Mars 2018 · No. 116 · CHF 7
Le magazine suisse de l’asset management
Débandade du XIV
La saison des pigeons est de retour
Conseils de fondation
Un sacerdoce qui en vaut la peine
10
minutes avec
Obligations
Le début de la fin?
Fiona Frick
Gestion du risque
Les dangers de 2018
Actifs
Quelles mesures d’avenir?
La paresse rapporte • Dette émergente éthique • Les marchés planent • Cryptomonnaies: Bombe nucléaire ou pétard mouillé? • Snapchat et la bimbo
Sommaire Les rubriques Quoi de neuf?
4
News Classe d’actifs: Immobilier
7
Rénover pour valoriser Focus: Real Assets
8
Du concret au-delà de l’immobilier People
8
12
10
Concret au-delà de la pierre
C’est la saison des pigeons
12
L’immobilier n’est pas le seul actif réel offrant une alternative aux marchés classiques. Tour d’horizon de placements qui méritent attention.
La volatilité était aux abonnés absents. C’est donc qu’elle avait disparu! Avec ce pari hasardeux, le XIV a pris un monumental bouillon en février.
Qui va où? La chronique de Morningbull
La saison des pigeons est de retour Fund corner
14
Le marché suisse des fonds Marchés actions
Les rubriques de nos partenaires
16
Marchés obligataires
18
14
Face au retour de la volatilité Le début de la fin? Agora
Fund Corner
20
Le tableau de bord des fonds de placement disponibles à la vente en Suisse
Actifs: Quelles mesures d’avenir? Prévoyance
26
22
ETF Corner
News Rendez-vous avec les caisses
Le tableau de bord des ETF européens
24
Un sacerdoce qui en vaut la peine ETF Corner
26
Tableau de bord Sur le vif
27
Fiona Frick, Unigestion Dossier: Gestion du risque
18
24
Le début de la fin?
Indispensable sacerdoce
Les investisseurs obligataires sont-ils acculés par la remontée des rendements? Les convertibles et la dette émergente restent intéressantes.
Le mandat des membres des Conseils de fondation s’est complexifié. Quelques recettes pour ne pas oublier ce qui compte dans ce travail.
2
Mars 2018 · BANCO
28 30
News
32
Tout peut arriver
34
Quels risques en 2018?
Les limites d’une recette anti-risque
Hedge Funds Corner
38
Le baromètre des stratégies Net & (moins) net
39
Les échos décalés de la finance sur le web
34 Quels risques en 2018?
Depuis la crise des subprimes, les marchés nous ont habitués à un niveau de prévisibilité quasi sans faille. L’économie est au top, l’argent s’emprunte pour quasiment rien et les Bourses n’ont jamais aussi bien performé (hormis l’alerte de début février). Seulement voilà, après des années de politiques ultra-accommodantes des Banques centrales, le sevrage est inévitable. Une large part des risques identifiés pour 2018 par nos huit experts est lié à l’abandon programmé du très généreux programme de sauvetage entamé en 2008 et à ses conséquences – attendues ou non.
Le retour du risque Après des années de faible volatilité, la correction de février a rappelé que la vigilance est d’or. D’autant que 2018 réserve son lot de dangers.
En couverture 10 minutes avec Fiona Frick: BANCO pose trois questions (f)utiles à la CEO d’Unigestion. A lire en page 27. Photo de couverture: Daniel Balmat
BANCO, le magazine suisse de l’asset management N° 116 · Mars 2018 · Lancé en 1996 · Rédactrice en Chef Indira C. Tasan · Responsable d’édition Chloé Banerjee-Din · rédacteurs Selim R. Chanderli, Guillaume A. Clément, Thierry Pache · PRODUCTION Johanna Massuyeau · GRAPHIC DESIGN Hendra Irwanto · international advertising Guillaume Bertrand · COO Sacha Toufani · CEO Franciska Meyer · éditeur Selim R. Chanderli · Forward Group, Rue des Terreaux 10, 1003 Lausanne, Suisse · Tél. (+41) 21 623 33 00 · banco@banco.ch · www.banco.ch Note: certains articles peuvent avoir été écrits plusieurs semaines avant parution. BANCO ne peut garantir l’exactitude de toutes les informations. © Forward 2018. Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
C
omment adopter la meilleure gestion du risque en 2018? Dans ce numéro spécial, BANCO propose en premier lieu d’identifier les dangers auxquels les investisseurs doivent être attentifs cette année (page 34). En bonne place sur les écrans radar figure bien sûr le relèvement attendu des taux d’intérêt. Mais la correction de février a aussi rappelé qu’il fallait guetter la volatilité comme le lait sur le feu, et se tenir prêt (page 32). Mais comment faire au mieux face au risque? En cassant les mythes, par exemple, comme celui de la sacro-sainte diversification (page 30). Bonne lecture!
Sacha Toufani COO Forward SA
Guillaume Bertrand International Advertising Forward SA
BANCO · Mars 2018
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News
La paresse rapporte On a tendance à l’oublier, mais le meilleur moyen de se protéger contre les turbulences de marchés – comme celles que l’on nous promet pour cette année – consiste souvent à ne rien faire. Selon une étude de Bank of America, un investisseur qui aurait acheté l’indice S&P500 en 1930, et se serait ensuite borné à le conserver contre vents et marées, aurait bénéficié en 2017 d’un rendement de 11’415%. S’il avait réussi à anticiper et éviter les dix pires jours de marché de chaque décennie, la performance de son portefeuille aurait enregistré un astronomique 1’275’666%. Et elle serait retombée à un misérable 49% s’il avait juste loupé les dix meilleures séances. Néanmoins, même en passant à côté, à la fois des pires et des meilleures journées, le S&P 500 n’aurait rapporté “que” 16’389%, au prix de gros efforts. A ce compte-là, mieux vaut se tourner les pouces. Marchés
Modèle suisse
Artificiellement intelligent
Les marchés planent
En 2017, les actifs sous gestion de Gérifonds ont atteint CHF 13.6 mias, progressant de 16.9%, et ceux de l’ensemble du marché suisse CHF 1’087 mias (17.7%). Si la performance des marchés explique les deux tiers de la hausse au niveau national, elle a en revanche contribué pour moins d’un tiers à celle de Gérifonds, bien davantage portée par l’afflux de nouveaux capitaux. De quoi conforter la stratégie de la société, axée sur les fonds de droit suisse, qui représentent 71 de ses 115 produits.
Nectar Financial lance le Smart Alternatives, son premier fonds de hedge funds (sous forme de certificat activement géré) dont l’allocation d’actifs est à 80% définie par des instruments d’intelligence artificielle. Ciblant des placements alternatifs peu corrélés et peu volatils – mais si possible à haut rendement –, celui-ci s’appuie ainsi sur des algorithmes scannant de vastes bases de données (big data) pour placer ou retirer rapidement ses pions en cas d’opportunités. Le processus reste tout de même supervisé par quelques humains.
La légalisation du cannabis progresse à travers le monde et rend euphoriques les fumeurs… mais aussi les marchés. Première entreprise spécialisée dans le chanvre médical et récréatif à intégrer le Nasdaq en février dernier, le canadien Cronos a vu son cours de Bourse s’envoler de 20% en deux séances. Et les investisseurs sont déjà à l’affût d’autres bons plans. Parmi les candidats potentiels figurent par exemple les sociétés canadiennes Aphria, Canopy Growth Corp ou Aurora Cannabis.
Gérifonds
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Mars 2018 · BANCO
Nectar Financial
Cannabis
PROVIDE PROTECTION
Plus de détails sur syzassetmanagement.com Cette publicité a été publiée en Suisse par SYZ Asset Management (Switzerland) Limited (« SAM Suisse »), une société de gestion basée en Suisse. La société SAM Suisse fournit à des clients institutionnels des services de gestion discrétionnaire de placements individuels ou collectifs. Elle représente et distribue les Fonds OYSTER en Suisse. OYSTER SICAV (« Fonds OYSTER ») est une société d’investissement à capital variable et à compartiments multiples établie et réglementée au Luxembourg. Elle est gérée par SYZ Asset Management (Luxembourg) SA. Le présent document est réservé aux investisseurs professionnels. Les investissements dans des compartiments des Fonds OYSTER induisent des risques, qui sont décrits plus en détail dans le prospectus. Le prospectus, le document d’information clé pour l’investisseur et les statuts d’OYSTER actuellement en vigueur, ainsi que les rapports annuels et semestriels des Fonds OYSTER, peuvent être obtenus sur le site Internet www.syzassetmanagement.com, auprès des bureaux d’OYSTER au 11-13 Boulevard de la Foire, L-1528 Luxembourg ou auprès des agents et représentants indiqués sur le site Internet dans les pays où les Fonds OYSTER sont immatriculés. Les informations et données contenues dans la présente publicité ne constituent en aucun cas une offre ou une recommandation d’achat ou de vente des actions des Fonds OYSTER, ni ne constituent en aucune manière la prestation d’un conseil d’investissement en relation avec lesdites actions. Coordonnées du représentant en Suisse : SYZ Asset Management (Suisse) SA, 30 rue du Rhône, 1204 Genève, Suisse. Coordonnées de l’agent payeur en Suisse : Banque SYZ SA, Quai des Bergues 1, 1201 Genève, Suisse.
News
A paradis, paradis et demi Personne n’est surpris: la Suisse figure une nouvelle fois à la 1ère place du classement mondial des paradis fiscaux de l’ONG Tax Justice Network, qui se base sur des critères comme l’opacité des trusts, la fiscalité ou la taille du secteur financier. Mais notre pays est désormais talonné par un concurrent qui n’était que 5e de ce palmarès en 2013: les Etats-Unis. Comment une nation qui a imposé au monde des lois anti-évasion fiscale drastiques (régime des qualified intermediaries, FATCA…) peut-elle en arriver là? Serait-ce parce qu’elle contraint ses partenaires à lui dévoiler tout ce qu’ils savent de ses ressortissants sans jamais leur rendre la pareille? A cause de sa complaisance vis-à-vis de ses propres paradis fiscaux, comme le Delaware ou le Nevada? Ou parce qu’elle n’a pas signé l’accord d’échange automatique de renseignements fiscaux de l’OCDE, contrairement à la Suisse? Les pistes ne manquent pas.
