1997 LE PASSE MURAILLE 2017
Une génération patrimoine Préface de Jean-Claude Carrière
le passe muraille Homme et Patrimoine
ANS
1997 LE PASSE MURAILLE 2017
Une génération patrimoine
1997
2001
2005
2009
2013
2017
1997 2017
SOMMAIRE p.4
Préface de Jean-Claude Carrière
Les murailles invisibles
p.8
PROJET ASSOCIATIF (extraits)
VALORISER LE PATRIMOINE POUR VALORISER LES HOMMES
p.10 p.46
1995|2000
premiers jalons
Depuis 2004
Sur tous les fronts
p.20
p.32
2001|2006
Ça foisonne déjà !
Les chantiers d’insertion professionnelle
Reportage en texte et aquarelles
|2|
p.58 Depuis 2005
Tout pour les citoyens en herbe
p.90 le passe muraille : la belle ĂŠquipe
p.70 Portfolio
Le Passe Muraille en images
p.92 Vers 2037
Demain, les 40 ans du Passe Muraille
Remerciements CrĂŠdits
p.97 p.100 |3|
Jean-Claude Carrière à Colombières, face à la maison familiale, devant le muret de pierres sèches qu’il a monté lui-même, à la demande de son père. Il avait alors 12 ans.
|4|
Préface
LES MURAILLES INVISIBLES
O
n peut recommencer sa vie dans le passé. Et cela à n’importe quel âge. Il suffit par exemple, sous une bonne direction, de relever patiemment un mur de pierres sèches, vieux de dix ou quinze siècles, pour retrouver les gestes, les efforts et les sensations d’un maçon d’autrefois. Même pas d’un maçon :
d’un paysan en train de refaire son mur, éboulé depuis le dernier gros orage. D’un homme qui, il n’y a pas si longtemps, devait tout savoir faire, comme Robinson sur son île. Il suffit de ce travail pour que nous nous sentions tout à côté de cet homme, ou de cette femme, d’autrefois. Et pour que cela transforme une vie qui ne savait plus où aller. Cette vie ne trouve pas un chemin, elle le retrouve. Le patrimoine - ce qui nous vient de nos pères, et des pères de nos pères - ce n’est pas seulement un mur écroulé, une église branlante ou un tas de ruines dans un désert. C’est quelque chose de plus caché, de plus secret, qui vient du fond obscur de notre conscience et qui, sans que nous le sachions, parfois nous façonne, nous constitue. C’est aussi un désir, c’est un appel, vers quelque chose de perdu - et d’indispensable. Dans un monde que nous voyons changer à toute vitesse, le patrimoine, c’est peut-être ce qui, à l’intérieur de nous, ne change pas, ou très lentement, qui demande en tout cas des milliers d’années pour une modification légère. À ce titre, même si nous devons disparaître un jour, nous faisons tous partie du patrimoine. Cela veut dire - et l’association Le Passe Muraille que nous allons découvrir, et qui travaille depuis plus de vingt ans, le constate chaque jour - que le passé nous attend, et que nous y avons tous notre place. Outre le savoir-faire - qui est naturellement indispensable - il faut aussi retrouver, en tout cas maintenir, le savoir-sentir, et le savoir-penser. Autrement dit, le savoir vivre.
|5|
En un temps de mobilité extrême de l’emploi - au point que certains en viennent à se demander si le mot « travail » recouvre encore une réalité - le mot clé est « réinsertion ». Et voici que s’ouvrent de nouvelles portes, depuis longtemps closes, oubliées. J’ai quelquefois prétendu que nous avons plus de surprises à attendre, peutêtre, du passé que de l’avenir. Plus de révélations, sans doute, plus de découvertes - et peut-être aussi plus d’offres d’emploi. Car c’est dans le passé, et là seulement (dans le nôtre et dans celui des autres), que nous pouvons tenir dans nos mains tant de vies qui ne sont plus et qui ne demandent qu’à renaître. Sous une autre forme, cela va sans dire. Car il ne s’agit pas de copier ce qui se faisait autrefois et ne se fait plus. Il s’agit d’en imaginer l’usage et de l’adapter aux temps qui sont les nôtres. Après tout, les artistes de la préhistoire, en décomposant les mouvements d’une lionne en chasse (comme dans la grotte Chauvet, vieille de trois cent soixante siècles), avaient déjà préfiguré le cinéma, en tout cas le dessin animé. Le désir de mouvement était là. Depuis l’origine. Il ne restait qu’à trouver les techniques nécessaires à le reproduire. Donnons une caméra à un homme de Cromagnon, en lui en expliquant le fonctionnement : qui n’aimerait voir le film qu’il fera ? Les murailles les plus difficiles à franchir sont celles que nous ne voyons pas. Elles sont multiples - politiques, religieuses, économiques, culturelles - et souvent cachées en nous-mêmes. Il peut s’agir d’un texte ancien, lointain, oublié ou tout simplement inconnu, comme d’un tour de main, ou d’une coutume perdue. Nous avons beaucoup à apprendre de notre passé et de celui des autres peuples. C’est à cet « apprentissage du passé » que s’est attachée l’association qui s’intitule justement « passe-muraille ». Avec une intention bien précisée : il s’agit d’une tentative, souvent réussie, de se réintroduire dans une activité. Cela peut s’appliquer à des hommes et des femmes jeunes encore, privés d’emploi et désorientés, comme à des personnes plus âgées, qui brutalement séparés de ce qu’ils croyaient être le pivot de leur vie (leur métier, par exemple, ou leur famille, ou leur pays), peuvent retrouver dans le « patrimoine » une nouvelle raison, et surtout une nouvelle façon de vivre. Il ne s’agit pas de nier, ni même de ralentir le mouvement du temps. Nous savons tous que c’est impossible. Nous ne pouvons même pas le freiner. Mais il s’agit, dans le train où nous sommes tous lancés, de ne pas jeter par la fenêtre ce qui pourrait, en y regardant mieux, changer aujourd’hui notre existence, et peut-être même notre vie.
Jean-Claude Carrière
Président du Printemps des Comédiens (Montpellier), conteur, scénariste, homme de théâtre et de cinéma
|6|
On peut recommencer sa vie dans le passé. Et cela à n’importe quel âge. |7|
Projet associatif (extraits)
valoriser le patrimoine pour valoriser les hommes
L
e Passe Muraille est une association loi 1901 créée en 1997. Fondée sur un projet de protection, de valorisation et de gestion des patrimoines naturels et culturels, elle place l’éducation, l’insertion professionnelle et la culture au centre de son action. Inscrite dans le champ de l’économie sociale et solidaire, elle mobilise l’ensemble de son équipe et de ses moyens au service de valeurs d’humanisme et d’ouverture culturelle. Pour Le Passe Muraille, le patrimoine est un bien commun qui doit bénéficier au plus grand nombre et contribuer au développement du territoire. Sur le plan environnemental, le patrimoine constitue un facteur déterminant d’identification, de singularisation et de structuration des territoires. Notre action vise à préserver l’environnement et la qualité de notre cadre de vie. La découverte et la connaissan ce des patrimoines, la compréhension de notre héritage, nous amènent à interroger nos modes de vie, notre utilisation des ressources naturelles et culturelles selon une éthique de responsabilité.
|8|
Sur le plan économique, le patrimoine est un moteur d’attractivité pour les territoires. À travers le développement d’emplois, d’activités commerciales et touristiques, notre action vise à favoriser une économie locale responsable. Sur le plan social, le patrimoine est un facteur de liens entre les générations et les cultures. Notre action vise à favoriser la cohésion sociale, notamment par l’accès au travail, à la culture et à l’éducation pour tous. Dans cette
perspective, le patrimoine doit être considéré avant tout comme un vecteur d’émancipation et de socialisation au service d’une citoyenneté active. Notre projet s’adresse à tous. Une attention particulière est portée à ceux dont la participation à la vie sociale et culturelle est freinée ou empêchée. Pour mettre en œuvre ce projet, notre association agit, dans un esprit de transversalité, sur plusieurs champs d’intervention :
ÉTUDES
FORMATION
ÉDITION
le passe muraille Homme et Patrimoine
ANIMATION
ÉVÉNEMENTS
INSERTION
Le Passe Muraille s’appuie sur une équipe de salariés et de bénévoles. Notre association adopte des modes de fonctionnement démocratiques et participatifs. Les bénévoles font partie intégrante de l’association, qu’ils participent de manière ponctuelle ou régulière à la mise en œuvre du projet associatif, aux côtés des salariés.
Notre projet nécessite de travailler avec de nombreux acteurs (usagers, collectivités territoriales, professionnels du tourisme, associations, artisans, artistes, chercheurs…). Notre ambition vise à établir des relations de confiance avec des partenaires publics ou privés dans une logique de coopération.
|9|
1995 2000
premiers jalons 1995
1997 Dépôt du nom et des statuts de l’association loi 1901 « Le Passe Muraille » en préfecture
Guillaume Touati invente la « marque » Le Passe Muraille, inspirée du roman de Marcel Aymé
1995-1997 Pierre Plancheron et Guillaume Touati imaginent une utopie qui deviendra réalité
1997
2001
2005
2009 | 10 |
2013
2017
1997-1999 Un premier président, Guillaume Touati
1999 Le premier salarié sur le poste de médiateur du patrimoine
1999 Le premier chantier d’insertion professionnelle de réhabilitation du patrimoine bâti à SaintÉtienne d’Issensac (Brissac, 34)
2000 Le premier chantier d’insertion professionnelle de fouilles archéologiques dans le Gard (Sernhac) et la création du secteur Études
| 11 |
chapitre
I
Les années de bouillonnement
e
| 12 |
n ce printemps 2017, le directeur du Passe Muraille, Pierre Plancheron, prépare la mythique course du Festa Trail, sur le Pic Saint-Loup, au nord de Montpellier. Cette manifestation sportive, créée et développée par Le Passe Muraille, est aujourd’hui portée par l’association Festa Trail. En s’attelant à la septième édition de cet événement, il repense à ces vingt années qui furent, elles aussi, une vraie course. Une course d’obstacles mais aussi de victoires ou tout au moins de défis remportés. Une épopée humaine, en quelque sorte. Retour en arrière sur une première étape, celle de la fondation d’une association un peu horsnormes… La toute première étincelle jaillit d’un groupe de jeunes (ils ont tous la vingtaine) qui aiment faire la fête de temps en temps. Certains ont la fibre sociale, d’autres sont passionnés de Patrimoine, tous sont réunis autour de valeurs communes et de questions récurrentes : quel rôle pouvonsnous jouer pour faire avancer la citoyenneté dans la société ? Comment faire vivre le
Patrimoine et le rendre accessible à tous ? Ils sont deux ou trois en cette année 1995, et deviendront une dizaine, issus du monde de l’éducation populaire, de l’animation des quartiers dits « sensibles », du patrimoine, de la culture et du tourisme. Ils ont un point de ralliement, ce sera chez Pascal, un restaurateur portant les mêmes préoccupations et dont l’établissement deviendra certains soirs, la cantine du groupe ! Pierre raconte : « Nous partagions cette envie de créer une structure différente de celles existant à l’époque, avec des valeurs fondatrices. L’objectif était de réunir le monde du social et le monde de la culture, à niveau équivalent, dans un seul et même projet. » Une envie de dépasser les barrières et de se dépasser, une machine à projets, un besoin d’expérimenter : dans ces premiers souhaits, on retrouve déjà ce qui va habiter l’esprit de l’association. Le Passe Muraille voit le jour, officiellement, le 17 juin 1997 à Montpellier. Son projet associatif s’articule essentiellement autour de deux grands objectifs : restaurer et animer
des sites connus ou méconnus, pour les faire découvrir et les voir revivre. Dans un seul but : sensibiliser et former tous les publics à la sauvegarde du patrimoine historique, architectural, culturel et naturel. Ce qui donnera plus tard le slogan : « valoriser le Patrimoine pour valoriser les Hommes ». Parmi les premiers « compagnons » de cette aventure, Philippe Bertéa, architecte, François Guyonnet, archéologue et Guillaume Touati, venu de Dordogne étudier l’architecture à Montpellier. Depuis 1984, ce dernier participe, lors des vacances, à des chantiers de restauration de monuments du Patrimoine. Avec Pierre Plancheron, ils se rencontrent en 1987 : « Les vieilles pierres m’intéressaient, moins l’environnement, se souvient Guillaume Touati. Pierre, de son côté, soulignait son envie d’aller vers le social, d’apporter au projet une couleur humaniste. Je n’ai pas oublié une fameuse séance de brainstorming rue Dom Vaissette, à Montpellier, où nous avions alors nos locaux.
les bureaux rue dom vaissette Après un premier local sur le quartier de La Paillade à Montpellier, Le Passe Muraille occupe des bureaux rue Dom Vaissette pendant 2 ans. Il reviendra ensuite sur le quartier de La Paillade pour s’y installer durablement.
Je n’ai pas oublié La Paillade puis le petit bureau de la rue Dom Vaissette, à Montpellier. Le Passe Muraille a très vite évolué, avec l’énergie et les contacts de plus en plus nombreux. J’apprends, admiratif, qu’aujourd’hui la structure compte 40 salariés : chapeau ! »
Pierryl Peytavi
Photographe auteur, premier salarié du Passe Muraille, au poste de médiateur culturel (1999)
| 13 |
On était sept ou huit pour définir nos orientations, ce fut vivant et passionnant. » De cette soirée a jailli la devise : « Homme et Patrimoine ». Tous partagent un grand intérêt pour le Patrimoine bâti, et plus largement, pour l’Histoire. Guillaume Touati, aujourd’hui homme de presse et de communication, deviendra le premier président du Passe Muraille. À cet édifice humain, il fallait une maison. Comme la ferme agroécologique de Pierre Rabhi, dans la Drôme, un site va devenir emblématique pour l’association, ce sera Saint-Étienne-d’Issensac, entre SaintGuilhem-le-Désert et Ganges. Pas un siège permanent mais un site d’expérimentation pour la valorisation du patrimoine. Délaissé malgré son classement à l’inventaire des Monuments historiques, le monument subit de nombreuses agressions naturelles et humaines. C’est pourtant ici que vont s’initier, dès 1998, les premières actions correspondant aux objectifs de l’association. Un projet d’aménagement, de réhabilitation et d’animation est imaginé en ce lieu afin de le
préserver pour l’ouvrir au plus large public. Programmation culturelle et artistique, animations scolaires et grand public, chantiers d’insertion professionnelle et chantiers de bénévoles : ici tout démarre avant de se développer à l’échelle régionale. Un laboratoire en quelque sorte. Ainsi, peu à peu, la structure associative évolue, au gré des rencontres et de la confiance grandissante des collectivités locales avec lesquelles s’installent un dialogue et une vraie complémentarité. Ça mijote mais le menu commence à s’épicer. Ainsi les valeurs de l’association, « Homme et Patrimoine », sont intégrées de manière transversale dans chaque projet. Dès les premiers pas, toutes les intentions à venir sont présentes. Plantée sur ses bases, dès 1998, dans le quartier de La Paillade (Mosson), à Montpellier, l’association peut désormais se développer et s’organiser. En 2000 arrive un présidentarchitecte qui va profondément marquer l’association et renforcer sa colonne vertébrale. Il s’appelle Joël Recasens.
