Etat des lieux des médinas-REMAM

Page 1

Réseau Marocain des

Anciennes Médinas État des lieux des médinas des villes membres


Le REMAM encourage le respect de l’environnement, le présent document est imprimé sur du papier recyclé


Sommaire Abréviations, sigles et acronymes........................................................................................................................... 04 Cartes, graphes et tableaux........................................................................................................................................ 05 Introduction.......................................................................................................................................................................... 06 1- Présentation du REMAM : Une plate-forme de partage autour des pratiques de réhabilitation des médinas...................07 2- Les médinas du Maroc : Potentialités, défis et caractéristiques socio-démographiques..........................................................08 3. Les médinas membres du REMAM : Enjeux et dynamiques socio-démographiques...............................................................................................13 4. Présentation des villes membres : Pratiques et modalités de réhabilitation de leur médina........................................................................19 Membres ressources....................................................................................................................................................... 52

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

3


Abréviations, sigles et acronymes

4

ADER¸

Agence de Développement et de réhabilitation de la médina de Fés

COMUN¸

Coopération Municipale - Gouvernance locale et participative au Maghreb -

DFCAT¸

Direction de la Formation des Cadres Administratifs et Techniques

DGCL¸

Direction Générale des Collectivités Locales

HCP¸

Haut Commissariat au Plan

HMR¸

Habitations Menaçant Ruine

REMAM,

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

RGPH¸

Recensement Général de la Population et l’Habitat

PA,

Plan d’Aménagement

PAS¸

Plan d’Aménagement et de Sauvegarde

PCD¸

Plan Communal de Développement

PNUD¸

Projet des Nations unies pour le Développement

UNESCO¸

Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Cartes, graphes et tableaux Cartes • Répartition géographique des médinas sur le territoire national...................................................................................................................................09 • Localisation géographique des médinas membres...................................................................................................................................................................13

Graphes • • • • • • • • • • • •

Part de la population médinoise par rapport à la population urbaine au Maroc................................................................................................10 Répartition de la population dans les principales médinas au Maroc........................................................................................................................10 Taux d’équipements des habitations au niveau des médinas............................................................................................................................................11 Part des modes d’occupation dans les médinas........................................................................................................................................................................12 Répartition de la population des neuf médinas membres...................................................................................................................................................13 Populations des neuf médinas membres.........................................................................................................................................................................................14 Évolution de la population des médinas membre durant les trois dernières décennies................................................................................14 Taux de variation des populations dans les médinas membres durant la période 1982-1994 et 1994-2004..................................15 Proportion des populations locataires dans les médinas membres.............................................................................................................................15 Part des ménages vivant en cohabitation (de 2 ménages et plus) dans les médinas membres..............................................................16 Taux d’occupation des ménages dans les médinas membres...........................................................................................................................................16 Pourcentage de logements sommaires dans les médinas membres............................................................................................................................16

Tableaux • • • • • • • • • • •

Part de la population des médinas par rapport à la population de l’agglomération dans les villes membres..............................14 Tableau synthétique des principaux indicateurs sur la population et les constructions dans les médinas membres...............18 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Rabat......................................................................................22 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Salé.........................................................................................26 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tétouan..................................................................................29 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Chefchaouen......................................................................33 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tiznit.......................................................................................37 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Fès...........................................................................................39 Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina d’Essaouira................................................................................44 Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Meknès................................................................................................................................47 Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Casablanca.......................................................................................................................51

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

5


Introduction Promouvoir une culture de benchmarking entre les villes membres du REMAM Dans le cadre de sa stratégie de capitalisation des pratiques conduites par ses villes membres en matière de réhabilitation des anciennes médinas, le Réseau Marocain des Anciennes Médinas (REMAM) compte élaborer une série de documents de vulgarisation qui mettent à profit leurs expériences en la diffusant à grande échelle auprès de l’ensemble des villes historiques du Royaume. Les échanges établis lors des rencontres et activités organisées par le REMAM, depuis son lancement en 2012, ont révélé la diversité et l’originalité des expériences conduites par certaines de ses villes membres qui parviennent à mettre en place des pratiques innovantes malgré les contraintes juridiques et techniques rencontrées dans ce domaine. Des pratiques pertinentes qu’il faudra absolument restituer, capitaliser et dont il faudra faire profiter l’ensemble des villes et des collectivités locales dotées de médinas. Le présent document s’inscrit parfaitement dans cette optique en mettant en lumière les défis et les pratiques de gestion des villes historiques. Il s’agit d’un catalogue de présentation du REMAM et de ses membres qui est le premier document d’une série de publications futures touchant différents thèmes de la réhabilitation des anciennes médinas. Outre la présentation des neuf villes membres du réseau, ce document comporte un ensemble d’indicateurs statistiques sur les caractéristiques démographiques, sociales et physiques de leur médina. Inscrits dans le cadre d’une démarche de benchmarking interne, ces indicateurs permettent, au-delà de la mise en lumière des caractéristiques communes des villes membres, d’identifier les défis et les enjeux de la gestion de leur cité historique qui peuvent faire l’objet d’échanges lors des sessions thématiques. Mais au-delà de ces indicateurs statistiques, le document présente également les modalités de gestion et de gouvernance des médinas par les villes membres, les principaux programmes mis en œuvre ainsi que quelques-unes des bonnes pratiques qu’elles ont conduites à ce sujet. Même si ce catalogue cible en premier les villes du REMAM afin de consolider la culture d’échange et de partage entre ses membres, cela n’exclut pas le fait qu’il puisse être utilisé par d’autres villes dotées de médinas ou même par des administrations ou organismes nationaux concernés par la gestion des espaces historiques. C’est dans cette même perspective que ce catalogue est appelé à être actualisé périodiquement par la mise à jour des données statistiques des villes membres, mais aussi par l’intégration de nouvelles villes au sein du REMAM. L’une des principales difficultés rencontrées pour réaliser ce catalogue concerne la disponibilité de données actualisées sur les médinas. Dans ce sens, il faut souligner, au-delà du manque frappant de données mises à jour sur les tissus historiques, la multiplicité des intervenants impliqués dans la gestion de ces espaces historiques qui implique une pluralité de sources d’information. Cela a exigé, pour sa réalisation, un travail de vérification et d’harmonisation des données, au niveau de chaque ville membre. Une bonne partie des données présentées dans le document a été recueillie à partir du dernier Recensement Général de la population et l’Habitat (RGPH) de 20041 qui comporte un volet spécifique sur la situation démographique des médinas. Le dernier RGPH de 2014 va certainement apporter de nouvelles informations sur la situation de ces espaces historiques qu’il faudra intégrer dans une édition actualisée.

1- D ont les résultats viennent d’être publiés mais qui ne comportent pas dans sa version préliminaire les données démographiques sur les médinas du Royaume.

6

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


1- Présentation du REMAM : Une plate-forme de partage autour des pratiques de réhabilitation des médinas C’est en mai 2012 que le Réseau Marocain des Anciennes Médinas a été lancé, suite à une initiative du programme CoMun, en collaboration avec la Direction Générale des Collectivités locales (DGCL). Sa création s’inscrit dans le cadre d’une prise de conscience grandissante à l’échelle nationale quant à la nécessité de préserver et de mettre en valeur un patrimoine historique en situation de délabrement. Les collectivités locales, parmi d’autres acteurs institutionnels et associatifs, affichent de plus en plus un intérêt particulier pour la mise en valeur de leur patrimoine culturel, en conformité avec les nouvelles dispositions de la charte communale de 2009. C’est pour répondre à leurs préoccupations à ce sujet que le REMAM a été mis en place en tant que plate-forme d’échange et de partage de leurs expériences et leurs pratiques dans ce domaine. Fruit de l’adhésion d’un noyau initial de neuf villes historiques2, ce réseau a pour missions de consolider une culture d’échange et de partage entre ses villes membres et de renforcer les capacités techniques et opérationnelles de leurs représentants, tant politiques que techniques, quant à la gestion et la revalorisation de ces cités historiques. Son concept de base repose sur cette idée de partage qui se matérialise dans l’organisation de sessions thématiques regroupant les villes membres autour de sujets d’intérêt commun. Ce sont des réunions de dialogue et d’échange dans lesquelles les villes membres, en présence d’autres acteurs associatifs, professionnels et scientifiques, discutent et débattent autour d’une thématique de la réhabilitation des médinas afin de faire ressortir les défis communs et de mettre en exergue les bonnes pratiques pouvant être capitalisées et transférées à grande échelle. À ces sessions d’échange organisées de façon alternée par les villes membres, s’associent tout un ensemble d’outils et d’instruments de renforcement des capacités des membres qui prennent la forme de formations techniques, d’expertises, de voyages d’études, de séminaires scientifiques, etc. Ainsi, et deux ans et demi après son lancement, le REMAM a organisé huit rencontres thématiques portant sur différents sujets touchant à la réhabilitation des anciennes médinas.

Pour une synergie et coopération des villes autour de la réhabilitation des médinas Le Réseau Marocain des Anciennes Médinas (REMAM) a été créé afin d’accompagner les collectivités locales dotées de médinas dans leurs divers programmes et stratégies de revalorisation de ces tissus. Il leur offre une plate-forme de dialogue et d’échange au sein de laquelle elles peuvent collaborer et partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques dans ce domaine. Dans le temps, REMAM pourra devenir un interlocuteur unique et privilégié pour les organismes nationaux et internationaux concernés par la réhabilitation des tissus historiques. Précisément, les objectifs assignés à ce réseau, se présentent comme suit : - Promotion de la culture d’échange et de coopération entre les villes dotées de médinas au Maroc et à l’étranger ; - Renforcement des capacités des villes membres dans la mise en œuvre des projets et programmes de réhabilitation ; -P romotion des dynamiques de synergie et coopération entre les acteurs locaux, centraux et de la société civile pour une meilleure gouvernance des anciennes médinas ; - Soutien du lobbying auprès des organismes nationaux et internationaux concernés par le thème.

2- I l s’agit d’un noyau dur initial composé de 9 médinas qui va être élargi de façon progressive. Il est composé des villes suivantes : Meknès, Salé, Rabat, Fès, Tétouan, Casablanca, Chefchaouen, Essaouira et Tiznit. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

7


2- Les médinas du Maroc : Potentialités, défis et caractéristiques sociodémographiques A. Des espaces aux multiples atouts confrontés à des défis divers Le Maroc, pays ayant une histoire riche et séculaire, est connu par la diversité et l’originalité de son patrimoine culturel. Ksours, Kasbahs, vestiges archéologiques, médinas, cités coloniales, monuments et édifices historiques, etc, autant de legs historiques qui subsistent encore aujourd’hui, malgré l’usure du temps, et qui sont des joyaux architecturaux qu’il faudra préserver et valoriser. Parmi ces biens patrimoniaux, les médinas occupent une place particulière dans la mesure où elles constituent encore des espaces occupés qui ne cessent de séduire les visiteurs tant nationaux qu’internationaux. Aujourd’hui, le Royaume compte une trentaine de cités réparties sur différentes zones du territoire national. Elles recèlent chacune des richesses sociales et culturelles spécifiques au point que sept d’entre elles sont déjà inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial3. Par leur morphologie urbaine atypique et leur ambiance sociale et culturelle spécifique, ces cités représentent encore des lieux «exceptionnels» qui résistent peu ou prou aux dynamiques d’urbanisation galopante à l’œuvre dans les espaces urbains. Elles conservent encore, dans un contexte généralisé de globalisation des territoires, un ensemble de spécificités et de pratiques sociales et culturelles héritées du passé qui font leur charme et originalité. Elles sont également des lieux de concentration d’une activité artisanale importante qui occupe une masse importante de main d’œuvre et qui figure parmi les leviers du tourisme national. Enfin leur localisation spatiale au cœur des villes en fait des espaces propices pour la mise en place de véritables projets de requalification urbaine permettant d’impulser de nouvelles dynamiques de changement dans les espaces urbains. Bref ces cités recèlent autant d’atouts et de richesses4 qu’il faudra absolument valoriser et promouvoir dans le cadre de véritables stratégies de réhabilitation. C’est dans cette perspective qu’un ensemble d’actions et d’opérations de mise en valeur des médinas ont été entreprises par les pouvoirs publics depuis la fin des années 70 afin de faire face au processus de marginalisation auquel elles sont confrontées. C’est au cours des années 1970, à la suite de la sonnette d’alarme tirée par les organismes internationaux (UNESCO) sur la situation déplorable dans laquelle se trouvaient la majorité de ses tissus historiques (particulièrement la médina de Fès) qu’un ensemble de départements ministériels (Culture, Intérieur, Habitat et Urbanisme, Tourisme, etc) se sont mobilisés pour initier une série d’actions d’ordre physique, social et institutionnel permettant de pallier le processus de détérioration de ces médinas. Restauration des murailles et des monuments historiques, réhabilitation des équipements et des infrastructures de base, mise à niveau urbanistique et paysagère des médinas, lancement des documents spécifiques dédiés à l’aménagement et sauvegarde de ces tissus (plans d’aménagement et de sauvegarde), traitement des constructions menaçant ruine, aménagement de circuits touristiques, promotion de l’activité artisanale, autant d’actions qui ont été entreprises pour la promotion de l’image et de l’attractivité de ces lieux historiques. Les diagnostics, les études techniques, les opérations de restauration et les textes réglementaires se multiplient depuis la fin des années 80, révélant la prise de conscience croissante des pouvoirs publics quant à la situation déplorable des médinas et la nécessité de les inscrire dans un processus de réhabilitation. Cela s’est traduit notamment par l’élaboration en 2008 d’une stratégie nationale de réhabilitation des médinas initiée par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, avec le concours de la Banque Mondiale. Cette stratégie, à défaut d’une synergie interministérielle et d’un portage institutionnel clair, n’a pas été mise en œuvre. Certes l’ensemble de ces actions sur les médinas conduites à des échelles différentes ont permis d’insuffler des dynamiques nouvelles à un ensemble de villes historiques (Fès, Tétouan, Marrakech, Essaouira, Casablanca, etc.), mais sans pour autant parvenir à infléchir les tendances de délabrement qu’elles connaissent.

3- F ès, Marrakech, Meknès, Tétouan, Essaouira, Rabat, la kasbah d’Aït Ben Haddou, la cité portugaise de Mazagan (El Jadida), sont classées sur la liste du Patrimoine Mondial de l’humanité. 4- Les tissus anciens constituent une part importante de l’identité culturelle du Royaume du Maroc et du développement touristique ; ils représentent environ 10% du patrimoine immobilier et abritent à peu près cinq millions d’habitants et des dizaines de milliers d’unités d’activité.

8

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Les résultats du dernier RGPH sur la situation socio-économiques de ces médinas le révèlent parfaitement. Ils montrent la situation inquiétante dans laquelle se trouvent la plupart de ces médinas qui forment, le plus souvent des quartiers délabrés et sous-équipés souffrant d’un ensemble de dysfonctionnements urbains. Ces tissus historiques sont confrontés à un processus de dépeuplement marqué par un départ croissant d’une partie de leurs habitants d’origine et l’arrivée de couches sociales défavorisées qui vont contribuer au processus de paupérisation de ces tissus. Cela se traduit par un parc immobilier mal entretenu et en partie menaçant ruine. Le sous-équipement observé dans ces tissus, la faiblesse de leur base économique, leur faible insertion viaire et urbanistique avec le territoire urbain représentent des contraintes réelles à leur développement urbain. Il semble que l’absence d’un dispositif institutionnel et financier dédié à la réhabilitation de ces cités historiques conjugué à l’absence d’un cadre juridique et normatif régissant l’intervention dans ces espaces est un frein majeur qui entrave sérieusement tout processus de leur revalorisation urbaine. La réhabilitation des médinas requiert ainsi la mise en place d’une véritable stratégie nationale mobilisant toutes les forces vives nationales (institutionnelles, professionnelles et associatives) et permettant d’asseoir fondements juridiques et opérationnels pour leur préservation. L’élaboration d’une telle stratégie doit reposer par ailleurs sur la réalisation d’un diagnostic actualisé et prospectif de la situation des médinas et de leur fonctionnement, permettant de bien délimiter les enjeux et les pistes de changements à explorer pour leur réhabilitation. Or faut-il souligner à ce propos l’absence frappante de travaux et d’études actualisés dressant un état des lieux périodique sur les médinas et leur situation démographique et socio-économique. L’étude statistique réalisée5 en 2008 par le Haut Commissariat au Plan (HCP) au sujet des médinas, la suite du RGPH de 2004, représente la seule source officielle où l’on peut déceler de façon globale les dynamiques sociales et spatiales que connaissent ces tissus historiques. C’est justement sur la base des données statistiques de cette réflexion que ce document a été élaboré, en attendant leur actualisation dans le cadre du nouveau recensement de 2014. Les développements qui suivent ambitionnent d’apporter un éclairage sur la situation des médinas au Maroc. Ils passent en revue quelques indicateurs sur leur profil démographique et socio-économique et l’état de leurs constructions. Le but étant de dresser un portrait global de ces cités historiques afin d’identifier les caractéristiques et les problématiques communes pouvant faire l’objet de thèmes d’échange et de partage entre les différents acteurs concernés par leur gestion et réhabilitation. Il s’en suivra un focus particulier sur la situation socio démographique des neuf médinas constituant le noyau dur initial du REMAM.

B. Les médinas au Maroc : Caractéristiques socio-démographiques de tissus en forte précarité

Répartition géographique des médinas sur le territoire national Tanger

En l’absence d’une définition communément partagée et officiellement retenue6 sur cette notion de «médina» au Maroc, le nombre exact de ces cités présentes sur le territoire national reste sujet à des controverses entre les différentes entités administratives et scientifiques concernées par le sujet. La définition retenue par le Haut Commissariat au Plan en 2008 à la suite d’une étude statistique et géographique portant sur la situation de ces tissus au Maroc, selon laquelle la médina se définit «comme tout ensemble de quartiers citadins, d’origine précoloniale et initialement entouré de murailles7» a permis de recenser 31 médinas à l’échelle nationale. Il s’agit d’une diversité de villes historiques d’importances démographiques contrastées, réparties de façon équilibrée et homogène sur le territoire national et présentant des caractéristiques culturelles, sociales et géographiques diverses (cf. carte).

Chefchaouen Ouezzane

Ksar El Kebir

My Driss Zerhoune

Salé Rabat Casablanca

- Le profil démographique des médinas : Caractéristiques et tendances d’évolution

Tétouan

Assilah Larache

Azemmour El Jadida Bejaad Safi

Debdou

Meknès Sefrou Khenifra Kasbat Tadla

Béni Mellal Essaouira

Oujda

Taza Fès

Demnate

Figuig

Marrakech

Taroudant Tiznit

Nombre d'habitants Moins de 10 000 10 000 à moins de 25 000 25 000 à moins de 50 000 50 000 à moins de 100 000 100 000 et plus

Source : Cahiers du Plan n°20, 2008

5- P ubliée dans les cahiers du Plan n°20, publications du HCP, 2008, consultable sur son site web. 6- «Aucune définition de la médina n’est fournie officiellement» souligne-t-on en introduction des cahiers du Plan consacré au sujet de la médina, in Cahiers du plan, op.cit, p.5. 7- Idem, p. 5. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

9


Par ailleurs et devant le manque de travaux dressant de façon actualisée la situation démographique des médinas au Maroc8, le recensement RGPH 2004 comportant un volet sur la situation des médinas au Maroc a permis de brosser un tableau complet et détaillé de ces espaces. Les résultats mis en exergue dans le cadre de ce recensement s’inscrivent dans la continuité des travaux réalisés dans la même optique à la suite des RGPH de 1994, ce qui permettra de faire ressortir les tendances et les dynamiques de changement intervenus dans ces tissus sur une période de deux décennies.

