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échappée urbaine Le Jura, une ligne d’horizon pour Genève

Pauline Macé / Travail de fin d’études / 2010 directeur de TFE : Jean-Marc Gaulier L école nationale supérieure de la nature et du paysage 1


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3


échappée urbaine

Le Jura, une ligne d’horizon pour Genève

Composition du jury : > président de session : Dominique Boutin, pédologue, enseignant à l’ENSNP > directeur de TFE : Jean-Marc Gaulier, architecte-paysagiste, enseignant à l’ENSNP > enseignant de l’école : Jean-Christophe Bailly, philosophe, écrivain, enseignant à l’ENSNP > personnalité extérieure représentant la maîtrise d’ouvrage : Sébastien Beuchat, chef de projet au projet d’agglomération franco-valdo-genevois

Couverture : les sommets jurassiens depuis la route de Meyrin (canton de Genève) durant le chantier du tramway, février 2010. Pages précédentes : photographie aérienne de la route de Meyrin et du Piémont jurassien, Communauté de communes du Pays de Gex, 2005. Quatrième de couverture : photographie de la maquette de projet, janvier 2010.

> personnalité extérieure reconnue pour ses compétences professionnelles : Marcellin Barthassat, architecte-paysagiste > ingénieur diplômé de l’ENSNP : à définir


> Sommaire

Paysages transfrontaliers

situation : une terre frontalière Un angle oublié Une nouvelle aire urbaine Un territoire élastique Métropoles transfrontalières européennes

12 14 18 20

contexte : la suisse urbaine La suisse comme une grande ville La planification agricole suisse D’une Genève l’autre

24 28 34

projet : des territoires indissociables Un projet à résonance territoriale De la vache aux particules : une plaine multiple > Synthèse : la diversité des paysages gessiens Entre le Jura et les Alples : un bassin unique > Synthèse : vers l’agglomération franco-valdo-genevoise L’échappée urbaine > Synthèse : un quartier transfrontalier La chaîne des relations Un élan vers l’avenir Sources Remerciements

9

40 44 62 64 72 74 84 86 88 91 95


Paysages transfrontaliers Les villes sont des centres d’énergies. Des régions urbaines définiront les villes de demain. Des intensités urbaines variées construiront la palette d’une ville hétérogène. Le rôle des frontières régionales et nationales se dissout pour faire place à des alliances transfrontalières. Le projet urbain du XXIe siècle est un projet à résonance territoriale. Le projet d’agglomération franco-valdo-genevois m’a intéressé parce qu’il s’agit d’un projet de ville transfrontalière. C’est à travers le programme et les enjeux de ce projet urbain que je découvrai un site, alors inconnu. Le projet de paysage qui s’ensuivit me donna à voir les dynamiques enfouies du site, comme autant de réponses pour l’avenir.

Ci-contre : plan-négatif du Pays de Gex aux abord de Genève : relief, hydrographie, boisements, cours d’eau, bocage et, en filigrane, la ville. 8

L’ « échappée urbaine » est un un projet transfrontalier situé à la charnière entre deux pays, la France et la Suisse ; plus précisément entre le Pays de Gex et Genève. Depuis plus de cinquante ans, la ville suisse se déploie en dehors de ses frontières nationales. Le canton de Genève, dont plus d’un tiers du territoire est classé en zone inconstructible, rayonne dans les départements français limitrophes. Cette situation urbaine originale atteint aujourd’hui un seuil critique. L’afflux croissant des travailleurs frontaliers, vers le canton de Genève, a pour effet la congestion des axes radiaux autour de la ville. En réponse à cet enjeu régional, un projet d’infrastructures et de développement urbain, initié par la Confédération helvétique, offre l’occasion de définir, pour la première fois, un projet d’agglomération transfrontalière franco-suisse.

9


> SITUATION :

une terre frontalière

e ss ce i su an fr

Ci-contre : le bassin franco-genevois. 0 10

5 km 11


plateau jura ain

RHône-alpes

Un angle oublié 3 Le Pays de Gex se situe sur le territoire français, en région RhôneAlpes et dans le département de l’Ain. à moins de cinq kilomètres du Lac Léman et de Genève, en Suisse, il s’inscrit dans ce que l’on appelle le Plateau helvétique. Ce plateau, circonscrit entre les Alpes au sud, et le Jura au nord, abrite les principales villes de la Confédération helvétique, telles que Zürich, Bâle, Genève, Lausanne et Berne. Séparé de la France métropolitaine par la Haute Chaîne du Jura, le Pays de Gex semble tourner le dos à son pays d’attache. Sa position géographique le relie directement au bassin lémanique et le place comme un balcon surplombant le lac et Genève. Le territoire forme ainsi une unité géographique. Cette unité première disparaît dès lors qu’intervient la frontière entre la France et la Suisse, qui sépare le Pays de Gex de sa ville, Genève. 12

un angle oublié de france ?

(

ALPES

une enclave française en suisse ?

france

suisse

genève

1 Expression empruntée à Claude Raffestin, Frontières et Sociétés : le cas franco-genevois, p. 10.

Ci-contre : le Pays de Gex, à la frontière entre deux pays.

0

100 km 13


CANTON DE VAUD

Lac Léman

ain

Une nouvelle aire urbaine

14

L’ A

Rh

ôn

e

Canton de Genève

genève

rv e

haute-savoie

Le

L’entrée dans le XXIe siècle est marquée, notamment, par la création d’une nouvelle aire métropolitaine européenne : l’agglomération franco-valdo-genevoise. Elle compend 116 communes et 800 000 habitants répartis entre les cantons de Vaud et de Genève, en Suisse, et les départements de l’Ain et de Haute-Savoie, en France. Au regard de la croissance urbaine actuelle, le bassin devrait atteindre le million d’habitants d’ici 2030. Signée en 2007, la charte du projet d’agglomération réunit des partenaires des deux pays. Elle fixe les orientations du développement économique du bassin. Cette initiative suisse, qui s’inscrit dans une politique d’agglomération à l’échelle de la Confédération, consiste à débloquer des fonds pour la construction d’infrastructures utiles au développement urbain.

ce n e a Fr iss su

Ci-contre : l’agglomération franco-valdo-genevoise. 0

3 km

Frontière franco-suisse

Espaces bâtis

Zones d’activités principales

Aéroport international de Genève

Réseaux viaire et ferroviaire

Zone agricole suisse

Hydrographie 15


londres 0h45

amsterdam 1h50 cologne bruxelles 2h10 1h20 paris 1h10

berlin 2h10

bâle

strasbourg 2h10 münich 1h05 zurich 0h45

zürich

genève milan 0h50 turin 1h40

genève

marseille 2h10 madrid 1h50

barcelone 1h25

rome 1h25

Tant pour se protéger que pour sortir de son isolement, Genève a su faire de l’obstacle physique que constituent les montagnes qui l’entourent un véritable atout. à la fois tête de pont (le Pont de l’Ile, construit par les Romains vers l’an 52 av. J.-C.) et carrefour, la cité est le point de passage obligé du Plateau helvétique vers le Midi et les cols alpins. Cette ramification ancienne l’inscrit aujourd’hui dans un maillage de réseaux, nord-sud / est-ouest, qui la place au carrefour de trois pays : la France, l’Italie et l’Allemagne. Villefrontière, elle joue un rôle de pivot entre la partie méridionale et la partie nord du continent européen. à seulement 4 km au nord du centre ville, l’aéroport international de Genève, dont la première piste fut construite en 1919, crée de nouveaux rapprochements entre grands pôles urbains internationaux. 16

à gauche : temps de trajet en avion depuis Genève vers les principaux pôles urbains européens.

lyon

milan

turin

Temps de trajet en voiture depuis Genève : > Lyon 1h35 > Bâle 2h30 > Zürich 3h > Turin 3h > Milan 3h30 > Marseille 4h20 > Paris 5h (3h30 en TGV) > Münich 6h

marseille

Ci-contre : l’inscription de Genève dans un maillage de réseaux européens. 0

80 km 17


lac léman

genève

-300 -100

La première ligne de partage : pour délimiter leur territoire, les Celtes érigent le rempart des Allobroges, qui suivait le cours du Rhône.