Église saint-étienne d’issensac En menant des chantiers de restauration et en proposant des animations culturelles sur le site, Le Passe Muraille va redonner vie à l’église Saint-Étienne d’Issensac à Brissac.
| 14 |
Pour désigner cette nouvelle association, le choix du mot composé « Passe Muraille » s’est imposé. « Muraille » montre une orientation vers la sauvegarde du patrimoine historique. « Passer » sous-entend l’idée du mouvement, de l’avancée et de la transmission : cela dure depuis vingt ans, bon anniversaire ! »
François Guyonnet Directeur du Patrimoine Ville de l’Isle-sur-la-Sorgue
| 15 |
1 la culture à Saint-Étienne d’Issensac Toutes les formes d’art trouvent leur place sur le site. 1 | La pièce de théâtre Les Naïades, par Odrey Mecker et Perrine Ball, dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine en 2011 2 | L’exposition de Stéphane Carbonne Tous les déchets ne deviennent pas des œuvres d’art en 2003 3 | Le concert de gospel de Marianne Cambournac et le chœur de la Buèges en 2005
2
3
| 16 |
Les projets que nous aurions aimé vous faire partager Faute de moyens humains et financiers, ou simplement par manque de temps, Le Passe Muraille a dû pour l’instant mettre en veille certains projets imaginés par l’équipe : chantier En 1998, des jeunes bénévoles s’attellent à la réalisation d’un escalier menant à l’église SaintÉtienne d’Issensac.
Un salon du patrimoine naturel et culturel Grand Sud pour les acteurs et professionnels du patrimoine, les musées, mais aussi le grand public, avec l’organisation d’un forum et de conférences. Terres d’ici, program me de séjours alliant le tourisme de nature et turel le patrimoine cul avec des rencontres d’artistes, d’artisans et nages du de person ri toire visité. De chambres d’hôtes ter en gîtes de charme, les parcours sont imaginés pour découvrir des paysages exceptionnels et la gastronomie locale.
Il n’y a pas de muraille infranchissable pour sortir du chômage ou pour développer des projets d’entreprise personnelle ou solidaire, même lorsque l’on part avec peu d’expérience et peu de moyens. France Active à l’échelle du pays, AIRDIE pour couvrir le Languedoc-Roussillon, apportent aux entrepreneurs engagés des conseils, des financements, des mises en réseau. Bon courage et bon anniversaire au Passe Muraille. »
Enfin, un Centre permanent d’initiation au patrimoine, déjà dans les têtes dès les premières années.
Christian Sautter Ancien ministre Président de France Active
| 17 |
1988-1991 École d’architecture,
Histoire de l’art et Droit à Montpellier
1992-1999
Développement commercial pour le Sud-Ouest des Éditions Du Seuil, Paris
2001-2007 Directeur marketing du Groupe d’édition et de communication Rebondir, Saint-Ouen 2007-2012 Directeur du développement puis Président et Directeur de Publication du Groupe de presse Courrier Cadres, Paris 2009-2010 Auditeur du Master recherche Histoire des Techniques du CNAM, Paris
Depuis 2012
Directeur Associé de Mediadesk, agence média, et de Bilan Patrimoine (ingénierie culturelle), Paris
Une qualité d’écoute dans une pépinière d’êtres engagés ! | 18 |
Guillaume TOUATI
Président du Passe Muraille de 1997 à 1999
aux origines du projet I
l a le verbe riche et le débit rapide. Il parle du Passe Muraille comme d’une épopée. Guillaume Touati n’a pas oublié son discours d’inauguration du premier chantier à Saint-Étienne d’Issensac, devant un public de bénévoles, d’élus et d’habitants venus en nombre, avec un peu d’émotion dans la voix. Lui, qui depuis l’été 1984 parcourait avec un groupe d’amis le monde des chantiers de jeunes, s’était réveillé un matin en se disant : « On fréquente toutes ces assos, c’est bien, mais si on créait la nôtre ! » Pierre Plancheron, qui deviendra le Directeur du Passe Muraille, « l’humaniste » selon lui, rencontré en 1987, était alors en réflexion pour la création d’un grand projet. Il avait envie d’aller vers le social, mais aussi de promouvoir un projet culturel reconnu autour du patrimoine. Il l’a « embarqué dans l’aventure ». « Nous étions en phase dans un projet “homme et patrimoine” », se souvient Guillaume, alors étudiant à l’École d’architecture de Montpellier. Après deux mandats de présidence, en 1999, il passe le relais à Joël Recasens. De Bordeaux où il part travailler ensuite dans l’édition, il revient régulièrement à Montpellier, pour voir comment progresse le beau projet désormais reconnu et pour humer cette période fondatrice, féconde et passionnée. Son déménagement vers Paris va distendre un peu les liens mais jamais il ne quitte la barque « Passe Muraille ». Désormais engagé dans la communication et la presse dans la capitale, en 2008, lors du Salon International du Patrimoine Culturel au Carrousel du Louvre à Paris, où Le Passe Muraille fait partie des exposants, il vient donner un coup de main. Normal pour lui. Il est encore là en 2016, lorsque toute l’équipe du Passe Muraille se retrouve pour préparer un programme d’animations 2017, pour célébrer les 20 ans de l’association. Ce qu’il aime depuis le début et qu’il retrouve chaque fois qu’il rencontre les salariés et les administrateurs du Passe Muraille ? « Une qualité d’écoute dans une pépinière d’êtres engagés ! »
| 19 |
2001 2006
Ça foisonne déjà ! 2001 Une étude historique est menée sur le château médiéval du Redondel à Lunas
1997
2001
2005
2009 | 20 |
2013
2017
2001 Le Passe Muraille investit le Domaine départemental de Roussières pour faire vivre le site avec un centre de loisirs, des classes Patrimoine, une programmation culturelle et un centre de formation sur le patrimoine
2006 Sortie du premier numéro de la revue Patrimoines en région
| 21 |
chapitre
II
D’abord, étudier ç les projets…
a bouillonne dans les têtes du Passe Muraille sous l’instigation du président, Joël Recasens : « Ces actions menées au quotidien pour le développement durable, pour sauvegarder et mettre en valeur les racines bâties, agricoles et naturelles de nos territoires (…) sont le fondement et l’objet de notre association. » Dès les premiers pas de l’association, avant toute nouvelle action, des études sont réalisées pour évaluer les potentialités des sites patrimoniaux (richesses historiques, architecturales, paysagères…), envisager les actions de restauration et les aménagements nécessaires pour ouvrir le site au public, concevoir des outils de médiation et des animations. Rappelons-en quelquesunes. Saint-Étienne-d’Issensac, dès 1998, le moulin médiéval de Saint-Bauzille-dePutois, en 1999, le château médiéval du Redondel à Lunas, en 2001. Il s’agit de poser un diagnostic avant la mise en place d’un chantier d’insertion professionnelle ou la conception d’un programme culturel et d’animations pédagogiques. Outre les études préalables à ses propres projets, Le Passe Muraille réalise aussi des études stratégiques et opérationnelles pour des collectivités, des associations et d’autres commanditaires, dans l’optique de placer le patrimoine au cœur des réflexions de
| 22 |
le bureau d’études En 2014, Le Passe Muraille réalise au domaine national de Chambord un parcours d’interprétation et un livret-jeu. Centre de formation Le Passe Muraille pilote des formations longues dans le cadre du Plan Régional Qualifiant. Il propose également des formations professionnelles et de l’accompagnement aux collectivités.
Au printemps 2014, le service de la conservation et de l’action éducative du domaine national de Chambord a retenu la proposition du Passe Muraille pour animer une promenade autour du canal, dans lequel le château de François Ier se mire. Depuis cette collaboration avec Audrey, Claire et Florelle, des panneaux ludoéducatifs et un carnet de promenade permettent aux enfants, en famille, d’approcher avec humour et sérieux les milieux naturels et la faune qui bordent ce canal (lisière de forêt, mare, roselière). Bonne continuation et bon anniversaire au Passe Muraille. »
Éric Johannot Chargé de recherches et de l’action éducative pour le château de Chambord
| 23 |
développement raisonné des territoires. Le bureau d’études peut être sollicité pour un audit de potentiel et de mise en valeur de sites. On lui demande aussi des études de faisabilité ou la réalisation de parcours d’interprétation du patrimoine. Le bureau d’études apporte également une aide aux collectivités en proposant des formations professionnelles et de l’accompagnement. Aujourd’hui, il propose aussi son expertise, notamment par de l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour des projets de développement culturel et touristique.
Un domaine en garrigue Le Conseil général de l’Hérault, après appel d’offres, confie en 2001 au Passe Muraille la gestion d’une partie du Domaine départemental de Roussières, plus de 600 ha, sur la commune de Viols-en-Laval, au nord de Montpellier. Il s’agit de créer et de gérer un centre de loisirs sans hébergement (CLSH). Un berger, à la tête d’un troupeau de 400 brebis, est déjà présent sur les lieux et entretient le domaine. À l’arrivée des enfants, il prend le temps de répondre à leurs questions et partage avec eux les grands moments de la vie du troupeau (agnelage, tonte, départ en estive…). À partir de 2002, le site accueille des manifestations culturelles, dont les Triplettes de Roussières, qui connaîtront un vif succès, autour de trois disciplines : le cinéma, la musique et la gas-
tronomie. Suivra une programmation culturelle intégrant des spectacles inédits pour les Journées européennes du Patrimoine, l’accueil du festival « Saperlipopette, voilà Enfantillages ! » et de pièces du Théâtre des Treize vents. Aux manifestations culturelles s’ajoutent d’autres activités qui font vivre le site : un centre de loisirs, un lieu de séjours de vacances et d’accueil de classes pédagogiques, enfin, un centre de formation. De nombreuses promotions se sont succédé sur différents thèmes comme « animateur de territoire », « technicien du patrimoine bâti », « concepteur de projets d’éducation artistique », « médiateur du patrimoine culturel et touristique »… Aujourd’hui, Le Passe Muraille copilote un Brevet professionnel Culture et Patrimoine. Depuis 2011, Roussières accueille aussi les Rencontres Scène Jeunesse, festival d’éducation aux arts et aux patrimoines initié par la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ), en partenariat avec le ministère de la Culture. Aujourd’hui, Le Passe Muraille gère trois centres de loisirs, à Vailhauquès, à Saint-Martin-de-Londres (SIVU ESMML) et toujours au Domaine départemental de Roussières (Viols-en-Laval).
Le Passe Muraille, c’est la générosité au service du patrimoine : une vision ouverte du patrimoine, un vrai travail de démocratisation, une créativité en action. »
Marie Bonnabel Ancienne chef du service Patrimoine Régional de l’ex-Région Languedoc-Roussillon Conservatrice du Couvent des Jacobins à Toulouse
| 24 |
les triplettes de roussières De 2004 à 2010, la formule des Triplettes de Roussières évolue, passant du ciné-concert au bal en garrigue. le centre de loisirs de roussières Les enfants bénéficient d’un site patrimonial naturel et bâti exceptionnel, propice aux activités de découverte.
| 25 |
|| 26 26 ||
le théâtre à roussières Le Passe Muraille a accueilli de nombreux spectacles au Domaine départemental de Roussières. Ici, en 2004, le spectacle Ma Solange, comment t’écrire mon désastre, Alex Roux, création collective de la troupe du Théâtre des Treize Vents.
Saperlipopette, voilà enfantillages ! Le Domaine départemental de Roussières accueille ce festival du spectacle vivant incontournable pour les familles. Ici, le théâtre de clown Comment va la Terre ? Elle tourne... par la compagnie Kiroul en 2007.
| 27 |
Un magazine du patrimoine Au commencement était le Carrefour des Patrimoines, réseau d’acteurs de l’éducation aux patrimoines naturel et culturel, coordonné à l’origine par trois structures, les CEMÉA, garants de la dimension éducation populaire, le GRAINE, pour l’éducation à l’environnement, Le Passe Muraille, pour l’éducation au patrimoine. On y évoque aussi la création d’un Bulletin. Ce projet prend de l’ampleur et va donner naissance à un véritable magazine consacré aux patrimoines, apportant des articles de fond pour alimenter la réflexion et des éléments pratiques destinés au monde éducatif. L’aventure est lancée. Patrimoines en région est sur les rails. De nouveaux noms vont apparaître dans la liste des hommes et femmes du Passe Muraille… Plusieurs membres de l’association, en effet, apportant des talents nouveaux, arrivent régulièrement comme pour irriguer d’un sang neuf le « corps » du Passe
Muraille. Ainsi en va-t-il avec Jean-Pierre Besombes-Vailhé. Avant de devenir conseiller de l’action culturelle à la DRAC LanguedocRoussillon d’alors - nous sommes en 2005 il rejoint l’équipe de Pierre Plancheron qui se souvient : « Ethnologue de formation, JeanPierre, en visionnaire, rappelait en particulier l’importance de créer un réseau d’acteurs dans l’éducation aux patrimoines culturel et naturel. » La Région Languedoc-Roussillon, la DRAC, les départements et d’autres partenaires s’associent au projet et l’encouragent. Le magazine sera enrichi en 2009 par la création de L’Agenda du patrimoine, qui acquiert très vite un beau succès, avec un tirage de 100 000 exemplaires. En 2016, Patrimoines en région fête ses dix ans et son trentième numéro. Le magazine et L’Agenda du patrimoine embrassent désormais la nouvelle région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée.
