La Ruche maçonnique, ou les Devoirs de l'homme sage, par le F @ L @ Cantien, 30e @ ... Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Cantien, L.. La Ruche maçonnique, ou les Devoirs de l'homme sage, par le F @ L @ Cantien, 30e @ .... 1863.
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LA
ou
LES DEVOIRS DE L'HOMME PAR
LE F.
L HOMME
CANTIEN, DE
SAGE
30e
LETTRES
Membre des Académies agricoles, manufacturières et commerciales; Auteur de plusieurs ouvrages maçonniques et profanes; Membre de la Société de Secours mutuels des Sauveteurs médaillés du département dé la Seine. -
Au profaneeffrontélaissonsla triste gloire Dedébiterpartoutsescynique chansons, Nous,pour garderun nomsanstachedansl'histoire, Nescandalisons pasla route où nouspassons. Moralisonsles plaisirs do la vie, Usonsde tout arec sobriété, Et quejamais la débauche et l'orgie ne fassentbrècheà notredignité.
BORDEAUX IMPRIMERIE
ET GRAVURE
DE BARDET
Rue Sainte-Catherine
ET THIESSON
(Bazar-Bordelais)
ÉVANGILE MAÇONNIQUE
Maçons, qui peuplez la terre, et qui avec une foi persévérante suivez les préceptes de notre saint Évangile, prêtez l'oreille à la voix de la sagesse qui de nouveau va se faire entendre. Les temps sont venus où par vos bons exemples vous devez être les guides des nations. Formez donc tous une phalange humanitaire, et que le monde vous doive le bonheur et les précieux avantages de la civilisation.
Vers l'Éternel auteur de la nature entière Fais monter ton encens, ta voix et ta prière; Que le soleil se lève, ou termine son cours, Rends hommage à Celui qui protège tes jours, Bénis son nom sacr.é, révère sa puissance, Redoute sa justice, implore sa clémence. 'À
l'égard de ton frère agis comme pour toi, Après l'amour de Dieu c'est ta première loi. Ne te souille jamais d'une action mauvaise, Et qu'à faire le bien toujours ton coeur se plaise. Sois modeste et discret, laisse parler autrui, Quelque soit ton savoir tu sais bien moins que lui.
C'est dans les bonnes moeurs et leur pratique austère Que le culte de Dieu consiste sur la terre ; Accomplis donc le.bien avec sincérité, Et non par intérêt, par crainte ou vanité, Pour que ton âme un jour sans peur puisse paraître Devant le Tribunal de son Auguste Maître. Pour cela fais le bien sans jamais te lasser, Sois généreux partout où l'oeil te voit passer, Et n'en attends jamais une autre récompense Que le calme du coeur et de la conscience ; Ce calme plein d'attraits, plus consolant que l'or, Est toujours pour le sage un suffisant trésor : Mais pour le posséder il faut que ta prudence Marche vers le progrès avec persévérance ; Il faut être bon fils, bon père, bon époux, Bon frère, ne rêvant que le bonheur de tous; Il faut sans murmurer souffrir une injustice, Chérir la vérité, repousser l'artifice, Pardonner au méchant, lui désirer du bien, Et même, s'il le faut, devenir son soutien. Voilà le vrai devoir, voilà le vrai courage, Voilà d'un noble coeur le plus riche apanage, Voilà le vrai chemin où doit toujours marcher Celui dont la vertu ne veut point trébucher. Sans doute qu'ici-bas l'homme a bien peu de force, Que le vice lui jette une terrible amorce ; Mais les solides coeurs triomphent de l'écueil, Et sortent du combat plein de, gloire et d'orgueil. Pour ces coeurs il n'est rien qui soit inaccessible; A qui veut triompher le triomphe est possible,
Et c'est le méchant seul, sans vigueur, sans vertu, Qui de ce beau combat se retire vaincu. Aussi, roidissons-nous pour combattre le vice ; N'ayons qu'un seul amour, celui de la justice ; L'homme juste ici-bas est toujours le meilleur,. Car il prend pour conseil la probité,
l'honneur.