-50 IVe

Le carrefour : venant d’Italie, l’armée de César combat les Helvètes et développe un grand système routier vers le nordest, le sud-est et le sud.

XIIe xve

Le déploiement : pendant trois siècles, l’évêché crée autour de la cité une aire d’influence qui sera le plus vaste espace régional jamais dominé par Genève. 0

xviie xviiie

xixe

XIxe xxe

xxe

xxe

xxie

La crise de la Réforme : la République protestante se voit reconnaître l’indépendance politique au prix d’un repli urbain et d’une déchirure avec sa région.

50 km

Le choix : les Traités vont se succéder et recomposer une unité cantonale. En 1815, le canton vote l’entrée dans la Confédération plutôt que de se voir envahi par les populations catholiques françaises.

Les zones franches : elles sont instaurées comme « correctif économique et social 6 » au tracé politique des frontières pour faciliter les importations en Suisse.

Un territoire élastique 4 L’histoire de la région franco-genevoise est marquée par les mouvements de la frontière. Cette dernière matérialise encore aujourd’hui des organisations de l’espace différentes de part et d’autre de son tracé et laisse à penser que, sur un même territoire, coexistent des groupes qui ne partagent pas les mêmes points de vue. Si la frontière franco-genevoise s’appuie sur des éléments physiques (cours d’eau, bois), elle ne coïncide avec aucune discontinuité géologique ou géographique nette (relief). Elle ne constitue pas une barrière infranchissable. « C’est la preuve implicite que les intentions qui ont présidé au tracé sont essentiellement politiques (...). Par son existence, la frontière franco-genevoise n’a pas seulement marqué une limite nationale ; elle a cristallisé des rythmes de développement propres de part et d’autre du tracé (...). La frontière, de strictement politique, est devenue socio-économique 5 ». 18

Expression empruntée à André Corboz dans un entretien pour le magazine culturel de la métropole lémanique, Genève Active. « Pour mieux saisir la perspective de la “métropole genevoise”, il ne serait peut-être pas inutile non plus de relire l’histoire de Genève comme “territoire élastique” (...) ce qui pourrait également aider à comprendre que nous avons déjà vécu “plus largement” grâce à des conditions politico-économiques qui avaient presque effacé les mouvements de la frontière dans la région lémanique ». 2

3 Claude Raffestin, Frontières et Sociétés : le cas franco-genevois, p. 35. 4 Ibidem, p. 26.

La désarticulation : en 1919, la France ratifie le Traité de Versailles et décide unilatéralement de la fin des zones franches. Elle met en péril l’unité économique régionale.

La réctification : en 1932, un règlement, établi par la Cour permanente de Justice internationale de la Haye, accorde aux produits agricoles des exemptions douanières.

l’agglomération transfrontalière : Le projet d’agglomération franco-valdo-genevois est le premier projet de développement urbain réunissisant les deux pays.

19


A

B

D

E

C

Métropoles transfrontalières européennes Une comparaison avec quatre autres agglomérations transfrontalières européennes nous permet de mettre en évidence les caractéristiques de l’agglomération franco-valdo-genevoise. Les exemples choisis l’ont été pour deux raisons : soit, ils se rapprochent du cas de la région franco-suisse avec des superficies et un nombre d’habitants comparables (Eurodistricts de Bâle et Strasbourg) ; soit, ils contrastent avec elle puisqu’ils couvrent des territoires et des bassins de population plus vastes (Région Öresund et Eurodistric catalan). On fera les trois constats suivants : la région francovaldo-genevoise frappe par son exiguïté, ce qui explique qu’elle soit plus densément peuplée que les autres aires urbaines suisses. Elle connaît un impact fort de ses frontaliers sur le territoire et une proximité culturelle unique en Europe du fait d’une langue commune de part et d’autre de la frontière. 20

faible

A

Eurodistrict Trinational de Bâle (Suisse - Allemagne - France) 2000 km2 - 830 000 habitants - 7% de frontaliers 415 hab. / km2

B Région Öresund (Danemark - Suède) 4000 km2 - 3.5 millions d’habitants - 6% de frontaliers - 2125 hab. / km2

moyen fort

Densités

Impact des frontaliers

superficie

population totale

Proximité culturelle nombre de pays

C

L’agglomération franco-valdo-genevoise (Suisse - France) 1500 km2 - 820 000 habitants - 10% de frontaliers 430 hab. / km2

D

Eurodistrict Strasbourg-Ortenau (France - Allemagne) 2200 km2 - 868 000 habitants - 0.5 % de frontaliers 394 hab. / km2

A

B

B

C

E

Eurodistrict catalan transfrontalier (Espagne - France) 10 000 km2 - 1 million d’habitants 100 hab. / km2

CA

A nombre d’ habitants

0

B

C nombre de frontaliers

nombre de langues

100 km 21


> contexte :

genève

la suisse urbaine

Ci-contre : la Confédération helvétique : 41 107 km2, 7.8 millions d’habitants, quatre langues (dialectes germaniques, français, italien, romanche).

0 22

250 km

0

150 km 23


La Suisse comme une grande ville L’identité de la Suisse est fondée sur un mythe profondément rural. Dans de très petites communautés (le pays comprend 2 900 communes), de « robustes montagnards réunis dans une clairière auraient décidé d’unir leurs forces pour lutter contre l’oppression étrangère 7 ». La Suisse n’est pas une nation forgée par un pouvoir central, mais une fédération de vingt-six cantons. L’urbanisme se nomme en Suisse « aménagement du territoire » et il semblerait que son but réside moins dans l’organisation des villes que dans la préservation des campagnes face à l’expansion urbaine, perçue comme une menace. économiser le sol, protéger les paysages et soutenir l’agriculture sont les objectifs de base de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, votée en 1979. Cette longue et puissante tradition anti-urbaine se brise dans les années 1990. 24

5 Richard Quincerot, La métropole suisse : un concept en évolution lente, revue Urbanisme, p. 31-32.

Ci-contre : « Sous la campagne, la ville », Rik. 25


La Confédération helvétique parcourue par 5 063 km de réseaux ferroviaires décentralisés.

L’association « Métropole Suisse » se constitue en 1994 dans le but de « faire prendre conscience que notre pays est passé d’un stade rural à un stade urbain, relié à l’Europe et au monde entier ». Trois siècles plus tôt, un certain Jean-Jacques Rousseau écrivait : « La Suisse entière n’est pour ainsi dire qu’une grande ville divisée en 13 quartiers, dont les uns sont sur les vallées, d’autres sur les coteaux, d’autres sur les montagnes. Il y a des quartiers plus ou moins peuplés, mais tous le sont assez pour marquer qu’on est toujours dans la ville 8 ». Lors d’un voyage en train de Genève à Rougemont (dans les Préalpes suisses), je remarquai avec quelle facilité nous sortions de la ville et longions les coteaux urbanisés et piqués de vignobles des rives du Léman pour pénétrer la montagne à l’autre bout du lac. Tendue entre le désir de « se déplier » ou de se « replier », la Suisse frappe par ses contradictions. 26

6

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.