Patrimoines en région Le magazine n’a jamais cessé d’évoluer depuis 2006, en créant de nouvelles rubriques et en modernisant sa maquette.
2006
#0
2010
2016
#11
#28
#29
2017
#30
| 28 |
#31
L’élaboration du magazine Quelques étapes incontournables ponctuent la création de chaque numéro de Patrimoines en région. 1 | La réunion du Conseil Scientifique et éducatif 2 | La rédaction, la maquette et la relecture finale 3 | La mise sous presse chez l’imprimeur
1
2
La naissance de Patrimoines en région fut pour moi un acte militant dans le champ de l’éducation populaire. C’était la première fois qu’on abordait le patrimoine sous trois angles simultanés : le culturel, l’environnemental et le social. Parallèlement à l’intérêt suscité chez les scientifiques, nous voulions éveiller celui des accompagnateurs, des publics, professionnels et amateurs. Grâce à cette “revue-outil”, nous souhaitions aider les éducateurs, animateurs, médiateurs dans leurs actions éducatives. Le chemin parcouru aujourd’hui donne le sentiment que nous ne nous sommes pas trompés de cible, même si Patrimoines en région a beaucoup évolué dans le fond et dans la forme. »
Jean-Pierre Besombes-Vailhé Conseiller pour l’action culturelle et territoriale, DRAC Occitanie
| 29 |
3
1993
DEFA (Diplôme d’Études Fondamentales en Architecture)
1997
DIFED (Dynamique Interdisciplinaire de Formation à l’Environnement et au Développement)
1998
Architecte DPLG (Diplômé par le Gouvernement)
1999
PLACE (Formation sur les outils d’aménagement du Territoire et de la Politique de la Ville)
2008-2014
Élu délégué au Développement Durable avec la création d’un Agenda 21 sur la commune de Vailhauquès
Aujourd’hui
Ingénieur architecte pour le compte du Département de l’Hérault après avoir été jadis Directeur de Bâtiment à la ville d’Agde, « ce qui explique ma sensibilité pour le patrimoine »
Nous partions dans une aventure assez unique en son genre | 30 |
Joël RECASENS
Président du Passe Muraille de 1999 à 2009*
par tempête et temps calme L
a scène se déroule en 1998, au Conseil général d’alors, sous la présidence d’André Vézinhet. Joël Recasens se souvient : « Je présente ce jour-là avec mon CA un projet de “Centre Méditerranéen de l’Environnement et du Patrimoine” (CMEP) et au même moment, une autre équipe soumet celui du “Passe Muraille, Homme et Patrimoine”. » Tombe alors le verdict : « Vous avez la même orientation, on ne financera pas les deux. » Les deux structures sont invitées à se rapprocher : « Nous avons fusionné nos deux conseils d’administration, reprend Joël. C’était riche, politiquement déjà, les membres venaient de tous horizons : Pedro, Philippe, Guillaume, Pierre ou moi… Riche aussi professionnellement avec des hommes comme Philippe Bertéa, un architecte. Nous partions dans une aventure assez unique en son genre, être acteur dans l’insertion professionnelle en offrant un volet patrimoine ! » Après les deux années de la première « présidence Touati », Joël Recasens est élu pour prendre sa suite. Douceur dans la voix, fermeté dans les actes, comme le souligne l’un de ses collègues du CA, Joël est « réfléchi et capable de décortiquer une situation à problèmes. Champion des systèmes d’organisation, il s’implique pour rester fidèle à ses valeurs. Il ne se contente pas de dynamiser une structure, il monte en première ligne et montre l’exemple. » Au cours des onze années de sa présidence - record à battre - il n’a pas oublié, pêle-mêle, « le développement des chantiers de restauration du patrimoine bâti et des activités pédagogiques, le lancement du magazine Patrimoines en région, puis l’objectif de la qualité avec l’obtention de la norme ISO 9001… » Il traversera la crise de croissance « et son pendant, la crise financière ». De sa présidence, Joël laisse le souvenir d’un temps de vrai dialogue avec les salariés, dans le CA et à l’extérieur. Et celui d’un optimisme à toute épreuve. * Administrateur depuis 2010
| 31 |
vel Chantier de Ta sert La rivière des
tagers dont des jardins po pierre sèche les murets en rés par ont été restau aille Le Passe Mur
| 32 |
Les chantiers d’insertion professionnelle Le Passe Muraille conduit des ateliers et chantiers d’insertion professionnelle (ACI) sur les départements de l’Hérault et du Gard depuis une vingtaine d’années. Ces chantiers répondent à des projets de valorisation du patrimoine portés par les services de l’État (Direccte 30 et 34), les départements (30 et 34), les collectivités (métropoles, communautés d’agglomération, communautés de communes, communes…) et l’Europe (Fonds Social Européen). Véritables lieux d’apprentissage, ces chantiers proposent aux personnes éloignées de l’emploi d’être salariées au service d’une réalisation d’intérêt public, leur permettant d’acquérir des savoirs, savoir-faire et savoir être indispensables à la construction d’un projet professionnel. Chaque salarié est accompagné dans l’élaboration de son projet professionnel et dans sa recherche d’emploi. Des formations complémentaires, mises en œuvre pendant le temps de travail, viennent compléter et/ou renforcer les compétences acquises sur les chantiers. Ils sont l’activité majeure du Passe Muraille. Nous avons demandé à Aline Champsaur, auteur-illustrateur, de vivre une expérience
d’immersion, sur quelques chantiers d’insertion professionnelle dans le Gard. Reportage en texte et aquarelles.
| 33 |
À Aramon
Le goût du bel ouvrage
A
ramon, joli petit bourg du Gard, s’adossait à un bras du Rhône et fut longtemps un port commerçant prospère. Le bras s’ensabla progressivement et fut asséché en 1968 avec les travaux de canalisation du
Rhône. En reste un imposant quai datant de 1856 qui s’étire tout le long du village ; par endroits on peut encore y voir accrochés des anneaux rouillés qui servaient à l’amarrage des bateaux. J’y retrouve François Le chantier est porté depuis 2009 par la commune d’Aramon, qui propose les travaux à
réaliser et les suit. Pour la commune l’objectif est double : la réalisation de travaux qui n’auraient certainement pas été réalisés sans le chantier
mais aussi et surtout, une action sociale proposée aux habitants du territoire.
Bonnin, encadrant technique de chantier d’insertion professionnelle pour Le Passe Muraille, et son équipe : leur tâche ici consiste à rejointoyer à l’ancienne les pierres du bel édifice qui court sur plusieurs centaines de mètres. Sur l’ancien quai, ce matin-là, l’équipe a préparé le mortier et l’a appliqué autour des pierres puis laissé sécher. En équilibre sur le pan incliné du quai, Aziz et Christophe brossent le surplus pour faire oublier que le travail vient d’être réalisé. Cela s’appelle « frotasser ». L’effet est réussi. Les pierres sont à nouveau solidement arrimées au mur alors que certaines avaient fini par sortir, donnant l’impression que rien n’a bougé depuis cent ans. L’équipe travaille dans la bonne humeur, et, semble-t-il, avec plaisir, ce que me confirme François.
| 34 |
P
ourtant, se lever pour arriver chaque matin à 8 h sur le lieu du chantier, effectuer un travail physique chaque jour, devoir coopérer avec des personnes très différentes et accepter un chef n’est pas facile quand l’oisiveté forcée a
travail Le rythme de , mais fatigue certes
l’énergie redonne de
fini par entamer espoir et courage. Le rythme de travail fatigue certes, mais redonne de l’énergie ; le soulagement d’« y arriver » à nouveau, d’apprendre quelque chose, de constater que le résultat « a de la
gueule », de retrouver un salaire et de l’autonomie, tout cela est positif et aide à reprendre confiance. Ce n’est ni simple ni garanti pour autant ; il y a les problèmes de mobilité (pas ou plus de voiture, de permis...), Chantier
d’Aramon
Toute l’équipe es staure les digu
re
qui protègent le village
les difficultés financières et familiales, psychologiques, parfois les addictions : l’accumulation des soucis compromet souvent la démarche entreprise. François, par expérience, sait que si quelqu’un se voit proposer un entretien d’embauche trois mois après la fin du chantier d’insertion professionnelle, il est préférable
bleu jean
de prolonger le contrat sur le chantier jusqu’à la date fatidique du rendez-vous, sinon la personne ne s’y rendra probablement jamais : trois mois c’est long sans accompagnement, on peut vite perdre pied à nouveau. Les fragilités dues aux années de galère ne disparaissent pas par enchantement. Le rôle de l’encadrant technique est à la fois de trouver des solutions pour résoudre des problèmes concrets, former les membres de l’équipe, diriger le travail afin de parvenir à un résultat de qualité, motiver et réconforter chacun, mais aussi savoir créer une ambiance agréable et coopérative, empêcher les débordements, les conf lits... Bref, il est à la fois maître d’œuvre, contremaître, éducateur, formateur...
| 35 |
mortier
F
rançois exerce ce métier depuis plus de six ans. Au fil du temps, son autorité et son charisme lui ont permis de rester « carré » tout en devenant plus proche des salariés du chantier : « Ils en ont besoin
aussi, ce qu’ils vivent est dur. » Il sait combien pour eux, il est difficile de devoir relever plusieurs défis à la fois et de supporter quotidiennement les collègues avec lesquels ils n’ont pas toujours d’affinités, de ne pas exploser, de ne pas avoir envie de lâcher quand les problèmes s’amoncellent. François aime les gens, sait tenir son groupe et encourager chacun. Il a aussi ce goût du bel ouvrage qu’il transmet aux membres de l’équipe.
mon Chantier d’Ara ve peu Le quai retrou
re, les à peu son lust antier en salariés du ch ime fierté tirent une légit
frotasser
| 36 |
Dans le Gard Rhôdanien
Le temps de vivre autre chose
L
a fierté des salariés rencontrés sur le chantier d’Aramon, je la retrouve également chez Eddy Kamtas, qui coordonne les chantiers d’insertion professionnelle autour de Bagnols-sur-Cèze,
menés sur le territoire de l’Agglomération du Gard Rhodanien. Abribus rebâti en vieilles pierres, chemin de promenade aménagé, création d’un passage et de murets à Tresques, jardins et lavoir de Tavel réhabilités, enceinte du cimetière rénovée à Saint-Gervais… Eddy m’emmène visiter quelquesunes des réalisations menées avec ses équipes ; il me montre aussi les chantiers en cours, me fait rencontrer le maire du village du Garn (Geneviève Castellane, également vice-présidente de l’Agglomération, chargée de « l’emploi et des compétences »), qui aimerait voir une équipe dans sa commune pour remonter deux murs de pierres sèches. Tous deux se félicitent de la qualité des travaux. Réfection d’un mur à l’ancienne, restauration d’un lavoir ou remise en valeur d’une place de village, ce qui frappe
Le Passe Muraille intervient sur le territoire du Gard Rhodanien depuis 2002. L’Agglomération du Gard Rhodanien est maître d’ouvrage depuis 2013 et
établit le programme des travaux sur proposition des communes (42 communes,
commanditaires potentiels), en concertation avec Eddy, coordonnateur technique des
trois équipes.
le regard à chaque fois, c’est la beauté du résultat.
| 37 |
e
ddy en est heureux, ainsi que le sont « ses jeunes », comme il appelle les membres de ses équipes qu’ils aient 19 ou 59 ans. Eddy tient beaucoup à ce que les maires expriment leur satisfaction aux salariés en
contrat d’insertion ; c’est ce qu’ils font spontanément la plupart du temps à la fin d’un chantier. Pourtant, au départ, rien n’est gagné d’avance. Les riverains sont souvent méfiants, qu’est-ce qu’un chantier d’insertion professionnelle au juste ? Qui sont ces gens ? Des fainéants, des repris de justice ? Les fantasmes vont bon train. Puis la relation évolue. La méfiance des premiers jours se mue souvent en hospitalité au fil des semaines. Certains prennent
pierre
l’habitude, ce n’est pas rare, d’apporter un café ou d’offrir une gourmandise le matin. Les personnes sont là pour travailler, le voisinage l’a compris, elles le font bien et elles rendent service à leur village en restaurant avec soin son patrimoine. Le chantier d’insertion professionnelle permet de « remettre le pied à l’étrier »,
« retrouver la confiance ». Alors Eddy ne se contente pas d’organiser et diriger les travaux, il essaie de transmettre son esprit positif et l’énergie qu’il a à revendre aux salariés en contrat d’insertion. Il écoute beaucoup, oriente ses questions et ses remarques afin que les personnes prennent conscience de leur valeur, dans le travail mené sur le chantier et dans leur vie. Eddy me raconte le cas d’une salariée battue par son mari. Ce dernier était venu la menacer jusque sur le chantier. Elle s’était tellement repliée
Chantier de reiret -Marcel-de-Ca
sur elle-même qu’« on aurait dit une perdrix ». Le chantier lui a donné le temps de vivre autre chose ; elle en a profité pour entamer un stage dans un supermarché et s’est épanouie dans la vente. Aujourd’hui, elle y travaille en CDI, elle a pris de l’assurance, parle et plaisante avec les clients : la perdrix s’est envolée. Ce n’est pas toujours
Saint
uit le mur L’équipe constr ette qui ent de la plac de soutènem ré ir, déjà restau domine le lavo Muraille par Le Passe
aussi rose. Ce matin, un salarié n’est pas venu et n’a pas appelé pour prévenir, s’expliquer. Ce n’est pas bon signe.
