Récit photographique. 12 photographies 18 x 24 cm. Tirages monochromes en gomme bichromatée, limités à 10 exemplaires. Janvier 1997.
Il quitte l’atelier et part en direction de l’ouest à la recherche de l’île de ses origines. «Tu la trouveras, lui avait dit une vieille planche, au moment où le soleil se couche le premier jour de l’été en prolongeant la ligne des trois rochers les plus hauts de la Pointe de Primel.»
Il traverse les champs de blé la nuit, et le jour se faufile le long des rangs de maïs pour éviter de servir de pâture aux chiens en liberté.
Le granit affleure dans les bois et les prés. Derrière les haies et près des hameaux, des buissons d’hortensias lui offrent un abri contre les ondées matinales.
Les vents à prédominance nord faiblissent. Il suit la côte en direction du promontoire indiqué et s’allonge pour passer la nuit dans le sable chaud.
Après avoir contourné un bois de pins en bordure de la falaise les trois rochers de la Pointe de Primel se dessinent dans la brume du matin. Et c’est seulement au coucher du soleil qu’il peut tendre son regard vers l’île à quelques milles du rivage.
La mise à l’eau est difficile et plusieurs fois les rouleaux le drossent contre les galets. Mais après avoir dépassé les derniers rochers de la crique un courant le pousse en direction de l’île.
L’île tant rêvée n’est qu’un piton rocheux sans trace de verdure. Le point le plus élevé commence à être balayé par les vagues, et les blocs de granit entourés de tourbillons d’eau. Il plonge pour rejoindre la côte.
Elle aime marcher avec son chien à travers champs et rejoindre la mer après avoir escaladé la Pointe de Primel.
Elle lance à son chien un morceau d’épave en bois trouvé sur la plage.
Le chien aboie près d’un tas d’algues. De loin elle voit du goémon étalé et mis à sécher. En s’approchant elle aperçoit une tête.
Elle dégage le naufragé. Il lui explique le but de son voyage. Elle lui raconte l’histoire de l’île où il y a très longtemps tous les arbres servirent à construire un bateau qui coula avec un chargement de granit. De nombreuses planches furent récupérées sur les rivages.
Il tourne vers elle son œil tout humide d’eau de mer. Toutes fibres tendues elle baisse ses paupières avant de rencontrer son regard.