Ci-contre : vue depuis le train de Montreux à Château d’Oex à la sortie du tunnel des Avants, avril 2009. 27


Extension des cultures dans un parc public.

Autarcie alimentaire, Boudry.

Une des mesures du Plan Wahlen : cultiver les parcs des villes.

Une autre particularité suisse est sa planification du sol agricole. En 1940, alors que l’Europe repart en guerre, la Suisse neutre s’inquiète d’une crise alimentaire sur son territoire du fait de la paralysie des importations. Un ingénieur agronome du nom de Friedrich Traugott Wahlen va mettre en place un plan d’ « autarcie alimentaire », appelé le « Plan Wahlen », à l’échelle de toute la Suisse. De 1939 à 1945, la surface de terres cultivées de la Confédération va passer de 187 000 ha à 355 000 ha. Douze années plus tard, c’est au tour du Canton de Genève de voter la mise en place du « Plan de la zone agricole » dont le but est de protéger la propriété foncière rurale devenue inconstructible. Aujourd’hui encore, 11 000 ha de terrains agricoles sont classés dans un canton qui ne fait que 24 500 ha pour 414 000 habitants.

Nous pouvons également rendre compte du long après-guerre suisse en nous (...) [interrogeant] sur les acteurs techniques du territoire du projet urbain et territorial dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une spécificité suisse se dégage alors, marquée par la mainmise de la construction du territoire par l’agronomie, via la planification du sol agricole. Cette approche se perpétuera jusque dans les années 1980 en conditionnant, par la négative, la politique fédérale de l’aménagement urbain 9 ». Elena Cogato-Lanza Les experts de la reconstruction.

La planification agricole suisse

28

7 Elena Cogato-Lanza, Les experts de la reconstruction, p. 73.

Ci-contre: affiche de propagande pour le Plan Wahlen : « Cultiver plus ou mourir de faim ». ²

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30

31


32

33


su fr iss an e ce

D’une Genève l’autre De la cité fortifiée à la métropole internationale, Genève s’est métamorphosée. « Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville Change plus vite, hélas ! que le coeur d’un mortel) 10 ». « Plus que ses murailles ou que le chiffre de sa population, le caractère le plus évident d’une ville est la façon dont elle concentre ses activités sur des surfaces aussi restreintes que possible 11 ». La croissance de la population est un fait mondial. Genève a cru pendant longtemps pouvoir contenir sa croissance urbaine dans une « muraille » agricole. Mais une muraille sert à protéger et à étrangler la croissance. Aujourd’hui l’enceinte agricole, qui cerne le canton de Genève, perpétue l’idée que la ville peut être contenue dans des limites figées. Pourtant cela fait depuis plus de 150 34

Vue de la ville de Genève au début du XVIIe siècle de José II Momper (1564-1635), Huile sur panneau, 75 x 115,5 cm.

Pages précédentes ; p. 30 : le Plan de zones et les projets urbains de l’époque faisant table rase de la Genève existante, 1936, Canton de Genève. p. 32 : depuis la zone agricole du canton de Genève : au premier plan, les vignobles de Satigny (Suisse), au second plan, le massif du Jura et l’urbanisation du Piémont (France), novembre 2009.

genève genève extra-muros extra-muros

espace agricole classé

genève

genève intra-muros intra-muros

Baudelaire, Le Cygne, p.97. Fernand Braudel, L’identité de la France, p. 178-179. 8 9

Ci-contre : les deux Genève : la « Genève intra-muros » en Suisse, la « Genève extra-muros », en France (d’après Switzerland, An Urban Portrait).

0

4 km 35


densités

industrie Nombre d’emplois pour 100 personnes actives résidant dans la commune en 2000

Densité de la population communale en 2000 au km par commune 2

état des lieux : des déplacements nyon lajoux

nyon

thonon

gex

lajoux thonon

gex

ferney-voltaire

habiter

oyonnax

ferney-voltaire

st-genis

oyonnax st-genis

genève genève

travailler

annemasse

annemasse bellegarde-sur-valserine

bellegarde-sur-valserine

Une tendance observée sur le territoire actuellement : travailler en Suisse, habiter en France.

1

40

20

55

75

70

300

100

750

ans que les fortifications ont été démantelées. Depuis 1855, « la ville respire plus à l’aise.12» Tandis qu’elle se déploie, Genève transgresse les frontières visibles et invisibles de son emprise originelle pour devenir aujourd’hui le siège d’importantes organisations internationales et le pôle d’attraction de toute une région. « Mais avant tout une ville, c’est une domination. Et ce qui compte pour la définir, pour la jauger, c’est sa capacité de commandement, l’espace où elle l’exerce 13 ». L’analyse statistique permet d’évaluer l’aire d’influence de Genève. Pour mettre en évidence des informations sur ce territoire (densités, emplois, déplacements...), il faut définir un périmètre d’étude qui englobe le rayonnement urbain. Cette aire d’influence s’inscrit dans un cercle de 50 km autour de la ville et estompe les barrières physiques du relief.

enjeu : SE RAPPROCHER DE LA FRONTIèRE

160

2000

Déplacements

Personnes actives travaillant hors de leur commune en 2000

Part des actifs des communes françaises travaillant en Suisse en 2000

nyon lajoux

se suis ce n fra

gex

thonon

ferney-voltaire st-genis genève

10 Fernand Braudel, L’identité de la France, p. 178-179. 11 Idem.

annemasse

bellegarde-sur-valserine

Ci-contre : informations statistiques ( source : INSEE). 0

30 km

0%

0%

45%

3%

65%

5%

70%

20%

80%

35%

99.9%

36

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3 2

1

> projet :

des territoires indissociables

e ss ce i su an fr

Ci-contre : le projet et ses résonances : 1 L’échappée urbaine 2 La plaine 3 Le bassin

0 38

4 km 39


crêt de la neige 1720 m

pied du jura 500 m cern z.i meyrin satigny

Un projet à résonance territoriale Le projet « échappée urbaine » est une fenêtre ouverte sur les horizons jurassiens. Il s’agit de mettre en valeur les ressources du site franco-genevois qui ne sont autres que les perspectives qu’offre la ville sur les lointains. La proposition n’est pas une «fuite» de la ville hors les frontières mais plutôt un regard porté vers l’horizon. Le cadrage proposé sert de canevas au dessin de la ville transfrontalière et ancre le projet dans un quartier existant. à cheval entre la France et le canton de Genève, l’ancienne route de Lyon est un axe de développement de l’agglomération qui relie sur une dizaine de kilomètres la rade de Genève (324 m d’altitude) aux premières pentes du Jura (environ 600 mètres). Son tracé actuel date du XVIIIe siècle. Il offre aujourd’hui une ouverture au nord, vers les sommets jurassiens, au sud vers les Voirons et la chaîne alpine.

L’ «échappée urbaine» : une fenêtre sur les Monts du Jura.

La route de Meyrin

aéroport

Fran c suis e se

De la rade de Genève au Jura, la route de Meyrin apparaît comme un axe de développement stratégique de l’agglomération transfrontalière.

La route de Meyrin vers les sommets du Jura : implantation du CERN et espaces agricoles classés.

