Orientation post collège

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rientation

Mardi 28 février 2017

e r i a f e u Q

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la

LES SUPPLÉMENTS DU RÉPUBLICAIN LORRAIN • E57

après

e

Des clés

pour choisir sa voie

Des témoins

pour informer

Des filières

au banc d’essai


édito

Transparence

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in 2012, la Cour des comptes (CDC) épinglait l’Education nationale pour son manque de transparence dans les procédures d’orientation. Depuis, les choses se sont­elles améliorées ? Un nouveau regard de la CDC serait intéressant. Mais incontestablement, on peut constater une prise de conscience plus forte de la nécessité d’une sensibilisation bien en amont de la classe de 3ème, conjuguée à un dialogue accru avec les parents. Même si cela reste très variable d’un collège à l’autre. La Cour des comptes s’interrogeait de savoir si l’orientation était seulement la sanction des résultats scolaires ou la construction de choix de formation. Elle pointait également le discours qui consiste à affirmer « l’égale valeur » des trois voies de

Baccalauréat, général, technologique, professionnel. Sur ce plan, la situation évolue très lentement. La Cour recommandait aussi de ne pas enfermer les élèves dans un choix irréversible. Les enseignements d’ouverture (qui ne doivent pas être déterminants) en seconde et les passerelles (plus modestement) se sont développés. Mais les déterminismes sociaux demeurent. Pour les transcender, un dialogue transparent, documenté, avec les parents s’impose : c’est l’objectif de ce supplément (ainsi que celui des excellentes brochures Onisep). Sur les taux de réussite, les voies de réorientation, l’avenir post­ Bac (avec ses atouts et ses risques), l’insertion professionnelle au terme du diplôme envisagé : un viatique utile dès la fin du collège. Philippe RIVET

S OM M A IRE  Page 3 Choix d’orientation : un calendrier à respecter  Page 4 Rêves, craintes, projets… : les élèves d’une classe de 3ème au parloir

 Page 6 Préparer son orientation : un travail de fond pour élèves et parents  Pages 8­9 Les années lycées : ils témoignent…  Page 10 Comment bien choisir son Bac professionnel  Page 11 Le lycée des métiers et technologies innovantes à Saint­Avold

 Page 12 Immersion dans le monde de la logistique  Page 14 Lycée – travail : les vertus de l’alternance  Page 15 L’apprentissage : une voie souvent gagnante

Directeur de la publication L’Est Républicain, Le Républicain Lorrain et Vosges Matin : Christophe MAHIEU. Ce numéro a été réalisé par les rédactions, les services commerciaux et l’atelier graphique de L’Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin. Illustrations : les photographes de L’Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin.

 Page 5 Des enseignants placés entre ambitions et pragmatisme 2


ORIENTATION

APRÈS LA 3ÈME Poursuite d’études en lycée général, technologique ou profession­ nel, ou bien l’apprentissage : la 3ème correspond au premier grand choix d’orienta­ tion. Photo d’archives ER

Orientation : les étapes-clés La fin du collège constitue le premier rendez­vous marqué par le premier choix véritable d’orientation qui s’offre aux adolescents. Raison de plus pour y prêter la plus grande attention.

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orientation en fin de 3ème demeure un palier essen­ tiel, même s’il est tempéré par un autre palier en seconde. La fin du collège constitue le premier rendez­vous marqué par le premier choix véritable d’orienta­ tion qui s’offre aux adolescents. La découverte n’est pas brutale, mais progressive, puisqu’une sensibilisa­ tion aux métiers intervient dès la 5ème dans de plus en plus de collè­ ges. Le marathon, imposé par le calendrier, dure six mois. JANVIER­FEVRIER : c’est le temps l’expression par les familles des intentions provisoires : seconde générale et technologique, seconde professionnelle en lycée profession­

nel ou une première année en CAP. MARS : on entre dans le vif du sujet. Le conseil de classe répond à la famille et formule un avis provisoire d’orientation (favorable, défavora­ ble, réservé). MAI : la famille indique son choix d’orientation. S’il se révèle en déca­ lage avec la décision du conseil de classe deux possibilités : un rendez­ vous avec le chef d’établissement ; si le désaccord persiste, la famille dispose alors de trois jours pour signifier au principal de collège qu’elle souhaite faire appel auprès d’une commission. Attention : la décision qui sera prise par la commission d’appel sera défi­ nitive. La démarche d’appel est tou­ tefois rarissime, même si elle reste

