ECONOMIE ET TERRITOIRES

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MARDI 18 AVRIL 2017

&

ÉCONOMIE

LES SUPPLÉMENTS DU RÉPUBLICAIN LORRAIN • E57

TERRITOIRES

L’INTERVIEW

Philippe PETITCOLIN

Directeur général de Safran en pages 4 et 5

Ces entreprises lorraines

qui réussissent



ÉDITO



SO M M A I R E NEUF FILIÈRES

L’INVITÉ Pages 4 et 5

Pages 16 à 18

Philippe Petitcolin

Automobile

Directeur Général de Safran. Il a hissé son groupe parmi les trois premiers équipementiers aéronautiques mondiaux.

Pépites

O

n ne se lasse pas de l’écrire. Pas seulement pour prendre le contre­ pied de tous les déclinologues de service qui s’enkystent dans un passé révolu. Mais parce que c’est la meilleure nouvelle survenue depuis des années en Lorraine. Elle devrait être écrite en lettres d’or : l’implantation de Safran à Commercy, c’est notre madeleine de Proust, qui rappelle le savoir­faire industriel et innovant de la Lorraine, et qui relie l’histoire entrepreneuriale de la région à un futur déjà bien amorcé, et s’annonce sous les meilleurs auspices. Les trains qui arrivent à l’heure nous intéressent. Surtout quand la locomotive nous tire vers le concept qui s’instille doucement, mais sûrement, dans le tissu économique, d’Usine du Futur. Ce ne sont pas seulement les chiffres qui éclairent l’économie, c’est aussi et d’abord le dynamisme qui crée la confiance, suscite l’enthousiasme, dope les initiatives, conforte, renforce, les filières déjà existantes, en leur donnant un coup de jeune, fait émerger aussi de nouvelles filières. Le numérique est à cet égard époustouflant, le label Lor’N Tech offre une visibilité plus qu’encourageante.

PORTRAITS

Pages 20 à 24

Industrie ­ matériaux Pages 25 à 27

Aéronautique

Page 6

Carrie­Jane Bernard Directrice de Michelin à Golbey (88)

Pages 30 à 33

Bois

Page 9

Christophe Nicoletta PDG de Nicoletta SA à Vitry­sur­Orne (57)

Pages 34 à 36

Agroalimentaire

Page 10

Xavier Cavin Créateur de Scalable Graphics à Ludres (54)

Pages 38 à 41

Santé

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Virginie Wagon Adjointe de direction chez Dyrun à Nancy (54) et Épinal (88)

Pages 42 à 44

Numérique

Page 13 Pages 46 à 48

Loïc Philippe Créateur de PF Philippe (88)

Tourisme

Page 14 Pages 50 à 54

Jean­Marc Henry Créateur de Cometlux à Thionville (57)

L’industrie et les matériaux, l’aéronautique, le bois, l’agroalimentaire, la santé, le luxe et les métiers d’art participent aussi de belle manière à façonner l’économie lorraine d’aujourd’hui et de demain. Car derrière les « majors », une ruche de pépites plus modestes, plus discrètes, mérite aussi, amplement, le coup de projecteur que ce supplément vous propose avec les portraits d’entrepreneurs et d’entreprises à la diversité foisonnante. Philippe RIVET

Directeur de la publication : L’Est Républicain, Le Républicain Lorrain et Vosges Matin : Christophe MAHIEU. Rédacteur en chef : Jean­Marc LAUER Coordinateurs du supplément : Jean­Marc KLEIS et Philippe RIVET Ce numéro a été réalisé par les rédactions, les services commerciaux et l’atelier graphique de L’Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin. Illustrations : les photographes de L’Est Républicain, du Républicain Lorrain et de Vosges Matin.

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Luxe ­ Métiers d’art


Philippe Petitcolin Fils unique d’un couple d’agriculteurs d’un petit village, Bannoncourt (Meuse), Philippe Petitcolin, 64 ans, est depuis avril 2015 un grand patron: le directeur général de Safran, le géant mondial français de l’équipement aéronautique et de la défense. Surnommé en interne Littlefish, ce licencié en mathé­ matiques a un profil atypique parmi les dirigeants du CAC 40 souvent centraliens, polytechniciens ou énarques. Considéré en raison son âge comme « un pape de transi­ tion » à sa nomination après avoir dirigé les plus prestigieuses filiales, Snecma (moteurs d’avion), Sagem (Défense et électronique) et Morpho (Sécurité), Philippe Petitcolin s’est révélé bien plus que cela. En deux ans, il a décidé de réorienter Safran sur l’aéronauti­ que et la défense, en préparant la vente des activités sécurité et a annoncé une OPA amicale sur Zodiac pour hisser son groupe parmi les trois premiers équipementiers aéronautiques mondiaux. « Depuis 2 ans, c’est extraordinaire. Passionnant à 200 % ! », confie celui qui va rester plus longtemps que prévu. Le conseil d’administration souhaite repousser la limite d’âge du directeur géné­ ral à 68 ans. En 2016, Safran (66.000 person­ nes, 15,8 milliards € de chiffre d’affaires) vient aussi de dégager un résultat opération­ nel record de 2,4 milliards € avec une marge de 15,2 %.

P

hilippe Petitcolin, vous dirigez Safran depuis deux ans et avez annoncé une OPA sur Zodiac. Pourquoi ?

Diriger Safran, c’est extraordinaire et passion­ nant à 200 %. Nous essayons de faire bouger le groupe pour le rendre encore plus performant face à la concur­ rence internationale. C’est essentiel pour ses salariés, ses clients et ses actionnaires. Aujourd’hui, Safran, c’est de l’aéronautique, de la défense et de la sécurité. L’acti­ vité sécurité avait été confortée avec un chiffre d’affai­ res porté à près de deux milliards d’euros. Mais nous avons pris la décision stratégique de recentrer Safran sur l’aéronautique et la défense. Cette activité de sécu­ rité est donc en train d’être vendue et le rachat de Zodiac ferait de Safran le deuxième équipementier aéronauti­ que mondial et la troisième société aéronautique mon­ diale hors avionneurs, derrière les Américains UTC et General Electric. Safran, en 2020, ce serait 21 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 92.000 salariés. Safran a beaucoup de complémentarités avec Zodiac. Nos pro­ duits sont différents et nous ne sommes pas dans les mêmes pays. Sur 33.000 salariés, Zodiac en a 7.000 en France et plus de 50 % sont en Amérique du nord et au Mexique.

de Boeing en réduisant la consommation de 15 %, est une très grande réussite commerciale avec déjà plus de 12.000 commandes. C’est au­delà des objectifs que nous nous étions fixés. Il équipera aussi le nouveau C919 du Chinois Comac. Les livraisons ont débuté avec 100 moteurs en 2016. Les objectifs sont de 500 moteurs en 2017, 1200 en 2018, 1800 en 2019 et 2000 à partir de 2020. Notre plan de production est calé jusqu’en 2023­2024. Les capacités de Commercy sont conformes à ces besoins. Le démarrage y a été un peu difficile car la technologie des aubes et carters en composite n’était

Cette décision est­elle une réponse aux évolutions de l’économie mondiale ? C’est un levier de compétitivité pour Zodiac et Safran. Le besoin de voyager se développe partout. L’aéronautique est un marché d’avenir. Il va doubler en 20 ans avec une croissance de 4,5 à 5 % par an. Le taux de progression du trafic aérien a été de plus de 6 % en 2016. Pour y répon­ dre, il faut des avions et de nouvelles infrastructures aéronautiques, en Asie notamment. En Chine et en Inde, nous travaillons au renforcement de nos implantations. Dans la défense, avec le réarmement, les budgets sont à la hausse.

pas facile à appréhender. Nous sommes satisfaits de la montée en puissance et des performances actuelles de Commercy. Comment les évolutions géopolitiques et la mondiali­ sation influencent­elles vos décisions ? Nos décisions s’appuient sur une veille économique très pointue par des équipes spécialisées ainsi que sur nos représentants dans les grands pays qui nous remontent les informations pouvant toucher nos business à court et long terme. Par exemple, la démission d’un ministre dans un pays où nous avons des usines ou avec qui nous négocions des contrats, ou le choix politique d’un pays comme la Chine de se renforcer dans l’aéronautique pour construire des avions de plus de 100 places, dont le C919, et des moteurs. Les Chinois sont en train de réussir et seront demain des concurrents, tout en restant des partenaires. Comment analysez­vous les premières décisions de Donald Trump ? Il faut attendre de voir ce qui se passe entre les promes­ ses, les annonces et les actes. Nous sommes très implan­ tés aux Etats­Unis. Boeing est notre premier client. Aux Etats­Unis comme ailleurs, toute évolution politique ou économique, comme les droits de douane, pouvant remettre en cause la compétitivité est susceptible de modifier notre stratégie industrielle. En plus, ces choix ne pèsent pas que sur les Etats­Unis. Par exemple, au Mexique, nous avons dix usines toutes récentes. Dans le secteur aéronautique, le retour sur investissement est lent et nos implantations industrielles sont des projets à long terme. Nous devons avoir une grande capacité

Le moteur Leap pour l’Airbus A320neo et le Boeing 737MAX dont des pièces sont produites à Commercy est un atout. Le succès est­il au rendez­vous ? À peine né, le Leap, qui répond à la demande d’Airbus et

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« S’adapter et anticiper » données. Je crois beaucoup à la maintenance prédictive basée sur une meilleure analyse pour améliorer les pro­ duits, réduire les coûts et anticiper les besoins. Quel conseil à un patron de PME ?

d’adaptation et d’anticipation pour éviter à Safran de se retrouver dans une situation difficile pour des raisons politiques. La France est à l’heure de la Présidentielle. Quel est l’impact pour Safran ? Les entreprises mondiales comme Safran ne peuvent raisonner à l’échelle d’une nation. Nous sommes des entrepre­ neurs et des citoyens. Nous veillerons à ce que la France con­ serve la majeure par­ tie de nos activités, en particulier la recher­ che et le développe­ ment, tant que les politiques ne remettront pas en cause cette compétitivité et celle de nos ingénieurs. Par exemple, le crédit impôt recherche est essentiel. Ce serait une grosse erreur de modifier ce dispositif qui est, pour Safran et d’autres, un atout pour la France. Hors activité sécurité, il représente pour Safran 140M€ de crédit d’impôt, ce qui est loin d’être marginal.

sur la souplesse de l’action et de l’initiative pour devenir un acteur incontournable. Cela peut aussi fonctionner dans l’automobile. La réussite des grands acteurs de la nouvelle économie est guidée par une logique de rup­ ture par rapport au secteur, à l’existant, et aux acteurs dominants. Est­ce possible chez un géant comme Safran ? C’est plus compliqué à mettre en place. Nous sommes plus dans la consolidation par l’évolution et l’innovation. Néan­ moins, nous investis­ sons dans la recher­ che et la technologie 400 M€ en 2016 avec un objectif de 550 M€ en 2020 pour faire émerger de nouvelles idées dans les datas, les algorithmes, les nouveaux matériaux, les architectures, la propulsion électrique ou le 3D manufacturing. A Saclay, une équipe travaille sur les projets et innovations de demain et après­demain. Toutefois, je ne suis pas sûr que nous excellions dans la recherche avec le degré de folie et de fantaisie susceptible d’alimenter des ruptures comme celles d’Elon Musk.

« Le marché de l’aéronautique va doubler en 20 ans »

Quel est votre regard sur les nouveaux acteurs de l’économie à l’image de votre concurrent dans le spa­ tial, Space X ? Elon Musk est arrivé sur ce marché avec des idées nou­ velles et il nous a obligé à regarder les choses autrement, avec une démarche plus technique, plus fluide et moins administrative. Nous étions sur un modèle des années 60. Space X nous fait passer au 21ème siècle et s’appuie

Qu’en est­il du numérique ? C’est l’outil de la compétitivité. Il faut l’intégrer le plus vite possible. Chez Safran Analytics, depuis 2015, 60 ingé­ nieurs explorent les algorithmes et les données. Toutes nos machines numériques et les dizaines de capteurs sur nos produits en service génèrent des milliers de 5

Ce sont des gens très investis. Ils doivent s’accrocher et consolider leur business. Dans notre secteur, nous tra­ vaillons avec beaucoup de PME et nous regrettons de ne pas travailler dans la durée avec des entreprises plus grosses capables d’encaisser les coups durs, car la vie industrielle connait des aspérités qui peuvent avoir de lourdes conséquences. Mon conseil est de ne pas avoir peur de se fédérer, de s’associer et surtout de se préparer dans la durée pour être plus fort à terme. Safran achète plus de 50 % de ce qu’il produit. Plus les PME seront fortes, plus l’ensemble de la chaine s’en trouvera renfor­ cée. Propos recueillis par Sébastien GEORGES Photos Franck LALLEMAND


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PORTRAIT

CARRIE-JANE BERNARD  DIRECTRICE DE MICHELIN GOLBEY (88)

« Je n’ai pas hésité deux secondes » Arrivée dans les Vosges en 2014, en provenance des Etats­Unis, Carrie­Jane Bernard dirige 600 personnes sur le site Michelin de Golbey. Une tâche qu’elle mène tout en douceur.

M

ême si elle maîtrise parfaitement notre langue, son accent ne peut trahir ses origines. En l’occurrence la Nouvelle­ Écosse, province située sur la côte atlan­ tique du Canada. Un pays où résident ses deux enfants. (24 et 21 ans). En revanche, son mari a suivi son épouse en France. Et plus précisément à Golbey où Carrie­Jane Bernard a été nommée en 2014, direc­ trice du site Michelin. « Lorsque j’ai eu cette proposi­ tion, je n’ai pas hésité deux secondes », confie celle qui a effectué une grosse partie de sa carrière chez le fabriquant de pneus. Néanmoins, c’est chez Exxon (pétrole) que l’ingénieur en mathématiques et méca­ nique est entrée dans le monde du travail. « J’y suis restée sept années avant de rejoindre le groupe Michelin en 1992. J’ai travaillé au Canada sur les trois sites de Pictou, Bridgewater et Waterville, avant de partir en Caroline du Sud. A Greenville, le siège de Michelin aux Etats­Unis, j’occupais les fonc­ tions de chef de fabrication. Dans le même temps j’étais consultante dans 21 usines pour mettre en place un système de gestion. »  Facilité d’adaptation Responsable de l’usine golbéenne et de 600 salariés environ, Carrie­Jane Bernard a rapidement trouvé ses marques. « J’avais très envie de travailler à l’étranger. Par le passé, j’étais venue à deux reprises à Golbey pour y faire de la formation. Et puis j’avais déjà l’expérience d’une usine de renforts métalli­ ques. » Aucun souci d’adaptation donc pour Madame la directrice qui, de surcroît a trouvé tout ce qu’elle cherchait dans les Vosges (voir par ailleurs).  « La gestion des gens » Une adaptation facilitée aussitôt et surtout par son approche très paternaliste des personnes qui l’entourent. Un large sourire, une poignée de main franche facilitent grandement les choses. « Pour moi », explique­t­elle très modestement, « le plus important, c’est la gestion des gens. Mon rôle est de réunir toutes les conditions pour bien travailler. » Si son investissement est total, Carrie­Jane Bernard ne cache pas non plus que les salariés de Michelin, à Golbey plus particulièrement, sont très réceptifs.

Photo d’archives Jérôme HUMBRECHT

« Ils n’ont pas peur du travail et quand ils s’engagent c’est dans la durée. J’apprécie également leur loyauté. » Bien sûr, comme partout ailleurs, il y a des hauts, mais aussi parfois des bas. Une entreprise de 600 personnes demande beaucoup d’attention. L’expérience aidant, Carrie­Jane Bernard fait face avec beaucoup de discernement. « Le 11 mai pro­ chain, cela fera 25 ans que je suis chez Michelin. J’ai

Claude GIRARDET

Supportrice du club de basket Si Carrie­Jane Bernard et son mari souffrent parfois de l’éloi­ gnement avec leurs enfants, Allison et Shane, ils ont trouvé dans les Vosges et à Epinal, ce qu’ils cherchaient. « Epinal possède tous les atouts d’une grande ville sans en avoir les inconvénients. Et puis on n’est pas loin de Nancy ou de Paris. On adore les randonnées sur les sentiers vosgiens. Mon mari joue au golf, et moi j’aime faire du ski. On supporte aussi le Get Vosges (club de basket, N.D.L.R.). On se sent vraiment très bien ici. En plus, on mange bien en France et le vin est excellent. »

CONTACT

MICHELIN 

toujours aimé mon travail. Je pense que l’on peut toujours travailler ensemble, et surtout, on trouve toujours la façon de le faire. » Et de bien le faire. C’est pour ça que la Vosgienne d’adoption n’a pas envie que ça change. « On est bien dans les Vosges », lâche­t­elle dans un grand sourire.

6, rue du Xay 88 190 Golbey www.michelin.fr

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PORTRAIT

NICOLETTA  Christophe, au nom des siens VITRY-SUR-ORNE (57)

A la tête du numéro deux de la peinture sur le grand quart Nord­Est, Christophe Nicoletta est, à 50 ans, un des entrepreneurs les plus emblématiques de la région.

Photo Gilles WIRTZ

L

orsqu’en 1907 Michel Nicoletta, immigré ita­ lien originaire du Val d’Aoste, pose ses valises en Lorraine pour y ouvrir une entreprise, il ne se doute pas que celle­ci fleurira encore cent ans après son arrivée. Et pourtant. Cette année, Chris­ tophe Nicoletta, arrière­petit­fils de Michel, fêtera les 110 ans de l’entreprise familiale, « une année particu­ lière », se réjouit­il. Spécialisée à l’origine dans le net­ toyage industriel, notamment celui de coupeurs desti­ nés à récupérer le gaz des hauts­fourneaux, l’entreprise est rapidement confrontée à l’inévitable combat de l’acier contre la rouille, et donc fortement incitée à se mettre à la peinture industrielle. Dans les années 70, la société Nicoletta est identifiée comme le spécialiste en la matière, réalisant des prestations pour les grands industriels de la région. Chaque géné­ ration ayant su apporter sa pierre à l’édifice : la 2e profitant de l’essor de la sidérurgie quand la 3e doit composer avec le déclin de cette dernière, s’ouvrant parallèlement aux marchés des DOM­TOM. A la fin de ses études de commerce et après une année plus sabbatique que linguistique passée à Miami B, le jeune Christophe est confronté à un choix cornélien : rentrer dans l’entreprise familiale ou trouver un tra­ vail. « J’ai choisi la deuxième option et je suis entré dans la grande distribution, chez Bardinet, un des leaders français du rhum », raconte­t­il. « Après, j’ai enchaîné comme commercial chez Reebok, marque emblématique, avant d’être débauché par le groupe L’Oréal où j’ai été directeur régional Nord­Est pour la marque Kératase. » Année 2000, le jeune homme a 33 ans et se sent prêt pour prendre son envol à l’étran­ ger, porté par L’Oréal. Seulement au même moment l’entreprise familiale bat de l’aile, obligée de déposer le bilan alors en pleine difficulté. Pas question de lâcher l’héritage bâti par son arrière­grand­père. « Je tente le pari fou de reprendre la boîte, avec l’objectif d’arrêter de perdre de l’argent et d’essayer d’en gagner », se souvient Christophe, nommé à l’époque Dircom. « Avant les années 2000, l’image de Nicoletta est uni­ quement concentrée autour de la peinture indus­ trielle. Cette image il a fallu la reconstruire. » Il s’attelle à la tâche, aidé par son expérience d’un autre métier et naturellement porté par sa culture de marque et d’image acquise chez L'Oréal. Le 30 juin 2006, Christo­ phe Nicoletta prend la présidence du groupe annon­

« Avant les années 2000, l’image de Nicoletta est uniquement concentrée autour de la peinture industrielle. Cette image il a fallu la reconstruire. »

çant par la même occasion son futur départ, qu’il fixe au 31 décembre 2026. Une façon pour lui de garantir sécurité et pérennité : « Quelle que soit la société, il ne faut pas s’accrocher à un poste afin d’éviter les décon­ nexions entre générations. Il faut garder cette lucidité

Clara HESSE.

