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Annexes

Annexe 1

LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AUX PRÉSIDENTS DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES ET AUX SUPÉRIEURS DES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE ET DES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTOLIQUE CONCERNANT LA COMMISSION PONTIFICALE POUR LA PROTECTION DES MINEURS

En mars de l’année dernière, j’ai institué la Commission pontificale pour la protection des mineurs, déjà annoncée en décembre 2013, dans le but de soumettre des propositions et des initiatives visant à améliorer les normes et les procédures pour la protection de tous les mineurs et des adultes vulnérables, et j’ai appelé à en faire partie des personnalités hautement qualifiées et connues pour leur engagement dans ce domaine.

En juillet dernier, la rencontre avec diverses personnes qui ont subi des abus sexuels de la part de prêtres m’a offert l’occasion d’être le témoin direct et ému de l’intensité de leurs souffrances et de la solidité de leur foi. Cela m’a davantage conforté dans la conviction qu’il faut continuer à faire tout le possible pour déraciner de l’Église la plaie des abus sexuels sur les mineurs et ouvrir une voie de réconciliation et de guérison en faveur de ceux qui ont été abusés.

C’est pour ces raisons qu’en décembre dernier, j’ai ajouté à la Commission plusieurs nouveaux membres, en représentation des Églises particulières du monde entier. Et dans quelques jours, tous les membres se rencontreront à Rome pour la première fois.

Dans ce contexte, je considère que la Commission pourra être un nouvel instrument valable et efficace pour aider à animer et à promouvoir l’engagement de toute l’Église — aux différents niveaux : conférences épiscopales, diocèses, instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique, etc. — à mettre en œuvre les actions

nécessaires pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables et donner des réponses de justice et de miséricorde.

Les familles doivent savoir que l’Église ne ménage pas ses efforts pour protéger leurs enfants et qu’elles ont le droit de s’adresser à elle avec une pleine confiance, car elle est une maison sûre. On ne pourra donc pas accorder la priorité à tout autre type de considérations, de quelque nature qu’elles soient, comme par exemple le désir d’éviter le scandale, car il n’y a absolument pas de place dans le ministère pour ceux qui abusent des mineurs.

Il faut également veiller avec attention, que soit pleinement mise en œuvre la Lettre circulaire publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 3 mai 2011, en vue d’aider les conférences épiscopales à préparer les lignes-guide pour le traitement des cas d’abus sexuels à l’égard de mineurs de la part de clercs. Il est important que les conférences épiscopales se dotent d’un instrument pour la révision périodique des normes et pour le contrôle de leur application.

C’est aux évêques diocésains et aux supérieurs majeurs que revient la tâche de vérifier que dans les paroisses et dans les autres institutions de l’Église soit garantie la sécurité des mineurs et des adultes vulnérables. Comme expression du devoir de l’Église de manifester la compassion de Jésus envers ceux qui ont subi des abus sexuels et envers leurs familles, les diocèses et les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique sont exhortés à mettre en place des programmes d’assistance pastorale, qui pourront s’appuyer sur le soutien de services psychologiques et spirituels. Que les pasteurs et les responsables des communautés religieuses soient disponibles pour rencontrer les victimes et leurs proches : il s’agit d’occasions précieuses pour écouter et pour demander pardon à ceux qui ont beaucoup souffert.

C’est pour toutes ces raisons que je demande votre collaboration pleine et entière avec la Commission pour la protection des mineurs. Le travail que je leur ai confié comprend l’assistance à votre égard et à l’égard de vos conférences, à travers l’échange réciproque de « pratiques vertueuses » et de programmes d’éducation, de formation et d’instruction en ce qui concerne la réponse à donner aux abus sexuels.

Que le Seigneur Jésus insuffle en chacun de nous, ministres de l’Église, cet amour et cette prédilection pour les plus petits qui a caractérisé sa présence parmi les hommes et qui se traduit par une responsabilité particulière pour le bien des mineurs et des adultes vulnérables. Que la Très Sainte Vierge Marie, Mère de la tendresse et de la miséricorde, nous aide à accomplir avec générosité et rigueur notre devoir de reconnaître humblement et de réparer les injustices du passé et à être toujours fidèles à la tâche de protéger ceux que Jésus privilégie.