un recours en cas de dialogue de sourds : par exemple, pour l’acadé­ mie de Nancy­Metz, 178 dossiers ont été déposés l’an dernier, soit un taux de 0,2 %. 87 demandes ont été satisfaites. Soit moins d’une sur deux. JUIN : la demande d’affectation se décline en trois vœux pour des éta­ blissements de l’Education natio­ nale (public/privé) et de l’enseigne­ ment agricole. Pour le lycée général et/ou technologique, sont définis des périmètres de recrutement et des priorités d’affectation pour cha­ que département. Le collégien a l’obligation d’indiquer au moins un vœu pour un lycée de proximité. Seul le critère géographique est retenu au cas où il y a plus de

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candidatures que de places disponi­ bles. Pour le lycée professionnel, à la différence du lycée général ou technologique, les résultats scolai­ res sont pris en compte. De même que l’ordre des vœux. L’affectation se fait également en fonction des places disponibles. Quant à la voie de l’apprentissage, il est indispensa­ ble de trouver d’abord l’entreprise. Et c’est l’employeur qui se chargera de l’inscription en CFA. Mais pour ceux qui choisissent la voie scolaire classique, ne surtout pas oublier l’inscription administra­ tive au lycée retenu. En respectant scrupuleusement le calendrier fixé. Sous peine de perdre le bénéfice de la place accordée ! Ph.R.


ORIENTATION

APRÈS LA 3 È M E

La classe de 3ème4 du lycée Julie­Daubié à Rombas. Photo RL

En troisième oui, mais après ? Quelles sont les choix d’orientation et les grandes interrogations de nos chères têtes blondes à la sortie du secondaire ? Tour d’horizon avec les élèves de 3ème4, du collège Julie­Daubié, à Rombas.

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éterminante pour la suite, l’orientation post­3ème peut par­ fois sembler difficile à envisager de manière assu­ rée. A la question : « Quel métier voudriez­vous exer­ cer ? », silence radio dans l’assemblée. Les vingt­neuf élèves de la classe de 3ème4 du collège Julie­Daubié, à Rom­ bas (Moselle), n’ont pas l’air très inspirés, au premier abord. Courageuse, Sarah est volontaire pour parler la pre­ mière : « L’année prochaine je veux aller en seconde générale pour faire S. Ensuite en fac de médecine pour devenir méde­ cin généraliste ». Chiara, Ophé­

projet. Esra veut devenir archi­ tecte. Ambre aimerait tra­ vailler dans la police scientifi­ que. Les autres suivent une stratégie. Et pas vraiment l’amour des maths. « Mieux vaut viser haut, il est plus facile de redescendre après », estime une jeune fille. Pas faux. Mais ce qui frappe, c’est que – pour beaucoup – ils réfléchissent en termes d’étu­ des et pas en termes de métiers. Ecole de commerce pour l’un, études d’informati­ que pour un autre. Nos jeunes ados n’ont­ils plus de rêves en 2017 ? Il faut leur tirer les vers du nez. « J’aime voyager alors je me vois bien hôtesse de

lia et Lisa veulent aussi aller en S, mais « aucune idée » en ce qui concerne la suite. Encore trop tôt pour le dire ? Ou faut­il voir dans ce qui les porte vers cette filière un choix sécuritaire inspiré par les parents et/ou les ensei­ gnants ?

 « Mieux

vaut viser haut » « En allant en L, on risque de se fermer pas mal de portes, enfin c’est ce qu’on nous dit, avance Zoé. Alors qu’avec un bac S, on va partout. » Cela explique pourquoi ils sont dix­ sept sur vingt­neuf à vouloir aller en S. Certains ont un vrai

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l’air », glisse Sarah. « Ensei­ gner le langage des signes », précise Léa. « J’adore m’occu­ per des bébés, je veux devenir puéricultrice. Pour ça faut faire un bac ST2S », s’est ren­ seignée Chloé. « Je suis impa­ tiente d’être en apprentissage pour devenir pâtissière, j’attends ça depuis quatre ans », poursuit Emma. Pour l’instant, tout ce qu’on leur demande c’est de choisir entre la seconde générale, pro­ fessionnelle ou le CAP. Une pierre de plus à l’édifice de leur future vie professionnelle. Qu’il ne faut donc pas négliger. Clara HESSE


Eclairage « Photo d’archives

C’est admirable de vouloir faire médecine, mais avec seulement 4 de moyenne en maths, ça risque d’être compliqué… »

A l’image de ce professeur de collège, les enseignants naviguent pour leurs élèves entre ambitions et pragmatisme.