Part de la population médinoise par rapport à la population urbaine au Maroc 5%

D’après le recensement de 2004, il existe 31 médinas au Maroc, abritant environ 738 000 habitants, soit 2,5 % de la population nationale et 4,5% de la population urbaine. Répartition de la population dans les principales médinas au Maroc 16% 47%

25%

Fès

6%

6%

Marrakech Casablanca Meknès Le reste des médinas

Source : RGPH 2004

Ce dernier chiffre 95% montre comment ces tissus historiques, Population urbaine qui concentraient au Population des médinas Source : RGPH 2004 début du siècle la majeure partie de la population citadine au Maroc, ne forment aujourd’hui que de simples quartiers disséminés dans la large étendue des villes en expansion rapide. À titre d’illustration, la population médinoise de Casablanca ne représentait en 2004 que moins de 2% de sa population totale alors qu’elle formait plus de 50% dans les années 1960. Les résultats du recensement de 2004 révèlent également une répartition déséquilibrée de ces populations à l’échelle des médinas. Ainsi une douzaine de ces tissus seulement concentre 4/5 de la population médinoise avec une grande concentration dans les villes de Marrakech, Fès, Casablanca et Meknès lesquelles abritent à elles seules plus de 50% de cette population. Cela montre l’ampleur des enjeux et les défis de la planification et gestion urbaine qui pèsent sur ces grandes villes historiques du Royaume. De l’analyse des résultats du recensement de 2004 en comparaison avec ceux de 1994 ressort un ensemble de dynamiques à l’œuvre dans la plupart des médinas.

C. Tendances croissantes de dépeuplement associées à de fortes densités spatiales Si les médinas ont connu depuis l’indépendance un processus croissant de densification, particulièrement suite à un afflux considérable de populations rurales en quête de logements aux loyers accessibles9, elles vont connaître paradoxalement des dynamiques de dépeuplement suite à une chute relative de la fécondité et surtout au départ d’une partie de leurs populations de souche10 vers les quartiers extra-muros. Les résultats des trois derniers recensements le confirment parfaitement en révélant un taux d’accroissement annuel négatif qui était de – 1,3 % entre 1982 et 1994 et de – 2% entre 1994 et 2004. Ces tendances de dépeuplement connaissent des proportions différenciées en fonction des médinas. Elles sont plus accentuées dans les grandes villes où l’on enregistre des niveaux avancés de délabrement des tissus historiques. Ainsi les villes de Meknès, Casablanca et de Salé ont enregistré les niveaux les plus élevés de dépeuplement qui avoisinent un taux d’accroissement négatif moyen de - 3%. C’est particulièrement au niveau de la médina de Meknès que nous avons pu observer la baisse la plus importante de population, en raison de la chute de son attractivité et de l’extension considérable qu’a connu la ville durant les deux dernières décennies. Ces tendances de diminution, si elles continuent sur le même rythme, laissent présager une baisse nette de plus de 300 000 habitants d’ici 2030 et donc une forte diminution, voire une quasi-disparition de la population médinoise au Maroc.

8- L es études sur les médinas au Maroc restent fragmentaires touchant de façon ponctuelle quelques villes historiques à l’occasion de réalisation des documents de planification urbaine. On soulignera ici la réflexion stratégique qui a été conduite par la Banque Mondiale sur les médinas au Maroc en 2009 et dont les données ont été puisées des recensements de population et de l’habitat réalisés par le HCP. 9- En 2001, la proportion des chefs de ménage médinois issus de l’exode rural était de 33,7%. 10- Le processus de migration des populations de souche de la médina a démarré avec l’arrivée du protectorat français et la création de cités coloniales qui ont attiré quelques franges des catégories aisées résidentes dans la médina. Il a concerné par la suite la communauté juive au cours des années 50 pour connaitre des proportions plus importantes à partir des années 80.

10

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Par ailleurs, cette dynamique de dépeuplement a concerné particulièrement les catégories sociales moyennes et aisées qui quittent ces tissus historiques pour s’installer dans les nouveaux quartiers. De tels déplacements entrainent progressivement les médinas vers une situation d’abandon marquée en outre par l’entassement de ménages démunis qui se concentrent particulièrement dans des quartiers délabrés comme les Mellahs. Au dépeuplement général observé dans la plupart des médinas s’oppose de façon paradoxale des dynamiques de densification touchant leurs quartiers les plus délabrés qui vont connaitre des situations d’entassement des populations dans des logements en cohabitation. Ainsi d’après le RGPH de 2004, la densité moyenne dans l’ensemble des médinas avoisinait une moyenne de 1,8 personne par pièce contre 1,7 au niveau du reste des villes du Royaume. Plus de 60% de ménages médinois vivent dans moins de deux pièces contre 40% en ville. Les médinas de Casablanca et Fès figurent en tête des tissus les plus denses avec des taux de l’ordre de 2,1 et 1,9 personne par pièce. L’autre indicateur de la densification des médinas concerne le taux de cohabitation des ménages par logement (densité par logement) qui reste très élevé si on la compare avec la moyenne nationale observée dans les villes. De manière générale, la plupart des médinas connaissent les niveaux les plus élevés de densité en raison du taux de cohabitation important. Ces densités atteignent des taux impressionnants dans les fondouks et les Mellahs où l’on note la présence d’habitations menaçant ruine.

D. Des tendances de paupérisation et de marginalisation sociale Le départ progressif des catégories sociales moyennes et aisées des médinas qui a été observé depuis le début du siècle, associé à l’afflux massif de contingents de ruraux, a entraîné ces tissus dans un processus inquiétant de paupérisation et de marginalisation sociale. Cela explique pourquoi les populations médinoises représentent, aux côtés des habitants des quartiers insalubres, les couches les plus pauvres parmi la population urbaine du Maroc. Le taux de pauvreté qui y est enregistré en 2001, par l’enquête de consommation, avoisine 12% contre 10,4% pour la population urbaine à l’échelle nationale. Cette situation est plus alarmante dans les médinas situées dans les grandes villes du Royaume (Fès, Meknès, Casablanca) et particulièrement dans leurs quartiers les plus délabrés. Le taux élevé d’analphabétisme de leur population qui dépasse 53%, la prédominance d’une population locataire (plus de 60%) avec les loyers les plus faibles à l’échelle nationale, le niveau élevé de densité (60% des ménages des médinas vivent dans des logements de 1 à 2 pièces) représentent autant d’indicateurs sociaux et spatiaux révélateurs de la forte précarité sociale de ces tissus historiques. Malgré le fait qu’elles abritent une population active assez importante (dont le poids (45%) dépasse sensiblement celui enregistré dans le reste des espaces urbains (42%)), les médinas continuent à enregistrer des taux élevés de chômage comme le révèle le recensement de 2004. Ce taux, qui se situe aux alentours de 9% contre 8% enregistré dans le reste des espaces urbains, touche particulièrement les populations juvéniles et féminines. De même, les actifs occupés au niveau des médinas restent dominés par les catégories socioprofessionnelles dans lesquelles la proportion des petits métiers ouvriers et des artisans dépasse les 45 % contre 6% pour les cadres moyens et supérieurs. Ces différentes indications justifient pourquoi une bonne partie de ces médinas ont été inscrites dans les cartes de pauvreté élaborées dans le cadre de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH).

E. Un sous-équipement considérable des bâtisses

Taux d’équipements des habitations au niveau des médinas 100%

99,10%

97,10% 90,90%

Les médinas connaissent également un niveau de sous-équipement très élevé en comparaison avec le reste des quartiers urbains. L’accès aux divers services urbains et aux commodités domestiques, bien qu’il ait connu une évolution notable par rapport aux années 80 et 90, n’est pas encore à la portée de l’ensemble des populations médinoises. Ainsi, le taux de raccordement aux réseaux publics ne dépasse pas 91% pour l’eau potable. Il est d’environ 97% pour l’électricité et 92% pour l’assainissement. Ces taux cachent toutefois des inégalités considérables entre les différentes médinas. Par exemple, on enregistre de faibles taux de raccordement à ces réseaux dans des tissus tels que Séfrou et Safi (respectivement 48% et 54% pour le branchement aux réseaux d’eau potable).

80%

60%

40% 27,60%

20%

0%

Cuisine

Salle de bains

Eau potable

Électricité Source : RGPH 2004

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

11


Au niveau du confort domestique, il est à noter que 99% des ménages disposent d’une cuisine et seulement 27% des maisons disposent de salles de bain. La prédominance du mode associatif pour le branchement à ces différents réseaux est intéressante à relever. Une part non marginale des populations médinoises (à faibles revenus et au statut de locataires) y accède en association avec d’autres ménages. Le même constat peut être soulevé pour l’utilisation partagée des toilettes. Enfin en l’absence d’études pointues sur le niveau de couverture de ces tissus historiques en matière d’équipements sociocollectifs, il est clair qu’au regard de leur densité spatiale, de la particularité de leurs statuts fonciers et de la spécificité de leur morphologie urbaine, ils souffrent d’une carence considérable en équipements de base.

F. Un délabrement avancé des constructions La précarité sociale et économique d’une frange considérable de la population des médinas se reflète de façon manifeste dans l’état physique des bâtisses. Ces constructions présentent, au vu de leur vétusté mais aussi de la situation socio-économique de leurs occupants, des niveaux de délabrement très avancés en comparaison avec les constructions dans les autres quartiers urbains. Ainsi, d’après les résultats de 2004, un peu moins de 12 000 ménages occupent des logements sommaires et insalubres, soit environ 7% de la population totale des médinas. Ces constructions dites sommaires (constituées de bidonvilles, taudis, fondouks) représentent à leur tour 6% du parc logement de ces tissus historiques et abritent un nombre considérable des constructions menaçant ruine. En plus de ces logements sommaires, les dynamiques de délabrement touchent également les autres types de constructions, comme le montre l’enquête logement réalisée par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme en 2001 qui a révélé que plus de 50% des constructions sont dégradées et 10% menacent ruine. Plusieurs facteurs sont à l’origine de la détérioration physique des constructions des médinas. Il faut d’abord noter l’ancienneté du parc logement, dont 60 % des constructions ont 50 ans et plus et 30% plus de 100 ans. Ensuite le taux de location y reste très élevé en comparaison avec le reste des quartiers urbains : 47% contre 26% à l’échelle nationale. La densité par logement y est également très forte : Environ 60% des populations médinoises occupent des logements d’une à deux pièces contre 40% dans le reste des villes.

Part des modes d’occupation dans les médinas 6%

4%

42,3%

De même, 13% de cette population vivent en cohabitation dans un même logement dont 3% cohabitent dans des logements abritant 4 ménages et plus. Ce survol succinct sur la situation socio-économique des médinas à la lumière des résultats du RGPH de 2004 a fait ressortir les nombreux défis auxquels elles sont confrontées et qui pèsent énormément sur leur devenir. Les tendances de dépeuplement observées depuis les trois dernières décennies constituent particulièrement un enjeu majeur si elles continuent à évoluer suivant le même rythme. Cela rend plus que nécessaire la mise en place de stratégies de renforcement d’attractivité de ces espaces pour maintenir leur population qui constituent l’âme et l’essence de ces tissus historiques.

47,7%

Autres Locataires Propriétaires Logés gratuitement

Source : RGPH 2004

Le chapitre qui va suivre établira un focus approfondi sur les neuf médinas fondatrices du REMAM. Il mettra en exergue de façon détaillée et comparative les caractéristiques démographiques et socio-économiques de ces médinas, ainsi que leurs dynamiques de changement. L’objectif étant de faire ressortir les points communs mais aussi les points de divergence entre les villes membres du REMAM et dégager les enjeux qui pourraient constituer prochainement des sujets d’échanges et de partage lors des sessions thématiques du réseau.

12

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


3. Les médinas membres du REMAM : Enjeux et dynamiques sociodémographiques C’est en mai 2012 que le REMAM a été lancé grâce à l’intérêt et l’engagement exprimés par neuf Communes dotées de médinas qui ont souhaité mettre en place une plate-forme d’échange et de partage de leurs pratiques et expériences en matière de réhabilitation urbaine. Il s’agit de neuf médinas distinctes qui constituent le noyau initial d’un réseau pionnier appelé à être élargi progressivement au fil des années. Le choix de ces médinas a été dicté, au-delà de l’intérêt manifesté par les villes fondatrices du REMAM, par un souci de diversification qui prend en considération un ensemble de critères liés à la taille démographique de la médina, son emplacement géographique, son classement sur la liste du patrimoine, sa spécificité socioculturelle, son mode de gestion, etc. La carte ci-contre montre bien la répartition assez équilibrée des médinas membres du REMAM sur le territoire national. Toutefois cette volonté de diversification des médinas membres du REMAM ne signifie en aucun cas la représentativité de ce noyau tant les caractéristiques des 31 médinas du Maroc sont hétérogènes. C’est pour cette raison que l’élargissement du réseau par l’intégration des autres médinas est indispensable pour mettre en exergue les différentes spécificités socioculturelles mais aussi les défis et problématiques de gestion de l’ensemble des tissus historiques. Répartition de la population des neuf médinas membres 5%

4%

33%

6% 8%

8%

Localisation géographique des médinas membres Tanger Tétouan

Assilah Larache

Chefchaouen Ouezzane

Ksar El Kebir

My Driss Zerhoune

Salé Rabat Casablanca Azemmour El Jadida Bejaad Safi

Oujda

Taza Fès

Debdou

Meknès Sefrou Khenifra Kasbat Tadla

Béni Mellal Essaouira

Demnate

Figuig

Marrakech

Taroudant Tiznit

Médinas membres du REMAM Médinas non membres

Nombre d'habitants Moins de 10 000 10 000 à moins de 25 000 25 000 à moins de 50 000 50 000 à moins de 100 000 100 000 et plus

Source : Fond de carte in cahiers du Plan, 2008

Par ailleurs, la fonction principale du REMAM comme structure d’échange et de dialogue entre les neuf médinas implique une connaissance préalable de leurs caractéristiques sociales et économiques ainsi que des défis et enjeux communs de leur gestion. C’est dans cette perspective que s’inscrit l’élaboration de ce profil global qui dresse, dans une logique de benchmarking leur situation sociale et démographique ainsi que les modes gestion et de réhabilitation de leurs tissus historiques.

A. Caractéristiques démographiques des villes membres du REMAM : Des profils hétérogènes 10%

13% 13%

Fès

Rabat

Meknès

Tiznit

Casablanca

Essaouira

Salé

Chefchaouen

Tétouan

Source : RGPH 2004

Selon le RGPH de 2004, les neuf médinas membres du REMAM concentrent une population estimée à 349 700 habitants, soit à peu près 48% de la population médinoise nationale. Cela révèle la taille et l’importance démographique des villes fondatrices du REMAM. Au sein de ce noyau initial, trois villes (Fès, Meknès et Casablanca) forment les 2/3 de la population totale du noyau, dominées particulièrement par la ville de Fès qui concentre à elle seule 33% de cette population. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

13


140 000 120 000 100 000 80 000 60 000

Pop 2004

40 000 20 000

Tiz nit Es sa ou Ch ira ef ch ao ue n

an

ba t Ra

ou

Té t

Sa lé

0

Me kn ès Ca sa bl an ca

Mais en dépit de population relativement importante, la plupart de ces médinas ne représentent en réalité que de concentrations démographiques réduites en comparaison avec les villes dans lesquelles elles sont localisées. Ainsi on relève une proportion moyenne pour l’ensemble des médinas du réseau qui ne dépasse pas 14% de la population totale de leur agglomération.

Populations des neuf médinas membres

Fè s

Au vu de la diversité des tailles de population qu’elles abritent, ces médinas peuvent être classées en trois catégories principales : grandes médinas dont la taille moyenne dépasse les 47 000 hab. (Fès, Meknès et Casablanca), médinas moyennes entre 30 000 hab. et 47 000 hab. (Salé, Rabat, Tétouan) et enfin petites médinas dont la taille est inférieure à 20 000 hab. (Tiznit, Chefchaouen, Essaouira).

Source : RGPH 2004

Cette proportion demeure très faible pour les médinas de grande taille comme Casablanca, Rabat et Salé, dont la part de population par rapport à celle de leur ville ne dépasse pas 4%. Elle est au contraire plus importante pour les médinas de petite taille telles que Tiznit, Essaouira et Chefchaouen (plus de 24%). Cela reflète une situation assez contrastée entre les villes membres en termes de place et d’enjeu réel représentés par les médinas dans les programme de planification et gestion urbaines. Part de la population des médinas par rapport à la population de l’agglomération dans les villes membres

Ville

Population de la médina

Population totale de la ville

Population médina/ville (%)

Casablanca

47 063

3 672 900

1

Rabat Salé

26 499 34 410

1 550 100 903 485

4,3 4

Meknès Tétouan

47 125 28 278

545 000 318 800

9 9

Fès Essaouira

117 251 16 718

1 002 600 70 000

12 24

Tiznit Chefchaouen

19 994 12 362

62 000 36 280

32 34 Source : RGPH 2004

B. Dynamiques accentuées de dépeuplement démographique L’analyse de l’évolution de la population des neuf médinas membres au cours des trois dernières décennies (d’après les résultats des RGPH de 1982, 1994 et 2004) confirme les dynamiques de dépeuplement Évolution de la population des médinas membre observées au niveau de l’ensemble des médinas du Royaume. Ce processus durant les trois dernières décennies de chute démographique reste toutefois plus accentué dans les neuf médinas, 600 000 puisque entre 1982 et 2004, elles ont perdu dans l’ensemble une population de 191 660 hab. soit une diminution totale de 40%. 500 000 Cette diminution s’est particulièrement accélérée durant la décennie 19942004 puisqu’elle a atteint 32 % durant cette période contre seulement 10% pour la période intercensitaire 1982-1994.

400 000 300 000

Le taux d’accroissement annuel est négatif. Il avoisine -1,33% pour toute la 200 000 période 1982-2004 avec une nette accélération (-2,23%) pour la période 19942004. Cette situation reste contrastée entre les différentes villes membres. 100 000 Les baisses les plus élevées s’observent au niveau des villes de Meknès et d’Essaouira qui ont enregistré respectivement des taux de décroissement 0 moyen annuels de 3,7% et 3,1% entre 1994 et 2004. Tandis que les villes de 1982 1994 2004 Tiznit, Casablanca et Tétouan ont observé les dynamiques de dépeuplement les Source : RGPH 2004 plus faibles, avec un taux de décroissement moyen annuel qui ne dépasse pas 1,7%. Bien que son taux de dépeuplement reste relativement élevé, la médina de Fès a enregistré la plus grande perte de population : 31 763 habitants entre 1994 et 2004, soit une diminution annuelle moyenne de 3 176 habitants.

14

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Taux de variation des populations dans les médinas membres durant la période 1982-1994 et 1994-2004 Tiznit

1,8%

-0,4%

Fès

-1,3%

-2,4%

-1,3%

Meknès -3,7% Salé

-1,2%

-2,9%

Chaouen

0,3%

-2,1%

Rabat

-2,2%

Essaouira

-1,7% -1,5%

-3,1%

Tétouan

-0,7%

-1,7%

Casablanca

0%

-1,3%

-4

-3

-2

0

-1

TAAM 1982-1994

1

2

TAAM 1994-2004

3 Source : RGPH 2004

Ces dynamiques de dépeuplement s’observent dans l’ensemble des médinas membres dans un contexte où leurs villes mères connaissent des dynamiques d’urbanisation croissantes touchant leurs quartiers extra-muros. Cela signifie une perte de l’attractivité de la médina en comparaison avec les autres quartiers urbains.

C. Des formes exacerbées de précarité sociale À l’instar des autres médinas du Royaume, les neuf médinas membres connaissent des niveaux accentués de paupérisation et de marginalisation sociale. Cela se traduit par la prédominance d’une couche sociale démunie qui vit au-dessous du seuil de pauvreté. Les actifs occupés dans les villes membres, qui sont 35%, occupent essentiellement de petits métiers à faible revenu qui forment, avec les artisans, la proportion dominante dans ces médinas. 90 78%

80 70

66,4% 65,4%

64,1%

60

52%

50

49%

40

48,9% 48,4% 41,4%

Locataires (%) Propriétaires (%)

30 20 10

nit Tiz

Fè s

ès kn

Me

Sa

t ao ue n Ch

Ra ba

an c

a Té to ua n Es sa ou ira

0

Ca

La présence de locataires est plus importante dans les grandes villes historiques dans lesquelles les loyers sont onéreux pour les couches à faible revenu dans les quartiers extra-muros. Ainsi les médinas de Casablanca, Tétouan et Rabat enregistrent les taux de locataires les plus élevés avec respectivement 78%, 66% et 64%, tandis que les petites villes comme Tiznit observent les taux les plus faibles.

Proportion des populations locataires dans les médinas membres

sa bl

La proportion dominante des locataires (moyenne de 57%, contre 47% pour l’ensemble des médinas) est un autre signe de la précarité sociale observée dans les médinas membres.