Du Vatican, le 2 Février 2015 Fête de la présentation du Seigneur au Temple

François

Annexe 2

LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AU PEUPLE DE DIEU

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor 12,26). Ces paroles de saint Paul résonnent avec force en mon cœur alors que je constate, une fois encore, la souffrance vécue par de nombreux mineurs à cause d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, commis par un nombre important de clercs et de personnes consacrées. Un crime qui génère de profondes blessures faites de douleur et d’impuissance, en premier lieu chez les victimes, mais aussi chez leurs proches et dans toute la communauté, qu’elle soit composée de croyants ou d’incroyants. Pour ce qui est du passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant. Quant à l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une politique capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées. La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur ; pour cette raison, il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables.

1. Si un membre souffre

Ces derniers jours est paru un rapport détaillant le vécu d’au moins mille personnes qui ont été victimes d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres pendant à peu près soixante-dix ans. Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé, la douleur de nombre de ces victimes nous est parvenue au cours du temps et nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités et à redoubler d’efforts pour éradiquer cette culture de mort, les blessures ne connaissent jamais de « prescription ». La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passée sous silence. Mais leur cri a été plus fort que toutes les mesures qui ont tenté de le réprimer ou bien qui, en même temps, prétendaient le faire cesser en prenant des décisions qui en augmentaient la gravité jusqu’à tomber dans la

complicité. Un cri qui fut entendu par le Seigneur en nous montrant une fois encore de quel côté il veut se tenir. Le Cantique de Marie ne dit pas autre chose et comme un arrière-fond, continue à parcourir l’histoire parce que le Seigneur se souvient de la promesse faite à nos pères : « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Lc 1, 51-53) ; et nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame.

Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies. Nous avons négligé et abandonné les petits. Je fais miennes les paroles du cardinal Ratzinger lorsque, durant le Chemin de Croix écrit pour le Vendredi Saint de 2005, il s’unit au cri de douleur de tant de victimes en disant avec force : « Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! […] La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25) » (Neuvième Station).

2. Tous les membres souffrent avec lui

L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. S’il est important et nécessaire pour tout chemin de conversion de prendre connaissance de ce qui s’est passé, cela n’est pourtant pas suffisant. Aujourd’hui nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit. Si par le passé l’omission a pu être tenue pour une forme de réponse, nous voulons aujourd’hui que la solidarité, entendue dans son acception plus profonde et exigeante, caractérise notre façon de bâtir le présent et l’avenir, en un espace où les conflits, les tensions et surtout les victimes de tout type d’abus puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur (Cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.228). Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne. Solidarité qui demande de lutter contre tout type de

corruption, spécialement la corruption spirituelle, « car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque "Satan lui-même se déguise en ange de lumière" (2Co 11,14) » (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.165). L’appel de saint Paul à souffrir avec celui qui souffre est le meilleur remède contre toute volonté de continuer à reproduire entre nous les paroles de Caïn : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? » (Gn 4,9).

Je suis conscient de l’effort et du travail réalisés en différentes parties du monde pour garantir et créer les médiations nécessaires pour apporter sécurité et protéger l’intégrité des mineurs et des adultes vulnérables, ainsi que de la mise en œuvre de la tolérance zéro et des façons de rendre compte de la part de tous ceux qui commettent ou dissimulent ces délits. Nous avons tardé dans l’application de ces mesures et sanctions si nécessaires, mais j’ai la conviction qu’elles aideront à garantir une meilleure politique de la protection pour le présent et l’avenir.

