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AUJOURD’HUI DEMAIN
LAURE BABIN
La jeune entrepreneure marche du bon pas. Invitée de notre podcast Aujourd’hui Demain, elle a lancé des baskets faites à partir de matières revalorisées, dont des déchets viticoles.
Dans un sens, les baskets de Laure Babin sont «trash». La créatrice de 24 ans ressuscite les déchets en objet de mode, en utilisant du marc de raisin, du plastique et du liège recyclés pour en faire des baskets en cuir vegan, sous le label Zèta, depuis septembre 2020. Comment? Pourquoi?
Comment transforme-t-on du raisin en cuir végétal?
La recette est secrète, mais je peux vous expliquer le procédé: pendant les vendanges, on va récupérer le marc de raisin. Il va être mis de côté, déshydraté dans des fours, broyé en une fine poudre puis réintégré à du PU (polyuréthane, ndlr) pour devenir une matière solidifiable.
the red bulletin: D’étudiante en management à Bordeaux, vous êtes devenue créatrice de chaussures…
laure babin: J’ai toujours effectué des stages dans l’industrie de la mode et de la chaussure parce que ces spécialités me passionnaient. Je voyais plein d’incohérences dans l’industrie de la mode, tant au niveau environnemental que social, et je me suis dit: «Comment, en tant qu’étudiante, je peux tout reprendre, tout déconstruire et en faire quelque chose de beaucoup plus logique.»
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Laure Babin dans Aujourd’hui Demain, le podcast
Combien de temps faut-il pour fabriquer une basket avec des dépôts de raisin?
Plusieurs heures. Il y a différentes étapes, celui de découpe, d’assemblage… On va coudre, coller, on vient solidifier, on rajoute les lacets et on emballe. L’atelier avec lequel on collabore au Portugal est familial et il travaille très peu avec des machines, tout est encore assemblé à la main. Ils ne sont qu’une vingtaine.
Pourquoi des baskets?
Afin d’avoir un impact global car tout le monde a une paire de baskets dans son dressing. Et interroger les consommateurs: qu’achetez-vous quand vous acheter une paire de baskets? Savez-vous dans quelles conditions elles sont fabriquées, et à partir de quels matériaux? Actuellement, la majorité des baskets sont réalisées en Asie à partir de matières très polluantes… L’idée de Zèta, c’est de déclencher une prise de conscience pour des achats plus durables et plus raisonnés.
Quelle est la genèse de Zèta?
Pendant un an, j’ai travaillé sur ce projet pour mon Master, je me suis rendue au Portugal, j’ai vu les usines, rencontré les partenaires. On a fait le premier prototype en plein confinement puis, lorsque tout a été validé, après tous les tests possibles, on a lancé une campagne de crowdfunding sur Ulule, en septembre 2020. Ce fut le début officiel de la marque, puisqu’en quelques heures, on a atteint notre objectif de cent paires pour lancer la production avec l’atelier.
Pourquoi le Portugal et pas la France? Côté empreinte carbone, ça n’est pas très cohérent…
Lorsque j’ai fait mon sourcing de matières premières auprès des fournisseurs, je voulais qu’ils soient le moins éloignés possible de l’atelier. 90% des matières premières viennent du Portugal. On ne peut pas faire plus court en termes de circuit. «L’idée de Zèta, c’est de déclencher une prise de conscience.»