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À QUEL ÂGE AVAIT-ON DES ENFANTS AU PALÉOLITHIQUE ?

Une étude génomique révèle que l’âge moyen de procréation des hommes et femmes au cours des 250 000 dernières années a progressivement augmenté.

Àquel âge les humains fontils des enfants ? La réponse à cette question n’est pas qu’un simple nombre, c’est une donnée clé qui nous renseigne sur les stratégies de reproduction adoptées par notre espèce et comment celles-ci évoluent en fonction des époques, des cultures et des conditions environnementales. Les généticiens appellent « temps de génération » l’âge moyen de procréation, c’est-à-dire la durée moyenne qui sépare deux générations consécutives au sein de la généalogie d’une population. En 2022, par exemple, l’âge moyen d’accouchement en France est estimé à 31 ans, mais qu’en a-t-il été par le passé ? Certains chercheurs ont

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Âges (en années)

Grâce à la génomique, les chercheurs ont déterminé l’âge de procréation des hommes et des femmes sur 250 000 ans pour définir la durée d’une génération (ligne orange).

parfois fait l’hypothèse de travail que la durée des générations était stable au cours du temps, d’autres se sont appuyés sur des populations de chasseurs-cueilleurs actuels comme référence. Pour obtenir des données plus précises, Richard Wang, de l’université de l’Indiana, aux États-Unis, et ses collègues se sont tournés vers la génomique. Ils ont calculé l’âge moyen de procréation des hommes et des femmes sur les 250 000 dernières années. Pour parvenir à ce tour de force, l’équipe s’est intéressée aux mutations dites de novo. L’ADN d’un enfant hérité de ses parents contient entre 25 et 75 mutations de novo, c’est-à-dire qui apparaissent pour la première fois chez l’enfant. Grâce à cela, il est possible de comparer les parents et leur progéniture et de classer les mutations en différents types. Or, en observant celles-ci chez des milliers d’enfants du programme de séquençage génomique de la population islandaise actuelle, les chercheurs ont remarqué que leur type et leur nombre dépendent de l’âge du père et de la mère au moment de la conception.

Les chercheurs ont ensuite utilisé la base de données du projet 1 000 Génomes pour dater certaines mutations. Enfin, un modèle reprenant l’ensemble de ces observations sur les mutations de novo a estimé les temps de génération des hommes et des femmes à diverses époques de notre histoire évolutive.

Ainsi, ces 250 000 dernières années, l’âge moyen de procréation des humains est estimé à 26,9 ans. Les pères sont systématiquement plus âgés, avec 30,7 ans en moyenne, que les mères qui procréent en moyenne à 23,2 ans. « Cette différence entre les sexes se retrouve à toutes les échelles de temps, explique Patricia Balaresque, chercheuse en biologie et génomique évolutive au CNRS. Cela coïncide avec ce qui est observé chez 99 % des cultures contemporaines. » Cet écart a cependant varié au cours des millénaires.

Toutefois, l’âge parental n’a pas augmenté linéairement au cours du temps. Il était plus élevé, avec 29,8 ans en moyenne, avant le dernier maximum glaciaire qui a eu lieu il y a 21 000 ans. Puis il a rechuté il y a environ 10 000 à 8 000 ans, au Néolithique, avec des modèles de sociétés plus sédentaires. Il remonte depuis environ 5 000 ans, notamment pour les femmes.

Pour Patricia Balaresque, « les variations de l’âge parental détectées aux différentes périodes de temps sont un élément particulièrement intéressant qui mérite d’être approfondi – elles pourraient refléter aussi bien des changements socioculturels qu’environnementaux. Lors de son histoire, l’homme n’a pas cessé d’être confronté à des stress variés – climatiques, microbiens, culturels – et a vu son profil démographique changer au fil du temps, un résultat qui n’est pas sans rappeler les variations démographiques observées dans de nombreux pays à l’heure actuelle.

Cette étude illustre comment le génome peut, grâce à des méthodologies adaptées, nous renseigner sur des informations biologiques intrinsèques telles que l’âge moyen de procréation ; elle nous apporte un bel éclairage sur notre capacité à nous adapter, nous reproduire et transmettre ! ». n

William Rowe-Pirra

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