. Cette dualité perdure depuis l'époque moderne, et un amalgame entre espaces naturels et espaces agricoles s'est aujourd'hui installé, en milieu urbain notamment, dans le déni des pratiques agricoles qui sont pourtant à l'origine de fortes transformations environnementales et paysagères.
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Au cours du XXème siècle, l'évolution exponentielle des villes grignote peu à peu les espaces agricoles, et des politiques apparaissent en réaction à ce phénomène. Ainsi dans les années 1960, sous l'influence des théories fonctionnalistes, le concept d'« espaces verts » apparaît. A Bordeaux, ce courant émerge plus particulièrement en réponse à une perte rapide de terres agricoles. Cela se traduit par une politique de protection des espaces non construits dont le projet phare est la préservation de « coulées vertes » au coeur du tissu urbain. Mais ce concept n'intègre pas de dimension qualitative, ni de dimension opérationnelle, et tous les espaces non construits sont abordés de manière égale. Les outils réglementaires mis en place à Bordeaux manquent de profondeur et sont peu opérants. Les coulées vertes se construisent peu à peu, cette politique de simplement conserver un état paysager « mis sous cloche » est un échec. Ce manque de prise en considération de la qualité et des spécificités des espaces non construits va provoquer des réactions de la part des naturalistes. Dans les années 1990, les préoccupations écologiques vont faire évoluer le concept d'« espaces verts » en y intégrant une dimension écosystémique et leur biodiversité avérée ou potentielle. A cette même période, la loi « Paysage » va marquer un tournant dans la prise en compte des espaces non construits. Grâce à l'approche paysagère, les objectifs deviennent plus qualitatifs, dans une approche transversale du territoire, de la ville et de ses paysages. A Bordeaux, la « charpente paysagère » devient le support d'un projet de développement urbain qui affiche la volonté de retrouver les liens entre la ville et les territoires environnants. Malgré cette nouvelle orientation, qui prend mieux en compte les espaces non construits, la pression foncière reste forte, et souvent préjudiciable à l'activité agricole, qui régresse fortement.
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Dans ce contexte, deux notions émergent : la « nature en ville » et l'« agriculture urbaine ». L'agriculture, qui avait été repoussée en dehors des villes, retrouve petit à petit une place, surtout dans les discours, mais qui reste toutefois marginale dans les faits. Les politiques menées évoluent et s'adaptent pour répondre à la demande sociale grandissante de retrouver des espaces de « nature en ville ». Ainsi, une Direction de la Nature est créée en 2011 au sein de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), afin de répondre aux problématiques complexes des espaces naturels et agricoles. Actuellement, des projets ambitieux sont menés, comme le projet des « 55 000 ha pour la Nature », qui a pour objectif de mieux tenir compte des espaces naturels et agricoles et de leurs interrelations avec les espaces urbains de l'agglomération. Au-delà des actions menées par la CUB, le SCoT de l'aire métropolitaine bordelaise prend lui aussi des dispositions pour protéger et valoriser l'agriculture sur le territoire métropolitain. Ainsi, les espaces naturels et agricoles sont de mieux en mieux pris en compte dans les différents documents d'urbanisme, et les actions sur le terrain commencent progressivement à se mettre en place. Mais la question agricole est longtemps restée en arrière‑plan des actions menées réellement, et sa prise en compte reste récente. Les nouvelles dispositions réglementaires et la demande croissante des habitants poussent les politiques à élaborer un projet plus ambitieux pour ces espaces. Il est vrai que les difficultés sont nombreuses. Les parcelles non construites, si elles ne sont pas entretenues, s'enfrichent et sont alors considérées comme « naturelles » par les écologistes. La proximité de la ville tend à développer dans ces espaces des pratiques sportives et de loisirs par les citadins. Lorsque les pratiques agricoles subsistent, il n'est pas rare qu'elles donnent lieu à des conflits
