rara 3/2014 français

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rara LE MAGAZINE DE PROSPECIERARA ÉDITION 3 /2014

LE SAUVEUR DE LA POMME ’DOUX BLANC’ Page 5

LES TOMATES-URBAINES ONT FLEURI EN ROMANDIE ! Page 10

À L’ÉCOUTE DE LA BASE Page 13

QU’EST-CE QU’UNE VARIÉTÉ ? Page 16

Fondation suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et aux animaux 1


La ’Doux blanc’ était déjà connue au XIVe siècle. Cette pomme douce autrefois répandue ne pousse plus que sur très peu d’arbres.

MERCI ! Votre soutien nous fait avancer: Donatrice/donateur plus à CHF 120.–/an Donatrice/donateur à CHF 70.–/an Donateur couple à CHF 90.–/an Donatrice/donateur junior (jusqu’à 25 ans) à CHF 35.–/an Die Organisation ProSpecieRara Parrainage d’animaux entre CHF 150.– et CHF 450.–/an ist seit 1997 ZEWO-zertifiziert. Parrainage d’arbres CHF 250.–/an

Pour vos dons: CCP 90 -1480-3 IBAN CH29 0900 0000 9000 1480 3 BIC POFICHBEXXX

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Éditorial

Philippe Ammann, directeur adjoint de ProSpecieRara

Parfois, la bonne solution est de ne pas faire comme tout le monde. La diversité des ­variétés anciennes de fruits et légumes et des races d’animaux de rente s’est trouvée en difficulté parce qu’elle a été marginalisée par la production majoritaire. Ces races et variétés doivent d’avoir été sauvées de la disparition à des personnes qui ont le sens de la ­différence : des personnes comme notre spécialiste des variétés Frits Brunner, pour lequel les subtilités de la ­biodiversité n’ont pas de secret. Il a le don de débusquer ce qu’une variété a de particulier. Cela lui a permis de sauver de l’oubli bien des variétés de fruits. Nos animaux de rente également ne survivent que grâce à des personnes qui apprécient la diversité, ce qu’une race a de spécial. Afin de comprendre leurs besoins et de pouvoir les aider, nous avons mené une vaste enquête et nous sommes parvenus à des conclusions intéressantes. Merci de rejoindre notre action en prenant le parti de penser autrement et de vous engager pour la défense de la biodiversité ! 3


Le verger de Frits Brunner accueille d’innombrables variétés de fruits, mais également de nombreux animaux sauvages. 4


Focus

Le sauveur de la pomme ’Doux blanc’ Gertrud Burger, responsable des projets végétaux, texte: Nicole Egloff

Elle a failli disparaître, la ’Doux blanc’, connue en allemand sous le nom de ’Weisser Bittersüsser’ et qui remonte au XIVe siècle. C’est Frits Bruner, l’expert en fruits de ProSpecieRara, qui a retrouvé sa trace et qui s’emploie maintenant à la sauvegarder. Une visite dans son verger unique. Le cri distinctif du pic vert me parvient du champ voisin, le bruit du champ de tir de la colline d’en face, alors que je m’apprête à pénétrer dans le règne de Frits Brunner, ­expert inégalé des variétés anciennes de fruits en Suisse. Agé de 58 ans, il cultive aux abords de Therwil près de Bâle un verger planté par son père. On s’aperçoit ­aussitôt qu’il ne s’agit pas d’un verger ordinaire. L’herbe est haute, ronces, églantiers et noisetiers composent des fourrés où ­hérissons, lézards, belettes et autres animaux vivent heureux et cachés. Et surtout: 5


«Il ne reste plus que

quelques arbres de

la ’Doux blanc’, et avec le temps, il y en aura de moins en moins.

»

Frits Brunner Un dictionnaire ambulant: La promenade dans son verger est un voyage de découverte en terre inconnue.

sur chaque arbre poussent d’innombrables variétés. «Mon verger réunit entre 300 et 400 variétés de pommes, je ne les compte plus», commente Frits. Mais on trouve aussi des poiriers, cerisiers, pruniers, cognassiers, pêchers et néfliers. En cette fin d’été, c’est le paradis.

