Economies et territoires 2014

Page 1

&

14 DÉCEMBRE 2014

ÉCONOMIE TERRITOIRES

Les entreprises lorraines qui réussissent

INTERVIEW de l’économiste François LENGLET



Le pied sur l’accélérateur Avec 28.000 emplois, l’industrie automobile est le poumon économique de la région

Pages 8 à 10

AÉRONAUTIQUE

Page 30

Le potentiel du terroir régional Longtemps en retrait, le secteur agroalimentaire cultive sa différence

Pages 31 à 33 ST HUBERT – MIRANILLE BRASSEURS DE LORRAINE

S ANTÉ

INDUSTRIE­MATÉRIAUX

SMART – CAR­ITA – EAGLE INDUSTRY EVOBUS FRANCE – FICOMIRRORS

A GROALIMENTAIRE

Page 6

Page 12

Une mutation à achever

Page 34

L’industrie lorraine doit poursuivre sa mue en misant sur les matériaux de demain

Au bénéfice du patient

Pages 13 à 17

Lescollaborations sont indispensables pour créer un développement économique autour de la santé

ARCELORMITTAL – TOTAL – AE2I – NOREMAT OGID – FOURS FRINGAND – BERTHOLD

Pages 35 à 41 DUPONDMEDICAL­CIBIO­MONTROYAL­ CYBERNANO­HARMONICPHARMA­PODARGOS

Page 18

Sur une courbe ascendante Dopée par l’arrivée de Safran, la filière aéronautique passe la vitesse supérieure

N UMÉRIQUE

A UTOMOBILE

SO M M A I R E

Page 42

Une dynamique à entretenir En retard, la Lorraine du numérique se mobilise et veut prendre le train en marche

Pages 20 à 22 ALBANY – SUDP – THERMO EST PITET AIR SERVICE

Pages 44 à 48

Page 24

Innover et rationaliser Dans un contexte concurrentiel, la filière bois doit sans cesse innover et s’adapter

Pages 25 à 27 CHÊNE DE L’EST – DUPOIRIEUX – ESCALIERS SOMME – EGGER – MADDALON

T OURISME

B OIS

XILOPIX­ APPLICAM­ COMPUSOFT ­ PROCONSULTANT ­ ZEILT PRODUCTION­AIRBOXLAB

ÉDITO



Visibilité et confiance

O

ù va l’économie mondiale ? Où va l’économie européenne ? Où va l’économie française ? Où va l’économie lorraine ? S’il est une interrogation à étages qui est partagée par l’ensemble des acteurs économiques, de terrain, tous ces chefs d’entreprise, connus ou méconnus qui se battent au quotidien pour résister aux effets destructeurs d’une crise dont on ne voit toujours pas l’issue, c’est bien celle­ci, surtout dans une région frontalière dont les échanges internationaux sont autant redoutés qu’espérés pour dynamiser une région qui souffre. Et une région qui s’aime en creux comme le regrette avec pertinence Roger Cayzelle, le président du Conseil économique, social et environnemental. Une région adepte de l’auto­bashing, de la déréliction morose, peut­elle rebondir ? Peut­elle trouver en elle­même suffisamment d’énergie pour agiter des fanaux éclairant l’avenir de filières telles l’industrie, l’automobile, la santé, l’agroalimentaire, le numérique, l’aéronautique, le bois, le tourisme et métiers d’art ? Autant de filières, malgré les vicissitudes, qui restent porteuses, qui regorgent de pépites dont la discrétion n’a d’égale que la créativité. Des entreprises qui ne se contentent pas de résister, mais avancent, innovent, défrichent, exportent, comme en témoignent toutes celles qui ont accepté de témoigner de leur foi en l’avenir dans ce supplément « Economie et territoires ». Par leur engagement, elles apportent un démenti et des raisons d’espérer à tous ceux qui seraient tentés de ne voir que le verre à moitié vide. Comment, par conséquent, ne pas saluer l’implantation de Safran­Albany dans la Meuse, comme la meilleure nouvelle économique en Lorraine depuis près de 10 ans, après celle de Center Parcs en Moselle, inaugurée en 2010 ? Un pas encourageant qui ouvre des horizons, qui donne de la visibilité à une région en quête de confiance en soi. Des raisons concrètes d’espérer. Tout simplement. Philippe RIVET

Page 50

Une image à consolider En matière de tourisme, les atouts sont là ! Reste à améliorer la visibilité de la Lorraine

Directeur de la publication : L'Est Républicain, Le Républicain Lorrain et Vosges Matin : Christophe MAHIEU. Ce numéro a été réalisé par les rédactions, les services commerciaux et l'atelier graphique de L'Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin.

Pages 51 à 55 CENTERPARCS­LABELLEMONTAGNE­ZOOAMNÉVILLE­GITESDEFRANCE SASCOLLINET­METALLIERSLORRAINS­FAÏENCERIEDELUNÉVILLE

3

Illustrations : les photographes de L'Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin.


Novembre 1961 Naissance à Antony (Hauts­de­Seine)

1986 ­ 1989 Correspondant en Asie pour des journaux français dont « L’Express »

1991 Entre au magazine économique « L’Expansion ». Rédacteur en chef en 1997

2011 Devient directeur de la rédaction de « BFM business » et éditorialiste sur « BFM TV »

2012 Est nommé rédacteur en chef du service « France » au sein de France 2

Selon un sondage publié en 2014 par le Huffington Post, François Lenglet figure au premier rang des personnalités économiques préférées des Français. A la télévision ou sur les ondes, l’éditorialiste décrypte la crise actuelle avec des mots toujours choisis. Il évoque les orientations prises et propose sa vision de l’avenir.

U

nFrançaisremporteleprixNobeld’économie alors que son pays s’enfonce dans les affres delacrise.Notrepaysserait­ilplusdouépour exporter ses talents que pour les porter au pouvoir et retrouver le chemin de la croissance ? C’est à coup sûr un paradoxe. Il s’explique de plusieurs façons. Jean Tirole est le produit des filières d’excellence françaises et en même temps il s’est frotté au vaste monde. Il a appris et travaillé pendant plusieurs années auxEtats­Unis.Lui­mêmepublied’ailleursenanglaiscar c’est le seul moyen pour être reconnu par la commu­ nauté scientifique, quel que soit son domaine d’ailleurs. Il est atypique. C’est un OGM, une hybridation, avec une excellente formation de base et sans doute un esprit tout à fait exceptionnel mais aussi une exposition à la culture mondiale qui est celle de la culture des universi­ tésaméricainesdela côteEst.IlaétéauMIT(Institutde technologie du Massachusetts). Il est comme Thomas Picketty, Esther Duflo, Olivier Blanchard, tous très répu­ tés dans la sphère mondiale mais parce qu’ils sont eux aussi aller conquérir leurs titres de gloire à l’internatio­ nal. Et le paradoxe français ? En France, la politique économique n’est pas du tout faite par des économistes mais par des politiques. Et chez nous, les politiques, ce sont des hauts fonctionnai­ res, qui ne sont jamais allés à l’étranger. Ce qui est terri­ fiant,c’estqueleurformationnelesprédisposeenrienà conduire une politique industrielle. Ils augmentent les impôts de façon inconséquente et contradictoire parce qu’ilsobéissentàdeslogiquespolitiquesqu’ilsestiment prévaloir sur celles de l’économie. Ne nous sommes­nous pas également habitués à vivre dansunesortedefrilositésystémiquequientretientle chômage structurel ? Sans doute. Ce sont là les effets pervers des transferts.

Son visage est devenu familier. Spécialiste économique sur France Télévisions, François Lenglet rend compréh

On a de tels amortisseurs sociaux, qui fonctionnent d’ailleurs de moins en moins, car il y a une détresse sociale très importante en France. Il y a 20 ans, Denis Olivennes a écrit un article sur la préférence française pour le chômage. C’était tout à fait prophétique. On préfèreprotégerceuxquiontdéjàunemploiplutôtque de donner des chances à ceux qui l’ont perdu. Aujourd’hui, ceux qui en ont un ont peur de le perdre, et ceux qui l’ont perdu ont très peu de chance d’en retrou­ verun.Sivousavezl’espoirderetrouveruntravail,lefait de le perdre n’est plus très important. Or, on réagit à l’envers : plus le nombre d’emplois est faible, plus on s’attache à diminuer la possibilité de création. C’est un frein au développement économique, un frein à l’investissement,unfreinàl’innovation,àlamobi­ lité. Soyons honnête, ce frein n’est pas que fran­ çais. Vous aviez pressenti l’entrée dans la crise. En pressentez­vous aujourd’hui la sortie ?

Quand ? Il est possible que ce soit la semaine prochaine, ou dans 18 mois, personne ne peut prédire la date exacte, mais on en est très près. La chute de l’Allemagne cet été s’expliqueparleviolentralentissementchinois.LaChine est à la veille d’une très grosse secousse qui peut se matérialiser à l’américaine comme dans les années 30 ou à la japonaise comme avec une longue période de croissance zéro. Les heures de la forte croissance chi­ noise sont derrière elle. A côté, les subprimes n’auront

« Je maintiens plus que jamais que la troisième jambe de la crise, ce sera la Chine »

Jenepensepasquelacrisesoitpermanente,mais l’unité de temps, c’est la génération. Quand on la com­ pare à celle des années 30 ou de 1870, on est sur des crisesquidurentunequinzaine,unevingtained’années. La crise a commencé en 2007. On a fait la moitié du marathon. On est à la veille d’un nouvel épisode. Le premier épisode, je l’avais écrit en 2007 : on savait qu’il serait aux Etats­Unis dans l’immobilier en raison de la titrisation (NDLR : technique financière permettant à des établissements financiers de transformer les créan­ ces qu’ils détiennent sur des entreprises ou des particu­ liersentitresnégociables),onvoyaitaussiquelacrisede l’euro suivrait de peu en raison des niveaux de dettes insoutenables dans la zone euro. Et ce que je maintiens plus que jamais, c’est que la troisième jambe de la crise,

4

ce sera la Chine compte tenu des désordres extrava­ gants en matière financière de ce pays.

été qu’une petite promenade de santé. L’extraordinaire endettement des provinces chinoises, des entreprises chinoises va causer des problèmes à l’économie mon­ diale une fois que la bulle chinoise aura explosé. Nicolas Sarkozy a cédé le pouvoir avec une croissance zéro. On y est encore. Comment expliquez­vous ce statu quo ? Cela tient à la double erreur extravagante initiale du coupleHollande­Ayrault,auquelonpeutajouterMosco­ vici : la première, c’est de penser que la reprise allait arriver par le seul fait que Nicolas Sarkozy quitterait le pouvoir. La seconde, c’est le fait d’avoir tout misé sur les


« On a fait la moitié du marathon » tent aux gens d’y croire à nouveau. Je ne vois pas le gouvernement français faire ça actuellement. Il a aug­ menté les impôts sans même rétablir les comptes puis­ quenotredéficits’aggrave,estplusprofondqueceluide l’annéeprécédente,l’undesquatreseulspaysenEurope à connaître cette situation. Une erreur monumentale qui a pénalisé les Français et les entreprises, étouffé la croissance et cela n’a même pas permis de rétablir les comptes. Que pensez­vous du Crédit d’impôt pour la compétiti­ vité et l’emploi ?

compréhensibles et abordables des données absconses pour beaucoup.

hausses d’impôts, ce qui n’a fait qu’encalminer encore davantage l’économie du pays et prolonger cette périodedecroissancezéroqueSarkozyavaitlargement initiée contrairement à ce qu’il dit. Les cinq derniers trimestres sous Sarkozy étaient des trimestresdecroissancezéro.Depuisqu’Hollandeestlà, plus de dix trimestres, on est toujours en crois­ sance zéro. Le dernier trimestre de croissance forte qu’onaconnu,c’estlepremierde2011etilétaitd’ailleurs lié à l’effet de rebond après la crise et pas du tout à la politique de Sarkozy. Qu’aurait­il fallu faire ? La bonne option aurait été de faire ce qu’on fait les Britanniques,c’est­à­diredebaisseràlafoislesdépenses publiques et les impôts, donc de rendre de l’argent aux Français,auxentreprisescommeauxménages.Decette manière, vous neutralisez l’effet négatif que peuvent avoirlescoupesbudgétairespuisquevousréinjectezde l’argent dans le circuit économique Mais les Britanniques n’étaient­ils pas moins endet­ tés ? Non. Au même niveau que la France, à 95 % du PIB. Si les Britanniquesontagicommeilsl’ontfait,commelesUSA l’on fait aussi, c’est parce que, parallèlement, ils ont pu dévaluer massivement. Encore une fois, le taux de change comme son nom l’indique, c’est fait pour chan­ ger. Cet instrument nous a manqué, car on a dû subir une hausse de l’euro. Préconisez­vous une sortie de l’euro ? Certains sortiront de la zone euro, d’autres y entreront peut­être. Pour la France, je ne suis pas sûr que sortir de la zone euro soit la bonne idée. Le problème c’est le

fonctionnement de la zone euro telle qu’elle est aujourd’hui. Comment le changer ? On pourrait imaginer une zone euro plus restreinte et plus intégrée. Il n’y a que deux solutions. La première, c’est une intégration profonde avec la disparition des gouvernements nationaux peu ou prou. La seconde, c’est une désintégration avec le retour aux monnaies nationales. On a choisi la troisième solution. Cela ne peut pas durer. On est enceinte ou vierge. Pas les deux. Quand on est dans l’euro, il faut y aller jusqu’au bout et accepter le transfert de souveraineté, ce qui semble politiquement difficilement supportable aujourd’hui. Donc, comment s’en sortir ? Il faudrait accepter à la fois globalement un déficit inté­ rieur plus important en Europe, pas forcément pour la France qui se situe déjà à un niveau élevé, mais pour l’Allemagne très certainement, et en contrepartie réfor­ mer profondément notre machine à dépenser, c’est­à­ dire faire une sorte de new deal, mais un vrai. On laisse un peu les comptes dériver mais en contrepartie, on s’attache à dépenser de façon plus utile, plus intelli­ gente,ons’attacheàassouplirlemarchédutravaileton essaie de faire baisser un peu l’Euro. Juncker et ses 300 milliards d’investissement, c’est une bonne nouvelle ? Cesontdespropositionsdebonsens.Maisleurmontant est proportionnellement faible. Moins de 3 % du PIB. Le temps que l’Europe sorte son chéquier, il faudra patien­ ter vraiment, c’est peu et tard. 300 milliards d’investisse­ ment,ouisic’estunvraiprogramme,unnewdealsurles finances publiques, des baisses d’impôts qui permet­

5

J’observe qu’à ce jour, les sommes décaissées ne dépas­ sent pas les 7 milliards, ce n’est pas à la mesure du problème. On a 10 à 15 points de débord de compétiti­ vitéliésauxerreursdeChirac,àlanégligencedeSarkozy, à l’intempérance incroyable de Jospin au plan budgé­ taire. 15 ans de négligence. Hollande, c’est l’héritier, celui qui arrive un peu trop tard mais qui de surcroît s’engage dans une voie sans issue. Cequipeutlesauver,c’estunebaissedel’eurovraiment significative. J’ai cru comprendre qu’elle était enclen­ chée. Hollande aurait un euro comme Jospin à 0,85 dol­ lar, on lui érigerait des statues dans les parcs publics en disant qu’il est le sauveur de la croissance. Cela change­ rait tout. Mais c’était une autre époque. L’Allemagne était sur le flanc, elle avait même des déficits commer­ ciaux. Aujourd’hui, elle est excédentaire. Sortirdelacrisepasse­t­ilparunepolitiqueplusprotec­ tionniste ? L’économie va se réorganiser et dans des proportions beaucoup plus importantes et beaucoup plus positives que ce que l’on peut imaginer. Après cette crise, il est tout à fait possible que l’on parte pour une longue période de croissance. On va remonter les critères, on est allé un peu loin dans la déréglementation, la libérali­ sation,etc’estquandmêmeçaquiaprovoquélacrise.Et cela passera par des mesures protectionnistes. Le pro­ tectionnisme est en marche, partout dans le monde. PartoutenEuropemaisonvayvenir.Ilnes’agitpasdese protéger de la concurrence, mais de la concurrence déloyale. Quand les Chinois manipulent leur monnaie, il n’y a pas de raison de leur dire merci. Comment redonner confiance aux entreprises ? Par une baisse massive des charges et globalement une baissedesimpôts.Ilfaudraitlàaussiunplanconcertéau niveau européen. Propos recueillis par Philippe RIVET  Retrouvez l’intégralité de l’entretien accordé

par François Lenglet sur le site de votre quotidien


AgroAeroAlimentaire Nautique Tourisme

Santé

IndustrieNumérique Materiaux

Bois

AUTOMOBILE

L’industrie automobile : l’alternative 28.000 emplois

L’industrie automobile est aujourd’hui la première filière de l’industrie en Lorraine avec quelque 28.000 emplois dans quelque 250 entreprises pour l’ensemble de l’activité.

5.000 pertes d’emplois

Depuis le début de la crise de 2008 on estime à plus de 5.000 la perte des emplois sur l’ensemble de la filière automobile en Lorraine

1ère PLACE

La première usine de moteur Diesel au monde est à Trémery, en Moselle. Le site, ouvert en 1979, appartient au groupe PSA Peugeot Citroën.

L’automobile est venue à la rescousse au moment où l’industrie sidérurgique se restructurait. Aujourd’hui, elle est une des premières activités en Lorraine.

«E

lle était la seule alter­ native. L’informatique, l’électronique avaient échoué en Lorraine », constate un observateur averti de l’actualité automobile en Lorraine. « Aujourd’hui, elle est le poumon écono­ mique de notre territoire. Un fer de lance de notre industrie », ajoute Sté­ phane Bailly, président du groupe épo­ nyme, ardent défenseur des sites de production du groupe PSA Peugeot Citroën en Lorraine. Un poumon qui emploie plus de 20.000 salariés. Pres­ qu’une autre nouvelle mono­industrie. « Mais ce sont les équipementiers qui ont commencé à s’installer en premier dans notre région » rappelle Jean Arnould, président de l’UIMM (Union des industries métallurgiques). Au plus fort de la crise des mines de fer et de la sidérurgie, l’industrie automobile dans les années soixante pesait déjà près de 5.000 emplois. Ainsi du côté de Thion­ ville fleurissaient des usines produisant pompes à huile, pistons, au sein de filia­ les de Renault. « Il a fallu reconstituer le

tissu industriel du Pays Haut. Et l’on évoquait alors toute sorte de projets. Jusqu’à l’atterrissage de constructeurs comme Ford qui est finalement parti s’implanter en Sarre, ou Général Motors pour sa filiale Opel, quand ce n’est pas Mercedes pour un site d’essais dans un Bassin houiller plombé par la crise charbonnière. Mais les géants alle­ mands ont préféré au final privilégier les sites Outre­Rhin », détaille notre spé­ cialiste.  De la SMAE à la Smart L’histoire de l’industrie automobile lor­ raine a vraiment décollé avec l’avène­ ment des usines de production de boî­ tes de vitesse d’abord pour Citroën (1969), de moteurs diesel ensuite à Tré­ mery dix ans plus tard, le tout réuni dans le giron de la SMAE (Société méca­ nique automobile de l’Est). « C’est aujourd’hui le premier employeur privé delarégion »,relèveStéphaneBaillyqui recense 12.000 emplois directs et indi­ rects.

6

La fin des années soixante­dix consa­ crait l’implantation définitive du pre­ mier site d’assemblage de véhicules industriels à Batilly d’abord avec RVI puis la sortie du premier utilitaire Mas­ ter de Renault à la SOVAB en 1981. Il sera suivi en 1995 par le gros coup de Smart qui va célébrer cette année le 20e anni­ versaire de la décision de l’implantation à Hambach, dans l’est mosellan. La pro­ duction a commencé en 1998. Plus de 1.500 emplois qui ont épongé partielle­ ment la cruelle addition de la fin des puits de charbon du bassin d’emploi voisin. Sans compter les nombreuses entreprises de sous­traitance de pre­ mier ordre réparties aux quatre coins de la région. Elles sortent de leurs sites des turbos, des freins, des climatiseurs, des colonnes de direction, des sièges auto… Une filière qui aura finalement redonné du souffle à la sidérurgie lor­ raine laquelle lamine toujours de remarquables tôles pour habiller les plus beaux modèles de l’automobile européenne. B.K.