« Ça m’attriste » dit Eddy. « On est moins fatigués en se levant et en venant travailler qu’en restant chez soi à ne rien faire et à moisir dans ses problèmes. » En général, les salariés du chantier prennent goût à leur travail et retrouvent une dynamique. Deux d’entre eux ont par exemple trouvé un emploi juste après leur sortie du chantier cette année.
| 38 |
végétation
N
ous rejoignons l’équipe de Michel Tastevin à SaintMarcel-de-Careiret. Après avoir remonté un vieux mur affaissé quelques mètres au-dessus du lavoir déjà embelli par Le Passe Muraille, l’encadrant
du chantier a proposé à la mairie de prolonger le mur pour créer une petite place. Elle pourra servir de lieu de piquenique et de boulodrome aux habitants du village. Michel est satisfait de l’équipe du chantier. Les salariés s’entendent bien, s’entraident beaucoup et ont déjà abattu un sacré travail en moins de deux mois. Ce jour-là, le temps est maussade, il a plu. En attendant de pouvoir reprendre l’extraction de pierres dans les vignes voisines, Zora me parle de son projet, se racheter une voiture et repasser un examen pour pouvoir travailler en tant qu’aide-soignante, car « là il y a du boulot ». Nabil aussi aimerait se construire un avenir. Pour cela, il faudrait d’abord qu’il trouve un stage en entreprise, lui permettant de valider un projet professionnel et/ou déclencher une embauche. Il en a la possibilité durant son contrat d’insertion. Philippe, qui semble partout à la fois tant il déploie d’énergie, s’y connaît en maçonnerie et aimerait bien devenir encadrant technique. Jeanne, Thomas, ou encore Franck ont d’autres projets en tête pour leur avenir, mais tous aujourd’hui coopèrent à la construction de la placette, leur placette. Chacun, tout en s’activant, m’explique ce qu’il fait, me décrit la suite des travaux et imagine les lieux une fois l’ouvrage achevé : « Les gens pourront s’asseoir ici, faire un
barbecue là, jouer aux boules à l’ombre des arbres en profitant de la fraîcheur de l’eau du lavoir. » Thomas a pris des photos
eau
avant le début du chantier, en un mois et demi le changement est déjà remarquable : le mur forme un bel ensemble avec le lavoir, on dirait qu’il a toujours été là. Il y a de quoi être satisfait.
| 39 |
Rouvrir des possibles
L
undi matin, Aramon, l’équipe est en remise à niveau maths, français... C’est pour moi le moment de rencontrer Cécilia Ballard, la Conseillère en Insertion Professionnelle (C I P). Le chantier est, comme le dit François, l’encadrant
technique, « un support », mais l’objectif de ce contrat de six mois
Chantier de reiret -Marcel-de-Ca
Saint
est de construire un projet professionnel. Cécilia accompagne chacun dans cette démarche. Elle suit 48 personnes réparties sur plusieurs chantiers du Gard (au total, Le Passe Muraille mène 4 chantiers d’insertion professionnelle dans le Gard et accompagne 60 salariés). François forme les salariés à la petite maçonnerie, au débroussaillage ou à l’entretien d’espaces verts, veillant au respect des horaires, à la qualité du travail, au savoir-vivre et travailler avec les autres. Cécilia quant à elle, endosse un autre rôle : « J’interviens sur l’élaboration du
projet professionnel, mais surtout je ne dois pas le faire à leur place. Je recherche les idées avec eux, les informations, à eux de faire les démarches. » Le but est que la personne puisse reprendre sa vie en main, retrouver son autonomie ; il ne s’agit pas de l’assister. Cécilia note que rencontrer des gens dans un cadre où ils sont déjà valorisés
« change la donne » : elle se rend donc chaque semaine sur les chantiers. Elle échange beaucoup avec l’encadrant sur ce qui s’est passé les derniers jours, rencontre chaque salarié pour faire le point et faire avancer son projet. | 40 |
Le travail de Cécilia et de Laurence, conseillères en insertion professionnelle, est mené avec les partenaires
de terrain, qui orientent les personnes sur nos actions et les suivent pendant et après leur parcours sur le
chantier : les référents du Département, du Pôle emploi, des missions locales, les
services sociaux. C’est un travail d’équipe qui se construit autour d’un réseau.
L’
entretien a lieu dans une salle prêtée par la mairie comme ici à Aramon : « le luxe ! » dit-elle en riant. Mais parfois, la rencontre se déroule « là où ils sont », en général dehors, dans des lieux improbables comme un cimetière dont
l’équipe retape l’enceinte, au pied d’un champ d’oliviers longé par un mur à remonter, au bord d’un vieux lavoir en cours de réfection... et ce n’est pas plus mal, car « les choses se disent aussi en fonction des lieux » : une salle « officielle » est rarement plus propice. « On partage au début
sur leur chemin de vie. Mon rôle est d’éclairer les personnes sur leur personnalité et ce qu’elles ont réussi. Elles ont des compétences dont elles n’ont pas conscience. L’idéal est de parvenir à ce que la personne ellemême à un moment donné arrive à se dire “je suis quelqu’un de bien”. En parallèle, durant ces six mois, je vais essayer de les aider à atténuer leurs difficultés : surendettement, logement, famille, etc. On ne demande pas aux gens d’être compétents mais d’envisager un autre possible ; soit de repartir sur ce qu’ils savent faire, soit sur des compétences nouvelles. Si les gens sont là, c’est parce qu’ils ont du courage. Ça me met hors de moi quand certains disent “celui-là c’est foutu”. » Elle garde l’espoir pour chaque personne. Sinon elle arrêterait : « Imaginer
des personnes très actives, pour qui ça roule, sans fragilités, c’est de l’ordre du rêve. C’est difficile d’aller se présenter devant une entreprise, de passer un entretien… et plus encore quand on a perdu la confiance et l’habitude. Nous, on va proposer, susciter, motiver. À moi d’outiller les gens, de leur faire voir qu’ils ont déjà plein de compétences, de leur donner de bonnes infos. On va devoir accepter aussi les moments où les gens stagnent, n’ont pas envie. Il y a des étapes, parfois le déclic a lieu après. » Comme François, comme Eddy, Cécilia observe que ses critères sont nombreux pour mesurer la fécondité du dispositif : « Une sortie
l bleu de travai
positive, c’est défini par les grilles d’évaluation administratives comme : obtenir un travail, une formation. Mais une personne qui va arrêter de boire, passer son permis, relever un peu la tête, avoir envie de continuer les démarches, c’est aussi une sortie positive pour moi. Le but c’est que ma parole résonne un jour. » Cécilia, Eddy, François, Michel ... mais aussi tous les
autres encadrants techniques et conseillers en insertion
professionnelle, sont les piliers des chantiers du Passe Muraille. Ils peuvent être fiers de l’œoeuvre qu’ils portent
ensemble : rouvrir des possibles à ceux qui n’y croyaient plus.
| 41 |
sable
Une palette de supports d’insertion
L
e Passe Muraille mène depuis 1999 des ateliers et chantiers d’insertion professionnelle (A C I) dans l’Hérault. L’association a beaucoup œuvré pour la restauration du patrimoine bâti sur les différents territoires du
département : Cévennes/Pic Saint-Loup, Pays Cœur d’Hérault, Grand Biterrois, Hérault Méditerranée, Lunellois, Montpelliérain. Tous ont pu bénéficier du savoir-faire de l’association dans la restauration du patrimoine bâti tels les travaux réalisés à la Maison des Métiers d’Art de Montpellier et les parcs des Folies montpelliéraines. Aujourd’hui, l’association développe de nouveaux supports d’intervention. En 2010, l’association a créé l’atelier d’insertion « Métiers du Tertiaire et de la Communication ». Ce chantier est situé dans le quartier historique de l’association, la Paillade, à Montpellier. Il prépare les salariés à des postes d’agents administratifs, notamment à travers la réalisation de supports administratifs et de communication. Ses prestations s’adressent à des collectivités, des acteurs de l’E S S ( Économie Sociale et Solidaire) ou des structures privées, notamment celles œuvrant en faveur de la culture, du social et du développement durable.
| 42 |
Maison des Métiers
d’Art de Montpellier
E
n 2015, Le Passe Muraille a, une nouvelle fois, diversifié ses supports de chantiers avec la mise en place de chantiers d’insertion professionnelle d’entretien des berges et de la végétation rivulaire sur le territoire de
l’Agglomération Hérault Méditerranée et de Montpellier Méditerranée Métropole. Ces chantiers ont pour support des travaux post-crue : coupe d’arbres, arasage de ligneux, enlèvement d’embâcles et de souches, débroussaillage, taille, végétalisation des berges, dépollution, etc. Le patrimoine est ici appréhendé dans sa dimension environnementale, en ce sens où l’action répond à des enjeux forts des territoires, en matière de prévention des inondations et de mise en sécurité des biens et des personnes. Ici encore le patrimoine et l’homme sont au cœur des préoccupations. Les hommes « sculptent » le patrimoine naturel afin d’en préserver l’environnement ; le patrimoine, lui, offre un nouveau support pédagogique de travail à des salariés en parcours d’insertion. Chacun laissant tour à tour son empreinte sur l’autre.
Une utilité sociale confirmée ...
Diversifier les supports de chantiers, c’est offrir aux personnes en difficulté d’insertion professionnelle des solutions adaptées à leurs besoins. Les résultats de ces chantiers, en terme de levée des freins et de sorties en emploi et en formation, témoignent de leur utilité sociale. ... qui invite à développer de nouvelles initiatives et projets
Le Passe Muraille, c’est aussi, un laboratoire d’idées et d’innovation au service de ses valeurs associatives. à ce titre, certains territoires du Gard sollicitent Le Passe Muraille pour mener des projets dans les métiers de l’agriculture. Dans cette même dynamique, l’association développe depuis plusieurs années un nouvel axe d’intervention - la valorisation du patrimoine gastronomique - à travers les circuits courts, la saisonnalité des produits et l’agriculture biologique. Le projet consiste à créer un chantier d’insertion professionnelle et une entreprise d’insertion dans la restauration collective scolaire. Il vise à répondre à trois enjeux majeurs : la pré-qualification des publics éloignés de l’emploi dans les métiers de la restauration, le soutien aux producteurs locaux, l’éducation au goût chez l’enfant.
| 43 |
1998
École du Louvre diplôme de 2e cycle
2000
DEA d’archéologie
2000-2001
Intègre Le Passe Muraille au poste d’encadrante technique d’insertion professionnelle Site de Cadenet et Perrières (Sernhac)
2001-2007
Coordinatrice Insertion antenne Gard
2007
Déléguée Territoriale antenne Gard et Responsable du secteur Études
les chantiers participent à la vie et à la dynamique des territoires | 44 |
Nelly VIALA
Directrice-adjointe du Passe Muraille depuis 2009
Le chantier, une découverte de soi T
out a commencé par une fouille dans le Gard. À l’époque, Nelly, fraîche émoulue de l’École du Louvre, spécialisée en archéologie, ne sait pas encore ce qui l’attend… C’est à travers la conduite d’un chantier d’insertion professionnelle destiné à mettre au jour une villa gallo-romaine à Sernhac en 2000 qu’elle découvre, outre les vestiges, les difficultés propres aux personnes qui ont perdu habitude de travail et confiance en soi. Lorsque les fouilles s’achèvent, Pierre Plancheron lui propose de continuer à encadrer les chantiers du Passe Muraille dans le Gard, d’en ouvrir de nouveaux et de les coordonner. En 2009, elle accepte de piloter l’ensemble des chantiers d’insertion professionnelle du Gard et de l’Hérault et devient Directrice-adjointe. Nelly ne fait plus d’archéologie : « Je suis passée d’une action à une autre sans m’en rendre compte », reconnaît-elle. Est-ce une source de frustration ? Pas du tout : à voir la façon dont elle s’anime au cours de l’entretien, la vocation sociale de ces chantiers n’a pas fini de la passionner. « Peu importe qu’on n’ait jamais manié la pelle ou la truelle, qu’on soit un homme ou une femme, qu’on ait 25 ou 50 ans, des compétences ou pas, » le chantier est l’occasion de travailler avec d’autres, de se rendre compte qu’on est à nouveau capable d’entreprendre quelque chose. Il débouche sur une réalisation collective, sans perdre de vue la construction d’un projet professionnel avec l’aide de la conseillère en insertion professionnelle (CIP) : « Mon travail, précise-t-elle, c’est d’accompagner celui des CIP et des encadrants techniques qui font un travail difficile : il ne suffit pas d’être dans l’empathie. Il faut être autonome, motiver et orienter des personnes qui avaient fini par baisser les bras. » Une grande part du travail de Nelly consiste par ailleurs à assurer le lien avec les partenaires qui pilotent les chantiers : l’État et les Départements, porteurs du dispositif, les collectivités, maîtres d’ouvrage des chantiers. « Les chantiers sont des “outils” pour accompagner des personnes à retourner vers l’emploi, bien sûr, mais pas seulement, explique Nelly. Ils participent à la vie et à la dynamique des territoires, le plus souvent depuis des années : ils créent de l’emploi, des services, embellissent le cadre de vie des habitants. Les travaux réalisés ne seraient pas engagés sans l’intervention des chantiers d’insertion. Ce sont de véritables projets locaux, portés par des élus souvent engagés. »
| 45 |
Depuis
2004
Sur tous les fronts
2004 La programmation d’art contemporain débute à Saint-Étienne d’Issensac
2009 Une certification ISO 9001 vient récompenser la démarche d’amélioration continue mise en place au sein de l’association et de ses projets
1997
2001
2005
2009 | 46 |
2013
2017
2011 Lancement du Festa Trail Pic SaintLoup, événement sportif et festif dédié à la course nature et aux patrimoines
2012 Première édition de la manifestation IN SITU Patrimoine et art contemporain
2015 Lancement de la manifestation aux bords des paysages, sur le territoire de la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup
| 47 |
chapitre
III
des chantiers à l’art E contem porain
n sortant des studios de la radio France Bleu Hérault, à Montpellier, où il tient une chronique régulière intitulée « Trésors cachés de l’Hérault », le directeur du Passe Muraille reprend dare-dare la voiture pour courir vers un nouveau rendez-vous. Une partie du bureau dans la voiture, des réunions avec le portable, des sauts d’un bureau à l’autre de ses collaborateurs au siège de l’association… il mériterait le surnom de la structure qu’il dirige, un « passe-muraille ». Il court, il parle, se démène pour franchir les barrières administratives et saute au-dessus des pierres en travers du chemin pour défendre avec passion son association. Il faut dire que les activités s’enchaînent à grande vitesse, avec des innovations chaque année. Depuis le début, les chantiers d’insertion professionnelle occupent une place de choix… et aujourd’hui encore (voir page 32). Dès l’an 2 000, le chantier archéologie et insertion, à Sernhac, dans le Gard, est ainsi encadré par une archéologue et une accompagnatrice pédagogique. Le cahier des charges comporte deux volets difficiles à mener de front, l’avancée scientifique des travaux et l’encadrement des salariés apprentis ainsi que
| 48 |
IN SITU 2017 Installation de l’œuvre de Nick Ervinck au château de Foix CHANTIER DE SERNHAC Après une phase de fouilles archéologiques, de nouveaux chantiers sont entrepris sur la commune avec la restauration de murs en pierre sèche.
