Perspectives Med N°. 98 - Février 2015

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DIRECTEUR DE PUBLICATION : ALLAL EL MALEH │ÉDITIONS POPMEDIA │ PUBLICATIONS DES RÉFÉRENCE │PRIX PUBLIC : 20 DH │N°98

ESPOIRS PERMIS

«EXCEPTION MAROCAINE» Ac ne quis a nobis hoc ita dici forte miretur Ac ne quis a nobis hoc ita dici forte miretur, quod alia quaedam in hoc facultas sit ingeni, neque haec dicendi ratio aut disciplina, ne nos quidem huic uni studio penitus Février 2015

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ANNIVERSAIRES PHARES ALLAL EL MALEH

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ans l’Histoire des peuples, il est des dates dont la singularité contribue à trancher avec la morosité ambiante. Souvenons nous de ce 20 février 2011 qui a permis au pays d’exprimer, avec force et conviction, l’ambition d’un changement inscrit dans l’ère du temps. Cette dynamique, nouvelle et rafraichissante, portée par un pan de la jeunesse, celle-là même que les formations politiques croyaient « irrécupérable » comme en témoigne sa faible propension à vouloir s’encarter politiquement, allait faire vaciller les certitudes auxquelles s’accrochaient d’aucuns et affecter le confort que procure le statut quo pour d’autres. Engoncée dans ses schémas classiques, la classe politique s’est vite retrouvée divisée sur l’appréhension d’un phénomène qui reste sans commune mesure avec les bouillonnements que la dynamique sociétale exprimait de temps à autre. Les uns, accrochés à leurs certitudes bien ancrées, n’y voyaient pas plus qu’une mèche que tout « infantilisme » politique produit dans un laps de temps : une fois allumée, elle finit pas se consumer. Tandis que d’autres, rivés à une situation de rente généralisée, celle qui fait coïncider intérêts politiques et affairisme de bas étage, considéraient qu’une telle dynamique avait tout pour réussir une table rase à laquelle personne n’était préparé : du coup, il fallait combattre ses visées nihilistes. Face à classe politique traditionnelle débordée par une déferlante qui allait engendrer des ravages ailleurs, le pouvoir a réagi avec l’intelligence et la sagesse que lui permet l’épaisseur de son histoire : le discours royal du 9 mars se faisait l’écho de l’effervescence de la rue occupée par les jeunes, rapidement rejoints par des moins jeunes, et prenaient sur lui de répondre aux attentes exprimées en matière de réformes. Dans ce segment de l’Histoire, il faut croire que la demande en termes de changement et l’offre en réformes allaient s’équilibrer pour éviter le pire. Dès lors, il ne faut pas trop s’étonner à ce que le pari de la stabilité ait été privilégié, même au prix de la montée en puissance du conservatisme politique, le PJD ayant réussi sa razzia électorale tout en prenant sur lui de verser dans la récupération des principales revendications exprimées par la rue. Qui a dit que les islamistes modérés que dirige Abdelilah Benkirane, promu chef du gouvernement, étaient moralement incapables d’usurper les slogans qui vont de la lutte contre le pouvoir absolu jusqu’à la reddition des comptes en passant par le combat de toutes les formes de prévarication et de rente ? Voilà pourquoi une question lancinante se pose, non sans acuité, aujourd’hui. Où en est-on des réformes institutionnelles que promettait la Constitution de 2011 ? Les raisons qui ont conduit des pans entiers d’’une jeunesse apolitique à battre le pavé dans les diverses régions du pays ne sont-elles plus d’actualité ? Et comment cette vague d’indignation qui a déferlé sur le Royaume a-t-elle été dans l’incapacité de muer en un courant politique fort fédérateur comme cela s’est vérifié notamment en Espagne, avec Podemos, ou encore en Grèce avec Syriza ? Certes, il serait illusoire de vouloir calquer à l’identique des trajectoires historiques

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POINTS CHAUDS

ATTENTAS DE PARIS

HALTE À LA BARBARIE! P23

SOMMAIRE 22

CHRONIQUE

Bonjour les dégats L’humour , cet esprit...

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POINTS CHAUDS

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POINTS CHAUDS

Attentats de Paris Au-delà de Charlie Hebdo

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MAROC

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CHRONIQUE Vécu ici Je suis Charlie!!

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MAROC

Point de vue Aux origines du terrorisme

Dossier saharien Fini la duplicité

Régionalisation avancée À qui profite le découpage?

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MAGHREB

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MAGHREB

MAGHREB

Algérie Système, rente et sclérose

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MONDE

Retrait d’Afghanistan Fiasco annoncé

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Tunisie À la recheche de la normalisation

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MONDE

État du monde arabe Lourdes menaces

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Mauritanie LA traversée du désert

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MONDE

Tour d’horizon Entre tensions et chaos


ÉCONOMIE CULTURE

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ÉCONOMIE

Maroc émergent Bilan & perspectives

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ENTREPRISE

Conjoncture Perspectives mitigées

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CULTURE

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ÉCONOMIE

Croissance mondiale Des hauts et des bas

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MARCHÉS

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ENTREPRISE

Patronat-gouvernement L’année du concret?

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MARCHÉS

Secteur bancaire Bon cru!

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CULTURE

CULTURE

Prix Booker Deux marocains en lice

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SPORT

TREND

Bourse de Casablanca 2014 au vert!

Roman arabe L’autre narration au féminin

Athlétisme Bon crono!

ENTREPRISE

SPORT

Football La «Clique» professionnelle

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Agenda Des rendez-vous à ne pas manquer

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SPORT

Gouvernance Un ministre obsolète

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & DE LA RÉDACTION: ALLAL EL MALEH | RÉDACTION: ABDERRAHMANE EL MALEH - A. BEN DRISS - A.ABOUMARWA - MOHAMED EL HANDIL - SAID AKECHEMIR - LAMIA MAHFOUD - OULED RIAB - MUSTAPHA EL MALEH - YAHYA SAÏDI | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : ABDERRAHMANE MEKKAOUI - YOUSSEF CHIHEB | RESPONSABLE ADMINISTRATIF & FINANCIER : FATIMA EL MALEH | PORTRAITISTE: HELMA LALLA | CRÉATION & INFOGRAPHIE: ISSRAE TAYBI/PM DÉVELOPPEMENT | PHOTOS: PM EDITIONS | MENSUEL ÉDITÉ PAR POP MÉDIA SARL: 8, BD. YACOUB EL MANSOUR MAARIF – CASABLANCA | TÉL.: 05 22 25 76 17/ 05 22 25 76 54/05 22 25 77 84/ FAX: 05 22 25 77 38/ E MAIL : INFO@PERSPECTIVESMED.MA/ WWW.PERSPECTIVESMED.MA/ IMPRESSION: IDÉALE | DISTRIBUTION : SOCHEPRESS | N° DÉPÔT LÉGAL: 2005/0101 | ISSN : 1114-8772 | CE NUMÉRO A ÉTÉ TIRÉ À 15.000 EXEMPLAIRES

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ENTENDU UMA

HYMNE MAROCAIN A l’occasion du 26ème anniversaire de la déclaration de Marrakech qui a scellé la naissance de l’Union du maghreb arabe (UMA), le 17 février 1989, le Roi a lancé un appel solennel aux dirigeants maghrébins pour élaborer une feuille de route pour une action commune. Par les temps de grande turbulance qui courent, la voix de la raison s’est exprimée depuis Rabat sans pour autant charrier, dans son sillage, de feed back. Alger qui continue à nourrir son ambition de super puissance régionale fait tout pour affaiblir le Maroc auprès de ses partenaires maghrébins, ce qui s’est révélé à travers le torpillage des pourparlers de paix inter-libyens devant se dérouler à Rabat… Et persiste dans ses positions anti-marocaines dans la gestion du dossier saharien. Pourtant, la lutte contre le terrorisme qui menace la région incite à une action concertée pour blinder le corps maghrébin contre les risques immanents pour ne pas dire imminents. L’instabilité de la Libye n’est pas une chimère.

LE DANGER TERRORISTE APPELLE À UNE ACTION UNITAIRE

RABAT BOYCOTTÉ ALBERT LONDRES

Alors que le Maroc et la France scellent leur rapprochement sur fond de lutte contre le terrorisme, des voix s’élèvent en France contre les termes des accords du 31 janvier. C’est l’annonce de la décoration d’Abdellatif Hammouchi Chef du contre espionnage marocain par Bernard Cazenneuvequi qui cristallise cette indignation. Patrick Baudoin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme ( FIDH) qualifie cette décision de « véritable scandale » et d’ « une honte pour la France ». Au même moment, dans un communiqué publié le 20 février, le jury du prix Albert Londres, a décidé de boycotter le Maroc.

LA FÉDÉRATION DÉMOCRATIQUE DU TRAVAIL (FDT) A APPELÉ SES MILITANTS À ORGANISER MASSIVEMENT DES SIT-IN DEVANT TOUTES LES WILAYAS ET PRÉFECTURES LE 21 FEVRIER POUR DÉNONCER LES FAUX SEMBLANTS ET FAUX-FUYANTS DU GOUVERNESIT IN MENT EN MATIÈRE DE DIALOGUE GROGNE SOCIAL. POUR LES LEADERS DE CETTE CENTRALE SYNDICALE, L’EXÉCUTIF NE FAIT QUE TERGIVERSER LORSQU’IL SE DÉCLARE FIN PRÊT À INSTITUTIONNALISER LE DIALOGUE SOCIAL. EN SE BRAQUANT AINSI, LA FDT SE FAIT FORTE QUE DE SE RÉAPPRORIER LE DISCOURS FORT EN VERVE NOURRI NAGUÈRE PAR LA CDT.

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JUSTICE TENDUE La grève générale des greffiers est intervenue après une accalmie précaire qui n’a pas duré plus d’un an. Les greffiers qui estiment que le ministre de la Justice n’a pas honoré ses engagements quant au traitement de leur dossier revendicatif sont décidé à poursuivre leur lutte légitime quand bien même il y aurait ponction sur leurs maigres salaires. Le 12 février dernier, le dialogue engagé entre les deux parties avait débouché sur une impasse. M. Ramid fait montre d’une totale nonchalance à l’endroit des grévistes.


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ENTENDU EDUCATION

SAHARA

TOUT BAIGNE

RÉFORME SECRÈTE

Tout en veillant à ce que leur confort matériel et psychologique soit garanti (des moyens non négligeables auraient été mobilisés pour ce faire), les membres du Conseil supérieur de l’enseignement ont été briefés par Omar Azziman quant à la nécessité de gader bouche cousue. Ni les conditions dans lesquelles les diverses commissions travaillent ni la teneur des débats au sein dudit conseil ne doivent filtrer. Le droit à l’information passe à la trappe ! Voilà ce que l’on appelle du travail bien fait. Aux médias d’extrapoler...

L’ENSEIGNEMENT, UN DOSSIER EXPLOSIF!

GAUCHE !

CHARKI DRAISS, MINISTRE DE L’INTÉRIEUR EN CHARGE DE LA SÉCURITÉ S’EST RENDU À DAKHLA POUR SUIVRE DE PRÈS LES PRÉPARATIFS DE LA MANIFESTATION DE CRANS MONTANA QUI S’Y DÉROULERA DU 12 AU 14 MARS. UNE FAÇON COMME UNE AUTRE DE SIGNIFIER AU POLISARIO QUI FUSTIGE UNE TELLE ACTION L’INANITÉ DE TOUTE ACTION DE SA PART. LE MÊME MINISTRE A AUSSI FAIT UN CROCHET AUX POSTES-FRONTIÈRES AVEC LA MAURITANIE POUR SENSIBILISER LES PRÉPOSÉS AU CONTRÔLE DES PASSAGE DE L’IMPORTANCE DE LA VEILLE SUR LA SÉCURITÉ DU PAYS.

Ce n’est certainement par pur hasard que le PPS a choisi de réunir des partis arabes de gauche le 20 février dernier à Rabat. Histoire de débattre du « Printemps arabe » et d’évaluer les expériences de l’islam politique. En tout cas, Nabil Benabdellah n’a pas hésité à faire grand cas du « modèle marocain » qui a permis la cohabitation d’un ex-parti communiste avec une formation islamiste modérée, le PJD en l’occurrence. A chacun son 20 février, en somme. Reste à savoir de quoi aura été faite la conviction des invités du PPS. Le parti communiste libanais, son alter-égo soudanais… Auront-ils été édifiés par l’expérience marocaine ? A suivre au-delà, bien sûr, des déclarations de circonstance.

SURTITRE Le dialogue social qui a démarré le 10 février dernier sous la houlette du Chef du gouvernement est diversement apprécié par les centrales syndicales. La FDT affiche sa circonspection quant à l’aboutissement du dialogue social alors que l’UMT se déclare optimiste. Miloudi Moukharik qui chapeaute la plus vieille centrale syndicale considère que Abdelilah Benkirane a innové en établissant un canevas et des propositions, tranchant ainsi avec son approche précédente. L’innovation la plus singulière est la mise sur pieds de trois commissions de dialogue. La première qui a démarré ses travaux sur les régimes de retraite le 23 février est secondée par une autre en charge des délégués du personnel. Ce premier round prendra fin début mars avec la réunion de la commission chargées des « revendications sectorielles ». La question qui se pose dès lors serait de savoir comment les divers syndicats impliqués apprécieront in fine ledit dialogue. D’autant plus que le gouvernement cherche par tous les moyens à « forcer » le passage pour faire aboutir une des réformes les plus critiquées : celle des retraites. L’approche sera-t-elle consensuelle ? Rien n’est moins sûr… Surtout que les syndicats craignent de se voir débordés par leurs bases peu enclines à y laisser des plumes.

EXPECTATIVE

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ENTENDU LISTES ÉLECTORALES :

INTÉRIEUR

A LA PEINE

FERME Mustapha El Manouzi, Président de l’IER et Kamal Lahbib, Président de la Fondation Alternatives Maroc n’auront pas réussi dans leur démarche conciliatrice menée entre l’Intérieur et les 22 organisations de défense des droits humains. Les conditions ne sont pas encore « suffisamment mûres » pour arriver à un terrain d’entente, ont laissé entendre les deux médiateurs. Ni les responsables de l’Intérieur ne semblent prêts à lâcher du lest, ni les militants de l’AMDH ne veulent de rencontre qui ne serait pas précédée d’excuses de M. Hassad, ministre de l’Intérieur qui reproche à l’association de bénéficier d’un soutien financier international conséquent géré de façon opaque. Devant pareil blocage, l’AMDH a décidé de faire du grabuge à l’international. De quoi braquer davantage les responsables de l’Intérieur très chatouilleux dès lors que le linge sale quitte les laveries locales.

LE PI TRINQUE ! CASINO SAADI :

Voilà plusieurs semaines que la mobilisation est à son comble pour que le corps électoral réponde à l’appel citoyen lancé pour le rafraichissement des listes électorales, source de plusieurs récriminations partsanes. Pourtant, la campagne n’aura pas abouti aux résultats escomptés. Seuls 1,9 million de nouveaux inscrits se sont manifestés poussant des formations politiques à demander de prolonger les délais pour s’assurer du succès de l’opération pour laquelle des deniers publics (le budget raflé par une agence de communication est maintenu secret) ont été mobilisés.

Abdellatif Abdouh, député istiqlalien en charge de la ccordination du PI à Marrakech est dans la mouise depuis qu’il a été condamné, en appel, à 5 ans de prison ferme, outre les amendes, dans le fameux procès du Casino Saadi. Cette affaire qui a éclaté il y a 8 ans de cela, suivie de près par l’opinion locale, est l’expression même de la gabégie dans la gestion des affaires locales. L’ex-Président de la Commune Menara Gueliz et ses acolytes auraient amassé des fortunes en jouant des passe-droits et en mettant en vente des terrains dédiés à la promotion immobilière à des prix dérisoires. Poursuivis avec ses acolytes pour « corruption et dilapidation des biens publics », le cador istiqlalien aurait même usé et abusé de sa position pour arracher, au prix d’un procès intenté contre la mairie de la ville, un dédommagement de 13 MDH.

ABOUBAKR BELKORA, EX-MAIRE PJD DE MEKNÈS, DEVRA RÉPONDRE DEVANT LE TRIBUNAL DE LA CAPITALE ISMAÏLIENNE DU TRAFIC DONT S’EST RENDUE RESPONSABLE LA SOCIÉTÉ DE JUS DONT IL EST LE PROPRIÉTAIRE DANS LA RÉGION. EN EFFET, LES SERVICES DE DOUANE

LA MOUISE !

FRATERNITÉ “PJIDISTE” CONFIRMÉE

RÉCLAMENT À LA SOCIÉTÉ QUI COMMERCIALISE LES JUS SOUS LA MARQUE « VALENCIA » UN TOTAL DE 3 MDH AU TITRE DE LA TIC. MAIS LES DÉMÊLÉES DE CE BAILLEUR DE FONDS DU PJD AVEC LA JUSTICE SONT ENCORE LOIN D’ÊTRE TERMINÉES. EN EFFET, IL DEVRA RÉPONDRE SOUS PEU DE PLUSIEURS LOURDES CHARGES, DONT LA DILAPIDATION DE BIENS PUBLICS, DEVANT LA COUR D’APPEL DE FÈS. DANS CE DOSSIER EXPLOSIF, L’EX-MAIRE QUI A ÉTÉ ÉPINGLÉ PAR LA COUR DES COMPTES FAIT PARTIE D’UN LOT DE RESPONSABLES LOCAUX RESPONSABLES DE PLUSIEURS TRAFICS.

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ENTENDU

PSU

DES DÉPARTS… LE PSU CONSIDÈRE INAPPROPRIÉ QUE SES MILITANTS ADHÈRENT À LA CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL (CGT) ISSUE D’UNE SCISSION DE LA CDT ET PRÉSENTÉE COMME LE BRAS SYNDICAL DU PAM. TOUS CEUX QUI ONT ÉTÉ TENTÉS PAR LA CGT, OUTIL DESTINÉ À BALKANISER LA SCÈNE SYNDICALE, DEVRAIENT SE RETIRER OU QUITTER LE PARTI QUE DIRIGE NABILA MOUNIB. IL Y A LIEU DE RAPPELER QU’UN DES LEADERS DU PSU QUI AVAIT INTÉGRÉ LA NOUVELLE CENTRALE A DÉMISSIONNÉ DE SA FORMATION DE BASE POUR SE RÉFUGIER AU PAM. ON PARLE MÊME DE PROCÈS CONTRE LA DIRIGEANTE DU PSU QUI A FAIT PREUVE DE FERMETÉ À L’ENDROIT DES RÉCLACITRANTS.

Travail des enfants

L’UNICEF réagit La représentante de l’UNICEF au Maroc a fait la nouba des deux chambres pour fustiger la décision du gouvernement de fixer l’âge des bonnes à 16 ans. Elle a attiré l’attention des présidents des deux chambres sur le fait que le Maroc a déjà souscrit, en 1993, aux conventions internationales qui interdisent le travail des enfants et que la nouvelle loi sur les petites bonnes s’inscrit en faux vis-à-vis des principes de l’OIT. Les instruments internationaux auxquels s’est joint le pays interdit, dans son article 32, l’exploitation économique des enfants. Les formations de l’opposition s’étaient insurgées contre cette loi que l’Exécutif a passé au forceps. Le combat est-il pour autant fini en vue d’amender ladite loi qui met le pays dans une situation des plus inconfortables ?

Notabilités

La course s’organise L’USFP n’a pas attendu longtemps pour suivre le PI dans sa quête de notables capables de faire la différence au niveau électoral dans la région du Nord. Ainsi, D. Lechgar him self s’est-il rendu chez Tahar Abaakil pour lui baliser la voie d’une intégration au sein de la famille socialiste. Auparavant, l’Istiqlal que dirige Hamid Chabat, avait scellé une alliance avec la famille Al Arbaine qui, à l’instar des Abaakil, ont fait fortune dans l’immobilier et ont toujours été du lot des formations proches de l’administration connues sous le sobriquet de «cocottes-minute ». Reste à savoir si la greffe réussira dans le jardin des socialistes mis à mal par une scission

CONGRÈS DE L’UC

DERRIÈRE ABIED Dans la famille de la droite, il y a un parti qui fait peu parler de lui : l’Union Constitutionnelle. Pourtant, cette formation qui accomplit son apprentissage parmi l’opposition prépare son 5ème congrès national pour fin mars. « Les documents pour ce forum sont fins prêts » souligne Mohamed Abied, patron de cette formation qui, sans surprise, devrait rempiler.

DE LA ROSE AU BOURGEON

Le courant « démocratie et ouverture » de l’USFP serait sur le point de donner vie à une nouvelle formation politique qui aurait pour nom soit l’Union démocratique socialiste (UDS) soit le Parti démocratique socialiste (PDS). Cette formation affiche son attachement au « socialisme démocratique » et aux principes de l’ouverture sur la société. Abdelali Doumou qui dirige les frondeurs souligne que la nouvelle formation tiendra son Congrès constitutif en mai et travaillera avec des alliés déjà identifiés : UNFP, Congrès national Ittihadi et PADS.

14690 est le nombre des candidats au concours de l’avocature qui vient d’être organisé pour la première fois, loin de la supervision et des magistrats et des avocats.

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SAHRAOUIS

COME BACK…

IVG

TRANCHER

L’épisode qui a opposé Lhoucine Louardi, ministre de la Santé au Pr Chafik Chraibi autour de la question de l’avortement n’est pas prêt de livrer tous ses secrets. Si un débat national est à engager sur la question, juge le PPS via son S.G Nabyl Benabdellah, le MP serait, lui, pour une légalisation conditionnée. Mohand Laanser a fait une déclaration dans ce sens en marge de sa visite au SIEL, à Casablanca. L’affaire n’est pas définitivement tranchée au point de rassurer définitivement C.Chraibi sur le bien fondé de la bataille qu’il a engagée au point d’y laisser des plumes. L’espoir est que l’élan de mobilisation suscité par le dossier du « tournage illégal » ne retombe pas face aux promesses soporifiques des politiques. Surtout que le PJD ne se sent point à l’aise dans le traitement de ce genre de questions où le religieux le dispute à la raison.

Le PJD a saisi la balle au rebond en interpellant le gouvernement sur le cas des milliers de ressortissants sahraouis qui demandent à rentrer au pays. Mbarka Bouaida avait annoncé lors d’une émission télévisée que plus de 5.000 sahraouis en provenance des camps de Tindouf assiègent les représentations diplomatiques du Royaume en Mauritanie pour réintégrer le Royaume. Nul besoin de rappeler que ce dossier là représente un réel défi pour le gouvernement dans son ensemble. D’autant que, comme l’avait rappelé le bras droit de S. Mezouar aux AE, il faut déjà gérer au mieux la situation des 12.000 sahraouis qui avaient regagné le Maroc il y a plusieurs lustres de cela. L’affaire est assez cocasse puisqu’il faut bien analyser la donne pour ne pas permettre aux séparatistes du Polisario de s’infiltrer dans le Royaume pour semer la zizanie.

AMALGAME L’examen des textes relatifs aux futures élections territoriales par la chambre haute serait contraire à l’article 78 de la Constitution. Les textes devraient d’abord transiter par la chambre des Conseillers avant d’être soumis à l’appréciation des parlementaires. Le gouvernement aura ainsi choisi de tordre le cou à la loi. Pourtant, aucune autre interprétation n’est possible. Sauf celle de l’Intérieur qui, pressé de valider les textes, transite par la chambre haute, là où le gouvernement dispose de la majorité.

Assurément, le PAM entend enrichir ses instances et engage une course contre la montre pour ce faire. Cette formation prévoit un congrès pour sa jeunesse à la mi-mars.

Les diplômés chômeurs qui ont suivi une formation dans les circuits de l’enseignement pour faciliter leur intégration dans le système d’éducation privé ont investi la rue pour dénoncer le manque de suivi par DIPLÔMÉS CHOMEURS le gouvernement de leur insertion dans le monde du travail. Une maPAS DE GRAAL ! nifestation sans lendemain ? Rien n’est moins sûr. D’autant qu’ils ont à leurs côtés des milliers d’autres qui ont usé leurs chausures en battant le macadam devant le Parlement.

DRISS EL YAZAMI (CCDH) A FAIT UE PROPOSITION AU CHEF DU GOUVERNEMENT POUR QU’IL PRÉVOIT UN SOUTIEN CONSÉQUENT (EN CORE À BUDGÉTISER) AUX HANDICAPÉS. L’AFFAIRE N’EST PAS MINCE : LE NOMBRE DES BÉNÉFICIAIRES AVOISINE LES 1,5 MILLION. QUANT À CELUI DES FEMMES VEUVES…

CONCURRENCE

RAS-LE-BOL Abdelali Benamour, patron de l’institution en charge de la concurrence, multiplie les sorties médiatiques pour dénoncer les retards accumulés en matière d’habillage législatif de cet organe. Il en profite aussi pour souligner que sa structure a constaté que des appels d’offres publics lancés ont privilégié des opérateurs sans les autres et que l’Etat persiste à soutenir des secteurs au détriment d’autres… Ce qui annihile toutes les règles de la concurrence. En dénonçant ces tares, il n’hésite pas non plus à mettre le doigt sur un autre retard de taille : le renouvellement des membres du Conseil dont les mandats avaient expiré depuis octobre 2013. Et ce qui court pour les membres court aussi pour le Président et pour le secrétaire général de l’Instance dont les mandats peuvent être prorogés une seule fois. PERSPECTIVES MED

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HUMEUR Lhoucine Louardi

ALLEZ, DU NERF ! Pr. Louardi est au fait de ce qui ne se passe pas bien dans la santé. Lhoucine que ses amis ont souvent sollicité lorsqu’il officia au CHU de Casablanca sait à quoi s’attendre en termes de soins. En praticien, et le ministre n’a pas attendu longtemps pour faire des tournées d’inspection un peu partout dans le pays, il n’ignore pas, non plus, que les établissements de santé sont gangrénés par la corruption. Même les interventions sollicitées en faveur de quiconque, riche ou pauvre soit-il, se monnayent. Là, il n’y a pas de vaccin à inoculer pour prévenir le mal. Ni de traitement susceptible de circonscrire une maladie qui corrompt le corps social. Mais il y a aussi « l’évolution théorique » que nombre de citoyens n’arrivent pas à assimiler : la libéralisation d’un secteur névralgique, certes, mais social avant tout. Nul besoin de rappeler au ministre que le RAMED, c’est du pipo, sans plus ! Qu’il aille faire un tour pour voir ce qui se trame derrière une généralisation supposée des soins de base. Du théorique ! Mais le pire, camarade, c’est la prévention que le pays est droit d’avoir comme politique susceptible d’éviter le pire. Allez, pour ne rien ajouter, qu’a-t-on fait pour l’éradication, par exemple, de la Leishmaniose ? Nos amis amerloques ont raison de tirer la sonnette d’alarme…

Abdellatif Hammouchi

COLLÉGIEN TOUJOURS…

C’est la discrétion même, lorsqu’on évoque le cas Abdellatif Hammouchi. Pourtant, le patron de la DST, célèbre et puissant service marocain de contre espionnage, ne manque point d’épaisseur. Et ceux qui ont voulu se frotter à lui, comme à un vulgaire fonctionnaire de bureau, l’ont regretté amèrement. Nul besoin de rappeler l’épisode parisien qui a mis en émoi le pays et la communauté du renseignement à laquelle il appartient. Pour une sombre affaire de torture, il a failli tomber dans les lacs de la justice française. Celle que l’on présente comme une puissance indépendante du politique alors que dans le cas de George Abdellah, militant libanais de la première heure, la magistrature se met au garde-à-vous du politique. Un épisode que le puissant Abdellatif saura gérer par pertes et profits… Surtout que son aura le dépasse pour jouir d’une distinction espagnole. Avant de bénéficier d’une décoration tricolore juste à même de le réhabiliter aux yeux de ceux qui, intéressés, jouent la partie anti-marocaine sur le sol français. Pour l’heure, nul ne peut contester l’expertise de l’homme de l’ombre qu’il est. Il connaît sur le bout des doigts la galaxie djihadiste qui donne de l’urticaire aux plus puissants de ce monde. Comme un collégien qu’il fut, il a potassé leur littérature jaune pour en faire une thèse qui le propulsa là où il est. Mais gageons que le collégien d’un jour est un collégien de toujours. Surtout qu’il est au centre de l’information et à la tête d’un établissement stratégique appelé à séparer le bon grain de l’ivraie. Etre à jour est la meilleure des distinctions à s’offrir…

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Ahmed El Haij

Portrait

CAUSE TOUJOURS

R

MIEUX VAUT EN RIRE !

etranché derrière la carapace du vieux militant que rien n’a réussi à faire plier, par même les années de prison qu’il passa au coté d’autres camarades d’Ilal Amam, Ahmed El Haij, puissant patron de l’AMDH, a beau faire la politique du roseau, il n’a pas réussi a faire fléchir l’irascible Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur. Une confrontation entre égos ? Rien ne le laisse croire. Digne, El Haij qui marche sur ses 60 ans, est toujours conciliant dans sa démarche. Sauf lorsqu’il est question de fouler aux pieds les principes auxquels il croit. Et en matière de défense des droits humains, des efforts sont encore à faire pour éviter aux pays aussi bien les critiques endogènes que celles exogènes qui s’apparentent à l’injonction. El Haij a toutes les raisons de croire que le pays peut forcer la marche, en renforçant plus vite les acquis, et partant l’admiration des observateurs d’où qu’ils soient. Et rien ne peut le faire plier sur ce choix qu’il partage avec d’innombrables marocains qu’ils militent ou non au sein de l’AMDH. Même au sein du système lui-même, il y en a qui y croient dur comme fer. Mais c’est une autre histoire. Ce n’est donc pas pour rien que Badia Riadi peut encore se sentir confortée dans le choix de son successeur… Le syndicaliste Ahmed, philosophe dans l’âme, a toutes les raisons de voir les choses d’en haut. Rien ne vaut une vision panoramique pour défendre d’innombrables droits toujours déficitaires dans le pays. Et c’est avec philosophie qu’il accueille les critiques des hommes de l’Intérieur qui lui reprochent de « toucher » l’argent de l’étranger sans pour autant établir de rapport détaillé sur les dépenses. L’Intérieur a ce vice-là qu’il veut savoir tout. Mais cela n’empêche pas les autres de demander aussi des comptes à ce même Intérieur. Faisan jouer le sacro-saint droit à l’information, El Haij n’en réclame pas moins la transparence ministérielle dans la distribution des deniers publics aux associations. Qui bénéficie de quoi et comment ? Et c’est là où le jeu se corse. Surtout que tous les officiels, confortablement établis derrière leur comptoir, laisse fuser une seule réponse : cause toujours ! PERSPECTIVES MED

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ENTENDU

BAM

VERS UN NOUVEAU STATUT

Sanctifier l’indépendance de Bank Al Maghrib vis-à-vis du pouvoir politique tout en instaurant un contrôle parlementaire tel est entre autre l’objectif principal de l’avant-projet de loi réformant le statut de la Banque Centrale déposé dernièrement par le ministère de l’Economie et des finances. Tout en veiillant sur le maintien de la stabilité des prix, mais aussi du système financier, BAM devrait aussi pouvoir proposer directement des mesures au gouvernement, prendre des participa-

tions dans les organismes de crédit et imposer des mesures de garantie aux banques. Dans la note du projet de loi, et concernant le régime de change, l’institution a été également autorisée à utiliser les réserves de change dans un objectif de défense ou de préservation de la valeur du dirham en cas de régime de change flexible. En contrepartie la politique de change qui relève aujourd’hui de BAM reviendra au ministère des Finances mais sera toujours mise en œuvre par la Banque.

Abdellatif Zaghnoun vient de se voir remettre les clés du bras financier de l’État. Ainsi et sur proposition du Chef du gouvernement, A. Zaghnoun, a été nommé par le Roi en tant que DG de la CDG après un parcours sans faute à la tête de la Direction générale des impôts. Son professionnalisme et sa rigueur marqueront à coup sûr le présent et le futur de l’institution.

Omar Faraj, ex-directeur des domaines de l’Etat au sein du ministère de l’Economie et des finances depuis 2010, a été propulsé à la tête de la direction générale des impôts. aura pour mission de conduire la réforme fiscale entamée par son prédécesseur. Ce commis de l’Etat respecté par ses pairs a toutes les chances de réussir son mandat. Ali Harraj a rejoint Wafa Assurance, le 12 février, en tant que nouveau PDG de la société en remplacement de Driss Bencheikh. A. Harraj aura pour mission de développer le mouvement d’expansion en Afrique de Wafa Assurance entamé l’an passé avec ses filiales au Sénégal et au Cameroun. Mohamed BACHIRI, porté à la direction de l’usine Renault de Casablanca (SOMACA), est le premier Directeur Général marocain depuis l’acquisition de Somaca par Renault en 2005. Pour l’histoire, Bachiri 1er Marocain à être promu en 2010 au statut cadre supérieur au sein du Groupe Renault, fut décoré par le Roi dans le cadre de l’inauguration du projet Renault Tanger.