Source : RGPH 2004

La situation précaire des populations médinoises des villes membres se reflète également dans le niveau de confort et d’équipement de leur habitation. Ainsi plus de 20% d’entre elles sont raccordées aux réseaux d’eau potable et d’électricité en mode associatif, tandis que 8% ne sont pas raccordées à ces réseaux. Ces proportions sont plus saisissantes pour les ménages locataires pour le raccordement en eau potable puisque à peu près 30% d’entre elles y sont raccordés en association et 19% n’en disposent pas. Ces proportions se ventilent de façon différenciée entre les neuf médinas du REMAM. La médina d’Essaouira se détache du reste par le fait qu’à peu près le tiers de sa population (dominée par des ménages locataires) n’est pas branchée aux réseaux d’eau potable, témoignant de la précarité dans cette médina. Ensuite, se positionnent les grandes médinas telles que Casablanca, Meknès et Fès et Tétouan dont environ 13% de la population ne disposent pas de réseaux d’eau potable. Une telle proportion révèle le rôle vital qu’assurent encore les bornes fontaines comme source d’approvisionnement et comme espaces de mixité et de sociabilité à l’échelle des médinas.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

15


Un autre indicateur de la précarité sociale des populations médinoises des villes membres concerne cette fois-ci le taux de cohabitation de leurs ménages. Ainsi si le taux de cohabitation reste relativement élevé pour l’ensemble des médinas membres où à peu près 1/5 des ménages vivent en cohabitation, il connait toutefois des proportions plus saisissantes dans les médinas telles que Casablanca, Essaouira et Fès où environ la moitié de la population vit en cohabitation. Bien que leur nombre ait connu une nette diminution par rapport aux résultats enregistrés lors du RGPH de 1994, les ménages cohabitant à quatre et plus restent récurrents dans les grandes médinas du REMAM particulièrement à Casablanca, Fès et

Part des ménages vivant en cohabitation (de 2 ménages et plus) dans les médinas membres 45 40

38,1%

36,6%

35

34% 31%

30

20 15 10 5

1,6

1,5

14%

9,7%

7,5%

2,8%

2,5%

Tiz nit

Fè s

s nè

Me k

Sa lé

ou an Es sa ou ira Ra ba t Ch ao ue n

ca

Té t

Ca sa bl an 1,7

Source : RGPH 2004

Rabat où environ 15% vivent encore en cohabitation élargie. De telles cohabitations qui contrastent paradoxalement avec le processus de dépeuplement observé au niveau des grandes médinas, restent concentrées dans leurs quartiers délabrés, contribuant davantage au processus de leur détérioration.

1,5 1,3

1 0,5

La forte densification des médinas membres s’observe également dans le taux d’occupation par pièce (1,71 personne/pièce) qui reste supérieur à celui enregistré au niveau national (1,5). C’est particulièrement au niveau des médinas de Casablanca, Fès, Essaouira et Chefchaouen où ces formes d’occupation s’observent le plus en raison des taux élevés de cohabitation.

nit

Fè s

Tiz

Me

kn

ès

lé Sa

ue

n

t

ao

ba

Ch

Ra

ira ou

an

sa

ou

Es

Té t

sa

bl

an

ca

0

Ca

13%

0

1,9

1,8

Cohabitation de 4 ménages et plus

15,5%

14,4% 11,3%

6,8%

2,1 1,8

Cohabitation de 2 à 3 ménages

18,1% 14,7%

2,5

1,7

28,9%

25

Taux d’occupation des ménages dans les médinas membres

2

29%

Source : RGPH 2004

C. Une forte dégradation du bâti Il est clair que les tendances de précarité sociale observées dans la plupart des médinas membres vont se répercuter négativement sur l’état physique de leurs constructions.

Pourcentage de logements sommaires dans les médinas membres

Cela se traduit déjà dans la proportion assez remarquable des logements sommaires qui représentent environ 7% de leur parc de constructions contre une moyenne de 6% enregistrée à l’échelle de l’ensemble des médinas.

7%

16

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

7,3%

8,5% 7,7% 6,4%

6%

5,1%

5% 4%

3,5%

3,4%

3%

3,3%

2% 1%

nit Tiz

Fè s

ès kn

Me

Sa

ao ue n

Ch

at Ra b

an

ca Té to ua n Es sa ou ira

0%

bl

Le parc constructions des médinas membres se caractérise d’abord par le taux de logements vacants qui dépasse 15% de l’ensemble mais aussi par sa vétusté puisque plus de 68% des constructions ont plus de 50 ans contre 62% enregistré dans l’ensemble des médinas.

8%

8%

Ca sa

La proportion de ces constructions est relativement élevée (avec une moyenne d’environ 9%) dans les médinas de Casablanca, Essaouira et particulièrement Salé qui abrite un ensemble de fondouks occupés illégalement.

9%

Source : RGPH 2004


Cette proportion se ventile de manière inégale entre les médinas membres. Ainsi la médina d’Essaouira se distingue des autres par la vétusté du son parc, dominé par 90% de bâtisses de 50 ans et plus. En seconde position, figurent les grandes médinas de Casablanca, Rabat et Fès dont environ ¾ des constructions sont vétustes, ce qui justifie la forte présence des constructions menaçant ruine. La médina de Tiznit enregistre la proportion la plus faible de constructions vétustes (moins de 28%) témoignant du processus de renouvellement sinon de dénaturation qu’elle a connu au cours des deux dernières décennies. Ces différents indicateurs portant sur l’état des constructions des villes membres conjugués à leur sous-équipement et à la prépondérance de ménages démunis et locataires justifient le niveau avancé de délabrement de leur médina et expliquent le fait que la majorité d’entre elles concentrent la plus grande partie des constructions menaçant ruine existant dans les médinas du Royaume. En effet, le recensement des CMR réalisé en 2013 à l’échelle nationale a révélé la présence de 18 619 constructions menaçant ruine au niveau des médinas, dont plus de 75% sont localisées dans les neuf villes membres du REMAM. Deux médinas seulement (Fès (20%) et Meknès (17%)) concentrent un peu moins de 40% des constructions menaçant ruine. En somme, cette présentation succincte des caractéristiques démographiques des médinas membres et de l’état de leurs constructions a permis de mettre en exergue un ensemble de dynamiques sociales, économiques et spatiales à l’œuvre dans ces tissus historiques et de faire ressortir quelques défis communs qui peuvent faire l’objet de thématiques d’échange et de débat entre les villes membres du REMAM. À ce titre, le processus de dépeuplement observé dans l’ensemble de ces médinas mérite d’être débattu pour explorer les différentes pistes et expériences pertinentes pour promouvoir l’attractivité de ces tissus et lutter contre le transfert et la mobilité grandissante de leurs ménages d’origine. De même, la présence forte d’une population locataire vivant dans des situations de précarité représente également un sujet de débat pour identifier et partager les actions et les pratiques permettant d’améliorer la situation sociale et économique de ces ménages par la mise en place d’activités génératrices de revenus. Enfin, le sous-équipement considérable des bâtisses dans les médinas membres, et particulière celles de grande taille, mérite d’être discuté afin d’explorer les alternatives meilleures et possibles pour une plus grande intégration sociale des ménages démunis.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

17


18

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

Classement sur la liste du Patrimoine Mondial

1981

2012

-

En cours

1996

-

1997

2001

-

Médinas membres du REMAM

Fès

Rabat

Salé

Casablanca

Meknès

Chefchaouen

Tétouan

Essaouira

Tiznit

115

30

50

21

97

45

90

90

300

Superficie (ha)

19 994

16 718

28 278

12 362

47 125

47 063

34 410

26 499

11 7251

Population (2004)

32

24

9

34

9

1

4

4,3

12

268

550

470

600

470

1 045

500

295

390

Pop médina/ pop aggloDensité mération (hab./ha) (2004) en %

-0,4

-3,1

-1,7

-2,1

-3,7

-1,3

-2,5

-2,2

-2,4

Taux d’accroissement (1994-2004)

Caractéristiques démographiques

41,4

65,4

66,4

52

49

78

49

64

48,4

1,3

1,8

1,5

1,8

1,7

2,1

1,5

1,6

1,9

Taux Taux de d’occupation locataires % (pers/pièce)

8

36

18

29

29

38

11

31

32

Taux de cohabitation (2 ménages et plus par log.)

Caractéristiques socio-économiques

Tableau synthétique des principaux indicateurs sur la population et les constructions dans les médinas membres

Les villes membres du REMAM : Des défis communs pour la réhabilitation des anciennes médinas

27,4

91,4

71,7

61,2

70

78,2

56,5

78,5

73,2

Constructions dont l’âge dépasse 50 ans %

6,4

8

5,1

3,4

3,5

7,3

8,5

7,7

3,3

Pourcentage de l’habitat sommaire

95

77

84,5

97

98

89

96

97

91

Taux de branchement en eau potable %

97

95,6

98,5

98

97

97

97,8

98,6

97,7

Taux de branchement à l’électricité %

Caractéristiques sur l’état des constructions


4. Présentation des villes membres : Pratiques et modalités de réhabilitation de leur médina

C’est dans l’optique de promouvoir une culture de benchmarking entre les villes membres du REMAM que s’inscrit la réalisation d’un ensemble de fiches synthétiques de présentation de leur médina. Ces fiches qui seront actualisées de manière périodique comportent une série d’indicateurs portant tant sur leur situation physique et socio-économique que sur les modalités de leur gestion et mise en valeur. L’objectif étant de permettre aux membres du REMAM de prendre connaissance des enjeux et des problématiques communes des médinas et ce afin d’identifier les sujets d’échange et de partage lors des sessions thématiques à organiser. De même, ces fiches qui comportent un volet sur le dispositif institutionnel, financier et opérationnel pour la gestion des médinas, permettent de mettre en exergue les différentes approches et démarches des villes membres et d’en tirer les enseignements pertinents pour une meilleure gestion de ces tissus anciens. Enfin, seront intégrés des focus sur des bonnes pratiques conduites par les villes membres relatives à divers domaines de la réhabilitation urbaine.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

19


I. Présentation de la médina de Rabat La ville de Rabat est formée d’une part de la Kasbah des Oudayas fondée au XIIème siècle par le souverain almohade Abdelmoumen, sur un promontoire rocheux commandant l’entrée dans l’oued Bouregreg et d’autre part, d’une longue muraille almohade réalisée à la fin du XIIème siècle avec l’intention de créer une grande ville, enfermant sur deux côtés (Sud et Ouest) un territoire de forme approximativement rectangulaire. Dans cette enceinte almohade prend place la médina, structurée autour de 3 axes Nord-Sud (rue des Consuls, Sidi Fatah, El Gza) et d’un axe Est-Ouest (Souika). C’est ce dernier axe qui est le cœur commercial de la ville au début du XXème siècle et qui représente, avec la rue des Consuls, la structure principale de la médina. La médina jouissait d’une multifonctionnalité remarquable (lieu de production, d’habitation, d’échange, de pouvoir et de jeu). Son tissu urbain diffus reste le siège de pratiques profondément ancrées dans l’histoire des peuples qui y vivent. L’ensemble de ses sites est inscrit depuis 2012 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina de Rabat Rabat, capitale politique du Maroc, est une ville culturelle qui concentre la majeure partie des institutions et des activités culturelles et interculturelles du Royaume. C’est une ville historique qui renferme des legs patrimoniaux d’une grande originalité. Son ancienne médina occupe une superficie de 91 ha, délimitée par le cimetière et l’océan Atlantique au Nord, la muraille andalouse au Sud, la rivière du Bouregreg à l’Est et le rempart almohade à l’Ouest. Disposant d’un patrimoine historique d’une richesse exceptionnelle, la ville de Rabat, en collaboration avec l’ensemble de ses partenaires institutionnels, a œuvré depuis les années 80 à le préserver et le mettre en valeur dans le cadre d’un ensemble de programmes d’intervention. Différents travaux de mise à niveau de ce tissu ont été entrepris pour promouvoir son image et son attractivité. Aujourd’hui la prise de conscience de la nécessité de mener une véritable stratégie de réhabilitation de la médina a été confirmée par le classement de ses sites sur la liste du Patrimoine Mondial grâce au concours de l’ensemble des acteurs locaux. 20

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


III. La gestion de la médina dans la ville Rabat 1. Modalités de la gestion de la médina La gestion de la Médina relève des prérogatives du Conseil de la Commune urbaine de Rabat, en coordination avec le conseil de l’Arrondissement urbain de Rabat-Hassan qui se charge des travaux d’entretien et de mise en valeur de ce tissu historique. Toutefois, le découpage institutionnel de l’agglomération en plusieurs centres de pouvoirs se traduit par une absence de définition et d’impulsion d’une vision globale du développement. Une grande attention a aussi été apportée au programme national pour l’amélioration des conditions d’hygiène et d’assainissement de certains quartiers de la médina. La réhabilitation du réseau de distribution d’eau potable et d’évacuation, de traitement des eaux usées et de ramassage des ordures ménagères ont aussi été considérés comme des actions prioritaires. À cet effet, le Conseil de la Ville de Rabat a encouragé et coopéré avec tous les acteurs de l’État et de la société civile pour le développement de programmes de sensibilisation et d’information de la population (sensibilisation, éducation et transfert de savoir-faire et de connaissances).

2. Études et projets en cours ou prévus La médina de Rabat a fait l’objet d’une dizaine d’études et de projets initiés depuis les années 1970 par les différentes administrations concernées et par les différents Conseils communaux chargés de sa gestion urbaine. La plupart de ces actions s’articulent autour de la propreté de l’ancienne médina, de la distribution d’eau potable, d’électricité et de l’assainissement liquide, des équipements publics, des bâtiments menaçant ruine, de participation de la société civile, et de l’organisation et l’encadrement des activités commerciales et artisanales. Plus récemment, la médina de Rabat a fait l’objet de deux importantes initiatives visant sa mise en valeur. La première concerne la mobilisation de tous les acteurs locaux pour le classement de la médina qui a abouti à son inscription sur la liste du Patrimoine Mondial en 2012. La seconde, plus récente, datant de 2014, concerne le programme intégré de développement de la capitale 2014-2018 baptisé «Rabat, Ville lumière» La réhabilitation de la médina y occupe une place centrale. Plusieurs actions et projets de grande envergure touchant la promotion des activités économiques de la médina, la restauration des monuments historiques, le traitement des constructions menaçant ruine, le réaménagement des espaces publics ont été proposés. À signaler enfin que de nombreuses associations locales œuvrent à des activités diverses d’encadrement et d’assistance dans les domaines social, culturel et commercial dans la médina. On y distingue les associations des quartiers qui mettent en œuvre des actions diverses de sensibilisation des habitants et de mise en valeur de leurs quartiers. Figurent également les associations professionnelles des commerçants et artisans pour la gestion et la promotion des activités économiques ainsi que des associations culturelles.

Superficie de la médina

90 ha

Population de la médina (2004)

26 499 hab

Part des hab de la médina/hab de la ville

4,3%

Taux d’accroissement démographique (1994-2004)

-2,2%

Densité moyenne (hab/ha)

295

Taux de locataires (%)

64%

Part des bâtiments de plus de 50 ans (%)

78,5%

Nombre d’habitations menaçant ruine

105

Focus sur une bonne pratique de la ville :

La mobilisation locale pour le classement de la ville sur la liste du Patrimoine Mondial C’est en 2012 que la médina de Rabat a été classée Patrimoine Mondial grâce à une forte mobilisation institutionnelle qui a connu l’implication de nombreux acteurs, tant institutionnels, professionnels qu’associatifs afin de préparer un dossier complet et détaillé pour le classement de la ville. Cette initiative qui a été entamée en 2009 a été portée par la Wilaya de Rabat, en partenariat avec le Ministère de la Culture. Ils ont mobilisé à cet effet des moyens matériels et humains considérables afin de mener à bien le processus de la candidature de la ville. L’originalité de l’approche adoptée a consisté à confier l’élaboration du dossier à un comité scientifique et technique composé d’experts marocains, d’enseignants de l’École nationale d’architecture de Rabat et de conservateurs, d’experts de l’Institut national du Patrimoine, de cadres spécialistes de l’Inspection régionale des monuments historiques de Rabat et d’autres spécialistes issus du Ministère de la Culture. Ce comité scientifique a été ponctuellement appuyé, pour certains aspects pointus du dossier de classement, par d’autres spécialistes tant marocains qu’étrangers afin répondre aux différentes exigences imposées par l’UNESCO à ce sujet. L’autre originalité du dossier proposé a résidé dans le fait d’intégrer, au-delà de la médina, d’autres joyaux historiques et patrimoniaux de Rabat, tels que la Kasbah des Oudayas, le centre colonial, la tour Hassan, Chellah, le mausolée Hassan II, les quartiers Habous, Diour Jamaa, Océan, Akkari. Cela a conféré une grande richesse au dossier de candidature. C’est justement la raison pour laquelle le dossier a été accepté par l’UNESCO qui a motivé son avis favorable par le fait que la ville témoignait d’un échange d’influence sur le développement de l’architecture, des arts monumentaux, de la planification... Enfin le dossier proposé pour le classement, un volume consistant et très bien illustré a mis l’accent sur l’originalité et l’authenticité du patrimoine de la ville. Il a indiqué les différents dispositifs juridiques, techniques, financiers et institutionnels (une fondation de protection et de mise en valeur de ce patrimoine est proposée) qui seront mis en place pour sa protection et sa mise en valeur et a inventorié l’ensemble des documents, archives et études ayant porté sur ses tissus historiques.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

21


Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Rabat Intitulé de l’étude

Description

Porteur de l’action

Programme intégré de développement de la capitale (Rabat Ville Lumière)

Il s’agit d’un vaste programme de développement urbain et économique, lancé en 2014, avec un montant d’investissement global qui dépasse les 18 milliards de Dirhams. Baptisé «Rabat Ville Lumière», ce programme prévoit une série d’actions d’envergure qui s’articule autour de 7 principaux axes, à savoir la valorisation du patrimoine culturel et civilisationnel de la ville, la préservation des espaces verts et de l’environnement, l’amélioration de l’accès aux services et équipements sociaux de proximité et le renforcement de la gouvernance. Ces axes concernent également la requalification du tissu urbain, la consolidation et la modernisation des équipements de transport, la dynamisation des activités économiques et le renforcement des infrastructures routières. La réhabilitation de la médina de Rabat en constitue l’une des actions principales et inclut des projets de mise en valeur et gestion des constructions menaçant ruine.

Wilaya de Rabat et Agence de l’Aménagement de la vallée de Bouregreg

Programme intégré de mise à niveau urbaine

- Préservation et promotion du patrimoine culturel et civilisationnel de la ville.

Commune urbaine de Rabat

Parties prenantes Commune de Rabat et différents départements ministériels

Échéance/état d’avancement 2014-2018

2014-2018

- Valorisation de l’héritage culturel et des monuments historiques inscrits sur la liste du patrimoine universel. - Entretien des murailles, des portes historiques et des musées.

Réhabilitation de Diour Dbagh

- Favoriser l’accès des ménages à faibles revenus à la propriété de lots de terrain équipés pour la construction de logements économiques. - Des études sociologiques dans le secteur de Diour Dbagh devront ouvrir la voie à des interventions centrées sur la population actuellement résidente.

Projet de la Wilaya de Rabat pour la réhabilitation de la médina

- Mise à niveau des infrastructures dans la médina qui concerne en premier lieu l’éclairage, les voies et la gestion de l’assainissement.

Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du Territoire.

2006

Agence d’Aménagement de la Vallée du Bouregreg

Commune urbaine, Inspection de la culture, Al Omrane

2010-2014

Municipalité de Rabat

Wilaya da Rabat

2014 en cours

Ex-Agence Nationale de lutte contre l’Habitat Insalubre Commune de Rabat Hassane

- Réhabilitation du cadre religieux et économique dans la médina : mosquées, fondouks. - Réhabilitation du cadre culturel : les murailles, la valorisation des monuments historiques et des fontaines dans la médina.