UNE VARIÉTÉ DONT IL NE RESTE PLUS QUE QUELQUES ARBRES Nous cherchons un arbre spécifique. Il n’est pas bien loin, mais Frits a tant à dire sur ceux à côté desquels nous passons – «Il faut greffer la ’Jacques Lebel’ sur le tronc, sinon elle pousse de travers. La ’Golden Noble’ était le fournisseur attitré de vitamine C du tsar de Russie. Tiens, cette ’prune abricot d’Oltigen’, tu dois absolument la goûter ! … » – qu’il nous faut un moment pour y arriver. Sur le pommier en question pousse la ’Doux blanc’. «Les très nombreuses fois que j’ai visité des vergers au cours de ces 30 dernières années, il m’arrivait parfois de voir des arbres où poussait, sur des branches isolées en-dessous de la frondaison, une pomme douce au léger goût d’amande amère, en deça de l’endroit où 6

étaient greffées des variétés nouvelles», ­raconte Frits. «A l’évidence, il s’agissait de la variété qui constituait le tronc et qui ­servait simplement de porte-greffe. Mais les agriculteurs conservaient volontiers une branche, car ses fruits très doux étaient ­recherchés, p. ex. pour des plats comme ‹Schnitz und Drunder› potée traditionnelle de pomme de terre au lard et aux fruits, ou pour l’eau-de-vie – le sucre coûtait cher à l’époque et la pomme douce faisait office d’ersatz.» Il a fallu plusieurs années jusqu’à ce que Frits, après avoir échangé ses informations avec d’autres pomologues et ra­ tissé la littérature, conclue qu’il avait sans doute affaire à la ’Doux blanc’. La variété est connue depuis le XIVe siècle et l’humaniste bâlois Caspar Bauhin (1560 –1624) la mentionne en Suisse déjà dans son Historia plantarum universalis. «Ce que cet arbre a de spécial, c’est que je n’en ai jamais rencontré d’autre où la ’Doux blanc’ était la ­variété principale», ajoute Frits. La plupart des arbres trouvés sur place sont très vieux ; ils avaient été plantés après l’hiver parti­culièrement rigoureux de 1870 /71, il ne reste plus que très peu d’arbres de cette


ITS IDENTIFIER LES VARIÉTÉS DE FRU GREFFER DES VARIÉTÉS RARES Nous avons rassemblés à votre intention des recommandations indiquant quelles variétés conviennent pour une altitude donnée, pour le jardin familial, ou pour une région donnée. Vous les trouvez sous: www.prospecierara.ch/fr/fruits

DÉTERMINER LES VARIÉTÉS DE FRUITS Avez-vous un arbre dont vous ne savez pas à quelle variété il appartient ? Vous pouvez envoyer ses fruits à notre expert pour faire déterminer leur variété. Pour plus d’informations: www.prospecierara.ch/fr/faq/determiner-ses-fruits

Ou alors vous vous plongez vous-même dans le monde fascinant des différentes variétés de fruits et vous suivez notre cours de détermination des ­variétés, qui aura lieu la prochaine fois en automne 2015. Les dates exactes seront publiées dès janviers sous: www.prospecierara.ch/fr/calendrier

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Sur certains arbres dans le verger de Frits Brunner, il pousse jusqu’à 50 variétés.

«Le pommier est pour

moi un symbole de

paix et d’équilibre. Si je mange une pomme,

OBSERVER CE QUI EST RARE

je reçois librement tout l’amour des saisons et de la terre. Frits Brunner

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variété et leur nombre diminue chaque ­année. «Lorsque je me suis aperçu de la ­rareté et aussi de l’ancrage culturel de cette variété, je savais qu’il me fallait faire quelque chose. Je me suis débrouillé pour trouver des boutures (matériel de multi­ plication) et les ai greffées sur cet arbre.»