Déménagement et visibilité Nicoletta Groupe compte en 2017 14 agences dans toute la France, 250 salariés et 30 millions d’euros de chiffres d’affaires. Nicoletta Groupe prépare le déménagement de son siège social à Metz, pour l’heure installé à Vitry­sur­Orne. « Nous serons près du Waves, accolés à l’autoroute. Nous gagnerons en visibilité et dans 2 à 3 ans nous serons plus forts », assure le PDG. Le dernier axe à soutenir est l’ouverture du groupe Nicoletta à l’international, marquée par la remise en peinture du Pont Grande­Duchesse Charlotte et la création prochaine d’une agence au Luxembourg : « Nicoletta Lux ».

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NICOLETTA 

et le dire autant en amont permet de donner des perspectives aux autres », estime le PDG désireux de voir l’histoire familiale se poursuivre avec, pourquoi pas, la 5e génération.

13/15 rue de Gandrange 57185 Vitry-sur-Orne www.nicoletta.fr

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PORTRAIT

SCALABLE GRAPHICS  L Il a coupé les fils de la réalité virtuelle UDRES (54)

HTC et d’autres grands fabricants sont en contact avec Xavier Cavin, le créateur de cette PME issue de l’Inria Nancy Grand Est, l’une des rares à avoir participé au dernier CES de Las Vegas

L

a réalité virtuelle c’est bien. La réalité vir­ tuelle sans fil, c’est mieux. Une start­up déve­ loppe une solution qui permet de s’en passer. Et qui tient dans un tout petit boîtier. Scala­ ble Graphics a présenté son prototype au dernier Consumer Electronic Show de Las Vegas, le plus grand salon d’électronique du monde. Son atout principal, c’est sa « latence » ­ c’est­à­dire le temps de transmission des données, du PC ou depuis un ser­ veur, jusqu’au casque : 8 millisecondes sur HTC Vive. Autrement dit, elle est imperceptible, ce qui rend « l’expérience immersive » encore plus bluffante d’autant que les câbles qui risquaient de s’emmêler ont disparu. Un record inégalé malgré « les multiples annonces des grands fabricants qui n’ont sorti aucun produit », ironise Xavier Cavin, le fondateur de Scalable Graphics, qui a noué des contacts avec certains d’entre eux, dont HTC. Et commercialise depuis avril les premiers boîtiers auprès des indus­ triels qui travaillent avec la réalité virtuelle.  Solution de streaming pour application Scalable Graphics est issue de l’Inria Nancy Grand Est. À l’époque, Xavier Cavin participe au programme CRVHP (Calcul réseau visualisation haute perfor­ mance) dans le cadre du contrat plan État Région. « Il s’agissait de mutualiser les ressources de calcul et de visualisation et de réseau pour les labos de biolo­ gie, chimie, informatique, architecture, géologie… En clair, nous devions mettre à leur disposition un supercalculateur » se souvient l’ancien doctorant qui a eu alors une idée géniale, astucieuse et moins onéreuse : utiliser « une grappe de PC » pour la visualisation en 3 D. « Voilà comment nous avons développé un premier logiciel : DVIZ pour Distribu­ ted vizualisation »,. Et voilà comment est né Scalable Graphics. Nous sommes en 2007. C’est à partir de DVIZ que Scalable graphics a développé un autre logiciel de prototypage virtuel pour le compte de PSA Peugeot Citroën avant de mettre au point CGX, une « techno » dérivée qui permet d’utiliser des applications 3D à distance depuis des serveurs, en réduisant la « latence ». À force d’innover, Scalable Graphics est parvenu à « streamer » une appli de réalité virtuelle depuis serveur ou un PC ». La tech­

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SCALABLE GRAPHICS 

Alors qu’il était doctorant, Xavier Chavin a eu l’idée de faire travailler plusieurs PC pour remplacer un supercalculateur.

nologie CGX a donné naissance à une autre société « Game Stream » qui opère dans le « cloud gaming » le jeu à distance, mais exclusivement pour les hôtels, croisières, yachts. Fin mars, Scalable graphics a parti­ cipé au Laval Virtual, le grand rendez­vous des pro­ fessionnels de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, un salon davantage BtoB que celui de

Las Vegas ». Composée d’un chercheur et trois ingé­ nieurs, la PME, 300.000 € de chiffre d’affaires en 2016, n’envisage pas de quitter ses locaux très discrets, à Ludres, près de Nancy, à peine plus grands que le garage de Steve Jobs. Saïd LABIDI

Un coup dur et un rebond L’aventure de Scalable Graphics a commencé par « une galère ». En 2007, la start­up, tout juste créée, développe au sein du laboratoire de géologie un logiciel de visualisation des données sismiques pour la prospection pétrolière pour le compte d’une autre start­up : Earth Decision Sciencies. Mais le contrat a été rompu à la suite d’un rachat de cette dernière par une entreprise américaine. « C’était un coup dur c’est vrai », se souvient le PDG de Scalable Graphics Xavier Cavin « mais on a rebondi. Nous nous autofinançons à 100 % depuis le premier jour ».

266 rue de la Gare 54710 Ludres xavier@scalablegraphics.com

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DYRUN  N E La box sans coupures internet ANCY/ PINAL

Fini les zones grises, les coupures internet. Des box inventées et fabriquées dans les Vosges recherchent les meilleurs réseaux et amplifient le débit. Révolutionnaire !

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énial ! La société lorraine Dyrun vient de trouver une solution pour faire disparaî­ tre les zones grises en téléphonie mobile. C’est du moins la promesse de la box commercialisée depuis début janvier. Fini les coupures internet, les recherches vaines de réseau ! L’appareil est censé doper la transmission des données en optimisant la liaison à partir des antennes relais existantes. Cette technologie d’échange de data audio et vidéo sans fil a été développée par les ingénieurs de Dyrun, ex­Cortex­ Systems. « Contrairement à un smartphone, notre box pos­ sède une intelligence de pilotage des réseaux. Au lieu d’attraper l’antenne la plus proche, la box accro­ che la plus performante, et amplifie le débit existant. On peut passer d’un débit de 2 Mo, à 50 Mo ou 60 Mo. La box fonctionne comme une borne wifi sur laquelle on connecte son téléphone ou son ordina­ teur », explique Virginie Wagon, adjointe de direc­ tion chez Dyrun. La société, qui est vosgienne à l’origine, vient d’inté­ grer le groupe Mentor de Benoît Michaux, fondateur de Partner Finances. Les box sont fabriquées à Raon­ L’Etape et Saint­Etienne les Remiremont. Les bureaux de recherche sont à Epinal. La direction est à Nancy. Une carte Sim est nécessaire pour activer la box. Il peut s’agir d’une carte jumelle de celle présente dans votre smartphone ou votre ordinateur, obte­ nue sur simple demande, comme pour faire fonc­ tionner une tablette. Ou bien d’une carte Sim Dyrun, aux capacités particulières.

Virgine Wagon, adjointe de direction Dyrun, et Mickaël Werzellesi coordinateur de projets Mentor.

« Nous sommes également opérateur de téléphonie mobile. Nous proposons une carte qui va se caler sur l’antenne la plus adéquate, la plus disponible, quel que soit l’opérateur présent », poursuit Virginie Wagon. La carte Sim Dyrun permet donc d’avoir accès à la totalité des antennes relais présentes sur un sec­ teur.

Un prix qui fait réfléchir... C’est la rencontre avec le PDG du groupe Mentor, Benoît Michaux, qui a permis à l’entreprise vosgienne de développer très rapidement son projet et d’envisager un lancement en France, puis en Europe. Des prototypes ont été présentés en septembre 2016 à l’IFA (Internationale Funkausstellung) de Berlin, le plus grand salon des technologies d’Europe, et ont suscité un vif intérêt des visiteurs. La box est vendue depuis janvier 399 € dans sa version mini, grosse comme un paquet de cigarette, avec une batterie de 5 h d’autonomie. Sa version de salon, qui possède les fonctions d’un ordinateur PC, est commercialisée 799 €. Un prix qui peut tout de même faire réfléchir. ..

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Philippe MERCIER

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DYRUN 

16 rue de Malzéville 54130 Dommartemont dyrun.com


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PF PHILIPPE  V V Un salon funéraire personnalisé ITTEL -

OSGES

Lauréat 2016 du Réseau Entreprendre, Loïc Philippe, 34 ans, ouvrira, d’ici quelques mois, un funérarium nouvelle génération à Vittel.

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Photo A.A.

uand on lui dit qu’il ne fait pas un métier comme les autres, Loïc Philippe esquisse un petit sourire. Alors oui, « on ne peut pas s’accommoder de ce métier si on ne l’aime pas. Mais je n’ai jamais ressenti que c’était un métier à part », reprend immédiatement le jeune vittellois d’adoption. Depuis quelques années, c’est dans les pommes funèbres que ce père de famille de 34 ans a trouvé son épanouissement professionnel. Au point de monter aujourd’hui son entreprise, sur les hauteurs de Vittel. En gestation durant plusieurs mois, son projet vient d’être validé et son funérarium ouvrira d’ici quel­ ques mois dans la cité thermale. « Dans les premiers deuils que j’ai suivis, je me suis senti utile. J’ai servi à quelque chose auprès des familles et c’est rare de trouver ça dans un métier. Un métier dans lequel les gens viennent vous dire merci ! »  Un accompagnement individualisé Son projet, c’est celui « d’une vie. » Alors, en cher­ chant des financements ici et là, Loïc Philippe tombe, par hasard, sur le Réseau Entreprendre, « sans que personne ne m’en ait parlé auparavant. » Un dossier et plusieurs entretiens plus tard et voilà le Vosgien devant la commission finale, qui récom­ pense les entreprises innovantes. Mais au juste l’innovation dans les pompes funèbres, ça donne quoi ? « Je compte apporter, dans mon approche des deuils et dans l’accompagnement des familles, beaucoup de nouvelles technologies notamment du numérique avec des photos, des vidéos, de la musi­ que aussi. Afin que les familles puissent être autono­ mes dans les salons, gérer plusieurs paramètres en même temps, en fonction des gens qui seront reçus. Les familles vont pouvoir personnaliser le salon funéraire à l’image du défunt. »

A 34 ans, Loïc Philippe a une nouvelle vision des funérariums. Son entreprise vittelloise en sera un parfait exemple.

Loïc Philippe bénéficie désormais d’un accompagne­ ment individuel assuré par un chef d’entreprise vos­ gien, également membre du réseau qui lui apporte « son expérience de chef d’entreprise mais aussi une vision objective de l’entreprenariat. Avec Laurent

Adeline ASPER

Le bâtiment bientôt construit Confié à l’architecte vittellois Stéphane Deloy, le bâtiment pensé par Loïc Philippe disposera de deux chambres funéraires, d’un espace de vente avec des articles funéraires et d’un bureau pour recevoir les familles. Le bâtiment fera 125 m², sera blanc et dispo­ sera de quelques incrustations de bois, de plain­pied avec un toit plat. Quelque chose de très sobre. Pour les familles, un parking sera installé à l’avant du bâtiment et l’entrée du funérarium se fera à pied, par l’arrière. Le voisinage a également été pris en considéra­ tion. Un mur végétal est prévu entre la résidence actuelle et l’entrée du funérarium et à une distance respectable par rapport au grillage délimitant les deux parcelles.

Ces arguments ont convaincu un jury composé du président Dominique Evrard et de neuf chefs d’entreprise du grand est.

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PF PHILIPPE 

Cuny, qui m’accompagne, je prends beaucoup de recul et nous sommes complémentaires. » Des con­ seils doublés d’un prêt d’honneur pour aider le jeune patron à investir dans son projet.

462, rue Calouche 88 800 Vittel pfphilippevitel@gmail.com

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PORTRAIT

COMETLUX  T M « L’éclairage est en train de muter » HIONVILLE -

OSELLE

Jean­Marc Henry a créé son entreprise il y a quatre ans. Elle est spécialisée dans l’ingénierie en éclairage, conception de lumière et distribution de luminaire LED.

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« L’éclairage dans un lieu peut être statique, mais on peut imaginer une détection de présence et de lumi­ nosité dans l’univers pro et particulier. L’éclairage et en train de muter ». Avec Cometlux « on définit avec le client ce qu’il veut : réduire les coûts ? Garantir la fiabilité de son installation ? Améliorer la qualité de son éclairage ? On a une approche basée sur le besoin et ensuite on fournit le matériel et on le met en œuvre ». Et tout ça pour les commerces où « l’éclairage est vecteur de vente, ou encore pour les

Photo Franck LALLEMAND

ean­Marc Henry a 51 ans et une énergie débor­ dante. Originaire de Meuse, il effectue des études techniques puis entre en école d’ingé­ nieur à Paris. « J’ai fait une carrière dans l’industrie en dehors de la Meuse dans la microélec­ tronique et les quinze dernières années sur le photo­ voltaïque et les LED au niveau des composants ». Et toujours dans des entreprises high­tech et des pro­ duits « toujours en avance. J’ai une approche techni­ que de mon métier ». Après 25 années comme mana­ ger dans l’industrie, Jean­Marc Henry a décidé de « lancer quelque chose sur un marché porteur ». Il y a quatre ans, il fonde Cometlux dont le siège social est à Verdun mais l’entreprise à Thionville. « Le busi­ ness en Meuse n’est pas top », souligne­t­il. « J’avais commencé à Commercy pendant un an. Rien ne s’est passé. À Thionville, ça se développe ». Parallèlement, il crée Heco Électricité pour la mise en œuvre. En tout, les deux entreprises emploient cinq personnes. L’objectif est de « maîtriser l’électricité, le courant faible dans un lieu » avec câblage et précâblage en informatique, vidéo, sono, domotique… Jean­Marc Henry : « Je crée de la valeur en local et une maintenance en local ».

bureaux », souligne Jean­Marc Henry. « Pour une usine, c’est encore différent. Chaque environne­ ment a ses spécificités ». Cometlux travaille avec Ageilor, une société verdunoise qui « développe et assemble des têtes d’éclairage. C’est de l’éclairage public fait à Verdun avec des pièces détachées à Verdun et Thionville. Je crée de la valeur en local et

une maintenance en local ».

Deux produits en développement « Deux produits sont en développement avec Ageilor », précise Jean­Marc Henry. D’abord dans le monde de l’agriculture. Pour faire simple, les vaches en stabulation produisent moins l’hiver. En effet, la luminosité est faible durant cette période. Jean­Marc Henry a imaginé la possibilité « d’un éclairage plus confortable » et grâce à cela, les animaux pourraient produire plus. « Le retour sur investissement est de deux à trois ans avec ce système ». Le second projet en cours de développement concerne les com­ merçants. L’idée ? « Des vitrines dynamiques avec une anima­ tion lumineuse ». Un système qui passe via une application pour tablette et une liaison sans fils. « En Meuse, économiquement, il faut partager des projets et faire des partenariats. Il y a plein de choses à faire », confie­t­il.

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Frédéric PLANCARD

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COMETLUX 

20 Boucle du Ferronnier Linkling 2 57100 THIONVILLE thionville@cometlux.fr



AUTOMOBILE

1er

EMPLOYEUR PRIVÉ C’est PSA qui est le premier employeur privé de Lorraine et même du Grand Est avec des sites à Trémery, Mulhouse et Charleville­Mézières.

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CONSTRUCTEURS PSA, Renault et Daimler constituent les trois marques représentées dans le Grand Est.

30 %

DE LA PRODUCTION FRANÇAISE En matière d’automobile, le Grand Est produit 30 % de la production nationale avec 85 000 emplois directs.

« Miser sur la valeur ajoutée » L’automobile est indissociable de la région Grand Est. L’objectif consiste à développer de nouvelles technologies pour ancrer les moyens de production.

Q

uel est le poids de la filière automobile en Lorraine et dans le Grand Est ?

Vincent CAREL, de la CCI Grand Est, et délégué à l’Association régionale des industriels de l’automo­ bile : “Sur la Lorraine, cela représente 30 000 emplois directs. Le double en indi­ rects si l’on prend, en amont de la filière, la production de biens d’équipements… Le tout réparti sur 300 établissements, dont au moins 20 % de leur production est liée à l’automobile. En élargissant au Grand Est, on serait à 85 000 salariés en emplois directs déployés sur 700 sites. Avec 500 000 véhicules sortis des chaî­ nes, cela représente 30 % de la produc­ tion en France. PSA reste le premier employeur privé avec ses trois sites de production.” Les perspectives sont­elles positives ? V. C : “Dans l’ensemble, on se situe davantage sur du maintien. Mais, chose importante à signaler, l’emploi se trans­

forme. Il se tourne vers des technologies du futur : des métiers liés à la robotique, la digitalisation, et tout ce qui concerne l’automatisme.” Comment cela se traduit­il ? V. C : “ On observe une montée en gamme des métiers liés à la conduite d’unités de production. La « cobo », comme on dit dans notre jargon. En clair, du travail en collaboration avec des robots. Cela va dans le bon sens : supprimer des emplois générant des troubles patholo­ giques chez des salariés pour se concen­ trer sur la valeur ajoutée. On le voit notamment à la Sovab avec leurs inves­ tissements sur les chaînes de montage. C’est justement un argument pour ren­ dre plus attractifs les métiers de l’auto­ mobile auprès des jeunes ! On a une image à changer.” Quels sont les axes de développement des entreprises ? V. C : “Chez les consommateurs, on note un changement dans la perception du

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produit. Du coup, cela fait naître le déve­ loppement de nouvelles technologies embarquées au sein de l’automobile. Et plus de 50 % de l’innovation vient des équipementiers. Mais d’une manière générale, de plus en plus de construc­ teurs s’intéressent à des start­up. Exem­ ple avec PSA à Trémery. Fflor, pour Future factory@Lorraine, est la dernière née des plate­formes CEA Tech, issue du Pacte Lorraine. La plate­forme Fflor (notre photo), implantée au cœur de l’usine, développe et teste en conditions opérationnelles des technologies numé­ riques pour l’usine du futur.” Quel est votre rôle vis­à­vis des cons­ tructeurs, des équipementiers ? V. C : “ L’enjeu est de faire prendre cons­ cience à des sous­traitants d’investir dans les matériaux, l’hybridation, l’élec­ trique. On cherche à donner des coups de pouce et ancrer sur le territoire des moyens de production, des sites à forte valeur ajoutée.” Propos recueillis par Olivier CHATY


Économie  &T  erritoires

AUTOMOBILE

PSA  Trémery : après l’essence, l’électrique

TRÉMERY (57)

Un an après avoir obtenu la fabrication du moteur essence EB Turbo, l’usine de Trémery a décroché celle du futur moteur électrique de PSA. De quoi envisager l’avenir avec sérénité.