Travaux d’aménagement et entretien du marché aux légumes Bab El Had

22

- Réaménagement et mise à niveau du marché central pour la vente des fruits et des légumes. - Encouragement de l’activité des petits commerçants.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Salé La médina de Salé compte parmi les six cités marocaines considérées comme ayant une tradition citadine (Hadaria). Joyaux de la côte atlantique, elle est riche de par son architecture médiévale où divers monuments historiques et édifices publics jouxtent les grandes artères artisanales ou marchandes. Cette médina, à l’instar de ses sœurs, constitue un patrimoine historique et civilisationnel de la plus haute valeur, tout en demeurant une composante particulièrement vivante du corps urbain auquel elle appartient. L’intérêt pour la médina ne repose donc pas seulement sur sa valeur architecturale, esthétique ou culturelle, comme cela est presque toujours le cas, mais aussi sur le fait qu’elle abrite encore une fraction de la population urbaine et participe très activement aux divers secteurs de l’économie locale. Fondée vraisemblablement par les Banu Achara au XIème siècle, la ville de Salé se distingue par une histoire urbaine multiséculaire. Sa position de carrefour sur la rive droite de l’oued Bouregreg et au bord de l’océan Atlantique l’a érigé comme véritable pôle attractif pour différentes dynasties et pour les émigrants qui s’y sont installés. Du fait de la succession de ces différentes dynasties, cette cité garde un charme et une spécificité particulière par rapport aux autres médinas du Royaume. Plusieurs caractéristiques lui confèrent cette singularité tant sur le plan culturel (la fête de la procession des cires par exemple), que sur le plan social et architectural. Elle dispose de 8 grandes portes, de la grande mosquée (Masjid Al Aâdam), d’une université qui date de l’époque des mérinides (la Médersa mérinide) ainsi que plusieurs zaouïas et sanctuaires, etc. Toutefois et à l’instar de la plupart des médinas du Royaume, cette cité a vu son attractivité d’antan se réduire considérablement au fil du temps, ce qui s’est traduit spatialement par un niveau de dégradation et de délabrement assez avancé touchant principalement ses anciens fondouks.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina de Salé La stratégie de réhabilitation de la médina de Salé a été initiée dès la fin des années 90 suite à l’initiative prise par les pouvoirs publics locaux, pour faire sortir la cité de sa léthargie et en faire un véritable pôle de développement culturel et économique à l’échelle de la ville. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

23


Cette stratégie, concrétisée à travers une série de programmes de mise à niveau urbaine, a démarré avec le programme de 20072012 visant trois objectifs majeurs, à savoir, l’insertion de la médina dans la dynamique que connait la ville, l’amélioration du cadre de vie des citoyens à travers la création, la restauration ou l’embellissement de lieux d’habitation, d’activités et de loisirs, et la valorisation du prestigieux patrimoine monumental de la ville par des actions de réhabilitation et de balisage tout en y implantant des activités compatibles avec les lieux afin de les faire revivre dans le respect de leur histoire. Ce programme a été réajusté et enrichi par de nouveaux projets visant la médina et ses abords (corniche, accès à la ville…) dans l’optique de faire de ce tissu ancien le levier de développement de toute la ville de Salé. Lancé par SM le Roi Mohammed VI en février 2014 dans le cadre d’un nouveau projet de mise à niveau de Salé sur une période étalée entre 2014-2016, ce programme comprend quatre principaux axes, à savoir : La préservation de la culture et du patrimoine de la ville, le renforcement des infrastructures de base, le développement du secteur touristique et de l’artisanat, et la lutte contre l’habitat insalubre. Pour la réhabilitation de l’ancienne médina, il prévoit un ensemble d’interventions visant la réhabilitation des fondouks et des habitations menaçant ruine, la promotion des métiers de l’artisanat en voie de déperdition ainsi que la restauration des monuments historiques de la ville. La mise en œuvre de cet ambitieux programme a été le fruit de l’implication active d’une multitude d’acteurs, tant au niveau central qu’au niveau local.

III. Gestion de la médina dans la ville Salé 1. Modalités de gestion de la médina La gestion de la médina en matière de services de base est assurée par la Commune urbaine, en étroite collaboration avec la préfecture de la ville et avec la participation d’un ensemble d’associations locales de proximité qui œuvrent pour une plus grande valorisation de cette cité historique.

Superficie de la médina

90 ha

Part des hab de la médina/hab de la ville

34 410

Part des hab de la médina/hab de la ville

4%

Taux d’accroissement démographique (1994-2004)

-2,5%

Densité moyenne (hab/ha)

500

Les associations de proximité contribuent, en étroite Taux de locataires(%) collaboration avec les pouvoirs publics locaux, à assurer Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) l’entretien et l’embellissement des quartiers et ruelles de la Nombre d’habitations menaçant ruine médina. Pour renforcer davantage cette gestion de proximité dans la médina, un atelier dit de réhabilitation a été mis en place, regroupant un ensemble d’acteurs institutionnels et d’associations locales. Il s’agit d’un lieu qui facilite d’échange et de concertation entre administration et tissu associatif locaux.

49% 56,5% 145

les pratiques

Enfin dans l’optique de promouvoir des projets de réhabilitation au niveau de la médina, il est à souligner les actions originales conduites par la municipalité de Salé pour l’acquisition de biens immobiliers (fondouks et grands ryads). C’est pour faire face à la difficulté rencontrée en matière de mobilisation du foncier au cœur de la médina que le pouvoir municipal, en collaboration avec la Préfecture, a investi dans l’acquisition d’un patrimoine foncier permettant la réalisation d’un ensemble de projets sociaux et culturels.

2. Études et projets en cours ou prévus Depuis le début des années 90, la médina Salé a fait l’objet d’une série d’études, de programmes de mise à niveau urbanistique et socio-économique visant sa revalorisation en tant que véritable centre culturel et touristique à l’échelle de la ville. Plusieurs acteurs concernés par le développement de cette cité se sont mobilisés dans cette perspective en intervenant sur des aspects particuliers de sa mise à niveau. On cite : Les travaux de restauration et de rénovation des murailles et des monuments historiques conduits par le département de la Culture (restauration des murailles, des portes, des borjs, création de musées, etc.) ; les projets conduits par le département du Tourisme et de l’Artisanat (réaménagement et balisage des circuits touristiques, réhabilitation des fondouks, etc.) ; les travaux de gestion des habitations menaçant ruine par Al Omrane en collaboration avec la préfecture (acquisition des fondouks, relogement des ménages, travaux de consolidation des bâtisses, travaux de démolition, etc.) ; ainsi que les travaux récents d’embellissement de la cité conduits par l’Agence de l’Aménagement de la Vallée de Bouregreg (réaménagement des places, restauration des murailles et des portes, réhabilitation des fondouks, etc.). Plus récemment, la médina a fait l’objet d’un important programme de mise à niveau sur cinq ans conduit par la préfecture de Salé, en collaboration avec le Conseil municipal. Ce programme qui repose sur une vision de réhabilitation intégrée touchant les différentes dimensions physiques, architecturales, sociales et culturelles de la médina comprend des travaux de réhabilitation des anciens fondouks, de réaménagement de places publiques, de relogement des habitants dans les constructions menaçant ruine, etc.

24

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


L’atelier de la réhabilitation de la médina : Pour une plus grande efficacité de l’intervention institutionnelle locale dans la cité historique C’est à la suite d’une série de rencontres d’échange et de concertation réunissant les différents acteurs locaux intervenant au niveau de la médina de Salé, que l’initiative de mettre en place un atelier de réhabilitation au cœur de la cité a été adoptée. Il s’agit d’une véritable structure de proximité qui va permettre à la fois de mettre en coordination et en cohérence les différentes actions conduites au niveau de la médina et de constituer surtout une interface de contact et de concertation avec les habitants de la cité et leurs représentants associatifs. Fruit d’une étroite collaboration entre la Municipalité et la Préfecture de Salé, cet atelier a été mis en place pour répondre à un ensemble d’objectifs : • Mener une communication de proximité pour nourrir l’esprit de solidarité et d’implication de la population comme acteur principal de développement de l’ancienne médina ; • Entreprendre des actions diverses pour fédérer des partenaires et investisseurs nationaux et internationaux pour la sauvegarde et le développement durable de l’ancienne médina ; • Promouvoir le développement durable de l’ancienne médina afin d’améliorer les conditions de vie des populations ; • Encourager le développement des actions sociales, créer des équipements publics de proximité, instaurer de nouveaux savoirs et métiers ; • Créer un environnement favorable à l’émergence des activités économiques et à l’amélioration de l’attractivité des commerces, de l’artisanat et des services.

Des missions multiples : Entre coordination et animation locale Pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés, l’atelier est appelé à assumer les attributions d’un ensemble d’entités administratives lui permettant de remplir son rôle d’interlocuteur unique face aux différents acteurs intervenants de la médina. Il assume à cet effet plusieurs missions qui se résument en quatre fonctions principales : • Coordination : Assurer la coordination et la mise en cohérence de l’ensemble des actions conduites sur le territoire de la médina et ses abords. • Connaissance : Promouvoir la connaissance et les savoirs sur la médina, en rassemblant les documents existants et en lançant les études nécessaires pour affiner les savoirs existants et en assurer la promotion et la diffusion. • Encadrement : Assurer la gestion du cadre bâti, encadrer les interventions et les orienter dans le sens de la préservation de ce qui le mérite et appuyer les projets de reconversions et transformation. • Accompagnement : Favoriser les actions d’accompagnement social des projets dans la médina à travers des actions d’animation et d’intermédiation menées auprès des habitants et des associations locales. Sur le plan opérationnel, ces missions se déclinent en plusieurs tâches et activités assumées par l’atelier, telles que : • Suivi des projets programmés dans la médina ; • Aide et assistance à la population ; • Identification de projets avec la population ; • Accompagnement social des habitants des fondouks et menaçant ruine ; • Accompagnement des études et recherches ; • Recherche de partenariats ; • Élaboration de rapport d’activités et plan de communication ; • Constitution d’un fonds documentaire ; • Élaboration d’un cahier des charges et de prescriptions architecturales.

Une organisation institutionnelle flexible Pour son lancement, l’atelier a réuni un ensemble de représentants de diverses administrations intervenant au niveau de la médina. Cette structure est appelée à être étoffée au fur et à mesure de l’avancement du projet de la réhabilitation de la médina. À l’heure actuelle, les administrations représentées au niveau de l’atelier se présentent comme suit : • La Préfecture de Salé ; • La Commune urbaine de Salé ; • L’Arrondissement urbain de Bab Lamrissa ; • L’Inspection des monuments historiques ; • Le bureau de l’Accompagnement social ; Deux techniciens assurent le contrôle et le suivi des constructions et modifications.

D’autres entités administratives ou associatives travaillent en étroite collaboration avec l’atelier, telles que : • • • •

L ’agence de l’Aménagement de la vallée de Bouregreg ; Association Bouregreg ; Association Sala Al Moustakbal ; Le Ministère de la Santé et l’Organisation Mondiale de la Santé.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

25


Concernant les études portant sur la mise à niveau et la réhabilitation de la médina, plusieurs consultations et expertises techniques ont été menées à ce sujet. À commencer par l’étude de définition d’une stratégie de réhabilitation de la médina initiée par le programme CoMun en 2011 et qui avait comme objectif principal d’accompagner l’équipe locale dans l’élaboration d’une planification claire de leur projet impliquant l’ensemble des acteurs concernés. S’y ajoutent les études thématiques portant sur différents secteurs de la médina : Les habitations menaçant ruine, les monuments historiques, les fondouks, etc. À noter enfin qu’un plan d’aménagement et de sauvegarde de la médina a été récemment lancé par l’Agence urbaine de Rabat-Salé afin d’accompagner sur le plan juridique et technique le processus de revalorisation amorcé dans cette cité. En parallèle de ces études stratégiques, il est à mentionner la production d’une série de brochures, de guides thématiques, de plans de circuits touristiques sur la médina.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Salé

26

Description

Projet de mise à niveau intégré de la ville 2014-2016

C’est dans le cadre d’un important chantier de mise à niveau urbaine de la ville de Salé (d’un montant d’investissement de 1,038 milliard de DH) qu’un programme de réhabilitation de la médina a été lancé. Ce programme comporte une série d’actions visant le traitement des fondouks et des habitations menaçant ruine, la promotion des métiers de l’artisanat, la restauration des monuments historiques de la ville.

Préfecture de Salé en collaboration avec la Commune urbaine

2014-2016 Partenariat entre les Ministères de l’Intérieur (250 MDH), de l’Habitat et de la Politique de la ville (157,5 MDH), de la Culture (13 MDH), des Habous et des Affaires islamiques (19,5 MDH), de l’Artisanat, de l’Économie sociale et solidaire (5 MDH), la Municipalité de Salé (365 MDH), le Conseil provincial (50 MDH), le Conseil de la région de RabatSalé-ZemmourZaër (13 MDH), l’INDH (35 MDH), des partenaires privés (30 MDH) et associations (100 MDH).

Programme intégré de mise à niveau urbaine

La médina a fait l’objet d’un programme de réhabilitation qui date de 2007 et qui consiste à faire face aux différentes problématiques dont elle souffre en termes d’équipements, d’infrastructures et de traitement des constructions menaçant ruine.

Préfecture de Salé en collaboration avec la Commune urbaine

Ministère de l’Intérieur, Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, Ministère de la Culture, Ministère de l’Artisanat, du Tourisme, Ministère des Habous, Al Omrane

2007-2013

Mise en valeur de la médina dans le cadre du projet d’aménagement du Bouregreg

À l’instar de la médina de Rabat, la médina de Salé a fait l’objet d’une série d’actions conduites par l’agence d’aménagement de la vallée du Bouregreg. Elles concernent la restauration des murailles, la réhabilitation des monuments historiques et le réaménagement des espaces publics.

Agence de l’Aménagement du Bouregreg

Préfecture de Salé, Commune urbaine, Ministère de la Culture

2009-2013

Plan d’Aménagement et de Sauvegarde de la médina PAS

Le PAS de la médina de Salé a été lancé en 2013 afin d’accompagner sur le plan juridique et technique le processus de sa revalorisation et mettre en place les outils et les orientations à suivre pour mener à bien la stratégie de sa réhabilitation.

Agence urbaine de Rabat-Salé

Préfecture de Salé, Commune urbaine et différents services extérieurs des départements ministériels

2013

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

Porteur de l’action

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Intitulé de l’étude


I. Présentation de la médina de Tétouan La ville de Tétouan est connue pour son charme hispano-mauresque, son art traditionnel et son architecture originale. Elle a pu préserver tout au long des 5 siècles écoulés l’essentiel de son identité culturelle à travers son tissu historique qui présente de nombreux joyaux patrimoniaux. Sa médina compte parmi les cités les mieux conservées à l’échelle nationale ; elle a pu garder son authenticité, sa configuration historique, sa trame urbaine, son patrimoine architectural et ses traditions et moeurs de jadis qui lui confèrent un charme tout particulier. Ville à la fois militaire, religieuse et mystique, ville commerçante et enfin diplomatique à une certaine époque, la médina de Tétouan se caractérise malgré tout par la simplicité et la fragilité de son patrimoine architectural et de son paysage urbain. Au regard de ses nombreuses qualités architecturales et patrimoniales, la médina est classée depuis 1997 sur la liste du Patrimoine de l’UNESCO.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina de Tétouan La ville de Tétouan est située entre 2 montagnes, le Jbel Dersa de la chaine du Rif et le Jbel Ghorghez. Elle est orientée vers la Méditerranée grâce à l’embouchure toute proche de l’oued Martil qui entoure toute la ville. Capitale et centre culturel de la région de Tanger au Nord du Maroc, au Rif occidental, elle est considérée comme la ville la plus andalouse du Royaume. C’est à la fin des années 2000 qu’un important programme de réhabilitation de la médina a été lancé grâce à un appui financier et technique des principaux départements ministériels concernés par la réhabilitation du patrimoine culturel. Ce programme, piloté par la Wilaya et mobilisant l’ensemble des acteurs locaux, a un ensemble d’objectifs : • La mise en valeur du tissu urbain traditionnel ; • La dynamisation des activités socio-économiques et culturelles ; • L’amélioration de la qualité de vie des riverains ; • La meilleure articulation entre le tissu traditionnel et moderne ; • La création d’un espace de cohésion sociale ; • La protection de l’environnement contre toutes formes de dégradation et de pollution. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

27


III. Gestion de la médina dans la ville Tétouan 1. Modalités de la gestion de la médina La gestion urbaine de la médina est assurée par la Commune de Tétouan qui a mis en place, dès la fin des années 90, dans le cadre d’une volonté politique de mise en valeur du tissu historique, un service dédié à sa gestion. Ce service s’occupe, entre autres, de la gestion des constructions menaçant ruine, de la restauration des murailles, du pavage des sols, de l’évacuation des débris et déblais, de la réhabilitation de quelques habitations, etc.

Densité moyenne pop/ha

565 hab/ha

Taux de locataires (%)

66,4%

Part des bâtiments de plus de 50 ans

71,7%

Nombre de constructions menaçant ruine

1 277

Longueur des murailles

5 km

Portes

7 portes

Avec le programme de mise à niveau urbain de la médina, d’autres acteurs locaux institutionnels et associatifs se sont mobilisés pour initier des interventions de mise en valeur de la médina. Ainsi des comités ad-hoc ont été mis en place dans le cadre du projet de réhabilitation de la médina pour s’occuper des différents axes de sa revalorisation.

2. Études et projets en cours ou prévus La ville historique de Tétouan a connu durant les dix dernières années de nombreuses études et interventions conduites tant par la municipalité que par différents acteurs institutionnels de la ville. Parallèlement, cette médina a profité d’un programme de réhabilitation de certains quartiers et demeures traditionnels en partenariat avec le gouvernement autonome de l’Andalousie. Ce programme qui s’inscrit dans le cadre d’une coopération établie avec la Commune urbaine a concerné la réhabilitation de quelques maisons traditionnelles ainsi que le ravalement des façades, le pavage des rues et la mise en place d’un circuit touristique et de mobilier urbain. À ces opérations, il faut ajouter les interventions de l’Inspection des monuments historiques et sites de Tétouan sur les murailles et l’architecture défensive et la réhabilitation de la seule tannerie, laquelle a été restaurée et récupérée ; la récupération des prisons souterraines (mtamer) pour en faire un centre d’interprétation du patrimoine sur l’histoire en méditerranée ; sans oublier les interventions de la Nadara des Habous pour la réhabilitation et la restauration de nombreux monuments religieux. La municipalité a réalisé son PCD (2011-2016) dans lequel la réhabilitation de la médina a occupé une place importante. Un ensemble d’actions y sont prévues, visant la mise à niveau urbanistique et la promotion culturelle de cette cité.

Focus sur une bonne pratique : Le chantier-école dédié au patrimoine de Tétouan L’association marocaine des chantiers-écoles a initié dans la ville de Tétouan une pratique innovante qui consiste à mettre en place un chantier école dédié à la formation professionnelle des jeunes médinois aux métiers de restauration et de valorisation du patrimoine historique. Cette initiative pionnière au Maroc est financée par plusieurs bailleurs de fonds : L’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement, le programme ART GOLD du PNUD, le Fonds Andalou des Municipalités pour la Solidarité Internationale (FAMSI), la Wilaya de Tétouan, la Commune urbaine de Tétouan et le Ministère de la Culture qui a mis à disposition du projet l’École des Arts et Métiers. Le site d’intervention et d’apprentissage des jeunes choisi, grâce au soutien de la Wilaya, est l’École Soukaina, un édifice historique du 17ème siècle. C’est une ancienne école traditionnelle pour la formation en sciences théologiques au 18ème et 19ème siècle, qui fut transformée en une école française à l’époque du protectorat. L’objectif de cette initiative, au-delà de répondre à un manque considérable de profils et de techniciens spécialisés dans l’intervention et la restauration des tissus historiques et à la préservation des métiers traditionnels, est de contribuer à l’insertion professionnelle des jeunes de la médina, contribuant ainsi à la lutte contre la précarité. Ainsi en plus de la formation assurée, les porteurs de l’initiative veillent à accompagner les apprentis dans l’insertion professionnelle par l’appui à la recherche d’emplois, la création de coopératives et d’ateliers de service. Par ailleurs, le cursus de formation qui se déroule sur deux ans, porte sur différentes filières des métiers de la restauration des tissus historiques (menuiserie, plâtre, plomberie, électricité, maçonnerie, ferronnerie). Les apprentis proviennent principalement de la médina et leur encadrement est assuré par des professionnels spécialistes dans le domaine. L’autre originalité de cette initiative consiste à faire un apprentissage pratique sur le terrain dans la mesure où les travaux pédagogiques de restauration se font sur un édifice historique, ce qui contribue à préserver et mettre en valeur les joyaux patrimoniaux de la ville.