40

41

rade de genève 370 m


Par la rectitude de son tracé, la route de Meyrin est l’axe qui relie le plus directement la ville au pied du Jura. Le quartier linéaire qui relie Meyrin, dans le canton suisse, à St-Genis, dans le Pays de Gex français, est aussi le plus important pôle franco-genevois en matière d’activités économiques. Du sud au nord, il comprend l’aéroport international de Genève, le pôle logistique et la zone d’activités de Meyrin-Satigny ainsi que le siège de l’organisation européenne de recherche nucléaire. Le tramway est actuellement en construction entre le centre-ville de Genève et l’entrée du Cern, située en Suisse, à 500 m de la frontière. « C’est l’espace ouvert qui est maintenant plébiscité et si cela n’empêche pas de concevoir des formes urbaines denses et compactes, c’est toujours avec en contrepoint le présence d’un horizon. L’horizon plus que la perspective, voilà donc le facteur d’évolution le plus évident. »15 42

La route de Meyrin en travaux pour l’arrivée du tramway, vers les Alpes au sud.

12 Bernard Reichen, Réflexion pour un urbanisme territorial, Grand Prix de l’urbanisme 2005, p. 13-31.

Ci-contre : la route de Meyrin vers le Jura, au Nord.

43


la vallée de la Valserine 2 Gex

LE pays de gex la plaine

De la vache aux particules : une plaine multiple D’une superficie d’environ 30 000 ha (300 km2), la plaine gessienne est la première résonnance du projet «échappée urbaine». La plaine s’inscrit dans le territoire d’un « pays » : le Pays de Gex. Celui-ci associe, dans sa totalité, une montagne, une plaine et un piémont. Il se distingue des territoires environnants par son histoire, ses caractéristiques démographiques et ses activités. « Si le Pays de Gex réagit aux fluctuations historiques, en général, comme un ensemble homogène, il serait erroné de ne le percevoir que sous cette ligne générale. La gamme des produits agricoles, la place de la propriété terrienne citadine, les causes de l’enrichissement, la place de l’urbanisation, le degré de dépendance à l’égard de Genève, autant de données qui permettent de distinguer trois cantons différents et une vallée autonome18 ». 44

Genève La vallée de la Valserine, de l’autre côté de la Chaîne de montagnes, a connu un développement en retrait de la plaine gessienne et l’influence de Genève y a été moins importante. Roger Tardy, Préface de l’Histoire du Pays de Gex, p. 7.

13

Ci-contre : le territoire du Pays de Gex à cheval sur la Haute-Chaîne du Jura : un pied dans la vallée de la Valserine, un pied dans le bassin lémanique. 0

4 km 45


Une montagne, une plaine, un piémont forment le paysage physique du Pays de Gex. La montagne est un pli jurassien, recouvert sur ses versants d’une forêt où se mêlent feuillus et conifères et dont les parties sommitales sont recouvertes par des prairies naturelles entretenues par les pâturages. La plaine, légèrement inclinée vers le lac et le Rhône, comprend de doux reliefs collinéens horizontaux. Au creux de ces ondulations, des vallons retiennent les marais et les cours d’eau.Très tôt, dés les premières occupations humaines, la plaine fut défrichée et cultivée. Elle conserve encore aujourd’hui des boisements par endroits ; plaques boisées parallèles au versant jurassien. Enfin, le piémont est une zone intermédiaire entre montagne et plaine, formée par les sédiments de la montagne ou ceux du glacier rhodanien. C’est le lieu propice à la formation des sources (des fontaines en grand nombre en témoignent aujourd’hui) et où s’alignent les villages. 46

Quelques vergers subsistent par endroits, ici à Gex, août 2009.

Les plaques boisées de la plaine gessienne orientées NNE-SSO. Ci-contre : les paysages cultivés du Pays de Gex doucement inclinés vers le lac Léman ; la chaîne alpine, en arrière plan. 47


versants

calcaires Le piémont : niveaux des sources (env. 600 m d’altitude)

La faucille

bas-monts plaine

Nappe

à gauche : coupe schématique du piémont jurassien et de son fonctionnement des sources et des résurgences (d’après l’Association pour la connaissance de la flore du Jura, 1985).

moraine

épandages périglaciaires molasse Molasse imperméable

ne alluvions

e

Contrat de rivières transfrontalier «Pays de Gex-Léman».

e ss ce i su an fr

l il fa

Un anticlinal est un pli présentant une convexité vers le haut dont le centre est occupé par des couches géologiques plus anciennes. b à l’opposé de l’anticlinal, le synclinal présente une concavité vers le bas dont le centre est occupé par des couches géologiques plus jeunes. c Un paléorelief est un un relief hérité d’un système morphologique qui n’existe plus dans la région. d Une cluse est une vallée creusée perpendiculairement dans une montagne par un cours d’eau. a

calcaires

14

Ci-contre : Carte géologique et principales failles du Pays de Gex (d’après la carte géologique de Saint-Julien-en-Genevois, BRGM). 4 km

e

0

h ac vu

48

Les systèmes karstiques sont liés à la fracturation et à l’altération des massifs calcaires des chaînons jurassiens. Cette formation spécifique au Jura donnera son nom aux paysages façonnés par des roches solubles (calcaire, marbre, dolomie, craie).

le

Les paysages gessiens, comme ceux de tout le bassin franco-genevois, ont été modelés par les diverses phases d’avancées et de retraits glaciaires. Il en résulte un milieu géologique hétérogène et complexe. Le bassin correspond à un anticlinal a orienté NNESSO où l’on observe deux décrochements principaux : celui de la Faucille au nord et celui du Vuache au sud. Vers l’ouest, cettre structure chevauche le synclinal b de La Valserine. Vers l’est, elle est recouverte par la molasse tertiaire du bassin de Genève. « La zone de contact entre la molasse et les terrains calcaires du Crétacé correspond à un paléorelief c dont les irrégularités sont souvent comblées par des argiles rouges d’altération 19 ». Les principaux magasins aquifères du bassin reposent sur un « toit de molasse », principal substrat imperméable (avec les argiles glaciaires). Deux portes relient la plaine gessienne à la France : le col de la Faucille et la cluse d du Rhône entre les Monts du Jura et le Vuache.

synclinal

ri

anticlinal

se

éboulis et moraines

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Lambeaux morainiques

la

Faille

49


la versoix

jura

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F su ra is nc se e

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gex

La plaine est un vaste bassin versant ondulé qui s’étend des Monts du Jura à la vallée du Rhône.

Tous les cours d’eau situés dans la plaine prennent leur source dans les Monts du Jura et autres résurgences issues du réseau karstique du massif. Ils s’écoulent ensuite en direction de la Suisse avant de se jeter dans le Lac Léman ou dans Le Rhône. L’ensemble compte environ 90 km de rivières principales. Mais le réseau hydrographique est dense et ce sont au total près de 200 km qu’il convient de prendre en compte (rivières, ruisseaux, rus, nants, biefs et autres canaux de dérivation compris). Le bassin versant le plus étendu est celui de l’Allondon (141 km2). Il représente à lui seul presque 50% de la totalité du territoire. La qualité de l’eau, la protection des lieux habités contre les crues, la restauration des berges sont des enjeux sur lesquels les acteurs de l’ensemble du territoire franco-suisse travaillent. Depuis bientôt 20 ans, se succèdent des contrats de rivières transfrontaliers pour trouver les financements nécessaires à l’entretien des cours d’eau. 50

L’urbanisation implantée sur les crêtes.

ferneyvoltaire

gex

ferney

st-genis pouilly rh

e

n

ô

le

St-genis

lac léman

vers collonges

Au réseau hydrographique se superposent des infrastructures de transports, (la principale du Pays de Gex étant la R.D. 984, une 2x2 voies qui relie Collonges à St Genis), responsable de crues à certains endroits.