leur accompagnement socio-professionnel. L’opération est un succès. Les résultats, côté insertion sociale et professionnelle, sont largement au-dessus de la moyenne habituelle. Ce qui vaudra à l’équipe gardoise du Passe Muraille des félicitations de la part de l’ex-DDTE (aujourd’hui, Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, la DIRECCTE), et du Conseil général du Gard. Au passage, le travail a permis d’obtenir plus de 60 % de sorties vers l’emploi ou en formation qualifiante !
| 49 |
Au service développement social du Département du Gard, on sait, depuis vingt ans, pouvoir compter sur Le Passe Muraille. Nous avons apprécié son grand sérieux depuis le démarrage de notre collaboration. Nous avons noté son génie pour faire fructifier les capacités parfois cachées des personnes reçues et cette aptitude à créer du lien entre les différents acteurs de notre travail ensemble. »
Daniel Eyraud Directeur général adjoint en charge du développement social, Conseil départemental du Gard
Valoriser avant tout à partir de 2011, les sports nature vont faire une grande entrée dans la déjà riche histoire du Passe Muraille. Au mois de mai revient désormais le Festa Trail, avec un slogan, « Courir pour découvrir », et une base logistique à Saint-Mathieu-de-Tréviers. Comme son nom l’indique, le trail (course nature) est au cœur de cet événement sportif éco-responsable et culturel, dont l’originalité réside dans le souci de valoriser le patrimoine à travers le sport. S’y déroulent bien sûr plusieurs courses, s’adressant aux sportifs de haut niveau, mais aussi aux enfants ou aux
personnes en situation de handicap. Plus de 3 000 coureurs passionnés se pressent désormais de toute la France (82 départements représentés en 2017)… et du monde entier ! (18 pays représentés en 2017). Le Festa Trail se distingue des autres courses par son volet culturel en proposant des balades thématiques, des visites, des animations pour toute la famille et les accompagnateurs, des concerts, des repas gastronomiques, un salon du développement durable… L’objectif est de valoriser tout un territoire !
Une manifestation sportive valorisant le patrimoine, c’est cela le Festa Trail et c’est une réussite. Avec en support la disponibilité humaine et l’amitié en prime. Enfin, j’ai apprécié une approche plus conviviale que dans l’entreprise traditionnelle. »
Éric Pascal Président de l’association Festa Trail Directeur de Glob’All Music
| 50 |
IN SITU 2014 Invendu-Bottes, œuvre de Lilian Bourgeat à l’abbaye de Fontfoide Festa Trail En 2011, Le Passe Muraille se lance un nouveau défi en créant une manifestation sportive et culturelle autour du Pic Saint-Loup. Les collectivités, associations et habitants du territoire vont rapidement s’investir pleinement dans le projet : le Festa Trail est né.
Depuis 1999, Le Passe Muraille expérimente les liens entre le patrimoine et les différentes disciplines artistiques : le théâtre, la danse, la poésie et plus particulièrement la musique et le chant sont à l’honneur. Après une longue collaboration avec Michel Bismuth et son réseau d’artistes, c’est à partir de 2004 que la programmation d’art contemporain débute à Saint-Étienne d’Issensac. Elle met en lumière de nombreux artistes contemporains émergents grâce à une collaboration fruc tueuse avec la commissaire d’expositions Marie - Caroline Allaire - Matte. Dans cet élan, l’été 2012 marquera la naissance de la manifestation IN SITU Patrimoine et art contemporain, en collaboration avec la Région.
| 51 |
L’Agenda du patrimoine, c’est pour moi la diversité des formes de médiation en faveur du patrimoine, l’alliance des initiatives rurales et urbaines sans échelle de valeur. IN SITU Patrimoine et art contemporain, c’est un événement très fort : la réalisation de l’engagement d’une Région fière de son patrimoine, portant haut son histoire comme son avenir, désireuse d’irriguer de culture jusqu’au territoire le plus éloigné. En résumé, Le Passe Muraille, à l’action entre autres derrière ces deux réalisations, c’est une qualité et une intelligence mobilisées pour mener l’œuvre engagée à l’endroit où elle doit être menée. »
Fabrice Manuel Ancien directeur de la Culture et du Patrimoine de l’exRégion Languedoc-Roussillon, aujourd’hui Directeur de cabinet de la Ville et de la Métropole de Montpellier
| 52 |
IN SITU Déjà investi dans l’art contemporain depuis plusieurs années, Le Passe Muraille passe à la vitesse supérieure avec IN SITU Patrimoine et art contemporain. Ici les œuvres L’éternel maintenant de Rainer Gross au prieuré Saint-Michel de Grandmont en 2012 ( ) et Barque-miroir de Marc Couturier à l’abbaye de Fontfroide en 2016 ( ).
Des artistes d’aujourd’hui entrent en dialogue avec des monuments prestigieux, d’abord dans l’Hérault, et depuis dans toute la région Occitanie. On peut citer côté lieux remarquables, le château et les remparts de la cité de Carcassonne dans l’Aude, l’abbaye de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert dans l’Hérault, le château de Foix dans l’Ariège… Parmi les artistes, Claude Lévêque, Richard Deacon, Rainer Gross, Claude Viallat, Daniel Dezeuze, Johan Creten, Javier Pérez…
la « Passe Muraille touch » En 2015 naîtra sur le territoire de la Communauté de communes du Grand Pic SaintLoup aux bords des paysages, une exposition d’œuvres monumentales dans la nature établissant un dialogue entre paysage et art contemporain. Le plasticien Thomas Monin deviendra célèbre grâce à son œuvre L’évidence, un loup majestueux trônant au pied du Pic Saint-Loup, puis dans le village de Cazevieille. N’oublions pas les Rencontres Scène Jeunesse, festival de pratiques artistiques et culturelles, regroupant chaque année plus de 120 mineurs sous protection judiciaire. Le Passe Muraille en assure la coordination, à la demande des ministères de la Justice et de la Culture. Désormais, la réputation du Passe Muraille a gagné les bureaux de l’État et des
collectivités, avec un dialogue permanent instauré tant dans le monde du social que dans celui de la culture. En 2009, une certification ISO 9001 vient confirmer un peu plus le développement de la qualité des prestations du Passe Muraille. Avec 150 employés par mois, dont 30 salariés permanents, la professionnalisation devient un maître-mot et une devise. « L’association compte de nombreux atouts et poursuit une démarche qui s’inscrit dans celle du développement durable », peut-on lire dans l’un des rapports d’activités de l’association. À travers les départements de l’Hérault, du Gard et bientôt de tout le Languedoc, voire au-delà, la « Passe Muraille touch » gagne en considération et en innovation sur tous les fronts : pour un entretien des berges de l’Hérault et du Lez, comme pour la conception d’un parcours de découverte et d’un livret jeu autour du château de Chambord, en 2014, la liste est longue… Vient encore la création de la plateforme web pour la culture baptisée CultiZer.
En rentrant par la communication, j’ai découvert la palette du Passe Muraille et ses 360° d’interventions possibles. Riche a été pour moi l’implication de l’équipe et des différentes personnes dans le projet de CultiZer. Nous avons même partagé… un emploi. La plateforme a de beaux jours devant elle à l’échelle de la grande région. »
Yvan Godard Directeur de Réseau en scène Languedoc-Roussillon
| 53 |
Ce projet collaboratif, bénéficiant de fonds européens, associe divers partenaires représentatifs à l’échelle régionale du spectacle vivant, du patrimoine, de l’art contemporain, du livre et du cinéma. Au milieu de l’euphorie et des joies d’une animation bien menée ou d’une formation réussie, s’annonce, après l’arrêt inopiné d’une subvention, ou la non-reconduction d’un chantier pourtant prometteur, la phase des mauvais jours… 2013 reste en ce sens une année difficile dans l’histoire de l’association. On évoque pour la première fois des licenciements économiques. « Quand nous avons tout tenté, raconte Pierre Plancheron, après de multiples réunions avec le Conseil d’Administration, des calculs financiers, à un moment, la dure réalité de la crise économique s’impose. Cela nous oblige à supprimer certains postes, sinon c’est tout le bateau qui peut prendre l’eau. Ce sont des moments difficiles pour toute la structure car notre philosophie, c’est de poursuivre un projet à vocation sociale ou culturelle, même s’il est ponctuellement déficitaire. »
L’exposition aux bords des paysages, c’est une première, une idée jamais testée sur un territoire. Un succès : avec une bonne appropriation des lieux, une mission remplie en respectant les contours du budget. Réactivité, écoute, créativité : le projet ne manque pas de culot, comme, en général, Le Passe Muraille ! »
Aux bords des paysages Les œuvres d’art monumentales et la nature entrent en dialogue. Ici L’évidence de Thomas Monin, présentée au pied du Pic Saint-Loup en 2015 ( ) et Ce que disent les pierres du Collectif Time Maker’s au col de Fambetou en 2016 ( ).
Didier Fournials Directeur du Pôle Culture et Patrimoine, Communication et Relations extérieures Relations extérieures à la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup
| 54 |
| 55 |
1992
Defa (Diplôme d’État relatif aux Fonctions d’Animation) aux Ceméa ; coordonnateur Animation Enfance/Jeunesse au Centre social de la Paillade à Montpellier
1995
Création du Centre social et culturel de la Ville de Grabels
1997
Création de l’association Le Passe Muraille
2000 DEDPAD (Diplôme d’État de directeur de Projet d’Animation et de Développement), Université Toulouse Le Mirail 2006
Master 2 Directeur de projet culturel, Université Lyon 2
Le patrimoine, vecteur d’éducation à la citoyenneté | 56 |
Pierre PLANCHERON
Directeur du Passe Muraille depuis sa création (1997)
pas fini de courir… S
ur son bureau, à côté de quelques revues, un sablier, cadeau malicieux de ses collègues. Pierre, de rendez-vous en réunion, de bilan en projet, court, et se laisse parfois rattraper par le temps. Il ne mène jamais un seul projet à la fois : la quantité de travail et les difficultés à surmonter ne l’impressionnent guère. « Les obstacles sont pour les optimistes des opportunités » : la formule de Churchill lui va comme un gant. Son calme pourrait induire en erreur en suggérant une personnalité paisible. C’est tout le contraire : sous la retenue se cachent une détermination et une énergie hors du commun. Il lui en a fallu lorsque, il y a 20 ans, il a dû convaincre ses futurs partenaires de l’aider à créer Le Passe Muraille : qui pouvait prendre alors au sérieux ce jeune utopiste parlant d’insertion professionnelle par la valorisation du patrimoine ? En choisissant le patrimoine, Pierre avait en tête les jeunes qu’il avait accompagnés durant des années dans les secteurs défavorisés de Montpellier. Ce qui leur manquait le plus pour pouvoir s’intégrer, c’était l’accès à la culture et à la compréhension des rouages de la société pour ne pas rester enfermés dans les codes de leur quartier. La « ghettoïsation », le cloisonnement des milieux et des esprits le révoltent toujours autant. Le patrimoine, matériel ou immatériel, culturel ou naturel, est pour lui « un vecteur d’éducation à la citoyenneté », un moyen de créer du lien social, intergénérationnel, de ne pas subir sans comprendre ce qui nous entoure et nous régit. Un citoyen s’engage dans une société qu’il connaît et comprend. Aujourd’hui, les activités du Passe Muraille tentent d’apporter des clés de compréhension de notre territoire. Pierre « revendique la transversalité » pour instiller « plus de porosité » entre des mondes séparés comme ceux de l’action sociale, de la culture, du sport, du tourisme, de l’environnement. Jamais à court d’idées pour créer des passerelles inédites entre les différentes sphères de la société, il n’a pas fini de courir...
| 57 |
Depuis
2005
Tout pour les citoyens en herbe Depuis 2005 Opération « Main verte » avec la Ville de Montpellier
1997
2001
2005
2009 | 58 |
2013
2017
2008 Création des chantiers citoyens pour la Ville de Montpellier
2010 Lancement du parcours des monuments citoyens destiné aux scolaires sur Montpellier et animations pédagogiques pour les « Grands Jeux romains » de Nîmes
| 59 |
chapitre
IV
Une pédagogie vivante
E
| 60 |
n cette fin d’année 2016, autour de la Toussaint, au moment où les journaux locaux et nationaux attirent une fois encore l’attention sur l’action de quelques mamans du quartier Petit-Bard – Pergola, désireuses de plus de mixité dans les écoles pour leurs enfants, les salariés du Passe Muraille organisent une semaine d’animation sur le quartier de La Paillade. Avec, bien sûr, cette même idée véhiculée par les mères devenues célèbres, donner sa chance à chacun et instiller du beau dans l’esprit des plus jeunes… La Paillade, c’est toute une histoire pour Le Passe Muraille. Depuis 20 ans, l’association y est implantée jusqu’à faire partie du paysage. Après le déménagement d’une partie des bureaux à Clapiers, en 2015, les liens forts sont maintenus avec le quartier rebaptisé Mosson et désormais à proximité de pierresvives, le superbe bâtiment en forme d’arbre couché de l’architecte Zaha Hadid. Une partie des bureaux et le siège social de l’association sont maintenus à La Mosson, des salariés du Passe Muraille gardent un pied sur ce territoire et continuent de planter ici les graines de leur devise : « valoriser le Patrimoine pour valoriser les Hommes ».
La paillade Le Passe Muraille s’implante dès 1997 sur le quartier de La Paillade à Montpellier. S’inscrivant dans une véritable dynamique de réseau avec d’autres structures associatives et institutionnelles du quartier, Le Passe Muraille n’a depuis jamais cessé d’y mener des actions.