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TRANSPORT DE VOYAGEURS

C’EST PARTI POUR UN TOUR La Fédération du Transport de la CGEM, engagée durant ces trois dernières années dans l’élaboration d’un projet de réforme du secteur du transport routier en commun interurbain de voyageurs au côté du ministère de l’Equipement, du transport et de la logistique (METL), vient de rendre public un ensemble de propositions dans le but de parachever la mue en cours. Le blocage de ce projet de réforme qui a buté sur le traitement de la question des agréments pourrait être dépassé suivant les propositions de la Fédération qui se résument en 2 points: la fixation d’une période transitoire de 5 années et la mise en place, durant cette période, d’un cadre contractuel juridique précisant les relations entre l’exploitant et le titulaire de l’agrément. Le tout dans le cadre d’un schéma directeur national du transport routier de voyageurs prenant en considération les besoins de mobilité des citoyens et la coordination intermodale y afférente.

AÉROPORT NATIONAUX

QUALITATIVEMENT PAUVRE eDreams, une agence de voyage espagnole en ligne, active à travers un réseaux de sites en français, espagnol, anglais, italien et portugais, a sorti son 4ème classement annuel 2014, des meilleurs et des pires aéroports du monde. L’aéroport international Mohammed V de Casablanca et celui de Marrakech-Menara figurent parmi les pires aéroports au monde dans un classement dominé par l’aéroport de Düsseldorf, en Allemagne et celui de San Fransisco. Ce classement se base sur les notes, avis et commentaires de plus de 18.000 clients de l’agence en retenant comme critères la sécurité, l’accueil ou les services relatifs aux livraisons de bagages.


CHRONIQUE BONJOUR LES DÉGATS

L’ÉPINE IVG… Par : Said Akechmir

L

a voie ministérielle n’est pas que pavée de roses. El Hossein El Ouardi, ministre en charge de la Santé, ne l’ignore certainement pas. Lui qui est à l’origine du triste épisode qui a mis sur la touche Pr Chafik Chraibi qui officiait à la Clinique les Orangers. Bien entendu, c’est la question de l’avortement qui est à l’origine des ruades du ministre qui a foulé aux pieds les bourgeons de l’espoir. Car une bonne partie de la population refuse d’assassiner une revendication d’ordre sociétal. Pourquoi faire grand cas de l’éthique lorsqu’il est question de coller au gibet un médecin qui n’a commis aucun tort, quand bien même il aurait outrepassé les réserves d’usage en autorisant une équipe de télévision étrangère à réaliser un reportage sur un fait de société ? C’est oublier que le militant de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC) ne dérogeait pas à la règle de rigueur en mettant les Marocains devant un miroir qui ne déforme en rien la réalité pour amère qu’elle soit. Et elle l’est, en sus, lorsque les chiffres sont froidement égrenés, alors qu’il est question de sang, de larmes et de mort tragique s’il en est :n’est-il pas vrai que près d’un millier de nos femmes avortent chaque 24 heures alors que l’acte médical est criminalisé ? El Ouardi aura beau afficher sa sympathie avec le confrère qu’il a durement sanctionné, le coup mortel est bel et bien parti. Forçant la direction du PPS, formation de laquelle est issu le ministre de la Santé, à sortir des rangs d’un « consensus national » négocié avec les islamistes du PJD pour faire grand cas de l’IVG… Dans cette atmosphère polluée, il y a lieu de souligner qu’El Ouardi LA RAISON DE LA n’aura pas grandi la formation à SOCIÉTÉ, CELLE QUI laquelle il est accolé en faisant FORGE CELLE DE L’ETAT, preuve d’une hypocrisie des plus APPELLE À UN cruelles. Marcher sur ses convicTRAITEMENT DE CHOC DE tions pour peu que le poste soit L’IVG sauf. On est loin de la tradition du « petit parti aux grandes idées » qui avait forcé l’estime aussi bien des alliés traditionnels des Camarades que de ses adversaires jurés. Et cela éclaire d’un jour nouveau le peu de cas que le gros des citoyens fait de la politique dans son ensemble et de ses attributs en particulier. Point de rush sur la grande opération menée tambour battant

pour l’inscription dans les listes électorales. L’hypocrisie ? Le mot est politiquement fort, on en convient. Mais la pire des hypocrisies est celle qui enferme toute une société dans un carcan de faux semblants, y compris éthico-cultuels, alors que le chaudron qui en fait son lit (sans jeu de mots) est bouillonnant d’amalgames et d’à-peu-près. Une société où l’hypocrisie agite les sens est une société éminemment schizophrène. Elle fait la chose et ordonne son contraire. Autant dire sans valeurs ni éthique. Et c’est ce qui est retracé à travers la position ambivalente vis-à-vis de l’avortement. Des femmes meurent sur des billards, d’autres succombent dans l’anonymat pour expier un péché. Et elles ne sont pas les seules à exprimer le drame d’une société où de nouveaux nés sont abandonnés à leur triste sort. Et même ceux qui arrivent à vaincre la faucheuse au milieu des immondices n’en réchappent pas ! Ils portent en eux les stigmates de l’ignominie. Il faut dire que la société ne porte pas les orphelins dans son cœur. Ce n’est pas pour rien qu’on les martyrise en les affublant d’un titre qui sonne comme un crachat : « sale goutte ! ». Pourtant, rien n’empêche nos théologiens de faire preuve de générosité en élargissant l’empathie aux « enfants de la rue » qui ne sont, in fine, que les victimes d’une grossesse indésirable. Surtout que le bon sens religieux qui fait grand cas du Créateur, omniscient, omniprésent et omnipotent s’accorde à souligner que l’Homme reste faible et faillible. Dès lors, continuer à épiloguer sur la responsabilité d’Eve ou d’Adam dans la cueillette de la pomme c’est verser en plein dans la casuistique. Alors que la raison de la société, celle qui forge celle de l’Etat, appelle à un traitement de choc de l’IVG. Une affaire à ne pas réduire à une épine dans une botte de foin au motif que le pays a d’autres priorités. Le respect du droit à la vie passe nécessairement par le respect de la volonté exprimée par les femmes. Celles-là mêmes que nos islamistes chosifient, sans vergogne, en n’y voyant que des lustres juste propres à décorer les plafonds. S’ils ne les rabaissent pas en y voyant des comptes déficitaires en termes de dévotion et de rationalité. Dès lors, El Ouardi fleure-t-il bon « le père fouettard»? Il n’est jamais trop tard pour réagir… Sans langue de bois par trop bureaucratique !

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DOSSIER SÉCURITAIRE

LE DJIHADISME EN POINTE Par : A. Ben Zeroual

Du côté des sécuritaires, la mobilisation reste de mise. Les services sont en proie à une vive inquiétude de voir les djihadistes passer à l’action. La multiplication des opérations préventives dans les milieux islamistes rassure quant à la veille constante. Une veille à laquelle s’allie la société civile.

L’

armée marocaine est sur le qui-vive au niveau des diverses frontières. Objectif : empêcher toute violation du sol national. Et les divers services en charge de la veille sécuritaire sont sur les dents pour empêcher que le pays ne vive au rythme de drames sanglants. Car les alertes sont multiples. D’abord, parce que l’environnement « immédiat » n’est pas réconfortant au vu de ce qui se passe dans l’espace sahélo-saharien, de l’effondrement de l’Etat libyen et des diverses opérations menées par la Tunisie, comme par l’Algérie, en vue de juguler le danger terroriste. Ensuite, parce que des rapports étrangers font clignoter tous les signaux d’alerte. Car le Maroc, sur la foi de révélations faites par de sérieux centres d’analyses, aurait involontairement « exporté » depuis 4 ans quelque 8.000 « combattants » vers le Machrek, combattre dans les rangs du Front Al-Nosra, filiale d’Al-Qaida en Syrie, et de L’Emirat Islamique d’Al-Baghdadi

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(Daech). On est loin des 3.000 combattants, voire moins, dont les médias ont parlé. Dans un rapport élaboré par l’Institute for Near East and Gulf Military Analysis (ENIGMA), cette énumération serait le fruit de « révélations » obtenues par les experts US auprès de responsables marocains. L’affaire est sérieuse lorsqu’on sait que l’instabilité en Irak et en Syrie a tendance à se déplacer. Et que l’EI ne manque guère de moyens financiers pour s’assurer des recrutements d’envergure au sein d’une jeunesse sans repères. Les experts d’ENIGMA parlent de 34 milliards de dollars. Plus, The Intre-University Center for terrorisme studies (IUCTS), brosse un tableau des plus inquiétants pour la région maghrébine à la lumière de la déconfiture de l’Etat libyen. Pour l’IUCTS, 2015 reste identique en termes de dangers que l’année qui s’est écoulée. Et rien ne vient confirmer que la région renouerait avec la normalité de sitôt. On comprend dès lors pourquoi le Maroc a décidé de bloquer son ciel face aux avions libyens. Comme la célérité avec laquelle il s’est empressé de soumettre toute importation de drones à une autorisation préalable. D’ailleurs, les Casablan-


cais ont eu découvrir combien à l’œil des services est vigilant lorsqu’une mallette suspecte au Maarif a été vite prise en charge par les éléments du déminage. En parallèle, il y a lieu de rappeler que « les frappes préventives » que subissent les milieux soupçonnés de djihadisme se sont multipliées ces derniers mois. Renforçant ainsi le pipe de la chambre correctionnelle chargée des affaires de terrorisme à l’annexe de Salé. Cette juridiction relevant du tribunal de Rabat résonne des échos d’un grand procès de terrorisme dans lequel sont poursuivis 20 mis en cause, dont 18 ont été déjà auditionnés. Les 20 prévenus sont accusés de recrutement de volontaires pour le djihad en Syrie, volontaires dont le nombre s’élève à 60 personnes, dont trois femmes qui ont rejoint leurs maris sur place. Les prévenus sont poursuivis pour appartenance à des organisations terroristes, constitution d’une bande criminelle avec intention de commettre des actes terroristes dans le cadre d’un projet collectif visant à porter gravement atteinte à l’ordre public, appartenance à une organisation religieuse interdite, tenue de réunions publiques sans autorisation, financement du terrorisme et apologie d’actes terroristes. Des charges qui se répètent au fil des arrestations. Bien entendu, le combat mené contre le terrorisme se fait, valeur aujourd’hui, avec bonheur. Et les experts marocains n’hésitent pas faire la nouba de capitales étrangères pour analyser un modus operandi jugé ailleurs aussi pertinent qu’irréprochable. Le Maroc ayant fait de la lutte contre le terrorisme non seulement une affaire purement sécuritaire, mais aussi économique et cultuelle. C’est dans ce cadre-là qu’il faudra placer la multiplication des échanges d’expertise entre le Maroc et les pays amis. D’ailleurs, tout récemment, le DG de la Sûreté Nationale a reçu son homologue français pour parler coopération opérationnelle. Terrorisme et nouvelles technologies, échange d’informations et d’analyses stratégiques, expertise technique et scientifique ont été les sujets abordés à cette occasion. Et ce qui court avec les Français cout aussi pour nos voisins espagnols ou encore nos amis américains. Cela sans oublier nos partenaires arabes en proie à la lutte contre le terrorisme. Même avec l’Algérie, pays qui continue à condamner sa frontière avec le Royaume, il faut dire que la coopération sécuritaire se fait même si elle reste à un stade des plus faibles. En tout cas, si l’EI a tendance à globaliser ses actions, notamment en s’étendant à d’autres espaces, la lutte contre le terrorisme appelle, elle aussi, à être globale. La coopération, dans ce cadre-là, servant de base à toute action porteuse.

Ahmed Raïssouni

PETITE FRAPPE !

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our ceux qui l’ignorent encore, Ahmed Raissouni n’est pas une parfaite inconnue dans l’équation de ce qu’il convenu d’appeler « l’islamisme modéré » national. Ce fkih de Larache fut l’un des idéologues du bras idéologique du PJD au gouvernement. Et le reste certainement malgré les simagrées des uns et des autres qui voudraient évacuer et son poids et son aura de la scène comme lorsqu’on se précipite de tirer un tapis sur la poussière. Il ne faut pas se voiler la face : l’homme reste dangereux ! Et on pèse bien les mots comme on soupèse les réactions qu’une telle affirmation pourrait engendrer. Les Marocains n’ont pas l’oubli facile. Ils n’ignorent pas que les postillons de notre barbu ne dépassent pas sa pensée et qu’il prend soin de bien tourner sa langue dans la bouche avant d’avancer quoi que ce soit. En chargeant bille en tête la commanderie des croyants, il ne faisait qu’exprimer tout haut ce que d’autres disaient tout bas. Autant dire que notre gugusse n’est pas isolé dans la galaxie des barbus. Il a ses affidés que la couche de modération dont ils se targuent peine à ravaler leur façade consolidée, brique par brique, par le ciment de l’extrémisme. Les preuves d’une telle errance idéologique sont légion. Et il suffit de s’arrêter pile devant ses dernières déclarations, à l’heure où Daech multiplie les malheurs fort médiatisés, ici et là, pour éliminer tout doute. A. Raissouni n’a pas trouvé mieux pour résumer sa profonde conviction que de dire que l’organisation terroriste qui sévit aussi bien au Machrek qu’au Maghreb (le drame libyen ne fait que commencer) relève de « l’illicite » tout autant que les efforts menés pour juguler cette barbarie du 3ème millénaire. Le fkih s’emmure dans la bêtise crade en adoptant une attitude aussi écartelée qui plus est reste dénuée de toute logique. On ne reprochera pas au tourbillonnant Raissouni de ne pas se contenter de garder les pieds sur terre, comme le dit l’adage, pour éviter que le vertige ne le fasse basculer tête la première du côté correct vers lequel penchent les lois de l’attraction. Car ce serait le priver de l’Ijtihad dont il fait preuve es qualité de membre de la Confrérie internationale des barbus. Celui-là qui le conduit à mettre sur un pied d’égalité les terroristes et ceux qui les combattent. Ah, la fulgurante trouvaille ! Sauf que le fkih dont il est question, celui qui a opté définitivement pour l’inconfort position entre deux chaises, ne saurait se prémunir des courants d’air que le vide génère. Faisant que ses tréfonds qui gargouillent le plongent illico en plein dans la souillure. Point de prière pour un partisan du djihadisme. Amen ! PERSPECTIVES MED

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RÉCONCILIATION FRANCO-MAROCAINE

BOUFFÉE D’AIR FRAIS À L’ELYSÉE Par : Abou Sarah

Si l’Histoire nous enseigne quelque chose, c’est bien que les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Alors, tels les membres d’une même famille, le Maroc et la France se rabibochent aujourd’hui après un épisode de refroidissement qui a duré de longs mois.

I

l faut dire que le 11 janvier 2015 est une date particulière pour les deux pays. Comme c’est le cas depuis 70 ans, le Maroc fête le Manifeste de l’indépendance de son ex-puissance colonisatrice: la France. Au même moment, cette dernière, endeuillée par une série d’attaques terroristes marchait, en mémoire des victimes de l’aveugle barbarie, à leur tête les journalistes de Charlie Hebdo, une date tragique qu’elle n’est pas prête d’oublier. Alors sitôt l’émotion passée, des voix se sont élevées de partout pour demander le rétablissement rapide de la collaboration des services de renseignements et judicaires entre les deux Etats. Et oui on ne peut pas tout contrôler ni tout prévoir, la menace djihadiste étant globale.

LA VOIE DE LA RAISON A FINI PAR L’EMPORTER SUR LES DÉBORDEMENTS PASSIONNELS

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FAITS ENTÊTANTS Durant l’année écoulée, les autorités françaises n’ont pas fait preuve d’une quelconque aménité avec leurs homologues chérifiens. Inutile de faire un inventaire à la Prévert tellement les sujets de crispation furent nombreux. L’épisode de Neuilly en février 2014 et le singulier et injustifié accueil du ministre marocain des Affaires étrangères par la Police des Airs et des Frontières à l’aéroport de Roissy ont constitué la ligne jaune pour Rabat qui a vu dans ces actes, et non sans raison, une atteinte à sa souveraineté. Plus grave encore est le rapprochement entre les autorités françaises et algériennes. Le contentieux entre Alger et Rabat fait que tout réchauffement des relations entre Paris et Alger cause irrémédiablement l’effet inverse du côté de l’axe Rabat Paris. Depuis 1975, en dépit de périodes tendues, la France a toujours été du côté du Maroc dans le règlement de l’Affaire du Sahara. Avec l’élection de François Hollande à la tête de l’Etat, et même en ayant eu comme premier hôte à l’Elysée le souverain marocain, il faut croire que le pouvoir politique français ait été des plus


tendres avec le Royaume. Puisqu’il a fini par succomber à une de ses tares congénitales : son antimonarchisme primaire. Oubliant au passage que Rabat ne tergiverse pas avec son intégrité territoriale. Quand bien même tout changement dans la position diplomatique de Paris dans le traitement de cette affaire serait grandement dommageable pour les deux parties.

L’APRÈS 11 JANVIER Le 9 février, la rencontre du souverain marocain avec le chef de l’Etat français à l’Elysée constitua le point d’orgue d’un rapprochement rapide sur la base d’intérêts communs. Même si quelques milieux ont tenté de « pourrir » l’éclaircie dans le ciel franco-marocain, notamment en faisant coïncider cette rencontre au sommet avec la publication par le grand quotidien du soir, Le Monde en l’occurrence, de « révélations » sur les avoirs du monarque dans la célèbre banque suisse, HSBC pour ne pas la nommer… Révélations qui, quelques jours plus tard, ont été annihilées par une mise au point royale. Mais que pèse un « fuitage » par trop parasitaire face à la raison d’Etat ? Pas même l’once d’un doute à instiller au sein d’une opinion publique quant à la pertinence du choix officiel de revenir à de meilleurs sentiments à l’endroit du Royaume. N’oublions pas que quelques jours auparavant, tout en regrettant les « incompréhensions » et en insistant sur « la nécessité absolue » de les dissiper, le Premier Ministre, Manuel Vals a rappelé, devant l’Assemblée nationale, « l’amitié » et « les liens étroits » qui unissent la France et le Maroc. Les chroniqueurs de la chose politique savent que les intérêts

bien compris des deux partenaires pèsent plus forts qu’une séparation que rien ne légitime si ce n’est le strabisme de quelques milieux parisiens qui les porte à préférer mieux le soufre des hydrocarbures algériens, quitte à fermer les yeux sur un système proto-démocratique que les clémentines marocaines… Quoi qu’il en soit, le 27 janvier, c’est autour de Mustapha Ramid et de Christiane Taubira, tous deux ministres en charge de la justice, de rétablir la coopération entre les deux pays. A ce propos, l’ambassadeur du Maroc à Paris, Chakib Benmoussa, déclara que « La coopération judiciaire et sécuritaire entre la France et le Maroc est désormais rétablie, avec le retour du magistrat de liaison marocain à Paris et de son homologue français à Rabat ». Plus, la réconciliation allait même prendre une autre tournure avec le revirement de Paris, un an après, dans le cas Hammouchi, patron de la DST. Après avoir été convoqué par la justice française en février 2014, Abdellatif Hammouchi, chef du contre-espionnage marocain fait un retour fracassant sur la scène. En visite à Rabat le 14 février, Bernard Cazeneuve, ministre français de l’intérieur, annonça qu’il s’apprêtait à décorer l’officiel marocain en lui remettant les insignes d’Officier de la Légion d’honneur. Plus, la date du 14 juillet a même été avancée dans ce sens pour garantir la singularité de l’événement. C’est un retour en grâce sur fond de louanges où il est question « d’expertise » et « d’efficacité » du Maroc dans la lutte antiterroriste. Ainsi Rabat et Paris ont recollé les morceaux d’une amitié indispensable entre les deux capitales. Outre les liens historiques et économiques, les fortes

communautés marocaine en France et française au Maroc témoignent si besoin est de l’importance d’une coopération assise sur des bases solides. Les nuisances factuelles de la poussée djihadiste en Afrique du Nord et au Sahel, sujet de préoccupation commune, a singulièrement accéléré ce rapprochement devenu nécessaire entre le Maroc et la France. Mais l’approche sécuritaire ne peut, à elle seule, constituer la réponse pour parer au pire. C’est dans une approche globale que les deux pays doivent œuvrer et initier des actions pour se protéger et repousser, avec le concours de tous les pays concernés cette menace qui se mondialise. L’investissement marocain en Afrique doit être assimilé dans ce cadre-là et non plus comme une marche forcée sur les platesbandes françaises. La complémentarité n’a de sens que si le co-développement retrouve toute son aura. Et à ce niveau-là, gageons qu’à Rabat, comme à Paris, il y a suffisamment d’intelligences pour avancer à pas sûrs pour plier définitivement la page d’une « Françafrique » qui ne fleure plus bon sur le Continent noir. Et encore moins dans le Royaume.

C’EST LE RÉÉQUILIBRAGE DANS LES RELATIONS ENTRE PARIS ET SES PARTENAIRES QUI EST EXIGÉ

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NOUVEAUX HORIZONS ENTRE RABAT ET PARIS

REPROFILAGES NECÉSSAIRES Propos recueillis par : A. Ben Driss

Après l’orage, c’est l’éclaircie qui marque les relations entre Paris et Rabat. Le temps est au reprofilage d’une coopération riche et variée. Si Paris doit s’activer dans ce sens, Rabat n’est pas dispensé de travailler, mieux, les autres France. PERSPECTIVES MED : LA DÉCRISPATION DES RELATIONS FRANCO-MAROCAINE EST-ELLE DÉFINITIVE ? ABDERRAHMANE MEKKAOUI : On peut aborder la problématique des relations maroco-françaises sous deux angles essentiels : le volet politique et le volet économique, sans sous-estimer les autres éléments qui jouent un rôle important dans les relations historiques et traditionnellement excellentes entre les deux pays et cela depuis le règne de Louis XIV et du Sultan My Ismail. Ces relations sont toujours marquées par un dialogue dense et régulier, voire bien des fois tendu. Sans remonter au loin, on peut dire que le Roi Mohammed VI avait choisi la France pour effectuer sa première visite d’Etat à l’étranger en mars 2.000. Il a été le premier chef d’Etat a être reçu par le Président français F. Hollande, une semaine après son investiture à l’Elysée. Le Maroc, comme la France, ont toujours réaffirmé la place réservée à leur coopération en tant qu’alliés exceptionnels dans tous les domaines. Paris, il ne faut pas l’oublier, a toujours joué le rôle de porte-parole auprès de nos partenaires européens. Malheureusement, l’année 2013 a été jalonnée par plusieurs malentendus. Mais les deux pays ont su dépasser cette étape et redonner un autre souffle à cette amitié historique et ancienne. Les relations d’Etat à Etat sont toujours profondes et pérennes mais il reste un effort pédagogique que le Maroc est obligé de consentir dans son approche des autres France, avec clairvoyance et doigté. Et l’effort doit porter sur les parties qui, génétiquement et idéolo28

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giquement, sont anti-marocains, elles qui font le jeu de l’hégémonie de nos ennemis historiques. Tout cela excipe d’un redimensionnement équilibré des relations bilatérales au sortir duquel les deux pays seraient gagnants à court, moyen et long termes. A VOS YEUX, LES LOBBIES PRO-ALGÉRIENS S’ACTIVENT POUR ENVENIMER L’ATMOSPHÈRE? A.M : Depuis l’avènement des socialistes au pouvoir, l’Algérie a investi énormément dans les autres France, partis politiques, associations journaux et journalistes, éditeurs, église protestante etc. Cette offensive dans l’Hexagone visait à briser le cordon ombilical entre la France et le Maroc en mettant en cause les relations bilatérales empreintes de cordialité. EST-IL OPPORTUN AUJOURD’HUI D’IMAGINER UNE AUTRE FORMULE DE COOPÉRATION ENTRE PARIS ET RABAT ? A.M :Bien évidemment qu’il faut capitaliser sur l’entente retrouvée pour avancer sur plusieurs fronts à la fois au bénéfice des deux nations. La brûlante actualité exige surtout une pleine coopération dans les domaines judiciaire, sécuritaire et militaire, les deux pays ont conscience que la sécurité de l’un dépend de celle de l’autre. Et cela se vérifie depuis les attentats de Paris contre « Charlie Hebdo ». Au niveau de l’intégrité territoriale du Maroc, la France qui a été la puissance colonisatrice principale dans la région du Maghreb a toujours soutenu l’intégrité territoriale du Maroc et l’a défendue contre vents et marées devant les instances internationales. Paris reste le détenteur de la vérité géopolitique de la région et les visées des gouvernants algériens depuis l’indépendance de

ce pays voisin. Dans ce cadre là, il faut mentionner le rôle actif de la société civile des deux rives pour éviter tout dérapage au niveau des relations qui demeurent toujours très solides malgré les nuages d’été qui assombrissent parfois le ciel. Pour ce qui est de la dimension économique, on remarque que la France est, depuis 2013, le second partenaire et fournisseur du Maroc et reste toujours le premier client du Maroc en absorbant 22% de ses exportations. Le prolongement économique du Maroc vers l’Afrique se fait en parallèle et en concertation avec la France. Car les entreprises françaises qui sont au Maroc disposent de filiales fortes de 750 sociétés employant plus de 80.000 personnes. Ce partenariat est le garant de l’expansion des deux pays dans le continent africain. L’élite africaine est consciente de cette force de frappe économique de premier ordre. Contrairement à ce que pensent beaucoup d’observateurs, la politique de développement entamée par le Maroc est faite en concertation avec les groupes français présents sur le sol du Royaume : 36 entreprises du CAC 40 s’y activent. Malgré la concurrence algérienne et la propagande qui l’accompagne, la France et le Maroc se trouvent dans la même tranchée aussi bien économique, politique que militaire. Plus, le tissu économique est conscient que les entreprises françaises doivent contribuer au développement social et humain du pays au lieu de rapatrier les bénéfices vers la France. C’est vers cette refondation des rapports, plus humaine, que la volonté est partagée de part et d’autre. Ce n’est pas pour rien que du côté marocain, la plus haute autorité plaide en faveur du co-développement et de la coprospérité. La France doit apporter les gages nécessaires pour réussir ce reprofilage stratégique.


CHRONIQUE VÉCU ICI

ET MAINTENANT ON FAIT QUOI ? Par Mustapha El Maleh

I

l y’a un mois que la barbarie a décimé une grande partie de la rédaction de Charlie Hebdo. Il y’a un mois cet hebdomadaire satirique était au bord du dépôt de bilan. Aujourd’hui, ce sont 200 000 abonnements enregistrés et près de 3 millions de numéros vendus auxquels s’ajoutent des dons par dizaines de milliers sans compter le million d’Euro débloqué par les pouvoirs publics pour assurer la pérennité du journal. Habitués au régime sec de la disette, les rescapés ne savent pas comment digérer ce trop plein dont ils se seraient bien passé et nous aussi. Toujours est il que les caisses débordent : Hamdoulillah. Al Qaida a atteint son but : sauver de la mort un fleuron de la satire française. Que du bonheur pour les iconoclastes de tous les pays. Mieux encore, au lieu d’écorner le principe de Fraternité qui orne les édifices publics de notre belle hexagone, cette attaque a soudé, pour un temps, dans un climat qui fleure bon la République, une nation en mal d’être depuis des années, une nation livrée par des politiques trompées dans la langue de bois, à des concepts fétides transmis de père en fille qui n’a de « Marine » que le nom. Bien sur, ici est là, des dissonances se sont faites entendre avec fracas dans le silence imposé par le recueillement. Dans ce concert d’unanimité, ce sont ces fausses notes qu’il faut non pas taire mais comprendre et corriger en conséquence. Deux courants de pensées se distinguent : les faucons qui rêvent d’une réponse uniquement sécuriLa théorie du complot taire, une réponse fleurit dans les rangs des où l’ordre prend laissés pour compte de le pas sur la loi. L’exemple du gamin la République de huit ans convoqué au commissariat pour apologie du terrorisme en dit long sur leur paranoïa. L’autre, Républicain, qui, au delà de l’émotion, s’interroge sur les maux qui rongent la société qui a accouché d’enfants maudits qui renient leur mère nourricière.

Les langues se délient et les yeux daignent enfin voir et peindre la sombre réalité. Le Premier ministre parle de ghetto et même d’apartheid. Si, et à juste titre, l’école laïque est brandie comme le premier rempart contre l’obscurantisme, d’autres maux plus sournois et ravageurs sapent le travail de cette belle institution. La pauvreté, le chômage, la ghettoïsation le racisme… un discours radical de quelques illuminés qui se sont intronisés sur les Minbars sans aucune légitimité sont autant d’éléments qui minent notre société. Si on ajoute a cet ensemble explosif, les chaines satellitaires et leurs hordes d’Oulémas qui prêchent à longueur d’ondes le retour à un passé glorieux sur les cendres de l’Occident, les réseaux sociaux sans aucune loi ni foi, la tâche est loin d’être aisée. La théorie du complot fleurit dans les rangs des laissés pour compte de la République. D’autant qu’ils sont intimement convaincus que la parole Publique est partiale. Cet été, face aux bombardements terrestres, maritime et aérien de Tsahal contre la bande de Gaza, le silence assourdissant des hautes autorités de l’Etat voir la légitimation de cette attaque sanglante a été très mal vécue par des millions de personnes qui ont accordé leur confiance et par conséquent leur bulletin de vote à l’hôte actuel de l’Elysée et à sa majorité au Palais Bourbon. Des réponses concrètes à la hauteur de la gravité de la situation s’imposent. Si comme on l’entend dans la bouche des responsables politiques « l’Islam de France » doit aider dans l’effort d’intégration des millions de jeunes hommes et femmes de confession musulmane et d’origines diverses et variées et le plus souvent nés et grandi en France, la parole politique doit être suivie de réalisations concrètes et visibles dans le quotidien de cette frange de nos concitoyens. L’exemple est la seule preuve d’autorité. Mais au vu des coupes sombres dans le budget de l’Education nationale, du ministère de la ville… la parole politique risque d’être encore du vent. Et en cette année du climat et ou la France est en retard dans les énergies renouvelables, il est plus que grand temps d’investir dans l’éolien.

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DE NOUVEAUX PROFILS POUR L’ARMÉE ALGÉRIENNE

ENTRE LIMOGEAGES ET CONFIRMATIONS Par : Lamia Mahfoud

De nouvelles têtes ont été nommées au niveau des diverses régions militaires algériennes jugées sensibles. Serait-ce là la dernière manifestation de la puissance d’Ahmed Gaid Salah, patron de l’ANP sous contrôle de l’hôte d’El Mouradia ? Cette carte maîtresse dont disposait le Président Bouteflika serait « grillée » face à la réémergence du puissant service piloté par Mediene.

«

C’est à un réel redressement de la colonne vertébrale du système algérien que l’on assiste », signalent nombre d’analystes de la chose militaire en Algérie. En effet, « la grande muette » dont le poids sur l’échiquier politique n’est plus à démontrer, de nombreux politiques l’ayant courtisée il y a quelques mois à peine pour « arbitrer » la transition après la vacuité du pouvoir consécutive à l’AVC de l’hôte du Palais El Mouradia, est sujette à un « chamboulement » sans précédent. Faisant d’elle un enjeu de premier ordre à l’heure où l’Algérie est confrontée à un voisinage marqué du sceau d’une instabilité qui risquerait de devenir contagieuse. Le précédent In Aminas, champ gazier occupé en janvier 2013 pendant quelques jours par le groupe djihadiste de Mokhtar Belmokhtar a de quoi échauder l’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP). D’où les importants changements

L’ANP FAIS SA MUE SOUS DE FORTES PRESSIONS

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intervenus à la tête des diverses régions militaires et la préparation de l’éviction, en douceur, du GénéralGaid Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major. C’est à croire que cet officier supérieur, adoubé pour un temps par le clan présidentiel, ferait partie des « victimes » de règlements de compte. Ceux-là mêmes qui avaient contribué à minorer, pour un temps seulement, le rôle de l’omnipotent patron des services algériens le Général Mediene. Avant que ce dernier ne voit son rôle central confirmé en tant que pièce maîtresse dans tout nouveau dispositif militaro-sécuritaire, voire politique. Le départ d’Ahmed Gaid Saleh se ferait dans les règles de l’art, c’est-à-dire avec une promotion exceptionnelle à la clé. Voire avec son maintien à la tête du département de la Défense, mais sans le prestige de l’uniforme, lors de la formation d’un nouveau gouvernement. Les spécialistes es questions militaires de l’Algérie rappellent à cet égard le précédent Abdelmalek Gnaizia. Le lâchage de Gaid Salah s’accompagne d’une montée en puissance de l’astre de Mediene, alias Taoufik, patron du puissant DRS qui avait subi un réel et inattendu aggiornamento durant l’été 2013.