états-Unis
Opération immobilière Bonhôte & Cie rachète la société de direction de fonds immobiliers nyonnaise FidFund Management à GEM 360. Elle acquiert ainsi l’équivalent de CHF 3.5 mias d’actifs immobiliers répartis dans six fonds, dont trois gérés en direct par les 12 collaborateurs de la structure, et trois qu’ils administrent. L’opération permet aussi à la banque privée de “ramener à la maison” le fonds Bonhôte-Immobilier, créé en 2006, qui pèse CHF 900 mios et dont la direction avait été confiée à FidFund. Bonhôte – FidFund
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Mars 2018 · BANCO
Dette émergente éthique UBP lance l’UBAM – EM Sustainable High Grade Corporate Bond, un fonds ciblant les obligations d’entreprises investment grade de pays émergents qui répondent à certains critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Le portefeuille comporte une cinquantaine de valeurs réparties dans une vingtaine de pays. Pour réaliser son allocation, UBP s’appuie à la fois sur ses expertises internes et sur un filtrage quantitatif et qualitatif opéré par la société MSCI ESG Research LLC. UBP
Comme un ouragan C’est une première: en 2017, le montant des émissions de cat bonds a passé la barre des USD 10 mias. Les obligations catastrophes ont particulièrement attiré les institutionnels en quête de coupons attractifs, dans un contexte global de taux au ras des pâquerettes. Les détenteurs de ces titres ont beau avoir perdu USD 500 mios l’an dernier – notamment à cause des ouragans –, il semble qu’il leur en faudra beaucoup plus pour se détourner de ce marché qui pèse USD 25 mias. Cat bonds
Classe d’actifs: Immobilier
Ralph Kattan CEO & Founder Valres Fund Management SA
Rénover pour Valoriser Délivrer un rendement soutenable à long terme nécessite une gestion très proactive des objets et une recherche systématique de leur optimisation.
M
algré l’annonce d’une détente du marché de l’immobilier locatif en Suisse, l’offre d’appartements à bas coûts dans les hyper-centres urbains reste très limitée. Pourtant, avec plus de 84% de la population helvétique vivant en agglomération, une part importante de locataires, à Genève ou à Lausanne, ne peut s’offrir une autre catégorie de logements. Il est donc essentiel de saisir les opportunités qu’offre la rénovation de logements, tout en adoptant une approche responsable face aux locataires et pérenne envers les investisseurs.
Pour relever ces défis, qui peuvent s’apparenter à la quadrature du cercle, s’appuyer sur des professionnels de l’immobilier, en lien direct avec leurs immeubles et locataires, est primordial pour cerner leurs attentes et y répondre. Une stratégie de rénovation fine permet de rajeunir un immeuble, augmenter la satisfaction de ses habitants et assurer une croissance du rendement aux investisseurs. Avec des taux de vacance en hausse et une pression sur les taux long, un changement de paradigme s’impose. Le rendement initial n’est de loin pas l’unique critère lors de l’acquisition d’un bien. Il faut aussi évaluer le potentiel constructible disponible et les réserves locatives devant faire l’objet de travaux. Lors de la réalisation de ces travaux, les réflexions sur l’efficacité énergétique et les avantages liés à la densification du bâti doivent être bien intégrées. Seule une totale maîtrise du chantier et du budget permettent de convertir en dividendes les projections élaborées.
BANCO · Mars 2018
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Focus: Real Assets
La pierre n’est pas le seul actif réel offrant une alternative aux classiques marchés d’actions et d’obligations. Tour d’horizon des placements qui méritent d’avantage d’attention.
M Les investissements dans les surfaces sylvicoles s’envisagent à très long terme, avec un rendement de l’ordre de 5 à 15% par an.
8
Mars 2018 · BANCO
algré les récentes évolutions qu’ont connues les marchés, une chose n’a pas changé: les investisseurs restent sous pression pour placer leur capital. Les obligations et les actions sont chères en comparaison historique, les dividendes sont très bas et les taux d’intérêts sont au plancher, voire négatifs dans la zone EUR, une fois corrigés de l’inflation. Conséquence: plus cette situation perdure, plus les investisseurs jettent leur dévolu sur les actifs alternatifs. Parmi ces alternatives, les “actifs réels” ou “real assets” sont une catégorie de placements qui présentent des profils d’inves-
tissement similaires: notamment l’immobilier, l’infrastructure et l’énergie, mais aussi la sylviculture et l’agriculture ou – dans certains cas particuliers – les avions et les bateaux. Ces actifs se distinguent en particulier par des flux de trésorerie stables et faciles à planifier, des rendements ajustés du risque attrayants et une faible volatilité – caractéristiques qui en font un substitut idéal aux actifs à taux fixe pour les investisseurs. Généralement, les actifs réels sont plutôt des investissements à long terme. Par ailleurs, ils affichent une faible corrélation avec les autres catégories de placements et offrent une protection contre l’inflation. La diversification à l’aide d’actifs réels a donc un
Dieter Rentsch Cofondateur Aquila Capital
Du concret au-delà de l’immobilier impact positif sur le profil risque/ rendement d’un portefeuille d’actions et d’obligations. A titre d’illustration, dans un modèle de courbes d’efficience établi pour une période comprise entre 2018 et 2027, une allocation de 30% en actifs réels a déjà pour effet de faire grimper de 2.4% à 3.7% le rendement d’un portefeuille d’actions et d’obligations classique ayant une volatilité cible de 7%1.
Hydraulique et sylviculture Le marché immobilier est au cœur des actifs réels, mais il ne faut pas pour autant sous-estimer le potentiel de rendement des actifs réels moins connus. Si le rendement escompté des surfaces
agricoles dépend de leur utilisation et de leur emplacement, il est néanmoins de 7% à 12% par an1. En ce qui concerne les surfaces sylvicoles, investissement à très long terme et à marché étroit, le rendement est de l’ordre de 5% à 15% par an en moyenne1. Au sein des actifs réels, les énergies renouvelables sont une catégorie en plein essor. En 2017, le montant des investissements dans ce type d’équipements à l’échelle mondiale a atteint USD 333.5 mias, soit trois fois plus que dix ans auparavant2. Quant aux potentiels de rendement, ils sont de 7% à 9% dans le domaine hydraulique, de 5% à 8% pour l’éolien et de 6% et plus pour le photovoltaïque1.
Les placements dans les actifs réels profitent des mégatendances telles que l’explosion démographique mondiale, l’augmentation du niveau de vie et les efforts menés en faveur de la protection du climat. Les besoins en investissement sont considérables: McKinsey les estime à USD 49’000 mias d’ici 2030 rien que pour le secteur de l’infrastructure – ce qui n’est pratiquement pas faisable sans investissements privés. Ceci dit, un investissement dans un actif réel quel qu’il soit nécessite un savoir-faire relativement étendu.
1
Aquila Capital; calculs internes 2018
2
Bloomberg New Energy Finance
BANCO · Mars 2018
9
People Directeur Général
Pascal Kuchen
Chargé de Clientèle à Zurich
Carlo Petrachi Lazard Fund Managers Carlo Petrachi rejoint l’équipe de distribution suisse de Lazard Fund Managers au poste de Chargé de Clientèle pour la région zurichoise. Précédemment, il était Directeur de la Distribution Externe pour la Suisse alémanique et le Tessin chez J. Safra Sarasin. Au cours de sa carrière, Carlo Petrachi a aussi occupé plusieurs postes chez Baloise Bank SoBa, PHZ Privat und Handelsbank Zürich et UBS.
Copré La Collective de Prévoyance – Copré recrute Pascal Kuchen au poste de Directeur Général. Par ailleurs Membre du conseil d’administration d’Axa Pension Solutions et du comité de la Caisse de pensions du personnel de l’Etat du Valais, ce diplômé de l’Université de Saint-Gall a passé près de 15 ans au sein du groupe Axa. Parmi les fonctions qu’il y a exercées figurent notamment celles de Responsable Administration Vie Entreprises chez Axa Wintherthur et de Responsable Vie Entreprises Marché Autonome & Suisse Romande chez Axa.
Senior Sales Manager Suisse Alémanique
Reto Eisenhut
Head of Continuing Education
Silvia Helbling Swiss Finance Institute Silvia Helbling a été nommée Head of Continuing Education par le Swiss Finance Institute. Elle aura notamment pour mission de réorienter les activités de formation continue de cette structure. Auparavant, Silvia Helbling a été durant plus de trois ans et demi Vice-Responsable de la Formation Continue au sein de Zentrum Bildung – Wirtschaftsschule KV Baden. Entre 2006 et 2014, elle avait déjà occupé des fonctions au Swiss Finance Institute.
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Mars 2018 · BANCO
RobecoSAM Reto Eisenhut a été recruté par RobecoSAM au poste de Senior Sales Manager pour la Suisse alémanique. Ces trois dernières années, il était Head of Wolesale Business Switzerland chez Allianz Global Investors, après avoir occupé plusieurs fonctions chez Credit Suisse et à la Zürcher Kantonalbank.
Global Head of Product
Hugh Prendergast Fidelity Hugh Prendergast rejoint Fidelity au poste nouvellement créé de Global Head of Product. Au cours des seize dernières années, il a exercé plusieurs fonctions au sein de Pioneer, dont celles de Head of Strategic Product & Marketing et de Head of Institutional Portfolio Management. Entre 1997 et 2001, Hugh Prendergast a été successivement Head of Equity chez Banca Commerciale Italiana et correspondant en Italie pour l’agence d’informations AFX News.
Who’s who... and where? Dans une industrie en mouvement, suivez vos interlocuteurs à la trace dans le grand jeu des chaises musicales.
Qui CEO pour Zurich et Responsable de l’Europe du Nord pour le Private Banking
Adrian Künzi UBP Adrian Künzi rejoint l’UBP en qualité de Chief Executive Officer de la succursale de Zurich et Responsable de l’Europe du Nord pour la division Private Banking. Depuis 2012, il était CEO de Notenstein La Roche Banque Privée. Il avait passé les dix années précédentes chez Wegelin & Co, notamment au poste de Head of Western Switzerland.
Responsable Financements Structurés
Ante Razmilovic Reyl Reyl a nommé Ante Razmilovic Responsable de sa nouvelle activité Financements Structurés, basée à Londres. Cet ingénieur de formation avait précédemment rejoint Goldman Sachs en 1997, chez qui il a occupé plusieurs postes, dont celui de Managing Director à Londres et à Hong Kong. Durant sa carrière, Ante Razmilovic a aussi exercé chez JP Morgan, Credit Suisse First Boston et Credit Suisse Financial Products.
va où?