Ces différentes actions ont été couronnées plus récemment par le lancement d’un vaste programme de mise à niveau piloté par la Wilaya avec le concours de l’ensemble des acteurs locaux pour la période 2011-2014 avec un montant global de 315 millions de dirhams. Ce programme est le fruit d’un partenariat entre plusieurs départements ministériels. Y contribuent également l’Agence pour la Promotion et le Développement du Nord, l’agence du Bassin hydraulique du Loukkos, le Conseil de la région de Tanger-Tétouan, le Conseil de la Commune urbaine de Tétouan, l’Autorité délégataire chargée de la distribution de l’eau et de l’électricité, ainsi que la société civile. Sa mise en oeuvre s’articule autour de six principaux axes ayant trait au cadre bâti, aux infrastructures, aux édifices religieux, au développement des services socio-culturels, à la réorganisation des commerces et à la promotion des activités touristiques.

28

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tétouan Intitulé de l’étude

Description

Programme de la réhabilitation de la médina

- Sauvegarde et mise en valeur de la médina de Tétouan. - Revoir les infrastructures, l’eau, l’électricité, le réseau d’assainissement et le câblage aussi bien d’électricité que de téléphone. - Réhabiliter des maisons tout en préservant le cadre historique de la médina.

Réhabilitation de quelques quartiers de la médina enn collaboration avec la Junta de Andalucia

Porteur de l’action

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Tous les intervenants gouvernementaux. Les organisations non gouvernementales. Tous les Ministères. Commune urbaine de Tétouan. Habitants de la médina.

Lancé depuis 2012, le projet est dans la dernière phase, il sera clôturé en 2014.

Commune urbaine de - Réhabiliter et mettre en valeur la médina. - Reprendre les façades, le pavage, l’électricité Tétouan et Junta de Andalucia et l’éclairage public pour faire un circuit historique touristique balisé. - Préparer un document sur les maisons de la médina qui ont une valeur patrimoniale. - Restaurer des fontaines publiques. - Signalisation des sites historiques.

Junta de Andalucia. Commune urbaine de Tétouan. Habitants de la médina.

Depuis 1991, convention tous les 5 ans renouvelable. La fin de la convention actuelle est prévue pour 2016.

Plan d’aménagement et de sauvegarde de la médina PAS

La médina de Tétouan est dotée d’un PAS afin de maîtriser les modes d’utilisation et d’occupation dans ce tissu traditionnel et mettre en forme une stratégie intégrée de sa réhabilitation.

Agence urbaine de Tétouan

Wilaya de Tétouan, Commune urbaine et les différents services extérieurs des départements ministériels concernés.

2009-2013

Quelques actions associatives entreprises dans la médina, l’exemple de l’association Tétouan Asmir

- Réalisation d’études académiques sur la médina de Tétouan et de guides culturels. - Publication de cartes qui représentent toute la médina. - Études sur le nombre des maisons menaçant ruine. - Réhabilitation du cimetière musulman qui s’étale sur 13 ha par : • La construction de 3 kilomètres de passages traditionnels, • La réhabilitation de 16 tombeaux de combattants qui sont venus de Grenade pour fonder la médina il y a plus de 500 ans.

Association Tétouan Asmir

Entrepreneurs. Habitants de la médina. Gouvernement d’Andalousie.

Une grande partie du projet est déjà entamée.

Wilaya de la région Tanger-Tétouan

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

29


Société civile et partenaires À l’échelle de la médina de Tétouan œuvrent un ensemble d’associations à vocation sociale et culturelle qui contribuent à son rayonnement culturel. Parmi ces ONG, l’association Asmir Tétouan a joué un rôle prépondérant dans les actions de mise en valeur de cette cité. Cette association a fait de cette mission de revaloriser la médina, son cheval de bataille. Elle a réalisé un ensemble d’études techniques, des guides de présentation, des circuits touristiques, des campagnes de communication et de sensibilisation auprès des habitants et des acteurs de la ville. Elle a aussi mené des travaux de réhabilitation (grand cimetière, les portes de la médina, rénovation de pavage) à l’échelle de la cité historique qui ont permis d’impulser des dynamiques de changement à l’échelle de la médina.

Le rôle actif de la société civile pour la réhabilitation de la médina de Tétouan L’association Tétouan Asmir est un acteur dynamique au niveau de la médina de Tétouan qui a initié plusieurs actions et programmes de réhabilitation et d’animation culturelle autour de la médina. Elle a beaucoup collaboré avec le gouvernement d’Andalousie qui finance quelques uns de ses projets réalisés dans la médina. L’un des projets les plus importants en collaboration avec la Commune urbaine de Tétouan est celui des plaques dans la médina : 600 plaques des rues et 280 plaques de monuments historiques (mosquées et maisons...). Elle a initié également le projet de réhabilitation du cimetière musulman qui a porté sur le nettoyage de la montagne des grands rochers qui ont été utilisés par la suite comme matière première pour la réhabilitation des passages, ce qui a permis de limiter les charges de ce projet. La main d’œuvre était composée d’habitants de la médina que l’association s’est chargée de former et de sensibiliser. L’association Tétouan Asmir procède d’une façon peu coûteuse mais très rentable pour réhabiliter des maisons dans l’ancienne médina. Elle convainc un entrepreneur d’acheter une maison dans la médina, en passant par le biais du club Tétouan Asmir des amis de l’UNESCO. C’est l’association qui va se charger de choisir une maison qui a une valeur patrimoniale et qui doit être conservée. L’entrepreneur va acheter la maison choisie par l’association et va la réhabiliter en concertation avec l’association suivant un cahier des charges bien précis. Une fois les travaux de réhabilitation terminés, il est libre de la vendre, sous la seule condition que la personne qui l’achète prennent soin de la maison. Le principe n’est pas commercial mais il permet de prouver qu’il est possible de réaliser la réhabilitation d’une maison à moindre coût.

30

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Chefchaouen C’est Moulay Ali Ben Rachid, qui va fonder et donner le nom de sa famille à la ville de Chefchaouen pour devenir la ville rachidienne. L’œuvre entreprise par Moulay Ali Ben Rachid était la réalisation du projet de la création d’un «bastion des moujahidines». Après une expérience militaire reconnue, il a décidé de construire la ville de Chefchaouen sous forme de Kasbah pouvant abriter sa demeure, une habitation pour ses assistants et fonctionnaires, des casernes pour les militaires et des abris pour le bétail, le tout fortifié de remparts pour se prémunir contre les attaques ennemies. Du 15ème au 17ème siècle, la ville a prospéré et grandi de manière considérable avec l’arrivée des Maures et Séfardis expulsés d’Espagne. Aujourd’hui encore, le quartier andalou est l’un des plus peuplé de la médina. Le site de la ville reste exemplaire. S’y conjuguent les traditions architecturales locales de la région des Jbalas et les influences de la civilisation andalouse importées par les Andalous et les Morisques. Du point de vue de son organisation interne, la ville est subdivisée en un certain nombre d’espaces et de quartiers fonctionnels, notamment un quartier commercial, un quartier artisanal et des îlots résidentiels. La ville compte de nombreux monuments d’une grande valeur architecturale et patrimoniale comme sa kasbah, qui est aussi un castrum, à la fois camp permanent et siège d’un pouvoir politique local qui a étendu son influence sur tout le pays des Jbala-Ghomara. De par son emplacement géographique, son paysage environnant magnifique et ses richesses patrimoniales, la médina de Chefchaouen séduit ses visiteurs tant nationaux qu’internationaux. Ses maisons et ses ouvertures colorées en bleu lui confèrent par ailleurs un charme tout particulier au point que certains la nomment la ville bleue.

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina de Chefchaouen Située à une soixantaine de kilomètres de Tétouan sur un site montagneux, la ville de Chefchaouen est une petite ville du Nord du Maroc. Elle est surtout connue en raison de son paysage naturel et de son arrière pays mais aussi de son ancienne médina qui garde encore sa beauté grâce à l’effort d’entretien assuré tant par les acteurs institutionnels locaux que par ses occupants. De par ses nombreux atouts, la ville a vu se développer, au cours des dernières années, un tourisme florissant qui attire de plus en plus de nationaux et d’étrangers amateurs de tourisme écologique et culturel. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

31


Pour la réhabilitation de la médina, une stratégie de revalorisation a été initiée depuis la fin des années 90. Elle été bien détaillée par le Plan d’Aménagement et de Sauvegarde de la médina ainsi que par le PCD validé par le Conseil municipal. Cette stratégie se décline en un ensemble d’objectifs visant à : • Revitaliser et préserver une vie salubre et sécurisée au sein de la médina ; • Valoriser, préserver et promouvoir les différents tissus, social, culturel, économique, etc, ainsi que le patrimoine matériel et immatériel de la médina ; • Valoriser les connaissances et savoir-faire locaux des habitants dans le domaine de l’artisanat ; • Valoriser les connaissances et savoir-faire locaux des habitants dans le domaine de la conservation du patrimoine matériel et immatériel de la médina ; • Renforcer et consolider les capacités de la société civile et tous les aspects de la gestion participative dans la médina.

III. Gestion de la médina dans la ville de Chefchaouen

21 ha

Population de la médina (2004)

12 362

Part des hab. de la médina/hab. de la ville

34%

1. Modalités de gestion de la médina

Taux d’accroissement démographique (1994-2004)

-2,1%

La gestion de la médina est assurée par le Conseil de la ville, en collaboration avec l’autorité locale. Cette gestion se fait dans le cadre d’une approche de concertation impliquant les acteurs locaux et particulièrement la société civile qui participe activement à un ensemble de travaux de gestion, d’animation et de revalorisation de la médina.

Densité moyenne (hab/ha)

600

Taux de locataires (%)

52%

Part des bâtiments de plus de 50 ans (%)

61,2%

Nombre d’habitations menaçant ruine

174

Un ensemble d’actions de développement et d’animation culturelle sont régulièrement organisées par le Conseil communal en collaboration avec les associations locales. Ces actions comprennent des activités de formation professionnelle au profit de jeunes de la médina, l’organisation de campagnes de chaulage et ravalement des façades, la réalisation de travaux d’entretien des ruelles et des espaces publics…

2. Études et projets en cours ou prévus La médina de Chefchaouen a connu ces dernières années une série de projets et de programmes visant à rehausser son attractivité et en faire un véritable levier de développement économique et culturel de la ville. Différents acteurs tant au niveau central qu’au niveau régional et local conduisent différentes actions de réhabilitation et de mise à niveau de la médina par le réaménagement des espaces publics, la restauration des murailles et des édifices historiques, la réhabilitation des équipements traditionnels, le traitement des constructions menaçant ruine. La Commune urbaine a également initié divers projets de revalorisation de la cité dans le cadre du programme de mise à niveau du PCD de la ville touchant les aspects physique, social, environnemental, communicationnel et économique de la médina. À souligner enfin la réalisation d’études urbanistiques et architecturales telles que le Plan d’aménagement et de Sauvegarde de la médina et la charte architecturale qui ont débouché sur une série de projets et d’orientations portant sur la réhabilitation de l’ancienne médina. L’implication de la société civile et la mobilisation des citoyens, ainsi que le développement des partenariats sont, parmi d’autres, les principaux axes sur lesquelles la ville de Chefchaouen a choisi d’élaborer son programme d’intervention Pratiquement, il est très rare de voir une action en cours de réalisation dans la ville sans que la société civile ne soit 32

Superficie de la médina

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

Focus sur une bonne pratique : Le chaulage et le ravalement des façades de médina À l’approche du printemps, la ville de Chefchaouen organise régulièrement, dans le cadre de son festival Printemps de Chefchaouen, une manifestation à caractère social et culturel qui consiste à mobiliser les habitants et la société civile pour réaliser une opération de ravalement et de chaulage en bleu des façades des maisons. Cette opération baptisée Laoucher vise à faire renaitre une tradition locale d’entretien et de mise en valeur des constructions de la médina. Elle se fixe comme objectifs la promotion touristique de la médina de Chaoeun par la coloration de ses façades en bleu ce qui confère un charme particulier à cette cité et participe à renforcer son attractivité auprès des visiteurs marocains et étrangers. Elle cherche également à assurer un entretien régulier des bâtisses et à anticiper les risques de délabrement et d’effondrement qui pourraient avoir lieu. Enfin elle vise, à travers une mobilisation sociale des habitants, à promouvoir une appropriation de la médina par ses occupants en leur inculquant cette tradition locale d’entretien et de mise en valeur de leur cité historique. Il s’agit d’une approche participative et partenariale entre la Commune et la société civile L’originalité de la démarche consiste à confier aux habitants de la médina le soin d’entretenir eux-mêmes leurs bâtisses et d’effectuer les opérations de ravalement et de chaulage. Cela exige bien entendu un dispositif d’encadrement et d’assistance qui est assuré par la société civile. Un ensemble d’associations locales se chargent d’assister et d’accompagner les occupants dans ces opérations de ravalement à travers la sensibilisation des occupants, l’implication des jeunes et l’animation sociale et culturelle. De son côté, la Commune porteuse de l’initiative met à la disposition des habitants et des associations impliquées les matériaux et les fournitures nécessaires à la réalisation de ces opérations. Enfin, pour créer une atmosphère conviviale et d’émulation dans cette opération, la Commune organise un concours entre les différents quartiers la médina pour choisir celui qui a le mieux réussi à valoriser et décorer ses constructions.


impliquée et sans qu’une forme de partenariat ne soit réalisée. Cette stratégie a touché différents domaines, en particulier ceux en relation avec la promotion touristique de la ville. Dans ce cadre, la ville de Chefchaouen compte plusieurs expériences et pratiques qui ont fait d’elle un modèle à suivre en matière de gouvernance participative. À titre d’exemple on peut citer les manifestations annuelles «Printemps de Chefchaouen» et «Nuits de Ramadan», qui durent chacune près d’un mois durant lesquelles différentes animations (culturelle, artistique, sportive, sociale, etc.) sont planifiées et réalisées par les associations locales.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Chefchaouen Intitulé de l’étude

Échéance/état d’avancement

Description

Porteur de l’action

Parties prenantes

Projet de mise à niveau urbaine de la ville

Chefchaouen a fait l’objet d’un programme de mise à niveau urbaine incluant une batterie d’actions d’ordre urbanistique et socio-économique visant l’amélioration de l’attractivité de la ville et son tissu historique.

Commune urbaine de Chefchaouen

Commune urbaine, services extérieurs, régies, etc.

2006-2009

PCD de la ville

C’est en 2009 que le PCD de la ville a été Commune urbaine de élaboré définissant une stratégie globale de Chefchaouen développement de la ville et comprenant une série de projets et d’actions intégrés dont celui de la réhabilitation de la médina.

Ministère de l’Intérieur, autorités locales.

2010-2016

Plan d’aménagement de sauvegarde

Le PAS de la médina a été lancé en 2009 afin de doter le tissu historique d’un projet intégré de réhabilitation permettant d’assurer une cohérence dans la gestion et la planification de la médina.

Agence urbaine de Tétouan

Province de Chaouen Commune urbaine, délégations ministérielles, société civile.

2009-2013

Réaménagement des façades dans la médina

Le traitement minutieux des façades permet de recouvrer les aspects architecturaux effacés et la correction des malfaçons introduites de manière involontaire.

Commune urbaine de Chefchaouen

Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville.

Première partie achevée. Deuxième partie en cours de mise en œuvre.

Réhabilitation des locaux traditionnels des tisserands dans la médina

La réhabilitation des locaux traditionnels est une composante essentielle dans la continuité de métiers de tisserand dans la médina. Le programme prévoit les locaux des quartiers Suika, El Kharrazin Essouk, M’dakka et El Onsar.

Commune urbaine de Chefchaouen

Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville. ONG locales.

2010-2016

Pavage des artères et rues structurantes

Le projet prévoit le pavage des rues structurantes en pierres taillées de manière traditionnelle.

Commune urbaine de Chefchaouen

APDN

Presque achevé (95%).

Société civile et partenaires L’implication de la société civile et la mobilisation des citoyens, ainsi que le développement des partenariats constituent, parmi d’autres, les principaux axes sur lesquelles la ville de Chefchaouen a choisi de mener son programme d’intervention dans la médina. Dans ce cadre, cette ville compte plusieurs expériences et pratiques qui ont fait d’elle un modèle à suivre. À titre d’exemple, on peut citer à cet égard, les manifestations annuelles «Printemps de Chefchaouen» et «Nuits de Ramadan», qui dure chacune près d’un mois. La manifestation intitulée « » Laouacher, autre forme de participation des citoyens, en particulier les femmes, vise en premier lieu l’amélioration de la salubrité de la ville durant laquelle la population mène des opérations de chaulage des murs de l’ancienne médina. D’autres exemples d’actions initiées par la société civile concernent notamment la formation des jeunes à l’artisanat traditionnel (restauration, menuiserie, peinture, bijouterie, etc.) avec l’appui d’artisans locaux dans le cadre des chantiers «école/atelier».

‫لعوا�شر‬

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

33


I. Présentation de la médina de Tiznit La fondation de la ville de Tiznit remonte à 1882, après l’expédition militaire du Sultan Hassan Ier dans la région du Souss. Le besoin de créer cette cité fut dicté par la volonté de créer un poste militaire. Le site choisi offrait des avantages stratégiques comme la proximité de la côte (15 km) et la situation sur la voie de commerce reliant Essaouira au Sahara. De plus, Tiznit fut peuplée par des autochtones et ne nécessitait pas l’apport d’une nouvelle population. C’est ainsi que ces mêmes groupements d’habitations furent réunis au sein d’une seule enceinte protectrice pour former la ville. Comme tous les grands ouvrages défensifs du Maroc, l’enceinte de Tiznit fut élevée selon le modèle des fortifications des villes marocaines. L’intérieur de la ville offre l’aspect d’un tissu traditionnel réparti selon des quartiers dont les toponymes reprennent ceux des familles d’origine (Id Ougfa, Aït Mohammed, Id Zkri, Id Dalha). Parmi les monuments qui caractérisent la ville de Tiznit on trouve le palais du Khalifa (Qasr el khalifi) qui abritait le représentant du Sultan, la place du Méchoir et la grande mosquée. Enfin une autre particularité de cette médina concerne la présence d’une importante palmeraie Targa qui représente le poumon vert de la ville.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitationion de la médina Ville du Sud du Maroc, Tiznit se situe dans la région Souss Massa Draa. Elle se trouve à environ 90 kilomètres au Sud d’Agadir entre les rameaux de l’Anti-Atlas et l’océan Atlantique. Elle compte environ 75 000 habitants. Disposant de nombreux atouts naturels, économiques et culturels, elle bénéficie de la proximité d’Agadir, ce qui lui offre un potentiel important pour le développement d’un tourisme culturel et écologique. Tiznit est connue surtout par son ancienne médina qui recèle de nombreuses spécificités et dont le site a été classé dès l’époque du protectorat. Une stratégie de réhabilitation de la médina a été élaborée dans le cadre du PCD de la ville dans lequel une vision globale sur la mise à niveau de cette cité et sa réhabilitation a été validée. Les orientations du PCD reposent sur l’idée d’en faire un pôle touristique et culturel, avec un intérêt pour l’économie solidaire et les produits de terroir. Un ensemble d’actions y ont été programmées incluant notamment le projet de classement de la médina au Patrimoine de l’humanité, l’encouragement et l’encadrement de la constitution d’associations de quartiers, le traitement des maisons en ruine et la piétonisation (circulation dans l’ancienne médina). 34

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


III. Gestion de la médina dans la ville Tiznit 1. Modalités de gestion de la médina La gestion de la médina est assurée par le Conseil municipal avec l’appui de l’autorité locale. Pour faciliter cette mission, le Conseil a mis en place depuis le début des années 2000, l’expérience de démarches de quartiers dans lesquelles les associations locales sont impliquées dans la gestion de leur quartier et invitées à proposer une série d’actions et de projets qui peuvent être réalisés par le Conseil.