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Karim SIARI

écidément, les années se suivent et se ressem­ blent pour l’usine de Trémery. En 2015, l’usine mosellane spécialisée dans la fabrication de moteurs avait décroché, de haute lutte, la fabrication du moteur essence EB Turbo au détriment

de l’usine espagnole de Vigo. L’annonce du patron de PSA, Carlos Tavares, s’était même faite en présence du président de la République, François Hollande. En 2016, c’est une autre bonne nouvelle qui a été présentée aux salariés de PSA Trémery. Plutôt à la traîne jusqu’à pré­ sent dans le domaine des véhicules électriques, PSA a décidé d’accélérer son développement dans ce domaine (ainsi que dans l’hybride) avec la sortie annoncée de plusieurs véhicules électriques d’ici 2021. Et à qui a été confiée la fabrication des futurs moteurs électriques ? À Trémery encore une fois.  Un record de production en 2017 ?

Trémery, une usine clef dans la stratégie de PSA.

Plus grosse usine de moteurs diesel au monde, Trémery va donc voir son activité se diversifier de façon impor­ tante au cours des prochaines années. Dans un con­ texte de baisse significative des parts de marché du diesel, cette diversification a justement permis de rassu­ rer les salariés de PSA en Lorraine. Plus gros employeur privé en Moselle avec près de 4 950 salariés, dont 520

intérimaires, le pôle industriel Trémery­Metz – qui com­ prend l’usine de Trémery et celle de Metz où l’on fabri­ que des boîtes de vitesses – a désormais quelques soli­ des garanties pour l’avenir. Après avoir produit 1,9 million de moteurs en 2016 (dont 1,5 million de diesel), l’usine de Trémery pourrait battre des records en 2017 et franchir la barre symbolique des 2 millions de moteurs. C’est l’objectif affiché par le directeur du pôle, Laurent Vergely. Quant à l’usine de Metz, où ont été produites près de 900 000 boîtes de vitesses en 2016, son carnet de commandes est bien rempli et lui assure une stabilité de production au cours des trois ans à venir. Fabien SURMONNE.

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Pôle Industriel Trémery-Metz 57301 Hagondange site.groupe-psa.com/tremery-metz/fr

SOVAB  B Sur une belle trajectoire

ATILLY (54)

Des crises, la Sovab, en a traversées. Mais cette fois, l’embellie se confirme pour l’usine qui assemble les plus gros utilitaires Renault. Avec à la clé des embauches en CDI et des investissements.

Pour mieux se convertir à la tendance du moment, l’usine accrochera une nouvelle corde à son arc avec la déclinaison du Master en version électrique ! Les pre­ miers exemplaires doivent sortir des chaînes en fin d’année. Ils seront dépourvus du soubassement méca­

nique pour être envoyés vers la société PVI, spécialiste de la conversion de véhicules industriels au gaz natu­ rel ou à l’électrique. Une entité basée en Ile­de­France, acquise récemment par le groupe Renault.

Photo Samuel MOREAU

S’

il est une usine qui voit l’avenir (proche) en rose, c’est bien la Sovab. La demande com­ merciale des Renault Master conserve un niveau élevé. Mieux, l’utilitaire de la mar­ que au losange, grand frère du Trafic, décroche de nouveaux marchés à l’export : exemple avec l’Angola. Le pays a commandé 800 Master qui seront aussitôt transformés en ambulance. Pour la Sovab, ne subsiste à l’horizon qu’un seul bémol, qui n’est pas de son fait : le Brexit. Il pourrait faire naître une instabilité des marchés outre­Manche. En effet, une partie des Mas­ ter produits à Batilly filent vers le Royaume­Uni. Pour la conduite à droite, les fourgons sont badgés Vaux­ hall, marque britannique du constructeur Opel.

Pour mener à bien une production élevée – elle se situe aujourd’hui à 610 véhicules/jour –, la Sovab a récemment embauché 80 salariés en CDI, soit un total de 254 en deux ans. L’usine fonctionne avec une équipe de nuit, laquelle a pu récemment accroître de 23 unités le volume de Master assemblés. Et ainsi franchir la barre symbolique des 600 utilitaires sortis des chaînes en moyenne par tranche de 24 heures. Enfin, en 2017, ce sont 15 millions d’euros qui seront investis lors des fermetures de l’usine en août et durant les vacances de Noël. Histoire de moderniser encore l’usine, en supprimant notamment des tâches trop physiques pour des opérateurs. Objectif affiché : devenir la meilleure usine de fourgons d’Europe. O. C.

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Javier Novo, directeur de Renault Sovab.

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Zoning Industriel 54980 Batilly


Économie  &T  erritoires

AUTOMOBILE

LA PASSION DES ANGLAISES

 NOMEXY

Il bichonne les sujets de sa majesté Véritable autodidacte, Stéphane Claudel n’est pas un garagiste comme les autres. Depuis qu’il a 15 ans, il rénove et retape les vieilles voitures de marques anglaises. Avec doigté et patience. « Durant 12 ans, avec mon père, on constituait une chaîne à nous deux. Il s’occupait des carrosseries et moi des moteurs. » Le bouche­à­oreille fonctionnant, Stéphane Claudel s’est fait une clientèle de passionnés en France et en Europe. Qui lui confient leurs Rolls, Bentley, Triumph, Jaguar et autres MG. Dans un état plus ou moins délabré. « Pour refaire une voiture à neuf, il faut compter 1 000 heures de travail à 55 euros l’heure » précise Stéphane Claudel. Qui ne manque pas de travail. Une vingtaine de voitures attendent leur lifting dans son entrepôt. « J’œuvre sur chaque véhicule à tour de rôle selon les arrivages des pièces détachées que je commande en Angleterre. » Trouver la pièce indispensable n’est pas toujours simple. « J’ai réparé une Singer de 1932. Mais quand j’ai cherché des pièces sur internet, je n’ai trouvé que des trucs pour machine à coudre ! » Relooker les petites Anglaises, cela demande aussi des talents d’enquêteur ! Philippe NICOLLE

Photo Ph.B.

I

l y a des coïncidences qui sont étranges. Stéphane Claudel connaît le succès grâce à une Triumph ! Cela ne s’invente pas. « Mon père, Jean­Louis, avait une Triumph mais elle tombait régulièrement en panne. À 15 ans, comme je le faisais sur ma mobylette, je me suis mis à réparer la voiture du paternel. » Et comme Sté­ phane Claudel est plutôt doué, les amis de son père, membres d’un club Triumph, ont vite demandé au « gamin » de regarder de plus près leurs véhicules de collection. « Dans notre rue, il y avait toujours 5 ou 6 voitures stationnées devant chez nous » se remémore le Vosgien. Qui a donc vite sauté le pas. « J’ai fait une forma­ tion en mécanique à Gérardmer et dans le même temps mon père a laissé tomber son emploi à la Sécu à 42 ans pour faire une formation de tôlier à l’AFPA de Yutz. » Une fois le diplôme en poche, le fiston a embauché son géniteur et monté son garage. Avant de changer de lieu pour avoir plus de place. Désormais, c’est dans un ancien supermarché que Stéphane Claudel officie. Seul.

Stéphane Claudel, l’homme aux doigts d’or.

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LA PASSION DES 1 place Peters Nomexy ANGLAISES  88440 03.29.67.61.40

TENNECO  E M Tenneco, les bons tuyaux TAIN -

EUSE

L’entreprise stainoise, fabricant d‘éléments tubulaires de pots d’échappement, profite d’un marché automobile qui reprend des couleurs.

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Photo ER

hristophe Buvignier, 48 ans a commencé sa carrière dans l’entreprise Tenneco, à l’époque Tenneco Automotive, juste après son service militaire en 1992. L’entreprise débutait à peine sa mise en production. Ayant

Christophe Buvignier, directeur de site.

démarré au plus bas de l’échelle à l’atelier, Christo­ phe Buvignier en est aujourd’hui le directeur. Si Tenneco est une compagnie manufacturière mon­ diale en échappement et amortisseur dont le siège se situe en Amérique, à Etain elle est spécialisée dans la fabrication d’éléments tubulaires de pots d’échappement « uniquement destinés à être assemblés sur des lignes de montage de voitures neuves », précise le dirigeant. Malgré un plan de restructuration en 2008, l’entre­ prise qui a subi les aléas du marché a repris du poil de la bête. Elle compte aujourd’hui 72 salariés et 39 intérimaires lui permettant une certaine flexibilité « car le marché automobile est fluctuant ». De ses chaînes de production sortent 3 millions d’éléments tubulaires par an « sachant que plusieurs peuvent aller sur le même véhicule ». L’entreprise stainoise, qui, fut un temps avait pro­

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duit des éléments pour moto (BMW), travaille avec tous les constructeurs dont actuellement Audi, Volk­ swagen, Renault, Mercedes, Ford, Volvo et Jaguar « et d’ici peu nous allons démarrer la production pour Renault Alpine », ajoute Christophe Buvignier. Tenneco est sans cesse en recherche de nouveaux marchés parce que « la durée de vie d’une voiture est d’environ cinq ans. » Avec le dernier gros marché décroché fin 2016 avec Renault pour tout ce qui est utilitaire « on sait qu’on va jusqu’à 2020, mais on se bagarre déjà pour les lignes d’échappement que l’on fabriquera dans trois ans. » Christine CORBIER

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Rue des Fontargues 55400 ETAIN -



X U A I R É T A M INDUSTRIE

Mise au point d’un matériaux intelligent chez Viessmann. Photo archives Anthony PICORE

4000 Fer de lance des matériaux EMPLOIS

Selon l’Union des industries et métiers de la métallurgie Lorraine 4000 emplois seront nécessaires d’ici 2020.

300

ENTREPRISES C’est le nombre d’entreprises de plasturgie en Lorraine pour 14 000 emplois. Les métiers et procédés évoluent et s’intègrent dans les enjeux de l’usine du futur.

22 % DES ACTIFS

C’est le pourcentage des actifs qui travaillent dans l’industrie en Lorraine.

Incontestablement, la filière matériaux, c’est le poids lourd de l’industrie en Lorraine. A elle seule, la métallurgie pèse encore 47 % des emplois industriels.

L’

industrie en Lorraine, c’est 5 144 entreprises, 113 500 salariés pour 22 % des actifs. Rien que pour la seule métallurgie, on dénombre 1 685 entreprises pour quelque 53 500 salariés. Un secteur qui pèse 47 % des emplois industriels. On comprend le virage (tardif) pris par la Lorraine, misant sur sa filière matériaux, en pleine énième crise sidérurgique en 2013. Un maillage ambi­ tieux et pertinent, permettant aux entrepri­ ses, laboratoires de recherche et platefor­ mes technologiques de travailler ensemble pour développer de nouveaux procédés et matériaux. En Lorraine, ce qui est unique en France, la chaîne de valeur est com­ plète. De la recherche fondamentale à l’industrialisation, dans tous les champs de compétence pour tous types de matériaux – métaux, polymères, carbone, nitrure, oxyde, agro bio­sourcés –. La Moselle demeure toujours grosse pour­ voyeuse d’emplois dans la filière métallur­ gique. 745 entreprises et plus de 29 000 emplois. La Meurthe­et­Moselle pèse 481 entreprises pour 13 000 emplois. La Meuse

remonte un peu la pente, notamment le secteur de Commercy avec l’arrivée de Safran. 126 entreprises métallurgiques pour près de 4000 emplois. Les Vosges demeurent un territoire industriel avec des filières, bois et textile notamment, qui résis­ tent et ont su regarder l’avenir en se posi­ tionner sur les nouvelles technologies. Il est là, l’enjeu. Si l’on imagine la métallurgie comme l’était l’industrie à Zola, on a tout faux. D’où la préférence pour le terme de filière matériaux. Capable d’incarner toute la gamme dans laquelle les matériaux sont impliqués. Comme ces nanomatériaux mis au point entre l’Institut Jean­Lamour et Viessmann pour des capteurs solaires ther­ miques (notre photo), ce qui a fait gagner à ses protagonistes le prix Yves Rocard de la Société française de physiques. Ou cet alliage capable de s’étendre ou se rétracter selon la température utilisée notamment dans le domaine de la santé. Qu’il s’agisse de métaux, de plasturgie, de bois, etc, les matériaux sont aujourd’hui une technologie à haute, très haute valeur

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ajoutée. Ils sont l’enjeu d’une industrie qui cherche à demeurer compétitive face à des pays low cost. Jean Arnould, patron de l’UIMM Lorraine, préfère utiliser le terme d’industries technologiques. Il aime rappe­ ler qu’elles « embauchent 3000 personnes par an en CDI ». Et même si l’industrie conti­ nue à détruire beaucoup d’emplois, contrai­ rement aux idées reçues, les embauches y sont plus durables que dans le commerce ou les services. Car l’industrie technologique recrute. Elle a même des besoins pressants en main­d’œuvre. Mais son évolution implique aussi celle de ses salariés. Aujourd’hui, sont réclamés à cor et à cri des spécialistes de la maintenance, de la chaudronnerie, de la productique, l’automatisme, l’électrotech­ nique ou du numérique. Les métiers autour du recyclage des matériaux se dévelop­ pent, tout comme ceux du stockage et ges­ tion d’énergie. De quoi ouvrir quelques vocations pour que la Lorraine, fer de lance des matériaux, puisse conserver sa place. L.S.


INDUSTRIE-MATÉRIAUX

Économie  &T  erritoires

DEFAMETAL  L M M La chaudronnerie industrielle certifiée UDRES -

EURTHE-ET-

OSELLE

Avec le rachat de Defametal, les dirigeants de SRE ont parié sur l’élargissement du créneau très exigeant de la soudure et des assemblages sous QMOS : ces qualifications pointues en soudage

E

Photo Patrice SAUCOURT

n rachetant Defametal en décembre 2016, SRE, sa voisine de Ludres, a fait un pari : conserver, élargir son savoir­faire en chaudronnerie industrielle et développer le potentiel de Defa­

Une chaudronnerie à forte valeur ajoutée

metal. « SRE est plus sur la chaudronnerie de service, l’urgence, les aciers anti­abrasion. Defametal c’est une autre dimension et des qualifications en soudure de haut niveau. Avec 220 QMOS, qualification de modes opératoires de soudage, la société est riche de ce poten­ tiel pour attaquer d’autres marchés » expliquent Alain et Jean­Pierre Labat. Père et fils ont une longue expérience en chaudronnerie et avec Defametal ils sont en mesure de fabriquer des pièces de grande dimension, sous for­ tes contraintes.

permanence » confirment les dirigeants de Defametal, qui jouent sur la complémentarité avec SRE, et la capa­ cité du groupe à travailler « en productivité qualitative ». C’est­à­dire, avec un cahier des charges en certification, qui ne laisse rien passer. Vrai pour un boulon d’1 cm, la même rigueur s’impose aux pièces de grande dimension pesant plusieurs tonnes, qui partent pour le monde de la mine, de la construction navale ou du nucléaire. Des milieux difficiles, où le moindre vice de fabrication, blo­ que un outil commercial qui tourne en milliards d’euros. Pascal SALCIARINI

 Top soudure « Des clients comme Areva ou EDF ne peuvent se per­ mettre de voir un capot de moteur lâcher à cause d’une soudure déficiente. Dans ce cas­là, le top départ de sou­ dure est donné au moment de l’assemblage par nos clients eux­mêmes. Matériaux, process sont tracés en

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649 rue P et M. Curie 54714 Ludres contact@defametal.fr


Économie  &T  erritoires

INDUSTRIE-MATÉRIAUX

THYSSENKRUPP  F F M L’exemple d’une entreprise qui réussit LORANGE/ AMECK -

OSELLE

L’

entreprise ThyssenKrupp Presta France est spécialisée dans la production de systèmes de direction automobile. Implantée sur trois sites : deux à Florange, un à Fameck, l’entre­ prise compte 1 200 employés, produit 3 500 pièces par jour et réalise un chiffre d’affaires annuel qui avoisine les 600 millions d’euros.

ensemble. Depuis la mi­janvier, des robots collabora­ tifs sont mis en place dans l’entreprise. “Des exosque­ lettes sont en cours de développement ici à Thyssen­ Krupp Presta France, continue Jean­Luc Hemmert. Ils pourront décharger les opérateurs d’une charge de 18 kg. C’est en améliorant l’ergonomie que l’on amélio­ rera la production”.

L’entreprise s’inscrit dans le plan régional Usine du futur. “Un plan d’excellence est mis en place depuis trois ans pour pérenniser le site et améliorer sa com­ pétitivité”, explique Jean­Luc Hemmert, le PDG de ThyssenKrupp Presta France. L’objectif étant de deve­ nir d’ici 2020, la référence en matière de production de système de direction des véhicules dernière généra­ tion. Cette usine du futur chez ThyssenKrupp Presta France se traduit par une plus grande automatisation des lignes de production. “On se dirige vers une digita­ lisation tout au long du processus de production”, explique son PDG. Le but n’est pas de remplacer les hommes par des machines mais de les faire travailler

L’entreprise mise beaucoup sur la formation. En sep­ tembre 2013, elle ouvre son pôle de compétences : Campus. “L’objectif est de donner à notre personnel un accès plus facile à la formation en leur donnant la possibilité de se prendre en main”, explique Jean­Luc Hemmert. ThyssenKrupp Presta France travaille aussi avec les instituts de formation “les compétences de demain ne sont pas forcément enseignées aujourd’hui. Nous sommes là pour donner des orienta­ tions”, ajoute­t­il. “En ce moment, nous sommes en train de réfléchir avec une école d’ingénieur sur la ligne de production d’après­demain qui sera à la fois agile, flexible et reconfigurable”, détaille le PDG.

Photo Julio PELAEZ

ThyssenKrupp Presta France, basé à Florange et Fameck, a pour objectif de devenir d’ici 2020, la référence en matière de production de système de direction des véhicules dernière génération.

Hommes et les machines travaillent ensemble.

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THYSSENKRUPP

8 rue Lavoisier 57190 Florange 03 82 82 53 53

CRITT-TJFU  B D M Rendre les matériaux intelligents AR-LE- UC -

EUSE

Dans le paysage de la recherche appliquée aux matériaux, le centre régional de l’innovation et du transfert de technologies­techniques jet fluide et usinage a su se tailler une solide réputation.

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Photo J.­N.P.

évelopper les fluides et les matériaux du futur, voilà plus de 30 ans que les chercheurs et techniciens du Critt­TJFU (centre régional d’innovation et de transfert de technolo­ gies­techniques jet fluide et usinage) s’y emploient.

Parmi les savoir­faire, le décapage à l’azote liquide.

Labellisé centre de ressources technologiques du Grand Est, le Critt est le laboratoire meusien de recher­ che de l’institut Carnot Iceel.

2015­2020 et le GIP Objectif Meuse, un investissement de 2 M€ est programmé, ainsi que l’embauche de trois doctorants qui rejoindront les 12 salariés du Critt.