C’était juste après le retour de Bouteflika de son séjour parisien à la clinique ValDe-Grâce. Une restructuration inopinée des diverses directions d’un service qui avait besoin d’être débourré et mieux contrôlé, selon des observateurs avertis. Mais qui n’a fait que jeter plus d’opacité sur l’action démesurée d’une puissante officine facilitant ainsi le retour de son patron sur la scène comme en témoigne sa présence remarquée à toutes les réunions sécuritaires qui se déroulent sous la coupole présidentielle. « Un coup d’épée dans l’eau » qui ne semble pas avoir mouillé outre mesure ce puissant pilier du système algérien qui veille au grain pour que le clan Bouteflika soit contrôlé même au prix de l’organisation de fuites pour le moins embarrassantes. C’est donc vers un retour au statu quo ante que l’Algérie s’achemine, avec un affaiblissement du rôle dévolu au Président actuel, diminué, pour réorganiser la donne. Avec ce que cela suppose comme rééquilibrage des pouvoirs sous l’arbitrage du puissant DRS. Gaid Saleh assumerait le rôle de « bouc émissaire » dans cette partie à plusieurs bandes qui se joue tout en privant, de surcroit, le chef de l’Etat de l’un de ses fidèles serviteurs. Ceci est d’autant plus vrai que toutes les tentatives menées par Bouteflika pour la domestication du DRS, en le rattachant directement à la présidence, ont failli. Permettant ainsi au célèbre Toufik de sauvegarder son pré-carré tout en s’arrogeant le droit de disposer d’une plus grande marge de manœuvre qui plus est bénie par les autres composantes du système algérien. Un rééquilibrage en somme qui annihile les prétentions de l’hôte du Palais El Mouradia à vouloir tout verrouiller, notamment en ayant procédé à des changements au niveau aussi bien de la section « sécurité intérieure » que de la section « sécurité extérieure » rattachée au DRS. Mouvement qui culmina aussi par le rattachement de la direction de la sécurité militaire à l’état-major.

Mais ce processus de réaménagement et de reprofilage n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. D’autant que c’est à l’APN qu’est dévolu le rôle principal de défense du territoire national contre le péril djihadiste qui s’est précisé particulièrement à partir de la Libye, pays en déconfiture où l’organisation « Etat Islamique » semble essaimer au point d’en faire une plate-forme de déstabilisation dirigée contre tous les pays nord-africains, de l’Atlantique à la Mer Rouge. C’est la raison pour laquelle la logique des mutations a touché pratiquement toutes les régions militaires depuis juillet dernier. Plusieurs généraux ont fait les frais de cette restructuration qui a démarré par les régions militaires qui, théoriquement, sont les plus exposées aux attaques djihadistes supposées. Il s’agir de la 3ème région, de la 4ème région et de la 5ème région militaire. Le général Ali SghirAissa, bras droit du patron de la 3ème région militaire relevant de la Wilaya de Bechar a été limogé au même titre que le général Mostapha Chakour qui faisait office de chef d’état-major pour la même région, cédant ainsi la place au général Hadi Boudersa comme aide de camp du général Mohand Amezian Si Mohand, chef d’état-major de la région. Pour la 4ème région militaire dépendant de Ouarghla, le général Djilali Yahyaoui, bras droit du patron de la région, a été limogé au profit du général Hassan Alimia, promu chef d’état-major pour la région sous les ordres du général Rachid Kettaf. Quant à la 5ème région militaire qui coiffe Constantine, le général Mohamed Bargham a été limogé et remplacé par le duo fait du général SaidZiad, chef d’état-major, et le général Noureddine Hambli, bras droit du chef de la région. A la direction de l’état-major, le général Abdelhamid Ghriss a été porté à la tête du service en charge de la logistique cédant ainsi sa place à la tête du service armement au général Ali Akroum. La direction de l’approvisionnement n’a

pas été épargnée puisqu’elle relève désormais du commandement général MotafaDebbi. Alors que la direction de la prestigieuse Garde républicaine est allée, elle, au général Abdelghani Hamel qui remplace le général NaïmHakiki. Ces changements qui s’apparentent à une opération de chaises musicales ont été menées sous la supervision directe du Chef de l’Etat es qualité de chef suprême des forces armées algériennes. Et c’est bel et bien AmedGaid Saleh qui a planifié cette restructuration qui a touché les trois régions militaires jugées « hypersensibles » au regard du danger terroriste qui plane sur la région maghrébine. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que des réunions-marathon ont été tenues dans les trois régions ciblées pour évaluer le degré de préparation des forces armées déjà éprouvées lors de l’attaque surprise du site gazier d’In Amenas et de son occupation par un commando de djhadistes. Réunions qui ont donné lieu à une multiplication des manœuvres combinées (où tous les corps armés ont été sollicités) pour porter l’élan capacitaire de l’ANP à son top niveau.

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L’ALN MONTE AU FRONT

« INSTABILITÉ À TOUS LES ÉTAGES » Propos recueillis par : A. Ben Zeroual

L’armée algérienne qui se professionnalise est en butte à des défis de grande ampleur. Les changements intervenus au niveau des diverses régions sensibles répondent à des impératifs aussi bien endogènes qu’exogènes. Pr Abderrahmane Mekkaoui explique les tenants et aboutissants de ces changements. PERSPECTIVES MED: DE NOUVELLES NOMINATIONS ET DES MISES À LA RETRAITE ONT MARQUÉ CES DERNIERS TEMPS L’ARMÉE ALGÉRIENNE. QUE SUGGÈRE UN TEL MOUVEMENT EN PROFONDEUR? ABDERRAHMANE MEKKAOUI: Je pense que ces changements à la tête de régions militaires dites hyper-sensibles ont été dictés par des soucis purement sécuritaires surtout la situation catastrophique en Libye où 14 milices se trouvent directement en face de l’ALN dans le désert algérien. Cela a été suivi aussi par création d’une nouvelle région militaire à Illizi qui dépend de la 4ème région militaire de Ouargla. Les généraux qui ont été mis à la retraite ne répondent plus aux normes de la situation instable dans la région. Plusieurs bataillons des Bérets Noirs », troupes d’élite ont été déplacés de Bechar et Tindouf vers la frontière algéro-libyenne. Cela a un rapport aussi avec la dernière mission du Général américain d’Africom en Algérie qui a incité les autorités de la défense d’entamer un processus de réaménagement et de reprofilage pour contrer toutes les menaces exprimées par Daech et Ansar Achariaa en Libye et en Tunisie où Okba Ibnou Nafia est l’extension d’Al-Qaida. Ce redéploiement était donc attendu vu les dernières déclarations du général –major Gaid Salah qui a accéléré les mutations dans toutes les régions et en particulier celles qui connaissent des défis sécuritaires au Sahel et en Libye et les manifestations des populations contre l’exploitation des gaz de schiste. Ces facteurs, endogènes et exogènes, s’accompagnent d’un verrouillage du système devant l’opposition démocratique qui a appelé la population à manifester dans les rues à cause de 32

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la vacance du pouvoir. On relève aussi dans le cadre de ces changements la nomination du Général impopulaire Abdelghani Amel, (souvenons-nous que lorsqu’il était à la tête de la DGSN, les policiers avaient défrayé la chronique en observant des grèves de zèle), ce fidèle parmi les fidèles de Bouteflika, à la tête de la prestigieuse Garde Républicaine qui assure la sécurité du palais présidentiel. Aucun changement n’a été réalisé dans la 2ème région militaire face au Maroc ce qui signifie un changement dans la doctrine de l’ALN qui consistait à considérer le Royaume comme la source de son instabilité, voire de danger. Au même titre qu’au niveau de la première région qui, rappelle-t-on commande la capitale et en constitue son cœur palpitant à Blida. L’armée algérienne, en alerte maximale, est en butte à une instabilité à tous les étages. LE PALAIS EL MOURADIA NE SEMBLE PLUS ENCLIN À COMPOSER AVEC LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR QUI SERAIT, DIT-ON, SUR LE DÉPART AVEC À LA CLÉ UNE PROMOTION HORS NORME. CELA TRADUIT-IL UNE MÉSENTENTE QUELCONQUE ENTRE BOUTEFLIKA (ET/OU SON CLAN) ET LES CHEFS DE L’ANP? A.M : Les mutations effectuées sont l’œuvre du système militaire lui-même sur le conseil de puissances étrangères. L’ALN a toujours contrôlé le Palais El Mouradia et jamais le contraire. A. Gaid Salah a terminé sa mission auprès de Bouteflika qui favorise de plus en plus le Général Abdelghani Amer porté récemment à la tête de la Garde Républicaines. Il y a lieu de rappeler que les deux généraux sont originaires de l’Est algérien, fief de Bouteflika. Quant à Gaid Salah, atteint par la limite de l’âge, il sera appelé à assumer des fonctions purement honorifiques eu égard aux services rendus. On peut dire sans risque de se tromper qu’il n’y a pas lieu de

LE VERROUILLAGE DU SYSTÈME EST DÉCRIÉ PAR LES FORCES POLITIQUES


pas moins de 1700 milices. C’est autour du dossier libyen qu’il faut noter la fracture entre nouvelle et ancienne garde au sein de l’armée. Des voix s’élèvent pour appeler à circonscrire le danger là il se trouve, sachant que tout pourrissement de la situation aura des conséquences gravissimes pour la stabilité de toute la région nord-africaine. Le ballon de feu ne s’arrête pas à Ghadamès. EN FACE, IL Y A LE RETOUR EN GRÂCE DE MEDIENE, LE PATRON DU PUISSANT DRS. PRÉPARE-T-ON LE TERRAIN À CE QUE LE PUISSANT SERVICE DE RENSEIGNEMENTS COIFFE AUSSI L’ARMÉE, ÉPINE DORSALE DU SYSTÈME? A.M : Je pense que Mohamed Lamine Medie-

ne se trouve au bout du rouleau à cause de l’âge et de la maladie. Le DRS a toujours su renouveler sa peau en gardant les mêmes principes hérités du KGB soviétique. Si le DRS est revenu en force, grâce aux menaces qui pèsent sur l’Algérie, il faut croire que ce puissant service ne peut plus prétendre contrôler en quoi ce soit une armée en cours de professionnalisation qui plus est bénéficie de l’injection de 13 milliards de dollars par an ce qui la place à la 3ème place du podium des armées arabes après l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Devant la menace de Daech, on remarque une ouverture toute relative du DRS sur ses voisins pour endiguer le terrorisme djihadiste. Comme c’est le cas avec la Tunisie, l’Egypte et le Maroc.

souligner une quelconque mésentente entre la présidence et l’armée tant que les intérêts convergent et que le processus de la transition suit la feuille de route telle que décidée par le centre névralgique du système. Les gardiens du Temple restent insensibles aux appels de l’opposition démocratique qui voit le pays virer vers le modèle libyen ou syrien. Comme ils restent insensibles aux multiples appels à une quelconque intervention en Libye pour contrecarrer le terrorisme. L’immobilisme algérien, fidèle en cela à sa doctrine de non intervention à l’étranger, contribue à immobiliser les autres tout en privilégiant le dialogue politique. Mais comment faire pour conjurer le danger, sans message clair, alors qu’en Libye s’activent PERSPECTIVES MED

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POINT DE VUE

PR. ABDERRAHMANE MEKKAOUI Politologue et spécialiste des affaires militaires et stratégiques

LA LIBYE ÉCARTELÉE ENTRE 1700 GROUPUSCULES DJIHADISTES

LA GALAXIE DES EXTRÉMISTES Un dialogue politique s’avère très compliqué en Libye où près de 1.700 groupuscules se réclamant de la mouvance djihadiste s’activent. Voyage au bout de cette galaxie qui tient en haleine la communauté internationale.

P

lusieurs facteurs contribuent à expliquer pourquoi une bonne majorité des groupuscules djihadistes a réussi à s’incruster dans quelques villes de l’Est libyen. C’est sous le couvert de la prédication et de l’action islamiste que ces groupuscules ont pu s’intégrer dans une société libyenne marquée essentiellement par son imprégnation d’un Islam modéré et une grande dévotion. L’incrustation des groupuscules dans le tissu populaire libyen n’a d’égal que la forte propension des masses à être facilement perméables au discours religieux. Parmi ces groupuscules il y a lieu de citer le reliquat des anciennes organisations radicales, originaires des tribus de l’Est, qui avaient subi la dure loi répressive du régime Kadhafi durant les années 1990 du siècle dernier. Ces groupuscules qui ont pris part à la révolution du 17 Février et ont pu faire main basse sur un arsenal conséquent, sans compter les subsides, facilitant ainsi leur influence sur le terrain. Les actions qu’ils eurent à mener en l’espace de quatre années, à l’ombre et/ou en plein jour, lui permirent de mieux se restructurer en rassemblant ses membres pour mener l’action susceptible de changer la face de la Libye sous le slogan générique de l’Etat Islamique. Nul besoin de rappeler, à ce propos, que le corpus idéologique qui habille leur action fait grand cas des idées djihadistes extrémistes. Leurs leaders se trouvent en majorité hors de la Libye et comptent parmi eux des vétérans de différentes nationalités qui avaient fait leurs premières armes en Afghanistan, en Irak, en Syrien, en

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Algérie, en Tunisie ou en Egypte. Ces groupuscules s’activent sous des appellations diverses ; Ansar Charia à Benghazi et Derna, Majliss Achoura des révolutionnaires de Benghazi, la Katiba des Martyres Ra Allah Assahati à Benghazi, la Katiba des Martyres du 17 février à Benghazi, la Katiba des Martyres d’Abou Salim que dirige Abdelkader Azouz à Derna, la Jemaa de l’Unicité et du Djihad qui s’active à Derna tout en multipliant les contacts avec divers groupuscules djihadistes dans d’autres contrées, les Révolutionnaires de l’Etat Islamique (Daech) à Derna et Syrte… Une galaxie au sein de laquelle naviguent d’autres groupuscules dont le degré du radicalisme les rapproche des uns et les éloigne des autres groupes.

LE CREUSET DERNA Le corpus idéologique partagé par ces divers groupes composés de jeunes extrémistes est leur propension à vouloir appliquer la Charia islamique dans ses moindres détails. Et peu importe si les jeunes qui se réclament de cette nébuleuse soient incultes. Car l’essentiel réside pour eux en la sauvegarde de la situation actuelle, dans un chaos armé alimenté par des bandes qui comptent aussi d’ex-détenus de droit commun. Désoeuvrés, ces jeunes entendent ainsi disposer d’un gagne pain en basculant dans le trafic et des armes et des stupéfiants. Quant à leurs leaders, en refusant de travailler en toute légalité à l’ombre de ce qui reste de l’Etat, ils s’activent sous le couvert d’agendas ex-


ternes à la Libye pour faire durer la panne institutionnelle en empêchant la reconstruction de l’Etat. S’ils ne cherchent pas à solder d’anciens comptes qui remontent à l’ère Kadhafi. Le front le plus inquiétant est celui qui est actuellement ouvert à Derna. Cette ville s’est transformée, en effet, en un véritable foyer urbain où s’activent les islamistes les plus extrémistes dans les girons des Partisans de la Charia (Ansar Acharia) et des Partisans de l’Etat Islamique (Ansar Daech), où au coté du Conseil de la Choura des jeunes islamistes (Chabab Al-Islam). La base de cette nébuleuse est composée essentiellement de jeune libyens. Mais ils ne sont pas restés isolés face à l’affluence de combattants en provenance des pays du Maghreb et du Proche-Orient. Ces extrémistes ont mis à profit les conditions géographiques pour mettre la ville sous leur coupe et, partant, déclarer la constitution d’un Emirat

DAECH QUI VEUT MUER EN DAMES DANS L’ESPACE MAGHRÉBIN MULTIPLIE LES MISE EN SCÈNES POUR S’ASSURER D’UNE PLUS FORTE INFLUENCE CHEZ LES JEUNES : PUISSANCE DE FEU, DÉTERMINATION ET LUT GLOBALE CON-

islamique. Ces groupuscules ont tourné le dos au processus démocratique enclenché, boycotté les élections et continué à porter les armes pour mieux procéder aux assassinats et faire parler les explosifs.

LE PÉRIL DAECH La situation flottante de la Libye fait que les libyens, et ils ne sont pas les seuls, redoutent que leur pays ne serve à aimanter tous les extrémistes en provenance de l’étranger. L’instabilité est le parfait terreau pour la poussée des périls d’autant que l’immensité du territoire, vierge de tout contrôle, contribue avec la couverture de quelques tribus à ce que les groupuscules djihadistes soient alimentés en armes, y compris par des puissances étrangères. La duplicité de la communauté internationale est assez singulière dans le cas libyen puisque face au soutien militaire accordé aux djihadistes, on refuse à l’armée

TRE LES IMPIES PERSPECTIVES MED

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sortir de l’impasse, il est impératif de tout mettre en œuvre pour qu’une réconciliation politique globale ait lieu. Plutôt que de faire converger l’intérêt, au détriment du gouvernement et du parlement reconnus, vers les autres factions qui s’activent à torpiller le pays avec l’aide des extrémistes de tous bords. Ceux-là mêmes qui occupent de larges pans du pays, y compris la capitale Tripoli, outre les champs pétrolifères qui représentent une des principales ressources de l’Etat.

CLIVAGE EST-OUEST

libyenne tout soutien. Voilà qui fragilise davantage la lutte locale, menée par l’état-major rattaché au gouvernement légitime, contre le terrorisme. L’organisation Etat Islamique a su profiter de l’instabilité et de la porosité des frontières pour s’installer, en force, en Libye. Surtout depuis que la coalition internationale qui a bouté la dictature a torpillé les institution de l’Etat et déstructuré l’armée nationale libyenne tout en la marginalisant. La guerre civile qui sévit en Libye depuis plus de trois ans s’explique par le grand déséquilibre des forces, les formations politiques d’un côté et les diverses factions armées de l’autre. Les déchirements que le pays endure, à cause de l’âpre lutte en cours entre les divers acteurs politiques, conjuguée à l’interventionnisme de forces régionales qui cherchent à faire perdurer la division du pays, rendent aléatoires les efforts menés pour stabiliser la situation et blinder le pays par un système sécuritaire efficient. Dès lors, pour

LA BATAILLE AUTOUR DES RICHESSES PÉTROLIÈRES EST CARDINALE POUR LES DJIHADISTES

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Dans la région de l’Est libyen, l’armée libyenne est à pied d’œuvre pour endiguer le danger des extrémistes à Derna et Benghazi, et pousse plus loin son offensive vers Syrte. Alors que dans la région Ouest, les milices qui refusent d’intégrer le giron de la légitimité continuent à s’agiter pour perpétuer le fait accompli, soutenues qu’elles sont par un Conseil national en fin de mandat qui cherche à mélanger les cartes pour rebondir sur le devant de la scène. D’autant plus que ledit Conseil a fait preuve de faillite dans la gestion des affaires du pays (notamment en intégrant les jeunes en armes dans l’armée nationale et/ou dans le jeu politique) et que plusieurs formations politiques, les Frères Musulmans en tête, ont été incapables de réaliser des acquis politiques lors des dernières législatives. Dans cette partie de la Libye la situation s’est complexifiée à cause des animosités entre personnalités, des luttes entre tribus et des déchirements entre régions. Ces tiraillements qui sont d’actualité n’en représentent pas moins le reliquat de luttes antérieures. Schématiquement, la déstructuration des institutions étatiques, dont les services de sécurité au même titre que l’armée, contribue à alimenter la tension et à rendre illisible la situation. Mais pour résumer, le pays est aujourd’hui scindé en deux, avec les composantes engagées dans une lutte sans merci. Il s’agit principalement de celle qui conduit « la bataille de la dignité », avec l’appui de tribus issues de l’Est libyen, des partisans de la fédéralisation et des unités de l’armée nationale chapeautées par l’état-major. Et c’est de cette faction là que se réclame le très médiatique Général Haftar. Ce bloc ayant en face « l’opération de l’aube » qui est menée, elle, par des forces islamistes alliées à des groupes armés de Misurata. Si le premier bloc a du crédit auprès de la communauté internationale, le deuxième jouit, lui, de l’appui du Qatar, de la Turquie et du Soudan. Encore faut-il nuancer puisque la position de puissances comme les Etats Unis d’Amérique ou encore la Grande Bretagne reste marquée par le flou artistique.


DAECH OCCUPE LES DEVANTS DE LA SCÈNE

SANCTIONNER ISRAËL! Par : xxxxxxxxx

A

lors que les larmes de Charlie Hebdo ne sont pas encore séchées, voilà que les attentats de Copenhague rappellent, si besoin est, que la menace terroriste est bel est bien présente. La France décide d’envoyer, à grand renfort de communication, le Charles de Gaule, son unique porte-avions, au large du Golf pour épauler l’armada américaine présente dans la région face à DAECH. A Bab el Mendeb, le Yémen se consume à petit feu. Inquiètes par la montée en puissance de groupuscules hostiles aux intérêts occidentaux mais allié de l’Iran Chiite tapi dans l’ombre mais qui compte s’imposer comme l’un des interlocuteurs avec qui il faut compter, l’Europe, les Etats Unis et les pays du Golf cherchent désespérément un allié pour contrer ce danger imminent. L’Egypte dont l’économie est exsangue, ne peut accepter que ce passage stratégique échappe à son contrôle. Contre toute attente, un contrat d’achat de 24 Rafales est signé entre Paris et Le Caire. C’est l’urgence et les garanties sonnantes et trébuchantes des pétromonarchies l’ont imposé dans cette zone de conflit. Et pendant ce temps là, un peuple se meurt dans l’indifférence totale. Un peuple asphyxié par l’arrogance de dirigeants autistes crie au secours, mais personne ne l’entend, ou plutôt rares sont les personnes qui

daignent prêter l’oreille aux cris de ses souffrances ravivées à répétition. Ce n’est pas dans l’air du temps de soutenir la cause juste du peuple palestinien dépossédé mais plutôt de braquer les caméras et tendre les micros au Premier Ministre Israélien qui, face à « la menace globale » qui guette la communauté israélite dans le monde, invite les juifs du monde entier à venir en Israël. L’Eldorado vanté par ce chantre de la droite dure israélienne scintille sur le dos du peuple palestinien. Un miroir aux alouettes si on comptabilise le nombre des départs d’Israéliens écoeurés par autant d’injustices. La Palestine n’est pas à classer dans la rubrique du « reste de l’actualité », mais un pays, un peuple qui se doit d’être écouté et entendu. La solution de ce problème reste le nœud gordien de la résolution globale et durable du conflit au Proche Orient. Nous avons fait le choix de donner la parole à la Représentation Palestinienne à Paris, en la personne de Mr.Safwat Ibraghit. Nous avons voulu avoir le sentiment et l’analyse de la Mouqataa à travers un de ses porte parole à Paris pour éclairer l’opinion publique sur la situation des palestiniens dans les territoires occupées et sur le regard que porte la direction palestinienne sur ce conflit en particulier et sur l’embrasement de la région en général. PERSPECTIVES MED

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LE PROCESSUS D’OSLO DÉFINITIVEMENT MORT

LES SANCTIONS POUR FAIRE PLIER TEL-AVIV Par : Mustapha El Maleh

Si le bouillonnement que le monde arabe fait la part belle à la barbarie de Daech, épée de déstabilisation qui menace l’espace s’étendant de l’Atlantique à la Mer Rouge, la grave crise que traverse la question palestinienne ne doit pas passer à la trappe. Israël met à profit la fragilité du monde arabe pour faire oublier le combat de tout un peuple spolié.

PERSPECTIVES MED : LE DIALOGUE INTER PALESTINIEN RESTE-T-IL AU POINT MORT ? SAFWAT IBRAGHITH : Mort non ! Ralenti oui. La réconciliation signée entre le Hamas d’un coté et le Fatah principalement et les autres fractions politiques de l’autre coté au Caire en juin dernier s’est concrétisée par la formation d’un gouvernement de transition composé de ministres technocrates. Mais les 50 jours de l’agression israelienne de juillet 2014 ont chamboulé l’agenda initialement prévu. Cette troisième guerre a tout simplement mis à genoux la bande de Gaza alors même que les stigmates des deux précédentes guerres ne sont pas encore effacés. La Conférence internationale des donnateurs tenue du Caire qui s’est soldée par des promesses de dons à hauteur de 5 Milliards de dollars pour la reconstruction a été peu suivie d’effets. Seul l’UNRAWA a reçue quelques centaines de millions de

L’HEURE EST À LA RECONSTRUCTION TOTALE

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dollars. Dès lors, cette situation est devenue un obstacle politique majeur puisque s’est imposé à nous un nouvel ordre de priorités, avec à sa tête la reconstruction de Gaza alors que nous subissons un blocus qui doit être levé. Le deuxième objectif c’est la préparation des élections du Conseil national de l’OLP et bien sûr des élections ligislatives et présidentielles car toutes les mandatures ont expiré. Aujourd’hui, il est question de réunification politique, économique juridique et sociale. Le coup de force du Hamas en juin 2007 a laissé des séquelles qu’il va falloir panser. Nous appelons de tout notre cœur à une véritable réconciliation sans délais. Le Hamas doit comprendre que ce n’est pas en exportant ses propres crises intérieures en lançant des roquettes sur Israël qu’on va aboutir à une quelconque solution. Mis devant le fait accompli, notre président, Mahmoud Abbas est embarrassé par ces actions à répétition qui ne servent qu’à affaiblir la bataille politique menée à bien et tout le succès dirigé par la diplomatie palestinienne. Ce marchandage doit cesser. De même, le Hamas ne doit pas entraver l’action des ministres qui résident à Gaza puisqu’ils ont un rôle


national. Aujourd’hui, l’action du gouvernement est quasi nulle car sur le terrain il y’a une réelle rivalité entre deux programmes politiques et deux visions incarnées par le Hamas d’un côté et l’OLP de l’autre. LA RÉTENTION PAR TEL AVIV DES AIDES ACCORDÉES À L’AUTORITÉ PALESTINIENNE NE CONTRIBUE-T-ELLE À ASPHYXIER DAVANTAGE LA PARTIE PALESTINIENNE QUI REFUSE DE RÉENCLENCHER LE DIALOGUE DE PAIX ? S.I : Nous n’avons jamais refusé le dialogue et ne refusons surtout pas le dialogue constuctif. Mais il faut savoir que les taxes qu’Israël doit nous reverser sont un droit. Le protocole de Paris datant de 1994 conférait à Tel-Aviv la gestion provisoire de ces taxes pendant 5 ans. Si nous l’avions accepté, c’est pour la simple raison que l’Autorité palestinienne, toute jeune à l’époque, était confrontée à de lourdes obligations et qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Mais aujourd’hui, cet accord comme celui d’Oslo n’ont plus de validité car ils sont caducs. La rétention que nous subissons est un acte de piraterie pure et dure pour nous mettre à genoux. C’est un chantage pour nous barrer la route vers le CPI. Engagés dans leurs obligations, les Palestiniens montrent l’exemple et demandent aux Etats-Unis, qui ont parrainé ces accords et qui monopolisent la situation de prendre leur responsabilité pour la mise en place d’un véritable processus de paix. SI LE PROCESSUS D’OSLO EST MORT ET ENTERRÉ, PAR QUOI DOIT-ON LE REMPLACER ? S.I : Oui, le processus d’Oslo est mort et enterré depuis longtemps puisqu’il n’a été ni renouvelé ni remplacé par un autre pour aboutir à une solution définitive entre Palestiniens et Israéliens d’un côté et les pays arabes et Israël de l’autre. Depuis, on vit au rythme d’une succession de sommets sans lueurs d’espoir. Confronté à ses échéances politiques internes avec des élections anticipées, des changements de

majorité à la Knesset, Israël fait de l’obstruction depuis 15 ans. A cela, il faut ajouter que depuis la mort suspecte de Yasser Arafat en 2004 et l’élection de Mahmoud Abbas, on a vu l’émergence du Hamas et la guerre fratricide qui s’en est suivie, la deuxième Intifada, tous ces faits ont constitué de réels obstacles à de véritables négociations. C’est simple, on tourne quasiment en rond depuis 1991 ! Aujourd’hui, il faut savoir que le problème c’est Israël qui l’incarne et la solution c’est la Palestine qui la porte. Depuis 15 novembre 1988, comme le disait feu Mahmoud Darwich, nous avons fait la plus douloureuse des concessions qu’un peuple puisse accepter. Que peut-on exiger de nous de plus ? Nous sommes prêts à signer un nouvel accord pour un Etat viable au sein des frontières reconnues par la communauté internationale le 4 juin 1967. Nous exigeons une souveraineté géographique et démographique continues. On ne négocie pas le droit, on peut discuter uniquement son application. Bien sûr, il y’a des détails et pas des moindres. Des frontières reconnues mais pas moins de celles du 4 juin 1967. Il peut y avoir, à la marge, un échange de territoires mais à valeur égale en quantité et en qualité. Cet échanger ne peut excéder 1 ou 2 %. Jérusalem Est doit être la capitale de cet Etat que nous appelons de tous nos vœux. Une capitale ouverte à toutes les religions car le problème israélo-palestinien n’est pas religieux, il est politique. Les colonies doivent être démantelées car on n’accepte ni colonies ni colons ou aucune armée étrangère dans notre territoire.

des terres et des résidences, le tramway était volu un outil a fin de facilité le mouvement des colons au sud de Jérusalem occupée. Pour nous, ce sont des actes inadmissibles. Israël doit arrêter la machine de la colonisation car les frontières de 1967 ne sont nullement négociables. Il faut savoir qu’avec sa politique, Israël nous mène tout droit vers un suicide collectif. Je le redis et je le réaffirme : la judaïsation comme la colonisation sont des actes illégaux et illégitimes au vu du droit international et du droit du peuple palestinien. C’est inacceptable ! COMMENT POUVOIR ARRÊTER LA POLITIQUE DE COLONISATION RAMPANTE QUI S’ACCOMPAGNE DE LA DESTRUCTION DE MAISONS PALESTINIENNES ? S.I : Israël mène sans vergogne, et avec arrogance, son illégitime colonisation des territoires palestiniens. Les colons sont devenus une véritable mafia qui a infiltré armée, Knesset, médias et une grande partie de la société civile. En réalité c’est un gouvernement de l’ombre qui œuvre dans la poursuite de la colonisation. Certes, cette dernière est une source de tensions avec le reste du monde. Ce qui

A CE PROPOS, LA JUDAÏSATION D’AL-QODS EST-ELLE IRRÉVERSIBLE ? S.I : Israël accélère la colonisation autour de Jérusalem. Son objectif est de séparer la vielle ville des autres quartiers arabes a l’exterieure du rempart. La construction du Tramway a été l’occasion encore et encore de spolier les Arabes leurs biens immobiliers avec une politique de confiscation rampante PERSPECTIVES MED

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n’empêche pas que des milliards d’aides soient versés, chaque année, par les Etats Unis et d’autres pays à Israël, en sus des transferts de technologies et autres matériels civils et militaires, réconfortant ainsi Tel-Aviv dans son action. En crise profonde, la société israélienne réclame à une très large majorité davantage de justice sociale, le quart de sa population est touché par la pauvreté et près de la moitié vivent d’une économie subventionnée. Dès lors, seules les sanctions peuvent faire reculer Tel-Aviv. C’est en arrêtant, ou du moins en conditionnant de manière ferme le versement des aides à l’arrêt de cette politique, et en boycottant les produits israéliens qu’Israël reculera. Si rien n’est fait dans ce sens, Tel-Aviv continuera, avec mépris, sa politique de colonisation en dépit de la condamnation internationale. Ce sont les seules actions aptes à la faire plier. LE RECOURS À LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI) EST-IL IRRÉVERSIBLE POUR PUNIR L’ENTITÉ ISRAÉLIENNE POUR SES CRIMES DE GUERRE ?

L’INACTION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ET L’AVEUGLEMENT DES ETATS-UNIS NE PEUVENT NOUS AIDER À SORTIR DE L’IMPASSE 40

PERSPECTIVES MED

S.I : Pour nous, la CPI n’est pas une démarche tactique mais une stratégie basée sur la volonté de l’OLP d’«internationaliser l’affaire». A l’échelle internationale, la question palestinienne est enfermée dans un processus à trois. : Israël, la Palestine et les Etats Unis, allié privilégié des Israéliens. Pour protéger le peuple palestinien, il est grand temps de responsabiliser les instances internationales, la CPI en tête. L’inaction de la communauté internationale et l’aveuglement des Etats-Unis ne peuvent nous aider à sortir de l’impasse ALORS POURQUOI LA RUSSIE, COMME LA CHINE, NE SONTILS PAS SOLLICITÉS POUR SUPPLANTER LA PAX AMERICANA ? S.I : Bien sûr qu’ils sont conviés. Mais sachez que le Moyen Orient est une zone d’influence et d’intérêts sous l’emprise quasi exclusive des Etats Unis et ce depuis la conférence de San Francisco en 1945 qui a donné naissance à l’ONU. Au sein du Conseil de sécurité, il y‘a un marchandage entre les membres permanents pour se partager leurs zones d’intérêt respectives. Les Chinois sont au Soudan, les Français en Afrique du Nord et les Russe en Syrie etc. A titre d’exemple, l’intervention russe en Ukraine est à mettre en parallèle avec la situation en Syrie. Pour nous, il faut impliquer les pays émergents comme le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde dans l’organisation d’une conférence internationale pour rappeler les droits inaliénables du peuple palestinien. C’est aussi une façon de couper l’herbe sous les pieds des terroristes qui se réclament de la cause palestinienne. C’est aussi une façon de couper l’herbe sous les pieds des terroristes qui se réclament de la cause palestinienne.


PANORAMA PALESTINE

INJUSTICE US

RUSSIE

UN OPPOSANT À TERRE

Boris Nemtsov, figure majeure de l’opposition russe, a été tué fin février par quatre balles dans le dos alors qu’il se promenait avec une jeune femme sur le Grand Pont de pierre, à Moscou. Le Président Poutine a déclaré que « cet assassinat brutal portait les marques d’un meurtre commandité et avait tout d’une provocation», a indiqué aussitôt son porte-parole, Dimitri Peskov. Âgé de 55 ans, B. Nemtsov, premier vice-Premier ministre du président Eltsine à la fin des années 90, est devenu un des principaux opposants de Vladimir Poutine dès 2000. L’opposant, considéré comme candidat potentiel à la présidence, critiquait non sans virulence l’implication de la Russie en Ukraine. Et prévoyait une marche dans la capitale russe pour exprimer le ras-le-bol des libéraux russes. De quoi relancer la polémique aussi bien en Russie qu’en Occident.