le

rh

ôn

e

genève

Ci-contre : le système ondulé colline/rivière du Pays de Gex et le réseau hydrographique « transfrontalier ». 0

4 km 51


52

53


vers Lausanne par le Piémont

vers Paris par le Col de la Faucille

Page précédente : la rivière du Journans et ses rives boisées, aux portes de Gex, août 2009.

gex

vers Lausanne par la Côte

époques des différents tracés viaires : tracé datant du XVIIIe siècle 05 10 d. r.

vers St Claude par la vallée de la Valserine

tracé datant du Moyen-Âge tracé antique

st-genis

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ferney te

84

de

0

5 km

lyo n

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gex

genève

collonges

se is ce su an fr

20 000

vers Lyon par le Fort l’écluse

Le territoire du Pays de Gex est structuré par les voies de communication. Terre frontalière, la plaine est un lieu de passage où se croisent les chemins, les routes, les populations. Les premières routes antiques longeaient le lac mais également le pied du Jura. Plus tard, les routes médiévales, chemins de pèlerinage, reliaient la plaine aux chapelles, telle que St-Claude, de l’autre côté de la montagne. Au XVIIIe, des routes au tracé rectiligne sont venues se superposer aux tracés sinueux plus anciens pour renforcer les liens entre le piémont, la plaine et Genève. Routes de Genève, de Lyon, de Paris dessinent le « triangle » qui organise désormais le territoire. Les déplacements pendulaires s’accroissent à mesure que le canton de Genève déploie ses activités. Ce sont aujourd’hui plus de 80 000 personnes qui traversent, chaque jour, la frontière entre l’Ain et la Suisse. 54

F su ra is nc se e

vers Paris par le Fort l’écluse

15 000

st-genispouilly

ferneyvoltaire

35 000 Nombre de véhicules par jour sur le triangle qui relie Gex/St-Genis/Ferney à Genève en 2008.

Ci-contre, de haut en bas : la route de Meyrin (anciennement route de Lyon) et son tramway, canton de Genève. la route express R.D. 984 est la plus importante infrastructure du Pays de Gex, construire récemment. la route de Genève/Paris ou R.D. 1005 qui relie Gex à Genève a conservé par endroits son caractère de chemin rural traversant des centrebourgs anciens. 55


Altitude en m 2000

1953

600

divonne

2000

1971

gex 600

cessy

L’emboisement des sommets de la Haute Chaîne, au-dessus de Gex en 2009.

600

La croissance urbaine de Genève et son canton ont de nombreux effets sur le territoire gessien. L’accroissement de la pression foncière, depuis les années 1950, est la conséquence principale de cette croissance. Cette pression, sur un territoire qui ne dispose pas des mêmes potentiels et dont l’activité économique ne s’est pas développée de la même manière que le canton voisin, constitue une menace pour l’équilibre régional. « Ce n’est pas parce que nous vivons côté à côté que nous sommes contemporains 20 », écrit André Corboz. Par conséquence, les terres vouées à l’agriculture, en France, sont peu à peu abandonnées au profit d’autres usages (habitat, activités, loisirs) devenus plus rentables. La « pulvérisation urbaine a » constitue également un risque pour l’espace charnière du piémont jurassien. Le piémont jurassien se caractérise par les premières pentes et les accès aux alpages. Il abrite les principales sources des cours d’eau régionaux. Enfin, il sert à l’articulation du territoire. 56

Ci-contre : évolution des bois et des prébois sur les versants de la Haute Chaîne entre 1953 et 1992 : l’abandon des pâturages au pied des monts et sur les parties sommitales tend à fermer les paysages et à rendre la montagne de moins en moins accessible.

André Corboz, Sortons enfin du Labyrinthe ! p. 63.

ornex stgenis

prévessin

ferney

15

thoiry

La « pulvérisation urbaine » est une caractéristique du Pays de Gex. Elle est le fait de la croissance de Genève. Elle conduit à augmenter la distance entre habitat et bassin d’emploi. Elle a par ailleurs pour effet de disperser le bâti sur un territoire rural et nettement circonscrit.

a

100 m

m

1992

e ss ce i su an fr

100

2000

100 m

70 m

Nombre de logements par hectare (moyenne) : 8 dans le Pays de Gex, 24 à Genève.

0

4 km

commune

de 7 500 à 10 000 habitants

commune

de 5 000 à 6 000 habitants

commune

de 3000 habitants

57


Le Grand collisionneur de hadrons (LHC ou Large Hadron Collider) est un gigantesque instrument scientifique situé dans le Pays de Gex, à environ 100 mètres sous terre. C’est un accélérateur de particules avec lequel les physiciens vont étudier les plus petites particules connues. Cette infrastructure scientifique appartient à l’organisation européenne de recherche nucléaire, le CERN. Fondé en 1954, le CERN est situé de part et d’autre de la frontière. Il a été l’une des premières organisations à l’échelle européenne et compte aujourd’hui vingt États membres. Ce laboratoire emploie environ 2 500 personnes. Plus de 8000 scientifiques, soit la moitié des physiciens des particules du monde, viennent au CERN pour mener des recherches. 580 universités et 85 nationalités y sont représentées. L’énergie de chaleur rejetée par les tours de refroidissement du CERN a pu être réutilisée pour la culture sous serre, le temps d’une expérience à la fin des années 80. 58

L’entrée du CERN à Meyrin, en Suisse, à quelques mètres de la frontière franco-suisse.

L’anneau du LHC : 27 km de circonférence à 100 mètres sous terre.

Ci-contre : sous le Pays de Gex l’anneau du LHC construit au pied du Jura. 59


divonne

60

crozet

st genis

n

e

du

pi

ed

La ligne du Pied du Jura à Sergy à 4 km de la frontière, février 2010.

meyrin

li g

La ligne du Pied-du-Jura est une voie de chemin de fer qui relie Bellegarde-sur-Valserine à Divonne-les-Bains. Cette ligne est abandonnée depuis plus de 10 ans et ne sert aujourd’hui qu’au transport des déchets ménagers en direction de l’usine d’incinération Sidefage, située à Bellegarde, (deux trains par jour), ainsi qu’au transport de matériaux de construction (deux trains par semaine) au départ de Crozet. Le tronçon entre Crozet et Divonne n’est plus en fonction mais la ligne est toujours en place. Plus de 50 000 véhicules traversent la frontière dans la région limitrophe de l’Ain. Certains projets actuels ainsi que des associations militent pour la réhabilitation de cette ligne et le raccordement avec le réseau suisse. L’association Gexrail propose même la création d’une ligne de raccordement par un tunnel sous la colline de Bourdigny qui permettrait d’intégrer cette infrastructure à l’ensemble du réseau RER.

du

ju

ra

gex

su fr iss an e ce

nyon

projet rer - ceva

rer

carouge

annemasse

rer

bellegardesur-valserine Ci-contre : carte des différentes lignes ferroviaires du bassin franco-genevois en 2010. 0

6 km

Ligne régionale en service

Ligne du pied du Jura en fonction pour le transport des déchets ménagers

Extension en projet de la ligne vers Annemasse (France)

Ligne du Pied du Jura hors service 61


> Synthèse : la diversité des paysages gessiens

L’atmosphère du Pays de Gex (photomontage).

état des lieux :

Entre un Pays de Gex, proche de Genève, au développement fulgurant et parfois mal maîtrisé, et un autre Pays de Gex resté plus rural, plus reculé, les contours ne sont plus très nets et la distinction ville/campagne d’autant moins évidente. Le « montage urbain/rural » gessien est original parce qu’il mêle des composantes qui a priori s’opposeraient ou se contrediraient (alpages et LHC, par exemple). C’est à travers ses appartenances multiples que le Pays de Gex se distingue des autres « pays » et échappe à toute classification. Aujourd’hui, il s’agit de cultiver ces différences. Ce qui est à craindre, ce sont les tentatives d’homogénéisation qui font qu’un paysage n’a plus rien de reconnaissable ni d’unique.

