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Les Bantous dans la forêt des Pygmées
Au cours du premier millénaire avant notre ère, les Bantous ont investi la forêt tropicale humide africaine. Au cours du millénaire suivant, ils ont connu une crise démographique, dont ils se sont libérés se reposant sur les premiers habitants de la forêt : les Pygmées.
Dans l’imaginaire européen, la forêt équatoriale africaine serait vierge et peuplée de fauves et de farouches chasseurs-cueilleurs. En réalité, elle est le siège d’une civilisation singulière, rassemblant deux ethnies : les Pygmées et les Bantous. À l’origine, ces deux populations sortent du même substrat paléolithique panafricain, mais se sont séparées il y a quelque 70 000 ans. Bien plus tard, à partir de 1000 avant notre ère environ, l’Afrique noire dans son ensemble a connu un gigantesque phénomène migratoire : l’expansion bantoue. Le terme désigne une série de migrations commencée à cette époque, qui a progressivement empli l’Afrique de communautés paysannes parlant des langues apparentées ; selon les linguistes, le phénomène est parti du « berceau bantou » en Afrique centrale de l’Ouest (Nigeria oriental, ouest du Cameroun), et s’est poursuivi jusqu’au XVIIIe siècle, quand des Bantous ont atteint l’Afrique du Sud. Résultat : il y a aujourd’hui en Afrique environ 350 millions de locuteurs bantous parlant plus de 500 langues. Or les paysans bantous ont très tôt investi la grande forêt équatoriale africaine, où, à un moment, ils ont interagi avec les Pygmées. Avec le temps, cette interaction a produit les sociétés à composantes bantoues et pygmées que l’on rencontre aujourd’hui encore dans le bassin du Congo. Quand et comment les deux ethnies ont-elles construit leur relation ?
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Enqu Te Sur La For T
L’étude du passé de la forêt d’Afrique centrale ne s’est développée qu’après les Indépendances. Même si cela est peu connu, des découvertes archéologiques suggèrent que la forêt abrite des communautés humaines depuis, vraisemblablement, des centaines de milliers d’années. L’analyse des pollens a révélé comment les paysages y ont changé depuis le dernier maximum glaciaire il y a quelque 18 000 ans avant notre ère. Un climat plus frais et plus sec qu’actuellement a d’abord régné sur l’Afrique centrale, où il a favorisé un paysage en peau de léopard : de grandes étendues de savanes ponctuées par des forêts galeries et des massifs forestiers discontinus se sont établies ; puis, il y a une douzaine de milliers d’années, la période froide qui a suivi le dernier maximum glaciaire s’est terminée. Les savanes ont régressé, et la forêt dense est progressivement revenue, de sorte qu’elle constituait le paysage dominant pendant l’expansion bantoue. Que s’est-il alors passé ?
La mise en évidence de cette partie de l’histoire des peuples forestiers, qu’ils soient
Quand les Bantous (à droite) ont investi la forêt équatoriale africaine, 500 ans avant notre ère, ils sont entrés en contact avec les Pygmées (à gauche), dont les ancêtres vivaient déjà dans la forêt au Paléolithique.
L’ESSENTIEL
> Les Pygmées, qui descendent des chasseurs-cueilleurs paléolithiques, furent les premiers habitants de la forêt d’Afrique centrale.
> Pendant l’âge du Fer, les paysans bantous ont investi cette forêt. Ils y ont développé 1 500 ans durant une société lignagère opulente, qu’à partir du vie siècle de notre ère une vaste crise épidémique a dévastée.
> Plus de trois siècles plus tard, les Bantous ont dépassé la crise en s’appuyant sur les Pygmées, ce qui a abouti à une singulière civilisation forestière biethnique.
Les Auteurs
GEOFFROY DE SAULIEU archéologue à l’Institut de recherche sur le développement (IRD)
PASCAL NLEND NLEND archéologue à l’université de Yaoundé I au Cameroun
RICHARD OSLISLY archéologue à l’IRD (émérite)
Aujourd’hui, il est impossible de mesurer précisément le temps mis par des particules pour se déplacer entre deux points. Cette lacune de la physique quantique est-elle en passe d’être comblée ?