La justice américaine a condamné l’Autorité palestinienne et l’OLP à verser 193 millions d’euros aux familles des Américains tués dans des attentats commis en Palestine occupée par Israël pendant la seconde Intifada, entre 2002 et 2004. Attentats qui avaient fait 33 morts et 390 blessés parmi lesquels 11 étaient de nationalité israélo-américaine. L’Autorité palestinienne a annoncé son intention de faire appel. Nul besoin de rappeler qu’un tel rebondissement intervient alors que l’Autorité palestinienne a décidé, elle, de saisir la Cour internationale de justice (CPI) des crimes de guerre d’Israël. L’armée israélienne étant équipée principalement en matériel de guerre fourni essentiellement par les firmes US. Et le recours aux armes criminalisées à l’échelle internationale reste monnaie courante chez l’armée sioniste.

SUR LA ROUTE D’ADEN Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a réussi à fuir la capitale Sanaa pour trouver refuge dans son fief d’Aden, tente de reprendre la main face à la milice chiite des Houthis qui l’a chassé du pouvoir. Il bénéficie de l’appui des Etats du Golf qui se sont précipités pour ouvrir leurs représentations diplomatiques à Aden, capitale du Sud Yémen. Toute solution politique s’éloigne dans un pays écartelé entre terrorisme et ambitions chiites.

Quelque 20 000 combattants étrangers en provenance de 90 pays sont actuellement partis rejoindre les rangs jihadistes en Syrie, affirme l’administration américaine. Parmi eux, 3 400 sont des Occidentaux, 150 des Américains.

LE PAKISTAN A DIRECTEMENT RENDU RESPONSABLE SON ALLIÉ SAOUDIEN DE LA PROLIFÉRATION DE GROUPES EXTRÉMISTES DANS PLUSIEURS DE SES VILLES. UN MINISTRE PAKISTANAIS EST ALLÉ JUSQU’À ISLAMABAD ACCUSER RIYAD DE NOURRIR L’INSCHARGE RIYAD TABILITÉ DANS TOUT LE MONDE MUSULMAN. LES PREUVES ? RIYAD FINANCE UN VASTE RÉSEAU D’ÉCOLES CORANIQUES (MÉDERSAS) DONT CERTAINES SONT ACCUSÉES DE FABRIQUER DES EXTRÉMISTES.

MANUEL VALLS SOUHAITE «COMBATTRE LE DISCOURS DES FRÈRES MUSULMANS « EN FRANCE «NOUS DEVONS AIDER LES MUSULMANS QUI NE SUPPORTENT PAS D’ÊTRE CONFONDUS AVEC CES DISCOURS», A EXPLIQUÉ LE CHEF DU GOUVERNEMENT.

L’EGYPTE DÉMASQUE LE QATAR LE TERRORISME DE DOHA Après la décapitation de 21 chrétiens, en grande majorité des Egyptiens, revendiquée par la branche libyenne de l’EI, l’Egypte a bombardé des positions de ce groupe terroriste en Libye. Le Qatar a critiqué une «action militaire unilatérale» de l’Egypte qui a agi sans consulter ses partenaires au sein de la Ligue arabe. Le délégué égyptien à la Ligue en a profité pour accuser Doha de «soutenir le terrorisme». En signe de protestation, le Qatar a aussitôt rappelé son ambassadeur au Caire. Et les cinq autres monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Bahreïn) se sont rangées à ses côtés. Ce qui n’a pas empêché les autres monarchies pétrolières d’exprimer leur soutien à l’Egypte et son président. La lune de miel entre le Caire et ses alliés du Golf reste assez problématique. PERSPECTIVES MED

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PANORAMA VENTES DE CONSERVATISME EN TURQUIE

COLÈRE À CIEL OUVERT Ankara, le 16 février, des manifestants protestaient contre un projet de loi renforçant les pouvoirs de la police et rendaient hommage à Ozgecan Aslan, une étudiante violée et assassinée une semaine plus tôt par un chauffeur de bus. Depuis, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer la recrudescence des violences faites aux femmes. Violences physiques qui s’ajoutent à la misogynie du chef de l’Etat turc, le PJDiste Recep Erdogan qui considère que la place de la femme est dans le foyer. Une affaire qui ne semble pas du goût de la majorité du peuple turc qui entend veiller sur la sauvegarde des acquis chèrement acquis du système laïc. Celui-là même que le PJD turc s’acharne à démanteler petit à petit. L’avancée rampante du conservatisme, à laquelle s’accroche le pouvoir turc, est loin de faire l’unanimité. Tout autant que les gages qu’il donne aux extrémistes de l’islamisme radical qui s’activent à ses frontières avec la Syrie et l’Irak. La duplicité dont fait preuve Ankara à l’endroit des recrues de Daech ne fait plus mystère ni pour l’opinion turc, ni pour celle internationale.

LE PEUPLE TURC

DÉSAVOUE LA MARCHE À RECULONS DU SYSTÈME TURC

PERFIDE ALBION

C’est le parlement irakien qui vient confirmer le crash de deux appareils britanniques qui s’étaient introduits dans l’espace aérien de l’Irak pour faire parachuter vivres et munitions aux hordes djihadistes de Daech. Confirmant ainsi des informations qui avaient filtré sans pour autant bénéficier de la couverture médiatique idoine. Il y a lieu de rappeler que le Hezbollah, milice armée libanaise, en action en Irak, avait menacé d’abattre par missiles tous les avions qui venaient en aide aux takfiristes de l’Etat Islamique. La question qui se pose dépasse le seul cadre de l’opération militaire pour dévoiler le perfide jeu auquel se livrent les Britanniques dans la région.

L’armée turque, forte de plusieurs chars et de blindés, a fait incursion dans le territoire syrien pour récupérer ses éléments affectés à la garde du tombeau de Souleiman Shah. Aucun accrochage n’a eu lieu dans cette zone tenue par l’organisation de l’État islamique (EI). INVASION Le Premier ministre Ahmet Davutoglu TURQUE s’est félicité du succès de l’opération alors que Damas a dénoncé la violation caractérisée de son territoire tout en promettant d’y répondre en temps opportun. Deux avions de chasse turcs ont été abattus quelques heures après cette opération près de la frontière syrienne. Motus et bouche cousue à Ankara.

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PEINES ÉGYPTIENNES Un tribunal égyptien a condamné à cinq ans de prison une figure de la révolte anti-Moubarak de 2011, Alaâ Abdel Fattah, pour des violences qui avaient eu lieu lors d’une manifestation non autorisée. 24 coaccusés du jeune militant de gauche ont été condamnés à des peines allant de trois à quinze ans de prison. Le verdict intervient après les promesses du président Abdelfattah Al Sissi de libérer «les jeunes» emprisonnés à tort.


Al-Baghdadi

UN CIVIL !

Le «calife» autoproclamé était autrefois secrétaire. « Business Insider » a publié des documents déclassifiés de l’armée américaine sur Abou Bakr Al-Baghdadi, le mystérieux chef de file des djihadistes du groupe Etat islamique. Ces informations sont issues de dossiers réalisés à l’époque où l’homme avait été capturé puis gardé en détention par les soldats américains en Irak -du 4 février au 8 décembre 2004, selon ces fiches. Le terroriste de Daech est ici identifié par son nom de naissance, Ibrahim Awad Ibrahim Al Badry. Il apparaît comme «détenu civil», ce qui signifie qu’il n’était pas membre d’une organisation armée, mais a été détenu pour des raisons de sécurité. Dans la rubrique emploi, on trouve la mention «travail administratif (secrétaire).

Dialogue inter-libyen

La panne ! Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a décidé de «suspendre» sa participation au dialogue sur l’avenir politique de la Libye, organisé au Maroc sous l’égide de l’ONU, selon des députés. C’est la crainte de pressions de la part de la communauté internationale pour intégrer des islamistes dans un futur gouvernement d’union qui serait à lorigine d’une telle décision. Alors que d’autres observateurs y voient la main de puissances régionales qui voudraient truster le drame libyen à des fins géopolitiques. « Alger qui refuse toute intervention étrangère en Libye ferait tout pour torpiller les efforts du Maroc », rappellent des experts. En effet, les intérêts algériens immédiats et futurs (la question de l’eau, notamment) expliqueraient une telle conduite.

Boko Haram

Duplicata… La fulgurante percée de l’Etat Islamique fait des émules. Du côté du Nigéria, les terroristes de Boko Haram ne se contentent pas de multiplier les attentats dans leur pays, quitte à se servir de jeunes kamikazes pour «mieux communiquer » sur ses atrocités. Ce groupe a décidé de suivre l’exapansion de l’Etat Islamique en exportant ses attaques aux pays voisins comme le Cameroun et le Tchad. Le péril de Boko Haram pour la région des Grands Lacs n’est plus une chimère.

MARCHÉ LIBYEN

ON SANCTIONNE

EUROPE DÉLUGE MIGRATOIRE

La Turquie et le Qatar, qui ont financé et soutenu militairement le renversement, durant l’année 2011, du régime de Kadhafi, n’auront pas leur part du «gâteau libyen». Ainsi en a décidé récemment le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. Le gouvernement Al Thani reproche notamment à la Turquie de soutenir ses rivaux, ainsi que des groupes terroristes, comme Ançar Charia. Le 17 février, à Porto Empedocle, port situé dans le sud de la Sicile, plus de 600 migrants attendaient de débarquer du navire Orion après une opération de sauvetage. En l’espace de quelques jours, au moins 3.800 personnes secourues en mer Méditerranée sont arrivées en Italie selon le décompte de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais le plus grave risque de survenir dans les prochains jours après que l’organisation terroriste l’Etat Islamique basée en Libye a menacé d’envoyer des dizaines de milliers de migrants vers les côtes européennes.

William Schabas, a démissionné de la présidence de la Commission d’enquête (ONU) sur les crimes de guerre à Gaza. Alors qu’il devait livrer un rapport en mars prochain. Il a déclaré, en 2013, que le dirigeant qu’il préférerait voir B. Netanyahu devant la CPI.

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ÉCONOMIE &

MARCHÉS

MODÈLE ÉCONOMIQUE

VERS UN NOUVEAU CAP ?

C’est en mettant à profit les circonstances favorables qu’il faut oser une refonte en profondeur du modèle économique du pays. Un modèle qui, à bout de souffle, a montré ses limites eu égard aux signes grandissants de déséquilibres macroéconomiques enregistrés depuis quelques années. Le débat sur cette question, suggéré parle Haut-commissaire au plan depuis des années déjà, a tracé les limites et le danger que fait courir le maintien du modèle actuel fondamentalement basé sur la demande interne. En guise de premier essai sérieux, OCP Policy s’est investi depuis deux ans dans la recherche de palliatif de croissance durable pour le pays. Un effort qui a abouti à l’élaboration d’un rapport académique approfondi sur le modèle économique (actuel et reformé) du pays avec une projection à l’horizon 2025. Riche, le rapport élaboré par le think-tank devrait être présenté au Conseil économique, social et environnementale pour faire l’objet d’un débat approfondi surtout institutionnel. Histoire d’inspirer les hommes aux commandes de la chose politico-économique pour changer le cap. Il n’est jamais trop tard pour bien faire si la volonté, comme le courage, sont de la partie.

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POLITIQUE ÉCONOMIQUE

LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT !

Par : Abderrahmane El Maleh

Le think-tank « OCP Policy center » vient de publier son rapport sur la stratégie de croissance du Maroc. Fruit de deux ans de recherches, c’est le modèle économique du pays durant les deux dernières décennies qui a été décortiqué sous toutes les coutures. Objectif : dégager un nouveau cap pour dépasser l’essoufflement.

S

i l’économie marocaine a su surmonter les difficultés engendrées par la crise financière mondiale, un certain nombre d’indicateurs suggèrent clairement que la stratégie de croissance s’essouffle depuis la fin des années 2000 : une montée continue des déséquilibres macroéconomiques, tant sur le plan budgétaire que sur celui de la balance des paiements ; une perte de compétitivité, liée à l’appréciation du taux de change réel et une hausse des coûts salariaux ; un ralentissement tendanciel de la croissance ; une amélioration limitée de la qualité de la maind’œuvre, qui entrave la capacité d’ajustement du pays; et un chômage endémique. Cette situation générale pourrait s’accompagner d’une érosion de la confiance des agents quant aux perspectives futures de l’économie. Partant de ce constat alarmant, le think-tank propose une nouvelle orientation de la stratégie économique du pays. Pour les auteurs de ce rapport

L’ENJEUX DE LA RÉINDUSTRIALITION DU PAYS RESTE CAPITAL

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la performance du Maroc en matière de croissance au cours de la décennie passée a eu pour principale source l’expansion de la demande interne associée à des ratios d’investissement public des plus élevés au monde. Quant à l’investissement privé productif, particulièrement dans le secteur manufacturier, il n’a ni augmenté ni anticipé sur le futur. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces distorsions: un effet de complémentarité limité associé au capital public, des effets d’éviction non négligeables et des progrès insuffisants, bien que notables au niveau de l’environnement des affaires. De plus, les activités à faible intensité technologique, représentent à peu près 70 % de la valeur ajoutée du secteur manufacturier et près de 80 % des exportations du pays. Dans ce sens, les activités de moyenne et haute technologies ne concernent qu’un nombre limité d’entreprises, et continuent de ne représenter qu’une part modeste dans la valeur ajoutée et l’emploi dans le secteur manufacturier. Ce manque de dynamisme agit comme une contrainte majeure sur la capacité de l’économie marocaine à rattraper son retard par rapport aux pays émergents. Idem coté emploi, le taux de chômage reste élevé, particulièrement pour les jeunes et les travailleurs qualifiés. Les raisons


de ces tensions persistantes au niveau du marché du travail sont multiples et incluent : un taux de croissance qui reste insuffisant pour absorber pleinement l’expansion de la force de travail ; un investissement privé insuffisant dans les secteurs porteurs pour la croissance; et des rigidités institutionnelles – y compris la qualité du dialogue entre patronat et syndicats, les niveaux élevés des coûts d’embauche et de licenciements, et les frictions dans le fonctionnement du cadre légal de résolution des conflits du travail. À cela s’ajoute une trop grande inadéquation entre le type de compétences produites par le système éducatif et celles nécessaires pour passer à un régime d’innovation, afin de mieux s’insérer dans les chaînes de valeur mondiales, et affronter sur des bases solides la concurrence sur les marchés internationaux.

AUX GRANDS MAUX… Ces enjeux ne sont pas insurmontables selon le Think-Tank. En adoptant une nouvelle stratégie intégrée et ambitieuse pour promouvoir la croissance et l’emploi, le Maroc pourrait encore mieux tirer parti du nouvel environnement international. Selon ce Rapport, cette stratégie devrait reposer sur trois piliers : primo favoriser un regain de compétitivité à court terme, en adoptant un certain nombre de mesures visant à réduire les coûts de production dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre et à poursuivre les efforts d’amélioration de la qualité de cette dernière. Secundo, promouvoir l’activité privée dans les secteurs de production qui permettront au pays d’accélérer sa transition vers le haut de la frontière technologique mondiale et d’entrer en concurrence sur les marchés internationaux de biens et services à forte intensité technologique et en main-d’œuvre qualifiée, tout en améliorant son positionnement dans les chaînes de

valeur mondiales. Et enfin repenser le rôle que l’État doit jouer pour faciliter cette transition, notamment en matière d’incitations aux agents privés à investir, sous forme de services publics qui permettraient d’accroître la productivité des facteurs de production privés dans les secteurs d’activités stratégiques, et en termes d’appui à une stratégie d’intégration régionale. Pour atteindre ces objectifs fondamentaux, le nouveau cadre de croissance économique, selon OCP Policy, devrait commencer par une composition plus adéquate des dépenses d’investissement public (possiblement dans un contexte de baisse du niveau total de ces dépenses, imposée par la consolidation budgétaire ) entre l’infrastructure de base (routes, énergie, systèmes de télécommunications de base, eau et assainissement) et l’infrastructure avancée (technologies de l’information et de la communication avancées), ainsi qu’une meilleure répartition du capital public entre les régions. Cette réallocation des dépenses d’investissement en infrastructure est essentielle pour favoriser un ajustement des structures de production, c’est-à-dire un passage d’activités

le modèle économique, tiré par la consommation interne, est à bout de souffle

RÉFORMES QUANTIFIÉES IMPACT PALPABLE ! L’impact de cette stratégie intégrée sur la croissance économique et l’emploi a été évalué à partir d’un modèle macroéconomique quantitatif, calibré pour le Maroc. Cet examen de l’impact de politiques individuelles et d’un programme composite de réformes suggère que la stratégie proposée permettrait d’accélérer le taux de croissance annuel tendanciel du Maroc au-delà de son taux actuel d’environ 4 % à environ 6,2 %. Une fois implémentée avec succès, elle permettrait de créer, selon l’intensité des réformes – notamment du marché du travail –, entre 160 000 et 200 000 emplois par an en termes nets, et se traduirait par un quasi-doublement du revenu par tête sur dix ans.

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ÉCONOMIE

intensives en main-d’œuvre non qualifiée, basées sur l’imitation – ou l’adaptation limitée – de produits étrangers et reposant sur des technologies importées, vers des activités intensives en main-d’œuvre qualifiée, basées sur l’innovation nationale. Ces dernières nécessitent un accès rapide à l’information pour exploiter les opportunités offertes par de nouveaux marchés et favoriser le développement de réseaux internatioLES RECETTES DU naux de connaissance. Second pilier TINK-TANK POUR UN de la refonte, le renforcement des AUTRE MODÈLE DE politiques visant à promouvoir la qualité de l’éducation – aussi bien dans CROISSANCE NE SONT le secteur secondaire que supérieur PAS IRRÉALISABLES – et la formation continue, l’innovation nationale et l’Etat de droit, avec une perspective sectorielle fondée sur le choix de domaines porteurs de l’économie. Troisièmement, des réformes sont nécessaires au niveau du marché du travail visant à réduire le coût de la main-d’œuvre, diminuer l’inadéquation des connaissances de manière à favoriser 48

PERSPECTIVES MED

l’adoption de méthodes de production plus intensive en technologie avancée et permettre au pays de mieux exploiter les opportunités créées par les changements rapides auxquels il fait face sur les marchés mondiaux. Quatrièmement, des politiques spécifiques à l’égard de secteurs de production stratégiques, dont les secteurs agricole, manufacturier, des phosphates et des énergies renouvelables sont à adopter. Ces politiques ont un défi commun, celui de s’adapter à un environnement international en profonde mutation, et un objectif commun, celui de redéployer les ressources (investissement en capital physique et capital humain) de manière à favoriser la recherche et l’innovation, permettre un positionnement plus favorable sur la frontière technologique mondiale, et donc bénéficier au mieux de la croissance de la demande attendue dans ces secteurs. Cinquièmement, renforcer le rôle du secteur financier national dans le financement des petites et moyennes entreprises (PME), tant au niveau des activités de production que de celles d’innovation, et dans sa capacité à soutenir le processus de mondialisation des entreprises marocaines non financières, particulièrement dans leur stratégie régionale. Il s’agit aussi de favoriser une concurrence plus forte dans le secteur financier afin d’accélérer le développement du financement de marché (non bancaire), de développer l’épargne et l’expansion du financement de l’économie. Sixième recommandations du think-tank, une libéralisation plus poussée du compte capital et l’adoption d’un régime de change plus flexible, sous forme d’un flottement dirigé, dans le but de réduire les importations et d’aider au redressement de la balance des paiements, de retrouver une compétitivité-coût largement érodée au cours des dernières années, et de faciliter l’absorption de chocs externes. Enfin et dans sa dimension internationale, le rapport recommande une accentuation de la stratégie régionale visant à capitaliser sur la position géographique du Maroc, dans le contexte de la nouvelle division internationale du travail, pour délocaliser graduellement les activités manufacturières légères basées sur l’imitation et intensives en main-d’œuvre peu qualifiée vers notamment les pays francophones d’Afrique subsaharienne, de manière à tirer parti des faibles coûts du travail et favoriser la « montée en gamme » du pays. Ceci est d’autant plus réalisable qu’en Afrique francophone le Maroc peut tirer parti d’une présence bien établie dans nombre de secteurs – dont celui financier – et de l’héritage culturel commun pour affronter la concurrence chinoise bien installée. Il s’agirait de mettre en place les mécanismes nécessaires pour la création de chaînes d’approvisionnement intégrées. Encourager les IDE des entreprises marocaines dans la région, particulièrement en infrastructure de base. Envisager des mécanismes temporaires de soutien de l’État, y compris à travers des accords d’aide bilatéraux.


EMPLOI

HAUSSE DU CHÔMAGE

U

ne hausse du taux de chômage de 0,7 a été constatée en 2014 traduisant le ralentissement de l’activité de quelques branches sensibles du tissu industriel à forte création d’emploi, notamment l’industrie du textile. Tel est le constat du HCP. L’emploi reste le talent d’Achille de l’économie nationale. Le taux de chômage ressort à 9,9% en 2014, en hausse de 0,7 point par rapport à 2013, indiquent les chiffres du HCP. Seuls 21 000 postes nets ont été générés en 2014, résultant de la création de 27 000 postes en milieu urbain au moment où le milieu rural en aurait perdu 6 000. Cette baisse de l’emploi est également imputable au ralentissement du secteur industriel, ayant perdu au cours de l’année dernière 32 000 postes, en relation notamment avec la baisse de régime observée au niveau des entreprises de textile, bonneterie et d’habillement. Ce secteur qui a connu un redressement en 2014 (la valeur ajoutée des industries textiles et du cuir se serait améliorée de 1,2% en 2014 contre une régression de 2,7% en 2013)

LES GISEMENTS DES CHÔMEURS N’EN FINIT PAS DE GRANDIR

s’est malheureusement accompagné par une destruction d’emplois reflétant vraisemblablement l’impact des pressions concurrentielles en matière de productivité internationale.Ce que les textiliens contestent. D’autres secteurs ont faiblement contribué à la création d’emploi, notamment les services. De 109 000 emplois générés en moyenne durant les 3 dernières années, la courbe s’est affaissée à seulement 42 000 en 2014. Idem pour le secteur agricole qui se serait contenté de créer 16 000 nouveaux postes en 2014, contre 58 000 une année auparavant. Pour sa part, et après avoir perdu près de 14 000 emplois en moyenne au cours des 3 dernières années, le secteur des BTP aurait enregistré des créations d’emploi en stagnation comparativement à 2013. Dans ces conditions, la population active au chômage se serait accrue de 8%, passant de 1 081 000 en 2013 à 1 167 000 en 2014, soit 86 000 chômeurs additionnels dont 63 000 en milieu urbain et 23 000 en milieu rural. L’analyse des principales caractéristiques de la population active en chômage révèle que 80,1% des chômeurs sont des citadins, 62,6% sont âgés de 15 à 29 ans, 27,6% sont diplômés du niveau supérieur, 45,4% sont primo-demandeurs d’emploi et 59,2% chôment depuis plus d’une année. PERSPECTIVES MED

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LOI DES FINANCES

LES AMBITION DE L’ARGENTIER Par Abou Marwa

Le ministre de l’Economie et des finances, Mohammed BOUSSAID, était l’invité de la fondation AttijariWafa Bank dans le cadre de la première rencontre pour l’année 2015 de ses cycles de conférences dans le but de donner les éclairages nécessaires sur la politique économique et les défis à relever à court et moyen termes.

C’

est autour du thème « Loi de Finances 2015 : Cap sur la relance et l’équité sociale » que s’est tenue la première conférence de la fondation AttijariWafa Bank pour cette année avec comme invité principale le ministre de l’Economie et des finances. Mohammed Boussaid était invité à exposer la vision économique du gouvernement devant un parterre de plus de 250 hommes d’affaires de grandes, moyennes et petites entreprises, et hauts dirigeants d’institutions publiques et privées. Après une brève présentation du contexte général par M. Kettani PDG de la banque, le ministre a dressé via son intervention intitulée « Nouveau cap économique : équilibre, croissance, création d’emploi », un panorama complet de l’économie nationale et l’évolution de ses performances entre 2013 et 2014, avant de rappeler les objectifs de 2015 inscrits dans la loi de Finances.Dans ce sens l’exécution de

LE TRIPTYQUE DE

M.BOUSSAID : « ÉQUILIBRE, CROISSANCE ET EMPLOI »

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PERSPECTIVES MED

la Loi de Finances 2014 a été marquée par un allègement du déficit budgétaire de 6,3% ou de 2,9 milliards de dirhams par rapport à fin 2013 pour s’établir à 42,8 milliards, soit 4,7% du PIB après 5,2% en 2013. Cette amélioration trouve son origine au niveau de l’évolution aussi bien des recettes que des dépenses. Les recettes ordinaires ont enregistré une plus-value de 7,9 milliards de dirhams par rapport aux prévisions initiales de la Loi de Finances et ont augmenté de 4,6% par rapport à leur niveau de l’année 2013 pour atteindre 215,6 milliards de dirhams. Cette évolution est attribuable à la hausse des recettes fiscales, ainsi que des recettes non fiscales. Les recettes fiscales se sont appréciées de 1,9% à 177,5 milliards de dirhams. Ce résultat a découlé, particulièrement, de la hausse des recettes de l’IS de 2,1%, des TIC de 4,3% et des droits d’enregistrement et de timbre de 16,3%. Les recettes non fiscales se sont accrues, quant à elles, de 21,7% à 35,2 milliards de dirhams, en relation, notamment, avec l’encaissement d’une recette de privatisation de 2 milliards de dirhams et des dons CCG de 13,1 milliards de dirhams. L’exécution des


dépenses ordinaires a été bien maitrisée par rapport aux prévisions initiales de la Loi de Finances, enregistrant un taux de réalisation de 97,6% à fin 2014 pour atteindre 210,4 milliards de dirhams, enregistrant ainsi une économie de 5,2 milliards de dirhams et une légère hausse de 0,3% par rapport à leur niveau à fin 2013. Cette évolution s’explique par l’effet conjoint de la hausse des dépenses de biens et services de 5,1% et des charges en intérêt de la dette de 10,1%, et de la baisse des charges de compensation de 21,5%. De leur côté, les dépenses d’investissement ont augmenté de 9% à 52,5 milliards de dirhams, soit un taux de réalisation de 120%.

CAP SUR LA CROISSANCE « A présent, se pose à nous un triple défi, à savoir la ré-industrialisation de notre pays, une politique de soutien à l’emploi en veillant à l’inclusivité spatiale et sociale pour améliorer les conditions de vie des populations, et la poursuite des réformes structurelles », telle était la profession de foi de l’Argentier. M.Boussaid a défini quatre axes stratégiques pour un nouveau cap économique, à commencer par l’impulsion d’une politique de l’offre basée sur la ré-industrialisation, avec des mesures destinées à la stimulation de l’investissement privé; la poursuite de la politique de soutien à la demande et à l’emploi, tout en ciblant davantage les segments sociaux et territoriaux les moins intégrés; le rétablissement progressif des équilibres macroéconomiques, appuyé par la transformation de la gouvernance et le fonctionnement de l’Etat; et enfin la diversification des partenariats avec le monde. Concernant l’impact de la chute des prix du pétrole, le ministre a expliqué que cet impact sur la croissance en 2015 est insignifiant : une première simulation a donné un différentiel de 0,2 à 0,3% de croissance. Cependant, l’impact sur le compte courant de la balance des paiements demeure important. D’un point de vue budgétaire, la chute du prix du pétrole aura pour effet une perte de l’ordre de 3 milliards de DH au titre des recettes de TVA à l’importation. Sur un autre plan, le ministre a annoncé que le butoir TVA remboursés en 2014 a atteint 5 milliards de DH (notamment pour les exportations). En plus de ce montant, il va falloir compter également 1,1 milliard de DH, soit l’équivalent du manque à gagner

pour le budget de l’Etat (dépenses fiscales) suite à l’application de la règle de décalage. Le processus de remboursement du butoir de TVA a commencé par les dossiers dont les créances cumulées au 31 décembre 2013 ne dépassent pas 20 MDH. Les 5 milliards remboursés jusqu’ici correspondent à 96% de l’ensemble des entreprises concernées par le butoir. Le reste à rembourser, soit le gros lot, va toucher un total de 70 entreprises (en dehors des entreprises publiques). Abordant le sujet sur la charte d’investissement, l’Argentier a avancé que la nouvelle mouture en cours de finalisation sera bientôt mise dans le circuit législatif. De nouvelles incitations financières y seront intégrées. Les projets seront par ailleurs différenciés selon leur nature ainsi que le territoire de leur implantation. S’agissant de la régionalisation, le ministre a affirmé que l’objectif est de réserver aux régions 10 milliards de DH de ressources budgétaires d’ici 2021. Ces ressources vont transiter par les deux Fonds prévus par la Constitution: le Fonds de solidarité interrégionale et celui de mise à niveau sociale.

RECETTE DE L’OPPOSITION

PROFITER DES DONS DIVINS ! L’Alliance des économistes Istiqlaliens a tenu récemment sa conférence de presse annuelle. Au programme, un long exposé du président Adil Douiri pimenté par les multiples critiques adressé au gouvernement. L’ancien ministre du Tourisme a démontré, chiffres à l’appui, que l’équipe Benkirane a réalisé de mauvais résultats en matière de croissance économique et de création d’emploi. Selon A.Douiri, le gouvernement n’aurait pas trouvé de solutions aux enjeux auxquelles doit faire face l’économie nationale, notamment la faiblesse du volume des échanges commerciaux et le déficit de la balance des paiements. Ce qui a notamment conduit à un déficit en matière de liquidité, freiné les opportunités d’investissements et porté un coup dur à la consommation (due à la hausse des impôts et au durcissement du crédit). Selon lui, ce sont «les dons du ciel» qui auraient sauvé la mise au gouvernement. En faisant allusion à la décision de la banque centrale européenne de racheter 60 milliards par mois de dette publique et privée jusqu’à septembre 2016 pour contrer le risque de déflation et stimuler l’économie, à la chute des cours du pétrole sur les marchés mondiaux, de 100 à 50 dollars et la proposition du souverain d’établir un partenariat stratégique avec les pays du Golfe… Pour le patron de l’Alliance des économistes istiqlaliens, le gouvernement se doit de profiter de ces « dons divins » en stimulant les investissements privés, notamment en allégeant la fiscalité et en dupliquant le Fonds industriel dans d’autres secteurs comme le tourisme. Enfin, ce qui est à retenir de cette conférence c’est la proposition faite par A. Douiri de procéder à un arbitrage au quotidien sur les dossiers économiques transversaux. Arbitrage qui pourrait être mené par le Chef du Gouvernement…

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FMI /MAROC

LA LPL MAINTENUE

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e Conseil du FMI vient de conclure la 1ère revue de la performance économique du Maroc dans le cadre d’un programme de 24 mois appuyé par la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Son directeur général adjoint relève que malgré une conjoncture extérieure défavorable, les mesures « décisives » prises par les autorités ont contribué à rééquilibrer l’économie et réduire les facteurs de vulnérabilité budgétaires et extérieurs. Ce nouveau rapport vient souligner les progrès économiques louables réalisés en dépit des difficultés financières rencontrées auparavant et le rend éligible pour le maintien de la LPL. Les responsables de l’institution notent que les mesures volontaristes prises par les autorités marocaines ont contribué à rééquilibrer l’économie et à réduire les facteurs de vulnérabilité budgétaire

LE BAILLEUR DE FONDS APPELLE AUX RÉFORMES

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et commerciale. Pour rappel, le déficit budgétaire a atteint 4,9% du PIB en 2014 et des progrès considérables ont été réalisés en matière de réforme du système des subventions. Le déficit des transactions extérieures a, pour sa part, sensiblement diminué tandis que les réserves de changes ont significativement augmenté, profitant de l’expansion des secteurs exportateurs et de la baisse des prix internationaux du pétrole. Le climat des affaires s’est, quant à lui, nettement amélioré. Toutefois, des efforts demeurent nécessaires afin d‘accroître la transparence et la gouvernance de même que la poursuite des réformes structurelles, notamment la refonte paramétrique du régime des retraites et celle du régime fiscal en vue de soutenir la croissance et consolider la stabilité macroéconomique. Dès lors, la LPL accordée au Maroc en août 2012 par le FMI, a été renouvelée en juillet 2014 pour une durée de 2 ans pour un montant de 5 milliards de dollars. La dite LPL a été créée pour répondre avec plus de souplesse aux besoins de liquidité des pays membres dont l’économie fait preuve de résilience…


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Echanges extérieurs

DÉTENTE CONTINUE

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a chute des cours du pétrole a contribué à l’amélioration de la balance commerciale en ce début d’année. Le taux de couverture s’est amélioré du fait de l’allègement de la facture énergétique. A fin janvier 2015, le déficit commercial s’est allégé, en glissement annuel, de 31,6% ou de 5,3 milliards de dirhams pour s’établir à 11,5 milliards de dirhams, pour un taux de couverture de 57,8 (vs. 46,9% en Janvier 2014). Cette évolution positive de la Balance Commerciale résulte d’un côté, d’une progression de 5,8% à 15,7 Mds Dhs des exportations intégrant une hausse de 10,5% des ventes automobiles à 3,9 Mds Dhs, de 10,3% des écoulements du secteur textiles et cuir à 2,9 Mds Dhs et de 5,5% de

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ceux du segment agro-alimentaire à 3,5 Mds Dhs. D’un autre côté, la contraction des importations de 14% à 27,2 Mds Dhs attribuable à l’allègement de 44,7% de la facture énergétique à 4,4 Mds Dhs et, dans une moindre mesure, de 25,6% des achats de produits alimentaires à 3 Mds Dhs. Idem pour les importations de produits finis de consommation et de produits bruts qui reculent de 7,9% et de 8,6% respectivement à 4,8 Mds Dhs et à 1,3 Mds Dhs. En revanche, les achats de biens d’équipements progressent de 7,1% à 7 Mds Dhs, en relation avec la croissance des achats d’avions. Concernant les autres flux financiers, ils ont été marqués par l’amélioration des transferts des MRE de 2,6% pour atteindre 4,9 Mds Dhsà fin janvier 2015. En revanche, les recettes voyages ont reculé de 12,8% par rapport à fin janvier 2014 pour s’établir à 3,8 Mds Dhs. De même, le flux des IDE a baissé de 39,4% pour atteindre 1,4 Mds Dhs, recouvrant une baisse des recettes de 33,4% à environ 2 Mds Dhs et un recul des dépenses de 14,4% à 601 M Dhs.