Superficie de la médina

115 ha

Population de la médina (2004)

19 994

Part des hab. de la médina/hab. de la ville

32%

Taux d’accroissement démographique (1994-2004)

-0,4%

Densité moyenne (hab/ha)

268

Taux de locataires (%)

41,4%

Part des bâtiments de plus de 50 ans (%)

27,4%

Nombre d’habitations menaçant ruine

795

Chiffres clés concernant la médina (selon le RGPH de 2004)

Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : Les démarches des quartiers à l’échelle de la médina C’est à partir de 2004 que le Conseil municipal de Tiznit a décidé d’instaurer une gouvernance participative à l’échelle de la ville en lançant «la démarche de quartiers» comme approche d’implication de la société civile dans la gestion de leurs quartiers. Cette démarche repose sur l’idée de soutenir et d’accompagner «des initiatives» ou actions proposées par les habitants des quartiers pour les intégrer dans le plan d’action du Conseil communal et de les introduire, en fonction des ressources financières disponibles, dans le budget municipal. Une telle approche, participative et spatialisée à l’échelle des quartiers, permet au Conseil de la ville d’être plus proches des habitants et de leurs attentes et de réadapter ses actions en fonction des priorités exprimées.

L’intégration institutionnelle de la gouvernance participative dans la gestion de la ville La mise en place effective de cette démarche a été conçue selon une approche progressive qui a débuté par une campagne de sensibilisation effectuée auprès du tissu associatif local, suivie par la création de centres socioculturels de proximité dans les principaux quartiers de la ville, avant le lancement effectif de 6 initiatives (pour la période 2004-2009), étendues à 8 initiatives (pour la période 2009-2016). Ces initiatives sont gérées dans leur phase préliminaire par un comité composé de représentants politiques et techniques de la Commune avant que cette gestion ne soit transférée ultérieurement aux représentants associatifs désignés par les habitants du quartier. Le succès qu’a connu cette initiative dès son lancement a été à l’origine de la décision prise par le Conseil en 2009 d’en faire une composante principale de son organisation. Sur le plan spatial, 8 initiatives associées aux 18 quartiers de Tiznit (réparties sur les 4 arrondissements administratifs de la Commune) ont été lancées en 2009, dont deux localisées au niveau de l’ancienne médina. Associées à des centres socioculturels qui servent d’espaces de rencontre et d’échange entre le Conseil et les habitants, ces initiatives sont gérées par un comité de gestion représentatif composé des élus municipaux soutenu par une équipe de techniciens de la Municipalité qui assurent la coordination entre les associations de quartiers et le Conseil de la ville. Celui-ci est censé recueillir l’ensemble des initiatives soumises par les différents comités de quartiers et les inclure dans ses sessions de délibération afin d’intégrer certaines d’entre elles dans la programme prévisionnel du budget municipal. Au niveau de l’ancienne médina, deux initiatives ont été créées. Derrière chaque initiative se trouvent une dizaine d’associations locales (aussi bien de proximité que des associations professionnelles de commerçants) ayant proposé un ensemble d’actions concernant principalement le réaménagement et l’embellissement des quartiers et des axes commerciaux de la médina.

Une approche gagnant-gagnant : Commune-société civile La contribution du Conseil municipal à la réalisation de ces initiatives associatives, après leur approbation, consiste dans l’apport du matériel et des matériaux de construction (pour les travaux de réaménagement), de l’assistance technique pour l’exécution des travaux (mobilisation du personnel technique communal) et de la formation technique des associations impliquées pour la gestion et le montage des projets. Tandis que ces associations s’occupent de la sensibilisation des habitants et de leur adhésion effective au projet, du bon déroulement des travaux de réalisation et de la gestion des conflits sur le site (entre les riverains), du choix des ouvriers et des entreprises qualifiés chargés de l’exécution des travaux, du contrôle des prestations fournies et du respect des prescriptions préconisées par la Commune, etc. Ces associations bénéficient alors d’une totale autonomie de gestion de leurs projets avec éventuellement une assistance technique et logistique apportée par la Commune. Le rôle de l’animation technique et sociale qu’elles assument au niveau de ces initiatives a permis, au regard de leur parfaite connaissance des quartiers, de surmonter un ensemble de contraintes rencontrées souvent dans les médinas tant sur le plan technique, foncier et social, facilitant ainsi l’avancement des travaux et le respect des délais de leur mise en œuvre. Depuis 2004, date de lancement de ces initiatives jusqu’aujourd’hui une quarantaine de projets ont été soutenus et réalisés dans la médina par le Conseil en collaboration avec les associations de quartiers. Leur nombre n’a pas cessé par ailleurs d’augmenter depuis leur lancement (témoignant du succès de la démarche) touchant des domaines variés : Le volet physique (dallage et revêtements des ruelles, des places, des espaces verts), social (réalisation des équipements) et culturel (organisation de manifestations).

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

35


2. Études et projets en cours ou prévus La Commune urbaine de Tiznit a initié en collaboration avec des acteurs locaux une série de projets et de programmes visant à rehausser l’attractivité économique et culturelle de la médina. Ces projets sont intégrés dans divers programmes d’action tels que : • Plan Communal de Développement 2011-2016, • Programme de mise à niveau de la ville (2003-2012), • Plan d’Aménagement Urbain de la commune par l’Agence urbaine d’Agadir (PDU), • Étude architecturale, cahier des prescriptions architecturales (charte) (en cours), • Plan d’aménagement et de sauvegarde pour la mise à niveau de la médina. La Commune a entrepris une série de travaux et projets qui sont en cours de réalisation et se présentent comme suit : • Élaboration de circuits touristiques de la médina. • Étude sur la protection de la médina contre les risques et catastrophes naturels (volet environnemental). En effet, la médina est traversée par un oued et donc exposée à des risques d’inondation. • Quelques actions menées en partenariat avec Al Omrane, dans le cadre d’une stratégie de réhabilitation intégrée de la médina, concernant l’amélioration de l’accès à l’eau potable, aux réseaux d’assainissement, le revêtement des sols, la généralisation de l’accès à l’éclairage public… • Des réflexions menées sur les possibilités de mettre en place un programme d’efficacité énergétique pour l’éclairage public. • Projet de réhabilitation de la kasbah Aghenaj avec la création d’un théâtre de plein air (achevé) et la construction d’un musée de la ville doublé d’un centre des archives historiques (en cours, livraison fin 2015), restauration des murailles, restauration de l’ancienne mosquée par les Habous. • La réhabilitation du souk Assil (achevée en 2014). • La création du jardin public d’El Mers (achevée en 2014). • La réhabilitation de la source historique (Aïn Aqdim dite la source bleue) achevée en 2015. • Expropriation de bâtiments pour réaliser des places publiques (arrêtés d’expropriation pour créer des voies et des places publiques). • Acquisition de bâtiments et maisons ayant une valeur architecturale et historique reconnue.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tiznit Intitulé de l’étude

36

Description

Porteur de l’action

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Projet de mise à niveau urbaine de la ville

Il s’agit d’un vaste programme de mise à niveau de la ville incluant la réalisation de grands projets d’infrastructures, d’aménagement urbain, d’embellissement de la ville et la mise à niveau de la médina par la création des équipements nécessaires et la lutte contre les constructions menaçant ruine.

Province de Tiznit

Commune urbaine, services extérieurs, régies, etc.

2003-2012

PCD de la ville

C’est le Plan d’orientation et de développement de la ville initié par la Commune urbaine qui englobe les projets d’investissement prévus pour une durée de cinq ans. Ce plan qui fixe comme objectifs la promotion du tourisme et la mise en valeur de l’artisanat englobe un axe de réhabilitation de la médina dans lequel sont prévus plusieurs projets d’équipement et de mise en valeur de la cité historique.

Commune urbaine

Ministère de l’Intérieur, autorités locales.

2011-2016

Projet de la réhabilitation de la médina

Dans le cadre de sa stratégie de promotion de l’attractivité économique et spatiale de la médina, la Commune a initié un projet de réhabilitation de la cité en lançant un ensemble de projets de restauration et de réhabilitation des édifices et monuments historiques (AinZerka, KashabAkhnaj, théatre, etc.).

Commune urbaine

Délégation de la 2004-2014 culture, associations de la médina.

Plan d’Aménagement de Sauvegarde

À l’instar des anciennes médinas du Royaume, la médina de Tiznit a été dotée d’un Plan d’Aménagement et de Sauvegarde qui a permis de dresser un diagnostic détaillé de la cité et de proposer une stratégie de réhabilitation sur le plan économique, culturel et urbanistique.

Agence urbaine d’Agadir

Province de Tiznit, Commune urbaine, délégations ministérielles, société civile

2011-2014

Les initiatives des quartiers

C’est une approche de gouvernance participative initiée par la Commune en vue de faciliter la mise en œuvre d’un ensemble d’actions associatives portant sur l’entretien et la mise en valeur des quartiers, notamment à l’échelle de la médina.

Commune urbaine

Associations des quartiers.

2004-2014

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. La médina de Fès Ville sainte et ancienne capitale politique du Royaume, la médina de Fès est l’une des plus anciennes médinas du Maghreb. Fondée à la fin du VIIIème siècle par la dynastie des Idrissides, cette cité a toujours représenté un important centre spirituel et culturel connu surtout par son Université Al Quarraouine qui figure parmi les plus anciennes du monde musulman. Au cours de sa riche histoire, la ville a été agrandie et embellie par la volonté des différentes dynasties qui régnèrent sur le Maghreb, rayonnant ainsi sur le monde islamique occidental par la richesse de son patrimoine et par le savoir-faire de ses artisans. Elle s’est offerte, sous le règne de ses fondateurs, des institutions prestigieuses comme les medersas qui représentaient des hauts lieux du savoir et de l’enseignement coranique. D’une superficie de 300 hectares, elle comporte quatre noyaux historiques : Andalous, Quaraouiyine, Bouinania et Fès Jdid. Située à 180 km à l’Est de Rabat, Fès est la troisième ville la plus peuplée du pays avec près de 1,2 million d’habitants. Elle est l’ancienne capitale politique et culturelle du Maroc et également l’un des noyaux historiques de la civilisation arabomusulmane. Fès est désormais divisée en six arrondissements. Géographiquement, la ville est scindée en trois parties distinctes correspondant à l’ancienne médina «Fès el Bali» datant du IXème siècle et représentant le plus ancien quartier édifié par les Idrissides ; «Fès Jdid» édifiée au XIIIème siècle par les Mérinides, cité administrative et royale où le Roi aime à se rendre pour marquer la solennité d’un évènement ou l’importance d’une décision ; Fès ville nouvelle (Dar Dbibegh) est le nouveau centre construit au Sud-Ouest sous le protectorat français.

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina Le processus de réhabilitation de la médina de Fès remonte à la fin des années 1970 suite à une prise de conscience nationale et internationale sur la nécessité de préserver un patrimoine universel en péril qui requiert un important programme de réhabilitation. C’est ainsi que les pouvoirs publics au Maroc et les organismes internationaux se sont mobilisés pour mettre en place un ensemble de dispositifs financiers, techniques et institutionnels visant la revalorisation de cette cité traditionnelle. L’une des principales actions entreprises dans ce sens était de dé-densifier la ville trop peuplée et de mettre en place une structure dédiée (Agence de Réseau Marocain des Anciennes Médinas

37


Développement et de Réhabilitation de la ville de Fès, l’ADER) avec pour rôle d’assurer les travaux de réhabilitation et conduire les actions de mise à niveau de la médina. Depuis lors, plusieurs programmes de réhabilitation ont été entrepris par l’ADER en collaboration avec les partenaires institutionnels, tant au niveau central que local, visant la gestion des constructions menaçant ruine et la réhabilitation des monuments et des belles demeures de la médina. Parmi ces programmes, figure le projet de l’agence américaine Millénium Challenge relatif à la promotion de l’artisanat dans la médina.

Autorités locales

Ministère de l’Habitat

Al Omrane

Commune Urbaine

Bailleurs de fonds

Ministères : Culture, Habous Tourisme Artisanat

ADER

Agence urbaine et de Sauvegarde

III. Gestion de la médina dans la ville 1. Modalités de gestion de la médina

Fondations privées

Organismes internationaux

Superficie de la médina

300 ha

Population de la médina (2004)

117 251

Part des hab. de la médina/hab. de la ville 12% La gestion urbaine de la médina est assurée par le Conseil de Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,4% la ville qui, avec la collaboration de l’autorité locale, l’ADER et la société civile, met en place les services urbains nécessaires Densité moyenne (hab/ha) 390 pour le bon fonctionnement de cette cité historique. L’ADER Taux de locataires (%) 48,4% en tant que structure de réhabilitation participe activement Nombre d’habitations menaçant ruine 3 666 à la gestion de la ville, par le réaménagement des espaces publics, le traitement des constructions menaçant ruine, l’encadrement et l’accompagnement social des habitants. La société civile au niveau de la médina participe également à sa gestion et à la promotion de son attractivité par l’animation et la conduite de plusieurs programmes et activités d’encadrement social et culturel auprès des occupants de la médina.

2. Études et projets en cours ou prévus Depuis le classement de la médina en tant que Patrimoine Mondial à la fin des années 70, la cité a fait l’objet de plusieurs études, expertises de diagnostic, d’inventaire, de planification et de réhabilitation conduites tant par les organismes internationaux, les départements ministériels au niveau national que par l’ADER et les acteurs locaux au niveau de Fès. Ces études se sont soldées, le plus souvent, par d’importants programmes de restauration, d’équipements et de dédensification, visant la préservation de la médina et la promotion de son attractivité économique. Le dernier programme en date concerne la signature d’une convention de partenariat pour la réhabilitation de la médina en 2013 financé par les différents ministères concernés pour une période de quatre ans (2013-2017) et un montant de 600 MDH. Ce programme comporte un ensemble de volets d’intervention touchant particulièrement la gestion des constructions menaçant ruine et la réhabilitation des monuments historiques emblématiques de la ville. 38

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

L’ADER, premier établissement public au Maroc dédié à la réhabilitation d’un tissu historique Depuis son classement en tant que patrimoine universel, la réhabilitation de la médina a été confiée à l’ADER, société de développement local créée en 1989 et ce en collaboration avec les principaux acteurs (Conseil municipal et autorités locales) qui siègent dans son Conseil d’administration. Son rôle consiste à mener des études techniques, conduire des opérations de restauration et de mise à niveau urbaine et promouvoir sur le plan social, culturel et économique la médina. Cette institution a cumulé une expérience probante sur le terrain grâce à ses différentes équipes techniques et opérationnelles et son système d’informations géographiques très développé qui permet un suivi et un traitement régulier et actualisé des informations et des actions menées sur la médina. Enfin l’ADER, pour la réalisation de ses travaux, conduit des actions d’accompagnement social auprès des habitants et des associations de la société civile afin de permettre une plus grande appropriation sociale des projets réalisés.


À signaler enfin que la médina a fait l’objet depuis 2007 d’un important programme de promotion du secteur de l’artisanat à Fès conduit par Le Millennium Challenge Corporation (MCC), en collaboration avec le Ministère de l’Artisanat, la Commune urbaine et la Préfecture de Fès pour un montant global de 1,6 milliard de DH. Ce programme a porté sur la réhabilitation des fondouks (Chemmaine, Sbitriyine, Staouniyine, Berka), le réaménagement de la place Lalla Yeddouna et du complexe Makina. S’ajoutent également la promotion des produits de l’artisanat, la restauration de la tannerie Chouara, la réhabilitation de six autres fondouks (Haffarine, Abdelmajid, Sidi Bouayad, Andalou, Draz Jiaf, Draz DerbBensalem) et le projet de la maison du citoyen.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Fès Intitulé de l’étude

Description

Porteur de l’action

Programme «Artisanat et Médina de Fès»

Composante du «Compact Millenium Challenge Account-Maroc» (MCAMaroc), le projet «Artisanat et Médina de Fès» est doté d’un budget MCC de 91 millions de dollars dont 42 millions pour la seule composante du projet «Médina de Fès» visant la promotion du secteur de l’artisanat au niveau de la médina.

APP

Schéma Directeur d’Urbanisme de la ville de Fès (SDU)

L’idée de lancer un Schéma directeur de Fès intégrant l’ancienne médina remonte au milieu des années 70 avec l’aide du PNUD. Un premier document réglementaire planifiant l’aménagement dans la médina de Fès a été approuvé en 1980. Son élaboration a conduit à la formulation d’un projet spécifique pour la médina avec comme idée maîtresse de «renforcer le rôle de la médina en tant que centre principal de l’agglomération».

Ministère de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire

Projet de réhabilitation de la médina de Fès

À la suite d’un nouveau prêt de la Banque Mondiale, un nouveau programme de réhabilitation de la médina a été lancé depuis 1999 pour une durée de 4 ans. Il vise à la poursuite des projets de mise à niveau et de réhabilitation initiés au cours de la décennie 1990 et au renforcement des capacités des acteurs intervenant dans la cité historique

Conventions de partenariat sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Agence pour le Développement et la Réhabilitation de la ville de Fès (ADER-Fès), Secrétariat d’État chargé de l’Artisanat (SECA), Wilaya de la région Fès-Boulemane, Commune urbaine de Fès et Commune urbaine du Méchouar Fès Jdid.

2010-2013

ADER-Fès

Banque Mondiale, accord signé entre MI, Finances, MAC, deux Municipalités.

1999-2003

Restauration de 27 monuments historiques dans la médina de Fès (5 médersas, 4 borjs, 3 fondouks, 3 tanneries, 2 murailles, 2 ponts et 8 monuments divers), qui touchent aux domaines suivants : touristique, artisanal, économique et culturel. Investissement de l’ordre de 285,5 millions de dirhams.

ADER-Fès

2013-2017 Ministère de l’Intérieur, Ministère des Finances, Ministère de l’Habitat, Wilaya de la Région de Fès, Conseil communal de Fès, Commune Mechouar Fès Jdid et ADER.

Traitement du bâti menaçant ruine dans la médina de Fès. Cette action concerne le traitement d’environ 1 729 bâtisses avec une contribution de l’État au profit des habitants concernés. De leur côté, 1 937 autres bâtisses bénéficieront d’un suivi du degré de leur dangerosité. Une enveloppe de près de 330 millions de dirhams a été mobilisée.

ADER-Fès

Ministères de l’Intérieur, des Habous et des Affaires islamiques, de l’Économie et des Finances, de l’Habitat, de la Culture, de l’Artisanat. Wilaya de la Région de Fès-Boulemane. Commune urbaine de Fès. Commune Mechouar Fès Jdid.

2013-2017

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

39


Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : L’apport de l’outil SIG dans le suivi et la gestion des interventions au niveau de la médina L’ADER est parmi les structures pionnières au Maroc à avoir mis en place l’outil SIG dans la gestion et la réhabilitation de la médina de Fès. Cet outil se présente comme un dispositif efficace pour une meilleure connaissance de la médina et de ses caractéristiques et surtout comme un outil d’intervention, de priorisation des actions et d’aide à la prise de décisions au niveau opérationnel. Dans un territoire aussi vaste que celui de la médina de Fès, l’enjeu pour les intervenants étant de gérer et exploiter au quotidien des masses importantes d’informations exhaustives liées à des milliers de bâtisses, se rapportant à leur état physique, à leur valeur patrimoniale, à leurs statuts foncier et d’occupation, etc. Consciente de l’enjeu que représentent la connaissance et la maîtrise de son territoire d’intervention et la gestion efficace de l’information liée à chaque bâtisse, l’Agence pour le Développement et la Réhabilitation de la Ville de Fès (ADER-Fès) a procédé à la mise en place un SIG dédié à la médina de Fès qui prend en charge la problématique du bâti menaçant ruine. En tant qu’outil de planification, le SIG permet d’aider au montage des opérations d’intervention sur le bâti menaçant ruine. Les données liées aux bâtisses menaçant ruine sont recueillies par le bais d’une enquête de repérage physique et socioéconomique réalisée sur le terrain. La précision des données stockées dans la base de données du SIG permet une précision dans la programmation des actions. La connaissance précise des caractéristiques physiques, techniques, sociales, foncières, etc. et leur génération sous forme de cartes pour une analyse géographique permettent de quantifier avec plus de précision les objectifs du programme et de définir les catégories d’interventions selon le degré de danger. En outre, le SIG en tant qu’outil de gestion et de monitoring permet, lors de la phase de mise en oeuvre, le suivi quotidien des opérations. Les données sur l’état d’avancement des chantiers remontent du terrain sous forme de fiches de suivi qui sont saisies dans la base de données du SIG. Cette mise à jour des données permet d’apprécier l’état d’avancement des opérations et des dépenses, le déroulement des plannings de mise en œuvre, etc., et d’aider ainsi les responsables de l’ADER-Fès dans la prise des décisions appropriées.