»

Depuis l’expo 2002, où il a accompagné la reproduction d’après nature des 365 modèles de variétés de pommes, Frits travaille pour ProSpecieRara. Ses tâches comprennent la détermination des variétés de fruits, mais aussi leur description. «J’observe les différentes variétés pendant des années, je décris la coloration de leur ­épiderme, leur cavité de l’œil, leur acidité, leurs pépins, leur type de croissance et bien d’autres traits caractéristiques, et je photographie les fruits.» Il enregistre ces ­informations dans une banque de données nationale établie dans le cadre d’un projet de l’Office fédéral de l’agriculture, qui ­recueille tout ce qu’on sait des variétés anciennes. ProSpecieRara est un partenaire


Photo: Markus Zuber, Küttigen

important dans l’établissement de cette banque de données. «Sur la ’Doux blanc’, mes recherches ne font que commencer. J’enregistre pour l’instant les informations la concernant à la banque de données de ProSpecieRara, où elles sont traitées pour pouvoir être communiquées à la banque des données nationale.»

VER AIDEZ-NOUS À PRÉSER . CO & C’ LA ’DOUX BLAN

UN PREMIER ASILE Le verger de Frits est inappréciable, certaines variétés n’existant plus qu’ici. «J’offre un premier asile aux variétés anciennes», raconte Frits. Sachant que concentrer une telle diversité en un seul endroit présente des risques, Frits s’emploie à transmettre à d’autres du matériel de multiplication pro­ venant de son jardin. «J’ai donné des boutures de la ’Doux blanc’ à Markus Mächler, qui est en train de créer une petite pépinière à Fehren/SO. Il en a tiré des arbres dont l’un se retrouve dans la collection de fruits des jardins Merian près de Bâle, au siège principal de ProSpecieRara.»

UN SAVOIR POUR TOUS La somme de savoir que Frits a accumulée n’a pas d’équivalent. Cela le préoccupe: «Je ne voudrais pas en avoir le monopole. J’aimerais qu’autant de gens que possible s’intéressent aux variétés de fruits et les étudient. Ce savoir doit vivre et prospérer !» Ce même souci a amené ProSpecieRara, depuis quelques années, à proposer des cours de détermination des variétés de fruits, où les participants apprennent à quoi ressemble une cavité de l’œil profonde ou triangulaire, et acquièrent le sens des différentes variétés. Frits: «Je tiens beaucoup à ce que la valeur des variétés anciennes soit de nouveau reconnue. Grâce à Pro­ SpecieRara, je peux me consacrer à elles corps et âme et transmettre ce que je sais à un vaste public.»

Notre action en faveur des variétés ­anciennes d’arbres fruitiers: •R echerche des variétés disparues • Etudes pomologiques s’étendant sur plusieurs années • Veiller à ce que chaque variété soit ­représentée dans au moins deux ­endroits et greffée sur trois arbres • Enregistrer chaque arbre et chaque ­variété dans la banque de données • Trouver des propriétaires de vergers prêts à constituer des collections de ­variétés rares • Créer un réseau de multiplicateurs pour favoriser l’échange de connaissances • Veiller à ce que des experts viennent voir les collections d’arbres fruitiers • Organiser des cours sur des sujets comme la détermination des variétés, l’entretien des arbres • Proposer nos services pour la détermination des variétés qui nous sont présentées • Relations publiques pour faire connaître des variétés oubliées • Encourager les pépiniéristes à proposer des variétés rares Vos dons nous permettent d’agir. Merci !

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Entretien

Les Tomates-Urbaines ont fleuri en Romandie ! Faire pousser des tomates pour la première fois, et en plus sur son balcon ! C’est l’expérience qu’a faite ce printemps et cet été Christelle Bochatay de ­Genève. La campagne «Tomates-Urbaines» lancée par ProSpecieRara l’a séduite. (Interview: Claudia Steinacker, Responsable du projet Tomates-Urbaines)

CLAUDIA STEINACKER : CHRISTELLE, COMMENT AVEZVOUS ENTENDU PARLER DE CETTE CAMPAGNE ?

