Compte rendu du Midi citoyen européen du 26/11/13
Enjeux et éléments innovants du budget 2014-2020 en présence de l’eurodéputé vert Philippe Lamberts
Le Think tank Pour la Solidarité et le Mouvement Européen-Belgique ont eu le plaisir d’organiser un Midi Citoyen le 26 novembre dernier avec comme principal invité, Philippe Lamberts, député européen, membre de la Commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen. L’Union européenne traverse une crise financière et de l’euro sans précédent, poussant les États membres à prendre des mesures nationales d’austérité. Dans ce contexte, les institutions européennes (le Parlement européen et le Conseil) ont eu beaucoup de mal à se mettre d’accord sur le prochain cadre financier pluriannuel 2014-2020, qui détermine la façon dont seront réparties les ressources allouées dans les sept prochaines années. Le député européen Philippe Lamberts (groupe des Verts/Alliance libre européenne)est venu s’exprimer sur la situation actuelle, répondant notamment à la question de savoir en quoi l’argent dépensé à l’échelle européenne présente une réelle valeur ajoutée et en quoi il permet de lutter contre la crise économique. Le budget, qui permet de mettre en œuvre les lignes conductrices de l'action de l'UE, est fixé pour une période de 7 ans. Mi-novembre, le Parlement européen(PE)a adopté le nouveau budget pluriannuel de l’UE, s’élevant à 908 milliards d’euros. Si cette somme parait énorme, Philippe Lamberts déplore que celle-ci ne représente que 1% de la richesse produite dans l’UE. De ce fait, les Verts se sont prononcés à l’encontre de ce budget qu’ils considèrent comme étant d’austérité et en régression(925,95 milliards d'euros pour 2007-2013).Dès lors, le montant de budget est, selon eux, relativement modeste et avec une influence limitée. D’après l’eurodéputé vert, les libéraux et les socialistes se seraient écrasés lors de ce vote, après avoir milité contre un budget européen moins important que le précédent. Selon Philippe Lamberts, ce que l’on peut espérer d'un budget public, est qu'il fonctionne comme un catalyseur d'investissement privé. Pourtant de ce point de vue, nous observons des reculs, comme par exemple dans la Politique Agricole Commune (PAC), où le 2ème pilier (la politique de développement rural), plus orienté vers l’avenir, est sacrifié au profit du premier, dit «agro-business». L’eurodéputé déplore, d’une manière générale, que les aides ne soient pas suffisamment orientées vers l’avenir. Les Verts auraient espéré des investissements plus importants dans l’innovation et la recherche (le 3èmepilier), qui sont des priorités d’avenir, mais ce pilier a, au contraire, été taillé et le modèle reste inchangé.
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Philippe Lamberts a également mis en avant des problèmes de méthode : Tout d’abord, le budget européen est aujourd’hui alimenté par des contributions nationales. Pourtant, la solution, pour Philippe Lamberts, serait que l’UE ait ses propres ressources et soit une autorité fiscale prélevant des impôts, perçus de manière indépendante des États. Malheureusement, cette idée reste taboue puisque, dans ce cas de figure, le Conseil perdrait son principal levier à l'égard de la Commission européenne et de la dynamique européenne. Ensuite, un élément de nature anti-démocratique est critiqué. C’est en effet le Parlement européen actuel, en fin de législature, qui a prédéterminé le volume et la structure du budget des années à venir. Lesfuturs eurodéputés élus en 2014 n’ont, de ce fait, rien à dire sur le futur budget européen. Le cadre politique d’aujourd'hui est fixé dans la ligne de la pensée unique néolibérale de ces trente dernières années. On estime que l'Europe a un problème de croissance et que, pour l’augmenter, il faut réduire la dette publique, redevenir compétitif en coupant dans les salaires et la protection sociale, abattre les barrières non tarifaires au commerce, etc. Ces recettes sont supportées par un spectre politique assez large qui se traduit en politiques d’austérité. Cela consisterait à faire payer la crise aux pauvres et aux classes les plus fragiles de la société. D’après Philippe Lamberts, lorsque l’on parle d’augmenter la compétitivité, on fait référence à la diminution du coût du travail, comprenant la rémunération et le coût de la protection sociale. Pourtant, la compétitivité est aussi représentée par le coût de l’énergie, des matières premières et du capital (rémunération des actionnaires). Ces choix faits par l’UE confirment donc la vision néolibérale dans laquelle elle s'inscrit. D’après Philippe Lamberts, il ne serait pas possible de réaliser l'Europe sans qu'elle soit une «Transferunion», comme disent les Allemands. L’Union Économique et Monétaire (UEM) ne pourrait pas tenir sans permettre de transferts financiers entre les États membres. Enfin, l’eurodéputé a souligné la modeste mobilisation de la société civile auprès du PE. Cette situation permettrait trop souvent aux parlementaires de faire ce qu'ils désirent. Le rapport de force entre les intérêts établis (multinationales par exemple) et la société serait, d’après lui, défavorable à cette dernière. Afin de mobiliser la société civile, il serait par exemple judicieux d’organiser des rencontres telles que celles d’aujourd’hui dans toutes les provinces européennes.
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Pour conclure, Philippe Lamberts a présenté diverses causes possibles à la « piètre » performance des Verts :
Il existe un risque de normalisation, c’est-à-dire qu’en faisant partie des institutions, les partis politiques oublient l'ambition de transformation radicale nécessaire. Le risque est alors de se contenter de petits pas en avant. La normalisation se fait également en termes de fonctionnement.
Le profil sociologique des Verts peut les mener à tenir un discours mettant davantage l'accent sur l'écologique que sur le socio-économique, préoccupation centrale des citoyens européens.
Le fait de proposer des solutions, non pour le cœur du problème, mais pour sa «périphérie» peut également poser problème.
Le mal endémique de beaucoup de partis verts est l’existence d’une logique groupusculaire et de compétition. C’est l’idée que les Verts d'ici ne sont pas les Verts d'à côté. En Espagne par exemple, les Verts de Séville ne sont pas les Verts de Cordoue.
Une vision catastrophe est le point de départ de la démarche écologique, mais si les Verts ne sont pas perçus comme porteurs d'un chemin de transformation dont les premiers pas sont crédibles, alors cela ne fonctionnera pas. Aujourd’hui, les partis écologistes ont encore des difficultés à faire l'articulation entre ce discours alarmiste et les solutions.
Ce compte rendu a été rédigé sous l’unique responsabilité de Pour la Solidarité et n’engage pas Philippe Lamberts.
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