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initiés par des habitants riverains, à la recherche d'une campagne idéalisée, calme et bucolique. C'est à travers l'étude approfondie de trois quartiers, choisis en frange de l'agglomération, que les caractéristiques des interfaces ville/campagne ont été explorées : le secteur de la « coulée verte » de Mérignac et Pessac, les terres inondables du palu de Bouliac et Latresne, et la mosaïque agricole de l'Entre‑deux‑Mers à Yvrac et Sainte‑Eulalie. Ces quartiers sont porteurs de paysages divers, mais les acteurs et habitants que l'on peut y rencontrer élaborent également sur ces espaces des discours différents. La démarche d'enquête sociale permet de faire émerger ces discours pour les confronter aux enjeux paysagers précédemment élaborés. Un dispositif d'enquêtes a été utilisé pour discerner les enjeux socio-spatiaux de ces trois quartiers situés en frange de l'agglomération. Quinze entretiens ont pu être menés, auprès d'acteurs institutionnels (Conseil Général, CUB, Municipalités...), d'agriculteurs et d'habitants. Les questions posées visent à faire formuler aux interviewés le regard qu'ils portent sur ces quartiers, ainsi que les attentes et les projets qui s'expriment à travers leurs pratiques. Des enjeux apparaissent de manière récurrente : les dialogues entre le monde agricole et la ville semblent difficiles, et la cohabitation entre agriculteurs et citadins occasionne de nombreux conflits d'usages. La proximité producteur/consommateur apporte certes des débouchés aux productions locales, mais le climat général reste tendu. La profession agricole souffre d'un manque de reconnaissance, et l'image idéalisée des espaces agricoles à proximité desquels les citadins souhaitent s'installer est souvent très éloignée de la réalité des pratiques. Les acteurs institutionnels semblent conscients de ces difficultés, mais les solutions proposées manquent d'une vision globale à l'échelle de cette métropole aux situations contrastées.
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C'est dans ce contexte qu'apparaît tout l'intérêt de considérer l'activité agricole et les pratiques associées sous l'angle du développement durable de la ville : l'économie agricole, les paysages et l'environnement liés aux espaces de production, et les dialogues et contacts avec l'agglomération. L'activité agricole, globalement peu dynamique et en déclin, a besoin d'être dynamisée et pérennisée pour que les espaces d'une production raisonnée puissent s'affirmer face à la pression de la ville. Ces espaces, tantôt ouverts, tantôt bocagers, participent au maintien de corridors écologiques en périphérie et à l'intérieur même de l'agglomération. Les franges urbaines sont aujourd'hui globalement stabilisées mais leur devenir n'est pas toujours assuré et, dans ces zones de contact, la ville tourne souvent le dos aux paysages qui l'encadrent. Ces « entre‑deux » sont pourtant favorables à la création et au renforcement de liens forts entre la ville, son environnement et ses paysages. La stratégie proposée a pour objectif de renverser la perception des espaces non construits pour amener l'agriculture au centre du projet métropolitain. Les qualités paysagères, l'intérêt économique et environnemental, ainsi que la participation au cadre de vie des espaces agricoles offrent à la ville de nombreuses opportunités de développement en lien avec le territoire. Les formes d'agriculture innovantes permettent de dynamiser et de pérenniser l'activité agricole et de recréer un dialogue positif et constructif avec les citadins. Ces possibilités, portées par les espaces agricoles, participent ainsi à un projet de développement raisonné, productif et respectueux, en bref : un projet métropolitain « durable ». Les réponses auxquelles j'ai abouti se préoccupent autant du cadre de vie, de l'aménagement de l'espace, de biodiversité ou de préservation des milieux que de
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développement local et d'actions en faveur de l'implication des populations dans les processus de projets de paysage. Les propositions d'actions qui sont formulées dans ce travail ont valeur d'exemple de ce à quoi l'on peut aboutir en mettant en oeuvre une démarche paysagère, transversale et fondée sur les potentialités des lieux. Ainsi, au terme de ce travail, qui a été l'occasion pour moi d'appréhender différentes démarches de réflexion et d'action, un panel de propositions et de préconisations autour de la question de l'agriculture urbaine et péri‑urbaine a été élaboré. Ce travail, même s'il ne constitue pas un répertoire de réponses opérationnelles directes, rassemble des possibles. Il constitue un outil de réflexion et de sensibilisation permettant une prise de conscience sur la question de l'agriculture et sur sa capacité à répondre à des enjeux territoriaux en milieu urbain. Les propositions formulées s'inscrivent également dans une démarche prospective, sur les paysages à créer pour demain. Si l'analyse paysagère et l'enquête sociale ont soulevé un certain nombre d'enjeux, seuls certains ont pu faire l'objet d'une attention soutenue ; des choix ont dû être réalisés et tout n'a pas pu être approfondi dans le temps imparti. Au final, ce travail a renforcé chez moi l'idée que la prise en compte de l'agriculture est primordiale dans l'élaboration de projets urbains et péri‑urbains. Les activités agricoles jouent un rôle certain dans le renforcement des liens sociaux entre producteurs et consommateurs, dans le maintien d'espaces intéressants du point de vue écologique et de celui du cadre de vie, ainsi que face aux questions actuelles de suffisance alimentaire des villes, et plus largement de développement « durable » des métropoles.