Photo: MAD

Christelle Bochatay: Tout à fait fortuitement ! Je suis tombée par hasard sur la page ­Facebook de Tomates-Urbaines et me suis tout de suite enregistrée, car je voulais

commander des semences. Je n’ai pas ­trouvé facile de choisir parmi les 20 variétés ProSpecieRara … Malheureusement elles ne sont pas arrivées. Je sais maintenant pourquoi: ProSpecieRara a été littéralement submergée de demandes, voilà pourquoi certaines personnes, dont moi, n’ont pas reçu leurs semences. Non découragée pour autant, je me suis rendue à Carouge pour rapporter un sachet de semences chez moi. Et ça a été ensuite une révélation et une réelle addiction !

ET L’EXPÉRIENCE A-T-ELLE ÉTÉ SATISFAISANTE ? Oui ! Je suis une adepte des tomates. «Tomates-Urbaines» m’a donc appris énormément de choses, sur la culture des tomates.

«Ma fille de trois

ans cultive La petite Célie est très engagée.

sa propre tomate. Christelle Bochatay

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»


Ce qui m’a le plus étonnée et convaincue, c’est qu’on peut récolter les graines de ces variétés anciennes soi-même. Et elles ont du Goût !

S LES TOMATES-URBAINE ET PROSPECIERARA Illustration: Denis Klook

Photo: MAD

La rencontre avec les Tomates-Urbaines a été une révélation pour Christelle.

QUI AVEZ-VOUS ENTRAÎNÉ DANS L’AVENTURE ? Toute ma famille. Ma fille de trois ans, ­Célie, a également sa propre tomate. Mon mari a pris les photos pour le concours et tout le monde les a savourées, naturellement. J’ai tant pouponnée mes plantons, que Célie parlait des «bébé tomates». C’est pourquoi je lui ai offert une «Black Cherry», avec ses petits fruits sucrés, qu’elle soigne à merveille.

ET L’ANNÉE PROCHAINE ? Je participerai à nouveau. Dans la crèche dans laquelle je travaille, nous avons le ­projet de cultiver des variétés anciennes de tomates. J’ai personnellement beaucoup appris et j’ai l’ambition de cultiver ­davantage de belles tomates. J’ai déjà la semence de mes propres tomates !

Le projet qui rencontre un franc succès en suisse alémanique depuis trois ans maintenant, a été élargi à la Romandie cette année. Avec ce projet, nous sensibilisons les citadins à la thématique des variétés menacées, d’une manière ludique et participative. Au printemps, il sera possible de commander des semences et une marche à suivre sur la culture des tomates. Les participants sont amenés à récolter des semences et à les offrir à leurs amis. En septembre 2015, auront lieu à Zurich et Lausanne, une fête des Tomates-Urbaines, avec une bourse aux semences. www.tomates-urbaines.ch

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News

LE LABEL DE QUALITÉ PROSPECIERARA

rnier Nous avons crée l’an de ue giq une mallette pédago pour cultiver des carrés ité gourmands de la divers maltte Ce ts. avec les enfan e êtr ut ) pe lette (CHF 80.– féfin la commandée avant vrier sur notre site. n maElle s’accompagne d’u sé tériel didactique compo de et s vité de fiches d’acti sur ce jeux mettant l’accent Vous souhaitez obteni uoi urq r le label, qu’est la diversité, po rendez-vous sur : . ver ser con la nt me www.prospecierara.ch/f et com r/ , qui label-de-qualite Ce dossier pédagogique eVous recherchez des s’adresse plus spécifiqu produits tre en l­abellisés, rendez-vou ts s sur : ment à des enfan www.prospecierara.ch/f é­ r/marche 8 –12 ans, peut être tél sur t en tem tui gra rgé cha é en notre site ou command tre no via e mé pri version im .– 14 F CH shop au prix de r/shop/ www.prospecierara.ch/f gie ago ped ry/ ego cat

