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Promenons-nous dans
Le Bois
Se balader en plein air fait du bien
PAR DAVID CHERAMIE ILLUSTRATION PAR SARA WILLIA
Il était une fois, il existait un pays magique et mythique où se passaient de grandes aventures. À la différence d’autres lieux légendaires, on n’avait pas besoin d’un mot de passe secret, d’une incantation dans une langue occulte ou même de passer par une garde-robe ou un portail inter-dimensionnel. Croyez-le ou pas, pour y accéder, il suffisait d’ouvrir la porte de sa maison et de sortir. Cette contrée de merveilles s’appelait tout simplement le plein air. D’autres peuples y donnaient d’autres noms comme l’extérieur, le dehors, la campagne, les bois ou même le grand air. À vrai dire, cet endroit existe encore, mais un tour de magie maléfique l’a obscurci de nos yeux. La fée technologie a placé un écran ensorcelé devant nos yeux qui éclipse de vue la vraie réalité. Les anciens parmi nous se rappellent cette terre pleine de danger et d’amusement qu’on fréquentait jusqu’au coucher de soleil. Avec les exhortations des parents, dès le petit-déjeuner avalé, on quittait la maison à pied ou à vélo pendant les journées interminables d’été. On découvrait des nouvelles espèces d’insecte ou de serpent; on fréquentait les cabanes qu’on construisait nous-mêmes avec des planches abandonnées et meublées avec des sièges qu’on retirait des caisses auto. On restait là jusqu’à l’apparition du signe universel qu’il fallait se précipiter à la maison sous menace de punition : l’allumage des lampadaires de rue. À ce moment, on rentrait vite car tout le monde savait que dès la tombée de nuit, le Rougarou sortait.
Le rapport entre le nombre d’heures passés devant son écran et les effets néfastes sur son état mental ne reste plus à prouver. Il y a, néanmoins, un remède avéré contre les blues et ça s’appelle la randonnée, la promenade dans le bois ou respirer le bon air à plein poumons. Aller dehors, quoi. « Il existe de plus en plus de preuves, provenant de dizaines et de dizaines de chercheurs, que la nature a des avantages pour le bien-être humain physique et psychologique », déclare Lisa Nisbet, PhD dans une publication de l’Association américaine de psychologie. On est particulièrement chanceux en Louisiane, étant entouré d’espaces verts accessibles par des pistes comme celles le long des levées du Mississippi et de l’Atchafalaya, au Parc Chicot et même au nord de l’état entre Jamestown and Winnfield. Certaines suivent les anciens sillages des chemins de fer. La bonne nouvelle, c’est que depuis quelques années, un effort sérieux se monte pour la création de la Piste de l’État des bayous qui va relier ces voies de la Nouvelle-Orléans jusqu’à Shreveport et au-delà. Ce n’est pas pour demain, mais une fois réalisé, on aura une très longue piste pour rafraîchir son âme et renouveler la joie de se retrouver dans la nature.
En attendant, fermez le téléphone et ouvrez la porte pour retrouver ce pays presque perdu. Mais ne rentrez pas trop tard, comme dit la comptine française, « Promenons-nous dans le bois, tant que le loup n’y est pas/Si le loup y était, il nous mangerait ». ■