« Que la ville et le territoire doivent être harmonieux, c’est souvent une telle évidence qu’elle confine au tabou. Or le concept d’harmonie est périmé (...) 16 ».

> une urbanisation diffuse sur la plaine qui menace l’activité agricole et l’ouverture du paysage

62

« Si la variété des paysages est en grande partie fondée sur la diversification des établissements humains selon les régions et les localités, la richesse de chaque paysage dépend beaucoup de l’étendue des rapports instaurés entre la sphère humaine et le milieu global 17 . »

André Corboz, Sorton enfin du labyrinthe ! p. 55-56. 17 François Béguin, Le Paysage, p. 96. 16

> la hiérarchisation des strates successives de la ville de la frontière au piémont

propositions :

> la frontière, un potentiel pour le développement urbain

> l’extension du tramway jusqu’à la ligne du pied du jura

enjeux : > la diversité des paysages

> une offre de transports diversifiée sur la plaine (bus, tram, rer, mobilités douces)

> l’articulation entre la ville et le piémont

références :

> le rapprochement entre habitat et travail

> les tramways de zürich et amsterdam : un mode de transport étendu aux régions urbaines.

> la hiérarchisation des infrastructures de transports

63


jura gex

17 km

D’une superficie d’environ 150 000 ha (1 500 km2), le bassin lémanique autour de Genève est la seconde résonance du projet. Cerné de montagnes, le territoire frappe d’abord par son exiguïté. Des limites de crêtes du Jura et du Salève seulement 25 km dans lesquels sont intégrés deux pays, deux cantons, deux départements  et 172 communes. Cette particularité de la région francogenevoise est d’autant plus prégnante que deux montagnes l’enserrent et se font face offrant des points de vue sur le bassin mais aussi des cadrages depuis les rues de Genève construites en relation avec les montagnes. 1720 m

jura 64

frontière

Genève

« Dans tout paysage, je cherche à rejoindre l’horizon parce que c’est souvent au-delà de ses propres limites que gisent les qualités essentielles d’un lieu. Souvent ce sont les montagnes que je cherche. Je suis savoyard et les reliefs ont été longtemps le fond de mes perspectives 18 ». 18 Michel Corajoud, Le Paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, p. 66.

ferneyvoltaire

11

km

m 8k

Entre le Jura et les Alpes : un bassin unique

st genispouilly

genève

9 km annemasse 9 km

Ci-contre : le bassin depuis le chemin des crêtes de la Haute Chaîne du Jura. En contrebas, la Pays de Gex, les pistes d’atterrissage de l’aéroport de Genève, le Lac Léman, au loin les sommets alpins.

0

frontière

suisse france

5 km

salève 1200 m

salève 65


66

67


Pages précédentes : à gauche : la cluse du Rhône entre la Haute Chaîne du Jura et le massif du Vuache depuis les crêtes du Jura ; à droite : la silhouette du Jura au pied du Salève à Veyrier, Canton de Genève.

Aujourd’ hui, le territoire est occupé à 43% par des espaces agricoles. Des crêtes à la vallée du Rhône, selon les substrats et les pourcentages de pente, on rencontre une diversité de paysages agricoles : les alpages aux sommets de la Haute Chaîne du Jura, les pâturages et grandes cultures du Pays de Gex, les grandes cultures et les cultures spécialisées du canton de Genève. Deux types de législations coexistent dans le bassin franco-genevois qui visent les espaces bâtis et non bâtis. Le droit français privilégie le principe «d’équilibre entre développement urbain et rural», mis en oeuvre dans des plans de zonages figurant dans les plans locaux d’urbanisme. Le droit suisse est basé sur des principes d’inconstructibilité de la zone agricole avec pour conséquence la mise en place de programmes urbains visant la densification et la réaffectation des bâtiments. Les différentes législations vont influencer directement la valeur que l’on donne aux espaces non bâtis, de part et d’autre de la frontière. Elles vont également avoir 68

1 2 3

Répartition schématique des différents types d’agricultures : 1- les alpages 2- les grandes cultures 3- les cultures spécialisées.

Ci-contre, de haut en bas : génisses paissant au sommet du Jura , un champ de maïs à Gex, une culture de betteraves à Veyrier, canton de Genève. 69


nature

Proportion d’espaces naturels ou agricoles en 2007

élevage

Proportion de surface de prés et pâturages avec pente supérieure à 14% en 2007

nyon

nyon

lajoux gex

lajoux gex

ferney

ferney

st-genis

st-genis genève

genève

annemasse

bellegarde

Apprivoiser la pente et retenir l’eau : un système de haies bocagères dense et encore visible sur le territoire, ici à Gex en 2005.

un impact sur la place qu’occupent ces espaces dans le projet urbain. Tantôt tributaires de l’opportunité foncière, tantôt obstacles au projet urbain, les espaces non bâtis sont un enjeu important pour l’ensemble du territoire. Alors que le régime des biens fonds (instauré en 1815 comme « correctif économique ») permet aux agriculteurs suisses de venir cultiver en France et de revendre en Suisse leur production (à prix suisses), de nouvelles réponses aux déséquilibres actuels doivent être trouvées. De plus, si le Pays de Gex souffre d’un manque de diversification dans sa production (spécialisée aujourd’hui dans la production laitière), ce est en partie dû à une dépendance vis-à-vis du canton qui, au travers de la coopérative suisse des Laiteries Réunies, contraint le pays à des quotas de production et le pousse à chercher de nouvelles rentabilités (bovin-viande, grandes cultures). Alors que depuis longtemps le canton a diversifié sa production et développé les circuits courts entre producteur et consommateur, il semblerait que le Pays n’a pas encore pris la juste mesure de ces mutations. 70

bellegarde

0%

0%

35%

2%

60%

4%

70%

8%

80%

12%

90%

18%

99%

30%

agriculture 1

cultures spécialisées

Proportion de surface de grandes cultures en 2007

2

Proportion de surface de vigne en 2007

nyon

nyon

lajoux gex

Le parc naturel régional de la Haute Chaîne du Jura (1) et la réserve naturelle (2).

lajoux gex

ferney

ferney st-genis

st-genis genève

genève

annemasse

bellegarde

Ci-contre : informations statistiques (source : INSEE) sur la répartition des espaces non bâtis sur le bassin. 0

