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PROJET NOUVELLE PAGE – 2015 Nouveaux usages de la lecture de bande dessinée Raphaël Lerays, scénographe, dessinateur Première restitution - Juillet 2015


RESSOURCES Liste des moyens humains et matériels mis à disposition pour ce projet > à affiner en fonction de la direction prise par la recherche.

* OBJECTIF DE LA DÉMARCHE Comme pour le projet du Livre gravitaire, concevoir une bande dessinée (ou un système narratif approchant, en séquences d'images) qui ne soit pas adaptable en version papier, donc exclusivement destinée aux supports numériques. Que ces supports soient vecteurs de sens, et structurent solidement le fil narratif. Peut-être, après coup, une version papier sera-t-elle envisageable, mais — si le but est atteint — elle sera forcément incomplète, par rapport à la version numérique. Comme l'adaptation d'un film en livre, ou d'un jeu vidéo en film... Cela reste certes possible, mais en dénaturant le projet au moment de sa transposition.

* PRÉCÉDEMMENT... Retour sur les recherches précédemment effectuées par les étudiants :

Les pastilles NFC Le dispositif imaginé dans le cadre de l'atelier avec les étudiants me semble difficile à intégrer dans la continuité d'un récit. En posant le smartphone sur la planche, on change de média. On demande au lecteur une manipulation compliquée, comparée au fait de feuilleter une bande dessinée. Une telle technologie pourrait être utilisée pour ajouter un contenu supplémentaire, hors d'un récit imprimé qui se suffirait à lui-même. Commentaire sur l'album, making-of... On pense aux bonus proposés sur les DVD vidéos, qui se gardent bien de parasiter le film, considéré comme un ensemble hermétique. Mais si on réfléchit à la manière dont cette technologie des puces peut opérer narrativement, cela me semble a priori limité. Quelles expériences transmédias fonctionnent déjà sur ce principe ? Par exemple, les scènes cinématiques intégrées dans les jeux vidéos : La façon dont elles sont articulées avec l'action elle-même n'est pas toujours réussie, car à l'instant où l'on change de média / d'interface, cela peut nous extirper du fil du récit. Et porter atteinte à la fluidité de la narration. Dans le projet qui nous occupe (entrelacer inextricablement le récit et la technologie qui le porte), une solution serait d'incorporer ces bascules (papier / écran) comme des points d'inflexion du récit. Par exemple, utiliser l'image numérique à chaque début (ou fin) de chapitre ; ou faire coïncider l'utilisation du téléphone avec une action similaire dans l'histoire (par exemple, un personnage scanne un paysage ou un corps aux rayons X, et grâce à son téléphone le lecteur voit cette image, comme en vue subjective). Même avec toutes ces précautions pour lier les images “papier” et “écran”, est-ce que, narrativement, ça produirait une manière inédite de raconter une histoire ? Pas sûr.


PROPOSITIONS Deux directions de recherche très différentes sont exposées ci-après. Peut-être la faisabilité technique de l'une ou de l'autre décidera en dernier lieu de celle qui sera retenue.

* 1/ Bande dessinée sonore • Principe Lier le rythme de lecture de la bande dessinée à une diffusion sonore calculée live. Ce principe, rendu possible grâce au calcul en temps réel du rendu sonore, à partir d'un appareil banal (smartphone ou tablette), permet une innovation par rapport aux bandes originales qui sont parfois proposées pour les livres audio : C'est la lecture elle-même qui engendre la musique, dont la forme exacte est donc – partiellement – inconnue du compositeur lui-même.

Partant de là, comment un récit entre-t-il en résonance avec un tel dispositif multimédia ? C'est à cette question, et aussi à la résolution technique d'une telle publication, que le projet Nouvelle Page pourrait s’atteler. • Histoire Une piste > Récit bâti autour d'un son mystérieux, que les personnages recherchent comme un trésor. Le son qui tue, ou qui aveugle… Répercuter graphiquement ce pouvoir du son, dans les vignettes de la BD (une partie du récit en audio seul, par exemple?)

• Généalogie du projet A compléter… Philippe Druillet, qui préconisait l'écoute de tel ou tel album lors de la lecture (chercher citation cahiers de la BD)

• Technique (tout numérique ou hybride) • Soit tout est sur support numérique : les vignettes et le son. C'est la solution pour laquelle le lien entre image et son est le plus évident d'un point de vue technique. On feuillette la BD de manière classique (doigt glissé par exemple), et le son est diffusé simultanément par l'appli. • Soit on opte pour une solution hybride : Un vrai livre papier, et à côté un appareil (smartphone ou tablette) qui d'une façon qui reste à déterminer sait à quel moment de l'histoire se trouve le lecteur, et diffuse un son calculé en fonction de cette donnée. Valable si on trouve une manipulation très simple, qui ne complique ni ne ralentit la lecture... • Le son est calculé en direct, en intégrant plusieurs paramètres > voir diagramme ci-dessous.



• Quelques pistes, quelques possibles…

Les personnages entendent les mêmes sons que le lecteur, et réagissent en fonction.

Toute la durée d'affichage d'une vignette, son qui caracctérise un moment.

Entre deux vignettes Clap d'une porte, joué juste à l'arrivée du second dessin


Un battement de coeur, dont la fréquence augmente à mesure qu'on approche d'une vignette.

Un bip médical, qui ralentit à mesure qu'un personnage meurt, ou une musique qui décélère.