40

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina d’Essaouira La médina d’Essaouira, connue par son ancien nom de Mogador, est un fort Alaouite dont le plan actuel a été réalisé et dressé en 1765 par Théodore Cornut, un ingénieur spécialiste des fortifications, suite à une commande faite par le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah qui décida d’en faire un important port international sur l’océan. Il s’agit de l’une des rares médinas du Royaume dont l’organisation a été planifiée en amont sur la base d’un plan d’urbanisme. On y discerne deux quartiers principaux séparés par les deux axes orthogonaux de la ville : La kasbah qui comprend le vieux quartier administratif, la médina construite entre le XVIIIème et le début du XXème siècle. Au regard de son emplacement au bord de la mer, son artisanat spécifique, son architecture assez exceptionnelle et son ambiance cosmopolite (carrefour de cultures et ethnies diverses), cette médina garde encore un charme très particulier qui la classe parmi les destinations touristiques attractives à l’échelle nationale. C’est dans l’optique de préserver son patrimoine original que les murailles, les portes, les tours et les bastions formant l’enceinte fortifiée de la médina ont été classés monuments historiques depuis 1924. À partir de 2001, elle sera inscrite sur la liste du patrimoine culturel de l’humanité. Toutefois malgré l’intérêt local manifesté pour sa mise en valeur, il semble que la médina d’Essaouira fasse l’objet depuis quelques années de pressions physiques, économiques et démographiques croissantes ce qui explique le niveau de délabrement très avancé de la plupart de ses habitations concentrées dans le quartier Mellah.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina Petite ville côtière située au Sud du Maroc à quelques kilomètres d’Agadir, Essaouira est connue pour son paysage naturel spécifique et son tissu traditionnel exceptionnel. Elle dispose d’un potentiel touristique et patrimonial considérable qui fait d’elle l’une des destinations touristiques les plus attractives du Royaume. Depuis la fin des années 1990, la question de la réhabilitation de la médina d’Essaouira a fait l’objet d’un regain d’intérêt manifeste de la part des acteurs institutionnels et associatifs locaux qui se sont mobilisés pour protéger et revaloriser un patrimoine urbanistique et architectural d’une grande richesse. Cette mobilisation s’est particulièrement cristallisée dans le cadre du programme de l’Agenda 21 initié en 1996 par la coopération Belge, en collaboration avec les acteurs locaux de la ville. Le principal objectif était d’amorcer un développement durable de la ville axé sur une préservation de ses ressources naturelles et une mise en valeur de son patrimoine historique. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

41


Les actions de sensibilisation, de communication et de concertation impliquant tant les élus, que les techniciens et les associations locales, menées dans le cadre de ce programme ont permis de déboucher sur une vision globale de réhabilitation de la médina comprenant un plan d’action touchant ses différentes composantes environnementales, spatiales et sociales. Ces actions, qui ont également permis de consolider cette prise de conscience locale quant à la nécessité de préserver ce tissu historique spécifique, se sont soldées en 2001 par le classement de la médina en tant que Patrimoine Mondial. Depuis la fin du programme de l’Agenda 21, un ensemble de projets de mise en valeur et de restauration ont été initiés séparément par les principaux acteurs locaux : La Commune urbaine, la Province, l’Agence urbaine, la Culture, Al Omrane et le tissu associatif local qui joue de plus en plus un rôle capital dans le rayonnement culturel de la médina.

III. Gestion de la médina dans la ville d’Essaouira 1. Modalités de gestion de la médina

Superficie de la médina

30 ha

Population de la médina 16 718 La Commune urbaine d’Essaouira s’occupe de la gestion urbaine de la médina en assurant la gestion d’un ensemble de Part des hab. de la médina/hab. de la ville 24% services urbains (entretien, collecte, mise à niveau urbaine). Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -3,1% Elle mène depuis quelques années un vaste programme Densité moyenne (hab/ha) 550 de mise à niveau comportant des actions d’entretien et de rénovation des réseaux d’assainissement, d’eau potable et Taux de locataires (%) 65,4% d’électricité, de restauration des murailles et des travaux Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 91,4% de pavage des principales ruelles de la médina. Dans le Nombre d’habitations menaçant ruine 100 même sens, l’Agence urbaine d’Essaouira a initié un ensemble d’études stratégiques qui visent une réhabilitation intégrée de la médina et qui comporte un plan de mise à niveau de la ville, une étude de réhabilitation du quartier du Mellah et la charte architecturale votée à l’unanimité par le Conseil municipal. Enfin sur le plan culturel et événementiel, il est à souligner le rôle crucial que joue dans ce sens l’association Essaouira Mogador qui organise une série de manifestations culturelles et musicales de grande envergure visant à élargir le rayonnement de cette cité historique à l’échelle nationale.

Agenda local 21, une stratégie novatrice pour la réhabilitation de la médina d’Essaouira Agenda local 21 est un programme qui a été lancé suite aux recommandations du Sommet Mondial de la terre de Rio de 1992 avec comme objectif de mettre en place des stratégies de développement durable conciliant croissance économique et protection des ressources environnementales. Cette conférence planétaire internationale préconisait que les autorités locales entreprennent une large consultation pour parvenir à un consensus sur un planning nommé Agenda 21 pour le 21ème siècle, permettant d’améliorer le cadre et les conditions de vie des communautés. Une démarche innovante centrée sur un développement durable et endogène Il s’agit d’une démarche opérationnelle novatrice qui vise la mise en convergence des politiques publiques locales en l’inscrivant dans une pratique participative et délibérative. Parmi trois villes internationales identifiées comme sites pilotes, la ville d’Essaouira a été choisie pour servir de support à l’expérimentation de cette nouvelle vision de développement local à l’échelle nationale. Le projet a été initié en 1996 avec l’appui de l’Agence de la coopération belge, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux, en se fixant comme objectifs d’élaborer une vision commune à long terme de développement durable de la ville et de son tissu historique. • Supprimer les goulots d’étranglement empêchant le développement durable de la ville ; • Renforcer les capacités des institutions locales ; • Créer des partenariats novateurs. Ce programme a été initié grâce au concours et l’implication d’un ensemble de partenaires institutionnels, tant à l’échelle locale qu’internationale : • ONU – HABITAT (Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains) ; • La Coopération Belge ; • Le Consortium Belge (Post Graduate Centre humain Settlements, K.U. Leuven) ; • La Province d’Essaouira ; • La Municipalité d’Essaouira. Une démarche délibérative et participative Parmi les différents axes d’intervention stratégiques identifiés, figurent la promotion du patrimoine culturel à travers la réhabilitation de l’ancienne médina et le renforcement des capacités d’intervention des acteurs municipaux et des représentants du tissu associatif. À la suite d’un ensemble d’ateliers thématiques de concertation et de consultations locales regroupant les différentes entités locales concernées, dont le tissu associatif, les partenaires du programme ont pu esquisser une vision à long terme du développement durable de la ville et un plan d’action. Ainsi pour la promotion de la médina, a été prévue l’élaboration d’un plan de sauvegarde comprenant des actions de dédensification et la réhabilitation du Mellah avec le relogement des habitants occupant les constructions menaçant ruine. 42

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Une série d’ateliers de consultation entre 1996 et 1999 Ces ateliers ont été l’occasion pour les différents partenaires impliqués de mettre l’accent sur une démarche délibérative à propos des différents obstacles entravant le développement de la ville et d’esquisser une vision de développement de la cité. Le sujet de la sauvegarde de la médina en situation préoccupante a constitué matière à débats pour dresser un état des lieux et faire ressortir des pistes de développement. À la suite de ces ateliers, une série d’actions ont été validées portant sur la réhabilitation de la médina dont notamment la création d’une cellule médina chargée de la réhabilitation de la cité historique, l’identification de projets pilotes pour la sauvegarde de la cité, la sensibilisation de la population et enfin l’enclenchement des démarches pour le classement de la ville en tant que patrimoine universel. Un portage politique local : La municipalité d’Essaouira L’intérêt de la démarche Agenda local 21 réside dans le fait de placer les pouvoirs locaux et particulièrement municipaux au cœur de la stratégie de développement de la ville. Cette initiative qui mobilise toutes les énergies locales vise à développer les capacités locales de la municipalité pour mettre en place de manière rationnelle et participative un plan de développement durable de la ville afin d’améliorer les conditions de vie de ses habitants. Au niveau d’Essaouira, c’est en 2002 que le projet a été institutionnalisé au sein de la structure municipale. Le financement des activités du projet devait être assuré par le budget municipal et la Province, mais les élections locales de 2003 n’ont pas permis ce financement.

2. Études et projets en cours ou prévus La médina fait l’objet, depuis quelques années, d’une série d’études stratégiques d’intervention et de projets divers de restauration, de réaménagement et d’équipement initiés par les différents acteurs locaux concernés par ce tissu. En voici quelques exemples : Projets de mise à niveau de la médina • Mise à niveau des infrastructures (assainissement, voirie, éclairage, eau potable avec 40 millions de Dh supportés par l’ONEP) ; • Restauration de sites à valeur historique ; • Réalisation d’équipements de proximité ; • Restauration de lieux de culte (des 3 religions) ; • Mise à niveau de l’ancien port. Projets en cours de programmation • Le projet intégré de la réhabilitation de la médina d’Essaouira prévu dans le cadre de la politique de la ville initiée par la Province en partenariat avec les autres départements (Ministère de l’Habitat, de l’Intérieur, des Habous, de la Culture, Conseil régional, Conseil municipal. Études réalisés • Charte architecturale de la médina ; • Mise à niveau de la médina d’Essaouira. Études en cours • Restauration des murailles ; • Mise à niveau des places publiques aux alentours de la médina ; • Éclairage des murailles ; • Réhabilitation du quartier Mellah ; • Réhabilitation du marché aux poissons.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

43


Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina d’Essaouira Intitulé de l’étude

Description

Porteur de l’action

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Programme Agenda 21

La ville d’Essaouira a été la première ville du Royaume faisant l’objet d’un programme de l’Agenda 21. C’était à la fin des années 90 que ce programme a été lancé, mobilisant de façon participative l’ensemble des acteurs locaux pour l’élaboration d’une vision partagée du développement local et durable de la ville. La réhabilitation de la médina a été un axe central dans ce programme et un ensemble d’orientations ont été dégagées pour sortir la cité de sa léthargie économique.

PNUD en Province, Délégation collaboration avec la de la culture, Commune urbaine Délégation de l’Habitat.

1998-2001

Programme de mise à niveau

La ville d’Essaouira a fait l’objet d’un programme de mise à niveau qui a concerné différents volets dont la mise à niveau de la médina. Des actions de restauration des murailles, de mise en place des infrastructures et traitement des constructions menaçant ruine ont été lancées dans le cadre de ce programme.

La Province d’Essaouira en collaboration de la Commune urbaine

Al Omrane, Délégation de la culture, de l’Habitat, Habous.

2010-2014

Étude de mise à niveau de la médina

Une étude de mise à niveau et de revalorisation de la médina a été lancée en 2012 afin d’établir une vision partagée de réhabilitation de la cité et de faire ressortir les axes stratégiques d’intervention qui vont guider sa mise en valeur.

Agence urbaine d’Essaouira

Province, Commune urbaine, Délégation de la Culture.

2012

Traitement et gestion des constructions menaçant ruine dans la médina

Province en Délégation de Un important programme de traitement collaboration avec Al l’Habitat, Commune des CMR est piloté par la Province en Omrane Marrakech urbaine. collaboration avec les acteurs locaux. Il vise la consolidation et le traitement d’une centaine de bâtisses situées principalement dans le quartier du Mellah.

Depuis 2013

Depuis les actions de concertation et de sensibilisation élargies menées dans le cadre du programme d’Agenda 21, le tissu associatif local occupe une place prépondérante dans la gestion, l’animation et la réhabilitation de la médina. Aux côtés de nombreuses associations d’habitants ou d’artisans de la médina qui œuvrent pour l’amélioration de sa gestion quotidienne, s’ajoutent un ensemble de grandes associations culturelles qui s’impliquent dans une série d’actions culturelles et sociales visant la mise en valeur de la médina. Parmi lesquelles, figure particulièrement l’association Essaouira Mogador dont le nom initial était «Association Pour la Sauvegarde et la Promotion d’Essaouira» (A.S.P.D.E.). Cette association, fondée en 1992 à l’initiative de M. André Azoulay, s’est fixée comme objectif la préservation du patrimoine urbanistique et culturel de la ville. Depuis sa création, elle a pu mobiliser les acteurs locaux pour la préservation du patrimoine local et la mise en place d’une série d’actions sociales et culturelles qui ont été marquées par l’organisation du festival de Gnaoua et d’autres festivals qui font aujourd’hui la renommée de cette cité à l’échelle internationale.

44

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Meknès Quatrième ville impériale du Royaume et troisième médina du Maroc par la taille de sa population, la ville de Meknès se distingue la présence de deux entités historique : Un noyau historique encore marqué par le sceau de plusieurs dynasties et une cité impériale, édifiée entre le 17ème et le 18ème siècle par le souverain Moulay Ismail (1672-1727) qui en fit sa capitale. La médina et la cité impériale sont inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis décembre 1996. Ce tissu historique occupe une situation privilégiée au cœur du grand Meknès, il fait face à la ville nouvelle édifiée pendant le protectorat, dont il est séparé par une vallée (celle du Boufekrane), constituant une coulée verte agrémentant la ville et son paysage urbain. La médina, étendue sur une superficie couvrant la zone Nord-Ouest/Sud-Est, est traversée par deux axes structurants et comprend 8 accès principaux. Longeant la rive Sud-Ouest de l’oued Boufekrane, la médina de Meknès s’étend sur 97 ha et jouxte la Cité impériale, qui elle, fait un peu plus de 500 ha. Ce tissu historique recèle un important potentiel patrimonial matériel et immatériel, riche en termes de qualité et de quantité : Des monuments, des édifices, des traditions culturelles vivaces… Il se caractérise par : • Une activité dense (5 800 entreprises et 10 400 actifs permanents) ; • Un artisanat traditionnel vivace comprenant quelques branches spécifiques à Meknès (le fer damasquiné, le bois, le tapis, la broderie, la poterie, la céramique, la bijouterie, la ferronnerie, le travail sur le stuc…).

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina Meknès est le chef-lieu de la région administrative de Meknès-Tafilalet et l’une des quatre villes impériales du Maroc. Elle est située à environ 500 mètres d’altitude, sur le plateau de Saïs, entre le Moyen-Atlas au Sud et les collines pré-rifaines au Nord. La ville est traversée par l’oued Boufekrane, qui sépare la médina de la ville nouvelle, dite «Hamria». La population de la ville de Meknès et son agglomération est estimée actuellement à un million d’habitants. En effet, d’après le recensement de 2014, Meknès compte 687 575 habitants. Réseau Marocain des Anciennes Médinas

45


Meknès est surtout une ville touristique connu pour son patrimoine culturel. L’infrastructure hôtelière a connu ces dernières années une croissance rapide, de même que les maisons d’hôtes traditionnelles appelées «Riad». Meknès est aussi connue pour son artisanat très riche, dont le savoir-faire est jalousement gardé et transmis de génération en génération.

III. Gestion de la médina dans la ville Meknès : 1. Modalités de gestion de la médina :

Population médina (2004)

47 125

Des termes comme gestion, vision stratégique, méthodologie Superficie 97 ha d’approche des tissus historiques n’ont commencé à rentrer Densité moyenne pop/ha 470 dans les discours officiels, que depuis quelques années. Taux de locataires (%) 49% C’est surtout à partir de 2006, puis 2008, que la prise de Part des bâtiments de plus de 50 ans 70% conscience de la nécessité de mise en place d’une stratégie pour la médina a commencé à se faire sentir. Nombre menaçants ruines 1 500 environ Au-delà de l’implication de la Commune urbaine de Meknès Longueur 42 km et dans la gestion de l’ancienne médina, l’Agence urbaine de Murailles hauteur entre 8 et 15 m Meknès participe aussi à la gestion de ce tissu historique surtout après avoir signé différentes conventions avec des Portes 20 portes Agences françaises d’urbanisme en 2007, afin de s’appuyer sur l’expérience des villes françaises en matière de planification et de gestion urbaine. Cela a abouti à un processus important, dans la mesure où de grands projets sont lancés au niveau de la région. Parmi eux, la réhabilitation de la médina de Meknès.

2. Études et projets en cours ou prévus La médina de Meknès a fait l’objet de plusieurs études et expertises lancées, tant par des institutions nationales que par des organismes internationaux. Ces études ont permis d’élaborer des diagnostics approfondis sur la ville, de faire ressortir les atouts de la cité et d’identifier des perspectives et des orientations générales pour le développement de la ville. De manière générale, les principales études lancées peuvent être ventilées comme suit : • Document sur «les circuits thématiques dans la médina» - Agence urbaine de Meknès-AUM. • Charte architecturale de la médina - AUM. • Plan d’aménagement sectoriel de la médina, CTL tenu AUM, en phase finale. • Étude sur la médina de Meknès - Banque Mondiale. • Étude sur le quartier Tizimi - Banque européenne d’Investissement. • Investigations du LPEE sur le menaçant ruine - Al Omrane. • Plan numérisé au 1/2000 de la médina. • Étude sur le degré de cohabitation dans la médina AUM. • Étude des fondouks de l’ancienne médina - Al Omrane. • Étude de réhabilitation de la mosquée Dar Jamai Ministère de la Culture. • Étude de réhabilitation de la Médersa Fillalia. • Étude de réhabilitation de Dar Dbagh - Ministère de l’Artisanat. • Recensement des belles demeures de la médina, dans le cadre du plan d’aménagement. • CPR vision 2020 de la délégation régionale du tourisme.

Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : La mise en place d’un service dédié à la gestion des monuments historiques et des constructions menaçant ruine La Commune de Meknès est parmi les rares collectivités locales du Royaume ayant mis en place un service dédié à la gestion et la réhabilitation de son ancienne médina en conformité avec les dispositions de la Charte communale de 2002. Consciente de la complexité de l’intervention dans ce tissu historique et des nombreux dysfonctionnements dont il souffre, la Commune a décidé en 2004 de mettre en place un service dédié doté de ressources humaines et d’un budget propre pour gérer et suivre les différents travaux et projets de la Commune au niveau de la médina. Dès sa mise en place, le service a assuré plusieurs missions dont la gestion des travaux de restauration des murailles, la restauration des monuments historiques ainsi que la gestion des opérations de traitement des constructions menaçant ruine en collaboration avec les différents intervenants locaux dans ce domaine. Doté d’un budget annuel proche de 3 millions de dirhams, le service a pu initier divers projets et actions visant la préservation de la médina et de ses monuments historiques. Le service reste par ailleurs un acteur clé dans les différents programmes et projets de réhabilitation de l’ancienne médina initiés tant par les organismes nationaux qu’internationaux. Un groupe de travail et de réflexion issu de différentes institutions et d’organismes locaux a été constitué à la suite du projet d’appui du programme GIZ apporté à la ville de Meknès.