Président
Tony Mahabir CIFA Tony Mahabir est le nouveau président de la CIFA (Convention of Independant Financial Advisors). Avec la nomination d’un Canadien à sa tête, l’organisation poursuit son développement international en se rapprochant des groupements de gérants indépendants d’Amérique du Nord. Diplômé de la Royal Roads University (Canada), Tony Mahabir est depuis plus de 22 ans Président et Directeur Général de Canfin Financial Group of Companies, basée à Toronto. La CIFA tiendra sa réunion annuelle en 2019 aux Nations Unies à New York (où elle bénéficie d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC) et non plus à Monaco comme c’était la tradition ces dernières années.
Gérant Principal
Michele Pedroni Decalia AM Après avoir rejoint Decalia AM en avril 2017, Michele Pedroni est promu Gérant Principal du fonds spécialisé dans les actions européennes European Conviction. Entre 2012 et 2017, ce diplômé de l’Université Bocconi de Milan a été successivement analyste financier chez Banque Syz & Co, puis gérant de portefeuille chez Syz AM.
BANCO · Mars 2018
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La chronique de Morningbull
La saison des pigeons est de retour La volatilité était aux abonnés absents. C’est donc qu’elle avait disparu pour toujours! Avec ce pari hasardeux, le XIV a pris un monumental bouillon en février.
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Mars 2018 · BANCO
S’
il y a un truc que l’on ne peut pas reprocher au mois de février 2018, c’est de nous avoir fait sombrer dans l’ennui. Du premier jour du mois jusqu’au dernier, on ne s’est pas ennuyé une seconde. Passons sur le pataquès médiatique que nous avons vécu durant cette “correction attendue” et ce “rebond prévu” – c’est quand même fou comme nous sommes forts pour savoir ce qui va se passer mais… après. Au-delà de ça, il s’est tout de même passé une chose qui devrait nous faire dresser l’oreille, si ce n’est pas hérisser les poils, de terreur: la déconfiture du XIV. Note: prononcez ex-aïe-vi, en anglais, ça fait plus professionnel. Ça ne coûte pas moins cher à la fin, mais ça fait quand même “gérant de fortune qui sait de quoi il parle quand il explique au simple mortel ce qui s’est passé
cette première semaine de février”. Si l’on fait un petit “retour vers le passé”, on se souviendra que les indices mondiaux ont commencé à baisser parce que le rendement du 10 ans américain s’approchait un peu trop des 3%. Et quand le 10 ans franchit la barre des 3%, on entre dans un monde parallèle que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Cette terreur froide qui prend aux tripes et ailleurs a donc forcé les intervenants à tout vendre. En effet, c’est bien connu: mieux vaut avoir des bons du Trésor d’un pays endetté jusqu’au cou et dirigé par un psychopathe, plutôt que des actions d’une société comme Apple qui croule sous le cash et affiche une croissance à deux chiffres. Ensuite, quand les marchés baissent, la volatilité monte. Cette fameuse volatilité dont tout le monde se fichait il y a encore deux mois, qui
Thomas Veillet Fondateur du site Investir.ch
Des investisseurs privés ont perdu des fortunes et un hedge fund s’est même pris 25% dans les dents.
se traînait à 10% et qui semblait être définitivement collée à ces niveaux. On était tellement sûrs qu’elle ne remonterait plus jamais – puisque les krachs n’arrivent plus et que même s’ils arrivent, on serait prévenus avant –, que certains banquiers de génie, les mêmes que d’habitude, ont eu l’idée géniale de créer des produits basés sur l’idée… que la volatilité ne remonterait plus jamais. C‘était intelligent. Enfin, à peu près aussi intelligent que de vendre des puts sur l’EUR/CHF à 1.17 durant l’hiver 2015 en se disant que “de toute façon la BNS ne lâchera pas le plancher technique des 1.20 – c’est donc un coup sûr”. Bref, on a créé des produits structurés “short volatilité”, histoire d’encaisser de la prime encore et encore. Il ne restait plus qu’à espérer que ladite volatilité ne remonterait jamais et
que le marché, lui, continuerait son ascension. C’était plus que probable, surtout que les gérants de ce produit passaient tous les soirs au Vatican brûler des cierges pour mettre toutes les chances de leur côté. Sauf que, comme disait Murphy: “Ce qui ne doit jamais arriver finit forcément par arriver un jour”. Et le jour de gloire est arrivé la première semaine de février. Les marchés se sont effondrés, la volatilité est passée de 10% à 50% en 48 heures et les produits liés à une volatilité basse se sont fait démonter. Rien de bien extraordinaire jusque-là, sauf s’il l’on pense au fameux ex-aïe-vi. Ce formidable produit structuré short-vol à 3 milliards de dollars avait en effet, en plus du reste, une clause en tout petits caractères en bas du contrat: en cas de trop forte variation de la volatilité en 24 heures, le produit pouvait être
remboursé à presque zéro. Je vous passe les détails légaux, parce que je ne suis pas avocat. Toujours est-il que les 3 milliards se sont transformés en cacahuètes. Des investisseurs privés qui n’avaient pas lu la clause ont perdu des fortunes et un hedge fund s’est même pris 25% dans les dents. Encore un bel exemple d’application du concept de diversification. Tout ça pour arriver à la triste constatation que les mêmes scénarios et les mêmes erreurs se reproduisent sans fin – et que les mêmes pigeons se font plumer et couper les ailes. Cerise sur le gâteau, le patron de Credit Suisse, instigateur de ce dernier, a trouvé le moyen de déclarer que le produit avait parfaitement fonctionné jusqu’à qu’il ne fonctionne plus. Vous, je ne sais pas. Mais moi, j’ai parfois l’impression qu’on nous prend pour des cons.
BANCO · Mars 2018
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Fund corner
Le marché suisse des fonds En un coup d’œil, l’évolution des fonds de placement disponibles à la vente en Suisse en janvier 2018.
L’évolution des actifs sous gestion Au 31.01.2018
1 an avant
Parts Parts Parts AuM mios AuM mios AuM mios de de de CHF CHF CHF marché marché marché
3 ans avant AuM mios CHF
5 ans avant
Parts de marché
AuM mios CHF
Parts de marché
Actions
476'829 43.23%
465'682 42.64%
Obligations
339'082 30.74%
340'498
31.18%
291'132
Fonds mixtes
131'538
11.93%
129'615
11.87%
109'402 11.70%
104'927
12.37%
87'133
12.15%
76'076
6.90%
76'114
6.97%
74'100
7.92%
63'261
7.46%
67'657
9.43%
2.99%
33'701
3.60%
29'589
3.49%
25'727
3.59%
Instr. Du marché monétaire Immobilier
32'738
2.97%
32'617
383'803 41.05%
335'204 39.52%
263'478
36.74%
31.14%
271'025 31.96%
222'344 31.00%
Matières premières
23'722
2.15%
23'495
2.15%
21'033
2.25%
18'938
2.23%
35'637
4.97%
Alternatif
20'040
1.82%
21'036
1.93%
18'837
2.01%
22'315
2.63%
11'903
1.66%
2'959
0.27%
2'960
0.27%
3'048
0.33%
2'844
0.34%
3'295
0.46%
Autres
Total
1’102'984
1’092'017
935'056
717'173
Domiciliation
Afflux nets estimés
Actifs sous gestion & parts de marché
Au 31.01.2018
Classes d’actifs
848'102
Sur 1 mois, en mios CHF
Sur 3 mois,
en mios CHF
Domicile
Au 31.01.2018 AuM en mios CHF
Parts de marché
5'703.8
5'691.8
Suisse
530'901
48.13%
Obligations
4'034.4
8'500.0
Luxembourg
401'136
36.37%
Fonds mixtes
1'826.4
2'470.6
Irelande
114'327
10.37%
381.8
-2'565.0
Actions
Instr. du marché monétaire Alternatif
127.1
187.8
Matières premières
102.4
569.1
Immobilier
0.0
0.4
Autre
-1.7
-7.2
Total
12'174.2
14'847.6
14
Mars 2018 · BANCO
France
24'406
2.21%
Royaume-Uni
13'203
1.20%
Allemagne
10'975
0.99%
5'424
0.49%
Guernesey
702
0.06%
Norvège
402
0.04%
Pays-Bas
352
0.03%
Liechtenstein
Source: www.swissfunddata.ch
Classes d'actifs
1 mois avant
AuM (Assets under Management): actifs sous gestion
BANCO ne prédit pas le futur. Mais il lui donne un sens.
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Marchés actions
Face au retour de A
près la dernière correction, les investisseurs ont pu constater que les performances des actions sont – aussi – une compensation face à l’éventualité de fortes variations. Même si la réaction des marchés a été clairement excessive – et peut-être entre autres déclenchée par des facteurs techniques –, de nombreux investisseurs s’interrogent désormais sur l’évolution de l’inflation, sur les répercussions d’une augmentation des salaires et sur une hausse plus rapide des résultats des entreprises. Cela se répercute sur les valeurs
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Mars 2018 · BANCO
boursières ainsi que sur la croissance économique. Par ailleurs, force est de constater que de plus en plus de tensions et de sources d’une crise géopolitique peuvent émerger sans préavis. Mais la médaille a aussi une face positive. Les modèles de valorisation basés sur le long terme des classes d’actifs traditionnelles, combinés avec des prévisions macroéconomiques très robustes, montrent clairement que les actions vont continuer de générer des rendements intéressants. D’ailleurs, en l’absence d’une meilleure alternative, les investisseurs ont régulièrement
Tatjana Xenia Puhan Head Multi Asset & Equity Swiss Life Asset Managers, Third-Party Asset Management
la volatilité augmenté leurs allocations en actions et devraient y rester investis fortement. Les actions sont par nature volatiles – même lorsque les marchés sont plus stables qu’aujourd’hui – et le risque de pertes extrêmes n’est pas négligeable. S’exposer aux actions et surtout augmenter leur allocation pour substituer une partie de la poche obligations peut donc poser un problème aux investisseurs qui disposent d’un budget de risque limité. Comment sortir de cette impasse et comment éviter le risque de pertes extrêmes? De nombreuses techniques peuvent servir à transformer le risque d’un investissement en actions selon le degré d’aversion au risque d’un investisseur. En fonction du niveau de la réduction du risque souhaitée du portefeuille, deux stratégies principales font partie de l’ensemble des possibilités, à la fois pour les clients privés et pour les institutionnels, et sont disponibles de manière transparente, liquide et relativement peu coûteuse. Une stratégie “actions couvertes” garantit une réelle exposition aux actions afin de capter une partie significative du mouvement de hausse des indices, tout en protégeant l’investisseur
Après une longue éclipse, la volatilité s’est rappelée au souvenir des marchés actions. Comment y rester investi en gérant au mieux le risque?