Économie  &T  erritoires

AUTOMOBILE

SMART  H Une année entre fortwo et forfour AMBACH (57)

Chez Smart France, toute l’attention des derniers mois a été focalisée sur la conception et la mise en vente de la Smart fortwo 3e génération. La décision de venir en Moselle a été prise il y a 20 ans.

2

 « Un vrai challenge » « 200 millions d’euros ont été investis sur le site de Hambach pour la Smart fortwo 3e génération, un nouvel atelier de peinture a été mis en place, des aménagements réalisés chez nos partenaires de sys­ tème ainsi qu’un nouveau système de convoyage avec balancelles réglables en hauteur au montage final chez Smart France », observe Jean­Yves Sch­ mitt, responsable de la communication au sein de l’usine mosellane. Il précise également qu’environ 80 embauches ont eu lieu à Smartville pour mener à bien le projet de la Smart 3e génération, les effectifs de Smart France s’élevant aujourd’hui à 800 coéqui­ piers. L’entreprise est par ailleurs l’artère vitale d’un vaste complexe englobant huit entreprises qui ne rassemblent pas moins de 1.600 personnes. La Smart fortwo, et la forfour ont fait leur apparition dans les concessions le 22 novembre.. La Smart

Photo Thierry NICOLAS

014 restera sans conteste une année char­ nière pour le site de Hambach, où quelque 1,6 million de Smart sont sorties des ateliers depuis le début de la commercialisation en 1998. La petite citadine connaît une évolution tech­ nique et esthétique de premier ordre avec le lance­ ment de la Smart fortwo 3e génération. L’allure et la tenue de la Smart fortwo et de la forfour (qua­ tre places) ont été révélées en avant­première mon­ diale à Berlin le 16 juillet par Annette Winkler, prési­ dente de Smart monde et Dieter Zetsche, président du Directoire de Daimler AG. La forfour est assem­ blée sur les chaînes de montage de l’usine Renault de Novo Mesto, en Slovénie, et les deux véhicules sont issus d’un partenariat entre Daimler et Renault, scellé en 2010. Le site de Smartville à Hambach, vu du ciel. Pas moins de 1.600 personnes y travaillent.

3e génération et ses 2,69 m offrent une aisance enviable pour circuler, son diamètre de braquage de 6,95 m lui offre une maniabilité sans précédent. Quant à la forfour, elle mesure 3,49 m et ses portes arrières s’ouvrent à 90°. « La Smart fortwo 3e généra­ tion est fabriquée sur la même ligne de montage que la fortwo 2e génération et que la Smart électrique. Approvisionner cette ligne et produire de façon mixte en même temps était un vrai challenge et nous avons relevé ce défi avec succès » assure Jean­ Yves Schmitt, précisant que cette opération se pour­ suit jusqu’au printemps 2015. En mai dernier, Smart France inaugurait un nouveau centre de logistique capable de traiter 250.000 piè­ ces par jour, ce magasin de 17.000 m² permettant de rassembler en un même lieu les pièces nécessaires à la fabrication, et de libérer ainsi l’espace autour des

8

lignes de production. « La Smart fortwo 3e généra­ tion est un produit made in France, son lancement est aussi un gage de pérennité, d’avenir et de con­ fiance dans le site ». 16 ans après le lancement de la première version et sept ans depuis la venue de la Smart 2e génération, l’entreprise multiplie les événe­ ments puisque décembre 2014 correspond aussi au 20e anniversaire de la décision d’implanter l’usine sur l’Europole de Sarreguemines. Philippe CREUX

CONTACT

SMART 

Europole de Sarreguemines 57200 Hambach www.smart.com



Économie  &T  erritoires

AUTOMOBILE

CAR-ITA  B Un centre logistique ultramoderne ITCHE (57)

La société allemande Car­Ita, qui produit des tissus pour l’industrie automobile, a choisi Bitche pour déployer son centre logistique ultra­perfectionné. 1,4 million d’euros sont investis en Moselle­Est.

 Développer de nouveaux créneaux A Bitche, l’entreprise allemande investit 1,4 M€, dont 500.000 € dans la création d’un centre logistique. « La production restera en Allemagne, annonce Andrea Cor­ della, le patron. Ici, nous transférons l’atelier de découpe, à la presse, au laser ou au couteau. Nous créons aussi un centre de stockage complètement

informatisé. Les clients pourront découvrir les stocks et les différents produits que nous vendons. Ils seront livrés en 24 heures ».

Photo RL

P

rès de 3.000 m² d’ateliers, des bureaux, flam­ bant neufs. La société allemande Car­Ita, qui est déjà installée à Kirkel, en Sarre, a choisi Bitche pour s’implanter en France. Avec, à la clé, 25 embauches. Elle fabrique notamment des tissus pour l’industriel automobile. Elle travaille pour Audi, BMW, Mercedes… et même Peugeot. Du côté allemand, elle vit une expansion vertigineuse. L’an dernier, son chiffre d’affaires a explosé de 55 %, pour atteindre 19 millions d’euros. Aujourd’hui, elle développe son activité dans l’Hexagone.

Car­Ita, qui fabrique et commercialise 1.200 articles différents, compte beaucoup sur cette nouvelle usine pour accroître son activité. Et développer de nouveaux créneaux. Ainsi, la société qui réalise également des sièges pour les avions d’Airbus, de Tuy ou de la Lufthansa, a déposé un brevet de filtre à air pour l’auto­ mobile. Elle a aussi lancé des semelles pour chaussures ou des sous­vêtements. « Avec des tissus innovants », explique Andrea Cordella. Car­Ita a donc le vent en poupe. La société a la chance de travailler essentiellement pour l’industrie automobile haut de gamme, qui ne connaît pas la crise. Andrea Cordella n’exclut pas une extension de son usine, dans la zone industrielle. « Si notre activité, prédit le PDG, se développe comme convenu, notre objectif est de déve­ lopper notre centre de stockage et de nous étendre. »

Car­Ita s’est installé avec l’aide de la communauté de communes.

CONTACT

CAR­ITA 

Zone industrielle 57 230 Bitche Tél. 03 87 96 99 45

EAGLE INDUSTRY  F De l’air frais dans le secteur automobile AULQUEMONT (57)

Concepteur de clapets de climatiseurs d’automobile depuis 1998, Eagle Industry se distingue dans ce secteur d’activité, tant par sa très bonne santé économique que par sa gestion des hommes.

L Photo Thierry SANCHIS

orsqu’on lui demande d’expliquer les raisons de la réussite de l’entreprise, Denis Lorchat, son président, botte en touche : « Je ne l’explique pas. Les clients nous suivent. Notre portefeuille s’est agrandi depuis trois ans, et on parvient à fidéliser

80 % des salariés dans les ateliers sont des femmes.

les plus anciens. » S’il ne nie pas l’évidence, c’est que les chiffres parlent pour lui. En deux ans, Eagle Industry, filiale du Japonais EKK, a vu son chiffre d’affaires grim­ per à 63 M€ (+98%). Dans le même temps, 52 personnes ont été embauchées. Le fruit d’un investissement de 12,5M€ pour une extension de 1.200 m² qui abrite l’usine de décollage.

Si l’entreprise s’en sort avec les honneurs d’un point de vue économique, il excelle aussi dans son manage­ ment. 80 % des salariés dans les ateliers sont des fem­ mes. « L’assemblage de nos pièces demande beaucoup de dextérité. On a choisi ces femmes pour leurs compé­ tences avant tout. » Parmi les cadres, on compte aussi 50 % de personnel féminin.

 « Une tradition du travail »

En 16 ans, Eagle Industry a ainsi réussi à allier la compé­ titivité à la gestion des hommes. Ce qui en fait, très certainement, l’une des locomotives industrielles en Moselle­Est.

L’entreprise, spécialisée dans l’usinage de clapets de climatiseurs pour automobile, une petite pièce pré­ sente dans la plupart des voitures, inonde l’Europe et l’Amérique du Nord. En septembre, la cent millionième pièce est sortie de l’usine. Une régularité que le prési­ dent explique par les valeurs véhiculées dans l’entre­ prise : « Si on veut du succès, il faut travailler avec beaucoup de rigueur. C’est le maître mot de l’entreprise. Mais ça n’a pas été compliqué de le demander au personnel. En Moselle, il y a une tradition du travail ».

9

Damien GOLINI

CONTACT

EAGLE INDUSTRY 

5, avenue de Lorraine 57 380 Faulquemont Tél. 03 87 29 79 80


Économie  &T  erritoires

AUTOMOBILE

EVOBUS FRANCE  L B Constructeur de biens communs

IGNY­EN­ ARROIS (55)

Partie intégrante du groupe allemand Daimler, l’usine d’assemblage française basée dans la Meuse a sorti son 15.000e bus de ses chaînes de montage en début d’année.

 « Made in Meuse » La renommée a fait que début 2014, les 500 employés du site, filiale de Mercedes­Benz, étaient conviés à la sortie d’usine du 15.000e bus «made in Meuse». 2014 restera à plusieurstitresdanslesannalesdupremierinvestisseuren France dans le secteur automobile. Cette année en effet, pasmoinsde1.033unitésaurontétéassembléesenMeuse. De quoi faire largement oublier les maigres 550 comman­

des de 2010. Et même l’ancien record datant de 2009 et portantà971,lenombredevéhiculesdetransportencom­ mun produits sur le site français de Daimler Buses. Une usinequien2010afêtéson30e anniversaireetestspéciali­ séedansl’assemblagedesautobusMercedes­BenzCitaro. Dans son carnet d’adresse, EvoBus ne compte pas moins de1.500clients,dontlaRATPqui,endébutd’année,apassé une commande de 150 exemplaires, où encore la ville de Marseille, dont le maire à l’aube des élections municipales avait décidé de renouveler la flotte. Plus localement des villes comme Nancy, Metz, Epernay et bien évidemment Bar­le­Duc transportent leurs citoyens grâce au travail des Meusiens. Des hommes et des femmes qui contribuent grandement au chiffre d’affaires réalisé annuellement par le groupe (621,6 millions d’euros en 2013). Et, preuve de la compétence de l’usine d’assemblage, une réflexion est actuellement menée pour augmenter la capacité d’une productionquien2013étaità69,4%destinéeàlaFranceet à18,5%àl’Allemagne.

Photo D.W.

L

acrise!Quellecrise?ChezEvoBus,sionosait,onse poserait la question. Décence oblige, c’est presque en silence, mais avec la plus grande fierté qu’on compte par milliers les véhicules de transport en communquisortentdeschaînesdemontagemeusiennes depuisplusieursdécennies.«Deschaînesdeproduction», préfère même dire Jean Averland, le président d’EvoBus France, tant la qualité du travail et le savoir­faire des Meu­ sienssontreconnus.Lesitelinéenestd’ailleurspleinement intégré dans le programme mondial production/assem­ blagedugroupeallemand.

A fin 2014, 1.033 bus auront été assemblés.

CONTACT

EVOBUS 

Karine DIVERSAY

Chemin du Stade 55500 Ligny­en­Barrois evobus.fr

FICOMIRRORS  D Les voitures allemandes dans le viseur IEUZE (57)

L‘industrie automobile a le moral en berne en France mais les marques étrangères et l’entrée de Panasonic au capital du groupe font miroiter de juteux marchés au sous­traitant Ficomirrors.

«S

Photo Cl. F.

iPSAfermaitunsitedeproduction,nous serions sûrement contraints de faire pareil », considère André Delécourt. Le directeur de Ficomirrors à Dieuze a conscience des risques et pour les prévenir, préfère

Pour conserver son rang parmi les 4 concurrents mondiaux, Ficomirrors vise les marchés allemands.

s’inquiéter des nouveaux contrats à prendre plutôt que deséventuelsfutursmanquesàgagner.Depuisletrans­ fertdu13RDPen2011,l’entrepriseassume,contrevents et marées, la position de plus gros employeur du Saul­ nois que tenait jusque­là le régiment. Privée du marché de la remplaçante de la Citroën C3 pour avoir refusé de délocaliser la production en Pologne, l’entreprise de sous­traitance automobile a résolument les construc­ teurs allemands dans le viseur.  Une qualité accrue En 2015, les 250 employés du site sortiront, pour la nou­ vellePassatdeVolkswagen,2.000rétroviseursparjouret 1.200 pour le Trafic nouvelle version de Renault. « On est rentable,ongagnedel’argent,onn’apasàrougirdenos performances en efficience et en sécurité », affirme le directeur qui fait aussi valoir les efforts réalisés sur la qualité pour regagner la confiance de la marque BMW. En dépit de la crise du secteur automobile français, le sous­traitant, avec un seul type de produits à vendre,

10

tientégalementàhauteurde30%sespartsdemarchéà l’échellemondiale.AndréDelécourtnesaitpasencoresi les deux marchés acquis pour 2015 suffiront à atteindre les 55 millions d’€ de chiffre d’affaires enregistré pour l’année passée, mais face aux défis de l’avenir il reste serein. Les caméras menacent de remplacer les miroirs dansl’automobileetmenacentdumêmecoupl’activité du site dieuzois. Que Panasonic vienne de prendre 49 % des parts du capital de Ficosa, le groupe espagnol qui détient Ficomirrors, laisse bien présager de mutations technologiques, le dirigeant sait qu’elles n’intervien­ drontpasbrutalement.CommentFicomirrorstirerason épingle du jeu ? L’avenir le dira… rétrospectivement. Claire FIORLETTA

CONTACT

FICOMIRRORS 

Faubourg de Vergaville 57260 Dieuze Tél. 03 87 05 53 00


AgroAeroAutomobile Alimentaire Nautique Tourisme

Santé

Numérique

Bois

X U A I R É T A M INDUSTRIE

16,5

en pourcentage C’est le poids des effectifs de l’industrie dans l’emploi salarié lorrain. Il recule régulièrement. 4.500 salariés en moins en 2013.

5.000 emplois

La sidérurgie lorraine dont les effectifs ont dépassé les 100.000 personnes dans les années soixante ne représente aujourd’hui à peine plus de 5.000 emplois.

11.000 salariés

Outre la filière automobile, c’est celle des industries agroalimentaires (IAA) qui progresse avec 500 établissements et 11. 000 salariés. Elle figure parmi les filières stratégiques d’excellence du Pacte Lorraine.

Vers une Lorraine des matériaux Un temps terre des industries extractives, des mono­industries, la Lorraine n’a pas encore définitivement achevé sa mutation industrielle.

«L

a Lorraine des mono­ industries a déséquili­ bré durablement le tissu industriel de notre région ! On en paie les consé­ quences à long terme. Du temps du charbon et de l’acier il y avait peu de place pour exister… sauf au service des grandes entreprises. La mutation enga­ gée est loin d’être achevée. Les maté­ riaux offrent une perspective. Il s’agit de la booster par l’innovation et l’esprit d’entreprise. » Jean­Louis Pierquin a été au cœur du réacteur industriel lor­ rain des dernières décennies. Cet ancien cadre de la sidérurgie a vu évo­ luer cette industrie séculaire et fondre ses effectifs. Même si elle a sauvé encore quelques compétences sur des sites emblématiques, elle symbolise à sa façon aujourd’hui, l’avènement des nouveaux matériaux, des aciers de nouvelle génération. Ces industries du fer, du charbon ont

longtemps accaparé l’emploi « mais elles ont aussi bridé quelque part l’esprit d’initiative, l’avènement d’une génération d’entrepreneurs. » Le déclin industriel de la région se mesure chaque jour, même si ses effectifs res­ tent encore dominants et conservent à la Lorraine sa culture industrielle.  Avec les Pôles La seule question qui demeure est « la transformation du paysage économi­ que par l’innovation » assure Jean­ Louis Pierquin. La création des pôles de compétitivité, Materalia, le pôle Fibres de l’Est indique la voie à suivre, celle des matériaux. « L’écosystème ‘maté­ riaux’constitué au fil des ans est riche. On y déniche des pépites dans le domaine de la plasturgie, des composi­ tes, des biomatériaux, ainsi que des textiles technologiques. Il s’appuie aussi sur un tissu dense de laboratoi­ res de recherches, d’universitaires, de centres de transferts de compétences :

12

CEA Tech, IRT Matériaux etc. Reste à gérer ces ressources en cohérence avec les entreprises pour générer des projets innovants. » La Vallée euro­ péenne des matériaux initiée par la Région Lorraine est certes porteuse d’espoir. A condition affirme notre cadre de faire bon usage de l’argent public. M. Pierquin a porté sur les fonts baptis­ maux le pôle de compétitivité maté­ riaux Materalia. « Des structures qu’il faut consolider, en rapprochant les deux pôles lorrains. Faisons émerger un pôle énergie. On peut mettre à con­ tribution la filière bois. L’énergie est omniprésente dans les process indus­ triels. Cultivons les clusters, le travail en réseau » affirme Jean­Louis Pierquin qui réclame aussi « un pilote dans l’avion de cette mutation vers les maté­ riaux ! » La Lorraine a un potentiel en la matière, reste à l’exploiter. B.K.


INDUSTRIE-MATÉRIAUX

Économie  &T  erritoires

ARCELORMITTAL  M M Les aciers de demain naissent en Lorraine AIZIÈRES­LÈS­

ETZ (57)

Sur le campus d’ArcelorMittal Research à Maizières­lès­Metz, ingénieurs et chercheurs simulent, modélisent, expérimentent les produits qui seront industrialisés dans les décennies à venir.

« L’

 Packaging, process, minerai Le campus déploie plusieurs activités de recherche. Outre l’acier automobile (190 employés), il y a le packa­ ging (40), le process (200), le minerai (12) et les services partagés (80). Le secteur emballage engage aujourd’hui unnouveauchallengeimposéparlesnormeseuropéen­ nes,ensepassantdechrome6danslafabricationdeces aciers très fins et ultralégers (0,18 mm) utilisé pour les boites boisson. Un travail mené avec un consortium européen car l’acier est privilégié sur le Vieux continent par rapport à l’aluminium pour ce type d’emballage. « Sur ce créneau, nous sommes de vrais spécialistes. C’est de la belle métallurgie » avoue Danièle Quantin. Sans compter les recherches menées au quotidien afin

Photo RL

essentiel des aciers que l’on invente ici n’existaitpasilya5ans ! »DanièleQuan­ tin, responsable de la recherche euro­ péennedanslegroupeArcelorMittalest intarissable sur l’outil de R & D (Recherche Développe­ ment)lorrain,undespluspointusdelaplanèteacier.Un bijouquisedéploiedansses45.000m²delaboratoireset halles pilotes où grouillent non loin de 600 personnes… de 25 nationalités différentes. Un outil en pleine forme. « Surcesitenousinvestissonsenmoyennedepuis5ans près de 8 millions d’euros. Et nous venons d’obtenir le feuvertpourinstallerunedeuxièmelignedesimulation de coulée continue d’un coût de 6 M€ », annonce fière­ ment Frédéric Grein, le directeur général de Maizières. On connaît l’expertise de la maison en matière d’acier plat pour l’automobile. Dans ces laboratoires sont nées des générations d’acier. Les dernières en date sont l’Usi­ bordontlaproductionenusineexplose(versles600.000 tonnes), et le Fortiform, encore plus léger et apte à la formabilité, qui sera industrialisé sur des laminoirs du groupe ArcelorMittal en Belgique. Fréderic Grein, directeur du campus de Maizières­lès­Metz et Danièle Quantin, DRH du Global R & D du groupe.

d’améliorer tous les process dans le but de réduire les coûtsd’énergie,répondreauxnormesenvironnementa­ les (eau, matière première) et ainsi optimiser en bout de chaînetouslesprocessusdefabricationdanslesusines. Et comme ArcelorMittal possède beaucoup de mines, le campus planche aussi sur les meilleurs traitements à faire des minerais de fer qui passent dans ses labos. Maizières incarne le meilleur de la recherche française eteuropéennedugroupequiplusquejamaismisesurla R & D pour distancer la concurrence. Et pour conserver cette avance ArcelorMittal vient de mettre en place un conseil scientifique et technique de haut vol. Ses experts ont la mission de veiller au maintien du

13

niveau des compétences, des savoir­faire, et de pointer la moindre faiblesse dans la R & D du groupe. « Une façon de conserver l’excellence scientifique d’Arcelor­ Mittal » estime Danièle Quantin qui est membre du conseil. Bernard KRATZ.