Etre en phase avec la réalité

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A écouter Julien Djebar, professeur au collège Julie­Daubié à Rombas, viser haut c’est bien beau mais encore faut­il avoir le niveau. « Dans cette classe (lire le témoignage des élèves en page 4), il y a de bons éléments, alors ce n’est pas l’exemple le plus parlant, précise le jeune professeur de technologie. Mais en conseil de classe on voit, dans la plupart des cas, des élèves avec beaucoup d’ambition. Seulement derrière les résultats ne suivent pas toujours. C’est admirable de

vouloir faire médecine, mais avec seulement 4 de moyenne en maths en collège, ça risque d’être compliqué... » Il semblerait en effet que les élèves, ainsi que leur entourage, ne soient pas toujours en phase avec la réalité. On peut avancer plusieurs explications. Du côté de l’Education nationale d’abord qui, « recrute de plus en plus de vacataires, d’ailleurs j’en fais moi­même partie », confie M. Djebar. Ainsi le niveau des élèves a baissé,

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pas parce que les enseignants sont de plus en plus mauvais, mais parce qu’ils ne sont sim­ plement plus formés comme par le passé. La sensibilisation liée aux résultats peut aussi parfois agir en terme d’orientation. « On nous dit que 85 % d’entre eux doivent avoir le Bac, alors on fait tout pour les faire passer dans la classe supérieure. » Et les diriger vers le lycée et la terminale a fortiori. « Ce n’était pas comme ça avant. Aller au lycée, ça se méritait », résume­t­il pour mieux appuyer le sentiment général. Alors que cer­ tains élèves seraient parfois plus inspirés d’embrasser d’autres voies, plus profession­ nalisantes. La faute aussi à la société, qui loue l’excel­ lence à la française : études longues, classes préparatoires et grandes écoles. Où, faute de valoriser les formations professionnelles, toute autre voie est souvent perçue comme un échec de l’extérieur. Et, également vécu comme un échec de l’intérieur, par les enfants. Parfois aussi par les parents. Alors que dans le fond, il n’y a pas de sot métier et encore moins de sottes études.

Clara HESSE


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APRÈS LA 3ÈME Comme au collège Jean­Mermoz de Yutz, les établissements organisent souvent leur propre forum et/ou se déplacent au sein de salon consacré de la découverte professionnelle et de l’orientation. Photo d’archives RL

Préparer l’orientation : un travail de fond Au collège, l’orientation se joue serré avec le conseiller d’orientation psychologue. Entre sensibilisation, entretien individuel, travaux de groupe, etc, les moyens déployés se veulent multiples.

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l y a les besoins et les questions individuelles des élèves. Il y a aussi les axes prioritaires du Cen­ tre d’information et d’orientation (CIO), lui­même en prise directe avec les objectifs académiques. Le maître mot, au­delà de l’accompagnement au parcours d’orientation du collé­ gien, c’est d’éviter le décrochage sco­ laire et d’améliorer l’insertion. En Moselle nord, le CIO de Thionville, par exemple, axe ses priorités sur la for­ mulation de vœux réalistes. Mettre en relation intérêts professionnels et capacités d’apprentissage, prendre en compte le niveau de réussite et d’investissement de l’élève tout en tenant compte des facteurs favori­

sant l’insertion professionnelle. Pas si simple pour des ados, souvent dans le rêve d’un métier et pas forcé­ ment conscients des différents par­ cours qui peuvent, ou pas, s’offrir à eux.

blissement. « Au mois de décembre, une heure par classe est consacrée à la connaissance des professions en présence du professeur principal », détaille Nadine La Rosa, principale adjointe au collège de Yutz. Une introduction qui peut se poursuivre au Centre de documentation et d’information (CDI). En 3ème, le parcours d’information s’accélère. Les collégiens apprennent à manipuler les ressources Onisep à leur disposition au CDI. Les COP se tiennent à leur disposition pour tout entretien individuel, en présence ou pas de la famille. Nombreux sont les collèges qui mettent en place des stages « découverte des métiers » en

 Se confronter à la réalité D’où la multiplication, au sein des établissements, d’actions aussi diver­ ses que possible. En 6ème et 5ème, cela se limite généralement à la détection d’élèves en difficulté avec examen individuel pour une éventuelle réo­ rientation. La sensibilisation à l’orien­ tation démarre réellement en 4ème. En pivot, les conseillers d’orientation psychologue (COP) attachés à l’éta­