En termes de projets de réhabilitation et de restauration, le centre historique de Meknès a déjà fait l’objet de plusieurs interventions menées à la fois par les ministères (Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace, Ministère de la Culture, Ministère du Commerce, Ministère du Tourisme) et par la Commune et la Wilaya de Meknès. Ces interventions se sont principalement focalisées sur la restauration des monuments (y compris les murailles et les portes), avec une priorité accordée au Mechouar. Les premières actions dans la médina sont récentes, lancées pour la plupart d’entre elles au cours de la décennie 2000. La société Al Omrane s’est vue confier la réalisation de trois conventions de financement portant à la fois sur l’axe principal de la médina (2008), le confortement des habitations menaçant ruine (2006) et la rénovation d’un îlot avec production de logements neufs. 46

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


L’année 2011 constitue par ailleurs une période charnière en ce qui concerne l’approche de réhabilitation et de requalification de la médina. En effet, avant 2011, les actions de ce genre se faisaient généralement sous forme ponctuelles sans vision globale et sans prise en compte des interactions entre les diverses interventions entreprises. À partir de 2011, et dans le cadre d’un projet appuyé par la GIZ, à travers le programme CoMun, une étude pour la réhabilitation de la médina de Meknès a été réalisée, visant principalement les points suivants : • Partir d’un cadre logique basé sur une vision générale (échelonnée temporellement) et sur une stratégie d’intervention bien définie pour toute intervention. • Éviter les opérations ponctuelles et limitées en insistant sur les opérations globales et intégrées, à incidences plus directes sur le vécu des habitants de la médina et sur le développement de cette dernière. • Mettre en place un cadre institutionnel opérationnel, pour la gestion de la médina, qui soit représentatif de tous les acteurs afin de les fédérer autour d’un projet commun et partagé. Un projet avec la BEI (2008/2010) concernant une étude de réhabilitation sur un quartier pilote de la médina de Meknès a donné l’occasion d’insister auprès des responsables locaux sur la nécessité de rompre avec la méthode «classique» d’intervention dans le tissu urbain traditionnel (habituellement axée sur la restauration des murailles et de quelques monuments historiques), pour mener une réflexion plus large et plus bénéfique non seulement au patrimoine mais aussi à la population et à toute la ville. Ce changement de cap est en train de s’opérer, bien que lentement, mais il parait plus évident que jamais, et ce dans toutes les médinas du pays. En effet, les politiques de gestion passées n’ont donné aucun résultat satisfaisant et il est temps de professionnaliser le métier du patrimoine et d’élaborer des modes de gestion réaliste et réalisable englobant la médina avec toutes ses composantes pour avoir une perception plus claire de la réalité, afin de mieux évaluer ses problèmes pour y remédier et de mieux cerner ses potentiels pour les renforcer.

Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Meknès Intitulé de l’étude

Description

Porteur de l’action

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Initiative Médinas 2030 Périmètre Tizimi

C’est dans le cadre d’un projet pilote de l’initiative «Médinas 2030» initié par la BEI, qu’une étude de rénovation patrimoniale intégrée au développement urbain, complétée par une assistance à maîtrise d’ouvrage a été lancée. L’objectif était de permettre d’engager un programme d’action qui pourra éventuellement être financé par d’autres bailleurs de fonds.

BEI

Commune urbaine de Meknès Al Omrane Agence urbaine Inspection régionale de l’habitat et de l’urbanisme.

2009-2010

Plan d’Aménagement et de Sauvegarde de la médina

Le PAS de la médina de Meknès a été lancé en 2009, pour doter ce tissu d’un document d’orientation et de planification qui va permettre d’engager un processus de sa réhabilitation.

Agence urbaine de Meknès

Wilaya Commune urbaine de Meknès Services extérieurs.

2009

Élaboration d’une feuille de route pour une stratégie de réhabilitation de la médina

C’est dans le cadre de l’appui apporté par le programme CoMun/GIZ à la Commune urbaine de Meknès, qu’une expertise a été lancé en 2011 pour élaborer en concertation avec les principaux acteurs concernés par la médina une feuille de route, pour une stratégie de réhabilitation de la ville historique.

La programme Wilaya CoMun / GIZ en Inspection régionale collaboration avec la de l’habitat et Commune urbaine de l’urbanisme Inspection régionale des monuments historique Agence urbaine.

2011

Traitement et gestion des habitations menaçant ruine dans la médina

Un important programme de traitement des HMR est piloté par la société Al Omrane Meknès en collaboration avec les acteurs locaux. Il vise le traitement de quelques 600 bâtisses, dans un premier temps, réparties sur l’ensemble de la médina. D’autres opérations successives, bien que de moindre importance quant au nombre, ont été programmées dans le cadre de conventions.

Wilaya en collaboration avec Al Omrane, services extérieurs concernés

Depuis 2008

Inspection de l’habitat, Commune urbaine.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

47


I. Présentation de la médina de Casablanca Centre du petit royaume des Berghwatas, la cité d’Anfa (ancien nom de Casablanca) est depuis sa création un port au commerce actif. Après une période de foisonnement commercial particulièrement observée au 14ème siècle, cette cité va connaitre un déclin qui a duré trois siècles avant de vivre un nouvel essor au 18ème siècle sous l’impulsion du Sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah qui la rebaptisa «Dar El Beida». Le Sultan relève la muraille d’enceinte, fait construire une mosquée, une médersa, un hammam, des fours et des moulins. En 1907, date du débarquement des militaires français, Casablanca est une cité d’une cinquantaine d’hectares, entourée d’une ceinture de remparts et comptant quelque 20 000 habitants. Elle est divisée en trois quartiers : Le Tnaker au Nord-Ouest, occupé par les ruraux vivant dans les noualas (huttes de roseaux) ; le Mellah, au Sud-Ouest, aux constructions modestes, réservé à la population israélite, dans le périmètre défini par le Sultan Moulay Slimane au début du 19ème siècle ; enfin, la partie la plus structurée de la cité, le long du port et sur la rive Sud-Est de la muraille où s’ouvre la porte Bab Souk vers l’intérieur du pays. C’est là que se concentrent les bâtiments occupés par les étrangers (consulats, agences bancaires, hôtels et pensions), les maisons édifiées par les négociants marocains ainsi que les équipements publics. Dans le quartier des consulats où s’implantèrent les grandes puissances étrangères sont concentrées des constructions coloniales art déco et néo-mauresques qui côtoient des constructions méditerranéennes et arabo-andalouses, conférant une diversité architecturale typique à cette ancienne médina.

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina Capitale économique, Casablanca incarne le Maroc de la modernité et du dynamisme. Elle est une métropole nationale qui concentre les équipements structurants du Maroc et représente une véritable interface de l’économie nationale avec l’étranger. Au-delà de son dynamisme économique, la ville est connue également pour son patrimoine culturel spécifique marqué par la présence d’un patrimoine colonial riche reconnu à l’échelle international et d’un tissu traditionnel faisant référence à la civilisation arabo-musulmane. 48

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


La stratégie de la revalorisation de l’ancienne médina a été élaborée et validée dans le cadre d’un important projet de réhabilitation conduit depuis 2009 par les principaux acteurs locaux de la ville. Cette stratégie repose sur une vision globale et intégrée qui a été partagée par l’ensemble de ces acteurs lors d’une série de réunions de concertation menées dans ce sens. Elle consiste à rehausser l’image de cette ancienne médina en enclenchant un processus continu et durable de réhabilitation tant dans sa dimension physique et urbanistique que dans ses dimensions sociales et culturelles. La concrétisation de cette vision a été jalonnée par un ensemble d’étapes qui commencent par une importante opération de mise à niveau urbaine de la ville et par la mise en place des infrastructures et équipements nécessaires. Elle sera suivie par une phase de mise à niveau touristique et culturelle de la ville.

III. Gestion de la médina dans la ville Casablanca 1. Modalités de gestion de la médina

Superficie de la médina

45 ha

La gestion de l’ancienne médina relève sur le plan administratif Population de la médina (2004) 47 063 et territorial des prérogatives l’Arrondissement urbain de Sidi Part des hab. de la médina/hab. de la ville 1% Belyout qui se charge des travaux d’entretien et de collecte Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -1,3% des ordures. Or, vu la situation déplorable dans laquelle se Densité moyenne (hab/ha) 1 045 trouvait cette cité selon le diagnostic réalisé au cours des années 2000, et les moyens financiers et techniques qu’exige sa Taux de locataires (%) 78% gestion, un comité de pilotage ad-hoc regroupant les principaux Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 78,2% acteurs locaux de Casablanca a été mis en place pour assurer, Nombre d’habitations menaçant ruine 1 000 en collaboration avec l’Agence urbaine de Casablanca, les travaux de réhabilitation et de mise à niveau de la médina. Une convention a été conclue dans ce sens entre les principaux Ministères concernés et l’Agence urbaine de Casablanca en tant que maître d’ouvrage du projet afin de financer un programme de mise à niveau de la médina. Depuis la signature de cette convention en 2010, un ensemble d’opérations de mise à niveau des infrastructures de base, de consolidation des anciennes bâtisses, de restauration des murailles ont été entreprises. À signaler enfin qu’en 2014, le Conseil de la ville a approuvé la décision de créer une société de développement local chargée de la gestion du patrimoine historique à Casablanca (Casa Patrimoine).

Focus sur une bonne pratique au niveau de la médina de Casablanca : La mise en place du projet de réhabilitation de la médina de Casablanca : Une gouvernance participative L’originalité de la démarche initiée dans le cadre du projet de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca réside dans l’organisation institutionnelle proposée pour sa mise en œuvre et qui s’articule autour d’un comité de pilotage dans lequel sont représentés l’ensemble des acteurs locaux concernés par la gestion de la médina. Ce comité de pilotage qui assume la mission de maître d’ouvrage délégué auprès de l’Agence urbaine de Casablanca est appuyé par un comité de coordination chargé de coordonner entre les différents acteurs impliqués et par les groupes de réflexion chargés de conduire des réflexions thématiques sur les différents aspects de la gestion et de la mise en valeur de la médina et d’élaborer une vision globale de la réhabilitation. Structure

Composition Le gouverneur (Président) Les présidents des 4 groupes de réflexion Le président de l’Arrondissement de Sidi Belyout Les délégués du commerce, de tourisme et de la culture Présidents des associations Casa-Mémoire, Casablance Carrières Centrales, Anciens Élèves de Casablanca, ... • M. Mohamed Tangi (collectionnaur) et Abdellah Naguib (historien), ...

Validation

Comité de coordination

• Les présidents des groupes de réflexion • Les coordinateurs des groupes de réflexion • Coordinateur général (M. Abdellah Amghar)

Coordination

Groupes de réflexion

Chaque groupe est constitué de : • Président du groupe • Départements ministériels concernés • Services de l’arrondissement de Sidi Belyout • Représentants de la société civile • Personnalités ayant un lien avec l’ancienne médina

Élaboration d’une vision stratégique intégrée

Comité de pilotage

• • • • •

Mission

L’autre originalité du projet réside dans cette approche participative mise en place qui a pris la forme de réunions de concertation élargies auxquelles ont participé l’ensemble des acteurs tant institutionnels, économiques, professionnels, qu’associatifs. Ces réunions organisées sous formes d’ateliers de réflexion thématiques ont été l’occasion de croiser et de faire converger les points de vue, les attentes et les perspectives divergentes des acteurs, ce qui a permis de déboucher sur une vision commune et partagée autour de la réhabilitation de la médina. Ces réunions de réflexions ont connu la participation de la société civile casablancaise qui assume un rôle prépondérant dans l’animation et la mise en œuvre du projet.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

49


• Présentation des données • Analyse et débat • Identification des enjeux

Validation des axes stratégiques

Ateliers de réflexion

Validation du diagnostic

• Rappel des enjeux • Débat sur les orientations • Formulation des axes stratégiques et objectifs clés

• Rappel des axes stratégiques • Débat sur les actions proposées • Identification des actions à mettre en oeuvre Comité de pilotage

Validation du Plan d’action stratégique

Source : Comité de pilotage de Casablanca

Au-delà de son rôle actif dans la conception de la stratégie de réhabilitation de la médina, le Comité de pilotage a assumé également des missions stratégiques de communication et d’information auprès des habitants de la médina ainsi qu’un rôle d’animation culturelle par l’organisation de manifestations et d’activités sociales et culturelles qui s’inscrivent dans la promotion de l’image de la médina auprès de ses occupants. C’est le cas de la manifestation culturelle de Ramadaniyate de l’ancienne médina animée par l’association Carrières Centrales en collaboration avec un collectif associatif local. Cette manifestation a été marquée par l’organisation d’une centaine d’activités à vocations sociales, sportives et culturelles auprès des habitants et des jeunes de la médina. C’est finalement une stratégie ascendante qui a présidé à l’élaboration du projet de réhabilitation et qui a fait de la société civile un acteur central dans la conception et la mise en œuvre du projet. Pilotage, animation et suivi du chantier • Mise en place d’un Comité de Pilotage présidé par M. le Wali (réunions annuelles ou semi-annuelles) MISSIONS

• Mobilisation des acteurs publics • Mobilisation des financements publics • Contrôle et suivi des projets publics engagés

• Mise en place d’un Comité d’Animation et de Communication présidé par l’Association Casablanca Carrières Centrales MISSIONS

• Mobilisation du secteur privé et de la société civile • Mobilisation des financements privés et des dons • Communication sur le projet

2. Études et projets en cours ou prévus Le programme de la réhabilitation de la médina a été structuré en trois étapes principales. La première, d’un montant global de 300 millions de Dh, concernait des travaux d’envergure de renouvellement d’infrastructure de base (canalisation d’assainissement, adduction à l’eau potable, électricité, éclairage public, réseau télécoms), la restauration des murailles ainsi que le traitement des bâtiments menaçant ruine et le relogement des habitants qui y résident ainsi que l’aménagement d’un circuit touristique. Les actions contenues dans la deuxième partie du programme lancée en 2014, concernaient la réhabilitation des principaux édifices publics, la création d’équipements socio-collectifs, la promotion de l’artisanat et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, le relogement des occupants des constructions menaçant ruine, etc. La troisième étape consiste à réhabiliter quelques bâtiments cultuels et installer des équipements socio-collectifs de proximité (écoles, centre de santé, etc) ainsi que des espaces dédiés à la promotion de l’artisanat local. Pour accompagner ce projet de réhabilitation, un ensemble d’études ont été lancées, notamment l’étude sur l’élaboration d’un plan d’aménagement et de sauvegarde de l’ancienne médina, l’étude sur la mobilité au sein de la médina intra-muros de Casablanca, ainsi qu’une étude sur la structure foncière de la médina. À souligner enfin qu’une opération de classement de la médina en tant que Patrimoine Mondial a été lancée en 2014 grâce à la mobilisation d’un ensemble d’acteurs institutionnels et associatifs en vue d’une meilleure promotion de l’image et de l’attractivité de cette cité historique.

50

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Casablanca Intitulé de l’étude

Description

Porteur de l’action

Parties prenantes

Échéance/état d’avancement

Plan de développement du grand Casablanca

Wilaya de Il s’agit d’un vaste programme de Casablanca développement et de mise à niveau du grand Casablanca prévu à court et à moyen terme. Il englobe une série de projets de redynamisation de la zone (grandes infrastructures, équipements structurels et mise à niveau urbanistique de la ville, dont la réhabilitation de la médina).

Projet de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca

Il s’agit d’un important chantier de réhabilitation de la médina qui a reposé sur un diagnostic participatif impliquant l’ensemble des acteurs concernés et la société civile et qui a permis de déboucher sur une stratégie de réhabilitation prévue sur trois tranches et financée tant par les départements ministériels que par les acteurs locaux de la ville.

Agence urbaine de Casablanca (maître d’ouvrage) Comité de pilotage (maître d’ouvrage délégué)

2010-2018 Ministère de l’Intérieur, Fonds Hassan II, Wilaya de Casablanca, Préfecture d’Anfa, Conseil de la ville, Arrondissement de Sidi Belyout, services extérieurs, société civile.

PCD de la ville

C’est le plan d’orientation et de développement de la ville initié par le Conseil de la ville qui englobe les projets d’investissement prévus pour une durée de cinq ans. Le PCD vise la promotion de l’attractivité de la ville de Casablanca par la mise en place des infrastructures nécessaires et la réalisation de projets d’investissement, dont une contribution à la réhabilitation de la médina.

Commune urbaine

Ministère de l’Intérieur, autorités locales.

2010-2016

Plan d’Aménagement de Sauvegarde

Un Plan d’Aménagement et de Sauvegarde de la médina a été lancé dans le cadre du projet de réhabilitation de la médina. L’objectif étant de proposer et de réglementer l’usage du sol au niveau de la médina en prenant en considération les orientations du projet de réhabilitation de la veille ville.

Agence urbaine de Casablanca

Préfecture d’Anfa, Conseil de la ville, Arrondissement de Sidi Belyout

2013-2015

L’ensemble des 2014-2020 Ministères concernés et les acteurs institutionnels locaux de Casablanca.

Société civile et partenaires La société civile joue un rôle incontournable pour la sauvegarde de l’ancienne médina de Casablanca. Elle aussi est à l’origine du projet du projet de réhabilitation. Un ensemble d’associations locales à l’échelle de Casablanca ont accompagné ce processus depuis ses phases de lancement jusqu’aux travaux de mise en œuvre. Ces associations (Association Grand Casablanca, Casa mémoire et autres) qui sont représentées dans le comité de pilotage du projet, assument des fonctions diversifiées de communication, d’information d’animation sociale et culturelle auprès des habitants de la médina. On citera dans ce sens l’organisation «Ramadanyates Al Madina» incluant un ensemble d’activités sportives, éducatives et culturelles au profit des populations de la médina.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

51


Membres ressources Rabat Houra HAMMADI

Chef du Service des Bâtiments de la Ville

Commune urbaine de Rabat

Abdelilah Doughmi

Conseiller et président du comité de développement humain

Commune urbaine de Rabat

Mustafa Badaoui

Architecte

Arrondissement urbain de Rabat- Hassan

Jamal EL FIKHI

Secrétaire général

Association Espace des Oudayas

Khadija Zmani

Urbaniste. Chef de Division de l’aménagement urbain. Responsable du programme de la réhabilitation de la médina.

Préfecture de salé

Aziz Benbrahim

Élu

Arrondissement de Bab Lmrissa

Rajae Messari

Architecte. Chef de la Division de l’urbanisme

Mairie de Salé

Laila ACHAGRA

Chef de service de l’ancienne médina

Commune urbaine de Tétouan

Otman ABSI

Cadre au service de l’ancienne médina

Commune urbaine de Tétouan

Mohammed Boukhobza

Élu communal, vice-président

Commune urbaine de Tétouan

Mhammad BENABOUD

Président

Association Tétouan Asmir

Yassir GHAILAN

Chef de service de relation extérieure et coopération

Commune Urbaine de Tétouan

Mehdi ZOUAK

Inspecteur des monuments historiques

École des beaux arts et des métiers

Hamid Mesbah

Élu, Vice-Président

Municipalité de Chefchaouen

Nabil Chlyeh

Élu, Vice-Président

Municipalité de Chefchaouen

Ahmed BOUMEZGOU

Élu, Vice-Président

Commune urbaine de Tiznit

Ayad SAMRI

Architecte et chef de Division d’urbanisme et de construction

Commune urbaine de Tiznit

Fouad Serghini

Directeur

ADER

Ismail Alaoui

Chef de département des opérations

ADER

Moustafa El Hachimi

Chef de département

ADER

Nadia Lakhdar

Cellule sociale

ADER

Salé

Tétouan

Chefchaouen

Tiznit

Fès

52

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Essaouira Mohamed El Farrah

Président du Conseil municipal d’Essaouira

Représentants de la Municipalité

Ali Ouariaghni

Chef de division de l’urbanisme

Représentants de la Municipalité

Ahmed Sossan

Élu, Membre du conseil municipal

Représentants de la Municipalité

Brahim Ouafa

Chef de division de l’urbanisme

Représentant de la Province

Afaf El Ouali

Architecte

Commune urbaine de Meknès

Mohamed Chegdali

Élu

Commune urbaine de Meknès

Mohammed Hatim Moutie

Architecte

Inspection Régionale de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire

Meknès

Casablanca Mustapha Mellouk

Urbaniste. Chef de Division de l’aménagement urbain. Responsable du programme de la réhabilitation de la médina.

Najwa Bikri

Secrétaire générale du Comité de pilotage

Zineb Benghanem

Architecte

Comité de pilotage de Réhabilitation de la médina de Casablanca Comité de pilotage de Réhabilitation de la médina de Casablanca Arrondissement urbain de Sidi Belyout

Réseau Marocain des Anciennes Médinas

53



Publié par : Coopération Municipale - CoMun Gouvernance locale et participative au Maghreb Elaboré par : Tarik Harroud Avec le soutien de : Direction Générale des Collectivités Locales DPAT Conception graphique et impression : Napalm Crédits photos : CoMun, Paul Hahn Safae Salih Commune Urbaine Tétouan Février 2015


Rabat Tunis Eschborn Marseille

1, place Sefrou - B.P. : 433, 10 000 Rabat Tél. : + 212 537 70 40 58 / Fax : + 212 537 26 45 51 Site web : www.co-mun.net • www.giz.de/maroc


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.