CONTACT

ARCELORMITTAL  Voix romaine

57283 Maizières­lès­Metz arcelormittal.com



Économie  &T  erritoires

INDUSTRIE-MATÉRIAUX

TOTAL  S A Le pari des fortes valeurs ajoutées AINT­ VOLD (57)

L

e site naborien de Total Petrochemichals France n’a pas su éviter la crise et, l’an passé, la direction abandonnait le vapocraqueur, décrit comme un gouffre financier. Les sala­ riés craignaient que la politique maison ne mise alors que sur les sites adossés à une raffinerie mais le projet de réindustrialisation pour l’entité de Saint­ Avold indiquait l’inverse.  Un centre européen de référence La fermeture du vapocraqueur, synonyme de la sup­ pression de 220 postes sans licenciements secs, a été accompagnée d’un chèque 160 M€ pour donner un second souffle. La grande majorité de cette somme est destinée au financement du nouveau projet. Le redéploiement, baptisé en interne Projet d’avenir, vise les marchés à forte valeur ajoutée. Il sera mis en œuvre en 2016, la période actuelle étant consacrée aux entretiens de carrière, revues de potentiels,

commissions métiers, entretiens de mobilité. Car sur les terres de Moselle Est, le projet Total redistribue les cartes. Saint­Avold deviendra, pour le groupe, le centre européen de référence pour les résines d’hydrocarbures et un site leader des polymères en Europe. Les polymères à forte valeur ajoutée vivront à tra­ vers plusieurs ateliers. Ce sont 30.000 tonnes de polypropylène compound qui seront produites annuellement – le matériau est utilisé notamment dans le secteur de l’automobile haut de gamme. La production de polystyrène augmentera de 20 %. Le produit sert essentiellement pour les emballages mais on pourra le retrouver aussi dans les voitures électriques. Le polyéthylène bénéficiera de nouveaux laboratoi­ res ; sa production sera entourée de protocoles per­ mettant une production de films plus fins et résis­ tant. Objectif affiché : conquérir les marchés exigeants du câble et du médical.

Photo RL

Il y a un an, Total Saint­Avold annonçait la suppression de 220 postes puis dévoilait son Projet d’avenir. Le but : produire des polymères pouvant capter un marché à forte valeur ajoutée.

Le polyéthylène sera conçu pour toucher des marchés à forte valeur ajoutée.

CONTACT

TPF 

Saint­Avold Nord 57 500 Saint­Avold www.totalpetrochemicals.fr/carling/

AE2I  P La conjugaison de trois métiers OMPEY (54)

L’entreprise AE2I intervient dans tous les secteurs d’activité et tire sa force de ses savoir­faire croisés dans les domaines de l‘automatisme, de l’électronique et de l’informatique industrielle.

I

ngénieur de formation, Benoît Eschenbrumer a repris l’entreprise AE2I, installée à Pompey en 1996, après avoir fait ses armes chez Sie­ mens, SFR ou encore Alcatel. Sa société qui tra­ vaille essentiellement dans tout le grand Est de la

France tire sa force, certes de la proximité avec ses clients, mais surtout de sa triple compétence, rare, dans les domaines de l’automatisme, de l’électroni­ que et de l’informatique industrielle, d’où son nom AE2I.  En pointe sur les canons à neige

Photo ER

AE2I travaille pour tous les grands groupes, dans tous les secteurs d’activités de l’industrie. Et ses compétences très pointues lui ont ouvert bien d’autres champs d’intervention comme l’automati­ sation d’écluse ou encore de silo, ou comme l’équipe­ ment de casernes de pompiers avec des technolo­ gies web.

Benoît Eschenbrumer dirige AE2L depuis 1996.

L’entreprise peut intervenir « à toutes les étapes de la vie des équipements » : développement de nou­ veaux projets, dépannage, rénovation. Elle réalise également du diagnostic à distance. « Nous avons aussi une activité de formation pour les techniciens

14

qui utilisent nos produits, nos technologies », ajoute Benoït Eschenbrumer. AE2I s’est également positionnée sur un secteur où elle est leader, celui de la réparation des canons à neige. Toutes les grandes stations françaises sont ses clientes. « Nous avons sur ce champ une activité à l’export stable vers la Suisse et l’Italie », explique le chef d’entreprise. La société, créée en 1994 par deux associés, compte aujourd’hui 17 salariés, ingénieurs et techniciens dont la moyenne d’âge se situe aux alentours des 30 ans. Chiffre d’affaires : 1,7 million d’euros. M.H.V.

CONTACT

AE2I 

3, zac de Turlomont 54340 Pompey info@ae2i.fr


Économie  &T  erritoires

INDUSTRIE-MATÉRIAUX

NOREMAT  L L’entreprise qui trace sa route UDRES (54)

En un peu plus de 30 ans, la société est devenue leader dans l’entretien des accotements routiers. Un chiffre d’affaires régulièrement en hausse. Et des embauches au programme chaque année.

E

n janvier, comme chaque année, lors d’une réu­ nion devenue un véritable rituel économique et convivial, Jacques Bachmann e t son fils Christo­ phe tiendront « le discours de la vérité » à leurs 240 salariés. « Cela fait trois ou quatre ans que l’on est inquiet, on a très peu de visibilité », confie le premier,

présidentfondateurdeNoremat,commeNOuvelleREn­ tabilité du MATériel, devenu en plus de 3o ans, le leader dans l’entretien des accotements routiers, grâce à ses innovations successives en engins de débroussaillage, élagage, de soufflage de neige, de collecte de biomasse.  « Nous devenons constructeurs »

Photo A. MARCHI

Mais il en faudrait davantage à celui qui a passé en douceur la main à son fils pour baisser les bras après avoir créé son entreprise le… 11 mai 1981. Car, si les temps sont durs, il sait « s’appuyer sur les fondamen­ taux. C’est l’humain, le respect, la confiance, et le bon sens paysan, simplement garder les pieds sur le ter­ rain », résume Jacques Bachmann. S’il « y aura toujours de l’herbe à couper, il ne faut sur­ toutpascroirequel’herbeesttoujoursplusvertechezle voisin. » Une conviction qui incite Noremat à creuser son sillon « sans se disperser », à innover, encore et encore, depuis son centre hyper­secret. « Nous sommes convaincus que les accotements représentent une

Jacques Bachmann, l’âme de Noremat.

matière encore inexploitée à forte valeur ajou­ tée. De destructeurs, nous devenons construc­ teurs »., plaide Jacques Bachmamn. Aujourd’hui, Noremat, leader dans le haut de gamme, compte « 8.000 clients actifs et 100 % de fidélité », collec­ tivités ou prestataires de celles­ci. Elle ouvre au fil des ans des agences régionales, (La 9e à Clermont­ Ferrand en janvier). L’entreprise exporte dans 30 pays., dontl’AllemagneetlaLituanie.Etjusqu’enAustralie.Son chiffre d’affaires, en progression constante, souligne son président, atteint 50 M€. Avec 240 salariés, dont 140 au siège, et une moyenne d’age de 35 ans, Noremat trace sa route, toujours jeune. Phillippe RIVET

CONTACT

NOREMAT 

166, rue Ampère 54710 Ludres site : www.noremat.fr

OGID  T « Le contraire d’un chantier naval » HIONVILLE (57)

D

epuis près de trois ans à la tête d’OGID, société thionvilloise spécialisée dans la maintenance des convoyeurs à bande transporteuse utilisés dans l’industrie, Christian Steinmetz, la quarantaine, connaît sa boîte par cœur. Et pour cause : il y bosse depuis 18 ans. Entré comme technico­commercial, il a gravi les échelons un à un jusqu’à la direction générale avant de convaincre le fondateur qu’il avait toutes les qualités du meilleur repreneur possible. Il y avait pourtant quelques poids lourds sur les rangs : le fait est qu’avec 6,2 M€ de chiffre d’affaires en 2013 et des clients comme Saint­Gobain PàM, les Salins du Midi ou Solvay, OGID est une belle société.  L’esprit maison Christian Steinmetz a raflé la mise et fait fructifier depuis l’esprit maison qui est sans doute l’atout majeur de la société dans un contexte concurrentiel

et économiquement compliqué. Après une année 2012 « exceptionnelle », la situation de la boîte s’est stabilisée l’an passé. Une performance réalisée grâce à ce qui constitue sonvrai potentiel : « Les gens qui y travaillent, 38 personnes qui accomplissent une tâche tout à fait particulière sans s’économi­ ser », explique le jeune patron. Le reste est affaire de management et de réactivité car la spécialité de l’entreprise thionvilloise a deux conséquences sur le quotidien : l’activité est par nature imprévisible et elle nécessite des interven­ tions rapides, seul moyen d’en limiter l’impact sur l’activité des clients. « Cela signifie que nous devons répondre présent 24 h/24 et que le carnet de com­ mande n’est que rarement rempli au­delà de 7 jours. Le contraire d’un chantier naval ! » Pour celui qui est aux commandes du navire, cela signifie une gestion des ressources humaines au cordeau au service de la réactivité et de la souplesse : une recette qui permet au navire de garder le cap par gros temps.

16

Photo A. FLOHR

Spécialisée dans la maintenance des convoyeurs à bande transporteuse prisés par l’industrie lourde, la société thionvilloise OGID garde le cap malgré la crise. Son secret : la réactivité.

Christian Steinmetz dirige OGID depuis trois ans.

CONTACT

OGID 

34, route de la Digue 57100 Thionville 03 82 34 50 51


Économie  &T  erritoires

INDUSTRIE-MATÉRIAUX

FOURS FRINGAND  I La boulangerie sur mesure…

LLANGE (57)

F

ringand façonne des fours de boulangerie professionnels depuis 1928. Repris en 1997 par l’actuel patron, Pascal Schlehuber, alors qu‘elle était en perdition, la société affiche une belle santé grâce à sa dimension familiale, à l’investissement de ses salariés et à un savoir­faire éprouvé. Ainsi, la boîte emploie aujourd’hui 35 per­ sonnes et réalise en moyenne quelque 6 M€ de chiffre d’affaires annuel. Surtout, Fringand a su faire fructifier la notoriété et le savoir­faire qui sont les siens depuis le début du XXe siècle.  Souplesse et adaptation « Depuis le départ, l’entreprise est spécialiste des fours de boulangerie. Nous en maîtrisons toutes les techniques et avons suivi et intégré toutes les évolu­ tions. », souligne Pascal Schlehuber. La grande force de Fringand, notamment face à la concurrence des

entreprises allemandes ou italiennes, leaders sur ce marché : sa capacité à façonner à la demande ou en petite série. « L’achat d’un four, c’est un investisse­ ment de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Autant dire, une décision stratégique pour un arti­ san qui souhaite donc un outil aussi précisément adapté à ses besoins que possible ». Une souplesse dont Fringand a fait sa marque de fabrique. Aujourd’hui, la petite boîte illangeoise commercialise et installe partout dans le monde, même si l’essentiel de la clientèle est français et affiche une santé satisfaisante. Le résultat d’un patient travail de relance depuis la reprise il y a un peu plus de 17 ans : « Depuis le rachat, tout l’argent gagné a systématiquement été réinvesti dans l’entreprise, petit à petit, pour qu’elle puisse d’abord rester à flot, puis se développer et désormais tenir son rang. Chaque année a été un cap », explique Pascal Schlehuber.

Photo P. HECKLER

Les Fours Fringand étaient sur le point de disparaître quand Pascal Schlehuber en a pris la tête. Aujourd’hui, la petite société illangeoise tire son épingle du jeu face à la concurrence internationale.

Fringand maîtrise et adapte tous les savoir­faire en matière de façonnage des fours de boulangerie.

CONTACT 18, Parc d’activité Beau Vallon FOURS 59 973 Yutz Cedex FRINGAND commercial@foursfringand.com

BERTHOLD  D M Ouvrages d’art et d’acier IEUE­SUR­

EUSE (55)

Entreprise phare du BTP de la Meuse, spécialisée dans les ouvrages d’art métalliques et béton, Berthold s’illustre sur des chantiers majeurs du département, et bien au­delà.

L

Photo F.L.

es salariés de la société dioise s’activent depuis plusieurs mois sur la rénovation du Mémorial de Verdun, dont l’ouverture est programmée pour début 2016. Ils ont aussi réalisé toute la char­ pentedubâtimentdel’usineSafran,récemmentimplan­

tée à Commercy. Dans le passé, Berthold s’est chargé de réaliser le contournement de Reims, les tribunes du stade Marcel­Picot à Nancy ou encore les ponts de la ligneTGVEst.Deschantiersfortsquimontrentlesavoir­ faire de cette entreprise créé en 1949 à Dieue­sur­Meuse auxportesdeVerdun,parFrançoisBerhold.Aujourd’hui, laboîteestdirigéeparFrançoisWeitz.« Notreactivitése concentre en grande partie sur les ouvrages d’art métal­ liques et en béton, et le reste, c’est de l’entreprise géné­ rale », détaille le PDG. Entre 5.000 et 6.000 tonnes d’acier sortent chaque année des 6.000m² d’ateliers. Deux sites accueillentl’entrepriseàDieue,uneagenceaégalement été ouverte à Metz.

« C’est de plus en plus compliqué », concède François Weitz. « Notre activité principale, ce sont les travaux publics qui sont actuellement en plein marasme. Nous n’avons aucune visibilité sur l’avenir », déplore­t­il. Alors que 90 % de son activité est issue des marchés publics ou parapublics, Berthold ne peut plus beaucoup comp­ ter sur les collectivités locales pour lui fournir des chan­ tiers. L’entreprise a son carnet de commandes rempli jusqu’à la fin de l’année. Mais le début 2015 est plus flou. Au registre des chantiers à venir, Berthold va notam­ ment prendre en charge toute la réhabilitation des ponts de la ville de Verdun. Léa BOSCHIERO

 Rattrapée par la crise

L’entreprise peine à trouver des marchés publics.

Bertholdemploie270salariés,contre120en1992,quand François Weitz est entré dans l’entreprise. Cette année, Berthold affiche un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros. Si le professionnalisme de la société n’est plus à démontrer, elle n’échappe cependant pas à la crise.

17

CONTACT

BERTHOLD 

114, rue du Rattentout 55320 Dieue­sur­Meuse berthold@berthold­btp.com



AgroAutomobile Alimentaire Tourisme

Santé

IndustrieNumérique Materiaux

Bois

E U Q I T U A N O R AÉ

2.500 Sur une courbe ascendante emplois

Aériades regroupe désormais une trentaine d’entreprises lorraines représentant 2.500 salariés et totalisant un chiffre d’affaires de plus de 330 millions d’euros.

160

millions d’euros Les sociétés lorraines, qui concentrent 100 % de leur activité dans l’aéronautique, sont passées de 100 à 160 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis 2007.

16

entreprises Le nombre d’entreprises lorraines certifiées « EN9100 », une norme européenne de référence dans l’aéronautique, cruciale pour obtenir des commandes, a doublé en cinq ans.

L’aéronautique s’installe dans le paysage lorrain avec des perspectives économiques en progrès et 2.500 emplois à la clé.

I

ncontournable Aeriades. Le cluster – un terme qui désigne, pour les non­ initiés, une grappe d’entreprises et de structures mettant en commun leurs moyens pour mutualiser leurs besoins et gagner en efficacité – est un outil majeur pour qui, aujourd’hui, entend parler de l’aéronautique en Lor­ raine. Deux termes pas forcément natu­ rels ? Quoique… Car pour récente qu’elle soit, la filière s’est clairement position­ née dans une logique en progression. Lancée à la fin des années 70 sur fond de projets de réindustrialisation menés par l’Etat et le groupe Dassault Equipement, la filière a connu un démarrage progres­ sif, porté par des entreprises tells Cimu­ lec, Realmeca, AML et Collot. Les soubre­ sauts du déclin sidérurgique en Lorraine ont, en quelque sorte, ouvert la voie à cette démarche nouvelle dans le quart nord­est de la France. Dans ce secteur

élargi à l’Alsace, la Champagne­Ardenne, la Franche­Comté et la Bourgogne, la Lorraine est la seule région administra­ tive actuelle à compter sur son périmè­ tre un cluster aussi performant. « En regard des poids lourds de Midi­Py­ rénées et de l’Ile­de­France, nous som­ mes certes une petite région aéronauti­ que » développe Jean­Luc Reis, le directeur d’Aeriades. « Mais cela n’empê­ che pas le fait que nous sommes sur une courbe ascendante ».  Safran ouvre des perspectives Les chiffres traduisent clairement l’enra­ cinement dans l’activité économique et une certaine pérennité. A lui seul, le clus­ ter rassemble 90 % des acteurs de la filière, soit une quarantaine de mem­ bres, une trentaine d’industriels et trois centres techniques. Et sur les dix derniè­

18

res années, la progression du chiffre d’affaires est un indice révélateur. L’acti­ vité des entreprises représentait en 2013 330 millions de CA pour 2.500 emplois. « Ce qui est intéressant, c’est que parmi c e s i n d u s t r i e l s , l a p a r t d ’a c t i ­ vité en hausse touche principalement l’aéronautique » poursuit Jean­Luc Reis. Surtout, l’arrivée dans le paysage de Safran à Commercy, dont l’usine fut inaugurée fin novembre par François Hollande, ouvre les portes d’un dévelop­ pement accéléré, espèrent les dirigeants de cette filière, soutenue par le Conseil régional de Lorraine. « Safran, cela repré­ sentera 400 personnes très qualifiées » rappelle le directeur d’Aeriades qui mise sur l’aspiration par le haut pour l’ensem­ ble des acteurs et un développement d’une image « high­tech ». Antoine PETRY



Économie  &T  erritoires

AÉRONAUTIQUE

ALBANY  C Il tisse la fibre composite pour Safran OMMERCY (55)

L’entreprise américaine produit avec le groupe Safran dans l’usine de Commercy, lancée cette année, les aubes et carters des réacteurs moins gourmands en énergie des avions de nouvelle génération.

Photo DR

É

vénement économique en Lorraine de 2014, le lancement de l’usine Safran­Albany de 25.000 m² à Commercy est une réalité. Désormais, plus de 100 personnes (400 en 2018) produisent avec des outilsdehautetechnologiedespiècestestspourétalon­ ner ce centre de production d’aubes et de carters des nouveaux réacteurs Leap, produits conjointement par GénéralElectricetlaSnecma,unedesprincipalesfiliales du groupe Safran. Les premières séries sortiront en jan­ vier et la montée en puissance de l’usine va s’accélérer compte tenu du succès du réacteur. Pour produire ces piècesenfibrescompositetisséespourlesréacteursdes futurs moyens courriers d’Airbus, Boeing et Comac, Safran s’est associé à Albany. Moins connu que le géant français Safran, l’Américain Albany (4.100 salariés dans 20 usines dans le monde, 757 millions de dollars de CA en 2013) occupe une place essentielledansleprocessusdefabrication.Ildisposede latechnologiedetissagedelafibre.C’estundesesdeux métiers « et le plus prometteur » selon sa vice­prési­ dente Diane Loudon, régulièrement à Commercy. Avec Safran, une entreprise commune a été montée pourdéveloppercettetechnologiedansl’aéronautique. DeuxusinesàRochester(États­Unis)etàCommercyont été construites. « Nous y croyons beaucoup. Cela génère un gain de poids très important tout en offrant une grande résistance. Dans l’aéronautique, c’est un avantage énorme car on consomme moins. C’est bon pour l’environnement. C’est une formidable aventure industrielleet,icihumaine.En2020,nousestimonsdans cedomaineentre300et500millionsdedollarsdechiffre d’affaires.Aujourd’hui,c’est90millions.Notrecroissance et notre avenir sont là. Nous espérons aussi la dévelop­

Albany tisse la fibre composite dans d’énormes métiers pour donner sa forme à l’aube et au carter qui sont ensuite transmis à Safran dans l’autre partie de l’usine.

per pour l’automobile », explique Diane Loudon. Les investisseurs y croient : le cours de bourse d’Albany a doublé en 36 mois. Fondée en 1895, l’entreprise est d’abord spécialiste des métiers à tisser puis se spéciali­ ser dans les éléments de machines à fabriquer le papier (filtres tissés). La base de la collaboration avec Safran, c’est le savoir­faire unique d’Albany pour tisser en trois dimensions. « On travaille sur la forme. Nous savons tisserunélémentavecuneépaisseurirrégulièrecomme c’estlecasdel’aube.Onréaliselapiècesansassemblage. Laforcedenotretechnologieestdecombinerl’injection d’une résine avec la continuité du tissage d’une fibre pour avoir une pièce plus légère mais très résistante »,

décriventDianeLoudonetThierrySchweitzer,directeur du site de Commercy, divisé en deux : Albany tisse les aubes et les carters puis les livre à Safran qui les rend compatiblesauxcontraintesdelavied’unréacteuravec la fiabilité indispensable à toute pièce aéronautique. Sébastien GEORGES

CONTACT

ALBANY SAFRAN ZoneduSeugnon,ruedel’innovation 55 200 Commercy COMPOSITES  www.albint.com

Diane Loudon et Thierry Schweitzer.