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LA CHÈVRE COL FAUVE

Jusqu’à présent, nous avions supposé que le gène responsable de la couleur cuivre des chèvres col fauve était récessif, tandis qu’il était dominant chez la chèvre col noir. Le grand nombre d’accouplements réalisé durant les huit années du projet et des études menées à l’Université de Berne permettent maintenant d’affirmer le contraire. Pour l’élevage, cela n’engendre cependant que des modifications mineures. www.prospecierara.ch/fr/news/ heredite-couleur

© iStock.com/sorendls

«CARRÉS GOURMANDS DE LA ­DIVERSITÉ»

Cette marque enregistr ée auprès de l’Office fédéra l du patrimoine intellectuel est une distinction pour les éleveurs et les cultivateu rs qui récompense leur enga gement en faveur de la sau vegarde et de la reproduct ion de races et variétés Pro ­ SpecieRara. Pour le po sséder, nul besoin de produ ire uniquement des races et ­variété ProSpecieRara . Il s’applique sur les produ its concernés et symbolise ­l’élevage et la reproduct ion de souches pures de rac es et variétés menacées.


Animaux

À l’écoute de la base Philippe Ammann, responsable des projets animaux

Les races anciennes ne survivent que lorsqu’elles sont détenues et valorisées par l’homme. Mais qu’est-ce qui peut animer des ­éleveurs à détenir plus particulièrement des moutons miroirs ou des chèvres col fauve ? Et comment pouvons-nous les soutenir ? Pour mieux connaître leurs motivations, nous avons lancé une vaste enquête auprès d’eux. Grâce au soutien de l’Office fédéral de l’agriculture, et en collaboration avec l’institut de sondage amPuls Market Research AG, nous avons élaboré un questionnaire qui a été diffusé auprès des 2883 membres des associations d’élevage des races Pro­ SpecieRara. 1162 questionnaires nous sont revenus (un taux de retour de 40 %), si bien que nous disposons d’une base de données fournie permettant de tirer des conclusions fondées.

moins cités étaient les aspects relatifs au rendement (performance laitière, d’engraissement et de ponte) ainsi que l’enracinement culturel de la race dans la région de l’éleveur. Le rendement au sens traditionnel joue donc un rôle mineur. Les réponses à la question additionnelle viennent confirmer ce résultat: 80 % souhaitent contribuer à la sauvegarde de races menacées à cause de leur rusticité et de leur authenticité, et 9 % seulement pour améliorer la produc­

ELÉGANCE ET RUSTICITÉ PASSENT AVANT LE RENDEMENT Interrogés sur les principaux motifs qui ont orienté leur choix d’une race, les éleveurs ont majoritairement évoqué l’aspect plaisant, la rusticité et la résistance. Les critères les

«Les cochons laineux sont des

animaux si guillerets. Je trouve génial que nous puissions contribuer à la survie de la race avec nos deux truies reproductrices.

»

Anna Rüetschi et sa famille élèvent des cochons laineux à Berne.

Anna Rüetschi, Berne 13


tivité. La concordance des réponses est ­d’autant plus frappante que la moitié des questionnaires ont été remplis par des ­éleveurs pour lesquels l’agriculture est une source de revenu principale ou accessoire.

pour boucs, comme il en existe déjà un à Linn (AG), nous sommes sur la bonne voie.

LES REPRODUCTEURS MÂLES : UN DÉFI

L’affirmation de 42 % des éleveurs interrogés, selon laquelle ils ont découvert leur race par le biais de ProSpecieRara, confirme l’importance de notre travail. Viennent ensuite les 34 % qui déclarent que c’est un éleveur parmi leurs connaissances qui leur a fait découvrir leur race. C’est donc que, lorsqu’il s’agit de races rares, les éleveurs Pro­ SpecieRara ont l’enthousiasme contagieux ! Nous ferons de notre mieux pour les ­aider à promouvoir les races rares, en leur proposant notre matériel d’information, ou par l’organisation de manifestations comme des expositions animalières.