Marche donc en avant, famille humanitaire, Et puisque tu ne dois que passer sur la terre Pour arriver au Ciel, ton dernier rendez-vous, Sache le mériter et t'en montrer jaloux. Dans sa douce bonté Dieu t'y marque une place, Mais garde-toi toujours d'encourir sa disgrâce, En foulant à tes pieds les Tables de sa Loi. Sois sincère, loyal, franc et de bon aloi ; Souviens-toi que le Ciel prescrit la bienfaisance, Aussi cherche à sécher les pleurs de l'indigence. D'un dangereux orgueil fuis l'inspiration, Surtout ne rougis pas de ta profession, Car c'est la vertu seule et non pas la naissance Qui parmi les mortels met quelque différence. Quoique pauvre, tu peux t'enorgueillir encor; Songe à ta dignité qui vaut plus qu'un trésor. Cultive ton esprit par de saines lectures, Pour cela vas puiser aux sources les plus pures. Si Dieu dans ta maison fait naître un fils chéri, Qu'il y trouve toujours un vertueux abri ; Dresse son jeune coeur à suivre la pratique Des devoirs émanés du dogme évangélique. Sois son guide moral, son exemple en tout lieu, Respecte ce dépôt que t'a confié Dieu, Et, dirigeant l'essor de sa tendre jeunesse, Donne-lui ton amour, mais sois bon sans faiblesse.
De la fraternité suis la divine loi, Travailler pour autrui c'est travailler
pour soi.
Que jamais des grandeurs la soif ne t'importune, Et mesure tes goûts à ton humble fortune ; Sois content de ton sort, et que tous tes désirs Se portent constamment vers d'innocents plaisirs. Fais-toi le défenseur et l'appui de la femme, Qu'auprès d'elle ta voix soit l'écho de ton âme, Et consens à mourir dans ta coupable ardeur Plutôt que de porter atteinte à son honneur. Ce sexe plein d'attraits, à qui tu dois la vie, Mérite ton amour et non ta perfidie. Qui se rend envers lui parjure ou criminel Outrage lâchement le chef-d'oeuvre du Ciel. A mal faire que rien ne puisse te contraindre : Sois clément, charitable, et souffre sans te plaindre. A juger sainement mets tes soins assidus ; Sois avare de blâme et d'éloge encor plus. A Dieu seul appartient le privilège auguste D'apprécier les coeurs, d'être infaillible et juste. Le duel, où souvent le hasard rend vainqueur, Ne doit, en aucun cas, tenter un noble coeur. Se croit-il outragé ? Sa plus belle vengeance, C'est d'écouter toujours la voix de la clémence. Aux yeux de l'homme sage un outrage reçu Ne se lave jamais dans le sang répandu, Et l'on se venge mieux de qui vous injurie Quand, plus grand que ses torts, on passe et les oublie. Mais ce n'est pas assez d'avoir-cette grandeur; De deux rivaux jaloux sois le médiateur :
Deux paroles parfois, sagement prononcées, Suffisent pour calmer deux âmes courroucées. Qu'un ami dans ton sein dépose son secret, Sur lui garde sans cesse un silence discret. Une grande vertu, peu commune sur terre, C'est de ne point parler lorsque l'on doit se taire : Un seul mot
dont trop tard toujours on repent, Blesse mille fois plus que le dard du serpent. Repousse avec horreur la noire calomnie ; Surtout ferme l'oreille aux conseils de l'envie, Et du bonheur d'autrui te faisant un bonheur Mérite qu'au besoin il soit ton protecteur. Pauvres hommes, hélas ! voués aux mêmes peines, Et traînant du malheur les éternelles chaînes, Groupons-nous pour lutter contre l'adversité, Obéissons aux lois de la fraternité, Et formant le faisceau sur la terre et sur l'onde, Par ce touchant accord régénérons le monde. Mais surtout.secourons l'orphelin malheureux, Déployons pour la veuve un zèle affectueux, Et qu'en nos champs dorés notre faulx généreuse Laisse quelques épis pour la pauvre glaneuse. Voilà les saints devoirs que Dieu nous a prescrits, Les préceptes sacrés dans l'Évangile, écrits. Quiconque foule aux pieds les pages de ce livre, Nous le disons tout haut, est indigne de vivre, Et ne mérite pas que la société Le reçoive au banquet de la fraternité. Des devoirs des humains pour clore la série, Apprends ce qu'à son tour exige la patrie; Ne l'afflige jamais par de sanglants exploits, Travaille à son bonheur, sois fidèle à ses lois,
Ne lui coûte jamais des soupirs et des larmes, Et concours de ton mieux aux succès de tes armes ; Mais surtout fais des voeux pour que la douce paix Lui prodigue longtemps ses précieux bienfaits. Par elle les beaux-arts, l'industrie et la gloire D'un nouveau feuillet d'or doteront notre histoire Et les siècles futurs exempts de tous revers Pourront braver les maux que nous avons" soufferts ; Car la paix sait bientôt, prompte réparatrice, De nos prospérités relever l'édifice, Et nous faire oublier, en tarissant nos pleurs, Jusques au souvenir de nos longues douleurs. Par un dernier conseil aussi simple qu'utile, Terminons dignement ce nouvel Évangile, Et pour rendre nos fils chers à l'humanité, Inspirons-leur l'amour de la fraternité. Disons-leur que du Christ pour être les Apôtres, Ils doivent ici-bas s'aimer les uns les autres, Et que de cet accord tendre et réparateur • Naissent la liberté, la paix et le bonheur.