30 km

annemasse

annemasse

bellegarde

0%

0%

10%

0.5%

15%

1%

25%

3%

35%

6%

45

10%

60%

30%

71


un schéma d’agglomération qui rayonne autour de genève

enjeu :

une agglomération transfrontalière fondée sur la géographie et le paysage

su fr i s an se ce

état des lieux :

hydrographie boisements

topographie

> Synthèse : vers l’agglomération franco-valdo-genevoise Une «métropole verte, compacte et multipolaire», tel est le slogan du projet d’agglomération franco-valdo-genevois en 2010. La réduction des déplacements individuels, la qualité de vie et la pérennisation des ressources naturelles sont les trois enjeux de l’agglomération aujourd’hui. Pour y répondre, le projet d’agglomération franco-valdo-genevois a défini des périmètres d’aménagement concerté (PACA) sur lesquels sont proposés des projets de mobilité/emploi/logement/paysage, présentés par des équipes pluridisciplinaires. Les périmètres d’études ne sont autres que les principaux axes de l’agglomération qui rayonnent autour de Genève. Le projet de paysage doit mettre en évidence les enjeux liés à la distance qui sépare lieu de vie et lieu de travail auxquels s’accompagnent ceux d’une croissance urbaine diffuse qui met en péril l’activité agricole ainsi que les points de vue sur les lointains. 72

proposition :

un schéma régional qui unifie le territoire

Ci-contre : la région urbaine diffuse parcourue de forêts et de rivières. 0

4 km

Cours d’eau, lac

Forêts

Infrastructures

Aéroport

Pôles logistiques

Bâti dense

Bâti lâche 73


Fran Sui ce sse

Fran Sui ce sse

Vallon de l’Allondon

Vallon du Lion

St-Genis Pouilly

Vallon du Nant d’Avril

Route Meyrin

Meyrin

0 Zones d’activités et industrielles

L’échappée urbaine

Habitat dense

Habitat peu dense

1 200 m

équipements

Colline de Bourdigny

RD 984

Espaces bâtis : une forte concentration d’activités à la frontière. 0

D’une superficie d’environ 3 000 ha (30 km2), le territoire le long de l’ancienne route de Lyon (actuelles route de Meyrin, en Suisse, route de Genève et avenue du Jura, en France) est le site de projets. La route de Meyrin est d’abord un axe économique entre Genève et Jura. à l’exception des logements de la cité-satellite de Meyrin, construits dans les années 60, le quartier ne bénéficie pas de programmes d’habitats (la zone agricole rendant inconstructibles les terrains non bâtis du canton). L’arrivée du tramway sur l’axe, (prévue pour fin 2010 ; une extension jusqu’à St-Genis-Pouilly, en France, est envisagée à long-terme), est l’occasion de proposer une urbanisation réfléchie le long de celui-ci. Un véritable quartier transfrontalier entre lac et Jura pourrait ainsi voir le jour. 74

Bois de Serves

Bois de Tollot

500 m

Fran Sui ce sse

Trame viaire et hydrographie : les routes se superposent aux cours d’eau et tendent à les effacer.

Zone agricole suisse

Zone agricole suisse Vignobles de Satigny Paul Klee, Hauptwege und Nebenwege (Chemins principaux et Chemins secondaires), huile sur toile, 83 x 67 cm, 1929.

Espaces non bâtis : la frontière marquée par la zone agricole suisse.

0

1 km

La multifonctionnalité, un principe développé pour le projet du Grand Paris par l’équipe LIN qui tend à réconcilier urbain / rural en intensifiant l’urbanisation autour d’un axe structurant.

75


l’allondon

le lion

horizons des vallons

le nant d’avril

le nant d’avril : un canal enterré entre ville et campagne

jura

sergy

st genis

meyrin

le lion : une rivière peu accessible du fait de rives privatisées

l’allondon le lion

jura

sergy

st genis france

le nant d’avril

suisse

Le Nant d’Avril, par exemple, prenait sa source naturelle (avant 1928) aux Roussillons, zone bordant les marais de Mategnin à Meyrin. Actuellement, ce sont les eaux de drainage agricole dans le Marais de Mategnin qui en constituent sa naissance. Canalisé sur sa partie supérieure, il ne retrouve son tracé naturel que sur ses derniers 2,5 km. Enterrements, endiguements, bétonnage, pollutions , crues et étiages excessifs sont le lot des rivières urbaines qui n’attendent qu’à être reconsidérées. De plus, la proposition devient intéressante dés lors qu’elle fait émerger les particularités d’un site : la topographie. La route n’est pas un tracé rectiligne comme pourrait, à première vue, nous le donner à voir le plan, mais un ruban qui ondule à travers trois vallons : Le Nant d’Avril, Le Lion et L’Allondon. Les trois cours d’eau ont en commun qu’ils fixent certaines limites : limites entre ville et campagne pour le Nant d’Avril, entre zone industrielle et habitat pour Le Lion, entre deux communes pour L’Allondon. 76

meyrin

vers genève

0

1 km

Les 3 vallons du Nant d’Avril, du Lion et de l’Allondon ponctuent la route de Meyrin entre Genève et le piémont (maquette et profil).

L’allondon : une rivière encore sauvage par endroitS qui relie le rhône au jura

Les rivières sont aujourd’hui les principaux milieux récepteurs des eaux de ruissellement de la chaussée. 77


le vallon du nant d’avril

78

79


le vallon du lion

80

81


le vallon de l’allondon

82

83


imbriquer les usages

références

Fra n suis ce se

enjeux :

Le Lio n

des espaces fragmentés

L’A llo nd on

état des lieux :

Sources du Nant d’Avril

Zürich - oerlikon

Cité-satellite Meyrin

Route de Meyrin St-Genis Pouilly

CERN

Technopôle Bourdigny

principes : réseaux

Kuhn Truninger.

mixité

ZI Meyrin -Satigny

Zürich - leimbachstrasse

0 Zones d’activités et industrielles

état des lieux

équipements

Habitat

Hameau

Voirie

n 84

Lio

n

Fra n suis ce se

llo n

do

En révélant les limites, en faisant d’elles un véritable projet, cela contribuera à « inverser » le regard. Cette fois, ce sont les cours d’eau qui vont servir de fil conducteur pour le dessin des projets d’intensités urbaines, et non l’inverse. Le choix d’une intensification urbaine le long d’un axe est légitime dans le mesure où celuici est desservi par un réseau de transports publics performants et de faible nuisance (bruit, pollution). L’emprise de la voie varie entre 15 et 30 m (de façade à façade), ce qui laisse un champ ouvert à des projets de réseaux de déplacements diversifiés. Des projets d’espaces publics fondés sur les cours d’eau seront proposés privilégiant la mixité des usages.

Berchtold und Lenzin Landschaftsarchitekten.

Champs

Rivières

Sources du Nant d’Avril

L’A

strasbourg - avenue général de gaulle

Le

> Synthèse : un quartier transfrontalier

Bois

1 km

Cité-satellite Meyrin

Route de Meyrin St-Genis Pouilly

CERN

Technopôle Bourdigny ZI Meyrin -Satigny

Aldred Peter, paysagiste.

0

schéma directeur

Espaces publics (voirie)

Nouveaux logements

Nouveaux équipements

Jardins publics

Allées piétonnes

1 km 85

Nouvelles activités


propositions

l’urbain fondé sur l’horizon

la route de meyrin : un quartier transfrontalier inscrit dans les vallons

ce n e a s fr uis s

86

r ’a v

n bus : genève / gex

gex st-genis

tramway : genève / st-genis

ferney rer : st-genis / gex

résonance :

genève

la plaine 30 000 ha lac l’ESPACE OUVERT

Bernard Reichen, Réflexion pour un urbanisme territorial, Grand Prix de l’urbanisme 2005, p. 13-31. 19 Idem.

n a

la plaine : un réseau diversifié

jura

La ville s’inscrit dans une chaîne de relations qui la relie au territoire. Le projet «échappée urbaine» résonne à l’intérieur de 3 trois périmètres : le bassin, la plaine et l’échappée. Cette démarche procède par effets de seuils et non seulement par effets d’échelles. Il s’agit d’une « chaîne de pensées 15 » dont les « problématiques peuvent changer de nature, et réorienter le projet dans des directions non prévisibles a priori 16 ». Ce qui relie entre elles les « fenêtres » est le point focal de « l’échappée ». L’horizon, l’espace ouvert, voilà ce qui sous-tend les projets. Par cette démarche, je tente d’aborder le projet urbain dans lequel plusieurs dimensions se répondent. Aussi le grand paysage peut-il devenir un lieu de vie pour la ville et ses habitants qui, tout en se déplaçant quotidiennement, gardent le contact avec leur territoire.