Conjointement à ces efforts, il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. Ainsi saint JeanPaul II se plaisait à dire : « Si nous sommes vraiment repartis de la contemplation du Christ, nous devrons savoir le découvrir surtout dans le visage de ceux auxquels il a voulu lui-même s'identifier » (Lett. ap. Novo Millenio Ineunte, n.49). Apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur, à être là où le Seigneur désire que nous soyons, à convertir notre cœur en sa présence. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront. J’invite tout le saint peuple fidèle de Dieu à l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne, conformément au commandement du Seigneur[1], pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une politique de la protection et du « jamais plus » à tout type et forme d’abus.

Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans

visage, sans corps et, en définitive, sans vie[2]. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Église – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui « annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sousévaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple »[3]. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme.

Il est toujours bon de rappeler que le Seigneur, « dans l’histoire du salut, a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine : Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple » (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.6). Ainsi, le seul chemin que nous ayons pour répondre à ce mal qui a gâché tant de vies est celui d’un devoir qui mobilise chacun et appartient à tous comme peuple de Dieu. Cette conscience de nous sentir membre d’un peuple et d’une histoire commune nous permettra de reconnaitre nos péchés et nos erreurs du passé avec une ouverture pénitentielle susceptible de nous laisser renouveler de l’intérieur. Tout ce qui se fait pour éradiquer la culture de l’abus dans nos communautés sans la participation active de tous les membres de l’Église ne réussira pas à créer les dynamiques nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation. La dimension pénitentielle du jeûne et de la prière nous aidera en tant que peuple de Dieu à nous mettre face au Seigneur et face à nos frères blessés, comme des pécheurs implorant le pardon et la grâce de la honte et de la conversion, et ainsi à élaborer des actions qui produisent des dynamismes en syntonie avec l’Évangile. Car « chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui » (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.11).

Il est essentiel que, comme Église, nous puissions reconnaitre et condamner avec douleur et honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé, mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables et de les protéger. Demandons pardon pour nos propres péchés et pour ceux des autres. La conscience du péché nous aide à reconnaitre les erreurs, les méfaits et les blessures générés dans le passé et nous donne de nous ouvrir et de nous engager davantage pour le présent sur le chemin d’une conversion renouvelée.

En même temps, la pénitence et la prière nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux. Que le jeûne et la prière ouvrent nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées. Que le jeûne nous donne faim et soif de justice et nous pousse à marcher dans la vérité en soutenant toutes les médiations judiciaires qui sont nécessaires. Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience.

De cette façon, nous pourrons rendre transparente la vocation à laquelle nous avons été appelés d’être « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Conc. Oecum. Vat.II, Lumen Gentium, n.1).

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », nous disait saint Paul. Au moyen de la prière et de la pénitence, nous pourrons entrer en syntonie personnelle et communautaire avec cette exhortation afin que grandisse parmi nous le don de la compassion, de la justice, de la prévention et de la réparation. Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Elle ne l’a pas fait de n’importe quelle manière mais bien en se tenant fermement debout et à son coté. Par cette attitude, elle exprime sa façon de se tenir dans la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il nous est bon «de donner plus de temps à la prière » (S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 319), cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Église. Elle, la première disciple, montre à nous tous qui sommes disciples comment nous devons nous comporter face

à la souffrance de l’innocent, sans fuir et sans pusillanimité. Contempler Marie c’est apprendre à découvrir où et comment le disciple du Christ doit se tenir.

Que l’Esprit Saint nous donne la grâce de la conversion et l’onction intérieure pour pouvoir exprimer, devant ces crimes d’abus, notre compassion et notre décision de lutter avec courage.

Du Vatican, le 20 Août 2018.

François

[1] « Mais cette sorte de démons ne se chasse que par la prière et par le jeûne » (Mt 17,21). [2] Cf. Lettre au peuple de Dieu en marche au Chili, 31 Mai 2018. [3]Lettre au Cardinal Marc Ouellet, Président de la Commission Pontificale pour l’Amérique Latine, 19 Mars 2016.