HOMMAGE A LA FRANC-MACONNERIE D'où
découle l'Égalité,
la
connaissance la Fraternité
LA
Pour consacrer
de Dieu,
la Liberté,
et la Charité.
LIBERTÉ.
la Franc-Maçonnerie de son code immortel,
Et la splendeur Il est trois mots chers à toute patrie, Trois mots sacrés qui nous viennent du Ciel. Vers le premier l'âme avide s'élance, Car elle y trouve : Honneur, gloire et fierté : en s'éveillant l'encense ; L'oiseau, lui-même, Frères, ce mot se nomme LIBERTÉ!
après lui ce mot que la nature Institua pour confondre l'orgueil, Mot qui soutient, ennoblie la roture, Vient
Et la grandit, surtout dans le cercueil; Il nous apprend que l'Architecte austère, Qui d'un regard comprend l'immensité, sévère ; ce mot se nomme ÉGALITÉ!
Sur tous les fronts Frères,
mit un niveau
LA
FRATERNITÉ.
Pour compléter cette trinité sainte, Arrive un mot, ennemi des combats, Qui voudrait voir dans une vive étreinte S'entrelacer tous les coeurs d'ici-bas : Éparpillant l'olivier par le monde, Il va prêchant l'accord et la bonté ; Il fait la guerre à l'égoïsme immonde ; ! Frères, ce mot c'est la FRATERNITÉ
LA
FOI.
Après ces mots, qui consolent la terre, En l'enchaînant dans un réseau d'amour, Trois autres mots, éclatants de lumière, De leur flambeau l'éclairent à leur tour Dans le premier se puise une croyance Dont la raison nous a fait une loi, Et qui de Dieu révèle l'existence ; Frères, ce mot radieux c'est la Foi !
L'ESPÉRANCE.
Le second mot du néant nous délivre, Et dit à l'homme, en lui montrant le ciel, Que si le corps enfin cesse"de vivre, L'âme jouit d'un bonheur immortel : Au coeur malade, aigri par la souffrance, Il fait trouver des charmes dans la mort ; Frères, ce mot c'est la douce ESPÉRANCE, Ange gardien qui nous conduit au port !
<ll
IiA
CHARITÉ.
Le dernier mot résonne à notre oreille Comme un clavier aux sons mélodieux, Et d'une voix charmante nous conseille De partager avec les malheureux ; Des mauvais coeurs bravant la triste épreuve, Le jour, la nuit, par toute la cité, Il va quêtant le denier de la veuve ; Frères, ce mot se nomme CHARITÉ! IiA
TOLÉRANCE.
Enfin, un mot qui n'a point de barrière Crie aux échos de ce vaste univers, Qu'il faut sourire à toutes les bannières Et respecter tous les cultes divers : Que le coeur seul pèse dans la balance Qu'a dans sa main le R.oi puissant des deux; Frères, ce mot c'est l'humble TOLÉRANCE, L'intolérance est fille des faux dieux.
LA
SOLIDARITÉ.
Avec ces mots, révérés dans nos temples, Moralisons les esprits des humains, Et répandons le grain des bons exemples Dans les sillons des arides chemins : Plus de lenteurs, surtout plus d'artifice, Chacun de nous avec sincérité Doit apporter sa pierre à l'édifice; ! Qui dit MAÇON , dit SOLIDARITÉ
LA BIENFAISANCE
Je t'invoque en ce jour, ô sublime Architecte, Dont la grandeur paraît même dans l'humble insecte, Et qui, d'un seul regard embrassant l'univers, Remplis les cieux, la terre et l'abîme des mers; Oui, j'implore humblement ta puissance profonde, Car je manque de tout, quand chez toi tout abonde; Inspire-moi le feu de l'amour immortel, Qui brûle pour nous tous dans ton coeur paternel, Afin qu'en ce séjour, orné par l'innocence, Je puisse dignement chanter la Bienfaisance ! Et vous, Frères, daignez, en des moments si doux, Sourire aux faibles vers écrits exprès pour vous, Et s'ils sont inspirés par une pauvre muse, Que leur sincérité leur serve au moins d'excuse; Car aux discours pompeux d'un servile orateur Vous devez préférer l'éloquence Qui, n'empruntant qu'à lui ses Sait même à la vertu prêter de Frères, écoutez donc, car mon Sera d'avoir l'honneur
du coeur. attraits et ses armes, nouveaux charmes.
prix le plus doux de parler devant vous.