DÉCOUVERTE DES RACES ­MENACÉES PAR L’ENTREMISE DE PROSPECIERARA

64 % des éleveurs interrogés indiquaient ne pas être en mesure de détenir davantage de mâles dans les circonstances actuelles. Ils confirment les propos des responsables d’élevages qui ont du mal à détenir davantage de mâles. Or la proportion de mâles compte encore davantage lorsqu’on cherche à élever des races menacées: il s’agit d’échapper au goulot d’étranglement génétique. C’est là une ombre à un tableau globalement réjouissant, 66 % des éleveurs indiquant être en mesure de détenir davantage de femelles. Il reste donc important de gagner des exploitations supplémentaires à la cause de la détention de mâles reproducteurs. Avec la création de centres

Vous trouverez le détail des résultats de l’enquête sous: www.prospecierara.ch/fr/projets/enquete-eleveurs

LES FACTEURS LES PLUS IMPORTANT LORS DU CHOIX DE LA RACE ? Fréquence des réponses sur une échelle de 1– 4 1

2

3

4 La race est très rare et en voie de disparition.

3.1 3.6

La race fait partie de ma culture régionale.

2.2

La race est adaptée à la détention extensive.

3.3 3.7 3.4

La race est robuste et résistante de façon générale. La race est tout terrain. Les performances de la race sont convaincantes (quantité de lait, capacité d’engraissement, ponte, quantité de laine, etc.).

2.4

La qualité des produits de la race est convaincante (qualité du lait, de la viande, de la laine, etc.).

2.8

Le caractère unique de la race est adapté à la fabrication de produits de niche.

2.3

La race est adaptée à l’entretien du paysage.

2.7 3.0

14

La race m’a particulièrement plu visuellement.

La race figure sur la liste de ProSpecieRara.


Pour les éleveuses de moutons Roux du Valais, les caractéristiques originelles, comme la robustesse sont aussi plus importantes que les capacités d’engraissement.

COMMENT AVEZ-VOUS EU CONNAISSANCE DE LA RACE ?

PHILOSOPHIE D’ELEVAGE PAR RAPPORT A LA RACE.

50 40 30 20 10 0

42% Par ProSpecieRara (site internet, Expositions d’animaux, communiqués, etc.) 34% Par un éleveur/une éleveuse de mon entourage 12% Par l’association d’élevage (site internet, exposition, etc.) 9%

Lors d’une foire agricole (Olma, BEA, Marchés concours, Beef, etc.) Plusieurs réponses étaient possibles. Les données cumulées n’atteignent pas 100%.

80% Dans mon élevage, je mets l’accent sur la conservation d’une race ancienne traditionnelle. Il est important pour moi d’en maintenir les caractères d’origine tels que l’apparence originale, l’utilisation à plusieurs fins, la robustesse, de même que la valeur culturelle. 9%

Mon objectif n’est pas vraiment la conservation d’un ancien type originel d’animal de rente. Il est important pour moi que la race évolue vers plus de productivité et s’impose grâce à une meilleure production laitière, de viande ou une meilleure ponte.

11% Aucune de ces affirmations ne me correspond.

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Plantes de jardin et de plein champ

Qu’est-ce qu’une variété ? Philipp Holzherr, responsable des projets de plantes de jardin, de plein champ et d’ornement

Le «Lexikon der alten Gemüsesorten» décrit en 672 pages 800 variétés de légumes. Si nous avions, il y a dix ans, publié le même ouvrage sur les mêmes variétés, il aurait été deux fois moins ­volumineux. En effet, travailler avec des variétés anciennes, cela veut dire: cultiver, décrire, conserver, et puis cultiver à nouveau, décrire encore mieux, conserver encore plus efficacement … Partout en Suisse, des centaines de culti­ vateurs de variétés, de jardiniers, de chercheurs, de maraîchers cultivent une vaste diversité de variétés. Les conditions de culture et les attentes face aux variétés sont à chaque fois différentes. Le parti­ culier qui jardine ne va pas s’offusquer si ses salades présentent parfois des feuilles aux bords tachés – mais alors gare à la ­limace qui s’en prendrait à ses protégées ! Le maraîcher, lui, peut s’attendre à perdre chaque jour quelques têtes de salade ; ce-