en cas de baisse des marchés grâce à des options ou des futures sur indices. En l’absence de rendement attractif sur les autres classes d’actifs, cette approche permet d’augmenter l’allocation en actions d’un portefeuille diversifié au détriment de la poche obligataire. Bien entendu, aucune couverture n’est gratuite, mais il est possible d’optimiser son coût. Cette stratégie offre une exposition en actions dont l’objectif n’est pas de participer à toute la hausse du marché, mais qui, en même temps, vise à protéger impérativement contre des pertes extrêmes. La stratégie “minimum variance” ou “low volatility” offre une meilleure exposition aux hausses des marchés actions qu’une stratégie avec une couverture permanente, tout en réduisant la volatilité du portefeuille. Toutefois, le contrôle de risque est plus faible que dans le cas d’une stratégie “actions couvertes”, surtout dans des conditions de marché extrêmes. Cette approche permet d’améliorer efficacement le profil rendement/risque proposé, tout en étant adaptée aux investisseurs qui sont prêts à et capables de subir des pertes plus importantes durant une certaine période.
BANCO · Mars 2018
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Marchés obligataires
Le début de L
a remontée rapide des rendements suite à des anticipations d’inflation plus élevées qu’attendu a déclenché la correction observée début février. Si les rendements des obligations à haut rendement se sont tendus, les spreads de crédit des obligations investment grade ont peu bougé. L’environnement économique reste propice aux allocations en obligations convertibles et en dette émergente en monnaie locale, comme en témoignent les flux des investisseurs sur le marché des ETF. Dans l’ensemble, les obligations
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mondiales ont connu un début d’année difficile. Les rendements des bons du trésor américain à 10 ans sont passées de 2.41% fin décembre 2017 à 2.95% le 21 février dernier. Dans la foulée, les titres équivalents en Europe ont été entraînés par cette brutale remontée. Les obligations allemandes à 10 ans sont passées de 0.43% à un pic de 0.77% le 2 février 2018 en réaction à des chiffres des salaires horaires américains qui se sont avérés plus élevés qu’attendu (en hausse de 2.9%). Quant au Gilt anglais, il n’a pas été mieux loti, passant de 1.19% à 1.65% le 15 février.
Fin de l’effet boucle d’or Les indices manufacturiers restent solidement ancrés en mode expansion. Cela se traduit par des anticipations de PIB solides à 2.3% pour la zone Euro et à 2.7% pour les Etats-Unis en 2018. Avec en outre des chiffres du chômage orientés à la baisse, cette solidité économique a fait craindre aux investisseurs une sortie de l’effet “boucle d’or”, qui associe croissance et inflation modérée. La correction du mois de février a été déclenchée par une remontée rapide de l’inflation qui a forcé les Banques centrales à resserrer leurs politiques
Antoine Lesné Head of SPDR ETF Strategy & Research EMEA State Street Global Advisors
la fin?
Au 22 février 2018, en USD mios, indices fixed-income 2’000
1 mois
1’500
YTD
1’000 500 -500 -1’000
EMU Debt Corporate
US High Yield Corp
UK Debt Corporate
UK Debt Aggregate
EMU Debt Government
UK Debt Government
EMU Debt Aggregate
EMU Low duration Credit
Fixed-Income Global
-2’000
BANCO · Mars 2018
Source: State Street, Bloomberg Finance L.P.
-1’500
US Inv. Grade Corp
Dans cet environnement et sur fond de faiblesse du dollar US, les investisseurs ont continué à plébisciter la dette émergente en devise locale, en particulier pour leur rendement réel positif (proche de 3% sur la base de l’indice Bloomberg Barclays EM Liquid Local Government Bond Index), ainsi que les obligations indexées à l’inflation (principalement en janvier). Depuis la correction, les investisseurs se repositionnent sur les obligations convertibles. La volatilité créée a fait ressortir
de 0.25%. Les rendements souverains devraient rester plus stables désormais. Quant aux spreads de crédit, ils devraient rester proches des niveaux actuels sauf si un mouvement baissier se reproduit. Dans cet environnement, nous continuons à favoriser les obligations convertibles ces prochaines semaines afin de générer plus de performance potentielle au sein de la poche obligataire.
flux de capitaux des etf obligataires en EuroPE
US Government
Repositionnement en cours
les avantages de cette exposition, à savoir une plus faible sensibilité aux mouvements de taux par rapport aux obligations investment grade ou high yield, ainsi qu’une convexité élevée liée à l’optionalité action, qui permet de capturer un rebond des marchés d’actifs risqués et de se protéger partiellement face à une baisse. En mars, l’on peut s’attendre à ce que la Fed augmente son taux directeur
Emerging markets
monétaires plus rapidement qu’attendu. Néanmoins, les courbes se sont pentifiées du fait de la réaction nerveuse du marché aux chiffres d’inflation et de croissance américains – plus élevés que prévu – et du fait des trois hausses de taux qui restent attendues en 2018 – la prochaine mi-mars –, dont aucune en zone euro. Les écarts de crédit des indices d’obligations à haut rendement ont bondi pendant la correction de près de 0.5% et demeurent marginalement plus élevés qu’en début d’année. Quant aux crédits de bonne qualité en EUR ou USD, leurs mouvements sont restés stables et demeurent proches des plus bas du cycle en cours, respectivement à 0.80% et 0.95%.
Les investisseurs obligataires sont-ils acculés par la remontée des rendements? Les convertibles et la dette émergente en monnaie locale restent intéressantes.
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Agora 2e volet
actifs:
Quelles mesures d’avenir? Les caisses n’ont pas attendu les résultats de la votation sur Prévoyance 2020 pour agir. Trois responsables détaillent les mesures d’ores et déjà mises en place par leur caisse au niveau des actifs*.
D
epuis quelques années, garantir les rentes futures ne va plus de soi pour les caisses de pensions, qui doivent faire face aux défis qu’entraînent l’évolution démographique, l’augmentation de l’espérance de vie et l’insuffisance de rendement des placements. Afin d’éviter une baisse des prestations vieillesse à moyen ou long terme, le volet “prévoyance professionnelle” du projet de réforme Prévoyance 2020 proposait diverses solutions – notamment l’abaissement du taux de conversion minimal, le relèvement de l’âge de départ à la retraite des femmes, ainsi qu’un départ flexible entre 62 et 70 ans. Etant donné leurs responsabilités, les caisses ne pouvaient vraisemblablement pas s’en remettre au sort et attendre l’issue de la votation de l’automne dernier. BANCO a demandé à trois responsables de caisses quels choix ont été opérés par leur caisse ces dernières années et quelles mesures elles ont introduites au niveau des actifs pour parvenir à tenir leurs engagements à long terme. Leurs réponses font clairement ressortir deux changements communs à tous: le cap sur les valeurs réelles et sur l’étranger.
* Dans le précédent numéro de BANCO, l’Agora donnait la parole aux mêmes trois responsables de caisses pour détailler les mesures prises au niveau des passifs.
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Les caisses ne pouvaient pas s’en remettre au sort et attendre l’issue de la votation de l’automne dernier.
Michael Bolt Directeur général / Hotela
En 2014, Hotela a remanié sa gouvernance et sa stratégie de placement au profit d’une gestion principalement indicielle avec des marges tactiques réduites. La nouvelle allocation d’Hotela se caractérise par une diversification géographique étendue (avec une part de 66% d’investissements à l’étranger) ainsi que par une forte proportion d’investissements alternatifs (18%), comportant un mélange de hedge funds, de placements privés, de placements en infrastructure, de réassurance et de matières premières. Nous tentons ainsi d’optimiser la répartition du risque tout en recherchant une prime d’illiquidité, ce que permettent les cash-flows positifs de la caisse. Avec un besoin de rendement nécessaire sur les actifs de 1.5% afin de maintenir le degré de couverture et une espérance de rendement du portefeuille de 2.2%, Hotela pourra continuer de tenir ses engagements à l’avenir.
David Lüthi Directeur / BVG- und Personalvorsorgestiftung der Marti-Unternehmungen
Premièrement, la stratégie de placement a été adaptée sur la base d’une étude de congruence actifs/passifs (ALM). En bref, nous avons réduit la part des valeurs nominales en faveur des valeurs réelles et avons adapté les pondérations entre actifs suisses et étrangers. La quote-part obligataire a été réduite de 38%, tout particulièrement les obligations suisses, celle des actions a été augmentée de 50% et celle de l’immobilier de 10%. Les investissements à l’étranger ont été augmentés d’environ 60%. Au sein des placements alternatifs, la sous-catégorie Infrastructure a été nouvellement rajoutée. Deuxièmement, un appel d’offres a abouti à une nouvelle organisation de placement beaucoup plus efficace, avec un effet très positif sur les coûts à tous les niveaux. Troisièmement, un plan de mesures détaillé pour le portefeuille immobilier a été mis en place au niveau de la maintenance, de l’entretien et du taux de vacance.
Fabio Corelli Responsable Fonds de pension / Romande Energie
En tenant compte d’un provisionnement pour l’abaissement du taux technique à 2%, le besoin de rendement nécessaire de notre Fondation s’élève à 3.0%, ce à quoi vient encore s’ajouter la prise en compte des coûts de gestion de la fortune. Ce cadre posé, nous avons réalisé un examen des différentes classes d’actifs et des risques qui y sont liés, et avons recherché des alternatives au risque obligataire, au vu de la problématique des taux. En partant d’une hypothèse de remontée du niveau des taux d’intérêt, avec le retour de la croissance, notre Fondation a pris dès cette année la décision de diminuer la partie obligataire en francs suisses et de renoncer aux placements dans des obligations en devises étrangères. Ces diminutions ont été contrebalancées par des placements en valeurs réelles, notamment en immobilier à l’étranger, et par un renforcement de notre parc immobilier suisse.
