7 minute read
Arcam AVR30
ARCAM
5700 €
Advertisement
AV R 3 0
Avec la quasi-disparition de Pioneer et Onkyo du marché des amplis Home Cinéma et face à l’hégémonie des trois derniers ténors, Denon, Marantz et Yamaha, on peut se dire que pour les quelques outsiders restants, il est de plus en plus difficile d’exister. Et ça tombe bien, car depuis peu, Arcam n’est plus tout à fait un outsider. Il s’agit même peut-être d’un des constructeurs qui a le plus fort potentiel de développement.
On vous explique pourquoi avec son modèle phare AVR30. par Pierre Stemmelin
Il y a seulement quelques années, Arcam pouvait faire figure d’un des derniers Mohicans. Il était encore un des rares « indépendants », avec les canadiens Anthem et Nad, à résister sur le marché des amplis Home Cinéma face aux trois grandes marques japonaises. Mais aujourd’hui, il en va tout autrement. En effet, depuis 2017, Arcam a intégré le groupe américain Harman qui est lui-même, depuis peu, une filiale du coréen Samsung. Arcam n’est donc plus une petite marque britannique isolée. Mais, elle ne s’est pas pour autant fait digérer ni noyer dans la masse d’une des plus grandes entités de l’électronique grand public. Au contraire, elle a conservé ses bureaux de recherches et développement en Angleterre et elle semble même prendre la tête du pôle audiophile au sein du groupe, en compagnie de la division JBL Synthesis. Son site Internet met d’ailleurs cette vision en avant. On peut y voir de nombreuses images associant les produits Hifi et Home Cinéma d’Arcam et de JBL.
Un ampli 7.1, monstre de technologie, évolutif vers une installation de cinéma privée en 16 canaux
L’Arcam AVR30 est relativement classe et assez luxueux, mais n’a rien d’effrayant. Pourtant, sur le papier, c’est un monstre technique. Il est le plus puissant des amplis intégrés multicanal de la marque et le seul à utiliser la technologie d’amplification en classe G. Ses processeurs savent décoder les formats audio les plus récents jusqu’aux Dolby Atmos, DTS :X et Auro-3D. Sur ce point, rien ne semble manquer à l’appel. L’appareil est en outre homologué IMAX Enhanced, la nouvelle norme Home Cinéma de qualité ultime (depuis la mise en sourdine de la certification THX). L’Arcam AVR30 est un ampli « seulement » 7.1 annoncé pour une puissance de 7 x 100 watts nominaux en multicanal (et 2 x 120 watts en stéréo). Mais il est capable de piloter jusqu’à 16 canaux en configuration 9.1.6. Pour ce faire, on peut lui associer des blocs de puissance séparés, notamment l’Arcam PA240 de 2 x 225 watts (2200 €) et l’Arcam PA720 de 7 x 100 watts (2800 €), qui fonctionnent tous deux également en classe G. On se retrouvera alors à la tête d’un système de décodage et d’amplification pour salle de cinéma privée très haut de gamme. En complément et outre sa connectique très bien fournie, l’Arcam est la fois un produit connecté et multiroom. Il se raccorde au réseau en Ethernet ou en WiFi. Il est compatible avec les webradios ainsi que les protocoles Google Chromecast, Apple AirPlay 2 et DLNA/UPnP. Deux de ses canaux de puissance et une de ses sorties HDMI peuvent être
assignés à une seconde zone d’écoute et de visionnage. En raison de sa grande polyvalence et évolutivité, l’Arcam AVR30 s’adresse tout autant à l’amateur qui souhaite se constituer un système Home Cinéma connecté (7.1 ou plus) par lui-même, qu’aux artisans installateurs spécialisés dans la conception de Home Cinéma et systèmes multiroom haut de gamme sur-mesure. Sa seule limitation tient dans ses prises HDMI qui ne sont compatibles que 4K, mais à notre sens, ce n’est pas vraiment un handicap. Si la 8K se répandait (ce qui est très loin d’arriver), il y aurait toujours moyen de contourner le problème, sans remettre en cause les performances de l’AVR-30.