La description adéquate d’une variété allie l’observation en plein champ … 16

pendant une attaque de mildiou d’une certaine ampleur lui posera problème. C’est ainsi que selon les personnes, les attentes face aux variétés ProSpecieRara peuvent ­varier énormément.

UNE VISION COMMUNE Mais qu’est-ce au juste qu’une variété ? Estce la semence tirée du sachet ? Ou est-ce la tomate que nous dégustons avec délice ? Est-ce que le goût de la tomate ’Rose de Berne’ est encore celui que j’ai connu dans

… et la dégustation. Elle est la synthèse des indications fournies par les consommateurs, jardiniers et agriculteurs.


le temps ? Est-ce moi qui ai changé ou la ­variété qui a évolué ? En fait, «une variété», c’est la définition de certaines propriétés qui ont été reconnues à un groupe homogène de végétaux. «Une variété», c’est donc une vision commune, une représentation collective d’une variété. Sans doute, une ­représentation n’est pas ce qui se plante et se déguste, cependant cette notion ­abstraite est capitale pour le travail de la conservation. Car c’est elle qui nous indique ce qu’il s’agit de conserver. Avec une dénomination propre, la variété reçoit une identité qui est également un atout pour la conservation.

«BONS» ET «MAUVAIS» PLANTS Dans la pratique, des centaines de cultivateurs de variétés et de multiplicateurs approvisionnent en permanence notre séminothèque en semences récentes de plantes correspondant à un profil de variété donné. Il faut pour commencer connaître les propriétés biologiques des plantes cultivées. Quels sont leurs besoins, quand est-ce que la semence arrive à maturité ? Peut-il y avoir des croisements avec d’autres plantes ? Ce savoir, les particuliers et les jardiniers professionnels peuvent se le procurer lors

La description des variétés permet de déterminer quel plant, dans un groupe donné, mérite d’être conservé. Et elle indique l’origine historique de la variété.

des cours de multiplication de semences que nous proposons. Mais dès la première saison de culture, le cultivateur de variétés est confronté à la question de savoir si un plant correspond au profil de la variété ou non. Les personnes les plus douées de cette ­capacité de discernement reconnaissent ­rapidement «les bons». Et voilà que, sans s’en douter, elles contribuent à leur tour à déterminer la vision d’une variété donnée. C’est pourquoi ProSpecieRara ne se contente pas de recueillir des semences, mais s’attache à préciser toujours davantage la description des variétés. D’ici dix ans, vous aurez sans doute entre les mains un catalogue des variétés encore plus épais !

ENCE COMMANDER LA SEM Les donateurs et les membres actifs de ProSpecieRara ont la possibilité d’obtenir, par l’intermédiaire de notre réseau de multiplicateurs privés, les semences de quelque 600 variétés de légumes et de plantes d’ornement – le plus souvent ­gratuitement. Dès fin janvier, ils pourront trouver sur le catalogue des variétés en ligne les semences disponibles. Dès que vous aurez effectué le login, vous verrez apparaître les variétés pour lesquelles des semences sont disponibles. Vous êtes donateur /membre actif et n’avez pas encore de login ? Rendez-vous sur www.prospecierara.ch/fr/­ activer-compte-donateur ! Indiquez votre adresse e-mail (celle par laquelle vous recevez notre Newsletter), puis suivez les instructions. Vous ­préférez feuilleter un catalogue sur papier ? Vous trouverez notre nouveau Catalogue des ­variétés en version PDF sur notre site et pouvez l’imprimer. www.prospecierara.ch/fr/catalogue-des-varietes info@prospecierara.ch Téléphone 061 545 99 11