Par des procédés propres et respectueux de l’environ­ nement, le Critt développe des technologies innovan­ tes basées sur des fluides extrêmes pour élaborer des matériaux du futur. « Afin de donner à ces matériaux des propriétés nouvelles, d’esthétique, de résistance, d’imperméabilité, antibactérienne… », énumère Raf­ faël Masiello, le directeur. C’est dire si le champ de recherche du Critt est large et varié. C’est aussi le grand projet des prochaines années pour le centre de recherches, avec la création d’une plateforme techno­ logique Surfo3m avec en son sein trois technologies : l’azote supercritique, le jet d’eau haute pression et le cold spray.

Le laboratoire meusien poursuit le développement de solutions technologiques inédites au niveau mondial, et spécifiques au territoire pour le nucléaire, l’aéro­ nautique, le transport. Parmi les gros clients du centre, on trouve PSA, Safran, Renault, Airbus… Au­delà de la recherche, le Critt accompagne aussi les PME dans leur développement technologique, en transformant ses connaissances et recherches en solutions techno­ logiques innovantes pour les entreprises.

La vocation de la plateforme est de développer des matériaux aux surfaces fonctionnelles et intelligen­ tes. Pour ce faire entre le contrat de plan Etat­Région

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Karine DIVERSAY

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CRITT­TJFU 

2, avenue de la Grande Terre 55000 Bar-le-Duc www.critt-tjfu.com



INDUSTRIE-MATÉRIAUX

Économie  &T  erritoires

LI-MITHRA  U V Novateur et rassembleur d’énergies XEGNEY -

OSGES

«A

u départ, notre volonté était de ren­ dre la planète qu’on m’avait don­ née. L’énergie, il faut savoir la res­ pecter et l’utiliser à bon escient. J’ai donc eu l’idée de refroidir les panneaux photovoltaï­ ques pour améliorer leur efficience. Les premiers essais ont montré que l’énergie thermique récupérée était énorme. Nous avons alors voulu produire l’énergie là où elle est utilisée sans conversion. » Le projet peut paraître surprenant, mais les résultats sont indéniables. Créée en 2013 par Pierre­Yves Torrent, Li­Mithra est aujourd’hui la seule société au monde à se servir de l’énergie autre­ ment. Comment ? Pour faire simple, ce concept nova­ teur associe un panneau photovoltaïque à un échan­ geur, thermique haute performance, l’ensemble étant connecté à une pompe à chaleur capable d’aspirer tou­ tes les énergies environnantes, quelles que soient les conditions climatiques. Par cette méthode, le panneau devient actif. « L’énergie collectée en refroidissant le

panneau est très importante et toutes les énergies autour du panneau vont être collectées : pluie, vent, lumière, chaleur et terre », explique le spécialiste. Vérita­ ble machine à créer, Li­Mithra a depuis ses débuts, dépo­ ser quatre brevets (système d’aspiration hybride par le panneau photovoltaïque thermique, sur la conversion énergie thermique en énergie électrique, sur le maintien de l’échangeur au dos du panneau, sur l’amélioration des performances du système en travaillant sur les échangeurs) et est aujourd’hui reconnue comme un laboratoire LNE (Laboratoire national de métrologie et d’essais). « Chez nous, tout est du prototype. Il est donc difficile de faire certifier le système qui ne correspond à aucune case », assure encore le PDG de 61 ans, soucieux aujourd’hui après avoir mis le navire à flots, de passer la main. Soucieux également pour faire vivre ce projet lumineux de trouver rapidement des partenaires. Séb.C.

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Ph. BRIQUELEUR

Né de la volonté de passionnés de créer un système novateur de production d’énergie surpassant les performances actuelles, Li­Mithra cherche aujourd’hui des partenaires pour grandir.

La société Li­Mithra emploie actuellement huit salariés.

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LI­MITHRA 

5, impasse du Stade 88390 Uxegney Tél : 03 29 81 44 65.


E U Q I T U A N O R AÉ

2003 L’envol de toute une filière AÉRIADES

Année de la création du cluster aéronautique en Lorraine. Étendu au Grand Est, il regroupe aujourd’hui 60 membres dont 55 en Lorraine.

2014

SAFRAN­ALBANY Dernière implantation d’envergure à Commercy (Meuse) avec la création à terme de 400 emplois sur le site.

3000 EMPLOIS

Nombre d’emplois comptabilisés par les entreprises membres du cluster Aériades, spécialisé dans la filière aéronautique.

Fleuron de l’industrie française s’exportant plus que jamais aux quatre coins du monde, l’aéronautique est aujourd’hui une filière phare en Lorraine.

L

a Lorraine a les yeux résolument tournés vers le ciel. Cela ne date pas d’hier. Et les quelque 731 commandes ajoutées aux 688 livraisons enregistrées par Airbus en 2016, sans oublier les très médiatiques 36 commandes officielles de Rafale comptabilisées l’an passé par Dassault Aviation garantissent plus que jamais une visibilité à moyen et long termes pour nombre d’entreprises régionales produisant chaque année nombre de pièces clés de ces aéronefs de prestige vendus sur tous les continents. Le savoir­faire industriel ancestral de ces entreprises spécialisées dans la mécani­ que, la métallurgie ou encore la science des matériaux trouve toute sa perti­ nence de haute technologique sur ce marché si exigeant qu’est l’aéronauti­ que.  Aériades créés en 2003 En créant en 2003 Aériades, cluster aéro­ nautique de Lorraine, la région Lorraine a justement souhaité mettre en com­

mun toutes ces compétences dans un but de développement économique. Un réseau qui compte aujourd’hui 60 entre­ prises­membres dont 55 lorraines et 5 c h a m p e n o i s e s , a u s e i n d e l a région Grand Est. Cette entité qui regroupe à elle seule 90 % de l’activité aéronautique régionale, cumule 3 000 emplois et 400 M€ de chiffre d’affaires. « L’activité purement dédiée à l’aéronau­ tique représentant à elle seule environ 50 % de ce chiffre d’affaires. Certaines entreprises spécialisées dans l’usinage de précision de pièces ou le travail des métaux travaillant pour d’autres sec­ teurs comme l’automobile par exem­ ple », explique Jean­Luc Reis, directeur technico­commercial d’Aériades.  Safran-Albany à Commercy Cette filière aéronautique en pleine expansion sur le territoire s’illustre notamment par l’arrivée en 2014 de Safran­Albany à Commercy (Meuse), la réalisation d’une usine flambant neuve de 27 000 m² à même de réaliser les com­ posants du moteur LEAP et la création

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de 200 emplois. Une attractivité confor­ tée par l’implantation à proximité immé­ diate à l’automne 2016 d’un sous­trai­ tant américain, Concordia Fibers, pour un investissement de 8 millions d’euros. Dans les autres départements lorrains, la filière maintient le cap avec Leach international à Sarralbe, SLCA à Flo­ range, Baccarat Précision ou encore Col­ lot Technologies à Laxou. L’heure est même parfois à la montée des cadences avec l’afflux de commandes. Un développement économique pro­ pulsé par un environnement universi­ taire et scientifique de haut niveau grâce aux écoles d’ingénieur de renom (École des Mines et INPL à Nancy, École nationale supérieure des Arts et Métiers à Supelec à Metz) ou encore les deux pôles de compétitivité lorrains Matera­ lia et Pôle Fibres. Autant d’atouts à même de propulser toute la filière et de tirer vers le haut le dynamisme économique régional. Lionel MADELLA


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AÉRONAUTIQUE

PRÉCI3D-TIMECA  E L’arme de précision des Rafale NNERY (57)

PME sur la brèche, Préci3D et Timeca tire dans le même sens. Elles se sont positionnées sur l’usinage de haute précision pour l’industrie automobile, mais aussi l’aéronautique et les œufs Kinder.

C’est sur ce besoin que se sont concentrées deux sociétés d’Ennery appartenant à la même famille (la holding PSII) et au même homme, Thierry Jean. Avec ses tours et ses fraiseuses automatisées, Préci3D opère dans l’ajustage et l’affinage. Elle cisèle des pièces de fonderie pour les géants de l’aéronautique et de la Défense comme Tales. Peaufinées, elles iront se greffer sur les Mirage 2000, les Rafale ou encore les Airbus A400M. L’entreprise s’est spécialisée dans l’usinage à grande vitesse et la rectification. L’aéronautique repré­ sente, aujourd’hui, 46 % de son chiffre d’affaires, le reste se partageant entre automobile (40 %) et solli­ citations résiduelles comme la confection de mou­

les en inox pour les œufs Kinder du groupe Ferrero.

Gilles WIRTZ.

Q

uestion subsidiaire : quel est le rapport entre un œuf Kinder, des plaquettes de frein et le redoutable avion de chasse Rafale ? Réponse A : la précision.

De son côté, Timeca est une pépite de l’électroéro­ sion, une technique d’usinage qui permet de sculp­ ter des matériaux ultra­robustes. Pour l’équipemen­ tier automobile japonais Nisshimbo, Timeca a, notamment, conçu des matrices à plaquettes de frein dont la durée de vie a pu être multipliée par trois. « Ce qui convient à la production de plaquettes en très grandes séries », observe Thierry Jean qui s’est associé dans cette énième ascension à Laurent Lajoie, patron, entre autres, de l’entreprise Les Bron­ zes d’Industrie d’Amnéville. En 2016, Préci3D a réalisé un chiffre d’affaires de 3,6 millions d’euros (4 M€ à atteindre en 2017) avec 19 salariés. Elle possède des succursales commerciales au Luxembourg et en Allemagne. L’export repré­ sente, aujourd’hui, 37 % de son activité.

Des matrices à plaquettes de frein signées Timeca.

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PRÉCI3D 

ZI Les Jonquières 57 365 ENNERY www.preci3d.fr

SUDP  S M « Doubler notre chiffre d’affaires en 3 ans » AINT-

ARD (54)

Fondée en 1988 par Bertrand Perrin, SUDP (Société d’Usinage Design et Production) ne cesse de croître en effectif, en surface de production et en chiffres d’affaires.

C’

Photo J­C.P.

est là, en bordure du Mexet, petit ruisseau qui traverse Saint­Mard, dans le Bayonnais, que tout a commencé, en 1988, pour Ber­ trand Perrin, fraiseur ajusteur de forma­ tion, seul à usiner quelques pièces dans un ancien bâti­

SUDP fournit diverses pièces au groupe Airbus.

ment resté, depuis, l’ossature de sa société, dont le hall de production régulièrement dopé vient de passer, en 2016, à 3.000 m² (900 m² supplémentaires). Cet investisse­ ment s’est associé à 8 embauches pour faire passer l’effectif à 30 personnes et a donné lieu à l’installation de nouveaux équipements arrivés en décembre dernier (une unité de découpe à jet d’eau, deux nouveaux tours numériques). « Avec l’idée de passer à 35 salariés dès l’an prochain et doubler notre chiffre d’affaires en 3 ans », annonce Bertrand Perrin. Chiffre qui, en 2016, était de 1.5 M€ réalisé à 60 % dans l’aéronautique par la société, dont les donneurs d’ordres sont également issus de la pétrochimie, du secteur médical, du luxe, du ferroviaire. SUDP, qui s’est spécialisée dans la petite et moyenne série, voit ses pièces prendre la route vers Paris, Dreux, la Suisse, le Luxembourg et, surtout, Toulou­ se­Blagnac, siège social du groupe Airbus. Dans la salle de réunion, dont les fenêtres sont tournées vers la cam­ pagne bayonnaise, un poster fixé au mur, rappelle les différents avions de ligne signés Airbus, dont le A319 et

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A 320 pour lesquels SUDP fournit de nombreuses pièces intégrées dans l’aménagement des cabines (éléments de plafonniers, ferrures…) L’atelier qui sent bon l’huile végétale (la société a été primée pour ne plus utiliser d’huile à base de produits pétroliers) réalise également des éléments de réservoirs additionnels pour le Rafale du groupe Dassault. Et des pièces de réacteur pour Pratt et Whitney (constructeur américain de moteurs d’ avions). Depuis plus récemment, à la faveur du principe de transfert de technologie, SUDP réalise également des modules de sécurité intégrés à des vannes dans le trans­ port de gaz. Jean­Christophe PIGNON

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SUDP 

1 bis Grande Rue 54290 Saint-Mard l.roesch@sudp.fr


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AÉRONAUTIQUE

GANTOIS INDUSTRIES  S D V Tisser sa toile, encore et toujours AINT- IÉ -

OSGES

Plus vieille entreprise de Saint­Dié­des­Vosges, Gantois, devenue Gantois Industries, multiplie les cordes à son arc. Mais l’aéronautique, notamment à travers Airbus, reste son activité phare.

«G

J. HUMBRECHT

antois Industries tisse de la toile métallique et perfore de la tôle pleine », se plaît à dire Patrick Gass, directeur com­ mercial de l’une des plus vieilles entreprises de

Une référence dans les métaux tissés et perforés.

Saint­Dié­des­Vosges. Créée en 1894, la société est une véritable référence industrielle dans le domaine des métaux tissés et perforés. Après avoir connu des moments difficiles au début des années 2000, allant même jusqu’à délocaliser des machines en Rouma­ nie pour se rapprocher de Dacia, à qui elle fournis­ sait des éléments pour les airbags, Gantois (devenue Gantois Industries en 2011 en rejoignant le groupe Drouault) est depuis totalement revenue dans les Vosges. Si l’entreprise forte de 200 personnes sait fournir et s’adapter à toutes les industries, elle a pour premier client Airbus. Dans le domaine de l’aéronautique, Gantois Industries intervient dans trois applications spécifiques : l’insonorisation des réacteurs que l’on tapisse de toile métallique, les parafoudres de tôle métallique qui tapissent les carlingues, et les filtra­ tions des avions (huile, air, kérosène…). Avec un chiffre d’affaires de 26 millions (dont 4 mil­

lions proviennent de l’aéronautique), Gantois Indus­ tries sait aussi se diversifier. La société mise ainsi également sur une activité « architecture et bâti­ ment » qu’elle cherche à développer et à exporter. Elle a ainsi récemment investi dans un machine laser à perforation aléatoire, qui a notamment per­ mis de réaliser une Joconde perforée pour le Louvre. « Nous avons aussi un groupe de recherche qui développe et travaille sur des projets », se félicite Patrick Gass, au nom du directeur général adjoint, Stéphane Lefort. Des investissements possibles depuis deux ans, à hauteur de 1 à 1, 50 million. Emilie MARIN­BISILLIAT

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GANTOIS INDUSTRIES 

25, rue des Quatre-FrèresMougeotte 88100 Saint-Dié contact@gantois.com

REALMECA C A M Du travail en rafales LERMONT-EN- RGONNE -

EUSE

N

ichée à Clermont­en­Argonne, Realmeca fondée en 1962 par Jean Friess, dispose de deux divisions : la machine­outil de haute précision et l’aéronautique militaire. La société fabrique « les structures câblées qui rece­ vront, chez Thalès, les cartes de traitement et le système, soit de brouillage soit du radar », confie Bruno Gailly, le directeur général. Une société qui fabrique également les autodirecteurs de missiles.

export ».

Les commandes de Rafale, l’avion de chasse fran­ çais, pour le Qatar et l’Égypte « ont un impact chez nous », poursuit Bruno Gailly. Sans oublier la signa­ ture avec l’Inde. « On sort l’équivalent de deux avions par mois, soit 22 avions par an. Nous avons une charge de quatre ans de travail. Nous sortions l’équivalent de onze avions par mois en temps nor­ mal. Nous sommes en train de livrer les commandes

Pour l’heure, Realmeca c’est 140 personnes dont « une centaine pour l’activité aéronautique », souli­ gne Bruno Gailly. « Mais nous n’en oublions pas toutes les PME qui travaillent avec nous »

Photo Franck LALLEMAND

Les commandes de Rafale, l’avion de chasse français, ont un impact visible sur l’entreprise spécialisée dans l’aéronautique qui fabrique, entre autres, des autodirecteurs de missiles. Pour Realmeca, ces commandes ont aussi une inci­ dence sur l’emploi « consolidé en termes de person­ nel qui commençait à augmenter. On avait anticipé et on s’était préparé à être prêt à monter en cadence. Cela fait deux ans que nous sommes en dynamique d’augmentation du personnel ». Les employés met­ tant un certain temps à acquérir un savoir­faire et des compétences techniques.

Le secteur machines­outils, lui, est en progression depuis quelques années avec + 8 % par an. Frédéric PLANCARD

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Jean Friess le fondateur avec Jean­Yves le Drian.

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REALMECA 

1 Rue d’Aubréville 55120 Clermont-en-Argonne realmeca@realmeca.com




BOIS

48

BOISEMENT 48 %, c’est le taux de boisement du département des Vosges. Ce qui le place à la 3e position au niveau national après les Landes et le Var.

1,3 RÉCOLTE

1,3 million de mètres cubes, c’est la récolte annuelle de bois dans les Vosges.

280 SUPERFICIE

280 000 hectares, c’est la superficie de la forêt dans le département.

Une filière en pleine mutation Le département des Vosges est riche grâce à ses forêts. Mais la filière bois est en constante mutation et il faut s’adapter aux marchés.

T

roisième département le plus boisé de France, derrière les Landes et le Var, le département des Vosges possède, grâce à sa forêt, un atout économique et touristi­ que. « Environ 10 000 emplois sont géné­ rés directement par la forêt, soit 7 % du total », explique René Maillard, le prési­ dent de l’association des communes forestières. Parmi ces emplois, il y a les scieries, bien sûr (1 900 personnes), mais aussi la construction bois (1 660 sala­ riés), un marché en progression, et le papier carton (3 200) qui fait également partie de la filière. L’ameublement, qui a fait face à la crise ces dernières années s’est beaucoup restructuré et profite actuellement d’une conjoncture un peu plus favorable. Le secteur, essentielle­ ment localisé dans la plaine des Vosges, représente aujourd’hui un peu plus de 2000 emplois. Et contrairement aux Landes où l’écono­ mie est essentiellement basée sur l’exploitation du pin, la forêt vosgienne

est riche de plusieurs espèces. Le sapin et l’épicéa bien sûr, mais aussi le chêne, qui reste l’espèce la plus prisée, le charme, le frêne, l’érable et le hêtre, bois local très peu valorisé. Depuis quelques années, le pays d’Épi­ nal Cœur des Vosges porte par ailleurs le projet « Terre de Hêtre » dont l’objectif est de développer et de valoriser ce bois sur le marché de la construction et de l’ameublement. Plusieurs projets ont vu le jour grâce à ce programme, comme l’ensemble périscolaire à Tendon, primé au niveau national, ou encore les « woo­ dies », une série de cabanes autour de lac de Xertigny. « C’est un véritable com­ bat pour utiliser ce bois local. Car quand on est confronté aux cabinets d’étude ou aux réserves de l’administra­ tion, il faut avoir envie de faire les démarches », souligne René Maillard. Pari audacieux pour le renouveau d’un modèle d’économie locale, la marque Terre de Hêtre s’inscrit dans le « Pôle

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d’excellence rurale ». Si la forêt représente une petite moitié du département des Vosges, elle est essentiellement publique. 40 % de sa superficie est communale, 20 % appar­ tient à l’État et 40 % est de la forêt privée, gérée par une multitude de « petits » propriétaires forestiers. Grâce à cette ressource naturelle, des entreprises très importantes ont choisi de s’installer dans les Vosges. Comme la société Egger spécialisée dans les pan­ neaux à particules : le site de Ramber­ villers traite environ 200 000 tonnes par an. Ou comme la papeterie Norske Skog à Golbey, leader européen de la fabrication du papier journal. De l’exploitation forestière aux entreprises de transformation, le département des Vosges est le seul de France à regrouper sur son territoire tous les métiers de la forêt et du bois. K.T.