20


Économie  &T  erritoires

AÉRONAUTIQUE

SUDP  S M Un savoir-faire d’excellence et de discrétion AINT­

ARD (54)

Créée voilà 25 ans par Bertrand Perrin, l’entreprise de Saint­Mard, près de Bayon, assure 40 % de son chiffre d’affaires avec l’aéronautique. Les prévisions sont en hausse pour 2015 avec embauches à la clé.

 « Dynamisme et complémentarité » Concentrée sur les secteurs d’activité de la mécani­ que de précision, de l’aéronautique et sécurité civile, du transfert technologique et du design, SUDP con­ naît une progression régulière de son chiffre d’affai­ res (1,4 million d’€ en 2014) qu’illustrent des projets de hausse de + 10 % en 2015, l’agrandissement des locaux et plusieurs embauches dans les prochains

mois. Après avoir déjà travaillé notamment pour Hermès, l’entreprise lorraine a fait valoir son savoir­ faire pour gagner le rang de fournisseur majeur chez Airbus, pour fournir des pièces usinées de haute technologie. L’aéronautique représente 40 % de son chiffre d’affaires par ailleurs diversifié vers la sécurité d’extraction de gaz en profondeur, la pétro­ chimie, la cryogénie et le nucléaire. SUDP a su gagner sa notoriété et ses lettres de noblesse en misant sur les exigences de ses travaux, grâce à des équipements de dernière génération. Elle réalise 25 % de son chiffre d’affaires à l’export, en Allemagne, en Suisse et au Luxembourg, grâce à ses équipements techniques de haute précision. « Notre état d’esprit innovant repose sur le dyna­ misme et la complémentarité de nos collabora­ teurs » souligne Bertrand Perrin.

Photo ER

P

our vivre heureux, vivons cachés… À l’écart des grands axes, SUDP (Société d’Usinage Design et Production) sait manier le con­ traste d’une localisation rurale, avec la haute exigence d’ une technologie de pointe. Lancée voilà 25 ans par Bertrand Perrin, un ancien techni­ cien prototypiste de chez Roch (Lunéville), l’entre­ prise compte aujourd’hui 25 salariés dans un groupe de trois sociétés, rassemblées à proximité de Bayon, en Meurthe­et­Moselle.

Bertrand Perrin : « Un état d’esprit innovant ».

CONTACT

SUDP 

Antoine PETRY

1, bis Grande Rue 54290 Saint­Mard www.sudp.fr

THERMO EST  M M Capter de nouveaux marchés AIZIÈRES­LÈS­

ETZ (57)

Le fabriquant de capteurs thermiques fête ses 40 ans cette année. Thermo Est a fait ses armes en fournissant la sidérurgie, aujourd’hui elle développe vers l’aéronautique et le nucléaire.

T

Photo Gilles WIRTZ

hermo Est, entreprise d’une centaine de sala­ riés basée à Maizières­lès­Metz, s’est spéciali­ sée dans la fabrication de capteurs de tempé­ rature. Un métier pointu qui s’est rapidement développé sur le marché local. Il y a quarante ans, les

De la sidérurgie aux Airbus.

capteurs étaient fabriqués pour la sidérurgie. Peu à peu, l’entreprise a étendu son activité à tous les sec­ teurs de l’industrie, jusqu’à l’aéronautique et au nucléaire, ces dernières années. « Ces capteurs et notamment leurs enveloppes sont étudiés pour résis­ ter aux conditions extrêmes : la pression ou les milieux agressifs dans la chimie », explique Bernard Hermal, le directeur général de Thermo Est.

d’une vingtaine de mètres à l’autre bout de la France, c’est possible. En avion, c’est plus délicat… »

 Une idée dans les cartons

Thermo Est a ouvert au fil des années des filiales en Autriche, en Allemagne, en Tunisie. Il y a deux ans un bureau ouvrait ses portes à Shangaï.

Selon le cahier des charges soumis par le client, l’équipe trouve une solution appropriée. C’est ainsi qu’elle a imaginé un capteur multipoint pour établir des analyses sur une surface extrêmement petite : sur uncentimètre,lecapteurpeutmesurerunedizainede points. Il se trouve au bout d’une sorte de câble souple et non plus rigide. « C’est une idée que nous avions dans nos cartons, mais la commande d’un client chi­ nois a accéléré les choses, confie Christian Wourms, directeur du développement. Livrer un câble rigide

21

En se développant ces dernières années vers l’aéro­ nautique et le nucléaire, Thermo Est s’ouvre davan­ tage à l’exportation. « Aujourd’hui, 20 % du chiffre d’affaires (en constante augmentation et, aujourd’hui, à 11 millions d’euros, ndlr) est lié aux marchés exté­ rieurs », confirme Bernard Hermal.

Ma.K.

CONTACT

THERMO EST  ParcindustrielduMalambas­Hauconcourt 57 280 Maizières­lès­Metz info@thermoest.com


Économie  &T  erritoires

AÉRONAUTIQUE

PITET AIR SERVICE  D Les as de la restauration d’avions anciens OGNEVILLE (88)

P

ierrePitetamontésaboîte,PitetAirService,avec unempruntde30.000francs(environ4.500euros). C’était en 1989. Depuis, il gère l’entreprise avec sonfilsPhilippequicommelui,estunpilotepas­ sionnéd’aviation,demaquettesradioguidées,etunamou­ reux du travail bien fait. D’abord spécialisée dans l’épan­ dage agricole aérien, puis dans le montage d’ULM en kit, dans la réparation et l’entretien d’avions anciens, souvent de collection, la petite entreprise installée dans un hangar au bord de la piste de l’aérodrome Epinal­Dogneville (88) a progressivementacquisuneréelleexpertiseenmatièrede restaurationdevieuxcoucous.  « Mettre des avions à poil » «Nous notre truc, c’est de mettre des avions à poil», expli­ quentenchœurPierreetPhilippePitet,quionttoutappris sur le tas. Père et fils se sont fait la main sur un biplan britannique de 1931; un Tiger Moth acquis en 1987. Les

deux hommes ont tout démonté, ont refait la menuiserie, la mécanique, l’entoilage des ailes… Et ils ont beaucoup appris. Neuf ans plus tard, leur avion a fait l’objet de nom­ breuxarticlesdanslapressespécialisée.«Etonafaitaussi unBlériot»lancefièrementPierrePitet.L’avion,fidèlerépli­ que de l’original devait vraiment être bien réalisé: il a tra­ versé la Manche… huit fois! Le bouche­à­oreille a fait le reste. Aujourd’hui, les propriétaires d’avions historiques se bousculent pour faire restaurer leurs appareils chez Pitet Air Service.«Onaunedizained’avionsenattente». Lecarnetdecommandesestpleinpouruneannée.Dequoi donnerpasmaldetravailàleurmécanicien,AlexisCreusot, et à leur apprenti, Quentin Thiriat, qui participent égale­ ment à la réalisation de pièces sur mesure pour le bolide volant de Nicolas Ivanoff, le champion de voltige qui parti­ cipe notamment au Red Bull Air Race, ce championnat du monde où les pilotes rasent le sol pour slalomer entre des pylônesgonflésd’air. Alix DROUIN­ENGLINGER

22

Photo J.­C. OLE

Installée sur l’aérodrome de Dogneville, près d’Epinal, la société Pitet Air Service est devenue une référence dans la restauration d’avions anciens et de collection. En France comme à l’étranger.

Pierre Pitet, 72 ans, et son fils Philippe, 46 ans, gèrent ensemble la société.

CONTACT

PITETAIRSERVICE  Route de l’Aviation

88 000 Dogneville pitet.air.service@wanadoo.fr


AeroIndustrie- Automobile AgroNumérique Materiaux Alimentaire Nautique Tourisme

Santé

BOIS

1,5 milliard

Avec le développement du secteur bois énergie, le chiffre d’affaires se maintient à 1,5 milliard d’euros situant la Lorraine au second rang derrière l’intouchable Aquitaine.

5.000 entreprises

Le nombre de sociétés exerçant des activités dans les secteurs bois œuvre, bois énergie et industrie bois et employant 23.000 personnes.

3,65 millions

La filière bois a consommé 3,65 millions de mètre cube d’essences feuillus et résineux en 2013.

Une construction vers les sommets Secouée par la concurrence mondiale, la filière bois innove sans cesse avec un secteur construction à l’avant­garde.

L’

inauguration en janvier, à Saint­Dié­ des­Vosges, d’un immeuble de bois et de paille sur huit niveaux unique en France et parmi les cinq plus haut en Europe reflète le dynamisme de la cons­ truction bois, plus particulièrement vos­ gienne. À l’instar de ses collègues construc­ teurs de maisons à ossature bois ou en massifempilé,leBressaudYannPoirotcroit fermement en l’avenir : « Dans un marché du neuf en nette baisse (20 %), nous som­ mes à l’équilibre. Je reste très confiant pour 2015. » Le chef d’entreprise est en phase de livraison pour plusieurs maisons Ossa Kit en Chine, à Qingdao, avec un contrat pou­ vantatteindre200à300unités,sachantque la production du site tourne à 120 unités/ an !L’industriedumeubledoit,quantàelle, se reconstruire après les liquidations de plusieursusinesdefabricationdecuisineet salle de bains. Plus de 700 emplois ont dis­ paru en cinq ans sur l’Ouest vosgien. Les entreprises WM88 à Châtenois (150 sala­ riés) et Industrie nouvelle (230 salariés) à Mattaincourt,avecdenouvellesdirections, demeurent les seules survivantes d’une industrie florissante comprenant plus de

2.000 personnes, voici deux décennies. Des fabricants de meubles, sièges vosgiens et meusiens ont choisi la carte de l’hôtellerie etduluxeafind’exploiterdesnichesoùleur savoir­faire est reconnu.  Les limites du bois énergie L’activité bois énergie soutenue par une politique environnementale atteint des volumes exigeant une réflexion globale de la filière. « En 2013, 900.000 m³ de bois ont été consacrés à la biomasse bois, plaquet­ tes et granulés. Sachant que le bois œuvre (scierie, meuble…) consomme 1,5 mil­ lion de m³/an et l’industrie (papeterie, pan­ neaux) 1,250 million de m³/an, le volume total de 3,65 millions de m³/an arrive à la limite d’une exploitation raisonnée des res­ sourcesforestières »,analyseJérômeMarti­ nez, responsable ressource et mobilisation du bois au Gipeblor. L’inquiétude réside dansl’approvisionnementdelabioénergie. LesobjectifsdeKyotosontde23%enéner­ gie renouvelable. « Nous sommes à 18 % et laministreveutmettrelabarreencoreplus haut. » Une marge existe avec les petites

24

forêts privées (700.000 m³) « Avec le centre régional de la propriété forestière, nous avonsregroupé50.000m³maisletravailest difficile. Lors d’une réunion avec les profes­ sionnels du bois, nous sommes parvenus à la conclusion qu’il était plus judicieux d’accentuer une politique d’économie d’énergie que d’augmenter les volumes de bois en plaquettes et granulés. » Jugulerl’exportationintempestiveduhêtre en direction de l’empire du Milieu repré­ sente une préoccupation vitale pour les scieurs.« Suruneproductionde300.000m³, les deux tiers partent en Chine sous forme de grumes. Bien souvent, le bois acheté à des tarifs prohibitifs revient transformé à un prix défiant toute concurrence. » La situation est devenue clairement insup­ portablepourlesscieurslorrains.Laparade tarde à venir en raison du respect du libre­ échange. Des professionnels soupçonnent même une forme de dumping. Enfin, l’industrie papetière et du panneau résiste tantbienquemalàlaconcurrenceavecdes fermetures révélatrices d’un malaise struc­ turel. Eric NURDIN



Économie  &T  erritoires

BOIS

CHÊNE DE L’EST  H Un parquet couture tout en nuances AMBACH (57)

L’entreprise familiale Chêne de l’Est implantée à quelques kilomètres de Sarreguemines en Moselle­Est trace son sillon dans le luxe. Ses parquets séduisent la planète déco de Paris à New­York.

 De Strasbourg à New York Voici dix ans, Chêne de l’Est lance une finition sciée, entraînant l’achat d’une machine à 180.000 €. “Aujourd’hui, c’est devenu tendance. On la décline aussi en contrecollé”, spécifie Jean­Michel Bach. Une version en plus du poncé, du brossé, du structuré, du sablé, du vieilli, du naturel, du huilé, du vernis, du teinté, de l’oxydé. “Malgré ça, les décoratrices nous demandent toujours plus.” Les nuances ne cessent donc de croître. Encouragés à la création, les Bach innovent et propo­

Photo Thierry NICOLAS

D’

aucunsestimentqueleparquetestvieillot, préférant le carrelage grand format à la mode ou le sol plastifié. Plus pratiques. Mais la chaleur du bois foulé pieds nus, sa beauté et sa duralibilité séduisent de plus en plus. Notamment les professionnels de la décoration et du design. L’entreprise Chêne de l’Est, implantée à Ham­ bach, près de Sarreguemines, bénéficie de cet engoue­ ment.Crééeen1960parlepèreBach,lasociétéprospère aux mains des quatre héritiers : Jean­Michel, le commer­ cial, Gabriel, chargé de l’achat de bois, Raymond, le PDG, et Brigitte, qui gère la comptabilité et les fournisseurs. “Nous travaillons avec de nombreux décorateurs d’inté­ rieur. Elles savent, car ceux sont souvent des femmes, mettre en valeur le parquet. Ça valorise nos produits”, confieJean­MichelBach.L’entreprisesepartagesurqua­ tre sites de productions en Lorraine, deux en Moselle et deux dans les Vosges, et compte 150 salariés. Elle pro­ pose le chêne en massif (60 %) et en contrecollé (40 %). 350.000 m² sont sortis de l’usine l’an dernier. Leur ori­ gine ? Château­Salins, Nancy, Haguenau et la Rhénanie­ Palatinat chez les voisins allemands.

Brigitte, Jean­Michel, Gabriel et Raymond Bach, les héritiers du père fondateur de Chêne de l’Est.

sent à leurs clients quelque 130 couleurs. Du côté de la largeur des lames du parquet, la moyenne se situe dans les 190 mm. “La tendance est aux grandes largeurs jusqu’à 220 mm. Sur certains chantiers de prestige, nous sommes sur du 350 mm. Un architecte a retenu cette largeur pour 440 m² à Los Angeles.” Inversement, le fin de 40 à 80 mm et long tient la corde sur des rénovations histori­ ques et de standing comme les 5.500 m² de la bibliothè­ queuniversitairedeStrasbourgoules350m²deparquet Versailles oxydé vieilli à New York.. Lacrise ?LafamilleBachlaressent,maisellecontinueà

25

investir (1,4 M€ en 2014, 900.000 € en 2015) pour poursui­ vresapercéedansunenicheexclusive(de80à140€/m²). Sesprochainescibles ?Développerl’export,quiseporte déjà bien (42 %) notamment versl’Allemagne et l’Améri­ que du Sud. Aude FAYOLLE­SCHWARTZ

CONTACT

CHÊNE DE L’EST  24, rue de la Fontaine

57 940 Hambach contact@chenedelest.com


Économie  &T  erritoires

BOIS

ERIC DUPOIRIEUX  D Du merrain à la tuile en bois

OMMARTIN­AUX­BOIS (88)

Pour valoriser ses sous­produits, l’entreprise d’ Eric Dupoirieux se lance sur un nouveau marché, avec la production de tavaillons garantissant la résistance et l’étanchéité des toitures.

D

Photo ER

ans les Vosges, « le bois pousse lentement. En raison de son grain fin, le chêne y est réputé pour la bonification du vin », expli­ que Eric Dupoirieux. Créée par son père, installée à Dommartin­aux­Bois, son entreprise four­ nit en merrains, depuis 1964, les tonneliers de Bour­

Eric Dupoirieux : des tuiles et bardages en chêne.

gogne, Bordeaux et Cognac, qui les assembleront. Le savoir­faire de la maison Dupoirieux est exigeant : taille de merrains différente selon les vins auxquels ils sont destinés, débit dans le fil du bois pour garan­ tir l’étanchéité des tonneaux, mise à l’écart de tout bois présentant le moindre défaut (nœud, éclat, etc) Les chutes sont importantes.  « Un siècle sans entretien » Eric Dupoirieux achète 500 m³ de grumes de chêne annuellement pour une production de 100 m³ de merrains. Pour 1 m³ de produit fini, pas moins de 5 m³ de grumes sont en effet nécessaires. Aussi, pour valoriser les sous­produits, le chef d’entreprise s’estlancé dans la production de tavaillons (des plan­ chettes en forme de tuile) et de bardeaux, pour laquelle il a adapté une de ses machines. Ces pro­ duits bénéficient de toutes les qualités du merrain :

« Sans nœud, débitée dans la meilleure partie du chêne, la tuile offre une résistance et une étanchéité optimum. Une toiture en tavaillons, c’est un siècle sans entretien », assure Eric Dupoirieux. L’entreprise vise une clientèle de particuliers, charpentiers, cou­ vreurs, architectes… soucieux de s’inscrire dans une logique de développement durable. Ecologiques, isolants, les bardeaux « peuvent s’utiliser tout autant en bardage de façade qu’en décoration inté­ rieure », prouve le chef d’entreprise en montrant une photo envoyée par un de ses clients. Marie­Hélène VERNIER

CONTACT 7, rue de la Pêche Agemont ERIC Dommartin­aux­Bois DUPOIRIEUX  88390 Email : dup88@hotmail.fr

ESCALIERS SOMME  D Un artisanat sur la pente ascendante IEUZE (57)

«N

ous avons un mode de fabrication presque industriel mais nous parve­ nons à rester artisanal dans le fonc­ tionnement et la relation avec le client », analyse Gilles Somme. Le fabricant dieuzois imposepetitàpetitsamarqueetl’imagequ’ilentendlui voir associer. Il veut donner aux gens l’envie d’installer unescalierSommedansleurmaisoncommelongtemps ils installaient du Villeroy et Boch dans leur salle de bains. Pour la qualité et le prestige du produit. Dans un sens il dirait presque merci à la crise.  Le haut de gamme « Pour continuer de vendre dans le contexte économi­ que actuel, les constructeurs immobiliers ont réduit les prestations sur les intérieurs, ils se sont mis à trop se ressembler, pour refaire la différence, certains ont misé surl’escalier. »Etl’ontdémarché,ouvrantainsisaporteà uneclientèledeprofessionnelsbienquelecœurdecible reste les particuliers. Si les produits entrée de gamme

marchent toujours, ce sont les produits haut de gamme qui font prospérer l’entreprise. Pour satisfaire la demande, le patron anticipe les besoins et mise sur les innovations. Et les investissements pour y parvenir en valent la chandelle. La diversification de son activité, matérialiséeparlamiseenplaced’unatelierdetransfor­ mationd’Inoxilyadeuxansluiapermisdefaireprogres­ ser de 10 % son chiffre d’affaires l’année suivante. LemadeinFrancesignéSommeséduitlocalementpour ces produits entrée de gamme, en Alsace, au Luxem­ bourg, en Belgique, à Paris et même jusqu’à Bangkok pour ses produits de luxe. L’escalier connecté présenté au Salon et Objets à Paris pour la conception duquel il a faitappelàsesvoisinsd’Imagin’Élémentetquiintroduit l’escalier dans les réflexions sur les équipements domo­ tiques l’a fait gagner en visibilité. Résultat : le patron clôture le dernier trimestre 2014 par deux embauches portant à 29 les effectifs de l’entreprise des ateliers de laquelle sortent en moyenne 350 escaliers par an. Claire FIORLETTA

26

Photo Cl. F.