le

l’ a

genève

l’ARTICULATION GENèVE / JURA

La chaîne des relations

t

n o d n ll o

fran ce suis se

L’échappée 4 0000 ha

le

le projet :

ce n e a s fr uis s

d

jura

n

l’intensification urbaine transfrontalière

il

enjeux

li o

périmètres

saint-genis-pouilly : une nouvelle gare Genève / Jura la métropole franco-suisse : la ville reliée à son territoire

18

« Comment peut-on opposer le temps long au temps court, la grande échelle au projet localisé, la ville visible à la ville invisible, le public au privé ? ». Bernard Reichen

Ci-contre : tableau de synthèse du projet et de ses résonances.

l’équilibre régional

résonance : le bassin 150 000 ha

france suisse

jura

lac léman

genève

87


Un élan vers l’avenir Par son caractère éclaté et diffus, la forme urbaine qui est en train de se dessiner, dans la région franco-valdo-genevoise, ressemble à une nébuleuse (bien que de petite taille comparée à d’autres agglomérations). Le tissu urbain s’étire le long des routes. à ce niveau, la question n’est pas tant de contenir l’urbain (est-ce vraiment possible ?) mais plutôt de l’accompagner dans la logique qui a été décrite précédemment, visant le rapprochement du lieu de vie et du lieu de travail. Ce qui conduit à proposer une «intensification» de la croissance urbaine à proximité de la frontière plutôt que la poursuite d’un «émiettage» du territoire jusqu’au piémont. La prolongation des réseaux de transports publics ferrés existants irait dans le sens de ce rapprochement. Ensuite, la réactivation d’une partie de la ligne du pied du Jura pourrait être envisagée.

La tache urbaine de la région franco-genevoise en 2005.

19

Albert Camus, L’homme révolté.

Ci-contre : La zone industrielle de Meyrin-Satigny, Canton de Genève, Janvier 2010. 88

L’état des choses est la porte d’entrée du projet. Le projet ne commence pas au moment où l’on dessinerait ce que pourrait être une place, une rue, une ville dans 50 ans, mais dans la définition de ce qu’ils sont aujourd’hui. Albert Camus le dit si bien, quand il écrit : « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent 24 ». Pour autant, l’examen méthodique de la réalité d’un site n’est pas un objectif. C’est au travers de l’analyse des ressources du lieu, matières vivantes du projet, que le paysagiste peut faire évoluer l’existant. Aussi, le projet de paysage ne repose pas sur la transformation radicale. Il contribue à valoriser l’état des choses dans le but de développer un ensemble de correctifs adaptés aux lieux. 89


> Sources Notes et références citées 1. Raffestin, Claude, Frontières et sociétés : le cas franco-genevois, éditions L’Age d’Homme, 1975. 2. Corboz, André, Genève Active : magazine culturel de la métropole lémanique, septembre 2007.

3. Raffestin, Claude, op. cit. 4. Idem. 5. Quincerot, Richard, revue Urbanisme, La métropole en Suisse : un concept en évolution lente n°28, Hors-série mars-avril 2006. 6. Rousseau, Jean-Jacques, Les Confessions, Gallimard, 2009. 7. Cogato-Lanza, Elena, Bonifazio Patrizia, Les Experts de la reconstruction, MétisPresses, 2009. 8. Baudelaire, Charles, Oeuvres complètes, Microcosme, 1991. 9. Braudel, Fernand, L’identité de la France, tome 1, Flammarion, 2009. 10. Braudel, Fernand, ibidem. 11. Idem. 12. Reichen, Bernard, interviewé par Ariella Masboungi, Grand Prix de l’Urbanisme 2005, Réflexion pour

un urbanisme territorial, Parenthèses, 2005. 13. Tardy, Roger, Préface de l’Histoire du Pays de Gex, Intersections, 1989. 14. Contrat de rivières transfrontalier Pays de Gex-Léman, Communauté de communes du Pays de Gex, 2000. 15. Corboz, André, Sortons enfin du Labyrinthe ! , Infolio, 2009. 16. Corboz, André, ibidem. 17. Béguin, François, Le Paysage, Flammarion, 1995. 16. Idem. 18. Corajoud, Michel, Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, Actes Sud, 2010. 19. Camus, Albert, L’Homme révolté, Gallimard, 1985.

Références non citées > André, édouard, L’art Des Jardins : Traité Général De La Composition Des Parcs Et Jardins, 1879. > Barthassat, Marcellin, Entre naturalité et agriculture, l’espace public rural de la haute Seymaz, Les Carnets du paysage n° 18, Actes Sud et L’école nationale supérieure du paysage, 2009. > Chemetoff, Alexandre, conférence au Pavillon de l’Arsenal, Paris, 16 mars 2006 : http://www.pavillon-arse90

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Crédits photographiques

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> Collectif, André Corboz, Alain Léveillé, Yves Cassani, Marie-Paule Mayor, Isabelle Toumi-Overney, Paul

f7/20080725175830!France_relief_location_map.jpg

Hirschi, Atlas du territoire genevois : permanences et modifications cadastrales aux XIXe et XXe siècles, Vol. 1,

p. 21, p. 22 : fonds de cartes, source : Géoportail, http://www.geoportail.fr/

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p. 25 : illustration « Sous la campagne, la ville », Rik, 1984, revue Le Visiteur, n°6, 2006.

> Collectif, Roger Diener, Jacques Herzog, Marcel Meili, Pierre de Meuron, Christian Schmid, ETH Studio Basel,

p. 26 : carte des réseaux ferroviaires suisses, source : Wikipédia, http://upload.wikimedia.org/wikipedia/

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Remerciements à... Jean-Marc Gaulier et Jean-Christophe Bailly de m’avoir accompagnée, avec assiduité, au long de ma scolarité à l’ENSNP et durant cette année de fin d’études ; Marcellin Barthassat et Sébastien Beuchat pour l’intérêt qu’ils ont accordé à ma démarche et leurs conseils ; Alain Léveillé d’avoir mis à disposition des informations appartenant au fonds documentaire du CRR de Genève ainsi que pour son attention soutenue à mes travaux ; Mes parents, ma soeur Clémence, mes amis et Léonard pour leur écoute, leur attention et leurs conseils ; Tout le personnel de l’ENSNP qui a largement contribué à rendre passionnantes ces 3 années d’études.

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Partant de Genève, la montée ondulée vers Gex m’est apparue, la première fois, comme une échappée vers le lointain et les sommets jurassiens. J’aime éviter la ville, la contourner pour la regarder de loin, d’en haut, depuis les « balcons du Léman ». Cette vue sur la « ville-territoire », avec pour cœur Genève, procure une satisfaction immense. Au sentiment d’appartenir à cette nébuleuse se mêle la sensation de se positionner au-dessus d’elle ; embrasser du regard la ville affairée, puis redescendre vers elle avec impatience. Plus tard, je compris combien le pouls de ce territoire bat au rythme de ce jeu d’allées et venues : le va-et-vient des frontaliers. Sur la rive droite du Rhône, à l’arrière de l’aéroport international de Genève, le territoire français du Pays de Gex, fort de ses 70 000 habitants, tourne le dos à la France métropolitaine et aurait tout pour être le « Pays de Genève ». Pauline Macé / Travail de fin d’études / 2010 Directeur de TFE / Jean-Marc Gaulier L école nationale supérieure de la nature et du paysage


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