On ne se fait pas tout seul, on vient de quelque part et en ce sens, l’action du Passe Muraille pour valoriser le patrimoine local, un peu oublié et symbole de ceux qui nous ont précédés, est fondamentale. Dans les actions de citoyenneté, en milieu scolaire, ce fut chaque fois l’occasion d’un rappel de nos solidarités dans l’espace et dans le temps. »
Philippe Rocher Ancien Président de l’association Défi Référent du Centre de ressources départementales pour l’éducation prioritaire, Hérault
| 61 |
Organiser un grand jeu de piste à travers La Mosson, écrire un mini-scénario après une visite à Kaïna TV, favoriser à l’arrivée, la ville, la vie, la nature, avant d’en offrir un récit final aux parents ou amis. N’oublions pas les jardins partagés « Main Verte » menés avec la Ville de Montpellier, et qui accompagnent les habitants dans l’embellissement des parcs de la ville jusqu’aux pieds des immeubles dans un quartier. Pierre Plancheron nous en rappelle les objectifs : « Nous sommes là, toujours sur le qui-vive, une association citoyenne, engagée dans le vivre-ensemble, créant du lien social, attachée à une qualité du cadre de vie. Nous voulons, en effet, apporter des repères aux jeunes générations, les aider à s’ouvrir culturellement. Pour nous, le jardin est un magnifique symbole du mariage entre patrimoines culturel et naturel. » Cela résume les valeurs portées par l’association dans ses actions citoyennes, et pour lesquelles les responsables du Passe Muraille s’engagent.
Pour les jardins partagés et l’opération Montpellier Main Verte, nous avons vécu une aventure collective initiée dès l’année 2005. Une première. Servis par une dynamique et une méthode, ce fut une réussite au bénéfice des Montpelliérains. Aujourd’hui, plus de 10 ans après, l’initiative continue sous d’autres formes, pour mieux s’approprier l’espace public. »
Laurent Guillaume Directeur Adjoint de la direction paysages et biodiversité de la Ville de Montpellier
| 62 |
les JARDINs partagés Dans différents quartiers de Montpellier et au-delà, Le Passe Muraille sensibilise tous les publics, des plus jeunes aux adultes, à la pratique d’un jardinage respectueux de l’environnement.
| 63 |
les animations scolaires Fondées sur une pédagogie active, les animations proposées par Le Passe Muraille sur des temps scolaires ou périscolaires aiguisent la curiosité des enfants en favorisant un apprentissage ludique.
| 64 |
Un projet pour les scolaires Le Passe Muraille collabore à ce projet ambitieux en assurant la coordination, l’animation d’ateliers pédagogiques, et l’accompagnement des enfants aux Grands jeux romains à Nîmes. Ainsi, le projet « Sur les traces des Romains » ouvre le regard des enfants sur les richesses historiques et patrimoniales de leur région tout en les initiant à l’histoire et à l’architecture, en complément de leur apprentissage scolaire. L’expérience continue. Depuis les débuts, dans le déjà grand livre de son histoire, Le Passe Muraille joue pleinement son rôle de partenaire de l’école. Quand le cartable est posé, l’association fait entrer l’activité manuelle et artistique, dans un autre cadre, toujours au service du patrimoine. À destination d’un public d’enfants et de jeunes, de 6 à 17 ans, voire de jeunes adultes avec des chantiers internationaux, elle organise des actions de découverte, de sensibilisation et d’éducation au patrimoine.
sur les traces des romains Le Passe Muraille assure la coordination et l’animation des ateliers de ce projet initié par la Fondation Culturespaces.
« Un art de ville », « Les monuments citoyens de ma ville », « Embarque pour un voyage urbain à bord du tram », trois parcours urbains entre autres sont bâtis dès 2010 pour éveiller la curiosité des élèves de plusieurs quartiers défavorisés de Montpellier, la Pergola, le Petit-Bard ou les Cévennes. On met l’accent sur le comportement dans les transports, avec le chauffeur, par exemple, on s’arrête devant une mairie pour relire et analyser la devise républicaine… Les jeunes citoyens rentreront chez eux avec un livret-témoin de leurs aventures en tram. Un beau succès sur trois années consécutives. Ces parcours ont malheureusement pris fin en 2013 faute de moyens, mais les projets à destination des scolaires demeurent.Dans le même esprit, à Nîmes cette fois, depuis 2010, la Fondation Culturespaces s’est donné la mission de favoriser l’accès aux arts et au patrimoine pour des enfants éloignés de la culture.
| 65 |
des chantiers multiples Par ailleurs, toute une série de chantiers s’ouvrent dans plusieurs directions et vers des publics divers. Les chantiers loisirs, par exemple, sont destinés aux jeunes de 13 à 15 ans résidant sur le quartier de La Paillade à Montpellier. Ils allient loisirs sportifs et culturels et sensibilisation au patrimoine grâce à des opérations de nettoyage, d’aménagement et de restauration de sites. Ces actions s’inscrivent dans le cadre du dispositif de prévention de la politique de la ville. Les chantiers de jeunes bénévoles, préparés pour les 14-17 ans, sont des séjours de vacances associant les loisirs (sports de pleine nature, arts plastiques…) à la découverte du patrimoine et de l’environnement (chantiers de mise en valeur des espaces paysagers ou de réhabilitation du bâti ancien). De nombreuses éditions ont lieu, de 2000 à 2010 sur différents sites patrimoniaux de la région (abords de l’église Saint-Étienne d’Issensac, église de Brenas, église d’Octon, muret de pierre sèche à Saint-Guilhem-le-Désert, lavogne sur le causse du Larzac…). Des chantiers de jeunes bénévoles sont aussi organisés dans le cadre d’échanges internationaux, alternant des activités de sauvegarde du patrimoine et la découverte de la culture régionale. On note plusieurs sessions de rencontres avec l’Espagne, la Tunisie et l’Allemagne depuis juillet 2000. À partir de 2008, ce sont les chantiers citoyens qui voient le jour, avec le concours de la Ville de Montpellier et d’ERDF (Enedis depuis 2016). Ils s’adressent à de jeunes adultes de 18 à 26 ans rencontrant des dif-
ficultés socio-professionnelles et résidant en Quartier Prioritaire de la Ville. Chaque jeune, pour sa participation à un chantier de rénovation de mobilier urbain, reçoit une aide pour financer une formation (permis de conduire, BAFA…).
Renforcer la proximité avec les territoires en participant à l’insertion des populations en difficulté fait partie des valeurs d’Enedis et de son projet d’entreprise. Aussi, dès 2008, aux côtés de la Ville de Montpellier, Enedis dans l’Hérault a soutenu la réalisation de chantiers citoyens mis en œuvre par l’association Le Passe Muraille. Cette collaboration est riche de sens car au-delà de l’embellissement du quartier, nous œuvrons concrètement pour l’insertion sociale des jeunes et la prévention de la délinquance. »
Philippe Malagola Directeur Enedis Hérault
| 66 |
Chantiers citoyens Le Passe Muraille conduit des chantiers citoyens dans l’Hérault depuis 2008. Échanges internationaux En Allemagne comme en Tunisie et en France, Le Passe Muraille encourage les échanges culturels internationaux, à travers des chantiers de préservation du patrimoine. chantiers de jeunes bénévoles En 2003, deux séjours sont organisés sur la commune de Brenas, près du lac du Salagou, pour restaurer l’intérieur de l’église du village.
Nous avons œuvré ensemble sur les chantiers citoyens. Une expérience riche, respectueuse de chacun avec toujours la dimension humaine. Quand je pense au Passe Muraille, je vois l’économie sociale et humaniste. »
Jean-Paul Bretel Directeur de la Mission Locale des Jeunes de Montpellier Méditerranée Métropole
| 67 |
1990
DEUG de philosophie à l’Université Paul-Valéry de Montpellier
1995
Maîtrise de sciences de l’éducation
1999
DESS intermédiations
sociales
2000
Formateur aux CEMÉA Languedoc-Roussillon
Depuis 2014
Responsable de la filière animation professionnelle des CEMÉA Occitanie
être attentif à la cohérence du projet associatif | 68 |
Sébastien ROLAND
Président du Passe Muraille depuis 2010
Le gardien du temple Q
uand il parle, il a souvent les mains posées à plat sur la table ou jointes, comme pour donner un appui à sa pensée. Il prend le temps de réfléchir avant de parler, n’a pas peur des silences qui permettent de trouver l’idée, le mot juste. Un caractère posé, une bonne connaissance du milieu associatif et une vision clairvoyante de ses enjeux, voici les qualités que Sébastien Roland met au service du Passe Muraille depuis 2001. C’est une histoire d’amitié et de valeurs communes qui l’ont conduit à rejoindre l’aventure du Passe Muraille. Il rencontre Pierre Plancheron par l’intermédiaire de leurs compagnes respectives alors en formation aux CEMÉA, une association d’éducation populaire*. Sébastien s’occupe aujourd’hui de la coordination de la formation des animateurs. Dans les années 2000, raconte-t-il, « Pierre cherchait des gens pour lancer le projet du Passe Muraille alors à ses débuts. Nous partagions une expérience commune dans l’animation et les valeurs de l’éducation populaire. En 2001, il m’a invité à rejoindre le CA du Passe Muraille. » Sébastien Roland est « admiratif des gens qui travaillent au Passe Muraille », pour leur engagement et leur dynamisme. Son implication l’amène en 2010 à accéder à la présidence de l’association. Le statut de bénévole lui offre un point de vue différent de celui d’un salarié. Sa préoccupation première : parvenir à régénérer sans cesse le CA avec des élus bénévoles pour conserver l’ADN associatif du Passe Muraille. « Valoriser le Patrimoine pour valoriser les Hommes », c’est pour lui une idée très forte. Elle se décline très bien, selon lui, dans les différents champs d’activité de l’association : chantiers d’insertion professionnelle, sensibilisation au patrimoine naturel et bâti, dialogue entre le patrimoine historique et l’art contemporain, études pour aider les collectivités locales à mettre en valeur leur patrimoine… La nécessité de pérenniser les emplois en créant de nouvelles branches d’activité et celle de respecter les principes fondateurs de l’association peuvent sembler aujourd’hui parfois difficiles à concilier : « Le rôle du Président, explique-t-il, est d’être attentif à la cohérence du projet associatif. On est responsable devant nos salariés mais on ne doit pas la perdre de vue. » Sa vigilance ne l’empêche pas de regarder l’avenir du Passe Muraille avec confiance : la tension entre « cette énergie qui fait fi des obstacles » - à laquelle l’association doit son nom - et la fidélité à ses valeurs originelles lui semble très féconde.
* Mouvements d’éducation nouvelle ou populaire : nés en réaction à une éducation traditionnelle autoritaire et normative, ces mouvements (dont les CEMÉA) défendent l’idée de la participation active des individus à leur propre formation.