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entreprise de trois à cinq jours. Des moments qu’ils apprécient générale­ ment et leur permettent de confron­ ter à la réalité leur vision du métier convoité. Au collège de Yutz, les élè­ ves qui se destinent à l’apprentissage ou lycée professionnel, réfléchissent en groupe sur les différents choix de formations professionnelles, avec une forte implication des profes­ seurs principaux. Parallèlement, cha­ que établissement participe à un forum des métiers ou organise le sien, toujours de manière à ce que les collégiens aillent à la rencontre des professionnels et puissent amorcer un réel dialogue. Laurence SCHMITT



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APRÈS LA 3ÈME

Photos Ludovic LAUDE

Au lycée, oubliez les 35 heures ! Arriver au lycée, c’est de manière intrinsèque, apprendre l’autonomie. La matière ne figure pas, officiellement à l’emploi du temps des classes de seconde, le concept pourtant s’insinue partout.

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abriel Lienhard proviseur de l’immense Lycée Pergaud (2400 élèves), à Besançon (Doubs), se veut rassurant. « Effective­ ment, les emplois du temps, ménagent des plages libres, puisque dans une même classe les élèves peuvent faire du russe ou de l’italien ou du sport… Ils doivent apprendre à gérer ces ‘trous’, en profiter pour s’avancer dans leurs devoirs, puisqu’il y a, en moyenne, une heure et demi de travail à la maison chaque jour. Ajouter, pour certains, une heure de trajet en bus le matin et le soir, les semaines d’un élève ne font pas 35 heures ». S’il appartient au lycéen tout neuf d’apprivoiser cette liberté, le lycée propose quel­

ques garde­fous. Deux heures d’accompagne­ ment personnalisé sont inscrites à l’emploi du temps. L’élève bénéficie de conseil de méthodolo­ gie, pour préparer ses devoirs, apprendre à s’organiser ou préparer son orientation. Par demi­groupe, il apprend plus précisément la pédagogie, lire un énoncé, améliorer l’oral, argu­ menter, etc.

 Des terrains d’exploration En cas de difficultés scolaires, « les élèves volon­ taires peuvent profiter du tutorat : un enseignant le rassure, lui donne confiance, l’accompagne dans la construction de son projet » poursuit le

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proviseur. Ici, les portes sont, certes, ouvertes, sur l’avenir et sur le bar « Le potache », voir le nou­ veau « Mac Do » de Chalezeule. Des lieux pour inventer et refaire le monde. Ça tombe bien, l’orientation doit être une préoc­ cupation des élèves de seconde. Pour cela il existe les enseignements d’exploration, des options plus ou moins facultatives qui profilent le Bac et aident, à envisager l’avenir. La cour du lycée et ces lieux alentours sont aussi des ter­ rains d’exploration, dont les nouveaux lycéens, dans leur soif de nouveautés, doivent apprendre à user avec modération. Catherine CHAILLET


LES ANNÉES LYCÉES, C’EST AUSSI… Organiser En terminale, ST2S, (sanitaire et social), Elodie fait partie du conseil de la vie lycéenne. « A 10 élèves élus et 10 membres de l’administra­ tion, nous organisons les animations du lycée, le carnaval très bientôt, avec défilé dans l’amphi­ théâtre. Puis la semaine des jeunes talents… Parallèlement nous réfléchissons au bien­être, là nous travaillons sur le harcèlement. C’est une formidable bouffée d’oxygène ».

Interner Ah la trouille de l’internat… 535 élèves répartis en chambres de 4 ou de 6, repas à 18 h, douche, travail de 20 h à 21 h 30, en salles d’études surveillées pour les secondes, demi­heure de temps libre avant l’extinction des feux… ça paraît austère. Pourtant, là entre des lits étroits, des armoires hors d’âge naissent des amitiés, raisonnent de fou­rires, se murmurent peines et rêves. Inoubliable. Et ça entraîne à la colloc’de la vie étudiante.

Gabriel Lienhard, le proviseur du lycée Pergaud.

Essayer

Dès la seconde, les élèves du lycée Pergaud à Besançon doivent associer travail et autonomie.

Choisir la bonne option, l’enseignement d’explo­ ration est là pour ça. Louis et Valentin, en 1ère SI ont choisi Sciences de l’ingénieur. Louis parce qu’il veut être ingénieur. Valentin, « pour essayer ». Bingo les adolescents ont trouvé leur voix. Au catalogue des EDE, art du spectacle, patrimoine, biotechnologie, etc. 1 h 30 par semaine pour vérifier son goût de la littérature ou de l’informatique etc. Puis s’engager ou changer de voie.