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BOIS

GICO CONSTRUCTEUR  F La maison en bois se démocratise RAIZE (88)

Gico Constructeur, dont l’atelier se situe à Fraize mise sur les maisons en bois depuis 1972, un habitat traditionnel dans les Vosges qui revient sur le devant de la scène.

F

J. HUMBRECHT

ondé en 1972, Gico Constructeur, dont le siège est situé à Xonrupt­Longemer, devient une coo­ pérative ouvrière participative en 2012, suite à une liquidation. 20 sociétaires y travaillent actuellement sous la co­gérance de José Goncalves

L’atelier est situé à Fraize.

entré dans la société en 1993. Suite à cette reprise, l’ate­ lier situé d’abord à Xonrupt, puis à Golbey a été installé sur le massif au pôle d’éco­construction de Fraize. De la conception au montage, Gico propose des maisons en bois sur­mesure mais aussi des extensions de maisons, sans oublier des maisons ou chalets en kit accessibles en autoconstruction. « Plus isolant, régulateur d’humi­ dité, le bois apporte un côté bien­être, écologique. Il est prélevé dans une logique de gestion forestière maîtri­ sée », explique José Goncalves qui précise qu’une grosse partie du bois utilisé provient des Vosges mais aussi de la Forêt Noire. À quel prix ? « Si on demandait à la construction en dur d’avoir les mêmes critères que les constructions en bois, on ne serait pas plus cher. Il faut compter environ 2 000 € du mètre carré, prix qui varie selon la taille de la maison et 8 mois pour la réalisation complète des démarches administratives à la réception », détaille le gérant qui a vu le marché de la maison en bois évoluer. « Nous réali­ sons entre 25 et 30 maisons chaque année essentielle­

ment sur le quart Nord­Est. Au début, les gens avaient toujours une crainte, c’est un peu l’histoire des trois petits cochons alors que les parpaings en bois brûlent moins vite. Maintenant, c’est dans l’air du temps, on est plus forcément dans l’esprit chalet mais dans une mai­ son classique avec du papier peint… » Face à l’arrivée d’une concurrence féroce, Gico Constructeur est par­ venu à tirer son épingle du bois grâce notamment à son bureau d’études dont le responsable est certifié et diplômé maison passive mais aussi l’utilisation de matières premières de qualité. « On travaille unique­ ment le bois sec », poursuit José Goncalves qui prévoit de recruter prochainement. Marion RIEGERT

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GICO 

720 route de Colmar 88 400-Xonrupt-Longemer info@gico.fr

SCIERIE CIOLLI  B Hommes des bois EAUMONT (54)

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eaumont, 65 âmes au dernier recensement, pourrait bien devenir un acteur majeur du bois sur le marché européen, voire mon­ dial… En tout cas, Christophe et Sté­ phane Ciolli, à la tête de la scierie créée en 1979 par leur père et oncle, y travaillent activement. Les deux frères cisèlent depuis de longs mois un projet de scierie industrielle couplée à une centrale de cogé­ nération biomasse… Le tout pour un investissement de près de 80 M€ ! Une somme. Et un dessein ambi­ tieux qui leur vaut d’être reçus à tour de bras dans les cabinets ministériels ! Et même à Matignon, tout récemment. « Ce serait une alternative au déclin, voire à l’atomisation de la filière, tout le monde est conscient de l’enjeu », résume Christophe Ciolli. Leur entreprise, 30 salariés aujourd’hui, spécialisée dans le sciage, traite 22.000 m³ de grumes ­ par an et réalise un chiffre d’affaires de 6 M€. Bien, surtout dans le contexte. Mais un peu juste pour concurren­ cer les poids lourds allemands, autrichiens et autres

pays de l’Est… Sans même parler de l’Asie qui importe « nos » grumes pour les traiter avant de les renvoyer en produits finis… La PME qui a vu la disparition de près de la moitié de ses confrères sur l’hexagone au cours des dix dernières années, en est convaincue : la solution passe par la modernisation de son outil . « Un outil performant nous permettra d’atteindre le seuil de production de 130.000 m³ et de nous placer sur le marché mondial ». La nouvelle scierie, équipée de machines dernière génération, installée à côté de sa petite sœur, offrirait souplesse et polyvalence. Tandis que la centrale biomasse per­ mettrait des prix compétitifs. 40 nouveaux emplois sont à la clef. Pas rien dans ce secteur rural du Toulois. « Nous sommes au cœur du premier massif de hêtres de France. Une essence qui a un réel potentiel à développer », soutient Christophe Ciolli. On touche du bois ! Valérie RICHARD

Photo ER

L’entreprise familiale du Toulois a un projet qui envoie du bois : investir 80 M€ dans son outil de travail pour relever le défi de la mondialisation.40 emplois sont à la clef.

Moderniser leur outil, la solution des frères Ciolli.

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CIOLLI 

Fond de la Vau 54470 Beaumont scierie.ciolli@wanadoo.fr



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BOIS

PISKORSKI BOIS ENERGIE  L Leader du bois de chauffage dans l’Est

UDRES (54)

L’entreprise meusienne a choisi la zone du Dynapôle, à Ludres, pour installer sa nouvelle base logistique. Un hangar de 600 m² y abrite son bois et pellets de chauffage prêts à être livrés.

A

Photo Patrice SAUCOURT

vec 8.000 tonnes de pellets et 16.000 stères de bois de chauffage livrés chaque année, et 4.000 m² de stockage en Lorraine, Pis­ korski Bois Energie est aujourd’hui l’une des références dans l’Est qui trouve son ancrage en

Maxence Piskorski est responsable du développement de l’entreprise.

Meuse, dans l’activité de débardage en forêt dans les années 40. L’entreprise familiale, dont le centre ner­ veux est à Brieulles­sur­Meuse, dans le Nord meu­ sien, est dirigée par Jean­François et son frère Phi­ lippe Piskorski. Maxence, le fils de Jean­François, en est le responsable du développement. Quant à Emi­ lien et Benjamin, les fils de Philippe, ils sont égale­ ment dans la partie. Spécialisée dans le bois sec, industriel, normalisé et fendu, en hêtre, charme, frêne et chêne, l’entreprise abrite depuis quelques mois son bois à Ludres, au Dinapôle, une base logistique avec un immense han­ gar de 600 m² haut comme une cathédrale, idéale­ ment placée sur l’axe roulant, entre Meurthe­et­Mo­ selle, Vosges, Haute­Marne et Meuse. « Notre bois est séché à 85 °C pendant cinq jours », explique Maxence Piskorski. « Il fume peu, démarre vite et ses cendres résiduelles sont limitées… Nous le livrons à

domicile, en sacs ou en camion, soufflé dans une box à pellets ou dans un silo domestique, sans pous­ sière ». Une commande sur cinq est réalisée sur le site de vente en ligne de l’entreprise (Piskorski­bois­ energie.fr), pour un chiffre d’affaires de 600.000 à 700.000 € sur un total de 2,8 à 3 M€ de chiffre d’affai­ res du secteur. La boutique en ligne de Piskorski Bois Energie propose tout le bois, granulés et pellets nécessaires au chauffage à bois, poêle, cheminée ou four à bois. Avec 12 camions pour 10.000 clients, l’entreprise livre dans tout l’Est de la France. J – C.V

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151 rue Descartes 54710 LUDRES Tél. 07 50 67 99 37

ALSAPAN  B Fournisseur des géants de l’ameublement

OULAY-MOSELLE (57)

H

uit cents salariés répartis sur six sites ­cinq usines et un siège social­ en France et un chiffre d’affaires de 210M€ par an. Depuis sa création en 1972, l’entreprise familiale Alsapan, spécialisée dans la fabrication de meubles en kit, de plans de travail et de revêtement de sol stratifiés, s’est fait un nom parmi les grandes surfa­ ces de bricolage et les distributeurs de meubles. Ikea et Leroy Merlin sont ses plus principaux clients, aux côtés de But, Conforama, Alinéa, Castorama, Brico­ marché et les autres. Les négoces de matériaux et le e­commerce ­Cdiscount notamment­ viennent com­ pléter le pannel de la clientèle. Sur le site de Boulay­Moselle, où Alsapan est implan­ tée depuis 2007, la production est entièrement tour­ née vers les dressings et caissons de cuisine. Derniè­ rement, c’est un investissement de 5,8M€ qui a été réalisé pour rendre le site toujours plus compétitif à

l’aide d’une nouvelle enrobeuse de 100 mètres de long. « Nos meubles sont fabriqués à partir de pan­ neaux de particules de bois que nous habillons par la suite avec un papier décor. Cette enrobeuse pré­ sente l’avantage de plaquer la surface et les chants d’un même panneau en une seule et même opéra­ tion alors que cela nécessitait trois opérations avec la précédente ligne, détaille Cécile Cantrelle, PDG d’Alsapan et petite­fille du fondateur. Cet investisse­ ment nous permet d’augmenter de 50 % notre capa­ cité de production mais aussi d’élargir notre gamme de produits. Jusque­là, le marché de la salle de bains nous était fermé. Ce nouvel outil va nous permettre de nous y ancrer. » Et conforter l’emploi, par la même occasion, sur le site boulageois où 165 personnes sont embauchées. « Aujourd’hui, Boulay représente 13 % de notre chiffre d’affaires global, soit 28 M€ » se réjouit Cécile Cantrelle.

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Photo Thierry Sanchis

L’entreprise Alsapan, basée à Boulay­Moselle, est spécialisée notamment dans la fabrication de meubles en kit. Elle traite avec les plus grands noms de l’ameublement, d’Ikea à Leroy Merlin.

Alsapan a investi plus de 13M€ depuis 2007.

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ALSAPAN 

54 Rue du Général-Rascas 57220 Boulay-Moselle Tel. 03 87 79 33 33


E R I A T N E M I L AGROA

3e

SECTEUR L’agroalimentaire est le troisième secteur industriel en Lorraine, derrière la métallurgie et l’automobile.

528

ÉTABLISSEMENTS En Lorraine, il y a actuellement 528 établissements dans le secteur de l’agroalimentaire : 161 en Meurthe­et­Moselle, 59 en Meuse, 175 en Moselle et 133 dans les Vosges.

80% DES PME

Le tissu est essentiellement constitué de PME de moins de 20 salariés.

Entre innovation et savoir-faire Pour s’affronter sur le marché agroalimentaire, les entreprises lorraines cherchent sans cesse à innover. Sans pour autant oublier leur savoir­faire.

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ans le secteur de l’agroalimen­ taire, la concurrence est rude.

« La durée de vie des produits alimentaires est très faible, tous les 5 ans, il y a 50 % des produits qui doivent être renouvelés », explique Lio­ nel Muniglia, enseignant­chercheur res­ ponsable de la spécialisation Formula­ tion alimentaire à l’Ensaia de Nancy. Une situation confirmée par Audrey Raguet, directrice d’Agria Grand Est : « Une inno­ vation sur quatre reste en rayon. Les autres disparaissent rapidement. » Les 528 établissements lorrains, princi­ palement des petites entreprises de moins de 20 salariés, doivent donc miser sur l’innovation pour se démarquer et s’assurer une visibilité. Ainsi, le charcu­ tier industriel Berni, implanté dans la Meuse depuis 1954, vient de voir son projet de chorizo à base de protéines végétales validé. La commercialisation de cette nouvelle charcuterie devrait être lancée dans 18 mois. L’artisan vos­ gien PastaDélices, quant à lui, imagine

régulièrement de nouvelles saveurs. Au citron, aux cèpes, aux orties, à l’ail des ours, ses pâtes mettent l’eau à la bouche tout en intriguant. La coopérative Vega­ fruits, de Saint­Nicolas­de­Port (54), s’est lancée dans la réalisation de purées 100 % fruits, sans sucre ni additifs, et propose ainsi un produit qui se démar­ que de la compote. Preuve que la Lor­ raine a du talent, l’entreprise Cookal de Maxéville (54) a reçu le Grand Prix SIRHA Innovation 2017 pour son elixir alimen­ taire qui chamboule les méthodes de cuisson, d’aromatisation et de flambage en cuisine.  S’unir pour réussir Mais innover n’est pas toujours chose simple, certains établissements lorrains peuvent manquer de ressources humai­ nes et de moyens financiers. C’est pour­ quoi des projets sont régulièrement mis en place avec l’Ensaia, l’école d’agrono­ mie et des industries alimentaires de Nancy. Aidés par les étudiants et leurs

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idées, ils peuvent profiter des différen­ tes installations et des diverses ressour­ ces de l’établissement d’études supé­ rieures. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Cookal pour son elixir. Trois ans de recherches communes ont été nécessai­ res. Ces structures peuvent aussi comp­ ter sur l’appui de l’association Agria Grand Est pour l’innovation, la forma­ tion, l’investissement et la promotion. Si l’innovation fait partie des mots d’ordre de ce secteur, le savoir­faire en est également un. Et il est hors de ques­ tion de l’oublier : « Car beaucoup de con­ sommateurs cherchent justement la garantie d’un savoir­faire », explique Audrey Raguet. Un critère que possède et conserve largement la confiserie des Hautes Vosges avec ses 170 tonnes de bonbons annuels. Tout comme la froma­ gerie Dongé (55), avec son Brie de Meaux AOP, ou encore Charculor (57), avec ses 10 médailles obtenues au concours général agricole de Paris entre 2013 et 2017. E. PIUCCO


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AGROALIMENTAIRE

SCHWEITZER  L Sachets bios lorrains pour fruits et légumes UDRES (54)

L’entreprise Schweitzer de Ludres, filiale du groupe Sphère, produira un milliard de sacs en plastique biodégradables et compostables pour remplacer les sacs à usage unique de la grande distribution.

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Photo Pierre MATHIS

epuis le 1er janvier 2017, suite à un décret publié en mars 2016 dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la distribution de sacs en plastique à usage unique est interdite. Le décret

Plus d’un milliard de sacs sortiront de l’usine.

impose l’utilisation de sacs en papier ou en plasti­ que biosourcé compostable pour les fruits et légu­ mes, le fromage à la coupe, la viande, le poisson… Pour faire face à ce défi, le groupe Sphère, leader européen des emballages ménagers et pionnier dans la recherche des bioplastiques, a développé des sacs biodégradables. Son usine de Ludres, l’entreprise Schweitzer, sera l’une de ses têtes de pont. Sur les 4 milliards de sacs biodégradables et compostables que produira Sphère pour les fruits et légumes des grandes surfaces notamment, un mil­ liard sortira de son usine de Meurthe­et­Moselle. Fin octobre 2016, la ministre de l’Environnement, Ségo­ lène Royal, était venue en personne pour l’inaugura­ tion des nouvelles lignes de fabrication d’où seront produits ces fameux sacs verts lorrains. « Aupara­ vant, 90 % de ces sacs étaient fabriqués en Asie. Ils seront désormais 100 % produits en France », avait

souligné, à cette occasion, John Persenda, le direc­ teur du groupe Sphère. La société Schweitzer de Ludres, dirigée par Louis Lebon, et qui emploie 180 personnes, pour un chiffre d’affaires de 70 M€, a réalisé des investissements conséquents pour accueillir ces nouvelles lignes de production. Selon la direction, « 8 millions d’euros » ont été investis pour la fabrication de ces sacs et « les effectifs passeront à plus de 200 prochaine­ ment », déclare Louis Lebon. Alexandre POPLAVSKY

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SCHWEITZER 

198 Impasse Clément Ader 54710 Ludres www.sphere.eu

CHARCUTERIE PIERRAT  L THOLY 125 ans de tradition pour le fumé vosgien E

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ls ont vue sur les sapins vosgiens. Depuis tou­ jours. Impensable de fabriquer au quotidien ces petits joyaux du savoir­faire culinaire des Hautes­ Vosges ailleurs que dans cet écrin sylvestre. C’est comme cela depuis 1892, date de création à Gérard­ mer, par Emile Pierrat de cette charcuterie qui s’est imposée de décennie et décennie comme l’un des ambassadeurs du département. Sa croissance lui a fait quitter son berceau. En 1985, la charcuterie Pier­ rat a quitté Gérardmer pour Jussarupt, puis s’est s’implantée en 2010 à quelques kilomètres à peine de Gérardmer, au Tholy, avec comme décor, les forêts de sapins. C’est plus qu’une carte de visite. C’est une évidence, doublée d’une volonté de coller au plus près à la notion de filière courte. Chaque jour, les équipes produisent le fameux fumé vosgien avec une sciure fournie par une scierie située à 200 mètres de l’atelier de production. La logique de la proximité fonc­ tionne évidemment pour tous les produits. La

viande (et notamment le cochon « roi » dans la tradi­ tion vosgienne), à 100 % française, provient à 80 % de Lorraine. Le sel est issu des salines d’Einville, les épices proviennent de la ferme voisine, au Tholy. Et la main­d’œuvre est essentiellement locale. Quaran­ te­quatre personnes travaillent ici, d’une moyenne d’âge de 36 ans. Allier la modernité à la tradition familiale, voilà la ligne de conduite de l’entreprise dirigée désormais par Stéphanie Pierrat. Avec tou­ jours la volonté de conserver le savoir­faire et le bon goût qui ont forgé la réputation de la maison et distin­ gué par de multiples prix et médailles : le fameux fuseau lorrain, le jambon fumé cuit au foin, mais aussi par exemple le filet mignon imaginé par la Maison Pierrat et repris par de nombreuses charcuteries dans la région. Il convient également d’évoquer la célèbre andouille du Val d’Ajol, fabriquée dans la cité ajolaise au sein de la filiale Jolival. Philippe CUNY

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Photo Ph.C.

Située à deux pas de Gérardmer, l’entreprise est désormais gérée par la quatrième génération. Elle vient d’être nommée meilleure charcuterie de Lorraine par le guide gourmand Pudlo.

Stéphanie Pierrat, quatrième génération.

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CHARCUTERIE PIERRAT 

Zone d’activité Le Rain Brice 88530 Le Tholy l.hammes@charcuteriepierrat.com


Économie  &T  erritoires

AGROALIMENTAIRE

GLACES DE LA PROMESSE Agriculteur et glacier !