Pour lier la lecture au moteur audio, on pourrait utiliser les pastilles NFC. Un emplacement pour le téléphone par planche, quelques pastilles dans la jaquette du livre… En suivant une combinaison précise, le logiciel sait si on suit le fil de l'histoire, et à quel moment on se trouve. Selon les combinaison, on peut même démarrer le récit en plein milieu, en une suite de 3 pastilles le logiciel saura retrouver à quelle page on se situe.


2/ Récit (et lecteur) géolocalisé • Principe Asservir le rythme de lecture de la BD à la position du lecteur. Que permet, narativement, le fait de savoir à quel endroit on lit ? À quelle vitesse le lecteur se déplace en lisant ?

L'exemple qui vient immédiatement à l'esprit, c'est le BD qu'on lit sur une ligne de métro. Questions posées par l'utilisation de ce moteur graphique : - Quelle est la densité du récit, comment varie-t-elle en fonction de la vitesse de déplacement ? Lorsque le lecteur est à l'arrêt, pas de défilement (par exemple dans une station de métro) > adapter le contenu à ça, par exemple des vignettes plus grandes, ou plus bavardes. Si ça crée une attente dans l'histoire, il faut l'intégrer dans la trame du récit.

- Est-ce que les étapes du récit sont ancrées dans des lieux précis (coordonnées absolues / il faut faire tout le parcours pour tout lire), ou est-ce que qu'elle peuvent se placer n'importe où sur un trajet (coordonnées cumulées / il faut juste se déplacer le long d'un chemin pour continuer à lire) ?

- Que se passe-t-il quand on parcoure le trajet en sens inverse ? Est-ce que l'histoire s'affiche mais à rebours ?


- Soit penser un récit qui occupe tout le trajet, soit imaginer une série d'histoires qui peuvent se lire indépendamment les unes des autres. Qu'attend-on du lecteur ? Si la trajet qui couvre tout le récit est trop long, personne ne le fera dans son entier. Ou alors le moteur graphique tient compte du fait qu'on prend le récit marche, avec un résumé des épisodes précédents...

On prend le train en marche, donc on a un résumé de l'histoire.

On saute du train en marche, donc on quitte le récit à un moment de suspense > récit ouvert,, non terminé.

Le récit se suit sur une certaine distance, où que l'on se trouve en coordonnées absolues.


Que se passe-t-il si plusieurs ouvrages élaborés sur ce principe existent, et ont des trajets qui s'entrecroisent ? Est-ce que les histoires se croisent aussi ? On pourrait imaginer une commande à plusieurs auteurs, une BD par ligne de métro par exemple, avec cette contrainte que les récits se percutent les uns les autres, à certains nœuds.

Rencontre

Récit n°1 Récit n°2

• Technique (Types de mouvements, comportements du moteur graphique) Utiliser la géolocalisation. Un moteur graphique part des données de géolocalisation pour en déduire les images à afficher. Le nombre de dimensions prises en compte peut changer : Une (linéaire), deux (planaire) ou trois (spatiale). Le rythme de lecture est décidé par le déplacement du lecteur… On est moins dans le livre que dans le film, de ce point de vue. On n'a pas entièrement prise sur le feuilletage des planches.


• Histoire Un exemple : Un personnage qui suit la rame de métro, en passant par la surface. A chaque trajet entre stations, plein de péripéties semblent le ralentir mais il parvient toujours in extremis à « rejoindre » le lecteur dans chaque station. Cf. Le courseur, de Vincent Hardy ?

• Généalogie du projet A compléter… Certains dispositifs proposent aussi une lecture « géolocalisée », par exemple les contenus de réalité augmentée dans les monuments historiques. Il faudrait justement éviter de donner dans le même registre, d'apporter un commentaire sur la réalité. Il faudrait que le réel (le lieu où on lit) apporte un soutien à la fiction. On ne parle pas d'un lieu, on se place à un endroit précis pour raconter une histoire. Un site peut devenir le support d'un récit, pas seulement d'une pédagogie. Par exemple, quelqu'un qui lit une telle BD et qui connaît déjà les lieux pourra peut-être anticiper certaines péripéties...

• Quelques pistes, quelques possibles… Le son du site devient la BO de la BD. Aux endroits où on peut prévoir ce son (dans un métro, au pied d'une chute d'eau….), on peut prendre en compte ce son en écrivant l'histoire. Imagerie procédurale > Modifier le contenu des vignettes en fonction des coordonnées du lecteur. Par exemple, assombrir l'image en fonction de la latitude, saturer en fonction de la longitude, modifier l'échelle de tel ou tel élément etc.


ANNEXE Une application pour les pastilles NFC > scénographie / muséographie En dissimulant des pastilles sous un grand format, on peut accéder à tel ou tel contenu facilement. J'ai pensé que, par exemple, cette technologie serait très élégante et ergonomique dans le cas de la navigation dans une collection d'extraits d'un film. Une grande planche-contact de l'ensemble de la vidéo est imprimée, soit sur un format affiche, soit sur une frise. D'un coup d'oeil, on embrasse l'ensemble des plans, des lumières, on détecte aisément les moments les plus lents, ou un montage plus « cut ». En plaquant le smartphone ou la tablette sur l'une ou l'autre vignette, on déclenche l'extrait correspondant. Les vignettes sensibles sont repérées par un code couleur. Avec ce procédé, le public pourrait naviguer totalement intuitivement dans des grandes quantités d'extraits, en les situant facilement dans la durée totale du film.


RaphaĂŤl Lerays, juillet 2015


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