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Les élèves doivent apprendre à gérer leur emploi du temps.


Interview « Photo d’archives ER

La réussite dépendra aussi beaucoup de la qualité des stages proposés »

Vincent Troger apporte sur le Baccalauréat professionnel un éclairage documenté et concret.

Comment choisir son Bac pro

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Vincent Troger, maître de conférences à l’Espé de Nantes, et chercheur au Cren (Centre de recherche en éducation de Nantes) est l’un des rares spécialistes de l’enseignement professionnel. Son dernier ouvrage, coécrit avec Pierre­Yves Bernard et James Masy, apporte notamment un éclairage sur le Baccalauréat professionnel. Vincent Troger, le Bac pro a trente ans. Le bilan est­il globalement positif ? Le Baccalauréat professionnel s’inscrit dans une logi­ que systémique de réponse à des besoins qui ont été,

selon les secteurs, plus ou moins identifiés. C’était une réponse apportée dans les secteurs industriels, en particulier dans l’automobile, aux demandes de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallur­ gie). La création du Bac pro a incontestablement favo­ risé une élévation du niveau de diplôme. Compte tenu de l’évolution des process de production, cela a rendu un service. Le Bac pro correspond à un emploi d’ouvrier qualifié, c’est le CAP d’il y a 40 ans. Mais les jeunes qui préparent un Bac pro en savent plus sur le plan des connaissances générales et professionnelles

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que ceux qui passaient naguère le CAP. Vous évoquez surtout le secteur industriel. Qu’en est­il pour le tertiaire ? Je suis plus dubitatif pour le secteur tertiaire, qui concerne plus de la moitié des élèves. Les emplois sont très peu qualifiés, ou alors il faut atteindre le niveau du BTS, sauf dans la vente. Le Bac pro est­il plus un diplôme d’insertion ou de poursuite d’études ? Les deux, en réalité. Surtout depuis que le parcours pour accéder au Bac pro est passé de quatre à trois ans, et que les élèves sont incités à poursuivre leurs études en STS (Section de techniciens supérieurs). Aujourd’hui, ils peuvent aussi aller jusqu’en licence professionnelle. Comment choisir sa voie au lycée ? Pour des jeunes qui perdent le goût des études au collège, mais qui n’ont pas de problème de suivi, il faut aller vers un Bac général, ne pas s’enfermer dans un choix qui ne correspond pas à une envie. Mais si des parents sentent que leur enfant n’apprécie pas vrai­ ment un enseignement académique, ce n’est pas la peine de le forcer à continuer dans des études généra­ les souvent abstraites. Le lycée professionnel (LP) offre des possibilités qui peuvent l’intéresser. Cela ne mar­ chera que si le LP lui plaît, correspond à l’image qu’il s’en fait. La réussite dépendra aussi beaucoup de la qualité des stages proposés. Qualité qui passe par un véritable accueil en entreprise et ne se réduise pas au stage « photocopies ».

Propos recueillis par Philippe RIVET


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APRÈS LA 3 È M E

UN PARTENARIAT AVEC LA MARINE Le lycée Charles­Jully de Saint­Avold continue d’ouvrir des perspectives à ses élèves, avec la signature dans l’année d’un partenariat avec la Marine nationale par lequel les BTS pourront effectuer des stages pendant les vacances à Brest ou à Toulon ! Les installa­ tions du lycée Charles­Jully de Saint­Avold sont modernes et permettent aux lycéens d’acquérir de l’expérience. Photo RL

Donner du sens aux matières Le lycée des métiers et technologies innovantes Charles­Jully de Saint­Avold propose une large palette de passerelles et ouvre à de nombreux horizons.