Finances publiques

BON DÉBUT D’ANNÉE

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es Finances Publiques démarrent l’année 2015 avec un excédent, vraisemblablement en raison de l’absence de charges de Compensation dans un contexte de forte détente des cours de pétrole à l’international. Selon les chiffres du ministère de l’Economie et des Finances, les recettes ordinaires du Trésor augmentent légèrement de 0,6% à 16,7 Mds Dhs, comparativement au mois de janvier 2014 compte tenu de l’augmentation significative de 105,1% des recettes non fiscales à 1,1 Mds Dhs, résultant de l’appréciation des recettes du domaine à 109 M Dhs (contre 29 M Dhs en janvier 2014) et de celles en atténuation des dépenses de la dette à 730 M Dhs(contre 75 M Dhs une année auparavant). Les recettes ont aussi connu un ralentissement de 7,2% à 6,6 Mds Dhs des impôts indirects par rapport à fin janvier 2014, suite à la régression de 26,8% à 1,6 Mds Dhs des taxes intérieures de consommation, grevées par la détérioration de 40,6% à 0,8 Mds Dhs (vs. 1,4 Mds Dhsà fin janvier 2014) des recettes sur les produits énergétiques, non compensée par la hausse de 6,5% à 2,6 Mds Dhs des droits d’enregistrement et de timbre et l’appréciation de 1,3% à 5 Mds Dhs des recettes de la TVA. Enfin, coté impôts indirects, ils ont stagné à 5,7 Mds Dhs intégrant un repli de 4,6% à 3,9 Mds Dhs des recettes provenant de l’IR et un gain de 12,3% de celles de l’IS. Au volet emplois, les dépenses ordinaires enregistrent une baisse de 16,6% à 14,4 Mds Dhs en raison notamment de l’absence des charges de Compensation durant le mois de janvier 2015, contre 3,3 Mds Dhs en janvier 2014. Pour leur part, les inté-

rêts de la dette enregistrent une hausse de 9,3% à 1,7 Mds Dhs tandis que les dépenses de biens et services augmentent de 2,3% à 12,8 MdS Dhs. Dans ces conditions, le solde ordinaire à fin janvier 2015 se fixe à 2,3 Mds Dhs contre -688 M Dhs une année auparavant. Pour leur part, les dépenses d’investissement ressortent à 8,3 Mds Dhs, en repli de 6,7%, pour un taux d’exécution de 15%. Intégrant un solde positif de 11,2 Mds Dhs dégagé par les comptes spéciaux du Trésor (vs. 9,5 Mds Dhs en janvier 2014), l’exécution de la Loi de Finances durant ce premier mois de l’année fait ressortir un excèdent du Trésor de 5,2 Mds Dhs contre un déficit de -141 M Dhs à fin janvier 2014. Enfin, il y a lieu de signaler que le Trésor a eu recours en janvier dernier au Marché des adjudications en réalisant des levées de 11,9 Mds Dhs et des remboursements de 3,7 Mds Dhs, portant ainsi l’encours de la dette intérieure à 435,8 Mds Dhs en hausse de 1,9% comparativement à fin décembre 2014. PERSPECTIVES MED

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NADOR WEST MED

C’EST REPARTI !

Selon un quotidien économique de la place, seize groupements auraient présenté leurs offres pour la réalisation des infrastructures de NADOR WEST MED, dans le cadre de l’appel international à candidature lancé en novembre 2014. Le démarrage des travaux devrait débuter à la fin du 1er semestre 2015 et devrait s’étaler sur une durée de 48 à 60 mois Devant nécessiter un investissement global de 10 Mds Dhs, ce projet devrait être financé à hauteur de 4,6 Mds Dhs en fonds propres, dont 2,24 Mds Dhs supportés par L’Etat, 1 Md Mds Dhs par LA ZONE NORD DISPOSE AVEC le Fonds HASSAN II, 800 M Dhs par l’Agence spéciale Tanger TANGER MED ET NADOR WEST Méditerranée (TMSA) et 550 M Dhs par l’Agence nationale MED DE DEUX RÉACTEURS des ports (ANP). NADOR WEST MED devrait également porter POUR UN RÉEL DÉCOLLAGE. sur une plateforme industrielle franche d’une superficie de 1.500 hectares avec une zone de développement en dehors de la zone franche sur une superficie de 2.500 hectares Remis sur les rails, le projet NADOR WEST MED devrait renforcer le positionnement du Maroc sur les voies maritimes internationales, notamment en matière de capacités en hydrocarbures.

BTP LE BOUT DU TUNNEL ?

L’activité ne fait que baisser pour le BTP depuis 4 ans. 2014 a été marquée par des baisses généralisées, notamment dans le ciment dont 80% de la production est consommée par le secteur. Toutefois, la nouvelle année sera résolument une année de stabilisation pour le secteur. Des prévisions justifiées par les 189 Md MAD de commandes publiques prévues par la loi de Finances. Un budget qui devrait profiter à tout l’écosystème BTP. De plus, le 2éme contrat programme pour le développement du BTP et l’ingénierie devrait probablement être signé début mars prochain. Le ministère de l’Equipement a organisé en janvier dernier une la cérémonie de signature de ce cadre contractuel avec la fédération national du BTP et la fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie.

MARCHÉ AUTOMOBILE

ÇA DÉCÉLÈRE La baisse, légère, des ventes automobiles en ce début d’année 2015, est atténuée par la bonne performance du segment luxe et ce, en dépit de la mise en place de la taxe sur les voitures haut de gamme décidée en 2014. Les statistiques de l’AIVAM font état d’une contraction des ventes de 0,16% à 9 289 unités à fin janvier 2015, comparativement à une année auparavant. Par segment, les Voitures Particulières -VP- affichent une hausse de 1,96% à 8 396 unités, tandis que les Véhicules Utilitaires Légers -VUL- régressent de 16,5% à 893 nouvelles immatriculations. Par marque, DACIA occupe la tête du peloton des écoulements VP avec 1 214 unités (+19,02%), suivie par la marque au losange et HYUNDAY avec des ventes de 856 (+12,78%) et 803 (+0,12%) unités respectivement. FORD et PEUGEOT occupent, quant à elles, les 4ème et 5ème places avec 705 (+8,29%) et 646 (+11%) véhiculent vendus. Pour le segment premium et luxe, BMW est en première position avec 183 unités (+107,95%), suivie de MERCEDES avec un volume de 175 voitures (+78%) et AUDI avec 151 nouvelles immatriculations (+88,75%). 56

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TOURISME

LÉGÈRE HAUSSE DES ARRIVÉES TOURISTIQUES La baisse d’activité enregistrée durant le dernier trimestre de l’année a fini par impacter l’orientation du secteur, qui reste tout de même légèrement positive en 2014. Au terme de l’année, les arrivées touristiques aux postes frontières progressent globalement de 2,4% à 10 282 944 personnes, dont 4 845 491 MRE (+2,6%) et 5 437 453 touristes étrangers (+2,1%). Les plus fortes progressions concernent les arrivées en provenance du Royaume-Uni avec 14% à 625 852 touristes, d’Italie avec 6% à 417 599 personnes et d’Allemagne avec 5% à 572 604 touristes. Les principaux marchés émetteurs demeurent la France avec 3 494 112 touristes (34% du total) suivi de l’Espagne qui est à l’origine de 2 134 061 visiteurs (21% du total). Sur la même période, les nuitées totales réalisées dans les établissements d’hébergement touristique classés, enregistrent une hausse de 2,7% à 19 633 475 par rapport à l’année précédente, incluant une progression de 2,8% de celles

des non-résidents à 14 326 312 nuitées et de celles des résidents de 2,4% à 5 307 163 nuitées. Par ville, Marrakech et Agadir demeurent en tête, avec 6 727 532 nuitées (+3%) et 5 055 424 nuitées (+2%). Sur l’année 2014, Ouarzazate affiche la hausse la plus importante avec 19% à 427 172 nuitées, suivie de Fès avec 823 120 nuitées (+7%). Par conséquent, le taux d’occupation s’apprécie légèrement pour s’établir à 44% (contre 43% une année auparavant). En parallèle, les recettes voyages générées par l’activité touristique des non-résidents au Maroc ressortent à 57,2 Mds Dhs contre 57,6 Mds Dhs une année auparavant, soit une légère baisse de 0,7%. Sur le seul mois de décembre, les arrivées touristiques avaient reculé de 3,9% comparativement au mois de décembre 2013 pour se fixer à 759 452 touristes. Faisant déprécier les nuitées de 11,1% à 1 250 239 nuitées, grevant le taux d’occupation de 4 points à 35% et les recettes voyages de 9,6% à 3,8 Mds Dhs.

HAUSSE DES TRANSACTIONS IMMOBILIÈRES EN 2014 DES PRIX À LA BAISSE… A l’issue d’une année mitigée, le secteur immobilier affiche en 2014 une baisse des prix des actifs en dépit d’une amélioration des volumes de ventes. Au terme du quatrième trimestre 2014, l’indice des prix des actifs immobiliers -IPAI- affiche ainsi une contraction de 1,4%, comparativement au même trimestre de 2013, reflétant une baisse de 2,7% des prix des biens commerciaux, un repli de 1,9% des prix du résidentiel et une légère hausse de 0,1% des prix du foncier. Dans les principales villes, les prix ont régressé de 7,9% à Marrakech, 3% à Rabat, 2,4% à Meknès et 1,5% à Casablanca. A contrario, ils se sont appréciés de 2,1% à Oujda et 1,7% à El-Jadida et Agadir. Cependant, le volume global des transactions s’améliore de 8,9% en glissement annuel. Par catégorie, les transactions des biens commerciaux et des biens résidentiels progressent respectivement de 20,8% et 12,5% comparativement au même trimestre en 2013, tandis que ceux des biens fonciers diminuent de 7,4%. Par ville, le nombre de transactions s’est apprécié significativement à Meknès de 36,3%, à Casablanca de 32,9% et à Kenitra de 22,6% suite, principalement, à l’appréciation des ventes des appartements. Au moment où Agadir, Marrakech et Tanger enregistrent respectivement un repli des ventes de 29,9%, 14,6% et 14,3% consécutivement au recul des ventes des appartements et des terrains. D’un trimestre à l’autre, l’indice des prix des biens immobiliers diminue également de 1,4% et le nombre de transactions régresse de 0,2%. Au final, l’année 2014 s’achève sur une baisse de 0,8% des prix des biens immobiliers après une augmentation de 1,3% un an auparavant et sur une bonification de 12% du nombre de transactions contre une dépréciation de 5% en 2013. Pour ce qui est de ce début d’année, la tendance du secteur ne semble pas différer de celle de l’année 2014, la demande à l’échelle nationale a repris, sauf que les prix moyens du m² stagnent toujours, conformément aux prévisions. PERSPECTIVES MED

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FORUM INTERNATIONAL AFRIQUE DÉVELOPPEMENT

PLACE AU CONCRET ! Par : Abderrahmane El Maleh

Pas moins de1 700 décideurs économiques et politiques représentants 23 pays dont 17 en Afrique étaient présents pour la troisième édition du Forum International Afrique Développement, organisée par le groupe Attijariwafabank, en partenariat avec Maroc Export. Placé sous le thème «Le temps d’investir», cette édition a pour but d’encourager de nouvelles initiatives, pour les entreprises audacieuses et des partenariats porteurs d’avenir...

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a troisième édition du Forum Afrique développement qui a pour thème central « Le temps d’investir », ambitionne de transformer les opportunités en actions concrètes de partenariat et de co-investissement. Co-organisée par le Groupe Attijariwafa Bank et Maroc Export, la troisième édition du Forum Afrique développement a pour objectif de galvaniser un partenariat Sud-Sud porteur d’espoir et de progrès pour les peuples africains. Mohamed Kettani, PDG de la première banque du pays, ne s’est pas contenté des salamalecs d’usage plus qu’il n’a fait un large exposé sur les opportunités d’affaires en Afrique et dont il est témoin en tant qu’opérateur bancaire de référence sur le continent.A ses yeux, « la crise financière internationale a accéléré les changements et nous a fait accéder dans un univers de volatilité » (du pétrole, des métaux, des devises, des cycles économiques et de la hiérarchie même des puissances économiques).Et d’ajouter que « dans cet univers en proie aux changements constants et accélé-

BEAUCOUP DE « BUSINESS » RESTE À FAIRE EN AFRIQUE

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rés, notre continent a également changé. Sa forte croissance économique et démographique, ses ressources naturelles et agricoles, sa classe émergente de nouveaux consommateurs en font certes de plus en plus un relais de croissance pour les investisseurs internationaux, voire la nouvelle frontière, mais l’Afrique a changé car elle sort des schémas du passé pour entrer dans une dynamique de transformation profonde ». Preuve en est que de plus en plus d’Etats africains se sont désormais dotés de visions sectorielles structurées et cohérentes, matérialisées par des plans chiffrés et de projets d’investissements ciblés dans tous les domaines et ayant comme objectif ultime la valorisation des matières premières. Ces plans donnent confiance et visibilité aux opérateurs économiques : infrastructures, énergie, télécommunications, valorisation des ressources naturelles dans les industries agro-industrielles et minières, développement du tourisme et des services… Autant d’opportunités de partenariats publics privés, de coopérations triangulaires nord sud-sud créatrice d’emploi et de valeur ajoutée, de transfert de compétence et de savoir-faire, d’innovation et de ruptures technologiques. D’où le thème de ce troisième forum qui désormais prendra une cadence annuelle afin de répondre à la forte demande émanant


des opérateurs économiques et franchir une nouvelle étape dans la dynamique de projet au service du développement de notre continent et de la coopération sud-sud.

aujourd’hui convaincus qu’il est temps pour les PME de nos pays respectifs de sortir de leurs bases. »

LE TEMPS DES PME

Le ministre marocain de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique My Hafid Elalamy, présent lors de l’ouverture des travaux du Forum, n’a pas manqué d’étaler le modus operandi pour le resserrement du partenariat Sud-Sud autour de projets de co-développement, tirant parti des forces d’un pays pour compenser les insuffisances de l’autre.Se fondant sur les objectifs du Forum, notamment de faire émerger par des dialogues publics-privés riches et intenses, des projets de partenariat et d’investissement concrets dans les domaines de l’énergie, de l’agrobusiness et des infrastructures, le ministre a proposé ses recettes déclinées en quatre priorités.Il s’agit d’œuvrer à « la recherche active de gisements de complémentarité, à l’effet de l’intégration des chaines de valeur respectives, qui gagnerait à s’opérer via la mise en place d’écosystèmes régionaux, dans divers secteurs à fort potentiel, tels que la transformation et la valorisation de nos matières premières, de nos productions agricoles et industrielles». Ces écosystèmes seraient le fait d’entreprises locomotives qui « développeraient leurs activités en fédérant autour d’elles des PME de nos pays, créant, ainsi, des relations de proximité entre les filières porteuses de complémentarité, situées sur nos territoires, et garantes de compétitivité partagée ». Selon lui, « la structuration de nos chaines de valeur en écosystèmes régionaux constituerait un levier stratégique dans l’attraction d’investissements structurants en provenance des grands portefeuilles d’investissement internationaux ».En outre, le ministre invite à accélérer l’intégration économique via la signature tant de l’Accord de partenariat économique préférentiel entre le Maroc et l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine que de l’Accord Commercial préférentiel entre le Maroc et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.« Ces accords sont les garants d’un développement signi-

L’Afrique représente aujourd’hui un potentiel encore inexploité. Le continent a réalisé en 2014, un taux de croissance de 3,6% et devrait afficher un taux qui avoisine les 5% au cours de cette année, soit mieux que la moyenne mondiale. L’Afrique sera, dans les 5 prochaines années, parmi les 3 régions du monde qui connaîtront la croissance la plus rapide. Le plus important est que plusieurs pays pauvres et sans ressources naturelles ont atteint des taux de croissance forts et soutenables sur une période relativement longue. L’Afrique se dirige vers un modèle de croissance normalisée. Cette croissance sera notamment portée par les chantiers d’infrastructures économiques et sociales mais également par le développement d’une production locale. Dans ce sens, les investisseurs et particulièrement marocains ont réalisé que l’avenir de leur expansion est d’abord en Afrique et grâce à ce forum, ce n’est pas les opportunités qui manquent. Le Maroc est fortement engagé en Afrique, il a consacré 56% de ses investissements étrangers directs à l’Afrique, et au cours des cinq dernières années, 41 milliards de DH ont été injectés dans des infrastructures économiques et sociales. Le mouvement est porté par des grands groupes. Ils sont essentiellement dans la Banque, l’Assurance, les Télécoms, l’Immobilier, le BTP… Pour l’heure, il s’agirait de donner de la profondeur à cette logique d’intégration régionale, créer une capillarité industrielle et commerciale entre les économies africaines. Chaque implantation devrait générer des écosystèmes locaux avec des emplois locaux et de la valeur ajoutée locale. Des systèmes où les PME trouveront leur place dans les chaînes de valeur créées comme le confirme la présidente de la CGEM. Meryem Ben Saleh a souligné que « si on veut une Afrique intégrée, qui se nourrisse d’ellemême, il faut faire porter cette dynamique par les PME. Je crois que nous sommes tous

MODUS OPERANDI

ficatif, dans une logique gagnant-gagnant, des échanges commerciaux et des investissements entre nos pays, et plus globalement de multiples avantages »: activités économiques multipliées, compétitivité accrue, utilisation plus efficace des ressources et impulsion pour la croissance et le développement qui pourraient découler de l’intensification des échanges d’idées, de services, de biens, de financements et de personnes.La troisième priorité consiste à privilégier des modes de collaboration de type public-privé « pour la concrétisation de notre partenariat, tant ils sont, de par la logique de bonne gouvernance à laquelle ils obéissent, vecteurs de synergies, de transfert technologique et de progrès ». Enfin, plaide My Hafid Elalamy, il faut mettre en place des cadres favorables et attractifs aux affaires et propices à la démultiplication des partenariats publics privés sud-sud, dont les clefs sont, notamment des cadres incitatifs à l’investissement. Au-delà des speechs de circonstance, le Forum de Casablanca a représenté une occasion pour les nombreux opérateurs présents de nouer des courants d’affaires. Le « B to B », privilégié en la circonstance, devra engendrer ultérieurement des résultats probants. Les déclarations dans ce sens ne manquent pas…

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CAISSE CENTRALE DE GARANTIE

TOUJOURS PLUS HAUT… En ligne avec sa stratégie de diversification et d’amélioration de l’attractivité de l’offre – produits, la Caisse Centrale de Garantie boucle l’exercice 2014 avec de bonnes réalisations. En phase avec l’appui au financement des très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME) et de l’accession au logement des couches sociales à faible revenu.

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a 29ème réunion du Conseil d’Administration de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) a été présidée par Mohammed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances le 12 février, à Rabat. Une occasion pour procéder, notamment, à l’examen de l’activité et à la fixation des objectifs en relation avec les orientations stratégiques de la Caisse au titre de l’exercice 2015 et des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. Le ministre s’est félicité de l’importante évolution de l’activité de la Caisse Centrale de Garantie dont l’intervention en 2014 a bénéficié à 3.100 entreprises et 28.459 particuliers.L’Argentier a rappelé, dans ce cadre, les efforts de l’Etat en matière de facilitation de l’accès au financement des TPME. Et souligné, en particulier, la réforme du système national de garantie qui a permis de mieux répondre aux attentes des TPME. Grâce à ce nouveau système, l’activité de garantie dédiée aux TPME a enregistré un accroissement significatif. Au cours de l’année 2014, les produits de garantie de la CCG ont permis de mobiliser un montant global de crédits de plus de 7 Mds Dhs en faveur de 3100 TPME contre 4.8 MMDH en 2013 en faveur

PLUS DE 7 MILLIARDS DE DH DE CRÉDITS

GARANTIS PAR LA CCG

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PERSPECTIVES MED

de 2050 TPME. Ces résultats témoignent de la pertinence des choix stratégiques opérés, de l’efficacité du nouveau dispositif et de l’appropriation par les partenaires de la nouvelle gamme des produits de garantie. Cette tendance est appelée à se renforcer davantage avec la nouvelle stratégie de l’Etat consacrée par le plan de développement de la CCG pour la période 2013-2016 qui vise à apporter de nouvelles réponses aux besoins des entreprises. NOUVEAUX PRODUITS Dans le détail, Hicham Zanati Serghini, D.G de la Caisse a exposé les résultats de l’activité qui a totalisé, en 2014, près de 13 milliards de DH de nouveaux crédits garantis pour un volume d’engagements de 8,38 milliards de DH, en progression annuelle de 22%. Cette progression a concerné plus particulièrement l’activité dédiée aux TPME avec une forte croissance de l’ordre de 41% des crédits garantis qui ont atteint 7 milliards de DH. En ce qui concerne l’activité dédiée aux particuliers et qui porte essentiellement sur la garantie des prêts pour l’accès au logement, celle-ci a permis de garantir près de 6 milliards de DH de crédits bancaires dont 4,2 milliards de DH au titre du Fonds Damane Assakane en faveur de 22 743 ménages, en augmentation de 27% du nombre de bénéficiaires et de 20% en volume d’engagements par rapport à 2013. Le Conseil d’administration qui a


salué ces réalisations positives a également approuvé les objectifs de production pour l’exercice 2015, fixés à 10,3 milliards de DH, en progression de près de 23% par rapport aux réalisations de 2014 pour une enveloppe totale de crédits mobilisés de 14,4 milliards de DH. Aussi et toujours dans le cadre de la volonté de l’Etat d’apporter de nouvelles réponses aux besoins de financement des TPME, un protocole d’entente relatif à la garantie du crédit-bail en faveur des Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME) a été signé conjointement par le ministre de l’Économie et des Finances, le Président l’Association Professionnelle des Sociétés de Financement et le DG de la Caisse. Le ministre a présidé par la suite la cérémonie de signature de la convention entre la CCG et le Réseau Maroc Entreprendre, pour la mise en œuvre du produit «Mouwakaba» dédié aux prêts d’honneur en faveur des créateurs d’entreprises. Ainsi et selon le ministre, les TMPE disposent désormais d’une offre produits complète et diversifiée qui couvre leurs besoins à toutes les étapes importantes de leur cycle de vie (création, développement, exploitation, transmission, restructuration...) et qui permet également l’ouverture de la garantie à des prescripteurs autres que les banques, en l’occurrence les sociétés de financement et les associations destinées à financer des prêts d’honneurs.

ANPME

NOUVEAU PLAN D’ACTION Le conseil d’administration ANPME s’est tenu dernièrement sous la présidence des deux ministres en charge, à savoir My Hafid Elalamy et Mamoune Bouhdoud. Bilan a été fait des activités de l’Agence durant l’année 2014 et le nouveau plan d’action 2015-2020 a été présenté par Larbi Benrazzouk, directeur général de l’ANPME. Selon ce dernier, 2014 est une année de consolidation de l’expérience de l’agence et d’accélération du déploiement des programmes d’accompagnement des entreprises : 4800 entreprises bénéficiaires, contre 1600 en 2013, dont 86% sont des TPE, avec un engagement de l’ordre de 450 MDH, en hausse de 34% par rapport à 2013. Pour ce qui est de la nouvelle feuille de route 2015 – 2020, elle sera axée sur trois défis majeurs, à savoir la création d’emploi durable, le développement d’écosystèmes performants et la promotion d’un environnement favorable à l’entreprenariat. Elle se décline via cinq programmes ciblant cinq segments d’entreprises à savoir les auto-entrepreneurs, les entreprises partenaires des écosystèmes, les PME, les TPE et les entreprises à fort potentiel de croissance. Pour accompagner cette nouvelle dynamique, l’ANPME se dote d’une nouvelle organisation basée sur le renforcement des capacités, et adopte une nouvelle démarche d’intervention basée sur la dématérialisation des services et le renforcement des partenariats. PERSPECTIVES MED

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MARCHÉ BOURSIER

BON DÉBUT D’ANNÉE

Par Abou Marwa

APRÈS UN EXERCICE 2014 DANS LE VERT, LA PLACE BOURSIÈRE CASABLANCAISE PARVIENT À CONFIRMER SON INCURSION DANS LE TERRITOIRE POSITIF ET CLÔTURE LE PREMIER MOIS DE L’ANNÉE 2015 SOUS DE BONS AUSPICES. LES INDICES PHARES ÉTAIENT EN HAUSSE DE +6,3% À 10 222,56 POINTS POUR LE MASI ET DE +6,84% À 8 379,11 POINTS POUR LE MADEX.

« BTP », « TÉLÉCOM » ET « BANQUES » TIRENT LA BVC ALORS QUE « L’IMMOBILIER » CHUTE 62

PERSPECTIVES MED

E

n janvier dernier, MASI et MADEX ont enregistré des hausses de 6,3% et6,8% respectivement alors qu’ils affichaient des variations quasi-nulles durant le même mois de l’année précédente. La capitalisation boursière s’est accrue par rapport à décembre de 6,1% à 514,1 milliards de dirhams, en relation avec l’appréciation aussi bien des cours que du nombre de titres échangés.L’examen des indices sectoriels indique que l’appréciation du MASI et du MADEX reflète la performance des secteurs « bâtiments et matériaux de construction » (19,2%), «télécommunication » (11,6%) et « banques » (5,2%) qui ont compensé les contreperformances enregistrées par « l’immobilier » (11,6%) et «boissons» (3,51%). La progression de l’indice du secteur bancaire de 5,2% s’explique essentiellement par la performance des titres CIH (10,8%), BCP (7,8%) et ATTIJARIWAFA BANK (6,4%). Pour ce qui est des sociétés de financement, le titre EQDOM s’est apprécié de 9,2%, MAGHREBAIL et AXA CREDIT ont régressé de 1,8% et de 5,1% respectivement et les titres des autres sociétés de financement n’ont pas connu de variations significatives. Quant aux titres relatifs aux sociétés d’assurance, AGMA a régressé de 5,7% et les autres se sont appréciés avec des taux de 19,9% pour SAHAM, de 9,1% pour WAFA ASSURANCE et de 4,13% pour ATLANTA. S’agissant des indicateurs de valorisation, le Price to Book Ratio1(PB) s’est accru en janvier en passant de 2,43 à 2,55 alors que le Price Earnings Ratio (PER) a atteint 19,4 au lieu de 18,5 un mois auparavant. En ce qui concerne l’évolution de l’indice des « marchés frontiers», les indices des bourses d’Egypte et du Pakistan se sont accrus de 9,6% et 7,2% respectivement, alors que celles de la Jordanie et de l’Argentine ont enregistré des diminutions respectives de 1,5% et 1%. Pour ce qui est du volume mensuel de transactions, il a atteint 3,1 milliards de dirhams en janvier, en légère baisse par rapport à la moyenne mensuelle observée en 2014, compte non tenu des opérations classiques « d’aller-retour » enregistrées en décembre. Le marché central a drainé un montant de 2,6 milliards de dirhams, soit une


moyenne quotidienne de 129 MDH et sur le marché de blocs, le volume échangé s’est établi à 353,4 MDH durant le mois de janvier.

RETOUR EN FORCE DU TRÉSOR Sur le marché de la dette souveraine, les levées du Trésor se sont chiffrées en janvier à 11,9 milliards et ont porté sur les maturités courtes moyennes et longues, avec des taux en baisse par rapport à ceux observés une année auparavant. Les souscriptions des titres à court terme, représentant 25,2% du total, ont été assorties de taux variant entre 2,49% et 2,55% au lieu d’une fourchette de 2,50% et 2,75% un mois auparavant. Pour ce qui est des émissions à moyen terme, leurs taux ont connu une diminution revenant de 2,93% à 2,61% pour la maturité de 2 ans et de 3,23% à 3% pour celle de 5 ans. Concernant les levées à long terme, elles se sont chiffrées à 3,8 milliards de dirhams aux taux variant entre 3,39% et 5%. Tenant compte du remboursement d’un montant de 3,7 milliards de dirhams, l’encours des Bons du Trésor s’est établi à 434,3 milliards. S’agissant des titres de créances négociables, les émissions enregistrées en 2014 ont totalisé 66,3 milliards de dirhams, en hausse de 9,4% d’une année à l’autre. En décembre, les levées ont atteint 3,7 milliards de dirhams, dont 64% ont été effectuées sous forme de certificats de dépôts, avec des taux compris entre 3,54% et 3,92% après une fourchette de 3,36% à 3,95% le mois précédent. Concernant les sociétés de financement, leurs émissions ont atteint 902 MDH, moyennant des taux allant de 3,66% à 3,81% après avoir varié

entre 3,69% et 4,07% en novembre. Pour ce qui est des billets de trésorerie, les émissions se sont élevées à 445 MDH et ont été assorties de taux allant de 3,30% à 4,43% après des taux compris entre 3,70% et 4,90% le mois précédent. Tenant compte d’un montant de remboursement de 8,8 milliards de dirhams, l’encours des titres de créances négociables aatteint 73,4 milliards de dirhams, avec une part de 75% des certificats des dépôts. Sur le marché obligataire, sept émissions ont été enregistrées en janvier 2015 pour un montant de 2,2 milliards de dirhams avec des taux allant de 3,70% à 4,75%. Tenant compte des remboursements d’un montant de 233 MDH, l’encours des emprunts obligataires s’est accru d’un mois à l’autre de 2% à 99,1 milliards de dirhams, dont 69,7% émis par les sociétés non financières et 26,5% par 11,9 MILLIARDS DE DH, UN les banques. Quant aux titres OPCVM, PIC DES LEVÉES DU TRÉSOR les souscriptions au 23 janvier 2015 EN JANVIER ont atteint 8,6 milliards de dirhams et le volume des rachats a totalisé 5,8 milliards, dont 82% et 84% respectivement ont porté sur les fonds monétaires. Tenant compte d’une performance globale des fonds OPCVM de 1,4%, l’actif net, valorisé au 23 janvier, s’est établi à 303,4 milliards de dirhams, affichant une hausse de 1% en glissement mensuel et de 30% en variation annuelle.

MORGAN STANLEY

PLUS QUE 8 VALEURS L’indice Morgan Stanley vient de publier les nouvelles pondérations des valeurs marocaines. Dans ce sens, l’indice « MSCI FM Morocco » ne comptera plus que 8 valeurs contre 9 auparavant et ce, après le projet de radiation de la société CGI de la cote. Exception faite des titres Managem et Addoha, l’ensemble des valeurs composantes de l’indice MSCI FM Morocco ont vu leur poids progresser. A ce niveau, le poids de la valeur Lafarge Ciments s’est hissé de 2,9pts à 14,08% (11,18% précédemment). Rappelons que son poids devrait augmenter significativement suite à la concrétisation du projet de fusion entre Holcim-Maroc et Lafarge-Maroc. De son côté, le titre ADDOHA a perdu la moitié de sa valeur pour passer de 15,17% à 7,80%. Ce dernier devient, ainsi, l’une des plus petites capitalisations de l’indice.

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MALGRÉ LES GRÉSILLEMENTS À LA SNRT

MAROC TÉLÉCOMS PERFORME Par : L.Mahfoud

2014 est un bon millésime pour Maroc Télécom. L’opérateur historique, au faîte de sa maturité, affiche des indicateurs au vert. Son Président Abdeslam Ahizoune qui savoure le succès, dans la modération, n’a pas manqué de lancer des pics à une régulation en mal de gouvernance. La SNRT est-elle à l’écoute ?