Ils conservent leur structure artisanale, mais c’est bien grâce aux innovations que les Escaliers Somme prospèrent dans le contexte actuel. Le luxe « made in France » ne connaît pas la crise.

Pour attirer l’œil sur sa marque dans les salons, Gilles Somme mise sur des outils clairs et design.

CONTACT

SOMME 

11, rue Roger­Husson 57260 Dieuze g.somme@escalierssomme.fr


Économie  &T  erritoires

BOIS

EGGER  R La nouvelle vie du bois AMBERVILLERS (88)

D

ans la zone d’activité de la bourgade vos­ gienne, l’emprise de l’usine occupe près de 70 ha dont 7 ha de bâtiments. Ici, 400 sala­ riés environ travaillent en flux continu, sept jourssursept.Avecfierté,ilsfontbattrelecœurécono­ mique du bassin de Rambervillers depuis l’an 2000, date où le groupe Egger, une entreprise autrichienne, a acquis les lieux pour y fabriquer des panneaux déco­ ratifs mélaminés.  Un essor foudroyant Egger, c’est d’abord la success story d’une famille de paysans/scieurs de la vallée de Kitzbühel, dans les montagnesdu Tyrol.L’essorfoudroyant d’unemarque arc­boutée sur l’innovation pour conquérir le marché pourtant très concurrentiel des produits dérivés du bois. Après la création de la première usine en 1961 à St­Johann en Autriche, seize autres sites ont vu succes­ sivement le jour à travers l’Europe dont deux en France : Rambervillers et Rion, dans les Landes.

Aujourd’hui leader dans son domaine, l’enseigne pèse 7.000 emplois et réalise deux milliards d’euros de chif­ fred’affaires…Cetteréussite,legroupeladoitàsonart de « redonner une nouvelle vie au bois », comme l’explique Bernard Retureau, le directeur de l’usine vosgienne qui façonne chaque année 560.000 m³ de panneaux de particules. Des décors de revêtement dont la conception finale, à hauteur d’un bon tiers, provient du recyclage. Car, pour fonctionner, cet outil industriel nécessite 700.000 tonnes/an de matière pre­ mière, soit 500.000 tonnes de bois frais achetés aux deux tiers dans un rayon de moins de 50 km et de 200.000 tonnes de bois de récupération rendus « pro­ pres » après transit dans une chaîne de recyclage installée en 2005 pour un investissement de 7 millions d’euros. Toujours à l’affût des désirs de sa clientèle, la gamme design et esthétique du panneautier vosgien est exportée à 50 % dans l’Hexagone, l’autre moitié vers l’Allemagne, le Benelux, la Suisse et l’Italie.

Photo ER

Elément essentiel du vaste florilège des produits d’ameublement, le panneau de particules est la raison d’être du groupe autrichien Egger dont l’usine de Rambervillers est l’un des fleurons.

Bernard Retureau, directeur du site, et Bernhard Mair, en charge des ventes : un bon tiers du produit final provient du recyclage.

CONTACT

EGGER 

P.C.

ZI de Blanchifontaine 88700 Rambervillers Info.fr@egger.com

MADDALON  V La construction bois flirte avec l’art ANDIÈRES (54)

Le 1er mai dernier, l’entreprise Maddalon frères, spécialisée en construction bois et dans la restauration de monuments historiques en charpente et couverture, a fêté ses 40 ans.

I

Photo DR

sidore, le père, puis les frères (Patrick, Régis, Jean­Luc et Eric) qui laissent progressivement la place à quatre représentants de la troisième génération : deux enfants et deux gendres. Le credo des Maddalon : « La beauté pour durer » va

Une cage à écureuil (grue dans les châteaux) pour les besoins d’un téléfilm au fort de Bitche.

encore rayonner sur la Lorraine tant pour la cons­ truction bois contemporaine que pour la restaura­ tion de monuments historiques. Des collégiens de Blénod­lès­Pont­à­Mousson, qui s’épanouissent dans un bâtiment ayant nécessité 1.200 m³ de bois, aux Spinaliens, qui s’émerveillent devant la tour chinoise rénovée, tous sont concernés par le savoir­ faire de l’entreprise Maddalon et de ses 50 salariés.  Un charpentier sent les choses Régis, co­gérant de la société, annonce une part variant de 25 à 30 % de l’activité consacrée aux monuments historiques. Un métier valorisé en Lor­ raine, par, entre autres, une série de deux ponts­levis dans les remparts de Vauban à Longwy, une partie de la restauration de la charpente du château de Lunéville et la réhabilitation de la maison alsacienne du Haut­Koenigsbourg, le seul chantier hors de la région. Ce savoir­faire, l’entreprise le doit à sa téna­

27

cité : « On aime la complexité, on va se casser la tête et y arriver ». Le dirigeant indique que « c’est tou­ jours de la charpente mais chaque chantier est parti­ culier ». Et au final, le métier s’apprend au contact des anciens, au sommet des édifices, quand l’humain et la technique ne font plus qu’un : « Un charpentier sent les choses, il y a une part d’intuition très développée, surtout chez les anciens ». Amoureux des vieilles pierres et poète, Régis Madda­ lon recherche « le moyen harmonieux qui donnera la forme qui va porter le toit ». Quel plaisir ensuite de lever les yeux vers le ciel. Jérôme BOURGUIGNON

CONTACT

MADDALON 

ZA Le Foulon 54121 Vandières maddalon@maddalon.fr


AéroAutomobile Nautique Tourisme

Santé

IndustrieNumérique Materiaux

Bois

E R I A T N E M I L AGROA

11.000 Les atouts du terroir régional salariés

Le nombre d’emplois de l’industrie agroalimentaire dont plus de la moitié dans les secteurs de la transformation laitière et des viandes.

1,2

milliard de litres par an C’est le volume de lait produit dans la région Lorraine où 97 % de ce lait est transformé.

2,5

milliards d’euros Le chiffre d’affaires des IAA (industries agroalimentaires) en 2012.

Longtemps en retrait derrière la grosse industrie, le secteur agroalimentaire suscite des vocations et innove. Bonne nouvelle !

P

récurseur doté d’une incroyable force de caractère, Vincent Ferry, le patron du réseau de bouti­ ques Clair de Lorraine, a toujours cru dans le potentiel gastronomique du terroir régional. Un atout qui ne se résume pas à la sempiternelle et cosmo­ polite quiche au lard, mais à une large palette de recettes originales liées à l’hétérogénéité des productions locales. Le pionnier avait vu juste : sa PME basée à Void­Vacon dans la Meuse réalise aujourd’hui 11,5 millions d’euros de chif­ fre d’affaires et compte 70 salariés. La preuve par ce succès que le patrimoine gourmand lorrain méritait beaucoup mieux que la confidentialité dans laquelle la prééminence économique de l’industrie du charbon, de l’acier ou du textile l’avaient longtemps relégué. Les mésaventures subies par ces trois secteurs, mais aussi l’évolution de l’inté­ rêt du consommateur pour les denrées de proximité ont semble­t­il redonné le goût d’entreprendre et d’innover à nom­ bre d’acteurs de la filière agroalimen­

taire régionale, même si avec 550 entre­ prises et environ 11.000 emplois, cette activité brille encore par sa modestie à l’échelle nationale. Selon les statistiques sur l’emploi, l’IAA (industries agroalimen­ taires) en Lorraine pointe à la troisième place du podium derrière la métallurgie et l’automobile pour un chiffre d’affaires global jugé stable à hauteur de 2,5 mil­ liards d’euros (données 2012). En position dominante, l’industrie lai­ tière (36 % des effectifs) est suivie de celle de la transformation des viandes pour la boucherie ou la charcuterie et les salaisons puis de celle des boissons, notamment les eaux de table grâce à Vittel et Contrexéville dans les Vosges.  Emulation collective Globalement, la filière est marquée à 90 % par une pépinière de petits établis­ sements de moins de 20 salariés, mais c’est dans ce terreau que se situent les opportunités de développement. Deux outils de valorisation ont été créés pour

30

les encourager : l’Association des indus­ tries agroalimentaires de Lorraine (AIAL) et le Centre régional d’innovation et de transfert de technologies (Critt) Agria­ Lorraine. Mission : « identifier les pro­ duits lorrains et les fabriquer in situ afin de générer une plus­value synonyme d’emploi », explique Raymond Frénot, président de l’AIAL. Louable et tonique démarche aujourd’hui matérialisée, sous la bannière « La Lorraine, notre signature », par l’engagement de 70 entreprises locales agréées pour un gisement de 1.300 produits référencés y compris dans le domaine de l’horticul­ ture. Mais le point fort de cet élan collec­ tif soutenu par la Région et la chambre d’agriculture est l’élargissement de ses débouchés grâce à l’adhésion de la grande distribution fin 2013. Un réel coup de booster : « On avance si vite qu’il va falloir nous remettre à chercher de nouveaux producteurs tant la demande est exponentielle », ajoute Raymond Frénot. La dynamique est là. Patrice COSTA


Économie  &T  erritoires

AGROALIMENTAIRE

ST-HUBERT  L Des pépites dans la margarine UDRES (54)

Après le bio en 2009, les céréales en 2011, la société innove encore et lance une margarine aux pépites de chocolat. Une vraie prouesse technologique pour l’entreprise qui a soufflé ses 110 ans.

A

Pourtant marier du chocolat avec de la margarine n’a pas été simple. Une vraie prouesse technologique car la margarine ce n’est ni plu ni moins qu’une « une émulsion d’huile dans de l’eau ». Sans se prendre pour un ingénieur en agroalimentaire, faites l’essai : mélan­ gez des pépites du chocolat et de l’eau. Le résultat ? De l’eau aromatisée au chocolat. Pour créer cette nouvelle margarine, le pool recherche et développe­ ment de St­Hubert s’est donc décarcassé.  Montée en puissance « Pendant six mois nous avons testé 50 références de chocolat pour obtenir un produit stable, onctueux, très agréable au goût et bien sûr tartinable », souligne Michel Etcheberrigaray, Béarnais de naissance mais attachéàlaLorrainepuisqu’ilafaitsesétudesàl’École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA) de Nancy. En se lançant sur le segment du « tartinable frais sucré », St­Hubert pour­ suit sa montée en puissance. Sa part de marché

Photos Frédéric MERCENIER

vec St­Hubert, la margarine est créative. Après sa formule bio en 2009, celle aux céréa­ les en 2011, la marque née il y a 110 ans à Nancy innove encore et lance un nouveau produit : « Une margarine aux pépites de chocolat », confirme Michel Etcheberrigaray, le directeur de l’uni­ que site de production du groupe, à Ludres. Arrivé depuis peu en rayon, ce produit riche en pépites cho­ colatées permet à la marque de toucher un nouveau public. Car St­Hubert, dans l’imaginaire, ce sont des matières grasses aux qualités nutritionnelles. Avec cette nouveauté, elle confine désormais à la gourman­ dise.

St­Hubert se lance sur le marché du « tartinable frais sucré ». D’autres innovations sont à venir.

dépasse aujourd’hui les 40 % en France et les 80 % en Italie, ce qui en fait désormais le leader sur ces deux marchés. Les nouveautés (bio, céréales, chocolat) ne sont pas étrangères à ces résultats. « Elles représen­ tent en effet 7 % de nos volumes, sachant que nous produisons à Ludres 67.700 tonnes de margarine pour le marché français et 7.900 tonnes pour le marché transalpin ». Cette politique d’innovation permet sur­ tout à St­Hubert d’être la locomotive d’un marché qui subit une légère décroissance d’1 % par an. D’autres projets sont à l’étude et S ­Hubert qui appar­ tientdepuis2012aufondsd’investissementMontaigu entend poursuivre ses efforts en matière d’innova­ t

31

tion. Sur ses 136 millions de chiffre d’affaires, plus de 2 M€ sont ainsi réinjectés chaque année dans la recherche et le développement. Le groupe au fort ancrage lorrain continue également d’embaucher. Dix­neuf postes ont été créés entre 2010 et 2013 dont treize pour le seul site de Ludres (115 personnes). Alexandre POPLAVSKY

CONTACT

ST­HUBERT 

870 Rue Denis Papin, 54710 Ludres www.sthubert.fr



Économie  &T  erritoires

MIRANILLE  N Décoiffant métissage…

AGROALIMENTAIRE

EUFCHÂTEAU (88)

photo DR

Une liqueur, Miranille, un cocktail, Miranito. Dans les Vosges, une jeune entreprise parie sur l’alliance festive de la mirabelle de Lorraine et de la vanille malgache. Astucieux et délicieux.

Paul Bourion, un double coup de maître.

CONTACT

MIRANILLE 

20 rue Neuve 88300 Neufchâteau contact@miranille.com

S

a vie a longtemps été une course contre le chrono. Celui des descentes de ski alpin où il a tutoyélessommetsavecl’équipedeFranceou celui des rallyes automobiles où il s’est illustré entre 2003 et 2006. Puis, comme tout sportif profession­ nel de haut niveau, Paul Bourion s’est heurté au pro­ blème de la reconversion. Pour beaucoup de compéti­ teurs, l’étape est délicate. Pour ce Vosgien de 48 ans installé à Neufchâteau, elle a été le top départ d’un challenge économique aussi surprenant que promet­ teur. Après sa carrière de pilote, il s’est orienté vers la productiondeboissonsalcooliséesavecl’idéedecroiser les quintessences aromatiques de deux ressources issues du règne végétal, mais géographiquement à l’opposé l’une de l’autre. Voilà comment Paul a osé et réussi un ingénieux et pétillant métissage entre la puis­ sance de l’eau­de­vie de la mirabelle de Lorraine et la douceur de la vanille de Madagascar. Le fruit de cette osmose subtile s’appelle Miranille. Une liqueur coup de

32

maître qui a ravi le palis de deux fortes notoriétés des plaisirsdelatable :lechefétoiléLorrainMichelRothetle barman Étienne Descoings, célèbre virtuose du cocktail qui exerce son art au Festival de Cannes. Les conseils de cederniersontàl’origineduMiranito,secondproduitde la gamme, un apéritif florilège de mirabelle, citron, men­ the et verveine qui cultive un exotisme festif capable de bousculer l’hégémonique Mojito de son piédestal. Mira­ nito a décroché le prix catégorie consommateur « Inno­ val 2014 », initiative du Critt Agria­Lorraine pour booster l’imagination des acteurs du terroir régional. Pourl’instant,Paulproduit10.000bouteillesdeMiranille et 22 000 de Miranito dans le petit local de sa start­up à Liffol­le­Grand. Un début, car l’originalité de ses deux boissons fait déjà sensation tant en France qu’à l’étran­ ger où leur personnalité toute en nuances séduit le Japon et la Chine. Patrice COSTA


Économie  &T  erritoires

AGROALIMENTAIRE

BRASSEURS DE LORRAINE La bière en remède contre la morosité La première gorgée de bière fait recette surtout en période de morosité. Les Brasseurs de Lorraine ont compris la valeur du produit plaisir et celle aussi de la proximité. rie » se souvient Jean­François. Chacun trace sa route, l’un chez Rhône­Poulenc, l’autre chez Ducros. Vingt plus tard, en 2001, ils se lancent et quittent des situations confortables pour l’inconnu. 400.000 euros sont pris sur leurs économies. Les emprunts complètent un investissement de départ d‘un million d’euros. Ils installent leur entre­ prise au cœur de Pont­à­Mousson dans 1.500 mètres carrés d’anciennes écuries de l’armée lors de la Guerre de 1870. Les Brasseurs de Lorraine comptent aujourd’hui 12 bières et 7 salariés. Les 2.500 hectolitres produits annuellement sont écoulés pour 90 % sur le marché lorrain. Un autre effet de la crise actuelle est un recentrage sur le fait régional. La proximité est une valeur qui monte. L’objectif de l’année 2015 est d’augmenter la part des exportations qui est de 5 % actuellement. Régis Bouillon prospecte ces nou­ veaux marchés.

33

Photo DR

“N

ous sommes à contre­courant de la crise, nous nous situons dans un sec­ teur en continuelle croissance » constate Jean­François Douin, ingé­ nieur brassicole, patron avec Régis Bouillon des Brasseurs de Lorraine à Pont­à­Mousson. Il ressent en revanche la frilosité ambiante chez « les clients, les fournisseurs et les banquiers ». Le « produit plai­ sir » bénéficie de la morosité avec de surcroît la « prime à la qualité ». Les bières des Brasseurs de Lorraine, comme celles d’ailleurs des 35 mircro­bras­ series de la région, ciblent les consommateurs prêts et capables de payer un peu plus cher un produit artisanal. Les deux amis l’ont compris très tôt alors qu’ils se trouvaient encore sur les bancs de l’Ecole supérieure d’Agronomie et des Industries alimen­ taires de Nancy. Diplôme en poche, ils font le constat amer qu’il ne reste plus grand­chose des 350 brasse­ ries qu’a comptées la Lorraine. « On s’est fait un pari d’amis, un jour on monterait ensemble notre brasse­

Jean­François Douin et Régis Bouillon en action.

CONTACT Rue Bois le Prêtre BRASSEURS 700 Pont-à-Mousson, DE LORRAINE  54 03 83 80 02 64


AgroAeroAutomobile Alimentaire Nautique IndustrieTourisme Numérique Materiaux

Bois

SANTÉ

26 % La santé, un secteur en effervescence de 65 ans et plus

D’ici 2040, les plus de 65 ans en Lorraine devraient atteindre 26 % de la population, contre 16 % aujourd’hui.

132

établissements de santé La filière santé représente en Lorraine 132 établissements sanitaires employant un total de 43.000 salariés.

4

thématiques La santé s’inscrit dans le Pacte Lorraine autour de la télésanté et la télémédecine, de l’économie liée au vieillissement, du développement d’un pôle de pointe pour l’industrie de la santé.

Médecins, chercheurs, industriels... Les collaborations sont indispensables, notamment autour des enjeux du vieillissement.

L

a capacité d’innovation déve­ loppée par les entreprises lor­ raines du secteur de la santé est bien réelle. Leader sur le mar­ ché du matériel médical, Dupont Medi­ cal à Frouard en est un bel exemple, tout comme la SEFAM à Villers­lès­ Nancy, spécialisée dans l’assistance aux troubles respiratoires du sommeil, Juva Productions, installée à Forbach, qui élabore des produits de paraphar­ macie ou encore, pour n’en citer que quelques­unes, la toute jeune société Plant Advanced Technologies (PAT), créée en 2005, qui affiche une crois­ sance de 1157 % sur les cinq dernières années. PAT, qui extrait des molécules par les racines des « plantes à traire » qu’elle bichonne à proximité de Luné­ ville, travaille pour la pharmacie et la cosmétique. La filière santé, secteur économique d’avenir en Lorraine ? Indéniable­ ment. Aujourd’hui, la moitié des start­up issues de l’Université de

Lorraine se sont créées dans ce champ.  « Les compétences existent » Etienne Malher, P­DG de MS Techni­ ques à Pompey, a lui aussi pressenti les potentialités de cette filière. Il y a six ans, il créait le cluster « Lorraine Médi­ cal Industrie » regroupant une quaran­ taine d’entreprises de sous­traitance mettant ou souhaitant mettre leurs compétences techniques au service de l’industrie du dispositif médical, un secteur en croissance : « Les compé­ tences existent en Lorraine. Il s’agit de rendre visible un tissu de sous­trai­ tants et de créer dans notre région un environnement propice à l’implanta­ tion d’industries du dispositif médical, en grande partie aux mains de groupes américains et japonais aujourd’hui ». La Région ne s’y est pas trompée qui a inscrit la santé comme une des filières d’excellence du Pacte Lorraine. En jan­ vier dernier, professionnels de santé,

34

chercheurs et industriels réunis à Nancy mettaient en exergue les « for­ midables potentiels lorrains » de la filière toute entière. Mais aussi et sur­ tout les indispensables collaborations à mener pour créer du développement économique autour de la santé… et surtout au bénéfice du patient. Colla­ boration indispensable notamment autour des enjeux du vieillissement de la population, du maintien à domicile où de nouvelles énergies se déploient également de toutes parts. En mai der­ nier, le Pôle de ressources pour les technologies de santé (PResTes) voyait le jour en Lorraine, afin de fédérer tous ces acteurs régionaux sur ces deux thématiques. Et principalement autour de deux axes : le développe­ ment de dispositifs de télémédecine et la formation des personnes interve­ nant à domicile. Le secteur de la santé est en pleine ébullition. Aujourd’hui la filière doit se structurer. M.H.V.