E  BOURDONNAY (57)

L’agriculture souffre. Mikaël Rousselot, éleveur à Bourdonnay, petit village mosellan, vend son lait à perte. Pour ne pas perdre l’exploitation familiale, il a décidé de confectionner des glaces artisanales. artisanaux sont de plus en plus recherchés par les consommateurs. Tous les samedis, Mikaël accueille de nombreux clients. Il a commencé à démarcher les restaurants locaux. « J’en livre déjà quatre dans le Pays du Saulnois. » . Et il s’attaque désormais à la prospec­ tion dans les grandes villes. « Je viens de commencer par Nancy. On verra. »

Photo Laurent MAMI

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omme la plupart des agriculteurs, Mikaël Rousselot de Bourdonnay, en Moselle, se bat pour ne pas couler. Tous les jours, l’éle­ veur vend son lait à perte. « Il est à 300 € les mille litres alors que le coût de fabrication me revient à 340 €. » À 35 ans, il vient d’innover pour ne pas perdre l’exploitation familiale. Trois jours par semaine, il tro­ que sa cosse pour une blouse de laboratoire. En jan­ vier, il s’est lancé dans la réalisation de glaces artisana­ les. « Il fallait que je trouve une façon de m’en sortir et de valoriser le lait », confie Mikaël qui élève 80 vaches laitières. L’investissement de 150 000 € est sa dernière chance. Pour ce faire, il a obtenu la licence Glace de Ferme, délivrée par une entreprise hollandaise. « Je bénéficie du droit de la marque sur un secteur défini dont Dabo, Sarrebourg, Dieuze, Saint­Nicolas­de­ Port, etc. » Jusqu’à mi­février, l’entrepreneur s’adres­ sait uniquement aux particuliers. « Je n’ai pas fait de publicités pour démarrer, à part par sur les réseaux sociaux. » Le bouche­à­oreille a fait le reste. Un bon filon pour l’éleveur puisque les produits locaux et

 Un distributeur de lait Mikaël ne s’arrête pas là. Dans sa production, rien n’est jeté. Il a décidé de mettre en vente le reste de petit­lait demi­écrémé. Mais de manière novatrice : avec un distributeur de bouteilles. Un produit frais qui séduit la clientèle. « Pour le moment, il n’y a qu’un distribu­ teur installé à Gelucourt, dans le Pays du Saulnois. » Grâce à sa réactivité pour ne pas mettre la clé sous la porte, Mikaël a réussi à transformer le mi­temps de son employée en temps plein. Émilie JOCHYMEK.

Mikaël Rousselot a pu embaucher à temps plein son employée grâce à Glace de Ferme.

CONTACT rue Principale LES GLACES DE 64 57810 Bourdonnay LA PROMESSE  promse.gaec@gmail.com

LE CELLIER  R O La fraise belle à croquer et bonne à boire EVIGNY-SUR-

RNAIN (55)

À Revigny­sur­Ornain, Thibaut Guillaume exploite 5 hectares de fraises destinés à la vente directe au consommateur et à la fabrication de vin moelleux et pétillant.

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Photo Béatrice FRANCOIS

hez les Guillaume, on est agriculteur de père en fils. Le tournant de la fraise, c’est le père et l’oncle de Thibaut, des céréaliers, qui l’amorcent dès 1992, date la première réforme de la politique agricole commune (PAC). Ils

Thibaut Guillaume cultive des fraises mais aussi des asperges et des framboises.

commencent par un demi­hectare de fruits. La produc­ tion de vin démarre avec 7 000 à 8 000 bouteilles. Aujourd’hui, 30 tonnes de fraises Korona sont transfor­ mées chaque année et il s’écoule entre 35 000 et 40 000 bouteilles de moelleux et pétillant en France et à l’étranger : Taïwan, Hong Kong, le Japon, Tahiti et tout récemment la Roumanie.  « Nouveau produit dans l’esprit ratafia » Ingénieur commercial, Thibaut Guillaume rejoint l’exploitation agricole en 2001. Gérant du Cellier de Revigny, il cultive une dizaine de variétés de fraises sur 5 hectares. Deux sont consacrés à la vente en libre­ser­ vice, drive fermier, pâtisseries, grande distribution (Auchan région), trois sont réservés à la fabrication de sirop, nectar et du vin de fraise artisanal. Une produc­ tion additionnée de 3 hectares d’asperges et de 25 ares de framboises. Thibaut Guillaume a deux salariés et fait travailler une

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quarantaine de saisonniers. Chiffre d’affaires annuel de l’entreprise : 400 000 euros. « Notre force, c’est d’apporter de la nouveauté », ana­ lyse le jeune quadra, conscient que la difficulté est « d’implanter le produit dans la durée ». Mais aussi de savoir se réinventer. C’est pourquoi Thibaut Guillaume réfléchit à la fabrication d’un produit « plus alcoolisé, dans l’esprit ratafia » mais aussi à l’élaboration d’un vinaigre de fraise et d’une glace. « Notre cœur de métier, c’est la fraise », appuie l’agriculteur meusien. Un fruit qu’on plante, récolte et transforme ici dans une parfaite « logique de traçabilité ». Béatrice FRANÇOIS

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LE CELLIER DE REVIGNY 

4, rue André-Maginot 55800 Revigny-sur-Ornain www.cellierderevigny.com



SANTÉ

59 entreprises répertoriées dans le domaine de la santé et du biomédical sur le territoire lorrain.

80 % des entreprises lorraines du secteur biomédical sont des PME et TPE.

65 milliards d’euros, le chiffre d’affaires des industries de la santé en France (source : Institut des métiers et formations des industries de santé).

La santé, secteur en ébullition Dispositifs médicaux non invasifs, aides au maintien de l’autonomie, télémédecine… des enjeux sources de développement économique.

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éploiement des techniques de chirurgie non invasive, enjeu du maintien à domicile face au vieillissement de la population, développement de l’hospitalisation à domi­ cile, de la télémédecine… Les enjeux en matière de santé constituent d’incontesta­ bles sources de développement économi­ que. En 2014, la filière était identifiée comme filière d’excellence et d’avenir dans le Pacte Lorraine. Le secteur du dispositif médical est l’un des champs en pleine croissance. La Lorraine compte de belles entreprises comme Dupont Médical, leader sur le marché du matériel médical, mais surtout une grande richesse de sous­traitants du monde indus­ triel qui développent plus de 50 % de leur activité de très haute technicité dans ce domaine. Convaincu qu’une place est à prendre sur ce marché, Etienne Malher, Pgd de la société MS Techniques basée à Pom­ pey et spécialisée dans la fabrication de tubes pour dispositifs médicaux, a d’ailleurs créé en 2010, « Lorraine Médical Industries », une association regroupant aujourd’hui une trentaine de PME de la

région œuvrant tout aussi bien dans le domaine de la micromécanique, de l’élec­ tronique que du packaging… Une démar­ che « pragmatique », explique Etienne Mal­ her pour rendre visible ce tissu de sous­ traitants : « Nous essayons de créer un écosystème favorable pour attirer des entreprises fabriquant des dispositifs médi­ caux ». Des collaborations se développent sur d’autres champs. Le projet Bioprolor par exemple rassemblant 6 PME lorraines dont la très innovante Plant Advanced Technolo­ gies travaille à la création d’une filière de développement et de production de subs­ tances actives d’origine végétale destinées au marché pharmaceutique et de la cosmé­ tique. Le développement de la filière santé se nourrit de rapprochements indispensables entre industriels, chercheurs, profession­ nels de santé. La région dispose d’atouts forts au travers de ses laboratoires ou encore de la présence sur son territoire de l’Ecole de chirurgie installée au cœur de la faculté de médecine de Nancy et qui, outre

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ses missions de formation, constitue un plateau technique de réputation interna­ tionale au service des fabricants de disposi­ tifs médicaux qui viennent y valider leurs produits. Les capacités d’innovation de la Lorraine se concrétisent aussi au sein par exemple de Centres d’investigation clinique comme celui de Nancy qui a travaillé sur un certain nombre d’innovations internationales tel­ les que la compatibilité IRM des dispositifs médicaux, une recherche qui a donné lieu à la création d’Healtis, start’up spécialisée dans l’évaluation de cette compatibilité. La problématique du vieillissement de la population ouvre la voie au développe­ ment de produits et services favorisant le maintien à domicile. C’est tout le sens par exemple du projet « 36 mois de plus » porté en Lorraine par Phar­ magest qui développe des solutions en ce sens. Projet qui devrait s’étendre partout en France. M.H.V



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SANTÉ

HARMONIC PHARMA  V Mathématiques thérapeutiques

ILLERS-LÈS-NANCY (54)

Hébergée au Loria, la start­up utilise la bio­informatique pour découvrir de nouvelles applications aux médicaments existants. La pépite « medtech » développe un anticancéreux prometteur

Cette pépite « medtech », hébergée dans les murs du Loria, a trouvé un moyen innovant de déterminer de nouvelles applications, un moyen qui ne doit plus rien au hasard : la bio­informatique, et plus précisé­

ment les harmoniques sphériques. Cette technolo­ gie de rupture permet à la fois de décrire la forme et les propriétés physico­chimiques des molécules et de les comparer entre elles. Une solution issue de travaux de recherche dans le domaine des systèmes intelligents effectués par deux chercheurs CNRS : Marie­Dominique Devignes et Bernard Maigret. Harmonic Pharma a centré ses recherches dans le domaine de la cancérologie et a découvert HPH112, une nouvelle application anticancéreuse d’un médi­ cament bien toléré et utilisé jusqu’alors en infectio­ logie. La start­up a d’ailleurs organisé le 23 mars dernier, au Loria, à Villers­Lès­Nancy, la « 1re journée nationale sur la redécouverte pharmacologique© appliquée à l’oncologie » en partenariat avec le Can­ céropole Grand Est, R & D Unicancer et la Ligue Contre le Cancer. S.L.

P. SAUCOURT

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armonic Pharma est l’une des rares entre­ prises de la planète de « polypharmacolo­ gie » qui consiste à découvrir de nouvelles applications aux médicaments existants déjà bien tolérés. « C’est ce qu’on appelle le « Drug Re­discovery » ou la « Re­découverte pharmacologi­ que », explique Stéphane Gegout directeur général et co­fondateur avec Michel Souchet de cette entre­ prise créée en 2009. Parmi les exemples célèbres de « repositionnement », on peut citer le Zyban, un antidépresseur qui s’est avéré efficace pour le sevrage tabagique ou le Viagra conçu à l’origine pour réduire la tension artérielle et améliorer la circulation sanguine. Des découvertes fortuites qui ont fait la fortune de certains labos.

L’équipe d’Harmonic Pharma

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HARMONIC PHARMA 

LOHMANN & RAUSCHER Dans la bande depuis 1911

615 rue Jardin Botanique 54 600 Villers-lès-Nancy contact@harmonicpharma.com

 REMIREMONT (88)

Portée par une longue expérience, Lohmann & Rauscher tisse de nombreux produits paramédicaux à destination des hôpitaux et des pharmacies. Depuis les Vosges, elle rayonne jusqu’en Afrique.

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P. BRIQUELEUR

a société vosgienne de cotons hydrophiles, cons­ tituée en 1911, a pour objet « la vente des cotons blanchis et hydrophiles pour soie artificielle et poudrerie, en plus des cotons cardés pour ouate de pansement ». Devenue filiale du groupe allemand

Soixante­dix personnes travaillent à Remiremont.

Lohmann & Rauscher en 1998, l’entreprise textile est restée ancrée au pied du massif des Vosges, du moins pour sa partie administrative, à 4 heures de son siège allemand et de son pôle de production à côté de Saint­ Etienne (42). Sur les 140 personnes de Lohmann & Raus­ cher France, pas moins de 70 travaillent à Remiremont pour poursuivre le développement de nombreux pro­ duits paramédicaux : coton bien sûr mais aussi orthèses, bandes de compression ou encore tenues médicales. Avec 66 millions d’euros de chiffres d’affaires, Lohmann & Rauscher connaît actuellement une phase de crois­ sance, liée notamment au développement de l’exporta­ tion de ses produits en Afrique du Nord, voire même en Afrique noire. « La qualité de nos produits nous a permis de faire la différence par rapport à nos concurrents Chinois ou Indiens », indique Salim Bouzidi, directeur général délégué. Après les scandales comme celui des prothèses mammaires PIP, les dispositifs médicaux doi­ vent répondre à des critères sanitaires très stricts. « Nos équipes réglementaires ont été renforcées. Il nous faut un an de contrôles pour pouvoir sortir un nouveau

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produit. Les normes françaises sont très strictes, petit à petit, ça permet de nettoyer le marché », explique Salim Bouzidi. Malgré une concurrence féroce, l’entreprise tire les deux tiers de son chiffre d’affaires avec les pharma­ cies et parapharmacies. Tributaire du déremboursement de certains produits, le marché reste dynamique, porté notamment par des innovations à l’image d’une bande de contention, dite de compression, qui permet un usage d’une courte durée. Reste aux responsables de Lohmann & Rauscher de convaincre les prescripteurs et de poursuivre la pro­ motion du « Made in France » avec ses produits Vel­ peau®, une marque française vieille de plus de 100 ans. Heidi JOFFROY

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LOHMANN & RAUSCHER 

ZA de Choisy 88 200 Remiremont lrmed@fr.lrmed.com


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SANTÉ

NIMESIS TECHNOLOGY  M Jouer avec la mémoire des matériaux

ÉCLEUVES (57)

Fondée par un scientifique, la société Nimesis Technology, basée à Mécleuves, est aujourd’hui à la pointe des matériaux à mémoire de forme dont elle repousse les limites et explore les confins.

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Gilles WIRTZ.

u départ, il y a un ingénieur, Alain Hautcoeur, et son épouse, Cathy Rutigliano. Le premier, scientifique s’est très tôt intéressé aux potenti­ alités infinies des alliages à mémoire de forme. Ces composés, panachant le plus souvent nickel et

titane, ont la faculté de se déformer et de retrouver leur forme d’origine sous l’effet de la chaleur. Leurs proprié­ tés font qu’ils peuvent être programmés en fonction des usages. Sur ce socle de connaissances, Alain Hautcoeur a posé sa société Nimesis Technology. Œuvrant au sein du LEM3, l’actif laboratoire d’exploration des matériaux de Metz où se côtoient des équipes de chercheurs du centre Arts et Métiers ParisTech, de l’Université de Lorraine et de l’ENIM, Alain Hautcoeur crée son entreprise en 2008 au CIRAM (Centre d’innovation et de recherche franco­alle­ mand associé de Metz), un incubateur d’innovations. En 2012, il emménage à Mécleuves, à une quinzaine de kilomètres de Metz, et y développe un large panel de produits dérivés des matériaux à mémoire de forme : de la cuiller de prestidigitateur aux bijoux en passant par, ce qui est, aujourd’hui, son cœur de métier, des pièces destinées à l’aérospatiale et à l’industrie biomédicale.

Chez Nimesis, les stents sont tissés à la main.

des stents à la main en fil biomédical, fabrique des agrafes orthopédiques ou des corbeilles pour les calculs rénaux. Elle est aussi engagée dans la conception du pancréas artificiel pour soigner le diabète de type 1. La membrane est développée par Defymed, une start­up bio­tech strasbourgeoise. Enfin, Nimesis a également réussi à percer dans la Défense. Certains satellites sont déjà équipés de ses « actionneurs », des entretoises légères en alliage capa­ bles de pousser sept tonnes lorsqu’elles sont chauffées à 90 °C. Ses perspectives : l’usage des alliages de cuivre (aluminium­nickel ou aluminium­berilium) sur lesquels elle travaille avec une autre entreprise mosellane, Les Bronzes d’Industrie, basée à Amnéville.

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NIMESIS 

4, rue des Artisans 57 245 Mécleuves www.nimesis.com

La santé représente 50 % de son activité. Nimesis tisse

GOMADENT B D Les prothèses dentaires, c’est son affaire

AR-LE- UC (55)

Créée en 1991 par deux jeunes prothésistes, Philippe Manté et François Gouraud, dans un petit appartement de 60m2, Gomadent compte aujourd’hui 48 salariés à Bar­le­Duc et Metz.

À cette véritable success story, il faut en effet asso­ cier dès 1995, un autre Barisien, Christophe Galland. Avec les deux fondateurs, il participe au rachat en 2000 de l’antenne du laboratoire Guisot à Metz, devenu LDM. L’ensemble a dégagé en 2016 3,7 M€ de chiffre d’affai­ res dont 3M€ rien que pour le site meusien. Trop à

l’étroit dans leurs locaux, Gomadent déménagera prochainement rue Durenne (parc Bradfer) à Bar­ le­Duc dans un espace de 600m2, et LDM devrait quitter Metz et prendre le chemin de Marly pour investir un local de 300m2. « En 2017, nous allons encore grandir et embaucher, certainement deux ou trois personnes, des profes­ sionnels ou des employés que nous sommes en mesure de former. Maintenant, nous sommes aussi vigilants à la nouvelle réforme tarifaire des soins dentaires, comme à la guerre des prix des prothésis­ tes étrangers comme les Chinois qui proposent aujourd’hui des prix inférieurs de 50 %. Ils ont déjà conquis 30 % du marché. Notre réponse est simple : plus de services, de rapidité et d’efficacité », martè­ lent de concert Philippe Manté et François Gouraud, soucieux de garder toujours une bonne longueur d’avance sur leurs principaux concurrents. Lionel MADELLA

Photo LM

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ls s’étaient connus à la fin des années 80, alors jeunes salariés du laboratoire Guisot à Bar­le­ Duc. En 1991, le Verdunois Philippe Manté, 23 ans, et le Barisien François Gouraud, 28 ans, pro­ thésistes dentaires de profession, sautent le pas et décident de s’installer ensemble. Ils créent la société Gomadent dans un petit appartement de 60m2 rue Gilles­de­Trêves à Bar­le­Duc. 26 ans plus tard, la société compte pas moins de 48 salariés : 36 sur le site de Bar­le­Duc dans un 400m2 rue de Véel, et un 120m2, rue Parmentier en plein centre de Metz.

Philippe Manté et François Gouraud fondateurs.

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GOMADENT 

162 bis rue de Véel 55000 Bar-le-Duc gomadent@wanadoo.fr


NUMÉRIQUE

Photo Pixabay

12000 EMPLOIS

En 2013, étaient recensées 3600 entreprises du numérique. 7300 concentrées dans le seul secteur de Nancy. 4500 en Moselle. La très grande majorité de ces emplois ont été créés ces dix dernières années.

33 % FONDS ILP SADEPAR

Sur les 7M€ abondés au fonds numérique d’investissement public­privé ILP, environ un tiers a permis de financer des start­up. SesamM, Thalios, Vize font partie de ses poulains. Par contre, comme on ne gagne pas à tous les coups, Findspire, site de musique en ligne, n’a jamais décollé et mis la clé sous la porte.

Une filière jeune et très active L’écosystème numérique s’est considérablement renforcé et étoffé depuis l’obtention en juin 2015 du label French Tech. Et ça ne fait que commencer.