Une construction soignée, sans excentricité, avec des circuits numériques Hi-res et des étages de puissance analogiques en classe G
Contrairement à ce que l’on rencontre souvent sur les produits audiophiles, l’Arcam AVR30 ne cherche pas à faire dans la démesure ni l’inutilement luxueux. Sa construction n’en demeure pas moins extrêmement sérieuse et costaude. Sous son capot et derrière sa façade en fonte moulée légèrement bombée se trouve un gros transformateur d’alimentation toroïdal (de 13 cm de diamètre sur 10 cm de haut) accompagné de capacités de filtrage Elna amorties (2 x 15000 µF sous 80 V + 2 x 22000 µF sous 50 V). Les étages de puissance sont configurés en classe G selon une topologie propre à Arcam. La classe G consiste en un montage qui s'appuie en quelque sorte sur deux rampes d’amplification distinctes. La première travaille en classe A sur les petits signaux tandis que la seconde entre en action lors des fortes sollicitations et adapte sa tension en fonction des besoins en énergie. Ce procédé, un peu compliqué à mettre en œuvre, est très bien maîtrisé par Arcam depuis des années (voir le test de l’intégré stéréo SA20 que nous avons adoré). Il s’appuie ici, dans le cas de l’AVR30, sur une impressionnante batterie de transistors ON Semiconductor (NJL3281DJ et NJL1302D) de type ���
Spécifications
•Type : ampli Home Cinéma 7.1, évolutif 9.1.6, certifié IMAX Enhanced •Puissance : 2 x 120 watts sous 8 Ω en stéréo, 7 x 100 watts sous 8 Ω en multicanal •Décodage : Dolby Atmos, DTS:X, Auro-3D •Calibration automatique : Dirac Live •HDMI : 7 entrées, 3 sorties, dont une eARC •Sorties préamplis : 15 canaux + 2 subwoofers + zone 2 stéréo •Autres entrées : 7 analogiques stéréo, 4 numériques coaxiales, 2 numériques optiques •Connexion réseau : Ethernet et WiFi •Protocole réseau : AirPlay 2, Chromecast, UPnP/DLNA •Autres : sortie casque, liaison Bluetooth, port RS232, 2 prises IR, 2 prises Trigger •Dimensions (H x L x P) : 171 x 433 x 425 mm •Poids : 18,1 kg
Notre avis
Construction
Performances Équipement
Musicalité
Thermal Track montés sur un gros dissipateur thermique à ailettes en aluminium massif. Le reste de l’électronique présente une implantation particulièrement propre et ordonnée par rapport à ce que l’on rencontre sur d’autres amplis Home Cinéma. Les cartes de gestion audio vidéo empilées les unes au-dessus des autres, à l’arrière du châssis, comportent essentiellement des composants de surface. La section de conversion numérique/ analogique est quant à elle équipée de convertisseurs audiophiles haut de gamme, ESS Sabre, travaillant sur 32 bits à 192 kHz (ES9026PRO).
Un monstre docile comme un animal audiophile domestique, mais attention il peut encore rugir
Avec son immense afficheur et ses quelques boutons de commande en façade qui permettent d’accéder à tous les paramètres, l’Arcam AVR30 est beaucoup plus facile à utiliser qu’on ne pouvait le redouter. Pourtant, les possibilités de personnalisation à travers ses menus sont très nombreuses. Une fois que vous avez indiqué la configuration des enceintes, l’Arcam AVR30 vous aide à ajuster les niveaux et peut effectuer une égalisation de la réponse de chaque voie en tenant compte de l’acoustique de la pièce grâce au système Dirac Live. Celui-ci se pilote depuis un ordinateur (Windows ou MacOS) ou encore depuis un smartphone (Android ou iOS) ; il se sert du microphone fourni avec l’appareil pour prendre plusieurs mesures dans la pièce d’écoute. Vous n’avez qu’à trouver un support pour le microphone et le déplacer en suivant les instructions de l’interface. Nous avons mis au défi le système de calibration automatique Dirac Live, entre autres avec un équipage d’enceintes acoustiques relativement hétéroclite, réunissant des modèles Kelinac, Klipsch et Castle Hifi. Il s’en est admirablement sorti et a réussi à harmoniser tout ce petit monde afin de former un ensemble cohérent en multicanal. À l’écoute, avec l’Arcam AVR30 nous avons retrouvé en multicanal les excellentes sensations que nous avions éprouvées en compagnie l’Arcam SA20 en stéréo, avec de la puissance en plus. Nous avons là un ampli Home Cinéma que nous pouvons réellement qualifier d’audiophile tant pour la Hifi que les bandes-son des films en audio 3D ou encore pour les jeux vidéo. Cet appareil délivre un son musclé, puissant et dynamique. Même sur les films à grand spectacle, du moment que les enceintes principales ont du coffre, il se passe allègrement d’un caisson de grave actif en renfort. Mais aussi et surtout, l’Arcam AVR30 est capable d’une belle finesse et de beaucoup de nuances. Sa restitution dégage une impression de force et de maîtrise, mais absolument pas d’agressivité. Les timbres sont très bien équilibrés, avec une belle richesse, de la densité dans le médium, de l’ouverture et de l’aération dans le haut, de l’assise profonde dans le bas. L’Arcam AVR30 n’est pas un de ces amplis qui pousse la précision jusqu’à découper l’image sonore multicanal au scalpel. Il cultive une certaine douceur, mais ne tombe pas non plus dans la mollesse, car au contraire, il a beaucoup d’énergie et de punch. Sa description de l’espace audio, que ce soit en multicanal 3D ou en stéréo est très réussie, naturelle, ample, sans excès. Elle se caractérise par une excellente cohérence, une absence de trou, du relief et de la profondeur. L’Arcam AVR30 est incontestablement un produit que nous avons beaucoup aimé. Il est vrai que dans l’absolu son prix pique un peu fort par rapport à certains concurrents, mais il est vrai aussi qu’il n’a pas trop d’équivalent. ■