Économie  &T  erritoires

SANTÉ

DUPONT MEDICAL  F La perle de la « Silver Economy » ROUARD (54)

Leader français des fabricants de fauteuils roulants et d’équipements destinés aux malades atteints dans leurs fonctions de mobilité, Dupont Medical poursuit son développement.

D

Fondéen1860,DupontMedicalquifaitdésormaispartie dugroupeaméricainDriveMedical,emploie200person­ nespourunchiffred’affairesde40millionsd’€. Alorsque l’effectif ne dépassait pas les 40 salariés au début des années 90, Dupont Medical, est devenu leader français des fabricants de fauteuils roulants et d’équipements destinés aux malades atteints dans leurs fonctions de mobilitéetcompteparmilesentreprisesdepointedela « Silver Economy », cette filière régionale en train d’émerger.  La Rolls du fauteuil coquille Le patron Pierrick Haan dirige également la SEFAM, spé­ cialisée dans les appareils technologiques permettant de traiter et étudier les troubles de l’apnée du sommeil dont souffrent près de 5 % à 10 % de la population. Il l’avait lui­même fondée à Villers­lès­Nancy en 1992 avant de la céder en 1994… et la racheter en 2010. C’est

Photo Mathieu CUGNOT

upont Medical est une entreprise en pleine forme. Au fur et à mesure que la population sera de plus en plus confrontée aux problè­ mes liés au vieillissement, imposant à nos sociétés la nécessité de développer des solutions inno­ vantes permettant de maintenir la meilleure qualité de vie le plus longtemps possible, cette société située à Frouard, dans la banlieue nord de Nancy, ne risque pas de connaître la crise. Au plus fort de la tempête, Dupont Medical qui assure la diffusion de ses produits grâce à un réseau de 2.000 revendeurs en France et 50 à l’étran­ ger s’était même permis de se passer de l’aide de la BPI.

Pierrick Haan à la tête de Dupont Medical.

dire qu’il croit depuis longtemps au développement de la télé médecine aujourd’hui en plein boum. Dupont Medical a développé toute une gamme de pro­ duits révolutionnaires à l’instar du « Boxway » le fau­ teuil roulant électrique repliable dans une valise, pre­ mier prix du concours Lépine ainsi que différents types de fauteuils de confort et de positionnement dont le Soffa, la « Rolls » du fauteuil coquille. De la petite instru­ mentation médicale aux lève­patients, jusqu’aux fau­ teuils roulants, Dupont Medical qui s’est également positionné depuis 2000 sur le créneau du petit matériel

35

destinéauxprofessionnelsdelasantéaimaginémilleet une solutions pour favoriser le maintien à domicile. Grâce à une extension de 9.000 m², la société a triplé ses surfaces de production il y a deux ans. S.L.

CONTACT

DUPONT MEDICAL 

92, rue du Train 54390 Frouard www.dupont­medical.com


Économie  &T  erritoires

SANTÉ

CYBERNANO  N M L’informatique au service de la médecine ANCY (54) –

ETZ (57)

À

l’origine,unradiophysicien,PaulRétif,duCHRMetz­ Thionville qui souhaite développer ses compéten­ cessurlaradiothérapieetsevoitlibéréà50%poursa thèse au Cran – Centre de recherche en automa­ tisme de Nancy­. À ses côtés, Thierry Bastogne, professeur à l’Université de Lorraine, chercheur au Cran. À l’arrivée, une start­up, Cybernano, et le développement d’outils informati­ ques qui permettent de modéliser les nano­médicaments dédiésàlaradiothérapieetl’imageriemédicale.  « Prouverlacohérencedenosrésultats» «Noslogicielsfontgagnerbeaucoupdetempsàtouslesfabri­ cants de nano­médicaments, des nanotech aux grands grou­ pes pharmaceutiques. Ils aident aussi à la précision du traite­ ment ou veillent à la fiabilité du processus de fabrication du produit.Selonlesmatériauxutilisés,uneàplusieurssemaines sont nécessaires pour la fabrication d’un nano­médicament. «Pendant ce temps, nous pouvons tester 20, 100 nanos diffé­ rents.» Gain de temps et donc d’argent, veille accrue sur la

qualité,ThierryBastogneestconvaincudelapertinencedeses services.Aluimaintenantdeconvaincresesfutursclients.«Je viensdedéposerundossierdefinancementpourledémons­ trateur qui nous permettra de prouver la cohérence de nos résultatsavecceuxréalisésinvitroetinvivo.» Parallèlement,lastart­uppoursuitsesrecherchesàlafacultéde médecine et au CHR de Metz et veut mener une étude com­ mercialepourconfirmersavisiondumarché.«Enfonctiondes résultats, nous adapterons nos produits aux besoins des clients.» Une première levée de fonds s’est faite auprès d’un investisseur luxembourgeois et Batista Levy, numéritien, pro­ duitdel’UniversitédeLorraine,aétéembauchéafindepoursui­ vreledéveloppementdelasociété.Deuxstagiairestechniciens supérieursenbiologieetinformatiqueviennentd’êtrerecrutés avec espoir d’embauche. Cybernano qui vient de s’installer dansleslocauxdeNancyTélécom,adécrochéuncontratavec un gros client – confidentiel – et développé «de bonnes tou­ chestantenBelgique,Suissequ’enRhône­Alpes». L.S.

38

Photo RL

Des logiciels pour tracer les nano­médicaments, vérifier leur efficacité, garantir la qualité de leur fabrication… Frontière entre informatique et biologie, la start­up Cybernano est unique en France.

Thierry Bastogne (à gauche) et Paul Rétif (à droite).

CONTACT

CYBERNANO 

Nancy Telecom 54 000 Nancy www.cybernano.eu


Économie  &T  erritoires

SANTÉ

CIBIO MÉDICAL  N Tout est sous… contrôles

OVIANT­AUX­PRÈS (54)

C

rééeen2009parJérémyPétin,l’entreprises’estvite fait une belle place sur ce marché du contrôle en radiothérapie et médecine nucléaire, pour en devenir le leader: «À l’époque, il y avait une vraie carence en matière de contrôle en imagerie médicale, les délais étaient vraiment longs pour les cabinets», explique ceLilloisd’origine,32ans,issued’uneformationeningénie­ rie et titulaire d’un Master en droit des administrations. Si les deux premières années ont été délicates pour Cibio, «carnousn’avionspastouslesagréments»sesouvientle dirigeant,lessuivantesfurentbienplusprospères.  «Elargirnotreregistre» Forte de 16 salariés, Cibio Médical intervient aujourd’hui danstoutelaFrance,tantsurlematérielenlui­même,que sur les procédures, via des audits. «Notre point fort par rapport à aux grosses entreprises d’évaluation de confor­ mité et de certification, est de ne faire que du contrôle en imageriemédicale,noussommesexperts.Etàcejour,nous disposons de 15 agréments, délivrés par l’ASN et l’ANSM», souligne­t­il en évoquant l’Autorité de Sûreté nucléaire et l’Agence nationale de la Santé et des Médicaments, les deuxautoritésdetutelleenlamatière.

Lauréat du dispositif Réseau Entreprendre Lorraine, Cibio Médical avance un chiffre d’affaires de 730.000 € en 2013. «Nous visons 1 M€ sur 2014. L’objectif étant d’être entre 3 M€et4M€d’icitroisans,etcecientriplantnoseffectifs», précise Jérémy Pétin. «Nous avons une bonne implanta­ tion grâce à des techniciens présents sur toute la France, qui se situent tous à moins de 2h30 de n’importe quel client.»Descontrôleurséquipésd’appareilsdemesureset de tests, et de ‘’fantômes’’, dispositifs simulant le corps humainlorsdestestsd’impactderadiations.Chaquetech­ nicien étant ainsi doté d’un équipement chiffré à 70.000 € enmoyenne.Passéeaucribletousles18moisparleCofrac (Comité français d’Accréditation), instance de tutelle des organismesdecontrôle,l’entreprise,enphasede«pilotage decroissance»,setourneparailleursverslarechercheetle développement,encollaborationavecleComitéàl’Énergie atomique(CEA).«Nousdisposonsd’uneplateformed’expé­ rimentation dédiée à la radiothérapie, sur Paris, et nous cherchons à obtenir un dernier agrément afin d’élargir au maximum notre registre de prestations», conclut le chef d’entreprise,àlastratégiebienenplace. S.C.

Photo ER

Des centres hospitaliers, des cabinets de radiologie, des dentistes… Les quelque 1.200 clients de Cibio Médical ont pour point commun d’utiliser l’imagerie médicale, spécialité de cette jeune société.

Le P­DG Jérémy Pétin et deux de ses collaboratrices.

CONTACT

CIBIO MÉDICAL 

4, rue Fournil 54385 Noviant­aux­Près contact@cibio.fr

MONT-ROYAL  G Le verre de qualité pour une bonne vision OETZENBRUCK (57)

Crée en 1938 Mont­Royal Ophtalmique est un laboratoire qui a mis l’innovation au cœur de sa stratégie de développement dans le traitement du verre dans le monde de la lunette.

D

epuis 1938,l’entrepriseMontRoyalophtalmi­ que, à Goetzenbruck, dans le Pays de Bitche, perpétue la tradition du travail du verre pour le monde de la lunette. A 32 ans, Philippe Richarthalalourderesponsabilitédemeneràbiencette

entreprise créée par les frères Stenger dont un était son arrière­grand­père. Voilà pour l’histoire familiale et pour l’héritageàconduire.L’entreprise,quiaconnusonheure de gloire dans les années 50 et 60 avec plus d’une cen­ taine de salariés, emploie aujourd’hui 45 personnes. Dans les années 80, il a en effet fallu réduire les effectifs pour faire face à la concurrence asiatique toujours plus rude. Pour autant, aujourd’hui l’entreprise affiche un chiffred’affairesde8millionsd’euros.Unestabilitéobte­ nue grâce à d’importants investissements dans le domaine des machines de traitement du verre.

Photo C.D.G.

 Une cinquantaine d’étapes

Mont­Royal apporte une réponse adaptée à la vue.

Actuellement,lasociété,quifaitpartiedugroupeEssilor, produit 2.000 verres par jour. « À partir de 1988, nous avons considérablement investi dans les machines à commandesnumériques,notammentpourletravaildu verre organique qui a largement supplanté le verre minéral », explique Philippe Richarth, directeur des opé­ rations.L’organiquereprésente95%dumarché.Lafabri­

36

cation d’un verre de lunettes comprend une cinquan­ taine d’étapes. « On part d’un palet de verre qui suit différentesétapesdanslachaînedeproductioncomme le surfaçage, le polissage, et l’application des traite­ ments antirayures et antireflets en fonction de la com­ mande de l’opticien. Ces dernières étapes se déroulent dansdessallesspécialespourévitertoutdépôtdepous­ sière sur les verres. Ces sept dernières années, nous avons investi 10 millions d’euros. Rien que la machine pour faire le traitement antireflets sous vide coûte 850.000 euros », assure ce professionnel qui souhaite étendre son marché dans l’ouest et le sud­ouest de la France. C. D. G.

CONTACT

MONT­ROYAL  65, rue d’Ingwiller

57620 Goetzenbruck contact@mont­royal.fr



Économie  &T  erritoires

SANTÉ

HARMONIC PHARMA  N La réaffectation d’anciennes molécules ANCY (54)

Photo ER

La start­up nancéienne Harmonic Pharma a pour vocation d’offrir de nouvelles applications médicales à des molécules qui ont fait leurs preuves pour soigner d’autres maladies.

L

esperspectivessontgigantesquespourleslabo­ ratoires pharmaceutiques ! Affecter d’anciennes molécules à de nouvelles thérapies. Le marché est tellement vaste que le trio de chercheurs nancéiens à la tête d’Harmonic Pharma a restreint ses recherches à l’oncologie, aux pathologies inflammatoi­ res et aux pathologies infectieuses. « Oncréenumériquementdesempreintesdemolécules et de médicaments, afin d’obtenir une base de données qui nous est propre. On possède déjà 15.000 empreintes de médicaments… » confient Michel Souchet, Arnaud Sinan Karaboga et Stéphane Gégout.

Le trio de chercheurs révolutionne le médicament.

CONTACT

HARMONIC PHARMA 

615, rue du Jardin Botanique 54600 Villers-les-Nancy harmonicpharma.com

Les trois chercheurs nancéiens recueillent ensuite des informations d’ordre biologique et médical sur les effets des molécules. Comment elles fonctionnent. Comment on les utilise. Ils peuvent alors répondre aux demandes, comparant la molécule dont le client sou­ haite développer une autre application, avec leur base

40

de données. Et proposent une autre indication médi­ cale.  Le plus pertinent possible Le gain de temps est extraordinaire par rapport à la recherche classique. Dans le domaine de l’oncologie, le trio travaille en partenariat avec l’institut Curie. Ils ont déjà breveté deux molécules dans les soins des cancers du poumon et du mélanome de l’œil. Ils collaborent également avec des laboratoires étrangers dans les pathologies infectieuses. Leurs recherches sur les pathologies inflammatoires sont quant à elles menées en partenariat avec la papeterie Norske Skog à Golbey, (Vosges) pour l’extraction de molécules naturelles du bois. Leur objectif est d’être le plus pertinent possible face aux grands laboratoires pharmaceutiques. La valeur de leur start­up en dépend… Philippe MERCIER


Économie  &T  erritoires

SANTÉ

PODARGOS  L La chaussure adaptée et esthétique UNÉVILLE (54)

E

n s’équipant dernièrement d’une brodeuse de der­ nière génération, le directeur de Podargos, Thierry Formoso, savait qu’il faisait des heureux parmi sa clientèletoutenconfirmantlaphilosophiedel’entre­ prise:associerlapodo­orthèseàl’esthétique,riend’incompati­ ble,aucontraire. Unvraibonuspourleclientquipeutoublier l’aspectpurementmédicaldesondossieretsortirduregistre trop longtemps classique, peu esthétique et restreint de la chaussureorthopédique.Lechoixsefaitaujourd’huiparmiles différentscolorisdecuirsetdematières,lesdiversesformesde chaussures (ville, sport, bottes…), les motifs et inscriptions à y fairefigurer.IcileschaussuressontfabriquéessurmesuredeAà Z,surprescriptionmédicale. Divers cabinets du groupe, essentiellement répartis à Paris et dansungrandquartNord­EstdelaFrancepermettentderece­ voir les clients pour le compte de la société, l’un des leaders françaisdansledomaine(pourunchiffred’affairesde4,3M€), dontlesitedeproductionlunévilloisregroupe40des55salariés.

Sur la base d’empreintes réalisées et de pieds préalablement moulés, la prothèse passe sur plusieurs postes de travail et entre de nombreuses mains spécialisées (piqueur, formier, apprêteur…)avantd’êtrefinaliséepar«lebichonneur». Environ 6.000 paires de chaussures, ainsi que des semelles orthopédiques, sont conçues chaque année destinées à des pieds sensibles, handicapés, déformés, désaxés, amputés ou desjambesprésentantdesinégalitésdelongueur… Parisien, podo­orthésiste et pédicure­podolgue, Thierry Formoso est arrivé à Lunéville en 1994 quand, avec son associé Stéphane Thomas, il se rapproche de Gérard Louvet, fondateur des Établissements Louvet en 1970 (devenus Podargos en 1984), retraité depuis 2006. Un rapprochement qui permet désormais à la société Podargos de disposer d’un atelier de production de 1.300 m²,adjointdepuis2011àunespacedeconception (dissocié du bruit des ateliers, une obligation légale) de 200 m² pour un investissement de 120.000 €. Jean­Christophe PIGNON

41

Photo ER

La société lunévilloise est l’un des leaders français dans la fabrication de chaussures orthopédiques entièrement réalisées et personnalisées dans ses ateliers.

Les chaussures sont entièrement fabriquées sur le site de Lunéville.

CONTACT

PODARGOS 

8, rue du Pré-Contal 54300 Lunéville contact@podargos.fr


AgroAeroAutomobile Alimentaire Nautique Tourisme

Santé

IndustrieMateriaux

Bois

NUMÉRIQUE

5.000 La dynamique du numérique salariés

Les dernières études montrent que le Numérique en Lorraine représente plus de 5.000 salariés.

2.000 entreprises

Des pure­player (sociétés exerçant uniquement leurs activités sur Internet). comme on dit. Plus de 3.000, si l’on prend celles un peu plus transverses.

7

millions d’euros C’est le fonds numérique créé au sein d’ILP­Sadepar, abondé par la région Lorraine. Par comparaison, l’Île de France a créé un fonds de 10 millions d’euros. Un signe aux start­up en développement.

La Lorraine espère bien prendre le train en marche. Si le retard est évident, la force de frappe est là. Avec la prise conscience de l’importance de cette filière.

À

Metz, dans le futur bâtiment totemdédiéaunumérique,TCRM­ Blida, des jeunes s’activent der­ rière les écrans, yeux rougis par la fatigue. Ils ont 48 heures pour concevoir une application à partir de données libres. C’est ce qu’on appelle un « Hackathon », premier du genre organisé en Lorraine, en octobre dernier. Une semaine plus tard, Grand Est Numéri­ que, son instigateur, organisait son deuxième Salon numérique à Metz. De son côté, Nancy Numérique lance des visiocon­ férencesavecSaint­Etienne,Bordeaux,Tou­ lousepourvoircommentleséchangespeu­ vent s’organiser. Une université d’été est à l’étude. « Désormais, on communique entrenous.Cequ’ilfaut,c’estcréerdesliens, faire émerger des projets, » espère Fabien Costet, président de Nancy Numérique. Les professionnels du numérique, entrepri­ ses pure­player (une société exerçant uni­ quementsesactivitéssurInternet).comme onlesappelle,poussentdepuistrois­quatre ans. D’autres comme Hervé Obed, créa­ teur de Pro­consultant Informatique,

patron d’ILP, fonds d’investissement régio­ nal, prêche depuis bien plus longtemps encore.  En ordre de marche La parole a mis du temps à être entendue, mais depuis un an, la Lorraine du numéri­ que est enfin en marche. French Tech, ce label national que cherchent à décrocher seizecandidatsrépartissurtoutelaFrance, n’y est pas étranger. Certes, le Sillon lorrain etsacandidatureatypiquecarrépartiessur ses quatre villes, n’a pas été retenu dans le premier tour de table. Au moins, le vent a tourné et les politiques ont pris conscience de la force de frappe du numérique. Adista,e­Fluid,Mesagraph,Applicam,Petite Frimousse,Polagram,Xilopix,Yupeek,Phar­ magest…Lalistedessuccèslorrainsestlon­ gueetlafilièrenedemandequ’às’organiser et se développer. « Il y a des entreprises qui font du très bon travail, d’autres qui émer­ gent », détaille Hervé Obed. « Faisons en sorte qu’elles créent de la valeur et réussis­ sent. »Leprésidentd’ILPciteles7M€déblo­ quésparlaRégionLorrainepourabonderle fonds Sadepar. Un capital­risque réservé

42

aux start­up numériques pour accompa­ gner leur montée en puissance. C’est un premier pas. Leslieuxtotem,commebaptisésparlacan­ didature Lor’N’Tech, en sont un autre. Épi­ nal, Nancy, Metz et Thionville auront cha­ cun le leur. Hébergement de start­up, fablab, coworking seront la base de ces lieux qui devront générer créativité et ren­ contres. Tout un écosystème va devoir se créer, « pas par les politiques, par les acteursdunumériqueeux­mêmes »,insiste Fabien Costet. Mais derrière, ce sont les politiques qui débloquent les fonds et peuvent entendre les besoins de formation. « On ne pèse pas autant que Lyon ou Lille » constate Hervé Obed. « Mais on a notre originalité, notre atypisme et capacité d’innover ». Lor’N’Tech sera examiné d’ici la fin de l’année ; un ou deux labels supplémentai­ res sur les neuf déjà attribués peuvent encore être accordés. Et si le label n’est pas décroché, tous les acteurs jurent que la dynamique du numérique est créée. Laurence SCHMITT



Économie  &T  erritoires

NUMÉRIQUE

XILOPIX  E La recherche est son moteur PINAL (88)

Installée au cœur du Pôle image de Lorraine, la société Xilopix développe un moteur de recherche basé sur le langage universel de l’image. Avec l’ambition de concurrencer les géants du secteur.