| 69 |
chantiers d’insertion professionnelle
aramon La Grande Lône : débroussaillage sélectif (2016) montpellier Entretien des berges de la Mosson (2016) agde - vias Entretien des cours d’eau (2015)
| 70 |
chantiers d’insertion professionnelle
aramon Restauration des quais en pierre du centre-ville (2016) vÉnÉjean Édification d’un muret en pierre sèche (2016)
| 71 |
chantiers d’insertion professionnelle
TAVEL Restauration des murets en pierre sèche du jardin de la Condamine (2006) Carmignan Le lavoir (2016)
| 72 |
CHANTIER CITOYEN Jeunes graffeurs devant la fresque qu’ils ont réalisée sur un transformateur ENEDIS (2016) chantier tercom Exemples de réalisations (2015-2016)
REALIS
Livret d’accueil RENCONTRES SCÈNE JEUNESSE Atelier graff et atelier radio (2017)
| 73 |
| 74 |
IN SITU 2017
Hôtel Mœbius, œuvre de Suzy Lelièvre, 2017, hôtel Flottes de Sébasan à Pézenas APSAADU, œuvre de Nick Ervinck, 2012-2013, château de Foix White Forest, Sanna, œuvre de Jaume Plensa, 2015, abbaye de Fontfroide à Narbonne Courtoisie de la Galerie Lelong, Paris Pas perdus, œuvre de Rainer Gross, 2017, château et remparts de la cité de Carcassonne
| 75 |
aux bords des paysages
Vague S11, œuvre de Medhi Melhaoui (2015) L’Oiseau, œuvre de Cédric Le Borgne (2016) Les observatoires, œuvre de Matthieu Pilaud (2015)
| 76 |
| 77 |
bureau d’études Exemples de réalisations Supports d’interprétation et haltes ludiques au Domaine départemental de Roussières-Cazarils (2016) Étude de faisabilité pour un site de présentation des statues-menhirs en Sud-Aveyron (en cours) Étude sur le projet de centre d’interprétation et de valorisation du patrimoine des Albères (en cours)
| 78 |
bureau d’études Exemples de réalisations Supports ludiques pour un sentier jeu de piste à Clapiers (2013) Supports pédagogiques pour les ateliers du Théâtre Antique d’Orange (2017) Cahier technique pierre sèche pour le PNR des Pyrénées catalanes (2014) Scénographie extérieure et charte mobilière de l’exposition permanente de la Maison du PNR des Pyrénées catalanes (2016)
FORMATION bpjeps culture option patrimoine Voyage d’études à Barcelone avec les stagiaires (2015)
| 79 |
| 80 |
festa trail 2017
La course Cécélienne 12 km autour du lac de Cécélès Les coureurs de l’Hérault Trail 73 km
| 81 |
Cultivez votre goût du patrimoine
Un été natUre et cUltUre
ÉTÉ
Languedoc-RoussiLLon-Midi-PyRénées
2016
un ÉtÉ natuRe et CuLtuRe
ÉTÉ
OCCITANIE
/ PYRÉN ÉES
— MÉDIT ERRAN
ÉE
2017
Gratuit en partena
riat avec
Patrimoines en région Le Conseil Scientifique et Éducatif du magazine en visite sur le chantier du futur musée de la Romanité à Nîmes (2017) L’agenda du patrimoine Lancement de la saison culturelle et de L’Agenda du patrimoine dans l’hémicycle de l’Hôtel de Région (2013) Patrimoines en région l’équipe du magazine (2016)
| 82 |
| 83 |
jardin du MAs nouguier Animations dans le cadre de la ZAT de Montpellier (Zone Artistique Temporaire) (2015) adoma fermaud-merci Animation du jardin de la pension de famille Ă Montpellier (2013)
| 84 |
jardins partagĂŠs
parc clemenceau Animations pĂŠdagogiques dans le cadre de Montpellier Main Verte (2005) Quartier les aubes Ateliers de jardinage Ă Montpellier (2004)
| 85 |
| 86 |
centres de loisirs
Saint-Martin-de-Londres (SIVU ESMML) Domaine départemental de Roussières Vailhauquès
| 87 |
tap Temps d’Activités Périscolaires à l’école de Vailhauquès (2016)
| 88 |
|| 89 89 ||
Le Passe Muraille: la belle équipe Un management forgé dans un esprit collaboratif et la rigueur de l’organisation d’entreprise
D
de lever la voix pour coordonner leurs équipes d’encadrants techniques, de formateurs et de conseillers d’insertion professionnelle et sociale : Patrick Angosto, Cécilia Ballard, Laurence Bernard, François Bonnin, Armelle Hunot, Eddy Kamtas, Michaël Marchais, Bernard Moreau, André Navarro, Michel Tastevin et Vincent Martinez. Tout ce petit monde gère avec beaucoup de bienveillance plus de 100 salariés en insertion professionnelle tout au long de l’année pour les accompagner vers l’emploi et l’amélioration de leur situation personnelle. Ils ont en eux comme Nelly et Aurélie de la patience, des qualités d’écoute, du sang froid et des capacités techniques. Ils savent mener les hommes, donner un cap et par-dessus tout, ils savent se remettre en question ! Quand je les vois consacrer leur vie professionnelle à aider ceux qui en ont besoin, j’ai envie de les encourager. Alors la suite est tout aussi belle avec l’équipe d’animation, les responsables des centres de loisirs : Stéphanie Cangiano, Laure Guiral et Guillaume Le Guen. Eux accueillent les enfants et les familles dans le monde du temps périscolaire, extra-scolaire et aussi pendant les temps scolaires avec leurs équipes d’animateurs professionnels (Lisa Lou Ait El Hadj, Aurore Chevalier, Lucie Cortes Y Cano, Flore Franci, Marjolaine HucGarcia, Noély Lamouche, Marie Malherbe, Lucie Navel, Frédéric Ormières, Benjamin Sanna, Laureline Simoneton). Ils ont tous le souci d’une pédagogie permettant aux enfants d’être acteurs
epuis la création de l’association Le Passe Muraille, il y a une chose que j’ai toujours admirée, c’est l’implication et la conscience professionnelle de tous mes collaborateurs. Alors pour fêter nos 20 ans, je souhaite rendre hommage à toute mon équipe. Les anciens salariés et tous ceux qui œuvrent act uellement et pour les 20 ans à venir sous la bannière de notre projet associatif. Je commencerai par féliciter celles qui occupent les fonctions supports, avec Luiza Amiri et Françoise Marc, pour les milliers d’heures annuels de comptabilité, d’enregistrement de factures, de budgets, de contrôle, d’analyse et de suivi de l’évolution économique de la structure. Je poursuis avec Julie Savy et Audrey Rigal qui conçoivent et réalisent tous nos outils de communication et nos différentes éditions avec autant de cœur que de rigueur nécessaire dans la bonne marche de la chaîne graphique. Je salue l’équipe administrative, Céline Guerrero et Ysma Ali sous la houlette de Valérie Néron, qui orchestrent l’accueil, la téléphonie, le courrier, les mails par milliers, l’archivage, la maintenance et une foule de détails dont elles ont le souci, avec Audric Lambert, l’homme à tout faire et à bien faire. Je m’incline devant le professionnalisme de mes adjointes de direction Nelly Viala et Aurélie Vidal qui mènent tous les projets de l’action sociale et tous les chantiers à bon port, avec beaucoup de tact, d’écoute et de subtilité. Elles savent aussi être fermes mais elles n’ont nul besoin | 90 |
de leurs apprentissages et ils œuvrent pour que l’éducation au patrimoine rime avec éducation à la citoyenneté. Anne Baffrey en fait de même en coordonnant les projets de jardins partagés dans les plus beaux parcs et jardins de la ville mais aussi dans les quartiers sensibles. C’est une véritable animatrice de quartier qui accomplit un travail de fourmi avec Claudie Rubio et qui place l’intergénérationnel et l’interculturel au cœur de ses projets. Notre bureau d’études et notre secteur Formation sont menés de main de maître par Claire Durand, qui, accompagnée de Marine Pariente, développe les actions bien au-delà des frontières de la région Occitanie. Elle met au service des institutions et des collectivités les compétences d’ingénierie culturelle interne du Passe Muraille et elle sait faire appel aux experts externes en s’adaptant aux demandes de commanditaires. Pour finir en beauté, c’est à l’équipe Événementiel que je rendrai hommage, avec à sa tête la jeune, dynamique et très organisée Aurélia Sleurs. Avec Manon Duclos et la très efficace Andréa Fornos, elles peuvent s’enorgueillir de la qualité des manifestations comme IN SITU Patrimoine et art contemporain, le Festa Trail Pic Saint-Loup, les Rencontres Scène Jeunesse, ou encore aux bords des paysages. Quel beau palmarès ! À tous ces remerciements, j’associe nos vacataires et salariés occasionnels ainsi que nos stagiaires. J’ai une belle pensée pour tous nos anciens salariés, je ne peux pas les citer tous, ils se | 91 |
reconnaîtront. Je les remercie chaleureusement car ils ont contribué à écrire l’histoire du Passe Muraille. J’associe également nos partenaires qui font partie de l’équipe pour certains depuis fort longtemps et avec brio : René Lechon, MarieCaroline Allaire-Matte, Pierre Manuel, Pablo Garcia, Lorraine Hussenot, Olivier Pradinaud, JeanFrançois Bellan et Élise Eskanazi. Le mot de la fin, je l’offre aux membres du Conseil d’administration (Sara Asselin, Philippe Bertéa, Laurent Bonnafy-Deroys, Pierre Gourjon, Cécile Olive, Caroline Rugale, Florelle Toral) et aux présidents qui se sont succédé (Joël Recasens, Sébastien Roland, Guillaume Touati). Je leur tire mon chapeau car ils s’engagent bénévolement, durablement, et qu’ils ont le sens des responsabilités. Ils sont altruistes et humanistes, c’est un bel exemple à suivre. Pour conclure, chers lecteurs, approchez-vous… je voudrais vous faire partager un brin d’intimité. Vous voyez, en mon for intérieur, quand je pense à ma vie professionnelle et à cette belle équipe, c’est-à-dire, à peu près tous les jours de l’année, je vois certaines de mes utopies s’accomplir. Alors je suis ému, un peu fier… et surtout, je suis heureux.
Pierre Plancheron Directeur
VERS
2037
Demain, les 40 ans du Passe Muraille 2016 Le magazine Patrimoines en région fête ses 10 ans et adopte une nouvelle maquette
1997
2001
2005
2009 | 92 |
2013
2017
2016 Lancement de l’émission radio « Trésors cachés de l’Hérault » sur le réseau Radio France dans l’Hérault
2017 Toute l’équipe du Passe Muraille fête ses 20 ans : nouveau site web, programme d’animations, livre…
| 93 |
chapitre
V
Aborder de nouveaux rivages I
l y a vingt ans, Le Passe Muraille a été la première structure d’animation et d’insertion sociale par la valorisation des patrimoines reconnue dans la région. Fort de cette légitimité, son directeur Pierre Plancheron envisage les choses d’un regard plutôt positif malgré les soubresauts de la conjoncture, comme disent les économistes : « Avec l’évolution notoire du paysage institutionnel à travers la loi NOTRe et la fusion des régions, l’équipe de l’association Le Passe Muraille est prête à relever les enjeux des nouveaux territoires en recomposition. La phase d’aujourd’hui, c’est pour nous de pouvoir coordonner un grand spectre de projets, être capables par exemple d’organiser des conférences ou un salon professionnel, de développer des prestations adaptées aux besoins des professionnels de l’éducation aux patrimoines. Notre force, c’est d’offrir plusieurs approches disciplinaires s’appuyant sur de nombreux experts. » Aujourd’hui, l’équipe du Passe Muraille continue à élaborer des projets et poursuit le désir de rester innovante.
| 94 |
« La chance du Passe Muraille, c’est sa grande capacité d’écoute et de dialogue, c’est aussi d’être un vivier de personnes passionnées, offrant une atmosphère dynamique. C’est devenu une sorte de start-up dans le paysage social et culturel, alors bon vent pour la suite ! »
Guillaume Touati Président de 1997 à 1999
« L’association Le Passe Muraille base sa méthode de travail sur le collectif, l’échange et la bienveillance. Son objectif de sensibilisation au patrimoine en valorisant l’action des hommes est noble et vital. Je forme le vœu qu’elle continue à être dans les prochaines années un passionnant laboratoire d’idées pour faire prendre conscience à tous de la valeur de nos territoires et de leur si fragile beauté. »
« Aujourd’hui, Le Passe Muraille est une structure forte, elle a traversé vents et marées, elle a tenu, elle a résisté. Je constate qu’elle s’ancre désormais dans une professionnalisation déjà éprouvée. Bonne route à son président, Sébastien, qui impulse sa propre vision, avec bonheur. »
« Je souhaite que Le Passe Muraille continue sa réussite grâce à un développement intelligent et aux multiples savoirfaire de notre équipe. »
Joël Recasens
Laurent Bonnafy-Deroys
Président de 2000 à 2010, Administrateur
Trésorier
« 2017 est l’année de nos 20 ans. Nous devons saisir l’occasion pour renouveler et repenser ensemble notre projet associatif afin de l’adapter aux réalités actuelles. Je lance un appel à tous les bénévoles qui souhaitent s’engager avec nous. »
« Pendant toutes ces années, Le Passe Muraille a su valoriser le patrimoine pour valoriser les hommes. Pour les prochaines années, qu’il donne à l’homme l’œil qui sache voir la nature, le cœur qui sache aimer la nature, la volonté qui sache respecter la nature. »
Sébastien Roland
Caroline Rugale
Actuel président
Secrétaire
| 95 |
Philippe Bertéa Vice-président
We have a dream !
« Pour les 20 ans qui viennent, je souhaite au Passe Muraille de créer encore et toujours des passerelles entre Homme et Patrimoine. Et ce afin d’inclure chacune et chacun dans le développement d’actions nouvelles qui constitueront le patrimoine de demain. »
(Nous avons fait un rêve)
L’idée ne les a pas quittés depuis les origines et ils y tiennent. Les hommes et femmes du Passe Muraille aimeraient mettre à la disposition du public un grand site patrimonial à restaurer et à embellir dans la durée. À part la restauration, pourraient s’y regrouper de multiples activités : formations, chantiers, visites, animations scolaires, et s’y dérouler de grandes manifestations culturelles. Et pourquoi pas y associer des prestations d’hébergement de qualité et de gastronomie patrimoniale. Ce serait un lieu avenant, résolument ouvert sur la Culture. Un rêve, une utopie, une réalité ? L’avenir le dira.
