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Dialogue : Andreas Lüthi, membre de la
« Chaque investissement doit se faire au bénéfice des patients »
Andreas Lüthi lève le voile sur toute l’organisation nécessaire en coulisses pour que les équipages de la Rega puissent quotidiennement voler au secours des personnes en détresse. Chef du département
Exploitation et membre de la Direction, il est notam
22 ment responsable de l’entretien des aéronefs et des
finances de la Rega.
Comment votre département pointe, nous pouvons effectuer des « Exploitation » permet-il à missions qui étaient impensables un équipage Rega de partir en dans le passé – par exemple en cas mission ? de mauvaise visibilité. Beaucoup De nombreuses manières, grâce à d’éléments sont devenus plus chers la diversité des collaborateurs qui sur cette période. Les primes des font partie du département Exploita- caisses-maladie, elles, ont doublé. tion : des ingénieurs qui procèdent à de petits ajustements sur les aé- Les coûts de la Rega ronefs; des mécaniciens qui main- augmentent-ils eux aussi ? tiennent en état les hélicoptères Oui, l’aéronautique et la médecine et les avions-ambulance ; ou encore, sont des domaines strictement régledes logisticiens qui veillent à ce mentés. Or plus il y a d’exigences que les équipages aient toujours les et de prescriptions, plus notre charge bons équipements et suffisamment de travail est importante. Et cela se de médicaments à disposition. Des répercute généralement dans des solutions informatiques modernes, coûts plus élevés. un service du personnel, un service d’infrastructure, une comptabilité D’où est venue l’idée des et une administration des interven- affiliations ? tions effectuées sont également C’est une idée née de l’urgence. Au nécessaires à la Rega pour accomplir début des années 1960, quand la sa mission. Rega a compris que le recouvreComment toutes ces dépenses ne permettait pas de subvenir aux sont-elles financées ? dépenses induites par une offre de Sans ses donatrices et donateurs, sauvetage aérien à l’échelle de tout la Rega n’existerait pas. Leurs contri- le territoire, elle a sollicité le soutien butions couvrent plus du Conseil fédéral. Le de 60 % du budget Andreas Lüthi, 60 ans refus de ce dernier l’a global. La part restante « Sans donateurs, poussée à faire appel est pour l’essentiel financée par les caisses- pas de Rega » à la population. Notre modèle d’affiliation maladie ou les assurances (accident, est un modèle unique, qui nous voyage), qui s’acquittent des frais permet de mettre le bien-être du d’intervention. La Rega ne bénéficie patient au centre de notre action et d’aucune contribution des pouvoirs que d’autres pays nous envient. Il est publics. Ce financement privé nous d’autant plus important de le préserpermet de nous concentrer pleine- ver pour les générations futures. ment sur le bien-être de nos patients ment des coûts d’interventions et de conserver notre indépendance. Les contributions des donateurs
représentent plus de la moitié La Rega est ainsi dépendante de des rentrées financières. Que ses donatrices et donateurs. faites-vous pour que les dé-
Oui, c’est un fait. Et leur immense penses de la Rega restent sous soutien nous incite chaque jour à contrôle ? nous acquitter au mieux de notre La Rega gère ses moyens financiers mission. La contribution de dona- de manière économe. Ainsi, avant teur reste inchangée depuis 30 ans. d’investir le moindre franc, nous nous Cela alors que, aujourd’hui, grâce à demandons si cet argent apportera l’innovation et à une technologie de quelque chose en termes de prise
Là, grâce aux donateurs et donatrices
3,5 Mio.
Si la Rega existe, c’est grâce à ses plus de 3,5 millions de donatrices et donateurs. Leurs contributions solidaires lui permettent de fournir une assistance médicale par les airs 24h/24 partout en Suisse.
en charge du patient : il ne suffit pas qu’un projet soit réalisable pour que nous investissions. Nous planifions notre financement à long terme, de manière à garantir que la population suisse continue à l’avenir de bénéficier des services de la Rega.
Pouvez-vous nous donner un exemple ?
L’acquisition de nouveaux aéronefs, par exemple. Bien que nous ayons renouvelé notre flotte d’avionsambulance il y a deux ans, nous avons déjà recommencé à mettre des fonds de côté en vue de notre prochaine acquisition, d’ici 10 à 15 ans.
Justement, où voyez-vous la Rega dans 10 ans ?
La Rega poursuit une stratégie prudente et axée sur le long terme : elle sera encore en mesure de garantir le sauvetage aérien en Suisse dans dix ans. Grâce à des investissements ciblés, nous disposerons également de nouvelles possibilités technologiques pour nos interventions. La Rega sera toujours portée par ses donatrices et donateurs, qui non seulement lui permettent d’exister, mais dont la contribution est aussi un signe fort de solidarité. Et j’espère que la solidarité restera à l’avenir une valeur fondamentale de notre société. Interview : Adrian Schindler