BANCO · Mars 2018
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Prévoyance
Négligence coupable? ACSMS En 2015, le fonds de prévoyance de l’Association des communes de la Sarine pour les services médico-sociaux (ACSMS) faisait faillite après avoir enregistré une perte de CHF 57 mios. En cause, la disparition de près de 80% de sa fortune, confiés en gestion discrétionnaire à un seul gérant, Hope Finance. Si le patron de cette société lausannoise est poursuivi en justice, le procès de quatre anciens membres du Conseil de fondation s’est ouvert en février à Fribourg, pour gestion déloyale et délit contre la LPP. Il est notamment reproché aux accusés d’avoir fait preuve de négligence dans la due dilligence sur leur prestataire. Détail particulièrement troublant dans cette affaire: parmi les anciens membres du Conseil, deux ont été (ou sont toujours) syndics fribourgeois et un a assumé de hautes responsabilités au sein de l’OFAS.
Les fronts se dessinent Réforme des retraites Après l’échec de Prévoyance 2020, de nouvelles propositions émergent pour assurer l’avenir de notre système de prévoyance. L’Union patronale suisse propose un plan en deux étapes. Dans l’immédiat, la faîtière veut porter l’âge de départ à la retraite des femmes à 65 ans et augmenter modérément la TVA. Elle prône aussi un abaissement substantiel du taux de conversion du 2e pilier et “une mesure de compensation” pour maintenir le niveau des rentes. La deuxième partie de ce plan consiste à repousser l’âge de départ à la retraite pour tout le monde à partir du milieu des années 2020. Pour sa part, le syndicat Travail.Suisse défend une augmentation des financements du 1er et du 2e pilier. Il propose, entre autres, d’allouer 1% de recettes supplémentaires de TVA à cet effet, mais aussi de faire des économies en réduisant les coûts de gestion de la prévoyance et en récupérant une partie des profits des assureurs détenant ces encours. Pas vraiment le même son de cloche.
Excellent millésime 2017 Fonds de compensation Les fonds de compensation AVS/AI/APG ont presque doublé leur rendement net global en 2017, passant de 3.93 à 7.11% en un an – un record depuis 2010. La fortune globale a progressé de CHF 34.8 à 36.8 mias, en particulier grâce aux bonnes performances des actions américaines. Compenswiss ne s’attend pas moins à des années difficiles à l’avenir, en raison notamment des perspectives de l’AVS en lien avec l’évolution démographique et de l’arrêt, à fin décembre 2017, du financement de l’AI par un surplus de TVA. L’institution indique aussi que ses obligations en matière de liquidités devraient la pousser à augmenter ses placements à court terme, ce qui pèsera sur la rentabilité de son portefeuille.
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Mars 2018 · BANCO
Swiss Hedge Funds Awards
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Rendez-vous avec les caisses
Un sacerdoce qui en vaut
Les membres des Conseils de fondation ont vu leur mandat se complexifier au fil des années. Quelques recettes permettent de ne pas perdre de vue ce qui compte vraiment dans ce travail.
L
es tâches d’un Conseil de fondation sont devenues à la fois beaucoup plus complexes, plus ardues et très administratives. Sans cesse, l’organe suprême de l’institution de prévoyance entend qu’il n’est plus possible d’atteindre le rendement nécessaire à assurer les prestations et qu’il faut en conséquence les réduire. Il y a quelques années, cet objectif de rendement pouvait être atteint grâce à des investissements en obligations, en actions et en immobilier. Le règlement de placement tenait sur une à deux pages. Aussi, le travail que devaient accomplir les membres du Conseil de fondation avait une couleur beaucoup moins administrative.
Paperasse vs. performance Aujourd’hui, chaque caisse de pensions se doit de produire de nombreux règlements. Un bel exemple en est le règlement de liquidation partielle, qui s’avère inutile pour la plupart des caisses, mais qu’elles doivent établir malgré tout. Cela ne rapporte pas un centime, tout
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Mars 2018 · BANCO
en générant des frais, sachant qu’il faut souvent recourir à des experts pour accomplir cette tâche. Surtout, cela accapare un temps et un capital précieux qui seraient en définitive mieux utilisés pour comprendre et définir une stratégie de placement permettant d’atteindre un certain rendement, même dans un contexte difficile de faiblesse des taux. Tout ce temps consacré à du travail administratif manque automatiquement aux membres du Conseil de fondation, qui ont pourtant besoin de comprendre et de s’informer sur des catégories de placements qui aideraient à l’accumulation du capital de leur institution. En moyenne, un Conseil de fondation se réunit chaque trimestre. Si trois quarts de ce temps précieux est occupé à définir le taux d’intérêt et à discuter des comptes annuels, de l’ajustement des règlements et de la réduction des frais de gestion dans le but de compenser l’augmentation des frais administratifs, il ne reste plus beaucoup de temps pour essayer de
trouver de nouvelles sources de rendement, d’investir dans des actifs plus compliqués ou de trouver le moyen d’atteindre un rendement après frais satisfaisant.
Ne pas abandonner En dehors de cela, un membre du Conseil de fondation est prisonnier d’un déséquilibre entre le risque qu’il prend et la reconnaissance qu’il reçoit. Sa responsabilité et sa fortune personnelles sont engagées en cas de problème. En revanche, si le résultat est bon, il n’est guère applaudi. La motivation d’un Conseil de fondation finit donc par être de minimiser le risque de perte et non pas d’attirer l’attention en proposant des solutions différentes. Cela entraîne inévitablement des coûts d’opportunité, autrement dit, une baisse des retraites à plus long terme. Malgré le nombre de difficultés qui s’imposent aux membres des Conseils de fondation, abandonner n’est pas une option. Il faut toutefois savoir se concentrer sur l’essentiel.
Philippe Luethy Consultant indépendant
la peine Comment aller à l’essentiel? Voici quelques idées afin de remplir la fonction de membre de Conseil de fondation au mieux de ses possibilités:
1. 2.
Ne consacrer à la paperasse que le minimum de temps nécessaire.
3. 4.
Essayer de comprendre les boîtes noires présumées.
5. 6.
Fonder ses décisions sur une analyse de risque et de rendement après frais.
7. 8. 9.
Ne pas avoir peur de dépasser les limites de l’OPP2.
10.
Ne pas hésiter à faire des efforts supplémentaires dans le nouvel environnement de marché, devenu plus difficile.
Consacrer au moins 50% du temps de séance aux investissements. C’est en effet cela qui rapporte de l’argent, tandis que les questions administratives ne produisent que des frais.
Accepter que le risque de se tromper vaut parfois mieux que ne rien faire dans le but d’éviter de faire des erreurs.
Baser la définition de taux d’intérêt sur une formule mathématique tenant compte du rendement effectif (sur trois ans roulants) et du degré de couverture. Cela peut réduire la durée des débats à 15 minutes.
Diversifier les sources de risques et pas uniquement les catégories d’investissements. Se souvenir qu’il n’est pas possible de réduire l’espérance de vie, mais qu’avec un effort correspondant, le capital d’épargne peut être augmenté avec l’aide des marchés.
BANCO · Mars 2018
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Deborah Fuhr
ETF Corner
Managing Partner, ETFGI
Tableau de bord Marché européen des ETP Au 31 janvier 2018
AuM (Assets under Management): actifs sous gestion • YTD (Year To Date): depuis le début de l’année
Avec USD 54 mias, les ETF/ ETP cotés en Europe ont enregistré en janvier leur plus importante croissance mensuelle à ce jour.
Nb d’ETFs / ETPs
Actions 381 Revenus fixes Matières premières 386 21 Actifs 10 Alternatifs 69 Devises 9 Mixtes 192 A levier 68 Inversés 74 A levier inversés 2’276 Total
1’066
AuM Jan. 2018
Parts de marché
Afflux nets Afflux nets Jan. 2018 YTD 2018
(en mios d’USD)
(en %)
(en mios d’USD) (en mios d’USD)
583’853
68.2%
13’991
13’991
186’475
21.8%
1’734
1’734
63’843
7.5%
793
793
8’891
1.0%
25
25
451
0.1%
60
60
268
0.0%
-37
-37
790
0.1%
24
24
3’824
0.4%
-569
-569
4’215
0.5%
88
88
3’743
0.4%
-72
-72
856’354
100.0%
16’037
16’037
Source: www.ETFGI.com, avec des données provenant de promoteurs d’ETF/ETP, de Bourses, de déclarations réglementaires, de Thomson Reuters/Lipper, de Bloomberg et de sources officielles et données calculées par ETFGI.
L
es ETF/ETP cotés sur les Bourses européennes ont connu un début d’année 2018 en fanfare, enregistrant une croissance de leurs actifs sous gestion de USD 54 mias en janvier. A ce jour, il s’agit de la plus importante croissance observée en un mois sur ce marché. Les actifs sous gestion ont dès lors atteint un nouveau sommet à fin janvier, avec USD 856 mias au total. Les afflux nets de capitaux, eux, ont compté pour 16 mias au cours du mois, soit 38.2% de plus qu’en janvier de l’an passé. Ce sont les ETF/ETP exposés aux marchés
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Mars 2018 · BANCO
actions qui ont réalisé la collecte nette de capitaux la plus importante, avec USD 13.99 mias, suivis par les produits offrant une exposition aux marchés obligataires (+1.73 mias), et ceux exposés aux marchés des matières premières (+793 mios). Les ETF/ETP à levier ou à levier inversé sont la catégorie de produits qui a connu la plus grande fuite de capitaux nette, de l’ordre de USD 569 mios. Dans le segment des produits exposés aux actions, les afflux de capitaux ont principalement visé les ETF/ETP consacrés aux actions européennes, qui ont réalisé une collecte de USD 4.97 mias, suivis par
les produits offrant une exposition aux indices d’actions globaux (+3.10 mias) et ceux exposés aux actions nord-américaines (+2.31 mias). La majorité des afflux de capitaux enregistrés sur le marché européen des ETF/ETFP en janvier s’est concentrée sur les 20 plus grands ETF en termes d’actifs sous gestion, à savoir ceux qui à eux seuls ont collecté quelque USD 9.47 mias. Les investisseurs se sont particulièrement tournés vers les produits les moins coûteux, notamment le iShares STOXX Europe 600 UCITS ETF, qui a cumulé des afflux nets de capitaux à hauteur de USD 1.34 mias.