'13
Le monde est semé d'opulence et de misère, de joie et de larmes; à côté d'une plaine fertile est un champ aride, et les ronces croissent au milieu des fleurs ; cette inégalité entre les hommes et les choses dans la nature est une leçon que le ciel veut nous donner ; il nous apprend par là qu'il faut nous aimer, nous secourir, et voir dans celui qui souffre un frère que le grand Architecte confie à nos soins ; enfin, c'est la Bienfaisance qu'il nous recommande de mettre en pratique.
Frères, la Bienfaisance est la source féconde De l'amour immortel qui console le monde; C'est le trésor ouvert, l'immense réservoir Où l'homme vient puiser le courage et l'espoir; C'est la gerbe aux fruits d'or qui nourrit la nature., Le baume précieux qui guérit sa blessure ; C'est la mère au sourire ardent, consolateur, Qui même du captif apaise la douleur, Et dont les bras tendus vers toutes les souffrances, Dans le champ du malheur sèment les jouissances ; Mais cette Bienfaisance, étoile des chemins, Qui, prodigue de dons, les verse à pleines mains, A besoin de nos coeurs pour enrichir son âme, De nos feux pour nourrir, pour activer sa flamme, De notre humanité pour ne point s'appauvrir, De notre zèle enfin pour toujours secourir. Aussi quand devant nous la misère se,pose, Sur elle de la vie effeuillons une rose, , Et qu'un rayon d'espoir, pénétrant dans son coeur, Lui rende l'espérance, image du bonheur. Servons de bouclier à l'orphelin qui pleure, Et de la veuve en deuil visitons la demeure ; De son époux absent, qui la fait tant souffrir, À/rimipiesons au moins le cruel souvenir.
Dans un champ ravagé que moissonne la grêle, Répandons quelques grains pour la saison nouvelle, Surtout prenons pitié de ces pauvres honteux, Qui sont les plus souffrants et les plus malheureux ; Épargnons leur douleur, qui n'ose point nous dire Leurs chagrins, leurs besoins, et leur cruel martyre; En mettant dans leur main le denier fraternel, Faisons une action que notera le Ciel. Dieu se souvient toujours d'une âme généreuse, Et marque près de Lui sa place glorieuse ; Mais, malgré sa clémence, il se souvient aussi De cet homme cruel, de ce coeur endurci, DontTégoïsme affreux, reniant la nature, Refuse à l'indigent une goutte d'eau pure. Frères, soyons humains et nous plairons à Dieu, Accomplissons le bien à toute heure, en tout lieu, Et pour que notre coeur ne soit jamais barbare, Ayons devant les yeux l'histoire de Lazare Et de ce mauvais riche aux entrailles de fer, Éternel aliment du ténébreux enfer. Pour ne point mériter ce châtiment horrible, Envers les malheureux montrons un coeur sensible, Suivons les douces lois de la fraternité, Professons en tout lieu la sainte humanité, Et n'oublions jamais que nés pour vivre en frères Chacun de nous se doit à toutes les mige1y3§; /T^X
L'EPEE
ET LA LANCETTE
Une épée, un beau jour, teinte de ses exploits, A ses côtés voyant une lancette, S'indigne tout d'abord, et puis, d'un ton narquois : — Que fais-tu donc ici, pauvrette? Et pourquoi déserter les modestes emplois Pour lesquels le destin t'a faite? La main d'un empereur, d'un czar ou d'un sultan Aime à brandir en l'air mon acier qui scintille ; Non, tu n'es point de ma famille, Et je rougis de toi; va-t-en! — Je ne diseute point, répondit l'outragée, La force qui chez vous s'unit à la valeur; Mais puisque me voici dans la lutte engagée, Je vous dirai, sans fiel et.sans aigreur, Qu'à mon avis le sort ne m'a point négligée, Quoique je ne sois point votre honorable soeur. Allez, ouvrant le cours de vos joutes cruelles, Vous ruer sur les flancs de cadavres épars, Ornez de sang humain vos palmes immortelles ; Vous l'exigez, adieu! Je pars; Mais ne croyez jamais que j'aurai la manie D'envier tant soi peu votre célébrité; Moi, je suis l'arme du génie, Vous êtes l'instrument de la férocité. — La raison ne comprend dans les solides gloires sourit : Que celle devantjjiiiThumanité Un seul malade qu'on guérit Lui fait bien plus d'honneur que toutes les victoires.