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4. DEMARCHE D'ENQUETE SOCIALE Bigando E., Tesson F. « Quand la recherche se connecte à l'action et fait du retour vers l'enquêté une condition de l'interface. A propos d'une démarche d'enquête sur les paysages du quotidien », ¿Interrogations? [en ligne] consulté le 29/10/2013. www.revue-interrogations.org Bigando E. « Le paysage ordinaire, porteur d'une identité habitante. Pour penser autrement la relation des habitants au paysage », Projets de paysage [en ligne] consulté le 02/11/2013. www.projetsdepaysage.fr Candau J., Ferrari S., « l'évaluation du paysage : une utopie nécessaire ? » Compte rendu de colloque (Montpellier, 15-16 janvier 2004). [en ligne] consulté le 29/10/2013. www.cairn.info/revue-natures-sciencessocietes-2004-4-page-448.htm Davasse B. & al. « L'observation environnementale au prisme du paysage. Dynamiques paysagères, actions territoriales et représentations socio-spatiales contemporaines dans le territoire de l'OHM Pyrénées-Haut Vicdessos » Sud Ouest Européen, 2012, n°33, p. 57 à 68 Davodeau H., Toublanc M. « Le paysage-outil, les outils du paysage. Principes et méthodes de la médiation paysagère » Compte rendu de colloque (Montpellier, 25-26 octobre 2010) Henry D., « Les éleveurs, l'herbe et la montagne : un paysage de la pratique pastorale ? ». Projets de paysage [en ligne] consulté le 29/10/2013. www.projetsdepaysage.fr
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ANNEXES a. Guide d'entretiens avec des acteurs institutionnels b. Guide d'entretiens avec des agriculteurs c. Guide d'entretiens avec des habitants
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a. Guide d'entretiens avec des acteurs institutionnels Le but de l'entretien est de cerner quelles sont la connaissance et la prise en compte du paysage dans les politiques menées par les acteurs institutionnels (élus et décideurs). Un second objectif est de saisir les enjeux « politiques » et les attentes de ces acteurs pour les espaces naturels et/ou agricoles (c'est-à-dire non bâtis ou nonconstruits) de l'agglomération bordelaise, ainsi que les actions menées ou à mener sur ces espaces. L'échelle choisie pour ces entretiens correspondra à l'échelle du secteur de travail de la personne interviewée : commune pour un élu, ensemble de la ville et de sa périphérie pour une personne travaillant dans une administration de l'agglomération ou départementale (CUB, Conseil Général...) Les questionnements soulevés lors de l'entretien sont les suivants : - Le paysage est-il un objet de préoccupation de l'acteur dans sa pratique professionnelle ? - Est-ce une question centrale dans les politiques et les actions menées ? - Est-ce un facteur déterminant dans les choix des décideurs ? - Quelle place est accordée aux questions de la Nature en ville et des pratiques agricoles dans les politiques et actions menées ? Les attentes sociales dans ces domaines sont-elles prises en compte ? - L'interviewé a-t-il conscience des dynamiques d'évolution du site, passées ou actuelles ? Devine-t-il des tendances pour l'avenir ? - A-t-il connaissance de projets en cours sur ces espaces ou gravitant autour des questions de nature en ville et d'agriculture urbaine ? Lesquels ? - Quelles actions sont menées sur le site par l'acteur ? Par les autres acteurs avec qui il travaille ou auxquels il est confronté ? - Quelles sont ses attentes concernant le devenir des espaces naturels et agricoles? - Quelles actions pourraient être menées pour répondre à ces attentes ? - Qu'est-ce qui est susceptible d'influencer ses décisions, projets et actions sur ces espaces ?