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n l’a vu naître, cet écosystème. On l’a vu venir du terrain, pous­ ser, convaincre, se structurer. On voit les start­up communi­ quer entre elles, travailler ensemble par­ fois, générer des idées nouvelles et sur­ tout décliner cette identité French Tech, baptisée Lor’N’Tech sur le territoire. Les événements réguliers organisés sur ses bâtiments totem, à Metz­Blida ou Nancy Renaissance, Nancy Artem à venir, les stands communs Lor’N’Tech sur les salons, renforcent considérablement le réseau et le font vivre. Ils offrent une visi­ bilité certaine à la bonne cinquantaine de start­up estampillée Lor’N’Tech, le plus souvent créée par de jeunes entrepre­ neurs qui imprègnent de leur vision nou­ velle cette économie en profond boule­ versement. Un effet boule de neige qui donne envie à d’autres de se lancer. Un écosystème qui a su se remettre en ques­ tion avec l’arrivée, depuis trois ans, de business angels osant miser sur cette nouvelle génération qui bouscule les con­ ventions et vient porter des solutions nouvelles, via le numérique. Renforçant le

rôle précurseur du fonds d’investisse­ ment public­privé ILP. Les entreprises por­ teuses, quels que soient leurs domaines, sont toutes attentives à ces jeunes pous­ ses, n’hésitent pas à participer aux tours de table, voire les intégrer dans leurs équi­ pes, leur faire bénéficier de leurs réseaux, technologies et force de frappe. Certains, comme Pharmagest et Gocel, prévoient de créer leurs propres incubateurs dans leurs nouveaux sièges en construction. Les salons régionaux annuels de type Grand Est Numérique, Osez l’économie de demain sont devenus de fantastiques ruches bouillonnantes, preuve d’une farouche envie d’aller de l’avant. La moro­ sité n’étant pas de mise dans ces milieux, même si les start­uppers alignent les heu­ res de travail, acceptent de ne pas se payer, misant à 300 % sur leur idée nou­ velle et leur capacité à émerger. Toutes n’accéderont pas au saint Graal. Mais beaucoup font déjà parties des pépites auxquelles on a envie de croire. Divacore et ses enceintes nomades étaient présen­ tes au CES de la Vegas. A côté des Messins,

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trois autres start­up lorraines partici­ paient en janvier dernier au plus réputé des salons des objets connectés au monde : Digitsole (semelles connectées d’ailleurs en finale de la coupe du monde des start­up), Scalable Graphics (casque de réalité virtuelle sans fil) et Dyrun (boos­ ter de connexion internet). Adista, Phar­ magest, Applicam, E­Fluid, Digital Photo, Miss numérique, Aston I Trade finance sont considérés comme les fleurons régio­ naux. Mais derrière, des start­up poussent et se font remarquer comme Greenberry (ville intelligente), SesamM (prédiction boursière), Digilor (marketing numérique et nouvelles technologies) qui a réalisé plus de 1000 % de croissance ces quatre dernières années. Ou Hakisa qui vient de signer un gros contrat avec une associa­ tion gestionnaire d’Ehpad. Pour ne citer qu’elles… Thionville organise son futur bâtiment totem et mise sur les con­ nexions avec le Luxembourg, espérant ainsi héberger des start­up issues de son écosystème. Ce qui éviterait un flux de frontaliers supplémentaire. L.S.


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NUMÉRIQUE

SYNUAL  V V M M Un plasturgiste se lance dans le design ILLE-EN- ERMOIS -

EURTHE-ET-

OSELLE

Creative Industrie à Ville­en­Vermois a lancé sa marque de design industriel, Synual, donnant une réponse simple, mais haut de gamme aux contraintes du prototypage et de la petite série.

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Ph. SAUCOURT

maginez une sorte de grand four. Dedans, on dresse lentement une pièce montée. Plusieurs, même, en même temps. Quand c’est à bonne tempé­ rature, on défourne, récupère les pièces qui émergent d’une sorte de tas de farine, on peaufine, à la main ou en

Stéphane Pariset et un des luminaires composites.

machine, on teinte, peint au besoin et la pièce repart soit chez son commanditaire, soit reste chez Creative Indus­ trie qui l’intègre par exemple dans les luminaires qu’une des sociétés du petit groupe fabrique par ailleurs. Il ne s’agit pas de cuisine, mais de plasturgie, et plus précisément, d’une machine américaine, la sPro 230, qui crée des pièces en 3D dans un plastique polyamide armé de fibre de verre incroyablement résistant. « Nous som­ mes deux en France à en posséder une, neuf en Europe. La machine est la plus grosse sur le marché et son principe a été mis au point en 1983 par des Nan­ céiens. « Comme personne n’y a cru, les Américains ont racheté leur technologie », dit Stéphane Pariset, le gérant de Creative Industrie. La technique s’appelle « frittage de poudre en additif », parce que la matière première est au départ une poudre qui dessine une forme en trois dimensions par couches ajoutées au laser d’un dixième de millimètre. « Beaucoup d’industriels ont besoin de prototypes avant de se lancer dans une pro­ duction industrielle. Mais un moule à injection coûte

très cher et il ne faut pas se rater. Nous, ici, nous pouvons réaliser ces prototypes pour un risque bien moindre. Nous avons aussi créé notre propre marque de design industriel, Synual. » Au besoin, la petite équipe constituée de Christophe le designer et opérateur CAO 3D, Simon Englinger, l’ébéniste et finisseur, et Céline Leliveld l’administrative et commerciale procède à des mariages de matière, alliant le plastique, le cœur de métier de la petite entreprise au bois, au fer, au métal, voire au verre et au cristal… Le champ de clientèle possi­ ble est illimité…

Guillaume MAZEAUD

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10, rue du Pâquis Halloy 54210 Ville-en-Vermois contact@synual.fr

ADIBILIS  S D V Une société au service des sportifs AINT- IÉ -

OSGES

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réée en juin 2016, la start­up Adibilis déve­ loppe un concept novateur autour d’une idée maîtresse : l’autosponsoring©, à l’intention des clubs sportifs qui « doivent faire face aux problèmes de trésorerie grandissants, du fait de la diminution des sponsors et des subven­ tions ». « Nous avons mis en place pour les présidents de club un outil à deux facettes : un site professionnel dédié spécifiquement au monde du sport et une boutique intégrée donnant accès à des produits et des services éthiques d’une rare qualité » explique le fondateur d’Adibilis, Stéphane Tremoulu, originaire de Gap et père de sportifs de haut niveau. En phase de démarrage, la société, implantée dans la pépi­ nière d’entreprises de Saint­Dié­des­Vosges, est diri­ gée par le Stivalien Philippe Bédel, directeur admi­ nistratif et directeur général.

« La phase test intéresse les sports de ballon et couvre la Lorraine mais notre objectif est de nous ouvrir à l’échelon national et à toutes les discipli­ nes » précise Philippe Bédel, qui entame le démar­ rage commercial avec un client de renom : le SRD Volley. L’idée de départ d’un site internet interpro­ fessionnel est « de libérer du temps aux présidents de club, de leur faire économiser des ressources tout en rendant progressivement leur club économique­ ment autonome ». « Le club perçoit un pourcentage du chiffre d’affaires HT généré par l’achat de pro­ duits sur la e­boutique intégrée, qui va lui être direc­ tement reversé », souligne Philippe Bédel. L’offre en boutique est très large, elle va de la vente de pro­ duits adaptés comme des complémentes alimen­ taires aux produits cosmétiques en passant par des programmes de coaching pour optimiser la puis­ sance, gérer la pression… J.FERIN

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J. Ferin

Adibilis développe un concept novateur unissant trois des plus grandes tendances du marché : l’Internet, l’achat groupé et le sport. Elle agit pour les clubs, le sport, l’économie sportive.

Stéphane Tremoulu (à dte) et Philippe Bédel.

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Pépinière d’entreprises 88 000 Saint-Dié contact@adibilis.com


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NUMÉRIQUE

MY MUSIC TEACHER  S Jouer du clavier pour apprendre la guitare

ARREBOURG - MOSELLE

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ls espèrent dépasser les 100000 abonnés d’ici 5 ans. Pour cela Franck Houbre à la guitare et Antonin Kalk au clavier, les fondateurs de la start­up dans le vent My Music Teacher, n’ont qu’à renouveler la performance réalisée, en à peine 3 ans, d’existence de la société par actions simplifiée. À quitte ou double, le duo a pris l’habitude de doubler. Double médaillée d’or au concours Lépine, pour l’Europe d’abord et le monde ensuite, la start­up née et élevée au sein de la pépinière d’entreprise Syner­ gie de Sarrebourg a également été sélectionnée parmi 2439 autres issues de 124 pays, pour le K­Star­ tup Grand Challenge 2016 initié par le gouverne­ ment coréen. Thibaut Dumont, l’ingénieur multimé­ dia de la plateforme de cours de musique en ligne, revient tout juste de quatre mois de prospection à Séoul avec déjà la perspective de 15 000 abonnés supplémentaires rien que pour son application dédiée à l’apprentissage de la guitare, de la basse et

du piano. Ils rêvaient de la développer pour Androïd, IOS, PC et Mac en portuguais et en chinois, elle l’est donc depuis peu en coréen même si c’est sur le marché anglophone que la formation sarrebour­ geoise ambitionne de devenir leader. Ce qui plaît c’est l’interactivité des enseignements dispensés via un jeu vidéo social qui emprunte les mécaniques du jeu de rôle. « Dans l’économie numérique, tout va très vite. Il ne suffit pas de réagir face aux demandes du marché, il faut les anticiper, avoir toujours un coup d’avance. », estimaient les deux partenaires alors étudiants­entrepreneurs et désormais entou­ rés de six collaborateurs, professionnels de la musi­ que et/ou de l’informatique. Piano, guitare, basse, les lanceurs de concept disposent d’une batterie d’idées pour asseoir leur leadership, dont celle d‘assurer une présence, pas que virtuelle, dans les lieux dédiés à la culture et de proposer des abonne­ ments via des partenaires commerciaux. Jusqu’alors My Music Teacher joue sa partition sans fausse note.

Photo RL

La société sarrebourgeoise par action simplifiée My Music Teacher espérait 1500 abonnés pour prospérer, 4 ans après son lancement sur Internet, elle en compte 44000 à travers le monde.

Franck Houbre­Antonin Kalk, ont créé la start­up.

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rue des Terrasses 57400 Sarrebourg mymusicteacher.fr

C’KADO  C M Le potentiel d’une licorne OMMERCY -

EUSE

Jusqu’alors simple marque de la société Articom, C’Kado devient une société et va accélérer son développement au sein du Paddock à Nancy pour se déployer sur tout le territoire national.

J

Photo N.F.

e n’avais pas d’idée pour trouver un cadeau à ma sœur, je n’étais pas sur place et les chèques­ca­ deaux n’existaient que pour les grandes ensei­ gnes. » Ajouté au désir de Cédric Caron d’aider « les commerçants de proximité » et C’Kado a germé

dans la tête du fondateur d’Articom (en juin 2014), qui travaille avec trois autres personnes (graphiste, intégra­ teur et développeur) à Commercy.

que tout doit être simple pour le commerçant. De l’ins­ cription à la gestion. Et « ils peuvent vendre directement sur leur page Facebook ».

Le produit (des chèques­cadeaux au montant personna­ lisable et pour un petit commerce) n’a été lancé qu’en novembre et les commerçants adorent. L’adhésion mensuelle ne leur coûte que 5 €, sans engagement.

« On est innovant et agile pour le développement. » Des collectivités, des offices de tourisme et des unions de commerçants sentent le bon outil. « On travaille sur de nouveaux modules pour que les comités d’entreprise commandent auprès d’association de commerçants en grande quantité et que le chèque soit utilisable dans tous leurs commerces. » D’autres innovations devraient arriver. Des restaurateurs s’y intéressent et les commer­ çants trouvent eux­mêmes des applications à C’Kado !

En mars, la marque C’Kado (après 18 mois de développe­ ment) devient une société. Et rejoint le programme d’accélération de start­ups du Paddock, basé à Nancy. Avec tout un panel de conseillers. Le business­model de la start­up a aussi tapé dans l’œil d’une grosse entreprise : « Je ne pensais pas intéresser les grands groupes, mais j’ai participé au Big up le 9 février à Nancy. Je postulais sans conviction. Orange s’est intéressé à nous, ils ont trouvé ça génial ! » C’Kado aura­t­elle le même destin que BlaBlaCar, la pre­ mière licorne française ?…

Cédric Caron, le fondateur.

Cédric Caron n’y pense pas encore et n’oublie pas l’idée 44

N.F.

CONTACT

C’KADO 

49 boulevard d’Austrasie 54000 Nancy contact@c-kado.fr



TOURISME

82

MILLIERS D’EMPLOIS C’est le poids de la filière tourisme dans le Grand Est. Soit 4,1 % de l’emploi total.

734

MILLIERS DE VISITEURS Ce sont les chiffres 2015 du site touristique le plus fréquenté du Grand Est, les bâteaux­ promenades de Strasbourg.

13,4 MILLIONS DE NUITÉES

C’est le nombre de nuitées enregistrées en 2015 en Région Grand Est

Exister entre Alsace et Champagne Prise en étau entre deux poids lourds du tourisme, l’Alsace et la Champagne, la Lorraine sera­t­elle plombée ou galvanisée par l’effet région Grand Est ?

L

e zoo d’Amnéville n’est plus le site régional le plus fréquenté. Région Grand Est oblige, l’équi­ pement mosellan a été détrôné par les bâteaux­promenades de Stras­ bourg. Voilà désormais la Lorraine prise en sandwich entre un mastodonte du tourisme, l’Alsace, et une appellation dont le nom pétille dans le monde entier, la Champagne. Pas facile à première vue d’y trouver son compte. Le petit Poucet lorrain regorge d’atouts mais a du mal à se défaire de son sempiternel déficit d’image et de notoriété. Longtemps concurrents, ces trois­là sont désormais appelés à travailler ensemble et à développer des synergies. Les opti­ mistes y voient l’occasion inespérée pour la Lorraine d’être aspirée vers le haut par ses voisins. Les défaitistes pré­ fèrent souligner les difficultés qu’elle pourrait avoir à trouver sa place et à émerger face à ces deux géants qui la prennent en sandwich. L’enjeu est de taille tant le tourisme constitue un sec­

teur primordial. Fort de ses 82 000 emplois non délocalisables, il pèse 4,1 % de l’emploi du Grand­Est. Ses retombées auprès des fournisseurs locaux de biens et services s’élèvent à 6,1 milliards d’euros. Sans surprise, l’Alsace est la tête de pont indiscutable. Elle concentre à elle seule 42,7 % des emplois, 46 % de l’offre hôtelière et la moitié des 13,4 mil­ lions de nuitées enregistrées en 2015. Contre 28 % en Lorraine et 22 % en Cham­ pagne­Ardenne. Elle possède aussi 41 % de l’offre en meublés et en chambres d’hôtes. Et place quatre de ses sites parmi les plus fréquentés du Grand Est. Contre un seul en Champagne­Ardenne et cinq en Lorraine.  Des publics différents Cette dernière ne manque effective­ ment pas d’atouts. Elle sait pouvoir s’appuyer sur trois pôles majeurs : les Vosges, sa destination phare hiver comme été ; Amnéville et sa zone de loisirs excessivement attractive (quatre de ses sites sont dans le Top 10 lorrain) et

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la Meuse, valeur sûre du tourisme de mémoire. Elle se distingue également par ces hébergements en concentrant notamment 45 % de l’offre de campings du Grand­Est et 50 % des hébergements collectifs. Autant de spécificités qui font que ces trois régions drainent des publics étran­ gers très différents. Si les Allemands sont très friands de l’Alsace, la clientèle belge lui préfère la Lorraine. Tout comme les Hollandais qui affectionnent ses campings quand ils descendent ou remontent du Sud. La Champagne­Ar­ denne s’impose quant à elle comme la terre d’accueil majeure des Britanni­ ques. Un panel très varié qui laisse imagi­ ner de belles perspectives si les trois régions arrivent à développer des syner­ gies. Les professionnels s’activent à développer des filières communes autour de l’art de vivre, du thermalisme, de l’itinérance à vélo ou du tourisme de mémoire. Philippe MARQUE.


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TOURISME

CIE DES HÔTELS DES LACS  G Des sites de caractère au cœur des Vosges

ÉRARDMER

Depuis 2001, Michel Harasse développe avec succès un groupe d’hôtels et de restaurants. Parmi eux, Les Jardins de Sophie à Xonrupt­Longemer et l’hôtel Beau­Rivage, à Gérardmer.

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Photo J.C. Olé

es noms de ces établissements sont autant de références parmi le fleuron de l’hôtellerie et la restauration de Gérardmer et ses plus proches environs : Les Jardins de Sophie, le Beau­Rivage, l’Hôtel de La Paix, ou encore La Petite

Aux Jardins de Sophie, Hervé Cune et son second.

Sophie, un bistrot chic de centre­ville. Trois établis­ sements pour trois hôtels et cinq restaurants, tel est aujourd’hui le poids de la « Compagnie des hôtels des lacs », ce groupe géré par son PDG Michel Harasse. Depuis 2001, date du rachat et de la rénovation de l’hôtel Beau­Rivage, le chef d’entreprise n’a cessé de développer la société. « J’envisageais au départ d’aménager des appartements, puis j’ai finalement souhaité développer l’hôtellerie », confie Michel Harasse. L’établissement change alors totalement de physionomie, avec ses 55 chambres, ses deux restaurants, mais aussi sa salle de séminaire qui peut accueillir jusqu’à 250 personnes. Avec l’objec­ tif de permettre d’accroître sa capacité, en synergie avec le Beau­Rivage, la Compagnie reprend l’hôtel de la Paix et la Brasserie de la Paix. Les deux établisse­ ments réunis, cela génère un bel ensemble de 79 chambres, dont dix suites, des chambres exécutives et d’autres plus classiques.

En 2006, Michel Harasse se lance dans un nouveau défi, avec l’ouverture au cœur de la forêt, des « Jar­ dins de Sophie », à Xonrupt­Longemer. Un magnifi­ que domaine comptant 32 chambres quatre étoiles, un restaurant, un spa, ainsi que cinq salles de sémi­ naire et une piscine chauffée. L’ambition est tou­ jours la même, proposer à la clientèle d’affaire et individuelle, une hôtellerie de caractère. « Notre clientèle, fidèle, est très diversifiée », souligne Michel Harasse, à la tête d’une entreprise qui compte 90 salariés. Un PDG confiant pour l’avenir, tandis qu’il se prépare petit à petit à une transition sereine, aux côtés de son fils Thomas. Philippe CUNY

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2, av. de la Ville de Vichy

BEAU­RIVAGE  88400 Gérardmer

beaurivage@compagniedhdl.com

CHÂTEAU DES MONTHAIRONS  L M Hostellerie de charme et de caractère ES ONTHAIRONS

Après avoir acheté en 1985 le château meusien du XIXe siècle, en 1989, la famille Thouvenin a fait de cette demeure un hôtel­restaurant de prestige à l’atmosphère pleine de douceurs.

En 1989, les parents font du château meusien datant du milieu du XIXe siècle, un hôtel­restaurant avec 7 chambres. Jean­Marc est aux fourneaux et il est secondé en cuisine par son fils Benoît. « Il voulait en faire un restaurant de prestige. » dit Catherine. « Nous avons fait venir des chefs de restaurants étoilés et à leur contact, Benoît s’est formé. » En 1993, Benoît Thouvenin devient chef de cuisine et c’est toujours lui qui est aux fourneaux. « Aujourd’hui,

l’affaire est tenue par Benoit et moi­même, mais aussi par mon mari, Hervé Pierrat, le chef pâtissier et ma belle­sœur, Élise Thouvenin, la responsable de salles. »

Photo F.L

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ès qu’on ouvre la porte du château, on est bercé par l’atmosphère chaleureuse des lieux. Catherine Pierrat vous accueille à la réception avec un grand sourire. Catherine est la fille de Jean­Marc et Françoise Thouvenin. « Mes parents ont acheté le château des Monthairons en 1985. Auparavant ils tenaient l’auberge Saint­Hubert dans la région nancéienne sur la route de Château­Sa­ lins et mon père a débuté en tant que boucher­charcu­ tier traiteur à Vandoeuvre. »

Au fil des ans, l’hôtel s’est agrandi et compte aujourd’hui 25 chambres. Il a obtenu ses quatre étoiles en 2001 après la construction d’un ascenseur qui s’intègre parfaitement dans le décor des lieux. Ce qui permet d’accueillir les personnes à mobilité réduite. « Nous pouvons au total héberger 78 personnes et le restaurant dispose de 80 couverts sans compter la salle de réception qui est attenante au château. » Une douceur de vivre règne en ce lieu entouré de 17 ha de parc et jardin et situé au bord d’un bras de la Meuse. D’autant que la cuisine du chef est pleine de caractère. À l’image de son pigeonneau de Malaumont cuit rosé. Gibiers, foies gras, poissons et légumes anciens tien­ nent une bonne place sur sa carte. Pascal ISCH

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Benoît Thouvenin est chef de cuisine depuis 1993.