«F

Cette application de nouvelle génération, « partie d’une feuilleblanche »,protégéeparbrevet,estdestinéeàêtre utilisée par les grands acteurs du commerce en ligne et de la grande distribution. Son fonctionnement est enfantin pour l’utilisateur final qui accède rapidement et de manière pertinente et logique aux informations qu’il recherche, par l’image et en quelques coups de doigts sur l’écran. Après plusieurs années de recherche etdéveloppement,lasociétéacommencéàcommercia­ liser son produit unique en 2013.  En phase de commercialisation Leroy Merlin, le géant du bricolage, s’est laissé séduire par les arguments de la société spinalienne et devrait prochainementpermettreàsesvendeursetàsesclients d’utiliserlemoteurXilopixsurdesbornestactilesoudes tablettes, dans ses magasins. D’autres distributeurs devraient suivre. « Il faut convaincre. Cela prend du temps ; on compte en moyenne 18 mois, entre la pros­ pection et la réalisation », évalue Eric Mathieu. Car pour

Photo E.THIEBAUT

ruits, café et chocolats offerts, ambiancestart­upsympa ».Danslepay­ sage spinalien, Xilopix est une société atypique. Née en 2008 à Paris, installée depuis 2011 à Epinal dans la Maison romaine, au cœur du Pôle image de Lorraine, cette petite boîte financée par des fonds publics et privés (son capital social est de 2.493.874€)développeunmoteurderecherchemultipla­ te­forme « visuel et tactile, adapté au monde du e­com­ merce », résume Eric Mathieu, cofondateur (avec Cyril March) et dirigeant de Xilopix.

Eric Mathieu, le patron de Xilopix, souhaite offrir de nouvelles solutions de recherche au e­commerce.

lesclients,lesenjeuxs’évaluentsouventencentainesde milliers d’euros. La start­up, qui a ouvert une antenne commerciale à Paris en septembre dernier, est de plus en plus présente dans les grands salons du e­commerce (Paris,Londres,Dubaï)etcontinued’engrangerlesprixet lesdistinctions.« Celanousouvredesportes »,assurele dirigeant. Xilopix qui comptait 16 salariés il y a quelques mois emploie aujourd’hui 25 personnes, des ingénieurs ultra­ spécialiséspourlaplupart,venantdesixpaysdifférents. Ils seront 37 à la fin de cette année et 45 dans quelques

44

mois au terme d’une vaste campagne de recrutement. L’équipe commerciale sera, bien sûr, renforcée. Mais sur ces 45 salariés, « 33 seront affectés à la recherche et au développement ». Xilopix n’a pas fini de grandir... Alix DROUIN­ENGLINGER

CONTACT

XILOPIX  2, rue de Nancy

88 000 Epinal contact@xilopix.com



Économie  &T  erritoires

NUMÉRIQUE

APPLICAM  M Toutes les cartes en main ! ETZ (57)

Leader sur le marché de la carte à puces, Applicam­Moneo ne cesse d’étendre ses services en France et en Afrique. L’entreprise mise beaucoup sur la version carte magnétique des tickets resto.

Après son rachat par le parisien Monéo en 2011, on aurait pu craindre que Metz, se réduise comme peau de chagrin. C’est tout le contraire qui s’est produit. Non seulement, de nouveaux locaux ont été construits au Technopôle.Maisd’autres,àuneencabluredelà,ontété achetéspouryhébergerleback­officeassurantàl’entre­ prise la continuité de ses services avec des serveurs de secours en cas de défaillance. Quant aux orientations d’Applicam, elles ont toutes été conservées et renfor­ cées. Comme la gestion de la carte informatique de paiement Total dans toute l’Afrique. Cet été, c’est un autrecontratdecetypequis’estdéployédansleslocaux messins pour la Société nationale de pétrole congolais.

Tous les développements informatiques se font à Metz. Y compris les très prometteurs Monéo­Resto. Monéo a été le premier à mettre le pied dans la fourmilière, relé­ guant les chèques­restaurant à l’âge de pierre.

Photo Anthony PICORE

E

n Lorraine, la carte réservée à tous les lycéens et celle pour les moins de 26 ans, c’est chez Appli­ cam­Monéo, au Technopole de Metz, qu’elle est développée et fabriquée. Et si la carte Lorraine est, de loin, la plus évoluée en terme de services, la sociétéinformatiquecrééeen1986parJean­PaulGuezzy et rachetée par Monéo, équipe dix régions de France ; soit à peu près 30 % de son chiffre d’affaires.

 Croissance et embauches « Le développement est moins rapide que prévu, admet Serge Ragozin, directeur général Applicam­Monéo. Mais nous avons signé avec six cents entreprises, nous con­ crétisons des accords avec de grandes chaînes de res­ taurationcommelegroupeFlo,lesgrandesmarquesde fast­food ou encore des grandes et moyennes surfaces alimentaires. » Applicam travaille également avec Monetico, son concurrent édité par le Crédit Mutuel. De quoi afficher un joli 6 % de croissance en 2014. Et, chose rare embaucher une vingtaine de personnes. Ce qui porte les effectifs permanents messins à cent sala­ riés, tandis qu’ils grimpent chaque été à 160. « C’est la pleine saison pour nous, toutes nos cartes lycéennes doivent être prêtes à la rentrée. »

Applicam travaille avec dix régions françaises.

CONTACT

APPLICAM  2, Avenue de Sébastopol

57 070 Metz www.societe.com/societe/applicam

L.S.

COMPUSOFT  L Cuisines et salles de bains sur écrans UNÉVILLE (54)

La discrète société fournit des logiciels haut de gamme dans le domaine de l’agencement et la vente de cuisines et de salles de bains. Une niche ultra­spécialisée.

S

Photo ER

i vous décidez de refaire l’agencement de votre cuisine avec l’aide d’un professionnel voire d’une grande surface de bricolage, vous avez de gran­ des chances, sans le savoir, de visualiser le projet grâce à Compusoft. La société s’est engouffrée en 1990 dans une niche : le développement de logiciels haut de

gamme permettant la visualisation 3D de la cuisine rêvée. Un outil professionnel précieux conçu pour être simple, efficace et puissant à la fois, comme l’explique David Tombre, vice­président du groupe : « Le côté uni­ que de ce que nous faisons c’est que nous référençons, en 3D, tout ce dont peut disposer le client. Les meubles, les poignées, les éclairages, les carrelages, les peintu­ res… Tout… » Une base de données perpétuellement mise à jour tandis qu’une hotline assure, si nécessaire, un service instantané : « Même si la crise est arrivée, nousnoussommestoujourstenusàentretenirlemême message, quiestdefournirduservicehautdegammeet une qualité exceptionnelle. »

franco­norvégienne avait séduit : « Je suis né en France ou mes parents, Norvégiens, avaient décidé de s’instal­ ler… »Aujourd’huiCompusoftFrancecompte31person­ nes. Les locaux lunévillois abritent également Compu­ soft Apllication pour le développement des produits (13 personnes) et Compusoft Inobain (4 personnes) qui va décliner les logiciels dans une version pour salles de bains. Si la crise est venue éroder le chiffre d’affaires de Compusoft France (7 M€), le groupe Compusoft dont DavidTombreestdésormaisvice­président(chargédela branche salle­de­bains et nouvelles applications) qui compte 21 filiales et 300 salariés à travers l’Europe, vient d’ouvrir des antennes en Australie et en Afrique du Sud et sera bientôt présente en Nouvelle­Zélande.

 Dans le garage de la famille

David Tombre souhaite continuer à fournir « du service haut de gamme. »

La société Compusoft France a pris corps en 1990 dans un garage de Courbesseaux à quelques kilomètres au nord de Lunéville à peine un an après l’envol du groupe Compusoft,enNorvège.DavidTombreaimesesouvenir de cette période passée « dans le garage de la maison familiale… » Tout juste bachelier, sa double nationalité

46

Jean­Christophe PIGNON

CONTACT

COMPUSOFT 

42, rue de Rozelieures 54300 Lunéville office@compusoft­france.com


Économie  &T  erritoires

NUMÉRIQUE

PROCONSULTANT  J PCI décroche l’Amérique

OUY-AUX-ARCHES (57)

«J’

ai tout de suite prospecté à l’étranger, et on m’a pris pour un fou. Aujourd’hui, je sais que c’était le risque à prendre.» Les chiffres le confirment. 75 % du chiffre d’affaires (5 M€) de ProConsultant informatique se fait à l’export,lamoitiésurleseulcontinentnord­américain. PCIaétécrééen1997parHervéObed.L’enfantdupaysdes mines de fer est un informaticien de la première heure, façonnéparApple.SesrelationsavecRTLTVàl’époque,lui ont permis de comprendre les besoins des télévisions en particulier et groupe médias en général. Hervé Obed créé un logiciel dédié au fonctionnement interne de ces entre­ prises très spécifiques. «Un système complet qui permet de gérer informations et processus pour fonctionner. Du droitdesprogrammesàlaprogrammation,delatélévision en rediffusion à la vidéo à la demande… tout y passe. »Depuis1997,lesystèmen’ajamaiscessédegrossir et s’enrichir, collant aux besoins et évolutions technologi­

ques.Rapidement,PCIs’estfaitconnaîtreàl’étrangeravec des contrats dans toute l’Europe et au Maroc. Les Etats­ Unissontsaported’entréepoursefaireconnaître.Unreste desacultureApple,sansdoute.«J’aiparticipéausalonNAB deLasVegasetmesuisrenducomptequeleproduitétait bon,qu’ilpouvaitsefaireconnaîtredanslemondeentier.» Ce qui demande une organisation atypique dans l’entre­ prise, «pour être en mode agile, marquer notre réactivité, innoverenpermanence».HervéObedsaitqu’iltravaillesur une niche mais il y reste et se donne les moyens d’être parmi les meilleurs. Le Canada lui a rapidement fait con­ fiance. Depuis un peu plus d’un an, de grosses chaînes US ont signé des contrats. PCI a même ouvert une base avan­ cée à Atlanta où travaillent quatre personnes. D’autres bureauxpourraients’ouvrir.Trente­cinqsalariéstravaillent àJouy­aux­Arches,siègedelasociété.Lerecrutementyest permanent. «Le manque de compétences dans l’informa­ tiqueestleseulfreinaudéveloppementdel’entreprise.» L.S.

47

PhotoKarim SIARI

De RTL TV à l’Amérique… ProConsultant Informatique continue sa belle aventure y compris avec quelques grosses chaînes TV de l’autre côté de l’Atlantique.

Hervé Obed, P­DG de ProConsultant Informatique.

CONTACT

PROCONSULTANT  Zone ActiSud Saint-

Jean 57130 Jouy-aux-Arches www.proconsultant.net/


Économie  &T  erritoires

NUMÉRIQUE

ZEILT PRODUCTION  L L’homme qui a mis Disney à terre UXEMBOURG

O

scarisé en février pour son court­métrage « Monsieur Hublot », le réalisateur thionvil­ lois Laurent Witz restera pour l’éternité, comme « l’homme qui a mis Disney à terre ». Histoire à la David contre Goliath, success story, c’est surtout la célébration d’un talent et la reconnaissance suprême d’un parcours, débuté il y a vingt ans. Né en 1975 à Haguenau, élevé à Thionville, où il passe le bacCaulycéeHélène­Boucher,LaurentWitzseretrouve à Metz, dans les années 1990. Étudiant aux Beaux­Arts, passionnéparla3Detl’animation,ilréalisedespremiers petits films en amateur. « Monté » à Paris, il est engagé comme directeur artistique dans un grand studio spé­ cialisé dans l’animation et la publicité. Quand ce dernier ferme ses portes, à l’orée des années 2000, il gagne le Luxembourgetytravaillecommesuperviseur.En2007,il saute le pas et fonde, à Luxembourg, sa maison de production, Zeilt Productions, avec une antenne à Yutz. « L’idée était de développer des projets originaux de qualité. » Le premier sera Monsieur Hublot, né de sa découverte du sculpteur belge Stéphane Halleux, qui a

créé les maquettes et les personnages. Une histoire d’amitiéde12minutesentreunhomme­robottaciturne et un chien­robot, dans un monde poétique néofutu­ riste. Pour le financement, il fait appel au Film Fund de Luxembourgquiluioctroie115.000€.LaRégionLorraine, à hauteur de 30.000 €, le Centre National du Cinéma (30.000 €) et Arte (22.000 €) complètent le package. Le reste(40.000€)vientdesfondsdeZeiltProductions.« J’ai pris un risque énorme mais parce que j’y croyais fort », convient­il aujourd’hui. S’il avoue volontiers avoir genti­ ment disjoncté le soir de la cérémonie des Oscars à Hollywood,unefoisderetoursurterre,danssesstudios de Mondercange, Laurent s’est vitre remis au travail. Avec un atout en plus : une crédibilité à l’internationale, et ça, ça n’a pas de prix. Pour preuve, il a été choisi pour mettre en image une publicité pour le don d’organes auxÉtats­Unis.Diffuséaucinéma,àlatélévisionetsurle net depuis le 2 octobre, le spot, d’une durée d’une minute trente, a reçu un accueil unanime, saluant l’aspect poétique et positif du message et sa mise en scène. « Hublot » était décidément une belle vitrine.

Photo Philippe NEU

Depuis ses petits studios de production à Mondercange, Laurent Witz a réussi à terrasser l’ogreDisney. Un Oscar plus tard, le réalisateur thionvillois vient de toucher New York en plein cœur.

Laurent Witz, premier Thionvillois oscarisé !

CONTACT

ZEILT PRODUCTION 

19, rue d’Ehlerange L­3918 Mondercange www.zeilt.com

AIRBOXLAB  N Un tube planétaire en or ANCY (54)

L’incroyable destin d’un objet cylindrique destiné à détecter des polluants dans l’air ambiant et à prodiguer des conseils pour s’en protéger.

A

Photo DR

lima c’était son premier nom. Elle s’appelle aujourd’hui « Foobot », un changement des­ tiné à conquérir de nouvelles contrées ; « Foo­ bot » est tube, un tube planétaire. Cette boîte cylindrique au design épuré, couplée à une appli, est

Jacques Touillon et Inouk Bourgon.

équipée de capteurs derniers cri qui analysent l’air ambiant. Le voyant lumineux passe du vert, quand tout va bien, au rouge, quand l’air devient malsain. Le tube connectétraquelesinfimesparticulessuspenduesdans l’airquisontàl’originedesallergies,gardesouscontrôle tous les composants chimiques provenant des diffé­ rents appareils et mobiliers environnants, aide à régler la bonne température et l’humidité de la pièce et prodi­ gue des conseils via l’envoi de notifications. « Foobot », la station d’intérieur de détection de pol­ luants fait le bonheur de Jacques Touillon, Inouk Bour­ gon et Olivier Vonet à la tête d’une start­up née à Nancy, Airboxlab. Primée au World Mobile Congress de Barce­ lone, la TPE nancéienne avait remporté l’équivalent de 15.000 € en services, coaching et expertise, mais a sur­ tout gagné en terme de notoriété. Depuis « Foobot » a été sélectionnée au « Tech crunch hardwareBattlefield »deLasVegas,enmargeduconsu­ mer electronic show, le grand salon mondial du high­ tech.Lapetiteboîtequimontepasseaustadeindustriel

48

dès le mois de décembre. Après une première phase de « betatest »réussie,grâceauxpréventesorganiséessur le site Indiegogo, Airboxlab s’est installée à Esch­sur­Al­ zette, au Luxembourg. Un développement rendu possi­ ble grâce à ses investisseurs belges et un partenaire suédoisquiassurelacommercialisation,d’oùlechange­ ment de nom. Dans un futur proche, Airboxlab compte faire de « Foobot » le premier appareil interactif entre l’utilisateuretlessystèmesdetraitementd’air.Desappli permettront à « Foobot » de prendre le contrôle des systèmes de ventilation et de purification d’air. La com­ mercialisation est prévue au prix de 199€ à partir de janvier 2015. S.L.

CONTACT

AIRBOXLAB 

Technoport d’Esch­sur­Alzette Luxembourg jacques@airboxlab.com


AgroAeroAutomobile Alimentaire Nautique Santé

IndustrieNumérique Materiaux

Bois

TOURISME

21

À la recherche du temps perdu

sont générés par la fréquentation touristique en Lorraine, soit 2,7 % de l’emploi total.

Souffrant d’un important déficit d’image, la région part de loin en matière de tourisme. Mais les atouts sont là et l’offre se structure. De bon augure…

milliers d’emplois

3,7

millions de nuitées ont été enregistrées en Lorraine sur l’année 2013 dans l’hôtellerie de tourisme. Il faut y ajouter 873.000 nuitées en hôtellerie de plein air.

584 milliers de visiteurs

se sont rendus en 2013 au zoo d’Amnéville, site touristique lorrain le plus fréquenté.

«Q

ui aurait cru il y a vingt ans que la Lor­ raine accueillerait deux locomotives pareilles ? » Premier vice­président du Con­ seil économique et social de Lorraine, en charge du tourisme, Philippe Buron­Pilâtre évoque le Centre Pompidou­Metz et le Cen­ ter Parcs du pays du Sarrebourg avec gour­ mandise. « Ce sont deux symboles d’une vraie prise de conscience politique. Aupara­ vant, trop de décideurs n’avaient pas fait leur deuil de l’acier et du charbon. Ils ont mis du temps à accepter que le tourisme, c’est aussi de l’économie », analyse le patron du Mondial Air Ballons. Si ces deux jeunes équipements plongent la Lorraine dans une nouvelle dimension, « on part de loin », rappelle Rachel Thomas, vice­présidente du Conseil régional en charge du tourisme. Jusque­là, seul le mas­ sif vosgien surnageait en tant que destina­ tion hivernale identifiée. Pas étonnant que notre région pointe à la seizième place en termes de consommation touristique. « Nancy, Metz, Verdun, Vittel, nous avons

des noms. Mais tout cela manque de liant. Nous n’intéressons pas assez les gros don­ neursd’ordres »,regrettePhilippeBuron­Pi­ lâtre.  « Être les ambassadeurs » Le Conseil régional y travaille. Sous son impulsion,lafilièresestructureautourd’un schéma lorrain de développement durable de l’économie touristique 2013­2020 : « Nous avons de vrais atouts et ils sont clai­ rementidentifiés.Maintenant,ilnousreste beaucoupàfairepourlesrendrelisibles,les professionnaliser et en faire des destina­ tionsnationalesetinternationales.Toutest enmarchepourrépondreàcedéfi »,assure Rachel Thomas. Un optimisme partagé par Philippe Buron­Pilâtre, qui souligne le gros effort structurel réalisé : « Des rapproche­ ments ont été opérés, parfois dans la dou­ leur.Ilsnouspermettentaujourd’huid’envi­ sager des stratégies à long terme. À condition de travailler en réseau ». Pour ces deux spécialistes, l’heure de la région a sonné. Certes, elle n’aura jamais lameretlesoleil,« maiscenesontplusdes

50

marqueurs essentiels », balaie Philippe Buron­Pilâtre. « Entre la richesse de nos paysages, de notre patrimoine et de notre Histoire, et la diversité de nos propositions, du tourisme de bien­être à celui de mémoireenpassantparlevoletskidansles Vosges ou l’hébergement insolite, nous avons bien d’autres atouts », ajoute Rachel Thomas. La fougue de la jeunesse pourrait faire le reste : « Le fait de ne pas avoir un vieux passé nous permet de faire évoluer plus facilement nos professionnels. Et l’émergence du numérique dans le choix des vacances nous met au même niveau que les autres. Aujourd’hui, l’important est d’être vus. Il faut y travailler », exhorte Phi­ lippe Buron­Pilâtre. En commençant par inverser l’image grise, industrielle et militaire qui colle souvent à la peau du territoire. « Faut arrêter avec ça. Il n’y a pas 20°C de différence entre l’Alsace et la Lorraine. Ce déficit d’image est dû à 80 % aux Lorrains, qui ne sont pas assez les ambassadeurs de leur territoire », juge Phi­ lippe Buron­Pilâtre. À vous de jouer ! Philippe MARQUE



Économie  &T  erritoires

TOURISME

CENTER PARCS  H 1,2 million de nuitées par an ! ATTIGNY (57)

La création d’un Center Parcs au pays de Sarrebourg plonge la Lorraine dans une nouvelle dimension touristique. En 2013, le site aux 951 cottages a hébergé 1,2 million de nuitées. Colossal !