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n peut démarrer en CAP et finir ingé­ nieur », assure Daniel Furlan, provi­ seur du lycée Charles­Jully de Saint­ Avold (Moselle). Le lycée des métiers et technologies innovantes propose en effet des passerelles. « Tout dépend du travail de l’élève mais rien n’est fermé. (...) Nos filières et infras­ tructures ne sont pas des zones de frustration : elles permettent aux élè­ ves de réussir et de s’épanouir », insiste­t­il, citant un ancien élève pilote d’hélicoptère à la base aérienne de Phalsbourg ayant passé un bac STI2D (sciences et technolo­ gies de l’industrie et du développe­ ment durable). D’ailleurs, l’établisse­ ment naborien propose également

un brevet d’initiation aéronautique. « Dans l’esprit des gens les termes ‘pro’ et ‘technologique’ induisent la saleté, la poussière, mais ce temps­là n’existe plus : nos élèves sont certes en bleu, mais ils pourraient tout aussi bien être en blouse ! », précise­t­il. Car les installations du lycée sont ultra­ modernes, à l’image de son fab lab (laboratoire de fabrication), mais aussi de ses méthodes d’enseigne­ ment, comme la pédagogie inversée. En fait, les filières professionnelles et technologiques « donnent du sens aux matières telles que les mathéma­ tiques, la physique, la chimie » via « l’aéronautique, l’usinage ou la con­ ception ». Autre atout du lycée : « Les ensei­ gnants se déplacent en entreprises,

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ils ont une vision réelle des métiers, cela facilite l’insertion », appuie le proviseur.

 Mobilité internationale Pour faire leur choix ou acquérir de l’expérience, les lycéens ont des périodes de formation en milieu pro­ fessionnel (PFMP) qui peuvent être effectuées à l’étranger grâce à des partenariats avec l’Angleterre, l’Alle­ magne, Atlanta (Etats­Unis) ou encore l’Irlande. Mais d’autres partenariats existent également avec l’École euro­ péenne d’ingénieurs en génie des matériaux de Nancy, l’école nationale d’ingénieurs de Metz (Enim), l’IUT de chimie de Saint­Avold « car la plastur­ gie et les matériaux composites sont aussi un secteur porteur mais il est

peu connu ». Dans leur cursus de for­ mation, les élèves du lycée Charles­ Jully ont la possibilité de partir à l’étranger en stages pratiques de huit semaines. Se lever tous les matins pour regagner les entreprises qui se sont prêtées au tutorat, se plier à la discipline locale, participer à des tra­ vaux durant 8 heures par jour, com­ muniquer professionnellement ou plus simplement avec les familles d’accueil est formateur et enrichis­ sant. « Surtout, il ne faut pas hésiter à aller à l’étranger, précise Daniel Fur­ lan. Il y a aussi à la clé la délivrance de l’Europass mobilité qui représentera un atout non négligeable lors des entretiens de recrutement plus tard. » Olivia FORTIN


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APRÈS LA 3ÈME

UNE PLATE­FORME ACADÉMIQUE Le lycée professionnel Bertrand­Schwartz de Pompey a cette particularité par rapport à tous les autres établissements lorrains formant à la logistique et au transport d’être la plate­forme académique où tous les élèves de l’académie de Nancy­Metz se formant dans ce secteur passent une semaine pour préparer le certificat d’apti­ tude à la conduite en sécurité (CACES) des engins de manutention mécanisés. Ce certificat, nécessaire à l’obtention de leur diplôme, l’est aussi à l’heure de la recherche d’un emploi. Il est valable 5 ans. Entre 320 et 350 élèves en forma­ tion initiale passent cette épreuve de conduite chaque année sur cette plate­forme.

Anthony, Eric et Emerik dans le magasin drive du lycée qui compte un second atelier pédagogique permettant aux élèves de travailler sur d’autres métiers de la logistique en conditions réelles. Photo ER

Les multiples visages de la logistique Du CAP opérateur logistique au Bac pro logistique, le lycée professionnel Bertrand­Schwartz de Pompey forme une centaine d’élèves dans un secteur porteur et aux horizons divers.

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Anthony, Eric et Emerik préparent la commande d’un client. Des produits d’entretien aux articles surgelés, ils procèdent selon un strict protocole. Un exercice en conditions réelles pour les trois jeunes garçons, en classe de seconde Bac pro logistique. Nous sommes dans le magasin drive du lycée professionnel Bertrand­ Schwartz de Pompey en Meurthe­ et­Moselle. Cet atelier pédagogi­ que, de taille conséquente, a été conçu en collaboration « avec les élèves, à partir de leur vécu dans les entreprises », explique Isa­ belle Husson, coordinatrice logis­

tique au sein de l’établissement. « La logistique est un élément important dans le e­commerce », poursuit la jeune femme.