Y’a pas que la finance dans la vie!
Sur le vif
BANCO va à la rencontre de ceux qui font l’industrie de l’asset management en Suisse et leur pose trois questions... (f)utiles!
photo © Daniel Balmat
10 minutes avec Fiona Frick En coup de vent, la CEO d’Unigestion partage sa fascination pour l’innovation Parcours Fiona Frick a débuté sa carrière au sein d’Unigestion en 1990, initialement en tant qu’analyste fondamentale couvrant les classes d’actifs traditionnelles, puis en qualité de gérante de fonds en obligations high yield et convertibles. En 1995, elle est appelée à mener le développement des activités actions, sur la base de l’anomalie minimum variance, et à créer et diriger une équipe dédiée à cette classe d’actifs. Fiona Frick a été nommée au poste de CEO d’Unigestion en 2011, tout en restant impliquée dans les activités de la société dans le domaine des actions en qualité de Présidente du comité d’investissement actions. Fiona Frick possède notamment un MBA de l’Institut Supérieur de Gestion, à Paris, et une licence en littérature et philosophie de l’Université de Dijon.
1
Après quel lièvre courez-vous en ce moment ? Ce
Je rêverais d’avoir un programme d’intelligence artificielle pour m’aider au jour le jour dans certaines décisions.
lièvre, c’est la transformation du secteur de la gestion d’actifs, qui force des sociétés comme la nôtre à évoluer. Le secteur est en pleine disruption sur trois fronts: les marchés boursiers sont plus complexes à aborder après des années d’euphorie; la technologie transforme des pans de notre activité en commodités; et la crise de 2008 a montré la nécessité pour notre secteur d’avoir un rôle sociétal. Cela nous force à courir pour rester pertinents.
2
Qu’est-ce qui vous changerait la vie? Je
rêverais d’avoir un programme d’intelligence artificielle pour m’aider au jour le jour dans certaines décisions, grâce à sa rigueur de raisonnement et à la quantité d’informations à sa disposition pour trouver des solutions. Je crois en la force de l’homme augmenté, soit de la collaboration entre l’homme et la machine. L’humain aura plus de temps pour se concentrer sur ce qui fait vraiment sa force: sa conscience, sa perspective et sa créativité.
3
Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été dans la finance?
Je serais sur un campus à essayer de m’associer à une start-up technologique. Je crois beaucoup, là encore, en la collaboration entre université et économie. Il faut parfois des passeurs sachant déceler l’étoile, puis saupoudrer le tout d’une dose de pragmatisme pour la pousser dans le monde réel. Je suis fascinée par ce qui se passe en Suisse romande, à l’EPFL ou au centre de l’innovation des HUG.
BANCO · Mars 2018
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Dossier: Gestion du risque
Un short pas en phase Tout allait bien jusqu’au 6 février dernier pour ceux qui shortaient la volatilité: l’indice VIX se maintenait à des niveaux historiquement bas, et assurait ainsi de belles performances aux investisseurs jouant sa baisse, par exemple avec le XIV de Credit Suisse. Depuis fin 2010, la performance de cet ETN (exchange traded note) dépassait même 1400%. Mais la brutale correction des Bourses américaines en février, accompagnée par une envolée de 115% du VIX lui a été fatale. Amputé de plus de 90% de sa valeur, il a été dissout au bout de deux semaines par notre numéro 2 bancaire. Pas de quoi échauder durablement les vendeurs de volatilité. Selon Bloomberg, USD 2’000 mias sont encore investis dans ce type de produits. VIX – XIV
Le pire est à venir Bear market La violente correction des Bourses américaines début février a ravivé le spectre d’un bear market plus ou moins imminent. Selon le vétéran de Wall Street Jim Rogers, ce sera même le pire le tous les temps. Même son de cloche du côté de l’actuel responsable de la stratégie à long terme de JP Morgan, Jan Loeys. Dans un entretien à l’Echo, ce sexagénaire – qui en a vu d’autres – trouve que les marchés actuels ressemblent à ceux de 1998-1999: actions américaines très chères, optimisme à toute épreuve sur les valeurs technologiques, explosion de la dette, avec aussi une nouveauté, l’essor de l’intelligence artificielle sur les marchés. De quoi lui faire prédire un krach de Wall Street compris entre 40 et 50% en 2019 ou en 2020. Il conseille aux investisseurs de vendre leurs actifs risqués et de se couvrir avec des puts à deux ans.
Cryptomonnaies On ne compte plus les avertissements lancés par les régulateurs financiers de tous horizons (Etats-Unis, Chine, UE, Corée, etc.) sur les dangers de l’essor des cryptomonnaies: volatilité extrême, vulnérabilité aux cyber-attaques, méfiance vis-à-vis des ICO (Initial Coin Offering). Mais il est pour autant difficile de considérer qu’elles représentent un risque systémique pour le système financier mondial – du moins pour l’instant. C’est en tout cas l’avis de 73% de la cinquantaine d’économistes interrogés à ce sujet par le Center for Macroeconomics. Et pour cause, la capitalisation des plus de 1’500 devises virtuelles répertoriées par le site coinmarketcap.com flirte à peine avec les USD 500 mias. Et ces monnaies 2.0 semblent en outre totalement décorrellées des classes d’actifs traditionnelles. Pas de quoi craindre une contagion imminente donc, d’après une analyse de S&P Global Ratings, tant que les grands gérants d’actifs et investisseurs institutionnels ne s’y exposent pas trop.
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Mars 2018 · BANCO
Bombe ou pétard mouillé?
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Dossier: Gestion du risque
Les limites d’une re En se vouant aveuglément à la diversification, les investisseurs commettent plusieurs erreurs. En la matière, “plus” ne veut pas dire “mieux”.
A
u milieu du siècle passé, Harry Markowitz a obtenu le Prix Nobel en appliquant à un portefeuille d’actions le vieux proverbe “il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.” Depuis, ses disciples cherchent naïvement à répartir leur argent sur le plus grand nombre possible de titres. Face à eux, ils trouvent un véritable souk de produits financiers vantant une diversification par classes d’actifs, par marchés, par facteurs, par budgets, par primes de risques, etc. Difficile de faire son choix, et la solution la plus simple consiste souvent à prendre… un peu de chaque. Car il faudrait être fou pour se risquer à critiquer le dogme de la diversification. Pourtant, certains l’ont fait. Keynes disait de la diversification qu’elle était une “parodie de politique d’investissement”, et Warren Buffet la qualifiait de “protection contre l’ignorance”. A notre avis, ils avaient raison. La diversifcation est un concept utile, mais avec de sérieuses limites. Avant de l’adopter, cinq questions se posent - afin de comprendre que la surabondance de titres n’est pas le gage d’un bon portefeuille.
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Mars 2018 · BANCO
N° 1 – Quelles sont les limites? Combiner des actifs risqués imparfaitement corrélés dans un portefeuille donne en moyenne une réduction de sa volatilité. Plus les corrélations entre actifs sont faibles, plus la réduction de volatilité du portefeuille sera importante. C’est ce principe qui explique l’attrait des investisseurs pour des stratégies et classes d’actifs dites non-corrélées. Malheureusement, ils oublient trop souvent trois faits. Premièrement, il s’agit d’un résultat statistique valable en moyenne, mais pas nécessairement pour un portefeuille donné. Deuxièmement, les corrélations entre actifs ont tendance à monter lors des chocs boursiers, ce qui réduit les bénéfices de la diversification. Troisièmement, la réduction de volatilité peut parfois s’accompagner d’une réduction du rendement obtenu, ce qui n’est pas souhaitable.
N° 2 – Que veut-on diversifier? Avant de se lancer dans la diversification d’un portefeuille, il faut bien définir ce que l’on veut diversifier. La volatilité n’est qu’une mesure de risque parmi d’autres, et probablement pas la plus utile. A titre d’exemple, la perte maximale d’un portefeuille (“maximum drawdown”) fait à nos yeux bien plus de sens. On peut en effet perdre tout son argent en subissant des pertes continues avec une faible volatilité, alors qu’une forte volatilité avec un risque maximal de perte limité permet de dormir la nuit. A méditer.
Francois-Serge Lhabitant Professeur de finance EDHEC Business School*
* également auteur du livre “Portfolio Diversification”, paru en janvier 2017
ecette anti-risque N° 3 – Reste-t-il une conviction? Un gérant qui diversifie au maximum ses positions minimisera certes son risque de carrière, mais il donnera le plus souvent une performance édulcorée à ses investisseurs. Car plus de diversification impliquera mécaniquement de diluer ses plus grandes convictions. De nombreuses études académiques montrent que les plus grosses positions des gérants sont souvent les meilleures, mais que leur impact sur la performance est dilué par une multitude d’autres petites positions sans grand intérêt. Ne vaut-il donc pas mieux se concentrer sur ce que l’on comprend et ce que l’on connaît, et éviter les placements de seconde zone?
N° 4 – Réduit-on le risque
N° 5 – Faut-il multiplier les positions? Trop souvent, les investisseurs estiment la diversification d’un portefeuille en regardant son nombre de positions. Ce faisant, ils choisissent d’ignorer les caractéristiques des titres sous-jacents et leurs pondérations. Pire encore, ils considèrent qu’une allocation à un fonds de placement diversifié représente le même risque qu’une position dans une action individuelle. Cela se passe de commentaires.
de marché? Peu d’investisseurs réalisent qu’un portefeuille soi-disant parfaitement diversifié est en fait 100% exposé au risque de marché. Autrement dit, 100% exposé à la pure source du problème en cas de correction boursière. Le B-ABA de la théorie qui voudrait qu’un portefeuille bien diversifié soit gage de sécurité en période de turbulences est donc archi-faux. La diversification à outrance ne fonctionne bien que dans des marchés haussiers.
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Dossier: Gestion du risque
Tout finit Les investisseurs ne devraient jamais baisser la garde, surtout quand tout semble aller pour le mieux. La seule certitude est qu’une correction peut toujours se produire.