C’

Ouvrir un site de cette envergure en pleine crise et y réaliser deux extensions de 107, puis de 47 cottages en 2012 et 2014, il fallait oser. Le Groupe Pierre et Vacan­ ces a pris le risque. Il semble ne pas le regretter. Le Domaine des Trois Forêts affiche un taux d’occupa­ tion insolent de 74 %. De quoi faire pâlir d’envie n’importe quel hôtelier lorrain. Surtout quand on sait que la structure compte 5.272 lits.  « Notre situation, un amortisseur » « Notre situation géographique en plein cœur de l’Europe constitue un véritable amortisseur par rapport à la conjoncture », assure le dirigeant qui sait qu’il doit ses bons bilans aux 22 % d’Allemands et aux 14 % de Suissesquilefréquentent.« Onaaffichécomplettoutle moisd’octobre »,glisseStéphaneHertzog,quireconnaît que le groupe opte pour une politique plus agressive en termes de tarifs avec pas mal de remises dernière minute quand le remplissage fait défaut. Une activité qui bénéficie à tout le secteur. D’abord en

Photos Laurent MAMI

était un no man’s land. Le bois des Harcolins àHattignyestdevenuunendroitquicompte en Europe depuis juin 2010 et l’ouverture d’un Center Parcs. Les chiffres donnent le tournis. En 2013, le géant a enregistré la bagatelle de 1,2 million de nuitées, pour 1.000 couverts jour dans ses 7 points de restauration ! Environ 350.000 touristes ont convergé vers les 954 cottages qui ont poussé en plein pays de Sarrebourg comme autant de cocons. Ils y pas­ sent un séjour moyen de 4,5 nuits. Soit la moyenne la plus élevée des quatre Center Parcs existants : « C’est sans doute lié au fait que la moitié de notre clientèle est étrangère »,analyseStéphaneHertzog,ledirecteuralsa­ cien.

L’Aqua Mundo, ce paradis tropical et aquatique de 5.000 m², constitue l’élément clé du Center Parcs du Domaine des Trois Forêts. Les 954 cottages y sont nichés dans un écrin de verdure de 435 ha.

termes d’emplois avec 450 temps pleins et jusqu’à 700 contrats en comptant les saisonniers. Pour fonc­ tionner, le site ouvert 365 jours par an s’appuie par exemple sur 30 maîtres­nageurs, 220 agents d’entretien et de nettoyage et une dizaine de jardiniers.

ces et sites touristiques alentours ont tous vu leur acti­ vitéaugmenter »,appuieStéphaneHertzogquiregrette juste le côté vache à lait du site au regard de certains élus. Le directeur n’a toujours pas digéré la récente aug­ mentation de 50 % de la taxe d’assainissement.

La clientèle étant réputée pour ne pas trop sortir de sa bulle, Center Parcs était également très attendu sur les retombéesindirectesqu’ilgénère.Làaussi,CenterParcs estime être au rendez­vous. Au cours de l’exercice 2012/2013, 19,6 M€ ont été injectés dans les régions Lorraine et Alsace par Center Parcs, les prestataires sur site et les visiteurs. Ils ont permis de générer une richesse estimée à plus de 30 M€ de PIB. « Les commer­

Philippe MARQUE

51

CONTACT

CENTER PARCS 

Rue de Bertrambois 57790 HATTIGNY www.centerparcs.fr/Les­Trois­Forets



Économie  &T  erritoires

TOURISME

LABELLEMONTAGNE  L B Une famille qui ne cesse de s’agrandir A

RESSE (88)

Chez les Remy, le ski se conjugue à tous les temps. Et par tous les temps. De La Bresse, berceau de l’entreprise, en Italie, le groupe vosgien se retrouve aujourd’hui à la tête de douze stations.

 Des services s’adaptant aux quatre saisons Si bien qu’aujourd’hui, douze stations sont regroupées sous la même bannière. Celle de Labellemontagne diri­ gée par Jean­Yves Remy lequel a pris les commandes de lasociétéen1989. Aveclamêmeenvie,lamêmepassion et le même souci de développer l’outil de travail.

La Bresse, par exemple, a investi massivement dans les remontées mécaniques, dans l’historique « slalom » et dans l’hébergement. Pour 30 millions d’euros. Avec tous lesrisquesliésàl’enneigement.« C’estlaproblématique principale », confie régulièrement Jean­Yves Remy. « Il convient donc de composer avec d’autres activités et proposer des services s’adaptant aux quatre saisons. » Cette même problématique de l’enneigement étant moins sensible sur les autres sites du groupe, les diri­ geantsneprennentpasderisquesinconsidérésavecles stations de moyennes montagnes. A l’aube du dernier hiver, Jean­Yves Remy ne cachait d’ailleurs pas les ambi­ tions. « Ce n’est pas de la boulimie, mais pour sécuriser le groupe, nous souhaitons atteindre les 100 millions d’eurosdechiffred’affaires.»En2013,cedernierétaitde 67millions.Unevolontéd’allerdel’avantpourdonnerla dimensionetlaplacequeLabellemontagneméritedans le milieu très fermé des exploitants.

Photo VOM

L

abellemontagne, ou plus précisément la SA Labellemontagne Management a, depuis quelques années déjà, installé son siège social à Montmélian. Pas très loin de Chambéry. Toute­ fois,c’estbeletbienàLaBresse(Vosges)quelafabuleuse histoire a débuté. Dans les années 60 lorsque Jean­Ma­ rie Remy, visionnaire parmi les visionnaires, a eu l’idée de mettre en service des remontées mécaniques sur les pentesbressaudes.Defilenaiguille,desaisonensaison, Remy Loisirs allait prendre du volume. Dans le départe­ ment vosgien avec La Bresse­Hohneck puis dans les AlpesetenItalie.Auprintempsdernier,c’estlastationde Risoul (Hautes­Alpes) qui est venu compléter le groupe.

Le « slalom » à La Bresse a changé de look.

CONTACT

LABELLEMONTAGNE  73800 Montmélian

www.labellemontagne.com

Claude GIRARDET

ZOO  A Il fait rimer innovation et participation MNÉVILLE (57)

Avec 600.000 visiteurs par an, le zoo d’Amnéville est un fleuron du tourisme français. On sait moins que la société est une Scop. La moitié des bénéfices va aux salariés. L’autre est réinvestie.

«C Photo Anthony PICORE

e parc privé fonctionne sans subven­ tion. » Le petit panneau à l’entrée annonce la couleur. Le zoo d’Amné­ ville n’est vraiment pas une entreprise commelesautres.Àdemultiplestitres.D’abordévidem­ mentparsonactivitéanimalièrepeucommune.Ensuite parlesuccèsqu’ilrencontre.Les550à600.000 visiteurs

En fondant le zoo d’Amnéville, Michel Louis a réalisé un rêve d’enfant.

payants qui le fréquentent chaque année le placent sur lepodiumdeszoosfrançaislesplusfréquentés.Derrière Beauval et devant Royan. « J’ai démarré petit avec 45.000 € en 1985. Il y avait 165 animaux sur 5 ha et une dizaine de salariés. Aujourd’hui, nous avons 2.000 ani­ maux,sur17ha.Ilsmobilisent125emploisàtempsplein. Et 220 emplois avec les saisonniers », détaille non sans fierté Michel Louis, le directeur­fondateur. Le chiffre d’affaires a connu la même courbe exponentielle, pas­ sant de 600.000 € au démarrage à près de 16 M€ aujourd’hui.  Tiger World en 2015 Mais le zoo se distingue aussi par son modèle économi­ que, sous forme de Scop (Société coopérative et partici­ pative). Cinq de ses sept associés sont des salariés. Ils sont majoritaires. Ce statut de Scop permet à la struc­ ture de ne pas être assujetti à l’impôt sur les sociétés. À condition de reverser 50 % des bénéfices sous forme de participation aux salariés, « ce qui représente parfois plus de trois mois de salaire », se réjouit le dirigeant. Les 52

autres50%doiventêtreréinvestis.Cequin’estpaspour déplaireàlastructure,enrechercheperpétuelledenou­ veautés. Pour ne pas s’endormir sur ses lauriers. Et faire régulièrement parler d’elle. Après les otaries en 2005, les orangs­outans en 2007, les tigres blancs en 2008, le spec­ tacle de rapaces en 2009 ou les gorilles en 2012, Michel Louis promet un événement mondial pour 2015 : Tiger world. Dix tigres y présenteront dans une salle de 2.000 places un spectacle de trente minutes dans un univers fantastique où ils seront confrontés à une érup­ tion volcanique et à un raz­de­marée. Une nouveauté qui va coûter plus de 17 M€. Le prix à payer pour créer encore et toujours l’événement. Philippe MARQUE

CONTACT

ZOO D’AMNEVILLE

1, rue du Tigre 57360 Amnéville www.zoo­amneville.com


Économie  &T  erritoires

TOURISME

GÎTES DE FRANCE  N Le boom des réservations par téléphone ANCY (54)

La SAS 2L, émanation des Gîtes de France des départements 54, 88, 55 et 70, assure les réservations de 900 hébergements de 14 départements, avec des progressions incroyables.

L

Photo Pierre MATHIS

a progression du volume d’activités du service de réservations par téléphone des Gîtes de Franceestàpeinecroyable :de6%à23%enun an, selon les départements. Crée en 2009 à l’ini­ tiative des Gîtes de France de Meurthe­et­Moselle et

Des nouveaux locaux au 34 rue Saint­Nicolas à Nancy.

des Vosges, la SAS 2L a vocation à mutualiser les moyens de chaque association départementale des Gîtes pour rendre plus économique, et plus efficace, la gestion des réservations de nuitées. En 5 ans, la SAS 2L a gagné en importance. Les départe­ ments de Meuse et Haute­Saône se sont joints au capital de la société, qui travaille désormais en parte­ nariat avec l’Aube, la Moselle, le Doubs, et effectue des prestations de services pour Paris, les départe­ ments 92, 93, 94, ainsi que l’Allier, la Marne et l’Indre.

société,quivientd’ouvrirdeslocauxàNancyau34,rue Saint­Nicolas. Il s’agit d’une vitrine pour promouvoir les Gîtes. Car la SAS 2L fonctionne en fait de manière décentralisée, avec une dizaine d’employés répartis dans les départements, au plus près du terrain, pour pouvoir répondre de manière précise aux demandes des clients. La SAS 2L, qui a le statut d’agence de voyage, aura réalisé cette année 900 hébergements pour 16.000 contrats, et un chiffre d’affaires de 6 M€. Philippe MERCIER

 Au plus près du terrain « Le service de réservation par téléphone décharge les propriétaires de gîtes ou de chambres d’hôtes des contraintes matérielles de recherche de clients. Nous leur évitons d’avoir des contrats à rédiger, et garantis­ sons la sécurisation des encaissements par carte bleue », explique Jean­Luc Riethmuller, président de la

CONTACT

GÎTES DE FRANCE 

34 rue Saint­Nicolas 54000 Nancy gites­de­france.com

SAS COLLINET  B Du sur-mesure à l’état pur

AUDIGNÉCOURT (55)

Hôtellerie haut de gamme et luxe, restauration, maisons de retraite et collectivités, l’une des plus grandes fabriques de meubles en France renoue cette année avec son chiffre d’affaires historique.

Une centaine de chaises Napoléon III ont ainsi rejoint le Palaisdel’Élysée,dessiègessignésPhilippeStarckl’hôtelde Crillon à Paris, d’autres encore le Royal Monceau et le Buddha­Bar,lesiègedelaFédérationfrançaisedefootballà Clairefontaine, le Grand Hôtel des Thermes à Saint­Malo, maisaussilecaféPouchkineàMoscou,leLausannePalace à Genève, sans oublier des marchés avec la royauté du Maroc,enChine(deuxboutiquesàPékinetàShanghai)et

auxÉmiratsArabesUnis,viadesarchitectesetdesdécora­ teurs. «On réalise entre 20 % et 30 % de notre chiffre à l’export. On espère le développer vers le continent améri­ cain et la Chine», avise son président, Stéphane Davoli, épaulé par une solide équipe de direction, les trois sœurs Ophélie,VirginieetSylvie.  Du sur­mesure Forte de 85 salariés qui garantissent un savoir­faire artisa­ nalincomparableàtraverstroismétiersdistincts,menuise­ rie/ébénisterie, finition et tapisserie, la SAS Collinet devrait réaliserunchiffred’affairesde10M€en2014.«Onrevientà notre chiffre d’affaires historique », affirme Stéphane Davoli, qui plante le sur­mesure, la personnalisation des produits (styles, tissus) et la réactivité au cœur d’une aven­ turefamilialeexemplairequiadébutéen 1887.Expérience, qualité,modernité,laSASCollinetrenouvellesescréations enpermanenceavec70%denouveautésparcatalogueet quelque300références.Unmustruralenlamatière. Nicolas GALMICHE

53

Photo ER

L

a crise économique de 2008, conjuguée à celle du meuble, a conduit la 5e génération de l’entreprise Collinetàorientersonactivitéprincipaleversl’hôtel­ lerie haut de gamme et luxe, qui représente aujourd’hui80%desonchiffred’affaires,les20%restants étant consacrés aux boutiques, notamment le revendeur Roche Bobois. Sièges, banquettes, tables, clubs, canapés, chambrescomplètes,leboislorrain,engrandemajoritédu hêtre acheté en plots (scié), se décline sous toutes ses for­ mespourhabillerdescentainesd’hôtelsetderestaurants dumondeentier,demêmequedesmaisonsderetraiteet descollectivités.

Un savoir­faire incomparable depuis 1887.

CONTACT

4, rue du Moulin

SAS COLLINET 55130 Baudignécourt www.collinet­sieges.fr


Économie  &T  erritoires

TOURISME

LES METALLIERS LORRAINS  N Le savoir-faire et la passion du fer

ANCY (54)

Créée pour la restauration de la Place Stanislas, l’entreprise a travaillé depuis au Château de Lunéville, au Centre des Congrès Prouvé, et travaillera dans la nouvelle École des Beaux­Arts.

S

Photo ER

i les grilles et les fontaines de la Place Stanislas sont autant admirées par les touristes, c’est en partie grâce aux Métalliers Lorrains, entreprise installée depuis 1980 à Nancy, justement pour réaliser cette restauration. « C’est vraiment le sum­

La Place Stanislas : une référence.

mum, il y avait eu des restaurations successives, mais il fallait redonner les grilles telles qu’elles avaient été conçues à l’époque de Jean Lamour », précise Gérard Defrance, responsable de l’entreprise, où travaillent 25 personnes.  Des particuliers aux collectivités « Nous sommes des métalliers avant tout, mais on a toujours fait de la ferronnerie, qui est une part impor­ tante de notre activité », ajoute le dirigeant. Les Métal­ liers Lorrains ont également participé à la restaura­ tion du Château de Lunéville après l’incendie, en y restaurant notamment plus de 200 garde­corps de fenêtres. Récemment, la société qui a « la passion du métal » a également réalisé toute la métallerie inté­ rieure du tout nouveau Centre des Congrès Prouvé, à Nancy.Ellevaégalemententamer« untrèsbeauchan­ tier », celui des futurs locaux de l’École des Beaux­Arts, sur le Campus Artem, où elle sera chargée de la métal­ lerie et de toute la menuiserie extérieure. « On a un

savoir­faire, on a un métier c’est la métallerie ; la forge, c’estquelquechosedetrèsparticulier,maisonrépond à toutes les demandes, de particuliers comme de col­ lectivités », ajoute Gérard Defrance, qui admire le tra­ vail de Jean Prouvé : « C’était vraiment le métallier par excellence, il transformait énormément la matière, il a su donner à notre métier ses lettres de noblesse ». « Même si on n’extrait plus de minerai en Lorraine, c’est quand même un pays du fer », rappelle le métal­ lier, qui s’enthousiasme pour de belles réalisations, dont un dôme aux États­Unis ou une rampe pour Dubaï. Patrick TARDIT

CONTACT

METALLIERS LORRAINS 

FAÏENCERIE DE LUNEVILLE « On fait le dos rond »

13, rue Alfred­Krug 54000 NANCY www.lesmetallierslorrains.com

SAINT­CLÉMENT (54)

Jean­Claude Kergoat a repris Faïence et Cristal de France en 2012 dans un contexte difficile pour le secteur du luxe, sur lequel il positionne la manufacture lorraine, où travaillent une vingtaine de salariés.

« Mon but était de maintenir en vie une entreprise en danger. Nous avons dû adapter les effectifs à la demande et à une production recentrée sur le premier choix ». Prudent, Jean­Claude Kergoat reconnaît faire « le dos rond » en attendant la reprise. Pour l’heure, le chiffred’affairesdelasociétéspécialiséedanslafabrica­ tion d’articles à usage domestique ou ornemental se situe à moins de 2 millions d’euros. « Notre rayon de

soleil naissant s’est couché un peu trop tôt », analyse le dirigeant à l’évocation d’un marché s’étant tari ces der­ niers mois en Europe de l’Est.  Renforcer les exportations Carsilesdébouchésfrançaissemaintiennentgrâceaux six boutiques maison, pour lesquelles Saint­Clément créedessériesspécialesens’adaptantauxgoûtslocaux, l’avenir de cette industrie de main­d’œuvre dédiée au luxe se jouera sur la faculté de l’entreprise à renforcer ses débouchés à l’export.. Au travers de sa présence sur les deux salons mondiaux de Paris et Francfort et d’une dynamiquecommercialereposantsurlesavoir­fairedes faïenciers. Les effectifs de la nouvelle entité fondée en 2012 se montent à 28 salariés répartis entre les sites de Saint­Clément (54), qui assure la production, Por­ tieux (88), Niderviller et Vallerysthal (57), où des maga­ sins de vente de cristal et céramiques ont été mainte­ nus. Catherine AMBROSI

54

Photo ER

« C’

est une très belle entreprise au fort potentiel. Non, je ne regrette pas d’avoiracquislafaïenceriedeLuné­ ville Saint­Clément, je regrette qu’il y ait une crise ». Jean­Claude Kergoat l’admet : il n’a pas encoreréussiàexprimercepotentieletàletransformer en surcroît de vente. Le dirigeant de Janus Cession et président du directoire du groupe Emaux et Mosaïque de Briare se veut pourtant confiant sur le devenir des « Manufactures de Lunéville Saint­Clément KG », qu’il estime être l’un des fleurons de l’industrie de la cérami­ que française « et, je l’ose, mondiale », ajoute­t­il.

« Mon but était de maintenir en vie une manufacture en danger », dit Jean­Claude Kergoat.

CONTACT

FAÏENCERIE 

13, rue Cyfflé 54950 Saint­Clément contact@terresdest.fr


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.