Annexe 3

Partager la souffrance des victimes d’abus et promouvoir une politique de protection

2018/13

À TOUTE LA COMPAGNIE À TOUS CEUX ET CELLES AVEC QUI NOUS SOMMES EN MISSION

Chers Amis, Le Pape François s’est adressé à tout le Peuple de Dieu-à la mission duquel nous collaborons –et l’a invité à partager la souffrance des nombreux mineurs et personnes vulnérables qui sont victimes des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience perpétrés par un nombre significatif de clercs et de personnes consacrées. Parmi les responsables de ces actes se trouvent aussi, nous le reconnaissons avec honte et douleur, des membres de la Compagnie. Datée du 20 août 2018, la lettre du Pape François au Peuple de Dieu confirme le mandat défini par la 36ème Congrégation Générale : continuer à travailler, à tous les niveaux de la Compagnie, de manière cohérente, à la promotion d’une politique qui tend à la protection et à la sauvegarde des mineurs et des adultes en situation de vulnérabilité. En plus de cette confirmation, le Saint Père reconnaît que ce que nous entreprendrons pour demander pardon sera toujours peu, et il nous invite à aller au-delà de ce que nous avons appris ces dernières années, au-delà des politiques de « tolérance zéro », des protocoles définis pour traiter des cas qui se présentent, des efforts de réparation et des programmes de prévention. Il nous invite à regarder vers l’avenir et à approfondir comment nous comprenons les causes de telles blessures, comment nous reconnaissons que, par nos actions et nos omissions, nous y contribuons, comment nous cherchons les moyens de transformer les structures sociales à leur origine. Il nous invite à une conversion personnelle, communautaire et institutionnelle, à une attention à la cohérence de nos vies, et à retenir comme axe d’orientation de nos actions apostoliques l’émergence d’une politique telle qu’elle évite la récurrence, dans l’Église et en-dehors d’elle, de situations d’abus et qu’elle garantisse à tous une vie dans la sécurité. Afin d’ouvrir la voie à des changements profonds et de promouvoir une politique de protection, le Pape prend pour point de départ l’avertissement de

Jésus : cette sorte de démons ne se chasse que par la prière et par le jeûne (Mt 17,21). La confusion, la désillusion et la rage, les sentiments d’impuissance et la désolation spirituelle que la présente situation engendre chez tant de membres du Peuple de Dieu et en tant d’autres personnes de par le monde, requièrent un courageux renouvellement de notre foi. Alors s’ouvrira un espace pour ce qui nous semble aujourd’hui impossible. Il nous faut ici nous inspirer de la sixième règle pour le discernement des esprits de la première semaine des Exercices Spirituels : il est (...) excellent de nous changer nous-mêmes vigoureusement face à cette désolation, par exemple en nous ancrant davantage dans l’oraison, la méditation, l’examen rigoureux et en étendant dans une mesure convenable notre pratique de la pénitence [319]. Engageons-nous dans une telle direction avec les dispositions de la première semaine des Exercices qui, grâce à l’oraison et à la pénitence, nous feront parvenir à la question : que pouvons-nous faire pour le Christ [53], pour son corps à nouveau blessé en tant de victimes d’abus, mineurs et adultes. J’appelle donc toute la Compagnie, ainsi que ceux et celles avec qui nous sommes en mission, à nous situer au sein du Peuple de Dieu qui veut répondre au cri lancé par le Pape François. Notre manière de procéder nous relie au Saint Père de manière spéciale afin de mieux servir l’Église. Pour notre part, apportons tout ce que nous pouvons offrir pour participer à la guérison de cette situation dans l’Église. Le Pape nous le rappelle dans sa lettre : La dimension pénitentielle du jeûne et de la prière nous aidera en tant que peuple de Dieu à nous mettre face au Seigneur et face à nos frères blessés, comme des pécheurs implorant le pardon et la grâce de la honte et de la conversion, et ainsi à élaborer des actions qui produisent des dynamismes en syntonie avec l’Évangile. Soyons ouverts et accueillons avec créativité l’invitation à la prière et à la pénitence qui nous est adressée comme membres du Peuple de Dieu. Que le jeûne et la prière ouvrent nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées. Que le jeûne nous donne faim et soif de justice et nous pousse à marcher dans la vérité en soutenant toutes les médiations judiciaires qui sont nécessaires. Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience. Je demande aux supérieurs majeurs, aux supérieurs de communautés et aux directeurs et directrices d’œuvres apostoliques de développer, dans la diversité des situations et contextes où nous vivons, des initiatives qui inscrivent dans la réalité