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Présentation Bonjour, je suis étudiante et je fais mon mémoire de fin d'études sur l'agglomération de Bordeaux. C'est un travail qui porte sur les usages et les pratiques sociales dans les espaces non bâtis que l'on trouve dans la ville ou dans sa périphérie, ainsi que sur les politiques et les actions qui y sont conduites ou en projet. L'objet de l'entretien d'aujourd'hui est de tenter de cerner quel est le rôle joué par les acteurs institutionnels sur ce type d'espaces. Mots tabou : nature, paysage, agriculture, campagne
Questions : 1. Lancer la discussion, situer l'acteur et son rôle dans le territoire Nom, âge. Pouvez-vous me raconter brièvement votre parcours professionnel? Formation, diplôme, autres emplois Pouvez-vous me présenter l'institution au sein de laquelle vous travaillez : missions, secteurs d'étude. Quelles sont plus précisément vos missions, sur quel(s) secteur(s) intervenez-vous? Pouvez-vous me décrire plus précisément votre territoire d'étude? Quels sont les éléments caractéristiques de ce terrain ? Quelles sont ses particularités ? Quelles sont ses limites ? (localiser SCAN25) Votre travail peut-il porter sur le type d'espaces mentionnés précédemment (Re préciser l'objet de la discussion : espaces non bâtis en ville : friches, espaces périphériques, franges urbaines, ... ) Selon vous, quelles sont les caractéristiques particulières de ces espaces ? Quelles sont les qualités qui leur sont propres ? A quels inconvénients sont-ils soumis et quels inconvénients y sont liés ? Quels sont les projets et/ou politiques menés (aujourd'hui ou par le passé) au sein de votre institution susceptibles d'avoir un impact sur ces espaces ? Quels en étaient les partenaires ? Quels outils ont été utilisés ? Avez-vous connaissance d'autres projets ou politiques en cours susceptibles d'influer sur ces espaces ?
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- Si nature ou campagne mentionnée, demander des précisions : Qu'est-ce que vous considérez comme « naturel » ? A quoi correspond pour vous la « campagne » ? - Si paysage mentionné, demander des précisions : Quels aspect, plus précisément, vous plaisent / déplaisent ? Le paysage est-il une notion importante dans votre travail au sein de l'administration? Cette notion influence-t-elle vos choix ? - Si pratiques agricoles mentionnées, demander des précisions : De quelles pratiques parlez-vous ? Qu'est-ce que ces pratiques apportent de plus à l'espace ? En quoi participent-elles au cadre de vie ? Y a-t-il des inconvénients, pour vous, liés à ces pratiques agricoles, et si oui quels sont-ils ? 2. Complément : pratiques personnelles Est-ce que vous vivez à Bordeaux ? Est-ce que vous pratiquez personnellement le type d'espaces dont il est question ici ? Si oui, où plus précisément ? (localiser SCAN25) Quelles sont vos pratiques ? Pourquoi ces sites ? Attrait particulier ? 3. Perception des évolutions passées, des tendances actuelles et des projets en cours Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ? Pouvez-vous me parler de l'évolution de ce lieu depuis que vous le connaissez ? Avez-vous perçu des changements plus récents ? (accélération ou ralentissement de dynamiques) A quelles dates ont eu lieu ces différents changements (récents et moins récents) ? A quels événements ces changements sont-ils liés? Qui sont les acteurs de ces changements ? Les politiques et actions menées par le passé ont-elle eu des incidences sur le territoire? Lesquelles ?