I
l existe une règle générale et rationnelle sur les marchés. Sur le long terme, ils reflètent la synthèse de données économiques objectives, d’un certain degré de confiance (plus elle est forte, plus le marché s’autorisera à anticiper des données futures favorables), ainsi que de la quantité de liquidités dont disposent les investisseurs pour mettre en œuvre leur sentiment. Ce trio de variables fait l’objet de toutes les analyses possibles. Chaque intervenant de marché essaie d’estimer avant les autres comment elles évolueront. La difficulté de cet exercice explique que seule une petite minorité de gérants actifs parvient à sortir du lot avec assez de constance. Cette difficulté explique aussi que beaucoup d’investisseurs font appel, en complément de leurs tentatives de prédiction, à des analyses statistiques pour en tirer des conclusions probabilistes.
“Normalité” trompeuse Si la distribution statistique des performances demeure à peu près “normale”, le passé doit en principe être riche d’enseignements. Autrement
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Mars 2018 · BANCO
dit, la moyenne historique des comportements boursiers dans des circonstances similaires doit constituer une boussole utile. L’analyse technique repose principalement sur cette hypothèse, et dès lors qu’elle est largement utilisée, elle devient en grande partie auto-réalisatrice. Certains niveaux de marchés sont reconnus comme significatifs et amènent de nombreux investisseurs à la même interprétation, et donc à s’orienter de la même manière. Aller à l’encontre de cette loi de la majorité présente un risque: perdre contre le marché, puisqu’il a “toujours raison”. Cette approche est très largement répandue. Le seul problème réside dans son hypothèse de base, qui est de
Didier Saint-Georges Managing Director et membre du Comité d’investissement Carmignac
par arriver croire que, sur le long terme, les performances boursières suivent une distribution “normale”. Sur certaines périodes, qui peuvent durer plusieurs années, la normalité peut certes sembler être la règle. Le marché s’installe alors dans le confort de la répétition des tendances passées. C’est pourtant toujours dans ces circonstances qu’intervient une correction, voire un krach. De fait, les corrections ne se produisent pas malgré le fait que tout le monde juge un environnement porteur, mais bien à cause de cela. De tels environnements – lorsqu’ils sont universellement appréciés – peuvent amener les marchés à un point de complaisance, donc de fragilité, susceptible de transformer un simple soubresaut en correction.
Ce qui devait arriver…... Février 2018 a donné un bel exemple de ce phénomène, en particulier sur la volatilité, telle que représentée par l’indice VIX. Après avoir passé des années aux niveaux les plus bas jamais connus, cet indice a bondi en quelques jours jusqu’à ses plus hauts niveaux historiques. Dans le même temps, les marchés actions ont subi une correction de 10%. La plupart des observateurs ont affiché leur surprise, considérant qu’aucune nouvelle d’importance ne justifiait une telle correction. Pourtant, celle-ci n’avait rien d’irrationnel. Ce qui était irrationnel était que la volatilité soit demeurée si longtemps à des niveaux aussi bas, compressés artificiellement par l’intervention massive et répétée des Banques centrales. Les distorsions de prix des actifs financiers qu’elles avaient provoquées avaient à la longue produit dans l’esprit des investisseurs une profonde distorsion de la réalité. Ils en étaient même venus à acheter des produits financiers spéculant sur le maintien, voire la baisse, des niveaux de volatilité déjà anormalement bas!
Ce faisant, ils prenaient un risque d’une très forte convexité négative (ou concavité): la volatilité pouvait certes baisser encore un peu, mais en cas de remontée, elle risquait par réaction d’exploser à la hausse. C’est ce qui s’est produit en février, et ceux qui avaient parié sur ces produits ont perdu jusqu’à 80% de leur mise en quelques jours. Ce qu’il faut en retenir est que rien ne permettait de prévoir quand exactement cette correction se produirait. Pourquoi pas trois mois plus tôt? Ou plus tard? Ou jamais? En réalité, il est illusoire de prétendre anticiper les corrections, car la distribution statistique des performances boursières ne suit pas une loi normale. Il se produit des évènements rares, imprévisibles, et qui peuvent vous ruiner. Ce qui est vital par conséquent est de faire en sorte qu’elles ne puissent pas vous ruiner quand elles finissent par se produire. La gestion des risques consiste ainsi avant tout à identifier le danger d’une très forte concavité et à l’exclure. Réfléchissez toujours à la nature des risques détenus en portefeuille.
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Dossier: Gestion du risque
D’où viendront les Après dix ans de marchés sans surprises, voici un tour d’horizon des risques à guetter en
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epuis la crise des subprimes, les marchés nous ont habitués à un niveau de prévisibilité quasi sans faille. L’économie est au top, l’argent s’emprunte pour quasiment rien et les Bourses
n’ont jamais aussi bien performé (hormis l’alerte de début février). Voilà pour les bonnes nouvelles. Pour les mauvaises, il faut bien se l’avouer: le patient qu’on a failli perdre en 2008 est désormais en bien trop
Emmanuel Ferry Directeur des Investissements
L’investisseur doit intégrer trois facteurs de risque. 1: La sphère financière est plus vulnérable. 2: Le risque de récession est élevé à horizon deux ans. 3: Les marges d’intervention des Etats et des Banques centrales contre une nouvelle crise financière sont limitées. C’est le moment d’adapter son processus de gestion à cette nouvelle donne. La première ligne de défense est de diversifier les portefeuilles sur toutes les classes d’actifs. La gestion active est la deuxième ligne de défense, avec pour objectif la recherche de convexité et d’asymétrie dans le portefeuille. La gestion active permet d’utiliser au mieux le levier de la diversification, en adaptant l’allocation du portefeuille en fonction des conditions de marché. Elle doit en outre permettre le désinvestissement du portefeuille en cas de choc de marché et de recorrélation des classes d’actifs. Face à des valorisations élevées, le cash redevient crucial en cas de baisse concomitante de grandes classes d’actifs. La voie d’un processus systématique constitue la troisième ligne de défense. Banque Pâris Bertrand Sturdza
Les marges d’intervention des Etats et des Banques centrales contre une nouvelle crise financière sont limitées.
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Mars 2018 · BANCO
Pour une fois, l’histoire n’est pas en train de se répéter.
bonne forme pour qu’on continue à le perfuser. Le moment est venu d’entamer un retour à la normalité ou, comme le dit un de nos experts, d’entamer le sevrage. Le problème est que, pour une fois, l’histoire n’est pas en train de se répéter et que nul
David Lloyd Responsable de la gestion de portefeuille institutionnelle
En 2018, les Banques centrales pourraient accélérer la fin progressive d’une décennie de relance monétaire. A mesure qu’elles réduiront la voilure de leurs programmes d’assouplissement quantitatif, elles voudront éviter de déclencher des symptômes de sevrage négatifs. Or, le fait que les taux d’intérêt ont été ultra-bas aussi longtemps implique qu’elles pourraient avoir bien du mal à relever les taux suffisamment haut pour pouvoir procéder à des baisses efficaces à l’avenir. De plus, en devenant vendeuses nettes d’obligations, les Banques centrales pourraient perturber l’équilibre entre l’offre et la demande, ce qui entraînerait une hausse des rendements et un élargissement trop rapide des spreads et, ce faisant, provoquerait une correction désordonnée. Face à ces risques, il convient selon nous d’envisager systématiquement les marchés obligataires de manière défensive et sélective en comparant les performances avec le risque pris, en adoptant une approche fondée sur les valorisations et en attendant que des opportunités se présentent. M&G Investments
En devenant vendeuses nettes d’obligations, les Banques centrales pourraient perturber l’équilibre.
risques en 2018? 2018. Huit experts les détaillent et livrent les solutions à adopter pour s’en prémunir. ne sait au juste comment et à quelle vitesse ce processus de sevrage peut se dérouler, ni sur quoi il va déboucher. Ainsi, en 2018, les risques majeurs sont tous liés d’une manière ou d’une autre à l’abandon annoncé du très généreux pro-
gramme de sauvetage entamé en 2008, à ses conséquences – attendues ou non –, et au processus de retour à la normale qu’il va falloir opérer. Les huit experts qui s’expriment ci-après identifient les facteurs qu’il conviendra
Les risques sont liés au processus de retour à la normale.
Christian Zeitler
Nadège Dufossé
Head of Central Europe
Head of Asset Allocation
de guetter dans ces eaux pas si dormantes et décrivent les scénarios auxquels l’on peut raisonnablement s’attendre. Mais ils donnent aussi quelques conseils sur la manière dont ces risques peuvent être gérés par les investisseurs.
Sur les marchés obligataires mondiaux, l’aplatissement de la courbe des rendements est un signal d’alarme important, même s’il n’est pas encore crucial. Alors qu’une courbe de rendement plate ou inversée annonce généralement une récession, cette tendance devrait permettre à la Fed d’y voir plus clair et pourrait l’empêcher de resserrer sa politique monétaire trop rapidement, chose qui serait une surprise, voire une erreur, et qui reste l’une de nos principales préoccupations. Du côté de la BCE, une normalisation prématurée de sa politique aurait un impact assez important sur les marchés, mais paraît peu probable. Une correction des actions avec des taux à la hausse pourrait nuire en particulier aux fonds de pension. Les écarts de taux sont trop étroits et risqueraient de s’élargir, avec un impact négatif sur les marchés. Plusieurs solutions permettent de limiter les risques de baisse, par exemple, la couverture de ces actifs à risque ou une exposition à la duration de la partie longue de la courbe de rendement américaine.
Les risques que nous avions déjà identifiés pour 2018 sont liés à une sortie du scénario de croissance et d’inflation modérées, dit “effet boucle d’or”, mais aussi à la hausse de la volatilité, ainsi qu’à la valorisation élevée de certains actifs. Certains de ces risques ont commencé à se matérialiser brutalement dès le début du mois de février. Un rapport sur l’emploi aux Etats-Unis a suffi à raviver les craintes d’inflation, de dérapage haussier des taux et de resserrement de la politique de la Fed, faisant plonger les marchés actions. Cette correction jugée pour le moment plus “technique” que fondamentale a mis en évidence un autre risque suspecté depuis longtemps. Celui-ci est lié à la structure du marché et à la baisse continue de la volatilité, qui amplifie aujourd’hui la baisse des marchés actions. Les risques que nous anticipons peuvent être gérés par la diversification, la flexibilité de l’exposition aux actifs risqués et la gestion active de couvertures optionnelles.
L’aplatissement de la courbe des rendements est un signal d’alarme important, même s’il n’est pas encore crucial.
Les risques sont liés à une sortie du scénario de croissance et d’inflation modérées, dit “effet boucle d’or”.
