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Qualité au Maroc : et si la certification était bidon ? Conseil et accompagnement Article publié par Tarik HARI L’Economiste Maroc

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Selon l’Association des certificateurs du Maroc, la crédibilité des certificats est en cause. Bien des entreprises recourent à la certification pour des fins d’amélioration de leur image et moins par la conviction d’implémenter la philosophie qu’elle véhicule. « La situation est un peu étonnante au Maroc. Le nombre d’entités certifiées ne dépasse pas un millier, soit epsilon au regard de la population des entreprises,

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mais la crédibilité de la certification est aujourd’hui en question », indique Wafaa Chagar, vice-présidente de l’ACM(Association des certificateurs du Maroc). Voilà qui a le mérite de la franchise de la part de cette professionnelle qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Pour certaines entreprises, la certification est devenue une fin en soi. Alors qu’en principe, elle est l’aboutissement d’un long processus d’une démarche centrée sur la qualité.

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LA MOITIE DES ENTREPRISES N'ONT PAS UNE CERTIFICATION FIABLE Réda Idir, directeur général de Eagle Engineering, a lui un constat encore plus sévère: la moitié des entreprises n’ont pas une certification fiable. D’une manière générale, on distingue deux catégories d’entreprises. Pour la première, les entreprises veulent être certifiées pour se réorganiser. Mais, face à la crise, constatant que la démarche n’apporte pas une véritable valeur ajoutée, elles abandonnent en cours de route. L’autre catégorie est constituée par des entreprises qui courent derrière la certification pour des raisons marketing. Pour elles, c’est un outil de publicité, voire un ticket d’entrée sur un marché. « Cela est répandu dans les secteurs concurrentiels: si le voisin est certifié, je dois l’être aussi », indique Wafaa Chagar. D’autant plus que dans certaines filières, pour décrocher un marché, une certification ISO 9001 est un minimum exigé. Celles-là adoptent une démarche minimaliste et sont motivées par la course au « diplôme ». Ce qui compte pour elles, c’est être certifiées au moindre coût. Et donc, elles cherchent le certificateur le moins disant, parce que le certificat est une fin en soi. Mais la crise économique les a mise à nu, beaucoup ayant été incapables de résister.

Primo, la certification est déjà un terme galvaudé. Toutes les organisations peuvent facilement se payer une certification. Secundo, s’inscrire dans une démarche de certification est un long processus. Rares sont les dirigeants qui y croient vraiment. Et là, la responsabilité des pouvoirs publics est clairement engagée, souligne Wafaa Chagar. « On parle beaucoup de la mise à niveau des entreprises, mais il n’y a pas de repères. La certification peut apporter un élément de réponse puisque les référentiels ont un caractère international auquel les entreprises peuvent faire confiance », indique-t-elle. Et tertio, l’approche de l’audit laisse à désirer. Très souvent, les auditeurs ne veulent pas embêter les entreprises par des normes compliquées. Ils se contentent du strict minimum pour ne pas perdre un client.

RESSION DE L'UNION EUROPEENNE « Cela ne rend pas service aux entreprises », précise Omar Benaicha, président de l’ACM. Selon lui, le challenge que nous devons relever est l’accord avec l’Union Européenne. Celle-ci a mis la pression sur le Maroc pour se mettre à niveau par rapport

SE PAYER UNE CERTIFICATION EST FACILE Qu’est-ce qui explique cette situation. Trois raisons, selon la vice-présidente de l’Association des certificateurs du Maroc.

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à l’Europe. Car les entreprises européennes certifiées auprès d’organismes internationaux exigent la même attitude de leurs partenaires. C’est pourquoi on veut créer un comité d’accréditation et de normalisation dont les textes de lois errent toujours dans le circuit législatif.