C’

est au pied du nouveau siège Maroc Télécom, à Rabat, que A. Ahizoun a réuni les médias pour la présentation des résultats annuels de l’opérateur historique qui, pour assurer son expansion, s’est investi en Afrique. Le Président du Directoire n’aura pas été « intimidé » longtemps face à la presse en égrenant des chiffres qui attestent de la solidité des comptes de l’entreprise. La croissance du Résultat Net Part de Groupe de 5,6% s’est établie à 3850 MMDH (contre 5540 MMDH en 2013). Et dans ce périmètre de croissance, un renversement de tendance a été constaté pour ce qui est du chiffre d’affaires réalisé sur le marché domestique, avec plus 0,9%. Une rupture par rapport aux années de vaches maigres. Derrière cette performance, il y a l’apport des filiales africaines qui affichent une hausse du chiffre d’affaires de 11,3% et de l’EBITDA de 5,4%. Autant dire que Maroc Télécom a bien digéré les six actifs qui lui ont été cédés par Etisalat, au demeurant son actionnaire de référence. Bénin, Côte d’Ivoire, Gabon, Niger, République Centrafricaine et Togo garnissent le portefeuilles Maroc Télécom. Faisant de Maroc Télécom l’étendar à l’aune duquel se mesure le succès de l’investissement en terre africaine. L’image du lancement réussi de la 4 G au Gabon, lors du séjour royal dans ce pays frère, est symptomatique de l’élan pris par l’opérateur historique dans cette quête de croissance à l’étranger. En trois mois

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PERSPECTIVES MED

l’opération fut goupillée(A quand la licence marocaine ?) ! Confiant en la performance de Maroc Télécom, Etisalat a fait un prêt sans intérêts de 474 millions d’euros payables en quatre tranches de 102 millions, la cinquième se chiffrant à 66 millions. Voilà de quoi atténuer la sortie des devises. Doublé d’un autre de 200 millions de dollars, remboursable sur 4 ans et sans intérêts, pour financer les investissements ad hoc. A Ahizoun qui reste très attentif à l’évolution du marché aussi bien domestique qu’africain ne cache pas ses ambitions de voir d’autres filiales africaines tomber dans l’escarcelle. La santé du groupe permet de le faire d’autant que son endettement en baisse de 22% est assez bas (établi à 5.366 MDH). Ramené à l’EBITDA annuel, il ne représente pas plus de 0,3 fois… Leader incontesté sur le mobile, avec 18,2 millions d’abonnés, sa progression sur ce segment par trop saturé (le taux de couverture étant à 140%) reste timide. Mais c’est sur le fixe que se joue la bataille du data d’aujourd’hui et de demain. Et à ce niveau, force est de constater que la progression enregistrée est de 7,6%, avec 1 483.000 lignes, ce qui n’occulte en rien la croissance de 17,6% au niveau de l’ADSL qui compte 984.000 abonnés. Autant dire que le fixe est tiré essentiellement par le net. En tout cas, c’est là où réside le gisement de croissance : ce qui transparait via la hausse des revenus de 10,3%, totalisant plus de


2 milliards de Dh, alors que les revenus tirés de la Voix ont tendance à stagner. Sans se lancer dans la bataille des contenus, un marché hautement capitalistique, Maroc Télécom fait œuvre utile, comme on a pu le constater, en faisant profiter ses clients de services non négligeables. Un espace Cloud de 5 Giga est ainsi offert aux clients pour le stockage de tous genres de fichiers. Mais au-delà du nuage, les clients Maroc Télécom qui le désirent peuvent aussi avoir droit à un service musiques en ligne (les férus des téléchargements y trouveront leur bonheur) et des films en streeming (qualité HD). Cette offre tributaire d’un abonnement de 50 Dh par mois permet l’accès à une banque forte de 20.000 films, y compris les plus récents avec VO. Œuvre utile s’il en est pour lutter contre le piratage… Mais si l’opérateur historique est aux petits soins pour ses clients, il n’en reste pas moins qu’il a des griefs qu’il fait valoir. Notamment en matière de partage des infrastructures. Pour le patron de Maroc Télécom, l’ANRT botte en touche en exigeant autant d’altruisme de la part de l’opérateur historique qui a lourdement investi, et cela se traduit par des milliards de dirhams, au profit

des autres acteurs de la téléphonie. Une injustice qui ne dit pas son nom ! Pis, l’ANRT s’érige en juge et partie à la fois ce qui soulève une problématique de taille : celle de la gouvernance au sein de cette institution privée de Conseil de régulation, contrairement à la HACA avec laquelle Maroc Télécom travaille.Empruntant au langage de Facebook, A. Ahizoun a déclaré le traditionnel «j’aime» à l’endroit et de Méditel et d’Inwi. Ce qui ne l’empêche point de lancer une invitation amicale à Orange, en discussion avec Méditel, pour investir, lui aussi, dans les infrastructures télécoms locales, comme il le fait ailleurs. Et à respecter la couleur « orange » qui fait l’identité visuelle de Maroc Télécom. « La concurrence est saine », a toujours avancé le Patron d’IAM. Pour peu qu’elle se fasse dans les règles.

LE POUVOIR DONNÉ AU RÉGULATEUR D’INSTRUIRE LES DOSSIERS ET DE JUGER NE DONNE PAS CONFIANCE AUX INVESTISSEURS.

Télécoms

DES TARIFS À LA BAISSE Sur la même tendance que l’année précédente, l’exercice 2014 s’est clôturé par une nouvelle baisse des prix sur le mobile. Toutefois, la baisse a été compensée par une hausse de la consommation et du parc. Au niveau du parc mobile, il s’est accru de +4,0% en 2014 pour atteindre 44 115 mille abonnés, correspondant à un taux de pénétration de 132,96% (Vs. 129,13% à fin 2013). Par opérateur, MEDITEL s’approprie la meilleure progression du parc avec +1 211 mille abonnés supplémentaires, contre + 427 mille abonnés de plus pour INWI et + 53 mille abonnés pour MAROC TELECOM. En termes de parts de marché, l’opérateur historique s’adjuge la 1ère place avec une part de 41,32%, suivi de MEDITEL avec 30,81% et INWI avec 27,87%. En termes de prix, l’ARPM mobile s’est effrité de 22% en 2014 pour atteindre 0,32 DHHT/min, suite à la poursuite de la chute de l’ARPM mobile prépayé de 25% à 0,30 DHHT/min et du post-payé de -18% à 0,36 DHHT/min. Du côté de l’usage, l’année 2014 a connu une hausse de près de 11% pour atteindre 92 min/mois/client. Cette augmentation est attribuable à l’amélioration de l’usage du prépayé de +18% à 71 min/mois/client, contre une légère baisse de l’usage du post-payé de -1% à 485 min/client/mois. Sur un autre plan, la téléphonie fixe affiche une baisse du parc global de -14,9% à 2 487 738 abonnés, sanctionnée en majeure partie par la compression significative du parc à mobilité restreinte de -31,4% à 810 440 abonnés. A cet effet, le taux de pénétration du fixe se réduit à 7,5%, contre 8,9% à fin 2013. Pour sa part, l’ARPM fixe a grimpé de +13% à 0,78 DHHT/min, tandis que l’usage s’est légèrement contracté de -3% à 121 min/mois/client. Pour le segment Internet, le parc s’élargit annuellement de +72,6% à 9 969 023 abonnés, portant le taux de pénétration à 30,05% (Vs. 17,58% à fin 2013). Cette hausse est liée à la bonification du parc Internet 3G, lequel s’est renforcé de 81,9% en 2014, atteignant 8 984 400 abonnés. Cette performance s’explique en partie par la baisse de la facture moyenne de -14% à 18 DHHT/client/mois. De son côté, le parc ADSL a augmenté de +17,6% en 2014 à 982 829 abonnés, grâce à la baisse de la facture moyenne de -5% à 93 DHHT/client/mois. Ainsi, la facture moyenne d’Internet (toutes technologies confondues) se contracte de -36% à 23 DHHT/client/mois.

PERSPECTIVES MED

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ALLIANCES

SITUATION CRITIQUE Par : L.M

Le groupe ALLIANCES s’active pour sortir de sa crise. Plombé par son endettement et ses besoins de trésorerie dans un contexte de méforme globale du secteur, le groupe compte sur la cession de foncier, un emprunt obligataire et un nouveau Business Plan Pour retrouver des couleurs.

C

ompte tenu de la méforme de son Pôle Construction dont les performances consolidées au titre de l’exercice 2014 ont été plombées, le Groupe ALLIANCES annonce dans son Profit Warning des réalisations financières en forte dépréciation.Le Groupe table sur un repli de 20% de son chiffre d’affaires consolidé en 2014, à près de 3 413,4 M Dhs, comparativement à fin 2013. Cette baisse s’explique également par le recul des revenus du Pôle Résidentiel et Golfique, actuellement en phase de production. En revanche, le Pôle Social et Intermédiaire affiche des performances financières stables. Dans une ample mesure, le bottom line consolidé devrait enregistrer une régression estimée à près de 78% pour se fixer à 130 M Dhs contre 580,3 M Dhs en 2013. De ce fait, la marge nette devrait ressortir à 4% vs. 13,6% une année auparavant. Sur un autre registre, le Groupe a annoncé avoir diligenté un audit de son Pôle Construction, ayant révélé la sous-performance des filiales EMT et EMT BATIMENT, pour lesquelles le Groupe a d’ores et déjà procédé à la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante et ce, dans le cadre d’un plan de restructuration et d’assainissement. A l’opposé, l’activité de promotion immobilière, cœur de métier du Groupe, poursuit son développent avec plusieurs projets devant assurer sa rentabilité tant sur le segment social et moyen standing que sur celui du haut standing. Confiant dans ses perspectives de croissance et dans sa capacité à redresser la situation financière des deux filiales concernées, le Groupe devrait communiquer prochainement un nouveau Business Plan, après validation par le Conseil d’Administration. Le PDG du groupe, Alami Lazrak s’est déclaré confiant, affirmant à la presse que le Groupe travaille en partenariat avec une banque internationale sur un plan de restructuration, pour assainir cette situation. Devant être approuvé par le Conseil d’Administration du 27/03/2015, le nouveau Business Plan devrait être axé sur le redimensionnement global du Groupe, la réduction de ses charges fixes et son positionnement sur les 66

PERSPECTIVES MED

marchés à fort potentiel. Sur un autre registre, le PDG a annoncé la volonté du groupe de céder pour 1 Md Dhs de fonciers non stratégiques sur les deux prochaines années, afin de combler ses besoins de trésorerie, réduire significativement son endettement et transformer sa dette court terme en moyen long terme. Rappelons que le groupe a obtenu le visa du CDVM, pour l’émission d’un emprunt obligataire de 1 MdDhs. À travers cette opération, dont la période de souscription sera étalée du 26 février au 2 mars 2015 inclus, ALLIANCES vise à financer ses différentes activités et substituer son emprunt obligataire du même montant devant échoir le 5 mars 2015

BULLE IMMOBILIÈRE

COMMENT ÉVITER LE PIRE Afin de remédier à l’atonie de secteur immobilier, une rencontre au sommet s’est tenue le 20 février au siège du ministère de l’Habitat. Présidée par le ministre de l’Habitat de la politique de la Ville, le ministre de l’Intérieur, le ministre de l’Economie et des finances et le ministre de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire national et à laquelle ont assisté le Président et les membres du bureau national de la Fédération National des Promoteurs Immobiliers, cette rencontre a été consacrée à l’étude des mesures à prendre pour donner une nouvelle dynamique au secteur de l’immobilier en crise. Ainsi, les modalités permettant aux pouvoirs publics d’accompagner les professionnels et d’appuyer leurs actions en matière d’investissement immobiliers, et particulièrement en ce qui concerne la production et la commercialisation des logements sociaux destinés aux catégories sociales à revenu limité, ont été passés au crible. Au même titre que la contribution de ce secteur à la résorption de l’habitat insalubre. Cette Commission de haut niveau, constituée des secrétaires généraux des ministères présents ainsi que de représentants de la FNPI, a été mise en place afin d’élaborer des solutions appropriées aux différentes problématiques du secteur. Cette commission de suivi proposera les mesures d’urgence à prendre permettant de juguler l’explosion de la bulle et ainsi éviter au pays de vivre le drame espagnol.


ATTAAMIN CHAABI

STRATÉGIE PROMETTEUSE Par : XXXXXXXXXXX

A

TTAAMIN CHAABI semble promettre d’insuffler une nouvelle dynamique dans le secteur des assurances en participant potentiellement à la création de valeur et à l’amélioration de son taux de pénétration au Maroc. Après avoir envisagé plusieurs scénarii d’implantation sur le marché des assurances depuis 15 ans, la BANQUE CENTRALE POPULAIRE -BCP-crée en partenariat avec la MUTUELLE CENTRALE MAROCAINE D’ASSURANCE -MCMA- une nouvelle société mutuelle d’assurance baptisée ATTAAMINE CHAABI, dotée d’un fonds d’établissement de 50 M Dhsdétenu à raison de 49 M Dhspar la MCMA et fruit d’une association qui a débuté en 2010 entre les deux partenaires. Forte des expériences respectives de MCMA en matière d’assurance et de BCP en termes de distribution des produits d’épargne retraite, la compagnie exercera uniquement l’activité d’assurance Vie et se focalisera cette année sur le lancement de quelques produits classiques et sur la redynamisation de la distribution au niveau du réseau. Dans le même contexte, les contrats en unité de compte seraient écartés pour l’instant compte tenu du risque qu’ils présentent et de la difficulté de les développer à

court terme au vu de l’environnement actuel. Pour ce qui est de la gestion opérationnelle de la compagnie, celle-ci sera opérée par MCMA (gestion des actifs, politique de souscriptions, sinistres et réassurance), au moment où la politique commerciale et les canaux de distribution seront pilotés par BCP. Signalons que la restriction de ses activités d’assurance à la branche Vie provient du fait de l’interdiction réglementaire pour les banques de distribuer les produits Non-Vie. En termes d’objectifs, les partenaires nourrissent l’ambition de faire passer le nombre de contrats actuellementsignés de 120 000 commercialisés via le réseau GBP à 300 000 sur les deux prochaines années. Dans ce sillage, il a été noté que la banque compte placer ces contrats auprès de clients capables d’épargner sur le long terme, sachant qu’elle dispose d’un portefeuille de 3,5 millions de particuliers et qu’elle gagne chaque année entre 0,5 et 1 point dans la collecte de l’épargne. Enfin, 99% des sociétaires de MCMA auraient déclaré être prêts à adhérer à la nouvelle compagnie et la recherche d’un mécanisme de transition progressive serait donc entamée. PERSPECTIVES MED

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SNEP

RECOURS EN CASSATION WAFA ASSURANCE

BONNE ORIENTATION Des résultats annuels bien orientés, capitalisant sur la reprise de la branche Vie et en particulier de l’activité Epargne, amorcée dès le S1 2014. En effet, le chiffre d’affaires a franchi, pour la première fois le pallier de 6 Mds Dhs, pour afficher une croissance de 5.9%, dans un contexte de marché très concurrentiel. Le résultat net, quant à lui, ressort à 839 MDhs, en hausse de 7.6%, grâce à l’amélioration du résultat de l’activité vie, qui a affiché une croissance de 34.6% à 408 MDhs. Une amélioration qui est portée essentiellement par le résultat technique et financier. Les fonds propres de Wafa Assurance se renforcent à 11.9% pour atteindre 4 937 MDhs. La rentabilité de la compagnie reste soutenue en 2014, avec un ROE de 20.5%. Finalement, le conseil d’administration a décidé de proposer à l’AGO la distribution d’un dividende ordinaire de 97 Dhs par action auquel s’ajoutera un dividende exceptionnel de 142 Dhs par action.

En janvier dernier, le Tribunal du Commerce de Casablanca s’est prononcé pour l’extension d’une clause compromissoire à YNNA HOLDING dans le cadre d’un conflit commercial opposant la société Ynna Asment à la société française Fives FCB. Le Vendredi 13 Février, la société SNEP a été informée qu’une saisie exécutoire a été effectuée sur les actions nominatives détenues par Ynna Holding dans le capital de la SNEP. Il s’agirait de 1 560 000 actions SNEP détenues par YNNA Holding qui feront l’objet d’une vente aux enchères prévue le 25 février 2015 au siège de la bourse de Casablanca. Le CDVM dès sa notification a demandé à la place financière casablancaise la suspension de la cotation de l’action SNEP. Le gendarme de la bourse souligne que la suspension sera maintenue en attendant les précisions nécessaires sur les suites à réserver à cette procédure. Compte tenu des enjeux industriels, économiques et sociaux, la défense de YNNA Holding a de son côté exercé un recours devant la cour de cassation et engagé les procédures judiciaires nécessaires pour arrêter l’exécution de la mise en vente des actions détenues par Ynna Holding dans le capital de la SNEP.

MANAGEM

MAROC TELECOM

DEUX NOUVEAUX PRIX Maroc Telecom a été doublement distingué aux trophées panafricains des leaders de développement 2015, tenues en février 2015. En effet, l’opérateur a reçu deux prix : le premier, super prix Diamant, du meilleur promoteur du secteur des télécoms en Afrique. Le deuxième est attribué au groupe avec ses dix filiales en Afrique subsaharienne. Au même moment et lors de sa visite à Nouakchott, Abdeslam Ahizoune a finalisé une opération estimée à 100 millions de dollars dont 50 millions dédiés aux investissements des infrastructures télécoms. Avec ses 57% de part de marché, Maroc Telecom, qui opère sous la marque Mauritel, est l’opérateur leader du marché télécoms mauritanien. La filiale a généré 45 millions de dollars de revenus en 2014 avec près de 4 millions de consommateur. L’opérateur marocain a renouvelé sa licence pour 10 ans supplémentaires. 68

PERSPECTIVES MED

PROFIT WARNING POUR 2014 Difficile année pour Managem impactée par la baisse des cours des métaux au niveau international. Au terme de l’exercice 2014, Managem table sur une légère hausse de ses revenus consolidés incluant la baisse des cours au niveau international (-22% pour l’argent, -17% pour la fluorine et -6% pour l’or et le cuivre), atténuée par la hausse des volumes de production de cuivre (+70%) et de zinc (+11%), dans le sillage du démarrage en 2014 du projet d’Oumjrane et de la montée en puissance de Jbal Lassal et de Draa Sfar. Fortement impacté, le RNPG devrait ressortir en contraction de 54,3% à 184,8 M Dhs, compte tenu de la baisse des cours et du repli de la teneur de la mine d’Imiter.Ce qui est valable pour Managem l’est aussi pour sa filiale argent SMI qui vient, elle aussi, de de publier un profit warning au titre de ses résultats 2014, tablant principalement sur une baisse des revenus de près de 13% à 973,1 M Dhs intégrant le repli des cours de l’argent au niveau international (-22%) et la contraction de la production de 4% sur la même période. Côté perspectives, MANAGEM table sur une reprise des marchés des métaux en vue de redresser ses résultats. En attendant, la holding semble s’atteler à l’amélioration de sa rentabilité par le truchement de mesures opérationnelles (probablement par le tri des chantiers en fonction de la teneur des tonnages extraits).


ATTIJARIWAFA BANK

DES RÉSULTATS EN CROISSANCE Dans un contexte de ralentissement de la croissance économique et de hausse de la contentialité des secteurs bancaires en Afrique, ATTIJARIWAFA BANK réussit à maintenir sa rentabilité et à maîtriser ses charges générales d’exploitation mais continue de pâtir d’une montée du coût du risque plombant l’élan de son résultat. Ainsi, le groupe clôture l’année 2014 sur une amélioration notable de ses performances en termes d’activité et de résultats, le PNB enregistre une progression de 8.8% à 19.4 Mds Dhs, tirée principalement par la croissance de la Banque au Maroc (+13%), et par celle de la Banque de Détail à l’international (+8%). Le résultat brut d’exploitation s’accroit, à son tour, de 10.2% à 10.9 Mds Dhs, profitant de la bonne performance de l’activité et la maîtrise des charges au niveau des différents pôles du Groupe. Le coefficient d’exploitation s’en trouve, ainsi, amélioré à 43.7% (-0.7 point par rapport à 2013). Le résultat net part du groupe, quant à lui, ressort à 4.4 Mds Dhs. Une amélioration de 5.2%, limitée par une baisse du coût du risque, qui a enregistré -3 043.43 M Dhs, contre -1 866.63 M Dhs une année auparavant. La rentabilité financière se maintient aux meilleurs standards avec un RoE de 14.6% et un RoA de 1.3%. Au final les fonds propres consolidés s’élèvent à 40.4 Mds Dhs, marquant une hausse de 6.5% et confortant la solidité financière du Groupe. Par ailleurs, le conseil d’administration a décidé la distribution d’un dividende de 10 Dhs par action contre 9.5 Dhs l’année dernière.

STOKVIS NORD AFRIQUE CONTRIBUABLE CLASSE A

CA REDÉMARRE CIMENTS

Stokvis Nord Afrique, leader national de l’importation et de la distribution de matériels techniques, a annoncé avoir procédé à la signature, avec la Direction Générale des Impôts (DGI), de la convention relative au statut de contribuable catégorisé classe A (statut récompense les entreprises gérées de manière transparente). Ce statut va permettre à Stokvis Nord Afrique de bénéficier d’avantages dans la gestion administrative de ses dossiers fiscaux auprès de la DGI. Ils comprennent notamment des services personnalisés et rapides dans le cadre du guichet dédié, un dispositif d’anticipation préalable à toute procédure de relance ainsi que le traitement bienveillant de tout contentieux éventuel entre l’entreprise signataire et l’administration fiscale marocaine.

Après douze mois de morosité, la reprise des ventes de ciments en ce début d’année se confirme. Selon les statistiques du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, les ventes de ciments en volume ont affiché au titre du mois de janvier 2015 une hausse de 5,6%, en variation annuelle, pour s’établir à près de 1,1 million de Tonnes. Cette augmentation est particulièrement attribuable aux résultats enregistrés par les régions de Souss-Massa-Draa (+40,4%) et de Doukkala-Abda (+35,7%). A contrario, des évolutions négatives ont été enregistrées dans les régions de Oued Ed-Dahab-Lagouira (-33,8%), Guelmim-Es-Smara (-31,5%) et Chaouia-Ourdigha (-24,8%). En termes de segmentation, l’activité «Négoce» a accaparé l’essentiel des ventes au cours du mois de janvier (806 036 T, soit une part de marché de 74,3%), suivie par l’activité « BPE» avec 115 589 T, soit une part de marché de 10,7%. Pour leur part, les activités «Préfabriqué», «TP» et «Bâtiment» ont représenté des parts de 7,3%, 4,1% et 3,6% respectivement. Par type de ciment, les ventes de «CPJ 45» ont atteint 647 440 T, représentant une part de 59,7%. Reste à espérer que ce retournement de tendance s’inscrive le long terme. PERSPECTIVES MED

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HALIEUTIS, DES VAGUES DE DÉFIS!

CHERCHER LE POTENTIEL La stratégie Halieutis n’a pas encore exprimé tout son potentiel de développement socio-économique attendu. Des réformes structurelles restent en suspens et incitent les acteurs publics à faire preuve d’un plus grand volontarisme pour que rien ne reste à quai. Le dossier “social” qui a contribué à bloquer, des lustres durant, la marche en avant de tout un secteur cache à peine le trouble jeu de quelques lobbies.

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DURABILITÉ FIN DE PARTIE POUR HALIEUTIS

UNE FOIRE ET DES INTERROGATIONS Le rideau est tombé sur la 3ème édition du Salon Halieutis. Mais des questions subsistent quant à « la maturité » d’un tel événement qui aurait mieux servi à présenter un bilan à miparcours de la stratégie nationale présentée, en 2009, devant la plus haute autorité du pays.

D

Du 18 au 22 février, la ville d’Agadir aura braqué sur elle l’attention de tous ceux qui s’intéressent à la mer et à ses richesses. Aziz Akhennouch nageait comme un poisson dans l’eau parmi les stands des opérateurs. Même si, il faut le dire, pratiquement la moitié de l’espace était occupé par des organismes publics en lieu et place des opérateurs privés. Nous voilà donc face à un salon bi-annuel toujours en quête de maturité. « Il faut attendre la dixième édition pour pouvoir juger de l’importance d’un tel événement », rappelle un opérateur de la place habitué à ce genre de foires professionnelles. Un jugement nuancé au regard d’un bilan chiffré présenté par les organisateurs : 320 marques et enseignes ont été représentées ;230 exposants ont participé; et 36 pays présents. Mais une chose est certaine, c’est la percée africaine qui singularise un tel rendez-vous. Pas moins de 25 des 36 pays membres de la COMHAFAT y ont pris part, la Côte d’Ivoire faisant office d’invité d’honneur. Si le cycle de conférences ayant rythmé les journées de l’événement étaient de haut vol, on regrettera toutefois que lors de l’ouverture, Aziz Akhennouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche n’aie pas jugé opportun de faire un bilan d’étape de la stratégie Halieutis menée depuis six ans. De quoi donner le cap pour des opérateurs attentifs aux divers signaux d’un ministère en mal de communication. Ce n’est donc pas pour rien que des lobbies ruent dans les brancards autour de la généralisation des caisses en plastique normalisées. N’ont-ils pas menacé de faire entendre leur voix lors de l’ouverture en observant un sit in devant le site qui a abrité l’événement ? En tout cas, nombreux sont les acteurs du secteur qui avaient besoin de « voir plus clair » dans l’engagement du gouvernement pour un secteur qui reste porteur. Le fait est qu’il s’agit là d’un raté dont A. Akhennouch aurait pu faire l’économie… A moins qu’il ne soit sûr de rempiler avec une autre équipe gouvernementale après 2016. Toujours est-il important de relever que bien des avancées, réelles, ont marqué

la stratégie nationale programmée à l’horizon 2020. Les plans d’aménagement, l’assimilation de la pêche INN, le contrôle des zones de pêche via un système embarqué dont seraient dotées y compris les barques, etc… Tout cela est bien bon. Au même titre d’ailleurs que les 6 appels d’offres pour la valorisation intégrée à Dakhla de 130.000 t de pélagique de la zone « C ». D’ailleurs, n’aurait-il pas été opportun d’annoncer, sans tarder, la construction d’un port de pêche à Dakhla pour répondre aux attentes des opérateurs étrangers à l’affût, mais aussi à une demande nationale ? Au ministère, on doit changer de focale pour mieux apprécier les défis régionaux, Nouadihbou pouvant à coup sûr servir de « port de pêche régional »… Mais on n’est pas au bout de toutes les peines. Car il faut souliner que la gestion des pêcheries dans cette zone pose des problèmes. Comme la surpêche à laquelle se livrent les unités RSW pour alimenter les unités de sous-produits qui pullulent dans la région Sud. Si les affectations sont correctes, le contrôle fait toujours défaut. Et au lieu de débarquer 20 t de poisson de qualité industrielle, les cales où les mélanges de poisson et eau réfrigérée doivent être stricts débordent de 200 à 300 t de poisson en mauvais état. La responsabilité de la tutelle est bel et bien engagée dans ce processus qui est tout sauf vertueux. Et une coordination de l’action de contrôle avec les bâtiments de la Marine Royale ne saurait que remettre les choses à l’endroit. Bien entendu, les déperditions ne se limitent pas à la seule espèce pélagique. Des trafics sur le poulpe sont aussi monnaie courante. Aussi bien dans la zone Sud, les opérateurs étant tentés par la quantité pour compenser les pertes subies par la baisse des cours, que dans la zone Nord. Ce qui doit inciter, et cela tombe sous le sens, à plus de fermeté. C’est autour de ces questions que doit se focaliser la communication du département et son action. Une pêche responsable incitant à la pédagogie, certes, sans pour autant qu’elle ne serve de slogan que l’on affiche pour se donner bonne conscience.

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ACCORD DE PÊCHE MAROC-EU

DEAL GAGNANT GAGNANT ? DÉBUT SEPTEMBRE 2014, ET APRÈS MOULT SOUBRESAUTS SUR FOND DE REFUS DU PARLEMENT EUROPÉEN DE PROLONGER LES ACCORDS DE PÊCHE ENTRE RABAT ET BRUXELLES SUR FOND DE CONFLIT DU SAHARA, LES FLOTTES DE L’UE ONT PU PRENDRE LE LARGE EN DIRECTIONS DES EAUX MAROCAINES.

A

Par : L.M

u fil des années, la Commission Européenne a singulièrement encadré les conditions de pêche dans ses eaux territoriales. L’objectif annoncé est la préservation de la ressource mise à mal par une surpêche de plus en plus féroce et qui ne permettait plus aux richesses halieutiques de se renouveler. Dès lors, pêcher au large des côtes marocaines s’impose comme une nécessité économique et sociale pour bon nombre de pays de l’UE, à leur tête l’Espagne. Mais la quête du graal halieutique dans les eaux marocaines ne peut se faire qu’au moyen d’une Licence dans le cadre d’un accord négocié. Ce dernier couvre une période de 4 ans avec une réserve de taille à savoir qu’une révision des possibilités de pêche est possible par une commission mixte si la durabilité des ressources halieutiques est mise à mal. L’article 5 le spécifie clairement. Le Maroc bénéficie, contre l’accès à ses ressources, d’une contrepartie financière qui n’est pas négligeable.Ce sont 40 Millions d’Euros au titre d’une redevance annuelle.

LE MAROC A SU RÉSISTER POUR BIEN NÉGOCIER UN BON ACCORD DE PÊCHE. MÊME SI LES PROFESSIONNELS NATIONAUX NE SONT PAS ENTIÈREMENT ACQUIS À CE «DEAL» RIGOUREUX

Cette redevance annuelle peut varier suivant les captures à la hausse comme à la baisse. C’est surtout la compensation financière qui est variable. En cas de hausse elle ne peut dépasser le double de son montant initial (16 Millions d’Euros) pour atteindre 32 Millions d’Euros. Pour ce qui est à l’appui de la pêche sectorielle au Maroc, la contrepartie financière européenne (14 Millions d’Euros par an) s’inscrit dans le cadre de la stratégie marocaine dite « Halieutis ». Et pour éviter toute dérive, l’U.E garde un œil sur l’affectation de ces fonds qui seront versés par tranches et au vu de la nature des projets, de leurs retombées socioéconomiques attendues. En d’autres termes l’emploi, les investissements et leurs impacts quantifiables par zone géographique. Le tout est préalablement fixé par la commission mixte des partenaires signataires. En sus de cet appui, l’UE et le Maroc œuvrent dans l’intégration économique des opérateurs dans le secteur de la pêche des deux rives . Dans le domaine scientifique, il est stipulé que les signataires « s’engagent à promouvoir une

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pêche responsable (...)qui vise ( …) la gestion durable des ressources halieutique » En outre, à des fins de recherche et d’amélioration des connaissances scientifiques, la pêche expérimentale peut être entreprise. Comment appliquer ces dispositions tout en sauvegardant la ressource marocaine ? Le Maroc et l’UE peuvent suspendre cet accord en cas de litige grave. La partie marocaine a davantage de latitude que l’européenne attendu que c’est sur ses zones de pêche que l’action se déroule. Dès lors, quand il y’a non respect des obligations techniques, Rabat se réserve le droit d’appliquer des sanctions. ( voir encadré ) Pour cela, l’échange des données par voie électronique telles celles des captures, ou les positions des navires doivent être mis en place dans les meilleurs délais. Un suivi par satellite des navires de pêche de l’UE opérant dans les eaux marocaine est mis en place pour éviter la pêche dans les zones interdites ou toute action jugée non conformes aux dispositions de l’accord. A l’évidence, les rapports entre le Maroc et l’UE ont évolué dans le sens de préserver les ressources halieutiques nationales. Le bras de fer entre les lobbies européens, principalement ibériques,s’annule face à un interlocuteur jaloux de ses ressources. Surtout que le lobby de pêche marocain veille au gras. Lui pour qui rien de vaut un « non-accord ».

Source : Accord de Pêche entre le Maroc et l’UE. 7 décembre 2013.

CONTRÔLE STRICT ET CONTRAVENTIONS Dans l’article 9 et 11, des dispositions sont prises pour éviter les dérives des bateaux de pêche européens. - Concernant la déclaration des captures, elle doit être rigoureuse, quotidienne et trimestrielle. Transmises dans des délais courts, elle garantit au Maroc le suivi des captures. Le non respect entraine la suspension automatique de la licence de pêche. - L’embarquement de marins marocains est obligatoire. Les conditions de travail à bord des navires doivent être conformes aux normes de l’Organisation internationale du Travail (OIT). En cas de non respect, les armateurs contrevenants doivent s’acquitter d’une amende de 20 euros /jour et par marin non embarqué. - L’embarquement à bord des bateaux de pêche d’un observateur désigné par le Maroc est obligatoire. Le non respect de cette obligation entraine la suspension automatique de la licence de pêche jusqu’à la régularisation de la situation. - Le contrôle des bateaux de pêche est plus strict. Une fois par an, ou à la suite de modifications techniques, le bateau de pêche doit se présenter à un port marocain pour être contrôlé (type d’engins de pêche, fonctionnement de la géo localisation par satellite et disposition concernant l’équipage marocain à bord). Le non respect de cette obligation entraine la suspension automatique de la licence de pêche jusqu’à la régularisation de la situation. - le débarquement de toute ou partie des prises doit se faire dans un port marocain sous peine de sanction. Les transbordements doivent être faits dans les eaux ou ports marocains sous contrôle des autorités marocaines. - L’entrée et la sortie des zones de pêche doivent être signalées dans les 6 heures sous peine de perte de licence. Les procédures de contrôle à bord doivent être facilitées pour tout fonctionnaire marocain chargé de l’inspection et du contrôle des activités de pêche. Enfin la Marine Royale peut procéder à l’arraisonnement des bateaux contrevenant suivant la législation en vigueur au Maroc. PERSPECTIVES MED

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DURABILITÉ DANGER SUR LA MARE NOSTRUM

LA MÉDITERRANÉE NÉCROSÉE ! Par : Abou Sarah

Outre les guerres qui ravagent ses rives, et les tragédies de l’immigration clandestine qui alimentent le quotidien de la Mare nostrum, c’est la pollution qui la menace d’un désastre écologique. Depuis des décennies Associations, ONG et autres organismes de recherches tirent la sonnette d’alarme..