Legg Mason
Candriam Investors Group
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Dossier: Gestion du risque
D’où viendront les Stefano Zoffoli
Daniel Morris
Chief Strategist Swisscanto Invest
BNP Paribas AM
Le degré de maturité grandissant du cycle économique mondial a un coût que les investisseurs vont constater en 2018. Les éventuels effets négatifs d’une reprise à maturité sont soudainement identifiés comme des risques. Des turbulences peuvent par exemple survenir si, contre toute attente, l’inflation augmente fortement (autour de 3% aux Etats-Unis) et si la normalisation des taux par les Banques centrales est de ce fait perçue comme trop timide – comme cela a été le cas début février déjà. Dans un tel scénario baissier, l’on pourrait s’attendre à un décalage de la courbe globale des taux d’intérêt qui, dans l’ensemble, rendrait les actions moins attractives que les obligations. Par ailleurs, les marges des entreprises subiraient des pressions en cas de hausse des coûts. Dans un tel environnement, les emprunts indexés sur l’inflation, les matières premières, les valeurs financières et celles de secteurs défensifs font partie des placements susceptibles de tirer leur épingle du jeu.
L’inflation reste actuellement le risque principal. Cette crainte est liée à une croissance économique jugée au-dessus de sa tendance, ainsi qu’à un (léger) excès des capacités de production, à un chômage et à une productivité au plus bas, sans oublier un stimulus fiscal important. Si la hausse des prix pousse la Fed à accélérer le relèvement de ses taux de référence, les taux des bons du Trésor américain pourraient dépasser les 3%, provoquant vraisemblablement une réévaluation à la baisse non seulement des actions, mais aussi de la croissance attendue. Un autre risque serait lié au maintien d’une faible inflation, mais avec des Banques centrales qui conserveraient leur politique de resserrement monétaire et de réduction de leurs achats d’actifs (en Europe). Ce resserrement des conditions monétaires pourrait mener à une hausse des taux d’intérêt réels, menant à un ralentissement marqué de la croissance et à une inflation encore plus basse.
Les éventuels effets négatifs d’une reprise à maturité sont soudainement identifiés comme des risques.
L’inflation reste actuellement le risque principal, lié à une croissance économique jugée au-dessus de sa tendance.
Zürcher Kantonalbank
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Senior Investment Strategist
Mars 2018 · BANCO
risques en 2018?
(suite)
Jeremy Cunningham Investment Director
Dans l’environnement actuel de taux bas, bon nombre d’investisseurs cherchant à stimuler le rendement et les résultats de leurs portefeuilles ont misé sur les obligations à haut rendement. Cette manœuvre a contribué à accroître le profil de risque de certaines stratégies obligataires dites “core”, mais aussi leur corrélation avec les marchés actions. Si cela a contribué à doper les résultats à court terme des portefeuilles, ceux-ci sont désormais assortis de risques accrus et qui, souvent, n’ont pas été souhaités. Ces actifs plus risqués pourraient être malmenés en cas de tensions sur les marchés boursiers, ce qui ferait par ailleurs ressortir du lot les portefeuilles qui s’en sont tenu à une certaine discipline dans leur allocation en obligations. Pour les investisseurs, c’est le bon moment pour renforcer les mécanismes de protection de leurs portefeuilles obligataires contre les accès de volatilité. Capital Group
Les portefeuilles sont désormais assortis de risques accrus et qui, souvent, n’ont pas été souhaités.
Babak Abrar Directeur de la distribution pour la France, la Suisse romande, Monaco et Israël Natixis Inv. Managers
Après un début d’année agité, les perspectives pour 2018 restent relativement optimistes, malgré un environnement devenu plus complexe. La croissance économique globale continue et l’amélioration des bénéfices devrait maintenir les actions sur une trajectoire haussière, même si celle-ci n’ira pas sans heurts. Dans la mesure où les baisses enregistrées par les marchés ont pu être causées par la réduction systématique des niveaux de risque au sein de diverses stratégies, les récentes turbulences pourraient durer. De plus, le fait que les marchés restent soutenus par des attentes d’une expansion globale croissante renforce le risque de déception sur le moyen terme, surtout dans un contexte où les Banques centrales réduisent leur soutien. Les investisseurs institutionnels seraient avisés de réévaluer leur tolérance au risque, leurs portefeuilles et leurs attentes. Les conditions de marché actuelles et la volatilité retrouvée nous paraissent favoriser la gestion active.
Le fait que les marchés restent soutenus par des attentes d’une expansion globale croissante renforce le risque de déception.
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Hedge Funds Corner
Le baromètre des
stratégies
sur le premier mois de l’année, une performance qu’ils n’avaient plus connu depuis 2008. Les CTA (qui restent les derniers à n’avoir pas encore rejoint leur high watermark) ont pourtant considérablement réduit l’écart de performance qui les sépare du “niveau de flottaison”, passant de -7.2% à -3.6%. A noter que grâce à une performance de 5.2% sur le mois, l’indice emerging markets Asie ex-Japon a désormais atteint une performance de plus de 50% sur 24 mois. Des résultats que l’industrie des hedge funds n’avaient plus vus depuis longtemps et qu’il faudra tâcher de confirmer sur la durée.
Meilleur alignement des intérêts Les investisseurs en hedge funds sont désormais 76% à bénéficier de conditions préférentielles ou de discounts, contre seulement 9% en 2009. Exemple: rabais de lancements, réductions pour lock-ups plus longs, hurdle rates, et autres conditions personnalisées.
Source: Credit Suisse
L
e moins que l’on puisse dire est que les hedge funds ont bien débuté l’année 2018. A l’instar des marchés actions, les performances enregistrées au mois de janvier ont non seulement été plus élevées que celles des mois précédents, mais elles les ont dépassé de très loin. Ainsi, pour de nombreuses stratégies, janvier leur aura permis d’enregistrer leur meilleure progression depuis quasiment une décennie. Mais le record le plus spectaculaire aura été celui des global macro, qui sont enfin parvenus à rejoindre leur high watermark, grâce à une performance de 3.3%
FW =Fund Weighted, FoHF = Fund of Hedge Funds, RV = Relative Value, ED = Event Driven, EH = Equity Hedge, L/S = Long/Short, EM = Emerging Markets
2016 returns 09
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2017 returns 12
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2018 04
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08
09
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01
Performance YTD
-12M -24M
HWM
MSCI World TR Gross, USD S & P 500 TR BarCap Global Aggregate TR, USD Thomson Reuters/Jefferies CRB
HFRI Relative Value (Total) HFRI RV: CB Arbitrage HFRI RV: Fixed Income Corporate HFRI RV: Fixed Income Asset Backed HFRI Event Driven (Total) HFRI ED: Distressed/Restructuring HFRI ED: Merger Arbitrage HFRI Equity Hedge (Total) HFRI EH: Quantitative Directional HFRI Equity Market Neutral Eurekahedge L/S North America Eurekahedge L/S Europe Eurekahedge L/S Japan Eurekahedge L/S Asia ex-Japan HFRI Macro (Total) Newedge CTA HFRI Emerging Markets (Total) HFRI EM: Asia ex-Japan Comment lire le tableau: sur chaque ligne, le code couleur indique les meilleures et les pires performances d’un indice sur les 24 derniers YTD: année en cours jusqu’à la date des données mois. Le but est de souligner l’ampleur des performances, ainsi que la corrélation de performances extrêmes. Pour les colonnes «YTD», «12M» HWM: high watermark (performance nécessaire à recouvrer la VNI au-dessus et «24M» (12 et 24 derniers mois), le code couleur est appliqué verticalement, afin d’illustrer les performances entre l’ensemble des indices. de laquelle une commission de performance peut être prélevée)
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Mars 2018 · BANCO
Source: Ineichen Research and Management AG www.ineichen-rm.com
HFRI FW Composite HFRI FoHF Composite HFRI RV Multi Strategy
Net & (moins) Net
Pollution 2.0
Selon le fournisseur d’énergie islandais HS Orka, le “minage” de cryptomonnaies – c’est-à-dire l’utilisation de la puissance de calcul des ordinateurs pour valider des transactions – pourrait dès cette année consommer plus d’électricité dans le pays que ses 340’000 habitants réunis. Offrant notamment une énergie bon marché et majoritairement renouvelable, l’Islande s’est rapidement imposée comme l’un des pied-à-terre préférés des mineurs de devises virtuelles. Cette tendance déplaît fortement au gouvernement, qui redoute notamment une multiplication des coupures générales de courant. Cryptomonnaies
Snapchat et la bimbo Bourse Il aura suffi d’un tweet de la star américaine de la téléréalité Kylie Jenner pour faire fondre la capitalisation boursière de Snapchat de 1.3 milliards de dollars (-6%) en une séance. Le 21 février dernier, la demi-sœur de Kim Kardashian a informé ses 24.5 millions d’abonnés sur Twitter qu’elle n’utilisait plus l’application de vidéos éphémères, dont une récente mise à jour faisait justement quelques mécontents. Un désastre pour l’image du grand rival d’Instagram – mais du pain béni pour ce dernier: l’action de sa maison-mère, Facebook, a gagné 2.5% le 22 février, soit 13 milliards de dollars. A l’avenir, les gérants seront sans doute de moins en moins suspendus aux lèvres de Mario Draghi et de Jerome Powell, et plus attentifs à Taylor Swift ou Kanye West.
Bad Buzz
50 Cent Le 24 janvier dernier, le média TMZ révèle que le rappeur américain 50 Cent serait l’heureux propriétaire d’un trésor caché de quelque 700 bitcoins, gagnés grâce à la vente d’un des premiers albums vendus en bitcoins, en 2014. Avec une valeur estimée à plus de 8 millions de dollars au moment de cette révélation, l’existence du pactole est confirmée par l’artiste et fait la une des réseaux sociaux. Problème: 50 Cent s’est déclaré en faillite en 2015 et le fisc américain – qui a lui aussi accès aux réseaux sociaux – est venu lui demander des comptes. Sentant le vent du boulet, “Fifty” vient de se rétracter en indiquant n’avoir jamais détenu de bitcoin, mais avoir simplement cherché à faire le buzz. Vantard ou menteur, ou les deux?
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Notre terrain : les fonds de placement
Depuis 1970, GÉRIFONDS propose une structure indépendante pour la création, la direction et l’administration de fonds de placement en Suisse et au Luxembourg www.gerifonds.ch www.gerifonds.lu +41 21 321 32 00