UNE REGLEMENTATION QUI SE FAIT ATTENDRE Le Maroc est l’un des seuls pays de la région à ne pas disposer encore d’un cadre réglementaire pour l’accréditation et la certification. Le ministère de l’Industrie et du Commerce avait sorti du tiroir un vieux texte destiné à réglementer ces activités et dont une première mouture avait été élaborée en 1998. Approuvé le 7 juillet 2008 en conseil des ministres, ce projet est aujourd’hui à la Chambre des conseillers. « C’est une priorité en raison de l’ouverture des frontières », indique Abderrahim Taïbi, chef de la division de la normalisation au ministère de l’Industrie. En effet, comme partout ailleurs, les normes peuvent être utilisées comme une barrière à l’entrée pour certains produits pouvant être dangereux pour le consommateur. L’objectif du projet est double : définir les principes de la normalisation, la certification et

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l’accréditation, d’une part, et d’autre part, organiser cette activité par la mise en place de structures indépendantes. Le texte prévoit la création d’organes de normalisation, notamment le Conseil supérieur de normalisation, de certification et d’accréditation (CSNCA), l’Institut marocain de normalisation (IMANOR) qui remplacera le SNIMA et le Comité marocain d’accréditation (COMAC).

LA CRISE A PERMIS D’ASSAINIR LES MENTALITES Le nombre de certifications augmente de 20% annuellement. Mais cette croissance n’est pas tout à fait saine L’augmentation du nombre de certificats n’est pas synonyme d’amélioration de la qualité. Au Maroc, la qualité de ces « diplômes » laisse à désirer. Omar Benaicha, président de l’Association des certificateurs marocains s’explique. Parfois, la certification est obligatoire. Une entreprise de sous-traitance qui travaille avec des constructeurs étrangers ne peut être sollicitée si elle n’est pas certifiée. C’est le cas aussi pour les entreprises qui travaillent avec des donneurs d’ordre nationaux, qui, depuis cinq ans, on a commencé à exiger des documents qui décrivent la gestion de la qualité dans les dossiers des appels d’offres. Aujourd’hui, dans certaines prestations, on exige une certification. Mais il y a aussi des entreprises qui veulent être certifiées parce que le voisin est certifié. Elles font de la certification un outil de marketing pour faire un peu de publicité. Mais soyons clair, aujourd’hui, dans un monde globalisé, pour

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avoir la confiance des partenaires internationaux, il faut se parler le même langage et se référer à des normes communes. La certification est devenue un cadre dans lequel on peut gérer les relations commerciales Pour les entreprises qui ont fait de la certification une vitrine, c’est un coût supplémentaire car elles considèrent qu’elle ne rapporte pas de valeur ajoutée. Avec la crise, elles sont obligées de puiser dans les budgets de la certification, la communication…

UNE CERTIFICATION SANS SYSTEME D'ACCREDITATION La crise a fait le nettoyage dans les têtes. Tous ceux qui veulent faire de la certification un outil de marketing ne vont pas franchir le pas. En revanche, les entreprises qui l’ont inscrite dans le cadre d’une démarche qualité sont obligées de maintenir le cap. Mais la crise a remis sur la table le débat sur la crédibilité de la certification. Au Maroc, la CGEM a un système de certification RSE qui est plus global. L’Association marocaine des industries textiles a aussi une démarche citoyenne. Mais la certification ne peut se faire que par rapport à des référentiels ISO reconnus sur le plan international. Aujourd’hui, on compte un millier d’entreprises certifiées au Maroc. La croissance est toujours importante. Elle est depuis plus de 7 ans de 15% en valeur et près de 20% en ce qui concerne le nombre de certificats. Mais cette croissance n’est pas tout à fait saine.

Omar Benaicha, Président de l'ACM - Association des Certificateurs du Maroc - www.acm.org.ma

Il y a beaucoup d’entreprises qui obtiennent facilement la certification sans un système d’accréditation et sans qu’elles ne soient encadrées.

Article de Tarik HARI L’Economiste – Le premier quotidien économique du Maroc

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