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CHÂTEAU DES MONTHAIRONS

26, rue de Verdun 55320 Les Monthairons accueil@chateaudesmonthairons.fr


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TOURISME

BLUE ORANGE  P M Le jeu : une passion, un métier ONT-À-

OUSSON (54)

Depuis 10 ans, la société éditrice de jeux Blue Orange s’impose à l’international. Locaux et entrepôts plus vastes, recrutement, chiffre d’affaires en hausse. Tout réussi à la jeune société.

Blue Orange travaille avec plus de 40 partenaires dans 35 pays. Un même jeu apparaît en plusieurs langues, parfois avec une boîte différente, en fonc­ tion des attentes du pays. La société éditrice réalise 85 % de son chiffre d’affaires à l’export. De sept salariés, début 2016, elle en emploie désormais dix. Le chiffre d’affaires est passé de 1,6 million d’euros en 2015 à 3 millions en 2016. Une belle prouesse pour une société qui a été créée en 2015 par Jalal

Amraouza et Timothée Leroy. Photo J.B

L

e jeu, c’est du sérieux. Surtout en Lorraine, avec deux sociétés éditrices : Iello à Heille­ court, près de Nancy, et Blue Orange à Pont­à­ Mousson. Elles avaient un jeu nommé à l’As d’Or Cannes 2017. Le prix leur a échappé mais il reste un espoir pour Kingdomino, en lice pour le jeu de l’année en Allemagne, « le pays le plus observé mais le marché national est actuellement celui qui se porte le mieux », indique Matthieu Lanvin, en charge de la communication.

Des règles du jeu simples, des parties rapides. Une grande exigence dans la sélection des jeux propo­ sés. Blue Orange sait répondre aux attentes des joueurs, du grand public aux experts. Être nommé à cannes dans la catégorie « Tout public » ravissait Matthieu Lanvin : « C’est la plus importante ». Même en brillant sur la scène internationale, la jeune société a été ravie de recevoir dernièrement le Dou­ ble 6 au festival des jeux de Saint­Herblain. Les salariés de Blue Orange travaillent avec sérieux. Les prix complètent la reconnaissance du grand public. Les perspectives restent favorables puisque « les gens jouent naturellement, dès le plus jeune âge ». Alors faut­il leur proposer le coffret adapté à leurs attentes. C’est là que réside tout le savoir­faire de la société Blue Orange.

Kingdomino était nommé à l’As d’Or Cannes 2017.

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97 impasse Jean Lamour

BLUE ORANGE  54700 Pont-à-Mousson

contact@blueorangegames.eu

J.B

SCHIDLER  Trois générations d’autocaristes BOUZONVILLE (57)

Créée à Bouzonville dans l’entre­deux­guerres, l’autocariste Schidler est peu à peu devenu un incontournable du transport en Lorraine. Tout en restant une entreprise familiale.

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Photo RL

lle aurait pu ne pas résister à la deuxième guerre mondiale, quand ses deux autocars ont été réquisitionnés par les Domaines et détruits. Quatre­vingt­sept ans après, l’entre­ prise Schidler est un acteur incontournable du tourisme

Thierry Schidler, le troisième du nom à diriger l’entreprise.

lorrain. Créée en 1930 par Nicolas Schidler pour desservir les marchés locaux ou les bourgs les plus achalandés, la société est aujourd’hui sur tous les fronts, forte de 90 salariés, 70 autocars et d’un chiffre d’affaires de 7 M€ : « La moitié de notre activité repose sur les lignes réguliè­ res et le transport scolaire, d’ouvriers ou de personnes à mobilité réduite. L’autre moitié sur le tourisme et les activités occasionnelles », décrit Thierry, le 3e Schidler du nom à diriger la société. Si le siège social se trouve toujours dans le berceau familial de Bouzonville, l’entreprise s’appuie désormais sur trois exploitations secondaires à Metz, Nancy et Paris. Un développement initié par Jean Schidler lorsqu’il a pris la tête de l’entreprise en 1950 et s’est ouvert au transport scolaire. La société passe alors de 5 à 20 véhicu­ les. L’arrivée en 1983 de Thierry et de son frère Marc, directeur général, la fera passer dans une autre dimen­ sion. S’ouvrant à tous les marchés possibles, ils créent aussi Liaisons directes, un service de transport à la carte, reposant sur 30 véhicules 8 places. Mais se refusent à

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monter dans les autocars Macron, dernière nouveauté en date ouvrant le marché des lignes intérieures : « On a été sollicités pour exploiter deux lignes. Mais si cela profite aux usagers et aux constructeurs, ce n’est pas assez rentable pour l’exploitant », juge Thierry Schidler. S’il prépare les défis du futur : le numérique dans les transports et le véhicule électrique, le dirigeant ne cache pas que l’entreprise « est dans le dur » depuis 2011 : « C’est l’année à partir de laquelle on a commencé à ressentir la crise économique de 2008. Les attentats sont arrivés après. Nous sommes dans une phase d’écono­ mies et de réduction du parc. » Pas de panique pour autant. En 87 ans, Schidler en a vu d’autres. Ph.M.

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SCHIDLER 

1, Rue de Metz ­ BP 43 57 320 BOUZONVILLE www.autocars-schidler.com



T R A ’ D S R E I T É M LUXE -

99 % VERRE

99 % des entreprises du verre de France sont situées en Lorraine.

150 MÉTIERS

Les métiers d’art et du luxe sont très diversifiés ici. 150 sont recensés : Cristallerie, bois, ameublement, textile, pierre, arts graphiques, cuir, vannerie…

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ENTREPRISES La filière luxe et métiers d’art regroupe 46 entreprises. les emplois se répartissent ainsi : 39 % Meurthe et Moselle ; 32 % Vosges ; 19 % Moselle ; 10 % Meuse.

Lorraine, toujours terre de luxe Depuis des siècles la Lorraine est une terre d’industries d’art. Une filière forte d’environ 2 600 salariés, et qui s’emploie à réussir le virage digital.

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accarat, Daum, Lalique, Saint­ Louis, pour les feux du cristal, les couverts de Mouroux pour l’opulence de l’argenterie, Gar­ nier Thiebaut, et le Jacquard Français pour la qualité de leurs tissages cha­ toyants, Liffol, et ses manufactures de siège d’exception, les faïenceries de Lunéville, Niderviller St Clément, deve­ nues « les jolies céramiques sans kao­ lin » qui perpétuent le savoir­faire des manufactures royales…… Tous ces noms sont synonymes du luxe… Et de la Lorraine. Dans ce territoire en effet, une filière luxe perpétue des traditions arti­ sanales ou industrielles, et contribue au rayonnement de la région. Même si le mot filière ne convient pas tout à fait, compte tenu du caractère peu homo­ gène de ces entreprises aux activités et profils très diversifiés, on peut parler d’une « image de marque Lorraine ». Par­ fois seuls les clients connaissent l’exis­ tence d’une entreprise discrète et pré­ cieuse. Sait­on que les galons les plus

audacieux qui ponctuent les vêtements de Chanel sont réalisés dans un atelier situé à Bremoncourt, dans le Luné­ villois ? Toutes ces entreprises de main­d’œuvre sont en quelque sorte des conservatoires du patrimoine vivant et à ce titre, elles méritent une attention par­ ticulière. Mais comme toutes les autres entreprises, elles sont confron­ tées à la loi du marché, à la rude concur­ rence, à la mondialisation. Pour faire face et avoir la visibilité néces­ saire, certaines se sont regroupées au sein d’un collectif. « Lorraine Terre de Luxe », présidé par Paul de Montclos, PDG de l’entreprise vosgienne Garnier­ Thiébaut. Depuis peu, le collectif s’est rapproché du PLAB (pôle Lorrain de l’ameublement bois), qui apporte sa logistique et sa force de frappe. En Lor­ raine on n’est pas opposé à l’idée d’agré­ ger ­un jour…­ quelques fleurons alsa­ ciens, et ils sont de taille : les papiers peints Zuber, les tanneries Haas à Eichof­

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fen, ou la manufacture d’Impression sur Étoffes. « Le luxe, c’est deux cho­ ses. C’est d’abord le savoir­faire, et puis c’est tout ce qui tourne autour de l’immatériel, des marques. Le luxe en tant que tel, ça n’a pas besoin de se justifier, c’est un état de fait. Notre stra­ tégie vise à être intéressante, à accueillir les prescripteurs, les architectes décora­ teurs, participer à des actions nationales ou internationales et à aider nos adhé­ rents à s’approprier le monde du digi­ tal. C’est un virage qu’on ne peut pas manquer “. Dans cette filière forte de 2 600 salariés environ où les entreprises sont des entreprises de main­d’œuvre la réduction des coûts par la compression des effectifs n’est guère envisageable car c’est précisément là que résident la richesse et la créativité. « Et c’est cette créativité, qu’on doit mettre en valeur auprès de nos clients et prescripteurs.en racontant nos histoires singuliè­ res C’est notre atout, notre chance”. M.R.



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LUXE - MÉTIERS D’ART

VAUCONSANT  D M Le haut de gamme de la cuisine collective OMBASLE-SUR-

EURTHE (54)

L’entreprise créée en 1926, rachetée un première fois en 2005 avant d’entrer dans le grand groupe familial Matfer­Bourgeat, a su s’adapter à toutes les évolu­ tions. Des comptoirs de café il y a plus de 90 ans à l’apport de Jean Prouvé qui à la sortie de la seconde Guerre mondiale a permis à l’entreprise de dévelop­ per son savoir­faire dans le domaine de l’acier inoxy­

dable, Vauconsant ne cesse de se remettre en ques­ tion pour relever des défis. C’est elle qui a ainsi réalisé les bars du palace parisien le Ritz, récemment rénové. C’est elle aussi qui a implanté un « show cooking » dans le nouveau parc de l’Olympique Lyonnais. C’est elle toujours qui prochainement devra construire toute la restauration de la cour de justice du Luxembourg. Un projet qui porte sur plu­ sieurs centaines de milliers d’euros. Avec un chiffre d’affaires stable de 14 M€, l’entre­ prise qui emploie 125 personnes investit en perma­ nence dans l’innovation. « Une dizaine de personnes travaille au bureau d’études. Notre métier est en pleine mutation. Là où une cuisine collective durait 15 autrefois, aujourd’hui elle doit être remplacée tous les 5 ans », poursuit Bertrand Pariset. Alexandre POPLAVSKY

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Photo Patrice

L

a cuisine collective, ce n’est plus « une rampe et des plateaux qui glissent », explique d’emblée Bertrand Pariset, le directeur de l’entreprise Vauconsant de Dombalse­sur­ Meurthe, spécialisée dans les équipements et les solutions complètes pour la distribution de repas. Le secteur est en plein bouillonnement. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’apporter uniquement des solutions, « nous devons surtout développer des émotions et du plaisir pour le goût et l’appétit », dit­il.

Bertrand Pariset, dans le showroom Vauconsant.

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6 Rue Charles Hermite

VAUCONSANT  54110 Dombasle-sur-

Meurthe info@vauconsant.com

SAUCOURT

Des bars du Ritz à la restauration de la cour de justice du Luxembourg, l’entreprise Vauconsant imagine des cuisines collectives qui allient émotion et plaisir au service du goût et de l’appétit.


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MANUFACTURE D’ORGUES  R Le second souffle de la manufacture AMBERVILLERS (88)

Reprise il y a tout juste dix ans par un couple de Rambuvetais passionnés de patrimoine, la plus vieille manufacture d’orgues du monde (1750) essaime son savoir­faire jusqu’en Australie.

E

E.Thiébaut

n mars dernier, Sylviane Rochotte et Yann Michel, deux enfants du pays installés à Paris, ont fêté les dix ans d’« une aventure humaine exceptionnelle ». La reprise totale­ ment improbable d’une toute jeune start­up de deux siècles et demi, la plus vieille manufacture des Gran­

Les gérants (à gauche) et leur plus ancien salarié.

des orgues du monde, qui risquait d’être liquidée. Une maison bicéphale, à cheval entre les Vosges et un atelier à Fontenay­sous­Bois, qui a accompagné les grandes heures de la musique liturgique. Bach disait que l’orgue était le roi des instruments. Le couple qui gère cette entité unique a fait de ce principe une philosophie. « Cette histoire est avant tout sentimen­ tale. Nous qui avons passé notre enfance ici, nous ne pouvions imaginer la disparition d’un tel savoir­faire artisanal et artistique en dépit de la conjoncture éco­ nomique difficile ». Lui est architecte paysagiste. Elle, issue de l’École du Louvre. Deux parcours. Pour une sensibilité commune aux métiers du patrimoine. Et à sa sauvegarde. Dix ans plus tard, le bilan est plus que satisfaisant. « Nous avons retrouvé une identité vosgienne. Et les com­ mandes viennent parfois de loin. Nous sommes fiers d’avoir pu travailler à la réfection d’un orgue apparte­ nant à un riche australien. » Jérusalem, l’Arménie, l’église Bon Secours de Nancy, le rayonnement de la

manufacture (MVGO) va bien au­delà des frontières du département. Et des espérances des gérants. « Même l’Alsace reconnaît notre valeur et nous avons été appe­ lés à y intervenir alors que là­bas, il y a encore des spécialistes. » En matière de restauration, les Vosgiens n’ont plus rien à prouver. Et les sept salariés de l’équipe, âgés de 24 à 57 ans, qui touchent à sept corps de métiers s’y emploient avec passion. « Nous voulons juste être des passeurs. Nos jeunes salariés prouvent qu’il y a de l’avenir dans ce domaine. » L’organiste et compositeur vosgien Gaston Litaize serait fier d’eux. Sabine LESUR

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MANUFACTURE D’ORGUES 

Rambervillers manufacture.orgues@ gmail.com

VIDON GERLIER  H Un savoir-faire solidement assis OUDELAINCOURT (55)

L’atelier de tâpisserie­décoration se maintient parce qu’il continue de miser sur la qualité de son travail quel que soit le client, de la grande entreprise aux particuliers en passant par des designers.

Les collaborations avec des designers pour la concep­ tion de prototypes révèlent une capacité de création inaltérée. En témoigne ce fauteuil pour le Strasbour­ geois Fred Rieffel, « qui voulait qu’il soit léger et visuel », montre Céline Masselot, l’associée de Yannick Vidon Gerlier. Ou cette chaise cristal d’inspiration haute cou­ ture, avec broderie au fil métallique, Swarovski cousus sur le dossier et sabots alu. L’atelier Création Vidon Gerlier peut aussi répondre à des commandes exceptionnelles pour les Monuments

historiques telles que la fourniture de quelque trois cents pièces pour l’hôtel de Lauzun à Paris lors de sa restauration en 2014. Il a aussi été associé au chantier de l’Abbaye des dames à Saintes (Charente­Maritime).

Photo J.­N. P.

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éphisto a trouvé chaussure à son pied pour l’agencement de ses boutiques partout dans le monde en faisant confiance depuis quinze ans à Yannick Vidon Gerlier. Le maî­ tre tapissier réalise pour cette grande entreprise diffé­ rents types de siège : pouf, borne, fauteuil, canapé ; du mobilier sur­mesure fabriqué selon un cahier des char­ ges exigeant. Pour un artisan maintes fois distingué, il s’agit autant d’une marque de confiance que de recon­ naissance.

Ces références ont de quoi convaincre les particuliers, qui trouveront en magasin un modèle haut de gamme pour satisfaire leurs attentes. Si la compétence Vidon Gerlier n’est plus à prouver, il s’agit de ne pas s’endormir sur ses lauriers : « On essaie toujours de faire preuve de réactivité et de produire de la qualité », atteste Céline Masselot. Une des clés du succès, c’est la priorité donnée à des investissements réguliers afin d’acquérir des machines performantes pour une manœuvre précise. À l’instar des robots numériques qui permettent de réaliser des bro­ deries personnalisées avec quinze couleurs. Une autre, c’est la volonté d’étoffer l’activité avec la fabrication de tentures avec motifs dessinés. François­Xavier GRIMAUD 53

Les dernières créations maison.

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40 rue d’Orléans

CRÉATION VIDON55130 Houdelaincourt yannick@creation-vidonGERLIER  gerlier.com


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SAINT-LOUIS  M Une industrie devenue touristique PAYS DE BITCHE -

OSELLE

Q

uand tant d’industries broient du noir, le succès de la cristallerie Saint­Louis, au Pays de Bitche, est bien au contraire écla­ tant. Crise ou pas, les ventes sont en hausse de 9 %. Une des spécialités de la célèbre manufacture, la couleur, a vibré. De nombreuses collections ont connu le succès. Comme Les endia­ blés, imaginés par José Levy, où tailles et couleurs se marient pour créer des objets uniques. La lumière, également, tire son épingle du jeu. Si le cristal a tant la cote, c’est que Saint­Louis dépasse les frontières. La cristallerie, qui emploie 280 salariés, ce qui en fait le premier employeur privé au Pays de Bitche, étend son réseau. En Asie, tout d’abord, avec l’ouverture d’un pop­up store à Pékin, de points de vente à Hong Kong et Séoul. Au

Liban également, avec l’inauguration en novembre dernier d’une boutique de 100 m² à Beyrouth. En Europe, Saint­Louis s’est implanté dans trois grands magasins à Berlin, Munich et Stuttgart. « En nous appuyant sur notre nouvel outil industriel, avec un four à bassin flambant neuf, notre maison conti­ nuera son développement. Pour accompagner cette évolution, des ouvertures sont prévues à Taïwan, en Chine et aux Emirats arabes unis », annonce le PDG Jérôme de Lavergnolle. Plus localement, il doit suivre un autre chantier de près : le parcours de découverte de la cristallerie sera agrandi avant l’été autour de l’ancien four à bassin. Il n’a pas été démonté pour que les nouvelles collections puissent être présen­ tées. Déjà, une nouvelle passerelle qui surplombe l’immense halle permet des visites guidées de l’une des manufactures les plus anciennes d’Europe.

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Photo RL

C’est bien connu, le luxe ne connaît pas la crise. Et la cristallerie Saint­Louis, au Pays de Bitche, surfe sur la vague. Avec des ventes en hausse. Et un nouveau projet touristique qui ouvrira cet été.

20 000 visiteurs se pressent chaque année à Saint­ Louis.

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SAINT­LOUIS 

Rue Coetlosquet 57 620 Saint-Louis-lèsBitche Tél. 03 87 06 40 04.




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