commandes, gestionnaire de stocks, magasinier expéditeur…) dans des entreprises très diffé­ rentes allant des plates­formes logistiques aux grossistes en pas­ sant par les hyper et supermar­ chés, les drive, l’industrie mais aussi le secteur hospitalier ou encore l’armée…. De fait, partout où il y a « de la gestion de flux », résume Isabelle Husson. La palette des avenirs possibles est vaste : « C’est pour cela aussi que l’on incite nos élèves, qui ont 22 semaines de stages au cours de leur cursus de trois années, à changer d’entreprises afin qu’ils aient une vue d’ensemble de la

 « Avoir

une vue d’ensemble » Du CAP opérateur(trice) logisti­ que au Bac pro logistique, l’éta­ blissement forme une centaine d’élèves dans ce « secteur por­ teur », rappelle le proviseur Isa­ belle Jacquot, un secteur qui ouvre des horizons très divers aux jeunes bacheliers profession­ nels. La logistique recouvre en effet une multitude de métiers (réceptionnaire, préparateur de

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logistique ». Un secteur qui requiert certaines qualités, ajoute Isabelle Husson : « Réacti­ vité, polyvalence, autonomie, prise d’initiatives, sens de l’orga­ nisation ». Le lycée affiche de « bons taux d’insertion profes­ sionnelle […] Nos diplômés trou­ vent tous un emploi dans l’année qui suit. Souvent dans l’entre­ prise où ils ont fait leur stage. Même s’ils n’ont pas un CDI immédiatement, ils travaillent, passent parfois par la voie de l’intérim… » Quelques­uns choi­ sissent de poursuivre leurs étu­ des en visant un BTS. Marie­Hélène VERNIER



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APRÈS LA 3EME

EN PRATIQUE La formation GA, sous statut d’apprenti, est dispensée en alter­ nance. L’apprenti bénéficie du même statut qu’un salarié d’entreprise. Il en possède les droits et est soumis aux mêmes obligations. Il bénéficie d’une carte nationale d’apprenti et des avantages qui vont avec. Il a une couverture sociale. Tout au long de sa formation de deux ans, il perçoit une rémunération correspondant à un pourcentage du SMIC déterminé en fonction de son âge et de sa progression dans le cycle de formation.

Les cinq apprentis en alternance de première GA sont immergés dans les conditions de travail d’une entreprise, même au lycée. Photo P.­H.P.

Alterner lycée et emploi, c’est possible ! Ouverte en septembre 2015, l’unité de formation par apprentissage du lycée Tristan­Bernard, à Besançon, permet d’alterner le lycée et l’entreprise, et répond aux besoins de la fonction publique.

L’

Unité de formation par apprentissage (UFA) du lycée Tristan­Bernard, à Besançon (Doubs), a ouvert une section Bac pro en Gestion administration (GA) en septembre 2015. « C’était une très belle opportunité pour nous », précise Jean­Paul Teyssier, le pro­ viseur. « Nous répondions en plus à des besoins très spécifiques de la fonction publique, qui recher­ che des profils comme ceux de nos élèves. » Les deux promotions d’apprentis, accueillies à l’heure actuelle en première et en termi­ nale, sont non seulement appe­ lées à travailler au sein d’entrepri­ ses de petite et moyenne tailles,

mais aussi auprès des collectivi­ tés territoriales, des administra­ tions ou encore des associations.

rience professionnelle pratique et concrète, essentielle pour leurs CV. Rémunérés par leurs employeurs, ils travaillent 35 heures par semaine et alternent le lycée et l’entreprise une semaine sur deux. Ils restent dans le circuit scolaire, mais sont salariés à part entière. Quentin, 19 ans, fait partie des profils atypiques de cette classe de première, composée de seule­ ment cinq élèves. « Je préparais un Cap de conducteur en installa­ tion programmée au CFAI de Temis, à Besançon. Mais la vie en usine ne me plaisait pas. Je voulais continuer l’alternance. J’ai trouvé le Bac pro GA et me suis inscrit.

 Rémunérés

à temps complet Les élèves, âgés de 16 à 30 ans maximum, proviennent d’hori­ zons scolaires différents. On retrouve les « décrocheurs », qui ont besoin d’un travail concret, puis ceux qui ont arrêté le cursus général classique. Tous se rassem­ blent autour des mêmes envies : bénéficier de cours théoriques approfondis dans un domaine autre que celui des métiers tech­ niques de l’industrie ou de l’artisa­ nat et, surtout, acquérir une expé­

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J’en suis très satisfait. » Moïse, Cédric et Sabrina ont préféré abandonner leur seconde géné­ rale pour accélérer leur entrée dans la « vraie » vie et gagner en maturité. Justine, 18 ans, CAP d’esthéticienne en poche, projette un jour d’ouvrir son propre salon. Dans l’immédiat, ils veulent avant tout réussir leur parcours jus­ qu’au BTS. Après, certains pré­ voient de passer un concours de la fonction publique. L’improvisa­ tion leur est étrangère. Ils se sont tous tracé un avenir. Paul­Henri PIOTROWSKY Lycée Tristan­Bernard, Besançon. Contact : Malika Zebbiche, au 03.81.52.00.01.