D

ans les années 70, le commandant Cousteau dans une formule passée à la postérité déclarait que « Si Aphrodite sortait des eaux aujourd’hui, elle aurait des furoncles sur les fesses ». En effet, des rives Nord, charriés par les sédiments du Rhône, du Pau ou de l’Ebre, ce sont les métaux lourds comme le zinc le cuivre et le chrome qui continuent de se déverser dans les eaux « claires de la Méditerranée ». Elles vont à la rencontre des phosphates et nitrates déversés cette fois-ci par la rive sud de la Méditerranée.

PAS MOINS DE 250 MILLIARDS DE

Cette fois-ci c’est une autre forme de pollution sournoise MICRO PLASTIQUES FLOTTANTS mais ô combien préoccupante tellement QUI GANGRÈNENT LES EAUX DE ses conséquences sont catastrophiques. LA MÉDITERRANÉE. Il s’agit de l’effrayante concentration des déchets plastiques qui se retrouvent dans une mer quasi fermée. Quelles conséquences ont ces millions de tonnes de polymères sur l’écosystème méditerranéen ?

Plancton en péril 74

PERSPECTIVES MED

Récemment, l’Expédition MED a rendu public ses constations après 7 mois de navigation dans les eaux méditerranéennes. Il ne s’agit plus de quelques prélèvements ici et là mais d’une véritable étude grandeur nature avec pas mois de 16 000 kilomètres parcourus en mer en 7 mois et22 escales dans 11 pays riverains (voir carte). L’expédition MED estime que ce ne sont pas moins de 250 milliards de micro plastiques flottants qui gangrènent les eaux de la méditerranée. S’ils ne représentent que 10 % des déchets ménagers, ce sont 80 % des débris retrouvés. Les plus dangereux sont les micros fragments qui naviguent dans les 15 cm de la couche à la surface de l’eau. 90 % de ces déchets ne proviennent pas de plaisanciers irrespectueux mais de la terre, des rivières polluées qui viennent se jeter dans la mer et les océans. Parce que La matière plastique ne se décompose pas, elle se fragmente en milliards de microparticules transportées par les courants. A chaque filet lancé à la mer par l’Expédition MED, des déchets sont récupérés. On est loin des clichés selon lesquels les pays du Sud pauvres et aux populations moins éduquées sont la cause de ce mal puisque c’est au large de Savone, sur les côtes italiennes que la concentration est la plus effrayante : Ce sont pas moins de 300 000 particules au kilomètre carré qui ont


été prélevées. Dans le Golf de Gènes, la part du plancton, élément nutritif indispensable dans la sauvegarde et la pérennité de la biodiversité marine, est à égalité avec les micros plastiques. Outre la pollution, le réel danger concerne la chaine alimentaire. Poissons, tortues et crustacés consomment ces bouts de plastique qu’ils confondent avec du plancton .Coupants,ces derniers causent des dégâts irréversibles à la ressource halieutique. Les occlusions intestinales causent des ravages aussi bien chez les fruits de mer que les poissons.

Bombes chimiques D’un point de vue économique, si rien n’est entrepris, les poissons et autres fruits de mer vont se raréfier et par conséquent devenir plus cher. Les centaines de milliers de familles qui vivent directement des produits de la pêche vont voir leur situation se fragiliser, les condamnant à terme à rejoindre les cohortes des populations déshéritées qui s’entassent dans les bidonvilles. Des pans entiers de l’économie liés à la pêche sont condamnés de la même manière. Pour ce qui est de la santé, autre domaine tout aussi préoccupant, les scientifiques ont prouvé que la matière plastique augmente les facteurs de pollution. C’est tout simplement des « bombes chimiques à retardement ». Le plastique dans l’eau est le support idéal pour accueillir des pesticides, des fongicides et autres polluants organiques que l’on trouve dans les faunes microbiennes : champignons, bactéries, parasites. L’ensemble de ces polluants se fixent dans les tissus et sont in fine transmis au consommateur.

POLLUTION :

Désert liquide

THONIDÉS TOXIQUES

Le bleu azur des eaux de la Méditerranée risque de virer si les pays riverains continuent de pratiquer la même politique vis à vis de ce bien commun. Soucieuse de sa sécurité et de l’étanchéité de ses frontières, en priorité, l’Union européenne mène une politique schizophrène et égoïste à la fois. Quant aux pays de la rive sud, leur prise de conscience est tout aussi navrante. Si l’instabilité politique et, ou le manque de moyens peuvent expliquer leur manque de politique responsable, cela ne peut les disculper. La communication sans lendemain doit laisser la place à une véritable politique de concertation entre les pays riverains pour garantir les mêmes droits et devoirs pour tous. L’heure et grave ! Surtout lorsqu’on sait que la Mare Nostrum peut basculer vers une mer sans vie. Un désert bleu…

Lors d’une sortie en mer, l’expédition scientifique a pêché un thon au large de Malaga. L’autopsie du thonidé révélait que son appareil digestif était bouché par un fragment de plastique rigide et coupant de 2 cm de long. Incapable de s’alimenter normalement, il était condamné à mourir de faim. « Le thon c’est la formule 1 des mers, l’un des poissons les plus rapides, les plus endurants, une vraie force de la nature et pourtant un simple bout de plastique suffit à le condamner, c’est désolant» déplore Jean-Claude Crébassa, encadrant scientifique à bord et auteur de l’autopsie. PERSPECTIVES MED

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DURABILITÉ LE PLASTIQUE FAIT DES RAVAGES AU MAROC

SALES COULEURS Par : L.M

Vous n’êtes pas sans savoir que notre étendard est rouge et vert. A l’approche des fêtes nationales, il habille artères et édifices publics. En réalité d’autres couleurs supplantent inlassablement ce symbole et en disent long sur notre état d’esprit. Dans la catégorie de la laideur on nommer a toutes les nuances de couleur du plastique dominées par un blanc sale et un noir des plus moches.

E

n traversant le Maroc du Nord au Sud, d’Est en Ouest, on ne peut qu’être effaré par l’omniprésence du plastique. A vol d’oiseau, c’est une mer de serres qui brille au soleil. Les trouées trahissent des tunnels à l’abondant. Vu d’en bas, le spectacle est digne des fictions célébrant la fin du monde. Sur tous les axes routiers, que de serres en lambeaux et de tâches noires au milieu d’imCE SONT CES SATANÉS SACS AUX mondices. On vous épargne COULEURS REBUTANTES VENDUS l’odeur âcre et le nuage PARTOUT À LA CAMPAGNE COMME toxique qui À LA VILLE QUI POLLUENT NOTRE vous accueille à l’entrée de ENVIRONNEMENT. Casablanca en venant de l’aéroport Mohammed V. On ne parle pas de celle réservée aux officiels et autres hôtes de marque, mais de celle qui transite par Deroua et mène tout droit aux quartiers populaires de Sidi Othmane. Ces camions poubelles odorants et bruyants à la

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fois qui déversent quotidiennement des milliers de tonnes de déchets dans une décharge qui en dégueule déjà depuis des années. Ca rappelle tout bonnement l’Italie du Sud ou la pègre règne en maître absolu des lieux. Et où les produits qui font la renommée de la gastronomie italienne sont désormais bannis : mozzarella, huile d’olive et tomates sont infectés par des toxines conséquence d’un laisser aller criminel. A quelques encablures de la côte Atlantique, il n’est pas rare de rouler sur des pans entiers de cette matière réputée indestructible qui, soulevée par le vent, atterrit au gré du souffle dans l’Océan ou sur les forêts voisines. Si notre propos concerne la pollution marine, des troupeaux ovins ou caprins mangent de tels détritus. Dès lors nous sommes cernés et surtout concernés par cette pollution. Quant au cochon musulman : les poules, elles picorent allégrement tout ce qui leur tombe sous le bec pour finir dans les assiettes des consommateurs. C’est du beldi : bon appétit !! Certes, nos beaux quartiers où habitent les décideurs sont à l’abri d’une telle pollution même s’ils


en produisent plus. Normal le niveau de vie est plus élevé. Quant au reste du pays, ce sont ces satanés sacs aux couleurs rebutantes vendus partout à la campagne comme à la ville qui polluent notre environnement. L’incivisme du Marocain n’est plus à prouver dès qu’il s’agit de l’espace public : on s’en lave les mains. C’est désolant de voir de belles berlines allemandes ou italiennes avec des petites mains toutes félines ornées de bijoux jetées à la volée des déchets consommés sans aucun état d’âme. Nos compatriotes à l’étranger se libèrent de « la contrainte » écologique dès qu’ils franchissent la frontière. Il faut dire que bon nombre d’entre eux s’entassent dans des bidonvilles à étages appelés « cités ». Schizophrènes, en et en dépit de tout bon sens, ceux la mêmes qui louent la propreté des pays européens se lâchent une fois dans leur propre pays. Alors jusqu’à quand ce « je-m’en foutisme» déclaré et assumé ? Tout le monde doit s’y atteler. Et s’il le faut par la contrainte. Dans bien des démocraties, on n’hésite pas à verbaliser les contrevenants. Des campagnes de sensibilisations doivent être menées avec des lignes jaunes à ne plus franchir. Les municipalités doivent prendre au sérieux ce grave problème et cesser toute complaisance avec les sociétés de ramassage des ordures nationales ou internationales qui ne visent que le bénéfice immédiat. Les cahiers de charge doivent être rigoureux. Le cadre légal doit être défini par la représentation nationale et validé par les hautes autorités. Il faut donner du corps à la fameuse charte nationale. Quand on veut : on peut. La Terre avec ses 75 % de surface marine n’en peut plus des immondices qui se retrouvent dans les mers et Océans. Pour finir dans nos assiettes !

LE SYNDROME NAPOLITAIN

Les déchets toxiques enfouis illégalement par la mafia dans les sols ont complètement contaminé l’eau de Naples et de sa région. Telles sont les conclusions d’un rapport réalisé par l’armée américaine et révélé par l’hebdomadaire italien l’Espresso en novembre 2013. D’après les résultats de cette étude l’eau qui alimente les maisons présente un “risque inacceptable pour la santé”, jusque dans le centre de Naples, avec des risques accrus de cancer.

ACTION INTÉRESSÉE Alison Teal a lancé une campagne sexy de recyclage des déchets pour tenter de nettoyer les îles des Maldives: shooting photo en bikini de détritus ou surf au milieu des ordures médiatisent le problème du recyclage des déchets, mais récoltent des réactions mitigées aux Maldives. A Teal, originaire d’Hawaï, qui a participé en 2013 à l’émission de téléréalité américaine “Naked and Afraid” est retournée aux Maldives pour lancer la campagne « One man’s trash is another woman’s bikini » qui se traduit par “Le déchet d’un homme peut être le bikini d’une femme”. Une campagne de sensibilisation non dénuée d’intérêt commercial : pour 62 dollars, il est possible d’acheter sur son site un bikini fait de dix bouteilles recyclées. PERSPECTIVES MED

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XXXXX Nissan Maroc a procédé au premier lancement de produits sous la coupole d’Auto Hall. Résolu à renforcer son emprise sur le segment des Crossovers, le deuxième plus grand constructeur japonais a présenté récemment la toute nouvelle X -Trail et le SUV compact Jukerelifté.

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TRENDS NISSAN

DÉMARRAGE EN FORCE ! Après avoir déclaré ses intentions d’expansion en s’alliant au groupe Auto Hall, la marque nippone capitalise sur son potentiel Crossovers et introduit les dernières évolutions de sa gamme pour assurer une plus grande part de marché sur ce segment.

L’

heure est à l’offensive commerciale. Les X - Trail et Juke de Nissan se joignent au Qashqai (lancé en 2014) pour former la gamme complète des crossovers de dernière génération produits par la marque et désormais fièrement mis en vitrine par Auto Hall. Le X-Trail, complètement redessiné combine le patrimoine acclamé Nissan 4x4 avec des idées et des technologies nouvelles inspirées par les modèles crossovers révolutionnaires de la marque. Il se veut tout aussi robuste et accompli que le modèle de génération précédente, mais avec le style et l’efficacité du cossover avec une conception passionnante, une technologie innovante et un confort exceptionnel et plus fonctionnel. Le nouveau X-Trail dispose d’un nouveau look saisissant qui définit le dernier code de design de Nissan. Grâce à une allure lisse et robuste, le X -Trail combine la force et l’esprit d’aventure avec des lignes fluides organiques. Le profil élégant et sportif intègre également une panoplie de nouvelles fonctionnalités et des détails de conception, y compris des nouveaux phares audacieux - disponible avec LED en standard sur les modèles haut de gamme - et une nouvelle bande de signature distinctive LED qui rend la voiture immédiatement reconnaissable la nuit. Parmi les autres détails avancés il y a le hayon motorisé et le toit panoramique ouvrable. A l’arrière, le nouveau X-TRAIL mêle plusieurs éléments de style inédits à des touches propres au design Nissan. Les feux arrière, également dotés de LED, reprennent la forme d’un boomerang, établissant un lien visuel puissant avec les autres crossoversde la marque comme le JUKE ou le QASHQAI. Mais la révolution est aussi forte à l’intérieur, le X-Trail offre un environnement complètement nouveau pour les occupants. Conçu dès le début pour inclure un format optionnel de sept sièges, la cabine dispose d’un théâtre coins ratissé au niveau des sièges qui garantit que chaque passager puisse disposer d’une belle vue. Doté de matériaux de qualité et d’une conception intelligente, le X-Trail établit de nouvelles normes pour l’accès aux places arrière, l’espace

optionnel pour les passagers de la troisième rangée et technologie embarquée. Coté motorisation, fruit de l’alliance Renault-Nissan, le moteur dCi1,6 - 130 CH offre un ensemble d’innovations technologiques visant à réduire consommation t et émissions. Disponible en deux versions Acenta et Tekna en boîte manuelle ou automatique, ses tarifs commencent à 348 000 TTC pour atteindre les 435 000 TTC.

JUKERE-LIFTÉ Son design audacieux a, dès le début, démarqué le JUKE. Pour son renouvellement, l’objectif des ingénieurs de Nissan était double: faire sensiblement évoluer ce design, tout en conservant les lignes caractéristiques qui ont fait son succès. A l’avant, les feux supérieurs ont été redessinés pour adopter une forme de boomerang. Ils intègrent - dès l’entrée de gamme - des feux diurnes à LED à double intensité. Au design de ces nouveaux feux s’ajoute celui de nouvelles ailes avant. Les projecteurs principaux conservent pour leur part leur forme ronde caractéristique. Les feux de croisement sont désormais lenticulaires. Ils peuvent également recevoir des phares au Xénon pour une meilleure visibilité. Les rétroviseurs extérieurs ont été révisés pour inclure une bande latérale LED. L’extérieur stylé du Juke projette une image de ténacité et d’agilité. Son design compact crossover sportif ajoute un niveau de conditionnement et d’efficacité qu’on ne retrouverait pas dans d’autres véhicules compacts. Notamment via une visibilité supérieure de roulement grâce au grand pare-brise qui permet une vision beaucoup plus large de l’environnement routier. Déjà connu pour sa grande performance et de fiabilité, Juke est équipé d’un nouveau moteur diesel de dernière génération de 1 500 CC et 110 HP, avec un meilleur rendement énergétique. Disponible en trois versions (Visia, Acenta et Tekna), Juke est commercialisé à partir de 206 000 TTC pour sa version de base pour atteindre les 261 000 TTC pour sa version la plus complète.

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PORSCHE GT

CAYMAN GT4, LA RÉFÉRENCE Par : A.Abou Marwa

L

es GT siglées Porsche incarnent le parfait mariage des émotions que procure aussi bien la conduite pépère en ville que la montée d’adrénaline que promettent les circuits de course. Ces GT là incarnent la stratégie résolument sportive de Porsche « Intelligent Performance ». Cette gamme s’enrichit d’un nouveau modèle, le Cayman GT4. Pour la première fois, Porsche présente une voiture de sport GT conçue à partir du Cayman et reprenant des éléments de la 911 GT3. Ce modèle exprime clairement la volonté de la marque de développer des biplaces résolument sportifs, développés par le département Compétition de Weissach. De l’extérieur, le Cayman GT4 se distingue clairement des coupés à motorisation centrale apparentés. Les trois prises d’air avant et l’imposant aileron fixe à l’arrière contribuent à une aérodynamique clairement conçue pour un gain

ELITISTE, LE CAYMAN GT4 OFFRE DES ATOUTS

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de portance négative. Les spécifications techniques de cette GT sont dérivées de la 911 GT3. Sur le plan de sa conception, la sportive à motorisation centrale s’inscrit dans la tradition des 904 GTS, 911 GT1, Carrera GT et 918 Spyder en s’imposant comme un modèle de dynamique de conduite sur son segment. Les moteur, châssis, freins et aérodynamique du Cayman GT4 sont conçus pour offrir une conduite optimale. Ce fleuron de la marque conserve néanmoins la polyvalence et l’aptitude à un usage quotidien des coupés Porsche à deux places. Le nouveau Cayman est équipé d’un moteur Boxer six cylindres de 3,8 litres délivrant 385 ch, dérivé du groupe motopropulseur de la 911 Carrera S. La transmission est assurée par une boîte manuelle de six rapports à suspension dynamique. Le châssis, surbaissé de 30 mm et doté d’un système de freinage généreux, est presque intégralement repris de la 911 GT3. Le Cayman GT4 franchit le 0 à 100 km/h en 4,4 secondes et affiche une vitesse de pointe de 295 km/h. Sa consommation en cycle européen est de 10,3 l/100 km. Le Cayman GT4 sera dévoilé en première mondiale début mars au Salon international de l’automobile de Genève. Le Cayman GT4 sera proposé au Maroc au prix de 1 070 300 Dhs


FORD FOCUS

AUX PETITS SOINS Par : A.Abou Marwa

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a nouvelle Ford Focus vient de débarquer sous un nouveau visage qui cache à peine l’évolution que la voiture la plus vendue au monde a pu atteindre. Vendue à plus de 12 millions d’exemplaires, dont 20.000 unités au Maroc depuis son lancement en 2002, la nouvelle Focus arbore désormais un style extérieur à la personnalité plus affirmée, un nouvel intérieur intuitif et raffiné, une série de systèmes d’aides à la conduite, alors que ses motorisations abaissent sensiblement la consommation. Coté forme, la face avant brandit des projecteurs aux contours affinés et plus anguleux, ainsi que des antibrouillards allongés qui accentuent l’aspect musclé de l’ensemble. Quelques touches de chrome soulignent l’élégance du style, tandis que l’arrière apparait plus lisse grâce au hayon redessiné et aux optiques plus minces. Sa silhouette plus basse et plus large, jumelée au capot sculpté, dessine une forme dynamique à l’allure fière et assurée. Côté contenu, et fidèle au concept du client ROI, Ford s’est appuyé sur les retours d’expérience de ses clients pour revoir la disposition

LA FOCUS OFFRE UNE SYNTHÈSE TECHNOLOGIQUE RÉVOLUTIONNAIRE DANS LA CATÉGORIE

des commandes, plus logique et plus intuitive, avec un nombre de touches réduit sur le volant et la console centrale. De plus la Focus sera le premier véhicule au Maroc à disposer de SYNC 2, le système de connectivité avancé de Ford. Il inclut un écran tactile haute définition de 8 pouces et des commandes vocales plus évoluées pour contrôler plus facilement radio, navigation GPS, climatisation et téléphones mobiles compatibles. Toujours dans les technologies, la Focus est le premier modèle Ford équipé du système de stationnement semi-automatique à la perpendiculaire, une nouvelle technologie qui permet de se garer en marche arrière entre deux véhicules sur des places « en bataille ». La Focus est également équipée pour la première fois de la technologie MyKey de Ford, un système qui permet au propriétaire du véhicule de programmer une clé - le plus souvent à l’usage des jeunes conducteurs - qui limite la vitesse maximale et le volume du système audio... Du point de vue mécanique, la Focus est proposée en moteur 1,6 litre TDCi en deux versions 95ch et 115ch avec une boîte à vitesse à six rapports. Enfin pour les tarifs de lancement, ils commencent à 202 105 Dhs pour la version Trend, pour atteindre un maximum de 268 105 Dhs pour la full version Titanium. PERSPECTIVES MED

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TRENDS APPLE/ I-CAR

LA POMME DE TITAN… A

La rumeur enfle à propos d’une voiture construite par Apple. Selon Bloomberg, celle-ci pourrait voir le jour d’ici la prochaine décennie. Les récentes rumeurs suggèrent que l’entreprise a consacré une équipe de recherche et développement au projet, allant même jusqu’à débaucher des ingénieurs automobiles à gauche et à droite chez Ford, GM, Mercedes-Benz et Tesla au point qu’un fabricant de batteries automobiles a accusé Apple d’avoir débauché ses meilleurs employés, provoquant ainsi la fermeture de l’entreprise. Si la voiture électrique est aujourd’hui une réalité, le projet a eu un parcours en dents de scie. GM et Tesla comptent respectivement lancer un véhicule électrique abordable (moins de 40 000$ US) pouvant parcourir 320 km sur une seule charge d’ici 2017. Devant les rumeurs et spéculations, il apparaît évident qu’Apple songe à intégrer l’industrie automobile plus sérieusement, de quelque façon que ce soit. Et aux dires de sources actives dans le marché automobile qui se sont confiées à Bloomberg, Apple pourrait commercialiser une voiture aussi tôt que 2020. Cela signifierait qu’Apple envisage d’investir 6 ans à la conception de son premier véhicule, qui sera vraisemblable-

TÉLÉPHONE INVIOLABLE LA NSA SE PLAINT ! Face aux smartphones de plus en plus sécurisés et à l’expansion du chiffrement des données (chez Google et Apple notamment), la NSA aimerait pouvoir agir. Le directeur de l’agence US, l’amiral Mike Rogers, réclame qu’une procédure soit élaborée aux États-Unis pour que la police et les agences de renseignement puissent avoir accès à ce type de communications quand nécessaire. Il a particulièrement insisté sur sa volonté que cet accès soit «public» et rejeter le terme «backdoor» (porte dérobée) que les géants de l’informatique américains et la vaste majorité des experts utilisent pour désigner ce genre d’accès. Selon le directeur de la NSA, il faut trouver une voie moyenne entre des systèmes de cryptage poreux et des systèmes de cryptage totalement inaccessibles aux agences de sécurité … 82

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LA VOITURE D’APPLE VRAIMENT AUTONOME ?

ment électrique. Pour ce faire, l’entreprise pourra compter sur le savoir-faire de l’équipe d’ingénieurs expérimentés qui travaillerait dans son laboratoire top-secret. Apple, qui a enregistré des profits record de 18 milliards de dollars US au dernier trimestre, est en bonne posture pour intégrer le marché – avec ses 178 milliards en banque. Mais si plusieurs questions demeurent en suspens, une seule nourrit les débats: La voiture d’Apple sera-t-elle autonome? Bien que les sources du Wall Street Journal et de Reuters semblent se contredire au sujet de ce projet, surnommé Project Titan, il est intéressant de souligner que 2020 est l’année où les observateurs de l’industrie estiment que les premiers véhicules autonomes commenceront à être commercialisés.

NETEXPLO 2015

UN SPARADRAP QUI RECHARGE LES MOBILES ! Le grand prix 2015 du jury Netexplo a été remis à une équipe de chercheurs coréens du KAIST (l’institut supérieur coréen de sciences et de technologie) qui ont créé le Wearable Thermo Element, un sparadrap utilisant la chaleur humaine pour produire de l’électricité et recharger des appareils mobiles. Ce générateur très flexible et léger en forme de sparadrap collé sur la peau récupère la chaleur du corps pour produire de l’électricité et recharger les appareils mobiles. Après cinq ans de développement, le wearable Thermo Element deviendra un prototype dans les prochains mois et devrait, à l’avenir, pouvoir être intégré aux vêtements.

PAIEMENT MOBILE Google se met à jour

Dans la course au paiement mobile, Google se met à jour. Le géant californien s’est associé avec plusieurs grands opérateurs mobiles américains pour préinstaller son application de paiement électronique sur les smartphones. AT&T Mobility, T-Mobile USA et Verizon Wireless, ainsi intègreront dans le courant de l’année l’application Google Wallet sur les smartphonesAndroid vendus aux Etats-Unis, explique Google sur son blog. Le géant d’internet ajoute qu’il a acquis des technologies de Softcard, une application de paiement mobile créée en 2010 par les opérateurs mobiles cités précédemment. En s’alliant avec ces opérateurs, Google tente de faire barrage à Apple, récemment entré sur le marché des paiements mobiles. En octobre, la marque à la pomme a incorporé l’application de paiement mobile Apple Pay dans sa nouvelle gamme iPhone 6 de smartphones. Le géant californien, quant à lui, avait lancé Google Wallet en 2011 un service qui enregistre les informations des cartes de crédit et de débit et permet au consommateur de payer ses achats en connectant son smartphone à un terminal spécialement aménagé. Il n’avait pas réussi à convaincre le consommateur, notamment en raison de la concurrence de Softcard. La tâche devrait être plus aisée désormais que cette technologie compte parmi son portefeuille de brevets… PERSPECTIVES MED

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AU-DELÀ DU SIEL 2015

QUID DE LA CULTURE ? Comme dans toute foire, faut-il sacrifier à l’habituel comptage des visiteurs pour attester de la réussite ou non du Salon international de l’édition et du livre ? L’édition 2015 aura fait le plein de débats. Propulsant la culture sur les devants de la scène. Question lancinante s’il en pour tout pays.

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ui, le ministre en charge de la Culture a cherché à marquer de sa présence l’édition 2015 du SIEL. Oui, il a même pris la parole bien des fois pour défendre l’action du ministère qu’il pilote, tout en se contentant aussi souvent d’écouter les autres. Amine Sbihi est allé plus loin dans le marketing politique qui accompagne cette opération de promotion de la culture, la circulation du livre représentant un pilier incontournable. En mettant en scène les aides que le département de la Culture, dont le budget reste aussi rachitique que par le passé, a décidé de débloquer pour encourager les artistes nationaux : des plasticiens aux hommes du théâtre. Mais la somme de tous ces millions de dirhams que l’arroseur a débloqué, l’argent public n’ayant pas d’odeur idéologique assure-t-on, est-on face à une stratégie culturelle dûment tracée dans le temps comme dans l’espace ? On laisse au ministre le soin d’y répondre. Et il ne manque pas d’arguments pour le faire au vu ne serait-ce que de l’enveloppe budgétaire allouée au secteur. Quant à la question du « soft power » que le pays est en droit de revendiquer pour faire bonne figure parmi les nations, nul besoin de souligner que l’affaire est encore loin, très loin, d’être pliée. Car la culture est liée à la production idéelle qu’offre le génie marocain chaque année. C’est la somme d’un marché de l’édition, encore anémique malgré les combats menés par nombre d’éditeurs trop petits pour faire la différence ne serait-ce qu’avec ceux de l’espace du Machrek. C’est aussi l’offre en spectacles de dimension internationale où les vedettes marocaines occupent une place de choix. C’est en plus le nombre de productions scientifiques réalisées et de brevets estampillés « made in morocco »… Et la liste est longue pour faire du « soft power » local un facteur de construction du pays et de sa projection dans un univers concurrentiel. A la lumière de ce qui vient d’être énoncé, il faut s’avouer nos faiblesses pour pouvoir avancer en relevant tous les défis qui se présentent. Et dans ce cadre-là, une question basique mérite d’être soule-

vée à l’heure où le souvenir du SIEL n’est pas encore définitivement enfoui : qu’a-t-on fait pour encourager la lecture au sein de la population qui le peut encore (abstraction faite du taux de l’analphabétisme) et garantir, économiquement, à la production éditoriale de tourner à un régime acceptable ? Rien n’a été décidé alors que le jeu ne saurait être gagnant sans une politique faite d’appui sérieux aux éditeurs et de révision à la baisse des taxes qui pénalisent le livre. L’affaire n’est donc pas, il faut en convenir, du seul ressort d’un seul département. Elle doit être l’œuvre globale de tout un gouvernement qui s’est fixé pour objectif de garantir l’émergence du pays. Car le secteur de l’Education nationale est intimement lié à la chose culturelle. Car c’est bel et bien dans les établissements scolaires que l’on forme les esprits à la critique, comme à l’autocritique. Et là aussi, il faut dire que l’on est malheureusement plus éloignés de toutes les lueurs d’espoir que la mise en place de la haute commission ad hoc avaient charrié dans son sillage. On est encore au stade du débat sur la langue de base à adopter pour faciliter l’apprentissage alors que la question nodale qui se pose a trait à la promotion de l’intelligence au niveau de tous les paliers de l’éducation. Car au-delà de la socialisation des individus, de l’acquisition des valeurs intrinsèques à la société, et de la maîtrise des bases du savoir en constant changement, l’école est attendue là où elle doit s’investir : former les citoyens d’aujourd’hui et de demain. Des citoyens sains de corps et d’esprit. A-t-on des chances de voir le système obéir aux lois de l’aggiornamento nécessaire, celui qui serait à même de favoriser l’émergence du pays parmi les nations où le savoir est sacralisé ? C’est bien de cette culture-là que les Marocains devraient s’alimenter au lieu d’absorber le trop plein d’une société du spectacle exporté en franchise de droits de douane. Triste image que celle qu’offre les cafés du pays pleins à craquer à l’occasion de derby footballistiques. Quant aux cafés littéraires...

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APRÈS LA SYRIE, L’IRAK

L’ETAT ISLAMIQUE DÉTRUIT DES TRÉSORS ANTIQUES EN IRAK Par: Lamia Mahfoud

La horde de terroristes de « l’Etat Islamique » ne se contente pas de faire couler le sang d’innocents et de terroriser les Etats. A Mossol, en Irak, il entend gommer des mémoires un pan entier de l’Histoire de l’humanité. Pour que ne vivent que ses préceptes obscurantistes.