un style de prière et de pénitence qui ouvrira les portes de nos cœurs et qui nous fera prendre, de manière créative, des engagements apostoliques pour la promotion d’une politique de protection des mineurs et des personnes vulnérables dans toute la complexité des cas (comme nous l’avait déjà demandé le Père Adolfo Nicolás dans sa lettre du 18 mai 2015).Je les encourage à partager les initiatives et actions qu’ils engagent tant au sein du corps apostolique de la Compagnie que avec d’autres parties du Peuple de Dieu et avec des personnes de bonne volonté qui travaillent à l’éradication d’un tel fléau. Nous apprendrons ainsi les uns des autres et nous rendrons plus effectif le processus de changement culturel auquel nous voulons contribuer. Par l’intercession de Notre Dame de la Route, supplions le Seigneur de faire grandir en nous « douleur et honte » devant les souffrances provoquées par tant d’abus, de nous accompagner afin que nous nous engagions réellement sur un chemin de conversion personnelle et institutionnelle, de nous aider à ne pas faiblir dans nos efforts de promotion d’une culture de vie où tous trouveront protection, justice et conditions de vie dans la dignité.

Fraternellement à vous dans le Christ,

Rome, le 24 Août 2018 (Original: espagnol).

Arturo Sosa, S.J. Supérieur Général

Annexe 4.A

FORMULAIRE DE PRISE DE CONNAISSANCE ET D'ADHÉSION À LA "POLITIQUE DE SAUVEGARDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET DES ADULTES VULNÉRABLES"

Formulaire de prise de connaissance et d’adhésion

POLITIQUE DE SAUVEGARDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET DES ADULTES VULNÉRABLES

J'ai lu, j’ai pris connaissance et j'adhère aux principes et aux procédures de la "POLITIQUE DE SAUVEGARDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET DES ADULTES VULNÉRABLES" du Mouvement Eucharistique des Jeunes (Réseau Mondial de Prière du Pape) exposés dans les documents "Dimension Préventive", "Dimension Procédurale" et "Dimension Formative".

A remplir par le Directeur National ou le Coordinateur National:

Prénom et nom: _____________________________________________________________________

Lieu et date: ________________________________________________________________________

Signature: _________________________________________________________________________

Annexe 4.B

FORMULAIRE DE PRISE DE CONNAISSANCE ET D'ADHÉSION À LA "POLITIQUE DE SAUVEGARDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET DES ADULTES VULNÉRABLES"

Formulaire de prise de connaissance et d’adhésion

POLITIQUE DE SAUVEGARDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET DES ADULTES VULNÉRABLES

J'ai lu, j’ai pris connaissance et j'adhère aux principes et aux procédures de la "POLITIQUE DE SAUVEGARDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET DES ADULTES VULNÉRABLES" du Mouvement Eucharistique des Jeunes (Réseau Mondial de Prière du Pape) exposés dans les documents "Dimension Préventive", "Dimension Procédurale" et "Dimension Formative".

A remplir par le collaborateur:

Prénom et nom: _____________________________________________________________________

Lieu et date: ________________________________________________________________________

Signature: _________________________________________________________________________

Annexe 5

TABLEAU POUR L'ÉLABORATION D’UNE CARTE DES RISQUES20

Date d’établissement initial: _____________________________ Date de la dernière révision: ____________________________

Date Situation de risque Description Lieu Moment Victime Agent Probabilité21 Gravité Objectif Description Situation et date de la mise en œuvre

Situation de risque Mesures de protection

20 Cette annexe est reprise du document : MANUAL SPC: Sistema de Proteçao e cuidado de menores e adultos vulneráveis (Provincia Portuguesa da Companhia de Jesus, 2018; p. 36) 21 Élevée, moyenne ou faible.

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