Interview Les chiffres du CFA d’Epinal

­ 856 apprentis.

Photo Jérôme HUMBRECHT

­ 5 secteurs d’activité : alimentaire (métiers de bouche), automobile (mécanique, carrosserie, peinture), vente et commerce, soin à la personne (coiffure et esthétique), préparation en pharmacie. ­ Des pré­apprentis (2,3 %), des adultes en reconversion (10 %), des post­Bac (11 %), et des post­3e, majoritaires.

et la rigueur. Cela permet aussi aux apprentis de voir ce que font les autres et de se maintenir à un certain niveau. Je pense à Julie Dubois, Meilleur Ouvrier de France en esthétisme en 2015, formée au CFA. La réussite dépend aussi de la qualité des enseignants. On a un enseignant Meilleur Ouvrier de France en boulangerie. Nos professeurs sont très impliqués Grégory Prévot, un jeune formé au CFA d’Epinal en coiffure, est médaillé d’or aux qualifications régiona­ avec les jeunes. les des Olympiades des métiers. Il disputera la finale nationale début mars à Bordeaux. Est­ce que les préjugés persistent sur l’apprentissage ? Les responsables des CFA réaffirment que l’apprentissage Malheureusement, je pense que oui. Et c’est dommage que les parents continuent à penser qu’on envoie des cancres est une excellente voie pour l’insertion professionnelle. dans les CFA. Les jeunes, ici, sont motivés, et ils ont de l’ambition. Ils deviennent salariés et ils ont des responsabili­ tés. Je peux vous dire que les gens qui ne sont pas sérieux, ne tiennent pas trois semaines dans notre CFA, à cause du rythme imposé. Les jeunes acquièrent des savoir­faire et se forment à des métiers dans des domaines qui recrutent. Certains montent leurs entreprises. 90 % de nos maîtres d’apprentissages étaient des apprentis. Quelles sont les nouveautés au sein du CFA ? 88 % de taux de réussite aux examens finaux et 75 % de taux sionnels et 20 h d’enseignements généraux. Cette année, il y a trois mobilités européennes. 40 jeunes vont d’employabilité, tous secteurs confondus. Ce sont les chiffres Comment trouver un maître d’apprentissage ? du Centre de formation d’apprentis (CFA) d’Epinal (Vosges). Les centres de formation en connaissent. On peut trouver partir pendant 15 jours dans une entreprise, en Finlande, au Rencontre avec Emilie Claudel, la directrice. des annonces sur le site de Pôle emploi, le site de la Chambre Danemark et en Allemagne. Et on reçoit également des Pouvez­vous présenter le CFA en quelques mots ? des métiers ou encore le site Saril, moteur de recherche de Finlandais cette année. Grâce à la région, un développeur de Le CFA propose des formations allant du CAP à Bac + 2, et l’apprentissage en Lorraine. Mais le mieux, c’est encore de l’apprentissage entre dans l’équipe à partir d’avril. Il sera là brevet de maîtrise. L’apprentissage est une formation profes­ faire le tour des entreprises de sa ville et de demander si elles pour trouver des apprentis et des entreprises, et les mettre en relation. Cette année, on a aussi remis au goût du jour la sionnelle. Les apprentis alternent entre le centre de forma­ recherchent un apprenti. remise des diplômes pour mettre en avant les jeunes. tion pour apprentis et l’entreprise (une semaine sur trois, en Quelles sont les clés de la réussite du CFA, selon vous ? Propos recueillis par Magali PRETAGUT général). Au CFA, les jeunes sont des salariés. Ils effectuent Au CFA d’Epinal, on considère que les concours sont impor­ Portes ouvertes le 25 mars au CFA d’Epinal. 35 heures par semaine, avec 15 h d’enseignements profes­ tants pour accéder à l’excellence. Cela développe la créativité

« Les jeunes dans les CFA ont de l’ambition »

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des CFA de METZ, FORBACH ET THIONVILLE SAMEDI 18 MARS 2017 (10 heures à 17 heures)

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