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on, Daech ne se contente pas de vouloir imposer, dans la terreur, une nouvelle géographie dans l’espace arabe. Ses terroristes chargés à bloc d’une idéologie déstructrice entendent lobotomiser l’Humanité. En s’attaquant aussi à un pan de l’Histoire des peuples qu’ils martyrisent en Irak comme en Syrie. Les images qui ont défrayé la chronique depuis Mossoul, où statues et frises, vandalisées à coups de massues, ont mis en émoi le monde. Forçant la directrice générale de l’Unesco à convoquer en réunion de crise le Conseil de sécurité de l’ONU. Le Musée de Mossoul qui regroupe des pièces inestimables qui remontent aux périodes assyrienne et hellénistiques, plusieurs siècles avant l’avènement de la chretienneté, a subi les assauts des djihadistes qui rappellent, à l’odentique, ce que leurs pairs Talibans avaient fait en Afghanistan, lorsqu’ils torpillèrent des statues boudhiques qui ont résisté aux caprices du temps, à Bamiyan, ou encore

DAECH VEUT LOBOTOMISER L’HUMANITÉ

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les menées des oscurantistes qui avaient sévi au Nord du Mali tout en prenant soin de détruire un pan des parchemins qui faisaient la fierté de Tombouctou. Le tristement célèbre groupe terroriste Daech dont les équipées criminelles n’en finissent pas d’endeuiller les peuples syrien et irakien ne se contente plus de reproduire ce qu’il y a de pire dans l’Histoire de l’Humanité, en tuant, violant et asservissant des communautés qui n’ont pour seul tort que de vivre en paix une autre religiosité que l’Islam, récemment, au nord-est de la Syrie, plus de 220 chrétiens assyriens ont été enlevés. Les Gensis Khan de l’islamisme radical font preuve de plus de cruauté en reproduisant ce que le tristement célèbre Holaco avait laissé derrière lui en assurant à la Mongolie de son temps plus d’espace sur le dos de peuples meurtris. Les victimes de l’Etat islamique (EI) ne sont pas seulement humaines. 8.000 livres rares sont partis en fumée dans la bibliothèque de Mossoul, en Irak. Cette bibliothèque, construite en 1921, abritait des ouvrages rares. Notamment des manuscrits du XVIIIe siècle, des livres syriens du XIXe siècle, ainsi que de vieilles antiquités qui dataient de plusieurs siècles. Une vieille église de Mossoul,


l’église de la Vierge Marie, ainsi que le Théâtre de l’université n’ont pas échappé à la barbarie djihadiste. Ils ont été brûlés. En janvier dernier, les nouveaux bourreaux de l’Histoire régionale avaient déjà organisé des autodafés de milliers d’ouvrages pillés de l’université. Selon des responsables locaux, pas moins de 100.000 livres ont été détruits dans la province d’al-Anbar, dans l’ouest irakien. Après les chrétiens et les Yézidis, après les femmes, après les statues, abattues depuis l’été pour effacer ces symboles honteux du paganisme idolâtre, les gestionnaires du «califat islamique» auto-proclamé risquent de sévir davantage. En effet, Mossoul se trouve en Mésopotamie, la région des deux fleuves, si importante dans le destin de l’humanité - c’est là que fut inventée l’écriture - si essentielle dans l’histoire arabe. Au VIIIe siècle, les califes abbassides, la deuxième grande dynastie régnant sur l’islam, après celle des Omeyyades de Damas, construisent leur capitale: Bagdad, si belle et si grande que ceux qui la visitent la considèrent comme le nombril du monde civilisé d’alors. Le plus célèbre des princes qui y règne est Haroun al Rachid – mais sa réputation relève plus de la littérature que de l’histoire. Il doit sa postérité au fait d’être devenu, bien plus tard, un héros des «Mille et une nuit». Le plus remarquable est son fils, le calife Al Mamun (règne de 813 à 833), le vrai grand homme de la période. En matière d’Islam, il avait des vues autrement avancées que celles des amis d’al Baghdadi: sa préférence allait au mutazilisme, un courant très inspiré de la pensée grecque, qui posait que le Coran était «créé» et non «incréé», c’est-à-dire non pas une parole éternelle et intangible, mais un texte recueilli à un moment de l’histoire, qu’il était juste d’étudier et de comprendre à la lumière de la raison. On est loin de cette période durant laquelle on ne persécutait pas les minorités religieuses,: chrétiens nestoriens, juifs issus de l’antique communauté de Babylone, zoroastriens, fils de l’empire perse et même quelques bouddhistes concourent à faire de la ville un des creusets les plus féconds de l’histoire humaine. Plus que tout, le prince aimait les livres. On rapporte que la paix avec son vieil ennemi l’empereur de Byzance fut conclue en échange d’un précieux traité de mathématique et d’astronomie. Selon la tradition, c’est après avoir vu en rêve Aristote le grec qu’il eut l’idée de réunir à Bagdad tous les savoirs du monde, sous la houlette des plus grands

savants de son temps. Le lieu, qui servait à l’expérimentation, à l’étude, devint aussi une immense bibliothèque. Il portait le beau nom de «Maison de la Sagesse». On comprend dès lors pourquoi les djihadistes font preuve de pareille hargne à vouloir détruire les plus belles pages de l’Histoire humaine. Voilà pourquoi il audra craindre le pire. Car presque 1.800 des 12.000 sites archéologiques irakiens se trouvent dans une région contrôlée par les incontrôlables barbares de Daech. «Cette attaque est bien plus qu’une tragédie culturelle, c’est également une question de sécurité parce qu’elle alimente le sectarisme, l’extrémisme violent et le conflit en Irak», a dénoncé la responsable de l’Unesco Irina Bokova. Reste à savoir si une telle mobilisation aurait un quelconque résultat face aux enjeux géostratégiques qui impactent la région. En tou cas, une chose est sûre : la Syrie, comme l’Irak, endurent l’une des pires périodes de leur histoire. De quoi demain sera-t-il fait ? That’ a question…

PARCHEMINS DÉTRUITS IL Y A DEUX ANS, TOMBOUCTOU... Les habitants de Tombouctou se souviendront longtemps du 2 avril 2012, jour où les djihadistes avaient occupé la ville, classée Patrimoine mondial de l’Humanité depuis 1988. Et le 30 juin, les milices islamistes d’Ansar Dine (les Défenseurs de la Foi) procédaient à la démolition d’une quinzaine de mausolées de saints, vénérés pour certains depuis des siècles; un culte considéré comme idolâtre par ces fanatiques. Avec ces attaques, ce sont aussi des paquets de manuscrits inestimables qui ont été détruits à Tombouctou, cité fondée par les Touaregs au XIe siècle avant de devenir dès le XIVe un important centre d’échanges commerciaux et intellectuels entre les royaumes de l’Afrique noire subsaharienne et le Maghreb. Dans les caravanes qui vont jusqu’en Egypte, en Perse, prennent place des savants arabes qui, avec le Coran, apporteront une écriture, l’arabe, aux habitants de ces contrées qui vont dès lors pouvoir coucher sur parchemin tout un savoir jusque-là transmis oralement. Bénéficiant de sa position stratégique, Tombouctou prospère. Au XVe siècle, elle compte 100.000 habitants et son université de Sankoré, plus de 25.000 étudiants, parfois venus de fort loin. Au fil des siècles, les textes s’accumulent. «Aujourd’hui, on estime à 100.000 les manuscrits à Tombouctou, chiffre qui monte à 900.000 si on élargit la zone de recherche à Ségou et Gao, c’est énorme», précise Jean-Michel Djian, journaliste particulièrement féru de la région.

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« TIMBUKTU » RAFLE LES CÉSARS

SISSAKO AU PINACLE !

C LA GÉOPOLITIQUE A-T-ELLE SON MOT À DIRE DANS LE SUCCÈS DE TIMBUKTU ? EN TOUT CAS, LE DRAME QUI MARQUE L’ESPACE SAHÉLO-SAHARIEN DEPUIS QUE LES DJIHADISTES SONT MONTÉS AU CRÉNEAU N’ÉPARGNE PERSONNE. VOILÀ POURQUOI L’ŒUVRE DU MAURITANIEN SISSAKO A ÉTÉ SALUÉE AUSSI SINGULIÈREMENT. ACTION !

UNE HISTOIRE SIMPLE POUR CONTER LA COMPLEXITÉ DU BASCULEMENT DANS LA TERREUR ISLAMISTE. TELLE EST LA GRIFFE DE SISSAKO 88

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Par: Mustapha El Maleh

e n’est pas pour bouder notre plaisir, mais de vous à moi, ce n’est tout de même pas tous les ans qu’on se réjouit d’une avalanche de Césars, en tout 7 moissonnés par un film étranger et à fortiori africain. Et Pourtant, l’Afrique est féconde en filmographie. Mais si les prétendants sont nombreux, rares sont les heureux élus… Les lois de la sélection et des jurys. sont ainsi faites. Déçu, Sissako en sait quelque chose depuis le festival de Canne de 2014. A chaque année son millésime. Celui de 2015 est lumineux, bouleversant et le titre ne peut laisser indifférent : Timbuktu . Le film raconte dans une infinie tendresse mêlée à la cruauté des assaillants l’histoire de Kidane. C’est un homme qui mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Fatima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit faire face à des occupants venus d’ailleurs… Bref, comme on peut l’imaginer, « Tombouctou appartient à la mythologie. On est tous atteints si ce lieu est atteint ». Conscient des difficultés du cinéma africain, Abderrahmane Sissako explique le pourquoi de son film qui est tiré en partie d’une histoire tragique. C’est l’histoire de « la lapidation à mort en 2012 à Aguelhok, petite ville du Mali, d’un homme et d’une femme qui s’aimaient et avaient eu des enfants mais dont le crime était de ne pas s’être mariés devant Dieu. Leur mise à mort fut diffusée sur internet. Et cette atrocité innommable s’est produite dans l’indifférence totale des médias et du monde ! Et d’ajouter que « Ce couple dont on ne connait même pas le nom est un couple symbolique. » Artiste et


cinéaste, A Sissako appréhende son rôle comme un « passeur de cette conscience collective révoltée. A fortiori, quand il s’agit de ce que je connais le mieux, l’Afrique, ce continent qui souffre de l’indifférence ». Tombouctou est une ville symbolique, et l’épreuve qui lui fut infligée par l’occupation des djihadistes est symbolique elle aussi »… Cette fiction n’a nullement besoin d’être davantage romancée, « A quoi bon en rajouter, la réalité est déjà tellement insoutenable ». Les scènes sont caustiques. Et parce que l’humour a toujours constitué une arme, Sissako s’est singularisé en tournant le diktat en ridicule.. La musique, les acteurs, professionnels ou pas, brillent par des interprétations qui ne peuvent laisser le spectateur indifférent Avis à tous les amateurs du 7 ème art, c’est un film à voir absolument………

NOSTALGIE

UN GRAIN DE RÊVE Pour un natif du Sud marocain, le nom de Tombouctou résonne comme une voix d’outre Anti-Atlas. Tel un mausolée, le célèbre panneau, rafraichi au fil du temps pour le plaisir des photos souvenirs des touristes, m’a accompagné sur le chemin de l’école de Zagora des années durant. Si l’on croit cette carte postale, la ville saharienne, sise à 52 jours à dos de chameau, n’est plus une destination de tout repos. Le calme des dunes a laissé la place au fracas des armes depuis l’arrivée des fous d’Allah dans cette contrée paisible. Cette ville, ô combien mythique, est de retour sur la scène mais de façon tragique. Alors que les moyens techniques ont considérablement raccourci son trajet le rendant moins glamour, l’obscurantisme des djihadistes l’a éloignée physiquement de nous. Si loin dans nos souvenirs mais à jamais présente dans nos cœurs, Tombouctou saura renaître de cette funeste parenthèse pour retrouver son image d’Épinal.

« BIRDMAN », MEILLEUR FILM DE L’ANNÉE

LA VIE EN 2 HEURES CHRONO Oscar du meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure photographie. La moisson est allée au cinéaste méxicain Alejandro Inarritu pour « Birdman ». Thomson Rigan, personnage central est un comédien qui veut retrouver les planches et la gloire après une carrière de super héros.

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irdman, c’est une avalanche de questionnements existentiels sur l’amour, la vie et la reconnaissance sociale, le tout savemment dosé tout le long de deux heures de projection. Le film qui relève de la comédie noire, et ce n’est pas pour rien qu’Alejandro Inarrituintense récolta l’Oscar du meilleur réalisateur, aborde des questions aussi complexes que l’art, la création, le théâtre, l’urbanité froide, la famille, YouTube, Twitter, la célébrité, la vérité, les rêves, la liberté, l’addiction aux drogues,… Birdman est un film qui dévoile les drames, les travers et les cassures du monde contemporain, « le monde civilisé » à l’auble du 3ème millénaire. «Ce film m’a poussé à m’aventurer en territoire inconnu. Ce qui est loin d’être confortable. J’ai toujours pensé qu’après avoir atteint 40 ans, un projet qui ne vous effraie pas ne vaut pas la peine qu’on l’entreprenne», a déclaré Alejandro Inarritu. En ayant terrorisé son auteur, Birdman a été salué par la critique nord-américaine. Lors de l’allocution prononcée après l’obtention des Oscars, le cinéaste a rendu hommage aux Sud-Américains vivant aux Etats-Unis. «J’espère qu’ils seront traités avec le même respect que les immigrants qui sont venus dans ce pays au fil des siècles», a-t-il déclaré. Déjà riche, la carrière d’Inarritu promet, à n’en point douter, d’autres œuvres bien inspirées. « Birdman » est en effet le cinquième long métrage du réalisateur mexicain déjà consacré avec des films tels que Amours chiennes (2000) et Babel (2006).

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SOUTIEN DU LIVRE ET DE L’ÉDITION

CAHIER DES CHARGES

ARTS PLASTIQUES

VANNES OUVERTES Le ministère de la Culture ne pouvait pas ne pas voler au secours des artistes plasticiens. Ceux-là mêmes qui réussissent à donner une autre aura au patrimoine culturel marocain. C’est pourquoi pas moins de 10 MDH ont été programmés par la tutelle pour appuyer les artistes dans leurs projets. Un jury, présidé par l’artiste-plasticien Issa Ikken, a été monté pour départager pas moins de 110 projets artistiques, signale-t-on. Le programme de soutien, annoncé par le ministre Amine Sbihi, vise à financer la création artistique et les résidences d’artistes, l’édition de monographies d’artistes, de catalogues d’exposition, de revues et sites web consacrés à l’art, l’organisation d’expositions et de foires sur les arts plastiques et visuels, la participation aux foires et salons d’art contemporain, la création visuelle et en particulier l’animation électronique et l’art interactif, la bande dessinée, la photographie d’art, l’immersion en 3D et la restitution visuelle.

Pour soutenir les projets culturels dans le domaine de l’édition, le ministère de la Culture a mis en place, depuis 2014, un dispositif d’aides en faveur des auteurs, des éditeurs, des libraires, des associations et des entreprises culturelles, doté au titre de l’année 2015 de 10 millions de dirhams. Édition du livre, édition de revues culturelles, création et modernisation de revues culturelles électroniques, participation aux Salons du livre nationaux et internationaux, participation des auteurs marocains aux résidences d’auteurs, création, modernisation et animation de librairies, sensibilisation à la lecture, puis édition réservée aux personnes à besoins spécifiques (les déficients visuels) sont au menu. Tout est régi par un cahier des charges et un arrêté conjoint entre la Culture et l’Économie et les finances.

Avec ses sujets de prédilection, les Rifains dans leurs habits traditionnels très colorés, Abdelaziz Charkaoui immortalise des instants de la vie intérieure et sociale. La démarche du plasticien renoue avec les traces de Larache et fige, dans leur beauté saisissante, les paysages verdoyants de sa région natale. Un hommage à une région montagneuse qui a inspiré tant d’artistes.

Jérôme Fritel (réalisateur notamment de «Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde», et de «Mittal, la face cachée de l’empire»), récidive avec un documentaire de 52 minutes sur «Daech, naissance d’un État terroriste» la frontière turque. Les Editions La Croisée des chemins rendent compte, à travers un ouvrage collectif , des «réactions à chaud» de plusieurs intellectuels marocains TOUS CHARLIE qui ont accepté, au pied levé, de livrer leurs sentiments suite aux attentats du 7 janvier et à la manifestation du 11 janvier 2015 à Paris. «Ce qui nous somme» porte les voix de Abdesselam Aboudrar, Driss El Yazami, Bouthaïna Azami, Valérie Morales-Attias, André Azoulay, Ahmed Ghayet, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Sassi, Mohamed Tozy, Abdelhamid Jmahri, etc…

EGOÏSTE

Exilée en France depuis sept ans(2 millions de dollars pour avoir son passeport), la comédienne iranienne Golshifteh Farahani s’affiche nue en couverture de la revue «Égoïste» (17 numéros publiés en 37 ans). C’est le photographe Paolo Roversi qui a immortalisé son regard qui dit beaucoup de choses aux Mollahs qui lui avaient reprocé d’avoir joué dans le film Mensonges d’État, de Ridley Scott.

“MENU LIVRE” EST UN PROJET INNOVANT QUI VOIT LE JOUR POUR LA PREMIÈRE FOIS AU MAROC, INDIQUE UN COMMUNIQUÉ DES ORGANISATEURS. “LE CONCEPT EST SIMPLE : DES MENUS DE LIVRES SERONT DISPONIBLES DANS LES CAFÉS AFIN DE PERMETTRE AUX CLIENTS DE CONSULTER DES BOUQUINS GRATUITEMENT EN ATTENDANT LEURS COMMANDES. HOMMAGE EST AINSI FAIT AUX ÉCRIVAINS MAROCAINS.

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FACE TO FACE

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FÉDÉRATION ROYALE MAROCAINE DE FOOTBALL

UN ‘’ETAT DANS L’ETAT’’ Par : Yahya Saïdi

La Fédération Royale Marocaine de Football surfe toujours dans une « zone de non-droit ». Se retranchant derrière une prétendue ‘’lex fifa’’, la FRMF serait un ‘’Etat dans l’Etat’’.

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Naguère régentée par des profils militaires, la FRMF est aujourd’hui tombée de charybde en scylla du fait qu’elle s’est vêtue des mêmes oripeaux. L’arrivée de Fawzi Lekjaâ à la tête de la FRMF a donné du fil à retordre. Il y a de quoi déplorer son incompatibilité quand on sait qu’il est le Directeur du Budget de l’Etat. En un temps record, après deux mois de son élection, Fawzi Lekjaâ a puisé dans les caisses déficitaires de l’Etat en débloquant à la FRMF 1,5 milliards de dirhams (1500 Millions de dirhams). C’était le 4 juin de l’année dernière lors de la signature de la convention avec les ministères de l’Intérieur, des Finances, de la Jeunesse et des Sports voire de l’Equipement et des Travaux Publics. L’objet de cette convention consiste comme on le sait à doter une centaine de stades du gazon synthétique, de l’éclairage outre la construction de centres régionaux de formation. Fort de sa position en tant que Directeur du budget de l’Etat, F. Lekjaâ s’est arrogé le droit pour que la FRMF soit le maître d’ouvrage. Ce qui est juridiquement illégal pour les raisons suivantes : Primo : La FRMF est une association de droit privé qui ne peut en aucune manière lancer des avis d’appels d’offres en vertu de droit commun notamment le décret relatif aux marchés publics qui s’appliquent uniquement aux institutions publiques ou semi-publiques. Secundo : La FRMF est une fédération sportive qui n’a pas l’Habilitation, ni Statuts ni reconnaissance d’Utilité Publique publiés au Bulletin Officiel pour avoir droit à la participation d’une mission de service public en vertu de la loi sur le sport. (Ndlr : Seules les fédérations sportives du Golf et de l’Athlétisme sont institutionnalisées). Tertio : La FRMF n’a pas l’expertise pour être le maître d’ouvrage. Et au lieu de s’attacher les services d’un bureau d’études spécialisé et certifié pour en assurer le pilotage et le suivi, on a opté pour une commis-

sion, composée des représentants des différents financeurs dont la FRMF détient les rênes sans parler de la Commission Fédérale présidée par un vice-président du Comité Directeur Fédéral. Alors qu’on s’attendait à compléter la composition de l’organe décisionnel de la FRMF, à élire les membres des organes de discipline, d’arbitrage et bien d’autres, le président de la FRMF s’est trituré ses drôles de méninges en annonçant la création de la Ligue Professionnelle de Football. Si les statuts de cette dernière font référence explicite à la loi 30-09, relative à l’Education Physique et aux Sports, les décideurs de la FRMF prétendent avoir reçu l’aval de la FIFA qui a même approuvé les statuts de cette ligue professionnelle. Chose qui n’existe que dans l’imaginaire des membres de la FRMF car la FIFA n’intervient que dans la mise en conformité des statuts des fédérations nationales de football avec les statuts dits standards. Au lieu d’accélérer le processus de professionnalisation sur des bases saines avec une ligue professionnelle composée de clubs mutés en structures sociétaires, on est allé vite en besogne en tirant des plans sur la comète. Sans parler de la situation schizophrène dans laquelle se trouvent les clubs qui sont toujours régis par des statuts qui se réfèrent à l’ancienne loi 06-87 alors que la FRMF et les autres fédés se sont coercitivement arrimées à la nouvelle loi sur le sport. Dans une fédération qui est un ‘’Etat dans l’Etat’’ où son président argue l’arme de l’indépendance de sa gouvernance contre l’ingérence du tiers, on persiste à s’emmêler les pinceaux. Fawzi Lekjaâ et ses acolytes auraient raison si la FRMF ne recevait pas le moindre centime de l’Etat. Et aussi, si la FRMF n’était pas régentée par un commis d’Etat. C’est là où réside l’indépendance légitime et sourcilleuse. Le reste c’est des surenchères politiciennes pour contourner responsabilité et reddition des comptes.

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SUBVENTIONS AFFECTÉES AUX FÉDÉRATIONS SPORTIVES

SANS HABILITATION !

Par : Yahya Saïdi

Les fédérations sportives au Maroc reçoivent annuellement du ministère des subventions financières sans qu’elles ne soient habilitées pour ce faire. Voila autant de couacs qui doivent inciter la tutelle à faire prevue de bonne gouvernance.

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ormis les fédérations royales marocaines du Golf et de l’Athlétisme, toutes les autres fédérations sportives ne sont pas habilitées par un arrêté ministériel, tout comme les statuts qui sont validées de fait sans avoir fait l’objet d’une publication au bulletin officiel. Le premier responsable de ce désordre normatif sinon de nonchalance est le ministère de la Jeunesse et des Sports qui ne veille pas à l’application de la loi spécifique au sport. Ces subventions sont mandatées aux fédérations sportives sur fond d’un contrat à objectifs. Leur source provient des ressources du FNDS (Fonds National du Développement du Sport), un compte spécial crée en vertu de la Loi des Finances de 1987 et amendé par celle de 2010. Entre 2013 et 2014, on a enregistré la bagatelle 300 MDH (soit 150 millions de dirhams par an) ayant profité aux fédérations sportives.

LES RÈGLES DE BONNE GOUVERNANCE N’EPARGNET PAS LE SPORT. EN PRINCIPE !

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Sur les 44 fédérations sportives, 16 fédérations gèrent des disciplines non-olympiques. Plus de la moitié de ces fédérations n’ont pas l’étoffe d’une fédération sportive du fait du nombre squelettique de clubs qui y sont affiliées et qui dans certaines ne dépasse pas une dizaine. 33 fédérations n’ont même pas une seule ligue régionale. Plus des deux tiers ne disposent pas de direction technique nationale à proprement parler. Et pourtant, la tutelle, aussi démunie en ressources humaines techniques, renouvelle les contrats à objectifs avec ces fédérations sportives. Faut-il ajouter que les subventions sont accordées aux fédérations sportives sans critères. Tout dépend du président de la Fédération voire de l’arbitraire des décideurs au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports. Au point que la subvention qui doit être un outil de développement et de la promotion de la pratique sportive pour atteindre l’excellence, est devenue un moyen de vassalisation pour ne pas parler de rente. La légalité d’une fédération n’est pas tributaire uniquement de la tenue de son assemblée générale statuaire mais de l’institutionnalisation de ses structures telle que la loi l’exige et dont le modèle décliné est la cogestion. Un modèle suranné en déphasage flagrant avec les nouveaux canons de la gouvernance du sport moderne.


SUR LE RING SPORT

DU DROIT DU SPORT Par : Yahya Saïdi

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e sport est « un monde droit », écrivait l’éminent professionnel, un déficient intellectuel qui professeur, Gérald Simon. Il s’agit d’une disciprend les enfants du Bon Dieu pour des canards pline qui fut, jusqu’à la fin des années 1980, une sauvages. Avis aussi à certains charlatans qui discipline balbutiante. L’autonomie du droit du usurpent l’identité de juristes-experts en droit sport provient de ses spécificités et c’est la raidu sport et qui relayent sans vergogne mes son pour laquelle le droit du sport est souvent réflexions en se les attribuant ailleurs. dérogatoire au droit commun. Je m’intéresse Je rends ici un vibrant hommage posthume à Me au droit du sport depuis plus d’un quart de feu Hamid Lahbabi qui avait piqué ma curiosité siècle après avoir acquis une formation sportive en 1988 alors que l’on était encore en train de scientifique y compris celle d’entraineur d’athdébattre de l’ancienne loi 06-87 qui avait été létisme. J’ai étudié la légistique, cette science l’objet d’un débat lors d’un colloque à l’ISCAE ou cet art de la rédaction des textes juridiques avant sa promulgation. Le n°1 de notre magaet j’ai bien sûr lu, relu et décortiqué les grands zine ‘’PERSPECTIVES MED’’, paru en avril 2005, théoriciens et philosophes du droit en l’occuravait publié une longue interview de feu Hamid rence Lahbabi. Dans Hans un premier xxxxxxxxxx Kelsen temps, le xxxxxxxxxxxx (Théorie défunt avait pure du refusé de xxxxxxxxxxxxxxxxx droit), m’accorder xxxxxx l’Italien cette interxxxxxxxxxx Romano view en me xxxxxxxxxx Santi, disant que je l’un des suis capable xxxxxxxxx enchande coucher xxxxxxx teurs de la un article qui xxxxxx sociologie soulève les du droit problèmes xxxxx (L’Ordre de fond de juridique), la législation Max Weber (La rationalisation du droit) et sportive au Maroc. Je lui avais répondu que je bien d’autres. Le droit du sport m’habite et je préférai que le maître qu’il fut le fasse et non l’habite. Mes modestes réflexions n’ont jamais pas l’étudiant que je suis. La reconnaissance prétendu à l’exhaustivité et ne le prétendront de feu Hamid Lahbabi me suffit largement et jamais car on est étudiant de 7 ans à 77 ans. l’échange scientifique avec d’éminents proSoit ! des réflexions qui consistent à décrire et fesseurs comme Gérald Simon, Frank Latty, non à prescrire. C’est le principe de ce que Max Jean-Louis Dupont, l’un des avocats qui était Weber appelle : la neutralité axiologique, c’estderrière l’arrêt Bosman m’incite à percer dans à-dire de s’abstenir aux jugements de valeurs. la recherche scientifique dans le sport d’une Des réflexions qui oscillent entre les sciences manière générale et du droit du sport en parjuridiques et la doctrine du droit. Quand on ticulier. Avec un souci journalistique pédagoest dans les sciences juridiques, on décrit, on gique pour que la réflexion soit intelligible. analyse, bref on collige. Mais quand on est dans A un moment où le sport marocain est rongé la doctrine du droit, on participe de la producpar l’ésotérisme au détriment de la recherche tion du droit. Ce n’est pas le boulot d’un juge scientifique et que l’Etat ne lui accorde point le ni même d’un avocat. Avis à un calomniateur moindre centime.

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CAF VERSUS FRMF

LES ABUS DE LA CAF

Par : Yahya Saïdi

Les sanctions sportives et financières trop lourdes infligées par la Confédération Africaine de Football (CAF) à la FRMF ont fini par la saisine du TAS (Tribunal Arbitral du Sport) et de la Chambre du Commerce International à Paris. Un sacré contentieux qui fera date dans les annales de la jurisprudence sportive.

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epuis le refus de la CAF de reporter ultérieurement l’organisation de la 30 ème édition de la CAN qui était prévue au Maroc, à cause du danger du virus Ebola, c’est le dialogue de sourds entre la CAF et la FRMF si ce n’est la réponse du berger à la bergère. Comme l’avait déclaré Jean-Louis Dupont, l’un des meilleurs avocats spécialistes du droit du sport à notre confrère L’Opinion, la CAF s’est montrée peu respectueuse de la souveraineté étatique. Les enjeux financiers et les appétits de cette association continentale opaque de par sa gouvernance sont derrière l’acharnement des décideurs de la CAF en l’occurrence son patron, Issa Hayatou, sempiternel président depuis 1988. Pas étonnant quand on sait que dans ce genre d’institutions sportives internationales, les conciliabules et les dérives sont monnaie courante. La CAF n’a pas fait dans la dentelle en sanctionnant arbitrairement la FRMF et son onze national. Mais c’est le président de la FRMF qui en assume la responsabilité et ce pour deux raisons : D’une part, c’est à la FRMF que revient la demande du report et non au ministère de la Jeunesse et des Sports qui était intervenu à plusieurs reprises comme un éléphant dans un magasin de porcelaine ; et d’autre part, la FRMF devait saisir la justice compétente pour contester la décision du retrait de l’organisation de la CAN par la CAF. Une décision tout comme les sanctions sportives et pécuniaires prises par le Comité Exécutif et non par la Commission d’Organisation comme stipulé dans les réglements généraux qui régissent l’organisation de la CAN et de l’AAO (Accord de l’Association Organisatrice), signé à Rabat, le 21 avril 2014. Aujourd’hui, ne pouvant tolérer l’intolérable, la FRMF a enfin durci le ton en recourant à la saisine et du TAS et de la CCI. Au niveau du TAS, la FRMF y a fait appel afin d’obtenir l’annulation des sanctions de la CAF avant fin mars prochain. L’objectif est de

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ne pas priver la sélection nationale (A) du tirage au sort pour les éliminatoires de la CAN 2017. Au niveau de la CCI, la FRMF l’a saisie en vue d’avoir gain de cause en matière de sanctions pécuniaires. Cette saisine de la CCI s’est faite en vertu de l’article 15 de l’AAO. Et c’et là où l’on est face à un précédent jamais enregistré dans l’histoire des litiges sportifs. Pourquoi la CAF a évité sciemment le recours au TAS au lieu de la CCI qui rendra son verdict en vertu de ce qu’on appelle l’ADR (Alternative, Dispute, Résolution), une législation spécifique au droit commercial international public ? La réponse est peut-être chez le sponsor officiel de la CAN, le groupe Orange. Le Comité Exécutif de la CAF a charrié dans les bégonias en agissant en tant que juge et partie, transgressant ainsi les termes de l’AAO qui exige que l’une des deux parties saisisse la CCI en cas de litige, etc.… La CAF a assurément affûté ses armes pour gagner les procès que la FRMF lui a intentés. Au TAS, on risque de ne pas entendre la FRMF de cette oreille si la CAF entame une procédure in limine litis en vertu de la règle R39 du Code de l’Arbitrage du TAS pour que ce dernier se déclare incompétent. En tout cas, si le TAS se prononce sur l’effet suspensif quant aux sanctions de la CAF, ce ne sera qu’une petite bataille que la FRMF aura remportée. Car par la suite, c’est sur le fond que le TAS sera interpellé pour rendre son verdict final qui pourrait être renvoyé in fine au Tribunal Fédéral Suisse. Pourvu que la FRMF ne lésine sur aucun moyen. Car dans ce dossier litigieux, il n’est pas question de la sanction de l’Equipe Nationale A plus qu’il n’est question de l’image de marque et de la crédibilité du Royaume du Maroc, une Grande Nation qui a investi des sommes astronomiques pour abriter cette fête footballistique africaine. Mais à la CAF, le football reste « a-fric-ain » !

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CHRONIQUE JUSTE POUR RIRE

TOUT EST DANS LE SAC… Par Ouled Riab

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ne cabale de plus ! On roule les tambours et on fait valser les « taarija » et autres « derbouka ». Mais le pire, c’est que l’outrecuidance de quelques gardiens autoproclamés de la vertu les pousse jusqu’à charger les tribunaux, avec le tintamarre digne des tabourins surchauffés de nos troupes folkloriques. Vous l’auriez certainement deviné, mézigue en a vraiment marre de se payer, chaque mois, la vacuité de quelques cranes d’œufs qui se distinguent par les colliers de barbe que l’on sait. Et du coup, votre dévoué commence à exécrer tout le sabir vermoulu que des gorges chaudes éructent du haut de leurs minbars virtuels pour dénoncer les dérives de tel artiste ou telle bête de scène. Et le dernier épisode a de quoi laisser pantois : comment ose-t-on s’attaquer à la pauvre Daoudia pour la seule et unique raison qu’elle vient de lancer sur le marché une chanson qui fait éloge au pouvoir séducteur des femmes ? Et pourtant, des rigolos qui jouent aux apprentis-sorciers ont franchi le Rubicon en saisissant la justice au motif que les paroles de ladite chansonnette sont choquantes et porteraient atteinte aux mœurs de la nation. Pourtant, nul n’est dupe sous le ciel bienveillant qui couvre le Royaume de Tanger à Lagouira. Ni ce que contient « le sac à scandale » dont s’égosille ladite voix féminine, ni ce à quoi le contenu devrait servir pour amadouer l’homme. Ce n’est certainement pas avec un bâton de rouge à lèvres que le Royaume subirait les contrecoups d’une révolution culturelle. Ni avec des « chat », aussi «hot » soientils, que la ferveur cultuelle serait amoindrie ! On a écouté bien pire… Sans pour autant que nos veilleurs de la vertu ne postillonnent dans leur barbe. Daoudia a ses fans et c’est tant mieux pour elle. Comme elle compte aussi ceux qui l’abhorrent, et c’est tant mieux pour eux ! Et

L’AMOUR N’A RIEN D’ILLÉGAL LORSQU’ON LE CHANTE ET QU’ON LE VÉNÈRE.

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pourtant, jamais les deux clans ne se sont affrontés à jets de pierres, ni ont préféré ester en justice pour un oui ou pour un non. Qui se sent morveux se mouche, dit un dicton. A charge pour la justice d’éclairer les égarés du Royaume qui se croient sous le soleil de plomb de Sharjah. Et gageons que pour la majorité des Marocains, grands amateurs qui du Malhoun, qui d’Ahidous ou d’Ahouach, cela sans parler des aficionados des répertoires riches légués par de grandes divas du Mersaoui ou encore d’Al Aïta, le fin fond de l’histoire se résume au goût. Quand on aime, on écoute divinement. Et quand on n’apprécie pas, on ferme les oreilles. C’est ce que les très vertueux obscurantistes n’arrivent pas à faire. Eux qui rêvent d’expurger le répertoire national de tous ses génies pour ne laisser place qu’aux belles paroles du Madih. Qu’ils reviennent au Tout Puissant, le Créateur qui a doté l’homme (et la femme of corse !) de cette formidable capacité à goûter les bonnes choses. Des couleurs aux saveurs en passant par les odeurs et les sons. Et qui lui a assuré la faculté de l’oubli. Voilà ce que les obscurantistes devraient méditer comme leçons au lieu de s’ériger en donneurs de leçons. L’amour n’a rien d’illégal lorsqu’on le chante et qu’on le vénère. Sans quoi, il faudra construire des murs dans les têtes de tous les Marocains et des prisons dans toutes les bourgades pour y enfourner tous les artistes. Pauvres d’eux ! Nos obscurantistes font feu de tout bois pour faire parer d’eux. Ils veulent régenter la société alors qu’ils n’ont pas été mandatés pour ce faire. Les laisser prisonniers de leurs errements, c’est préparer les Marocains à se faire violence en s’emmurant dans les interdits. La symbolique de la dérive vers le Daechistan est bien là, palpable. Le réquisitoire des barbus surchauffés par un disque (de mauvaise qualité à mon humble avis) nous renvoie pratiquement à un environnement que le pays rejette en bloc : celui de l’inquisition. Une page de plus qui s’ajoute aux fameux « Cahiers des Charges » qui devaient enfermer le pays dans l’arriération globale. Voilà où nous mène l’aventure de quelques illuminés qui demain crieraient gloire aux nouveaux élus de Dieu dont ils rêvent. Quel cauchemar !


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