Sara Asselin Administratrice
« Pour les 20 ans à venir, je souhaite que Le Passe Muraille propose encore et toujours l’accès pour tous aux patrimoines, dans une approche moderne, qualitative, originale et sensible. »
Cécile Olive Administratrice
| 96 |
Remerciements
Le Passe Muraille remercie chaleureusement ses partenaires et tous ceux qui ont contribué à faire vivre ses actions : L’Union européenne et ses dispositifs : FSE, LEADER, FEDER, INTEREG Le fonds culturel du Luxembourg, le ministère de la culture Flamand Les partenaires institutionnels de l’État : Les ministères de la Culture, du Travail, de la Justice, de l’Environnement, de la Jeunesse et des sports, de l’Économie, de l’Agriculture Les services de l’État déconcentrés : La préfecture de région Occitanie, les préfectures de l’Hérault, du Gard, de L’Aude, de l’Ariège
L’IRTS Le CIRAD L’IRD Les contrats de ville de Montpellier, de Lunel, de Bédarieux, de Bagnols-sur-Cèze Les collectivités locales et territoriales et leurs services culture et patrimoine, environnement, action sociale, jeunesse, éducation, formation, agriculture, développement économique, tourisme, sport, loisirs, communication La Région Occitanie / PyrénéesMéditerranée
Les directions régionales et départementales et leurs services en Occitanie : la DRAC, la DIRECCTE, la DRAAF, la DRJSCS, le Rectorat de l’académie de Montpellier, la DREAL, la DIRPJJ Sud
Les départements de l’Hérault, du Gard, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, de la Lozère, de l’Ariège, de l’Aveyron, de la Haute-Garonne, du Tarn, le Lot, le Tarn-et-Garonne, le Gers, les Hautes-Pyrénées
Le Pôle Emploi
Montpellier Méditerranée Métropole
Les organismes partenaires publics : le Centre des Monuments Nationaux (CMN), ENEDIS, la TAM, la SNCF, la CAF de Montpellier, le centre social de la CAF de la Mosson, CAP Europe, le Conservatoire d’espaces naturels, l’Office National des Forêts, les FRAC en Occitanie, le FNAC, l’OFAJ, les Archives des départements d’Occitanie, le CRT Occitanie, Sud de France développement, les ADT d’Occitanie, les offices de tourisme d’Occitanie, la MDE, Hérault sport, Écolothèque de Montpellier Méditerranée Métropole
Les communautés d’agglomération : CA Gard Rhodanien, CA Hérault Méditerranée, CA Bassin de Thau, CA de BéziersMéditerranée, CA du Pays de l’Or
Les missions locales de l’Hérault et du Gard Les PLIE de l’Hérault et du Gard Les universités : Paul-Valéry Montpellier, Lumière-Lyon-II, Aix-Marseille, Toulouse-JeanJaurès, Paris-Sorbonne, IEP Grenoble L’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier L’École nationale supérieure d’agronomie de Montpellier
Les communautés de communes : CC Grand Pic Saint-Loup, CC des Cévennes gangeoises et suménoises, CC du Pays de Lunel, CC la Domitienne, CC du Clermontais, CC Vallée de l’Hérault, CC Lodévois et Larzac, CC Grand Orb, CC Sud-Hérault, CC Les Avant-Monts, CC Beaucaire Terre d’Argence, CC Decazeville Communauté, CC Cœur de Tarentaise, CC Albères Côte Vermeille Illibéris, CC du Pont du Gard, CC Piège-Lauragais-Malepère Les collaborateurs des différents cabinets de l’État et des collectivités locales et territoriales. Les réseaux : le pôle des ICP, le Carrefour des Patrimoines, le GRAINE, le réseau COOPERE, la CRESS Occitanie, le collectif IAE 34, le collectif IAE 30, la PAM 11, le POIRE, IRIO, la fédération Patrimoine-Environnement, l’UROF, l’alliance des AI, Réseau en scène,
| 97 |
Rousson, Saint-Alexandre, Saint-André-deBuèges, Saint-André-d’Olérargues, SaintAndré-de-Sangonis, Saint-Aunès, SaintBauzille-de-Putois, Saint-Bonnet-du-Gard, Saint-Brès, Saint-Chinian, Saint-Christol, Saint-Drézéry, Saint-Étienne-de-Gourgas, Saint-Étienne-des-Sorts, Saint-Gély-du-Fesc, Saint-Géniès-de-Comolas, Saint-Gervais, Saint-Guilhem-le-Désert, Saint-Jean-de-laBlaquière, Saint-Jean-de-Buèges, SaintJean-de-Cuculles, Saint-Jean-de-Fos, Saint-Laurent-des-Arbres, Saint-Laurent-deCarnols, Saint-Marcel-de-Careiret, SaintMartin-de-Londres, Saint-Mathieu-de-Tréviers, Saint-Michel-d’Euzet, Saint-Nazaire, SaintNazaire-de-Pézan, Saint-Pargoire, SaintPaul-les-Fonts, Saint-Paulet-de-Caisson, Saint-Thibéry, Saint-Victor-la-Coste, Sernhac, Sète, Soubès, Sussargues, Tavel, Thézan-lèsBéziers, Tornac, La Tour-sur-Orb, Le Triadou, Vailhan, Vailhauquès, Valergues, Valflaunès, Vallabrègues, Valros, Vauvert, Vénéjean, Vers-Pont-du-Gard, Villefranche-de-Conflent, Villeneuve-lès-Maguelone, Villeneuvette, Villetelle, Viols-en-Laval, Viols-le-Fort
le CIPAC, le réseau air de midi, le réseau des villes et pays d’art et d’histoire, LR2L, Languedoc-Roussillon Cinéma, l’AGCCPF, l’UR CAUE, l’URIOPSS Occitanie, les CPIE, COTRAVAUX, Rempart, Réseau des sites majeurs Vauban, l’association des parcs et jardins, la fédération des centres sociaux, la FRPAT, la FRANC LR, le Club de la presse Les communes qui ont accueilli nos chantiers et nos actions : Adissan, Agde, Aigues-Mortes, Aigues-Vives, Alignan-duVent, Allègre-les-Fumades, Anduze, Aniane, Aramon, Argelliers, Arrigas, Aspiran, Assas, Aubais, Aujac, Aumessas, Avène, Bagnolssur-Cèze, Bassan, Beaucaire, Beaulieu, Bédarieux, Béziers, Bezouce, Le Bousquetd’Orb, Bouzigues, Brenas, Brissac, Cabrières, Canet, Capestang, Carcassonne, Castelnaude-Guers, Castillon-du-Gard, Castries, Causse-de-la-Selle, Caux, Le Caylar, Cazevieille, Caveirac, Cavillargues, Cazilhac, Cébazan, Ceilhes-et-Rocozels, Ceyras, Chusclan, Clapiers, Claret, Clermont-l’Hérault, Colombières-sur-Orb, Comps, Congénies, Connaux, Corconne, Cournonterral, Le Crès, Cruzy, Decazeville, Dio-et-Valquières, Faugères, Félines-Minervois, Foix, Fontanès, Fourques, Frontignan, Gabian, Ganges, Le Garn, Gaujac, Gignac, Grabels, La GrandeMotte, Le Grau-du-Roi, Hérépian, Joncels, Jonquières-Saint-Vincent, Juvignac, Lacoste, Lamalou-les-Bains, Laudun-l’Ardoise, Lauret, Lauroux, Lavérune, Lézignan-laCèbe, Lieuran-Cabrières, Lignan-sur-Orb, Lirac, Lodève, Lunas, Lunel, Lunel-Viel, Magalas, Maraussan, Marsillargues, Mas-de-Londres, Les Matelles, Mauguio, Mèze, Mons, Montagnac, Montblanc, Montoulieu, Montpellier, Montpeyroux, Nages-et-Solorgues, Narbonne, Nébian, Ners, Nézignan-l’Évêque, Nîmes, NotreDame-de-Londres, Octon, Olargues, Orsan, Paulhan, Pégairolles-de-Buèges, Péret, Pézenas, Le Pin, Pinet, Les Plantiers, Pompignan, Portiragnes, Poulx, Prades-leLez, Puéchabon, Puissalicon, Puisserguier, Quarante, Redessan, Restinclières, Rochefort-du-Gard, Roquebrun, Roujan,
Les partenaires privés Les associations : Les adhérents du collectif IAE 34, les membres du bureau du collectif IAE 34 : régie de Lunel, Capdife Croix Rouge, Erca, APIJE, A2 I, Passerelles Les adhérents du collectif IAE 30, les membres du bureau du collectif IAE 30 : ASPI, EVI, Calade, TEDAC, ACEE APS 34, DEFI, Uni’Sons, Gammes, les CEMÉA Occitanie, les amis de Lunas, l’ACIR Compostelle, les écologistes de l’Euzière, Acanthe, LPO, AsproGéo, Société languedocienne de préhistoire, État des Lieux, CIRDOC, APIEU, Pic’Assiette, MFR, la compagnie du Pas’sage, Bouillon Cube, I.Peicc, le CIDF, Solidarité DomTom, Espace Social, Adoma, Césam, Clause Sociale 34, Générations solidaires et citoyennes, les amis de Tras Castel, l’ASPIBD, L’oiseau Lyre, Les Petits Débrouillards Occitanie, Éditions Méridianes
| 98 |
Les festivals : Les Troubadours chantent l’art roman en Occitanie, festival de musique ancienne de Maguelone, Arabesques, Pablo Casals, Garrigue en fête, Les Arts des VIgnEs Le salons : Salon international du patrimoine culturel, Ob’art, Coventis, salon TAF Les fondations : Fondation France active AIRDIE, Fondation du patrimoine, fondation Culturespaces, fondation Banque populaire du Sud, fondation Pro Helvetia, fondation du prieuré de Marcevol Les entreprises : Véolia, Culturespaces, LPJ-Hippocampe, l’atelier des jardins, Biocoop, la CESML, la cave coopérative de Saint-Mathieu-de-Tréviers, Pic Bois, Urban Expé, Braille & Culture, KLD Design, agence Emmanuel Garcia, Champs des Possibles, FACT Consultants, Naturalia, Acteurs, Illusion & Macadam, 44 screens, Ici et Là Paysage, LabSud, BRL, la table de Cana, Mon cuisinier, la CERT, Atémia, Olivier Octobre Photographe, Médi’Art, Gaële Poirrier Formation, LBD Consultant, Cabinet SER, Cabinet Menon, Carré droit Les syndicats et Pays : Syndicat Mixte Canigó Grand Site, Pays Pyrénées Méditerranées, Pays Haut Languedoc et Vignobles, Pays Cœur d’Hérault, Pays Asses-Verdon-Vaïre-Var, syndicat des vignerons du Pic Saint-Loup, SYBLE, SIVU ESMML, SYMBO, Syndicat mixte de gestion du Salagou, CDRA Rhône-Alpes, syndicat intercommunautaire d’entretien de la Méouges, syndicat mixte Veyle vivante Les sites et monuments : le domaine national de Chambord, le Pont du Gard, la cité de Carcassonne, l’abbaye de Fontfroide, la Bambouseraie en Cévennes, l’abbaye de Gellone, l’abbaye de Lagrasse, le prieuré de Saint-Michel-de-Cuxa, le prieuré de Serrabona, le prieuré de Marcevol, le prieuré de Saint-Michel de Grandmont, le domaine de Fondespierre, le Palais de Archevêques de Narbonne, l’hôtel Flottes de Sébasan, le château de Castries, le château de Foix, le château de Baulx, l’abbaye de
Combelongue, le Grand Filon des Hurtières Les musées : site archéologique Lattaramusée Henri Prades, le musée Fleury, le musée Fabre, la Maison des Consuls musée d’arts et d’archéologie des Matelles, le musée de la romanité, le MuRéNA, le MRAC, le CRAC Les parcs naturels régionaux des Pyrénées catalanes, de la Narbonnaise en Méditerranée, du Haut-Languedoc, des Grands Causses Le parc national des Cévennes
Le Passe Muraille remercie les membres du Conseil Scientifique et Éducatif du magazine Patrimoines en région et de L’Agenda du patrimoine qui nous font bénéficier de leur expertise. Merci également pour leur implication aux membres du comité d’organisation et aux 350 bénévoles du Festa Trail. Mais aussi à l’ensemble des prestataires, entreprises et travailleurs indépendants, artisans d’art et artisans, avec lesquels l’association collabore. Merci à tous les médias locaux, régionaux, nationaux et internationaux qui se sont fait l’écho de nos actions et manifestations. Merci enfin à tous les artistes qui ont contribué à la qualité de notre programmation culturelle en mettant leur art au service de la valorisation du patrimoine : plasticiens, dessinateurs, photographes, musiciens, comédiens, acteurs, danseurs, circassiens, auteurs, écrivains, conteurs, poètes…
merci | 99 |
1997/2017 LE PASSE MURAILLE UNE GÉNÉRATION PATRIMOINE
Design graphique et maquette
Coordination éditoriale René Lechon Julie Savy Auteurs Jean-Claude Carrière Aline Champsaur René Lechon Pierre Plancheron Julie Savy Aurélie Vidal
Iconographie
Audrey Rigal
Audrey Rigal Julie Savy
Aquarelles
Recherches archives
Aline Champsaur
Clémentine Durand-Bernat Andréa Fornos Audrey Rigal Julie Savy
Illustrations Audrey Rigal
Crédits photographiques Toutes photos © Le Passe Muraille sauf Couverture et p. 3 © Olivier Octobre
p. 65 pastille © Olivier Octobre
p. 4 © René Lechon
p. 70 Aramon © Olivier Octobre
p. 7 © Olivier Octobre
p. 71 © Olivier Octobre
p. 21, p. 22, p. 25 (photo du bas), p. 26 © Olivier Octobre
p. 72 Carmignan © Olivier Octobre
p. 47 Festa Trail © Association Festa Trail
p. 74 IN SITU Patrimoine et art contemporain – Nick Ervinck, APSAADU, 2012-2013 © David Huguenin
p. 47 aux bords des paysages – Matthieu Pilaud, Les observatoires © Matthieu Pilaud
p. 75 IN SITU Patrimoine et art contemporain – Suzy Lelièvre, Hôtel Moebius, 2017 ; Rainer Gross, Pas perdus, 2017 ; Jaume Plensa, White Forest, Sanna, 2015, courtoisie de la Galerie Lelong, Paris – © David Huguenin
p. 48 IN SITU Patrimoine et art contemporain – Nick Ervinck, APSAADU, 2012-2013 © DR p. 50 © Camille Sonally ; pastille © Évasion sport by charles
p. 76 aux bords des paysages – Medhi Melhaoui, Vague S11 ; Matthieu Pilaud, Les observatoires © Camille Sonally
P. 51 IN SITU Patrimoine et art contemporain – Lilian Bourgeat, Invendu-Bottes © Florent Gardin p. 52 IN SITU Patrimoine et art contemporain – Rainer Gross, L’éternel maintenant © Marc Kérignard / Région LanguedocRoussillon – Inventaire général 2012 ; Marc Couturier, Barque-miroir, FNAC 07-101 Centre national des arts plastiques © David Huguenin
p. 77 aux bords des paysages – Cédric Le Borgne, L’Oiseau © Régis Domergue p. 78 Les Albères © DR p. 79 Maison du PNR des Pyrénées catalanes © PNR des Pyrénées catalanes
p. 54 aux bords des paysages – Collectif Time Maker’s, Ce que disent les pierres © Régis Domergue
p. 80, p. 81 © Évasion sport by charles
p. 55 aux bords des paysages – Thomas Monin, L’évidence © Camille Sonally
p. 96 aux bords des paysages – Thomas Monin, Aurora © Régis Domergue (avec l’aimable autorisation du photographe)
p. 60, p. 64 © Olivier Octobre
p. 99 © Olivier Octobre
p. 86, p. 87, p. 88, p. 89, p. 94 © Olivier Octobre
Remerciements Merci aux personnes qui ont témoigné dans cet ouvrage et à tous les membres de l’équipe du Passe Muraille, administrateurs et salariés, pour leur implication dans ce projet. Et plus particulièrement à Cécilia Ballard, François Bonnin, Eddy Kamtas, Joël Recasens, Sébastien Roland, Michel Tastevin, Guillaume Touati, Nelly Viala et Aurélie Vidal.
Éditeur Le Passe Muraille 4 avenue de l’Europe Z.A. La Plaine 34830 Clapiers lepassemuraille.org LePasseMuraille
Ce livre est imprimé sur papier Cyclus print, papier recyclé français, écolabel européen, fabriqué en France, issu de fibres 100% recyclées. Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie LPJ-Hippocampe (Montpellier) en août 2017. Ce livre vous est offert par Le Passe Muraille – ne peut être vendu Dépôt légal à parution Tous droits réservés © Le Passe Muraille - 2017
| 100 |
ANS
Conception et réalisation : le passe muraille
« Valoriser le Patrimoine pour valoriser les Hommes »
lepassemuraille.org Suivez-nous sur LePasseMuraille