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Pensez-vous que les dynamiques que vous m'avez décrites soient bénéfiques ou au contraire néfastes pour l'ambiance du lieu ? 4. Perception des attentes sociales Selon vous, qu'est-ce que les riverains, promeneurs et autres usagers du lieu viennent chercher dans ce type d'espaces ? Quelles sont le sattentes sociales qui y sont liées ? Ces attentes sont-elles en adéquation avec vos actions au poste que vous occupez ? Quelles sont les actions qui pourraient répondent à ces attentes ? Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour que ces évolutions (souhaitées par la société) soient possibles ? Avez-vous modifé ou pensez-vous modifier vos actions / votre politique pour mieux prendre en compte ces attentes ? Qu'est-ce qui serait susceptible de modifier vos actions, votre politique ? (contrainte réglementaire, pression des riverains, politique paysagère, décision personnelle ...)
5. Attentes pour l'avenir Comment pensez-vous que ce lieu va évoluer dans les prochaines années / décennies ? Plus personnellement, comment souhaiteriez-vous qu'il évolue ? Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour que ces évolutions (celles que vous souhaitez) soient possibles ? Que faudrait-il conserver / préserver, au niveau matériel, mais aussi au niveau du caractère du lieu et des ambiances ? Et au contraire, que faudrait-il changer ?
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b. Guide d'entretiens avec des agriculteurs : Le but de l'entretien est de saisir les initiatives, les pratiques et les projets des agriculteurs dans des espaces considérés comme naturels et agricoles proches de Bordeaux. L'échelle choisie pour ces entretiens correspondra à l'ensemble de l'entité paysagère et agricole du secteur concerné : exploitation, mais aussi ensemble des exploitations riveraines ou proches, qu'elles soient de même nature (même type d'exploitation) ou de nature différente. Ainsi, les complémentarités et interrelations entre différents types d'agricultures sur un même territoire, et le paysage auquel elles participent ensemble, seront abordés. Les questionnements soulevés lors de l'entretien sont les suivants : - quelles pratiques agricoles l'interviewé met-il en oeuvre ? A-t-il des initiatives particulières en lien ou non avec la ville et ses habitants ? Quels sont ces projets ? Sont-ils en lien avec la ville et ses habitants ? - Quelle connaissance l'interviewé a-t-il des pratiques agricoles qui se déroulent ou se sont déroulées sur le site ? - Le caractère urbain ou péri-urbain du lieu apporte-t-il des conditions particulières à l'activité agricole, et si oui lesquelles ? Quelles sont les relations entretenues entre l'exploitation et la ville proche ? avec les riverains ? - L'interviewé a-t-il conscience d'un lien entre son activité agricole et le paysage ? - A-t-il conscience d'évolutions du site, passées ou présentes ? Devine-t-il des tendances pour l'avenir ? A-t-il des attentes particulières concernant le devenir du site et quelles sont-elles ?
Présentation Bonjour, je suis étudiante et je fais mon mémoire de fin d'études sur l'agriculture dans l'agglomération de Bordeaux. Auriez-vous un peu de temps à me consacrer pour discuter de votre travail, de vos initiatives et de vos projets ? Ou pourrions-nous prendre RDV pour que je vienne voir comment vous travaillez, pendant 1h environs, dans les prochains jours ?
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
Mots tabou : nature, paysage, péri-urbain, campagne, ville
Questions 1. Lancer la discussion, situer la personne et ses pratiques agricoles Etes-vous propriétaire de cette exploitation ? Etes-vous exploitant, employé ? Quelle(s) type(s) d'activité(s) agricole(s) pratiquez vous ici ? Etes-vous originaire de la région ? Si non, d'où venez-vous ? Avez-vous toujours travaillé ici ? Quel est votre parcours professionnel? Quel âge avez-vous ? (pour compléter la situation de l'interviewé) Pouvez-vous m'en dire plus / me montrer vos pratiques agricoles ? Si la personne est propriétaire de l'exploitation : Pourquoi vous êtes-vous installé ici ? Qu'est-ce qui a été déterminant dans le choix de ce lieu ? (héritage, choix personnel, ... ) 2. Caractère du lieu, attrait du site Qu'est-ce qui est particulier, spécifique à ce lieu par rapport à votre activité agricole ? (avantages / inconvénients ) Demander de développer les réponses liées à la proximité de la ville - Si paysage mentionné, demander des précisions : Quels aspect, plus précisément, vous plaisent / déplaisent ? Quelles qualités d'espace, quelles ambiances recherchez-vous particulièrement dans votre pratique professionnelle ? 3. Perception des évolutions passées, et des tendances actuelles et à venir Depuis combien de temps travaillez-vous ici / connaissez-vous ce lieu ? Quels changements avez-vous pu noter dans les dernières décennies, les dernières années ?
TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDES DE LA FORMATION PAYSAGE - NOVEMBRE 2013 - ENSAPBX
A quelles dates? A quels événements ces changements sont-ils liés? Remarquez-vous des tendances actuelles qui diffèrent des pratiques traditionnelles ? Comment pensez-vous que ce lieu va évoluer ?
passées
ou
4. Perception des attentes sociales Selon vous, qu'est-ce que les riverains, promeneurs et autres usagers du lieu viennent chercher ici ? Actuellement, toujours selon vous, quelles sont les attentes de la société vis-à-vis des agriculteurs ? Ces attentes sont-elles en adéquation avec votre pratique professionnelle ? Quelles sont les pratiques qui pourraient répondent à ces attentes ? Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour que ces évolutions (souhaitées par la société) soient possibles ? Avez-vous modifé ou pensez-vous modifier vos pratiques pour mieux prendre en compte ces attentes ? Qu'est-ce qui serait susceptible de modifier vos pratiques ? (contrainte réglementaire, pression des riverains, politique paysagère, décision personnelle ...) 5. Attentes personnelles Et plus personnellement, quelles sont vos attentes pour l'avenir ? Comment souhaiteriezvous que ce lieu évolue ? Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour que ces évolutions (celles que vous souhaitez) soient possibles ? Selon vous, que faudrait-il conserver / préserver, au niveau matériel, mais aussi au niveau du caractère du lieu et des ambiances ? Que faudrait-il changer ?
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
c. Guide d'entretiens avec des habitants Le but de l'entretien est de saisir les pratiques et usages dans des espaces naturels et/ou agricoles (non-bâtis ou non-construits) situés dans l'agglomération de Bordeaux. L'échelle choisie pour ces entretiens correspondra à l'échelle du quartier, c'est à dire des pratiques quotidiennes et habituelles de la personne rencontrée. Ainsi, les réponses des interviewés apporteront des précisions sur les pratiques socio-spatiales spécifiquement localisées sur le secteur choisi. Les questionnements soulevés lors de l'entretien sont les suivants : - L'interviewé considère-t-il l'espace non-bâti qu'il a sous les yeux comme naturel ? agricole ? les deux ? - peut-il accéder facilement à cet espace ? Le considère-t-il comme public ou privé ? D'autres personnes que lui le fréquente-il? A quels moments ou à quelles saisons ? - Connaît-il des agriculteurs et les pratiques agricoles qui se déroulent ou se sont déroulées sur le site ? - Le caractère naturel ou agricole du site constitue-t-il un attrait particulier? - Le paysage est-il un facteur déterminant dans le cadre de vie des riverains et des usagers? - L'interviewé a-t-il conscience d'évolutions du site, passées ou présentes ? Devinet-il des tendances pour l'avenir ? A-t-il des attentes particulières concernant le devenir du site et quelles sont-elles ?