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Chronique

Astuces

Pas de goût sans biodiversité ! Josef Zisyadis, président de la Semaine suisse du Goût et co-président Slow Food Suisse À l’heure où les mangeurs de tous les pays se posent des questions sur l’utilité de l’in­ dustrie agro-alimentaire et ses scandales, à l’heure où l’obésité au nord se conjugue avec la malnutrition au sud, il est peut-être temps de réaffirmer notre droit au plaisir du goût. Mais là, où il n’y a plus de biodiversité animale, végétale, culinaire, il n’y a plus de goût possible. La mort du goût nous guette parce que la standardisation des processus alimentaires est devenu un juteux profit. Au bout du compte, il y a la rapide destruction de la petite structure paysanne familiale, cette commu­ nauté nourricière essentielle à toute la planète. Tout cela provoque une solitude alimentaire, qui nous a fait perdre l’amour de la nourriture. Heureusement qu’il y a des organisations comme ProSpecieRara, qui redonnent la prio­ rité à la défense de la biodiversité ! Avec Slow Food Suisse et la Semaine du Goût, nous avons en commun ce souci: celui de faire vivre un patrimoine qui est en train de disparaître, si nous ne nous mobilisons pas. À voir l’espoir qui naît dans les yeux de celles et ceux qui participent à nos événements communs ou de nos associations, on se dit que toutes ces petites graines plantées de la biodiversité sont autant d’actes de résistance au quotidien. 18

CADEAUX DE NOEL ORIGINAUX

Que diriez-vous d’un sac chic en peau de chèvre col noir du Valais ? D’une eau de vie de ­mirabelle de Nancy, d’un savon au miel d’abeille noire, d’un sachet de poires séchées de ­variétés haute tige et de toutes sortes de produits issus du ­cochon laineux  ? Vous trouverez tout cela et bien d’autres produits sur notre place de marché en ligne: www.prospecierara.ch/placedemarche

RESTEZ AU COURANT Avec notre newsletter, nous vous informons toutes les 5 – 6 semaines des nouvelles et d’événements autour de ProSpecieRara. Abonnez-vous sur: news@prospecierara.ch


IMPRESSUM Le magazine «rara» paraît quatre fois par an en français, en italien et en allemand. Éditeur: Fondation ProSpecieRara, Bâle, Suisse Rédaction: Denise Gautier, Nicole Egloff, Anna Kornicker Textes: Philippe Ammann, Nicole Egloff, Claudia Steinacker, Philipp Holzherr Traduction: Irène Kruse Photos: ProSpecieRara Layout: Reaktor AG, Kommunikationsagentur ASW, Aarau Impression: SuterKeller Druck AG, Oberentfelden Papier: Cocoon 100 % Recycling 90 g /m2 Tirage: 7200 expl. en français, 31 500 expl. en allemand, 1700 expl. en italien Féminin / masculin: Pour plus de lisibilité, nous renonçons à mettre les désignations au masculin ET au féminin. Que nous options pour l’un ou pour l’autre, il va de soi que le terme recouvre à chaque fois les deux genres.

FONDATION PROSPECIERARA Fondation suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et aux animaux. ProSpecieRara Suisse romande c/o Conservatoire et Jardin botaniques de Genève Case postale 60 1292 Chambésy Suisse Téléphone +41 22 418 52 25 Fax +41 22 418 51 01 romandie@prospecierara.ch www.prospecierara.ch

ProSpecieRara Direction Unter Brüglingen 6 4052 Basel Schweiz Telefon +41 61 545 99 11 Fax +41 61 545 99 12 info@prospecierara.ch www.prospecierara.ch

ProSpecieRara Svizzera italiana Via al Ticino 6592 S. Antonino Svizzera Telefono +41 91 858 03 58 Fax +41 91 858 03 03 vocedelsud@prospecierara.ch www.prospecierara.ch

19


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