Présentation : Bonjour, je suis étudiante et je fais mon mémoire de fin d'études sur l'agglomération de Bordeaux. C'est un travail qui porte sur les usages et les pratiques sociales dans les lieux non-bâtis ou non-construits. Auriez-vous 10 minutes pour répondre à une enquête rapide ? Mots tabou : nature, paysage, agriculture, péri-urbain, campagne, ville
TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDES DE LA FORMATION PAYSAGE - NOVEMBRE 2013 - ENSAPBX
Questions 1. Lancer la discussion, situer la personne et ses pratiques Est-ce que vous habitez le quartier ? A quelle fréquence venez-vous ici ? Tous les jours / une fois par semaine / une fois par mois / moins souvent (préciser) Si riverain : Pourquoi vous êtes-vous installé ici ? Opportunité familiale, propriété héritée / proximité du lieu de travail / choix d'une ambiance particulière / autre (préciser) 2. Caractère du lieu, attrait du site : Quelles sont vos pratiques dans ce lieu ? Promenade, détente / activité sportive / autres (préciser) Pourquoi venez-vous ici ? proximité / attrait - Si attrait : Plus personnellement, qu'est-ce qui vous attire dans ce lieu ? - Si nature ou campagne mentionnée, demander des précisions : Qu'est-ce que vous considérez comme « naturel » ? A quoi correspond pour vous la « campagne » ? - Si paysage mentionné, demander des précisions : Quels aspect, plus précisément, vous plaisent / déplaisent ? - Si pratiques agricoles mentionnées, demander des précisions : De quelles pratiques parlez-vous ? Qu'est-ce que ces pratiques apportent de plus à l'espace ? Y a-t-il des inconvénients liés à ces pratiques agricoles, et si oui quels sont-ils ?
PAYSAGE ET PRATIQUES AGRICOLES DANS LA METROPOLE BORDELAISE - VERS UNE « VILLE-NATURE » DURABLE
3. Perception des évolutions passées, et des tendances actuelles : Depuis combien de temps fréquentez vous ce lieu ? Moins de 1 an/ moins de 5 ans / 10 ans / plus de 10 ans Pouvez-vous me parler de l'évolution de ce lieu depuis que vous le connaissez? Et de son évolutions récente ou actuelle ? 4. Attentes pour l'avenir : Comment souhaiteriez-vous qu'il évolue ? Selon vous, que faudrait-il conserver / préserver ou au contraire changer ? 5. Compléter la situation de la personne : âge, sexe, milieu professionnel Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Quel âge avez-vous?
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REMERCIEMENTS Pour clore ce mémoire, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce mémoire. Je tiens à remercier en premier lieu Bernard Davasse, qui, en tant que Directeur d'étude, s'est montré à l'écoute et disponible tout au long de la réalisation de ce mémoire. Ses conseils m'ont été précieux. Mes remerciements s'adressent également à chacun des membres du jury de soutenance : Mayté Banzo, Catherine Cloup, Alise Meuris et Valérie Roche, pour l'intérêt qu'elles ont bien voulu porter à ce travail. Je n'oublie pas les proches qui m'ont soutenue et encouragée tout au long de mon parcours d'études, et particulièrement lors de cette dernière année. Je remercie mes parents tout d'abord, pour leurs relectures attentives et le temps qu'ils y ont consacré. Mes amis également, Chloë, Fanny et Romain, pour leurs remarques constructives, la motivation et l'aide qu'ils m'ont apportée. Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à Jean‑François, pour sa patience, son soutien et ses encouragements qui m'ont aidée à avancer.
Merci à tous et à toutes.
RESUME La « nature » en ville est une préoccupation actuelle. Mais quel(s) sens donne-t-on à cette notion ? La richesse et la diversité des espaces considérés aujourd'hui comme naturels ou agricoles apportent une qualité particulière à la ville, ainsi que des réponses potentielles aux préoccupations actuelles liées au développement durable des villes. Ce Travail Personnel de Fin d'Études porte sur la compréhension des interrelations entre espaces urbains et activités agricoles dans l'agglomération bordelaise. Par une étude multiscalaire et comparative, ce travail caractérise dans un premier temps les situations paysagères rencontrées, ainsi que les dynamiques passées et actuelles observables dans les espaces agricoles urbains et péri‑urbains. Cette analyse experte est menée en parallèle d'une démarche d'enquête sociale. Dans un second temps, une stratégie globale et des propositions d'actions répondant à ces attentes sont formulées, avec pour objectif d'intégrer l'activité agricole à un projet de développement durable de l'agglomération.
MOTS - CLE - Paysage - Bordeaux - Nature en ville - Agriculture urbaine - Ville durable -